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LE MONDE ÉCONOMIE
NUMÉRO
23 858
La deuxième loi Aubry
s’applique
depuis le 1er février.
Partenaires sociaux,
entreprises et salariés
doivent trouver
de nouveaux repères
120 660
Numéro spécial
35 heures
a Emploi : 10 pages
d’annonces classées
a
MARDI 15 FÉVRIER 2000
SPÉCIAL
MODE D’EMPLOI
Véritable casse-tête
au financement compliqué, la loi
doit couvrir un champ immense.
Ses effets sur l’emploi
sont difficiles
Des résultats sensibles
à évaluer
à cause
2 746
du manque
321
de recul
ACCORDS
EMPLOIS
SIGNÉS
CRÉÉS
23/09/98
26/01/2000
(page II)
PAROLES D’EXPERTS
Sur fond de débat miné,
les économistes font preuve
d’une grande prudence,
même si certains doutent
de l’efficacité de la réduction
du temps de travail
(page VII)
VU DE L’ÉTRANGER
44
heures
La durée hebdomadaire moyenne
du travail au Royaume-Uni. En Allemagne
et en Italie, patronat et syndicats
s’entendent pour condamner
le dirigisme de l’Etat français
(page VIII)
LE TEMPS RETROUVÉ
L’impact des 35 heures
sur la sphère privée implique de repenser
globalement les rythmes sociaux.
Les femmes vont
Temps libre
en heures par semaine
moins bénéficier
48,5
de cette nouvelle
35,7
liberté
que les hommes
HOMMES
FEMMES
(page X)
ANNONCES CLASSÉES
De la page XI à la page XX
Le feuilleton des 35 heures
promet encore des surprises
L
es 35 heures ont déjà inspiré le film Ressources humaines au cinéaste Laurent
Cantet. Elles pourraient
aussi susciter un roman épique tant
le feuilleton ménage des rebondissements. Qu’on en juge ! Annoncée
comme une loi « consensuelle », elle
est rejetée d’entrée de jeu par les patrons. Et aujourd’hui, alors que la
mesure est officiellement entrée en
vigueur depuis le 1er février, les
conflits salariaux se multiplient. Il
n’en faut pas plus pour que cette
nouvelle « exception française »
fasse sourire les Britanniques, qui
jugent les 35 heures « hérétiques »,
tandis que l’Italie, décidée en mars
1998 à se lancer dans la même démarche, a aujourd’hui enterré le dossier.
Une chose est sûre. Les derniers
chapitres restent à écrire, et la morale de l’histoire conservera son suspense jusqu’à la fin. Martine Aubry,
qui rêve de la mairie de Lille, ne sera
peut-être plus là pour les éloges ou
l’opprobre. Ainsi, on ne saura jamais
vraiment combien d’emplois auront
été créés grâce à la loi, encore moins
combien elle aura permis d’en sauver. Si la croissance se poursuit, sa
contribution sera diluée dans des résultats euphoriques. Les économistes, à une ou deux exceptions
près, reconnaissent y perdre leur latin. Pour les mêmes raisons, les désastres annoncés par les Cassandre
n’auront sans doute pas lieu. Quant
aux sociologues, ils sont aujourd’hui
bien en peine pour imaginer comment les salariés vont mettre en musique les heures de liberté dont ils
vont bénéficier.
Il faudra donc du temps. Non seulement une période transitoire d’un
an a été ouverte, qui permet de retarder l’application grâce aux heures
supplémentaires, mais ce n’est qu’en
2002 que les 35 heures seront généralisées aux entreprises de moins de
20 salariés. Sans compter qu’il faut
en moyenne sept mois pour aboutir
à un accord, et au moins autant pour
que celui-ci se traduise complètement dans les faits. A cet égard, les
discussions engagées dans la fonction publique montrent à quel point
le dossier est appelé à rester présent.
En fait, tout commence par la
scène de la rupture qui se joue le
10 octobre 1997 à Matignon quand le
patronat − le CNPF, à l’époque −
comprend que la force revient à la
loi. Une guerre de tranchées s’ensuit
qui va conduire au remplacement de
Jean Gandois par Ernest-Antoine
Seillière et au changement de nom,
le Medef se substituant au CNPF. De
proche en proche, voilà le paritarisme remis en question, et pas uniquement à la Sécurité sociale. Puis,
maintenant, voici que le prétexte des
circonstances amène à ouvrir sur
une année entière l’immense chantier d’une « refondation sociale » qui
promet de tout réformer.
Si, là aussi, il est trop tôt pour deviner l’issue des discussions, le paysage
et les rapports de forces risquent de
se trouver bouleversés. Ce qui, en
tout état de cause, constituera l’une
des retombées des 35 heures, indirecte mais spectaculaire, sur l’avenir
du dialogue social. D’autant que la
recomposition syndicale, ou sa modernisation, se jouera là, notamment
pour la CFDT et la CGT.
De bout en bout, le dossier de la
réduction du temps de travail aura
réservé des surprises, bonnes ou
mauvaises. Car il a agi au mieux
comme un révélateur, au pis comme
un catalyseur. « Dernière loi taylorienne », selon le consultant Francis
Ginsbourger, calibrée pour répondre
à la situation des ouvriers, elle a, par
exemple, mis en évidence le sort et le
malaise des cadres. Conçue pour favoriser l’emploi, elle a facilité la propagation de la flexibilité et, dans le
meilleur des cas, a permis aux entreprises de revoir leur organisation du
travail. Certaines, qui avaient besoin
de se moderniser ont su se saisir habilement du levier. D’autres, qui rechignaient, découvrent avec angoisse l’ampleur des difficultés
d’adaptation. La complexité technique de certains sujets concrets
d’achoppement, tels que le SMIC, le
travail à temps partiel, les heures
supplémentaires ou le classement
des cadres en trois catégories, explique leur attentisme, conforté par
l’attitude du Medef.
Pis. Après tant et tant de remous,
on peut même se demander si,
contrairement aux apparences, Martine Aubry n’a pas mangé son pain
blanc. Pour l’instant, seules 17 % des
entreprises de plus de 20 salariés se
sont lancées dans l’aventure. Reste
maintenant à convaincre les plus rétifs, qui sont peut-être aussi ceux qui
disposent, à tort ou à raison, des plus
faibles marges de manœuvre.
Marie-Béatrice Baudet
et Alain Lebaube
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MARDI 15 FÉVRIER 2000
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FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI
Tchétchénie : un rescapé des camps témoigne
Le RPR
et Paris
Notre envoyée spéciale a recueilli un témoignage direct sur les « camps de filtration » russes
Tortures, viols et privations de nourriture sont la réalité quotidienne b Des femmes, des vieillards
et des enfants y sont détenus b Moscou aurait prévu d’y faire passer 150 000 personnes
L’Elysée ne fait
plus obstacle
au député des Vosges
a
Mais Jean Tiberi
entend
« rester candidat
jusqu’au bout »
a
Mme Alliot-Marie
hésite à arbitrer
ce duel
a
Lire pages 6 et 14
Tempêtes : hausse
des assurances
a
ENVIRON trois millions de
déclarations de sinistres ont
été enregistrées à la suite des tempêtes de fin décembre 1999. Pour les
compagnies d’assurances, la facture
totale, en France, est toujours estimée à 30 milliards de francs, mais
elle pourrait frôler les 40 milliards.
Le coût net de prise en charge des
dégâts par ces compagnies sera de
l’ordre de 5 à 8 milliards de francs.
Du coup, certains professionnels
préviennent déjà que les augmentations des primes pour les particuliers et les entreprises sont inéluctables. Sur le terrain, les sinistrés
découvrent la faiblesse de leur couverture, la complexité des procédures et les longs délais d’indemnisation. Exemple dans le Limousin.
Lire page 10
b
LES TORTURES ont lieu dans le
corridor, la nuit, quand l’équipe de
service « est sous l’emprise de l’alcool et des drogues ». Les tortionnaires, qui « travaillent » avec un
masque, seraient 48 « contractuels » cosaques ; ils reçoivent
« 1 000 à 1 200 roubles par jour »
(200 francs). Ils convoquent à tour
de rôle leurs victimes, dont les cris
gardent chacun éveillé.... Ce récit
que rapporte Sophie Shihab, notre
envoyée spéciale en Ingouchie, République voisine de la Tchétchénie, est l’un des premiers témoignages directs de l’intérieur d’un
« camp de filtration », ces camps
contruits par les Russes dans les
zones « libérées » de Tchétchénie.
Il provient d’un jeune Tchétchène rescapé du camp de Tchernokozovo parce que ses proches
l’ont « racheté » à ses tortionnaires. Le jeune homme, qui ne
peut plus marcher, raconte les pratiques en vigueur dans ce camp où
se trouvent « des femmes, des vieillards, des enfants » et où privation
de nourriture, viols et tortures
sont le lot quotidien. Il relate son
interrogatoire par l’un des responsables du camp : « Il m’a lu le texte
d’un décret posé sur sa table, selon
lequel 150 000 Tchétchènes doivent
passer par les camps de filtration. Il
m’a dit que le but est de faire en
sorte que ceux qui en ressortent vivants soient des invalides à vie. » Ce
témoignage corrobore les récits recueillis par au moins deux organisations humanitaires. A l’argument de Moscou prétendant
mener une simple « opération antiterroriste », la plupart des Tchétchènes rétorquent qu’il s’agit
d’une « guerre contre la nation
tchétchène ».
Les Occidentaux viennent d’accorder une remise de dette à Moscou. Les banques privées réunies
au sein du Club de Londres ont accepté, vendredi 11 février, d’annuler quelque 10 milliards de dollars
de créances sur la Russie.
KOSOVO
Kouchner contre
les «extrémistes»
Deux soldats français de la force de
paix au Kosovo ont été blessés par des
francs-tireurs et un Kosovar albanais a
été tué, dimanche 13 février, à Mitrovica, dans les plus graves affrontements
impliquant la KFOR depuis son déploiement dans la province. Dans un entretien au Monde, Bernard Kouchner, représentant spécial de l’ONU au
Kosovo, affirme que « les extrémistes
ne l’emporteront pas ». Toutefois ces
violences illustrent l’ambiguïté originelle du mandat de l’ONU.
p. 2
et notre éditorial p. 15
Lire page 3
La guérilla urbaine de l’autre Autriche passe par Internet
VIENNE
de notre correspondante
Adieu tracts, drapeaux rouges, mégaphones,
cocktails Molotov et foulards palestiniens pour
se protéger des grenades lacrymogènes...
Vivent les drapeaux européens ou multicolores,
les sifflets, les solides chaussures de marche et
tous les accessoires de la société « câblée » !
Les jeunes Autrichiens qui descendent quotidiennement dans la rue, depuis le 2 février,
pour protester contre l’alliance avec l’extrême
droite sont en train d’inventer une nouvelle
forme de guérilla urbaine, non violente et ludique, qui se soucie assez peu de slogans, mais
fait preuve d’un sens poussé de l’organisation.
« Nos manifs se préparent presque entièrement sur Internet », explique Nora Sternfeld,
vingt-quatre ans, créatrice avec quelques amis
d’un des sites les plus fréquentés par les opposants, Get to Attack (www.tO.or.at/gettoattack).
A l’origine d’un autre site de référence, Gegen
Schwarzblau (gegenschwarzblau.cjb.at) – autrement dit : contre l’alliance des « noirs »
conservateurs avec les « bleus » du FPÖ –, il y
avait d’abord le besoin d’expliquer les raisons
de l’occupation du siège du Parti conservateur
ÖVP, le 2 février, et de corriger les comptes rendus faits par les médias officiels. Puis, très vite,
le réseau s’est ramifié : les plans d’action sont
diffusés en quelques heures par des « chaînes »
d’e-mails (certains militants ont une liste de
plusieurs centaines d’adresses électroniques),
les consignes au long des cortèges sont relayées
en quelques minutes grâce à de brefs messages
sur les écrans des téléphones cellulaires.
Le taux d’équipement de l’Autriche en « portables » – l’un des plus élevés au monde – est
ainsi devenu une arme imprévue entre les
mains de cette jeunesse frondeuse qui aime les
voyages lointains, écoute de la musique world,
mange volontiers des sushis et a grandi avec la
Toile. « Même les autocollants “Résistance” que
beaucoup d’entre nous portent sur leurs blousons,
sourit la douce Nora, ont été imprimés individuellement à partir de sites Internet. » D’abord
surprises par la mobilité des groupes de manifestants, les forces de l’ordre ont finalement
bien réagi. Le chef de la police viennoise, auquel l’hebdomadaire d’opposition Falter a décerné le titre inattendu de « héros de la se-
maine », a préparé psychologiquement ses
troupes et mis ostensiblement en première
ligne de jeunes femmes policiers.
En revanche, souligne Florian Krenker, journaliste au Falter, « le Parti socialiste et les syndicats ont beaucoup de mal à comprendre cette capacité à utiliser la culture des loisirs, les galeries,
les cafés, les réseaux, les disc jockeys, etc., pour
une protestation politique ». Aussi se demandet-il comment se fera, lors du grand rassemblement du 19 février, la jonction entre les chevaulégers de la jeunesse et les gros bataillons des
syndicats. Pourtant, la modernité n’empêche
pas les références à l’Histoire : samedi dernier,
à Vienne, le pacifique cortège de quinze mille manifestants a marché jusqu’à la célèbre cité HLM Karl-Marx-Hof où, en février
1934, les milices réactionnaires, appuyées par
l’armée régulière, avaient écrasé les ouvriers
socialistes insurgés.
AFP
Philippe Séguin
se pose en recours
dans la capitale
a
AP
b
TENNIS
Victoire
d’expérience
A 32 ans, Nathalie Tauziat (photo) a
remporté, dimanche à Paris, l’Open
Gaz de France. Elle a battu Serena Williams, 18 ans, nouvelle terreur du circuit mondial, en pratiquant un jeu service-volée dont elle est l’une des
dernières tenantes, à un âge où
d’autres championnes sont déjà à la retraite. Nos informations sportives
p. 23 à 25
Joëlle Stolz
Lire aussi nos informations page 4
et le point de vue page 17
« L’AMÉRIQUE est en quête de
héros pour nous diriger. John
McCain en est un, un vrai. » Cela
fait un peu propagande, cette première phrase sur la page d’ouverture du site Internet du candidat
John McCain, pas très loin de
l’icône sur laquelle il faut cliquer
pour apporter une contribution financière à sa campagne. Mais ce
JEAN GLAVANY
DANS un entretien au Monde,
Jean Glavany, ministre de l’agriculture, annonce que le dépistage
de la maladie de la « vache folle »
chez les bovins « pourrait
commencer à la fin mars ». Il s’exprime après la découverte d’un
nouveau cas suspect dans un abattoir du Morbihan.
Lire page 8
Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche,
25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ;
Côte-d’Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ;
Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ;
Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ;
Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ;
Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ;
Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.
doit être vrai : plus la campagne
pour l’élection présidentielle du
7 novembre avance, plus John
McCain suscite d’enthousiasme
autour de lui, et plus il apparaît
comme le héros que l’Amérique
attendait.
Le scénario qu’annonçait il y a
déjà neuf mois l’hebdomadaire indépendant The New Republic sous
le titre « Le mythe du héros :
l’Amérique attend son sauveur politique », à côté d’une photo jaunie
de John McCain en combinaison
de pilote de l’aéronavale en 1966,
un an avant qu’il ne tombe aux
mains des Nord-Vietnamiens,
semble donc se confirmer. Dans
un grand souffle de fraîcheur sur
une Amérique assoupie sur son tas
d’or, à laquelle on promettait depuis un an un duel Gore-Bush, le
vice-président contre le fils de
l’ancien président, d’un ennui à
faire mourir les militants les plus
endurcis, le « sénateur iconoclaste » bouleverse la donne, offre
à l’électorat de nouvelles idées, un
nouveau style, de nouvelles envies. A la fois héros et rebelle, il redonne un sens à la politique au
moment où tout le monde s’en détournait et, au passage, s’amuse
comme un fou.
Les Américains avaient déjà flirté avec le rêve du héros en politique il y a un peu plus de quatre
ans, lorsque le général Colin
Powell avait brièvement caressé
l’idée de se présenter à l’élection
présidentielle, poussé par un imprévisible élan de popularité.
D’une certaine manière, Colin
Powell préfigurait le phénomène
McCain : ancien du Vietnam
comme lui, jouant à fond la carte
de l’homme intègre dans un système qui l’est de moins en moins,
le vainqueur de la guerre du Golfe
séduisait aussi bien au centre
gauche qu’au centre droit ; mais
après mûre réflexion Colin Powell
avait décidé qu’il n’était pas
consumé par « la flamme » de
l’ambition électorale et, à la déception générale, avait renoncé à
se présenter.
Sylvie Kauffmann
Lire la suite page 15
SIPA
McCain, le héros qu’attendait l’Amérique
Bovins sous
surveillance
« PEANUTS »
La mort de
Charles Schulz
Au moment même où les rotatives
tournaient, samedi 12 février au soir,
pour imprimer la dernière planche en
couleurs des Peanuts dans de nombreux journaux américains, leur
concepteur, Charles Schulz (photo),
mourait pendant son sommeil à l’âge
de 77 ans, vaincu par un cancer du côlon. Charlie Brown et ses amis sont désormais orphelins.
p. 29
International ............. 2
France .......................... 6
Société ......................... 8
Régions ........................ 10
Carnet........................... 12
Horizons...................... 13
Entreprises ................. 18
Tableau de bord........ 20
Aujourd’hui................ 23
Abonnements............ 24
Météorologie............. 26
Jeux............................... 26
Immob./annonces..... 27
Culture......................... 28
Guide culturel............ 30
Radio-Télévision ....... 31
LeMonde Job: WMQ1502--0002-0 WAS LMQ1502-2 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 30Fap:100 No:0365 Lcp:700 CMYK
2
I N T E R N AT I O N A L
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
BALKANS
Deux soldats français
de la Force internationale de paix au
Kosovo (KFOR) ont été blessés par
des tireurs embusqués, dimanche
13 février, dans la partie nord de Mi-
trovica, ville divisée entre quartiers
serbe et albanais. b UN « SNIPER »
kosovar a ensuite été tué, et quatre
autres blessés, lors de fusillades avec
la KFOR, les plus graves à ce jour.
b LES COMMUNAUTÉS s’accusent
mutuellement de vouloir contrôler la
ville. bBERNARD KOUCHNER, hautreprésentant de l’ONU au Kosovo,
explique que son rôle est « d’impo-
ser la paix à des gens qui n’en ont
pas toujours et pas tous envie ».
b LES AFFRONTEMENTS des derniers
jours et les accusations portées
contre le contingent français de la
KFOR de protéger les Serbes mettent
en lumière les contradictions du
mandat confié aux représentants de
l’ONU sur le terrain. (Lire notre éditorial page 15).
Fusillades à Mitrovica, ville symbole du risque de partition du Kosovo
Deux soldats français de la Force de paix ont été blessés, dimanche, par des tireurs embusqués. Des affrontements, les plus importants
jamais enregistrés entre la KFOR et des « snipers », ont ensuite causé la mort d’un tireur. Serbes et Albanais s’accusent mutuellement de « provocation »
parole de la Force internationale.
Atteint aux yeux par des éclats de
verre, il a été soigné sur place.
Dix-sept personnes ont été arrêtées pour des délits ayant suivi ces
affrontements, selon un porte-parole de la KFOR. La nuit de dimanche à lundi a été calme, alors
que le couvre-feu – imposé de 18 h
à 6 h, après une première série d’incidents graves survenus les 3 et
4 février, pour une durée initiale de
sept jours – a été prolongé. Dans
un communiqué conjoint, la KFOR
et l’administration de l’ONU en
place au Kosovo (la Minuk) ont
condamné les dernières violences,
dénonçant la lâcheté de leurs auteurs. « Les seules personnes qui ont
profité de cette journée honteuse sont
ceux qui ont intérêt à empêcher
le rétablissement de la paix et de
l’ordre au Kosovo », soulignentelles.
Les Kosovars serbes, dont Mitrovica est le bastion, ont rejeté la responsabilité de ces événements sur
les « terroristes albanais ». « Ils ne
sont pas satisfaits. Ils poursuivront et
augmenteront le degré de violence »,
Renforts
Compagnie
allemande
Vers la Serbie
Quartiers
majorit serbe
QUARTIERS
NORD
Ri
v i ère I b a r
Brigade multination. Nord
de la KFOR
Commandant :
gal. Pierre de Saqui
(France)
QG : Mitrovica
Effectifs : 8 000
Contingents de 6 pays
notamment
France 3 500 hommes
Pont central
SERBIE
QUARTIERS
SUD
Quartiers
majorit albanaise
Mitrovica
Zone interdite
aux manifestations
Renforts
Compagnie
britannique
Pristina
Mitrovica
Vers Pristina
MAC DOINE
30 km
source: SIRPA Terre/AFP
redoute ainsi Oliver Ivanovic, un
des représentants des Kosovars
serbes de Mitrovica. Chaque
communauté accuse l’autre de vouloir prendre le contrôle de la ville,
en raison, notamment, des richesses minérales et industrielles
du complexe voisin de Trepca, les
plus importantes de la province.
Les derniers incidents ont
commencé dimanche matin par un
tir de grenade près d’une boulangerie albanaise, dans le quartier peuplé de Kosovars albanais dit « de la
Petite Bosnie », dans le secteur à
majorité serbe de la ville divisée.
Cinq Kosovars albanais ont été
blessés. Quelques heures plus tard,
un soldat français était touché au
ventre par un tireur non identifié, a
expliqué un porte-parole du secteur français de la KFOR. Des soldats italiens surveillant l’un des
ponts de la ville ont immédiatement riposté. Des dizaines de véhicules blindés français se sont déployés dans le nord de la cité et la
KFOR s’est lancée aux trousses du
franc-tireur, après qu’un autre militaire français eut été blessé au bras
et que les soldats britanniques, postés sur le pont principal, se soient
trouvés sous le feu de snipers. Les
deux soldats français ont été
évacués sur un hôpital de la KFOR.
La vie d’aucun d’eux n’est en danger.
« Après cela, d’autres tireurs isolés
se sont mis à tirer sur nos soldats, a
dit le lieutenant-colonel Patrick
Chanliau, porte-parole de la KFOR
dans la ville. Des extrémistes ont tiré
sur nos hommes, ils l’ont fait délibérément, c’est une évidence ». Des accrochages ont suivi avec des tireurs
d’élite de la KFOR. Cinq jeunes
hommes albanais de souche ont été
blessés et capturés. L’un d’eux, présenté comme un franc-tireur, a succombé ensuite à ses blessures dans
un hôpital de campagne de la Force
internationale, a fait savoir celle-ci.
Des responsables de la KFOR et de
l’ONU ont noté que l’enchaînement
précis des événements et leur cause
restent à élucider. La situation s’est
calmée en fin d’après-midi.
Depuis le 3 février, les incidents à
Mitrovica ont fait neuf morts et des
dizaines de blessés. Près d’un millier d’Albanais de souche des quartiers nord, sur les 1 500 qui y résidaient encore, ont fui cette partie
de la ville depuis le début de la
flambée de violence, selon le HautCommissariat des Nations unies
pour les réfugiés (HCR).
C. Ct.
(avec AFP, Reuters.)
Bernard Kouchner, représentant spécial de l’ONU au Kosovo
Huit mois de tension
b Juin 1999 : arrivée, le 17, du
contingent français à Mitrovica.
b Juillet : le 1er , des Serbes
attaquent trois Albanais qui ont
franchi le pont. Le 3, la KFOR érige
des barrages et empêche des
manifestants de l’UCK d’accéder
au pont. Le 7, accompagnés par la
KFOR, 5 000 Albanais défilent au
nord de la ville.
b 9 et 10 septembre :
150 personnes sont blessées lors
d’affrontements
intercommunautaires.
b 5 octobre : un Serbe est tué et
10 autres blessés après un
enterrement d’Albanais assassinés
par des Serbes en avril.
b 20 décembre : l’ONU
abandonne l’hôpital de Mitrovica à
l’administration serbe.
b Février 2000 : le 2, deux Serbes
sont tués dans une attaque à la
roquette. Les 3 et 4, huit Albanais
sont tués. Vingt Serbes sont
blessés dans deux attentats contre
des cafés. Les 4 et 5, 16 soldats
français sont blessés. Le 7, un
appartement albanais est attaqué à
la grenade. 2 000 Serbes huent le
nom de Bernard Kouchner. Le 10,
le Washington Post affirme que les
unités françaises de la KFOR ont
refusé de secourir des policiers de
l’ONU et de protéger les Albanais
lors des affrontements des 3 et
4 février.
La KFOR attaquée au nord de la ville
ALBANIE
UN ALBANAIS armé a été tué,
au moins quinze personnes ont été
blessées et deux soldats français
ont été touchés par des francs-tireurs, dimanche 13 février, à Mitrovica (Kosovska Mitrovica pour les
Serbes). Ce sont les plus graves affrontements impliquant des soldats
de la Force internationale de paix
au Kosovo (KFOR) que la province
a connus depuis l’entrée des
troupes de l’OTAN le 12 juin 1999.
