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Éloge des mathématiques
L’auteur
Alain Badiou est professeur émérite à l’École normale supérieure
de la rue d’Ulm. Philosophe, dramaturge, essayiste, romancier,
penseur politique dérangeant et polémiste, passionné de
mathématiques fondamentales et de logique formelle, il est
l'auteur d'une œuvre riche et multiforme.
Il a signé nombre d'essais, aussi bien consacrés à des questions
ontologiques que politiques et métapolitiques comme La Théorie
du sujet, L'Être et l'événement - son ouvrage phare, publié en
1988 - ou Court traité d'ontologie transitoire. La pensée politique
de cet ancien militant maoïste s'inscrit dans un engagement très
marqué à gauche, comme en témoignent plusieurs ouvrages
pamphlétaires comme De quoi Sarkozy est-il le nom ? et
différentes réflexions autour de la réhabilitation du communisme
dans des titres comme L'Hypothèse communiste, paru en 2009.
Ces prises de position radicales suscitent régulièrement la
polémique et lui valent de recevoir de nombreuses critiques.
Lui-même auteur d'une œuvre romanesque et théâtrale, il
consacre une partie de sa production philosophique à des
questions esthétique et artistique, notamment ses essais
critiques Rhapsodie pour le théâtre et Beckett, l'increvable
désir. Sa carrière littéraire est marquée par des romans comme
Almagestes, publié en 1964 ou Calme bloc ici-bas, paru en 1997
et par des pièces de théâtre.
Il fut longtemps directeur de la collection « L'ordre philosophique »
au Seuil et dirige aujourd'hui la collection « Ouvertures » chez
Fayard.
Zoom
Platon, dans sa République, fait d’une longue éducation
mathématique et de constants exercices de logique une
condition impérative pour tout accès aux vérités. Seul celui qui
abandonne son obéissance aux opinions dominantes pour ne se
fier qu’aux vérités auxquelles sa pensée « participe » (c’est le
mot de Platon) peut parvenir au bonheur.
Cet éloge philosophique des mathématiques voudrait
s’interroger sur ce lien entre mathématiques, vérité et bonheur.
La voie est-elle dégagée pour quiconque est armé du savoir à
la fois difficile et lumineux des mathématiques, de sorte que
la stratégie philosophique puisse dire à tout animal humain :
« voici de quoi te convaincre que penser contre les opinions et
au service de quelques vérités, loin d’être l’exercice ingrat et
vain que tu imagines, est le chemin le plus court pour la vraie
vie, laquelle, quand elle existe, se signale par un incomparable
bonheur » ? Ce sera l’enjeu du dialogue entre Alain Badiou et
Gilles Haéri.
© Eric Fougère / VIP Image / Corbis
Alain Badiou
France
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L’œuvre
Le Séminaire - Images du temps présent
(2001-2004) (Fayard, 2014)
> Philosophie
> Essais politiques
> Séminaires
L'Aventure de la philosophie française (La
Fabrique éditions, 2012)
La République de Platon (Fayard, 2012)
La Relation énigmatique entre politique et
philosophie (Germina, 2011)
Le Fini et l'infini (Bayard, 2010)
La Philosophie et l'événement, avec Fabien
Tarby (Germina, 2010)
Il n'y a pas de rapport sexuel - Deux leçons sur
« L'Etourdit » de Lacan, avec Barbara Cassin
(Fayard, 2010)
Heidegger - Le nazisme, les femmes, la
philosophie, avec Barbara Cassin (Fayard, 2010)
Éloge de l'amour, avec Nicolas Truong
(Flammarion, 2009)
L'Antiphilosophie de Wittgenstein (NOUS,
2009)
Second manifeste pour la philosophie (Fayard,
2009)
Petit panthéon portatif (La Fabrique éditions,
2008)
Le Concept de modèle (Fayard, 2007)
Logiques des mondes - L'Être et l'Événement,
2 (Seuil, 2006)
Le Siècle (Seuil, 2005)
Petit manuel d'inesthétique (Seuil, 1998)
Court traité d'ontologie transitoire (Seuil, 1998)
Abrégé de métapolitique (Seuil, 1998)
Saint Paul - La fondation de l'universalisme
(PUF, 2007 [1997])
Deleuze - La clameur de l'Être (Hachette, 2013
[1997])
L'éthique, essai sur la conscience du mal
(NOUS, 2003 [Hatier,1993])
Conditions (Seuil, 1992)
Manifeste pour la philosophie (Seuil, 1989)
L'Être et l'événement (Seuil, 1988)
Peut-on penser la politique ? (Seuil, 1985)
Théorie du sujet (Seuil, 1982)
Qu'est-ce qu'un peuple ?, avec Pierre Bourdieu,
Judith Butler, Georges Didi-Huberman, Sadri
Khiari et Jacques Rancière (La Fabrique
éditions, 2013)
Circonstances, 7 - Sarkozy : pire que prévu, les
autres : prévoir le pire (Lignes, 2012)
Entretiens 1 (NOUS, 2011)
Controverse, avec Jean-Claude Milner (Seuil,
2012)
L'Idée du communisme, vol. 2, dirigé par Alain
Badiou et Slavoj Žižek (Lignes, 2011)
L'Antisémitisme partout - Aujourd'hui en
France, avec Éric Hazan (La Fabrique éditions,
2011)
Circonstances, 6 - Le Réveil de l'Histoire
(Lignes, 2011)
L'Explication - Conversation avec Aude
Lancelin, avec Alain Finkielkraut (Lignes, 2010)
L'Idée du communisme, vol. 1, dirigé par Alain
Badiou et Slavoj Žižek (Lignes, 2010)
Démocratie, dans quel état ?, avec Giorgio
Agamben, Daniel Bensaïd, Wendy Brown, JeanLuc Nancy, Jacques Rancière, Kristin Ross et
Slavoj Žižek (La Fabrique éditions, 2009)
Circonstances, 5 - L'Hypothèse communiste
(Lignes, 2009)
Mao - De la pratique et de la contradiction,
avec Slavoj Žižek (La Fabrique éditions, 2008)
Circonstances, 4 - De quoi Sarkozy est-il le
nom ? (Lignes, 2007)
Circonstances, 3 - Portées du mot "juif" (Léo
Scheer, 2005)
Circonstances, 2 - Irak, foulard, Allemagne/
France (Léo Scheer, 2004)
Circonstances, 1 - Kosovo, 11 septembre,
Chirac/Le Pen (Léo Scheer, 2003)
D'un désastre obscur - Droit, État, Politique
(Éditions de l'Aube, 1991)
Le Séminaire - Images du temps présent
(2001-2004) (Fayard, 2014)
Le Séminaire - Malebranche : L'Être 2 - Figure
Théologique (1986) (Fayard, 2013)
Le Séminaire - Lacan : L'antiphilosophie 3
(1994-1995) (Fayard, 2013)
> Essais critiques
Rhapsodie pour le théâtre (PUF, 2014)
Éloge du théâtre, avec Nicolas Truong
(Flammarion, 2013)
Cinéma (Nova éditions, 2010)
Cinq leçons sur le 'cas' Wagner (NOUS, 2010)
Beckett - L'increvable désir (Fayard, 2013
[Hachette, 1995])
> Romans
Calme bloc ici-bas (P.O.L, 1997)
Portulans - Trajectoire inverse II (Seuil, 1967)
Almagestes - Trajectoire inverse I (Seuil, 1964)
> Théâtre
« Cet imposant ensemble,
représentant deux années
et
demie
d’intervention
mensuelle, est à plus d’un
titre une sorte de tournant
dans l’histoire générale de
mon séminaire. Il ouvre la
série des séminaires qui
traitent un même motif
pendant plusieurs années
consécutives. La poésie et
le théâtre sont très souvent convoqués, en
même temps que le commentaire politique est
plus précis et plus constant. Les vingt séances
articulent des éléments qui peuvent paraître
disparates, mais dont l’unité tient à la question
philosophique du présent, du temps présent, et
des conditions sous lesquelles la philosophie
peut être contemporaine de son propre temps.
La courbe générale va d’une analytique de
notre présent, dominé en réalité par sa fuite ou
son absence, aux maximes de la construction
d’un présent réel et des caractéristiques d’un
Sujet qui s’y ordonne. Elle tente d’éclairer
l’unique question réellement importante de la
philosophie, qui est la question de la vraie vie."
