Download Libre Cours 64

Transcript
INTERNATIONAL
Droit des nouvelles
technologies
La Chine s’informe
à Namur
CULTURE &
ENSEIGNEMENT
Quand le droit
se penche sur
le trouble mental
90 jours
Le professeur Jean-Pol
Vigneron (Département
de physique) entre
à l’Académie Royale
de Belgique
Belgïe - Belgique
P.B. - P.P.
B - 802
Bureau de dépôt - Charleroi X
Autorisation de Fermeture
Magazine des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix
NAMUR
Libre cours
TRIMESTRIEL - n°64 - JANVIER 2008
Nouveau centre de recherche
Informatique et gestion... PReCISE
À ne pas manquer
S O M M A I R E
Printemps des sciences 2008
JANVIER 2008
Rec h erc h e
Bientôt une nouvelle spin-off active 4
dans la défense naturelle des plantes
Droits fondamentaux & Lien social Le détenu, oublié de la
sécurité sociale ?
5
Étude sur la mobilité
Voiture de société :
le grand méchant loup ?
6
Centre de recherche en informatique
7
et management
Une nouvelle approche
interdisciplinaire, unique en Belgique
Journée d’étude
Handicap… économique ?
9
In te rn a tio n a l
Droit des nouvelles technologies
La Chine s’informe à Namur
11
Relations homme-animal,
en Belgique et ailleurs
12
C u ltu r e &
e n s e ig n e m e n t
Colloque
Quand le droit se penche
sur le trouble mental
13
L’enseignement décourage-t-il les carrières scientifiques ?
14
Colloque « Logique et réalité »
Penser autrement
15
Chaire Bauchau 2007
Apports de la génomique
à la médecine et à l’agronomie
17
International Executive Master 18
Trop peu de jeunes s’orientent vers les domaines scientifiques et techniques. Les entreprises actives dans ces secteurs cherchent,
chaque année, 200 diplômés techniques du
secondaire, 200 diplômés de l’enseignement
supérieur et 200 universitaires (voir article
en page 14 de ce numéro). Le « Printemps
des sciences » vise justement à sensibiliser
les jeunes à la science et aux professions
scientifiques.
Une semaine d’expositions, de découvertes,
d’activités ludiques, de manipulations, d’expériences, d’ateliers, de contes… voilà ce que
propose le Printemps des sciences du 10 au
16 mars prochains. À l’occasion de l’année
internationale de la planète Terre, l’édition
2008 du Printemps des sciences se consacre
aux ressources de notre planète, à la pression
atmosphérique et aux différents éléments
chimiques présents sur la terre.
Atout Sciences, l’unité de diffusion des sciences de l’Université de Namur, vous invite
donc sur le campus namurois pour cette
semaine placée sous le signe de la terre et
reste à votre disposition pour toute information : [email protected] - 081/72 55 64
Le Printemps des sciences est un événement organisé
avec le soutien et la collaboration de Marie-Dominique
Simonet, ministre de l’Enseignement supérieur, de la
Recherche scientifique et des Relations internationales de
la Communauté française.
Si en semaine ce sont principalement les
classes des écoles secondaires et primaires
qui participent, le grand public est également
le bienvenu, en particulier les samedis 15
et 16 mars où différentes activités lui sont
réservées : jeunes et moins jeunes pourront
par exemple comprendre le rôle du champ
magnétique terrestre, découvrir de surprenantes expériences chimiques, apprendre
comment protéger la planète via un jeu interactif, et beaucoup d’autres choses encore…
Rendez-vous également le 12 mars pour les
tout petits et leurs parents.
Libre cours est
membre de l’ABPE et
de l’AJPBE
90
jo u r s
Distinction
19
Pour une meilleure compréhension
des gaz polluants
ONG FUCID
Trente ans et tous ses… idéaux
20
Distinction
22
Professeurs namurois à l’Académie
royale de Belgique
à lire 23
Exposition
La bibliothèque universitaire
accueille Europalia
24
Libre cours est le magazine des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix. Il est destiné aux membres
du personnel, aux étudiants, aux partenaires de l’Université de Namur et aux anciens. Diffusé à plus de
6000 exemplaires, il paraît en janvier, avril, juillet et octobre. Les articles ne peuvent être reproduits
qu’avec l’autorisation écrite de l’auteur et avec la mention de la source. Certains titres sont de la rédaction.
Rédaction Elisabeth Donnay, Presse et communication, Service des relatons extérieures,
rue de Bruxelles 53 - 5000 Namur
Tél. : 081 72 57 06 - fax : 081 72 40 45 - [email protected].
Production Nuance 4 (5100 Naninne) 081 40 85 55.
Photos Daniel Van Acker (3, 4, 6, 8, 10, 12, 15, 16, 20, 21, 22, 24); Laurence Anciaux (24)
Comité de rédaction Mmes Annie Degen (présidente), Elisabeth Donnay, Elise Dubuisson,
Michèle Fontaine, Sabine Fraselle, Marie Gevers, Catherine Lambert, Antoinette Minet, Laura Rizzerio,
MM. Jean-François Dury, Sandro Faes, Olivier Hostens (directeur de publication), René Robaye, Daniel Van Acker
WW WW WW .. ff uu nn dd pp .. aa cc .. bb ee
T ribune
L ibre
De l’urgence de s’affranchir du pouvoir du pétrole
Il ne se passe pas de jour ces derniers temps sans que les médias ne fassent un titre avec les cours du
brut. Plus souvent encore, ils nous culpabilisent à propos de notre impact sur le réchauffement climatique,
le liant fréquemment à notre consommation de pétrole et nous invitant à enfourcher notre bicyclette sous
la pluie battante, avec nos enfants et les meubles du déménagement. À moins que ce ne soit un train… fort
improbable, car mes concitoyens ruraux n’ont pas encore vu l’ombre d’un rail passer près du village depuis
1830.
Et le sentiment de notre impuissance face à cette condamnation implacable de nos comportements se
renforce corrélativement à la hausse du prix du pétrole… Mais qui peut dire aujourd’hui ce que coûtera le
pétrole dans un an, dans 10 ans ? En termes réels, le baril de brut à près de 100 $ coûte encore moins cher
que le baril de 1981. L’impact global de cette hausse est bien moins fort que celui de 1975. Par ailleurs, les
théories scientifiques s’affrontent quant aux réserves pétrolières existantes.
Au-delà du prix du pétrole, de son impact environnemental et de la problématique des ressources fossiles
disponibles, deux éléments certains doivent nous convaincre qu’il est temps que nous nous débarrassions
du pétrole au plus vite. Premièrement, l’impact socio-économique du pétrole fortement déterminé par la
manipulation de l’Opep et des majors du pétrole sur les prix et quantités. Deuxièmement, les flux financiers
du secteur pétrolier vers des pays peu stables.
Nous pouvons avoir les moyens de nous affranchir du pétrole sans devoir modifier profondément notre mode
de vie. Comment ? En surmontant notre impuissance perçue et en passant par l’action collective et le relais
politique. En effet, l’Agence Internationale pour l’Énergie (AIE) répète qu’il faut un soutien politique ferme
au développement des usages alternatifs des énergies. Trouvons-nous qu’il est suffisant ?
Je pense que non. Je ne prendrai ici que l’exemple des moteurs à combustion interne. Dans la région
où Zénobe Gramme a inventé la dynamo, où Camille Jenatzy a reproduit le record de vitesse automobile
sur la « Jamais Contente » en 1905 (plus de 100 km/h sur une voiture purement électrique), aucune mesure
spécifique n’a été prise pour promouvoir activement l’introduction des ZEV (véhicules électriques à émission
zéro) dont nous savons aujourd’hui qu’ils sont réalisables avec des performances souvent supérieures à leur
homologues thermiques.
De même, la Belgique est un des derniers pays industrialisés à légiférer positivement en matière d’agrocarburants, donnant l’impression de préférer subir la loi des compagnies pétrolières et des multinationales de
l’automobile pour maximiser la rente fiscale sur les carburants qui n’a jamais été si élevée. Rappelons-nous
que la ponction fiscale représente en moyenne plus de 60 % du prix des carburants fossiles hors LPG et
CNG.
Bien sûr, forcer les multinationales de la construction automobile à renoncer aux rentes sur les moteurs à
combustion interne n’est pas une mince affaire mais, quand le pouvoir politique est ferme et l’action collective des citoyens significative, il peut faire changer les choses. L’exemple californien l’a amplement démontré.
Il est plus que temps que nous, citoyens, incitions nos pouvoirs publics à se conformer à la recommandation
de l’AIE et que nous diminuions drastiquement notre consommation du pétrole. Je vous invite dès aujourd’hui
à faire vôtre la devise de PlugInAmerica : « My next car : no plug ? No deal ».
Professeur Jean-Charles Jacquemin,
Département des sciences économiques
Libre cours janvier 2008
3
Recherche
Bientôt une nouvelle spin-off active
dans la défense naturelle des plantes
Exit les pesticides ? C’est possible, comme le prouvent des biologistes namurois : ils ont isolé des substances naturelles, capables de stimuler les défenses propres des plantes contre les agressions pathogènes, et sans effet secondaire sur la santé humaine ou l’environnement. D’ici deux ans, les chercheurs
pourraient commercialiser ce « produit miracle » à pulvériser sans modération…
Pointé du doigt par les défenseurs de l’en-
nous intéressent, principalement celles
européenne REACH (qui vise à mieux
capables de détecter la présence de patho-
vironnement mais aussi par la directive
protéger la santé humaine et l’environne-
ment vis-à-vis des substances chimiques),
la gamme de pesticides se réduit progressivement sur le marché agricole. Les
biologistes namurois ambitionnent de les
remplacer avantageusement, comme l’explique le professeur Pierre Van Cutsem, à
l’origine de la découverte : « Les végétaux
sont partout, mais les agents pathogènes
également (virus, bactéries, champignons,
insectes,…). Or les végétaux survivent.
Pourquoi ? Parce qu’ils ont différents
mécanismes de défense. Les plantes qui
cultivées à des fins alimentaires, sont
gènes à proximité et de déclencher des
mécanismes de défense qui empêchent leur
prolifération. Mais il faut que cette détection se fasse très tôt pour que la plante
survive. Nous avons réussi à identifier
et à produire des molécules naturelles
qui déclenchent préventivement ces mécanismes de défense. Pulvérisées dans les
champs, ces molécules pourront protéger
les cultures tout en n’ayant aucun effet
secondaire sur l’environnement ou sur la
santé humaine. Elles pourraient servir par
exemple à protéger des champs de pommes
de terre du mildiou, ou empêcher que des
vignes soient malades, etc. ».
Les biologistes namurois sont capables
de produire ces molécules à petite échelle
en laboratoire. Il s’agit maintenant de les
tester en serre et en champs pour connaître
la façon la plus efficace de les utiliser.
L’objectif est poursuivi grâce au projet
FYTOFEND, financé par le programme
«First spin-off» de la Région wallonne.
Commencé en octobre 2007 au sein de
l’Unité de recherche en biologie cellulaire et moléculaire végétale, FYTOFEND
devrait aboutir, d’ici deux ans, à la création
d’une spin-off chargée de commercialiser
ces substances naturelles.
Elisabeth Donnay
Mais comment ont-ils fait ?
Une cellule végétale est délimitée par
une membrane, qui est une « barrière »
sélective, capable de réguler les échanges
entre l’extérieur et l’intérieur de la cellule.
La membrane est à cet effet pourvue de
plusieurs centaines de récepteurs chargés
de transmettre à la cellule les informations
venues de l’extérieur.
Tous ces récepteurs reconnaissent et transmettent des informations différentes.
Certains d’entre eux sont capables de
reconnaître des molécules communes à
différents agents pathogènes. Grâce à cela,
ils détectent la présence d’un microchampignon, d’une bactérie,… à proximité de
la membrane des cellules de la plante et
transmettent l’information à l’intérieur de
la cellule. Celle-ci réagit en mettant en
marche un mécanisme de défense approprié à l’agresseur : elle synthétise de l’eau
oxygénée bactéricide, elle produit des
protéines qui inhibent le système digestif
de la chenille jusqu’à la faire mourir, etc.
4
Libre cours janvier 2008
De plus, une information est envoyée à
toutes les autres cellules afin que la plante
entière soit en état de siège.
Une plante ne peut survivre à un agresseur pathogène que si son organisme est
prévenu à temps. Car quand un pathogène attaque, il se répand très vite dans
l’organisme de la plante et, soit il sécrète
des enzymes qui découpent les parois
cellulaires, soit il injecte directement ses
propres molécules qui désorganisent la
cellule. C’est une course de vitesse entre
la prolifération du pathogène et la défense
de la plante. L’avertissement est donc la
clef de voûte de la survie, d’où l’intérêt
de pulvériser sur les plantes des molécules
qui le déclenchent. Ce sont ces molécules
que les chercheurs namurois ont réussi à
identifier et à isoler.
