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6. - Fa i re participer les ha bitants
� es communes forestières à ces chan­
tiers, par l ' interméd iaire des com ités
de feux, commissions communales
des forêts, foyers ruraux etc.
7. - On peu� prévoir le dévelop­
pement progressif de ces cha ntiers · si
plusieurs m i l liers de jeunes trava i l l � nt
penda � t un mois par an, on ne pourra
plus d 1 re que c'est dérisoire.
8. - Dans le cadre de « l 'Année
européenne de l' Environ nement » on
peut envisager, dans un deuxi è me
temps que des jeunes d'autres pays
C ivi s m e
et p rotecti o n
d es fo rêts
m éd ite rra n ée n n es
pa r M a u r i c e W E L L H O F F *
1.
Les c h a n t i e rs
d e j e u n e s b é n évo l e s
Les feux d e forêts d e l'été 1 986 ont
fra ppé nettement l 'opinion publique.
Le bilan des i n cend ies de cette
année- l à n'a pas été plus catastrophi­
que que celui de certa ines an nées
passées; mais ce qui a im pressionné
la population, cette fois-ci, c'est le
spectacle télévisuel des ha bitations
ravagées ou encerclées par les fla m­
mes ( 1 ) .
L e gouvernement a la ncé à l'au­
tomne l'opération « feu vert pour la
forêt » et l'on a ainsi pu voir, pendant
les vacances de la Toussa i nt 1 986 des
centaines de jeunes volontai res r� cru­
tés par les Scouts de France ' et des
a � sociations d'éducation popula i re,
repondant à l'appel des M i nistères de
l'Environ nement et de la Jeunesse et
des Sports, nettoyer des surfaces
brûlées ou débroussa i l ler.
Le M i n istère de la Justice organ ise,
qua nt à lui, des cha ntiers de détenus
dans le cadre des « travaux d ' intérêt
général » (T. I .G . ) .
Cette opération a démontré que les
jeunes se porta ient volonta ires en très
grand nombre pour la protection des
forêts.
Certa ins ont fait observer que
l 'opération de la Toussa i nt avait été
organ isée de man ière spectacula i re et
précipitée. Cette critique aurait pu être
receva ble si cette action éta it restée
sans lendemain, mais le M i n istère de
l'Enviro n nement semble avoir tiré des
leçons. de cette première expérience
pour fma ncer l'org a n isation de stages
du même type pendant les vacances
de Pâques 1 987 en sélectionnant un
nombre restreint de chantiers associa­
tifs mieux préparés.
. C'est a i nsi, par exemple que dans
le département des B � uches-du­
Rhône « l 'Association Occitane de
* I n stitute u r
Secréta i re de l 'Association
occita n e de défen se de l a forêt
D i recte u r du Centre
perm a n e nt d ' i n itiatio n
à l a forêt provença l e
Ca m i n do Lobatas
1 3860 Peyro l les
forêt méditerranéenne, t. IX, no 1, 1 98 7
Défense de la Forêt » a organ isé u n
chantier dans la forêt communale du
Puy -Sainte- Réparade (Massif de la
Treva resse) avec le soutien actif de la
mun icipalité et de I ' O N F. Les bénévo­
les sont i ntervenus pour remettre en
va leur une parcelle de ta illis de chênes
v� rt � , vic,time . d 'un feu i l y a une
d1zame d a nnees, par une action de
recépage.
� es chantiers de jeunes, qui sem­
blaient, dans un premier temps, avoir
un ca ractère sym bolique, vont sans
doute se pérenniser.
C'est pourquoi nous émettons
quelques suggestions qui devra ient
permettre d 'enta mer une réflexion sur
l 'avenir de ces chantiers de jeunes :
1 . - Puis � u'ils ne s'inscrivent pas
dans une log1que de renta bil ité i l faut
attacher une grande importance à la
q !falité du travail effectué, ce qui i m ­
P! Iq.u� de former d e s animateurs spé­
�la hses pour les encadrer, l'org a n isa­
tion des chantiers de bénévoles de­
vant comporter, dans l'avenir un
m i n i mum de formation des jeune� sur
les problèmes des forêts méd iterra­
néennes, ce qui aura pour effet de
renforcer leur motivation et donc la
qua lité de leur trava i l .
2. - Prévoi r l'implantation de
·
panneaux sur les lieux des chantiers
ind iquant que tel travai l a été fait à
telle date par tel g roupe.