The Incident at Antioch / L’Incident d’Antioche:
A Tragedy in Three Acts / Tragédie en trois
actes (Columbia University Press, 2013 - écrite
en 1982)
Les Citrouilles (Actes Sud, 1996)
Ahmed philosophe, suivi de Ahmed se fâche
(Actes Sud, 1995)
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Alain Badiou
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Rhapsodie pour le théâtre (PUF, 2014)
Rhapsodie pour le théâtre est
un des textes les plus curieux
d’Alain Badiou. Comptant à la
fois parmi ceux touchant au
plus intime de son inlassable
activité (Badiou a été acteur
de théâtre et a publié
plusieurs pièces, montées
par les plus prestigieux
metteurs en scène), en
même temps qu’au plus urgent de sa pensée
(le lien entre politique et représentation, entre
État et événement, etc.), ce « court traité
philosophique » est un plaidoyer inattendu pour
un art dont nous avions oublié la fraîcheur et
la puissance. Organisé en quatre-vingt-neuf
sections numérotées comme des aphorismes,
il déploie, avec l’implacable rigueur et
l’impeccable clarté qu’on connaît à l’œuvre de
Badiou, un véritable « système du théâtre »
en explorant les enjeux esthétiques aussi
bien que politiques, pédagogiques aussi bien
qu’ontologiques, pour le monde d’aujourd’hui
comme celui de demain. Publié une première
fois de manière confidentielle en 1990, il est
aujourd’hui rendu enfin lisible à tous, dans
une édition revue, actualisée, corrigée, et
bénéficiant d’une préface inédite de Badiou luimême.
Qu'est-ce qu'un peuple ?, avec Pierre Bourdieu,
Judith Butler, Georges Didi-Huberman, Sadri
Khiari et Jacques Rancière (La Fabrique
éditions, 2013)
Peuple, un mot qui implique
la disparition de l’État
existant ? Populaire, un
adjectif à travers lequel
les
dominés
acceptent
les conditions les plus
défavorables
à
leur
propre langage ? « Nous,
le peuple », un énoncé
performatif par lequel se
constituent en peuple les
corps réunis dans la rue ? Non pas un peuple,
mais des peuples coexistants ? Des rapports de
force, une histoire de rapports de force ? Et le
populisme, une figure construite sur l’alliage
d’une capacité – la puissance brute du grand
nombre – et d’une incapacité – l’ignorance
attribuée à ce même grand nombre ?
Alain Badiou, Pierre Bourdieu, Judith Butler,
Georges Didi-Huberman, Sadri Khiari et
Jacques Rancière éclairent dans ce livre
quelques unes des facettes de peuple.
Approches diverses, on s’en doute, mais qui ont
un point commun malgré la polysémie du mot
et la polyvalence de la notion : situer "peuple"
sans hésiter du côté de l’émancipation.
Le Séminaire - Malebranche : L'Être 2 - Figure
Théologique (1986) (Fayard, 2013)
Le Séminaire - Lacan : L'antiphilosophie 3
(1994-1995) (Fayard, 2013)
« Malebranche est un
penseur étonnant, et d’autant
plus qu’en un sens, pour
qui n’est pas chrétien, et
chrétien convaincu, il semble
inutilisable. Mais quant à la
sincérité, à la lumière qui
baigne toute l’entreprise, au
style souple et charmeur,
à la conviction audacieuse
et toujours sur la brèche de
ses stupéfiantes démonstrations, Malebranche
est incomparable. On va de merveille en
merveille, comme si on visitait une admirable
église remplie de petites peintures toutes plus
surprenantes les unes que les autres. Lorsque
je suis revenu au Traité de la nature et de la
grâce, quelque chose comme une grâce m’a en
effet touché. J’espère qu’à votre tour, lecteurs,
vous en serez touchés. »
« Lacan a été, depuis la fin
des années cinquante du
dernier siècle, un compagnon
essentiel
autant
que
malaisé de mon itinéraire
intellectuel. Aussi, dans ce
Séminaire, la controverse
est constamment mêlée à
la surprise étonnée devant
les inventions du maître.
On chemine comme on
peut, dans la broussaille parfois. Mais on
rencontre tant de formules décisives ! Celle
que je retiendrai parmi tous ces trésors
verbaux consiste à dire que l’objectif de la cure
est “d’élever l’impuissance à l’impossible”.
Ce pourrait bien être la définition, par moi
cherchée depuis longtemps, et que Lacan avait
trouvée de longue date pour un usage tout
différent, de… la philosophie. »
Alain Badiou
Alain Badiou
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Éloge du théâtre,
(Flammarion, 2013)
avec
Nicolas
Truong
Comment s'adresser aux
gens de façon à ce qu'ils
pensent leur vie autrement
qu'ils ne le font d'habitude ?
C'est à cette question que
le théâtre, qui est le plus
complet des arts, répond
avec une incomparable force.
The Incident at Antioch / L’Incident d’Antioche:
A Tragedy in Three Acts / Tragédie en trois
actes (Columbia University Press, 2013 - écrite
en 1982)
Controverse, avec Jean-Claude Milner (Seuil.
2012)
Circonstances, 7 - Sarkozy : pire que prévu, les
autres : prévoir le pire (Lignes, 2012)
Ils sont issus de la même
génération. Alain Badiou
est né en 1937 à Rabat,
Jean-Claude
Milner
en
1941 à Paris. Ils ont tous les
deux traversé les « années
rouges » à la fin des années
1960. Mais s’ils furent l’un et
l’autre maoïstes, le premier
fixait toute son attention sur
la Chine quand l’autre s’en
Dans ce septième volume de la
série « Circonstances », Alain
Badiou tire les enseignements
politiques de la présidence
catastrophique de Nicolas
Sarkozy. Les prochaines
élections présidentielles lui
offrent l’occasion d’affirmer
son opposition de principe au
prétendu choix démocratique
que constituerait le « vote ».
Ce dernier ressortit selon lui à un pur et simple
« choix forcé qui annule toute pensée autonome
et tout désir vrai ».
Édition bilingue
Dans un monde crépusculaire,
éclate une révolution radicale,
terrible ; elle est dirigée par
Céphas. Une jeune femme,
Paule,
d'abord
ralliée,
s'oppose aux conséquences
de cette fureur, et définit un
autre credo politique.
détournait déjà.
Cette polémique originaire sur le destin du
gauchisme s’est nourrie au fil des années de
nouvelles et profondes divergences à propos du
rôle de la philosophie et de la politique. Qu’ils
évoquent l’ère des révolutions, et en particulier
la Commune et la Révolution culturelle chinoise,
qu’ils se penchent sur les grands massacres
de l’histoire, qu’ils discutent de l’infini, de
l’universel, du « nom juif », de l’antisémitisme,
de la violence, du rôle des intellectuels, du
progrès, du capitalisme, de la gauche ou de
l’Europe, le scepticisme théorique de JeanClaude Milner se heurte constamment à la
passion doctrinale d’Alain Badiou. L’amoureux
de Lucrèce se frotte à la cuirasse de l’héritier
de Platon. Les arguments minimalistes de
Jean-Claude Milner croisent les propositions
maximalistes d’Alain Badiou sans jamais s’y
dissoudre. Et ce débat hors normes débouche
finalement sur de nouvelles interrogations.
Car il n’est, sans doute, de meilleur remède à
l’écrasante puissance de la raison médiatique
que la reprise inlassable des grandes disputes
de l’esprit.
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L'Aventure de la philosophie française (La
Fabrique éditions, 2012)
La République de Platon (Fayard, 2012)
Dans la seconde moitié
du XXe siècle en France,
un moment philosophique
s'est développé qui, par son
ampleur et sa nouveauté,
se laisse comparer tant
au moment grec classique
qu'à celui de l'idéalisme
allemand. Entre L'Être et
le néant de Sartre (1943)
et le dernier livre de Deleuze, Qu'est-ce que
la philosophie ? (1991), on voit se succéder
existentialisme, structuralisme, déconstruction,
postmodernisme, réalisme spéculatif... Alain
Badiou montre qu'en dépit des apparences cette
période possède une sorte d'unité : la bataille
autour de la notion de sujet (malgré la diversité
des positions), la discussion de l'héritage
allemand de Hegel à Heidegger, l'engagement
politique, l'intimité avec la littérature, autant
de points de convergence pour des penseurs si
divers et parfois opposés.
Cela a duré six ans.
Pourquoi ce travail presque
maniaque à partir de Platon ?
C’est que c’est de lui que
nous avons prioritairement
besoin aujourd’hui : il a
donné l’envoi à la conviction
que nous gouverner dans le
monde suppose qu’un accès à
l’absolu nous soit ouvert.
Je me suis donc tourné
vers La République, œuvre centrale du Maître
consacrée au problème de la justice, pour en faire
briller la puissance contemporaine. Je suis parti
du texte grec sur lequel je travaillais déjà avec
ardeur il y a cinquante-quatre ans.