Selon la KFOR, un sniper albanais a été tué et quatre autres ont
été blessés par les soldats de la
force de paix lors de fusillades survenues dimanche dans le secteur
nord de Mitrovica, ville que la rivière Ibar divise en secteurs serbe
et albanais. Des dirigeants serbes
locaux ont indiqué que trois
membres de leur communauté –
forte de 9 000 personnes dans la
ville – ont été blessés par balles et
par un tir de grenade. Lors d’un
autre incident, un policier américain de l’ONU a été blessé par un tireur qui a ouvert le feu sur un train
stationné en gare de Mitrovica dans
l’après-midi, a annoncé un porte-
« Les extrémistes et les irresponsables ne l’emporteront pas »
« C’est la première fois que
des soldats de la KFOR sont aussi directement visés par des Kosovars albanais. N’assiste-t-on
pas à une dégradation dangereuse de la situation à Kosovska
Mitrovica ?
– C’est une journée terrible, un
jour sombre, des heures de confrontation et de violence. Mais ce qui
s’est réellement passé n’est pas encore très clair. Quelle est la chronologie exacte des événements, depuis
les attaques à la grenade jusqu’aux
tirs sur les soldats français ? Et qui a
tiré sur qui ? Il faut se garder des jugements à chaud. Les combats de
rue dans les villes sont toujours difficiles à décrypter. Je peux malheureusement prétendre que les extrémistes, de tous bords, sont en
marche vers Mitrovica. Ce qui est
terrible, c’est que des hommes venus ici pour faire la paix se font tirer
dessus, qu’un Albanais est mort et
qu’il y a des blessés hospitalisés.
– Pensez-vous qu’il s’agit
d’actes isolés ?
– Il est trop tôt pour se prononcer.
Mais je crois que seuls les extrémistes veulent arrêter les progrès
enregistrés ces derniers mois et
mettre un terme aux rencontres de
l’administration conjointe [devant
BERNARD KOUCHNER
associer la Mission intérimaire des
Nations unies à des représentants
serbes et albanais]. Si le pire n’est jamais certain, il reste que nous
sommes confrontés à la stratégie
d’extrémistes qui cherchent à mettre
Mitrovica à feu et à sang. Car la plupart des gens que nous interrogeons
veulent vivre dans une ville unifiée
et non divisée, comme c’est le cas
actuellement. Mais une partie des
Serbes – et je pense au plus haut de
la hierarchie serbe – ne l’accepte
pas. Comme ils n’acceptent pas
l’idée
d’une
administration
conjointe, à laquelle les Serbes modérés ont finalement accepté de
participer. Nous savons aussi, depuis juin, que les Albanais n’acceptent pas cette « frontière » sur la
rivière Ibar [qui coupe la ville en
deux].
– Que préconisez-vous ?
– Sur le plan de la sécurité, nous
avons pris de nouvelles dispositions : élargissement des zones de
sécurité, établissement d’un couvrefeu, interdiction de manifestations
en certains lieux... Mais ce n’est pas
la solution. Il faut bien entendu rétablir l’ordre, mais la solution est diplomatique, économique et politique. La situation à Mitrovica est
dangereuse : elle ne sera pas réglée
par les balles. A ce jeu, personne ne
gagne, sauf les extrémistes qui se
sont déchaînés dès qu’ils ont su que
les Serbes entraient dans l’administration conjointe et qui ont réussi à
provoquer un coup d’arrêt à cette
institution.
» Il y aura encore des crises. Si les
incidents de Mitrovica me désespèrent, je crois que nous sommes
sur le bon chemin. Mais, plus généralement, rien n’est définitivement
réglé au Kosovo. Comment voulezvous que cela le soit après quelques
mois seulement d’administration internationale, alors que les gens
s’entre-tuent depuis des siècles. Pensons au processus de paix en Irlande
du Nord, après trente ans d’efforts...
Le moment n’est pas encore venu
de rétablir la confiance entre les Kosovars [albanais et serbes]. Nous essayons seulement de créer les conditions d’une coexistence pacifique.
– Pendant ce temps, l’épuration ethnique se poursuit : sous
la pression, des Serbes quittent
la province et, ces derniers jours,
des familles albanaises ont dû
abandonner leur maison dans le
nord de Kosovska Mitrovica...
– L’épuration ethnique continue,
mais nous faisons tout ce qui est en
notre pouvoir pour l’arrêter. Les
plaies ouvertes par les haines humaines ne se referment pas à la vitesse que le voudraient les médias.
Le cœur des Albanais saigne à l’évocation de ces quelque cinq mille à
sept mille personnes disparues, dont
on reste sans nouvelles. Comment
dormir en paix et pardonner lorsque
l’on ignore tout du sort de son fils
de quatorze ans, enlevé dans son lit
au moment où les forces serbes
quittaient le Kosovo en juin 1999 ?
– Halit Berani, un Kosovar albanais de Mitrovica, défenseur
des droits de l’homme, a de nouveau demandé le départ des
troupes françaises de la ville, les
accusant d’être incapables de
restaurer l’ordre. Ne craignezvous pas que les soldats français
ne soient, chaque jour d’avantage, pris pour cible ?
– Pour moi, il n’y a pas de soldats
français au Kosovo ! Il y a une force
internationale de paix, la KFOR.
D’ailleurs, dimanche, à Mitrovica, ce
ne sont pas seulement des soldats
français qui ont tiré pour rétablir
l’ordre, mais aussi des Anglais, des
Danois, des Allemands, des Belges...
Il n’y a au Kosovo que des soldats
qui font un travail difficile et qui ne
comprennent pas pourquoi on leur
tire dessus, alors qu’ils sont là pour
rétablir la paix. Je sais d’expérience
que ce genre d’opérations est difficile, heurtée, douloureuse. Qu’il ne
s’agit pas de poser des compresses
mais d’imposer la paix à des gens
qui n’en ont pas toujours et pas tous
envie.
» Dans cette région des Balkans,
les gens ont une fâcheuse tendance
à prendre leurs amis pour leurs ennemis et leurs ennemis pour leurs
amis. Les Kosovars doivent apprendre à reconnaître leurs amis.
Dimanche, des soldats de la KFOR
ont été pris pour cible par des extrémistes, des irresponsables. Ceuxci ne gagneront pas. »
Propos recueillis par
Christophe Châtelot
Une dégradation prévisible, liée à l’ambiguïté du mandat onusien
PLUS le temps passe, plus les
contradictions inhérentes au mandat de la Mission des Nations
unies pour l’administration provisoire du Kosovo (Minuk), que di-
ANALYSE
En privilégiant
la « coexistence »,
la KFOR a avalisé
la partition de la ville
rige Bernard Kouchner, apparaissent criantes à Kosovska
Mitrovica. Explicitement, le mandat de la Minuk – autorité « mandataire » bénéficiant des pleins
pouvoirs – stipule qu’elle a pour
objet le développement d’« une
autonomie substantielle » de la population kosovare, permettant la
« tenue d’élections » et la transmission des pouvoirs « à une autorité
de transition », en attendant que
soit fixé le « statut futur du Kosovo ». Implicitement, cependant,
Bernard Kouchner, avec le soutien
de la communauté internationale,
s’est, dès son arrivée, fixé comme
objectifs d’éviter qu’à la victoire
militaire de l’OTAN ne succède une
« épuration ethnique à rebours »
contre les Serbes, et de maintenir
au moins un semblant de coopération entre Albanais et Serbes dans
le nouveau Kosovo.
Ce second objectif s’est très largement fracassé sur la réalité.
Après une épuration ethnique qui
a fait des milliers de morts parmi
les Kosovars albanais et jeté sur les
routes huit cent mille d’entre eux
– une épuration dont de nombreux
Serbes du Kosovo ont bénéficié,
quand ils n’y ont pas directement
participé –, la plupart de ces derniers, craignant des représailles,
ont préféré fuir et rejoindre la Yougoslavie. Une seule zone n’a pas
connu cet exode serbe massif : le
Nord, dont Mitrovica est le cheflieu. Et pour cause : dans cette région, les Serbes sont majoritaires.
Leur population s’est même accrue
avec l’arrivée de déplacés ayant fui
les autres régions du Kosovo.
La ville même de Mitrovica, en
revanche, était, avant l’intervention de l’OTAN, majoritairement
peuplée d’Albanais, mais avec une
très forte minorité serbe. Des Albanais qui, faut-il le rappeler,
étaient exclus depuis 1991 de toute
fonction publique. L’épuration
ethnique, durant la guerre, y a été
particulièrement féroce, les miliciens serbes assassinant les civils et
brûlant les maisons albanaises, ou
y installant des familles serbes.
Lorsque, le 17 juin 1999, les Français de la KFOR arrivent à Mitrovica, les attentes des deux communautés sont exactement inverses.
Les Albanais veulent non seulement retrouver leurs foyers, mais
aussi réintégrer toutes les fonctions dont ils ont été exclus par des
années d’« apartheid » serbe. Ces
derniers, eux, n’espèrent qu’une
chose : qu’on leur laisse la partie
nord de la ville, où ils sont très majoritaires (et où se trouvent, également, la plupart des institutions
publiques, en particulier l’hôpital).
« L’AFFAIRE » DE L’HÔPITAL
Les soldats français sont ainsi
immédiatement confrontés à une
alternative simple : soit privilégier
la « coexistence » – ou son apparence – entre communautés et,
pour ce faire, accepter l’essentiel
des revendications serbes ; soit, effectivement, réinstaller les Albanais dans leurs droits, et risquer de
se heurter violemment aux Serbes
et, surtout, de les voir prendre eux
aussi le chemin de l’exil, sans
doute suivis par la majeure partie
de la population serbe de la région.
La KFOR et la Minuk ont opté
pour le premier terme de l’alternative. Le 27 juin, Sergio Vieira de
Mello, « gouverneur » onusien de
la province avant Bernard Kouchner, évoquant le « pont de la discorde » sur la rivière Ibar, qui divise la ville et que les Serbes
interdisent aux Albanais de franchir, expliquait : « Ce n’est pas le
seul pont ni la seule division dans les
Balkans. Ce n’est pas l’idéal, mais je
pense que c’est temporaire. » De
fait, le « temporaire » a pris de plus
en plus l’allure d’une partition définitive de la ville. Bénéficiant d’une
relative
impunité,
les
deux cent cinquante miliciens armés du chef de bande serbe Dragan « Culja » Marjanovic ont semé
de nouveau la terreur à l’encontre
des Albanais restés dans la partie
nord de la ville. La semaine dernière encore, après que plusieurs
milliers en soient déjà partis, plus
de six cent cinquante Kosovars se
sont présentés au centre d’enregistrement du Haut-Commissariat
des Nations unies pour les réfugiés
(HCR) pour en être évacués.
Comment s’étonner, dès lors,
que les Albanais, l’UCK en tête,
aient considéré que la KFOR, à Mitrovica, ne faisait rien d’autre que
consacrer l’injustice ? Non seulement les Kosovars ne peuvent passer au nord de la ville, mais ceux
qui y habitent doivent se résoudre
à en partir. Et, parmi les Albanais, il
ne manque pas de jeunes qui, rendus furieux par cette situation, ne
rêvent que d’en découdre – avec
les Serbes, d’abord, puis bientôt
aussi avec les soldats de la KFOR,
perçus comme les « protecteurs »
de leurs adversaires. L’exaspération montant, les événements des
derniers jours étaient tout sauf imprévisibles.
Pourtant, à plusieurs reprises, le
contingent de la KFOR a timidement tenté d’imposer aux Serbes
un retour des Albanais au nord de
la ville. Ainsi a-t-on pu croire, en
août, que le conflit à l’hôpital, où
médecins et infirmières kosovars
étaient victimes d’une exclusion
revendiquée de la part de leurs
confrères serbes, était en voie de
résolution. Mais, faute d’être imposés de force à des Serbes qui
n’en voulaient pas, faute de désarmer manu militari les bandes
serbes, ces progrès se sont avérés,
eux aussi, très « temporaires ». Finalement, face à l’ostracisme déterminé des Serbes, l’ONU a évacué les malades albanais de
l’hôpital et en a retiré son personnel. Fin janvier – tout un symbole –, la chirurgienne albanaise
Preveza Abrashi, exclue par l’administration serbe de son travail à
l’hôpital depuis le 29 septembre,
décidait, à bout de nerfs, de partir
s’installer à Pristina.
L’« affaire » de l’hôpital de Mitrovica symbolise toute l’ambiguïté de l’attitude de la Minuk et de la
KFOR dans cette ville. Pour avoir
voulu en priorité maintenir la
« coexistence » entre communautés ; pour avoir, aussi, voulu éviter
un nouvel exode serbe, la Minuk et
la KFOR en sont venues à avaliser
de fait la partition de la ville. Une
partition qui était, dès le jour de
leur arrivée, l’objectif revendiqué
des Serbes.
Sylvain Cypel
LeMonde Job: WMQ1502--0003-0 WAS LMQ1502-3 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 30Fap:100 No:0366 Lcp:700 CMYK
I N T E R N AT I O N A L
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000 / 3
Moscou aurait prévu de faire passer
150 000 Tchétchènes par les « camps de filtration »
« Ce n’est pas une guerre contre les combattants mais contre la nation tchétchène »
TÉMOIGNAGE
Moussa, rescapé
de Tchernokozovo,
raconte les tortures
infligées aux détenus
naliste, ce tout jeune homme veut
faire comprendre que ce qu’il a subi,
lui qui ne peut toujours pas marcher
normalement ni rester assis plus
d’une minute dans la même position, n’est rien comparé à ce que
souffrent toujours ceux qu’il a laissés derrière lui. Ce qu’il raconte
confirme largement, d’une part, ce
qu’a révélé la lettre d’un soldat russe
anonyme de ce camp, tortionnaire
malgré lui soucieux d’alerter l’opinion sur « l’enfer vécu par des innocents » (Le Monde du 11 février).
Mais une des précisions apportées
par Moussa ramène encore à la
phrase qui, invariablement, ponctue
tous les récits de réfugiés de Tchétchénie : « Ce n’est pas une guerre
contre les combattants, mais contre la
nation tchétchène. »
Après avoir parlé des tortures infligées à ses codétenus, parmi lesquels se trouvent aussi des vieillards,
des femmes et des enfants, Moussa
évoque un de ses passages devant
un enquêteur : « Il m’a lu le texte
d’un décret posé sur sa table, selon lequel 150 000 Tchétchènes doivent passer par les camps de filtration. Il m’a
dit que le but est de faire en sorte que
ceux qui en ressortent vivants soient
des invalides à vie. » S’agirait-il d’une
« pression psychologique » de l’enquêteur ? On pourrait le penser, si
l’action ne se passait pas en Tchétchénie. A plusieurs reprises depuis
deux siècles, Moscou a tenté de supprimer ce « peuple malfaisant », selon les termes d’un général russe, et
cette seconde guerre semble, plus
encore que la première (1994-1996),
renouer avec les traditions : villages
rasés, exécutions massives de civils,
etc.
UN « GROUPE D’INSPECTION »
Comme la plupart des détenus de
Tchernokozovo, Moussa a été pris
au hasard, mais il a eu la chance
d’avoir été « racheté » par sa famille. En sortant, il a signé des papiers affirmant qu’il avait été bien
traité et qu’il ne dira jamais autre
chose. Certains détenus sont retrouvés par leurs proches, qui peuvent
leur transmettre des colis : rien, ou
presque rien, ne leur parvient, mais
ils sont forcés d’inscrire les mots
« Tout va bien, je n’ai pas à me
plaindre » sur le reçu remis aux familles. C’est ce qu’a fait Zoura Bitieva, alors même que cette ancienne
participante à une « marche de la
paix », qui occupe une cellule en
face de celle où est détenu son fils
Idriss, un garçon malingre de seize
ans, n’ignore rien de son sort : « Il
est tout noir de coups, on lui a limé les
dents », dit Moussa.
Les tortures ont lieu dans le corridor, la nuit, quand l’équipe de service « est sous l’emprise de l’alcool et
des drogues ». Les tortionnaires, qui
« travaillent » avec un masque, seraient quarante-huit contractuels
cosaques venus de Rostov, Volgograd ou Vladikavkaz ; ils reçoivent
« 1 000 à 1 200 roubles par jour »
(200 francs) et font les 3 x 8. Ils
convoquent à tour de rôle leurs victimes, dont les cris gardent chacun
éveillé. Alors que, toute la journée,
les détenus doivent rester debout,
les mains levées. N’y échappent que
ceux qui s’évanouissent. Les coups
et les viols sont l’ordinaire. « Les viols
sont pratiqués à 100 %, les hommes
doivent ramper dans le corridor, dit
Moussa en baissant la voix. Parmi les
détenus, il y a un garçon de dix ans et
sa sœur de treize ans, pris pour “défaut de documents”. Le garçon a été
battu, la fillette violée. »
Une femme détenue a reçu la visite de sa mère et de ses deux filles,
qui ont donné pour cela
5 000 roubles. Elles se sont vues cinq
prévoyant « le passage en camp de filtration de
150 000 Tchétchènes » qui doivent en sortir « infirmes à vie ».
Les emplacements connus des camps
RUSSIE
Naour
Mozdok X
RÉP. DE
KABARDINOBALKARIE
X Tchernokosovo
INGOUCHIE
Te
r
Terek
ek
GROZNY
VLADIKAVKAZ
Argoun
DAGHESTAN
X Chali
OurousMartan
Chatoï
OSSÉTIE
DU NORD
Barzoï
Itoum-Kala
A
RUSSIE
rg
15 km
GÉORGIE
TCHÉTCHÉNIE
X CAMPS DE FILTRATION EXISTANTS
passé. « Là, tous avaient les côtes cassées, les doigts ou les oreilles coupés,
ou les tympans crevés. Officiellement,
ces détenus n’existent plus. On leur
fait pousser la barbe pour les échanger, comme combattants, contre des
prisonniers russes. L’un d’eux a fini
par signer un aveu comme quoi il
La localité de Katyr-Iourt rasée à 80 %
Au moins quatre cents personnes ont été tuées dans les combats et
les bombardements des villages au sud-est de Grozny. Ce chapelet de
villages avait vu passer, dans les premiers jours de février, des centaines de combattants fuyant la capitale tchétchène. En représailles,
ces localités ont toutes été durement touchées par les bombardements. Katyr-Iourt, une petite localité au sud-ouest de Grozny, a été
rasée à 80 % : trois cent soixante civils y ont perdu la vie entre le 2 février et le 12 février, selon les récits de rescapés sur place. Les militaires russes qui pilonnaient le village avaient refusé l’établissement
d’un corridor pour permettre aux civils de fuir.
Quatre jours durant, du 30 janvier au 2 février, Alkhan Kala, non loin
de Grozny, a également été pilonnée par l’artillerie et l’aviation. Au
moins une dizaine de civils ont été tués, une trentaine ont été blessés
et 200 maisons ont été détruites. Selon des témoins, les soldats russes
y ont fusillé, début février, six combattants tchétchènes et une femme
blessés, découverts dans le sous-sol d’un magasin du village. – (AFP.)
minutes, puis la grand-mère et une
des filles ont été renvoyées, mais la
deuxième, âgée de quatorze ans, a
été gardée. « Elle a été battue et violée quatre jours durant, on entendait
tout, elle a été libérée, à moitié morte,
après le passage d’une espèce de
commission. » Ce « groupe d’inspection », venu fin janvier, a fait le tour
des cellules. Chacun devait dire :
« On est bien nourri, on n’est pas battu. » Un vieillard n’a pas résisté, il a
soulevé la chemise de son jeune voisin pour montrer son état. « Quand
la commission est partie, ils ont été
longuement battus. »
Dans une des cellules qu’il a occupées – qui comptaient trente à
quarante personnes – il a vu, une
fois brièvement, le journaliste Andreï Babitski, lui aussi battu, juste
avant qu’on ne l’emmène ailleurs,
début février. Et des cellules « cachées ». Moussa y est brièvement
Goudermès
Tolstoï-Iourt X
NAZRAN
n
NAZRAN (Ingouchie)
de notre envoyée spéciale
Pas facile de parler, pour celui que
nous appellerons Moussa, par
crainte qu’il ne soit identifié. Premier rescapé du camp de tortures de
Tchernokozovo à parler à un jour-
Tchernokozovo, au nord de la Tchétchénie. Il raconte l’horreur au quotidien et affirme qu’un
enquêteur lui a lu le texte d’un décret officiel
ou
C’est parce que sa famille a pu le « racheter » à
ses tortionnaires que Moussa a été libéré du
camp de prisonniers dits de « filtration » de
avait combattu lors de la dernière
guerre. On l’a alors sorti et longuement battu puis emmené. On a entendu un coup de feu. Après, les gardes,
pour se couvrir, ont fait courir le bruit
qu’il a tenté de s’échapper. » Moussa
était sur le point de céder lui aussi,
de dire qu’il connaissait tel ou tel
chef de guerre, comme on l’exigeait
de lui. Un miracle, qu’il préfère taire
pour ne pas se trahir, l’en a empêché. Sinon, il aurait sans doute été
emmené au camp de Mozdok, en
Ossétie, d’où, en règle générale, nul
ne revient. Un jeune passé par là fut
cependant ramené un jour à Tchernokozovo, « car il avait été racheté
très cher, 5 000 dollars ». Depuis, la
rumeur court que tout homme passé par Mozdok subit des tortures
pires qu’à Tchernokozovo, « aucun
ne peut plus se marier ni avoir des enfants ».
Un médecin a ausculté Moussa,
X EN CONSTRUCTION
constatant des contusions majeures
sur l’ensemble du corps, du thorax
et de la colonne vertébrale, ainsi que
des traumatismes crâniens. Il a maigri de dix kilos. Lui et ses codétenus
étaient nourris trois fois par semaine
de gruau mal cuit, et manquaient
terriblement d’eau. Mais il ne tousse
presque plus. Les gardes avaient pris
l’habitude d’envoyer des jets de gaz
lacrymogène dans les cellules au
moment où ils faisaient aboyer leurs
noms par leurs occupants.
Beaucoup crachaient du sang,
surtout les vieux. Les détenus
avaient organisé un tour pour être
« chef de cellule ». Celui-ci, afin de
protéger les vieux et les plus malades, se mettait en avant pour recevoir le plus de coups. Cette solidarité, silencieuse, car il leur est interdit
de prononcer un seul mot en tchétchène, a sans doute compté dans le
fait qu’ils ne deviennent pas tous
fous. Mais, depuis qu’il est sorti,
Moussa ne peut retrouver le sommeil. « Je vois toutes les nuits les visages de ceux qui sont restés et je ne
fais que penser à eux », dit-il, avant
de demander « s’il est possible d’imaginer que tout cela va s’arrêter un
jour ».
Sophie Shihab
a OSSÉTIE : Anne Nivat, l’envoyée spéciale en Tchétchénie des
quotidiens français Ouest France et
Libération, dont le sort avait inspiré de l’inquiétude, a fait savoir, dimanche, qu’elle avait gagné le
quartier général des forces russes
à Mozdok (Ossétie du Nord). La
journaliste a indiqué qu’elle devait
être interrogée par les services de
sécurité (FSB, ex-KGB), puis
qu’elle rentrerait à Moscou. En revanche, on ne sait toujours rien
sur Andréï Babitski, correspondant en Tchétchénie de Radio Free
Europe, qui a été arrêté par les
Russes le 16 janvier puis « échangé » contre des soldats russes prisonniers des Tchétchènes. – (AFP.)
La Russie transforme l’accord avec les banques en victoire politique
« C’EST une grande victoire, un
accord extrêmement positif dont les
termes sont très avantageux pour la
Russie. » Vladimir Poutine, président par intérim, a interrompu,
dimanche 13 février, sa journée de
ski dans le Caucase, pour se féliciter de l’accord intervenu, vendredi,
entre la Russie et le Club de
Londres sur la restructuration
d’une partie de sa dette extérieure.
A un mois et demi de l’élection
présidentielle russe, le pool de
banques privées (dont Deutsche
Bank, Crédit lyonnais, BNP, Bank
of America) a consenti, après un an
et demi de négociations à effacer
plus du tiers des 32 milliards de
dollars de dettes héritées de l’exURSS. (Le Monde des 13-14 février),
c’est-à-dire quelque 10,6 milliards
de dollars (presque autant d’euros). Mikhaïl Kassianov, premier
vice-premier ministre russe, a estimé que cette réduction revenait,
compte tenu de l’inflation et des
taux accordés, « à effacer 50 % »
des créances.
Cet accord tombe à pic pour les
autorités russes, alors que le Fonds
monétaire international (FMI) a
gelé depuis juillet 1999 tout nouveau déboursement de prêt à Moscou. M. Poutine a ainsi souligné
que la voie était ouverte à un retour de la Russie au sein de la
communauté financière internationale. De son côté, Wolfgang
Wendt, représentant de la Deutsche Bank et président du Club de
Londres, a estimé que les créanciers « pouvaient être satisfaits de
cet accord ». En décembre 1999, un
cycle de négociations avait échoué,
les banquiers occidentaux refusant
d’aller au-delà de 35 % d’allègement de la dette, quand Moscou
souhaitait obtenir une réduction de
40 %.
REDRESSEMENT DES INDICATEURS
Fallait-il pourtant poursuivre les
négociations avec un pays engagé
dans une guerre fratricide que dénonce la plupart des pays occidentaux ? « Ce n’est pas vraiment un
cadeau », répliquent les banquiers.
Nous avions en face de nous depuis décembre 1998 un débiteur
qui ne payait plus rien, avait accumulé près de 3 milliards de dollars d’arriérés d’intérêt et sur lequel
nous n’avions aucun moyen d’action. En échange de l’annulation
d’une partie de la dette de l’exURSS due par la Vnechekonombank, qui est une coquille vide, le
Club de Londres a obtenu un transfert de la créance à la Fédération de
Russie qui dispose d’actifs et sur laquelle il peut éventuellement mener des actions juridiques en cas de
non-paiement futur. De plus, une
clause dite d’« exgibilité anticipée
croisée » stipule qu’en cas de défaut de paiement sur les quelque
20 milliards de dollars émis en eurobonds dans le cadre de l’accord,
les détenteurs d’autres eurobonds
(15,2 milliards de dollars) peuvent
se retourner automatiquement exiger leur remboursement instantanément même si l’échéancier de
leur remboursements est respecté.
