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RIPOSTE DES
ENTREPRISES
AU VIH/SIDA :
Impact et
leçons tirées
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Auteur:
Rédacteur:
Conceptrice :
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Kieran Daly
The Prince of Wales International Business Leaders Forum
Julian Parr
The Prince of Wales International Business Leaders Forum
Alison Beanland
Nous souhaitons remercier David Logan, Corporate Citizenship Company, auteur, et Sue McManus, rédactrice de
“Business Response to HIV/AIDS : Innovation & Partnership” (1997), dont cette publication est le complément.
ONUSIDA/02.03F (version française, avril 2002)
ISBN 92-9173-141-2
Version originale anglaise, UNAIDS/01.50E, août 2001
Business Response to HIV/AIDS: Impact and lessons learned
Traducion – ONUSIDA
© Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA),
The Prince of Wales International Business Leaders Forum (IBLF) et
Conseil mondial des entreprises sur le VIH & le SIDA
2002
L'ONUSIDA est un Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA, qui rassemble le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
(UNICEF), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), le
Programme des Nations Unies pour le Contrôle international des Drogues (PNUCID), l'Organisation internationale du Travail (OIT),
l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la
Banque mondiale.
20 avenue Appia, CH-1211 Genève 27, Suisse
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Le Conseil mondial des entreprises sur le VIH & le SIDA a été fondé pour intensifier et améliorer la riposte des entreprises aux problèmes
posés par le VIH et le SIDA.
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Tous droits de reproduction réservés. Ce document, qui n'est pas une publication officielle de l'ONUSIDA, peut être librement commenté,
cité, reproduit ou traduit, partiellement ou en totalité, à condition de mentionner la source. Il ne saurait cependant être vendu ni utilisé à
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mondial des entreprises sur le VIH & le SIDA.
Les prises de position exprimées par les auteurs cités dans le document n'engagent que la responsabilité de ces auteurs. Les appellations
employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n'impliquent, de la part de l'ONUSIDA, du Prince of Wales
International Business Leaders Forum et du Conseil mondial des entreprises sur le VIH & le SIDA, aucune prise de position quant au statut
juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.
La mention de firmes et de produits commerciaux n'implique pas que ces firmes et produits commerciaux sont agréés ou recommandés
par l'ONUSIDA, le Prince of Wales International Business Leaders Forum et le Conseil mondial des entreprises sur le VIH & le SIDA, de
préférence à d'autres de nature similaire non mentionnés. Sauf erreur ou omission, une majuscule initiale indique qu'il s'agit d'un
nom déposé.
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RIPOSTE DES
ENTREPRISES
AU VIH/SIDA :
Impact et
leçons tirées
Produit par
le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA
The Prince of Wales International Business Leaders Forum
et
le Conseil mondial des entreprises sur le VIH & le SIDA
Genève et Londres, 2002
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Déclaration de
Peter Piot, Directeur exécutif de l’ONUSIDA
James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale
Juillet 2000
Voilà maintenant deux décennies que l’épidémie de SIDA est apparue. Même si quelques régions se sont attaquées
avec efficacité à cette maladie, son impact mondial s’accentue.
Les chiffres sont inquiétants. A l’heure actuelle, plus de 33 millions de personnes, pour la plupart dans le monde en
développement, vivent avec le VIH/SIDA. Rien qu’en 1999, il y a eu 5,6 millions de nouvelles infections. La
tranche d’âge la plus durement frappée par l’épidémie est celle de 15-49 ans, période la plus productive de la vie.
Dans les pays particulièrement touchés, le SIDA est en train de renverser une évolution de plusieurs dizaines
d’années. En Afrique australe, l’espérance de vie à la naissance est passée de 44 ans au début des années 1950 à 59
ans au début des années 1990. Avec l’impact démographique du SIDA, on s’attend à ce qu’elle retombe à 45 ans
entre 2005 et 2010. L’impact de la maladie s’est répercuté sur tous les secteurs de la société, depuis la santé jusqu’à
l’agriculture, l’éducation et le secteur privé, et il rend les économies exsangues en absorbant les ressources et les
apports essentiels de toute une génération.
Dans le secteur privé, les conséquences du SIDA se ressentent aussi bien au niveau micro-économique qu’au niveau
macro-économique. Son impact sur la main-d’œuvre se manifeste par une augmentation de l’absentéisme, une
accélération du renouvellement et une baisse de productivité. Au niveau macro-économique, il affecte
l’environnement dans lequel les entreprises déploient leurs activités, notamment les marchés, les investissements, les
services et l’éducation.
Selon une étude menée dans des entreprises agricoles du Kenya, la principale raison de la cessation d’activité du
personnel n’est plus la vieillesse, mais la maladie et la mort. Dans ce même pays, une compagnie fait état de 43
décès dus au SIDA chez ses employés, sur les 50 survenus en 1998.
Comme le souligne cette publication, aucune entreprise n’est à l’abri du SIDA. Mais le secteur privé est
particulièrement bien placé pour riposter à l’épidémie, grâce à ses contacts avec les employés et avec la communauté
élargie du monde des affaires, ainsi qu’à la masse d’expériences et de compétences qu’il a accumulée. Ce rapport
montre aussi que les entreprises ont un grand rôle à jouer et que les effets positifs de l’action dépassent largement le
cadre du lieu de travail.
Jusqu’à présent, elles ont entre autres pris des mesures en faveur de la prévention et de l’éducation ; amélioré les
politiques sur le lieu de travail afin d’assurer aux employés des droits tels que l’accès aux soins médicaux et aux
services de conseil ; accordé des subventions aux organisations de prise en charge SIDA ; et encouragé les autres
entreprises à participer. Elles ont aussi mis sur pied de vastes programmes destinés à toucher les consommateurs et
les communautés locales par des initiatives de marketing lié à une cause et d’investissement social. Bien que l’impact
de ces réalisations n’ait pas encore été parfaitement documenté, certains signes montrent qu’une prévention sur le
lieu de travail peut contribuer à diminuer le niveau de l’infection à VIH.
Depuis la dernière édition de cette publication, des progrès significatifs ont été accomplis, ce qui se reflète dans le
nombre de réalisations présentées. Mais il reste beaucoup à faire ; le but de la présente édition est de donner des
conseils et de proposer des outils qui aideront les entreprises à élaborer elles-mêmes leurs programmes.
La dévastation entraînée par l’épidémie actuelle de SIDA est sans équivalent ; c’est un problème dont, à l’évidence,
personne n’est capable de venir à bout seul. Les entreprises, partenaires essentiels de la riposte, peuvent faire la
différence – elles la font déjà.
Peter Piot
Directeur exécutif de l'ONUSIDA
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James Wolfensohn
Président de la Banque mondiale
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Préface de Bill Roedy
Président de MTV Networks International
Président du Conseil mondial des entreprises sur le VIH & le SIDA
Ambassadeur de l’ONUSIDA
Depuis deux décennies qu’il vit avec cette épidémie, le monde a tiré de nombreuses leçons. La première
d’entre elles est certainement que le VIH et le SIDA nous mettent face à des tâches ardues et variées :
• respecter les droits des individus vivant avec le VIH et avoir de la compassion pour tous ceux qui sont
confrontés à la tragédie personnelle que représente la maladie
• être prêts à lutter contre les préjugés et les peurs qui empêchent un si grand nombre d’entre nous
d’établir des liens avec l’épidémie et avec ceux qu’elle touche
• trouver la volonté et la patience nécessaires pour définir et provoquer les changements grâce auxquels
nous empêcherons de nouvelles infections et améliorerons la situation des personnes déjà infectées.
Chacune de ces tâches concerne le monde des affaires autant que les gouvernements, les ONG et la
population en général. Il me paraît évident depuis longtemps que les entreprises ont le pouvoir d’apporter
une contribution décisive à la lutte contre le VIH/SIDA. Le Conseil mondial des entreprises sur le VIH &
le SIDA, que je préside, met un nombre croissant de chefs d’entreprises, ainsi que les sociétés qu’ils
dirigent, face à ce défi.
Tous les membres du Conseil, comme ma propre société, MTV, ont pour intention de montrer l’exemple.
Pour cela, nous avons formé un groupe d’entreprises ayant élaboré un modèle ou un autre de bonnes
pratiques. Les raisons pour lesquelles nous avons commencé à travailler sur le SIDA sont variées, mais notre
but est le même : élargir et améliorer les actions des entreprises contre le VIH/SIDA dans le monde entier.
Je me félicite donc de la parution de cette publication, qui constituera un outil précieux dans la poursuite
de notre objectif. En effet, comme son prédécesseur, “The Business Response to HIV/AIDS : Innovation
and Partnership”, elle rassemble de nombreux exemples d’actions réellement menées par des entreprises
contre le VIH/SIDA, qui devraient pouvoir en inspirer d’autres. Les sociétés présentées ici ont répondu au
Prix d’Excellence des entreprises attribué par le Conseil ; elles reflètent l’imagination et l’engagement du
secteur privé dans le monde entier. Elles méritent une distinction, non pas parce qu’elles ont fait ce que
toutes les autres pourraient faire d’une manière ou d’une autre – riposter au VIH/SIDA –, mais parce
qu’elles ont été les premières à entreprendre des actions dans ce sens et à nous en faire part.
Cette publication trouvera de nombreux lecteurs tant dans le monde des affaires que parmi les personnes
qui s’occupent du VIH au sein des gouvernements et d’autres organismes. S’il vous plaît, lisez-la en gardant
à l’esprit qu’il nous faut travailler ensemble. Ce n’est qu’en associant nos efforts que nous parviendrons au
succès ardemment désiré par tous. Nous devons nous soutenir et nous comprendre mutuellement : ce
rapport est une bonne occasion de commencer.
Bill Roedy
Président de MTV Networks International
Président du Conseil mondial des entreprises sur le VIH
& le SIDA
Ambassadeur de l'ONUSIDA
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Sommaire
Introduction
5
CHAPITRE 1 LE VIH/SIDA : UN DEFI MAJEUR
7
1. Caractéristiques du VIH/SIDA
7
2. Tendances mondiales et régionales
8
3. Facteurs influençant la propagation du VIH/SIDA
A. Ignorance et déni
B. Augmentation de la mobilité et de l'industrialisation
4. La riposte du secteur public et du secteur à but non lucratif
CHAPITRE 2 L'IMPACT DU VIH/SIDA SUR LES ENTREPRISES
10
10
10
11
13
1. Impact macro-économique
13
2. Impact sur chaque entreprise individuellement
14
A. Baisse de productivité
i. Augmentation de l'absentéisme
ii. Désorganisation
B. Augmentation des coûts
15
15
16
16
3. Faible taux de prévalence et inaction
17
CHAPITRE 3 LA RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA
1. Activité principale de l'entreprise
21
22
A. Protection des employés et de leur famille
B. Protection des intérêts des entreprises
22
26
2. Partenaires commerciaux : une riposte impliquant les multiples parties prenantes
A. Participation des petites et moyennes entreprises
i. Action des petites et moyennes entreprises
ii. Aide aux petites et moyennes entreprises – établissement de liens
a. Partenariat direct avec chaque petite ou moyenne entreprise individuellement
b. Coopération collective des grandes entreprises avec les petites et moyennes entreprises
B. Education de la clientèle
27
27
27
28
29
29
30
3. Participation communautaire
31
4. Sensibilisation et leadership
32
5. Leçons tirées de la riposte des entreprises au VIH/SIDA
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CHAPITRE 4
RIPOSTE DES ENTREPRISES : UN CHEMIN VERS LE
PARTENARIAT CONTRE LE VIH/SIDA
1. Contexte
36
2. But
36
A. Difficultés et avantages
B. Portée des activités
3. Participants
36
38
39
A. Leadership
B. Ressources et compétences
i. Secteur privé
ii. Secteur public
iii. Organisations non gouvernementales
39
41
41
42
43
4. Organisation
43
5. Résultats
44
Appel à l'action
44
CHAPITRE 5
Profil 1
PROFILS DES ACTIVITES DES ENTREPRISES EN
RIPOSTE AU VIH/SIDA
Profil 2
66
Eskom, Afrique du Sud
Programmes d'éducation et de prévention et surveillance
Profil 12
64
Anglo Coal, Afrique du Sud
Programmes polyvalents d'éducation, de prévention et de soins
Profil 11
62
Association internationale de l'hôtellerie et de la restauration
Guide du VIH/SIDA sur le lieu de travail pour l'industrie de l'accueil
Profil 10
60
Standard Chartered Bank, Royaume-Uni
Politique de lutte contre le VIH/SIDA et programme de sensibilisation
Profil 9
59
Chevron Nigeria Ltd, Nigéria
Programmes d'éducation et de prévention
Profil 8
57
Brasseries Molson, Canada
Soutien des organisations de prise en charge SIDA par un marketing lié à la cause
Profil 7
55
Volkswagen do Brasil, Brésil
Programme de soins du VIH/SIDA
Profil 6
53
Larsen & Toubro Limited, Inde
Programmes d'éducation et de prévention
Profil 5
51
Warsaw Marriott Hotel, Pologne
Hébergement de conférences pour personnes vivant avec le VIH/SIDA
Profil 4
49
The Body Shop, Japon
Campagnes de lutte contre le VIH/SIDA sur les lieux de vente
Profil 3
47
American International Assurance, Thaïlande
Programme d'évaluation et d'accréditation sur le lieu de travail
68
ALMS, République tchèque
Site web offrant un service d'information sur la prévention du VIH/SIDA
2
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Profil 13
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Teddy Exports, Inde
Campagnes d'éducation sur le lieu de travail et dans les communautés locales
Profil 14
71
Bristol-Myers Squibb Company, Etats-Unis d'Amérique
Soins et soutien aux femmes et aux enfants vivant avec le VIH/SIDA
Profil 15
73
The Shell Company of Thailand, Thaïlande
Projet d'éducation par les pairs aux stations-service
Profil 16
75
Coalitions d'entreprises contre le VIH/SIDA, ensemble du monde
Sensibilisation et action concertées
Profil 17
77
Alliance internationale contre le VIH/SIDA
Partenariats entre organisations non gouvernementales et entreprises
79
Estimation de l'espérance de vie avec et sans SIDA : 2010
Estimation du nombre d'adultes et d'enfants vivant avec le VIH/SIDA à la fin de 1999
Impact du VIH/SIDA sur une entreprise
Dépenses médicales d’une entreprise agricole au Kenya, avec et sans SIDA
Croissance typique du VIH dans un pays d'Afrique australe
Courbe théorique du coût des actions contre le VIH/SIDA pour les entreprises
Motifs invoqués par les entreprises pour lutter contre le VIH/SIDA, 1997
Exemples de mécanismes d'action possibles pour la riposte des GE et des PME au VIH/SIDA
Principales leçons tirées de l'expérience des entreprises en matière de riposte au VIH/SIDA
Résumé des principales composantes dynamiques
Portée des activités organisées en partenariat contre le VIH/SIDA
Questions aux multinationales sur la politique et les programmes de lutte contre le VIH/SIDA
Ressources du secteur privé disponibles pour les partenariats et les programmes de lutte
contre le VIH/SIDA
Principales leçons tirées des Profils
9
9
15
17
18
18
22
28
32
35
38
40
FIGURES
Figure 1
Figure 2
Figure 3
Figure 4
Figure 5
Figure 6
Figure 7
Figure 8
Figure 9
Figure 10
Figure 11
Figure 12
Figure 13
Figure 14
41
48
TABLEAUX
Tableau 1 Principaux modes de transmission chez les adultes vivant avec le VIH/SIDA
Tableau 2 Impact du VIH/SIDA sur une entreprise
8
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Introduction
D
ans le monde entier, les entreprises intensifient leur riposte à la propagation du
VIH/SIDA. Elles prennent conscience de l’impact de la maladie, en termes de coûts
humain, financier et social, sur leurs activités et sur les communautés qui les
accueillent. Même dans les pays où la prévalence du virus est faible, il est essentiel d’agir
rapidement afin de limiter la gravité des répercussions sur l’activité économique et les
marchés futurs. Cette riposte a pris des formes diverses, depuis les mesures visant à protéger
la main-d’œuvre jusqu’aux activités de proximité dans les communautés, en passant par la
philanthropie. Ces efforts n’ont pas été entrepris dans l’isolement, mais se sont accompagnés
du développement d’un partenariat entre les entreprises, le secteur public et les organisations
non gouvernementales (ONG) en matière de prévention, d’éducation et de soins.
Cette publication fait suite au rapport intitulé “The Business Response to HIV/AIDS : Innovation and
Partnership”, publié en 1997. La masse de connaissances et d’expériences en rapport avec les actions des
entreprises augmentant régulièrement, il est nécessaire d’actualiser les informations statistiques,
d’apporter d’autres preuves de la nécessité d’agir et de documenter de nouvelles études de cas.
Ce rapport a donc pour objectif d’aider les entreprises et leurs partenaires à prendre conscience des
raisons qui devraient les inciter à continuer leur lutte contre le VIH/SIDA sur le lieu de travail et audelà. A cet effet, il apporte la preuve que la maladie a un impact sur leurs activités et met en relief les
leçons tirées des actions passées et actuelles. Les conseils sont présentés sous forme d’outils politiques,
d’études de cas et d’un examen de la façon de réussir des partenariats en riposte au VIH/SIDA. Cette
publication a pour but de proposer non pas des modèles standard, mais des moyens permettant de
mettre en œuvre des actions efficaces, réelles et spécifiques contre la maladie. Elle est divisée en cinq
chapitres :
1. Un résumé des informations générales sur le VIH/SIDA, sur les faits et les tendances, suivi d’une
brève description de la riposte organisée jusqu’à ce jour par le secteur public et le secteur non
gouvernemental.
2. Un exposé de l’impact du VIH/SIDA sur les entreprises, au niveau macro-économique et au niveau
de chacune d’entre elles individuellement, leur présentant des éléments qui devraient les inciter à
mettre rapidement en œuvre des actions contre le VIH/SIDA.
3. Une vue d’ensemble des grands domaines dans lesquels les entreprises peuvent lancer des activités en
réponse au VIH/SIDA, avec des conseils sur la façon de mettre en place des politiques et des
programmes contre la maladie.
4. Un examen des facteurs qui permettent de créer et de réussir des partenariats en riposte au
VIH/SIDA.
5. Une présentation de 17 profils d’activités mises sur pied par les entreprises en riposte à la maladie,
qui font ressortir les principales leçons tirées et proposent des modèles de bonnes pratiques.
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Le VIH/SIDA : un défi majeur
L
e virus de l’immunodéficience humaine (VIH), qui est à l’origine du SIDA, a été identifié
en 1983. Depuis, il s’est répandu dans le monde entier, provoquant une des épidémies
mondiales les plus graves de l’époque moderne. Au début, la riposte a été menée par le
secteur public et le secteur à but non lucratif, qui ont mobilisé des ressources humaines et
financières de plus en plus importantes afin de combattre la maladie, pour laquelle il n’existe
pas encore de traitement curatif. Le secteur privé prend peu à peu conscience de l’impact du
VIH/SIDA sur la main-d’œuvre, les systèmes de production, les marchés et les communautés
locales dans lesquelles il déploie ses activités.
Ce premier chapitre résume quelques-unes des informations générales les plus importantes sur
le VIH/SIDA, ainsi que les tendances mondiales et régionales ; il décrit la riposte du secteur
public et du secteur à but non lucratif, ainsi que leur collaboration croissante avec le secteur
privé.
1. CARACTERISTIQUES DU VIH/SIDA
Types : Il existe plusieurs souches connues de VIH, avec un certain nombre de sous-types génétiques,
même si l’importance épidémiologique de certaines d’entre elles n’est pas encore claire. Les souches
prédominantes ne sont pas les mêmes dans les différentes parties du monde.
Transmission : Le VIH se transmet quand le sang ou les
liquides organiques d’une personne infectée entrent en
contact avec ceux d’une personne non infectée. Les modes
de transmission sont les rapports sexuels non protégés, que
ce soit entre hétérosexuels ou entre hommes ayant des
rapports avec des hommes (HSH) ; l’utilisation commune
du matériel d’injection ; et les transfusions de sang infecté.
Au niveau mondial, on observe des différences régionales
quant au mode de transmission : dans les pays les plus
industrialisés, les HSH constituent les principaux agents de
transmission chez les adultes, tandis qu’en Afrique
subsaharienne et en Asie du Sud-Est, ce sont surtout les
hétérosexuel(le)s (tableau 1). Chez la plupart des enfants
infectés, le virus a été transmis directement par la mère.
Le VIH (virus de l'immunodéficience
humaine) est un virus qui affaiblit les
défenses naturelles de l'organisme (le
système immunitaire), ce qui rend la
personne plus sensible aux
infections.
On pose le diagnostic de SIDA
(syndrome d'immunodéficience
acquise) quand une personne
infectée par le VIH tombe malade à
la suite d'infections.
Effets : Une fois dans l’organisme d’un hôte, le VIH affaiblit le système immunitaire de l’individu, qui
est progressivement attaqué par des maladies opportunistes aboutissant généralement à la mort. En
fonction de sa situation et de son environnement, un sujet infecté peut ne présenter des symptômes
qu’au bout d’une dizaine d’années. La maladie est donc souvent bien implantée dans la population hôte
avant d’être reconnue. Dans les pays en développement, le délai entre l’infection initiale et l’apparition
des symptômes est beaucoup plus court, ce qui est principalement dû à la plus forte prévalence des
infections opportunistes et à une possibilité réduite d’accès au traitement.
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TABLEAU 1 Principaux modes de transmission* chez les adultes vivant avec le VIH/SIDA
Région
Afrique subsaharienne
Afrique du Nord et Moyen-Orient
Asie du Sud et du Sud-Est
Asie de l’Est et Pacifique
Amérique latine
Caraïbes
Europe orientale et Asie centrale
Europe occidentale
Amérique du Nord
Australie et Nouvelle-Zélande
Mode de transmission
hétéro
CDI, hétéro
hétéro
CDI, hétéro, HSH
HSH, CDI, hétéro
hétéro, HSH
CDI, HSH
HSH, CDI
HSH, CDI, hétéro
HSH, CDI
* HSH (transmission sexuelle chez les hommes ayant des rapports avec des hommes), CDI (transmission par
consommation de drogues injectables), hétéro (transmission hétérosexuelle).
Traitement : Les progrès considérables de la thérapie antirétrovirale ont permis de prolonger la vie de
nombreuses personnes dans les pays les plus industrialisés, mais il n’existe pas encore de traitement
curatif. Dans la plupart des pays en développement, le coût du traitement est trop élevé et les
infrastructures sanitaires insuffisantes. La recherche de vaccins est en cours mais, d’après les spécialistes,
aucun ne sera disponible avant 10 ans au moins. On a donc récemment entrepris d’étendre la recherche
aux médicaments et aux changements de comportement capables de diminuer la virulence et la
prévalence des maladies opportunistes.
2. TENDANCES MONDIALES ET RÉGIONALES
En pas loin de deux décennies depuis son apparition, le VIH s’est propagé à presque tous les pays du
monde. D’après les estimations de l’ONUSIDA publiées en juin 2000, il y aurait, au niveau mondial,
34,3 millions de personnes vivant avec le VIH, parmi lesquelles 5,4 millions ont été infectées en 1999 ;
le chiffre cumulé d’infections par le VIH serait donc de plus de 50 millions dans le monde depuis le
début de l’épidémie.
En ventilant ces chiffres, on s’aperçoit que dans la moitié des cas environ, les personnes ont été infectées
par le VIH avant l’âge de 25 ans et que la plupart d’entre elles mourront du SIDA ou des maladies
associées avant d’atteindre l’âge de 35 ans. Ceci signifie que le VIH/SIDA touche surtout les individus
les plus créatifs et les plus actifs du point de vue économique. En outre, 95% environ des gens atteints
par le VIH/SIDA vivent dans les pays en développement, où les possibilités de prévention et de soins
sont les plus limitées. Comme le montre la figure 1, cette situation aura pour conséquence une
réduction significative de l’espérance de vie dans plusieurs de ces pays. D’après les projections du Bureau
of Census américain pour 2010, 8 à 31 années de vie auront été perdues dans les pays d’Afrique
subsaharienne les plus touchés par le VIH/SIDA. Celui-ci fait en outre réapparaître d’autres maladies,
comme la tuberculose, ce qui accentue les menaces pesant sur la santé publique et réduit les gains acquis
grâce à de nombreuses années de programmes sanitaires.
Il est à noter que la fiabilité des données relatives à la surveillance du VIH/SIDA est variable et que le
décalage entre les cas déclarés et les cas réels peut être très important. Ce décalage est dû principalement
aux faibles capacités à mettre en place des outils de surveillance et de diagnostic dans certains pays en
développement. De plus, la prévalence des infections opportunistes (notamment la tuberculose) et la
stigmatisation du VIH/SIDA ont souvent pour conséquence une dissimulation et une sous-déclaration
considérables des données relatives à cette maladie.
Comme on peut le voir sur la figure 2, l’impact du VIH/SIDA est très différent suivant les régions du
monde. L’Afrique subsaharienne est la plus touchée ; elle représente, au niveau mondial, 70% des
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FIGURE 1 Estimation de l’espérance de vie avec et sans SIDA : 2010
37,8
Botswana
66,3
61,8
46,7
Côte d’Ivoire
43,7
Kenya
69,2
70,1
38,9
Namibie
48,0
Afrique du Sud
68,2
37,8
Zambie
60,1
38,8
Zimbabwe
69,5
67,7
Brésil
59,7
Honduras
75,5
73,4
72,9
Thaïlande
0
10
20
30
40
50
60
70
75,1
80
Années
sans SIDA
avec SIDA
Source : World Population Report 1998 (US Census Bureau, The Official Statistics ™, 2 février 1999).
FIGURE 2 Estimation du nombre d’adultes et d’enfants vivant avec le VIH/SIDA à la fin de 1999
Amérique du Nord
900 000
Europe occidentale
520 000
Caraïbes
360 000
Amérique latine
1,3 million
Europe centrale/orientale
et Asie centrale 420 000
Afrique du Nord et
Moyen-Orient
220 000
Afrique subsaharienne
24,5 millions
Asie de l’Est et
Pacifique
530 000
Asie du Sud et
du Sud-Est
5,6 millions
Australie/Nouvelle-Zélande
15 000
Total = 34,3 millions
Source : ONUSIDA et OMS : Rapport sur l’épidémie mondiale de VIH/SIDA, juin 2000.
personnes vivant avec le VIH/SIDA et, selon les estimations, 85% des décès dus au VIH/SIDA depuis le
début de l’épidémie. Une autre région connaissant une épidémie sévère est l’Amérique centrale et les
Caraïbes, où l’on voit que les infections sont en augmentation. Dans 10 pays de cette région, la
prévalence serait supérieure à 1% chez les adultes.
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En Asie, le niveau de l’épidémie varie considérablement d’un pays et d’une région à l’autre. Par exemple,
parmi les 3,7 millions de personnes qui, selon les estimations, vivent avec le VIH/SIDA en Asie du Sud
et du Sud-Est, l’Inde en représenterait environ les deux tiers. Mais l’épidémie n’est pas identique dans
tous les Etats de ce pays : la prévalence est élevée dans ceux de l’ouest, du sud et du nord-est, tandis que
dans d’autres, les premiers cas n’ont été détectés que durant ces deux dernières années. Dans certains
pays, tels que la Thaïlande, les campagnes de prévention, de grande ampleur et bien implantées,
semblent payantes : les études montrent un déclin du taux d’infection.
Dans les pays plus industrialisés, les gains obtenus dans la réduction du taux de propagation du
VIH/SIDA grâce à des campagnes de sensibilisation agressives ont probablement été érodés par un
relâchement de la vigilance, dû au succès de la thérapie antirétrovirale qui prolonge la vie. En Europe
orientale, des signes préoccupants apparaissent dans les Nouveaux Etats Indépendants de l’ex-Union
soviétique, où le pourcentage de la population vivant avec le VIH/SIDA a doublé entre 1997 et 1999,
principalement en raison de l’injection de drogues sans respect de l’hygiène.
3. FACTEURS INFLUENCANT LA PROPAGATION DU VIH/SIDA
Un nombre relativement important de facteurs ont contribué à la propagation du VIH/SIDA,
notamment la pauvreté, l’analphabétisme et le statut de la femme. Deux ont été déterminants dans la
propagation mondiale de la maladie et revêtent une importance particulière pour les entreprises :
A. L’ignorance et le déni
B. L’augmentation de la mobilité et de l’industrialisation.
A. Ignorance et déni
De nombreuses personnes, surtout dans le monde en développement, sont encore insuffisamment ou
mal informées sur la nature du VIH/SIDA et n’ont que peu accès à des mesures préventives. Les idées
fausses abondent sur la transmission du VIH : transmission par le partage des aliments, des récipients et
des vêtements, par les baisers et les piqûres de moustiques ; absence de transmission par un seul rapport
sexuel non protégé ou par un rapport avec un partenaire apparemment en bonne santé. Ces idées
fausses, entre autres, sont courantes dans toutes les parties du monde. Les croyances erronées ont amené
les gens non seulement à exclure ceux qui sont infectés, mais aussi à ne pas prendre de précautions pour
se protéger, contribuant ainsi involontairement à la propagation de la maladie.
De par leur audience et leur influence considérables, mais aussi par le marketing, les entreprises
constituent l’une des plus grandes sources d’information ; à certains points de vue, leur position est très
particulière. Leur façon d’aborder et de présenter les problèmes du VIH/SIDA peut constituer une force
de premier plan pour changer les attitudes, surtout chez les jeunes.
B. Augmentation de la mobilité et de l’industrialisation
La propagation accélérée de la maladie est directement liée à la mondialisation de l’économie et à la
croissance considérable du commerce et des voyages internationaux. Sans ces puissants systèmes de
transport et leur interrelation, la maladie n’aurait jamais circulé aussi rapidement.
L’augmentation des migrations et des voyages/transits internationaux a rendu un grand nombre de
personnes plus vulnérables au VIH/SIDA. Par la nature même de leur profession, certains groupes sont
particulièrement vulnérables à l’infection par le VIH, par exemple ceux du secteur des transports. Dans
le monde en développement, les hommes surtout quittent la campagne pour trouver du travail dans les
villes. Les entreprises industrielles telles que les mines, les gisements pétrolifères et les chantiers de
construction de routes et de barrages attirent les travailleurs migrants, notamment ceux issus des
populations jeunes à croissance rapide qui vivent au seuil de la pauvreté. L’urbanisation ne fait
qu’aggraver le problème. Les conséquences de cette situation, notamment l’effondrement des valeurs
traditionnelles et l’augmentation des relations sexuelles avec des partenaires multiples, augmentent le
risque d’infection.
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La mondialisation de la production et la libéralisation économique ont poussé les entreprises à
rechercher dans le monde entier une nouvelle main-d’œuvre et de nouveaux marchés, ce qui a contribué
à la migration vers des zones d’emploi particulières, les hommes se dirigeant généralement vers
l’industrie lourde et les femmes vers l’industrie légère. Cette différenciation a favorisé la migration des
professionnel(le)s du sexe vers ces zones (régions de construction navale du Gujarat, en Inde ; régions
minières d’Afrique du Sud). N’importe qui, y compris les employés des entreprises, leurs clients et les
communautés au sein desquelles elles déploient leurs activités, peut se retrouver dans cette situation. La
vulnérabilité des populations au VIH/SIDA est donc un aspect que le secteur privé doit prendre en
considération.
4. LA RIPOSTE DU SECTEUR PUBLIC ET DU SECTEUR A BUT NON LUCRATIF
Le VIH/SIDA étant un problème majeur de santé publique et de développement, il n’est pas surprenant
que la principale riposte à l’épidémie soit venue jusqu’ici des organismes du secteur public, avec, dans les
premières années, les objectifs suivants :
• reconnaître et comprendre le VIH sous ses diverses formes
• identifier avec précision les moyens de transmission
• protéger l’approvisionnement public en sang
• organiser des campagnes d’éducation en matière de prévention, d’information et de communication à
l’intention de la population générale et de ceux qui, par leur situation, courent un risque particulier
• mettre au point de nouveaux médicaments, vaccins et traitements ; rechercher un traitement curatif
• créer des codes de conduite destinés aux gouvernements, aux employeurs et autres afin de protéger les
droits de l’homme et les droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA en matière d’emploi.
Il reste du travail à faire dans tous ces domaines. Les ressources humaines et financières consacrées à la
lutte contre le VIH/SIDA sont, en grande majorité, fournies par le secteur public, mais les organisations
à but non lucratif – ou, comme on les appelle plus couramment dans le monde en développement, les
organisations non gouvernementales – ont aussi joué un rôle vital dans ce combat. Elles possèdent
parfois un réel savoir-faire en recherche sociale, dans les soins aux personnes atteintes par la maladie et
dans les campagnes d’éducation du public visant des groupes spécifiques ou la population générale.