J’ai commencé par tenter de le comprendre,
totalement, dans sa langue. Je me suis acharné,
je n’ai rien laissé passer ; c’était un face-à-face
entre le texte et moi. Ensuite, j’ai écrit ce que
délivrait en moi de pensées et de phrases la
compréhension acquise du morceau de texte
grec dont j’estimais être venu à bout. Peu à peu,
des procédures plus générales sont apparues :
complète liberté des références ; modernisation
scientifique ; modernisation des images ;
survol de l’Histoire ; tenue constante d’un vrai
dialogue, fortement théâtralisé. Évidemment, ma
propre pensée et plus généralement le contexte
philosophique contemporain se sont infiltrés dans
le traitement du texte de Platon, et sans doute
d’autant plus quand je n’en étais pas conscient.
Le résultat, bien qu’il ne soit jamais un oubli du
texte original, pas même de ses détails, n’est
cependant presque jamais une “traduction”
au sens usuel. Platon est omniprésent, sans
que peut-être une seule de ses phrases soit
exactement restituée. J’espère être ainsi parvenu
à combiner la proximité constante avec le texte
original et un éloignement radical, mais auquel
le texte, tel qu’il peut fonctionner aujourd’hui,
confère généreusement sa légitimité.
C’est cela, après tout, l’éternité d’un texte.
Ce livre réunit des textes sur Jean-Paul Sartre,
Gilles Deleuze, Georges Canguilhem, Paul
Ricœur, Louis Althusser, Jean-François Lyotard,
Françoise Proust, Jean-Luc Nancy, Barbara
Cassin, Christian Jambet et Guy Lardreau,
Jacques Rancière - textes qui ont en commun la
vivacité et la clarté propres à Alain Badiou.
Entretiens 1 (NOUS, 2011)
Ce livre est le premier
volume d’une série qui
rassemblera l’intégralité des
entretiens donnés par Alain
Badiou, des années quatrevingt à aujourd’hui.
La Relation énigmatique entre politique et
philosophie (Germina, 2011)
Comment éclairer l’étrange
connexion entre philosophie
et politique ? Le nœud
énigmatique qui les relie
nous renvoie en particulier au
statut du fait démocratique
en
philosophie.
Cette
dernière est par principe
une activité démocratique,
elle est une adresse faite à
chacun,
particulièrement
à une jeunesse qui ne recule pas devant les
« révoltes logiques » et les révoltes tout court.
Il se trouve que la philosophie n’est pourtant
pas démocratique dans ses objectifs et sa
destination. Sans doute parce que la vérité, dont
elle s’occupe, se nomme justice dans le champ
politique.
Alain Badiou
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L'Idée du communisme, vol. 2, dirigé par Alain
Badiou et Slavoj Žižek (Lignes, 2011)
L'Antisémitisme partout - Aujourd'hui en
France, avec Éric Hazan (La Fabrique éditions,
2011)
Circonstances, 6 - Le Réveil de l'Histoire
(Lignes, 2011)
Cinéma (Nova éditions, 2010)
La conférence de Berlin
organisée en mars 2010
s’est donnée pour objectif de
prolonger celle de Londres
(2009) en étudiant plus
particulièrement le lien
entre l’Idée du communisme
et sa mise en pratique
durant
les
décennies
passées. Cela nécessitait
une analyse des expériences
des états socialistes et de leur échec cuisant.
C’est à partir de leurs analyses respectives
que les intervenants de plusieurs pays (et
notamment des pays ex-soviétiques) étaient ici
conviés pour proposer leur vision propre d’une
nouvelle orientation émancipatrice, orientation
définissable comme « communiste ».
Une « vague d’antisémitisme
en France » ? Pourquoi
la dénonciation de cette
« vague » a-t-elle commencé
en 2002, quand a été lancée
la guerre contre l’axe du Mal,
en Afghanistan, en Irak, en
Palestine ? Qu’en est-il de
l’antisémitisme en France
aujourd’hui ? Est-il, comme
le soutiennent certains, la tache qui stigmatise
la jeunesse arabe des quartiers populaires ?
Et ceux qui mènent la campagne contre « la
vague », qui sont-ils, d’où viennent-ils, quelle
est leur rhétorique, quels intérêts défendentils ? Pourquoi s’en prennent-ils si violemment
aux « mauvais juifs », aux « juifs de négation »,
victimes de la « haine de soi » ? Comment se
fait-il que la traque de « l’antisémitisme »
soit infiniment plus virulente en France qu’en
Israël et même qu’en Allemagne ? Telles sont
quelques-unes des questions auxquelles ont
réfléchi Alain Badiou et Eric Hazan. Leurs
réponses sont une attaque frontale contre
l’hypocrisie et la mauvaise foi qui règnent dans
cette affaire.
De même que les révolutions
de 1848, au-delà de leurs
échecs circonstanciels, ont
sonné pour un siècle et demi
le retour de la pensée et de
l’action révolutionnaires, de
même les soulèvements en
cours dans le monde arabe,
au-delà des replâtrages que
va tenter de leur imposer
la « communauté internationale », sonnent, à
l’échelle mondiale, le retour de la pensée et de
l’action des politiques émancipatrices.
Pour Alain Badiou, le cinéma
est une formation, un art de
vivre et une pensée. Il a écrit
son rapport au septième art
en une trentaine de textes,
de la fin des années 1950 à
aujourd'hui, qui offrent une
vision et une interprétation.
Ces textes proposent un
parcours varié dans les
films de ces cinquante dernières années, des
cinéastes de la modernité (Murnau, Tati, Oliveira,
Antonioni, Godard) à certaines œuvres de
l'Amérique contemporaine (Matrix, Magnolia, Un
monde parfait), en passant par des expériences
singulières (Guy Debord, le cinéma de 68...). Les
films pensent et c'est au philosophe de les voir
et de transcrire cette pensée : de quel sujet un
film est-il la mise en forme ?, voici la question
où s'origine la réflexion cinématographique
d'Alain Badiou. De ces textes, quelques idées
spécifiques se dégagent : le cinéma est l'art qui
rend justice à la figure humaine inscrite dans le
monde ; le cinéma est vu dans une connexion
"subjuguante " avec les autres arts ; le cinéma
est un voyage imaginaire et une pensée de
l'autre. Le philosophe développe également
l'idée du cinéma comme "producteur d'une
vérité du contemporain" et du film comme
une "configuration sensible de la vérité du
monde". Le cinéma apparaît enfin comme un
art impur qui vampirise son temps, les autres
arts, les personnes, un art majeur en ce qu'il
est précisément le lieu de l'indiscernabilité
entre l'art et le non-art, ce qui en fait, expliquet-il, l'art social et politique par excellence, le
meilleur marqueur d'une civilisation, comme
le furent, en leur temps, la tragédie grecque, le
roman picaresque, l'opérette.
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Le Fini et l'infini (Bayard, 2010)
Cinq leçons sur le "cas" Wagner (NOUS, 2010)
La Philosophie et l'événement, avec Fabien
Tarby (Germina, 2010)
Il n'y a pas de rapport sexuel - Deux leçons sur
« L'Etourdit » de Lacan, avec Barbara Cassin
(Fayard, 2010)
Il fallait sans doute un
philosophe de l’ampleur
d’Alain Badiou pour discuter
d’une manière accessible
de notions aussi denses.
Tour à tour religieuse (Dieu
est infini), mathématique
(il existe un calcul de
l’infini), physique (est-ce
que l’univers est infini ?) et
aussi philosophique, la question de l’infini ne
peut se séparer de celle de fini. L’homme est fini
puisqu’il meurt. Comment un être fini peut-il
comprendre ce qui est infini ?
Cela peut arriver à n’importe
qui. N’importe qui peut être
saisi par un événement
politique, n’importe qui peut
être saisi par l’amour. Quand
nous sommes engagés dans
une procédure de vérité,
nous sommes saisis par elle
et nous observons la maxime
de fidélité à cette procédure. Il n’y a pas d’autre
impératif éthique que « Persévérez ! Persévérez
dans votre fidélité ! » Je soutiens la formule de
la fidélité comme « discipline à l’indiscipline
de l’événement ». Je crois avoir montré que la
fidélité est une errance, un trajet sans concept,
ou encore — Mallarmé — « le hasard vaincu
mot par mot ». Finalement, il s’agit de répondre
à une question intimidante : que vaut notre
temps ? Car il ne vaut, philosophiquement,
que par les quelques vérités qu’il prodigue.
Nietzsche a raison : ce qui vaut d’une époque
est ce qui supporte l’idée d’un retour éternel.