Ces molécules sont des substances naturelles inoffensives pour la plante, pour
l’environnement et pour l’homme. D’où
leur intérêt !
L’équipe namuroise de l’Unité de recherche en
biologie cellulaire et moléculaire végétale, qui a
réussi à isoler des substances naturelles capables
de stimuler les défenses propres des plantes contre
les agressions pathogènes : (De gauche à droite)
le professeur Pierre Van Cutsem, Raffaël
Buonatesta, bio-ingénieur, et Juan-Carlos Cabrera,
post-doctorant cubain.
Recherche
Droits fondamentaux & Lien social
Le détenu, oublié de la sécurité sociale ?
Un détenu perçoit-il ses allocations de chômage, ou son aide du CPAS, etc. lors de son emprisonnement ? Est-il juste qu’il les reçoive ? Juste qu’il ne les reçoive pas ? En Belgique, la loi ellemême montre des incohérences en ce qui concerne la sécurité sociale des prisonniers. Le Centre
namurois Droits fondamentaux & Lien social (de la Faculté de droit) s’est penché sur la question
et propose des pistes de réflexion pour un débat citoyen, source de prises de décisions politiques
en la matière.
Myriam Bodart (à gauche), directrice-adjointe
du Centre Droits fondamentaux & Lien social
(Df&Ls) et Véronique van der Plancke, chercheuse au Df&Ls, ont beaucoup apprécié cette
recherche « qui répond directement à un besoin
de société ». Cette étude sur la protection
sociale des détenus a en effet été demandée
par le REDA, Réseau Détention et Alternatives
et son homologue Netwerk samenleving en
detentie qui regroupent les professionnels actifs
en milieu carcéral, ainsi que les visiteurs de
prison. Elle a été menée en collaboration avec
le professeur Guido Van Limbergen (VUB), et
financée par la Fondation Roi Baudouin et par
l’association Mercurian.
Myriam Bodart, directrice-adjointe du
Centre Droits fondamentaux et Lien social
(Df&Ls) et Véronique van der Plancke,
chercheuse au Df&Ls, ont dressé avec le
professeur Guido van Limberghen de la
VUB un état des lieux de la protection
sociale des détenus en Belgique. Ils mettent en évidence que la situation actuelle
traduit des incohérences juridiques.
En 2005, la Loi « Dupont » élabore le statut
juridique interne des détenus : le détenu est
un citoyen comme un autre et la privation
de liberté est une peine suffisante, qui ne
doit s’accompagner de la privation d’aucun
autre droit… sauf si d’autres lois qui restreignent ces droits sont applicables au
détenu. Or ces lois existent, puisque chaque
régime de sécurité sociale en a une. Dans
la pratique, on constate que les allocations
sociales des détenus sont généralement
suspendues. Comment font dès lors certaines familles de ces détenus, quand on sait
que la majorité d’entre elles appartiennent
à un milieu défavorisé ? Lorsqu’une personne est emprisonnée, elle peut se trouver
radiée des registres de la population belge.
Des directeurs de prison proposent de
domicilier les détenus à l’adresse de la
prison pour éviter les problèmes engendrés
par l’absence de domicile, mais certaines
administrations communales refusent, sous
prétexte de la surcharge administrative qui
en résulterait. Etc.
Un citoyen comme un autre…
« Un régime de sécurité sociale qui prive
une personne de ses droits juste parce
qu’elle est emprisonnée ne nous paraît
pas acceptable. Nous espérons que notre
recherche va aider à imaginer comment
rendre ce régime plus cohérent avec la
volonté de traiter le détenu comme tout
autre citoyen, tout en veillant bien entendu
à garder un équilibre avec les personnes
du monde libre. Il ne faut pas que le détenu
apparaisse comme privilégié (un détenu
pourrait par exemple percevoir son allocation de chômage sans recherche active
d’emploi alors que les chômeurs libres
sont sanctionnés dans pareil cas) » explique Myriam Bodart. Ce ne sont donc pas
des recettes magiques que les chercheuses
namuroises proposent, plutôt des pistes de
solutions et surtout la mise en lumière d’un
problème : la suspension des allocations
sociales doit se baser sur des motifs objectifs et justifiés, ce qui n’est actuellement
pas toujours le cas.
Une telle démarche peut susciter de vives
réactions car certains refusent l’amélioration de la vie des détenus, sous prétexte
que la prison perdrait de son pouvoir dissuasif. Véronique van der Plancke leur
oppose deux arguments. « On ne se rend
pas compte à quel point la privation de
liberté est pénible. Je ne pense pas que la
restauration d’une partie de l’allocation
sociale du détenu par exemple suffise à
le convaincre que la prison est le refuge
idéal ! De plus, une allocation sociale permet au détenu de continuer à soutenir sa
famille et se sentir soutenu, d’être en lien
avec la société, dès lors qu’il ne serait pas
exclu du système de solidarité collective
qu’est la sécurité sociale. Le dénuement
matériel peut au contraire accélérer le
détachement de la famille. Or la présence
de celle-ci à la sortie de prison est primordiale notamment pour que le détenu ne
retombe pas dans la criminalité ».
L’horizon pénal en Belgique a été fortement modifié par la loi « Dupont » (2005),
par la loi sur le statut juridique externe
du détenu (2006) qui demande que la
prison soit une peine prononcée en ultime
recours, et par celle relative à l’internement
des personnes atteintes d’un trouble mental
(voir article p.12 de ce numéro). Dans ce
contexte, la protection sociale des détenus
arrive au cœur des débats. Les résultats de
la recherche namuroise n’en sont que plus
attendus. Les chercheuses espèrent que
le rapport (dans ses versions française et
néerlandaise) sera disponible avant l’été
2008. Elles aimeraient également organiser en octobre 2008 un colloque bilingue,
ouvert aussi bien aux juristes qu’aux travailleurs sociaux, aux criminologues et aux
parlementaires.
E.D.
Libre cours janvier 2008
5
Recherche
Étude sur la mobilité
Voiture de société : le grand méchant loup ?
Différents médias affirmaient récemment que la moitié du parc automobile belge est constituée de voitures de société. La voiture de société est souvent désignée comme un « incitateur
à la mobilité polluante ». On la dit aussi largement déviée de son utilité première par un usage
privé. La vérité dans tout cela? C’est ce que les chercheurs namurois, en collaboration avec
l’Université d’Hasselt, tentent de mettre au jour.
Quel est l’impact des voitures de société
sur la mobilité des Belges ? Impossible d’y
répondre de façon scientifique pour l’instant, faute de données neutres et exhaustives sur la question. Mais les chercheurs
du Groupe de Recherche sur les Transports
(GRT), en collaboration avec l’IMOB Instituut voor Mobiliteit de l’Université
d’Hasselt, s’y attèlent. Grâce au projet
COCA (pour COmpany Cars Analysys),
ils ont pu débroussailler le chemin et définir les aspects clefs permettant de cerner
l’impact réel de la voiture de société sur la
mobilité. Aspects qui seront étudiés grâce
au nouveau projet PROMOCO, financé
par la Politique scientifique fédérale,
dont les résultats seront disponibles début
2009.
Voitures de société = déplacements
professionnels ?
« Il est évident que le secteur des voitures
de société est en croissance en Belgique.
Ces voitures ont en général un moteur de
grosse cylindrée et roulent au diesel. Elles
ont en moyenne un plus grand kilométrage
que les voitures privées. Cependant, ce
sont des véhicules assez neufs, qui doivent
donc répondre à des normes environnementales assez contraignantes » résume
Éric Cornélis, chercheur au GRT et responsable de COCA.
Ces premiers constats ne sont pas suffisants pour déterminer quel est l’impact réel
des voitures de société sur la mobilité en
Belgique, comme l’explique le chercheur
namurois : « Il reste à étudier deux points
essentiels. Premièrement, la répartition
du kilométrage de la voiture de société
6
Libre cours janvier 2008
entre les déplacements professionnels, les
déplacements domicile-travail et les déplacements privés. Deuxièmement, les ‘ effets
de substitution ’ : que fait la personne qui
n’a plus de voiture de société : elle laisse
tomber certains déplacements, elle prend
le train ? Etc. ».
Il serait également intéressant de pouvoir
dessiner correctement la répartition spatiale des voitures de société, cette spatialisation ne correspondant pour l’instant qu’à
la localisation des entreprises qui immatriculent ces voitures.
E.D.
En Belgique…
- En 2005, les voitures immatriculées par une société représentaient 13 % du parc
automobile belge (selon la DIV - Direction pour l’Immatriculation des Véhicules).
En 1999, une étude du GRT sur la mobilité quotidienne des Belges (MOBEL) montrait que les voitures de société représentaient 5 % des voitures disponibles dans les
ménages.
- Les voitures immatriculées par une société constituaient 33 % des nouvelles immatriculations en 2005 (selon la DIV).
- Plus de 50 % des voitures de société ont un kilométrage annuel de plus de 30 000 km,
alors que celui des voitures personnelles est en moyenne largement moindre (selon
MOBEL).
- La proportion de voitures de société varie fortement en fonction du secteur d’activités. En 2005 par exemple, il y avait : une voiture de société par employé dans le
secteur de l’immobilier, de la location et des services aux sociétés et dans celui de la
finance ; une voiture pour 106 employés dans celui de l’éducation (selon la FEBIAC
- Fédération Belge de l’Industrie Automobile et du Cycle).
- Les conducteurs disposant d’une voiture de société se répartissent entre 77 % d’hommes et 23 % de femmes. Proportion à comparer aux possesseurs de voitures personnelles : 62 % d’hommes, contre 38 % de femmes (selon MOBEL).
… et ailleurs
- Aux Pays-Bas, entre 2000 et 2004, le parc automobile a augmenté bien plus vite que la
population. Augmentation qui est encore plus marquée pour les voitures de société.
- En Allemagne, les voitures de société représentent 9 % du parc automobile, un quart
de leurs déplacements hebdomadaires sont effectués à des fins privées, la moitié à
des fins professionnelles.
- En France, le secteur financier compte deux fois moins de voitures de société que le
secteur financier belge.
Recherche
Centre de recherche en informatique et management
Une nouvelle approche interdisciplinaire, unique en Belgique
Le Centre de recherche PReCISE
(PReCISE Research Centre in
Information Systems Engineering),
jusqu’alors composé de chercheurs
en ingénierie du logiciel et de l’information, se renforce et compte
désormais en son sein une équipe
de chercheurs en management. Son
approche pluridisciplinaire mais
aussi sa manière d’envisager les
systèmes d’information comme des
« services » font de lui un centre de
recherche unique en Belgique. Créé
il y a deux ans à peine, PReCISE
a proposé un premier événement
scientifique en décembre 2007.
Quelques grands noms, venus du Canada,
de Norvège et de France (avec qui le centre
entretient de nombreuses collaborations) ont
débattu du futur des systèmes d’information. En relatant des applications concrètes
de la modélisation d’entreprise, François
Vernadat (Université de Metz et Commission
européenne) a dressé un inventaire des challenges pour les praticiens et les chercheurs en
alignement stratégique des systèmes d’information. La métaphore des « agents », entités
dotées d’une certaine « intelligence » et d’une
autonomie d’action, est en train de transformer la manière de concevoir les logiciels.
C’est ce que John Mylopoulos (Université de
Toronto, Université de Trento) a mis en évidence tout en esquissant quelques nouvelles
pistes de recherche. Impliqué avec l’équipe PReCISE dans un réseau d’excellence
européen sur l’intéropérabilité des systèmes
d’informations (InterOP), Andreas Opdahl
(Université de Bergen, Norvège) a, quant à
lui, donné un aperçu de la méthode UEML
(Unified Enterprise Modelling Language) qui
sert à faciliter l’échange de modèles hétérogènes au sein d’entreprises ou entre elles. Enfin,
l’ingénieur logiciel est de plus en plus amené
à exercer des fonctions de management. C’est
pourquoi Alain Abran (école de technologie
L’équipe du nouveau centre PRecise
supérieure, Université du Québec, Canada)
a proposé une réflexion sur la responsabilité
sociale et éthique de l’ingénieur logiciel.
PReCISE : une cinquantaine
de chercheurs et de projets
Le centre de recherche PReCISE rassemble
une cinquantaine de chercheurs spécialisés
dans différentes disciplines de l’informatique
et du management. Pluridisciplinaire, il travaille actuellement sur une cinquantaine de
projets (financés entre autres par l’Europe,
le fédéral et la Région wallonne) et entretient
de nombreuses collaborations scientifiques
internationales. Son objet : les systèmes d’information au service des organisations.