Cette clause met en outre fin à la
distinction entre la dette de l’exURSS et la dette contractée depuis
1991.
« Vladimir Poutine n’aura plus
vraiment à s’inquiéter pour son budget durant ses deux mandats de président », a ainsi déclaré le député
centriste Alexandre Chokhine, pré-
sident à la Douma de la commission des organisations de crédits et
des marchés financiers. Car l’accord passé avec le Club de Londres
crée en précédent dont pourraient
se prévaloir les autorités russes lors
de négociations avec leurs créanciers publics du Club de Paris.
Le paradoxe est que la Russie
obtient une nouvelle restructuration de sa dette, au moment où
tous les indicateurs macroéconomiques du pays se redressent. Le
plus spectaculaire est sans doute
celui de l’excédent du commerce
extérieur, qui s’est élevé en 1999 à
près de 30 milliards de dollars,
grâce notamment à la hausse du
prix du pétrole. Elle a permis au
gouvernement de financer la
guerre de Tchétchénie et de boucler relativement facilement son
budget 2000. Celui-ci prévoit le
remboursement de 3 milliards de
dollars de dette extérieure au premier trimestre 2000, et une augmentation de 50 % des commandes
pour son armée sur l’année.
Babette Stern
et François Bonnet (à Moscou)
Démission du coordinateur
humanitaire de l’ONU à Bagdad
BAGDAD. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a déclaré, lundi
14 février, avoir accepté la démission du coordinateur humanitaire de
l’ONU en Irak, Hans von Sponeck. « Il a présenté sa démission, que j’ai
acceptée avec regret », a déclaré M. Annan. Aucune raison n’a été donnée pour justifier ce départ, mais les Etats-Unis et la Grande-Bretagne,
les deux membres du Conseil de sécurité de l’ONU les plus durs vis-àvis de l’Irak, avaient demandé à plusieurs reprises la démission du
coordinateur, jugé pas assez ferme à l’encontre du régime de Bagdad
et qui avait critiqué le régime des sanctions internationales décrété
contre l’Irak. Le département d’Etat américain a d’ailleurs accueilli
cette annonce en faisant part de sa satisfaction. M. von Sponeck est
chargé de mettre en œuvre le programme « pétrole contre nourriture », qui permet à l’Irak de vendre sous contrôle du brut pour financer des achats de produits de première nécessité (nourriture et médicaments). Il avait succédé en septembre 1998 à l’Irlandais Dennis
Halliday. Ce dernier avait déjà démissionné avec éclat pour protester
contre le maintien de sanctions qui frappent essentiellement la population civile, comme l’ont montré de nombreuses études. – (AFP. Reuters.)
M. Barak évoque un retrait
du Liban sud et « déçoit » M. Arafat
JÉRUSALEM. Le Hezbollah libanais et l’armée israélienne ont multiplié les escarmouches, dimanche 13 février, dans la zone dite « de sécurité » occupée par Tsahal au Liban sud. Des tirs de missiles ont répliqué à des attaques à la roquette contre des positions de l’armée
israélienne, mais il n’y a pas eu de victimes. A Jérusalem, Ehoud Barak
a évoqué une nouvelle fois un retrait israélien, en précisant qu’il préfère cependant que celui-ci intervienne « dans le cadre d’un accord
avec Beyrouth et Damas ». Par ailleurs, le président palestinien Yasser
Arafat a exhorté, dimanche, les Etats-Unis à intervenir d’urgence pour
tenter de débloquer les pourparlers de paix avec Israël. Le gouvernement Barak « nous a déçus, le monde et nous », par un non-respect de
ses accords, a déclaré M. Arafat. Le 13 février, Israéliens et Palestiniens
auraient dû conclure un accord-cadre sur leur traité de paix définitif. –
(AFP., Reuters.)
La moitié des ex-otages
de l’avion afghan ont été rapatriés
NEW DELHI. Un avion de ligne cambodgien, spécialement affrêté par
l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a emmené,
lundi 14 février, la moitié − 72 ou 73 personnes − des otages afghans de
l’avion de la compagnie afghane Ariana, qui avait été détourné vers
Londres, pour les rapatrier dans leur pays. L’avion devait se poser le
même jour à Kandahar (Sud), où s’est rendue Mme Tine Staermose, représentante de l’OIM au Pakistan, afin de superviser l’opération.
Chaque passager rapatrié avait signé une lettre confirmant qu’il rentrait volontairement en Afghanistan. Le sort des autres ex-otages qui
ont demandé l’asile en Grande-Bretagne devrait être connu plus tard.
Dix-neuf personnes de l’avion afghan ont été arrêtées par la police
britannique. Treize ont été inculpées, lundi, pour usage de la force et
menaces dans la prise de l’avion. Le gouvernement des Talibans s’est
dit « heureux » du retour de la moitié des ex-otages. Le ministre des
affaires étrangères, le maulawi Wakil Ahmad Mutawakil, a dit que
c’était « un bon signe pour décourager à l’avenir des terroristes d’employer la même méthode ». − (Corresp.)
Paris et Londres échangent
leurs sous-marins stratégiques
LONDRES. Le sous-marin nucléaire lance-missiles britannique Victorious s’est rendu en visite officielle, du vendredi 11 au mercredi 16 février, à l’Ile-Longue, la base de la force de dissuasion française en rade
de Brest. Dans le même esprit, un sous-marin stratégique français se
rendra, au printemps, à Faslane (Ecosse), où sont stationnés les quatre
sous-marins nucléaires de la force britannique de dissuasion. En annonçant cette visite, le secrétaire d’Etat britannique à la défense, John
Spellar, a estimé que cet échange, qui est une première, confirme les
« excellentes relations » entre les deux marines de part et d’autre de la
Manche. Les deux pays discutent, depuis quelques années, de la possibilité d’établir une coopération opérationnelle en la matière. Diverses
hypothèses sont envisagées, parmi lesquelles l’organisation de patrouilles alternées entre les deux marines – ce qui suppose une mise en
commun et une répartition des cibles potentielles – pour soulager le
LeMonde Job: WMQ1502--0004-0 WAS LMQ1502-4 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0367 Lcp:700 CMYK
4 / LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
I N T E R N AT I O N A L
La pollution d’un affluent Les Quinze ouvrent officiellement les négociations
du Danube provoque d’élargissement avec six nouveaux pays candidats
La date des premières adhésions reste imprécise
un désastre écologique
100 000 tonnes d’eau cyanurée s’y sont déversées
Un fleuve meurtri sur près de 1 000 kilomètres
UKRAINE
RÉP. SLOVAQUE
Sza
a
sz
Ti
Debrecen
Origine de la pollution
au cyanure : MINE D'OR
DE SASAR
os
m
BUDAPEST
Baia Mare
HONGRIE
ROUMANIE
Szeged
Pecs
BE
NU
DA
Senta
Timisoara
Sibiu
Brasov
CROATIE
Arrivée du cyanure
dans le Danube à
Slankamen
BOSNIE-HERZ.
BELGRADE
BUCAREST
Vers la mer Noire
YOUGOSLAVIE
DANUBE
Sarajevo
50 km
« C’EST un des plus grands désastres écologiques que l’Europe ait
connus, comparable à la pollution
du Rhin par Sandoz en 1986 », dit
Philip Weller, responsable du Programme Danube au WWF (Fonds
mondial pour la nature). Sur plusieurs centaines de kilomètres,
toute vie semble éteinte au long de
la Tisza, un affluent du Danube qui
traverse la Hongrie avant de se jeter dans le Danube en Yougoslavie.
La pollution provient du déversement de près de 100 000 m3 d’effluents pollués au cyanure, le
31 janvier, par une mine d’or roumaine : l’un des bassins de l’entreprise roumano-australienne L’Or, à
Baia Mare, s’est fissuré, laissant
l’eau empoisonnée s’échapper dans
la rivière Szamos, située sur le territoire roumain, et dans la rivière
Tisza. La pollution a atteint jeudi la
Yougoslavie où elle s’est jetée dimanche dans le Danube.
« Jusqu’à présent,
plus de cent tonnes
de poissons morts
ont été sortis de
la Tisza en Hongrie »
De source officielle hongroise,
on indiquait qu’il était trop tôt pour
faire un bilan précis du désastre,
mais que 90 % du poisson, du
plancton et d’autres organismes
pourraient avoir été détruits dans
la Tisza. « Toute la chaîne alimentaire de la rivière est morte », selon
Imre Gyorgy Torok, directeur adjoint de l’Agence de l’eau de la
basse Tisza. D’après les mesures
des laboratoires roumains, la
concentration de cyanure dans la
rivière Tisza a dépassé, le jour de
l’accident, huit cents fois le niveau
admis. Samedi 12 février, à Szeged,
en Hongrie, à 700 kilomètres de
Baia Mare, les concentrations de
cyanure atteignaient 2,7 mg/l, cent
trente fois le niveau autorisé en
Hongrie pour les rejets en rivière.
L’accident a ruiné la pêche dans la
rivière Tisza et affectera le tourisme, qui se développait rapidement le long de cette rivière pittoresque. Dimanche, les Hongrois se
sont rendus en pèlerinage vers la
Tisza pour prier. Ils entonnaient
des chants du répertoire folklorique que cette rivière a inspirés
pendant des siècles, selon les autorités locales de Szeged.
« Jusqu’à présent, plus de cent
BULGARIE
tonnes de poissons morts ont été sortis de la Tisza en Hongrie », a indiqué Karoly Pinter du ministère de
l’agriculture. Selon M. Pinter, ce
n’est paradoxalement pas le cyanure, un produit très toxique, qui
va poser le plus grave problème.
Les concentrations de cyanure
étaient revenus en dessous du niveau toxique, dimanche, en Hongrie. « Le cyanure peut être dilué
mais des métaux lourds très toxiques
se sont déposés dans la boue au bord
de la rivière. Ce métal se désintègre
beaucoup plus lentement et empoisonne l’environnement pour une
période beaucoup plus longue »,
a-t-il dit.
En Serbie, plusieurs tonnes de
poissons morts ont été ramassées
et les autorités ont interdit l’utilisation de l’eau de la rivière ainsi que
la pêche. Une autre menace guette,
a indiqué Bozo Dalmacija, professeur de chimie à l’université de Novi Sad, dans le nord de la Serbie :
« L’eau de la Tisza est utilisée pour
l’irrigation des champs, ce que l’on
ne pourra plus faire une fois la vague
de cyanure passée, car il faudra
beaucoup de temps avant que la rivière ne redevienne pure. »
« C’est une véritable catastrophe
européenne », a déclaré la vice-présidente de la Commission européenne, Loyola de Palacio, lors
d’une visite à Budapest, cette semaine. « Il faut réfléchir aux moyens
européens d’empêcher ce type de situation de se produire », a-t-elle
ajouté. La Commission européenne
envisage de débloquer en urgence
des fonds à destination des deux
pays, Hongrie et Roumanie, candidats à l’adhésion à l’Union européenne (UE), pour les aider à maîtriser les conséquences de la
catastrophe. La Hongrie demande
des compensations à la Roumanie,
tandis que le gouvernement roumain a engagé une procédure pénale à l’encontre de l’entreprise
L’Or.
De son côté, le ministre serbe de
l’environnement, Branislav Blazic,
a estimé que la Roumanie devrait
répondre de l’accident devant la
Cour internationale de justice de La
Haye. Le premier ministre hongrois
a jugé qu’un tel accident n’aurait
pu avoir lieu en Hongrie : « Nous
avons intérêt à ce que la Roumanie
réforme son système de contrôle de
l’environnement. » Quant à la
Commission européenne, elle déplore que la Roumanie n’ait informé Bruxelles de l’accident que le
9 février. Un mauvais point pour les
négociations d’adhésion à l’UE que
Bucarest entame officiellement
mardi 15 février.
La compagnie australienne Esmeralda Exploration Ltd, basée à
Perth, qui possède 50 % des actions
de la société exploitant la mine,
L’Or, tentait, en fin de semaine, de
minorer l’importance de l’accident.
Elle affirme que la digue n’a pas été
endommagée, mais que les pluies
très importantes ont entraîné un
débordement des eaux polluées. Le
rapport annuel de la firme, publié
en septembre, révèle que de nombreux incidents s’étaient produits
dans la mine de Baia Mare.
Hervé Kempf
avec Mirel Bran à Bucarest
Douze pays négocient désormais leur entrée
dans l’Union européenne : sept pays d’Europe
centrale et orientale, les trois pays Baltes, Chypre
BRUXELLES
(Union européenne)
de notre correspondant
Avec le lancement officiel, lundi
14 février, des négociations d’adhésion avec six nouveaux pays candidats, la Bulgarie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Roumanie, la
Slovaquie, le processus d’élargissement entre dans une phase nouvelle, conformément à ce qu’avait
décidé le Conseil européen d’Helsinki en décembre 1999. L’Union
européenne négocie désormais simultanément avec douze pays candidats.
Le rythme des pourparlers est lent
et les candidats s’impatientent. Ils
tablent sur de premières adhésions
début 2003, mais cela semble irréaliste. Pour des raisons budgétaires,
l’Union s’aperçoit notamment
qu’elle devra achever sa réforme de
la politique agricole commune
(PAC) et de la politique des fonds
structurels avant toute nouvelle
adhésion. La préoccupation des
pays candidats a, en outre, été accrue par l’arrivée au pouvoir en Autriche d’une coalition à laquelle participe l’extrême droite, réticente à
l’égard de l’élargissement.
b Avec qui négocie-t-on ?
– En décembre 1997, à Luxembourg, les Quinze ont lancé le processus d’élargissement avec dix pays
d’Europe centrale et avec Chypre.
Mais ils n’ont ensuite (mars 1998)
entamé les négociations d’adhésion
qu’avec les six qu’ils considéraient
les mieux préparés, politiquement et
économiquement, à savoir l’Estonie,
la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Slovénie et
Chypre. A Helsinki, pour diverses
raisons (retard pris par certains pays
du premier groupe, dits old ins, et
progrès accomplis au contraire par
ceux du second, dits new ins ; souci
de valider le processus d’élargissement et d’éviter toute confusion
avec la stratégie de coopération engagée dans les Balkans à la suite de
la guerre au Kosovo), ils ont décidé
de renoncer à cette méthode « par
vagues » et donc de négocier avec
l’ensemble des candidats, devenus
douze avec Malte.
– La candidature de la Turquie, rejetée en 1997 à Luxembourg, a été
reconnue recevable à Helsinki, mais
les négociations ne pourront s’engager que lorsqu’elle remplira les
« critères de Copenhague », politiques (droits de l’homme, respect
des minorités...) et économiques
(économie de marché capable de
et Malte. Conformément aux décisions du sommet d’Helsinki, les ministres des affaires étrangères ou européennes des Quinze ont entériné,
soutenir le choc de la concurrence
des pays de l’UE).
b Comment négocie-t-on ?
– Les négociations elles-mêmes
sont précédées par une phase de
« criblage » (screening) qui permet
de faire le point sur l’« acquis
communautaire » (c’est-à-dire l’ensemble des règlements, directives et
autres décisions appliqués par les
Quinze) et d’examiner la situation
de chacun des candidats par rapport
à l’intégration de cet acquis. La négociation est divisée en trente chapitres de difficultés très variées. Sur
chacun d’entre eux, les pays candidats présentent leur position de négociation, autrement dit expliquent
dans quelles conditions ils peuvent
reprendre l’acquis et indiquent sur-
lundi 14 février, à Bruxelles, l’extension officielle
des négociations à six nouveaux pays, en plus
des six avec lesquels elles étaient déjà en cours.
– Pour les six new ins, les pourparlers débuteront effectivement le
28 mars. L’idée est d’ouvrir avec
l’ensemble un bloc de chapitres faciles (politique industrielle, PME,
éducation, recherche, relations extérieures) et d’en ouvrir deux ou trois
en plus avec ceux d’entre eux qui
sont les plus avancés, peut-être la
Lettonie, Malte, la Slovaquie. Le
souhait des Français est qu’à la fin
de leur présidence, lors du Conseil
européen de Nice (décembre 2000),
les principaux problèmes soient
bien identifiés pour que la phase décisive de la négociation puisse se
nouer.
b Quelle est la structure de négociation ?
– Une conférence intergouverne-
Lancement de la réforme des institutions européennes
Lundi 14 février, les Quinze devaient officiellement lancer la conférence intergouvernementale (CIG) qui doit procéder – en principe
avant la fin de l’année 2000 – à une importante réforme des institutions européennes, rendue nécessaire par les perspectives de l’élargissement. Plusieurs sujets sont à l’ordre du jour, dont la taille et la
composition de la Commission, la pondération des voix au sein du
Conseil des ministres, l’extension du vote à la majorité qualifiée, afin
de limiter la règle de l’unanimité.
Personne ne sait s’il sera possible d’élargir l’ordre du jour à
d’autres sujets, tant les divergences restent importantes. La présidence portugaise a fait des propositions ambitieuses, en particulier
s’agissant des « coopérations renforcées », c’est-à-dire la possibilité
pour un groupe de pays de constituer une sorte d’avant-garde dans
tel ou tel domaine. Lisbonne souhaite également qu’au vu des avancées qui seront constatées sur ce dossier, la CIG soit étendue à la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). – (Corresp.)
tout s’ils ont besoin de périodes de
transition. Les Quinze prennent
note, posent des questions, arrêtent
leur propre position et, sur proposition de la Commission, décident à
l’unanimité d’ouvrir un nouveau
chapitre. Il a été entendu à Helsinki
que le rythme des négociations sera
« différencié » selon les pays, en
fonction de leur capacité à reprendre l’acquis.
– Avec les six old ins, vingt-trois
chapitres ont été ouverts ; de huit à
douze, selon les pays, sont déjà clos.
Mais les plus difficiles restent à négocier : agriculture, fonds structurels, libre circulation des personnes,
justice-affaires intérieures, contrôle
financier, budget. Ces six chapitres
devraient être ouverts durant la présidence portugaise. Le chapitre institutionnel ne pourra être abordé
qu’après la fin de la conférence intergouvernementale (CIG) chargée
de réformer les institutions.
mentale d’adhésion, réunissant les
Quinze et chacun des douze pays
candidats, se tiendra une fois par
présidence au niveau ministériel,
deux ou trois fois par présidence au
niveau des suppléants (ambassadeurs) afin de récapituler les progrès
accomplis. Le groupe de travail
« élargissement », composé d’experts des Quinze, prépare les positions communes de l’UE, fait rapport au comité des représentants
permanents, lequel fait rapport au
conseil des affaires générales (CAG),
qui est composé des ministres des
affaires générales ou des affaires européennes. Les positions communes
ainsi arrêtées constituent le mandat
confié à la Commission qui négocie
avec les pays candidats. Concrètement, ce sont les fonctionnaires de
la Commission, sous l’autorité du
commissaire allemand Günter Verheugen (ancien secrétaire d’Etat aux
affaires européennes), qui, à
Bruxelles ou dans les capitales des
pays candidats, conduisent les pourparlers. Il s’agit d’une machinerie assez lourde et les old ins redoutent
que l’extension de la négociation à
six nouveaux candidats n’en retarde
l’ensemble. « Les négociations seront
menées aussi rondement que possible », a assuré récemment M. Verheugen.
b Quelle date pour les premières adhésions ?
– Aucune n’est fixée. Il a seulement été dit que les Quinze devront
être prêts à la fin 2002. Mais les pays
candidats exercent une pression
croissante pour que la situation soit
clarifiée. Au cours de l’année 2000,
les Quinze pourraient être amenés à
fixer des échéances pour la fin des
négociations. M. Verheugen a souligné qu’en tout état de cause la ratification des traités d’adhésion ne
pourrait intervenir qu’après celle validant les résultats de la conférence
intergouvernementale sur la réforme institutionnelle. Les pays candidats se sont calés sur la date du
1er janvier 2003 pour les premières
adhésions. Les Quinze (notamment
les Français) considèrent majoritairement cette date comme irréaliste
et pensent plutôt au 1er janvier 2004
ou 2005. Les perspectives financières de l’« Agenda 2000 », adoptées en mars 1999 à Berlin pour la
période 2000-2006, ne permettent
guère d’envisager un élargissement
que dans les dernières années de
cette période.
b Quels scénarios pour les
adhésions ?
– La position officielle est que les
pays candidats adhéreront au rythme que permettra la négociation et
que les difficultés rencontrées par
l’un ou l’autre ne devraient pas retarder ceux qui sont prêts. « Deux ou
trois vagues d’adhésion, telle serait la
bonne manière de procéder », a indiqué M. Verheugen. Serait-il possible
d’envisager l’adhésion d’un premier
groupe composé par exemple de la
Hongrie (actuellement le candidat
modèle), de la Slovénie, de l’Estonie
et de Chypre, mais laissant provisoirement en dehors de l’Union la Pologne, grand pays emblématique du
processus d’élargissement, mais qui
pose des problèmes, notamment en
matière agricole ? En principe, oui.
Mais de telles questions sont à
peine posées et, politiquement, la
réponse n’est certainement pas évidente.
Philippe Lemaître
Les députés du FPÖ jouent un rôle marginal au Parlement européen
STRASBOURG
de notre correspondant
Depuis leur entrée au Parlement
européen, en 1995, après l’adhésion
de l’Autriche à l’Union, les représentants du FPÖ (Parti libéral de
Jörg Haider) ne jouent qu’un rôle
de figurants. Cela est dû, d’abord, à
leur faible nombre : ils ne sont que
cinq – Daniela Raschhofer, chef de
la délégation, Gerhard Hager, Wolfgang Ilgenfritz, Hans Kronberger et
Peter Sichrovsky. Leur marginalité
est aussi liée à leur positionnement
politique : ils siègent chez les noninscrits, et non avec les formations
d’extrême droite.
Lors de la législature 1994-1999,
ces partisans du populiste Haider
auraient pu constituer un groupe
avec le Front national, l’Alliance nationale de Gianfranco Fini et la
Ligue du Nord d’Umberto Bossi.
Mais ils ne voulaient pas conclure
d’accord avec les post-fascistes italiens – contentieux sur le HautAdige, né au lendemain de la
Grande Guerre, oblige – ni, surtout,
avec les lepénistes, dont ils
condamnent les dérapages verbaux.
Seule trouvait grâce à leurs yeux la
Ligue du Nord, considérée comme
une formation sœur, en raison
d’une doctrine comparable et de sa
volonté de se séparer de l’Etat
italien.
Au lendemain des élections de
juin, leur hostilité au groupe de
Jean-Marie Le Pen les a de nouveau
empêchés d’adhérer au groupe
technique des députés indépendants, où siègent pourtant les promoteurs italiens de la « Padanie ».
Les cinq nationalistes autrichiens se
retrouvent donc encore sur les
bancs des non-inscrits, avec un
Basque indépendantiste, un unioniste d’Irlande du Nord et MarieFrance Garaud – pourtant élue sur
la liste conduite par le président du
RPF. Ils n’ont aucun contact avec les
autres membres de ce « groupe ».
En commission et en séance plénière, où ils sont pourtant assidus,
ils sont encore plus isolés, leur présence étant mal acceptée.
DISCRETS CONTACTS
Ils n’ont que de discrets contacts
avec les députés d’autres formations, comme les conservateurs autrichiens de l’ÖVP et, à un degré
moindre, les chrétiens-démocrates
allemands (CDU), notamment bavarois (CSU), même s’il n’a jamais
été question d’une adhésion au Parti populaire européen (PPE), dans
lequel est réunie l’essentiel de la
droite européenne. Ils auraient pris
langue avec Philippe de Villiers
lorsque le député de Vendée siégeait à Strasbourg, mais ils n’ont pu
approcher Charles Pasqua, président de l’Union pour l’Europe des
nations, d’autant plus que celui-ci a
accueilli les représentants de l’Alliance nationale italienne.
On dit toutefois, sous le sceau du
secret, que l’un des leurs, Hans
Kronberger, écologiste convaincu,
« copine » avec certains Verts allemands et autrichiens. D’autres sympathies sont évoquées, ici ou là, en
raison des compétences ou de la
notoriété de certains élus, comme
Gerhard Hager, juriste réputé, ou
de son ami proche, Peter Sichrovsky, d’origine juive, journaliste et
écrivain connu aussi en Allemagne.
Ce dernier, qui a effectué un voyage
à la fin de l’année dernière en Israël,
a, semble-t-il, l’oreille de Jörg Haider (Le Monde du 3 février). Le chef
de l’extrême droite autrichienne lui
Haider compare Churchill et Hitler
Churchill est-il pour Jörg Haider « un criminel de guerre » ? A l’interrogation du journaliste britannique Dominic Lawson, qui l’interviewait pour le Sunday Telegraph, le leader de l’extrême droite autrichienne a répondu : « Oui, avec Churchill, il y a beaucoup de mauvaises
choses- et beaucoup d’honneur. Il a agi bien et mal. C’est le sort de tout
homme politique important. » Qu’a-t-il fait de mal, s’est enquis le journaliste : « Les mauvaises choses, cela a été par exemple la décision de détruire des villes comme celle de Dresde, où il n’y avait pas de soldats de
l’armée allemande. Il n’y avait que des civils. C’est la même chose que nous
reprochons à Hitler. Nous disons : pourquoi Hitler devait-il lancer des
bombes sur des villes où ne vivent que des civils et des enfants ? » Le journaliste a alors demandé : « Dites-vous qu’il y avait de bonnes et de mauvaises choses des deux côtés ? » Jörg Haider a répondu : « Oui, oui, oui. »
Dresde, bondée de réfugiés, a été bombardée en février 1945 par
l’aviation britannique. Il y a eu des dizaines de milliers de victimes.
aurait proposé un poste de secrétaire d’Etat dans le gouvernement
autrichien, qu’il aurait refusé.
