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De la politique de la ville à la rénovation urbaine
Une politique née avec la décentralisation, qui en a fourni le mode d’emploi
• Un diagnostic territorial pour rapprocher les acteurs autour d’une lecture partagée des enjeux
• Une logique de projet, itératif et interactif, pour adapter en continu les politiques et les actions
• Un contrat pour institutionnaliser la coopération
renaud epstein – 14/1/2010 – [email protected]
Approche
Enjeu
Objectifs
Réalisations
Exemples
Quartier = problème
(concentration de
handicaps)
Réduction des
écarts (remise à
niveau du stock /
dilution par
les flux)
Renforcement des
services publics
et/ou
démolition
ZEP
PNRU
Communautarienne
« vive les quartiers
populaires »
Quartier = solution
(ressources
potentielles)
Reconnaissance et
empowerement
(renforcement des
capacités d’action
autonome des
individus et des
groupes)
Soutien aux
initiatives
individuelles et aux
mobilisations
collectives
Dispositifs
participatifs
Régies de quartier
Echanges des
savoirs
Cultures urbaines
Micro-crédit
Réformiste
« des laboratoires où
s’invente la ville de
demain »
Quartier = symptôme
(causes à l’échelle
de la ville)
Transformation
d’un système
générateur
d’exclusion
Expérimentations
intra et interinstitutionnelles
MJD / Police de
proximité
Lutte contre les
discriminations
Néo-conservatrice
« des quartiers aux
mains des caïds et
des barbus »
Quartier = menace
(communautarisme qui
sape les valeurs de la
République)
Exfiltration des
méritants, punition
des autres
Cordées de la
réussite
Busing
Prévention
situationnelle
Jacobine
« en finir avec les
ghettos »
Maintien de l’ordre
public et social
De la politique de la ville à la rénovation urbaine
Une politique née avec la décentralisation, qui en a fourni le mode d’emploi
• Un diagnostic territorial pour rapprocher les acteurs autour d’une lecture partagée des enjeux
• Une logique de projet, itératif et interactif, pour adapter en continu les politiques et les actions
• Un contrat pour institutionnaliser la coopération
La politique de la ville, de la marge à la norme
• 1980s : un modèle (prototype) construit aux marges de l’action publique
• 1990s : contamination réussie (extension géographique et thématique)
• 2000 : le triomphe du modèle (« Un territoire, un projet, un contrat »)
Une réforme radicale : la loi du 1er août 2003
• Renforcement des moyens et simplification administrative
• Une opération de design institutionnel
•
Redéfinition nationale du problème et des objectifs : ghettos / réduction des écarts
•
Resserrement opérationnel : démolition-reconstruction et dérogation
•
Recomposition du système d’acteurs : un opérateur (ANRU), un observateur (ONZUS), un leader
(le maire)
•
Renouvellement des instruments : du couple projet territorial - contrat global au couple appel à
projet national – programme sectoriel
• Une doctrine intangible : cohésion par la mixité sociale / intégration par la banalisation urbaine
De la politique de la ville à la rénovation urbaine
Comme les grands ensembles : la cohésion par la mixité sociale

Effet attendu :
mixité sociale
Démolitions de
logements sociaux
dans les ZUS

Impact escompté :
cohésion sociale




Diversification du
peuplement des
ZUS
Reconstruction de logements (locatif libre,
Attraction de populations
locatif social « haut de gamme »,
 moins défavorisées en
accession) dans les ZUS
ZUS


Mixité
sociale
Dissémination des
Reconstruction de logements sociaux hors
populations défavorisées

des ZUS
hors ZUS
Amélioration de la
réputation de quartiers
stigmatisés

Réduction de la charge
sociale pesant sur les
services publics

Amélioration de
l’efficacité des
services publics

Diffusion de
modèles positifs de
réussite sociale
Coprésence de groupes
sociaux différenciés

Réduction des
discriminations
Interactions de
voisinage


Insertion
sociale






Intégration des
normes
sociales
Développement des
liens sociaux


Cohésion
sociale
De la politique de la ville à la rénovation urbaine
Contre les grands ensembles : l’intégration par la banalisation urbaine
• La doctrine urbanistique du grand ensemble : uniformité interne et autonomie vis-à-vis de l’extérieur.
L’indifférenciation interne, au croisement d’une utopie sociale, de contraintes économiques et des
ressources techniques disponibles
•
L’isolement du reste de la ville : le coût du foncier, mais aussi la volonté de faire émerger dans un
même mouvement un nouveau cadre et un nouveau mode de vie.
•
• La doctrine de la rénovation urbaine : différenciation interne et intégration externe
•
•
Différenciation des formes urbaine et des produits logement, maillage viaire, résidentialisation : une
logique de banalisation pour restaurer l’attractivité des quartiers et faciliter leur gestion
Intégration dans les flux urbains (équipements, activités, trame viaire) : une logique de prévention
situationnelle
Une illustration des effets territoriaux des réformes néo-managériales

Conformation anticipée de la politique de la ville à « l’esprit de la LOLF » et à l’Acte II
• Un programme, un budget, une agence
• Le basculement dans l’ère de la « performance »: le pilotage par les indicateurs
• Les « projets des maires » ?

Redistribution des tâches
• Définition centralisée des finalités de l’action (programmes et indicateurs)
• Allocation concurrentielle des ressources nationales aux territoires (appels à projet)
• Responsabilité de l’élaboration et de la mise en œuvre des projets confiée aux maires, fermement
incités à respecter les engagements initiaux (non fongibilité, reporting, dégagement d’office)

Une nouvelle forme de « gouvernement à distance »
• Retrait de l’Etat hors de la cogestion locale (décroisement des compétences, RGPP)
• Retour du niveau central dans la définition du contenu des politiques locales
• Ni hiérarchie, ni négociation : des instruments soft de pilotage (appels à projet, « bonnes pratiques »,
benchmarking, audit…) qui incitent à la libre conformation de collectivités juridiquement autonomes
mais financièrement dépendantes
• Renvoi de la mise en cohérence entre programmes à la charge des élus locaux
Après la rénovation urbaine, quelles perspectives ?
 La mixité sociale n’est pas au rendez vous
•
•
•
•
Un renouvellement limité du parc
L’amélioration du cadre de vie ne suffit généralement pas à restaurer l’attractivité des quartiers
Deux priorités des politiques du logement en tension : droit au logement et mixité sociale
Des effets pervers

Départ des populations structurantes : évaporation et gestion des relogements

Fragmentations et micro-ségrégations : la mixité se réduit à la création d’enclaves moins
défavorisées dans des quartiers à la spécialisation (sociale et ethno-raciale) croissante
 Les effets sociaux limités de l’intervention urbaine
•
•
•
•
Des projets conçus pour les habitants actuels ou ceux que l’on veut attirer ?
Des projets élaborés sous pression, sans la participation des premiers concernés
L’accompagnement social ne produit pas de développement social
Une occasion ratée
 Quelles suites ?
• Des projets en retard : goulet d’étranglement du relogement ; gestion financière de l’ANRU
• Incertitude sur l’avenir : augmentation des coûts des opérations ; désengagement financier de
l’Etat & assèchement des ressources du 1% logement ; ANRU 2 ?
• Inventer de nouvelles perspectives, entre tentation de la fuite en avant (plus de moyens sans
débattre des fins) et du retour en arrière (effet cliquet)