Plus que de simples logiciels, les systèmes
d’information doivent être envisagés comme
une réponse informatique aux besoins des
organisations (réduction des coûts, contrôle
de la qualité, stratégie de développement,…)
et des utilisateurs (employés, clients). Avec
une telle conception, l’interaction entre informatique et management est nécessaire et
constitue pour l’équipe PReCISE une réelle
plus-value. Depuis la compréhension des
besoins des organisations actuelles et de leurs
VITE DIT BENEVOL à l’Université de Namur
L’équipe PReCISE a accueilli le réseau BENEVOL (BElgian-NEtherlands software eVOLution workshop) pour un workshop de deux journées sur l’évolution du logiciel. Une
soixantaine de chercheurs venus du Benelux ont assisté à cet événement scientifique.
membres à l’analyse des opportunités d’affaires futures basées sur les technologies de l’information, le développement des systèmes
d’information doit se penser en adéquation
avec la réalité des entreprises. Cet alignement
entre perspectives technologique et managériale est essentiel à la réussite de tout projet
de développement informatique.
Concrètement, le développement de tout système d’information répond à un cycle de
vie spécifique (analyse des besoins stratégiques des utilisateurs, de la structure et du
fonctionnement de l’organisation ; rédaction
d’un cahier des charges ; conception d’une
base de données, conception architecturale
et détaillée des différents composants du système ; définition de mesures de qualité,…).
L’ensemble des compétences nécessaires à
la gestion d’un tel cycle est réuni au sein de
PReCISE de manière à garantir une expertise
globale en matière d’ingénierie du développement des systèmes d’information. De plus,
les nouvelles compétences de l’équipe en
matière de management assurent d’inscrire
ce cycle en tenant compte des enjeux de plus
en plus complexes avec lesquels les organisations d’aujourd’hui évoluent : concurrence
mondiale, partenariats en réseau, changements rapides des exigences des clients,
contraintes réglementaires, nécessité d’innovation constante, etc.
Antoinette Minet
Libre cours janvier 2008
7
Recherche
Entreprises-universités, mode d’emploi
La collaboration entre entreprises et universités est au goût du jour, mais estelle effective ? On remarque qu’en Belgique, ce partenariat est sous-exploité.
Le Bureau Économique de la Province (BEP) et le parc scientifique Créalys ont
donc invité les unes et les autres à découvrir les avantages et modalités pratiques d’une telle collaboration.
Pourquoi les entreprises hésitent-elles à
collaborer avec les universités ? Benoît
Dargent, directeur de Kraft food Namur,
tout en témoignant de ses bonnes expériences de collaboration avec les universités, remarque qu’autour de lui, beaucoup
d’entreprises reculent car elles ont peur de
partager leur savoir-faire.
Pourtant, comme l’explique Nicole
Moguilevsky, responsable de la valorisation des résultats de la recherche à l’Université de Namur, « Tous les contrats que
l’université conclut avec les entreprises
contiennent une clause de confidentialité.
Cela implique par exemple que chaque
publication scientifique doit être soumise
aux partenaires industriels pour accord ».
Quant à la propriété intellectuelle, elle sera
gérée au cas par cas, en fonction du type
de projet. Dans le cadre des projets théma-
tiques proposés par la Région wallonne,
l’université est propriétaire des résultats de
la recherche et propose au parrain industriel de les exploiter. Cette formule connaît
un certain succès. Dans le cadre du Plan
Marshall par contre, ce sont les entreprises
elles-mêmes qui sont promoteurs des projets de recherche développés en partenariat
avec les universités.
Mais d’autres raisons freinent les entreprises, comme l’explique Patrick Lacroix,
directeur général d’e-connector, (PME qui
collabore notamment avec le CETIC et
l’Université française de La Rochelle) :
« Il y a finalement trop d’informations. Il
est difficile de sélectionner le bon interlocuteur. Par ailleurs, pour une PME, c’est
vrai qu’il faut s’accrocher, car les projets
prennent parfois du temps à se mettre en
place ». À bon entendeur…
E.D
VITE DIT
Namur au
rendez-vous
européen des
biotechnologies
Nicole Moguilevski et Fabienne Roussel, de
la Cellule ‘valorisation’ de l’Administration
de la recherche, ont présenté les offres de
technologies de l’Université namuroise et
noué des contacts intéressants avec différentes entreprises lors d’Eurobio 2007 à Lille,
le congrès européen des biotechnologies.
Les deux spin-offs de l’Université actives
dans le domaine, Straticell et BioXpr, ont
également participé à cette rencontre européenne qui, cette année, avait aussi attiré des
entreprises américaines. À suivre…
Namur à la barre de la recherche européenne
sur le vieillissement humain
En avril 2007, lors du premier appel à projets du 7 e programme-cadre, la Commission européenne avait proposé de financer une action de
coordination visant à donner des directions de recherche en matière de vieillissement biologique pour les 10 à 15 prochaines années. Le
projet proposé par Namur a été retenu par la Commission. C’est donc l’Université de Namur qui va coordonner le futur de la recherche
européenne sur le vieillissement biologique. Le nom du projet : WHYWEAGE.
De plus, un panel de spécialistes, représentant quelque 50 laboratoires européens actifs en sciences biomédicales, a donné son avis en
juillet 2007 quant aux directions à donner à la recherche sur le vieillissement humain dans les cinq prochaines années. Propositions qui
ont été confrontées avec celles de différentes personnalités de la recherche en biologie moléculaire, biotechnologie ou bioinformatique,
lors d’une rencontre dans le cadre de LINK-AGE, projet qui vise à coordonner la recherche concernant le vieillissement humain et qui
est dirigé par l’Unité de Recherche en Biologie Cellulaire (URBC). « Cette concertation a abouti à un rapport remis à la Commission
européenne. Nos recommandations pourraient être l’un des éléments considérés par la Commission européenne pour l’établissement de
priorités pour les appels à projets dans la recherche sur le vieillissement d’ici la fin du 7 e programme-cadre (2013). Les chercheurs ont
donc eu leur mot à dire, en dehors de tout lobbying » se réjouit Olivier Toussaint, chercheur qualifié FNRS à l’URBC et coordinateur
du projet LINK-AGE.
E.D
8
Libre cours janvier 2008
Recherche
Journée d’étude
Handicap… économique ?
En Belgique, les personnes handicapées sont encore trop souvent exclues du
marché de l’emploi. Pourquoi ? Quelles sont les implications de cette discrimination ? Comment remédier à cette situation ? Telles sont les questions
auxquelles les chercheurs Michel Grawez et Michel Mercier (Département de
psychologie) ont tenté de répondre. Ils ont prolongé leur recherche par une
journée d’étude, ouverte aux économistes et aux membres du secteur social et
de la santé.
peuvent aussi être touchées par cette discrimination : 39 % de parents ayant des
enfants à forte dépendance abandonnent
leur emploi car ils ne peuvent pas adapter
leurs horaires de travail par exemple.
Michel Grawez (gauche) et Michel Mercier
(droite), du Département de psychologie,
ont cette fois étudié le handicap sous une
approche socio-économique.
Les chercheurs du Département de psychologie ont déjà réalisé de nombreuses
études sur les implications psychologiques
et sociales du handicap. Ils ont ressenti le
besoin d’élargir ce regard par une approche
plus économique, car cette démarche est
rarement faite, alors qu’elle est nécessaire
pour envisager totalement la problématique du handicap.
Le handicap, discriminé
sur le marché du travail
Michel Grawez et Michel Mercier constatent que les personnes handicapées restent
discriminées sur le marché du travail : en
France par exemple, 68 % de la population
« valide » est active (75 % d’hommes, 62 %
de femmes), contre seulement 44 % de la
population constituée de personnes handicapées (47 % d’hommes, 21 % de femmes).
Les familles de personnes handicapées
Parmi les principaux freins à l’emploi
de personnes atteintes d’un handicap, les
chercheurs namurois pointent les représentations sociales négatives des employeurs
sur le travail des personnes handicapées. Ils
pensent qu’il serait opportun, pour contrer
ces représentations, de mettre en place un
système de quota d’emplois de personnes
handicapées, avec taxe compensatoire pour
les entreprises qui n’atteindraient pas ce
quota. Ce système fonctionne notamment
en France, en Allemagne et en Autriche,
trois pays où le taux d’emploi des personnes handicapées est supérieur à celui de la
Belgique, et avec un coût moindre.
Différents « pièges à l’emploi » sont également à prendre en compte. L’allocation
perçue par une personne handicapée en est
un car elle est un revenu fixe et garanti sur
le long terme : la pénibilité du travail éventuel n’est pas compensée par la différence
entre l’allocation perçue et le salaire attendu. Il faut noter par ailleurs que certaines
personnes bénéficiant de cette allocation
décident de plutôt s’engager dans le milieu
associatif et militant.
Réflexion pluridisciplinaire
Les constats relevés par Michel Grawez et
Michel Mercier ont introduit une journée
d’étude pluridisciplinaire consacrée aux
approches socio-économiques du handicap (financée par la Banque nationale de
Belgique), qui a rassemblé 120 personnes.
Cette rencontre a permis à des scientifiques d’autres universités (FUCAM, FUSL,
UCL, ULg, Université catholique de Lille)
ainsi qu’à des personnes handicapées et
des travailleurs de terrain (AWIPH-Agence
Wallonne pour l’Intégration des Personnes
Handicapées, représentants de diverses
associations s’occupant de personne handicapées,…) de discuter autour d’analyses
économiques.
L’économiste Michel Marée (ULg) par
exemple, a mis en évidence combien il
serait intéressant de quantifier la place prise
par le secteur du handicap dans la comptabilité nationale pour orienter les politiques
publiques en la matière. André Gubbels,
directeur général du Service public fédéral
sécurité sociale, a, quant à lui, rappelé
l’importance de passer d’un modèle médical du handicap (la personne handicapée
est déficiente) à un modèle social, où l’on
considère que c’est l’environnement qui
est inadapté à la personne handicapée.
Des aménagements peuvent être faits par
exemple sur le lieu de travail afin qu’une
personne atteinte d’un handicap physique
soit aussi efficace qu’une autre.
E.D.
En savoir plus : En mars 2008, la Revue
nouvelle publiera les actes de cette journée
d’étude sur les approches socio-économiques
du handicap.
Libre cours janvier 2008
9
International
Marathon scientifique en Chine
pour le professeur Jean-Marie André
Le professeur Jean-Marie André (Département de chimie), a terminé sa
mission scientifique internationale (séjours à Corfou, à Cuba,…) par la
Chine. En six semaines, il a donné une quarantaine de séminaires, conférences et cours dans diverses universités et institutions académiques chinoises : Bejing Normal University (BNU) à Pékin, l’East China University
of Science and Technology, la Fudan University à Shanghaï, la Nanjing
University à Nankin, la Shaanxi Normal University à Xian, la Xiamen
University et la Hong Kong University of Science and Technology.
Ces exposés portaient sur les sujets de recherche du professeur namurois :
la chimie quantique des polymères, la thermodynamique statistique et de
non-équilibre, ainsi que l’information et le calcul quantique. L’intérêt de
la mécanique quantique reste très actuel car cette science est fondamentale
par exemple pour les nanotechnologies. Les universitaires chinois ne s’y
sont pas trompés et ont décerné à Jean-Marie André le titre de « Concurrent
Professor » de l’Université de Nanjing, distinction qu’une Université
chinoise remet à un académique étranger pour saluer l’ensemble de ses
travaux scientifiques.
En tant que président de l’Académie royale de Belgique, Jean-Marie André
a également été reçu par le professeur Chunli Bai, vice-président de l’Académie des sciences de Chine. Il a tenu dans cette institution nationale une
chaire sur la science moléculaire.
E.D
Une géographe namuroise
participe à la direction du PERN
Sabine Henry, professeure au Département de géographie, vient d’intégrer le comité de pilotage du
réseau Population Environment Research Network
(PERN), composé de huit personnes. Le PERN
(créé en 2001) regroupe 1300 membres internationaux et vise à faciliter l’analyse et la collaboration scientifique sur des questions liées à la population et à l’environnement. En novembre dernier,
les scientifiques du PERN ont comparé l’impact
de l’ouragan Katrina sur la population de La Nouvelle-Orléans (2005) avec celui de l’ouragan Mitch
sur les populations d’Amérique centrale (1998).
Sabine Henry se réjouit de cette nouvelle fonction
qui lui permet de contribuer à la visibilité internationale du Département de
géographie et de faciliter de nouveaux projets internationaux. « Mon mandat
au PERN enrichit aussi mon enseignement, car il me permet de rester au
cœur de l’actualité des sujets qui lient population et environnement. C’est
bénéfique, entre autres, pour le cours ‘ Population et environnement dans
les pays du Sud ’ que je donne aux étudiants de 3e baccalauréat en géographie » déclare-t-elle.
E.D
10
Libre cours janvier 2008
Le professeur Yi Pan, vice-président de l’Université
de Nanjing (Nankin, Chine), remet le titre de
« Concurrent Professor » à Jean-Marie André.