Ces eurodéputés ne peuvent, en
aucun cas, peser sur les votes de
l’hémicycle européen. Ils se sont
opposés à l’investiture de la
Commission de Bruxelles présidée
par Romano Prodi, en compagnie
de l’ensemble de l’extrême droite
européenne, des conservateurs britanniques et d’une partie de la
droite allemande, au nom du souverainisme. En revanche, ils se sont
nettement dissociés du FN quand il
s’est agi pour l’assemblée de demander un « moratoire universel
sur les exécutions capitales », votant avec la gauche et la droite européennes alors que les lepénistes
s’étaient exprimés contre. Quant à
l’ultralibéralisme économique, ils lui
manifestent, à chaque occasion,
leur attachement. Ils se sont prononcés, par exemple, contre la taxation des mouvements spéculatifs de
capitaux (« taxe Tobin »).
Comme tous les eurodéputés, ces
élus bénéficient, outre leur indemnité parlementaire mensuelle
(6 000 euros, soit 39 350 francs), de
875 euros (5 750 francs) pour les
frais de secrétariat et de 9 450 euros
(62 000 francs) pour les salaires des
secrétaires et des assistants parlementaires, tous de jeunes Autrichiens. Une manne considérable,
même si, contrairement aux
groupes constitués politiquement,
ils n’ont pas droit aux financements
prévus pour l’organisation de colloques ou de journées d’études.
Marcel Scotto
LeMonde Job: WMQ1502--0005-0 WAS LMQ1502-5 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0368 Lcp:700 CMYK
I N T E R N AT I O N A L
Le président indonésien suspend
le général Wiranto de ses fonctions
L’ancien chef de l’armée accepte la décision de « Gus Dur »
Le président Abdurrahman Wahid a suspendu, dimanche
13 février, le général Wiranto, ministre coordinateur des
affaires politiques et de la sécurité et ancien commandant
BANGKOK
de notre correspondant
en Asie du Sud-Est
En place depuis moins de quatre
mois, la première administration
élue de l’histoire de l’Indonésie demeure fragile. Dernière illustration
de cette situation : à son retour à
Djakarta, le président Abdurrahman Wahid, dit « Gus Dur », a suspendu le général Wiranto de ses
fonctions de ministre coordinateur
des affaires politiques et de la sécurité. Cette mesure « à titre temporaire », annoncée dans la nuit du dimanche 13 au lundi 14 février, vaut
jusqu’à la remise au chef de l’Etat,
dans un délai d’un mois, d’une enquête du procureur général sur les
violations des droits de l’homme au
Timor-Oriental alors que M. Wiranto était commandant en chef des
forces armées. L’intérim est assuré
par Surjadi Soerdirja, ministre de
l’intérieur.
Fin janvier, l’armée et son ancien
commandant en chef ont été jugés
responsables de la terreur survenue
en septembre au Timor-Oriental
par deux commissions d’enquête,
l’une indonésienne et l’autre onusienne. Le président Wahid a demandé à M. Wiranto de quitter le
gouvernement. Au cours d’un périple au Proche-Orient, en Europe et
en Extrême-Orient, le chef de l’Etat
a avancé le schéma suivant : démission, éventuelle inculpation et, en
cas de condamnation, pardon présidentiel. Niant toute responsabilité, le général Wiranto a déclaré que
démissionner serait un aveu de
culpabilité. Il a donc continué d’assister au conseil des ministres.
Les pressions exercées par le président indonésien, à chaque étape
de son voyage, n’ont cessé d’augmenter.
en chef de l’armée, accusé d’être responsable des violences au Timor-Oriental. Celui-ci a déclaré accepter cette
suspension temporaire pendant que la justice enquête.
M. Wiranto appartient à un
groupe d’officiers auxquel l’ancien
président Suharto, dont il a été
l’officier d’ordonnance, avait
confié les rênes de l’armée. Le gouvernement a annoncé, début février, que l’ancien autocrate allait
être interrogé dans le cadre de la
réouverture d’une enquête judiciaire sur les agissements financiers
de ses fondations. En outre, le président a accusé nommément le général Feisal Tanjung, prédécesseur
de M. Wiranto à la tête des forces
armées, d’avoir ordonné un raid
meurtrier, en 1996, contre le QG à
Djakarta du parti de Megawati Sukarnoputri, devenue vice-présidente, et d’avoir, deux années auparavant, tenté de l’évincer
lui-même de la direction du Nahdlatul Ulama, la plus grande organisation de mollahs de la planète,
dont le grand-père de M. Wahid a
été le fondateur.
DISPUTES INTERNES
La température semblait donc
avoir sérieusement monté. Produit
d’un marchandage qu’il n’a pu éviter, le gouvernement d’union nationale, formé par M. Wahid fin octobre, est affaibli par des disputes
internes. Apaiser les tensions religieuses ou le sentiment séparatiste,
régler les désordres financiers qui
freinent le redressement économique, s’attaquer enfin à la corruption, toutes ces démarches requièrent une administration
cohérente, ce qui n’est pas encore
le cas. Le président, s’est-on demandé, a-t-il saisi l’affaire Wiranto
pour prouver qu’il était le patron ?
M. Wiranto ne semble pas disposer de sérieux appuis au sein de
forces armées, dont la direction a
affirmé son soutien au président.
Les parlementaires, pour l’essentiel, en font autant. La popularité
du président et de la vice-présidente demeurent évidente, l’armée
est divisée et démoralisée. Bref,
l’Indonésie n’est pas au bord de
l’anarchie.
Le chef de l’Etat dispose en outre
du soutien actif de la communauté
internationale. Tout coup de force
militaire ferait de l’Indonésie un
paria soumis à de dures sanctions
économiques. Enfin, le gouvernement est assis sur une énorme pile
de dossiers sur les exactions et le
népotisme de l’ancien régime.
Dans l’immédiat, Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, est
l’hôte dès cette semaine de M. Wahid et mieux valait sans doute écarter M. Wiranto avant son arrivée.
Dimanche matin, après avoir avancé son retour à Djakarta de plusieurs heures et avoir reçu l’amiral
Widodo Adisucipto, actuel patron
des forces armées, s’étaient réunis
le chef de l’Etat, en compagnie de
Megawati, M. Wiranti, le procureur
général Marzuki Darusman et le
chef des services de renseignements, le général Arie Kumaat. A
l’issue de cette audience, un porteparole avait annoncé que M. Wiranto demeurait ministre jusqu’à la
conclusion d’une enquête menée
par le procureur général. « Je n’ai
pas changé d’avis, je lui donne seulement le droit d’être soumis à une enquête, conformément à la loi », avait
déclaré plus tard le président Wahid. Dans la soirée de dimanche, la
suspension de M. Wiranto a pris à
contre-pied ce qui avait été annoncé quelques heures auparavant. Et,
avec M. Wahid, le rideau sur cette
affaire n’est pas pour autant baissé.
Jean-Claude Pomonti
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000 / 5
Michel Camdessus craint
une nouvelle crise financière
Intervenant devant la Conférence des Nations unies sur le commerce
et le développement, à Bangkok, le directeur général démissionnaire
du FMI a souligné que la pauvreté est l’« ultime menace » pour le monde
BANGKOK
de notre correspondant
A la veille de sa retraite, dans sa
dernière intervention devant une instance internationale en tant que directeur général du Fonds monétaire
international, Michel Camdessus a
appelé, dimanche 13 février, à un
élargissement du G7 et du G8 à deux
douzaines de pays. Une telle initiative, a-t-il dit devant la Conférence
des Nations unies sur le commerce
et le développement (Cnuced), qui
siège à Bangkok jusqu’à la fin de la
putation d’avocat des pays pauvres
ou en développement, et de nombreux délégués, à Bangkok, sont carrément hostiles à ces organismes de
crédit.
A propos des interventions du FMI
pour faire face à la crise asiatique de
1997, l’ancien directeur général a admis : « Bien sûr qu’il y a eu des erreurs
et, comme nous faisons partie de ce
système, nous partageons ces erreurs », pour aussitôt ajouter que
« s’il y avait eu tant d’erreurs, nous ne
serions pas en train d’assister au-
Stanley Fischer prend la direction par intérim du FMI
Stanley Fischer, numéro deux du Fonds monétaire international
(FMI), a pris officiellement, lundi 14 février, la direction générale par
intérim de l’institution, après le départ de Michel Camdessus et en
l’absence pour l’instant d’un successeur désigné (Le Monde du 11 février). M. Fischer est directeur général adjoint depuis 1994. Diplômé
de la London School of Economics (1962-1966) et du Massachusetts
Institute of Technology (MIT), il a été professeur à l’université de
Chicago (1970-1973) puis au MIT (1973-1977 et 1992-1994), où parmi ses
élèves figurait notamment l’actuel secrétaire au Trésor, Larry Summers. M. Fischer est né en Zambie, en 1943, de parents juifs émigrés
des pays baltes en Afrique dans les années 20. Il s’installe aux EtatsUnis en 1966 et adopte la citoyenneté américaine dix ans plus tard.
semaine, « offrirait une façon d’établir
un lien clair et plus solide entre les institutions multinationales et un groupe
représentatif de leaders mondiaux
dont la légitimité serait indiscutable ».
Celui qui a été aux commandes du
FMI pendant treize ans a suggéré
que ce forum se réunisse tous les
deux ans.
Michel Camdessus a également
défendu avec énergie les interventions du Fonds monétaire devant
une assemblée qui se méfie des
organismes internationaux de crédit.
La Cnuced s’est en effet taillé, au fil
de ses réunions quadriennales, la ré-
jourd’hui à la reprise la plus rapide »
en l’espace de soixante ans, dans une
référence à des pays comme la Corée
du Sud, la Thaïlande et l’Indonésie
qui ont bénéficié de l’aide du FMI.
Que Michel Camdessus ait essuyé
une tarte à la crème – un incident qui
a reporté d’une demi-heure son intervention – et qu’une poignée de
manifestants ait réclamé sa « traduction en justice » ne saurait effacer l’intérêt de son appel à la lutte contre la
pauvreté, « ultime menace à la stabilité d’un monde en processus de globalisation ». La communauté internationale, a-t-il dit, « reprend d’une main
ce qu’elle donne de l’autre », et aucune excuse, y compris « la lassitude
de l’aide », n’est « crédible ».
Estimant que l’architecture financière internationale a des défauts,
l’ancien patron du FMI a voulu attirer l’attention sur ce qu’il perçoit
comme une « dangereuse période
crépusculaire », a-t-il déclaré, après
son intervention, au quotidien International Herald Tribune. « Je tire la
sonnette d’alarme auprès de nos pays
membres pour leur dire que nous prenons le risque d’une nouvelle crise financière. » En outre, a-t-il résumé, la
croissance ne suffit plus : c’est la
« haute qualité » d’une croissance
centrée sur les êtres humains qui
constitue une indispensable nouvelle
donne.
Son discours, qui condamne des
écarts de richesse « moralement outrageux », n’a pas détonné à une tribune préoccupée avant tout par les
questions de développement. Samedi, Kofi Annan avait déjà rappelé
quelques vérités aux pays industrialisés « qui demeurent enfermés dans
des disputes entre eux » et dont les
gouvernements, en principe favorables au libre-échange, « manquent
trop souvent de fermeté politique dans
la confrontation de leurs propres pays
qui s’en remettent à des arrangements
protectionnistes ». Un nouveau cycle
de négociations commerciales n’a
pas commencé à Seattle, a ajouté le
secrétaire général de l’ONU, « parce
que les gouvernements, notamment
ceux des grandes puissances économiques mondiales, n’ont pas pu s’entendre sur leurs priorités ». Et non
parce que, dans les rues, des manifestants y ont défendu « leur droit à
la différence face à des bureaucrates
internationaux anonymes ».
J.-C. P.
LeMonde Job: WMQ1502--0006-0 WAS LMQ1502-6 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0369 Lcp:700 CMYK
6
FRANCE
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
DROITE
Philippe Séguin a franchi
un nouveau pas, dimanche 13 février,
vers une candidature à la mairie de
Paris. Au « Grand Jury-RTL-Le
Monde-LCI » (lire page 14), le député
des Vosges s’est déclaré « disponible » pour peu que la direction du
RPR le lui demande. Ecartant toute
« aventure personnelle », il s’en remet à la décision des partis de droite
b JEAN TIBERI, interrogé par Le
Monde, assure qu’il entend bien rester candidat « jusqu’au bout ».
b JEAN-LOUIS DEBRÉ, dimanche, a
déclaré que « si c’est Philippe Séguin
qui est le meilleur candidat, alors
soutenons Philippe Séguin ». Le président du groupe RPR de l’Assemblée
exprime, ainsi, le sentiment de l’Elysée qui s’inquiète d’une éventuelle
candidature Séguin à la présidentielle. b MICHÈLE ALLIOT-MARIE, en
butte à la méfiance des barons du
RPR, peine à imprimer sa marque sur
le mouvement gaulliste.
Philippe Séguin se pose en recours de la droite à Paris
L’ancien président du RPR s’est déclaré « disponible » pour conduire la majorité parisienne aux municipales. En dépit de l’aval de l’Elysée,
il se heurte à la détermination de Jean Tiberi, qui a confirmé au « Monde » son intention d’être « candidat jusqu’au bout »
DONT ACTE. Pour reprendre
une des formules qu’il affectionne,
Philippe Séguin n’est évidemment
pas candidat à la mairie de Paris ; il
est « disponible ». Considéré, selon plusieurs sondages portant sur
les intentions de vote des Parisiens, comme le meilleur portedrapeau de la droite aux élections
municipales de 2001, l’ancien président du RPR a déclaré, dimanche
13 février, lors du « Grand JuryRTL-Le Monde-LCI », en évoquant
Michèle Alliot-Marie, son successeur à la tête du mouvement gaulliste : « Si elle me dit, un jour, que,
pour gagner Paris, il serait souhaitable que je sois candidat, eh bien,
je lui donne à entendre que, dans ce
cas, j’accepterai. Si elle ne me demande rien, ce n’est pas moi qui
irai l’ennuyer dans son bureau. »
Récusant toute intention de se
lancer dans « une aventure personnelle », l’ancien maire d’Epinal a
expliqué qu’il convenait de « laisser la majorité municipale et le
maire en place [Jean Tiberi] s’efforcer d’honorer la confiance de leurs
électeurs » pendant la dernière année de leur mandat. Cette attitude
avait déjà été la sienne au printemps de 1998, alors que, président du RPR, il s’était efforcé
d’apaiser les tensions nées de la
tentative de « putsch » menée par
Bernard Pons et Jacques Toubon
contre le maire de Paris. M. Séguin
est, en effet, convaincu que M. Tiberi sera, quoi qu’il arrive, candidat à sa propre succession et
qu’en conséquence la désignation
précoce d’un autre prétendant ne
pourrait qu’accentuer les querelles
de la droite dans la capitale, au
risque de compromettre toutes les
chances de l’emporter. C’est pourquoi il est en désaccord avec
Mme Alliot-Marie, qui souhaite investir un candidat dès la mi-avril.
Adoptant une posture gaullienne,
TROIS QUESTIONS À...
n’a pas pris position. Elle envisage,
de toute façon, de repousser sa décision au moins à la fin du mois
d’avril et nous avons décidé de
nous revoir prochainement.
JEAN TIBERI
1
Après les déclarations de Philippe Séguin se disant « disponible » pour la mairie de Paris,
maintenez-vous votre décision de
vous présenter aux municipales
de mars 2001 ?
Bien entendu, je suis candidat !
Et je n’ai pas l’intention de changer d’avis. Je n’ai pas à me déterminer en fonction des décisions
des uns et des autres. D’ailleurs,
Philippe Séguin sera t-il vraiment
candidat ? Rien n’est moins sûr. Il
a déclaré qu’il était disponible.
Pour ça ou pour autre chose... De
toute façon Philippe Séguin est
toujours disponible. Quoi qu’il arrive, je suis candidat et j’ai tout à
fait l’intention de le rester jusqu’au bout.
2
Vous avez rencontré la présidente du RPR, Michèle AlliotMarie, vendredi. Vous êtes-vous
mis d’accord sur le mode de désignation du candidat du RPR ?
Vous a t-elle demandé de déclarer
forfait ?
Michèle Alliot-Marie ne m’a
rien demandé du tout. Elle m’a
écouté. Je lui ai donné mes arguments, je lui ai redit que je souhaitais vivement qu’il y ait un vote
des militants parisiens pour la désignation du candidat du RPR. Elle
m’a répondu qu’elle souhaitait
une simple consultation, mais elle
le député des Vosges préfère se
présenter comme un indispensable recours. Moins conforme
aux principes du gaullisme est, en
revanche, sa décision de se plier
aux décisions que prendront les
responsables des partis politiques.
PAS DE « BLITZKRIEG »
A cet égard, les réactions n’ont
pas tardé. Dès lundi matin, Claude
Goasguen, porte-parole de Démocratie libérale et député de Paris a
dénoncé, sur LCI, la démarche de
M. Séguin : « Il ne faut pas mettre
les Parisiens devant le fait accompli
Un sondage désastreux pour le maire actuel
Jean Tiberi fait mine d’ignorer les sondages. Et pour cause : le dernier en date, réalisé par la Sofres pour Le Figaro Magazine auprès
d’un échantillon de 800 électeurs parisiens (Le Monde du 12 février),
est en effet désastreux pour le maire de Paris. Ainsi, 59 % des sondés
– et 78 % des sympathisants de droite – ont une bonne opinion de
Philippe Séguin ; 24 % seulement (et 35 % des sympathisants de
droite) ont la même opinion de M. Tiberi.
Surtout, Philippe Séguin apparaît comme le meilleur candidat de
la droite à 46 % des sondés et à 54 % des sympathisants de droite,
alors que M. Tiberi n’est jugé ainsi que par 12 % des sondés et 14 %
des sympthisants de droite. Pire, 70 % des personnes interrogées
placent l’honnêteté au premier rang et la compétence au deuxième
rang des qualités attendues d’un maire de Paris, alors que 5 % seulement jugent M. Tiberi honnête et 16 % compétent (contre, respectivement, 31 % et 40 % pour M. Séguin).
3
Evoquant une éventuelle candidature de Philippe Séguin,
Jean-Louis Debré a déclaré qu’il
souhaitait « le meilleur candidat »
pour Paris. Au vu des sondages qui
viennent d’être publiés, vous
n’êtes pas le mieux placé. Compte
tenu de sa proximité avec Jacques
Chirac, n’est-ce pas un désaveu de
poids ?
Laissez-moi vous rappelez,
d’abord, que Jean-Louis Debré n’a
pas eu du tout la même réaction,
en 1994, lorsque les sondages donnaient Jacques Chirac perdant aux
présidentielles. Faut-il, un an avant
une élection, choisir qui l’on soutient en fonction des sondages ?
Non, il faut relativiser tout cela. Depuis des années, il y a une campagne contre moi, il est normal
qu’il y en ait des retombées dans les
sondages. En un an, les choses
peuvent évoluer. Et puis, mes amis
du RPR me répètent que j’ai un bon
bilan et que je n’ai rien à me reprocher. Dans ce cas, qu’ils me soutiennent ! Quant à Jacques Chirac,
je ne peux pas imaginer qu’il ait un
lien quelconque avec les déclarations de M. Debré. Même si, en politique, tout est possible...
Propos recueillis par
Christine Garin
d’une candidature blitzkrieg. (...) Je
ne crois pas que Paris soit un terrain
d’apprenti-président, les Parisiens
méritent un maire de Paris à plein
temps qui s’occupe des Parisiens »,
a-t-il déclaré. Au RPR, à l’inverse,
en l’absence de la présidente du
RPR, retenue dimanche soir dans
sa commune de Saint-Jean-de-Luz
(Pyrénées-Atlantiques), le conseiller chargé de la vie du mouvement, Patrick Ollier, s’est réjoui
des déclarations de M. Séguin.
« Cette mise à disposition vaut acte
de candidature », a-t-il estimé. Il a
toutefois insisté sur le fait que
Mme Alliot-Marie n’a « aucun a
priori » vis-à-vis de qui que ce soit,
au début de ses consultations parisiennes.
Soucieuse d’observer à ce propos la plus grande discrétion, la
députée des Pyrénées-Atlantiques
s’est entretenue longuement, vendredi, avec le maire de Paris (lire
ci-dessous). M. Tiberi, qui estime
être majoritaire au sein de la fédération de Paris du RPR, qu’il
anime, a encore réclamé un vote
des militants – non prévu par les
statuts –, tandis que Mme AlliotMarie s’en tient à la proposition
qu’elle avait formulée lors de sa
campagne pour l’élection du président du RPR : une simple
« consultation ». Celle-ci commencera véritablement fin février.
Mme Alliot-Marie a déjà déjeuné
avec Philippe Séguin, puis avec
Edouard Balladur. Elle est décidée
à rencontrer les élus de Paris, ses
partenaires de l’opposition, François Bayrou et Alain Madelin, et à
participer elle-même à quatre ou
cinq assemblées de militants pour
prendre le pouls de la base. Elle
souhaite ainsi pouvoir arrêter sa
décision à Pâques, quitte à ne la
faire connaître, selon les conseils
de François Fillon, conseiller politique du RPR et proche de M. Séguin, qu’au moment des assises du
mouvement, prévues pour juin.
« J’ATTENDRAIS UN FEU VERT ? »
Il restera, alors, à la présidente
du RPR, à « vendre » l’investiture
du mouvement au président de la
République. Pour ce qui le
concerne, comme on lui demandait s’il attendait « le feu vert de
Jacques Chirac », M. Séguin a paru
se moquer. « J’attendrais un feu
vert ? », a-t-il ironisé. Quelques
heures plus tôt, il est vrai, le président du groupe RPR de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré,
avait commencé à lever le voile.
« Si c’est Philippe Séguin qui est le
meilleur candidat, alors soutenons
Philippe Séguin, et je serai au premier rang des gens qui le soutiendront », a affirmé le député de
l’Eure sur France 2. Mais surtout,
l’ancien président du RPR sait parfaitement à quoi s’en tenir depuis
le long entretien que le chef de
l’Etat a accordé, le 1er février, à
M. Fillon.
Il n’y a pas de véritable obstacle
à ce que le député des Vosges,
comme son illustre prédécesseur,
Jules Ferry, au siècle passé, et
comme un ancien député de Corrèze, Jacques Chirac, en 1977,
brigue l’Hôtel de Ville. Du point
de vue de l’Elysée, il faudrait sans
doute mieux que M. Séguin cesse
de distiller ses récriminations,
presque jour après jour, dans la
presse, contre l’homme qu’il a
contribué à faire élire en 1995 et
dont il lui arrive de dire, en aparté,
qu’« au fond, [il] l’aime bien ».
C’est en tout cas ce que les
proches de M. Séguin, soucieux de
son avenir, ne cessent de lui
conseiller. Pour l’heure, l’intéressé
a simplement concédé que Paris
ne pouvait pas être « une sorte de
marchepied, de tremplin ou tout
autre ustensile de ce type » pour
une candidature présidentielle.
Jean-Louis Saux
Jacques Chirac ne « décourage » plus le député des Vosges
CES DERNIERS MOIS, les relations entre
Jacques Chirac et Philippe Séguin ont été modérément chaleureuses : une carte de vœux
pour l’an 2000 et une poignée de main lors des
obsèques d’Alain Peyrefitte. Tout de même,
l’ancien président du RPR a rencontré Bernadette Chirac : l’épouse du chef de l’Etat a toujours eu un faible pour celui que son mari qualifie aimablement de « caractériel », de « type
ingérable » ou plus couramment d’« emmerdeur ». A part cela, les relations se sont améliorées puisque prononcer le nom de M. Séguin ne
fait plus hurler à l’Elysée.
Le député des Vosges ne s’y est pas trompé :
les relations ont été si orageuses que l’absence
de conflit ouvert peut déjà presque faire figure
de réconciliation. Il sait aussi, depuis que son
ami François Fillon a été reçu à l’Elysée, le 1er février, que le président de la République ne lui
barrera pas la route de la mairie de Paris. C’est
déjà beaucoup. « Les relations entre nous sont
ainsi, soupire-t-il parfois. Si Chirac ne décou-
rage pas les autres candidats, ce sera de la politesse, mais s’il ne me décourage pas, moi, ce sera forcément un soutien. »
Le chef de l’Etat ne s’est pourtant pas résolu
à voir M. Séguin concourir à la mairie de Paris
de gaîté de cœur. L’idée de voir le député des
Vosges triompher dans l’ancien bureau de
M. Chirac, à l’Hôtel de Ville, a longtemps fait
grimacer d’horreur l’entourage présidentiel.
Mais les sondages sont arrivés les uns après les
autres à l’Elysée et il est peu à peu apparu que
seul M. Séguin pouvait avoir une chance de
garder la ville et ses secrets au RPR.
ENTRE DEUX MAUX...