Même si leurs activités sont relativement limitées par rapport à celles des organismes du secteur public,
leur travail est souvent très novateur. Le contact direct qu’ont les ONG avec les populations vulnérables
leur permet souvent d’influencer les politiques publiques en montrant l’exemple ou en exerçant des
pressions. Elles collaborent en général étroitement avec le secteur public, mais ont une importance
grandissante pour les entreprises du fait qu’elles cherchent des moyens de riposter au VIH/SIDA.
Les ONG impliquées dans le monde des affaires font surtout office de conseillers politiques et de
fournisseurs de services. Certaines reçoivent pour leur travail un soutien philanthropique des entreprises.
Elles cherchent aussi à influencer la politique de ces dernières afin de provoquer des changements
globaux sur des questions telles que les droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA en matière
d’emploi et la politique d’établissement des prix des médicaments adoptée par les compagnies
pharmaceutiques.
La récente prolifération des groupes de discussion par Internet et par courrier électronique sur divers
aspects du VIH/SIDA est en passe de devenir un mécanisme essentiel à la circulation des informations
entre les différents secteurs. Il y a encore peu de temps, les mesures étaient plutôt fragmentaires et la
collaboration entre le secteur public, les organisations à but non lucratif et les entreprises dans la lutte
contre le VIH/SIDA extrêmement limitée. La création en décembre 1999 du Partenariat international
contre le SIDA en Afrique (IPAA) est la preuve de l’importance accrue accordée à la collaboration, qui
permet de mettre à profit les forces des différents secteurs. Ce Partenariat comprend des gouvernements
africains, des ONG africaines et internationales, le système des Nations Unies, des donateurs, des
fondations, des réseaux d’ONG et le secteur privé. Il constitue une tentative visant à intensifier les
efforts afin d’atténuer la propagation et l’impact du VIH/SIDA en Afrique.
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Cette participation croissante des entreprises est, en grande partie, due aux répercussions de plus en plus
tangibles du VIH/SIDA sur leurs activités dans le monde entier. Le chapitre suivant précise ces
répercussions, en particulier le rôle important qu’elles jouent pour convaincre le secteur privé de
s’engager dans la riposte à la maladie.
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L’impact du VIH/SIDA
sur les entreprises
A
u niveau mondial, les conséquences économiques et humaines de la propagation du
VIH/SIDA sont beaucoup plus évidentes dans les pays où le VIH est présent depuis
longtemps et où l’épidémie est à son niveau le plus élevé. Pour de nombreuses
entreprises, la compétitivité est déjà sérieusement entamée par l’impact de la maladie, tandis
que pour d’autres les risques potentiels sont importants aussi bien dans les régions de forte
prévalence que dans celles de faible prévalence.
Si l’on veut aider les entreprises à riposter efficacement, la première chose à faire est de les sensibiliser à
la gravité de l’impact que le VIH/SIDA peut avoir sur elles. Le VIH/SIDA
n’est pas seulement un problème de santé, c’est aussi un problème qui
GLOSSAIRE
touche au cœur même de leurs pratiques. Ses répercussions sont évidentes,
Absentéisme : pour les employés,
tant sur le plan macro-économique que pour chaque entreprise
absences du travail non
individuellement ; il faut agir rapidement sur les deux niveaux pour
prévues/autorisées
permettre au secteur privé de rester compétitif.
1. IMPACT MACRO-ECONOMIQUE
Il est important de définir l’impact macro-économique du VIH/SIDA. En
effet, celui-ci a une influence considérable sur les activités des entreprises
par le biais de son effet sur les marchés, l’épargne, les investissements, les
services et l’éducation. Même si des prévisions exactes sont difficiles, de
très nombreuses analyses ont été faites sur le sujet, notamment dans les
pays d’Afrique subsaharienne, où les études ont été particulièrement
nombreuses parce que les conséquences graves du VIH/SIDA y sont
visibles depuis longtemps. Mais les répercussions macro-économiques
n’ont pas été ressenties uniquement en Afrique ; les profils des entreprises
présentés dans ce rapport montrent la diversité mondiale des ripostes à un
problème lui aussi véritablement mondial.
En premier lieu, le VIH/SIDA touche les gens dans leurs années de vie les
plus productives (l’infection a lieu généralement avant l’âge de 25 ans), par
le biais de la baisse des rémunérations due à la maladie, des demandes de
soins, de l’augmentation des dépenses liées aux soins médicaux et des décès
prématurés ; la conséquence en est une diminution du taux d’épargne et
du revenu disponible. A long terme, ces phénomènes ont pour effets
combinés de réduire la taille des marchés à la disposition des entreprises,
notamment celle des marchés extérieurs aux nécessités de base que sont la
nourriture, le logement et l’énergie ; de diminuer l’ensemble des ressources
disponibles pour la production et les investissements ; et ainsi d’infléchir la
croissance économique. Les premiers résultats des estimations réalisées
actuellement par la Banque mondiale montrent que l’impact macroéconomique du VIH/SIDA pourrait être assez important pour réduire
d’un tiers la croissance du revenu national dans les pays où le taux de
prévalence est de 10% chez les adultes. 1
Capital : contributions physiques
(usines...) et humaines (formation...)
à l’activité productrice
Chaîne de distribution :
approvisionnement des points de
vente en matières premières et en
biens manufacturés, y compris
production, assemblage et
distribution
Coûts de production : prix
(finances et temps) de la création ou
de la fabrication de biens et de
services
Cycle de production : processus
(entrées et sorties) de la production
de biens et de services
Investissement direct étranger :
investissements sous forme d’actifs
physiques réalisés par des étrangers
ou par des organisations non
nationales
Macro-économie : activité
économique combinée/cumulée
Morbidité : incidence d’une
maladie dans un certain lieu
Mortalité : nombre de décès
survenus au cours d’une période
donnée
Productivité : quantité de sorties
par unité d’entrée (travail,
équipement et capital)
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De par l’augmentation de la morbidité et de la mortalité, aucun secteur de l’économie n’est épargné,
notamment en raison de la diminution de la main-d’œuvre productive et compétente, ainsi que des
investissements disponibles. En ce qui concerne les entreprises, ces phénomènes s’associent pour
augmenter le coût des principaux services et les coûts de production, en particulier par le biais des
répercussions sur des secteurs tels que les transports et les services collectifs, entrées essentielles pour la
plupart des activités commerciales. Les entreprises dépendent également du secteur de l’éducation pour
leurs futurs travailleurs, cadres et dirigeants. Ce secteur est touché d’une façon aiguë par le VIH/SIDA,
qui diminue le nombre d’enseignants expérimentés et d’enfants scolarisés (en raison du faible revenu
familial, des soins apportés aux autres membres de la famille, des nombreux orphelins et de l’infection par
le VIH/SIDA). C’est le cas en Zambie, où les enseignants sont particulièrement touchés : 40% sont
infectés par le VIH et le nombre de ceux qui meurent augmente plus rapidement que le nombre de ceux
qui sortent de formation. 2
“Le VIH/SIDA constitue un défi majeur pour le développement, si ce n’est le plus important
défi auquel est confrontée l’Afrique aujourd’hui.”
James Wolfensohn, Président du Groupe de la Banque mondiale
Les entreprises ne travaillant pas dans l’isolement, et l’impact du VIH/SIDA sur tous les secteurs de la
production, les chaînes de distribution, la main-d’œuvre réellement disponible et le capital intellectuel a
des répercussions directes sur chacune d’entre elles individuellement. Ces répercussions sont susceptibles
d’affecter de manière significative leur capacité de fonctionnement et ainsi de réduire les investissements
directs étrangers, découragés par le risque de déficits de production exacerbés par le VIH/SIDA. Au
niveau national, les gouvernements, par peur d’une éventuelle réaction négative des entreprises à
l’épidémie, ont tendance à s’enfermer dans une politique de déni.
L’analyse de l’impact macro-économique présente des limites, notamment le peu de fiabilité des données
sur la prévalence et la démographie. En revanche, malgré le manque d’informations disponibles sur
chaque entreprise individuellement, il est beaucoup plus facile de définir précisément les principales
répercussions observables à ce niveau.
2. IMPACT SUR CHAQUE ENTREPRISE INDIVIDUELLEMENT
Définir l’impact du VIH/SIDA sur chaque entreprise individuellement présente un double intérêt :
i. Les entreprises ne pourront riposter de manière durable, à long terme, que si toutes les parties
prenantes (direction, cadres, personnel, actionnaires) sont convaincues du bien-fondé de l’action.
L’élément décisif est un leadership engagé et compétent, comme le montrent de nombreux profils
présentés dans ce rapport.
ii. La bonne connaissance des répercussions spécifiques du VIH/SIDA sur une entreprise et des
conditions de leur manifestation (mode de transmission par exemple) est un facteur essentiel à la mise
en œuvre d’actions efficaces en termes de politiques et de programmes.
Au-delà de l’impact macro-économique sur les marchés, la main-d’œuvre, l’épargne et les investissements
décrit ci-dessus, on peut définir deux grands types de conséquences du VIH/SIDA sur les activités de
chaque entreprise :
A. Baisse de productivité
B. Augmentation des coûts.
Les principes de base du commerce, associés à une vaste expérience, démontrent nettement l’existence
d’un lien direct entre le VIH/SIDA, la baisse de productivité, l’augmentation des coûts de production et
la diminution des bénéfices des entreprises. Par exemple, une étude financée par l’USAID portant sur une
compagnie de transport au Zimbabwe a estimé que le coût total de la maladie pour la compagnie
équivalait à 20% de ses bénéfices.3 Dans ce cas, plus de la moitié des coûts étaient liés aux décès. Cette
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FIGURE 3 Impact du VIH/SIDA sur une entreprise
VIH/SIDA SUR LE LIEU DE TRAVAIL
Couverture de l’assurance
Augmentation de
l’absentéisme
Augmentation du
renouvellement
du personnel
Perte des
compétences
Perte des
connaissances
tacites
Baisse de moral
Caisse de retraite
Santé et sécurité
Assistance médicale
Augmentation des
besoins de formation et
de recrutement
VIH/SIDA dans la
communauté
Déclin des marchés, du
réservoir de main-d’œuvre
et des fournisseurs
Dépistage et conseil
Frais d’obsèques
AUGMENTATION
DES COUTS
Diminution des
réinvestissements
Diminution de
la fiabilité
BAISSE
DE
DECLINING
PRODUCTIVITE
PRODUCTIVITY
DIMINUTION
DES BENEFICES
DECLINING PROFITS
relation causale entre le VIH/SIDA et la diminution des bénéfices est plus complexe que semble le
montrer cet exemple, ainsi que l’illustre la figure 3.
A. Baisse de productivité
La baisse de productivité aboutit à une diminution des bénéfices si les coûts de production ne
diminuent pas à la même vitesse ou plus rapidement, comme c’est le cas en présence du VIH/SIDA. En
outre, quand la productivité baisse et fluctue, la capacité à satisfaire la demande des consommateurs et
des acheteurs (fiabilité) diminue. Ce phénomène a des répercussions sur la réputation présente et future
de la société et donc sur ses bénéfices à venir. Les principales répercussions du VIH/SIDA sur la
productivité sont l’augmentation de l’absentéisme et la désorganisation.
i. Augmentation de l’absentéisme
L’augmentation de l’absentéisme est, pour les entreprises, l’un des premiers moteurs de l’augmentation
des coûts visibles et de la baisse de productivité dues au VIH/SIDA. Ce phénomène est lié à la
perturbation du cycle de la production, au sous-emploi de l’équipement et au recours à la main-d’œuvre
intérimaire. Des études comparatives récentes portant sur des entreprises d’Afrique de l’Est ont montré
que l’absentéisme est responsable de 25 à 54% des coûts.4 Cette situation est susceptible d’affecter
directement la qualité du contrôle des produits et des services, débouchant sur des pertes de réputation
et pour finir sur une perte de clientèle.
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L’absentéisme augmente parce que les employés tombent malades à cause du VIH et des infections
opportunistes associées, qu’ils sont obligés de prendre en charge les membres malades de leur famille et
qu’ils veulent assister aux enterrements. L’impact varie en fonction de la souplesse du système de
production, mais aussi du niveau réel d’absentéisme, qui est fonction des normes socioculturelles
courantes, de la qualité et de la quantité des soins médicaux fournis et de l’environnement économique
général.
ii. Désorganisation
Les taux élevés de morbidité et de mortalité liés au VIH/SIDA provoquent une désorganisation au sein
de la main-d’œuvre, conséquence de l’augmentation du renouvellement du personnel, de la perte des
compétences, de la perte des connaissances tacites (provenant de l’expérience à la fois de
l’environnement professionnel et de l’environnement de l’entreprise) et de la baisse de moral. Ce sont là
des coûts par essence invisibles, qui sont difficiles à calculer mais qui ont une énorme influence sur la
productivité. La perte des compétences est la désorganisation la plus évidente et la plus souvent citée,
car elle entraîne des coûts professionnels de formation spécifiques. Cette désorganisation est aggravée
par la perte des connaissances tacites qui relèvent de l’environnement professionnel, social et culturel. La
façon d’évaluer les entreprises évoluant peu à peu, l’importance relative des pertes de capital intellectuel
s’accroît ; ce dernier joue un rôle de plus en plus grand par rapport au capital financier.
La transmission des compétences et des connaissances devient plus difficile au fur et à mesure que le
renouvellement du personnel s’accélère ; le moral est parfois gravement touché par la perte des collègues,
la discrimination envers les personnes vivant avec le VIH/SIDA et la désorganisation des activités
professionnelles. Ces facteurs organisationnels moins visibles, qui se construisent avec le temps, sont
essentiels à l’efficacité et au rendement du personnel, et, par conséquent, à sa productivité. Dans les
petites entreprises, les effets de ces pertes sont majorés. Pour toutes ces raisons, même dans les zones de
fort taux de chômage qui constituent potentiellement un vaste réservoir de main-d’œuvre, la perte des
compétences et des connaissances visibles et invisibles est une raison majeure de riposter à la menace
que constitue l’impact du VIH/SIDA sur le lieu de travail.
B. Augmentation des coûts
Pour les entreprises, l’augmentation des coûts de production a un impact non seulement sur les marges
bénéficiaires actuelles, mais aussi sur les bénéfices futurs par le fait qu’elle diminue leur capacité à
investir pour améliorer leur productivité, se développer, assurer la recherche et le développement, ainsi
que pour former et soutenir les employés. Comme on le voit sur la figure 4, le VIH/SIDA augmente les
coûts de plusieurs manières :
i. Recrutement et formation : le renouvellement du personnel et la perte des compétences
s’accentuant, les besoins de recrutement et de formation augmentent. Il peut devenir nécessaire
d’avoir recours à des heures supplémentaires pour compenser les fluctuations et les pertes de
personnel, d’élargir la base de compétences par des stratégies de multi-compétences et de rotation, et
de suivre de près les ressources humaines. Enfin, une pénurie de travailleurs compétents entraîne un
accroissement des coûts de formation et, parfois, des revendications d’augmentation de salaire.
ii. Couverture des assurances et pensions : pour l’entreprise, les primes des assurances sur la vie et les
charges liées aux fonds de pension augmentent en raison des retraites et des décès prématurés. Ce
phénomène est particulièrement problématique dans les économies avancées, où ces avantages sont
plus développés. Au Zimbabwe, par exemple, sur une période de deux ans, le VIH/SIDA a fait
quadrupler les primes des assurances-vie.5
iii. Gestion de la santé : quand l’entreprise prend en charge les soins médicaux, les coûts de ceux-ci
augmentent de manière significative parallèlement au taux de VIH/SIDA. Une étude portant sur une
entreprise agricole au Kenya a montré que les dépenses médicales liées au SIDA ont dépassé de plus
de 400% les projections sans la maladie, comme le montre la figure 4. A la longue, cette
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FIGURE 4 Dépenses médicales d’une entreprise agricole au Kenya, avec et sans SIDA
30
25
20
Dépenses en millions de Ksh
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15
10
5
0
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
Avec SIDA
Sans SIDA
Source : Rugalema, G (1999), “HIV/AIDS and the commercial agricultural sector of Kenya”, Institut d’études sociales, La Haye.
augmentation des coûts risque d’affecter le niveau de prestations qu’une entreprise est capable de
fournir à ses employés. Mais les soins médicaux ne constituent pas seulement des coûts ; ce sont aussi
des investissements qui préviennent ou limitent la maladie/l’absentéisme et luttent contre les risques
sanitaires des travailleurs. Ce facteur concerne donc en premier lieu les pays où les soins de santé
publique sont insuffisants et les soins privés chers.
iv. Frais d’obsèques : quand l’entreprise prend en charge les frais d’obsèques des employés, ce qui
est le cas dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, le surcoût peut être considérable.
L’augmentation des frais d’obsèques est due avant tout à l’élévation du taux de mortalité liée au
VIH/SIDA, notamment dans les pays en développement. En Zambie, par exemple, la Barclays Bank
a connu un taux de décès en rapport avec le SIDA de 36 pour 1600 employés, taux 10 fois supérieur
à celui de la plupart des sociétés américaines.
Les répercussions sur chaque entreprise individuellement varient en fonction d’un certain
nombre de facteurs, dont les principaux sont la nature de l’entreprise/du secteur (structure
organisationnelle/activités...), le type de marché du travail et les politiques mises en œuvre sur le lieu
de travail. Par exemple, dans les marchés où il y a pénurie de main-d’œuvre, surtout qualifiée, les
coûts augmentent à cause de plus grandes exigences salariales. Il est à noter que des taux de prévalence
du VIH/SIDA particulièrement élevés ont été observés chez les employés qualifiés et les cadres. En
outre, les sociétés qui offrent à leurs employés des prestations telles que services de santé, pensions,
assurances sur la vie et autres supportent des coûts variables qui dépendent directement du niveau de
ces avantages.
3. FAIBLE TAUX DE PREVALENCE ET INACTION
L’une des leçons les plus importantes est probablement, pour tous les secteurs, la conséquence de
l’inaction ou du relâchement de la vigilance. Face à l’apparition d’une épidémie, une attitude consistant
à nier les risques actuels ou futurs pour le développement économique et à refuser d’agir en
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FIGURE 5 Croissance typique du VIH dans un pays
d’Afrique australe
FIGURE 6 Courbe théorique du coût des actions
contre le VIH/SIDA pour les entreprises
%
40
absence de réponse
35
25
réponses tardives
20
Coûts financiers
Adultes avec le VIH
30
15
10
5
0
1
5
10
15
20
Années
Source : Banque mondiale (2000), “HIV/AIDS in Africa”, World Bank Africa
Region Quartely Newsletter, vol. II, février/mars 2000.
réponses précoces
Temps en années
Source : D’après Aventin, L & Huard, P (1998) “VIH/SIDA et entreprise en
Afrique”, Document de travail n° 19, Gestion des Transformations sociales,
UNESCO.
conséquence peut avoir de graves répercussions. Un taux de prévalence bas, s’il n’est pas maîtrisé, se
transforme rapidement en un taux élevé d’infection, avec les coûts sociaux et économiques qui en
découlent.
A un niveau plus macro-économique, les actions d’envergure mises précocement en place au Sénégal,
Afrique de l’Ouest, par une éducation et une prévention en matière de VIH/SIDA, se sont traduites par
le taux d’infection le plus bas de l’Afrique subsaharienne. Grâce à un leadership politique et à
l’optimisation des structures d’information et de services existantes, le Sénégal a pris rapidement des
mesures préventives, visant notamment les groupes à haut risque comme les professionnel(le)s du sexe,
et encouragé l’utilisation de préservatifs.
La Banque mondiale a prouvé qu’au-delà de 4-5%, le taux de prévalence du VIH augmente rapidement,
comme le montre la figure 5, qui illustre la trajectoire typique du taux de VIH dans les pays d’Afrique
australe. Les investissements précoces, comme les campagnes d’éducation et de prévention et les soins de
santé, quoique lourds au départ, présentent des bénéfices à long terme pour ce qui est des coûts. Ceuxci risquent d’augmenter de manière exponentielle en l’absence de réponse, surtout s’ils sont liés à une
augmentation du taux de VIH/SIDA (par une augmentation des coûts de production et une baisse de
productivité).
Les réponses tardives ont pour effet d’augmenter le coût de l’intervention initiale et les coûts
permanents, comme le montre la figure 6. Dans un tel scénario, le rendement des investissements dans
la prévention du VIH/SIDA dépasse de loin celui des investissements classiques. Des études ont indiqué
qu’en termes d’économies réalisées grâce à la prévention de la maladie, il est de l’ordre de 3,5 à 7,5 fois
le coût de l’intervention.6
Il n’existe pas beaucoup d’éléments prouvant véritablement l’efficacité des programmes d’intervention
mis en œuvre par les entreprises, étant donné le peu d’empressement que montrent en général ces
dernières à révéler des données confidentielles sur l’impact économique et les taux de prévalence. Le
Profil 11, qui concerne les programmes d’éducation et de prévention et la technique de surveillance mis
en œuvre par Eskom, une compagnie de distribution de services d’Afrique du Sud, donne quelques
éléments d’évaluation. Les résultats d’une enquête de surveillance anonyme et volontaire portant sur le
VIH et réalisée en 1999, qui couvrait 15% de la main-d’œuvre et faisait partie de ses programmes
d’éducation et de prévention, montrent un taux de prévalence du VIH inférieur au taux de 11%
initialement prévu. En outre, d’après les enquêtes de surveillance, le taux de sensibilisation et de
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connaissance est élevé au sein du personnel. Ces deux éléments semblent prouver l’efficacité des
programmes d’éducation et de prévention de longue durée organisés par Eskom, ainsi que leur capacité
à entraîner des économies à long terme.
Les sections 1 à 3 ci-dessus aboutissent clairement à la conclusion suivante : il est impératif, dans leur
propre intérêt et dans celui de tous leurs partenaires, que les entreprises ripostent au VIH/SIDA. Dans
les pays et les régions où il y a encore la possibilité d’empêcher la maladie d’atteindre les proportions
d’une épidémie, elles doivent absolument s’impliquer dans une riposte multisectorielle. Des mesures
précoces permettront des économies substantielles, aussi bien en termes humains qu’économiques.
Enfin, chaque entreprise décidera de ses actions en fonction de la prévalence du VIH/SIDA, des choix
politiques existants et de ses capacités d’investissement. Le chapitre suivant portera sur les divers moyens
par lesquels les entreprises peuvent riposter et ont riposté.
1.
Binswanger, H & Ayres, W (1999), “HIV/AIDS Action in developing countries”, Union européenne, Programme VIH/SIDA au
tiers monde, Publication n° 5, décembre 1999.
2.
Financial Times, Counting the economic cost of AIDS, 17 avril 2000.
3.
Stover, J & Bollinger, L (1999), “The Economic Impact of AIDS”, The Policy Project, The Futures Group International.
4.
Whiteside, A (1999), “The Economic Impact of AIDS in Africa”, Mini Review Article: Canadian Journal of Gastroenterology.
5.
Loewenson, R (1999), “Best Practices: Company Actions on HIV/AIDS in Southern Africa”, Health & Safety and Environment
Programme, Organisation de l’Unité syndicale africaine.
6.
Loewenson, R (1999), ibid.
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La riposte des entreprises
au VIH/SIDA
L
es entreprises sont soumises aux pressions des marchés nationaux et mondiaux, qui
deviennent de plus en plus compétitifs sous l’effet de la mondialisation et de la
libéralisation de l’économie, associées à la demande des investisseurs et des
consommateurs, qui exigent davantage de productivité, de rendement, d’innovation et de
qualité des produits et des services. Par ailleurs, on attend d’elles qu’elles soient plus
responsables et rendent des comptes à toutes les parties prenantes – main-d’œuvre,
fournisseurs, communautés, gouvernements et population en général.
Etant donné ce scénario et l’impact connu du VIH/SIDA sur les entreprises et leurs partenaires, il est
absolument nécessaire que le monde des affaires réagisse. Le défi est clair, la riposte a été diversifiée.
Dans les premiers stades de l’action, les entreprises ont mis l’accent sur leurs activités principales et
leur préservation par la protection et le soutien du personnel. Comme elles se rendent de plus en plus
compte que les autres parties prenantes peuvent influencer l’impact du VIH/SIDA sur leur capacité de
fonctionnement, elles étendent maintenant leurs actions afin d’apporter leur appui et de collaborer à des
initiatives de prévention et d’éducation plus larges.
Leurs motifs sont aussi bien philanthropiques que commerciaux, et la portée de leurs initiatives a été
locale, nationale et internationale. Un exemple bien connu mais utile est celui de Levi Strauss & Co,
qui a lancé en 1982 à San Francisco, Etats-Unis d’Amérique, une initiative visant à sensibiliser au
VIH/SIDA ses employés et la communauté. Quelques années plus tard, cette même société a décidé de
mettre l’éducation et les soins en matière de VIH/SIDA au cœur de ses investissements, étendant ainsi
encore davantage son rayon d’action. Ce travail a débouché en 1998 sur la création, en association avec
l’ONUSIDA, d’une vidéo pédagogique qui a été mise à la disposition d’autres entreprises et
d’organisations communautaires dans le monde entier.
La concrétisation des initiatives est tributaire de nombreux facteurs, en particulier des capacités des
entreprises en termes de ressources humaines et financières. Les grandes ont pu organiser des actions
approfondies et de grande portée ; les petites et moyennes ont davantage de difficultés, car elles
manquent de ressources, même si elles sont parfois plus novatrices et plus pragmatiques. L’évolution de
la structure des systèmes mondiaux de production et de commerce vers la spécialisation, la passation de
contrats et la sous-traitance a créé des liens de plus en plus étroits entre petites et grandes entreprises, ce
qui a poussé les deux secteurs à collaborer dans la lutte contre le VIH/SIDA.
La riposte des entreprises a montré que leur action et leur influence
peuvent concerner plusieurs grands domaines :
1. Opérations liées à l’activité principale
2. Partenaires commerciaux
3. Communautés
4. Sensibilisation et leadership
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1. ACTIVITE PRINCIPALE DE L’ENTREPRISE
La plupart des entreprises qui ont organisé des actions contre le VIH/SIDA ont commencé par créer des
politiques à l’intention de leur personnel. Ce choix montre qu’elles ont pris conscience de l’impact de la
maladie. Plus récemment, une législation anti-discrimination, basée sur la création de codes volontaires
par certaines sociétés, a obligé un nombre croissant de pays à élaborer un minimum de politique en
matière de VIH/SIDA. D’autres entreprises ont lancé des initiatives sur le lieu de travail après avoir
compris que la maladie risquait d’entraîner une baisse de productivité, une augmentation des coûts de
production et une perte de position sur le marché. Enfin, certaines actions résultent d’intérêts
commerciaux directement liés au VIH/SIDA, ce qui est notamment le cas de l’industrie pharmaceutique
et des assurances.
A. Protection des employés et de leur famille
Les véritables motifs pour lesquels les entreprises ripostent au VIH/SIDA sur le lieu de travail sont
extrêmement variés ; ils dépendent de facteurs tels que le taux de prévalence du VIH dans leur domaine
d’activité, les avantages dont bénéficie le personnel, et les connaissances et la sensibilisation de la
direction en ce qui concerne l’impact potentiel et réel. Dans les pays industrialisés à faible prévalence,
où les prestations sociales et les soins médicaux fournis aux employés sont importants et la législation
ancienne, ces avantages deviennent de puissantes motivations. D’après une enquête commandée par
l’ONUSIDA à The Conference Board (organisation commerciale américaine), qui portait sur la riposte
des entreprises au VIH/SIDA et couvrait 203 sociétés dans 14 pays, les motifs d’action sont d’abord les
prestations sociales fournies aux employés vivant avec le VIH/SIDA et la protection et la sécurité de
tous les autres, puis les implications juridiques, comme le montre la figure 7.
FIGURE 7 Motifs invoqués par les entreprises pour lutter contre le VIH/SIDA, 1997
pourcentage ; n = 203 entreprises
Prestations sociales destinées aux employés
vivant avec le VIH/SIDA
Sécurité/prévention
46%
34
Implications juridiques (ex. discrimination,
observance)
24
16
Coût des soins médicaux
12
Crainte d’une épidémie mondiale
Problèmes des communautés avec le VIH/SIDA
8
Absentéisme dû à la maladie
8
4
Image publique
Renouvellement du personnel
2
Peur
2
1
“Les autres le font”
0
10
20
30
40
50
Source : “Corporate Response to HIV/AIDS”, The Conference Board, New York, 1997.
Les prestations sociales destinées aux personnes vivant avec le VIH/SIDA constituent un motif d’action
typique dans les régions où ces employés ont le plus attiré l’attention, par exemple sur la Côte Ouest des
Etats-Unis au début des années 1980 ; c’est le cas notamment pour Levi Strauss et Packard Bell. En
Europe occidentale, les premières actions étaient motivées par la peur des employés inquiets pour leur
santé et leur sécurité face à une nouvelle épidémie alarmante. Une formation approfondie a été
organisée dans les secteurs où l’on rencontrait ou s’attendait à rencontrer le VIH, par exemple chez les
dispensateurs de soins de santé et les compagnies pharmaceutiques.
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Une minorité d’entreprises ont mis au point des politiques et des procédures en partant de leur
expérience limitée à la prise en charge d’employés vivant avec le VIH/SIDA. Dans certains pays, une
forte tradition de protection sociale du personnel a suscité des campagnes de prévention du VIH
conçues pour préserver la main-d’œuvre de l’infection. Ces campagnes ont permis en outre de
déstigmatiser un sujet qui avait provoqué une réaction souvent hostile et sensationnaliste.
L’héritage de ces premières initiatives a été exploité pour améliorer la situation des personnes vivant avec
le VIH, qui bénéficient maintenant des récents développements en matière de traitement
médicamenteux. En 2000, le premier Prix européen SIDA et Entreprise, décerné en Europe par le
Réseau européen SIDA et Entreprise (RESE) avec le soutien d’Edelman Santé, a distingué quatre
entreprises pour leurs actions contre le VIH/SIDA :
1. Riposte politique au VIH/SIDA – IBM France a été sélectionné pour son engagement de longue
date aux principes conçus pour guider les responsables de la santé au travail ;
2. Education et formation des employés en matière de VIH – La Standard Chartered Bank,
Royaume-Uni, a été sélectionnée pour son investissement dans un programme complet d’éducation
par les pairs lancé en Afrique (Profil 8) ;
3. Mesures permettant de garder et de recruter les personnes vivant avec le VIH/SIDA – deux
récompenses ont été décernées : la première aux architectes du BEHF, Autriche, en reconnaissance du
rôle important joué par les petites entreprises ; l’autre à Lego, Danemark, pour son soutien à un
employé qui désirait garder son emploi malgré une incapacité temporaire à travailler à plein temps.
Dans les pays où le taux de prévalence du VIH est élevé, la principale motivation des entreprises est
toujours de minimiser l’impact du VIH/SIDA sur leurs activités et leurs employés. C’est la première
raison pour laquelle Anglo Coal (Profil 10) et Eskom (Profil 11), Afrique du Sud, ainsi que la Standard
Chartered Bank, Royaume-Uni (Profil 8), ont mis sur pied d’importantes campagnes d’éducation par les
pairs et de prévention à l’intention de leurs employés et dépendants. Ces campagnes ont fortement
sensibilisé le personnel au problème du VIH/SIDA : Eskom a détecté un taux de prévalence inférieur
aux prévisions qui avaient été faites avant ses campagnes de prévention à long terme. Ces entreprises ont
compris en outre qu’il était nécessaire de suivre de près les initiatives et de tirer des leçons des résultats.
Au centre de nombreuses actions sur le lieu de travail, aussi bien dans les pays en développement que
dans les plus industrialisés, on trouve la mise en place de pratiques non discriminatoires envers les
personnes vivant avec le VIH/SIDA. Par exemple, Larsen & Toubro (Profil 4), en Inde, ont établi une
politique visant à empêcher la discrimination dans l’embauche, la promotion, le transfert et la formation
de ses employés et futurs employés. Cette mesure est associée à des services de conseil dispensés par des
organisations non gouvernementales et gouvernementales aux personnes vivant avec le VIH/SIDA. Ces
politiques, largement appliquées, sont considérées comme des éléments fondamentaux pour créer un
bon environnement de travail et améliorer la connaissance de la maladie chez les employés.