Le philosophe Alain Badiou
à l’Université de Namur
Alain Badiou est fondateur du Centre international
d’étude de la philosophie française contemporaine,
professeur émérite à l’école normale supérieure
(Paris), romancier et dramaturge. Un public nombreux a pu écouter et rencontrer ce grand philosophe français grâce à une journée d’étude et à
une conférence organisées par le Département de
philosophie dans le cadre du cycle « Penser la
condition anthropologique aujourd’hui ». Lors de
sa conférence, Alain Badiou a proposé de répondre
à la question : à quoi l’homme est-il destiné ? Il a
notamment fait remarquer les dangers de penser
que l’homme n’est destiné à rien : « Si l’homme
n’a pas de destination, sa tâche se résume à gouverner son existence ici et maintenant. Mais cette
non-destination laisse le champ libre à un retour
radical des figures traditionnelles de la destination
humaine (Dieu et le fondamentalisme religieux),
ainsi qu’à des pratiques d’exaspération de la
finitude humaine (recherche de la mort ou de la
jouissance à tout prix,…) ».
E.D
http://www.fundp.ac.be/facultes/lettres/
departements/philosophie/recherche/programme07_08
International
Droit des nouvelles technologies
La Chine s’informe à Namur
Madame Yan Xiaoli, Research Expert, et Monsieur Guo Hongjie, Technical Director, du China Centre of
Electronics and Information Industry Development Research, ne connaissaient pas la Belgique mais avaient
déjà entendu parler de l’Université de Namur. Pas étonnant, puisqu’ils travaillent pour un projet sinoeuropéen dont l’objectif est d’aider le gouvernement chinois à mettre en œuvre un cadre réglementaire
en matière de technologies de l’information, domaine de compétences pour lequel le Centre de Recherche
Informatique et Droit (CRID) de l’Université namuroise bénéficie d’une renommée internationale.
Le CRID, qui a participé à la rédaction de la loi sur la signature
électronique en Belgique, a accueilli pendant deux semaines les
chercheurs chinois pour leur expliquer la législation belge et
européenne en matière de commerce électronique. « Nous n’espérions
pas trouver autant d’informations aussi intéressantes ! Notre séjour
aurait dû durer plus longtemps afin que nous puissions en profiter
davantage. » témoigne Yan Xiaoli. « Notre centre est chargé d’établir
le cadre légal de la signature électronique en Chine. Nous allons y
revenir avec beaucoup d’éléments dont on pourra s’inspirer pour
cette tâche. La Chine est bien sûr très différente de la Belgique et de
l’Europe, mais la comparaison elle-même est intéressante » ajoute
Guo Hongjie.
Marie Demoulin, directrice
de l’Unité commerce électronique
du CRID, avec les chercheurs
chinois Yan Xiaoli et Guo Hongjie
(à l’arrière plan) venus s’informer
en Belgique, actuellement le seul
pays qui propose à ses habitants
une carte d’identité électronique.
Le séjour a en effet été instructif, comme l’explique Marie Demoulin, directrice de l’unité Commerce électronique du CRID : « Outre
le cadre juridique général, nous les avons initiés à l’utilisation de
bases de données juridiques européennes consultables sur Internet, celles de l’Union européenne par exemple. Cela les a vraiment
intéressés car ce sont des ressources qu’ils peuvent utiliser chez eux,
mais qu’ils ne connaissaient pas. On leur a également organisé des
rencontres avec l’autorité de contrôle des prestataires de certification, ainsi que l’autorité en charge de la carte d’identité électronique
en Belgique (le SPF Fedict), afin qu’ils aient des informations plus
concrètes sur le contrôle de ces activités et les applications possibles ».
Yan Xiaoli et Guo Hongjie ont également apprécié l’accueil de l’Université et le cadre de travail agréable qu’elle leur a proposé, ainsi que
la beauté de la ville de Namur et le caractère chaleureux des Belges.
Sont-ils prêts à revenir pour un voyage d’affaires en Belgique ? Sans
aucun doute ! Et pour les vacances ? Malheureusement trop cher pour
eux.
E.D
De même que le Japon
L’équipe de recherche du professeur Masao Horibe (2 e en partant de la gauche),
de l’Université de Chuo (Tokyo), et la représentation permanente du Japon auprès
de l’Union européenne, a rencontré les professeurs Robert Queck (3 e) et
Yves Poullet (4 e) du Centre de recherche informatique et droit, pour un échange
de compétences en matière de régulation des télécommunications et de la vie privée.
Et la Tunisie
Des chercheurs de l’Université d’El Jaouiri (Tunisie) sont venus prendre
connaissance des différents projets menés au Centre de recherche
informatique et droit. Ils étaient particulièrement intéressés par l’étude
du système de l’e-gouvernement de la Région wallonne réalisée par le CRID,
ainsi que par les développements récents en matière de cybercriminalité.
Libre cours janvier 2008
11
International
Relation homme-animal
Le Japon, en route pour
le modèle occidental ?
Les noms donnés aux chiens sont-ils le
reflet de la place qu’ils occupent dans
la société actuelle ? En Belgique, oui.
Comme le montre une étude réalisée au
Département de médecine vétérinaire et
présentée lors d’un congrès international au Japon, où la situation est sensiblement différente.
Le Département de médecine vétérinaire namurois est le
seul en Belgique à proposer une unité de recherche universitaire consacrée à l’étude des relations homme-animal
de compagnie. Claire Diederich, chef de travaux dans
ce Département, était donc la seule universitaire belge à
participer au congrès annuel de l’International Association
of Human-Animal Organisations qui, pour sa première
édition au Japon, avait réuni 1100 personnes.
Claire Diederich y a notamment présenté une étude sur la
signification des noms donnés aux chiens par les Belges.
Un large échantillon de 3500 noms donnés à 200 000
chiens a été analysé sous différents angles, et le résultat le
plus significatif est le suivant : 50 % des noms donnés sont
des prénoms humains. Phénomène qui reflète la place de
choix désormais réservée au chien dans les familles belges.
On remarque une très nette différence avec le Japon, où 5 %
seulement des noms attribués aux chiens sont des prénoms
humains.
Mais la situation devrait être comparée à nouveau dans
un certain temps, car « Le Japonest un pays émergent au
niveau de la sensibilité relative à l’animal » explique Claire
Diederich. « J’ai par exemple pu y voir des personnes promenant des chiens habillés dans des poussettes, et le Japon
commence à connaître la même augmentation que nous
du nombre d’animaux de compagnie par famille. Peutêtre les animaux y compensent-ils le niveau très bas de la
natalité. Par ailleurs, les Japonais ont dans leurs relations
avec les animaux une dimension absente en Occident : la
réincarnation. Des cimetières spécialisés pour animaux de
compagnie sont apparus dans les temples bouddhiques dès
la fin du XIX e siècle, et il existe des cérémonies religieuses
pour les animaux utilisés dans la recherche. Fait difficile
à étudier car la religion relève de la vie privée, ce dont il
convient de ne pas parler au Japon ».
E.D
12
Libre cours janvier 2008
Médecine vétérinaire
Une professeure tchèque à Namur
En octobre, Eva Baranyiova, professeure d’éthologie à l’Université de Brno (République tchèque) a séjourné à Namur dans le
cadre d’une collaboration sur les relations homme-animal avec
le Département de médecine vétérinaire. Cette scientifique a
découvert avec étonnement le regard de la Belgique et de la
France sur l’élevage canin en Tchéquie.
Comparer les résultats d’une étude, menée à Namur et à Brno, sur la perception de l’animal de compagnie chez les étudiants en médecine vétérinaire et
en philosophie et lettres. Tel est l’objectif de la collaboration des équipes de
recherche namuroise et tchèque. Le projet vise également à la mise en commun de matériels pédagogiques et à l’échange d’étudiants.
Eva Baranyiova participe au programme tchèque de la protection animale
et ses thèmes de recherche portent sur l’intégration du chien dans la famille
et les problèmes comportementaux de celui-ci. Avant la mise en œuvre de
ce projet de collaboration avec les FUNDP, elle n’était cependant pas au
courant de la mauvaise réputation des pays de l’Est en ce qui concerne le
commerce des chiots. « En Belgique et en France, on invoque souvent les
chiens d’Europe de l’Est dans les cas de morsures, et on raconte qu’il y a
là-bas des usines de production de chiots qui se désintéressent de leur
qualité comportementale » explique Claire Diederich, chercheuse au
Département de médecine vétérinaire et initiatrice de la collaboration avec
l’Université de Brno. « Or la République Tchèque est membre de l’Union
européenne depuis 2004 et respecte différentes normes sanitaires et commerciales. Quand les officiels belges accueillent les chiens de ce pays,
ils les déclarent en bonne santé et notent que leur passeport européen est
en ordre ». Les scientifiques ont dès lors décidé de profiter de leur collaboration pour tirer cette situation au clair. La mauvaise réputation des Pays
de l’Est est-elle seulement le reflet d’un marché noir ? Afin d’associer la
France également concernée par cette problématique, ils ont établi des
contacts avec l’École nationale vétérinaire d’Alfort (Paris).
Et en Belgique ?
Dès 2000, le Département de médecine vétérinaire a participé à différents
groupes de réflexion sur les morsures de chiens. Des pistes de solutions ont
été proposées aux responsables politiques, qui ont entrepris d’agir au niveau
des fournisseurs de chiens (élevages, magasins), alors que le champ d’action
est plus vaste (clubs d’éducation canine, assurances, amendes, …).
En effet, pour les vétérinaires namurois, il est clair que la clef de la prévention des morsures est la responsabilisation des propriétaires. « Si votre chien
a mordu, il est euthanasié. Si vous voulez éviter cela, vous devez éviter qu’il
morde. Comment ? En achetant votre chien chez un bon éleveur, en l’emmenant dans un club canin de qualité, etc. La classification des races de
chiens par degré de dangerosité et l’interdiction de certaines d’entre elles
ne sont que de fausses solutions qui déplacent le problème. La France utilise
ce système depuis bientôt dix ans et la situation ne s’est pas améliorée (les
gens déménagent ou font des croisements de races,…). De même, un test
de dépistage de l’agression canine avec un résultat négatif (= chien non
mordeur) ne ferait que faussement rassurer un propriétaire, puisqu’il
n’apporte aucune garantie d’absence de morsure durant toute la vie du chien
et en toute circonstance» insiste Claire Diederich.
E.D
Culture et enseignement
Colloque
Quand le droit se penche sur le trouble mental
Nathalie Colette-Basecqz, chargée de cours
au Centre de PROtection JUridique du CIToyen
(PROJUCIT), en compagnie de deux orateurs
du colloque dont elle est l’initiatrice : Oscar
Vandemeulebroeke (à gauche), avocat général
émérite près la Cour d’appel de Bruxelles et
vice-président de la Commission « internement »
et le baron Jean du Jardin, professeur émérite
à l’Université de Namur et à l’UCL,
et procureur général émérite à la
Cour de cassation.
Quelques-uns
des progrès apportés
par la nouvelle loi
• La nouvelle Loi relative à l’internement
des personnes atteintes d’un trouble mental
parle désormais de « trouble mental » plutôt
que de « débilité », etc. Elle demande de
vérifier si au moment du jugement, l’accusé était capable, non seulement de contrôler
ses actes, mais aussi de se rendre compte
des impacts de ceux-ci.
• Elle ordonne une expertise psychiatrique
préalable à l’internement et le choix du
psychiatre ne relève pas, bien entendu, du
choix de l’accusé.
• Elle a voulu être attentive à la situation
des victimes et demande au juge de statuer
sur les dommages et intérêts attribués à
la victime en même temps qu’il décide
du sort de l’accusé. Elle exige également
que la victime soit informée des modalités
d’exécution de l’internement, mais aussi de
la libération définitive de l’interné.
• Différents congés, permissions de sortie, …
et une libération à l’essai de deux ans sont
les conditions sine qua non d’une libération
définitive.
• En cas d’internement suite à un abus sexuel
sur mineurs, la loi prévoit une mesure de
sûreté accessoire : pendant une durée de un
à vingt ans après la date de la libération de
l’interné, celui-ci ne peut exercer des activités en relation avec des mineurs.
Décréter qu’une personne est atteinte d’un trouble mental est une
opération souvent délicate, car elle touche aux frontières floues de
la normalité. Statuer sur le sort réservé à ces personnes l’est encore
plus. Rédiger des lois relatives à ces diagnostics devient un véritable casse-tête ! Quelques professeurs de droit namurois ont proposé
une réflexion interdisciplinaire sur cette matière complexe et sensible, en invitant juristes, législateurs et psychiatres à expliquer les
ressorts de la nouvelle Loi relative à l’internement des personnes
atteintes d’un trouble mental. De nombreux étudiants, mais aussi
130 personnes issues des secteurs législatif, social et de la santé
ont participé au colloque.
Depuis la loi du 9 avril 1930, modifiée par la loi du 1er juillet 1964, les délinquants
atteints d’un trouble mental étaient concernés par le même cadre légal que les récidivistes
notamment : celui de la loi de défense sociale, qui comme son nom l’indique, était destinée à protéger tout un chacun contre les agressions émanant de ces personnes. Outre cette
assimilation excessive, la loi de 1964 recourrait à une terminologie obsolète au regard de
la psychiatrie moderne et de notre sensibilité actuelle : « déséquilibre mental », « débile
mental », « dément ». De plus, l’internement pouvait être décidé sans aucune expertise
psychiatrique préalable.