Plus important encore, aux yeux de
M. Chirac, M. Séguin peut aussi nourrir
d’autres ambitions. Une petite phrase publiée
dans Paris-Match, le 3 février, a ainsi beaucoup
inquiété l’Elysée. Interrogé sur d’éventuelles
ambitions présidentielles, le député des Vosges
avait répondu : « Mon seul objectif, c’est de faire
progresser mes idées. S’il n’y a que moi pour les
appliquer, alors oui, je me dévouerai. » M. Chirac
y a aussitôt vu une déclaration de candidature,
imaginant déjà M. Séguin se présenter contre
lui au nom du « respect des promesses non tenues faites en 1995 et du pacte républicain ».
Des deux maux, il est donc probable que
M. Chirac préfère encore le moindre. Et c’est
fort de cette analyse, déjà discutée à plusieurs
reprises avec le chef de l’Etat, que Jean-Louis
Debré a déclaré : « Si c’est Philippe Séguin qui
est le meilleur candidat, alors soutenons Philippe
Séguin, et je serai au premier rang des gens qui le
soutiennent. » Car M. Debré connaît bien le raisonnement de M. Chirac : si M. Séguin échoue
dans sa campagne municipale, il sera « grillé »
pour la présidentielle. Et s’il conquiert Paris, le
chef de l’Etat espère qu’il sera alors suffisamment occupé pour ne pas regarder, au moins
dès l’année suivante, du côté de l’Elysée.
Raphaëlle Bacqué
Les « mammouths » du RPR ne se laissent pas amadouer par « MAM »
LE PREMIER, François Fillon a
tiré la sonnette d’alarme. « Michèle Alliot-Marie doit réussir, sinon
le RPR a toutes les chances de disparaître. Il ne resterait alors plus
RÉCIT
L’état de grâce
de la nouvelle présidente
du parti aura été
de courte durée
qu’une mauvaise solution : la fusion
RPR-UDF-DL, espérée par certains », affirmait l’ancien candidat
à la présidence du mouvement,
devenu conseiller politique à la direction du RPR, dans un entretien
publié par Le Journal du dimanche
du 6 février. M. Fillon répondait, à
cette occasion, à l’intervention,
une semaine auparavant, d’Alain
Juppé devant le comité politique
du RPR, jugée maladroite par
beaucoup, dans laquelle l’ancien
premier ministre avait invité ses
compagnons à « surmonter le
complexe d’Œdipe » et à « aider »
le président de la République
« plutôt que de le gêner ». M. Fillon
adressait une mise en garde contre
« tout ce qui participe à l’affaiblissement de la direction du RPR » et,
encouragé par le long entretien
– le premier depuis 1997 – qu’il
avait eu, mardi 1er février, avec le
chef de l’Etat, il avait précisé :
« Tous les gaullistes ont intérêt à ce
que la nouvelle équipe réussisse. Le
président de la République, en tout
cas, le souhaite dans l’intérêt de
l’opposition tout entière. »
Deux mois après l’élection de
Mme Alliot-Marie, le propos de celui qui est devenu son principal allié à la direction du RPR ne doit
évidemment rien au hasard. Dès la
rentrée parlementaire de la mijanvier, les députés du mouvement
ont commencé à ironiser sur la fin,
trop rapide à leur goût, de l’état de
grâce dont avait pu bénéficier leur
collègue des Pyrénées-Atlantiques.
« On est retourné à la case départ,
celle de l’autonomie du RPR par
rapport à Chirac », se plaignait, dès
la fin janvier, un ancien secrétaire
national du mouvement. Comme
beaucoup, il faisait porter à
Mme Alliot-Marie la responsabilité
du refus du RPR de voter la réforme du Conseil supérieur de la
magistrature, alors qu’en la circonstance elle n’a fait qu’adopter
la position exprimée, dès 1998, par
Philippe Séguin, Nicolas Sarkozy
et Edouard Balladur, et devenue
majoritaire, entre-temps, chez les
députés et les sénateurs RPR.
De leur côté, les anciens dirigeants du mouvement, les « éléphants » ou les « mammouths »,
comme on les surnomme rue de
Lille, dont Mme Alliot-Marie s’était
un peu moquée en disant qu’il suffit, pour les amadouer, de « leur
carresser la trompe », se tiennent
discrètement en embuscade. L’un
d’eux reproche à la nouvelle présidente « un comportement quasi
thatchérien » et, comme un peu jaloux, lui conteste sa proximité
avec Jacques Chirac. « Elle croit
que son élection lui donne la légitimité d’un leader. C’est totalement
faux », ajoute-t-il, sous couvert
– malgré tout – d’anonymat. Il
n’est pas question, en effet, d’attaquer « frontalement » la nouvelle
présidente. C’est trop tôt ou, en
tout cas, mal venu aux yeux des
militants. Seul le rival malheureux
de Mme Alliot-Marie à la présidence du RPR, le sénateur JeanPaul Delevoye, critique ouvertement les « postures » de la nouvelle direction.
« UN GENTIL BORDEL »
Les « mammouths », eux, se
contentent d’ignorer celle qui a
pris « leur » place à la tête du
mouvement – M. Séguin n’a pas
cité une fois son nom, dimanche,
lors du « Grand Jury RTL-Le
Monde-LCI » (lire page 14) –, ou
d’ironiser sur la composition de sa
direction ou la qualité de ses interventions à la radio et à la télévision. Le choix du sénateur Adrien
Gouteyron comme secrétaire général est jugé désastreux par un
ancien titulaire du poste. Au besoin, on reproche encore à
« MAM » le manque de travail de
réflexion du parti, alors que celuici est en panne depuis la démission de M. Séguin, le 16 avril 1999.
« On est à poil à peu près sur tout »,
se désole Alain Juppé. « Depuis les
années 70, on a vécu sur l’énergie
de Jacques Chirac, mais on est à
court d’idées. Tout est à reconstruire », renchérit Hervé Gaymard, député de Savoie.
Mme Alliot-Marie reconnaît ellemême que le temps lui est compté.
Noyée dans les embarras de la rue
de Lille – le renouvellement des
instances locales, la préparation
des élections municipales, celle
des assises de juin et le prochain
déménagement du siège –, elle a
pris du retard dans la désignation
d’une équipe chargée de « marquer à la culotte » les membres du
gouvernement. Elle s’est entendue
rapidement pour en définir l’équilibre politique avec François Fillon
et Patrick Devedjian, mais elle a eu
toutes les peines du monde pour
trouver 40 % de femmes susceptibles de figurer dans ce « contregouvernement ». Son propre cabinet est encore embryonnaire et
l’administration du mouvement a
été décimée par le départ de plusieurs permanents, y compris en
direction du RPF de Charles Pasqua.
« On a trouvé un gentil bordel, en
arrivant rue de Lille », plaide à sa
décharge Patrick Ollier. Le conseiller chargé de la vie du mouvement
n’ignore rien des chausse-trappes
qui guettent Mme Alliot-Marie,
mais il se veut rassurant : « Ça
s’améliore depuis une dizaine de
jours. » « Il faut, ajoute M. Ollier,
que les “éléphants” se rendent
compte que le train ne passera pas
deux fois », en accord en cela avec
l’analyse de M. Fillon. L’élection
de M.me Alliot-Marie par une large
majorité de militants et la remise
en ordre de marche du RPR
constituent une ultime chance
pour le mouvement. « La démocratie chrétienne italienne a gouverné pendant trente ans et elle a disparu en six mois », avertit encore
M. Ollier.
J.-L. S.
LeMonde Job: WMQ1502--0007-0 WAS LMQ1502-7 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 11:09 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0370 Lcp:700 CMYK
FRANCE
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000 / 7
Les Verts ont mis une sourdine
à leurs critiques contre Dominique Voynet
La ministre de l’environnement estime que « les choses se tendent au gouvernement »
Dominique Voynet s’est expliquée sur sa gestion
de la crise de la marée noire devant le conseil
national interrégional (CNIR) des Verts, qui s’est
EST-CE la « fin de l’innocence »
pour les Verts, comme l’a suggéré
l’un de leurs porte-parole, Stéphane Pocrain, lors du conseil national interrégional (CNIR) réuni
samedi 12 et dimanche 13 février, à
Paris ? Nul ne sait ce qu’il reste
d’innocence après deux ans et demi de gouvernement, une marée
noire et juste avant « une période
électorale très difficile ». Mais pour
ce qui est « d’avancer au-delà des
polémiques [internes] » suscitées
par les « pépés flingueurs » après le
naufrage de l’Erika, comme l’a souhaité M. Pocrain, les Verts n’ont
sauvé que les apparences.
Il est vrai qu’en décidant d’intervenir en dernier, sans débattre avec
la salle, comme cela lui a été reproché, la ministre de l’aménagement
du territoire et de l’environnement, Dominique Voynet, qui avait
promis de venir s’expliquer devant
ses amis Verts sur « la marée noire
et ses suites », n’a pas laissé place à
des échanges trop virulents. Les
Verts, conscients du lien entre leur
sort et le devenir de leur ministre,
n’ont pas souhaité affaiblir
Mme Voynet dans une période difficile pour elle : « Il ne faut pas faire
payer à une seule nos propres impérities », a plaidé le Franc-Comtois
Philippe Thiéfaine. « Ce n’est pas
Voynet qui est coupable, arrêtons de
régler nos conflits comme ceux à qui
nous ne voulons pas ressembler », at-il ajouté. Un autre fidèle, le
porte-parole Denis Baupin, avait
déjà joué les avocats de la défense
en dénonçant « la pression qui pèse
sur Dominique (...). Seule ministre
Verte au gouvernement, à qui on demande d’incarner la conscience
écologique de la France ».
Une fois de plus, les Verts ont
donc cédé à la tentation du « tous
derrière Dominique », comme ils
l’ont fait à plusieurs reprises lors
de CNIR qui menaçaient d’être
tenu samedi 12 et dimanche 13 février, à Paris.
Les critiques formulées dans les rangs de son
parti depuis le naufrage de l’Erika n’ont trouvé
qu’un écho assourdi. Mme Voynet a mis en avant
la difficulté de concilier les rôles de ministre et
de porte-parole des Verts.
haine », rectifiant dans l’instant
« de Rennes », par référence au
congrès où le PS s’était déchiré en
1990. La gauche des Verts (ALV) a
demandé, quant à elle, s’il fallait
« traîner comme un boulet jusqu’à
la présidentielle une culture de gouvernement dominée par la volonté
de prendre la place du PCF auprès
du PS ».
PAS DE VOTE IMPORTANT
houleux. Attentif à toutes les humeurs de la salle, un conseiller du
cabinet de Mme Voynet veillait à
distribuer à la presse un texte émanant des Verts de l’Ouest, intitulé
« Leçons d’une marée noire », et
qui portait en sous-titre : « Petit
manuel pour ne pas scier la
branche sur laquelle nous sommes
assis. »
On y déplore l’attitude d’une
« presse agressive qui a bien moins
chahuté un premier ministre en embuscade, un ministre de l’agriculture, chargé de la mer, en totale
vacance (vacuité ?), un ministre de
l’intérieur (...) aux abonnés absents », que Mme Voynet. « Comment accepter l’attitude de Daniel
Cohn-Bendit, tellement absent en
cette fin décembre et tellement destructeur pour l’ensemble du mouvement ? », poursuit ce texte, avant
de décocher un coup de griffe à
Noël Mamère pour avoir « déclaré
froidement à France 3 : “Greenpeace est meilleur que nous” ».
M. Mamère, qui regrettait, dans
les couloirs, l’absence de Daniel
Cohn-Bendit « parce que lorsque
l’on instruit le procès d’une organisation, fût-ce par une analyse très
pertinente, on assiste à l’audience »
(Le Monde du 12 février), a expliqué
que les défaillances des Verts observées lors de la marée noire
« couvaient depuis longtemps ».
Cette catastrophe en aurait été le
révélateur. Contrairement à
M. Baupin, il a estimé que « ce serait une erreur de demander plus de
ministères », au lieu de « se concentrer sur un programme d’action »
auquel il faudrait « travailler tous
ensemble ». La tâche s’annonce ardue, le plus joli lapsus revenant,
devant une salle hilare, au député
Vert européen Alain Lipietz, qui a
souhaité « que l’on ne soit pas obligé d’en passer par un congrès de
Aucun vote ne portant sur des
motions importantes, tout pouvait
être mis sur la table. Mme Voynet
s’est donc félicitée en toute tranquillité de la transparence avec laquelle elle venait s’expliquer devant les militants, en présence des
médias. Reprenant les arguments
de ses défenseurs, elle a assuré que
la marée noire n’était « pas un moment capital » dans l’histoire des
Verts, puis elle a dénoncé les « cafouillages sévères dans la mobilisation des moyens » de l’Etat après le
naufrage de l’Erika.
La ministre a fait valoir, une nouvelle fois, combien il était « inconfortable d’assumer [sa] place au
gouvernement et le rôle de porte-parole des Verts », espérant que la clarification sur ses divers rôles allait
« se poursuivre ». A ceux qui
« veulent [la] renvoyer à Dole » et
qui « se demandent s’il faut virer
Dominique Voynet », la ministre a
répliqué par son bilan et a demandé le soutien de ses troupes, « alors
que, depuis six mois, les choses se
tendent au gouvernement ». Soucieuse, enfin, de ne pas apparaître
en chef de bande, après la création
de son courant Ouverts, Mme Voynet a fait les questions et les réponses : « Y a-t-il un clan, une
bande ? Il y a surtout une équipe qui
s’use, se fatigue et qu’il faut élargir. »
Béatrice Gurrey
Les Verts penchent pour des listes séparées aux municipales
C’EST avec une besace plutôt maigrelette
que les Verts se rendront à la rencontre avec le
PS prévue, mercredi 16 février, pour discuter
des élections municipales. Réunis pour la circonstance à huis clos, les Verts ont fait un pas
de plus en direction de listes autonomes, dimanche 13 février, à l’occasion de leur Conseil
national interrégional (CNIR). La résolution finale incite les militants à « présenter des listes
vertes et ouvertes au premier tour dans un maximum de communes où cela est possible et, notamment, dans les plus grandes, là où le rapport
de force est le plus fort ». Jean Desessard, chargé
des élections au sein de la formation écologiste, n’a même pas fait de récapitulatif, département par département, des négociations
en cours. Les Verts estiment qu’« actuellement
ils représensent 20 % et plus de la majorité plurielle ». Ils comptent recevoir, de la part du PS,
des propositions à cette hauteur.
« Nous sommes dans une stratégie de rapport
de force », a résumé Denis Baupin, porte-pa-
role du parti et proche de Dominique Voynet.
En vue de la réunion avec le PS, les Verts ont
posé quelques bornes. Ils récusent le principe
de la reconduction des sortants, qui ne leur
laisse que des cantons ou des villes de droite à
conquérir.
PARTENAIRE DIFFICILE
En cas d’accord dans un département, ils ne
s’estiment engagés que par les alliances passées entre les deux formations et non pas par
celles que le PS aurait contracté avec d’autres
partis de la « gauche plurielle ». Enfin, au principe de « cohérence départementale » souhaité
par le PS, en vertu duquel une même stratégie
(listes séparées ou communes) doit s’appliquer
dans toutes les villes d’un même département,
les Verts apportent deux exceptions : ils refusent d’apporter leur soutien aux élus dont la
gestion écolologique leur paraît négative, et à
ceux qui sont en délicatesse avec la justice.
Les socialistes refusent, de leur côté, de par-
ler de « réunion de la dernière chance », et ils se
donnent jusqu’à la mi-mars pour boucler les
négociations avec ce partenaire difficile et quasiment sans sortants. François Hollande devrait
être présent, mercredi, signe de l’importance
qu’il entend donner à la rencontre avec les
Verts. Ce jour-là, le PS devrait proposer aux
Verts des accords dans quarante départements,
en assouplissant le principe de « cohérence départementale » qu’ils avaient eux-mêmes édicté
aprés avoir renoncé à établir un accord national sur les mêmes bases que ceux qui sont en
vue avec le PCF, le PRG et le MDC. Dans ces
quarante départements, le PS offrirait une tête
de liste dans une ville de plus de dix mille habitants et un canton gagnable pour les élections
cantonales de 2001. En contrepartie, les Verts
devraient s’engager dans ces mêmes départements à soutenir toutes les listes de gauche
sortantes.
Alain Beuve-Méry et Michel Noblecourt
Selon un sondage, les Français mettent en doute la prééminence
du président de la République comme chef des armées
LES FRANÇAIS interrogés sur
le point de savoir qui doit engager, le cas échéant, leurs armées
en cas d’agression extérieure demandent, à 48 %, que cette initiative résulte d’une décision du Parlement. Outre les 10 % de sans
opinion, ils sont 42 % à reconnaître la primauté du président de la République, chef des
armées. C’est la surprise principale que réserve un sondage
commandé par la commission de
la défense de l’Assemblée nationale – une « première » pour le
Parlement – et réalisé par la
Sofres auprès d’un échantillon
national de 1 000 personnes de
plus de dix-huit ans.
Cette légère préférence donnée
au Parlement varie selon les catégories de population. Si les
femmes sont nettement favorables à une prééminence du Parlement (49 %, contre 36 % au chef
de l’Etat), les hommes sont plus
partagés (46 % au Parlement et
49 % au président de la République). Seuls les plus de
soixante-cinq ans de l’ensemble
des « sondés » estiment, majoritairement, que cette décision doit
rester de la responsabilité du chef
de l’Etat.
En termes socioprofessionnels,
la préférence accordée au Parlement l’emporte, sauf chez les ouvriers (46 % en faveur du président et 45 % en faveur du
Parlement) et chez les commerçants-artisans (50 % pour le chef
de l’Etat et 39 % au Parlement).
On note une forte différence
chez les cadres et intellectuels
(60 % pour le Parlement et 30 %
au président). Plus les Français
interrogés sont diplômés et plus
ils se prononcent en faveur d’une
décision parlementaire. De
même, les Français qui se disent
proches de la gauche sont très favorables à la prééminence parlementaire (61 % pour, avec une
pointe à 71 % pour ceux qui se ré-
clament du PCF), quand les électeurs de droite font le choix inverse (56 % sont en faveur d’une
décision présidentielle, contre
34 % pour le Parlement).
Les proches du Rassemblement
pour la France (RPF) sont beaucoup plus partagés – ils soutiennent moins fortement l’option présidentielle – que ceux qui
se réclament du reste de la droite.
Dans le cas d’une participation
des armées françaises à des opérations extérieures, comme celles
du Golfe ou du Kosovo, la nécessité d’une intervention parlementaire apparaît encore plus impérative. Seuls 4 % des Français
interrogés estiment qu’il n’est pas
nécessaire de consulter députés
et sénateurs. Ils sont 8 % à juger
que cet avis du Parlement n’est
pas nécessaire dans le cadre
d’une mission à caractère humanitaire ou d’une opération de
maintien de la paix. Sur ce thème,
le clivage partisan s’estompe un
peu.
Jacques Isnard
Robert Hue estime
que la présidentielle
se gagnera « à gauche »
Il plaide pour l’union aux municipales
A L’AISE au gouvernement et à
l’aise dans la rue... Robert Hue, au
cours du « Club de la presse d’Europe 1 », dimanche 13 février, a
une nouvelle fois exposé le double
rôle qu’il assigne au Parti communiste, à cinq semaines de son
30e congrès. Il faut « être constructif dans les institutions et protestataire quand cela est nécessaire », a
plaidé le secrétaire national en illustrant son propos de la manière
suivante : « Si j’avais été samedi
dans le Gard, j’aurais manifesté
avec les enseignants. » M. Hue assigne comme ambition à son parti
d’être l’aiguillon de gauche de la
majorité socialiste. « La politique
de la gauche doit être beaucoup
plus à gauche, et c’est à ça que je
veux contribuer », a-t-il ajouté.
Rappelant qu’il y aura bien « un
candidat ou une candidate communiste » au premier tour de l’élection présidentielle, M. Hue a, dans
le même temps, estimé que Lionel
Jospin « peut devenir président de
la République en 2000 à condition
qu’il [le] devienne dans les conditions où il a pu devenir premier ministre de la “gauche plurielle”,
c’est-à-dire en résistant plus que jamais à la pression libérale et en
étant sensible à l’ancrage à gauche
qu’appellent les communistes ».
« C’est à gauche qu’on gagnera. S’il
y a la moindre dérive droitière, on
perdra », a-t-il averti.
S’agissant des élections municipales, M. Hue s’est dit favorable à
une reconduction de tous les
maires sortants, « lorsqu’ils sont de
notre sensibilité de la “gauche plurielle” ». Selon lui, « la gauche va
gagner beaucoup de mairies à ces
élections municipales » mais « elle
les gagnera dans l’union dès le premier tour ». Dans ces conditions,
« il serait normal que partout
l’union se fasse et que les Verts y
participent. Ils semblent un peu,
dans la crise qu’ils traversent, hésitants sur cette démarche. Je crois
que ce n’est pas bon pour eux et pas
bon pour la “gauche plurielle” », a
ajouté le secrétaire national.
Sur la place des Verts au sein de
la majorité, M. Hue a considéré
que leur handicap, « c’est que, dès
la première difficulté de terrain touchant à l’écologie, ils apparaissent
aux yeux des gens – c’est peut-être
injuste – à mille lieux des réalités ».
« Je crois qu’en fait le problème majeur des Verts est de montrer que
leurs résultats aux européennes
n’étaient pas éphémères. C’est tout
un programme », a-t-il ajouté.
A. B.-M.
Une élection cantonale partielle
PYRÉNÉES-ORIENTALES
Canton de Perpignan 2 (second tour).
I., 5 251 ; V., 1 962 ; A., 62,64 % ; E., 1 830.
Madeleine Carbonell, UDF, 1 194 (65,25 %)... ÉLUE
Jean Bigorre, PS, 636 (34,75 %).
[Madeleine Carbonell (UDF) est élue sans surprise dans ce canton traditionnellement à
droite. Elle succède à son mari Henri Carbonell (UDF), dont l’élection en mars 1998 a été
invalidée pour dépassement de comptes de campagne.
7 février 2000 : I, 5 251 ; V., 1 823 ; A., 65,28 % ; E., 1 767 ; Madeleine Carbonell, UDF, 778
(44,03 %) ; Jean Bigorre, PS, 385 (21,79 %) ; Jean-Louis Dolsa, RPF, 296 (16,75 %) ; Laurent
Heiligenstein, FN, 145 (8,21 %) ; Jean-Luc Dubuc, div. g., 99 (5,60 %) ; Maryse Besse, MNR,
c. r., 64 (3,62 %).
22 mars 1998 : I, 5 467 ; V., 3 053 ; A., 44,16 % ; E., 2 965 ; Henri Carbonell, UDF-FD, c. m.,
1 513 (51,03 %) ; Bernard Cristofol, Verts, 797 (26,88 %) ; Daniel Dayré, FN, 655 (22,09 %). ]
DÉPÊCHES
a CORSE : le député socialiste des Landes Henri Emmanuelli a estimé, dimanche 13 février, au « Forum RMC-Le Figaro », qu’il faut « aller
vers un référendum » en Corse, car c’est le suffrage universel qui doit
« avoir le dernier mot ». « Il faut faire voter les Corses », a-t-il expliqué,
ajoutant que c’est à eux « de choisir ou de trancher » et non à « une fraction, une faction ou un groupuscule ». M. Emmanuelli a par ailleurs regretté que le Parti socialiste « se croie obligé d’être le reflet ou l’amplificateur
du gouvernement », estimant que « la réflexion collective » s’y faisait « de
plus en plus rare, de plus en plus étiolée ».
a FONCTIONNAIRES : Force ouvrière « ne signera pas » le projet
d’accord-cadre sur les 35 heures dans la fonction publique, a affirmé le
secrétaire général de la centrale, Marc Blondel, dimanche 13 février, au
« Forum » de Radio J. « On ne peut pas régler le problème des 35 heures
dans la fonction publique sans création nette d’emplois. Ou alors il n’y a
plus de fonction publique à statut », a-t-il expliqué. M. Blondel a par ailleurs dénoncé « une dérive poujadiste » du Medef, estimant que l’organisation patronale dirigée par Ernest-Antoine Seillière devenait « l’expression dans ce pays du parti de droite ».
a JUSTICE : Jean-Louis Debré, président du groupe RPR de l’Assemblée nationale, a déclaré, dimanche 13 février, sur France 2, que l’opposition pourrait accepter une nouvelle convocation du Parlement en
Congrès pour approuver la réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) si les autres volets de la réforme de la justice sont votés. De
son côté Claude Goasguen, porte-parole de DL, a estimé, lundi, sur LCI,
que le gouvernement avait encore « beaucoup à faire » pour
« convaincre l’opposition et les Français » qu’il préparait une réforme de la
justice.
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8
SOCIÉTÉ
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
SÉCURITÉ ALIMENTAIRE-
Dans un entretien au Monde, Jean
Glavany, ministre de l’agriculture,
récuse le retard français dans le programme de dépistage de l’encépha-
lopathie spongiforme bovine (ESB,
ou maladie de la « vache folle ») et
annonce qu’il « pourrait commencer
à la fin mars ». b CE DÉPISTAGE portera, dans un premier temps, sur
40 000 bovins retrouvés morts ou
devant être abattus pour d’autres
raisons que l’ESB, dont des animaux
destinés à la boucherie, et il sera ciblé sur les animaux géographique-
ment les plus exposés au risque, notamment dans plusieurs régions
(Basse-Normandie, Bretagne et Pays
de la Loire). b DANS LE MORBIHAN,
les gendarmes enquêtent sur un
nouveau cas suspect d’ESB chez une
vache laitière conduite à l’abattoir
sans certificat vétérinaire. Il s’agirait
du 87e cas français de « vache
folle ».