La philosophie anticipe ce retour, en saisissant
à leur naissance les vérités, en les tournant vers
leur intemporel destin.
« J'ai compris assez récemment
cette incroyable obstination
de Platon à démontrer que le
philosophe est heureux. Le
philosophe est plus heureux
que tous ceux qu'on croit plus
heureux que lui, les riches, les
jouisseurs, les tyrans. Ce que
cela signifie est assez clair : le
philosophe expérimentera, de l' intérieur de sa
vie, ce qu'est la vraie vie. »
Dans « L’Étourdit », paru en
1973 et tenu pour l’un de ses
textes les plus obscurs et
les plus importants, Lacan
pose
certains
concepts
essentiels de son œuvre,
dont la formule fameuse
« Il n’y a pas de rapport
sexuel », qui interroge la
validité de notre rapport au
réel. Alain Badiou et Barbara Cassin s’emparent
de ce court texte pour penser « avec » lui et en
offrent deux lectures qui prennent le savoir pour
enjeu. Barbara Cassin l’envisage à partir de son
rapport intime aux choses de la langue ; Alain
Badiou analyse ce que la philosophie prétend
pouvoir dire quant à la vérité.
Ces études de « L’Étourdit », en se faisant
écho, éclairent d’un jour inédit la pensée de
Lacan et proposent un nouveau partage entre
la masculinité de Platon et la féminité de la
sophistique.
Alain Badiou est l'un des philosophes
contemporains les plus importants, auteur en
particulier de L'Être et l'événement (Seuil, 1988)
et de Logiques des mondes (Seuil, 2006), livre
qui fait suite au précédent. Nous embarquerons
ici pour un voyage au cœur de sa pensée.
Répondant aux questions de Fabien Tarby, Alain
Badiou nous fait parcourir une trajectoire qui
croise et explore les quatre conditions de la
philosophie : la politique, l'amour, l'art et les
sciences. Le philosophe fait, en outre, le bilan
de ses grandes œuvres et parle de son livre en
projet, L'immanence des vérités, qui serait le
troisième volume de l'œuvre commencée avec
L' Être et l' événement.
Mais quel est donc ce trajet de vie et de pensée
qui se nomme « philosophie » ?
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/7
L'Explication - Conversation avec Aude
Lancelin, avec Alain Finkielkraut (Lignes, 2010)
L'Idée du communisme, vol. 1, dirigé par Alain
Badiou et Slavoj Žižek (Lignes, 2010)
Heidegger - Le nazisme, les femmes, la
philosophie, avec Barbara Cassin (Fayard,
2010)
Éloge de l'amour, avec Nicolas Truong
(Flammarion, 2009)
Les deux « adversaires » ici
en présence témoignent,
dans le débat d’idées, de
deux visions irréconciliables.
Tout, dans leurs prises de
positions respectives, les
sépare : Alain Badiou comme
penseur d’un communisme
renouvelé ; Alain Finkielkraut
comme observateur désolé
de la « perte des choses ».
La conversation passionnée qui a résulté de
leur face-à-face – organisé à l’initiative de Aude
Lancelin – prend souvent la tournure très vive
d’une « explication », aussi bien à propos du
débat sur l’identité nationale, du judaïsme et
d’Israël, de Mai 68, que du retour en grâce de
l’idée du communisme.
L’Idée du communisme
réunit les textes prononcés
au colloque « On The
Idea of Communism »,
organisé à l’initiative d’Alain
Badiou et de Slavoj Žižek
à Londres, en mars 2009.
Avec
les
interventions
des philosophes : Alain
Badiou, Judith Balso, Bruno
Bosteels, Susan Buck-Morss, Terry Eagleton,
Peter Hallward, Michael Hardt, Minqi Li, JeanLuc Nancy, Toni Negri, Jacques Rancière,
Alessandro Russo, Alberto Toscano, Gianni
Vattimo, Wang Hui, Slavoj Žižek.
Les convictions politiques
d’un philosophe sont-elles
pertinentes pour juger son
œuvre ? La question s’est
posée avec une virulence
particulière au sujet de
Martin Heidegger, adulé par
certains et honni par d’autres
en raison de ses convictions
nazies. Pour Alain Badiou
et Barbara Cassin, cette polémique est mal
centrée et il faut accepter le paradoxe suivant :
oui, Heidegger a été un nazi ordinaire, petitbourgeois et provincial, et oui, Heidegger est l’un
des philosophes les plus importants du siècle
dernier.
En se plongeant dans sa correspondance,
les deux philosophes interrogent de manière
inattendue la figure de Heidegger, son rapport
à la politique, bien sûr, mais aussi aux femmes.
À la sienne, Elfride, avec laquelle il forma un
couple indestructible et tourmenté, à la manière
de Sartre et Beauvoir. Mais aussi à toutes celles,
et notamment Hannah Arendt, dont il fut l’amant
au cours de sa longue existence.
En développant des exemples
tirés de la littérature ou du
théâtre, Alain Badiou fait
l'éloge de l'amour. Celui-ci
serait menacé soit par une
conception libérale (mariage
arrangé par exemple), soit par
une négation de l'amour au
profit du seul plaisir égoïste.
Mais, selon lui, l'amour est
une véritable expérience métaphysique de
l'éternel, un risque qu'il faut savoir prendre.
Ce face à face exceptionnel rend saillantes les
principales lignes de fracture de la politique
et de la pensée française, que le jeu politicomédiatique n’expose le plus souvent que pour
les brouiller un peu plus. C’est ici le double sens
du titre « L’Explication » : une vive conversation
où s’opposent des points de vue éloignés ou
irréconciliables, en même temps qu’un effort
commun de clarification.
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L'Antiphilosophie de Wittgenstein (NOUS,
2009)
Second manifeste pour la philosophie (Fayard,
2009)
Dans les années quarante,
Wittgenstein,
requis
comme souvent par un
disciple potentiel de fixer
une orientation doctrinale,
déclare : « toutes les bonnes
doctrines sont inutiles. Vous
devez changer votre vie. »
« Il y a vingt ans, mon premier
Manifeste pour la philosophie
s’élevait contre l’annonce,
partout répandue, de la « fin »
de la philosophie. À cette
problématique de la fin, je
proposais de substituer le
mot d’ordre : « un pas de
plus ».
La situation a bien changé. Si
la philosophie était à l’époque
menacée dans son existence, on pourrait soutenir
aujourd’hui qu’elle est tout aussi menacée, mais
pour une raison inverse : elle est dotée d’une
existence artificielle excessive. Singulièrement en
France, la « philosophie » est partout. Elle sert de
raison sociale à différents paladins médiatiques.
Elle anime des cafés et des officines de remise en
forme. Elle a ses magazines et ses gourous. Elle
est universellement convoquée, des banques aux
grandes commissions d’État, pour dire l’éthique,
le droit et le devoir.
Tout le point est que par « philosophie » on entend
désormais ce qui en est le plus antique ennemi :
la morale conservatrice.
Mon second manifeste tente donc de démoraliser
la philosophie, d’inverser le verdict qui la livre à la
vacuité de « philosophies » aussi omniprésentes
que serves. Il renoue avec ce qui, de quelques
vérités éternelles, peut illuminer l’action.
Illumination qui porte la philosophie bien au-delà
de la figure de l’homme et de ses « droits », bien
au-delà de tout moralisme, là où, dans l’éclaircie
de l’Idée, la vie devient tout autre chose que la
survie. »
Alain Badiou
On pourrait avancer que cette importance
unilatérale du « changer la vie » est le côté
Rimbaud de Wittgenstein, cependant que le
soin du montage, la disposition sur la page,
l'inessentielle massivité syntaxique, est son côté
Mallarmé. Le Tractatus, c'est un peu Une saison
en enfer écrit dans la forme de Un coup de dés
jamais...
Démocratie, dans quel état ?, avec Giorgio
Agamben, Daniel Bensaïd, Wendy Brown, JeanLuc Nancy, Jacques Rancière, Kristin Ross et
Slavoj Žižek (La Fabrique éditions, 2009)
"Qu'est-ce qu'un démocrate,
je vous prie ? C'est là un
mot vague, banal, sans
acception précise, un mot en
caoutchouc." Cette question,
ce jugement sans appel
d'Auguste Blanqui datent
d'un siècle et demi mais
gardent une actualité dont
ce livre est un signe. Il ne
faut pas s'attendre à y trouver une définition de
la démocratie, ni un mode d'emploi et encore
moins un verdict pour ou contre. Les huit
philosophes qui ont accepté d'y participer n'ont
sur le sujet qu'un seul point commun : ils et elles
rejettent l'idée que la démocratie consisterait à
glisser de temps à autre une enveloppe dans une
boîte de plastique transparent. Leurs opinions
sont précises dans leurs divergences, voire
contradictoires - ce qui était prévu et même
souhaité. Il en ressort, pour finir, que tout usé
que soit le mot "démocratie", il n'est pas à
abandonner à l'ennemi car il continue à servir
de pivot autour duquel tournent, depuis Platon,
les plus essentielles des controverses sur la
politique.