Au plus tard le 1er janvier 2009, cette loi de défense sociale sera remplacée par la nouvelle
loi relative à l’internement des personnes atteintes d’un trouble mental. Une loi désormais
parfaite ? « Non. Or, pour l’instant, elle n’a pas véritablement retenu l’attention. Il faut
susciter le débat et inciter le législateur à la compléter avant sa mise en application, d’où
notre colloque. Cette loi apporte en effet de grandes modifications et il est important de
sensibiliser aussi bien les juristes que les professionnels des soins de santé et du secteur
social aux problèmes qu’elle soulève» répond Nathalie Colette-Basecqz, chargée de
cours au Centre de PROtection JUridique du CIToyen (PROJUCIT) et initiatrice de cette
première réflexion scientifique sur le sujet.
« Bien, mais peut mieux faire »
La nouvelle loi a tenu compte d’une bonne partie des recommandations de la commission
« Internement » (voir encadré) et s’adresse exclusivement aux délinquants atteints d’un
trouble mental. Elle rappelle que l’internement n’est pas une peine, mais une mesure de
sûreté destinée à protéger la société et à faire en sorte que soient dispensés à l’intéressé
les soins requis par son état en vue de sa réinsertion dans la société.
Cependant, il demeure différentes lacunes. La principale est la suivante : avant d’ordonner
l’internement, le psychiatre doit être appelé pour expertise, mais par la suite, il est absent
des décisions prises en matière d’exécution de l’internement (permissions de sortie,
congés, détention limitée, surveillance électronique) ou de libération éventuelle. En
effet, l’exécution de l’internement est désormais décidée par le tribunal d’application des
peines, qui est constitué d’un juge et de deux assesseurs (l’un spécialisé dans le domaine
pénitentiaire, l’autre dans la réinsertion) mais pas d’un psychiatre. De plus, ce tribunal
ne donne plus la possibilité de recours, sauf à former un pourvoi en cassation, ce qui vise
la légalité de la décision et non pas son opportunité.
Autre fait mis en évidence lors du colloque namurois : les nouvelles modalités d’exécution de l’internement (détention limitée, surveillance électronique,…) entraînent une
surcharge de travail, or en Belgique, il y a actuellement 3600 dossiers en cours qui
pourraient être concernés par ces conditions.
E.D.
Libre cours janvier 2008
13
Culture et enseignement
L’enseignement décourage-t-il les carrières scientifiques ?
Trop peu de jeunes s’orientent vers les domaines scientifiques et techniques. Les entreprises actives
dans ces secteurs cherchent, chaque année, 200 diplômés techniques du secondaire, 200 diplômés de
l’enseignement supérieur et 200 universitaires. Est-ce la faute de notre enseignement ? La question a été
posée par la Fédération des entreprises chimiques et des sciences de la vie (Essenscia Wallonie) à Marc
Romainville, directeur du Département éducation et technologie, et Robert Deschamps, économiste au
Centre de recherches en économie régionale et politique économique. Le temps d’une soirée, un véritable dialogue s’est établi entre représentants de l’enseignement, de l’industrie et du monde politique.
Plusieurs pistes ont pu être dégagées. Il n’y a maintenant plus qu’à…
Marc Romainville émet une hypothèse :
les filières scientifiques et techniques souffrent, aux yeux des étudiants, d’un déséquilibre entre la pénibilité des études et
le triple bénéfice de celles-ci en termes de
sens, de rentabilité personnelle et d’image
sociale. Ces études sont difficiles comme
le prouvent les taux de réussite et les
bénéfices sont considérés, subjectivement,
comme étant maigres. Les jeunes pensent
qu’elles ne permettent pas d’accéder à des
postes importants au sein des sociétés. Les
scientifiques souffrent également d’une
image négative et sont souvent perçus
comme des « rats de laboratoires ». Enfin,
les jeunes comprennent parfois mal l’enjeu
des sciences « dures ». La chimie et la physique sont par exemple accusées de polluer
notre planète. Il y a donc tout un travail à
faire sur la perception des métiers scientifiques pour susciter des vocations.
combiné avec les nombreuses options du
rénové, engendre par exemple beaucoup de
dépenses improductives. Par ailleurs, selon
Robert Deschamps et Marc Romainville, il
est urgent de mettre en place une politique
d’évaluation de l’enseignement avec des
méthodes adaptées aux objectifs définis
par la Communauté française.
Plusieurs pistes ressortent du débat organisé par Essenscia. Les intitulés de programme de cours pourraient par exemple
faire explicitement le lien entre les enjeux
qui mobilisent aujourd’hui nos jeunes,
comme la sauvegarde de la planète, et les
sciences. Marc Romainville souligne qu’il
serait souhaitable de rendre les études
scientifiques plus accessibles. Non par un
nivellement par le bas mais en offrant aux
étudiants plus d’encadrement (séances de
remédiation, séminaires,…) et en tenant
davantage compte de leurs prérequis réels.
L’entreprise dans les écoles
Enfin, il est indispensable d’établir un
dialogue entre les enseignants et les entreprises. Comment un enseignant peut-il
insuffler auprès de ses élèves une passion
pour les métiers scientifiques, s’il ne connaît pas le milieu de l’entreprise ? Des
cadres pourraient par exemple intervenir
dans la formation des jeunes. Les relations
entre professeurs et entreprises dans le
cadre des stages doivent être améliorées.
Enfin, les futurs professeurs pourraient
aussi être sensibilisés à l’entrepreneuriat
durant l’agrégation.
La soirée organisée par Essenscia est un
premier pas vers un rapprochement entre
deux milieux malheureusement trop cloisonnés. Et, vu l’enthousiasme des participants, ils n’en resteront pas là.
A.M.
Notre enseignement est l’un des
mieux financé au monde
L’enseignement en Communauté française
est-il responsable de cette situation ? Les
enquêtes PISA (comparatif international
du niveau de formation des jeunes de 15
ans) montrent que les élèves francophones de Belgique sont assez faibles dans
les domaines scientifiques par rapport à
ceux des autres pays. Pour l’expliquer, les
enseignants déplorent souvent le manque
de moyens. Et pourtant, notre enseignement est l’un des mieux financés au monde
affirme Robert Deschamps. Mais l’argent
est mal utilisé en Communauté française.
Le cloisonnement entre les différents
réseaux (communal, provincial, communautaire, libre) et les disciplines, le tout
14
Libre cours janvier 2008
Conférence-débat sur la crise gouvernementale belge
Lundi 12 novembre : 156 jours sans gouvernement. L’Assemblée générale des étudiants
propose un débat sur la crise gouvernementale belge et ses possibles solutions. Le public
répond largement à l’invitation. L’auditoire est rempli, majoritairement d’étudiants, pour
écouter les professeurs et journalistes du Sud et du Nord du pays invités à alimenter la
discussion (modérée par Frédéric Deborsu, journaliste à la RTBF) : Béatrice Delvaux,
rédactrice en chef du quotidien Le Soir, Pascal Delwit, politologue (ULB), Robert
Deschamps, économiste (Université de Namur), Hugues Dumont, constitutionnaliste
(FUSL), Dave Sinardet, politologue (Université d’Anvers) et Luc Van der Kelen, éditorialiste du quotidien Het Laatste Nieuws. Les clefs de la résolution du conflit ? Une
réflexion en profondeur et une analyse des attentes à long terme des Régions. Sur la
photo : Le politologue flamand Dave Sinardet et l’économiste wallon Robert Deschamps
tenteraient-ils un rapprochement ?
E.D.
Culture et enseignement
Colloque « Logique et réalité »
Penser autrement
Montrer que la logique, étude
du raisonnement, évolue fortement comme toutes les autres
sciences et peut engager avec
celles-ci un dialogue fructueux
pour la compréhension du réel,
la construction de savoirs et la
découverte de nouvelles technologies. Tel était l’objectif du colloque « Logique et réalité », organisé
par le Département sciences-philosophies-sociétés de l’Université
de Namur et le Centre de logique
de l’UCL.
Une proposition est vraie ou fausse (principe du tiers-exclu). On ne peut affirmer
en même temps une chose et son contraire
(principe de non-contradiction). Deux
socles de la pensée humaine depuis des
siècles, hérités de la logique d’Aristote.
Depuis une cinquantaine d’années, des
logiciens critiquent cette logique classique
et en construisent de nouvelles qui rejettent
ou le principe du tiers exclu (logique intuitionniste) ou le principe de non-contradiction (logique paraconsistante).
Chamailleries pour penseurs illuminés ?
Loin de là. La façon même de concevoir le raisonnement influence notre com-
Les professeurs Bertrand Hespel (1er à gauche) et Dominique Lambert (2 e à gauche) du Département
sciences-philosophies-sociétés de l’Université de Namur et Marcel Crabbé du Centre de logique
de l’UCL (dernier à droite) entourent quelques-uns des philosophes de notoriété internationale
qu’ils ont invités : (de gauche à droite) Graham Priest, professeur à l’Université de Melbourne et
promoteur de la logique paraconsistante, Frédéric Nef, professeur à l’EHESS de Paris et partisan
d’une approche analytique de la métaphysique, Diderik Batens, professeur à l’Université de Gent,
qui participe à l’élaboration de logiques adaptatives, et Laurence Bouquiaux, professeur à l’Ulg,
spécialiste de la pensée du philosophe allemand Leibniz.
préhension du réel, ainsi que toutes les
sciences, depuis la philosophie jusqu’à
l’informatique. « Pendant longtemps, nous
avons cru que la géométrie ne pouvait
être qu’euclidienne. Aujourd’hui on sait
que cette géométrie est trop étriquée. La
logique connaît la même révolution. Et
surtout, ces nouvelles logiques ne sont
pas de la pure spéculation. Elles sont déjà
utilisées dans différents domaines comme
l’informatique, la psychologie, les sciences de l’apprentissage, le traitement du
langage naturel,… Or c’est encore peu
connu. Il est intéressant d’en informer les
scientifiques de tout bord » insiste Bertrand
Hespel, directeur du Département sciences-philosophies-sociétés et co-organisateur du colloque.
Le professeur namurois illustre combien
les logiques non classiques permettent par
exemple de mieux intégrer la complexité de
notre monde que ne le fait la logique classique : « Tout le monde est d’accord pour
dire que la proposition ‘ la Belgique aura
un gouvernement en 2050 ’ n’est ni vraie
ni fausse. Or la logique classique refuse
cela, en vertu du principe du tiers-exclu.
De même, puisque selon notre législation,
la détention par un majeur d’une quantité
de cannabis à des fins d’usage personnel
(trois grammes maximum ou d’une plante
cultivée) est considérée comme relevant du
degré de priorité le plus bas des poursuites
pour possession de cannabis, on peut affirmer que ‘Nicolas peut et ne peut pas être
poursuivi pour possession de cannabis’
lorsque Nicolas est majeur et possède un
plant susceptible de donner quatre grammes de cannabis. Mais la logique classique
refuse une telle proposition, car elle viole
le principe de non-contradiction ».
Près de 80 personnes, principalement des
logiciens, des philosophes et des physiciens, mais aussi des informaticiens et des
professionnels du secteur éducatif, ont
assisté à ce colloque organisé conjointement par les universités namuroise et louvaniste, avec le soutien du Centre national
de recherches de logique et la Société
belge de logique et de philosophie des
sciences.
E.D.
Libre cours janvier 2008
15
Culture et enseignement
Colloque « Beltox » à Namur
(Éco)toxicologie des nanomatériaux
Les nanoparticules sont-elles toxiques ? Une question qui en cache des milliers d’autres. En effet, « nanomatériaux » et « nanoparticules » recouvrent une diversité de substances tout à fait nouvelles, ayant pour seul
point commun d’avoir une taille inférieure à 100 nanomètres (un nanomètre = un milliardième de mètre).
Substances qui diffèrent aussi bien par leur taille exacte que par leur forme, leur structure et leurs propriétés chimiques. Le congrès annuel de la Société belge de toxicologie et d’écotoxicologie (Beltox), dont les
commandes ont cette fois été confiées à l’Université de Namur, était consacré à cette problématique.
Si on connaît les nombreux avantages de
l’utilisation des nanoparticules (minimisation et optimisation de matériels électroniques, nouveaux produits cosmétiques,…),
on ne sait rien des risques toxiques qu’elles
pourraient représenter pour la santé humaine ou pour l’environnement. Mais surtout,
les scientifiques se demandent comment
appréhender la toxicologie de ces nouvelles matières. Les analyses toxicologiques
classiques sont-elles pertinentes, alors que
le passage à l’échelle nanométrique modifie les propriétés chimiques de certaines
substances (par exemple : elles deviennent
solubles) ? L’expression de leur toxicité
pose également problème, car la minuscule
taille des nanoparticules augmente leur
surface de contact (si une particule est plus
ou moins grande, une partie de la matière
est à l’intérieur, plus elle est petite, plus la
matière est en surface). La notion classique
de « dose » est-elle encore valable ?