« Vache folle » : le dépistage des bovins devrait commencer fin mars
Dans un entretien au « Monde », Jean Glavany, ministre de l’agriculture, estime que la France n’a pris « aucun retard » dans la mise en place
du dépistage de l’ESB. Il se montre réticent à l’idée d’interdire totalement les farines animales qui sont à l’origine des contaminations
« Quelle analyse faites-vous
du cas de ce bovin présentant
tous les symptômes de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB, ou maladie de la
« vache folle ») et qui s’est
néanmoins retrouvé dans un
abattoir du Morbihan ?
− Il faut se garder ici des amalgames. Le premier point est de savoir si un éleveur ou un négociant a
dirigé vers un abattoir un animal
malade – ce qui est son droit – en
omettant sciemment d’en alerter le
directeur de l’établissement et de
faire établir un certificat vétérinaire
d’information. Si tel est le cas, ce
serait une fraude. Une enquête est
diligentée par la gendarmerie. Elle
devrait déterminer s’il y a eu seulement négligence ou bien volonté
de frauder. Le deuxième point, c’est
le constat que, malgré cette première anomalie, l’animal a pu être
écarté de la chaîne alimentaire
grâce à la vigilance des services vétérinaires assurant l’inspection
dans l’abattoir. La pertinence du
système national d’inspection dans
les abattoirs, tant dans la définition
de ses règles que dans son fonctionnement, en ressort confortée. Il
a été justement conçu pour repérer
ce type d’animaux.
– Comment expliquer, selon
vous, le retard pris par la France
dans le programme de dépistage de la contamination des
bovins français par l’agent de
l’ESB ?
– Il n’y a, dans ce domaine, aucun retard. Cette impression tient
peut-être à l’annonce faite sur ce
thème le 23 janvier par Dominique
Gillot, secrétaire d’Etat à la santé et
à l’action sociale. Pierre Chevallier,
président de la Fédération nationale bovine, m’a fait part de ses critiques au sujet de cette annonce, à
laquelle il n’était pas préparé. Il m’a
aussi dit que, depuis octobre 1998,
il n’y avait eu aucun faux pas entre
les milieux professionnels et moi et
qu’il ne fallait à aucun prix rompre
cette confiance. Il a raison. J’associerai évidemment les agriculteurs
à tous les aspects de la lutte contre
l’ESB et j’observe que, depuis l’annonce britannique d’une possible
transmission de cette maladie à
l’homme, tous mes prédécesseurs
au ministère de l’agriculture ont
privilégié la sécurité sanitaire des
aliments. Et qu’au plus fort de la
crise, en 1996, Philippe Vasseur a eu
une attitude impeccable.
» En pratique, aujourd’hui, nous
attendons le protocole du programme de dépistage tel que les
experts du comité, présidé par le
docteur Dominique Dormont et
réuni sous l’égide de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), sont en train de le
définir. Si tout se passe bien, ce dépistage pourrait commencer à la
fin mars.
– Quels enseignements attendez-vous de ce programme ?
– Contrairement aux propositions faites en octobre 1999 par les
Britanniques, les experts ont jugé
scientifiquement plus crédible de
cibler ce dépistage sur certaines populations animales géographiquement plus exposées au risque de
contamination, notamment dans
plusieurs départements bretons.
Un appel d’offres international va
d’autre part être lancé, au terme
duquel un choix sera fait entre les
tests d’origine irlandaise, suisse et
française. Le programme porte sur
environ 40 000 tests effectués sur
des animaux retrouvés morts ou
devant être abattus pour d’autres
raisons que l’ESB, dont des animaux destinés à la boucherie. Il
nous faut donc établir une concertation avec les éleveurs et les personnels des abattoirs ainsi qu’avec
les organisations professionnelles
« Il faut savoir que l’interdiction totale
des farines animales soulèverait deux types
de difficultés. Il faudrait d’une part
compenser le déficit en apport nutritif
protéinique des porcs et des volailles et avoir
sans doute recours à des importations
de soja américain génétiquement modifié »
qui devront prendre en charge les
conséquences de ce qui pourra être
découvert. En cas de positivité
confirmée, le troupeau correspondant sera abattu. Nous étudions
actuellement les conséquences
budgétaires de ces dispositions.
» L’objectif d’un tel programme
est double. D’un point de vue
quantitatif, il nous aidera à avoir
une meilleure connaissance de la
prévalence de cette maladie et tout
laisse penser, à la lumière des résultats obtenus en Suisse, que nous
devrons réévaluer à la hausse nos
estimations. Les résultats seront
rendus publics.
– D’autres mesures de prévention sont-elles à attendre
La gendarmerie enquête sur la découverte
d’un cas suspect dans un abattoir du Morbihan
LES SERVICES VÉTÉRINAIRES
du Morbihan ont identifié, mercredi 9 février, une vache présentant
tous les symptômes neurologiques
de l’encéphalopathie spongiforme
bovine (ESB, ou maladie de la
« vache folle ») dans un abattoir
privé situé sur la commune du
Sourn, près de Pontivy. Les inspecteurs de la division des services vétérinaires (DSV) ont d’autre part
établi que cet animal, vendu par un
agriculteur de Ploumoguer (Finistère) sur un marché de ce département, était dépourvu de certificat
vétérinaire. L’animal a été abattu et
sa carcasse incinérée. Les vingtsept autres vaches du lot ont également été abattues et les carcasses
consignées dans une armoire frigorifique.
Des prélèvements effectués sur
l’encéphale de l’animal suspect ont
été adressés au laboratoire lyonnais de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), spécialisé dans le dépistage de
l’ESB. Si ce diagnostic de maladie
neurodégénérative devait être
confirmé, il s’agirait du 87e cas de
maladie de la « vache folle » officiellement recensé en France depuis 1991 et du 6e depuis le début
de cette année. L’animal suspect
est une vache laitière, dite « de réforme » de race Prim Holstein. Il
est né en 1997, soit sept ans après
l’interdiction de l’usage, dans l’alimentation bovine, des farines animales de viande et d’os considérées
comme le vecteur principal de
l’agent de l’ESB.
« Nous avons pris toutes les précautions nécessaires lorsque nous
nous sommes rendu compte que
l’une des vaches présentait un état
de santé anormal », a expliqué
Louis Rossignol, PDG de l’abattoir
Gallais, une entreprise privée qui
emploie près d’une centaine de salariés et qui abat chaque semaine
entre 100 et 120 bovins, dont les
viandes sont destinées à la boucherie de détail ainsi qu’à la grande
distribution. « Le 8 février, notre société a acheté au total 28 animaux
aux marchés au cadran de BourgBlanc et de Landivisiau (Finistère), a
précisé M. Rossignol. Après le
transport il est apparu, le lendemain,
qu’un des animaux présentait un
état anormal de maigreur. L’animal
a aussitôt été placé dans un enclos à
part, et la direction des services vétérinaires l’a examiné. »
« REMONTER LA CHAÎNE »
« Si ce bovin est effectivement atteint par l’ESB, il faudra alors remonter la chaîne pour savoir ce qui
s’est réellement passé », a déclaré à
l’Agence France-Presse, samedi
12 février, Jean-Michel Frétigny,
procureur de la République à Lorient. La gendarmerie a été chargée
Les principales mesures
depuis 1990
b L’interdiction des farines
animales dites « de viandes et
d’os ». Considérées dès la fin des
années 1980 comme le vecteur
essentiel de l’agent de
l’encéphalopathie spongiforme
bovine (ESB), ces farines ont fait
l’objet en France de différentes
mesures d’interdiction. Un arrêté du
24 juillet 1990 a tout d’abord prohibé
leur emploi dans les produits
destinés à l’alimentation des bovins.
Un deuxième arrêté en date du 20
décembre 1994 a étendu cette
mesure aux petits ruminants (ovins
et caprins). L’emploi de farines,
concernant, notamment, l’interdiction définitive de l’usage des
farines de viande et d’os dans
l’alimentation animale ou celle
de la technique d’abattage
ayant recours au jonchage (Le
Monde du 8 février) ?
– Lorsque le comité Dormont
nous a fait savoir, à la fin de l’an
dernier, qu’il existait des données
de l’enquête, qui devra notamment
établir si le propriétaire de l’animal
avait remarqué l’état du bovin, et
comment un animal visiblement
malade et dans un état alarmant de
maigreur a pu être proposé à un
abattoir, et ce sans certificat vétérinaire. Au ministère de l’agriculture,
on rappelle que le « certificat vétérinaire d’information » est un document officiel, délivré par un vétérinaire et qui doit impérativement
être fourni à l’abattoir par le propriétaire de tout animal malade ou
accidenté. On ajoute que le fait que
cet animal soit arrivé à ce stade de
la chaîne d’abattage sans certificat
constitue « une grosse anomalie ».
Ce n’est pas la première fois que
la suspicion d’un cas d’ESB se fait
au stade de l’abattoir. Au ministère
de l’agriculture, on indique que
cette situation s’est déjà produite à
trois ou quatre reprises, le diagnostic d’ESB ayant été confirmé par la
suite. Dans un récent rapport, les
inspecteurs de l’Office vétérinaire
de la Commission européenne
avaient pour leur part mis en lumière certaines failles dans le système de détection des animaux atteints par la maladie de la « vache
folle » (Le Monde du 8 février).
scientifiques nouvelles sur le dossier de l’ESB, nous avons décidé de
ne pas lever l’embargo sur les
viandes bovines britanniques mais
nous avons aussi demandé à ce
comité et à l’Afssa de réévaluer, à la
lumière de ces données, l’efficacité
de notre système de prévention.
C’est dans ce cadre que nous attendons les prochaines recommandations formulées par ce comité. Pour
ce qui concerne les farines animales, je tiens à rappeler que j’ai,
dès le mois de juin 1999, dénoncé
au sein du conseil agricole européen l’absence totale de cohérence
des méthodes de fabrication dans
les pays de l’Union. Mes collègues
avaient, alors, négligé cette inter-
pellation. Il serait aujourd’hui assez
cocasse que l’on accuse la France
de ne pas respecter telle ou telle
disposition alors que plusieurs pays
continuent à incorporer des abats
et des cadavres bovins suspects
dans la fabrication de leurs farines.
» En ce qui concerne l’interdiction totale des farines animales, il
faut savoir qu’une telle mesure
soulèverait deux types de difficultés. Il faudrait, d’une part,
compenser le déficit en apport nutritif protéinique des porcs et des
volailles et avoir sans doute recours
à des importations de soja américain génétiquement modifié. Il faudrait, dans le même temps, procéder à la destruction de ces farines
avec toutes les conséquences que
cela comporte sur l’environnement.
Nous étudions ces questions en
collaboration avec Dominique Voynet.
– Faut-il s’attendre à une initiative prochaine de la France
pour essayer de débloquer le
contentieux franco-britannique
sur l’embargo ?
– Certainement pas. Il s’agit plus
ici d’un problème européen que
franco-britannique. L’étiquetage
des viandes doit devenir une réalité
applicable à tous les pays européens. Or la date retenue par la
Commission et le conseil est septembre prochain. Et il n’est pas sûr
que les futurs codes-barres
contiendront toutes les informations concernant l’origine et le lieu
d’abattage, que la France souhaite
y voir figurer. Une majorité de pays
freinent encore ou sont difficiles à
convaincre. La Commission Prodi
est beaucoup plus sensible à la sécurité alimentaire que ne l’était la
Commission Santer. Elle comprend
les attentes de l’opinion, mais elle
ne peut rien imposer en ce domaine. Je compte donc beaucoup
sur les pressions qui ne manqueront pas de venir du Parlement européen. Ce n’est pas un hasard si,
lors du dernier conseil agricole
de décembre sur l’étiquetage et la
traçabilité des viandes bovines, le
président du Parlement nous a rappelé, par fax et de manière pressante, qu’il exigeait, au nom de la
codécision, qu’aucun retard ne soit
pris dans ce domaine. C’était là, me
semble-t-il, une première dans
l’histoire de la construction européenne et de la sécurité alimentaire. Une première encourageante.
– Le développement unilatéral d’un ensemble de mesures
préventives ne conduira-t-il pas
à compliquer la gestion politique de ce dossier à l’échelon
de l’Union ?
– Si elle est beaucoup moins
concernée que le Royaume-Uni, la
France est touchée par l’épidémie
d’ESB. Nous avons mis en place
une organisation dans laquelle les
scientifiques évaluent le risque et
où nous le gérons politiquement
dans le sens de la plus grande sécurité alimentaire possible du
consommateur. A l’échelon de
l’Union, je ne peux pas ne pas m’interroger devant les assurances
fournies par certains pays qui, sans
aucune garantie scientifique, certifient être indemnes d’ESB, alors
que l’épidémie sévit à leurs frontières... »
Propos recueillis
par François Grosrichard
et Jean-Yves Nau
De nouvelles mesures de prévention de la transmission
à l’homme par voie alimentaire et sanguine sont à l’étude
J.-Y. N.
L’AGENCE française de sécurité
sanitaire des aliments (Afssa) transmettra dans les prochains jours aux
trois ministères en charge de la gestion des risques liés à l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) son
avis concernant le projet d’arrêté
dont elle avait été saisie par la direction générale de l’alimentation (Le
Monde du 8 février). Ce texte prévoit de nouvelles mesures cherchant
à prévenir la transmission à
l’homme, par voie alimentaire, de
l’agent responsable de l’ESB. Dans
la version transmise à l’Afssa par le
ministère de l’agriculture, il est prévu d’étendre à tous les bovins nés
avant le 1er mars 1998 l’exclusion de
la chaîne alimentaire des intestins,
considérés comme devant faire partie, avec la rate et le thymus, des
« matériels à risque spécifiés »
(MRS).
Cette mesure préventive avait été
préconisée par le comité des experts
français des maladies à prion que
préside le docteur Dominique Dormont. Interrogé le 29 mars 1999 par
la direction générale de l’alimentation sur la nécessité ou non d’exclure les intestins des bovins des
chaînes alimentaires animales et humaines, le comité Dormont avait,
dans un avis daté du 30 juin 1999,
jugé « logique » cette mesure pré-
fabriquées depuis 1998 selon de
nouveaux procédés
physico-chimiques, demeure
autorisé dans la fabrication des
aliments pour les porcs et les
volailles.
b La destruction des abats
considérés comme
potentiellement infectieux. Les
tissus et organes désignés comme
étant des « matériaux à risque
spécifié » (MRS) ont fait l’objet,
entre le 12 avril 1996 et le 3
novembre 1997 de six arrêtés
ministériels qui ont progressivement
allongé la liste des abats devant être
prélevés et détruits. Cette liste
comporte aujourd’hui le crâne (y
compris la cervelle et les yeux) ainsi
que la moëlle épinière des bovins
âgés de plus de six mois, les
amygdales de bovins âgés de plus de
douze mois. Elle mentionne d’autre
part le crâne (y compris la cervelle et
les yeux), les amygdales et la moëlle
épinière des ovins et caprins âgés de
plus de douze mois (ou qui
présentent une incisive permanente
ayant percé la gencive).
Figurent encore sur cette liste la rate
des ovins et caprins, quel que soit
leur âge ainsi que le thymus, la rate
et les intestins d’origine française
nés avant le 31 juillet 1991. Doivent
enfin être prélevés et détruits le
crâne, ainsi que la cervelle et les
yeux des ovins et caprins nés ou
élevés au Royaume-Uni et ce quel
que soit leur âge au moment de
l’abattage.
ventive. Les experts français avaient
alors pris soin de préciser qu’à leurs
yeux, le retrait et la destruction
d’une seule partie de l’intestin des
bovins (l’« iléon distal ») ne serait
pas une mesure de prévention suffisante dans la mesure où différents
tissus (lymphoïde et nerveux) potentiellement infectieux étaient situés à plusieurs niveaux du tube digestif des bovins.
CONSEQUENCES ECONOMIQUES
Réunis sous l’égide de l’Afssa, les
experts du comité Dormont étudient aujourd’hui la question de savoir si la date du 1er mars 1998 fournit une garantie suffisante ou si, au
contraire il convient de ne pas fixer
de seuil et de procéder dorénavant à
l’exclusion et à la destruction des intestins de tous les bovins, quel que
soit leur âge, après leur abattage. La
date du 1er mars 1998 a été retenue
comme étant celle à partir de laquelle un ensemble de procédés
physico-chimiques avait été mis en
œuvre permettant de prévenir la
transmission de l’agent de l’ESB par
l’intermédiaire des farines de
viandes et d’os. Une autre proposition est à l’étude, qui émane du ministère de l’agriculture et qui consisterait à ne plus exclure les intestins
bovins dès lors que l’on disposerait
d’un procédé technique permettant
de séparer mécaniquement au sein
de ces viscères les tissus potentiellement infectieux.
Les discussions sur ce thème entre
la direction générale de la santé et
celle de l’alimentation sont d’autant
plus vives que les enjeux sanitaires
doivent être analysés à la lumière
d’importantes considérations industrielles et économiques. Les experts
estiment en effet que la publication
de l’arrêté conduira, chaque année,
à prélever et à détruire environ
50 000 tonnes d’abats qui jusqu’à
présent pouvaient être recyclés ou
utilisés de diverses manière dans les
chaînes agro-alimentaires. Outre le
manque à gagner qu’impliquera
cette mesure préventive, il faut
compter avec les conséquences pratiques de cette destruction.
Les différentes dispositions sani-
taires prises depuis 1996 ont progressivement conduit à la saturation
des différentes entreprises privées
techniquement capables de détruire
les organes et les tissus des bovins
qui, auparavant, pouvaient être
consommés. Selon les chiffres du
ministère de l’agriculture, plus de
100 000 tonnes d’abats sont actuellement stockées, dans des conditions parfois très problématiques, et
ce stock ne se résorbe que très lentement. Les services vétérinaires
sont d’autre part inquiets des conséquences pratiques que pourrait entraîner l’interdiction de la pratique
dite du « jonchage » (ou du « jonglage ») mise en œuvre dans les
abattoirs et qui consiste, schématiquement, à introduire une lame
flexible dans le cerveau de l’animal
afin de détruire au plus vite les terminaisons nerveuses afin de prévenir les risques d’accident pour le
personnel. L’interdiction de ce procédé, utilisé sur plus de la moitié des
animaux, conduirait à modifier notablement l’organisation des abattoirs.
D’autres mesures préventives
sont également étudiées dans le
cadre d’un comité d’experts réunis
par l’Afssaps. L’une des questions
concerne la nécessité d’exclure du
don du sang (comme l’ont décidé les
autorités sanitaires américaines, canadiennes et autrichiennes) les personnes ayant séjourné plusieurs
mois en Grande-Bretagne (Le
Monde des 19 et 20 août 1999).
Après avoir estimé, dans un premier
temps, que cette mesure présenterait plus de risques que de bénéfices,
les experts ont jugé nécessaire,
avant de formuler un avis, d’avoir
communication de l’ensemble des
données chiffrées détaillées concernant les différents types de viandes
(et notamment les « viandes séparées mécaniquement ») importées
avant 1996 de Grande-Bretagne.
Cette expertise vise à mieux préciser
l’ampleur de l’exposition de la population française à l’agent de la
nouvelle forme de maladie de
Creutzfeldt-Jakob.
J.-Y. N.
LeMonde Job: WMQ1502--0009-0 WAS LMQ1502-9 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0372 Lcp:700 CMYK
SOCIÉTÉ
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000 / 9
Environ 100 000 étudiants vivraient
en dessous du seuil de pauvreté
Le rapport Dauriac propose de créer une allocation d’études de 20 000 francs par an à partir de bac + 3
Dans un rapport rendu public lundi 14 février, le
directeur du Crous de Créteil (Val-de-Marne),
Jean-Francis Dauriac, estime « à 100 000 le
L’AUTONOMIE FINANCIÈRE
des étudiants n’est pas pour demain. Le rapport sur la mise en
œuvre du plan social étudiant
(Le Monde du 25 janvier) rendu public, lundi 14 février, par son auteur
Jean-Francis Dauriac, directeur du
Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de Créteil, estime « à 100 000 le nombre potentiel d’étudiants vivant en dessous
du seuil de pauvreté », et ce sans
compter les étudiants étrangers. Dès
1995 pourtant, Jacques Chirac, prenant acte de la démocratisation de
l’enseignement supérieur, avait prôné la création d’« un statut étudiant
plus juste et plus généreux que le système actuel des aides, des bourses et
des prêts ». En 1997, Lionel Jospin
avait repris cette idée à son compte.
A la rentrée 1999, un plan social étudiant avait été mis en place.
Au vu du rapport Dauriac, les
moyens mis en œuvre apparaissent
insuffisants. La précarité dans l’enseignement supérieur touche les
étudiants qui ne peuvent accéder
aux bourses à la suite d’une rupture
familiale ou à cause du refus d’un
parent de communiquer ses revenus. Faute d’alternative, ces étudiants sont parfois amenés à porter
nombre potentiel d’étudiants vivant en dessous
du seuil de pauvreté ». Afin de restaurer l’égalité des chances, il propose d’attribuer une alloca-
plainte contre leurs parents. Autre
catégorie d’étudiants dans le besoin : les boursiers dont les parents
ont des revenus inférieurs à
5 000 francs, qui perçoivent en tout
et pour tout 1 600 francs par mois.
Or les dernières études de l’Observatoire de la vie étudiante ont montré que les étudiants aisés exercent
plus fréquemment une activité rémunérée que ceux des milieux modestes. Les étudiants étrangers exclus de droits aux bourses
connaissent aussi une situation difficile.
« RESTAURER L’ÉGALITÉ »
Le rapport s’intéresse tout particulièrement aux étudiants en fin de
deuxième cycle ou en début troisième cycle, l’accès à l’autonomie
intervenant souvent à ce momentlà. Le rapport propose que l’allocation d’études mise en place à la rentrée 1999 soit prioritairement accessible aux étudiants des deuxième et
troisième cycles. Il s’agit là, pour
l’auteur du rapport, d’un moyen de
« restaurer l’égalité des chances » :
les étudiants issus de familles dont
les revenus sont supérieurs à
30 000 francs ont en effet deux fois
plus de chances d’accéder en
tion d’études de 20 000 francs par an à tous les
étudiants qui ne résident pas chez leurs parents
à compter du niveau bac + 3.
deuxième et troisième cycles que
ceux dont les parents gagnent entre
5 000 et 10 000 francs. Le rapport
propose donc d’attribuer une allocation d’études de 20 000 francs par
an à tous les étudiants qui ne résident pas chez leurs parents à
compter du niveau bac + 3. Cette
mesure, estimée à 4 milliards de
francs, a peu de chances d’être reprise par le ministre de l’éducation
nationale, commanditaire du rapport.
Jean-Francis Dauriac propose
aussi d’augmenter de 25 % le montant de la bourse en deuxième cycle
(coût : 375 millions de francs) et
d’accorder
un
revenu
de
20 000 francs par an à tous les anciens boursiers sur critères sociaux
accédant au troisième cycle. Évaluée
à 20 millions de francs pour un millier de bénéficiaires, cette mesure a
davantage de chances d’être mise en
œuvre.
Par ailleurs, les améliorations apportées par le plan social étudiant
de la rentrée 1999 – le guichet
unique pour simplifier les démarches et l’allocation d’études – se
sont heurtées à l’opacité du système
et à la multiplicité des intervenants,
selon le rapport. Il propose la créa-
tion d’un dossier unique social et
pédagogique, rassemblant les informations nécessaires à la totalité des
services rendus. La mise en place de
l’allocation d’études a en outre été
ralentie par des retards dans les instructions et un flou dans les critères
définissant l’autonomie du jeune.
Au 31 janvier, estime le rapport,
seules 1 000 allocations d’études sur
les 7 000 prévues ont été distribuées.
Il recommande de préciser les critères afin, notamment, de prendre
en compte le revenu du parent qui a
l’étudiant à charge dans le cas des
familles monoparentales, et, en cas
de rupture, le seul revenu de l’étudiant ; il souhaite aussi donner une
priorité aux étudiants de nationalité
étrangère présents en France depuis
cinq ans.
Le travail de Jean-Francis Dauriac
intervient après plusieurs rapports
sur les aides sociales, notamment
celui de Bernard Cieutat en 1996, qui
insistait clairement sur la nécessité
d’une réforme fiscale pour améliorer de manière significative l’aide
sociale aux étudiants. Aucun gouvernement n’a souhaité reprendre
cette proposition à son compte.
Stéphanie Le Bars
Mobilisation réussie à Nîmes et Montpellier pour demander plus d’enseignants
NÎMES et MONTPELLIER
de nos correspondants
Douze mille personnes ont défilé, samedi 12 février, dans les rues
de Nîmes, et autant dans celles de
Montpellier afin de réclamer des
moyens supplémentaires pour les
écoles. Deux jours après que le ministère de l’éducation nationale
eut transmis aux recteurs leurs dotations de moyens pour la rentrée
2000, la mobilisation des parents et
des enseignants du sud de la
France, sur fond d’unité syndicale,
a surpris par son ampleur.
