Download Le Limousin, terre d`associations, La Montagne, 23 octobre 2013

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LA MONTAGNE MERCREDI 23 OCTOBRE 2013
Le fait du jour
Emploi
Entre 2000 et 2010, l’emploi associatif n’a
cessé de croître en Limousin avant de connaître
un coup d’arrêt en 2011. Il représente près de
12 % de l’emploi privé.
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Limousin
Un chiffre
62.000
L’estimation du
nombre de bénévoles
limousins qui interviennent au moins une
fois par semaine dans une association.
Bénévolat
Le bénévolat connaît non pas une crise mais
des évolutions importantes. Il n’y a pas moins
de bénévoles mais ceux-ci ont plus de mal à
prendre des responsabilités, notamment.
SOCIÉTÉ ■ Une enquête recense 15 à 17.000 structures qui créent de l’activité et des emplois dans la Région
Le Limousin, terre d’associations...
Une étude parue en
septembre dessine le
paysage associatif de la
région Limousin. Un travail
qui révèle son dynamisme
mais aussi les mutations
qu’il est en train de vivre.
è QUESTIONS À
Émilie Auffret
PATRICK LERESTEUX
[email protected]
A
ssociations riment avec
bénévolat mais aussi
avec emplois, dynamis­
me d’un territoire, en­
jeux économiques et sociaux.
L’étude menée par Recherches
& Solidar ités en partenariat
avec la Caisse des dépôts et
l’Association des régions de
France, parue en septembre,
dresse un portrait du Limousin
associatif sous tous les angles et
jauge le moral de ses responsa­
bles. Décryptage.
Les créations. De septembre
2012 à la fin août 2013, 748
associations ont été créées en
Limousin. Un chiffre qui reste
stable par rapport à l’année pré­
cédente mais qui est un peu en
deçà de la moyenne nationale.
La Haute­Vienne représente à
elle seule près de la moitié des
créations régionales, la Corrèze,
un tiers. C’est ce dernier dépar­
tement qui connaît la plus forte
progression par rapport à 2011­
2012. Même si la culture est le
domaine où il se monte le plus
de structures en Limousin ces
quatre dernières années, la pro­
portion de créations dans ce
secteur reste moins importante
qu’au niveau national. Toutefois
dans le sport, les loisirs ou en­
core l’économie, la région mon­
tre une plus grande vitalité de
créations qu’au niveau national.
Les emplois. L’enquête re­
cense 20.212 salariés asso­
ciatifs dans la région. Ce qui re­
présente 11,7 % des emplois au
sein du secteur privé. Une pro­
Président de la Conférence
permanente des coordinations
associatives en Limousin.
Constatez-vous une
évolution du bénévolat ?
On a beaucoup parlé de la
crise du bénévolat qui
s’apparente plutôt à une crise
de l’engagement bénévole. Ce
qui est difficile aujourd’hui,
c’est l’engagement dans la
durée. Pour entrer dans des
conseils d’administration ou
dans un bureau, les gens sont
plus réticents. L’engagement
est frappé par une position
plus individuelle voire
individualiste. C’est notamment
dû au fait qu’on attend des
associations des prestations de
plus en plus professionnelles.
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DANS QUEL BUT ? Au cours des quatre dernières années, les associations qui se sont créées en Limousin se consacrent
à la culture (21,1 %) en premier lieu, aux sports (19,4 %) ensuite, puis aux activités civiques, politique, d’entraide ou à
la préservation du patrimoine (17 %). PHOTO MONTAGE CHRISTELLE BOUYOUX
portion bien plus faible en Hau­
te­Vienne (10,7 %) qu’en Creuse
(16 %). Plus de 54 % de ces em­
plois relèvent du secteur social.
« De 2000 à 2010, l’emploi asso­
ciatif n’avait cessé de croître ré­
gulièrement d’année en année,
note Cécile Bazin, directrice de
l’association Recherches & soli­
darités. Mais il a plutôt fléchi en
2011 et se stabilise en 2012. Il
souffrait un peu moins que
l’emploi privé. Aujourd’hui, il
souffre plus que lui ». Depuis
2000, le secteur associatif a créé
plus de 3.000 emplois en Li­
mousin.