Certaines entreprises ont lancé des programmes de soins du VIH/SIDA afin de gérer les coûts liés aux
maladies et aux hospitalisations fréquentes, ainsi qu’à la perte d’employés. Ceux-ci, chez Volkswagen
Brésil, bénéficient d’une assistance et de soins comprenant l’accès aux médicaments antirétroviraux, des
tests de charge virale réguliers, le transfert dans des hôpitaux spécialisés et le traitement à domicile. Ces
mesures sont associées à une éducation en matière de prévention et de santé et à des services de conseil.
Elles ont entraîné une réduction de 90% des hospitalisations et une baisse des coûts liée à une
diminution de 40% du taux de VIH/SIDA (Profil 5). La possibilité d’adopter une telle approche
dépend des ressources disponibles et, de ce fait, est toujours un choix que seules les grandes entreprises
peuvent envisager. De nombreux pays en développement ayant un fort taux de prévalence du VIH ne
peuvent pas proposer ces soins en raison du coût relativement élevé du traitement. Certaines entreprises,
comme Anglo Coal, ont cependant organisé pour leurs employés et leurs partenaires des programmes de
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ACTIONS SUR LE LIEU DE TRAVAIL : Outil pour dirigeants
Cet outil est destiné à servir de guide aux entreprises qui veulent riposter au VIH/SIDA sur le lieu de travail. L'accent doit
être mis sur la diversité des actions et des options à envisager, en fonction du type et de la taille de l'entreprise et du
contexte économique et socioculturel. Les paragraphes suivants présentent aux dirigeants : les principes directeurs à
prendre en considération ; la technique de planification ; les choix en matière de politique ; et l'assistance disponible.
PRINCIPES
Principes directeurs qu’une entreprise doit prendre en
considération quand elle organise des actions de lutte contre le
VIH/SIDA sur le lieu de travail :
1. Promotion de pratiques non discriminatoires : les employés
doivent être jugés sur leurs mérites et sur leur aptitude au
travail et ne subir ni discrimination ni maltraitance. Toute
discrimination entraînera l’application de procédures
disciplinaires.
2. Pas de dépistage obligatoire pour le recrutement, la
promotion ou le déroulement de la carrière.
3. Confidentialité assurée quant à la sérologie des employés.
4. Traitement du VIH/SIDA similaire à celui de n’importe
quelle autre maladie en termes d’emploi, ainsi que de
politiques et de pratiques de santé.
5. Conformité des pratiques de l’emploi, au minimum, avec la
législation et les codes nationaux et internationaux de
l’emploi et du travail.
6. Education en matière de prévention (éducation par les pairs
notamment) accessible à tous les employés.
7. Organisation de services de soutien associés à l’éducation.
8. Participation des personnes vivant avec le VIH/SIDA au
développement et à l’évaluation des politiques et des
programmes de lutte contre le VIH/SIDA.
9. Adoption de principes de gestion de base, tels que ciblage,
performance et surveillance, avec des modèles d’entréessorties clairs (étude d’impact notamment).
10. Intégration d’autres problèmes sanitaires, sociaux et
économiques (logement...) permettant une approche plus
stratégique et plus adaptée.
PLANIFICATION
La planification des actions de lutte contre le VIH/SIDA sur le
lieu de travail repose sur trois éléments fondamentaux :
identification des facteurs susceptibles d’influencer la
transmission du VIH/SIDA en termes de structure/activités
organisationnelles ; examen des pratiques et politiques
existant sur le lieu de travail ; et détermination de l’impact réel
et/ou potentiel du VIH/SIDA sur l’entreprise et son personnel.
1. Facteurs susceptibles d’influencer la transmission du
VIH/SIDA
Il est important de préciser les risques éventuels au sein du
personnel, ce qui oblige à analyser sa démographie (âge, sexe)
afin de définir les éventuels groupes à risque et d’établir les
priorités. On sait par ailleurs que les pratiques et les exigences
du lieu de travail, tels que les déplacements (secteur des
transports en particulier) et la présence de travailleurs
migrants, influencent le comportement et donc le niveau de
risque. Quand on souhaite cibler l’intervention, il faut veiller à
éviter la stigmatisation de tout groupe particulier.
2. Pratiques et politiques existant sur le lieu de travail
L’identification et la catégorisation des politiques et pratiques
existantes servent à faire ressortir les bonnes et les mauvaises
pratiques, les besoins spécifiques, les demandes et les
exigences générales. Cette analyse est particulièrement
importante pour des entreprises comme les multinationales,
dont les filiales locales ont des politiques et des pratiques très
diverses. Les différences peuvent être liées à des facteurs
culturels ou au contexte. Cela ne veut pas dire que des actions
ne doivent pas être mises en place au niveau du groupe, mais
plutôt qu’il faut prendre ces facteurs en considération.
3. Impact réel et/ou potentiel
La détermination des répercussions et des coûts pour
l’entreprise est essentielle pour que le personnel, les cadres et
la direction s’engagent vis-à-vis des politiques ultérieures et
TABLEAU 2 Impact du VIH/SIDA sur une entreprise
PRODUCTIVITE
COUTS
1. Baisse de productivité
• Augmentation de l'absentéisme
• Augmentation du renouvellement du personnel
• Perte des compétences
• Perte des connaissances tacites
• Baisse de moral
1. Augmentation des coûts
• Formation et recrutement
• Couverture de l'assurance
• Caisse de retraite
• Santé et sécurité : assistance médicale, dépistage et conseil
• Frais d'obsèques
• Education et prévention
2. Diminution des réinvestissements
2. Diminution de la fiabilité
3. Le VIH/SIDA dans la communauté : déclin des marchés, du réservoir de main-d'œuvre productive et des fournisseurs
DIMINUTION DES BENEFICES
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ACTIONS SUR LE LIEU DE TRAVAIL : Outil pour dirigeants
pour que la prise en charge économique de l’impact du VIH/SIDA soit
durable à long terme (pour une analyse détaillée, voir le chapitre traitant de
l’impact sur les entreprises). Le tableau 2 ci-contre présente certaines
conséquences possibles sur la productivité et les coûts de production, qu’il
faut prendre en considération quand on évalue les répercussions et les
actions pour chaque entreprise individuellement.
POLITIQUE
Le paragraphe sur les principes et le tableau 2 sur l’impact (page précédente)
mettent en relief certains choix et certaines exigences en matière de
politique sur le lieu de travail. L’essentiel est de définir les priorités dès le
départ.
1. L’éventail des choix existants et nécessaires dépasse parfois, au départ, ce
qui est faisable du point de vue logistique et financier. Pour s’assurer de
l’engagement des cadres supérieurs, il peut être nécessaire dans un
premier temps de se concentrer sur les éléments qui ont un impact
direct évident sur les résultats financiers de l’entreprise, par exemple
ceux susceptibles d’augmenter la prévalence du VIH/SIDA dans le
personnel.
2. Il faut s’efforcer d’élaborer une politique et une approche communes à
toute l’entreprise, en faisant une part raisonnable aux facteurs
socioculturels et législatifs locaux et à l’engagement des personnes vivant
avec le VIH/SIDA. Il est souhaitable de s’attacher la participation
d’organisations et de coalitions d’entreprises spécialisées, ayant de
l’expérience dans le domaine du VIH/SIDA, afin de raccourcir la période
préliminaire et de diminuer le coût du programme (par la mise en
commun des matériaux notamment).
L’éducation et la prévention sont toujours les points de départ des
politiques et des programmes sur le lieu de travail. La stratégie employée
peut comporter plusieurs phases :
1. Minimiser : communiquer la politique, proposer des matériaux et des
activités pédagogiques proches des utilisateurs (notamment dans leur
langue) et culturellement adaptés, pour la prévention du VIH/SIDA et la
création d’un environnement non discriminatoire, assurant la
confidentialité.
2. Gérer : outre les pratiques administratives communes conformes aux
principes directeurs ci-dessus, il est important d’informer en permanence
toutes les parties prenantes de la nécessité pour l’entreprise de mettre en
place une politique et des programmes, afin de s’assurer qu’elles vont
continuer à collaborer à la riposte au VIH/SIDA.
3. Surveiller : la nature dynamique du VIH/SIDA en termes de
connaissances, d’impact et de pratiques reconnues oblige à suivre et à
réexaminer régulièrement les programmes et les informations médicales.
Une riposte au VIH/SIDA plus stratégique et plus fructueuse pourrait
comporter les autres avantages définis dans le tableau. Il faut également
veiller à s’engager dans des activités de proximité dans la communauté
(sensibilisation, information, éducation, prévention et soins).
CONTACT/ASSISTANCE
(téléphone, adresse électronique, site web)
1. Conseils et supervision des programmes sur le
lieu de travail :
● Projet AIDSCAP de prévention et de lutte
contre le SIDA
+1 703 516 9779
[email protected]
http://www.fhi.org/en/aids/aidscap/aidscap
● Centers for Disease Control and Prevention
+1 800 458 5231
[email protected]
http://www.brta-lrta.org
● Confédération de l’industrie indienne
+91 11 4629 9947
[email protected]
http://www.ciionline.org
● NAT
+44 20 7814 6767
[email protected]
http://www.nat.org.uk
● ONUSIDA
+41 22 791 3666
[email protected]
http://www.unaids.org
2. Expérience/matériaux/actions en matière de
programmes et de politiques sur le lieu de travail :
● Business Exchange on AIDS and Development
+44 20 7404 2027
[email protected]
● Réseau européen SIDA et Entreprise
+33 142 65 51 23
[email protected]
http://eaen.org
● Futures Group International
+1 202 775 9680
[email protected]
http://www.tfgi.com/hivaids.asp
● Conseil mondial des entreprises sur le VIH &
le SIDA
+44 1225 404 964
[email protected]
http://www.gbcaids.com
● Coalitions nationales d’entreprises contre le
VIH/SIDA contacter le Conseil mondial des
entreprises sur le VIH & le SIDA.
3. Sites Internet d’information et de discussion sur
le VIH/SIDA :
● Impact du VIH : http://www.edc.org/glgl/HIVimpact
● Réseau VIH : http://www.hivnet.ch
● International AIDS and Economic Network :
http://www.iaen.org
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traitement des infections opportunistes, de distribution de préservatifs et de conseil ; ces programmes
constituent un mécanisme de gestion des soins et de la prévention du VIH/SIDA.
De nombreuses entreprises qui se sont attaquées à la maladie au sein de leur personnel l’ont fait en
partenariat avec des ONG et des organisations gouvernementales. Ces partenariats jouent un rôle
important dans l’accès aux connaissances spécialisées et aux expériences. Par exemple, la Shell Company
of Thailand a lancé un programme d’éducation par les pairs destiné aux pompistes de ses stations-service
en partenariat avec deux ONG, le Program for Appropriate Technology in Health (PATH) et la
Coalition des entreprises thaïlandaises contre le VIH/SIDA (TBCA). Le PATH a élaboré le programme
de formation destiné aux éducateurs pour les pairs, tandis que la TBCA, faisant office de coordinateur
du projet, a fourni les informations et assuré le soutien logistique et le suivi (Profil 16). Depuis
1989, Telepar, une compagnie de télécommunication brésilienne, travaille en partenariat avec le
gouvernement, des ONG et des syndicats afin d’élaborer et de mettre en œuvre des programmes de
prévention du VIH/SIDA basés sur des éducateurs pour les pairs et destinés à son personnel, soit plus
de 4000 personnes.
Beaucoup de dirigeants d’entreprises, tout en ayant pris conscience de la nécessité de lancer des
initiatives et des politiques en réponse au VIH/SIDA sur le lieu de travail, sont souvent confrontés
à une sérieuse difficulté : créer leurs propres politiques et programmes. Pourtant, la mise au point de
programmes contre le VIH/SIDA devient chose courante dans le secteur privé et la volonté de faire
connaître ces expériences s’accroît ; il n’est donc pas nécessaire de réinventer la roue. De nombreux
principes directeurs en matière de VIH/SIDA sur le lieu de travail ont été élaborés. Certains concernent
des secteurs particuliers, comme le guide pour l’industrie hôtelière mis au point en 1999 par
l’Association internationale des hôteliers et restaurateurs, en collaboration avec l’ONUSIDA (Profil 9).
Un autre exemple est la Confédération de l’industrie indienne qui, avec 3500 entreprises membres,
a élaboré en 2000 une “politique en matière de VIH/SIDA pour l’industrie” rassemblant des
informations sur les bonnes pratiques des industries indiennes et présentant des recommandations
en matière de politique. La Standard Chartered Bank, qui a récemment lancé une politique et
une campagne de sensibilisation sur le lieu de travail (Profil 8), s’est basée sur les matériaux et les
informations fournis par Glaxo Wellcome et Levi Strauss, par l’intermédiaire du Conseil mondial des
entreprises sur le VIH & le SIDA, et a été conseillée par le réseau d’entreprises BEAD. Depuis, elle a
mis ses plans de sensibilisation au VIH/SIDA à disposition d’autres banques, associations de banquiers
et ONG.
En réponse à cette volonté de mettre en commun informations et expériences, un outil pour dirigeants a
été élaboré sous forme de “guide pour la riposte des entreprises au VIH/SIDA” (voir page 24). Ce guide
repose sur l’expérience acquise et les informations fournies par un certain nombre d’entreprises et
d’organisations, notamment Anglo Coal, AIDSCAP, BP Afrique australe, Business Exchange on AIDS
et Development, la Confédération de l’industrie indienne, Eskom, Larsen & Toubro et la Standard
Chartered Bank.
B. Protection des intérêts des entreprises
Le VIH/SIDA présente pour certains secteurs du monde des affaires un intérêt commercial direct, lié à
leur activité principale. C’est évidemment le cas des assurances, mais aussi des compagnies
pharmaceutiques, notamment de celles qui participent à la recherche et au développement de
traitements du VIH/SIDA. Par exemple, le programme “Positive Action” (Action positive) de Glaxo
Wellcome est une stratégie internationale ancienne et respectée, qui vise à établir des partenariats avec
les organisations de lutte contre le VIH/SIDA à assise communautaire et qui encourage le dialogue avec
et entre les personnes vivant avec la maladie. L’une de ses actions a consisté à établir un partenariat avec
l’Alliance internationale contre le VIH/SIDA (Profil 17), dans le but de favoriser l’approfondissement et
la dissémination des leçons tirées des programmes communautaires de lutte contre le VIH/SIDA dans le
monde entier.
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En 1999, Bristol-Myers Squibb a lancé “Secure the Future” (Assurer l’avenir), une initiative majeure
d’une durée de 5 ans reposant sur un partenariat public-privé (Profil 14). La firme a engagé 100 millions
de dollars dans la recherche et l’éducation médicales, l’éducation des communautés et les activités de
proximité, ainsi que dans des programmes de développement du potentiel d’action destinés aux femmes
et aux enfants infectés ou affectés par le VIH/SIDA en Afrique. Participent au partenariat des
gouvernements locaux, l’ONUSIDA, des institutions et des communautés médicales et religieuses.
Le VIH/SIDA présente également un intérêt commercial direct pour l’industrie des assurances, étant
donné l’impact de la maladie sur le bien-être de ses clients et de la communauté élargie et, par
conséquent, sur les coûts directs par le biais des paiements de l’assurance et des futurs marchés.
American International Assurance, une compagnie d’assurance sur la vie en Thaïlande, a récemment
lancé une initiative cherchant à intégrer le VIH/SIDA aux pratiques liées à son activité principale (Profil
1). L’élément novateur est un programme d’évaluation et d’accréditation qui consiste à réduire le
montant des primes pour les entreprises assurées mettant en œuvre des politiques et des programmes
d’éducation en matière de VIH/SIDA sur le lieu de travail. Ce type d’approche, dont le principe est de
partir des pratiques liées à l’activité principale pour encourager les autres entreprises à réagir, peut être
facilement reproduit dans les secteurs des assurances et de la banque.
2. PARTENAIRES COMMERCIAUX : UNE RIPOSTE IMPLIQUANT LES MULTIPLES
PARTIES PRENANTES
Etant donné l’importance et la complexité croissantes des diverses parties prenantes dans l’économie
mondiale, les entreprises doivent préserver leurs partenaires commerciaux directs de l’impact du
VIH/SIDA afin d’être prêtes à réagir, de rester compétitives et de maintenir leur réputation. Ces
partenaires sont leurs réseaux de fournisseurs et de services, constitués en majorité de petites et
moyennes entreprises, et leur clientèle.
A. Participation des petites et moyennes entreprises
Jusqu’à présent, pour la plupart des actions lancées par les entreprises contre le VIH/SIDA, les priorités
et les informations disponibles concernaient essentiellement les grandes entreprises nationales et
multinationales (GE). Cette tendance est surtout liée à leur capacité à mettre en œuvre des
interventions, conséquence de leurs disponibilités en capital et de leur accès à l’information ; mais elle
reflète aussi leur visibilité publique et le développement de leurs moyens de communication.
Il est très important que les petites et moyennes entreprises (PME) ripostent aussi au VIH/SIDA, car
dans la plus grande partie du monde, notamment dans les pays en développement, elles constituent la
majorité des activités commerciales et des sources d’emploi. En outre, de par la tendance des systèmes
mondiaux de production et de commerce à la spécialisation, à la passation de contrats et à la soustraitance, l’importance des PME s’accroît par rapport à celles des GE et des chaînes de distribution. Avec
cette évolution des structures organisationnelles des GE, la rentabilité des entreprises dépend de plus en
plus de la bonne performance de toutes les autres entités intervenant dans leurs activités. C’est
pourquoi, étant donné l’impact du VIH/SIDA sur les coûts et la productivité des entreprises, il est
essentiel que les PME ripostent à l’épidémie et qu’on les aide à s’en donner les moyens. Malgré les
difficultés, elles ont lancé des actions novatrices, aussi bien indépendamment qu’en partenariat avec de
grandes entreprises, des ONG et des organisations gouvernementales. Les différents mécanismes de ces
actions sont présentés dans la figure 8 et décrits ci-dessous.
i. Action des petites et moyennes entreprises
En principe, les PME ont les mêmes raisons de riposter au VIH/SIDA que les grandes entreprises et les
autres parties prenantes. Quand elles emploient peu de personnel, elles ont encore plus besoin de réagir,
car la perte d’un seul employé est souvent beaucoup plus catastrophique pour elles que pour les GE.
L’adoption de politiques de lutte contre le VIH/SIDA sur le lieu de travail devrait faire partie de leurs
priorités, étant donné la faiblesse de leur fonds de roulement, qui les empêche d’envisager des actions
plus larges. Elles peuvent rechercher une aide (documentation, conseils) auprès de certaines
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FIGURE 8 Exemples de mécanismes d’action possibles pour la riposte des GE et des PME au VIH/SIDA
Action concertée
Partenariat et action
collective GE-PME
• par des coalitions et des
associations d’entreprises
• Programmes conjoints
• Développement d’un potentiel
d’action
• Mise en commun des matériaux
• Sensibilisation
Action des grandes entreprises (GE)
Action des petites et moyennes
entreprises (PME)
• Politique et programmes sur le lieu de travail
• Programmes communautaires de grande
ampleur, basés sur des connaissances
pointues
• Sensibilisation
• Politique et programmes sur le lieu
de travail
• Programmes communautaires
novateurs et peu coûteux
• Sensibilisation
ONG, organisations
gouvernementales et
intergouvernementales
• Assistance technique
• Conseil et supervision
• Mobilisation des ressources
organisations. Citons le “Manager’s kit” (Dossier du dirigeant) mis au point par les Centers for Disease
Control and Prevention (voir Outil pour dirigeants, p. 24).
Grâce à leur avantage relatif – connaissances et compétences –, les PME peuvent proposer des ripostes
plus novatrices au VIH/SIDA, par exemple un soutien en nature aux campagnes d’éducation et de
prévention mises en place par des organisations non gouvernementales (conception et impression de
matériaux pédagogiques notamment). Certaines PME ont fait œuvre de pionnier dans la création
d’outils pour l’éducation et la prévention en dehors du lieu de travail. C’est le cas d’ALMS, une société
de technologie de l’information et de conseil en marketing en République tchèque (Profil 12). ALMS a
conçu et héberge un service d’information sur le VIH/SIDA basé sur un serveur Internet, en partenariat
avec des professionnels du VIH/SIDA issus d’organisations non gouvernementales et d’établissements
universitaires. Les initiatives de haute technologie de ce type permettent une dissémination considérable
de l’information et peuvent apporter des gains de réputation inestimables aux PME. En outre, celles-ci
sont souvent bien placées pour être créatives et novatrices grâce à leur petite taille et au fait que leurs
projets, étant moins coûteux et moins prudents, sont faciles à adapter et à reproduire. Citons par
exemple les “truckers booths” (cabanes de camionneurs), créées en Inde par Teddy Exports à des fins de
prévention et d’éducation (Profil 13).
ii. Aide aux petites et moyennes entreprises – établissement de liens
L’évolution des systèmes commerciaux mondiaux à laquelle il a été fait allusion ci-dessus a débouché sur
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l’établissement de liens en amont et en aval entre GE et PME. Les liens d’amont font référence à l’achat
régulier d’entrées sous forme de biens et de services et les liens d’aval à la commercialisation des produits
finis. La multiplicité de ces liens dans les activités du secteur privé est, pour les GE, une raison majeure
de s’attaquer au problème du VIH/SIDA. Leur bon fonctionnement et leur rentabilité dépendent d’un
réseau efficace de fournisseurs et de services, dont la majorité sont des PME. Les conséquences à long
terme du VIH/SIDA auxquelles une entreprise risque d’être confrontée sont une flambée des prix et une
baisse de productivité des PME associées. Face à ce problème, les GE ont deux options possibles : établir
un partenariat direct avec chaque PME individuellement ou coopérer entre elles pour aider les PME.
a. Partenariat direct avec chaque petite ou moyenne entreprise individuellement
La majorité des GE n’ont pas encore compris que le VIH/SIDA pouvait avoir un impact indirect sur
leurs activités commerciales par le biais de l’impact sur leurs fournisseurs et sur les entreprises associées.
Elles ont, entre autres choix, la possibilité d’élargir leurs programmes d’éducation, de prévention et de
soins médicaux à leurs partenaires commerciaux directs. Au minimum, elles peuvent se contenter, sans
demander de contrepartie financière, de les sensibiliser et de les conseiller afin qu’ils mettent en place
des actions et informations appropriées en matière de politique de lutte contre le VIH/SIDA sur le lieu
de travail. L’un des rares mais plus anciens exemples de ce type de partenariat est The Body Shop et ses
fournisseurs, en particulier Get Paper Industries, producteur de papier au Népal. Depuis un certain
nombre d’années, The Body Shop propose à ses fournisseurs une assistance technique directe qui leur
permet de mettre au point et de lancer des programmes indépendants de lutte contre le VIH/SIDA.
L’intérêt de ces relations est qu’à long terme, cette façon de développer le potentiel d’action ne nécessite
que des ressources minimes, car les fournisseurs finissent par élaborer des programmes novateurs,
adaptés à leur propre contexte et autonomes.
b. Coopération collective des grandes entreprises avec les petites et moyennes entreprises
Des coalitions d’entreprises contre le VIH/SIDA existent dans plusieurs pays et à l’échelle mondiale
(Profil 16), mais en général elles ne soutiennent pas explicitement les PME et préfèrent se concentrer sur
les GE par le biais d’activités réservées aux membres. Cependant, même si les expériences d’actions
collectives contre le VIH/SIDA sont encore rares, on a souvent assisté dans le passé à l’établissement de
liens commerciaux visant à inciter les PME à mettre en œuvre des pratiques commerciales de bonne
qualité. Des études ont montré que les programmes d’établissement de liens, transférant des
compétences techniques, opérationnelles et gestionnaires des GE aux PME, ont entraîné une
augmentation de productivité de plus de 17%.1
En ce qui concerne le VIH/SIDA, les GE peuvent coopérer, selon les besoins, en assurant le
leadership, la formation, les services de conseil et le financement, ou en fournissant les matériaux.
La Coalition des entreprises sud-africaines contre le VIH/SIDA, formée d’une vingtaine de sociétés,
met actuellement sur pied un centre de ressources sur le lieu de travail, qui doit servir de centre
d’information et de conseil pour toutes les entreprises et qui jouera certainement un rôle majeur dans
les actions des PME (Profil 16).
Nombreux sont les avantages de la coopération dans un domaine extérieur à la concurrence, comme
celui du VIH/SIDA. Au-delà des avantages économiques et sociaux les plus évidents, liés à la réduction
de l’impact de la maladie, la mise en commun de ressources limitées diminue le coût des interventions
et, par ailleurs, donne aux GE l’occasion d’exercer leur leadership et d’améliorer leur réputation. Un
autre élément bénéfique essentiel de ces liens est qu’ils constituent souvent, grâce aux connaissances et
compétences commerciales communes, un mécanisme extrêmement efficace pour diffuser l’information
sur la riposte des entreprises au VIH/SIDA et regrouper les efforts de sensibilisation. L’environnement
ainsi créé permet de mettre sur pied des programmes et des politiques adaptés au contexte et avantageux
pour toutes les GE, sans augmenter exagérément les coûts pour l’une ou pour l’autre.
De plus, étant donné qu’un facteur essentiel à la réussite des programmes élaborés par le secteur privé est
l’engagement des cadres supérieurs, l’étroite collaboration et le leadership des GE augmentent les
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chances de réussite des PME. Cet effet peut être encore accentué par l’assistance technique
gouvernementale et non gouvernementale en matière de programmes et de politiques de lutte contre le
VIH/SIDA. Enfin, les associations de petites entreprises et les chambres de commerce peuvent servir
d’intermédiaire et jouer un rôle important en négociant l’établissement de liens entre GE et PME
autour de projets d’intervention contre la maladie.
B. Education de la clientèle
La clientèle constitue le sang nourricier de l’entreprise. Le VIH/SIDA ne menace pas seulement les
marchés actuels de consommateurs, mais aussi les futurs marchés si les campagnes d’éducation et de
prévention ne sont pas élargies à un public plus vaste. Parmi les grandes entreprises mondiales,
beaucoup excellent dans la communication, la création de demande et la distribution de biens et de
services. Ce sont précisément ces compétences qui sont nécessaires pour lutter contre la propagation
du VIH/SIDA.
Certaines grandes sociétés de marketing de masse possèdent d’extraordinaires moyens de
communication qui peuvent aider à faire passer le message sur le VIH/SIDA par le biais du
marketing social. De plus, elles sont à la tête de systèmes de distribution extrêmement efficaces.
Coca-Cola amène ses produits jusque dans des petits villages que les fonctionnaires de santé publique
ont beaucoup de difficultés à desservir. Ces canaux, parmi d’autres, pourraient être utilisés dans le
monde en développement pour des campagnes de distribution de préservatifs et d’éducation.
Un certain nombre de producteurs de biens de consommation ont utilisé leur réseau de distribution
pour faire passer des messages de santé publique. Mais les sociétés portant des noms de marques
connus répugnent souvent à s’associer trop ouvertement à la prévention du VIH/SIDA, en raison
d’idées fausses sur le mode de transmission chez les consommateurs, alors qu’elles sont à l’origine de
quelques-uns des programmes d’éducation des consommateurs et d’information sur les produits les
plus poussés et les plus largement disséminés. Malgré tout, quelques-unes ont réagi. Par exemple, les
producteurs de boissons alcoolisées se sont inquiétés du problème du VIH/SIDA parce que leurs
principaux consommateurs cibles sont les jeunes adultes susceptibles d’avoir des comportements
sexuels à risque. Elles ont fait passer des messages de sexualité sans risque et aidé à distribuer des
préservatifs. Les Brasseries Molson du Canada participent depuis longtemps à la lutte contre le
VIH/SIDA en parrainant des manifestations de sensibilisation à la maladie et des campagnes
publicitaires qui touchent des millions de personnes (Profil 6). En Inde, la Society for Alcohol and
Social Policy Initiative (Société pour l’initiative en matière d’alcool et de politique sociale), projet
conjoint de l’industrie indienne des boissons alcoolisées, a lancé des programmes d’éducation afin de
prévenir les comportements liés à l’abus d’alcool qui augmentent les risques d’infection à VIH chez
les femmes par le biais des violences sexuelles.
Certaines entreprises très présentes dans l’industrie des loisirs et les médias ont participé à la
sensibilisation des consommateurs et de la communauté élargie au problème du VIH/SIDA. MTV
Networks International, qui touche un quart des foyers possesseurs de télévision dans le monde, a
intégré à ses programmes la sensibilisation et la prévention en matière de VIH/SIDA. En 1999, elle a
mené au niveau mondial une étude portant sur le comportement sexuel des 16-24 ans, qui a mis en
évidence leur ignorance, mais aussi le fait que la télévision est le média le plus puissant pour
influencer l’opinion des enquêtés.
D’autres entreprises ont lancé des initiatives contre le VIH/SIDA directement sur leurs points de
vente. The Body Shop, Japon, qui voit passer environ 15 millions de clients par an dans ses
boutiques, a, par l’intermédiaire du personnel de ses magasins, distribué des informations et des
préservatifs et vendu les articles d’une ONG de lutte contre le VIH/SIDA qui soutient les personnes
vivant avec la maladie (Profil 2). Cette approche a permis de toucher des jeunes femmes qui, en
raison des normes culturelles, sont généralement exclues des discussions sur la maladie, la sexualité et
la consommation de drogues.
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Certaines entreprises aux idées progressistes ont tiré parti des liens entre leurs activités commerciales
et la vulnérabilité de leurs clients au VIH. Par exemple, les travailleurs de l’industrie des transports
forment un groupe vulnérable, car les camionneurs qui utilisent les garages des compagnies pétrolières
et les relais routiers comptent parmi les principaux vecteurs de propagation de la maladie. Certains
d’entre eux font appel aux services des professionnel(le)s du sexe aux relais, puis transmettent la
maladie à leur épouse et à la communauté locale. Les compagnies pétrolières et automobiles ont
souvent de bons résultats en matière de sécurité routière ; ce souci des mesures d’éducation préventive
sur la route pourrait s’appliquer à la lutte contre la propagation du VIH/SIDA aux arrêts nécessaires
au repos et au ravitaillement en essence. Depuis le début des années 1990, le Department for
International Development, UK (Agence britannique pour le Développement international), appuie
des projets d’intervention visant les camionneurs au Tamil Nadu et au Kerala, en Inde, en
collaboration avec le secteur privé. Unilever a assuré la recherche initiale, tandis que le travail de
prévention et d’éducation est sous-traité à des ONG locales. Voir aussi le Profil 15 de Shell Thaïlande
pour son travail avec les pompistes comme canal d’information.
3. PARTICIPATION COMMUNAUTAIRE
Les entreprises se rendent de plus en plus compte que leur capacité à protéger leurs employés est
limitée si elles n’étendent pas leurs efforts d’éducation et leurs activités de proximité aux
communautés locales. La maladie se transmet facilement de la communauté élargie aux employés et à
leur famille. En outre, le VIH/SIDA n’est pas seulement un problème biomédical ; sa propagation est
influencée par les comportements et les pressions socio-économiques existant dans les communautés
où vit la main-d’œuvre. Les entreprises prennent aussi conscience que la maladie peut grever la facture
des services collectifs et ainsi augmenter les taxes et autres coûts. Par ailleurs, les économies nationales
risquent de ralentir leurs investissements, aussi bien internes que directs étrangers, car un taux de
prévalence élevé diminue les ressources disponibles et rend le pays moins attractif aux yeux des
investisseurs.
Dans les lieux qui ont pour elles une importance particulière et où le risque d’infection est élevé, les
entreprises se sont engagées dans des programmes “d’investissement social” pour faire face à la
maladie. Par cet investissement social, elles s’engagent à long terme à s’attaquer aux problèmes et
attendent un “retour” réel, aussi bien pour la communauté que pour elles, se traduisant par une
diminution du taux d’infection des employés et donc par une baisse des coûts, notamment de la
santé. Anglo Coal et Eskom, Afrique du Sud (Profils 10 et 11), ont toutes deux pris conscience que,
si elles ne voulaient pas compromettre les initiatives visant leur personnel, elles devaient toucher aussi
les communautés. Elles ont organisé diverses activités en insistant particulièrement sur les causes
profondes de la propagation de l’épidémie, notamment en termes de comportement sexuel chez les
professionnel(le)s du sexe. Elles ont aussi compris que pour protéger leur futur réservoir de maind’œuvre, elles devaient amplifier leurs initiatives d’éducation et de prévention en matière de
VIH/SIDA en coopérant avec d’autres entreprises, des organisations gouvernementales et des ONG.
Citons comme autre exemple Chevron, Nigéria, qui a élargi à la jeunesse locale ses programmes
d’activités de proximité dans les communautés, après avoir reconnu l’importance d’une éducation et
d’une prévention précoces (Profil 7).