3. - Prévoir des interventions sur
des terra i n s communaux et plutôt sur
des lieux très fréquentés relativement
proches des agg lomérations ou des
voies de communication.
4.
Ne pourra it-on pas envisager
des plans départementaux de chan­
tiers de jeunes, mis en place dans le
cadre d 'une concentration la plus
large possible qui sélectionneraient
les lieux d ' i ntervention et le trava i l à
effectuer.
5.
O n pourra it aussi envisager
que ces chantiers « se payent le
luxe » d'expérimenter dans le domaine
sylvicole ou tout au moins réa l isent
des travaux qui ne sont pas fréquem­
ment exécutés dans nos rég ions pour
des ra isons de renta bil ité, par exemple
la conversion de ta illis en futaie des
débroussa i l lements sélectifs ave d par­
celles témoins, le dépressage, le bali­
sage de chem ins etc. Les scientifiques
et . les tec � n iciens ne ma nquent pas
qu1 pourra 1ent proposer et suivre sur
le terrain de telles expériences.
-
-
de la Com_"! unau �é européenne puis­
sent part1c1per a ces chantiers en
Fr�nce. On peut proposer aussi la
m1se en place de chantiers dans les
autres pays de l'Europe du sud victi­
mes des i ncendies.
Une étude fina ncière du dévelop­
pe.ment de ces actions peut être effec­
tuee, ces cha ntiers pourra ient être
fi nancés par le Conservatoi re de la
forêt méd iterranéenne, le M i n istère de
l ' E nvironnement, la Comm ission des
Communautés européennes, les Dé­
partements et les Communes.
2.
L' a ct i o n
é d u cat ive
Depuis une diza i n e d'an nées de
démonstrations, l ' intérêt des enfa nts
des écoles pour la protection des
forêts a eu mai ntes fois l'occasion de
s'exprimer, par des « projets d 'actions
éducatives », des reboisements des
sorties pédagogiques, des e � posi­
tions, des opérations « glands de chê­
nes » etc. . Tout le monde s'accorde à
dire que ce trava i l d ' information des
enfa !l ts est u � des moyens de pré­
vention des mcendies qui doit se
développer (2).
Le succès des « journées de forma ­
t i o n e t de sensibilisation » d e s ensei­
g n a nts sur ce thème orga nisées du­
rant l ' h iver 1 986 par la mission d'ac­
tion culturelle du rectorat de N i ce et
le Centre culturel des Cèd res de
Moua ns Sartoux (Al pes M a ritimes) a
�té tel qu'i l a fallu renouveler l 'opéra­
tion .
M a i s trop souvent, dans le passé,
cet enthousiasme a été mal uti l isé, par
exemple nombreux ont été les reboi­
sements improvisés et sans suites.
La création du Centre permanent
d'initiation à la forêt provençale à
Peyrolles dans les Bouches-du- Rhône
qui . a juste � ent � our objectif de pré �
vem r les mcend1es par une action
� ducat �v� , semble donc correspondre
a un ventable beso i n .
L e centre est en cours de construc­
tion sur un terra i n de sept hectares
( 1 ) 45 367 ha. brûlés dans les q u i nze
départements de l'Entente, contre plus de
50 000 en 1 979, par exemple ( Forêt Médi­
terra néenne, déc. 86) .
(2) Cf. le ra pport de la Comm ission de
1:A w icu lture du Parlement européen sur
1 act1on de la Communauté dans le secteur
forestier, A. 1 8 publié dans Forêt méd iter­
ra néenne, décembre 1 986, p. 218.
67
donné par M adame Baudoin, une i n sti­
tutrice retra itée.
Une étude scientifique et pluridis­
cipl i n a i re du site a perm is de réa liser
u n plan global d'aménagement et des
fiches pédagogiques.
Cette réal isation est due, d ' u n e
part, à la volonté e t a u trava il bénévole
de citoyens orga nisés dans une asso­
ciation et d'a utre part au soutien fi­
nancier des pouvoirs publ ics (Conseil
rég ional Provence-Alpes- Côte d 'Azu r,
Secrétariat d ' Etat à la jeunesse et aux
sports, Conseil général des Bou­
ches-d u - R hône,
Com mission
des
Comm u n a utés européen nes, Agence
_
frança1 � e pour la maîtrise de l 'énerg ie,
Fondat1on de Fra nce) avec le soutien
� atériel de la m u n icipalité, des fores­
tiers-sapeurs et des pompiers.