Difficultés qui ont été mises en évidence
lors du congrès de Beltox auquel ont assisté près de 80 personnes issues des secteurs
universitaire, industriel et public. Les chercheurs y ont également présenté les résultats de tests de toxicité de certains nanomatériaux. « Dans les différentes études belges en cours, notamment celle menée par
les chercheurs namurois (Nanotoxico, voir
Libre cours juillet 2007), aucune toxicité
n’a été relevée pour l’instant. Cependant,
vu le nombre de configurations différentes
que peuvent prendre les nanoparticules
- l’industrie elle-même ne peut pas fournir
d’échantillons standards - et les difficultés
pour établir l’analyse toxicologique de ces
nouveaux matériaux, il faut persévérer,
et cela de façon interdisciplinaire, avec
des équipes de recherche composées de
chimistes, de physiciens, de pharmaciens,
de biologistes de tous les horizons,…»
rappelle Patrick Kestemont, directeur de
l’Unité de recherche en biologie des organismes et organisateur du congrès Beltox
2007.
Les doctorants étaient aussi invités à participer à la rencontre,
en présentant des travaux relatifs à la
toxicité en général. Parmi eux, plusieurs
jeunes biologistes namurois ont exposé leur étude concernant les effets des
PCBs sur le développement des amphibiens, l’impact des stéroïdes anabolisants
comme perturbateurs endocriniens des
milieux aquatiques ou encore l’action d’un
insecticide sur les crevettes tigrées.
E.D.
Diffusion des sciences
Atout sciences au cœur du Festival du film nature
Atout sciences a participé au Festival
du film nature, via son activité « Les
Sciences font leur cinéma », dont l’objectif est d’amener les jeunes spectateurs
à dépasser le simple plaisir cinématographique pour tirer un enseignement
de ce qu’ils ont vu : s’interroger sur les
messages véhiculés par le film, porter
un regard critique sur la manière dont
les sciences sont évoquées, débattre avec
des scientifiques,…
Après une collaboration très enrichissante
avec le Festival du film francophone, c’est
naturellement qu’Atout sciences s’est
lancé dans une nouvelle aventure avec le
16
Libre cours janvier 2008
Festival du film nature. Un festival qui
en grandissant s’est ouvert au monde
professionnel, devenant aujourd’hui un
rendez-vous incontournable pour les passionnés de nature et de belles images.
Pour promouvoir les beautés de la planète
sur grand écran, mais aussi nous montrer
combien ce magnifique trésor de l’humanité est en danger. La collaboration entre
Atouts sciences et le Festival du film
nature est le parfait alliage entre l’image et
l’information pour qu’au-delà de l’émotion
soit développé un regard critique essentiel
à toute démarche citoyenne.
Le film choisi cette année dans la catégorie
des films professionnels était « Tricksters »
qui pourrait être traduit « Pas si bête que
ça » de Alvaro Mendoza. Quelles sont les
stratégies de défense des animaux ? La
réponse est souvent très impressionnante !
Certaines espèces utilisent des techniques
d’une rare précision pour tromper leur
proie. Chaque espèce a ses propres trucs et
astuces : certaines grenouilles cachent sous
leur peau colorée le poison le plus puissant
connu dans le monde, juste un gramme
de batrachotoxine peut tuer une centaine
de personnes. La fourmi lion combine la
force et la voracité du roi de la jungle ;
certains coléoptères se servent de l’odeur
désagréable qu’ils dégagent comme moyen
Culture et enseignement
Chaire Bauchau 2007
Apports de la génomique
à la médecine et à l’agronomie
La Chaire Bauchau, attribuée tous les deux ans, permet,
principalement aux étudiants en biologie et en médecine
humaine et vétérinaire, de rencontrer un scientifique de
renom et de pouvoir bénéficier de son enseignement.
Elle a été attribuée cette année au professeur Michel
Georges de l’Université de Liège. Ancien étudiant de
l’Université de Namur, Michel Georges est un des leaders
mondiaux de la génomique animale.
Michel Georges a fait des découvertes
majeures en génétique et génomique des
mammifères. Il a mis au point des stratégies et des outils d’analyse génomique
largement utilisés pour améliorer l’élevage
d’animaux de rente. Ses travaux ont un
grand retentissement dans les processus
d’amélioration zootechnique, notamment
dans les pays en voie de développement.
Les recherches du professeur liégeois ont
également ouvert des voies nouvelles pour
l’étude des maladies héréditaires complexes chez l’homme. Lors de ses leçons
à Namur, Michel Georges a par exemple
montré comment des découvertes sur la
compréhension moléculaire de certains
mécanismes cellulaires débouchaient sur
d’importantes perspectives d’application
médicale.
RLC
Le professeur Michel Georges (ULg) était ravi
de revenir dans l’Université où il a obtenu son
diplôme de candidat en médecine vétérinaire,
en particulier dans le cadre d’une chaire créée
en mémoire d’un de ses anciens professeurs,
Adrien Bauchau. Il a communiqué sa passion
pour la recherche fondamentale en génétique,
mais a aussi pris le temps de rencontrer plusieurs
équipes de recherche namuroises des Facultés
des sciences et de médecine pour discuter
de leurs travaux.
Prix Adrien Bauchau 2006-2007
de dissuasion. Quelle que soit l’espèce,
ces incroyables stratégies ont pour but
de favoriser la survie des organismes les
mieux adaptés.
Pour nourrir le débat, Atout sciences avait
invité différents scientifiques : Jean-Pol
Vigneron (Département de physique) et
Nathanaël Laurent (Département « sciences, philosophies, sociétés) de l’Université
namuroise, Jean-François Rees (UCL), et
Marie-Sophie Grognet (Festival du film
nature).
Marie Botman, Atout sciences
Les dossiers pédagogiques des films
présentés lors des séances « Les sciences
font
leur cinéma » sont disponibles sur
http://www.fundp.ac.be/sciences/
www.atoutsciences.be
- section Ressources,
biologie/fds_bauchau
ou sur simple demande, soit au
081/ 72 55 64 soit via
[email protected]
Les trois lauréats du Prix Adrien Bauchau 2006-2007, en compagnie de Monsieur
Luc Bauchau, frère du professeur Adrien Bauchau, fondateur du Département de
biologie de l’Université de Namur : (de gauche à droite) Matthieu Terwagne, MarieAlice Vitry et Kathleen Roland. Le prix (1500 euros) a été attribué à Matthieu
Terwagne, aspirant FNRS, doctorant à l’Unité de recherche en biologie moléculaire
(URBM) pour son mémoire « Caractérisation fonctionnelle de l’ORF BMEL1674 de
Brucella melitensis et du domaine TIR qu’elle contient. Relation entre B.melitensis et
le système immunitaire inné ». Les deux autres lauréats, Marie-Alice Vitry et Kathleen
Roland, ont reçu chacune 500 euros.
Libre cours janvier 2008
17
Culture et enseignement
International Executive Master
in Business Administration
Photo de la première promotion de l’International
Executive Master in Business Administration, organisé
dans le cadre de la Louvain School of Management (LSM),
créée par les quatre universités de l’Académie Louvain
et l’ICHEC.
Ces 17 étudiants, tous des managers bénéficiant d’au moins 5
ans d’expérience professionnelle, ont particulièrement apprécié
les trois séjours à l’étranger de ce cursus de 18 mois en Business
Administration : Hongrie, Chine et Brésil. Deux semaines dans chacun de ces pays pour en découvrir l’économie et le tissu industriel. Et
cela grâce à un programme varié : cours dans les universités partenaires de la LSM (Corvinus University of Budapest, Fundação Getulio
Vargas of São Paulo, Tongji University, Antai College de Shanghai),
visites en entreprises et rencontres avec des représentants diplomatiques et des membres d’ONG internationaux.
À VOIR
« Visas pour le Vietnam »
Pour connaître les projets menés par les universités de la Province de
Namur (FUNDP et Faculté universitaire des sciences agronomiques de
Gembloux) au Vietnam, regardez le film réalisé par le Service AudioVisuel
et Électronique (SAVÉ) dans le cadre de la Chaire NEW Sud-Nord : « Visas
pour le Vietnam » (réalisation : Baudouin Lotin).
La Chaire NEW Sud-Nord, initiative de l’agence Namur-Europe-Wallonie, est consacrée à des
productions audiovisuelles visant à mieux faire comprendre au public le rôle et les projets des
deux universités namuroises dans les pays du Sud, et de sensibiliser la population à l’aide au
développement.
Le film réalisé par le SAVÉ dans le cadre de la chaire 2007, se centre sur le Vietnam. Il présente
quatre projets développés par l’Université de Namur, la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux et quatre institutions universitaires sud-vietnamiennes : le Centre universitaire de formation des professionnels de la santé, l’Institut des sciences agronomiques du Sud
Vietnam, la Faculté des sciences naturelles de l’Université nationale du Vietnam et l’Université
de Can Tho. Ces projets visent à favoriser la collaboration scientifique entre les universitaires
belges et vietnamiens afin de renforcer les capacités institutionnelles des universités vietnamiennes, et cela dans différents domaines : aquaculture, entrepreneuriat dans le secteur agricole,
mathématiques appliquées et optimisation, et enfin santé humaine. Pour connaître les enjeux
mais aussi le quotidien de ces collaborations belgo-vietnamiennes, rien de tel que ce « Visas pour
le Vietnam », qui présente aussi l’avantage de proposer le regard des partenaires locaux sur ces
projets d’initiative belge, en laissant largement la parole aux professeurs, chercheurs et étudiants
vietnamiens.
« Visas pour le Vietnam » peut être visionné en ligne (en versions française et vietnamienne)
sur http://www.fundp.ac.be/universite/services/save/streamlist.html. Le DVD est également
disponible sur demande à Greta Debois - [email protected] - 081/72 43 52
18
Libre cours janvier 2008
Les 3e bac
romanes
créent un blog
littéraire
Les étudiants de troisième année de
baccalauréat en langues et littératures françaises et romanes proposent
à tous les amateurs, passionnés et
spécialistes de la littérature, ou tout
simplement aux curieux, le site « Le
Particule des manches » (allusion à
la célèbre revue littéraire française
« Le Matricule des anges »). Comptes
rendus d’ouvrages, débats sur des
questions littéraires et d’actualité, et
bien entendu un forum, où chacun est
invité à réagir aux sujets traités sur
le site et à en proposer de nouveaux.
Mais aussi, la rubrique « Romanistes,
et après ? ». Tous les anciens romanistes sont invités à y témoigner de
leurs parcours professionnel, mais
aussi d’étudiant. Tous à vos souris !
http://particulesdesmanches.hautetfort.com/
90 jours
Distinction
Pour une meilleure
compréhension des gaz polluants
Christophe Lerot a obtenu le Prix Charles Courtoy 2002-2005,
décerné le 11 octobre dernier par la Faculté des sciences, pour
sa thèse en physique menée au sein du Laboratoire Lasers et
Spectroscopies (LLS) et défendue en 2005. Son travail a été
primé en particulier parce qu’il a initié de nouvelles pistes de
recherche utiles pour la compréhension des gaz, et de leur
influence sur l’ozone dans l’atmosphère.
L’effet d’un gaz varie en fonction de l’altitude. L’ozone par exemple est mauvais pour les
bronches dans la basse atmosphère, tandis que dans la haute atmosphère, il protège des UV.
Pour mesurer et comprendre cette variation de l’effet des gaz, on peut utiliser la spectroscopie
moléculaire. On envoie de la lumière qui, en traversant le mélange gazeux, est absorbée par
les molécules du gaz. Cela crée visuellement des raies d’absorption, que les scientifiques
peuvent analyser. L’ensemble de ces raies constitue le spectre, carte d’identité du gaz.
Christophe Lerot a proposé une démarche originale : l’explication physique des diverses formes que peuvent prendre les raies, en fonction de la température, de la pression,… Il a notamment remarqué que lorsque la pression augmente, les raies se déplacent dans le spectre.
Ces déplacements sont très petits mais significatifs. Ils permettent de comprendre l’interaction des molécules du gaz avec le milieu dans lequel il est émis. Cette méthode d’analyse
peut s’appliquer à la compréhension des effets des gaz dans l’atmosphère, par exemple des
gaz nuisibles à la couche d’ozone.
« Ce travail nécessitait beaucoup
de rigueur et de curiosité scientifiques,
mais aussi d’ouverture d’esprit. Christophe
Lerot a su en faire preuve. C’est un bon
scientifique car il a réussi à combiner
recherche fondamentale et appliquée,
en rendant un travail très pointu applicable
dans un domaine d’intérêt pour la société :
la protection de l’environnement » se réjouit
Muriel Lepère, chercheur qualifié FNRS
au Laboratoire lasers et spectroscopies et
promotrice du doctorat de Christophe Lerot.