Pour les entreprises, les avantages des initiatives d’investissement social, quoique moins immédiats et
généralement moins mesurables que les actions de protection du personnel, peuvent néanmoins être
substantiels. Un engagement durable réduit le risque pour les employés, et, de plus, est bénéfique
pour la santé de la communauté, ce qui à son tour améliore la réputation de responsabilité sociale de
l’entreprise auprès des fonctionnaires, de la clientèle locale et des autres membres de la communauté.
Certaines entreprises ont dépassé le cadre du travail avec les parties prenantes des communautés
locales pour soutenir diverses initiatives touchant l’ensemble de la société. Par exemple, le Warsaw
Marriott Hotel, Pologne, s’est efforcé d’améliorer les connaissances et la sensibilisation en matière de
VIH/SIDA et d’empêcher la discrimination envers les personnes vivant avec la maladie, non
seulement en Pologne, mais aussi dans d’autres pays d’Europe centrale et orientale (Profil 3).
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De nombreuses entreprises ont fait des dons philanthropiques aux projets d’éducation et de soins en
rapport avec le VIH/SIDA. Tout en trouvant certainement un intérêt indirect dans ces actions, elles
n’avaient pas pour objectif de protéger leurs résultats financiers, mais plutôt de s’attirer une réputation
de civisme.
Une enquête effectuée en 1998 par les Centers for Disease Control and Prevention a montré que
46% des entreprises américaines sont engagées dans une œuvre philanthropique en rapport avec le
VIH/SIDA. Les Funders Concerned about AIDS ont récemment observé qu’elles continuent à faire des
dons, mais de plus en plus par des approches dynamiques, novatrices et basées sur les besoins. Elles se
sont mises à s’occuper en priorité des groupes vulnérables et s’adaptent à l’évolution démographique de
la maladie, qui dans certains régions se déplace vers les femmes et les enfants (voir notamment le Profil
14 sur Bristol-Myers Squibb). En Inde, par exemple, une coalition d’entreprises dirigées par de jeunes
hommes d’affaires de Delhi a fait don de téléphones et de lignes téléphoniques à un projet dénommé
“Youth Reach” (Toucher les jeunes), qui visait les groupes marginaux des zones urbaines. Ce projet était
monté en partenariat avec le Naz Foundation Indian Trust, une organisation de lutte contre le
VIH/SIDA, qui a fourni le personnel nécessaire à un service téléphonique d’aide confidentielle.
4. SENSIBILISATION ET LEADERSHIP
Les entreprises se trouvent dans une position sans équivalent pour encourager les efforts de prévention
du VIH/SIDA. Si les communautés, la population, les autres entreprises et les gouvernements
s’aperçoivent qu’elles jugent important de riposter à la maladie, le travail de sensibilisation en sera
énormément facilité. La plupart des sociétés présentées dans ce rapport veulent faire œuvre de
pionnier en incitant le monde des affaires à entreprendre des actions contre le VIH/SIDA. Certaines
multinationales en vue (Levi Strauss, The Body Shop, Glaxo Wellcome, Tata...) sont depuis longtemps
considérées comme des éléments clés de cette riposte.
FIGURE 9 Principales leçons tirées de l’expérience des entreprises en matière de riposte au VIH/SIDA
1. Engagement de la direction (directeur général, conseil d’administration et cadres) et compréhension du
personnel à tous les niveaux, notamment par l’exposé des raisons de riposter au VIH/SIDA.
2. Mise au point d’initiatives mettant en rapport les compétences principales et le savoir-faire technique de
l’entreprise avec les besoins du public cible.
3. Engagement concerté permettant d’agir avec une efficacité réelle, de sortir du lieu de travail et de
s’attaquer aux problèmes de la communauté locale.
4. Mise en évidence des coûts et des bénéfices pour l’entreprise et preuve de l’engagement des ressources
humaines dans les initiatives de lutte contre le VIH/SIDA.
5. Mise en place d’une approche consultative auprès de toutes les parties prenantes, notamment avec la
participation des personnes vivant avec le VIH/SIDA, afin de bien cibler les initiatives et de définir les
priorités.
6. Etablissement de partenariats avec les ONG et les organisations gouvernementales et
intergouvernementales susceptibles d’apporter le savoir-faire et les connaissances nécessaires pour
s’attaquer au problème du VIH/SIDA et amplifier la riposte.
7. Participation d’éducateurs/porte-parole pour les pairs issus des groupes cibles à la dissémination de
l’information en matière d’éducation et de prévention.
8. Utilisation d’outils créatifs peu coûteux assurant la durabilité et la reproductibilité.
9. Surveillance continue et réévaluation de l’efficacité des initiatives, avec la volonté d’adapter les
programmes en fonction des résultats obtenus.
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Aux niveaux international et national, les entreprises ont commencé à collaborer pour des activités de
sensibilisation, par l’intermédiaire de coalitions de lutte contre le VIH/SIDA. Sur le plan international,
on peut citer le Conseil mondial des entreprises sur le VIH & le SIDA, formé de chefs d’entreprises
chevronnés qui ont fait œuvre de pionnier dans la riposte à la maladie. Par leurs activités, ils ont favorisé
l’engagement des entreprises dans le dialogue et l’action en matière de VIH/SIDA au niveau mondial
(Profil 16, Partenariat international contre le SIDA en Afrique) et dans la définition des bonnes
pratiques. Un élément essentiel à ce travail sur deux plans a été l’existence de quelques entreprises prêtes
à ouvrir la voie pour faire avancer les initiatives. Sir Richard Sykes, président de Glaxo Wellcome, a fait
des efforts particuliers sur le plan international, en tant que président fondateur du Conseil mondial des
entreprises sur le VIH & le SIDA, pour inciter le secteur privé à reconnaître l’importance de la riposte.
MTV Networks International a récemment donné l’exemple par l’intermédiaire de son directeur général,
Bill Roedy, Ambassadeur de l’ONUSIDA. Au cœur de ces activités se trouve un partenariat avec les
ONG et les organisations intergouvernementales, qui permet aux entreprises de s’aider et de se conseiller
mutuellement et ainsi facilite le travail de sensibilisation.
5. LECONS TIREES DE LA RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA
Dans tous les domaines où les entreprises mènent des actions contre le VIH/SIDA, qu’elles soient
en rapport avec leur activité principale, leurs partenaires commerciaux, les communautés ou la
sensibilisation, on peut tirer un certain nombre de leçons de tous les questionnaires remplis par les
entreprises présentées dans ce rapport, comme le montre la figure 9. L’une des principales leçons est le
rôle crucial que jouent, dans l’efficacité de la riposte, les partenariats entre une entreprise et d’autres
entreprises, les ONG et les organisations gouvernementales et intergouvernementales. Le chapitre
suivant tentera de définir la façon dont on peut établir et réussir des partenariats dans la lutte contre
le VIH/SIDA.
1.
Battat, J et al (1996), “Suppliers to Multinationals: Linkage Program to Strengthen Local Companies in Developing
Countries”, Foreign Investment Advisory Service, Occasional Paper 6, IFC et Banque mondiale.
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Riposte des entreprises : un chemin
vers le partenariat contre le VIH/SIDA
O
n voit de plus en plus le secteur privé prendre un rôle actif dans la lutte contre le
VIH/SIDA, comme le montrent le chapitre précédent et les Profils de cette publication.
Dans la plupart des actions des entreprises, l’un des thèmes prédominants est
l’accent mis sur le travail en partenariat avec les organismes multilatéraux et bilatéraux,
les gouvernements nationaux et locaux, les institutions de la société civile et les autres
entreprises. La force de ces partenariats réside dans la complémentarité entre les moyens du
secteur privé en matière d’organisation et de communication et les compétences sociales et
médicales des autres secteurs. L’action conjointe permet aux participants de mettre sur pied
des initiatives de lutte contre le VIH/SIDA qui satisfont les préoccupations individuelles tout
en débouchant sur des réponses collectives plus efficaces grâce à une meilleure coordination
et à la mise en commun des ressources.
Partenariat : “Alliance
intersectorielle dans
laquelle des individus,
des groupes et des
organisations se mettent
d’accord pour : travailler
ensemble afin de remplir
une obligation ou
d’entreprendre une tâche
spécifique ; partager les
risques et les bénéfices ; et
réexaminer régulièrement
les relations en réétudiant
leur accord chaque fois
que nécessaire.”
Tennyson, R “Managing
Partnerships”, The Prince
of Wales International
Business Leaders Forum
(1998)
Les partenariats de lutte contre le VIH/SIDA peuvent prendre différentes formes, avec tout un éventail
de participants, de structures, d’objectifs et de résultats. L’expérience montre cependant qu’il est possible
de définir des composantes interdépendantes qui assurent leur réussite depuis les stades initiaux de
l’élaboration jusqu’aux actions, apprentissages et adaptations ultérieurs. Le Copenhagen Centre1 s’est
aperçu que ces composantes pouvaient se subdiviser en contexte, but, participants, organisation et résultats,
comme le résume la figure 10. La réussite dépend de la qualité de ces composantes et des relations entre elles.
Ce chapitre décrit le chemin vers la réussite d’un partenariat en riposte au VIH/SIDA.
FIGURE 10 Résumé des principales composantes dynamiques
1. Reconnaissance par tous les participants des MOTIVATIONS et des DETONATEURS qui ont amené les individus
contexte
et les organisations à se réunir ; capacité à comprendre et à réévaluer en permanence le CHANGEMENT DE
CONTEXTE et son influence sur le partenariat.
2. Clarté et ouverture concernant les attentes et les préoccupations individuelles, avec un accord sur un BUT COMMUN et
sur des PREOCCUPATIONS COMMUNES. En bref – synergie entre les avantages pour les participants et les bénéfices
pour la société.
but
3. Accord sur la PORTÉE et la complexité des lieux et des niveaux d’action, sur les diverses fonctions, les types de
résultats escomptés et les délais.
4. Capacité d’un individu ou d’une/des institution(s) à jouer un rôle de LEADERSHIP et à servir d’inspirateur, de médiateur
et/ou d’animateur entre les différents participants d’une part, et, souvent, entre le partenariat et ses ultimes bénéficiaires
d’autre part.
5. Mise en évidence des RESSOURCES, COMPETENCES et CAPACITES nécessaires pour satisfaire les objectifs du
participants
partenariat, ainsi que de la façon d’optimiser la qualité et la quantité des ressources, des compétences et des
capacités que chaque partenaire apporte à l’initiative.
6. STRUCTURE ORGANISATIONNELLE ET JURIDIQUE permettant de satisfaire les objectifs communs.
7. TRANSPARENCE, REPRESENTATION ET RESPONSABILITE, aussi bien au sein du partenariat qu’à l’extérieur.
8. Stratégies et systèmes de COMMUNICATION qui facilitent la clarté du langage, assurent un dialogue et un retour
organisation
d’informations réguliers, permettent les échanges nécessaires à la résolution des problèmes et des conflits,
créent une vision partagée et marquent la réussite.
9. Méthodologies permettant de MESURER et d’EVALUER la façon de procéder et les résultats par rapport aux
résultats
préoccupations communes et individuelles.
10. Flexibilité et volonté permettant l’ADAPTATION au but, aux participants ou à la façon de procéder du
partenariat en réponse à l’évaluation ou aux changements du contexte extérieur.
Source : Nelson, J & Zadek, S (2000) “Partnership Alchemy: New Social Partnerships in Europe”, The Copenhagen Centre.
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1. CONTEXTE
Un facteur apparemment évident mais crucial pour les partenariats est que les participants soient
conscients des raisons pour lesquelles ils lancent et poursuivent une action concertée. Les chapitres 1 à 3
de cette publication ont mis en évidence un certain nombre de pressions qui poussent à agir contre la
propagation du VIH/SIDA. Pour les entreprises, ces raisons allaient de la prise de conscience de l’impact
de la maladie sur leurs activités aux exigences liées à la législation et à leur responsabilité sociale. Les
responsabilités et les rôles du secteur public exigent de lui qu’il joue, dans la mesure du possible, un rôle
majeur dans la prévention, la sensibilisation et les soins en matière de VIH/SIDA. Le rôle des ONG est
de fournir les services, les conseils et les pressions nécessaires à l’action. C’est en identifiant et en
reconnaissant les facteurs qui ont poussé chaque secteur à s’engager dans un partenariat que celui-ci peut
définir avec précision son calendrier d’action.
Le contexte social, économique, culturel et politique dans lequel les partenariats se mettent en place
conditionne la qualité de leur action et de leur constitution. Dans certains pays, tels que le RoyaumeUni et les Etats-Unis, on attend de plus en plus du secteur privé qu’il montre l’exemple en s’occupant
des questions socio-économiques ; dans d’autres, c’est le secteur public qui joue le rôle le plus
important. Par exemple, le Conseil brésilien des entreprises sur le VIH/SIDA est dirigé par le
Programme national de lutte contre le SIDA, une initiative gouvernementale, tandis que la Coalition
des entreprises sud-africaines contre le VIH/SIDA a été lancée et dirigée par des entreprises. De par
la complexité des facteurs profonds, propres à chaque situation, qui influencent la création des
partenariats, il est impossible de définir pour ces derniers un type unique capable de mieux réussir
qu’un autre. On remarque en tout cas que les ONG entrent en partenariat avec le secteur privé sur
une base plus équitable, car les deux parties voient la valeur ajoutée qu’elles apportent à la relation.
Il est important de noter qu’en raison de la nature dynamique de l’épidémie (évolution de la
démographie, nature de la transmission, propagation géographique...), les partenariats évoluent avec le
temps pour ce qui est des facteurs influents, du but, des participants et de l’organisation. Ce phénomène
les oblige à faire le point en permanence, ainsi qu’à utiliser les nouvelles connaissances et l’expérience
acquises par les autres partenariats et actions contre le VIH/SIDA. Une évaluation et une réévaluation
continues sont essentielles. Le virus étant en constante mutation, la riposte doit être tout aussi novatrice
afin de gagner l’épidémie de vitesse.
2. BUT
Après avoir identifié les raisons de s’engager dans un partenariat, il faut placer les préoccupations
individuelles dans le cadre d’un calendrier commun. Celui-ci peut se limiter à un domaine
d’intervention particulier, par exemple l’éducation et la prévention en matière de VIH/SIDA, tout en
s’intégrant aux stratégies globales de soins médicaux et d’éducation. Le choix se fait principalement par
un dialogue ouvert et honnête entre organisations partenaires, qui permet de bien connaître les attentes
du partenariat et comprend deux étapes :
Guide n° 1
Reconnaître et confronter les
obstacles d’une manière
directe, honnête et ouverte.2
1. Détermination des difficultés et des avantages potentiels de
l’engagement dans un partenariat.
2. Définition de la portée des activités en termes de lieu, de type
d’action et de résultats escomptés.
A. Difficultés et avantages
Il y a encore peu de temps, la participation des entreprises aux actions et aux partenariats de lutte contre
le VIH/SIDA se limitait généralement à des interventions mineures sur le lieu de travail et à une
modeste activité philanthropique. Les barrières à une plus grande participation, aussi bien internes
qu’externes, peuvent être dépassées par une entente avec d’autres entreprises ou secteurs, comme
expliqué ci-dessous.
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i. Les entreprises étant souvent mal informées des problèmes posés par la maladie, beaucoup
n’ont pas compris les menaces réelles que celle-ci représente pour elles par le biais de son
impact sur leur activité principale, leurs partenaires commerciaux et la communauté élargie.
Leur participation à des partenariats avec d’autres secteurs leur donne accès à des informations
qui leur permettent d’améliorer leur gestion du risque et leurs stratégies de prévention, ainsi
que de reconnaître le rôle plus large qu’elles peuvent jouer dans la prévention de la
propagation du VIH/SIDA.
information
ressources
ii. Les entreprises, comme les autres secteurs, n’ont pas toujours des ressources financières et
humaines suffisantes pour s’attaquer individuellement à tous les aspects de la riposte au
VIH/SIDA. La participation à des partenariats présente comme avantages évidents, pour tous
les participants, de faciliter l’accès aux ressources, de réduire les coûts, d’augmenter l’efficacité
des programmes et des services et, en général, d’avoir un impact plus important.
iii. Certaines entreprises n’aiment pas beaucoup associer leurs activités ou leur nom à un
problème social pouvant prêter à controverse. Le VIH/SIDA est une maladie menaçante qui
oblige à confronter les réalités déplaisantes que sont la souffrance et la mort. Il est
généralement transmis par les rapports sexuels et par des pratiques socialement inacceptables,
comme l’utilisation commune des seringues chez les consommateurs de drogues. Les
multinationales, notamment, qui font souvent l’objet d’une surveillance étroite au niveau local
et international, doivent parfois lutter contre l’idée que le VIH/SIDA est une maladie
“étrangère”.
réputation
Les entreprises peuvent surmonter leur souci de la réputation en collaborant au sein d’un
partenariat direct ou par l’intermédiaire de coalitions et/ou de partenariats avec le secteur
public et les ONG. L’action collective est un moyen de supprimer la stigmatisation. Ce
phénomène a été illustré par des sociétés comme Levi Strauss et The Body Shop, qui ont
courageusement assumé le leadership en se mettant en première ligne dans la lutte contre le
VIH/SIDA avant que celle-ci soit plus ou moins légitimée et considérée comme normale par
les entreprises. Ceci dit, les “champions” du secteur privé ont encore un très grand rôle de
sensibilisation à jouer.
Au niveau de chaque entreprise individuellement, l’action collective atténue les pressions
extérieures qui lui font croire qu’elle est plus durement frappée ou plus vulnérable à la maladie
que les autres. Ce type d’action présente aussi comme avantages d’améliorer sa réputation –
par le fait qu’on la voit agir d’une manière socialement responsable – et ses relations avec les
diverses parties prenantes (personnel, fournisseurs, communautés, gouvernements et
population en général). Enfin, le soutien qu’elle apporte aux campagnes du secteur public et
des ONG ajoute à sa crédibilité et à l’estime dont elle jouit.
Les entreprises préfèrent s’engager dans des activités proches de leurs intérêts commerciaux ; par
conséquent, une intervention contre le VIH/SIDA les attirera davantage si elle semble présenter des
avantages directs pour elles. Une grande méfiance persiste entre le secteur privé, le secteur public et les
ONG quant à la valeur ajoutée que chacun peut apporter à un partenariat. The Prince of Wales
International Business Leaders Forum a réalisé une analyse approfondie des jugements négatifs que les
différents secteurs portent les uns sur les autres. Par exemple, le secteur public est souvent considéré
comme moribond et inefficace, les ONG comme éparpillées et trop politisées, et le secteur privé comme
égoïste et prêt à accaparer les ressources. Ce n’est qu’en faisant tomber ces barrières par une action
concertée que l’on pourra atteindre les buts et objectifs communs.
Les entreprises ne savent pas toujours avec quelles organisations entrer en partenariat, car elles craignent
que les problèmes de divulgation d’informations et de confidentialité aient des conséquences pour leur
compétitivité. La confrontation de leur expérience de coopération avec d’autres secteurs leur permettra
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de régler ce problème et de comprendre que, dans la lutte contre le VIH/SIDA, les avantages
l’emportent nettement sur les difficultés. Par peur de se compromettre ou de faire croire qu’elles
soutiennent toutes ses activités, certaines ONG et organisations gouvernementales ont du mal à
collaborer avec le secteur privé. Là encore, si elles décident de participer à des partenariats avec ce
dernier, les avantages pour elles et pour le secteur public (accès à la main-d’œuvre, aux réseaux de
communication, aux ressources humaines et financières, influence sur la politique) doivent être
supérieurs aux risques. L’un des moyens de dépasser ces obstacles est d’assurer une source de
financement qui garantisse l’intégrité des ONG et, ainsi, leur indépendance en matière d’évaluation et
d’intervention (voir Profil 17).
B. Portée des activités
A l’intérieur de ce calendrier commun, il est nécessaire de définir le lieu et la nature de l’activité à
entreprendre en partenariat. Le chapitre 3 de cette publication a fait ressortir les différents domaines de
la riposte au VIH/SIDA dans lesquels les entreprises peuvent s’engager : opérations liées à l’activité
FIGURE 11 Portée des activités organisées en partenariat contre le VIH/SIDA
Opérations liées à l’activité
principale
Communautés
• Education et prévention en matière
de VIH/SIDA dans les communautés
locales (en mettant par exemple
l’accent sur les groupes à risque et
les jeunes)
• Sensibilisation destinée à combattre
la discrimination envers les
personnes vivant avec le VIH/SIDA
• Activité philanthropique en lien avec
des organisations et des projets
d’éducation et de soins en matière
de VIH/SIDA.
• Politiques de l’entreprise en matière de
VIH/SIDA (notamment nondiscrimination)
• Education et prévention sur le lieu de
travail (éducation par les pairs, accès aux
préservatifs...)
• Soins médicaux et assistance (traitement,
conseil...)
• Surveillance de l’efficacité des
programmes et de la prévalence du VIH
• Encouragement des clients à adopter les
stratégies contre le VIH/SIDA par le biais
de mesures incitatives d’ordre financier.
natio n a l
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Partenaires commerciaux
Sensibilisation et leadership
• Collaboration collective visant à inciter les
différents secteurs et la population en général
à entreprendre davantage d’actions de
sensibilisation et de pression contre le
VIH/SIDA
• Actions indépendantes de sensibilisation parmi
les pairs et dans l’environnement local de
l’entreprise.
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• Mise à disposition de moyens
permettant aux chaînes de distribution
de s’attaquer au VIH/SIDA sur le lieu de
travail
• Coopération entre plusieurs entreprises
(notamment mise en commun du
matériel et des compétences pour les
politiques et les programmes)
• Education de la clientèle et prévention
(marketing social, initiatives sur le lieu
de vente...).
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principale, partenaires commerciaux, communautés, et sensibilisation et leadership. Dans chacun de ces
domaines, le partenariat était généralement une composante essentielle des activités, mettant en jeu des
actions concrètes et stratégiques aux niveaux local, national et international. La figure 11 résume les
principales activités pour lesquelles les entreprises peuvent participer à des partenariats de lutte contre la
maladie.
Dans ce processus, l’important est de bien connaître les activités pouvant être menées à bien par un
partenariat et celles pour lesquelles l’action individuelle est plus efficace. Par exemple, une action
individuelle peut être nécessaire quand la priorité est la vitesse d’exécution, car l’action collective ou
concertée est inévitablement plus lente, même si elle est souvent plus durable à long terme. C’est
pourquoi il est nécessaire d’identifier les besoins du partenariat. Récemment, la Standard Chartered
Bank a élaboré une politique et une campagne d’éducation et de sensibilisation en matière de
VIH/SIDA, reposant sur une étude réalisée à l’échelle du groupe dans 45 pays (Profil 8). Elle avait
demandé cette étude dans l’intention d’identifier les politiques et les pratiques de lutte contre le
VIH/SIDA, ainsi que la prévalence de la maladie, dans ses différentes branches. A partir de ces
informations, elle a pu définir ses priorités d’action en ce qui concerne les lieux et les activités des
programmes, et déterminer dans quels domaines elle devait travailler en partenariat avec d’autres
organisations (entreprises, secteur public et ONG).
Le partenariat a toujours intérêt à préciser dès le début la façon
dont il contrôlera et évaluera par la suite le résultat de ses activités.
Rester déterminé et centré sur
Cependant, les buts ne sont pas statiques ; ils évoluent
les résultats, même quand le
parallèlement aux actions, car les intérêts, l’engagement, les
partenariat est lent à se mettre
en place.
connaissances et les priorités évoluent aussi. Cette évolution n’aura
pas d’effets négatifs sur le partenariat aussi longtemps que celui-ci
sera centré sur les résultats plutôt que sur le processus et que tous les partenaires garderont un certain
degré de flexibilité.
Guide n° 2
3. PARTICIPANTS
Un point commun à tous les partenariats réussis est, à l’évidence, la qualité et la diversité des
participants, le rôle qu’ils jouent et les ressources et compétences qu’ils sont capables d’apporter. Même
si ce n’est pas toujours possible, leur efficacité est plus grande quand ces aspects sont complémentaires et
que la disponibilité et les limites des contributions sont bien définies dès le début. Un autre élément
essentiel à la réussite de n’importe quel partenariat est probablement l’existence d’un leadership engagé
et compétent.
A. Leadership
Quand des organisations très diverses, qui se sont parfois affrontées dans le passé, lancent et poursuivent
des activités, elles risquent de buter sur des problèmes de confiance et de coopération non seulement au
sein du partenariat, mais aussi avec les bénéficiaires. C’est l’une des raisons pour lesquelles un dialogue
ouvert et un but transparent sont essentiels ; mais pour cela, la
Guide n° 3
modération et la médiation assurées par un rôle de leadership sont
Trouver des champions pour
nécessaires. Un leadership engagé permet en outre de motiver et de
“pousser” le produit et des
convaincre les divers partenaires et parties prenantes de l’efficacité du
intermédiaires pour “guider”
partenariat et de ses activités. Souvent, ce rôle évolue et passe à d’autres
le processus.
participants au fur et à mesure que le partenariat se développe.
Dans la riposte au VIH/SIDA, on trouve de nombreux exemples où le rôle de leadership a été un facteur
critique pour le développement et la réussite du partenariat. Glaxo Wellcome a lancé et soutenu les
activités du Conseil mondial des entreprises sur le VIH & le SIDA par le biais de son rôle de président
et de secrétaire ; la société a engagé des ressources financières et humaines pour imposer la fonction de
sensibilisation du Conseil dans le monde des affaires et les forums internationaux. Par un partenariat
ouvert avec d’autres entreprises et ONG de premier plan, elle a favorisé le dialogue et les approches
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participatives afin d’inciter les compagnies internationales à riposter au VIH/SIDA. De la même
manière, à un niveau national, Eskom, en Afrique du Sud, s’est efforcé de rassembler les entreprises
locales afin qu’elles créent une organisation fonctionnelle et pratique, la Coalition des entreprises sudafricaines contre le VIH/SIDA (Profil 16).
Toujours en Afrique du Sud, Anglo Coal a lancé un projet conjoint, auquel participent d’autres
entreprises, des établissements universitaires et le gouvernement local, et qui a pour but de lutter contre
les causes profondes de la propagation de la maladie en proposant aux professionnel(le)s du sexe et à
leurs clients une éducation en matière de VIH/SIDA. A l’heure actuelle, la compagnie ouvre la voie en
cherchant à intensifier l’impact de ce programme par l’augmentation de sa portée géographique et du
nombre de participants (Profil 10).
Les multinationales, notamment, sont bien placées pour jouer un rôle de pionnier en matière de
sensibilisation, aussi bien au niveau international qu’au niveau national où, dans les économies en
transition, la réglementation du travail adoptée par les entreprises a souvent été intégrée à la législation
nationale. Elles sont capables de constituer des groupes de pression efficaces et puissants, qui sont sans
doute motivés par des intérêts commerciaux, mais qui voient évidemment dans ces actions des avantages
et des répercussions plus importants, comme c’est le cas dans la lutte contre le VIH/SIDA. A l’échelle
du globe, leurs activités les placent dans une position particulièrement favorable pour influencer la
politique ; elles ont accès à des connaissances et à des expériences qu’elles peuvent échanger entre leurs
différentes branches. Même si leurs nombreuses filiales locales jouissent souvent d’une relative
autonomie au jour le jour dans leurs activités commerciales, ceci ne doit pas les empêcher de montrer la
voie en lançant des initiatives au niveau du groupe, tout en les adaptant aux normes sociales, politiques
et économiques de chaque pays. Elles prennent souvent comme excuse à leur inaction le franchisage et
la collaboration par joint venture avec des entreprises locales, car elles craignent d’être accusées
d’impérialisme culturel. Le présent rapport montre néanmoins qu’elles peuvent riposter. Le VIH/SIDA
touche tout le monde, sans distinction de race ou de croyance, et ne peut pas être invoqué pour justifier
l’inaction. Un bon leadership est un moyen d’organiser des actions de lutte contre la maladie plus
coordonnées et plus engagées. La figure 12 donne la liste d’un certain nombre de questions que les
multinationales devraient se poser avant de se charger d’un leadership de ce type.
FIGURE 12 Questions aux multinationales sur la politique et les programmes de lutte contre le VIH/SIDA
1.
Connaissez-vous l’importance et les risques du VIH/SIDA dans les autres pays et leur rapport avec la répartition de vos
employés, de vos actifs et de vos ventes ?
2.
Dans votre pays d’origine, votre politique vis-à-vis de vos employés correspond-elle aux :
a) bonnes pratiques locales ?
b) bonnes pratiques internationales ?
3.
Vous êtes-vous assurés que les dirigeants locaux appliquent les bonnes pratiques locales et, quand cela est possible,
les bonnes pratiques internationales en ce qui concerne le VIH/SIDA et les employés ?
4.
Y a-t-il au siège de la société un coordinateur VIH/SIDA, chargé de faciliter à l’échelle mondiale la mise sur réseau de
l’information concernant aussi bien les besoins des employés que les activités destinées à la communautaire élargie ?
5.
L’entreprise encourage-t-elle avec le même intérêt dans tous les pays les investissements dans des activités en
partenariat avec les clients, les fournisseurs et les communautés ?
6.
L’entreprise autorise/encourage-t-elle les dirigeants locaux à prendre des initiatives et à apporter une contribution
philanthropique élargie au travail contre le VIH/SIDA ?
7.
La direction étudie-t-elle régulièrement les publications internationales sur le VIH/SIDA et fait-elle des comptes rendus
à ses employés et à la communauté élargie ?
Source : David Logan (1997) “Business response to HIV/AIDS : Innovation & Partnership”, ONUSIDA/PWBLF.
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Guide n° 4
Mobiliser des ressources non monétaires
pour soutenir les projets, les programmes
et les organisations en partenariat.
B. Ressources et compétences
La plupart des partenariats partent de l’idée que la
collaboration facilitera le déblocage et la mise en
commun des ressources et sera de ce fait avantageuse
pour tous. Beaucoup portent sur les ressources financières, mais on s’aperçoit de plus en plus que les
ressources humaines (savoir-faire, compétences), les actifs physiques (bâtiments) et les réseaux/contacts
représentent une précieuse contribution. L’utilisation appropriée et efficace et la prise en compte des
contributions apportées par chaque secteur et/ou participant sont des éléments essentiels de la réussite.
Les partenariats de lutte contre le VIH/SIDA doivent donc bien connaître la nature des ressources et des
compétences disponibles.
i. Secteur privé
Beaucoup d’entreprises sont capables d’apporter une contribution majeure. En effet, elles possèdent
d’immenses ressources (certaines ont un revenu annuel supérieur au produit intérieur brut de nombreux
FIGURE 13 Ressources du secteur privé disponibles pour les partenariats et les programmes de lutte contre
le VIH/SIDA
● Public
captif
(main-d’œuvre).
● Canaux de
communication vers les
partenaires commerciaux.
● Liens avec d’autres entreprises par
l’intermédiaire des associations et des
chambres de commerce.
● Accès aux gouvernements et aux
organisations intergouvernementales,
permettant la sensibilisation et l’exercice de
pressions sur les politiques et les actions
contre le VIH/SIDA.
CON
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A CT
IFS
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● Bâtiments :
TER
IEL
magasins, bars, usines et
S
bureaux, lieux des activités du
partenariat et débouchés de
l’éducation et de la prévention.
● Actifs financiers : subventions, dons,
parrainage d’activités et d’organisations de lutte
contre le VIH/SIDA.
● Produits et services : équipement, marchandises,
transports et distribution, centres de soins et
communications – dons, prêts, accès aux
partenariats et aux projets de lutte
contre le VIH/SIDA.
RESSOURCES DU
SECTEUR PRIVE
● Compétences
en matière de gestion
et de communication,
facilitant la réalisation et la
diffusion des campagnes et des
projets de lutte contre le VIH/SIDA
(sens des affaires, par exemple).
● Moyens de surveillance et de mesure.
● Compétences en matière de technologie de
la communication, facilitant la communication
et l’accès aux informations sur le VIH/SIDA.
● Employés bénévoles, fournissant
toute une gamme de compétences
et de ressources humaines.
CES
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pays), leurs employés comptent parmi les mieux formés et les plus créatifs, et elles disposent d’énormes
moyens de communication et de gestion. Comme le montre le chapitre 3 de cette publication, les
petites et moyennes entreprises ont plus de difficultés à apporter des ressources humaines et financières.
Mais parmi les ressources non financières, beaucoup, comme le capital intellectuel, peuvent être fournies
sous forme de contributions maison, c’est-à-dire de mécanismes permettant d’accroître les ressources
disponibles sans trop augmenter les coûts pour les entreprises en termes d’actifs et d’argent. Ces
ressources se répartissent en trois grands groupes : actifs matériels, base de compétences et réseaux de
contacts, comme le résume la figure 13.