A Nîmes, des banderoles brocardaient le ministre de l’éducation
nationale dans un cortège constitué, pour l’essentiel, d’instituteurs
et de parents d’élèves venus en car
de tout le département. Pour certaines mères de famille, cette manifestation était une première, et le
défilé était le plus important depuis ceux de décembre 1995 contre
le plan Juppé. A Montpellier, personne, pas même les syndicalistes,
ne s’attendait à une telle marée
humaine. Cette manifestation aura
été le point d’orgue d’une semaine
marquée par une montée en puissance de la mobilisation. Dans le
Gard, la grève dure depuis le 1er février.
L’annonce, jeudi 10 février, de
l’attribution de 78 postes pour
l’ensemble de l’académie de Mont-
pellier a renforcé la contestation.
Les enseignants avaient réclamé
plus de 500 postes pour le seul département du Gard et 630 pour
l’Hérault. Daniel Bloch, le recteur
d’académie, juge les demandes des
grévistes « irréalistes » et considère
que les postes annoncés permettront d’« accueillir les nouveaux arrivants et de continuer le plan de
rattrapage mis en place ».
Pour sa part, le SNUipp-FSU,
principal syndicat du premier degré, fait valoir la nécessité de ramener les effectifs à 25 élèves par
classe, d’assurer le remplacement
des instituteurs, de renforcer l’enseignement spécialisé et de scolariser la moitié des enfants de deux
ans, ce qui n’est le cas que pour
28 % d’entre eux actuellement.
PARAMÈTRES LOCAUX
Si le problème n’est pas nouveau
– les traditionnels ajustements de
la carte scolaire dureront, comme
les années précédentes, jusqu’à la
rentrée –, le mouvement révèle un
malaise profond. « Claude Allègre a
fait naître de réelles aspirations chez
nous et on était prêts à jouer le jeu,
explique une institutrice montpelliéraine, mais on s’aperçoit que les
moyens ne suivent pas. » Des instituteurs absents moins de deux
jours ne sont pas remplacés, des
stages de formation sont annulés,
dénoncent les enseignants. Par ailleurs, le nombre important
d’élèves par classe est vécu de plus
en plus difficilement. A cela
s’ajoutent des paramètres locaux :
la démographie du LanguedocRoussillon ne cesse de croître et de
nombreuses familles en situation
précaire comptent parmi les nouveaux arrivants.
Le récent conflit du collège des
Aiguerelles (Le Monde du 27 janvier), occupé avec succès par les
parents d’élèves à Montpellier, a
sans doute contribué à opérer une
prise de conscience chez ces derniers. Ils sont désormais massivement aux côtés des instituteurs
pour occuper les écoles, mais aussi
manifester dans la rue. La grève
devrait être reconduite jusqu’au
mercredi 16 février, date à laquelle
un comité technique paritaire académique se tiendra pour préciser la
répartition des postes alloués à
l’académie. Une manifestation se
tiendra ce jour-là, à laquelle pourraient se joindre les enseignants du
second degré : le SNES-FSU a appelé à la grève lundi 14 février.
A Nîmes, l’intersyndicale a exigé
l’ouverture de négociations directes avec le ministère. En attendant, la grève, suivie depuis le
31 janvier par 70 % des instituteurs
du département, est reconduite. Si
les vacances scolaires, samedi
Cinq mois d’attente pour changer de prison
ENTRER en prison tient forcément du cauchemar. En
changer peut relever du miracle. Pour s’être trouvé au
cœur d’un conflit entre l’administration pénitentiaire et la
gendarmerie, un détenu de la maison d’arrêt de
La Roche-sur-Yon (Vendée) vient de passer cinq mois à attendre son transfèrement.
Mis en examen le 20 septembre 1999 pour viol sur mineur, Gilles Bendre est placé en détention provisoire à la
maison d’arrêt de la ville par le juge d’instruction Bruno
Marcelin. Immédiatement, l’avocat de M. Bendre réclame le transfèrement de son client à la maison d’arrêt de
Fontenay-le-Comte. Le hasard veut en effet que l’épouse
du détenu réside dans cette ville distante de 70 kilomètres. Le malheur veut qu’elle soit handicapée. Impossible pour elle de rendre visite à son mari.
Le dossier de M. Bendre est grave. Il relève des assises.
Mais « toute personne a droit au respect de sa vie familiale », dit la Convention européenne des droits de
l’homme. Les prisonniers n’y font pas exception. Convaincu par l’argument, le juge Marcelin ordonne, le 12 octobre, son incarcération à Fontenay-le-Comte et requiert la
gendarmerie nationale.
« À DÉFAUT D’EXÉCUTION...»
Deux semaines plus tard, la réponse du commandant
de la compagnie de La Roche-sur-Yon tombe : « S’agissant d’un transfèrement administratif, sa réalisation incombe à l’administration pénitentiaire. Je regrette de ne
pouvoir donner une suite favorable à votre demande. » Le
magistrat s’étonne et, le 28 octobre, reprend la plume :
« Mon colonel, j’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir
exécuter l’ordre de transfert en date du 12 octobre concernant le prévenu Bendre. Je vous rappelle que le code de procédure pénale dispose, dans son article D 297 et suivant, que
la gendarmerie doit effectuer les translations demandées par
l’autorité judiciaire. » L’ordre est accompagné d’une me-
nace : « A défaut d’exécution dans les huit jours, je m’adresserai à M. le directeur de la gendarmerie nationale. »
Dès le lendemain, le lieutenant-colonel Vanoye réplique
à son tour. « Très surpris du ton comminatoire que vous employez, s’agissant en l’état d’une affaire somme toute ordinaire, j’ai l’honneur de vous confirmer que l’ordre de transfert que vous faites à la gendarmerie ne peut pas être exécuté
par mes services. » Le magistrat ne désespère pas. La gendarmerie a programmé, le 9 novembre, un déplacement
aller-retour d’un autre détenu entre la maison d’arrêt de
Fontenay-le-Comte et l’hôpital de La Roche-sur-Yon. Il
« prie » donc, le 8 novembre, la gendarmerie de profiter
de l’occasion. Nouveau refus.
Pendant que la conseillère d’insertion de la prison souligne « le risque réel de passage à l’acte suicidaire » du détenu, la guerre des services bat son plein. L’administration
pénitentiaire fait savoir qu’elle n’exécutera pas ce déplacement « judiciaire ». Et la gendarmerie s’obstine. Budgétairement, l’enjeu est de taille. Les « transfèrements judiciaires » occupent, chaque jour, plus de
1 000 gendarmes. Pas question d’en rajouter. Le 3 janvier,
le directeur général de la gendarmerie, Bernard Prévost,
reprend, dans un courrier à la chancellerie, l’analyse défendue par le commandant de La Roche-sur-Yon. Déplacement de confort, sans rapport avec l’enquête, donc
« administratif »...
Le 9 février, le directeur des affaires criminelles et des
grâces du ministère de la justice, Yves Charpenel, rappelle
aux gendarmes la nécessité, en vertu du code de procédure pénale, de répondre à toute réquisition du juge.
Cette fois, la gendarmerie s’est inclinée. Vendredi 11 février, cinq mois après la décision du juge d’instruction, le
détenu Bendre a été transféré à la maison d’arrêt de Fontenay-le-Comte.
Nathaniel Herzberg
19 février, devraient ramener le
calme, les mouvements pourraient
reprendre dans la perspective de la
grève intersyndicale nationale annoncée pour le 16 mars, à laquelle
l’enseignement privé a décidé de se
joindre.
Richard Benguigui
et Jacques Monin
M. Tiberi veut déposer une
proposition de loi contre les sectes
LE MAIRE (RPR) et député de Paris, Jean Tiberi, souhaite déposer une
proposition de loi visant à protéger « du risque de manipulation ou
d’embrigadement des personnes vulnérables » de la part des sectes. Ce
texte permettrait de créer des « périmètres protégés » autour d’établissements tels que les écoles, résidences de personnes âgées, centres
sociaux ou d’hébergement. La proposition de loi demande aussi la
« restriction de la publicité pour les structures identifiées comme organismes sectaires à l’instar de ce qui est prévu pour les commerces pornographiques ».
Jean Tiberi souhaite la création à Paris d’une « cellule de veille » sur les
sectes, ainsi que d’une permanence d’aide juridique et sociale pour les
victimes. Le communiqué de la Mairie de Paris, rendu public samedi
12 février, estime « que Paris est au cœur des activités de l’Eglise de
scientologie ». D’après une enquête du Journal du dimanche du 13 février, la Scientologie compterait à Paris une vingtaine d’implantations,
et de 1 000 à 1 500 membres actifs.
DÉPÊCHES
a ÉDUCATION : le ministère de l’éducation nationale a proposé
aux vingt-trois écoles en langue basque, les « ikastolak », de les intégrer dans l’enseignement public, en échange de quoi elles devront renforcer l’apprentissage du français à leurs élèves. L’enseignement du
français étant dispensé dans les écoles en langue basque à partir du
CE1, l’Etat propose qu’il le soit dès le cours préparatoire, avec une
montée en charge progressive jusqu’au CM2. Le ministère a fait
des propositions similaires aux « calendreta », les écoles en langue
occitane.
a JUSTICE : la ministre de la justice, Elisabeth Guigou, appelle les
États membres de l’Union européenne à créer un « réseau judiciaire »
européen pour lutter contre la délinquance financière et une « force
d’investigation européenne » contre la criminalité organisée. Dans un
entretien publié lundi 14 février dans le quotidien La Tribune, la garde
des sceaux estime nécessaire de « donner une nouvelle dimension à Europol », en soulignant toutefois qu’il « ne s’agit pas de décider de faire
un parquet européen ».
a PROSTITUTION : deux hommes ont été mis en examen pour
« proxénétisme » et écroués à Marseille, a indiqué samedi 12 février
la police judiciaire de la ville. Jacques Genna et Roger Arsen, qui
avaient déjà purgé des peines de prison pour des faits similaires, sont
soupçonnés d’avoir dirigé un réseau international de prostitution. Ils
ont été interpellés en même temps qu’un complice et deux femmes
qui, selon les enquêteurs, seraient à la tête de bars à « hôtesses » en
Belgique.
a INCENDIE : quatre randonneurs sont morts après avoir été surpris par un feu de broussaille non autorisé à Esterençuby (Pyrénées-Atlantiques). Les victimes faisaient partie d’un groupe de personnes âgées qui avaient entrepris une randonnée dans la zone
frontalière franco-espagnole. Deux femmes de 58 et 67 ans sont
mortes sur les lieux du drame. Un homme de 66 ans et une femme de
56 ans sont ensuite décédés à l’hôpital. Le parquet de Bayonne a
confié une enquête à la gendarmerie.
a FAIT DIVERS : un ouvrier-boulanger de 25 ans a été mis en examen pour violences volontaires avec actes de barbarie sur mineur
et écroué, vendredi 11 février, à Béthune (Pas-de-Calais), pour avoir
commis, par jalousie, des actes de barbarie sur le fils de sa compagne,
un petit garçon de deux ans. L’enfant a un œil crevé et pourrait perdre
l’usage de l’autre, l’ami de sa mère lui ayant tailladé le visage à coups
de couteau. Le garçonnet a également été frappé aux parties génitales.
LeMonde Job: WMQ1502--0010-0 WAS LMQ1502-10 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 09:28 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0373 Lcp:700 CMYK
10
RÉGIONS
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
Tempêtes : l’indemnisation aura des conséquences sur les primes d’assurance
Selon plusieurs professionnels, la facture pour les compagnies pourrait frôler les 40 milliards de francs. Une augmentation, sur plusieurs années,
des cotisations des assurés est envisagée. Les sinistrés des violentes intempéries de décembre se heurtent à la complexité des procédures
HUIT SEMAINES après le passage de Lothar et Martin, noms des
tempêtes qui ont balayé l’Europe
les 26 et 27 décembre, les bilans se
précisent pour les assureurs. La
facture totale est aujourd’hui estimée à 30 milliards de francs
(4,57 milliards d’euros), mais ce
sont des estimations, et ce chiffre
pourrait, selon plusieurs professionnels, frôler les 40 milliards de
francs. Ces tempêtes se sont révélées d’une exceptionnelle violence,
par « leur intensité, leur étendue (les
tempêtes n’ayant épargné aucune
région de l’Hexagone) mais aussi par
la période de l’année », souligne
Thérèse Berthin-Lachaud, directeur des règlements chez Axa.
Presque tous les départements ont
été touchés, plus de 1,5 million de
foyers et des dizaines de milliers
d’entreprises ayant été affectés,
soit environ 3 millions de déclarations de sinistres. Ce coût représente pas moins d’une année de
cotisations d’assurance multirisque
habitation.
En Europe, la facture atteindrait
11,5 milliards d’euros, dont 5 milliards d’euros de dommages assurés, selon des estimations publiées
par Scor, premier réassureur français. « Mais il est trop tôt pour
connaître le montant définitif des
dommages », poursuit le groupe.
Le bilan humain, 140 décès, est accablant. Avec 92 victimes, et plus
de 70 % des dommages matériels
qui ont touché l’Europe, la France
paie un lourd tribut. Le coût de Lothar et Martin devrait dépasser celui des tempêtes qui ont frappé
jusqu’ici l’Europe. A titre de
comparaison, celles de 1990 atteignaient 3,86 milliards d’euros.
« Ces tempêtes sont l’événement le
plus grave de toute l’histoire de l’assurance en France. Il faut remonter
à Colbert pour voir un événement
pareil », explique Olivier du Passage, directeur général du courtier
Aon Le Blanc de Nicolay.
Les 30 milliards de francs sont
répartis entre l’assurance et la
réassurance, explique la Fédération
françaises des sociétés d’assurances (FFSA). Les sinistres déclarés par les particuliers atteignent
22 milliards de francs, les entreprises étant touchées pour 8 milliards. Le gouvernement a déclaré
69 départements en état de catastrophe naturelle, ce qui a provoqué
Deux milliards de dégâts pour l’agriculture
En cas d’événements naturels
graves, plusieurs garanties
d’assurances et plusieurs régimes
d’indemnisation jouent.
b La garantie tempête
Elle est incluse depuis 1990 dans
tous les contrats multirisques
habitation (MRH) et multirisques
entreprises. Elle assure les dégâts
causés aux constructions « en
dur » (toitures endommagées,
tuiles arrachées, façades abîmées
par la chute d’un arbre), mais pas
les dommages causés aux arbres,
aux jardins ou constructions
en tôle.
Elle intervient également pour
les dommages causés par la pluie
à l’intérieur du logement
s’ils surviennent dans
les quarante-huit heures.
Les commerçants, artisans
et entreprises seront indemnisés
des dégâts causés par la tempête
dans le cadre de leurs
« multirisques ». Seuls les
automobilistes assurés au tiers
(responsabilité civile qui assure
les dommages causés à autrui)
ne seront pas remboursés si leur
véhicule a été endommagé par
un arbre déraciné ou une
cheminée tombée d’un toit. Cette
garantie représente l’essentiel
des indemnisations, soit plus
de 25 milliards de francs.
b La garantie catastrophes
naturelles
Mise en place avec la loi de 1982,
elle couvre les raz-de-marée,
inondations, coulées de boue,
avalanches, tremblements de
terre, etc. Elle est incluse à un
taux uniforme (12 % aujourd’hui)
dans les contrats d’assurance
multirisque habitation. Elle ne
joue que si l’Etat déclare l’état
de catastrophe naturelle.
Les assureurs sont assurés pour
cette garantie auprès de la Caisse
centrale de réassurance (CCR),
qui va pour la première fois faire
appel à la garantie de l’Etat, ses
réserves n’étant pas suffisantes
pour faire face.
b Le fonds de garantie des
calamités agricoles
La Commission nationale des
calamités agricoles s’est réunie
vendredi 11 février et a estimé
que les dégâts commis aux
différents secteurs de
l’agriculture par les tempêtes de
la fin 1999 pouvaient être évalués
environ à 2 milliards de francs.
Certains dommages pourront
être pris en charge par les
assurances mais d’autres (tunnels
en plastique pour le maraîchage,
vergers, clôtures, pépinières,
pertes de récolte, bassins
conchylicoles) en sont exclus. On
indique dans l’entourage de Jean
Glavany que les pourcentages
habituels de prise en charge par le
fonds des calamités de réparation
des dommages (environ 30 %
à 35 %) seront relevés d’environ
10 points, en raison du caractère
exceptionnellement violent des
tempêtes. Les conchyliculteurs
sinistrés seront indemnisés à
hauteur de 22 % environ, non
compris les 300 millions annoncés
récemment par Lionel Jospin.
Au total l’ensemble des
indemnisations au titre des
calamités agricoles devrait
atteindre près de 600 millions
de francs et les premiers acomptes
devraient être versés aux
agriculteurs fin février.
une confusion dans l’esprit des
Français. Dans les faits, les sinistres
qui relèvent de cette appellation
(inondations, coulées de boue...)
pèsent pour une faible part (entre
3 et 5 milliards de francs). Parallèlement, 30 milliards de dégâts ne
sont pas assurés, tels que les forêts,
tout ce qui concerne les établissements publics, l’EDF, la SNCF...
L’heure est désormais aux indemnisations, puisque la date butoir de déclaration de sinistres
avait été repoussée au 31 janvier,
les dispositions ayant été allégées.
Les compagnies d’assurances ont
pris des mesures, dont le plafonnement des franchises à 1 500 francs
pour les contrats multirisques habitation. Certaines ont annoncé
qu’elles n’enverraient pas d’experts
lorsque les réparations ne dépasseront pas un certain montant (de
10 000 à 40 000 francs, selon les
sociétés). Un numéro vert a été mis
à la disposition dès le 27 décembre
par le Centre de documentation et
d’information de l’assurance
(CDIA), qui a reçu 5 500 appels de
particuliers. « Les premiers jours, les
assurés n’avaient aucune réponse, ni
de leur assureur, ni d’artisans, et ne
savaient pas comment faire », explique-t-on au CDIA.
Ensuite, les questions se sont affinées : qui doit intervenir, le locataire, le propriétaire... et qu’est-ce
qui est couvert. Par exemple, les
dégâts causés aux arbres dans les
jardins, vérandas, clôtures, etc., ne
sont pas remboursés. Les associa-
Le coût net
pour les assureurs
sera de l’ordre
de 5 à 8 milliards
de francs
tions de consommateurs se sont
également mobilisées. Ainsi la
CLCV (Consommation logement et
cadre de vie) a-t-elle ouvert son
service téléphonique. Reste le plus
dur, les indemnisations, qui vont
s’étaler sur plusieurs semaines,
voire plusieurs mois.
Pour autant, les assureurs ont
largement les moyens de « faire
face ». Une partie étant absorbée
par les provisions (montants destinés à faire face aux sinistres), le
coût net pour les assureurs sera de
l’ordre de 5 à 8 milliards de francs,
a indiqué Denis Kessler, président
de la FFSA. Les compagnies d’assurances ont annoncé leur propre
facture. Ainsi, pour Axa en France,
qui a ouvert 370 000 dossiers,
le montant brut des sinistres à régler devrait s’élever à environ
700 millions d’euros, la facture totale pour le groupe étant de 1 milliard d’euros. L’impact sur les bénéfices de 1999 s’élèvera à
100 millions d’euros. Pour l’allemand Allianz, qui contrôle les AGF,
la charge financière nette oscillera
entre 260 et 290 millions d’euros,
Le français Groupama, qui détient 15 % à 20 % du marché d’assurance dommages français, indiquait récemment que l’impact sur
son profit de 1999 ne dépasserait
pas 100 millions d’euros. L’assureur
a reçu 470 000 déclarations de sinistres, dont 89 % venant de particuliers. Cependant, certaines petites sociétés pourraient souffrir :
des mutuelles situées en Alsace, en
Bretagne et en Aquitaine pour-
raient se regrouper, certains prononçant même le mot de faillite.
Dans ce contexte, les augmentations de primes d’assurance paraissent inéluctables. Les assureurs
temporisent, en indiquant que la
hausse se fera sur plusieurs années, et que les primes n’avaient
pas bougé depuis cinq à six ans.
« Pour l’heure, les réassureurs sont
restés assez calmes. Les programmes
avaient été négociés à la fin de 1999
au terme d’une année sans sinistre.
Les prix sont revus à la hausse, qui
dépendra des événements naturels
de l’année 2000 dans le reste du
monde », prédit M. du Passage.
Pour mémoire, le cyclone Andrew,
qui a touché les Etats-Unis en 1992,
avait coûté 16 milliards de dollars
aux assureurs, et avait entraîné
une hausse des prix de la réassurance de 1992 à 1997. Reste une
question fondamentale : « Peut-on
encore parler d’un climat tempéré
en France ? », s’interroge un assureur, qui prévient que, si une nouvelle tempête survenait, les conditions tarifaires des assurés
devraient être revues à la hausse.
Pascale Santi
Les maraîchers du Grand Ouest ont été particulièrement touchés
« LA TEMPÊTE de Noël pénalise deux campagnes : celle d’hiver et celle du printemps. » Chercheur à la station expérimentale d’Horti-Pépi près
de Cherbourg (Manche), Jacques Dubois prédit
que les producteurs de géraniums, bégonias, primevères, pensées, myosotis, primevères et ceux
des plantes en pots – qui approvisionnent les jardineries, grandes surfaces et fleuristes du Grand
Ouest – auront du mal à se relever après le passage des vents du 26 décembre.
Les quatre-vingts horticulteurs et pépiniéristes
de l’association professionnelle Horti Culture
(90 % du chiffre d’affaires de la région, environ
800 emplois directs) estiment que certaines productions sont détruites à 100 %. Un triste cousinage qu’ils partagent avec leurs nombreux voisins
maraîchers et producteurs légumiers séculairement implantés en bordure de mer pour cause de
climat propice.
Mis à part les cultures de plein champ, les maraîchers – environ 1 000 dans le département abritent leur production de salades, concombres,
tomates et plants sous serres de verre ou de plastique chauffées : « Entre 50 % et 60 % des installations ont été détruites, dit Daniel Mahé, vice-président de la Fédération départementale des
syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) de la
Manche, lui-même producteur de salades à michemin entre Coutances et Granville. Certains
d’entre nous sont sinistrés à 100 %. Soit les rafales de
vent ont emporté les serres, soit les précipitations ont
noyé les champs. La tempête de 1987 nous avait déjà très durement touchés. Treize ans après ce sinistre, nous nous posons la question suivante : pourrons-nous repartir ? »
SERRES PAS ASSURÉES
Daniel Mahé est persuadé que nombre d’exploitants, dont la moyenne d’âge est élevée, renonceront « à tout jamais » si les assurances ne
« font aucun effort ». En effet, comme presque
partout en France, les serres ne sont pas assurées :
le montant des primes est dissuasif (Le Monde du
7 janvier). Pour l’heure, pour les horticulteurs
comme pour les maraîchers de la façade ouest du
département, les ventes du printemps, qui génèrent un chiffre d’affaires élevé, sont très fortement compromises.
La course de la tempête s’est poursuivie à la
frange ouest de l’Ile-de-France, où se concentre
l’essentiel de la ceinture maraîchère de Paris. Pour
Hubert de la Taille, responsable des études à la
chambre interdépartementale d’agriculture d’Ilede-France, les pertes des productions spécialisées
(horticulture, pépinières, maraîchage, arboriculture, légumes frais) ont été « énormes ». A Orgeval (Yvelines), Dominique Gaillard, qui produit
notamment des fruits rouges, fraisiers et framboises, n’a eu « que 10 % » de ses installations détruites, contre 100 % pour l’un de ses voisins : il
chiffre à 230 francs le coût d’achat du mètre linéaire d’un tunnel bâché pour fraisiers. Il en exploite 8 kilomètres.
« Cette catastrophe s’abat sur une population qui
a déjà du mal à surnager. Il y a actuellement une
installation pour trente départs », commente Hubert de la Taille, qui estime que 50 % des serrespépinières et 80 % des serres de maraîchage ont
été atteintes en Ile-de-France (hors Seine-etMarne). Le conseil régional d’Ile-de-France a voté,
en janvier, une subvention de 10 millions de francs
pour aider les maraîchers à reconstruire leurs
serres. Cette tempête risque d’accélérer le lent déclin des surfaces maraîchères, victimes de l’urbanisation et qui ont tant contribué à alimenter en
produits frais les marchés de proximité parisiens.
Jean Menanteau
Les sinistrés sont confrontés à la complexité des procédures
LIMOGES
de notre correspondant
« Un traitement à la carte ; chacun
fait ce qu’il peut ou ce qu’il veut. »
C’est à l’emporte-pièce que Xavier
Jallageas, agent d’assurances à Limoges, résume la situation sur le
terrain, huit semaines après la tempête du 27 décembre. De fait, face à
la complexité et donc à la lenteur
des procédures qui se mettent en
place, la tension se fait de plus en
plus perceptible en Limousin. Au
point que les différents acteurs de
ces procédures n’acceptent d’en
parler qu’en restant anonymes,
pour, disent-ils, éviter d’attiser des
contradictions encombrantes, qui
donnent à chaque victime du sinistre l’impression d’être sacrifiée à
d’autres priorités.
Côté sinistrés, cinq catégories : les
propriétaires forestiers ; les agriculteurs ; les industriels et artisans ;
les collectivités locales ; les particuliers. Les uns atteints dans leur
patrimoine, les autres dans leur outil de travail, parfois les deux à la
fois. Côté assurances, deux catégories : les privées et les mutualistes,
avec des variations infinies dans les
contrats, sur les tarifs, les clauses
et les garanties.