Circonstances, 5 - L'Hypothèse communiste
(Lignes, 2009)
À quelles conditions peut-on
parler de l’échec d’une vision
politique ?
« L’hypothèse communiste
revient à dire que le devenir
de l’humanité n’est pas
condamné à la domination
planétaire du capitalisme, aux
inégalités monstrueuses qui
l’accompagnent, à l’obscène
division du travail et à la « démocratie » qui est,
de tout cela, le concentré étatique, organisant en
fait le pouvoir sans partage d’une oligarchie très
étroite. »
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Petit panthéon portatif (La Fabrique éditions,
2008)
Mao - De la pratique et de la contradiction,
avec Slavoj Žižek (La Fabrique éditions, 2008)
Le Concept de modèle (Fayard, 2007)
Circonstances, 4 - De quoi Sarkozy est-il le
nom ? (Lignes, 2007)
Ceux qui, aux alentours
de 1965, avaient entre
vingt et trente ans, ont
alors rencontré un nombre
exceptionnel de maîtres dans
le champ de la philosophie.
Les anciens comme Sartre,
Lacan
ou
Canguilhem,
étaient encore en pleine
activité ; d’un peu plus
jeunes, comme Althusser, déployaient leur
œuvre, et toute une génération, les Deleuze,
Foucault, Derrida, entrait dans l’arène.
Les textes de Mao Tse-toung,
autrefois entre les mains
de la jeunesse révoltée
du monde entier, maoïste
ou pas, sont aujourd’hui
difficiles à trouver, sinon
presque
oubliés.
Parmi
ceux qui sont présentés
dans ce livre, les uns sont
célèbres – Une étincelle
peut mettre le feu à toute la
plaine, L’impérialisme américain est un tigre
en papier –, et d’autres sont plus rares comme
Entretien sur des questions de philosophie. Ils
dessinent le territoire théorique de la Révolution
chinoise et rappellent que Mao, dont il est à la
mode de dire le plus de mal possible, reste une
grande figure marxiste révolutionnaire.
Dans sa présentation, Slavoj Žižek montre où se
situe la « pensée Mao Tse-toung », par rapport
à Marx, à Lénine, à Staline. Il explique l’erreur
de ceux qui condamnent cette pensée comme
théoriquement « inadéquate », en régression
par rapport au modèle marxien, et aussi bien
de ceux qui estompent la rupture Lénine/Mao
en en faisant une sorte de suite logique. Mais,
pour Žižek, c’est bien une erreur théorique
(la méconnaissance de la « double négation »
hégelienne) qui a entraîné aussi bien l’échec de
la Révolution culturelle que la restauration du
capitalisme en Chine.
À la fin du livre, un échange de lettres entre
Alain Badiou et Slavoj Žižek, montre combien
peut être fructueux un dialogue à la fois offensif
et amical, argumenté et respectueux.
Badiou : « Les descendants contrerévolutionnaires de nos “nouveaux philosophes“
vont hurler, comme ils le font déjà, qu’avec
Badiou tu fais la paire des partisans
attardés, mais quand même dangereux, d’un
communisme sépulcral. Quel autre sens
pourrait bien avoir, pour ces chiens de garde de
la nouvelle génération, de seulement parler de
Mao ? »
Voici la réédition, augmentée
d'une longue préface, d'un
livre publié en 1969 et
devenu introuvable depuis
trente ans. Il transcrit deux
conférences
prévues
à
l'époque dans un contexte
à la fois dense et mondain :
le "cours de philosohie pour
scientifiques" organisé par
Louis Althusser. La première
conférence eut bien lieu, en 1968, à la fin du mois
d'avril. Deux semaines plus tard, c'était le début
de Mai 68, celui-là même auquel notre actuel
Président ordonne qu'on mette fin "une fois pour
toutes". Nous, jeunes philosophes, sommes alors
passés brutalement des raffinements formels
de la théorie pure à l'activisme politique le plus
radical. Nous servions les structures, il a fallu,
et avec quelle détermination, servir le peuple. La
deuxième conférence fut annulée.
Les
détracteurs
du
« gouvernement Sarkozy »
devront s’y résoudre : ce
n’est pas plus dans l’examen
de la personnalité de son
« chef » que dans le compte
des ralliements qu’il suscite
qu’ils trouveront le moyen d’en
précipiter la chute.
Le philosophe Alain Badiou
pose que, face à la brutalité (historiquement
inscrite et idéologiquement fondée) des lois
actuelles, la gauche ne peut qu’assumer à son
tour l’héritage de ses valeurs essentielles, celles
que le gouvernement et ses amis se plaisent à
désigner comme obsolètes, irresponsables, ou
même dangereuses. Ce n’est qu’ainsi qu’une
véritable politique d’émancipation pourra à
nouveau émerger.
Tous ces maîtres, aujourd’hui, sont morts.
La scène philosophique, largement peuplée
d’imposteurs, est autrement composée, ne
tirant sa consistance que de ceux, jeunes et
moins jeunes, qui, les formulant à neuf dans
leur propre langue, savent être fidèles aux
questions qui nous animèrent il y a quarante
ans. Je crois juste de rassembler les analyses
et hommages qu’au long des années, quand ils
disparaissaient, j’ai consacrés à ceux à qui je dois
la signification, toujours inhumaine autant que
noble et combattante, du mot « philosophie ».
Je n’ai pas toujours eu avec ces contemporains
capitaux des rapports simples et sereins : la
philosophie, comme le dit Kant, est un champ
de bataille. Mais, considérant aujourd’hui les
innombrables « philosophes » médiatiques, je
puis dire que j’aime tous ceux dont je parle dans
ce livre. Oui, je les aime tous.
Alain Badiou
Entre 1960 et 1968, nous étions en effet
"structuralistes", et nous avions une grande
dévotion pour la science, que nous opposions à
l'idéologie. Il est vraiment paradoxal que depuis,
on ait jugé que nous nagions en pleine idéologie, et
qu'on ait appelé à "la fin des idéologies". On verra
tout le contraire dans ce livre : une grande rigueur
instruite concernant la logique contemporaine, un
grand mépris pour les à peu près de l'idéologie,
et une ambition rationnelle qui s'étend à tous les
domaines de la pensée active, politique comprise.
La vérité saute toujours par-dessus les étapes
obligées. C'est parce qu'il est vraiment de son
temps - le début des années soixante - que ce
petit livre peut être du nôtre. Écrite aujourd'hui,
la préface, racontant l'histoire de nos pensées
depuis presque un demi-siècle, tente de montrer
la pertinence de cette réédition.
Pour les idées profondes, quarante ans, ce n'est
que le temps raisonnable d'une latence, pendant
laquelle mûrissent les conditions nouvelles de
leur efficacité.
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Logiques des mondes - L'Être et l'Événement,
2 (Seuil, 2006)
Logiques
des
mondes,
auquel Alain Badiou travaille
depuis
une
quinzaine
d'années, est conçu comme
une suite de son précédent
« grand » livre de philosophie,
L'Être
et
l'événement,
paru aux Éditions du Seuil
en 1988. Mais que veut
dire « suite » ? En 1988,
le propos ontologique consistait, avec l'appui
des mathématiques, à établir que l'être, pensé
comme tel, n'est que multiplicité indifférente.
Le problème devient alors le suivant : comment,
sur fond de cette indifférence, comprendre, non
seulement qu'il y ait des vérités, mais qu'elles
apparaissent dans des mondes déterminés ?
Qu'est-ce que le corps visible, ou objectif,
d'une vérité ? Cela ne se laisse pas déduire de
l'ontologie. Il faut construire une logique de
l'apparaître, une phénoménologie. Telle est la
visée du présent livre : une « Grande Logique »
qui, rendant raison de l'ordre des mondes,
autorise la pensée des vérités comme exceptions
à cet ordre. Le matérialisme contemporain
soutient qu'il n'y a que des corps et des langages.
La dialectique matérialiste, ici argumentée dans
ses moindres détails, affirme, elle : oui, il n'y a
que des corps et des langages, sinon qu'il y a des
vérités. Ce n'est que sous l'effet de ce « sinon
que » qu'est encore possible une vie qui ne soit
pas indigne. Une vie où l'individu démocratique
s'incorpore à ce dépassement de sa propre
existence qu'on appelle un Sujet.