Les entreprises engagent leurs ressources de façon plus novatrice et efficace quand elles relient leurs
actions à leurs activités et à leurs compétences principales ; les sociétés de marketing et de relations
publiques peuvent, par exemple, proposer une assistance pro bono. Deux exemples illustrent cette
possibilité : la société tchèque ALMS (Profil 12) a utilisé ses compétences en matière de technologie de
la communication pour créer un site web d’information sur le VIH/SIDA ; Halus Sutera, imprimeur en
Malaisie, a offert ses services aux organisations, publications et campagnes de lutte contre le VIH/SIDA.
Les entreprises peuvent apporter d’autres ressources non financières n’entraînant qu’un surcoût minime,
par exemple en regroupant les données sur le taux d’infection dans le personnel de façon à fournir des
statistiques précises et circonscrites sans faire entorse à la confidentialité. Ces chiffres ont souvent une
valeur inestimable pour le secteur public et les ONG, surtout dans les pays en développement où il est
difficile d’obtenir des statistiques valables. De plus, le simple fait de mettre en commun, avec d’autres
organisations et des ONG, les expériences et les matériaux en matière de politique et de programmes de
lutte contre le VIH/SIDA est un apport considérable pour tous les secteurs dans le cadre de la riposte à
la maladie (voir Outil pour dirigeants, p. 24). Il permet en effet aux entreprises de gagner du temps,
l’une de leurs principales charges, car il leur évite de répéter les mêmes activités. De plus, la formation
des ressources humaines à la lutte contre le VIH/SIDA sur le lieu de travail (éducateurs, spécialistes des
soins de santé...) facilite l’élargissement de l’éducation et de la prévention aux communautés locales.
Dans les régions où le gouvernement est faible, corrompu ou moribond, le secteur privé est souvent la
seule source de soins médicaux pour les communautés, même si sa présence ne doit pas entraîner
l’affaiblissement des services de santé publique. Un travail en partenariat, avec pour objectif de renforcer
la capacité des services publics à faire passer les messages et à fournir les soins médicaux, est souvent une
meilleure stratégie d’intervention. Ce travail est important parce que le secteur public est généralement
déjà bien implanté et que ses réseaux se ramifient en dehors de sa sphère d’influence, notamment en
zone rurale, où vit la majorité de la population du monde en développement. Ces gens constitueront
dans l’avenir le réservoir de main-d’œuvre et le marché des entreprises.
ii. Secteur public
La force du secteur public réside dans sa capacité à apporter une vue d’ensemble de la riposte au
VIH/SIDA et à faire office de canal pour la mise en commun de l’information aux niveaux local,
national et international. Les ressources dont il dispose, très différentes d’un pays à l’autre, sont les
infrastructures physiques et sociales (soins médicaux, éducation, transports, communications), l’autorité
de réglementation (notamment législation sur les politiques en matière de VIH/SIDA) et l’influence
politique (entre autres par la mobilisation de la population pour le soutien). Le Sénégal, en Afrique
occidentale, est un exemple d’utilisation réussie de ces ressources. Grâce à une combinaison associant
leadership politique précoce et affirmé, réglementation (diminution des taxes sur les préservatifs
notamment) et engagement financier, le gouvernement est l’un des principaux acteurs ayant contribué à
faire en sorte que ce pays ait un taux d’infection à VIH parmi les plus bas de l’Afrique subsaharienne.3
Les organismes intergouvernementaux, comme l’ONUSIDA et la Banque mondiale, peuvent apporter le
capital intellectuel et financier permettant une riposte efficace et étendue au VIH/SIDA. Que ce soit par
la surveillance de la maladie et la mise à disposition de connaissances spécialisées ou par une aide
financière substantielle, ils ont un rôle unique à jouer dans les partenariats. Leur aptitude à mobiliser et
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à coordonner les actions avec tous les autres secteurs est illustrée par l’exemple du Partenariat
international contre le SIDA en Afrique (Profil 16). Cette initiative est dirigée par les Nations Unies, qui
utilise son réseau mondial de contacts et de savoir-faire pour réunir les gouvernements africains, les pays
donateurs, les organismes intergouvernementaux, le secteur privé, les syndicats et les organisations de la
société civile.
iii. ONG
En termes de ressources monétaires et d’employés à plein temps, les ONG et les associations locales
sont plus petites que leurs équivalents des secteurs public et privé. Mais ce sont des organisations
d’intérêt public ayant une influence sociale et politique considérable. Elles bénéficient d’une crédibilité
due à leur travail en contact avec les personnes les plus touchées par l’épidémie. Souvent, elles
comprennent mieux les situations et les attitudes sociales qui entraînent la propagation du virus et,
dans de nombreuses parties du monde, elles ont mené campagne pour attirer l’attention du public sur
les problèmes liés au VIH/SIDA dans la communauté et le lieu de travail. Même si leurs principales
ressources sont les compétences, elles sont souvent mieux armées que les entreprises dans le domaine de
l’information en matière de VIH/SIDA (communication, réseaux...).
Au-delà des pressions qu’elles peuvent exercer et de leur travail de sensibilisation, les ONG et les
organisations à assise communautaire qui travaillent en partenariat avec les entreprises dans la riposte à
la maladie ont toujours joué un rôle de conseiller et de distributeur de services, ou bien ont exercé
indépendamment une fonction de surveillance et d’évaluation. Ce rôle peut consister à mettre à
disposition des connaissances spécialisées sur la maladie pour l’élaboration des politiques et des
programmes de lutte contre le VIH/SIDA, à concrétiser les projets et à faciliter les contacts avec les
communautés locales, ou bien à donner un avis sur les besoins des personnes vivant avec le VIH/SIDA
et à les représenter.
4. ORGANISATION
La structure des partenariats établis en riposte au VIH/SIDA est aussi variée que les buts et objectifs
qui existent face à ce problème mondial. Les partenariats étant par nature évolutifs, ce sont des
mécanismes souples, convenant pour riposter à une épidémie aussi contagieuse que le VIH, qui exige
une réponse fluide et non pas des modèles standard. Ils sont donc généralement assez informels, réunis
autour d’activités particulières ou de principes directeurs plutôt que basés sur la création
d’organisations juridiquement structurées. Actuellement, la préférence va à une entente avec des
organismes existants plutôt qu’à la création de nouvelles structures ; cette entente se concrétise par des
accords de coopération temporaires ou par l’adhésion à des déclarations publiques. Jusqu’à présent, par
exemple, la Déclaration sur le leadership des entreprises relative au Conseil mondial des entreprises sur
le VIH & le SIDA est le mécanisme qui incite les entreprises à adhérer afin de se lancer dans un travail
de sensibilisation. D’autres partenariats sont basés sur des accords contractuels, consistant à payer une
organisation pour une tâche particulière ; une ONG peut par exemple superviser l’élaboration de la
politique et des programmes de lutte contre le VIH/SIDA pour le compte d’une entreprise.
Les partenariats évoluant pour s’adapter aux exigences liées à des objectifs particuliers, il n’existe pas de
mécanisme qui réussisse mieux que les autres. En se développant, ils ont tendance à se formaliser ;
certaines coalitions (Coalition des entreprises thaïlandaises contre le VIH/SIDA, Forum hongrois des
chefs d’entreprise...) demandent aux entreprises des droits d’adhésion. Ils peuvent aussi se dissoudre à
la fin des activités prévues ou bien perdre leur dynamisme en raison d’un manque de leadership ou
d’un conflit d’objectifs. L’essentiel est la clarification des responsabilités de chaque partenaire et un
certain degré de participation à la prise de décision. Ceci nécessite une communication claire des
décisions, des points d’action et des références, du fait que de nombreux partenariats mettent en jeu
différents secteurs et donc différentes méthodes de travail.
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5. RÉSULTATS
La culture des entreprises repose sur la performance. Si elles ne peuvent pas voir clairement et mesurer
l’impact des ressources qu’elles apportent, elles hésitent à s’engager dans le travail sur le VIH/SIDA.
Pour qu’elles optimisent leurs ressources, il faut que les initiatives aient défini précisément les buts et les
indicateurs de performance leur permettant d’évaluer la réussite. Inévitablement, elles s’intéresseront
davantage aux domaines qui présentent des avantages à la fois pour elles et pour la société.
Plus la menace que fait peser le VIH/SIDA est proche des intérêts commerciaux qui leur tiennent à
cœur, plus elles verront les avantages d’une riposte. En revanche, plus leur activité s’éloigne des actions
touchant les parties prenantes pour se rapprocher de la pure philanthropie, moins les avantages
mesurables seront évidents pour elles, surtout si elles pratiquent la philanthropie d’une manière discrète
et non pas comme un exercice de relations publiques. Dans certaines activités philanthropiques,
l’avantage est grand pour la société, mais petit pour l’activité principale de l’entreprise ; néanmoins, ce
n’est pas toujours une raison pour que le secteur privé refuse son appui à une initiative. Certains
dirigeants souhaitent apporter une contribution précisément parce que de petits efforts de leur part
peuvent entraîner un avantage social significatif. Ils s’engageront encore plus facilement s’ils peuvent
utiliser des ressources non monétaires, qui ne constituent pas une charge directe pour leurs résultats
financiers.
Les partenariats de lutte contre le VIH/SIDA n’ont pas surveillé et évalué
avec suffisamment de rigueur les résultats de leurs activités, ce qui ménage
Baser ses recherches sur les
parfois les ressources à court terme, mais empêche de développer, de
parties prenantes pour suivre
reproduire et d’affiner les actions. Ce suivi est particulièrement important
l’évolution.
en raison de la nature dynamique de la maladie et de la complexité des
variables qui influencent sa propagation et son niveau d’impact. L’établissement d’objectifs à court et à
long termes facilite le processus en permettant un retour d’information régulier sur l’évolution du
partenariat. L’avantage de cette façon de procéder est qu’elle permet aux participants de tirer des
enseignements et de s’adapter en permanence et, ainsi, d’accroître leur efficacité.
Guide n° 5
Même si cette efficacité, on le sait, est difficile à mesurer, les partenariats sont préconisés pour les
avantages qu’ils présentent. L’hypothèse est que l’on peut faire davantage en collaborant sur des objectifs
communs. Il existe cependant peu de preuves empiriques permettant de mesurer leur impact, qu’il soit
positif ou négatif, en termes d’atteinte des objectifs fixés. D’après les recherches existantes, ils sont
intéressants quand on peut mesurer des résultats concrets.4
APPEL A L’ACTION
En précisant l’impact réel du VIH/SIDA sur le bilan économique, cette publication montre une fois de
plus aux entreprises qu’elles ont intérêt à riposter. Si elles veulent jouer un rôle décisif dans la prévention
de la maladie sur le lieu de travail et chez leurs partenaires, elles doivent agir rapidement et participer à
de véritables activités, allant au-delà des simples exercices de relations publiques, afin d’optimiser leurs
interventions et leurs programmes de sensibilisation. Le VIH/SIDA ne connaît pas de barrières et
continuera à avoir des répercussions sur leurs activités commerciales et leurs marchés présents et futurs si
la riposte se cantonne à des actions localisées, non coordonnées et discrètes. La sensibilisation à la
maladie et sa prévention doivent être au cœur de la stratégie commerciale de toute entreprise aux idées
progressistes. Le secteur privé, pour les raisons définies dans cette publication, est particulièrement bien
placé pour riposter à l’épidémie, étant donné le vaste capital intellectuel et financier et les immenses
ressources dont il dispose.
Le but de cette publication n’est pas de présenter un modèle standard ou une solution universelle qui
permettrait de lutter contre l’impact du VIH/SIDA sur les entreprises et ses partenaires. Dans
l’élaboration d’une riposte à cette maladie, l’une des plus grandes erreurs est de vouloir développer et
reproduire à l’aveugle les modèles qui réussissent, sans tenir compte des frontières géographiques,
sociales et culturelles. Le monde des affaires connaît mieux que n’importe quel autre secteur le principe
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selon lequel ce qui se vend bien sur un premier marché ne va pas toujours constituer la meilleure vente
sur un second. Cette publication contient des conseils, des indications et des exemples de bonnes
pratiques grâce auxquelles on doit pouvoir s’attaquer à la maladie d’une manière constructive, efficace et
peu coûteuse. Bien que n’étant pas un manuel d’instructions, elle est indispensable si l’on veut
construire des partenariats et des structures par des approches novatrices et créatives. Les entreprises ne
peuvent pas se permettre d’ignorer la réalité d’une maladie qui risque de détruire les fondations mêmes
sur lesquelles elles sont bâties, à savoir le capital humain.
1.
Nelson, J & Zadeck, S (2000) “Partnership Alchemy: New Social Partnership in Europe”, The Copenhagen Centre.
2.
Les guides 1-5 sont extraits de “Golden Rules for Managing Cross-sector Partnerships”, in Tennyson, R (1998), Managing
Partnerships, The Prince of Wales International Business Leaders Forum.
3.
Pisani, E (1999) “Agir vite pour prévenir le SIDA : le cas du Sénégal”, ONUSIDA.
4.
The Prince of Wales International Business Leaders Forum a effectué des recherches novatrices sur l’efficacité des
partenariats intersectoriels. Il a étudié 50 multinationales (“Building competitiveness and communities”, Jane Nelson,
1998) en collaboration avec la Banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour le Développement. Egalement
en collaboration avec la Banque mondiale, il a effectué des recherches sur les quatre continents pour mesurer l’impact des
structures de partenariat et mis au point des outils d’évaluation permettant de mesurer leur efficacité (“Measuring
Impact”, IBLF/WB, 2000).
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Profils des activités des
entreprises en riposte
au VIH/SIDA
L
es chapitres précédents ont fait ressortir l’éventail d’actions mises en œuvre par les
entreprises contre le VIH/SIDA. Les Profils de ce chapitre représentent un petit
échantillon de cette riposte mondiale. Certaines de ces informations ont été fournies
par les Prix d’Excellence des entreprises en réponse au VIH/SIDA, décernés par le Centre
mondial des entreprises sur le VIH/SIDA. Ces Profils sont des modèles de bonnes pratiques
qui peuvent être reproduits par d’autres entreprises, le secteur public et les ONG dans la lutte
contre la maladie.
Chaque Profil est divisé en trois parties : explication des origines et des motivations, présentation
détaillée des actions, et résultats et ingrédients du succès de chaque action. Le travail a été effectué avec
la collaboration des entreprises présentées, qui ont bien voulu nous fournir des informations susceptibles
de faciliter l’identification des principaux éléments d’une riposte efficace. A partir de ces Profils, quatre
domaines interdépendants ont été définis :
1. Le rôle des opérations liées à l’activité principale : mise en relief des diverses façons dont une
entreprise peut lancer des initiatives basées sur ses ressources et activités propres ;
2. L’importance de l’information et de la surveillance : nécessité de bien connaître la meilleure façon
de réagir au VIH/SIDA, en se basant sur les informations fournies par d’autres et en réévaluant les
actions en permanence ;
3. La participation des petites entreprises : définition du rôle efficace et novateur que les petites
entreprises peuvent jouer dans la riposte à la maladie ;
4. L’efficacité des partenariats : précisions sur le rôle central que les partenariats ont joué dans le
renforcement de l’efficacité et de la durabilité des réponses.
Dans cette publication, certaines entreprises et organisations ont été regroupées en fonction des
principales leçons qu’elles illustrent (figure 14) mais, dans l’ensemble, toutes emploient une approche
beaucoup plus holistique et intégrée pour lutter contre le VIH/SIDA sur le lieu de travail et dans les
communautés. En particulier, un partenariat, quel qu’il soit, a été la clé du succès pour le projet de
chaque entreprise présentée.
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FIGURE 14 Principales leçons tirées des Profils
LE ROLE DES OPERATIONS LIEES A L’ACTIVITE PRINCIPALE
Profil 1
American International Assurance, Thaïlande
PROGRAMME NOVATEUR BASE SUR LES PRATIQUES LIEES A L’ACTIVITE PRINCIPALE
Profil 2
The Body Shop, Japon
INITIATIVES DE SENSIBILISATION PAR LES SITES DE L’ACTIVITE PRINCIPALE
Profil 3
Warsaw Marriott Hotel, Pologne
SOUTIEN A LA COMMUNAUTE TOUCHEE PAR LE VIH/SIDA
PAR LE BIAIS DE L’ACTIVITE PRINCIPALE
Profil 4
Larsen & Toubro Limited, Inde
ENGAGEMENT A LONG TERME DANS LA SENSIBILISATION DU PERSONNEL
Profil 5
Volkswagen do Brasil, Brésil
BENEFICES COMMERCIAUX DES PROGRAMMES DE SOINS
Profil 6
Brasseries Molson, Canada
STRATEGIES DE MARKETING LIE A LA CAUSE
L’IMPORTANCE DE L’INFORMATION ET DE LA SURVEILLANCE
Profil 7
Chevron Nigeria Ltd, Nigéria
ACTIONS CIBLEES BASEES SUR LES CONNAISSANCES
Profil 8
Standard Chartered Bank, Royaume-Uni
COMPILATION D’INFORMATIONS POUR UNE PLANIFICATION EFFICACE
Profil 9
Association internationale de l’hôtellerie et de la restauration
ECHANGE D’INFORMATIONS PAR DES RESEAUX D’ENTREPRISES
Profil 10
Anglo Coal, Afrique du Sud
SURVEILLANCE ET ADAPTATION CONTINUES DES PROGRAMMES
Profil 11
Eskom, Afrique du Sud
SURVEILLANCE ET MISE EN COMMUN DE L’EXPERIENCE
LA PARTICIPATION DES PETITES ENTREPRISES
Profil 12
ALMS, République tchèque
ACTION LIEE A L’ACTIVITE PRINCIPALE D’UNE PETITE ENTREPRISE
Profil 13
Teddy Exports, Inde
INNOVATION PAR UNE PETITE ENTREPRISE (FOURNISSEUR)
L’EFFICACITE DES PARTENARIATS
Profil 14
Bristol-Myers Squibb Company, Etats-Unis d’Amérique
PARTENARIATS MULTISECTORIELS
Profil 15
The Shell Company of Thailand, Thaïlande
PREVENTION ET SENSIBILISATION PAR LE BIAIS DU PARTENARIAT
Profil 16
Coalitions d’entreprises contre le VIH/SIDA
COLLABORATION ENTRE ENTREPRISES
Profil 17
Alliance internationale contre le VIH/SIDA
PARTENARIAT ENTRE ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES ET ENTREPRISES
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Principale leçon : Programme novateur basé sur les pratiques liées à l’activité principale
American International Assurance, Thaïlande
PROGRAMME D’EVALUATION ET D’ACCREDITATION SUR LE LIEU DE TRAVAIL
● Description de l’entreprise :
American International Assurance (AIA), filiale du groupe American Assurance, première société d’assurance internationale
basée aux Etats-Unis, s’est installée en Thaïlande en 1938. AIA est actuellement la plus grande compagnie d’assurance sur
la vie de ce pays. En décembre 1999, elle représentait une part de marché de plus de 45%, 2 millions d’assurés, plus de
97 000 millions de baht (environ 1,6 milliard de dollars) d’actifs, 34 000 millions de baht de revenu en primes et 6300
millions de baht de nouvelles primes par an.
● Nombre d’employés :
● Contact :
1
1300
Galayanee Chaturaphit
Corporate Communications
AI Tower 181 Surawongse Road
Bangkok 10500
Thaïlande
● Tél :
● Fax :
+66 2 634 8888
+66 2 266 7847
1. Motifs d’action
AIA a commencé à s’apercevoir de la gravité de la
propagation du VIH/SIDA en 1992, quand la Thaïlande a
connu une augmentation rapide du taux de VIH.
L’entreprise estimait que le secteur public et les ONG
avaient un rôle moteur, mais qu’il fallait les soutenir afin
d’intensifier leur impact sur l’épidémie. Elle a donc cherché
à compléter leur travail en utilisant son savoir-faire et ses
ressources par le biais d’un partenariat contre le VIH/SIDA.
AIA considère l’action contre la maladie comme un élément
essentiel de son engagement envers sa clientèle et sa
philosophie d’entreprise, mais aussi de son rôle dans la
société. En outre, en tant que compagnie d’assurance sur la
vie, AIA a un intérêt matériel évident dans la santé et le
bien-être de ses clients et de la communauté nationale, en
termes de coûts directs sur les paiements de l’assurance et
les futurs marchés.
AIA a lancé des actions pour inciter le secteur privé à
s’engager davantage dans la riposte au VIH/SIDA. En octobre
1999, avec plusieurs autres chefs d’entreprise de la région
Asie-Pacifique, elle a signé une déclaration exécutive
d’engagement contre le VIH/SIDA dont le but est de
reconnaître les responsabilités des entreprises et le rôle
critique qu’elles peuvent jouer. Cette déclaration affirme
entre autres :
“Par leur accès au marketing, aux ressources
organisationnelles et aux technologies de la
communication et par leur capacité à mobiliser les
employés et donc les communautés locales, les
entreprises sont particulièrement bien placées pour
mettre en œuvre des programmes efficaces de
prévention du VIH/SIDA et pour jouer un rôle majeur
dans la lutte contre la propagation de cette maladie.”
AIA s’est récemment fixé pour tâche d’intégrer les initiatives
contre le VIH/SIDA aux opérations liées à son activité
principale, ce qui garantit la durabilité de la réponse. Une
étude menée en 1997 a montré que de nombreuses
entreprises thaïlandaises n’avaient pas encore mis sur pied
des programmes contre le VIH/SIDA sur le lieu de travail.
AIA attribue cette situation à ce qu’elle perçoit comme un
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
49
suite
2. Riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
De 1992 à 1999, AIA est entrée en partenariat avec diverses
ONG et organisations de santé publique pour une série de
projets basés sur les dons à la communauté et la
philanthropie, et axés sur la prévention du VIH/SIDA. En
1993, par exemple, l’entreprise a été partenaire de CARE
International Thailand pour un programme continu de
prévention du VIH/SIDA destiné aux travailleurs de la
province de Samut Prakarn, qui consistait à créer un réseau
d’information et de soutien à l’intention des individus et de
la communauté. Elle assure également à son personnel une
éducation et une information en matière de prévention et
propose à ses assurés des manuels d’information sur le
VIH/SIDA (plus de 2 millions de manuels distribués).
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manque de mesures incitatives et d’avantages tangibles.
Elle a donc réagi en élaborant le programme suivant :
Programme d’évaluation et d’accréditation
Fin 1999, AIA, en partenariat avec la Coalition des
entreprises thaïlandaises contre le VIH/SIDA (TBCA), ONG
regroupant les entreprises membres par adhésion et
assurant le leadership dans la riposte des entreprises à la
maladie, a décidé de mettre au point un programme
novateur d’évaluation et d’accréditation. Ce programme a
pour objectif d’accorder une remise sur le montant des
primes aux entreprises qui mettent en place des politiques
et des programmes d’éducation en matière de VIH/SIDA sur
le lieu de travail.
L’objectif premier de ce programme est de lutter contre la
maladie et la discrimination sur le lieu de travail par des
mesures incitatives d’ordre financier. Par un système
d’accréditation indexant l’importance des programmes mis
en œuvre par les assurés sur le lieu de travail et dans les
communautés, ces entreprises bénéficient d’une assurancevie de groupe dont les primes sont créditées de 5 à 10%. En
fonction du score d’accréditation, évalué par la TBCA, trois
pourcentages (5, 7 et 10%) sont proposés pour les activités
de lutte contre le VIH/SIDA ci-dessous :
1. Politique
2. Formation du personnel
3. Information et éducation du personnel
4. Confidentialité
5. Collaboration des employés vivant avec le VIH/SIDA
6. Politiques/procédures assurant un environnement
favorable aux personnes vivant avec le VIH/SIDA
7. Assistance aux employés vivant avec le VIH/SIDA
8. Activités dans la communauté.
meilleure méthode est d’établir des partenariats avec des
organisations gouvernementales et non gouvernementales
spécialisées dans la riposte au VIH/SIDA.
3. Résultats et leçons
Le Programme d’évaluation et d’accréditation en étant à ses
débuts, il ne peut pas encore être évalué quant à son
efficacité. Il constitue cependant un excellent exemple de la
façon dont les entreprises s’aperçoivent que le VIH/SIDA
affecte les pratiques liées à leur activité principale, puis
mettent au point des mécanismes novateurs pour lutter
contre ses répercussions tant économiques qu’humaines.
AIA voit dans ce programme plusieurs avantages : tout
d’abord les gains en termes de perception positive de la
part du public, qui est l’image d’une entreprise socialement
responsable, leader dans la riposte au VIH/SIDA ; mais aussi
une diminution des coûts directs (paiements des
assurances), conséquence de la meilleure santé du
personnel des assurés ; la possibilité d’attirer de nouvelles
entreprises par l’exemple de son engagement envers ses
clients ; et les gains pour les assurés grâce à la réduction
des primes de l’assurance de groupe.
Le travail accompli par AIA au fil des années souligne
l’importance des partenariats avec les ONG et les
organisations gouvernementales. Ces partenariats
permettent d’intensifier progressivement les actions, de
mettre à disposition le savoir-faire et de mieux connaître les
problèmes et les réseaux en rapport avec le VIH/SIDA. La
TBCA en particulier a joué un rôle important en aidant AIA
à mettre au point des programmes crédibles, efficaces et
novateurs.
L’accréditation est suivie par deux étapes d’évaluation, une
première au moment de l’entrée dans le système et une
seconde avant le renouvellement annuel de la police
d’assurance. Cette façon de procéder incite les entreprises à
améliorer leurs programmes, car ceux-ci sont évalués sur la
base des progrès mesurables du personnel pour ce qui est
des connaissances, du comportement et des attitudes. En
1999, ce programme a coûté à AIA environ 3,3 millions de
baht (environ 85 000 dollars), y compris les frais de
développement.
AIA s’aperçoit que les assurés actuels et potentiels doivent
disposer des moyens techniques nécessaires pour mettre en
œuvre des programmes de lutte contre le VIH/SIDA, ainsi
que des informations leur permettant de bien comprendre
les avantages qui en résultent pour l’entreprise et pour la
communauté. Son expérience a montré que pour cela, la
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Principale leçon : Initiatives de sensibilisation par les sites de l’activité principale
The Body Shop, Japon
CAMPAGNES DE LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA SUR LES LIEUX DE VENTE
● Description de l’entreprise :
The Body Shop in Japan, propriété de Aeon Forest Co. Ltd, est une compagnie franchisée de The Body Shop International
SA. Créée en 1990, elle vend des produits de soin de la peau et des cheveux de première qualité et attire quelque 4,5
millions de clients par an dans environ 116 magasins. Son chiffre d’affaires pour 1999 a été d’environ 8 milliards de yens
(environ 75 millions de dollars). L’entreprise est engagée dans l’encouragement de la responsabilité sociale et
environnementale, qui représente pour elle une valeur de base.
● Nombre d’employés :
● Contact :
2
1000
Grace Chang
Asia-Pacific Regional Office
The Body Shop (Singapore) Pte Ltd
163 Penang Road
06-01 Winsland House II
Singapour 238 463
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+65 836 2322
+65 836 2115
[email protected]
1. Motifs d’action
Au milieu des années 1990, The Body Shop in Japan a
observé la propagation rapide et l’impact de l’épidémie de
VIH/SIDA dans certaines parties de l’Asie et, bien que le
Japon n’ait pas été frappé aussi durement que d’autres pays,
a compris que la menace était bien réelle. Par sa vision du
commerce, l’entreprise estime avoir une responsabilité
envers les communautés au sein desquelles elle déploie ses
activités. C’est pourquoi elle a cherché à sensibiliser ses
clients au VIH/SIDA et à les inciter à s’engager dans la riposte
par des campagnes sur les lieux de vente.
Chaque année la campagne a porté sur un problème ou
une organisation en rapport avec le VIH/SIDA et a coûté
environ 1,4 million de yens (environ 13 000 dollars) :
• En 1997, The Body Shop in Japan a établi un partenariat
avec le HIV and Human Rights Information Centre
(Centre d’information sur le VIH et les droits de
l’homme), ONG locale qui soutient les personnes vivant
avec le VIH/SIDA. L’entreprise lui a fait don de 25% des
ventes de l’un de ses produits et a distribué
gratuitement aux clients les préservatifs et les
informations sur le VIH/SIDA que l’ONG lui avait fournis.
• En 1998, la campagne a cherché à attirer l’attention sur
la pandémie mondiale en donnant aux clients des
informations fournies par l’ONUSIDA. L’entreprise a aussi
collaboré avec Levi Strauss in Japan pour créer et vendre
des t-shirts portant un message en rapport avec le
VIH/SIDA et a fait don des bénéfices à une ONG
thaïlandaise.
• En 1999, The Body Shop in Japan a soutenu une ONG qui
travaillait avec les personnes vivant avec le VIH/SIDA ;
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
51
suite
2. Riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
Depuis 1997, The Body Shop in Japan organise des
campagnes contre le VIH/SIDA à l’occasion de la Journée
mondiale SIDA, principalement pour sensibiliser à la
maladie et lutter contre la stigmatisation et la
discrimination envers les personnes vivant avec le VIH/SIDA.
C’est à ses ressources humaines que la compagnie a fait
appel pour assurer aux organisateurs des campagnes un
débouché permettant la dissémination de l’information,
tout en minimisant le surcoût. The Body Shop in Japan a
amené les campagnes dans ses magasins dans le but
d’intégrer le VIH/SIDA à l’environnement de tous les jours.
Point intéressant, ces activités sur les lieux de vente
permettent de toucher les femmes qui, au Japon, sont
souvent exclues des discussions sur le VIH/SIDA, en
particulier sur la sexualité et la consommation de drogues.
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elle a vendu les ours en peluche que l’ONG lui avait
fournis et qui portaient une étiquette d’information
contre la discrimination. Elle a également vendu des tshirts et des badges constitués d’un ruban rouge et a fait
don des bénéfices au HIV and Human Rights Information
Centre.
3. Résultats et leçons
Les résultats du marketing lié à la cause (t-shirts, rubans
rouges, produits spécifiquement japonais) sont très positifs
quant à la sensibilisation du public aux campagnes. La
réputation de l’entreprise s’est améliorée sur un sujet qui
compte désormais parmi les problèmes importants, surtout
chez les jeunes.
The Body Shop in Japan a également observé des avantages
pour ses employés, notamment l’amélioration du moral et
de la productivité due à leur participation aux campagnes
sur les lieux de vente. L’entreprise a organisé des ateliers
pour les responsables de magasins afin de leur faire mieux
comprendre le VIH/SIDA, ce qui a eu pour effet de
convaincre nombre d’entre eux de l’importance d’un tel
engagement. L’expérience lui a appris que les informations
sur le VIH/SIDA doivent être simples et concises si l’on veut
que les clients et le personnel participent.
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Principale leçon : Soutien à la communauté touchée par le VIH/SIDA par le biais de l’activité principale
Warsaw Marriott Hotel, Pologne
HEBERGEMENT DE CONFERENCES POUR PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH/SIDA
3
● Description de l’entreprise :
Le Warsaw Marriott, membre de la chaîne mondiale des hôtels Marriott International, est un hôtel cinq étoiles situé au
centre de Varsovie. Il comprend 523 chambres et plus de 2500 m2 d’espaces de rencontres, avec 16 salles pouvant
contenir 700 personnes pour une réunion et 1000 personnes pour une réception.
● Nombre d’employés :
● Contact :
850
Jolanta Tylus
Warsaw Marriott Hotel
Al. Jerozolimskie 65779
Varsovie
Pologne
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+48 22 630 5208
+48 22 629 88 10
[email protected]
1. Motifs d’action
La chaîne Marriott International est engagée dans l’aide aux
communautés au sein desquelles elle déploie ses activités,
car elle estime que les entreprises commerciales doivent
jouer un rôle actif et influent dans le soutien à ces
communautés. Le Warsaw Hotel s’est aperçu que le
problème du VIH/SIDA n’était pas abordé ouvertement en
Pologne, ni dans les autres pays d’Europe centrale et
orientale, en raison d’une méconnaissance de la maladie et
de la discrimination envers les personnes vivant avec le
VIH/SIDA. Il a voulu servir d’exemple pour les autres
entreprises polonaises en aidant son personnel et la
communauté locale à mieux connaître la maladie.
2. Riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
Depuis 1994, le Warsaw Marriott a lancé un certain nombre
d’initiatives visant à promouvoir la sensibilisation au
VIH/SIDA auprès de son personnel et à soutenir les
personnes vivant avec la maladie, généralement en
collaboration avec la Polish Foundation for Humanitarian
AIDS “Res Humanae” (Fondation polonaise pour le SIDA
humanitaire). Dans ce cadre, il a organisé notamment les
activités suivantes :
• En août 1999, le Warsaw Marriott a soutenu et abrité la
9e “Conférence internationale des personnes vivant avec
le VIH/SIDA”. Cette conférence a réuni près de 500
délégués venant de plus de 60 pays, dont la plupart
étaient séropositifs. Là encore, l’hôtel a aidé la
conférence en mettant à sa disposition des pièces
supplémentaires, en accordant des tarifs réduits pour la
location des salles, en prêtant gracieusement le matériel
et en proposant des repas à prix réduit. Il avait organisé
à l’intention du personnel une formation en matière de
VIH/SIDA dans le but de le sensibiliser à ces problèmes,
aussi bien pour la conférence que pour leur propre
information et que pour les futurs hôtes. L’hôtel, depuis
cette date, a lancé un programme d’éducation VIH/SIDA
de longue haleine (5 ans) afin de continuer à former ses
employés à temps complet et à temps partiel.
• Le directeur général a entrepris un travail de
sensibilisation à l’occasion des manifestations
commerciales afin d’encourager d’autres chefs
d’entreprise et dirigeants à intégrer aux activités de leur
firme des programmes et des initiatives de lutte contre
le VIH/SIDA. Ce travail consiste à montrer comment et
pourquoi les entreprises devraient être plus actives.
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
53
suite
• En décembre 1998, il a hébergé la 5e “Conférence des
personnes vivant avec le VIH/SIDA, famille et société”.
Cette conférence rassemblait des professionnels du
domaine médical et social et des responsables
communautaires dans le domaine du VIH/SIDA, venant
de Pologne et d’Europe de l’Est. L’hôtel a fourni une aide
financière par le biais de tarifs réduits et de services
d’appoint.
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3. Résultats et leçons
L’hôtel a cherché à évaluer l’efficacité du programme de
formation du personnel et la valeur de cet investissement
en faisant une enquête sur l’attitude et les connaissances
du personnel en matière de VIH/SIDA avant et après la
formation. La majorité des employés ont répondu qu’ils en
avaient tiré des avantages personnels et professionnels,
qu’ils avaient l’impression d’être mieux informés et qu’ils
avaient moins peur de la maladie. Pour l’hôtel, l’intérêt
premier de ce programme réside dans la prévention du
VIH/SIDA parmi son personnel, ainsi que dans une
approche plus professionnelle du problème pour les
services offerts à ses futurs clients.
Ayant vu les résultats positifs des programmes de formation
et de soutien destinés aux personnes vivant avec le
VIH/SIDA, le Warsaw Marriott veut faire bénéficier de ses
acquis d’autres hôtels Marriott, ainsi que les hôtels et
stations touristiques affiliés du monde entier, par le biais de
ses publications internationales destinées au personnel/à la
direction et du siège. Le monde des affaires polonais est
toujours marqué par l’absence de discussion ouverte et par
la peur du VIH/SIDA. Cependant, comme le dit Witold
Liwiski, président de la Fondation Res Humanae : “L’attitude
de la direction et du personnel du Warsaw Marriott Hotel est
courageuse ; elle doit servir d’exemple et inciter
l’environnement économique polonais à être plus conscient et
plus ouvert dans le domaine du VIH/SIDA.”
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Principale leçon : Engagement à long terme dans la sensibilisation du personnel
Larsen & Toubro Limited, Inde
PROGRAMMES D’EDUCATION ET DE PREVENTION
● Description de l’entreprise :
Larsen & Toubro, fondée en 1938, est l’une des premières entreprises du secteur privé d’Inde, avec des bénéfices nets pour
1998-99 de 4710 millions de roupies (environ 105 millions de dollars). L’entreprise, qui s’occupe de mécanique et de
bâtiment, produit du ciment, ainsi que du matériel électrique, électronique et de construction. Elle possède des usines
réparties sur 20 sites différents du pays. Larsen & Toubro est engagée dans le bien-être de ses employés et des
communautés locales, et organise des programmes d’aide sociale et économique.
● Nombre d’employés :
● Contact :
4
26 000
Rupam Nangia
Senior Executive – Employee Welfare
Larsen & Toubro Limited
Powai Works
Saki Vihar Road
PO Box 8901
Mumbai 400 072
Inde
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+91 22 858 1401
+91 22 858 1111
[email protected]
1. Motifs d’action
La société Larsen & Toubro a pris conscience que le
VIH/SIDA mettait le secteur privé dans une situation
vulnérable quand elle a découvert dans le groupe d’âge des
18-35 ans une forte incidence du VIH, qui menaçait la
partie la plus productive de ses ressources humaines. Elle
s’est aperçue aussi qu’en Inde, le manque d’infrastructures
médicales de bonne qualité à la disposition de la majorité
de la population s’ajoute à l’absence de tout traitement
curatif ; la prévention était donc le meilleur moyen pour
elle de contribuer à la lutte contre la propagation du
VIH/SIDA. Elle a cherché à atteindre ce but en mettant sur
pied des programmes complets d’éducation et en essayant
de s’attaquer aux préjugés, aux mythes et à l’ostracisme
social qui entourent la maladie et les personnes vivant avec
le VIH/SIDA et leur famille. Ses principaux objectifs étaient
de prévenir une épidémie, d’assurer la santé de son
personnel, de maintenir la productivité et le moral et
d’assumer sa responsabilité sociale.
• Sensibilisation : Portant à l’origine sur la formation de
formateurs, il s’est déroulé en anglais et dans la langue
locale et avait pour but de donner les connaissances, les
compétences et la sensibilité nécessaires pour diriger les
programmes de sensibilisation au VIH/SIDA. Depuis sa
création, plus de 200 programmes de formation ont été
organisés ; ils ont concerné 85 formateurs et travailleurs
sociaux et couvert environ 10 000 employés, 4500
membres de leur famille et 1500 enfants scolarisés
localement. L’accent a été mis sur les jeunes,
notamment les apprentis, les diplômés en formation, les
enfants des employés, les écoles municipales locales et
les communautés des quartiers pauvres. Ces
programmes continuent et font maintenant partie
intégrante du plan de formation de l’entreprise.
• Soutien aux personnes vivant avec le VIH/SIDA et
prévention de la discrimination : Larsen & Toubro a
lutté activement contre la discrimination envers les
personnes vivant avec le VIH/SIDA au niveau de
l’embauche, de la promotion, du transfert et de la
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
suite
2. Riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
Larsen & Toubro a une longue histoire d’actions contre le
VIH/SIDA, qui remonte à 1985, époque où l’entreprise a
lancé son premier programme de sensibilisation. Son
engagement s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui par toute
une série de programmes, entre autres :
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formation de ses employés. Le dépistage n’est
obligatoire à aucun moment, que ce soit avant ou après
l’embauche. L’entreprise propose des services de conseil
aux personnes vivant avec le VIH/SIDA et elle est
engagée dans des partenariats avec des organisations
gouvernementales et des ONG, qui garantissent les
bonnes pratiques et l’assistance. Elle s’efforce
d’améliorer l’acceptation et l’intégration des employés
vivant avec le VIH/SIDA grâce à une éducation par les
pairs.
• Engagement dans des initiatives extérieures contre le
VIH/SIDA : En 1995, Larsen & Toubro a participé à la
formation de l’un des premiers organismes participatifs
dirigés par le secteur privé en riposte au VIH/SIDA,
l’Industry Response to AIDS (Riposte de l’industrie au
SIDA), qui était constitué de cadres représentant 13
grandes entreprises de Mumbai. Bien que ce dispositif
n’ait pas duré longtemps, il reste un exemple pour les
futures actions des entreprises contre le VIH/SIDA. Des
représentants de Larsen & Toubro sont membres de
groupes de travail technique dans les organismes locaux
et internationaux qui préparent des stratégies
d’intervention contre le VIH/SIDA pour les communautés
locales.
• Mise en commun des expériences de lutte contre le
VIH/SIDA sur le lieu de travail : Le personnel de Larsen
& Toubro a participé, en partenariat avec la Chambre de
commerce et d’industrie de Bombay, à la conception et
à la rédaction d’un guide destiné aux industries
indiennes, intitulé “Corporate Response to AIDS : Policy
Guidelines” (Riposte des entreprises au SIDA : principes
directeurs en matière de politique). Par l’intermédiaire
de plusieurs associations d’industriels locales et
nationales, Larsen & Toubro permet d’accéder à ses
modules et à ses matériaux de formation en matière
d’éducation et de prévention sur le lieu de travail et
dans les communautés.
La vaste expérience de Larsen & Toubro permet de tirer des
leçons utiles sur la façon dont le secteur privé peut lancer
et poursuivre des actions contre le VIH/SIDA. Les principaux
ingrédients de la réussite de ses activités sont les suivants :
1. l’engagement interne des cadres supérieurs au sein de
l’entreprise ;
2. une stratégie d’intervention concertée, mise en œuvre à
tous les niveaux dans l’entreprise et dans la
communauté locale ;
3. des programmes d’éducation et de prévention intégrés à
la stratégie de formation de l’entreprise ;
4. la mise au point de matériaux pédagogiques
multiculturels et multilingues adaptés à des groupes
cibles spécifiques ;
5. la participation des syndicats à la planification et à la
mise en œuvre des programmes ;
6. la participation des porte-parole des pairs issus des
groupes cibles à la dissémination de l’information en
matière d’éducation et de prévention ;
7. le positionnement du département chargé de la
réalisation des programmes en tant qu’organe
professionnel, non menaçant et neutre ;
8. les soins et le soutien pour les personnes vivant avec le
VIH/SIDA et leur famille.
3. Résultats et leçons
En raison de son engagement de longue haleine et de sa
volonté de mettre en commun les connaissances et les
matériaux en rapport avec le VIH/SIDA, Larsen & Toubro s’est
fait respecter, en Inde, dans l’ensemble du secteur privé,
gouvernemental et des ONG, d’où un intérêt accru pour la
reproduction de ses programmes de lutte contre le VIH/SIDA.
Bien qu’aucune étude de surveillance particulière n’ait été
réalisée, l’entreprise a observé que l’incidence des cas de
VIH/SIDA dans le personnel a diminué. De plus, les employés
et leur famille sont davantage prêts à discuter de la maladie
avec le Département de l’aide sociale aux employés.
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RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
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Principale leçon : Bénéfices commerciaux des programmes de soins
Volkswagen do Brasil, Brésil
PROGRAMME DE SOINS DU VIH/SIDA
5
● Description de l’entreprise :
Volkswagen do Brasil est une filiale du groupe Volkswagen, quatrième producteur mondial d’automobiles. Les principales
activités de l’entreprise brésilienne sont la production et la vente d’automobiles. Avec un total de 92 773 unités vendues
entre janvier et mars 2000, Volkswagen do Brasil reste leader sur le marché brésilien.
● Nombre d’employés :
● Contact :
30 000
Murilo Alves Moreira
Volkswagen do Brasil
Via Anchieta Km 23,5 – Ala 7
CEP:09823-990
Sao Bernardo do Campo/Sao Paulo
Brésil
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+55 11 753 4843
+55 11 753 4830
[email protected]
1. Motifs d’action
En 1986, la première infection à VIH a été détectée parmi
les 105 000 utilisateurs du Plan de soins médicaux de
Volkswagen, qui couvre les employés, leurs dépendants et
le personnel retraité, et emploie plus de 2000 personnes.
Entre cette date et 1996, l’entreprise a dépisté un nombre
croissant de nouvelles infections, avec une fréquence élevée
d’hospitalisations longues, une forte incidence de maladies
opportunistes, des coûts de traitement importants avec des
bénéfices minimes en raison d’une mauvaise observance et,
par conséquent, une faible espérance de vie. Le personnel
médical n’avait pas les connaissances spécialisées
nécessaires pour traiter correctement les personnes vivant
avec le VIH/SIDA. Volkswagen do Brasil en a conclu qu’il
était nécessaire de s’occuper des soins médicaux liés à la
maladie afin d’empêcher les coûts de grimper et de rendre
les services du Plan Santé plus efficaces et performants
pour ses membres.
Les soins fournis par l’entreprise aux personnes vivant avec
le VIH/SIDA sont caractérisés par l’institution d’un protocole
technique destiné à standardiser l’assistance comprise dans
le programme, tout en laissant un certain degré de
flexibilité qui permet de l’adapter aux besoins individuels.
Les traitements et conseils prévus sont l’accès aux
spécialistes des maladies infectieuses, aux travailleurs
sociaux, aux nutritionnistes et aux psychologues, le transfert
dans des hôpitaux spécialisés et le traitement à domicile.
Les patients ont également accès au traitement
antirétroviral et aux tests cliniques, comme la mesure de la
charge virale. La politique de non-discrimination du
personnel prévoit une aide permettant de réintégrer les
employés sur leur lieu de travail et dans la société.
3. Résultats et leçons
Les résultats observés par Volkswagen do Brasil sont aussi
bien quantitatifs que qualitatifs. Fin 1999, l’entreprise
indiquait que selon ses systèmes de surveillance, depuis le
début du programme de soins, les hospitalisations avaient
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
suite
2. Riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
En juin 1996, Volkswagen do Brasil a lancé le AIDS Care
Programme (Programme de soins du SIDA), centralisé au
siège de Sao Bernardo do Campo. Cette initiative faisait
appel à un personnel technique spécialisé et était intégrée
à la structure générale de soins médicaux de l’entreprise.
Elle visait des buts multiples, principalement la prévention
du VIH/SIDA, la lutte contre la maladie et le traitement des
patients vivant avec le VIH/SIDA.
Le programme de prévention sur le lieu de travail
comprend des présentations et des vidéos éducatives, ainsi
que la dissémination de l’information via la radio de
l’entreprise, les journaux internes, les tableaux d’affichage
et des brochures sur le VIH/SIDA. Il cherche à faciliter
l’utilisation de préservatifs par l’installation de distributeurs
sur le lieu de travail.
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diminué de 90% et les coûts des traitements et des soins de
40%, et que 90% des patients étaient actifs et
asymptomatiques. L’entreprise note également parmi les
avantages un meilleur suivi clinique des patients, une
amélioration de la qualité de vie pour les personnes vivant
avec le VIH/SIDA sur le lieu de travail et dans la société, et
une augmentation exprimée de la satisfaction des employés
par rapport à l’entreprise. L’expérience de Volkswagen do
Brasil prouve que les programmes de traitement et de soins
coordonnés et spécialisés mis sur pied à l’intention du
personnel sont efficaces et génèrent des économies pour les
entreprises qui les organisent. Les économies réalisées par
la diminution de l’absentéisme et de la perte d’employés
sont au centre de cette approche.
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RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
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Principale leçon : Programme novateur faisant appel à des pratiques liées à l’activité principale
Brasseries Molson, Canada
SOUTIEN DES ORGANISATIONS DE PRISE EN CHARGE SIDA PAR UN MARKETING
LIE A LA CAUSE
● Description de l’entreprise :
Molson, fondé en 1786, est un brasseur canadien de premier plan,
avec plus de 2 milliards de dollars canadiens (environ
1,3 million de dollars des Etats-Unis) de ventes annuelles.
Il possède également un intérêt de 49,9% dans le partenariat
Coors Canada et de 24,95% dans Molson USA, qui commercialise
et distribue les marques Molson et Foster aux Etats-Unis. Au
Canada, Molson est l’une des marques les plus anciennes et les
plus connues des consommateurs.
● Nombre d’employés :
● Contact :
3800
Lisa Jedan
Molson Inc.
175 Bloor St. East
Toronto, MYW 354
6
Les activités sont liées à diverses manifestations et
organisations. Par exemple, en 1996, Molson est
devenu le commanditaire-fondateur national du
Marchethon du SIDA, une campagne nationale de
sensibilisation du public. La première année,
l’entreprise est entrée en partenariat avec la Société
canadienne du SIDA et Publicité MacLaren McCann
pour réaliser, à la radio, à la télévision et par voie de
presse, une campagne qui a touché plus de 18
millions de Canadiens. En 1999, 110 communautés
ont participé au Marchethon, qui a recueilli plus de
10 millions de dollars canadiens pour l’appui aux
services de soins, de traitement et de soutien et aux
programmes d’éducation et de prévention locaux.
Molson s’est engagé dans un leadership à long terme.
Ontario, Canada
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+1 416 966 6190
+1 416 966 6135
[email protected]
1. Motifs d’action
L’engagement de Molson dans la lutte contre le VIH/SIDA a
commencé en 1988, quand une organisation de prise en
charge du SIDA de Toronto lui a demandé de soutenir une
manifestation de collecte de fonds, “Dancers for Life”
(Danser pour la vie). A l’époque, il ne s’agissait que de
fournir des boissons pour la réception qui suivait le
spectacle. Cet engagement a amené l’entreprise à lancer une
étude de marché afin de déterminer dans quelle mesure le
VIH/SIDA concernait les hommes jeunes, premier public
cible de Molson. Ayant découvert un lien, l’entreprise a
décidé de chercher des occasions de soutenir la
sensibilisation au VIH/SIDA en faisant des dons et en
utilisant son savoir-faire en matière de marketing pour des
projets dans l’ensemble du Canada.
L’entreprise a axé son soutien sur les spectacles qui
attirent leur public cible, tels que le festival de rock
annuel auquel participent les plus grandes vedettes
de la musique du Canada, afin de sensibiliser et de
collecter de l’argent pour les groupes communautaires de
lutte contre le SIDA. Elle s’est également engagée à long
terme dans le parrainage de Dancers for Life, une
manifestation annuelle qui fait appel aux artistes les plus
célèbres du Canada et qui collecte des fonds pour le AIDS
Committee of Toronto, la plus grande organisation
canadienne de prise en charge du SIDA.
3. Résultats et leçons
Par son engagement de longue haleine et sa participation
aux manifestations et aux organisations de lutte contre le
VIH/SIDA, Molson a été reconnu par le Gouvernement du
Canada et la Société canadienne du SIDA comme étant un
pionnier du secteur privé dans le soutien aux organisations
de prise en charge du SIDA. Son programme de marketing
lié à la cause a servi d’étude de cas pour inciter le monde
des affaires à apporter son soutien. L’utilisation du nom et
2. Riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
du logo de Molson, marque très connue des consommateurs
L’engagement de longue haleine de Molson dans la lutte
canadiens, confère crédibilité et acceptabilité aux questions
contre le VIH/SIDA repose sur un programme de marketing
et aux organisations en rapport avec le VIH/SIDA. Cet
lié à la cause, appelé “Molson : Partners in the fight against
engagement de l’entreprise envers certaines manifestations
AIDS” (Molson : partenaires dans la lutte contre le SIDA). Ce
programme a pour but de soutenir les organisations de prise et organisations est important, car il représente une
structure d’appui stable pour les initiatives visant à inciter
en charge SIDA à assise communautaire qui organisent des
d’autres organisations à fournir des fonds et à apporter leur
actions de sensibilisation au VIH/SIDA, ainsi que d’inciter le
soutien.
secteur privé à apporter son soutien.
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Principale leçon : Actions ciblées basées sur les connaissances
Chevron Nigeria Ltd, Nigéria
PROGRAMMES D’EDUCATION ET DE PREVENTION
7
● Description de l’entreprise :
Chevron Nigeria Limited est une filiale locale de Chevron Corporation, l’une des plus grandes sociétés pétrolières du
monde. Installée au Nigéria depuis 1961, l’entreprise a produit en 1999 près de 420 000 barils de pétrole par jour. Elle est
explicitement engagée auprès des communautés au sein desquelles elle déploie ses activités, dont elle cherche à
améliorer le bien-être en apportant emploi, formation et développement économique.
● Nombre d’employés :
● Contact :
2600 (1600 directs, 1000 contractuels)
Dr Bode-Law Faleyimu
Staff Obstetrician/Gynecologist
Chevron Nigeria Limited
2 Chevron Drive
Lekki Peninsula
PMB 12825, Lagos
Nigéria
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+234 1 2600 600 (poste 2224)
+234 1 2600 395
[email protected]
1. Motifs d’action
En 1997, Chevron Nigeria a commencé à s’attaquer au
problème du VIH/SIDA en raison d’un certain nombre de
facteurs motivants : la prise de conscience de l’énorme
impact du VIH/SIDA sur les entreprises et sur leur force de
travail ; les résultats d’enquêtes révélant une grande
ignorance et des idées fausses sur la maladie ; la création
de réseaux du sexe sur les gisements pétrolifères ; le fort
taux de maladies sexuellement transmissibles détecté dans
certains centres de santé de l’entreprise ; le haut niveau de
risque chez les employés mobiles ; et les avantages avérés
des programmes de prévention du VIH/SIDA sur le lieu de
travail.
L’entreprise a compris que l’éducation était le meilleur
moyen d’empêcher la propagation du VIH/SIDA dans son
personnel. Elle a également pris conscience du manque
d’informations disponibles dans les communautés locales,
ce qui, associé à son engagement dans l’aide à ces
dernières, l’a poussée à étendre ses actions à l’extérieur du
lieu de travail.
60
Les campagnes de sensibilisation et de prévention ont
concerné les différentes catégories d’employés, avec des
ateliers pour les employés des services administratifs,
les ouvriers du bâtiment, les cadres et les ouvriers des
gisements pétrolifères. L’entreprise a aussi discuté avec
les syndicats afin de définir et de décrire le rôle des
responsables syndicaux dans les interventions sur le lieu
de travail et le soutien aux efforts de la direction. Les
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
suite
2. Riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
A partir de 1997, Chevron Nigeria s’est engagé dans tout un
éventail d’activités d’éducation en matière de VIH/SIDA, qui
faisaient partie du Chevron Workplace AIDS Prevention
Program (CWAPP – Programme Chevron de prévention du
SIDA sur le lieu de travail). A la suite d’une étude,
l’entreprise s’est aperçue qu’elle avait besoin d’activités
ciblées, sur mesure, pour satisfaire les exigences de ses
différents groupes d’employés (notamment les travailleurs
sur le terrain), des communautés locales et des
professionnel(le)s du sexe. Elle a mis en outre l’accent sur
l’éducation des jeunes par le biais du Chevron Adolescent
Reproductive Health Programme (CHARP – Programme
Chevron de santé reproductive pour les adolescents), qui
comprenait divers ateliers et campagnes, notamment des
clubs de santé et un festival annuel, le “Youth Festival of
Life” (Festival de la vie pour la jeunesse). En janvier 2000,
elle a organisé un atelier afin d’avoir l’opinion des jeunes
ayant participé aux programmes d’éducation, d’évaluer
l’efficacité de ses activités contre le VIH/SIDA et de mettre
en commun les meilleures pratiques.
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programmes d’activités de proximité ont surtout consisté à
élargir à la communauté locale les ateliers d’éducation en
matière de VIH/SIDA et à propager les pratiques de sexualité
sans risque chez les professionnel(le)s du sexe.
Les activités de cette lutte sur plusieurs fronts avaient fait
l’objet d’importantes recherches et reposaient sur les
connaissances, ce qui assurait leur efficacité. L’idée de base
était de proposer une éducation basée sur des faits par
divers moyens : plaisanteries, dessins animés, poésie,
théâtre, spectacles vidéo musicaux et contes, suivis de
séances de questions et réponses et de distribution de
documents sur la maladie, la sexualité sans risque et la vie
avec le VIH/SIDA. De nombreux projets ont été lancés en
partenariat avec des organisations locales, nationales et
internationales, qui en ont assuré le soutien technique.
3. Résultats et leçons
Chevron Nigeria estime que le programme d’éducation en
matière de VIH/SIDA a été efficace par rapport à son coût,
par le fait qu’il a diminué les frais médicaux et investi dans
la force de travail, qui présentera moins de risque
d’infection par le VIH. Le coût a été maintenu bas grâce à
l’emploi de matériaux produits sur place. L’éducation par
les pairs est considérée comme un investissement à long
terme garantissant la durabilité des programmes. Le
département des finances est en train d’évaluer le coût réel
par travailleur.
Les autres résultats observés par l’entreprise sont une
augmentation de l’utilisation des préservatifs ; des
employés mieux informés ; une augmentation de la
demande de conseil ; une diminution des préjugés et
de la discrimination envers les personnes vivant avec le
VIH/SIDA ; le soutien des syndicats pour les actions de
l’entreprise contre la maladie ; et l’engagement de la
communauté face au défi que constitue le VIH/SIDA.
Ce travail approfondi a fait ressortir certains points
essentiels. L’un des plus importants est la nécessité, pour
lancer et poursuivre la riposte au VIH/SIDA, de faire
pression sur les cadres supérieurs de l’entreprise et sur les
syndicats, et de les former. Le soutien de ces deux groupes
est essentiel si l’on veut que le personnel prenne au sérieux
les programmes d’éducation. Même si les employés hésitent
encore à rechercher activement de l’aide et des conseils, les
résultats de Chevron Nigeria montrent qu’une éducation
continue est efficace à long terme.
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Principale leçon : Compilation d’informations pour une planification efficace
Standard Chartered Bank, Royaume-Uni
POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA ET PROGRAMME DE SENSIBILISATION
8
● Description de l’entreprise :
La Standard Chartered Bank, fondée en 1853, est une banque commerciale internationale spécialisée dans les marchés
émergents d’Asie, du sous-continent indien, du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Amérique latine. Ses activités principales sont
les services aux consommateurs et, pour les entreprises, les services bancaires et le financement. Elle possède 570 bureaux
dans plus de 50 pays.
● Nombre d’employés :
● Contact :
26 000
Naomi Junghae
Standard Chartered Bank
1 Aldermanbury Square
Londres EC2V 7SB
Royaume-Uni
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+44 20 7280 7140
+44 20 7280 7208
[email protected]
1. Motifs d’action
A l’origine de la riposte de la Standard Chartered Bank au
VIH/SIDA se trouvent principalement les directeurs des
agences dans les pays, notamment africains. Dans leurs
établissements, ceux-ci subissaient en effet des pressions
croissantes lorsqu’ils devaient prendre, en matière de
politique, des décisions qui concernaient les employés
vivant avec le VIH/SIDA. Ces pressions étaient dues au fait
qu’il n’existait pas, tant au niveau du groupe qu’au niveau
régional ou local, de politiques de gestion des ressources
humaines suffisamment définies pour les guider quant à
l’emploi, à la formation et au soutien des employés. En
outre, le VIH/SIDA avait commencé à avoir un impact sur
les résultats financiers de la banque par le biais de la perte
de personnel, de l’absentéisme, des coûts médicaux et de
l’aide sociale. Enfin, la Standard Chartered Bank avait
compris que les répercussions du VIH/SIDA sur ses divers
partenaires risquaient de jouer un rôle de plus en plus
important dans l’avenir.
62
Le premier pas a été l’élaboration d’une politique de lutte
contre le VIH/SIDA résolument non discriminatoire, liée à la
politique de la banque en matière de protection et
d’amélioration des droits de l’homme sur le lieu de travail
et d’égalité des chances quelle que soit la couleur, la race,
le sexe et l’origine ethnique. Cette politique de lutte
comprend des procédures et des pratiques qui permettent
de prendre en charge les individus vivant avec le VIH/SIDA
en les traitant de la même façon que les patients atteints
d’une autre maladie évolutive ou invalidante. L’élément
important est que la politique et les procédures sont
décidées au niveau du groupe pour tous ses bureaux dans
le monde entier, tout en étant suffisamment flexibles pour
permettre aux différentes succursales de tenir compte des
pratiques, de la façon de faire, de la culture et de la
législation en vigueur localement.
En plus de la politique, la Standard Chartered Bank a lancé
en mars 2000 une campagne de sensibilisation au VIH/SIDA,
avec pour objectif de faire prendre conscience de l’ampleur
et de l’impact du VIH/SIDA, d’éduquer le personnel afin de
minimiser et de combattre cet impact, et de changer les
comportements à risque. Les recherches initiales ont
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
suite
2. Riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
En 1999, la Standard Chartered Bank a entrepris une grande
évaluation de ses succursales dans 45 pays afin d’identifier
les politiques et les pratiques existantes et de déterminer la
prévalence du VIH/SIDA. Cette évaluation initiale a été
extrêmement importante ; elle a permis à l’entreprise de
prendre des décisions claires en toute connaissance de
cause et de définir ses priorités d’action. La stratégie repose
sur un processus en trois étapes : éduquer, surveiller et
gérer.
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montré que la première phase des activités devait se
dérouler en priorité en Afrique, où les répercussions du
VIH/SIDA sont les plus graves.
Les divers canaux d’information utilisés sont des
présentations par des éducateurs pour les pairs
(“champions”), ayant suivi une formation et faisant partie
de la banque, la distribution au personnel de manuels
exposant les faits en matière de VIH/SIDA, et la mise à
disposition d’affiches et de prospectus dans l’espace réservé
au public. Le plan a été élaboré en collaboration avec
d’autres entreprises (notamment Levi Strauss et Glaxo
Wellcome) et des ONG, qui ont apporté conseils et
matériaux. La banque a ensuite mis son plan à disposition
des sociétés internationales et régionales travaillant en
Afrique (concurrents, banques nationales, associations de
banquiers, ONG...). A l’heure actuelle, le programme de
sensibilisation a été expérimenté et mis en œuvre dans les
12 pays cibles d’Afrique. L’objectif est d’étendre ces
campagnes en faisant des présentations aux clients et aux
principales parties prenantes.
8
3. L’appel aux organisations extérieures pour les
connaissances spécialisées. Par exemple, la banque a
demandé à l’organisation Business Exchange on AIDS
and Development (BEAD) d’expliquer l’impact du
VIH/SIDA sur l’entreprise. Cette intervention a été
décisive, au départ, pour la participation de la direction
à l’élaboration de la politique.
4. La détermination des besoins et des domaines d’action
prioritaires par une étude approfondie et participative.
Cette étape a permis d’optimiser l’impact dans les
secteurs où c’était indispensable en raison de limites de
temps, d’argent et de capacités.
5. L’utilisation de matériaux permettant une
standardisation au sein d’un environnement
multiculturel. Cette mesure oblige à être sensible à la
culture locale, à utiliser la langue locale/appropriée et à
bien choisir les aides visuelles (en Afrique, par exemple,
une courte vidéo éducative).
3. Résultats et leçons
Etant donné que la mise en œuvre du programme en est à
ses balbutiements, il est difficile d’évaluer son efficacité et
son impact. Des systèmes de surveillance ont été mis en
place par l’intermédiaire de “formulaires de réponse :
évaluation du risque pour les activités dans les pays”, qui
doivent être remplis chaque trimestre.
Il y a cependant un certain nombre de facteurs que la
Standard Chartered Bank a jugés importants dans sa riposte
au VIH/SIDA :
1. L’engagement de la direction, y compris le directeur
général et les directeurs d’agence, dans le leadership. La
Standard Chartered Bank a résolu ce problème par la
communication avec ses employés, notamment en
encourageant et en faisant connaître cet engagement
par une présentation vidéo.
2. L’engagement des cadres locaux et leur participation à la
mise au point et à l’application des politiques et
programmes, ainsi que l’emploi de personnel
“champion” pour les présentations.
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Principale leçon : Echange d’informations par des réseaux d’entreprises
Association internationale de l’hôtellerie et de la restauration
GUIDE DU VIH/SIDA SUR LE LIEU DE TRAVAIL POUR L’INDUSTRIE DE L’ACCUEIL
9
● Description de l’organisation :
L’Association internationale de l’hôtellerie et de la restauration (IH&RA) est une organisation syndicale mondiale qui
représente plus de 750 000 opérateurs, associations et fournisseurs travaillant dans le domaine de l’accueil dans plus de
150 pays. Sa mission est d’informer et de protéger l’industrie de l’accueil qui, d’après ses estimations, englobe plus de
300 000 hôtels, 8 millions de restaurants et 60 millions d’employés contribuant annuellement à l’économie mondiale à
hauteur de 950 milliards de dollars.
● Nombre d’employés :
● Contact :
1200
Nicola Pogson
Director of Programme Development
IH&RA
251 rue du Faubourg St Martin
75010 Paris
France
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+33 1 4489 9400
+33 1 4036 7330
[email protected]
1. Motifs d’action
Etant le lieu d’une activité à haut risque, l’industrie de
l’hôtellerie et de la restauration est dans une situation
particulièrement vulnérable quant à la propagation du
VIH/SIDA. Au milieu des années 1990, l’IH&RA a défini les
risques sanitaires auxquels sont exposés ses employés et ses
clients. Le VIH/SIDA peut avoir de graves répercussions sur
la fréquentation touristique, dissuadant les gens de se
rendre dans les zones de forte prévalence, et donc des effets
évidents sur cette industrie. L’organisation a également pris
conscience de la propagation mondiale du VIH/SIDA et de
son impact croissant sur la société et l’économie, en
particulier sur les activités commerciales. L’IH&RA,
organisation dont la mission est de protéger et d’informer
ses membres, était bien placée pour soutenir et influencer
la riposte à la pandémie par l’intermédiaire de ses
membres et des divers réseaux de cette industrie.