En publiant ce travail sur les déplacements de raies, Christophe Lerot a ouvert une
nouvelle piste de recherche, suivie par différents chercheurs belges et étrangers. Il travaille
désormais à l’Institut d’aéronomie spatiale de Belgique, où il étudie l’absorption de l’ozone dans l’atmosphère. Il a montré lors de son exposé à l’occasion de la remise du prix
Courtoy, combien les mesures prises en laboratoire grâce à la spectroscopie étaient
nécessaires pour mieux déterminer les réactions physico-chimiques des gaz dans
l’atmosphère.
E.D.
Plus de nanotubes, plus d’emplois
Créée en 2002 par les universités de Namur et de Liège, la spin-off Nanocyl, spécialisée
dans la production et la transformation industrielles de nanotubes* de carbone de très haute
qualité, vient d’installer un nouveau site de production à Sambreville. Dans ces murs, un
nouveau réacteur permettra d’augmenter la production pour atteindre 30 tonnes de nanotubes de carbone par an, soit cinq à six fois plus qu’auparavant.
Plus important producteur de nanotubes de carbone en Europe, Nanocyl devrait d’ici
2012, acquérir encore deux réacteurs pour pousser la production à 100 tonnes par an. Un
développement qui va de pair avec la création d’emplois : si la spin off compte actuellement
35 personnes, elle devrait en effet doubler son effectif d’ici deux ans. Un développement
qui réjouit les ministres Marie-Dominique Simonet (ministre de la recherche, des technologies nouvelles et des relations extérieures de la Région wallonne) et Jean-Claude Marcourt
(ministre de l’économie, de l’emploi, du commerce extérieur et du patrimoine de la Région
wallonne). Depuis sa création la spin-off bénéficie du soutien de la Région wallonne qui a
d’ailleurs aidé à l’acquisition du nouveau réacteur.
* De la taille de deux ou trois nanomètres (un milliardième de mètre), les nanotubes de carbone présentent
plusieurs avantages : légèreté, résistance, élasticité, perfection moléculaire… et trouvent de nombreuses
applications, notamment l’aéronautique, le solaire, le textile, les matériaux composites, les écrans plats,
les câbles électriques,…
Le prix Charles Courtoy est un prix
triennal, destiné à distinguer une thèse
de doctorat en physique défendue à
l’Université namuroise. Il a été créé à
l’initiative du professeur émérite Charles
Courtoy, ancien titulaire de la Chaire
de physique et fondateur du laboratoire
de spectroscopie moléculaire, qui a récemment fusionné avec le Laboratoire
de spectroscopie moléculaire de surface
pour former le Laboratoire lasers et spectroscopies.
Libre cours janvier 2008
19
90 jours
ONG FUCID
Trente ans et tous ses… idéaux
La Fondation Universitaire pour la Coopération Internationale
au Développement (FUCID), ONG de l’Université namuroise, a
fêté ses 30 ans. L’occasion de rappeler ses missions et d’inviter tous les anciens étudiants et membres du personnel qui
ont participé aux différents voyages de sensibilisation qu’elle
organise depuis toutes ces années.
Respect des
droits de l’homme
Les étudiants
s’engagent
boration avec des membres du personnel
et même des étudiants de l’Université
namuroise. Elle s’engage aussi de plus en
plus, aux côtés d’autres ONG belges, dans
un plaidoyer en faveur du Sud auprès des
institutions nationales et internationales.
« On apprend vite qu’on ne change pas
facilement le monde et encore moins tout
seul. »
L’équipe actuelle de la FUCID :
(de gauche à droite) Catherine Dehalu,
Benjamin Moriamé, François Reman,
Patrick Kelders et Marcel Rémon (directeur).
« Merci à la FUCID de nous aider à être
davantage universitaire. Elle est un lieu
qui nous aide à avoir le sens de l’universel,
à prendre en considération tout homme et
tout l’Homme ». Par ses remerciements,
Michel Scheuer, recteur et président de la
FUCID, souligne la convergence entre les
objectifs de la fondation et ceux de l’Université namuroise : former des acteurs
responsables de la société, engagés dans la
promotion d’un monde plus juste et solidaire, où se déploient les valeurs de liberté,
de démocratie, de tolérance et de paix. Sa
spécificité universitaire lui confère aussi
une vision pluridisciplinaire, ouverte à la
réflexion et à la créativité.
ONG d’éducation au développement mais
aussi ONG de développement, la FUCID
met en avant l’aspect pédagogique de ses
actions tout en ne se limitant pas à théoriser la solidarité. Depuis toujours, elle mène
des projets de développement en colla-
à travers les actions qu’elle mène depuis
30 ans, la FUCID a marqué des centaines
d’étudiants et de membres du personnel
qui aujourd’hui s’engagent chacun à leur
niveau, dans leur vie professionnelle et/ou
privée. Leurs témoignages exprimés lors
de la soirée anniversaire, montrent qu’ils
courent tous vers un idéal. Un idéal qui
a évolué au contact de leurs expériences.
« On apprend vite qu’on ne change pas
facilement le monde et encore moins tout
seul. Il faut accepter l’incertain … Il s’agit
moins de réaliser l’idéal que de continuer
à le construire. La meilleure façon de réaliser ses idéaux, c’est d’avoir une cohérence » explique Philippe Defeyt (président du
CPAS de Namur). Bertrand Hespel (physicien et philosophe au Département sciences, philosophies et sociétés), souligne, lui
aussi et avec son regard de physicien, la
difficulté à changer les choses pour parvenir à un monde idéal : « Tout est imbriqué
et on est beaucoup plus coincé qu’on ne
le pense. Si j’exerce une pression dans un
sens, je tords le reste. On peut créer des
ondes, agir localement et créer ainsi un
mouvement… Il faut déformer progressivement cette structure en espérant se rapprocher de ce point idéal qui existe mais qui
est à une distance infinie ».
La Fondation Universitaire pour
la Coopération Internationale
au Développement (FUCID),
ONG de l’Université namuroise,
a fêté ses 30 ans. L’occasion de
rappeler ses missions et d’inviter tous les anciens étudiants
et membres du personnel qui
ont participé aux différents
voyages de sensibilisation
qu’elle organise depuis toutes
ces années.
Envie d’agir vous aussi ? Le groupe se réunit
tous les mardis midi au 2 e étage de la Faculté
des sciences économiques, sociales et de
gestion. Infos : Julien Dufey, responsable
du groupe Amnesty FUNDP - 081/724909
[email protected]
La présence et les témoignages des nombreux « anciens » de la FUCID encouragent l’équipe à poursuivre sur sa lancée.
Son directeur, Marcel Rémon, s’exprimait
d’ailleurs en ce sens en souhaitant à l’ONG
de « continuer à être profondément une
ONG de développement et universitaire.
Allier à la fois le feu de la militance et
la sagesse de l’intelligence. Oser prendre
parti sans devenir partisan. Toujours prôner une approche intégrale du développement qui n’oublie ni les plus faibles, ni
les générations futures. Respecter le partenaire, quitte à devoir pas mal “bouger
dans sa tête”. En un mot, rester jeune tout
en assumant ses trente ans. »
A.M.
20
Libre cours janvier 2008
90 jours
Ils sont vingt cette année à poursuivre ce
type d’objectifs en s’impliquant dans le
groupe Amnesty des FUNDP, qui existe
depuis 2003. Le 10 octobre dernier, ils ont
participé à la journée mondiale contre la
peine de mort en pendant des mannequins
à différents endroits du campus pour attirer
l’attention des passants à qui ils proposaient de signer la pétition contre la peine
de mort. Six cents signatures ont été récoltées. « Un beau succès » commente Luc
Goffinet, coordinateur des jeunes Amnesty
sur les campus universitaires (FUNDP,
ULB, ULg et UCL).
Dans la ligne de mire d’Amnesty FUNDP
en novembre : les transports aériens secrets
de la CIA. Des filles déguisées en hôtesses
de l’air de la compagnie « AirTorture », des
garçons en prisonniers ou en militaires :
une mise en scène qui attire l’attention des
passants, pour qu’ils s’arrêtent un moment,
lisent et signent une lettre adressée à la
sénatrice Anne Delvaux, présidente du
comité d’avis des questions européennes.
La formule a fonctionné : près de 200
signatures. « Dans cette lettre, Amnesty
International demande à la Belgique d’inciter le Conseil de l’Europe à condamner
publiquement le programme des “ restitutions ” mené par les États-Unis et auquel
certains pays européens ont collaboré. Ce
programme a permis le transfert aérien de
prisonniers soupçonnés de terrorisme vers
des pays où ils risquaient la détention forcée ou la torture » explique Luc Goffinet.
Conférences, pétitions, spectacles, jeux
de rôles, films, débats,… Ces jeunes étudiants engagés multiplient les actions sur
le campus namurois afin de sensibiliser le
public à l’importance du respect des droits
humains dans le monde. Prochainement,
les Jeux olympiques 2008 seront l’occasion de parler aux étudiants, grâce à des
épreuves sportives, de la violation des
droits humains en Chine.
E.D.
Action FUCID - Amnesty
Soutien aux démocrates birmans
Le 2 octobre dernier, la Fondation Universitaire de Coopération Internationale
au Développement (FUCID) et le groupe Amnesty des FUNDP avaient
organisé un rassemblement de soutien au peuple birman.
« Nous demandons au gouvernement belge d’accorder son soutien aux manifestants et réclamons
la libération d’Aung San Suu Kyi, prix Nobel de
la paix en 1991 et leader de l’opposition démocratique, privée de liberté depuis 18 ans » a déclaré
le porte-parole de la FUCID lors de cette manifestation, au cours de laquelle circulait une pétition
en faveur de la libération d’Aung San Suu Kyi et
de tous les autres prisonniers politiques birmans.
Plus de 450 signatures ont ainsi été récoltées.
« Un bon début » estimait Jean Nizet, professeur
émérite (Département des sciences politiques,
sociales et de la communication), membre de la
coordination « Birmanie » d’Amnesty International, deux jours après ce rassemblement de soutien,
alors qu’il proposait un « midi de la FUCID » pour
faire le point sur la crise politique de septembre 2007 en Birmanie. Après avoir resitué le contexte
historico-politique des troubles birmans, il invitait en effet le public à s’interroger sur les actions
que nous pouvons mener en Belgique.
Pour le professeur namurois, « Il est crucial de s’informer sur la situation en Birmanie, mais aussi
d’en parler, parce que c’est la publicité donnée à ce type de problèmes qui fera bouger nos hommes
politiques. Ce n’est pas pour rien que le pouvoir birman fait tout pour limiter le passage d’informations, en surveillant les accès à Internet, en perturbant les réseaux, etc. Et j’ai vu sur place
combien les Birmans mettent de l’espoir dans ces actions internationales. On peut aussi écrire aux
dirigeants nationaux et internationaux pour faire pression afin qu’ils mettent la Birmanie à leur
ordre du jour. L’Europe par exemple a des échanges réduits avec la Birmanie, mais elle en a avec
la Chine qui elle en a beaucoup avec la Birmanie et veut par ailleurs soigner son image. Chacun
peut agir comme consommateur car si le boycott est parfois critiqué (et il n’est pas, comme tel, préconisé par Amnesty), on voit qu’il peut être efficace pour la Birmanie, où les marchés ne profitent
pas aux populations. Par exemple, Total n’emploie que 200 Birmans environ. De plus, Aung San
Suu ki avait recommandé ce boycott».
Mais surtout, insiste Jean Nizet, il faut se rappeler que les droits humains demandent des engagements de longue durée, et que l’actualité d’un pays en crise est l’occasion pour les personnes
sensibles à ces situations de se poser la question d’un engagement plus fort, dans des organisations
comme Amnesty International par exemple.
E.D.
Triste portrait de la Birmanie
Les ressources agricoles birmanes sont plus que suffisantes, mais 40 % des enfants souffrent de
malnutrition. Déjà avant les événements de septembre, plus de 1100 personnes étaient emprisonnées,
maltraitées voire torturées. Pourquoi ? L’une portait un tee-shirt d’une couleur inadéquate, l’autre
n’avait pas signifié aux autorités son déménagement dans une autre ville ou sa connexion à Internet,…
La vie économique des populations rurales est fortement désorganisée par le travail forcé (principalement pour fournir de la main d’œuvre pour la construction d’infrastructures et bâtiments pour le
tourisme) et les déplacements de minorités ethniques et de populations sensées soutenir les opposants
au gouvernement. Malgré des ressources naturelles énormes (en particulier les forêts de teck, le gaz
et le pétrole), le développement économique est réduit, chaotique et peu attractif pour les investisseurs
étrangers (ceux-ci doivent passer par des commissions militaires qui leur imposent souvent d’ouvrir
une entreprise jumelle birmane s’ils veulent s’implanter dans le pays…).