Le Siècle (Seuil, 2005)
L'ORDRE PHILOSOPHIQUE
« Le XXe siècle a été jugé
et condamné : siècle de
la terreur totalitaire, des
idéologies
utopiques
et
criminelles, des illusions
vides, des génocides, des
fausses
avant-gardes,
de l'abstraction partout
substituée au réalisme démocratique.
Je ne souhaite pas plaider pour un accusé qui
sait se défendre seul. Je ne veux pas non plus,
comme Frantz, le héros de la pièce de Sartre
Les Séquestrés d'Altona, proclamer : « J'ai
pris le siècle sur mes épaules, et j'ai dit : J'en
répondrai ! » Je veux seulement examiner ce
que ce siècle maudit, de l'intérieur de son propre
devenir, a dit qu'il était. Je veux ouvrir le dossier
du siècle, tel qu'il se constitue dans le siècle, et
non pas du côté des sages juges repus que nous
prétendons être.
Pour ce faire, j'utilise des poèmes, des fragments
philosophiques, des pensées politiques, des
pièces de théâtre... Tout un matériel, que
d'aucuns prétendent désuet, où le siècle déclare
en pensée sa vie, son drame, ses créations, sa
passion.
Et je vois alors qu'au rebours de tout le jugement
prononcé, cette passion, la passion du XXe
siècle, n'a nullement été celle de l'imaginaire
ou des idéologies. Encore moins une passion
messianique. La terrible passion du XXe siècle
a été, contre le prophétisme du XIXe, la passion
du réel. Il s'agissait d'activer le Vrai, ici et
maintenant. »
Circonstances, 3 - Portées du mot "juif" (Léo
Scheer, 2005)
Circonstances, 2 - Irak, foulard, Allemagne/
France (Léo Scheer, 2004)
Dans ce troisième volume de
la série « Circonstances »,
Alain Badiou poursuit sa
réflexion métapolitique. Le
mot « juif » constitue-t-il,
oui ou non, un signifiant
exceptionnel dans le champ
général de la discussion
intellectuelle
publique,
exceptionnel au point qu’il
serait licite de lui faire jouer le rôle d’un signifiant
destinal, voire sacré ?
Que peut la philosophie sur
la politique ? Rien, entendon partout. Au contraire, dit
Alain Badiou, la philosophie
ne cesse pas de rencontrer
la
politique,
rencontres
qui sont autant de ces
« circonstances » dont est
formé le présent volume.
Comme
le
précédent,
celui-ci rappelle que, pour le philosophe, une
circonstance n’est pas forcément ce qui fait
la une des journaux. Qu’au contraire, c’est lui
qui décide de l’importance de ce qui arrive.
Autrement dit, qu’il s’agisse, comme c’est le
cas ici, de la guerre en Irak, de la querelle du
foulard, de l’art contemporain ou des rapports
de l’Allemagne et de la France, philosopher
consiste à éclairer la distance entre la pensée
et le pouvoir (savoir si l’on peut la franchir),
à marquer la valeur de l’exception (savoir si
l’événement porte à la rupture) ; en dernière
instance : à choisir.
Alain Badiou
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Circonstances, 1 - Kosovo, 11 septembre,
Chirac/Le Pen (Léo Scheer, 2003)
Les textes qui composent ce
premier volume de la série
« Circonstances » sont parmi
les plus tranchants que
l’actualité pouvait inspirer
à un philosophe. Tout ce qui
y est analysé, pensé et écrit
est à cent lieues de tout
ce qui, consensuellement,
s’analyse, se pense et s’écrit
au sujet des mêmes événements. Analyse de
l’emploi incontesté du mot « terrorisme », au sujet
du 11 septembre 2001 ; analyse de la pratique
électorale et de la démocratie d’apparences
au sujet de la dernière élection présidentielle
française ; analyse du mot « guerre » au sujet
de l’intervention contre la Serbie dans le conflit
ouvert par la situation au Kosovo.
Depuis Platon, on sait que la philosophie n’a rien
à faire des péripéties politiques. Parce que, disent
les philosophes depuis celui-ci, les péripéties
politiques, même tragiques, ne constituent pas
un événement au sens philosophique (parce
qu’ils ne sont porteurs d’aucune vérité nouvelle).
Il y a pourtant des vérités dans ces péripéties, il
y en a du moins dans la façon dont celles-ci sont
consensuellement analysées ; et c’est par là que
la philosophie peut revenir vers la politique, par
là que Badiou l’y fait revenir.
Petit manuel d'inesthétique (Seuil, 1998)
« Didactisme, romantisme,
classicisme sont les schémes
possibles du nœud entre art
et philosophie, le tiers terme
de ce nœud étant l’éducation
des sujets, et singulièrement
de la jeunesse.
Or, ce qui caractérise à mon
sens notre siècle finissant
est que, tout en ayant
éprouvé la saturation de ces trois schèmes,
il n’en a pas produit de nouveau. Ce qui tend à
produire, aujourd’hui, une sorte de dénouage
des termes, un dé-rapport désespéré entre l’art
et la philosophie, et la chute pure et simple de ce
qui circulait entre eux : le thème éducatif.
De là découle la thèse autour de laquelle ce petit
livre n’est qu’une série de variations : au regard
d’une telle situation de saturation et de clôture,
il faut tenter de proposer un nouveau schème,
un quatrième mode de nouage entre philosophie
et art. »
Alain Badiou
Court traité d'ontologie transitoire (Seuil, 1998)
« Notre temps est sans aucun
doute celui de la disparition
sans retour des dieux. Mais
cette disparition relève de
trois processus distincts,
puisqu’il y a eu trois dieux
capitaux : celui des religions,
celui de la métaphysique et
celui des poètes.
Du dieu des religions, il
faut seulement déclarer la mort. Le problème,
qui est en dernière instance politique, est de
parer aux effets désastreux qu’entraîne toute
subjectivation obscure de cette mort.
Du dieu de la métaphysique, il faut achever
le parcours par une pensée de l’infini qui en
dissémine la ressource sur l’étendue entière des
multiplicités quelconques.
Du dieu de la poésie, il faut que le poème
désencombre la langue, en y césurant le
dispositif de la perte et du retour.
Engagés dans la triple destitution des dieux,
nous pouvons déjà dire, nous, habitants du
séjour infini de la Terre, que tout est ici, toujours
ici, et que la ressource de la pensée est dans
la platitude égalitaire fermement avertie,
fermement déclarée, de ce qui nous advient,
ici. »
Abrégé de métapolitique (Seuil, 1998)
« Une exigence fondamentale
de la pensée contemporaine
est d’en finir avec la
« philosophie politique ».
Qu’est-ce que la philosophie
politique ? Son opération
centrale est de ramener
la politique à l’exercice du
« libre jugement » et de
la « discussion », dans un
espace public où ne comptent en définitive que
les opinions.
On sait que, bien avant d’être arendtien, ou
kantien, le thème de l’opposition irréductible de
la vérité et de l’opinion est platonicien. Ce qui,
en revanche, n’est pas platonicien, est l’idée que
la politique serait ainsi éternellement vouée à
l’opinion, éternellement disjointe de toute vérité.
Sauf pour qui pense que le commentaire de
bistrot, ou la conversation entre amis, constitue
« l’essence même de la vie politique », il est
en effet clair que le conflit des opinions n’est
politique qu’autant qu’il se cristallise dans
une décision. La question d’une possible vérité
politique doit alors être examinée non du seul
point de la « discussion », mais dans le processus
complexe qui noue la discussion à la décision. »
Alain Badiou
Alain Badiou
Villa Gillet - 25 rue Chazière - 69004 Lyon - France - Tel : 00 33 (0)4 78 27 02 48 - Fax : 00 33 (0)4 72 00 93 00 - www.villagillet.net
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Calme bloc ici-bas (P.O.L, 1997)
Saint Paul - La fondation de l'universalisme
(PUF, 2007 [1997])
Deleuze - La clameur de l'Être (Hachette, 2013
[1997])
Les Citrouilles (Actes Sud, 1996)
Au
Prémontré,
ni
la
géographie ni le calendrier
ne coïncident avec nos
habitudes.
Les
usages
stylistiques obéissent à
des codes plus rigides que
les nôtres. Les terribles
événements
historiques
qui enveloppent, sur près
d’un demi-siècle, la vie des
innombrables personnages de ce livre, ne nous
sont guère familiers. Qui sont les Délégués
Populaires de la Première Année, l’amiral
Canival, le Président Démolière ? Et la grande
manifestation de janvier 1944, de quelle époque
fixe-t-elle le destin ?
