Transcript
JO0RHAL D'
II pouvait bien faire tout ce qu'il vou¬
lait sur ma figure ; je ne m'en inquiétais
guère, pas plus d'ailleurs que des mille
balivernes qu'il me racontait avec cette
intonation fatigante dont les barbiers ont
l'apanage.
Il m'agaçait.
Joins à cela un bruit monotone, irré¬
gulier pourtant, qui venait de la chambre
voisine. Une sorte de boun!.. boun!..
toujours lent, s'interrompant parfois.
Je ne recevais pas la moindre nouvelle
de mon apparition de la porte, et, rap¬
prochant les choses,'je conclus :
— Ce doit être elle qui fait ce bruit. Un
travail quelconque. Pénible assurément.
Et je maudissais mon raseur ; j'étais
peut-être absurde.
J
— Satané mari, me disais-je, est-il j
possible de faire travailler une femme
comme celle-là !
Cet homme me fatiguait, m'importu¬
nait, me devenait odieux. Dans ces mo¬
ments, où un flot de haine vous envahit
si subitement, il vous vient des idées bi¬
zarres, rouges. Certes, il ne m'avait fait
aucun mal. et je ne me crois pas capable
de commettre un crime, mais je pensais
fort paisiblement que je pourrais bien
lui arracher le rasoir des mains, lui cou¬
per la gorge et que ce serait bien fait.
La barbe finie, je quittais le magasin,
sans revoir mon apparition, passable¬
ment intrigué sur ses occupations mys¬
térieuses et rageant contre le coiffeur —
conséquence inévitable de sa qualité de
mari.
J'y revins deux jours après et je ne vis
encore que lui.
Mais toujours dans la chambre à côté,
ce même bruit qui m'allait jusqu'au
cœur, ce même boun!.. boun!.. éner¬
vant comme un battement de volets, la
nuit quand il vente.
A la lin :
— Ou'est-ce donc que ce bruit ? dernandai-je à mon barbier.
— Penh ! dit-il indifféremment et. avec
une moue de mauvaise grâce, car {inter¬
rompais son monologue à jet continu,
peuli ! C'est ma femme !
— Ah !
Et il revint à son sujet.
Je murmurai à part moi : II a honte, le
monstre !
Je partis comme la première fois, sans
être plus éclairé.
Ces machines-là, c'est comme les rhu¬
mes de cerveau. Ça passe. Le surlende¬
main j'allais beaucoup mieux. Mais aller
mieux n'était pas être guéri ; je revins
Au Rasoir d'or, encore intrigué.
C'était un dimanche. Il y avait le dra¬
gon, un fier gas, et, sur les banquettes,
nombre de clients attendant le « qui
l'tour de ces messieurs ! » de braves ou¬
vriers.
Voyant cette foule, j'allais repartir.
— Je reviendrai plus tard, dis-je.
— Entrez donc, monsieur, ce sera
bientôt lait... Plagie !
Ce dernier mot fut un rayon de soleil.
J'entrai.
Toujours ce bruit... Boun !.. boun !..
— Même le dimanche ! me dis-]'P.. Je
crois que chez moi, cela commençait à
tourner en pitié.
P'iagie! Tu dors !
— Un instant !
Ah ! quelle voix, mon ami ! céleste !
céleste !
Il durait 1' « instant » de Pélagie.
Mon tour vient. Je tombai aux mains
du dragon.
— P lagie ! viens donc savonner !
— Tout de suite.
Alors le bruit devint plus distinct. Il
augmentait d'un coup à l'autre. Boun!..
boun !.. Très fort maintenant.
La porte s'ouvrit. Et, — je vis cela
dans le miroir — mon apparition entra,
point belle, et se traînant péniblement
sur une béquille.
Le dragon me promenait le rasoir sur
la joue.
Je fis un mouvement brusque.
— Le rasoir tire, monsieur ?
— Du tout, continuez.
Antoine ROULE.
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tuation embar.issée des places étrangères
notamment de Berlin. > e 3 %est en nou¬
velle progression à 88.17; le cours de
88 tr. est dès à présent un cours acquis ;
le 4 1/2 vaut 105 45. L'Italien est toujours
l'objet de ventes internationales et recule à
93.35; le Turc se lient à 18 15; l'Exté¬
rieure vaut 72 13/16, l'Egypte 477.
Le Suez est en roprise à 2300 fr. Le Pa¬
nama est peu actif à 63.75.
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est très animé, les ordres d'achat sont très
nombreux.
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nais à 73t. 25 ; la Société Générale est à
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