R & S, observatoire des solidarités
en France et en régions
L’association Recherches & Solidarités existe depuis 2008. Toutefois,
ses membres mènent des travaux
transversaux concernant les solidarités depuis 2004.
Présidée par Jacques Malet,
haut fonctionnaire et militant,
l’association mène et publie des
études sur le tissu associatif, le
bénévolat, les dons aux associa­
tions, les dons de sang ou enco­
re d’organes. Elle se base no­
tamment sur des données
officielles comme celles de
l’Urssaf, de la Mutualité sociale
agricole (MSA) en ce qui con­
cerne l’étude menée en Limou­
sin, ou encore des services fis­
caux. Elle est constituée de
quelques salariés, des collabora­
teurs ponctuels, des bénévoles,
d’un comité d’experts mais aus­
si de responsables de réseaux
associatifs. En Limousin, Alain
Détolle, le rédacteur en chef de
la revue mensuelle Associations
Mode d’emploi, dont le siège se
trouve en Creuse apporte son
concours aux études de R & S.
L’enquête menée en Limousin a
également été réalisée pour les
21 autres régions de France. ■
è Site.
Toutes les publications accessibles
sur www.recherches-solidarités.org.
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Les bénévoles. Selon des es­
timations prudentes, l’en­
quête révèle que la région pour­
rait comporter entre 15 à
17.000 associations en activité
et entre 156 et 170.000 bénévo­
les en 2013. Toutefois, « les as­
sociations doivent s’adapter à
de nouveaux comportements
des bénévoles, ajoute Cécile Ba­
zin. Ils sont plus nombreux
mais interviennent moins régu­
lièrement dans la structure à la­
quelle ils adhèrent ». Selon la
dernière enquête Ifop, la pro­
portion de bénévoles interve­
nant au moins une fois par se­
maine est passée de 55 à 44 %
depuis 2010.
Les responsables. Deux fois
par an, Recherches & Solida­
rités se tourne vers les respon­
sables des associations pour
établir une sorte de baromètre
de leur état d’esprit. « Ils sont
de plus en plus préoccupés par
le manque de moyens et par la
nécessité de s’adapter à un
comportement nouveau des bé­
névoles plus sensibles à la no­
tion d’épanouissement person­
nel. Mais les responsables ont
l’habitude de faire beaucoup
avec de moins en moins ». ■
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Ce dernier constat entraîne-t-il une professionnalisation du tissu associatif ?
Oui et non. Pour les
associations qui s’inscrivent
dans la durée, la question du
recrutement se pose à un
moment ou à un autre. D’un
autre côté, il y a aussi de
petites structures, souvent au
profil militant, qui arrive à
fonctionner exclusivement sur
le bénévolat.
Le tissu associatif limousin
a-t-il une particularité ?
Oui, le réseau limousin est
présent, actif et diversifié en
milieu rural. Sur ce point, nous
sommes au-dessus de la
moyenne nationale.
Par Émilie Auffret
« Bénévolat n’est pas amateurisme »
Thierry Morlet préside une association emblématique briviste : le
Centre culturel, créé dans les années 1950.
Pour lui, la hausse du nombre
d’emplois du tissu associatif est
intimement liée aux différentes
politiques d’emplois aidés. « Ils
ont permis à des structures es­
sentiellement portées par des
bénévoles de se professionnali­
ser. Aujourd’hui, on ne peut pas
définir un projet culturel ou so­
cioculturel sans professionnel ».
Toutefois, il tempère quelque
peu ces propos. « Le lien entre
les permanents et les bénévoles
fait la richesse du milieu asso­
ciatif. Si cette richesse ne nous
CENTRE CULTUREL. Thierry Morlet.
PHOTO MALIKA TURIN
intéresse pas, on crée une en­
treprise ».
Le centre culturel de Br ive
compte une cinquantaine de
bénévoles actifs et une dizaine
de salariés et touche de près ou
de loin près de 2.000 habitants
de la ville. « La quasi totalité de
nos ateliers est encadrée par
des bénévoles. Mais bénévolat
ne veut pas dire amateurisme »,
insiste­t­il.
Toutefois Thierry Morlet est
conscient que le bénévolat est
aujourd’hui davantage dicté par
les aspirations individuelles.
« On fonctionne plus en tribu
mais l’enjeu de créer du lien
reste intact ». ■
Correze