64
En 1999, l’IH&RA, en collaboration avec l’ONUSIDA, a
élaboré pour les membres de l’association un programme
sur le lieu de travail et des principes directeurs en matière
de politique. Les conseils et les contributions à ce guide ont
été fournis par des organisations de lutte contre le
VIH/SIDA, la Coalition des entreprises thaïlandaises contre le
VIH/SIDA, des hôtels et des associations d’accueil régionales
et nationales. Le but premier était d’informer, à partir de la
pratique, sur la façon de protéger le personnel et ainsi les
activités commerciales. Ces principes directeurs sont les
suivants :
• Information factuelle sur le VIH/SIDA visant à sensibiliser
et à faciliter l’élaboration de politiques sur le lieu de
travail, telle que des conseils sur les conséquences des
politiques de gestion du personnel, notamment des
employés vivant avec le VIH/SIDA.
• Résumé des raisons pour lesquelles les entreprises
devraient protéger le personnel du VIH/SIDA. Ces raisons
sont les répercussions sur le monde des affaires en
général, mais surtout les risques professionnels propres
à cette industrie. Il existe entre autres des risques pour
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
suite
2. Riposte de l’association au VIH/SIDA
Diverses initiatives de recherche lancées par les “comités
des sages” de l’IH&RA entre 1995 et 1998 ont fait ressortir
les inquiétudes des hôtels et des restaurants, ainsi que les
répercussions des problèmes sanitaires sur ces structures et
sur leurs clients. Elles ont notamment établi un lien entre
l’existence d’informations précises et adaptées et la qualité
de l’action des entreprises dans la prévention de la
propagation du VIH/SIDA, et en ont conclu qu’il fallait aider
l’industrie en lui donnant des principes directeurs.
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la sécurité du personnel, tels que la manipulation de
linge taché de sang ou les coupures de couteau.
• Conseils sur la façon d’évaluer la situation actuelle des
entreprises en termes de capacité à se protéger du
VIH/SIDA et d’obligations qui en découlent. A cet effet, il
faut expliquer clairement les conséquences de la
politique de lutte contre la maladie sur le lieu de travail
et la façon de procéder pour créer et lancer des
politiques et des programmes.
• Mise à disposition d’outils pratiques, notamment
d’exemples de politiques réussies de lutte contre le
VIH/SIDA mises en place par d’autres hôtels sur le lieu
de travail, ainsi que d’un modèle de questions-réponses
(“questions les plus souvent posées”). Ces outils
permettent de tirer des leçons de l’expérience acquise
par d’autres au sein de l’industrie.
9
3. Résultats et leçons
Les principes directeurs de l’IH&RA constituent un exemple
du type d’aide qui peut être fournie aux entreprises pour
faciliter et intensifier la lutte contre le VIH/SIDA.
L’adaptation des informations et des outils pratiques à des
secteurs ou à des types particuliers d’entreprises est
essentielle, car les réponses doivent correspondre le plus
possible aux différentes exigences et activités du secteur
privé.
De par son accès à un grand nombre d’entreprises et la
dissémination géographique de ses membres, l’IH&RA,
comme d’autres associations similaires, est particulièrement
bien placée pour défendre et soutenir, par la supervision et
l’information, l’intensification de la riposte au VIH/SIDA.
• Conseils sur la façon d’étendre la riposte des entreprises
au-delà du lieu de travail afin de l’amener dans les
communautés locales : information, mise en commun
des ressources et établissement de partenariats avec des
ONG, le secteur public et d’autres entreprises.
• Information sur les organisations qui peuvent aider à
élaborer et à mettre sur pied des politiques et des
programmes de lutte contre le VIH/SIDA.
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Principale leçon : Surveillance et adaptation continues des programmes
Anglo Coal, Afrique du Sud
PROGRAMMES POLYVALENTS D’EDUCATION, DE PREVENTION ET DE SOINS
10
● Description de l’entreprise :
Anglo Coal, division d’Anglo American SA, possède 9 mines de charbon en Afrique du Sud, dans la région de Witbank,
province de Mpumalanga. Anglo Coal a produit plus de 30 millions de tonnes de charbon en 1999 ; elle vend environ un
tiers de sa production à l’étranger et fournit du charbon pour la production d’énergie à l’Europe, à l’Afrique du Nord, au
Moyen-Orient, au sous-continent indien, à l’Extrême-Orient et à l’Amérique du Sud.
● Nombre d’employés :
● Contact :
10 500
Alan Martin
Senior Vice President: Human Resources
Anglo Coal
PO Box 61587
Marshalltown 2107
Afrique du Sud
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+27 11 638 5542
+27 11 638 2797
[email protected]
1. Motifs d’action
Au début des années 1990, Anglo Coal a envoyé un groupe
de directeurs des mines au Zimbabwe pour une mission
d’information. Les participants sont revenus motivés par ce
qu’ils avaient vu et décidés à lancer un programme
stratégique de lutte contre le VIH/SIDA à l’échelle de
l’entreprise. Ils voulaient préparer un programme qui
permettrait de prévenir la maladie et de s’attaquer aux
causes profondes de l’épidémie, avec pour principal objectif
de minimiser son impact sur les employés et les activités de
l’entreprise, ainsi que sur les communautés locales.
66
1. la surveillance des indicateurs statistiques (absentéisme,
infections opportunistes et distribution de préservatifs) ;
2. le traitement des infections opportunistes, la distribution
de préservatifs et les services de conseil pour les
employés et leurs partenaires ;
3. des programmes de sensibilisation et d’éducation mis en
œuvre par des représentants des employés et des
communautés ayant reçu une formation d’éducateurs
pour les pairs. Ces programmes, destinés aux employés,
aux conjoints/partenaires sexuels, à la communauté
locale et aux enfants scolarisés, comprenaient des
séminaires, des vidéos, des campagnes d’information,
une formation communautaire, des pièces de théâtre et
des programmes pour les lycées ;
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
suite
2. Riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
Anglo Coal a élaboré sa première initiative de lutte contre
le VIH/SIDA en 1993, en commençant par un projet de
politique en matière de maladies potentiellement mortelles
et par la création d’un forum paritaire chargé d’étudier les
futures stratégies. Cette approche large est particulièrement
utile en raison de la prévalence croissante des maladies
opportunistes, comme la tuberculose associée au VIH/SIDA,
surtout dans les pays en développement où la vulnérabilité
à la maladie est importante. L’autre intérêt de cette
approche est qu’elle impliquait la participation de toutes les
parties prenantes : chaque mine a formé un comité SIDA
comprenant des représentants de la direction, des employés,
des syndicats et des groupes d’intérêt communautaires.
La gestion d’ensemble de l’initiative a été prise en charge par
un comité SIDA multidisciplinaire basé au siège de
l’entreprise. Ce comité a élaboré un modèle de prévention et
de prise en charge du VIH/SIDA, qui devait servir de guide
pour les comités SIDA des différentes mines et leur permettre
d’adapter leurs stratégies de prévention à leurs besoins et à
leur situation propres. Les conseils portaient sur :
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Enquête sur la sensibilisation au VIH/SIDA chez les employés
d’Anglo Coal (1996)
94% des employés connaissent les moyens de prévention du
VIH/SIDA
94% pensent avoir appris quelque chose sur la maladie
90% croient que le VIH/SIDA existe réellement
97% savent où aller pour un test VIH
91% savent où aller pour un conseil en matière de VIH/SIDA
85% jugent l’éducation fournie par la mine bonne ou excellente
77% pensent que les préservatifs sont importants pour la
prévention du VIH/SIDA
47% ont modifié leur comportement depuis qu’ils connaissent
mieux la maladie
30% pensent qu’ils risquent de contracter l’infection à VIH.
4. le suivi des campagnes d’éducation par des enquêtes
permettant d’évaluer le niveau de sensibilisation au
VIH/SIDA.
Ces programmes sont évalués en permanence, ce qui permet
de tirer le meilleur parti possible des initiatives réussies. En
conséquence de ces évaluations, les premières campagnes
ont insisté sur la nécessité d’élargir les programmes
d’éducation et d’y ajouter le développement des
compétences psychosociales, ce qui a débouché sur la
création de petites initiatives commerciales destinées
notamment aux conjoints et partenaires. Anglo Coal a aussi
pris conscience de la nécessité d’établir des partenariats avec
les autorités locales pour créer des dispensaires mobiles antiMST destinés à la communauté élargie et organiser des
programmes sur la nutrition et les modes de vie sains.
Malgré ce haut degré de sensibilisation au VIH/SIDA parmi
les employés, il était nécessaire de poursuivre les efforts afin
de modifier les habitudes en matière de comportement
sexuel. Anglo Coal s’est aperçue que ceci l’obligerait à
s’attaquer aux causes profondes de la propagation de
l’épidémie, surtout en termes de comportement sexuel des
professionnel(le)s du sexe. C’est la raison pour laquelle
l’entreprise a lancé en 1996 un projet conjoint, appelé “Kriel
Project”, avec l’Université du Zimbabwe, l’autorité locale,
Ingwe Coal (compagnie minière concurrente) et Eskom
(compagnie d’électricité). L’objectif premier de ce projet était
de modifier le comportement sexuel par le biais de réunions
communautaires, de distribution de préservatifs et
d’éducation en matière de VIH/SIDA à l’intention des
professionnel(le)s du sexe et de leurs clients. Le projet
reposait sur une approche participative qui reflétait la
nécessité de prendre en compte le déséquilibre de pouvoir
entre les professionnel(le)s du sexe et leurs clients, mais aussi
le fait qu’ils sont obligés de se soutenir mutuellement. Anglo
10
Coal a appuyé ce projet en assurant la formation et
l’assistance technique, et en facilitant la collecte des
informations.
En dépit de ce projet spectaculaire, Anglo Coal s’est rendu
compte qu’il n’y avait pas de signes indiquant une
stabilisation de l’épidémie et que si l’industrie voulait avoir
un avenir, notamment comme source d’emplois, elle devait
multiplier les activités de prévention. L’entreprise commence
à étendre le Kriel Project afin de le transformer en
“Mpumalanga Powerbelt AIDS Project”, qui devrait toucher
16 districts ruraux et semi-ruraux. Ce projet élargi de longue
haleine (10 ans) sera basé sur les principes du Kriel Project,
mais avec un certain nombre de modifications :
1. amélioration de la carte de prévalence du VIH visant à la
relier aux évaluations socio-économiques et
comportementales ;
2. intensification du suivi et de l’analyse, avec les conseils
d’experts qualifiés en matière de VIH/SIDA ;
3. ciblage des écoles afin de toucher le futur réservoir de
main-d’œuvre ;
4. projets communautaires socio-économiques novateurs
destinés à fournir d’autres emplois aux professionnel(le)s
du sexe ;
5. intégration au projet des programmes de lutte contre le
VIH/SIDA existants.
3. Résultats et leçons
Les activités d’Anglo Coal ont mis en évidence un certain
nombre de facteurs importants que les entreprises doivent
prendre en compte pour pouvoir riposter avec efficacité au
VIH/SIDA :
1. surveillance continue de l’efficacité des programmes et
volonté de les adapter en fonction des résultats ;
2. intervention polyvalente permettant d’assurer une réelle
efficacité, d’aller au-delà du lieu de travail et de s’attaquer
aux problèmes de la communauté ;
3. travail en partenariat avec d’autres entreprises et
organisations, qui apportent des connaissances, du savoirfaire et des ressources supplémentaires ;
4. prise de conscience des raisons pour lesquelles les
entreprises s’attaquent au VIH/SIDA sur le lieu de travail et
à l’extérieur et engagent de ressources en conséquence.
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Principale leçon : Surveillance et mise en commun de l’expérience
Eskom, Afrique du Sud
PROGRAMMES D’EDUCATION ET DE PREVENTION ET SURVEILLANCE
11
● Description de l’entreprise :
Eskom est une compagnie nationale de distribution d’électricité d’Afrique
du Sud existant depuis 1923. C’est l’une des compagnies d’électricité les
plus importantes du monde : elle exploite 20 centrales électriques et
entretient plus de 26 000 km de lignes. Elle emploie 85% d’hommes, dont
68% ont entre 30 et 49 ans et 69% sont non qualifiés.
68
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
suite
En 1996, Eskom a créé un centre de coût chargé
de surveiller le coût de ces programmes qui, en
1999, s’élevait à 125 rand par employé (environ
19 dollars), y compris le traitement des
infections opportunistes. Le même budget a été
mis en place pour 2000. Avec les années, Eskom
a développé tout un éventail d’actions contre le
VIH/SIDA à l’intérieur et à l’extérieur du lieu de
● Nombre d’employés :
33 500
travail.
● Contact :
Liz Thebe
• Programmes d’éducation et de prévention :
EAP Consultant, Eskom
L’objectif principal de ces programmes était de
Megawatt Park, Maxwell Drive Sandton
proposer au personnel de tous les niveaux une
PO Box 1091
2000 Johannesburg
éducation par les pairs en matière de VIH/SIDA,
Afrique du Sud
qui couvre actuellement plus de 75% des
● Tél :
+27 11 800 4563
employés. Eskom a observé que ceux-ci
● Fax :
+27 11 800 2521
acceptent beaucoup mieux les informations
● Mél :
[email protected]
transmises par des pairs pour qui ils éprouvent
de la confiance et du respect (collègues et
1. Motifs d’action
membres de la communauté), parce qu’ils leur paraissent
Eskom a lancé dès 1988 une politique en matière de VIH/SIDA, mieux connaître l’environnement professionnel et social.
qui couvrait l’éducation, la surveillance et le conseil. Au début L’entreprise a adapté ses programmes en fonction de son
des années 1990, l’entreprise s’est aperçue que cette politique
expérience ; elle a notamment amélioré les compétences des
n’était ni assez complète ni assez coordonnée et, en 1993, elle a éducateurs pour les pairs, des coordinateurs et des conseillers
mis fin au dépistage préalable à l’embauche, reconnaissant sa (qui soutiennent les employés vivant avec le VIH/SIDA) et ajouté
nature discriminatoire et irrationnelle (un premier résultat
des campagnes centrées sur le VIH/SIDA à ses programmes de
négatif ne signifie pas qu’une personne ne contractera pas le
formation et de mise au courant à l’entrée du service. Elle a
virus par la suite). En 1995, Eskom a pris conscience de la réelle aussi distribué des préservatifs au personnel et installé des
menace que représente le VIH/SIDA à la fois pour l’entreprise et distributeurs dans la plupart des toilettes.
pour ce qu’elle définit comme son plus grand atout, sa force de
travail, ceci dans le contexte d’une épidémie qui avait
D’autres initiatives visaient à étendre l’éducation en matière de
commencé au début des années 1990 en Afrique du Sud et
VIH/SIDA à la communauté élargie par le biais de talk-shows
dans laquelle les conséquences tangibles de la forte incidence
radiophoniques et télévisés, d’articles de presse et de
du VIH se manifestaient par les maladies associées au SIDA.
manifestations contre le VIH/SIDA pour le public (distribution
Poussée par cette première prise de conscience, elle a
de t-shirts portant l’engagement d’Eskom pour le partenariat
commandé une analyse d’impact du VIH/SIDA sur l’entreprise. contre le VIH/SIDA, paiement du transport des enfants des
Les projections (prévalence de 26% du VIH dans le personnel
écoles afin de leur permettre d’y assister, invitation des chefs
d’ici à 2005) l’ont décidée à déclarer le VIH/SIDA priorité
des gouvernements locaux et nationaux à y prononcer un
discours). Eskom a aussi accordé des subventions à diverses
stratégique.
ONG participant à l’éducation et aux soins en matière de
VIH/SIDA et, pour 1999-2001, a engagé 30 millions de rand
2. Riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
(environ 54,5 millions de dollars) dans la recherche d’un vaccin.
Pour s’attaquer au VIH/SIDA, Eskom a formé un comité
stratégique et un comité opérationnel. Le comité stratégique a • Surveillance des connaissances et des répercussions :
étudié l’impact de la maladie sur l’entreprise et les employés et L’expérience d’Eskom a montré qu’une information de qualité
mis au point des réponses stratégiques pour venir à bout de ces est essentielle pour “déclencher” l’action et pour riposter
efficacement au VIH/SIDA. L’étude d’impact initiale lancée en
répercussions. Le comité opérationnel a élaboré et mis en
œuvre les programmes d’éducation, de prévention et de soins. 1995 a fourni à la direction la preuve que le VIH/SIDA aurait des
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conséquences graves sur les activités d’Eskom. En 1999,
l’entreprise a commandé une analyse plus poussée des risques
liés au VIH/SIDA, basée sur des informations plus complètes,
telles que la nécessité de tenir compte de la démographie des
employés. Cette analyse a fait ressortir l’impact économique et
financier, notamment en termes de productivité, de perte de
personnel, de besoins de formation, de pensions et de coûts
médicaux. Elle constitue un important outil d’apprentissage.
Eskom a également lancé des études portant sur les
connaissances et les attitudes (80% de sensibilisation et de
connaissance) et une étude de surveillance du VIH/SIDA
volontaire et anonyme (prévalence du VIH inférieure aux 11%
projetés pour 1995), qui a fourni des données fiables
permettant de mieux mesurer les résultats des futures actions
et formations.
• Mise en commun des informations : Connaissant
l’importance de l’information, Eskom a pris les devants, aux
niveaux national et international, pour mettre en commun et
disséminer les données sur les programmes de lutte contre le
VIH/SIDA et pour conseiller le secteur privé, le secteur
gouvernemental et les ONG. Elle a commandé une étude sur
les expériences et les stratégies mises en œuvre sur le lieu de
travail dans plusieurs pays d’Afrique australe. Elle a aussi
facilité la création de la Coalition des entreprises sud-africaines
contre le VIH/SIDA (SABCOHA) dans le but d’associer les efforts
consentis par le secteur privé pour riposter à l’épidémie. La
SABCOHA met actuellement sur pied un centre de ressources
contre le VIH/SIDA sur le lieu de travail, qui doit servir de
centre d’information et de conseil pour les entreprises (voir
Profil 16).
• Partenariats pour l’action dans les communautés :
Eskom s’est aperçue que le comportement et le niveau de
connaissance des communautés locales et des sous-traitants
risquaient de compromettre les programmes contre le
VIH/SIDA destinés au personnel. L’entreprise a donc étendu ses
campagnes d’éducation et de prévention à ces groupes. Elle a
décidé de développer au maximum ses actions élargies aux
communautés locales par le biais de partenariats avec des
ONG, le gouvernement local, le secteur des mines et l’ONUSIDA.
Par exemple, Eskom est partenaire de l’ONUSIDA pour les
actions visant à changer les comportements et à réduire
l’ostracisme associé au VIH/SIDA par un plus grand engagement
des personnes vivant avec la maladie. Elle a passé des contrats
avec deux travailleurs de terrain vivant avec le VIH/SIDA afin
qu’ils se chargent de ce travail auprès des employés et de la
communauté élargie. Eskom est aussi l’un des plus importants
partenaires de deux autres compagnies minières dans le cadre
du Kriel Project, un projet d’éducation et de prévention destiné
aux professionnel(le)s du sexe, dont le rayon d’action et
l’impact devraient être améliorés et étendus (voir Profil 10).
3. Résultats et leçons
A la suite des récentes enquêtes et études, les mécanismes
permettant d’évaluer le succès de la riposte d’Eskom au
VIH/SIDA sont désormais en place. La prévalence inférieure au
taux initialement prévu et le haut niveau de sensibilisation et
de connaissance observé constituent quelques preuves de
l’efficacité des programmes d’éducation et de prévention. Les
autres succès constatés par Eskom sont le soutien et la
coopération de la direction, des employés et des syndicats ; la
quasi-absence de discrimination envers les travailleurs de
terrain vivant avec le VIH/SIDA ; et une plus grande volonté des
employés à demander des informations sur le risque qu’ils
courent et sur leur sérologie VIH. Pour Eskom, les avantages des
stratégies de prévention du VIH/SIDA l’emportent de loin sur le
coût d’une propagation non maîtrisée de la maladie sur le lieu
de travail et dans les communautés.
Le bilan complet entrepris par Eskom a permis de tirer de
nombreuses leçons en termes d’ingrédients de la réussite et de
recommandations pour une amélioration. En voici quelquesunes :
1. élaborer une politique en matière de VIH/SIDA qui
comporte clairement l’engagement de riposter à la maladie
d’une manière positive, solidaire, non discriminatoire et
confidentielle ;
2. lancer des actions en collaboration avec d’autres partenaires
issus du secteur public, du secteur privé et des ONG, afin de
favoriser et d’optimiser leur impact sur le VIH/SIDA sur le
lieu de travail et dans les communautés ;
3. organiser une éducation par les pairs reposant sur une
information précise, facile à comprendre et accessible ;
4. coordonner les systèmes de ressources et de référence pour
les ressources internes et communautaires ;
5. assurer la distribution de préservatifs de façon que ceux-ci
soient disponibles et accessibles ;
6. impliquer les personnes vivant avec le VIH/SIDA dans la
riposte à la maladie et assurer une éducation continue afin
de lutter contre l’ostracisme et la discrimination ;
7. confier à des organisations extérieures, à des psychologues
et à des conseillers pour les pairs le soutien et le conseil
pour les employés vivant avec le VIH/SIDA ;
8. s’assurer du leadership et de l’engagement du conseil
d’administration, ainsi que de sa compréhension de
l’impact du VIH/SIDA ;
9. prouver que les programmes de lutte contre le VIH/SIDA
apportent des avantages à l’entreprise et ont des
conséquences pour les ressources humaines ;
10. s’attacher le soutien des organisations professionnelles et
d’autres réseaux afin de créer un environnement favorable
à l’apprentissage ;
11. surveiller le VIH/SIDA, les infections opportunistes et les
programmes afin de riposter d’une manière plus efficace et
plus adaptée.
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Principale leçon : Action liée à l’activité principale d’une petite entreprise
ALMS, République tchèque
SITE WEB OFFRANT UN SERVICE D’INFORMATION SUR LA PREVENTION DU VIH/SIDA
12
● Description de l’entreprise :
Entreprise de technologie de l’information et de conseil en marketing,
orientée principalement vers le marketing et la publicité en ligne, les
projets dans le domaine de la communication et des relations
publiques, et la conception de sites web. Elle a pour clients aussi bien
des multinationales que des entreprises nationales tchèques.
● Nombre d’employés :
● Contact :
2 partenaires
Alexander Lichy – ALMS
Trnkova 1771
CZ-142 00 Prague 4-Krc
République tchèque
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+420 2 6171 0158
+420 2 6171 0158
[email protected]
1. Motifs d’action
ALMS voulait lancer un projet lui permettant de participer à la
prévention du VIH/SIDA en République tchèque, car elle s’était
rendu compte qu’elle pouvait utiliser les pratiques et les
compétences liées à son activité principale, la technologie de
la communication et la gestion de projets. Etant donné que la
moitié des gens qui sont infectés par le VIH le sont avant l’âge
de 25 ans, ALMS a compris qu’étant une entreprise orientée
vers Internet, elle avait le pouvoir de toucher les jeunes,
grands utilisateurs de ce média. Elle s’est aussi aperçue que les
initiatives de ce type sur Internet étaient quasi inexistantes en
langue tchèque et qu’il existait donc une réelle demande.
2. La riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
En 1998, ALMS a créé un site web d’information consacré au
VIH/SIDA, “AIDS Server” (Serveur SIDA), en coopération avec
Nadace pro zivot (Fondation pour la vie), une ONG tchèque
ayant de l’expérience dans la prévention du VIH/SIDA, la Third
School of Medicine et l’Institut national de la santé. Le but
premier du site était d’être un outil accessible, de bon rapport
coût-efficacité, qui puisse donner aux jeunes des informations
adaptées sur l’éducation et la prévention en matière de SIDA.
Ce site web (http://aids.alms.cz) a été inauguré en juillet 1998
et 100 000 copies d’un CD-ROM contenant une version en dur
du site ont été distribuées dans toute la République tchèque.
Régulièrement mis à jour, il contient :
• la version tchèque en ligne du livre “SIDA, faits, espoirs”, un
guide complet sur le virus et les mesures préventives ;
70
• une salle virtuelle de consultation en ligne,
tenant lieu de structure anonyme de questionsréponses, où les conseils sont donnés par des
spécialistes partenaires du projet issus
d’établissements médicaux ;
• des informations sur les ouvrages et les
statistiques utiles en matière de VIH/SIDA, les
services nationaux de prise en charge et de
dépistage de la maladie, d’autres ressources en
ligne et sites web sur le sujet, et un service de
surveillance des médias nationaux ;
• le compte rendu des activités de la fondation
Nadace pro zivot ;
• un questionnaire en ligne permettant de
dresser la carte des opinions et du
comportement des visiteurs du site.
Le coût total, lié aux frais de soutien, d’innovation et
d’entretien, a été en 1999 d’environ 180 000 couronnes
tchèques (environ 45 000 dollars), sur lesquelles 48 450 ont été
fournies par l’ONG Nadace pro zivot. Un certain nombre de
fournisseurs de contenus Internet ont offert une assistance pro
bono par des campagnes publicitaires en ligne.
3. Résultats et leçons
La fréquentation du site “AIDS Server” est surveillée : l’intérêt
est régulier et stable. Les visiteurs sont de plus en plus
nombreux sur sa partie interactive, notamment la salle de
consultation virtuelle en ligne, et le nombre de questions
posées augmente.
ALMS a été particulièrement félicitée pour son projet : le
prestigieux magazine économique tchèque Profit l’a désignée
comme étant l’un des meilleurs projets Internet tchèques. Le
Conseil mondial des entreprises sur le VIH & le SIDA lui a
décerné le Prix d’Excellence de la lutte des entreprises contre
le VIH/SIDA, ce qui lui a valu une importante publicité et une
reconnaissance de son travail dans le monde entier. Alexander
Lichy, partenaire d’ALMS, attribue le succès de ce projet au fait
qu’il a mis en rapport l’activité principale et le savoir-faire
technique de l’entreprise (technologie de l’information,
relations publiques et gestion de projets) avec les besoins du
public cible.
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Principale leçon : Innovation par une petite entreprise (fournisseur)
Teddy Exports, Inde
CAMPAGNES D’EDUCATION SUR LE LIEU DE TRAVAIL ET DANS LES COMMUNAUTES LOCALES
13
● Description de l’entreprise :
Teddy Exports est une société d’export rattachée au commerce équitable, explicitement engagée dans le développement
social et économique, dont le chiffre d’affaires annuel est d’environ 2,5 millions de dollars (1998/99). L’entreprise produit
et exporte dans le monde entier toute une gamme d’articles artisanaux traditionnels de grande qualité, en bois et en
textile, qu’elle vend à des partenaires commerciaux tels que The Body Shop International et British Airways. En 1992,
Teddy Exports a créé le Teddy Trust, dans lequel elle transfère 50% de ses bénéfices pour l’aide sociale à la communauté.
● Nombre d’employés :
● Contact :
287
Amanda Murphy MBE
Teddy Exports
Tenkasi Road, Alampatti (P.O)
Tirumangalam – 625 706
Madurai District, Tamil Nadu
Inde
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+91 4549 20178
+91 4549 20674
[email protected]
1. Motifs d’action
La société Teddy Exports est engagée dans l’assistance aux
laissés-pour-compte de la société, notamment aux
personnes vivant avec le VIH/SIDA, et dans la création
d’emplois à leur intention. Elle est installée dans le Tamil
Nadu, en Inde, l’un des districts ayant les taux les plus
élevés d’infection par le VIH. Celle-ci a pour principale
origine les professionnel(le)s du sexe, dont environ un tiers
sont VIH-positifs. Teddy Exports cherchait des moyens
créatifs bon marché pour éduquer ces groupes à haut
risque et les communautés locales, en majorité illettrées.
Au début des années 1990, il y avait très peu de fonds
disponibles pour les activités d’éducation et de prévention
en matière de VIH/SIDA, et pratiquement pas de structures
de soins pour les gens vivant avec la maladie et leur
famille.
trouver de travail. Les projets et les matériaux novateurs
élaborés par Teddy Exports ont été mis en commun avec les
projets de The Body Shop International Community Trade.
Le Teddy Trust a servi d’intermédiaire pour l’engagement de
longue haleine de Teddy Exports contre le VIH/SIDA au-delà
du lieu de travail. L’entreprise a ainsi pu lancer des
programmes complets et novateurs de lutte contre le
VIH/SIDA, comprenant des campagnes d’éducation et de
prévention, la fourniture de soins et le soutien financier
d’ONG. Ces programmes étaient constitués de différents
projets :
• Le AIDS Awareness Project (Projet de sensibilisation au
SIDA) : Les campagnes de sensibilisation au VIH/SIDA
visaient d’une part les villages locaux, où elles faisaient
appel à du théâtre de rue et à des marionnettes pour
transmettre le message aux habitants, en majorité
illettrés, et d’autre part plus de 100 écoles et universités.
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
71
suite
2. Riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
Grâce à ses relations commerciales avec The Body Shop
International, Teddy Exports a bénéficié d’une assistance
• Le Healthy Highway Project (Projet Autoroute de la
technique qui lui a permis de mettre sur pied un
santé) : Deux “truckers booths” (cabanes de
programme de lutte contre le VIH/SIDA sur le lieu de travail.
camionneurs) sur l’autoroute principale menant vers
Ce programme comprenait des soins médicaux gratuits, une
l’Inde du Sud et une autre dans une raffinerie de pétrole
assurance sur la vie, des pensions et une politique non
à Manille proposent à plus de 80 000 chauffeurs routiers
discriminatoire, consistant à recruter activement les gens
(importants vecteurs du VIH) une information et une
vivant avec le VIH/SIDA qui autrement ne pourraient pas
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prévention en matière de VIH/SIDA par le biais de
spectacles de rue, de diaporamas, de prospectus,
d’autocollants et de distribution de préservatifs. Les
spectacles de rue et l’anonymat de l’assistance
encouragent les camionneurs à demander, pour un prix
minime, traitement et conseil. Ce travail a été reconnu
comme modèle de bonnes pratiques par le Department
for International Development, UK (Agence britannique
pour le Développement international), qui fournit
maintenant des fonds au Teddy Trust afin qu’il étende
son travail à d’autres régions du district de Madurai.
• Le Women in Prostitution Project (Projet Femmes
prostituées) : Activités de sensibilisation, d’assistance
médicale et de conseil en matière de VIH/SIDA, destinées
aux professionnelles du sexe dans le sud du district de
Madurai et organisées par des éducateurs pour les pairs.
Toute l’équipe féminine du projet travaille avec un
réseau de professionnelles du sexe, des maisons de
passe, des proxénètes et leurs clients pour promouvoir
l’utilisation de préservatifs, par le biais d’idées
éducatives et novatrices sur le port de préservatifs par
les professionnelles du sexe.
• Fourniture de médicaments antirétroviraux : En
collaboration avec la Faculté de médecine de Chennai,
Teddy Exports procure de l’AZT/3TC à 17 patients atteints
de VIH/SIDA dans un centre de soins de jour.
3. Résultats et leçons
Les projets d’éducation, de prévention et de soins sont
suivis sur un rythme mensuel et les leçons tirées des
programmes de formation et de conseil utilisées pour
améliorer constamment l’efficacité des projets.
Contrairement à la plupart des entreprises, qui ne seraient
pas prêtes à accorder un tel pourcentage de leurs ressources
aux projets à assise communautaire, Teddy Exports se
caractérise par sa volonté de lancer des initiatives qui se
basent sur des outils créatifs bon marché pour assurer leur
durabilité et leur reproductibilité (elle a, par exemple,
utilisé des produits recyclés comme matériaux éducatifs).
Teddy Exports et Amanda Murphy ont reçu, en Inde et au
Royaume-Uni, plusieurs récompenses pour leur travail sur
le VIH/SIDA en Inde, qui leur assurent une très bonne
réputation internationale, nationale et locale.
C’est une reconnaissance de l’extraordinaire dévouement et
de la merveilleuse ingéniosité dont ont fait preuve cette
entreprise et son personnel.