Et pourtant, le récit qui brasse et traverse ces
données ressemble à un autre, bien connu
de nous tous. Où donc avons-nous rencontré
des précurseurs du sage Ahmed Aazami, de
l’ouvrier maudit Simon Symoens, du policier
Lancini, du mathématicien Fuimer ? Ou encore
de la terroriste Elizabeth Cathely, et de son fade
amant Régis Bruth ? Où donc cette errance et
cette persécution dans tous les lieux d’un pays,
et toutes les violentes péripéties de son devenir ?
Où donc déjà se mêlaient, sous le regard
d’un père adoptif et clandestin, les amours
adolescentes et le tumulte des barricades ?
Mais peut-être n’est-ce qu’une illusion, ou plutôt
une sorte de cache transparent, derrière lequel
on voit comment, partout et toujours, l’immense
voix du monde et les multiples langues qui
la captent nous mènent vers l’existence.
L’existence nue.
Pourquoi saint Paul ?
Pourquoi
requérir
cet
« apôtre », d’autant plus
suspect qu’il s’est, de toute
évidence,
auto-proclamé
tel, et que son nom est
couramment
associé
aux dimensions les plus
institutionnelles, et les moins
ouvertes du christianisme ?
Et quel usage prétendons-nous faire du dispositif
de la foi chrétienne, dont il semble proprement
impossible de dissocier la figure et les textes
de Paul ? Pourquoi invoquer et analyser cette
fable ?
Ce qui va nous retenir, quant à nous, dans
l’œuvre de Paul, est cette connexion paradoxale,
dont il est l’inventeur, entre un sujet sans identité
et une loi sans support, qui fonde la possibilité
dans l’histoire d’une prédication universelle. Le
geste inouï de Paul est de soustraire la vérité
à l’emprise communautaire, qu’il s’agisse d’un
peuple, d’une cité, d’un Empire, d’un territoire,
ou d’une classe sociale.
Repenser ce geste et sa force instituante,
en déplier les chicanes, est à coup sûr une
nécessité contemporaine. Car la question de
Paul est exactement la nôtre : quelles sont les
conditions d’une singularité universelle ?
Parcourant les principaux
concepts de la philosophie de
Deleuze, la multiplicité, l'antidialectique, la répétition,
le dehors ou encore le pli,
l'auteur croit discerner un
malentendu fondamental à
l'œuvre dans la réception
de Deleuze. En effet, celuici n'est pas à ses yeux un
philosophe de la mobilité et du multiple, mais au
contraire un penseur de l'Un et de l'Être. C'est
cette thèse paradoxale qui se trouve soutenue
dans cet essai suivi d'un choix de textes de
Deleuze.
Dans cette dernière pièce
de la tétralogie d’Ahmed,
Les Citrouilles (qui se
souviennent d’Aristophane),
Ahmed et sa bougeotte
nous conduisent en Enfer.
En vingt siècles la condition
humaine a changé : nous
n’avalons plus seulement
des
grenouilles,
nous
nageons dans la soupe. C’est celle-ci, et aussi
la soupe du théâtre, qu’Ahmed veut éclaircir.
Toujours serviable, rusé, il guide notre
inénarrable ministre de la Culture, la célèbre
Mme Pompestan, dans le royaume des morts.
Sauront-ils enfin lui apprendre son métier ?
Mais les Enfers sont en révolution ; une querelle
annuelle et aussi millénaire occupe les ombres
des grands hommes : lequel est le plus grand ?
Et comme avec Ahmed nous sommes toujours
d’aujourd’hui, la question devient : à qui, de
Claudel ou de Brecht, rivaux, s’étripant à coup de
génie, de tirades splendides, revient la palme ?
Caricature des poètes ? Non, les Claudel et
les Brecht de la comédie ne sont pas des
caricatures mais des loupes. Soudain, à travers
eux, détenteurs de paradis et d’émancipation,
nous voyons notre siècle. Quel a-t-il été ? Le leur.
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/ 13
Beckett - L'increvable désir (Fayard, 2013
[Hachette, 1995])
Ahmed philosophe, suivi de Ahmed se fâche
(Actes Sud, 1995)
L'Éthique, essai sur la conscience du mal
(NOUS, 2003 [Hatier,1993])
Beckett n'est pas l'écrivain
du désespoir, de l'absurde,
de l'angoisse, comme une
lecture convenue et trop
inspirée par les thématiques
existentialistes des années
1950 l'a accrédité. Il n'est
pas non plus farce, dérision,
baroque moderne. Dans
ce bref essai, Alain Badiou
présente un autre Beckett, dont le langage
cherche à dire la densité et les failles de l'être
humain. En quelques pages, il nous brosse un
Beckett tendre et rugueux, soucieux de la beauté
des mots, des impasses de la communication,
et du surgissement de l'événement. Une brève
anthologie complète cet essai.
Ahmed philosophe. Par des
histoires à dormir debout,
des farces antiques, Ahmed
essaie
d'enseigner
la
philosophie aux enfants.
Il n'y a qu'une question
dans l'éthique des vérités :
comment vais-je, en tant
que quelqu'un, continuer à
excéder mon propre être ?
À lier de façon consistante
ce que je sais aux effets de
saisie de l'insu.
Ce qui se dira aussi bien :
comment vais-je continuer à penser?
Ahmed se fâche. Une
déclaration théâtrale sur le
monde qu'Ahmed juge, et
qui le juge, aujourd’hui.
- l'éthique des vérités est tout le contraire d'une
"éthique de la communication". Elle est une
éthique du réel, s'il est vrai, comme le suggère
Lacan, que tout accès au réel est de l'ordre de la
rencontre.
- le Bien, si l'on entend par là que quelqu'un
puisse entrer dans la composition d'un sujet de
vérité, est proprement la norme intérieure d'une
désorganisation prolongée de la vie.
Conditions (Seuil, 1992)
Conditions rassemble des
textes d’Alain Badiou tous
postérieurs à son livre
fondamental,
L’Être
et
l’événement, paru au Seuil
en 1988.
Bien que l’origine de ces
écrits soit souvent de
circonstance
(colloques,
articles,
interventions…),
leur ordre est parfaitement lisible.
On part de la philosophie « elle-même » et d’une
critique explicite du thème de sa « fin ». On
en propose une définition, à la fois nouvelle et
soumise à l’épreuve de son origine (Platon) aussi
bien que de son état contemporain.
Viennent ensuite des études ordonnées selon
les quatre grandes conditions de la philosophie
(d’où le titre général) : philosophie et poésie,
philosophie et mathématiques, philosophie et
politique, philosophie et amour.
Ce recueil ne suppose nullement la connaissance
de L’Être et l’événement. Peut-être même peutil lui servir d’introduction, par l’effet de clarté
concrète qui est le sien. Entre les deux livres,
la préface de François Wahl donne tous les
passages nécessaires.
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D'un désastre obscur - Droit, État, Politique
(Éditions de l'Aube, 1991)
Un essai sur le militant et sa
philosophie par rapport au
communisme d'hier et à la
raison d'État d'aujourd'hui.
Le philosophe dessine la
désétatisation de la vérité
comme système de pensée.
Manifeste pour la philosophie (Seuil, 1989)
La
philosophie
est
aujourd’hui possible, dans la
plénitude de son ambition.
La philosophie elle-même,
telle que l’entendait Platon.
Ce qui a entraîné son éclipse
au XIXe siècle, c’est qu’elle
s’est identifiée, « suturée »,
tour à tour, à un seul des
champs où se pose, par-delà
le savoir, une vérité : le scientifique (positivisme),
le politique (marxisme), puis, avec Nietzche et
plus encore Heidegger, le poème.
Or les mathématiques, la poésie, la politique
comme invention, et l’amour comme pensée
sont bien quatre requises, la philosophie étant
cette pensée unique qui leur donne accueil et
abri.
Le programme est donc celui d’une restitution
de la pensée philosophique à l’espace complet
des vérités qui la conditionnent. D’où les
questions centrales que toute la philosophie se
pose aujourd’hui : le Sujet, dès lors qu’on ne
peut maintenir la catégorie de l’objet, ruiné avec
l’objectivisme ; le Deux, dès lors qu’on ne peut
se satisfaire du schéma dialectique ; enfin la
fonction de l’indiscernable, point où se donne à
réexaminer le rapport entre langage et pensée.