Dans le domaine de la prévention
des incendies, i l ne faut pas tout
attendre de l ' Etat, les efforts fi n a n ­
ciers e t techniq ues considéra bles
fournis ces dern ières a n nées par les
pouvoirs publ ics ne suffisent pas à
résoudre le problème. Les feux de
forêts éta nt a l l umés dans 98 % des cas
par des hommes (3), l'i ntervention
préventive des citoyens organisés est
essentielle.
C'est ce qu 'ont compris les « Com i ­
tés de feux », l e s Commissions Com ­
m u na les d e s forêts e t un g r a n d n o m ­
b r e d ' é l u s locaux.
3.
L e d é b ro u ss a i l ­
lement
a uto u r
des
h a b itati o n s
I l existe u n a utre domaine dans
lequel l 'action des hom mes est es­
sentielle pour prévenir les i ncendies.
I l s'agit du problème du débrous­
sail lement dans u n rayon m i n i m u m de
50 rn a utou r des habitations (placé
sous l'autorité des maires par la loi
fores� iè_r� de 1 985 votée à la quasi­
u n a n i m ite par le Pa rlement).
Les feux de l'été 86 ont perm is de
r � ppeler aux m a i res leurs responsa b i l i ­
tes dans c e d o m a i n e . I l est nécessa i re
d ' i nformer systématiquement les gens
concernés en leur ra ppelant leur de­
voi r civique. Dans certa i nes com m u ­
n e s l e s pompiers distribuent à l'occa­
sion de la vente de leurs c � lend riers
un excel lent dépliant incitatif réa lis é
par l 'Association des com mu nes fo­
restières et le Conseil général de
Va ucluse.
Nous considérons que les m a i res
n e � evraie nt pas hé �iter à employer,
s1_ necessa 1_ re, des methodes coerciti­
ves prévues par la loi pour contra i n d re
les habitants à débroussa i l ler autour
de leurs résidences.
(3) D'après les statistiq ues concernant
les causes connues des feux, environ 1 %
des feux ont pour origine la foudre ; qu a nt
aux inc � ndie � allumés par des pyromanes,
quelqu . 1ls so1ent, une étude sociologique
et psychologique approfondie reste à
réaliser.
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Co n c l u s i o n
Les i n d ividus se sentent impuis­
sa nts en face des récentes « catastro­
phes » q u i ont causé des dommages
à l 'envi ronnement de par le monde
( B hopâl, plu ies acides, Tchernobyl, la
pollution du Rhin, i ncendies de forêts
en Chine Populaire, etc . . . ) .
L a protection des forêts méd iterra­
néennes est un domaine dans lequel
l'action organisée des citoyens peut
contri buer à « l i m iter les dég ats » en
préparant l'avenir.
M.W.
RÉSUM É
Face à l'émotion suscitée par les
feux de 1986, l'auteur propose de
mieux valoriser, au plan de l'informa­
tion, de la pédagogie et de l'informa­
tion du public, les différents chantiers
de jeunes qui ont été organisés. Il
insiste sur le rôle du Centre permanent
'! 'initiation à la forêt provençale, dont
1/ est le directeur, dans ces différents
domaines. De plus, il suggère un effort
de persuasion quant au débroussail­
lement obligatoire autour des habita­
tions (mode d'emploi).
S U M MARY
ln front of the emotion born from
the fires of 1986, the author proposes
to give more value, on the leve/ of
information and pedagogy and infor­
mation of the public, to the different
worksites of young people that have
been organised. They insist on the rote
of the permanent center of initiation
to the provenca/ forest of which he is
the Director, in these different fields.
Moreover, he suggests an effort of
persuasion as to a compulsory clea­
_
rmg
around the houses (Directions for
use).
RESU M EN
Frente a la emoc1on sucitada por
los fuegos del ano de 1986, propane
el autor de dar mas va/or a{m a las
diferentes obras de jovenes que se
han organizado, sobre el piano de la
informacion, de la pedagogia y de la
informacion del publico. El autor,
director del Centra permanente de
iniciacion al basque provenzal, insiste
sobre el pape/ de ese centra en esos
diferentes dominios. Ademas, sugiere
un esfuerzo de persuasion respecta al
desbroce obligatorio alrededor de las
viviendas (modo de empleo).