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Principale leçon : Partenariats multisectoriels
Bristol-Myers Squibb Company, Etats-Unis d’Amérique
SOINS ET SOUTIEN AUX FEMMES ET AUX ENFANTS VIVANT AVEC LE VIH/SIDA
14
● Description de l’entreprise :
Bristol-Myers Squibb est l’une des premières compagnies pharmaceutiques du monde. Ses principaux domaines d’activité
sont les soins de beauté, les produits nutritionnels, les dispositifs médicaux et les médicaments (notamment contre le
VIH/SIDA). En 1999, son revenu dépassait 20 milliards de dollars, avec environ 37% de ventes à l’extérieur des Etats-Unis.
L’entreprise déploie ses activités dans plus de 60 pays du monde.
● Nombre d’employés :
● Contact :
54 000
Amadou Diarra
Director, Operations Planning International
Bristol-Myers Squibb Company
345 Park Avenue
New York
NY 10154
Etats-Unis d’Amérique
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+1 609 252 5908
+1 609 252 7356
[email protected]
1. Motifs d’action
Leader mondial dans la découverte et le développement de
traitements contre le VIH/SIDA, Bristol-Myers Squibb
cherche activement à participer à la solution en apportant
soins et soutien aux patients du monde entier. D’importants
progrès ont été réalisés dans le traitement du VIH/SIDA
dans les pays industrialisés, mais 95% des personnes
infectées vivent dans le monde en développement.
L’entreprise a voulu répondre au défi du Secrétaire général
des Nations Unies, Kofi Annan : apporter une contribution
significative en s’attaquant au VIH/SIDA en Afrique. BristolMyers Squibb se rend compte que la pandémie est trop
importante pour l’ignorer et trop complexe pour que
quelqu’un résolve seul le problème ; elle doit être
combattue par des partenariats public-privé. L’entreprise a
également pris conscience de la vulnérabilité particulière
des femmes au VIH/SIDA, liée à leur moindre pouvoir dans
les négociations économiques, politiques et sexuelles.
L’impact sur les enfants, en particulier par la perte de leurs
parents à la suite de la maladie, constitue pour elle une
autre priorité.
“Secure the Future” est un partenariat public-privé que des
experts en santé locaux ont mis sur pied afin de proposer
des solutions durables aux défis locaux. Il rassemble de
nombreux experts internationaux et locaux issus des
gouvernements locaux, de l’ONUSIDA, du Harvard AIDS
Institute, du Baylor College of Medicine, d’institutions et de
communautés religieuses, dans le but de développer des
modèles novateurs, de bon rapport coût-efficacité et
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
suite
2. Riposte de l’entreprise au VIH/SIDA
Bristol-Myers Squibb est responsable depuis de nombreuses
années d’une importante activité contre le VIH/SIDA au
niveau mondial, dans les domaines de l’éducation des
patients, de la recherche clinique et de la formation de
prestataires de santé, en collaboration avec le secteur
public, les ONG et les établissements universitaires. En mai
1999, l’entreprise a lancé “Secure the Future” (Assurer
l’avenir), un programme dans lequel elle a engagé 100
millions de dollars sur 5 ans et qui doit fournir des
subventions pour la recherche et l’éducation médicales,
l’éducation des communautés et les actions de proximité,
ainsi que le développement d’un potentiel d’action
permettant de lancer des programmes modèles novateurs
et durables destinés aux femmes et aux enfants touchés par
le VIH. L’initiative vise notamment cinq pays d’Afrique
australe : Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Namibie et
Swaziland. Les subventions sont attribuées par un conseil
consultatif indépendant, constitué d’experts africains et
internationaux en matière de VIH/SIDA qui assurent la
supervision et la direction de la politique.
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• Le Public Health Fellow Programme a été organisé par
l’Ecole nationale de santé publique de la Faculté de
médecine d’Afrique du Sud, afin de donner à 250
professionnels de la santé une formation en
programmation, planification et évaluation des
programmes à assise communautaire. Il a été créé pour
répondre en partie aux besoins de développement d’un
potentiel d’action en matière d’élargissement aux
communautés des activités de proximité et d’éducation.
3. Résultats et leçons
L’importance des partenariats dans les activités de “Secure
the Future” est évidente. Du fait que l’initiative s’attaque
à la pandémie en accord avec les politiques des
gouvernements locaux contre le VIH/SIDA, les programmes
en question pourront être financés après examen par les
autorités sanitaires, les institutions de contrôle par les pairs
et un comité consultatif indépendant. Les collaborations
internationales, qui permettent de mettre en commun
expériences et technologies, comptent parmi les facteurs
clés du programme. L’initiative est un processus
d’apprentissage du partenariat en riposte au VIH/SIDA, qui
nécessite de nouvelles compétences et méthodes de travail,
comme l’a déclaré Amadou Diarra, directeur chez BristolMyers Squibb :
• Le Botswana Christian AIDS Intervention Programme
(BOCAIP) est un programme spécial de soutien
psychosocial et spirituel aux individus et aux familles
infectés et affectés, mis en œuvre dans le cadre des soins
à domicile.
“Les partenariats public-privé sont nouveaux. Ils obligent à
développer une culture de fonctionnement différente et à
créer la confiance. Ces partenariats exigent de l’ouverture, de
la patience et un engagement sans répit de chaque
partenaire.”
durables, qui permettent de s’attaquer au VIH/SIDA dans les
dispensaires et les communautés.
En un an, “Secure the Future” a lancé 17 projets pour un
montant total de 24 millions de dollars, parmi lesquels :
• Les Cabrini Sisters/Sisters of Mercy, de l’Université de
l’Illinois, et le Ministère de la Santé du Swaziland ont
constitué une équipe chargée d’élaborer un programme
modèle qui permettra de former 2500 travailleurs de
santé ruraux constituant la première ligne de soins.
La subvention, soit 860 000 dollars, provient en partie
(200 000 dollars) des Cabrini Sisters.
• L’AIDS Foundation a obtenu une subvention pour un
programme coordonné d’actions en faveur des orphelins
de la province du KwaZulu-Natal. Le programme
évaluera diverses approches afin de mettre au point un
apprentissage des compétences psychosociales destiné
aux enfants affectés et infectés.
• La Harvard AIDS Foundation et le Princess Marina
Hospital ont créé un laboratoire de référence pionnier
au Botswana. Ce laboratoire permettra de développer
considérablement les infrastructures et la formation des
professionnels de santé dans le domaine des essais
cliniques, du diagnostic et du suivi des patients. Le
projet comportera également la toute première étude
des systèmes de résistance du VIH-1C, une souche de
VIH.
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Principale leçon : Prévention et sensibilisation par le biais du partenariat
The Shell Company of Thailand, Thaïlande
PROJET D’EDUCATION PAR LES PAIRS AUX STATIONS-SERVICE
15
● Description de l’entreprise :
The Shell Company of Thailand, filiale du groupe Royal Dutch/Shell, commercialise en Thaïlande des produits pétroliers
sous la marque Shell. L’entreprise exploite, dans l’ensemble du pays, environ 800 stations-service et boutiques.
● Nombre d’employés :
● Contact :
780
Ms. Pissmai Khanobdee
The Shell Company of Thailand
10 Soonthornkosa Road
Klongtoey, Bangkok
Thaïlande
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+66 2 262 6606
+66 2 249 3700
[email protected]
1. Motifs d’action
The Shell Company of Thailand a pris conscience de
l’importance d’une riposte au VIH/SIDA dès 1992.
Confrontée à la propagation mondiale de la maladie et à
l’épidémie relativement précoce en Thaïlande, l’entreprise
s’est rendu compte que l’impact sur ses marchés
commerciaux l’obligeait à réagir. Elle estime que les
investissements dans la prévention du VIH/SIDA optimisent
les chances de réussite commerciale, qui est tributaire de la
santé de la société. Selon les principes des entreprises,
celles-ci sont responsables de leurs clients, de leurs
employés et de la société, et doivent donc préserver la
santé de toutes les parties prenantes.
2. Réponse de l’entreprise au VIH/SIDA
En 1992, The Shell Company of Thailand a établi une
politique de lutte contre le VIH/SIDA complète et non
discriminatoire, qui faisait partie d’une approche politique
beaucoup plus large de la santé au travail. Sa politique de
lutte contre le VIH/SIDA comprend des services de conseil et
des fournitures médicales, ainsi qu’une sensibilisation et
une éducation en matière de VIH/SIDA. L’éducation,
proposée à tous les nouveaux membres du personnel, fait
partie de ses activités régulières tout au long de l’année.
Le programme de formation du PEPP, élaboré par le
Program for Appropriate Technology in Health (PATH),
donne des informations sur la planification familiale, les
MST, l’éducation et la prévention en matière de VIH/SIDA,
ainsi que sur la consommation de drogues. Les éducateurs
pour les pairs reçoivent des informations, du matériel
pédagogique et des outils de communication destinés à
faciliter leur rôle, qui consiste à tenter de corriger les idées
fausses et l’ignorance chez les pompistes. Ils doivent
élaborer eux-mêmes leur plan d’action, ce qui permet
d’entretenir leur dynamisme et leur intérêt. La TBCA les
aide à organiser des concours et des expositions dans les
stations Shell, ainsi qu’une réunion régionale.
3. Résultats et leçons
Afin qu’ils aient les moyens de contrôler l’efficacité du
programme PEPP, tous les éducateurs pour les pairs ont
reçu une formation sur la nécessité de faire des comptes
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
suite
En 1997, The Shell Company of Thailand est entrée en
partenariat avec la Coalition des entreprises thaïlandaises
contre le VIH/SIDA (TBCA) et le Fonds des Nations Unies
pour l’Enfance (UNICEF) afin de lancer dans ses stationsservice le Peer Education at the Pump Project (PEPP – Projet
d’éducation par les pairs aux stations-service). Ce projet
avait pour objectif de dispenser une éducation en matière
de VIH/SIDA aux pompistes de 75 stations Shell de Bangkok
et de Chiang Mai. La majorité des pompistes étaient jeunes
et considérés comme des groupes à haut risque en raison
de leur tendance à se livrer au commerce du sexe et de leur
mobilité. Certains ont été sélectionnés comme éducateurs
pour les pairs, généralement parmi les responsables de
station et les caissiers, ce qui garantissait une plus grande
durabilité en raison du renouvellement moins rapide de ce
groupe.
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rendus et sur les techniques de collecte de données, tandis
que les coordinateurs du projet TBCA suivent l’évolution en
rendant visite aux stations-service à intervalles réguliers. Ce
programme PEPP a eu suffisamment de succès pour inciter
d’autres compagnies pétrolières à le reproduire dans leurs
propres stations-services. Il est en outre fort probable que
les avantages de la formation des pompistes s’étendront à
un public beaucoup plus large, car les stations-services sont
souvent des points focaux où les professionnel(le)s du sexe
entrent en contact avec leurs clients, notamment les
camionneurs, qui peuvent être des vecteurs majeurs du
VIH/SIDA.
The Shell Company of Thailand a pu constater en outre les
avantages de l’éducation en matière de VIH/SIDA sur le lieu
de travail (notamment, pour le personnel, amélioration et
maintien du moral et de la productivité), alors que
l’inaction aurait pu avoir de graves conséquences pour ses
activités commerciales.
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Principale leçon : Collaboration entre entreprises
Coalitions d’entreprises contre le VIH/SIDA, ensemble du monde
SENSIBILISATION ET ACTION CONCERTEES
16
● Description des entreprises :
Les coalitions d’entreprises qui se sont réunies de manière spécifique autour du VIH/SIDA ont pris différentes formes et
structures. Certaines sont des partenariats informels, d’autres des ONG déclarées avec des droits d’adhésion. Il n’est pas
possible de dire quelles sont les plus efficaces, car chacune est structurée et agit conformément à ses attributions et à des
niveaux différents (local, national et international).
● Contact :
Julian Hussey
Secretariat
Global Business Council on HIV & AIDS
New City Cloisters, 196 Old Street
Londres EC1V 9FR
Royaume-Uni
● Tél :
● Fax :
● Mél :
+44 1225 404 964
+44 1225 404 964
[email protected]
1. INTERNATIONAL – Conseil mondial des entreprises
sur le VIH & le SIDA (GBC)
Le Conseil mondial des entreprises sur le VIH & le SIDA,
fondé en 1997, est une organisation de sensibilisation des
pairs qui cherche à intensifier et à améliorer l’engagement
du secteur privé dans la riposte à la maladie. Ses membres
sont des chefs d’entreprises qui ont fait preuve d’un
engagement actif et visible contre l’épidémie. Récemment,
la place et le rôle du GBC dans l’arène internationale de la
lutte contre le VIH/SIDA ont pris une plus grande ampleur. Il
a notamment été reconnu par la branche “secteur privé” du
Partenariat international contre le SIDA en Afrique, qui le
considère, au niveau international, comme l’un des
instruments les plus importants dans la mobilisation des
entreprises.
3. NATIONAL (dirigé par les entreprises) – Coalition des
entreprises sud-africaines contre le VIH/SIDA (SABCOHA)
La SABCOHA est une coalition d’entreprises nationales et
internationales qui incite le monde des affaires d’Afrique du
Sud à riposter de manière plus vigoureuse et plus
coordonnée au VIH/SIDA. La Coalition s’est récemment
implantée grâce à des mesures pratiques visant à faciliter
l’accès aux informations sur les entreprises et sur le
VIH/SIDA. Elle met actuellement sur pied le “AidsOnline
Knowledge Centre”, qui comprendra une banque
d’informations et de ressources basée sur un site web et qui
rassemblera des informations sur le VIH/SIDA, l’analyse
d’impact sur les entreprises, les implications juridiques et
des études de cas de bonnes pratiques.
4. NATIONAL (ONG) – Coalition des entreprises
thaïlandaises contre le SIDA (TBCA)
La TBCA est une ONG à laquelle les entreprises peuvent
adhérer en s’acquittant d’un droit et qui a pour objectif
d’assurer le leadership dans la riposte au VIH/SIDA en
Thaïlande. Elle comprend plus de 80 membres issus de
divers secteurs. En fonction de leur degré de participation
(sur la base des droits payés), elle aide ses membres à
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
suite
2. RÉGIONAL – Réseau européen SIDA et Entreprise
(RESE)
Le Réseau européen SIDA et Entreprise, fondé en 1997, est
une initiative de la Commission européenne dont l’objectif
est de soutenir les entreprises de l’Union européenne qui
cherchent à mettre en place des actions positives contre le
VIH/SIDA sur le lieu de travail. La Commission européenne
et de grandes entreprises européennes assurent le soutien
financier. Le réseau met à disposition des informations et
du savoir-faire en matière de SIDA et de VIH via des centres
nationaux de coordination, qui aident les entreprises à
répondre aux besoins des employés vivant avec le VIH/SIDA
et à lutter contre la discrimination envers eux. Ses actions,
qui portent principalement sur l’éducation et la publicité,
cherchent à améliorer la technicité et le ciblage des
méthodes de prise en charge de la maladie.
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mettre en œuvre des programmes efficaces de prévention et
d’autres services. L’organisation, qui fonctionne aussi
comme centre de ressources et de conseil, propose une
éducation sur mesure dans le domaine des affaires et du
VIH/SIDA, ainsi qu’un programme d’études en matière de
prévention destiné aux chefs d’entreprises.
5. MISE EN COMMUN D’INFORMATIONS ET D’OUTILS –
Business Exchange on AIDS and Development (BEAD)
Le BEAD est un réseau mondial constitué d’entreprises,
d’ONG, d’établissements universitaires et d’organisations
intergouvernementales qui se préoccupent des
répercussions des maladies, notamment du VIH/SIDA, sur le
secteur privé des pays en développement. Il lance des
initiatives pour lutter contre les répercussions sur le
financement et l’organisation des entreprises. Il a
notamment produit à l’intention de ces dernières un guide
préparé par certains de ses membres, qui porte sur la façon
de surveiller, de minimiser et de prendre en charge l’impact
et la propagation des maladies, en particulier du VIH/SIDA.
Il met actuellement au point un système de contrôle et
d’information destiné à aider les entreprises à établir les
profils précis de leur main-d’œuvre et/ou de la maladie.
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Principale leçon : Partenariat entre organisations non gouvernementales et entreprises
Alliance internationale contre le VIH/SIDA
PARTENARIATS ENTRE ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES ET ENTREPRISES
● Description de l’organisation :
L’Alliance internationale contre le VIH/SIDA (Alliance) est une organisation non
gouvernementale créée en 1993 pour soutenir l’action des communautés
contre le VIH/SIDA dans les pays en développement. L’Alliance propose un
soutien technique, financier et administratif à des partenaires qu’elle appelle
“organismes de liaison”. Ceux-ci sont des programmes de soutien aux ONG mis
sur pied dans 13 pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Ils catalysent et
soutiennent les ONG locales et les actions des communautés contre le VIH/SIDA.
● Nombre d’employés :
● Contact :
32
Nicky Davies
International HIV/AIDS Alliance
2 Pentonville Road
Londres N1 9HF
i. Levi Strauss Levi Strauss a été l’un
des premiers sympathisants de
l’Alliance et, à ce titre, lui a accordé de
petites subventions destinées à couvrir
ses principaux frais, tels que ceux
nécessaires pour produire des
publications dans le cadre de
programmes plus larges de soutien
aux organisations de prise en charge
SIDA.
Motivation de l’Alliance : accès aux
ressources financières et possibilité
d’influencer positivement les autres
subventions de Levi Strauss.
17
Royaume-Uni
● Tél :
● Fax :
● Mél :
ii. Glaxo Wellcome Autre
sympathisant de l’Alliance dès sa
création, le programme “Action
[email protected]
positive” de Glaxo Wellcome et
l’Alliance ont lancé en 1997 un programme de trois ans en
1. Motifs d’action
Depuis sa création, l’Alliance croit dans l’approche basée sur partenariat, dénommé “Community Lessons, Global
Learning” (CLGL – Leçons pour la communauté,
les partenariats, dans la valeur des alliances stratégiques
apprentissage pour le monde). L’objectif du programme
authentiques et dans la nécessité de travailler ensemble
était de faire passer les leçons aux ONG et aux autres
pour réaliser ce qu’il est impossible de réaliser seul. Elle
secteurs dans les pays en développement, aussi bien au
considère le secteur privé comme un élément essentiel de
niveau national que d’un continent à l’autre. Ses trois
cette approche multipartite, au même titre que n’importe
thèmes étaient “aller au-delà de la sensibilisation”, “soins et
quel autre secteur, apportant ses propres avantages et
soutien aux communautés” et “amplification du
difficultés. Pour différentes raisons, elle le voit comme un
programme” (couverture, impact et durabilité).
élément clé de la société : elle a accès à un grand nombre
de personnes dans le monde entier par le biais de sa maind’œuvre, elle dispose de ressources financières et en nature Motivation de l’Alliance : accès aux ressources financières
et en nature, meilleure connaissance de l’industrie
utiles, et son influence politique peut être considérable.
pharmaceutique et du secteur privé, accès aux décideurs et
La collaboration avec les entreprises aide l’Alliance
mise en commun de l’information.
directement en lui fournissant des ressources et, de plus,
lui permet d’accéder aux décideurs qui attribuent des
iii. Organismes de liaison Suivant la même approche que
ressources à d’autres ONG, s’occupent des questions d’aide
sociale des employés en rapport avec le VIH/SIDA et ont un son secrétariat, l’Alliance encourage et appuie
l’établissement de partenariats au niveau des pays entre ses
impact sur les politiques nationales.
organismes de liaison et les autres secteurs. Parmi les
nombreux exemples de ces partenariats, on trouve
2. Réponse du partenariat au VIH/SIDA
notamment des collaborations assez inhabituelles entre
Pendant ses sept années d’existence, l’Alliance a créé tout
un éventail de liens avec le secteur privé : soutien financier, ONG et entreprises (usines de vêtements au Bangladesh,
compagnies pétrolières en Equateur...). Ces relations
aide en nature, dialogue sur la politique et mise en
permettent aux organismes de liaison de fournir aux
commun de l’information, comme l’illustrent les quatre
entreprises des services adaptés et précieux quand ils
exemples ci-dessous.
+44 20 7841 3503
+44 20 7841 3501
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n’existent pas, tels que prévention et éducation en matière
de VIH sur le lieu de travail et services de lutte contre les
MST.
Motivation de l’Alliance : accès aux ressources financières
pour les organismes de liaison, accès à ceux qui ont une
puissante influence sur diverses politiques nationales,
possibilité d’améliorer la prévention et les soins en matière
de VIH/SIDA sur le lieu de travail.
iv. Conseil mondial des entreprises sur le VIH & le SIDA
En tant que membre du groupe consultatif de planification
du Conseil, l’Alliance offre gratuitement ses conseils sur la
collaboration entre entreprises et ONG et sur les problèmes
liés au VIH dans les pays en développement.
3. Résultats et leçons
L’expérience de l’Alliance a montré que les ONG ont un
intérêt légitime à travailler en partenariat avec les
entreprises, avec des avantages pour les deux parties. Ce
partenariat permet aux ONG d’accéder aux décideurs,
d’échanger des informations touchant divers problèmes,
notamment les politiques de lutte contre le VIH/SIDA sur le
lieu de travail, et de mettre en place des programmes
philanthropiques satisfaisants.
D’après l’expérience de l’Alliance, les problèmes liés au
risque que les préoccupations des entreprises aient un
impact sur celles d’une ONG ne sont pas plus réels qu’avec
n’importe quel autre donateur ; on peut les résoudre
efficacement en assurant une base de financement large et
diversifiée.
Motivation de l’Alliance : intensification et amélioration
de l’engagement des entreprises dans la riposte au
VIH/SIDA, meilleure compréhension par les entreprises du
rôle légitime des ONG et des avantages potentiels de la
collaboration avec elles, et amélioration de son image
publique sur la scène internationale.
L’Alliance a mis au point un module constitué d’un
ensemble d’activités participatives dont le but est de
faciliter l’établissement de partenariats efficaces avec
d’autres organisations. Elle a aussi élaboré un rapport sur
les politiques d’établissement de partenariats, qui
documente ses expériences en matière d’établissement de
partenariats durant les six dernières années. Ce rapport, qui
a pour objectif de faire connaître les leçons tirées et les
recommandations, est destiné aux organisations de soutien
des ONG, aux donateurs et aux décideurs.
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Le Programme commun des Nations Unies
sur le VIH/SIDA (ONUSIDA)
Le Conseil mondial des entreprises
sur le VIH & le SIDA
The Prince of Wales International
Business Leaders Forum (IBLF)
Le Programme commun des Nations Unies sur le
VIH/SIDA (ONUSIDA) a été créé en janvier 1996. L’ONUSIDA
rassemble le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
(UNICEF), le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour la
Population (FNUAP), le Programme des Nations Unies pour le
Contrôle international des Drogues (PNUCID), l’Organisation
internationale du Travail (OIT), l’Organisation des Nations
Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO),
l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Banque
mondiale. C’est le premier programme de ce type au sein du
système des Nations Unies : une petite initiative disposant de
grands moyens extra-institutionnels qui lui permettent, par
la création de partenariats stratégiques, de tirer parti de
ressources considérables et d’actions de grande envergure.
Le Conseil mondial des entreprises sur le VIH
& le SIDA (GBC) a été fondé pour intensifier et
améliorer la riposte des entreprises aux
problèmes posés par le VIH et le SIDA.
Reconnaissant qu’aucun secteur n’est capable de
se charger seul de cette tâche, un groupe de
chefs d’entreprises déjà actifs sur le terrain s’est
réuni en 1997 pour inciter les entreprises à agir,
dans la mesure du possible, en ajoutant et en
associant leurs efforts à ceux des organisations
gouvernementales et non gouvernementales.
The Prince of Wales International
Business Leaders Forum (IBLF) est une
organisation caritative internationale, fondée
en 1990 pour promouvoir les pratiques
commerciales socialement responsables qui
apportent des avantages aux entreprises et à
la société et contribuent à un développement
durable sur le plan social, économique et
environnemental. Le Forum, qui travaille avec
plus de 50 grandes multinationales, est actif
dans environ 30 économies émergentes ou en
transition.
Les organismes coparrainants de l’ONUSIDA se chargent de
missions complémentaires et disposent d’un savoir-faire
multisectoriel, allant de l’éducation au développement socioéconomique en passant par la santé reproductive des
femmes. Ils sont engagés dans des planifications et des
actions conjointes, qui donnent à l’ONUSIDA un “avantage
coopératif” se traduisant par une meilleure synergie et une
plus grande efficacité. Cette façon de procéder accroît
l’efficacité des actions de sensibilisation, optimise l’utilisation
des ressources des Nations Unies grâce au partage des coûts,
et coordonne le soutien de cet organisme aux programmes
nationaux et transnationaux de lutte contre le SIDA.
La mission de l’ONUSIDA est la suivante : « En tant que
principal ambassadeur de l’action mondiale contre le
VIH/SIDA, l’ONUSIDA a pour mission de conduire, renforcer
et soutenir une lutte élargie visant à prévenir la transmission
du VIH, à assurer les soins et le soutien nécessaires, à réduire
la vulnérabilité des individus et des communautés au
VIH/SIDA et à atténuer l’impact de l’épidémie. »
L’ONUSIDA accomplit sa mission selon les principes suivants :
• Engagement de longue haleine. Le VIH/SIDA exige une
réponse durable, à long terme, ce qui implique que les
individus et les communautés doivent être capables de
venir à bout des difficultés. L’ONUSIDA aide à renforcer
les moyens d’action nationaux, tant pour la prévention
et les soins que pour l’atténuation de l’impact.
•
•
Participation et partenariat. Le meilleur moyen de
parvenir à une riposte multisectorielle au VIH/SIDA est
un partenariat impliquant le secteur privé et les
organisations de la société civile.
Complémentarité. L’ONUSIDA s’efforce de faciliter les
initiatives et de combler les lacunes en matière d’action
et de recherche, ce qui évite à certains d’entreprendre ce
que d’autres peuvent faire ou sont peut-être déjà en
train de faire.
Selon ces mêmes principes, l’une des priorités majeures de
l’ONUSIDA est d’inciter le secteur privé à s’engager dans la
lutte contre la propagation du VIH/SIDA. A tous les niveaux,
les entreprises et les organisations commerciales ont intérêt
à combattre l’épidémie. Elles possèdent des ressources et des
talents irremplaçables, qui peuvent être mis à profit dans les
partenariats avec le secteur public et le secteur non
commercial. Leur contribution renforcera la riposte
mondiale au VIH/SIDA.
Les membres du Conseil représentent tout un
éventail de réponses des entreprises au VIH et au
SIDA, sur le lieu de travail, dans les
communautés les plus proches et au-delà. Ils
unissent leur voix afin d’encourager les autres à
suivre leur exemple et à constituer un point
central qui leur permettra de confronter leurs
expériences, de proposer des modèles de bonnes
pratiques et d’assurer la qualité du débat.
Par l’intermédiaire de ses partenaires et d’autres
organismes, y compris l’ONUSIDA, le Conseil
s’attaque aux plus grands défis posés par
l’épidémie, notamment en participant au
Programme international sur le SIDA en Afrique.
Le système de Prix du Conseil a déjà fait
connaître de nombreuses actions lancées par les
entreprises dans le monde entier, démontrant
qu’il n’y a pas de réelle limite à l’engagement et
à l’authenticité dont elles peuvent faire preuve
face à cette épidémie. Outre les réponses
individuelles, le Conseil préconise :
• le partenariat avec les associations de prise
en charge SIDA, les ONG et les organismes
gouvernementaux armés pour s’attaquer au
VIH
•
la mobilisation au niveau régional et
national par le biais de conseils et de
coalitions contre le VIH et le SIDA
•
la mise en commun avec les clients et les
fournisseurs, ainsi qu’avec les autres acteurs
du secteur, de toutes les approches du VIH.
Le Conseil cherche à donner aux entreprises
membres des occasions d’encourager ces activités
par des conférences et une couverture
médiatique, mais aussi en organisant ellesmêmes des réunions et des manifestations.
Parmi ses membres, il compte notamment
Bristol-Myers Squibb, Calvin Klein Inc, Casa Décor
Decorar, Edelman PR Worldwide, Eskom, Glaxo
Wellcome, Godrej & Boyce, Industries Villares,
Levi Strauss, Merck & Co, MTV Networks
International, Polaroid, SSL International,
Standard Chartered Bank, Telepar/Tele Centro Sul,
The Body Shop International et The Tata Iron &
Steel Company.
Centre d’Information
ONUSIDA
20 avenue Appia
CH-1211 Genève 27
Suisse
Secrétariat
Global Business Council on HIV & AIDS
1515 Broadway, 45th Floor
New York, NY 10036
USA
Tél : +41 22 791 3666
Fax : +41 22 791 4187
Mél : [email protected]
Site web : www.unaids.org
Tél : +1 212 846 5893
Fax : +1 212 846 1939
Mél : [email protected]
Site web : www.businessfightsaids.org
L’IBLF collabore de manière stratégique dans
l’ensemble du monde avec les principaux
responsables du secteur privé, de la société
civile et du secteur public, avec comme
objectifs :
•
•
•
d’encourager l’amélioration continue des
pratiques commerciales socialement
responsables dans tous les aspects des
activités des entreprises
de développer des partenariats
intersectoriels géographiques ou centrés
sur un thème afin d’agir efficacement sur
les problèmes sociaux, économiques et
environnementaux
de contribuer à créer un environnement
qui assure les conditions idéales au
développement des pratiques
commerciales socialement responsables et
des partenariats intersectoriels.
Depuis un certain nombre d’années, l’IBLF
participe aux efforts visant à encourager la
riposte des entreprises au VIH/SIDA en
partenariat avec le secteur privé et les
organisations gouvernementales,
intergouvernementales et non
gouvernementales. Il a notamment organisé,
en association avec l’ONUSIDA, une série
d’ateliers nationaux et régionaux à l’intention
des entreprises, avec pour objectif d’inciter les
dirigeants à étudier et à élaborer des actions
en partenariat contre le VIH/SIDA. Ces ateliers
se sont déroulés en Inde, au Bangladesh, en
Afrique du Sud et au Brésil (région de
Mecosur).
L’IBLF fait partie du Conseil mondial des
entreprises sur le VIH & le SIDA (GBC) depuis
sa création en 1997 ; il a joué un rôle actif au
sein du groupe de planification et dans les
activités de celui-ci. Le GBC est un ardent
défenseur de l’engagement du secteur privé
dans la lutte contre le VIH/SIDA. L’IBLF
souhaite continuer à le soutenir et à le
conseiller dans ce rôle de leadership.
Information Officer
The Prince of Wales International
Business Leaders Forum
15-16 Cornwall Terrace
Londres NW1 4QP
Royaume-Uni
Tél : +44 20 7467 3600
Fax : +44 20 7467 3610
Mél : [email protected]
Site web : www.iblf.org
RIPOSTE DES ENTREPRISES AU VIH/SIDA : Impact et leçons tireés
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020996_mise_fr
07.05.2002
11:03
Page 82
La propagation mondiale du VIH/SIDA, avec ses répercussions sur les entreprises et
leurs parties prenantes (force de travail, fournisseurs, communautés et population en
général), a mis en évidence la nécessité pressante de riposter à l’épidémie. Cette
publication, dont le but est d’aider le secteur privé et ses partenaires, présente leurs
raisons d’agir, donne des conseils et des informations, et tire les leçons des bonnes
pratiques mises en œuvre par les entreprises et les organisations du monde entier.
S’adressant aux lecteurs du domaine des affaires, du secteur public et des organismes
de la société civile, elle leur propose une étude sur la façon dont ils peuvent travailler
ensemble pour réussir des partenariats en riposte au VIH/SIDA.
“Comme le souligne cette publication,
“Cette publication trouvera de nombreux
aucune entreprise n’est à l’abri du
lecteurs tant dans le monde des affaires
SIDA. Mais le secteur privé est
que parmi les personnes qui s’occupent
particulièrement bien placé pour
du VIH au sein des gouvernements
riposter à l’épidémie, grâce à ses
et d’autres organismes. S’il vous plaît,
contacts avec les employés et avec
lisez-la en gardant à l’esprit qu’il nous
la communauté élargie du monde
faut travailler ensemble. Ce n’est
des affaires, ainsi qu’à la masse
qu’en associant nos efforts que nous
d’expériences et de compétences qu’il
parviendrons au succès ardemment
a accumulée. Ce rapport montre aussi
désiré par tous. Nous devons nous
que les entreprises ont un grand rôle
soutenir et nous comprendre
à jouer et que les effets positifs de
mutuellement : ce rapport est une
l’action dépassent largement le cadre
bonne occasion de commencer.”
du lieu de travail.”
Peter Piot
Directeur exécutif de l’ONUSIDA
James Wolfensohn
Président de la Banque mondiale
$ 15.00
Bill Roedy
Président de MTV Networks International
Président du Conseil mondial des
entreprises sur le VIH & le SIDA
Ambassadeur de l’ONUSIDA