L'Être et l'événement (Seuil, 1988)
Articuler pour notre temps
une philosophie qui, quant
à la pensé de l’être, ouvre
une autre voie que celle
de Heidegger (soit celle de
mathème plutôt que celle du
poème) et, quant à la doctrine
du sujet, se tienne au-delà de
Lacan : tel est l’enjeu.
Pour ce qui est de l’être,
la thèse radicale est que, depuis son origine
grecque, c’est la mathématique et elle seule
qui en déploie le processus de pensée ; et que,
de la mathématique aujourd’hui, le référent est
la théorie cantorienne des ensembles. D’où se
déduit une ontologie du pur multiple.
Reste qu’existe un site de « ce qui n’est pas
l’être » : c’est celui de l’événement, terme
surnuméraire
pour
un
franchissement
indécidable au savoir et dont la vérité est
toujours par avance indiscernable.
Le sujet, dès lors, loin d’être le garant ou le
support de la vérité, en est bien plutôt une
instance locale, improbable, qui tire du devenir
aléatoire d’une vérité dans l’événement son
peu d’être. Il n’en tisse pas moins une fidélité
qui s’inscrit dans l’art, la science, la politique et
l’amour.
Peut-on penser la politique ? (Seuil, 1985)
Penser la politique, c’est
d’abord réfuter le politique :
le dénoncer comme illusion
(imaginaire) du « faire un »,
des identifications (le parti,
le syndicat, la société sans
classe), du fait cernable,
de la prévision assurée.
La politique naît, elle, de
l’événement, par où l’on
entend ici le surgissement des dominés rompant
l’ordre du politique et l’unité de celui-ci : un
surgissement toujours précaire, dont la mise
en œuvre suppose un pari et un calcul chaque
fois risqués : en bref, il y a la politique quand,
et seulement si, une dé-liaison de la réalité
propose un point de réel.
Alain Badiou part de la décomposition du
marxisme où il voit l’effet de ce que Marx, tout
en montrant l’irruption du réel dans la réalité du
politique, a continué de penser dans le politique.
Et il avance un essai de recomposition centré
sur l’interprétation de ce qui fait événement, dès
lors que les dominés ont prononcé, au défaut de
l’ordre, leur existence, et qu’il est possible de
parier sur cette prononciation.
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Ahmed le subtil (Actes Sud, 1984)
Théorie du sujet (Seuil, 1982)
Dans cette farce, Ahmed,
version moderne de Scapin,
essaie de recueillir l'aval
d’un groupe politique pour
créer des animations dans
sa banlieue...
Le
propos
fondamental
du livre d’Alain Badiou est
d’établir que le noyau de
toute philosophie compatible
avec le marxisme est une
théorie du sujet. Mais
laquelle ? Ni le sujet comme
conscience (thèse de Sartre),
ni l’hypothèse du sujet
« naturel », désirant ou
substantiel, ne peuvent convenir. C’est du côté
du sujet clivé tel que Lacan, notre Hegel, en
fait théorie, qu’il faut chercher une issue. Alain
Badiou trouve là de quoi refondre, non pas le
thème, forclos, d’un sujet de l’Histoire, mais
celui des sujets politiques.
L’opération ne se peut faire sans étendre le
concept lacanien de sujet, lié dès l’abord à deux
types d’effets : l’occupation d’une place vide
d’un côté, l’excès sur cette place vide de l’autre.
Instrument de cette distinction : le couple
algèbre/topologie. Il en résulte que le réel,
pensable, comme le fait Lacan, sous le concept
algébrique de l’objet cause, doit également être
reçu sous celui, topologique, de consistance :
ontologie en partie double.
Le cœur de la question est atteint quand entre
en dialectique avec la notion lacanienne du
manque, la catégorie nouvelle de destruction.
Qu’on ne s’attende pas à ne trouver ici qu’une
discussion de théories. Mallarmé y voisine
abondamment avec Mao Tsé-toung, Hölderlin
avec Hegel, et le théorème de Gödel avec la
situation des ouvriers immigrés.
Portulans - Trajectoire inverse II (Seuil, 1967)
ambigu d'assister.
Almagestes se rapportait
essentiellement au Langage.
Portulans
concerne
la
Subjectivité - mieux vaudrait dire
les figurations romanesques de
cette construction idéologique
particulière que depuis deux ou
trois siècles on appelle : sujet,
personne, individu, conscience,
et au dépérissement de
laquelle nous avons le bonheur
Ce qu'Almagestes tentait au niveau des structures
élémentaires de l'expression romanesque (styles,
codes, syntaxes...), Portulans l'entreprend donc,
d'une manière infiniment plus classique, au niveau
des "grandes formes" : description, narration,
chronologie, personnages, scènes, etc. C'est dire
qu'à la différence d'Almagestes, Portulans est un
roman.
Cependant ce roman demeure critique, puisque
aussi bien le point de vue de la subjectivité n'est
pas, pour l'auteur, celui de la vérité. De là que
Portulans enveloppe la possibilité d'une double
lecture. On peut y voir un roman traditionnel, où
sept personnages, peut-être huit, et peut-être neuf,
tissent et défont, dans des aventures ordonnées,
le réseau mobile de leurs rapports. Mais on peut
considérer que ces personnages composent les
diverses figures structurées d'une seule subjectivité,
progressivement inscrite dans le mécanisme fatal
qui les gouverne tous sans qu'ils le sachent, si
même ils le pressentent : ainsi se trouve montré que
le Sujet trouve son être inévitable dans un Jeu où ce
qui s'atteste n'est que son manque.
La lecture de Portulans se trouve être, de ce
fait, inverse de celle d'Almagestes. Le premier
livre dispersait des thèmes simples dans une
prolifération culturelle délibérement hétérogène et
retorse. L'idée de Portulans, c'est-à-dire la structure
souterraine qui en est le sujet véritable, n'est guère
simple. Mais son évidence extérieure est celle d'un
roman "d'autrefois", qu'il n'est pas interdit de lire
pour le calme intérêt des histoires qu'il raconte, des
personnages qu'il invente et des lieux qu'il décrit.
Almagestes - Trajectoire inverse I (Seuil, 1964)
Ni roman, ni essai, mais
œuvre
littéraire
(l'éclat
de la langue, la richesse
des notations visuelles et
sonores, l'invention sans
fin et l'élan du discours
n'appartiennent qu'au poète)
et expérience de pensée (au
croisement des courants
marxiste,
existentialiste,
structuraliste) Almagestes est la premier
volet, consacré au langage, d'un tryptique dont
les deux autres parties seront consacrées à
l'homme et à l'histoire.
Ce sont donc les diverses figures du langage
qu'explore Almagestes. Le mythe du langage,
d'abord : les hommes entassent en esclaves
les mots comme faisaient les briques les
constructeurs de Babel ; et la seule liberté, le
seul prométhéïsme qui puisse ici s'entrevoir,
est de ruse : le mot tourné par le mensonge.
Le dialogue de deux étudiants en Lettres et en
Philosophie illustre ensuite ce réseau autonome
du langage où toute parole est prise : Bérard et
Fréville veulent parler mais leur tentative est à
chaque instant emportée par le double jeu de
leurs associations de mots réelles ou possibles,
ce que Badiou désigne comme le "monologue
extérieur".
Une seconde figure du langage est la fascination
qu'il tente d'exercer sous forme de poème.
À cette figure, Almagestes lie toujours le
personnage féminin. C'est pour ce personnage
qu'une nuit, dans un bar, la parole s'élève
comme un chant arraché au silence. Et c'est
dans le journal de Chantal que la parole peu à
peu se défait au profit des choses mêmes.
Une troisième figure, plus secrète - dira-t-on
plus maligne ? - est cet ordre des probabilités,
ce jeu des permutations à quoi une parole
(et une conduite) qui se croient libres, sont
en réalité soumises. Ansi, les parieurs qui
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se penchent sur la ville où errent Fréville et
Chantal, peuvent tenter de prévoir le chemin
du couple. Et quand Bérard, Fréville, Chantal se
regroupent autour de Dastaing, le romantique de
l'action, leurs rhétoriques personnelles, leurs
mouvements réciproques, leurs projets d'action
politique laissent peu à peu paraître une de ces
combinaisons de rôles que la psychanalyse nous
a appris à déchiffrer.
Parvenue à ce point, l'exploration d'Alain Badiou
peut se replier doublement sur elle-même.
C'est d'un côté la méditation de Fréville sur
les rapports entre liberté et langage, d'où sort
tout le livre et où Babel est comme intériorisée.
Et c'est de l'autre côté l'éclatement de la
méditation dans l'action - une manifestation, en
l'occurence : le langage explose sous la pression
de l'Histoire. Almagestes appelle déjà Portulans.
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