Libre cours janvier 2008
21
90 jours
Distinction
Professeurs namurois à
l’Académie royale de Belgique
Jean-Marie André, professeur au
Département de chimie, a été nommé
par le Roi pour assurer la présidence de
l’Académie royale des sciences, des lettres
et des beaux-arts de Belgique au cours de
l’année 2008. Il est également membre de
l’Académie européenne des sciences et
de l’Académie internationale des sciences moléculaires quantiques. Jean-Marie
André vient d’être honoré du titre de
Grand officier de l’Ordre de la Couronne,
au regard de l’apport de ses recherches et
de leur reconnaissance internationale (voir
aussi article p. 9 de ce numéro).
Nouveau membre
Le professeur Jean-Pol Vigneron
(Département de physique) vient quant à
lui d’être admis comme membre de la classe des sciences de l’Académie royale de
Belgique. Ses projets de recherche, principalement orientés vers l’optique, ont toujours laissé une grande place à l’interdisciplinarité. Actuellement, Jean-Pol Vigneron
et son équipe tentent de comprendre les
effets de coloration interférentielle développés par beaucoup d’organismes vivants
et de décrire les mécanismes physiques,
souvent encore inconnus, mis en jeu dans
Libre cours janvier 2008
du développement durable
les organes qui définissent l’apparence
du monde vivant. Ces études renseignent
sur la complexité et l’état d’évolution des
espèces biologiques, mais peuvent aussi
inspirer la conception de matériaux artificiels présentant des effets visuels inédits.
Un tel programme fait autant appel à la
biologie qu’à la chimie ou la physique.
Le professeur se dit ravi de son entrée à
l’Académie car elle multipliera pour lui les
occasions de rencontres dans des domaines
très variés de la science : « Ma curiosité
scientifique est naturellement interdisciplinaire. J’aime beaucoup apprendre des
gens que je rencontre, quelle que soit leur
spécialité ». Il espère que sa présence à
l’Académie royale lui permettra également
d’encourager diverses actions en faveur des
jeunes scientifiques. Par exemple, redonner aux étudiants de toutes les universités
belges des occasions d’entendre et de rencontrer les meilleurs acteurs de l’actualité
scientifique internationale.
Jean-Pol Vigneron rejoint ainsi à l’Académie royale ses collègues namurois JeanMarie André, Amand Lucas et Dominique
Lambert (classe des sciences), ainsi que
André Allard (classe des lettres).
E.D.
22
Saint Nicolas à l’heure
Le professeur Jean-Pol Vigneron
(Département de physique) vient d’entrer en classe
des sciences à l’Académie Royale de Belgique.
Saint Nicolas avait demandé aux étudiants de le
fêter dans le respect de l’environnement... Les
étudiants ont été sages. Lors du cortège organisé par L’Assemblée Générale des Étudiants
(AGE), des chopes réutilisables ont remplacé
les gobelets jetables… et largement jetés les
années précédentes. Mais les étudiants ont également affiché leurs couleurs: le cortège, placé
sous le signe d’une Belgique unie, alignait des
chars festifs noir-jaune-rouge. Nouveauté pour
le traditionnel bal de Saint Nicolas de l’AGE :
un euro par chacune des 2800 entrées était
versé à trois associations (Cinex, Adas, Saint
Vincent de Paul) chargées d’offrir un cadeau de
Saint Nicolas aux enfants démunis de la région
namuroise.
Les bons réflexes au volant
Vous êtes deux devant un écran où défile une
route balisée de panneaux de signalisation :
« ne pas dépasser », « attention chutes de pierres »,… La route défile à nouveau, mais les
panneaux sont au milieu de la route. Pour ne
pas avoir d’accident, vous devez mimer ces
pictogrammes afin que votre corps passe sans
problème dans leur forme.. Facile ? Pas tant
que ça, surtout lorsque vous devez porter des
lunettes qui simulent une vue troublée par l’alcool, la fatigue ou le stress, et qui handicapent
votre équilibre pour réussir ces exercices de
gymnastique… Grâce à ce jeu vidéo interactif proposé en octobre par l’association RED
(Responsalibility Experience Defensive) suite
à l’invitation de l’Assemblée générale des étudiants, les jeunes Namurois ont été sensibilisés
aux dangers de la route. Namur a inauguré
« The Reflex Box », qui a ensuite poursuivi son
chemin vers les autres campus belges.
E.D.
90 jours
à lire
Jean Nizet, La sociologie de Anthony Giddens,
éditions La Découverte, 2007, collection Repères
Ce livre présente les différentes facettes de l’œuvre du sociologue Anthony Giddens et discute les nombreuses critiques qu’elle
a suscitées. Anthony Giddens, auteur prolifique (quelque 35
ouvrages et plusieurs centaines d’articles scientifiques), a marqué la sociologie par sa critique de l’ensemble de la tradition
sociologique et sa théorie de la société moderne, mais aussi par
sa tentative de compréhension de l’individu contemporain et de
ses relations intimes, ainsi que sa tentative de définition d’une
« troisième voie » politique, au-delà du clivage gauche-droite.
Jean Nizet est professeur émérite de la Faculté des sciences
économiques, sociales et de gestion
Françoise Mies (éd.), Bible et philosophie. Les
lumières de la raison, Presses universitaires de
Namur - Éditions Lessius, 2007
Bible et philosophie : mariage de l’eau et du feu ? Antagonisme
de la Révélation et de la raison ? Pas forcément. Après avoir
établi le cadre théorique d’une saine relation entre les deux,
cet ouvrage collectif propose plusieurs itinéraires : comment la
Révélation de Dieu au buisson ardent, dans son « Je suis celui
qui est », inspire-t-elle la philosophie ? En quoi Jésus et Socrate
présentent-ils des profils parallèles et divergents ? Comment
l’Écriture est-elle au cœur des œuvres de Lévinas et de Ricœur ?
La Bible : un don à la philosophie, intempestif et incandescent.
Avec des études de Paul Gilbert (Université grégorienne de
Rome), Françoise Mies (chercheur qualifié du FNRS à l’Université de Namur), Laura Rizzerio (professeur à la Faculté de philosophie et lettres de l’Université de Namur), Alain Thomasset
(Centre Sèvres de Paris).
Louis le Hardÿ (sous la direction de), Criminalité
et trafics maritimes : des enjeux politiques aux
conséquences juridiques, Presses universitaires
de Namur, 2007
Piraterie, terrorisme, trafics d’êtres humains ou de stupéfiants,… Hélas des réalités bien de notre temps. Ces formes
diverses de criminalité se développent sur mer comme sur
terre, avec des conséquences graves tant sur le plan humain
que politique, économique ou de sécurité. Cet ouvrage
propose une réflexion croisée sur ces problématiques, à laquelle
juristes et experts de terrain ont contribué.
Louis le Hardÿ est chargé de cours au Département des sciences
politiques, sociales et de la communication.
Daniel Delbrassine, Découvrir la « lecture littéraire »
avec des romans écrits pour la jeunesse, Presses
universitaires de Namur, 2007, collection Tactiques n°2
Pourquoi utiliser des romans écrits pour la jeunesse en classe de français ? Ce numéro de la collection Tactiques propose cinq séquences
de leçons visant à développer la «lecture littéraire» chez les élèves du
secondaire à partir d’œuvres contemporaines tirées de la littérature
pour la jeunesse. La démarche se fonde sur une conviction : le roman
contemporain adressé aux adolescents peut servir à préparer les élèves à l’approche des œuvres classiques du patrimoine. Le professeur
de français trouvera dans cet ouvrage tous les matériaux nécessaires
à la mise en œuvre de ses cours : canevas de leçons, extraits utiles,
listes de titres, notions théoriques adaptées, ouvrages de référence et
sources d’information sur le roman pour adolescents.
La collection Tactiques est éditée sous la responsabilité du Centre d’études et de documentation pour l’enseignement du français
Gérard de Nerval, Les Confidences de Nicolas. Histoire
d’une vie littéraire au XVIIIe siècle, texte établi, annoté
et présenté par Michel Brix, Editions du Sandre, 2007
Sous le titre Les Confidences de Nicolas, Gérard de Nerval consacre en
1850 une longue et remarquable étude à Rétif de La Bretonne (17341806), l’auteur du Paysan perverti, de Monsieur Nicolas et des Nuits
de Paris. Dans son œuvre _ la plus prolifique du siècle des Lumières _,
Rétif avait fait le choix de raconter son existence « sans détours et sans
voiles » et de supprimer tout filtre entre la vie et l’œuvre littéraire. La
Révolution de Février 1848, toute proche encore au moment où Nerval
écrit, venait de remettre en lumière ce curieux et audacieux écrivain,
qui fut aussi un réformateur et un utopiste, annonciateur de Fourier et
du communisme. Usant avec une totale liberté des textes autobiographiques laissés par son modèle, Nerval s’est appliqué à recomposer la
vie de celui-ci, dans un portrait qui peut passer à beaucoup d’égards
pour un Contre Nicolas, ou un Anti-Rétif. Compte moins ici le détail de
la vérité historique que la réflexion à laquelle nous associe Nerval, sur
la vie et sur l’art : « L’exemple de la vie privée et de la carrière littéraire
de Rétif démontre que le génie n’existe pas plus sans le goût que le
caractère sans la moralité. » Le constat vaut encore pour aujourd’hui.
Michel Brix, chercheur à la Faculté de philosophie et lettres, est le
responsable du Centre de recherches Gérard de Nerval
Le numéro 31 de Textyles, revue des lettres belges de langue française, est consacré au thème
« Droit et littérature ». Ce dossier est dirigé par Laurence Brogniez, professeure au Département de
langues et littératures romanes, et fait écho à un colloque sur le même sujet, à laquelle ont également
participé différents membres de la Faculté de droit : Séverine Dussolier, René Robaye et Xavier
Thunis. Y sont abordés entre autres thèmes : l’importance de la littérature dans la formation des
juristes, l’émergence et la défense du droit d’auteur, les rapports entre l’écriture littéraire et l’écriture du droit, etc. Si l’apport des juristes s’est révélé éclairant lors de ces rencontres, invitant aux
dialogues des disciplines, le numéro ne reprend, pour des questions de place, que les contributions
consacrées à la littérature belge.
Libre cours janvier 2008
23
Exposition
La bibliothèque universitaire
accueille Europalia
Dans le cadre du festival Europalia, consacré cette année à l’ensemble des 27 pays de l’Union européenne, la Bibliothèque universitaire
Moretus Plantin (BUMP) propose jusqu’au 15 mars 2008 l’exposition
« Voyage au coeur des fleurs. Modèles botaniques et flores d’Europe
au XIXe siècle ».
« Au XIX e siècle, la fascination des scientifiques, mais aussi du grand public, est à son
comble. Des sociétés, des concours, des échanges,… entretiennent l’émulation dans
toute l’Europe, et particulièrement en Belgique. De plus, la botanique évolue: elle n’est
plus limitée à la simple classification des espèces, mais recourt à la chimie et à la
physique pour en arriver à la physiologie végétale moderne. Cette effervescence se
traduit dans de nombreuses publications, parfois luxueuses, qui permettent de diffuser
ces nouvelles connaissances » explique Anne-Marie Bogaert, conservateur à la BUMP
et commissaire de l’exposition.
Découverte de la botanique européenne,
mais aussi panorama de la flore sauvage
d’une dizaine de pays, depuis le Portugal
jusqu’à la Russie.
Le « Voyage au cœur des fleurs » présente au public quelques-uns de ces livres richement illustrés, conservés au sein de la réserve précieuse de la BUMP. Parcours qui
est agrémenté de modèles botaniques. Ces sculptures en couleurs, munies de pièces
détachables, sont des représentations agrandies de plantes et de fleurs, qui permettent
d’en montrer toute la structure, y compris intérieure. L’exposition ravit aussi bien les
scientifiques que les amateurs de botanique, ou même d’art.
E.D.
Pour découvrir la structure intérieure des plantes et des fleurs, rien de tel
que ces modèles botaniques en trois dimensions, colorés, précis et
démontables. Ils étaient utilisés comme support pédagogique au XIXe siècle
pour l’enseignement. L’Université de Namur en possède une collection variée :
plantes médicinales, plantes décoratives, algues, fleurs sauvages,…
Ce modèle représente la colchique.
Des écrans tactiles permettent au visiteur de prolonger l’exposition
en feuilletant des livres précieux virtuels et d’admirer ainsi
des illustrations non exposées en vitrine.
Anne-Marie Bogaert (au centre), conservateur à la BUMP et
commissaire de l’exposition, guide d’un soir pour Martine
Caeymaex, responsable des expositions du festival Europalia et le
baron Georges Jacobs, vice-président d’Europalia International,
présents au vernissage le 11 octobre dernier.
À lire : Le catalogue de l’exposition : « Voyage au cœur des fleurs.
Modèles botaniques et flores d’Europe au XIXe siècle » par
A.-M. Bogaert-Damin, disponible à la BUMP (rue Grandgagnage 19
- 5000 Namur ; tél. 081/72 46 46) et aux Presses universitaires
de Namur (Rempart de la Vierge, 13 ; tél. 081/72 48 84)
24
Libre cours janvier 2008
Editeur responsable : M. Scheuer, FUNDP, rue de Bruxelles 61, 5000 Namur.
90 jours