Entre les deux, un no man’s land,
aux contours imprécis, de ce qui
n’est pas assurable, mais peut être
négociable. Et dont le traitement a
été confié à une instance spécifique : la commission départementale d’évaluation des conséquences
de la tempête et du suivi des indemnisations. Cette commission, mise
en place (comme dans tous les départements sinistrés) auprès de la
Trésorerie générale, regroupe les
agents de l’Etat, les professionnels
(par le biais de leurs chambres
consulaires, agriculture, commerce
et industrie, métiers), et les assureurs.
Première constatation : la tempête a mis en lumière la faiblesse de
la couverture-assurance. « La tendance générale est de regarder les
prix sans regarder les garanties, résume encore Xavier Jallageas. La
majorité des contrats sont au ras des
pâquerettes. » Et pas seulement
pour les particuliers. Ainsi, 80 % des
forêts dévastées n’étaient pas assurées. Et, selon Dominique Demartial, directeur de la chambre régionale de commerce et d’industrie,
13 % seulement des entreprises limousines étaient correctement assurées. Alors que les pertes d’exploitation, dans ce secteur, ont dépassé
1 milliard de francs (580 millions de
francs en Haute-Vienne, 300 en
Corrèze, 200 en Creuse). Provoquées, pour l’essentiel, par la privation de courant électrique, elles ne
sont pas indemnisables.
Dans le secteur agricole, le problème est plus complexe encore : les
animaux écrasés à l’intérieur par
l’effondrement d’un bâtiment sont
indemnisables, ceux tués dehors par
la chute d’un arbre ne le sont pas.
Les bâtiments en dur sont couverts,
mais pas les installations légères
(serres ou tunnels-abris pour animaux). Et les clôtures ne sont pas
prises en compte, ce qui est durement ressenti dans cette région
d’élevage de plein air. Les animaux,
bovins et moutons, devront être remis à l’herbe au début d’avril, et
d’ici là, il faut relever en urgence des
centaines de kilomètres de clôtures
ravagées.
La commission d’évaluation, qui
s’est réunie de manière hebdomadaire depuis début janvier, a pour
mission de négocier tous ces cas litigieux. Elle se heurte, pour cela, à
une autre étrangeté. L’arrêté de
catastrophe naturelle, promulgué
dès le 29 décembre, s’applique aux
inondations et coulées de boue,
mais pas aux ravages du vent, qui
ont pourtant, en l’occurrence, provoqué la quasi-totalité des dégâts.
Cela n’aide pas aux négociations de
terrain.
Georges Chatain
http://www.lemonde.fr
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Finance : l’actualité des marchés financiers, les cours,
les indices, la gestion de portefeuille.
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12 / LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
CARNET
DISPARITIONS
Jacqueline Auriol
Screamin’Jay Hawkins
Figure légendaire de l’aviation
Chanteur de blues africain-américain
JACQUELINE AURIOL, première femme à avoir été brevetée
pilote d’essai, en 1951, titulaire de
nombreux records aéronautiques,
est morte vendredi 11 février à Paris, dans sa quatre-vingt-troisième
année.
Rien ne prédisposait, au départ,
cette jeune femme, née le 5 novembre 1917 à Challans (Vendée),
élève de l’Ecole du Louvre, qui
avait commencé une carrière artistique, à piloter des avions supersoniques. Sauf, peut-être, son mariage, en 1938, avec un passionné
de l’aviation, Paul Auriol, fils du
premier président de la IVe République, qui lui suggéra d’apprendre
à piloter alors qu’elle voulait,
confiera-t-elle plus tard, échapper
aux mondanités de ses premiers
moments à l’Elysée.
Jacqueline Auriol fait ses débuts
sur Stamp et, vers 1949, après avoir
passé ses brevets civil, militaire et
de transport public, elle se lance
dans la voltige aérienne. Le 11 juillet 1949, c’est le drame : elle est assise à côté du pilote, pour un vol
de routine, à bord d’un petit hydravion SCAN-30 qui rebondit à
l’amerrissage et heurte le plan
d’eau des Mureaux, dans la région
parisienne. Défigurée et ne voulant pas passer pour une « gueule
cassée », elle va subir, en France et
aux Etats-Unis, une vingtaine d’interventions chirurgicales pour retrouver un visage seyant et, dira-telle, « se venger » pour devenir un
vrai pilote.
Aux Etats-Unis, Jacqueline Auriol passe son brevet de pilote
d’hélicoptère et elle est admise à
suivre un véritable entraînement
de pilote militaire, y compris pour
des vols en patrouille. Son ambition grandit et, le 11 mai 1951, aux
commandes d’un avion Vampire à
réaction, de construction britannique, elle devient « la femme la
plus rapide du monde » sur 100 kilomètres en circuit fermé, à la vitesse de 818 km/h.
En 1952, elle améliore sa performance sur avion français, un Mis-
tral, avec 855 km/h et, se livrant à
une rude compétition avec Jacqueline Cochran, une pilote américaine qui lui dispute ses records,
elle atteint, en juillet 1955, à bord
d’un Mystère-IV français, la vitesse
de 1 151 km/h. Entre-temps, dès
1954, elle obtient le brevet numéro
20 de pilote d’essai, grâce auquel
elle testera pas moins d’une centaine d’appareils différents.
Jacques Isnard
LE CHANTEUR Jalacy Hawkins,
dit Screamin’Jay Hawkins, est
mort samedi 12 février dans une
clinique de Neuilly-sur-Seine des
suites d’une occlusion intestinale.
N’insistons pas trop analytiquement sur le fait qu’il s’était rendu
célèbre par un Constipation Blues
(1969) de rabelaisienne mémoire.
Lequel peut passer pour un des
sommets d’un genre, le blues, qui
n’homologue pas que la douleur et
l’éternelle affliction d’être des descendants d’esclaves.
Sans doute Screamin’Jay Hawkins aura-t-il joué avec le feu : n’y
a-t-il pas quelque danger à contrefaire le mort ? Il arrivait sur scène
dans un cercueil bourré de cierges
(lui aussi) et dialoguait avec une
tête de mort aux yeux – par un habile stratagème électrique – clignotants, qu’il appelait Monsieur
Henry. Il arrivait de moins en
moins d’ailleurs, ça n’arrivait
presque plus, si, une fois, l’an passé, dans la banlieue ouest de Paris
(West Side), sans Henry. Ce n’est
pas faute de tentatives de retour
sans grand succès, pas seulement
depuis son séjour en France (1983)
ni sa première installation durable
(1988). Le succès l’avait fui avec
cette histoire de constipation.
Ce qui est regrettable, en un
sens, car il reste l’énorme créateur
d’un tube indigeste, dont il avait
fait un tremblement de terre, I Put
a Spell on You (1956) : comparer
avec la version plaintive de Nina
Simone – la seule digne de lui être
approchée – et toutes les reprises
à la mièvrerie plus ou moins égrotante dont la musique blanche
s’est dotée. La mesure n’était pas
le fort de Screamin’Jay Hawkins,
c’est pourquoi on l’aimait. Ainsi se
crie le blues à Cleveland, Ohio,
d’où il venait (né le 18 juillet 1929),
quand on n’a pas la moindre idée
de se faire chanteur, puisque l’art
qu’on pratique, c’est la boxe.
En 1951, Jalacy Hawkins entre au
service d’un guitariste de poids qui
passe par la ville, Tiny Grimes, factotum, chauffeur, garde rapproché, tel le valet dévoué d’un ancien
champion de pelote. C’est là que
son maître lui laisse occasionnellement pousser la « bluesette »,
avec la complicité des Rocking
Highlanders (au piano, Ray
a Mgr JEAN KERLÉVÉO, ancien
conseiller juridique à l’archevêché
de Paris et l’un des meilleurs
connaisseurs de l’histoire de la
pêche des Bretons en mer d’Islande, est mort dimanche 6 février
à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor).
Né le 11 février 1910 à PommeritJaudy (Côtes-d’Armor), ordonné
prêtre en 1935, Jean Kerlévéo est
d’abord nommé vicaire à Paimpol
où il s’intéresse tout particulièrement à la vie locale : sa thèse de
doctorat en sciences sociales et
politiques, Paimpol au temps d’Islande, parue en 1945 (rééditée en
1998 aux éditions du Chasse-Marée), le fit reconnaître comme le
grand spécialiste de l’histoire de la
pêche à la morue par les Bretons
en Islande. Nommé en 1944 professeur à l’Institut catholique de
Lille, Jean Kerlévéo devint en 1953
secrétaire général adjoint du
Comité national de l’enseignement
libre à Paris. En 1963, il revint dans
son diocèse d’origine comme recteur de la paroisse de Lézardrieux,
avant d’être nommé en 1966 professeur à l’université du Latran à
Rome. De 1971 à 1989, Jean Kerlévéo a été ensuite conseiller juridique à l’archevêché de Paris, devenant un spécialiste reconnu de
l’histoire et du droit de l’Eglise, en
particulier de la situation juridique
du culte catholique en France depuis la loi de séparation de l’Eglise
et de l’Etat du 9 décembre 1905,
sujet auquel il consacra sa thèse de
doctorat en droit canonique.
a BERNARDINO ZAPPONI, scénariste italien de cinéma, est mort
vendredi 11 février dans une clinique de Rome des suites d’une
hémorragie cérébrale. Il était âgé
de soixante-treize ans. Né à Rome
en 1927, Bernardino Zapponi avait
écrit de nombreux scénarios pour
Dino Risi (Vedo nudo, 1969 ; La
Femme du prêtre, 1970 ; Parfum de
femme, 1974 ; Les Nouveaux
Monstres, 1977 ; Fantôme d’amour,
1981) et avait collaboré avec Federico Fellini sur cinq films : Satyricon
(1969), Les Clowns (1970), Roma
(1972), Casanova (1976) et La Cité
des femmes (1980). Bernardino
Zapponi avait travaillé également
avec Mario Monicelli, Luigi
Comencini, Dario Argento, Peter
Del Monte ou Tinto Brass.
a CHARLES SCHULZ, créateur de
la bande dessinée des Peanuts, est
mort d’un cancer du côlon samedi
12 février à son domicile de Santa
Rosa (Californie). Il était âgé de
soixante-dix-sept
ans (lire
page 29).
NOMINATIONS
[Né le 29 octobre 1941 à Vivy (Maine-etLoire), Michel Raimbaud a été professeur
dans l’enseignement secondaire avant d’entrer dans la carrière diplomatique en 1971. Il a
été notamment en poste à Damas (19711973), à Bruxelles auprès des Communautés
européennes (1973), à Djeddah (1975-1979),
au Caire (1985-1988), à Brasilia (1988-1991) et
à l’administration centrale du Quai d’Orsay,
avant d’être ambassadeur en Mauritanie
(1991-1994). Depuis septembre 1994, Michel
Raimbaud était ambassadeur au Soudan. ]
Décès
– Geneviève Mabboux,
son épouse,
Ses trois fils et sa petite-fille,
Ses parents et ses amis,
ont la grande tristesse de faire part du
décès de
Anniversaires
Séminaires
« UN PEU D’HERBE »
En octobre 1956, Jacqueline Auriol frôle de nouveau la mort en pilotant un Mystère IV, au-dessus du
centre d’essais en vol de Brétigny,
dans la région parisienne, quand
l’avion amorce une vrille incontrôlable. Elle réussit à le redresser à
un mètre du sol et à se poser. « J’ai
fauché un peu d’herbe », se contentera-t-elle de dire après l’atterrissage.
En juin 1962, elle détient le record du monde féminin de vitesse
sur 100 km en circuit fermé, à bord
d’un Mirage III-C qui vole à
1 849 km/h. Elle porte ce même record à 2 040 km/h, l’année suivante, à bord d’un Mirage III-R. Le
AU CARNET DU « MONDE »
Naissances
Véronique et Jean-Paul LARDY
sont heureux d’annoncer la naissance de
leur petit-fils,
– On nous prie d’annoncer le décès de
M. Jacques ROOL,
officier de la Légion d’honneur,
survenu le 8 février 2000.
Jules,
L’inhumation aura lieu le 14 février,
à 11 h 30, au cimetière de Bullion
(Yvelines).
le 12 février 2000, chez
Laetitia LARDY et Luc PRANGÉ.
14, montée Bonnafous,
69004 Lyon.
Anniversaires de mariage
– 15 février 1960 - 15 février 2000.
– Nicole Fortier
et François-Etienne Slusznis,
Leurs familles,
ont la douleur de faire part du décès de
leur bébé,
Monique, Emile,
Vladimir SLUSZNIS,
demeurez ce que vous êtes.
survenu le 11 février 2000, à l’âge de quatorze mois.
Bon anniversaire.
Lise et Pierre, Claire, Samuel.
Nos abonnés et nos actionnaires,
bénéficiant d’une réduction sur les
insertions du « Carnet du Monde »,
sont priés de bien vouloir nous communiquer leur numéro de référence.
dernier mot restera à sa rivale, aux
Etats-Unis, devenue l’une de ses
meilleures amies, avec 2 097 km/h,
en juin 1964, sur un avion F-104.
De ses aventures, qu’elle racontait toujours de la même voix
calme, posée et sans emphase, Jacqueline Auriol a tiré un livre de
souvenirs, intitulé Vivre et voler,
paru en 1968 et primé par l’Académie française, dans lequel elle relate ses efforts de femme pour
s’imposer à chaque fois dans un
monde d’hommes et de pionniers,
se réadapter après ses accidents et
pour parvenir à piloter de nouveau
les prototypes qu’elle affectionnait.
Titulaire de la médaille de l’aéronautique, distinguée par de nombreuses instances aéronautiques
internationales, dont le trophée
Harmon qui lui fut décerné en juillet 1953 par le général Eisenhower,
président des Etats-Unis à
l’époque, Jacqueline Auriol était
grand-croix de l’ordre national du
Mérite et grand officier de la Légion d’honneur.
Petit chaton, quel bonheur vont avoir
les étoiles de t’accueillir !
Tous les soirs nous te regarderons jouer et
chanter avec elles...
« Les petites vies sont les plus grandes. »
Les Terrasses sous les pins,
30400 Villeneuve-lès-Avignon.
Claude MABBOUX-STRÖMBERG,
ancien professeur de physique
à l’université de Caen,
survenu en son domicile, à Caen (Calvados), le 5 février 2000, dans sa soixantedix-neuvième année.
Toute sa vie il a lutté pour un monde
plus juste, plus humain.
Cet avis tient lieu de faire-part.
38, avenue du 6-Juin,
14000 Caen.
ingénieur-conseil en entreprises,
survenu brutalement, à Paris, le 28 janvier
2000.
Selon sa volonté, les obsèques ont été
célébrées dans la plus stricte intimité.
nous quittait le 15 février 1985.
Nous n’oublions pas.
Un dossier pour mieux connaître l’homme,
son œuvre et ses incarnations à la scène.
« La Règle du jeu » de Jean Renoir
Pour la première fois,
une œuvre cinématographique est inscrite
au programme scolaire.
Retour sur l’un des plus grands films
du cinéma français
UNE PUBLICATION DU MONDE
CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX
(1900-1983),
membre de l’Institut,
commandeur de la Légion d’honneur,
professeur aux facultés de droit
de Grenoble et de Paris,
à l’Institut d’études politiques de Paris,
à l’Ecole des hautes études commerciales,
président de l’Association française
de science politique,
international d’athlétisme.
Ses enfants, petits-enfants
et arrière-petits-enfants,
Ses amis,
Ses anciens étudiants,
se souviennent.
Dieu a donné la connaissance à
l’homme pour le tourmenter.
Montaigne.
Colloques
M. Jacques MABILE,
Fernande MENVIELLE-DUBOIS
Beaumarchais
ou l’impertinence
professeur
Jean-Jacques CHEVALLIER,
– On nous prie d’annoncer le décès de
Anniversaires de décès
LITTERAIRES
– Il y a cent ans naissait le
CEM 2000
10e colloque international
de comptabilité électromagnétique
CLERMONT-FERRAND
14-15-16 mars 2000
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Nous consulter
콯 01.42.17.39.80 + 01.42.17.29.96
Fax : 01.42.17.21.36 e-mail: [email protected].
Les lignes en capitales grasses sont facturées sur
la base de deux lignes. Les lignes en blanc sont
obligatoires et facturées.
OFPRA
Michel Raimbaud a été nommé
directeur de l’Office français de
protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), par décret publié au
Journal officiel du 12 février. Il succède à Jean-François Terral, nommé ambassadeur en Macédoine
(Le Monde du 15 janvier).
COLLÈGE INTERNATIONAL
DE PHILOSOPHIE
b Séminaires
Thorsten Botz-Bornstein : « L’espace du
rêve : la Chôra. »
22 et 29 février, 7, 14, 21 et 28 mars.
20 h 30-22 heures, salle RC2, univ. ParisVII, 2, place Jussieu, Paris.
Raymonde Carasco : « Cinéma-corpspensée. »
23 février, 19 heures-22 heures, 15 et
29 mars, 17 et 24 mai, 7 juin, 18 h 3021 h 30, amphi Stourdzé, Carré des
sciences, 1, rue Descartes, Paris.
Florence Dupont : « L’insignifiance tragique. Les Choéphores d’Eschyle,
Electre de Sophocle, Electre d’Euripide. »
22 et 29 février, 7, 14, 21 et 28 mars,
18 h 30-20 h 30, Espace Jussieu, univ. Paris-VII, 2, place Jussieu, Paris.
Heiner Mühlmann : « La nature de la
culture occidentale. Esquisses d’une
théorie génético-culturelle. »
23 février, 18 h 30-20 h 30, salle des Résistants, ENS, 45, rue d’Ulm, Paris, 24 février, 18 h 30-20 h 30, 15 mars, 20 h 3022 heures, 16 mars, 18 h 30-20 h 30,
19 avril, 20 h 30-22 heures, salle RC2, et
20 avril, 18 h 30-20 h 30, salle RC3, univ.
Paris-VII, 2, place Jussieu, Paris.
Guillaume Nemer : « Autour de la sociologie de la musique de Theodor
W. Adorno. »
22 février, 7 et 21 mars, 20 heures22 heures, amphi A, 18 et 25 avril,
20 heures-22 heures, amphi B, Carré des
sciences, 1, rue Descartes, Paris.
Marcel Drach : « La dette et l’échange.
Destitution et institution de la raison
économique (II). »
21 février, 13 mars, 17 avril, 15 mai et
19 juin, 13 heures-15 heures, salle 214,
Maison des sciences de l’homme,
54, boulevard Raspail, Paris.
Marc Ballanfat : « La compréhension
philosophique du karman. »
22 février, 7 et 28 mars, 18 avril, 2 et
16 mai, 18 h 30-20 h 30, salle RC2, univ.
Paris-VII, 2, place Jussieu, Paris.
François Zourabichvili : « Le geste philosophique d’envelopper. »
22 février, 7 et 21 mars, 18 avril, 9 et
23 mai, 18 heures-20 heures, amphi-B,
Carré des sciences, 1, rue Descartes, Paris.
Marjolaine Hatzfeld : « Lacan dans le
pari de Pascal (II). »
23 février et 8 mars, amphi B, 29 mars,
amphi A, 19 avril, amphi Stourdzé,
10 m a i , 7 e t 2 8 j u i n , a m p h i B ,
20 heures-22 heures, Carré des sciences,
1, rue Descartes, Paris.
b Journées d’étude
« Le Vrai-le Faux » sous la responsabilité de Françoise Reumaux.
21, 22 et 23 février, 9 h 30-18 h 30, amphi
Stourdzé, Carré des sciences, 1, rue Descartes, Paris.
L’accès à toutes les activités du Collège
est libre et gratuit (dans la limite des
places disponibles).
Renseignements sur salles, répondeur :
01-44-41-46-85. Autres renseignements : 01-44-41-46-80.
Bryant), qui l’accompagnent pour
ses premiers enregistrements
(1952).
Il tourne avec divers orchestres
de rhythm’n’blues, Wynonie Harris, Fats Domino, accumule les
séances, aligne les titres comme
autant de fragments d’une autobiographie particulièrement arrosée : Well I Tried (« Bon ! J’ai essayé »), Alligator Wine, jusqu’à très
honnêtement reconnaître, en 1962,
I Hear Voices (« J’entends des
voix »). Ce qui finit par arriver.
Sa disparition très prématurée
– il n’avait que soixante-dix ans et
une complexion à durer sept
siècles – laisse un vide dans un
style de moins en moins connu, le
blues exagéré, la fable comique,
l’allusion indéchiffrable quand elle
n’est pas excessivement lisible.
Place désormais au bon goût, au
dérapage calculé et à la légitimation satisfaite : c’est fait. Il ne restait plus à Hawkins qu’à tirer sa révérence. Ce qu’il vient d’accomplir,
comme le reste, avec l’élégance de
ceux qui n’hésitent pas.
Francis Marmande
DIPLOMATIE
Denis Gauer, ambassadeur en
Guinée, a été nommé ambassadeur en Sierra Leone en résidence
à Conakry, en remplacement de
Christophe Philibert, par décret
publié au Journal officiel du 13 février.
[Né le 19 février 1955 à Sarralbe (Moselle),
Denis Gauer est diplômé de l’Institut
d’études politiques de Strasbourg et ancien
élève de l’ENA (1979-1981). Il a été notamment en poste à Lima (1984-1986), à Moscou
(1986-1989 et 1996-1999), à Tokyo (1993-1996)
et à l’administration centrale du Quai d’Orsay. Il a aussi été conseiller technique au cabinet de Roger Fauroux, ministre de l’industrie et de l’aménagement du territoire, de
février 1989 à janvier 1990. Depuis septembre
1999, Denis Gauer est ambassadeur en Guinée.]
– Joyeux anniversaire à
Doudou,
dit Albert,
Didier de son prénom,
un soleil.
– Toi, la femme que j’aime, regarde
ton sourire comme dans un tableau.
1965-2000.
Nadou Dounidamour,
l’éclat de ton regard, la tiédeur de ta peau,
ton souffle de vent du large, comblent
d’amour ton grand Croukougnoutous.
LeMonde Job: WMQ1502--0013-0 WAS LMQ1502-13 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 09:28 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0376 Lcp:700 CMYK
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000 / 13
HORIZONS
ENQUÊTE
Le sublime
malheur
de Katia Rhode
Katia Rhode, Allemande de 28 ans, est autiste.
Avec l’aide de sa mère, elle a écrit « L’Enfant
hérisson ». Les scientifiques sont partagés : qui a
vraiment écrit ce livre d’une étrange beauté ?
C
’EST un livre
étrange et beau, de
ceux qui d’emblée
vous prennent et
ne vous lâchent
plus. Un récit poétique, inspiré, métaphorique, reflet
d’un monde inconnu, où couleurs, odeurs et émotions se répondent, où l’espoir est
« vert comme les résédas », le travail
« succulent », la peur « un gaz qui a
une saveur amère ». Katia Rhode,
28 ans, raconte son destin tragique,
ses pulsions, ses rêves d’amour, avec
une sincérité effrayante. Elle se dépeint tantôt en hérisson, tantôt en
hippopotame, enfant des singes ou
de la banquise. « Je ne peux qu’avec
beaucoup de peine supporter mon
existence triste à en mourir. Elle est
grise, elle cause des tourments, mais
elle exhale aussi le parfum des
cèdres : elle est roucoulante, terrible. »
Ce livre est une énigme, un défi
lancé à la science. Car Katia est autiste, de la façon la plus grave, prisonnière d’un corps rétif, incapable
de maîtriser ses gestes, de s’habiller,
de parler, d’écrire, sujette à des
crises d’agressivité terrifiantes. Pendant vingt-trois ans elle a été considérée par les médecins comme une
attardée mentale, une « idiote », définitivement exclue du monde des
pensants. Jusqu’à ce qu’en 1994 une
éducatrice expérimente avec elle
une nouvelle méthode, dite de
« communication facilitée », et découvre une surdouée. Cette méthode, inventée en Australie,
consiste à soutenir le bras des malades, de façon qu’ils puissent désigner des lettres sur un tableau ou
un clavier, et ainsi s’exprimer.
A la stupéfaction générale, Katia,
ainsi assistée, peut non seulement
écrire dans sa langue maternelle,
l’allemand, mais aussi en français,
en latin et en anglais, comprend un
peu l’italien, le russe et l’arabe. Elle
affirme avoir lu, à l’insu de ses parents, toute leur bibliothèque, et
s’en souvenir grâce à une mémoire
« photographique » instantanée.
Très vite, elle parvient à suivre quelques cours au lycée, puis, avec le
soutien de sa mère, Ulla, s’attelle à
la rédaction d’une autobiographie.
L’Enfant hérisson, paru en septembre 1999 en Allemagne, devient
aussitôt un best-seller. Ce n’est pas
le premier livre écrit par un autiste.
Mais L’Enfant hérisson relève du
mystère de l’écriture, il évoque Rimbaud, Gérard de Nerval. La traduction française, publiée en décembre
aux Editions Imago, est faite par Ka-
tia elle-même, qui, toujours soutenue par sa mère, Ulla, professeur de
français et de latin, écrit aujourd’hui
un second livre inspiré des Métamorphoses d’Ovide...
« Avec les autistes tout est possible,
tout peut être imaginé, assure AlainJulien Bellaïche, médecin-chef du
Centre Marguerite Fontanielle, un
hôpital de jour qui traite les jeunes
autistes ; on connaît très peu de chose
sur cette maladie. » Comme Rainman, certains, témoigne-t-il, sont
capables de « faire des trucs insensés ». Le cas de Katia le laisse pourtant perplexe. « Qui écrit ? »... Il n’a
pas étudié la communication facilitée, peu pratiquée en France. Son
assistant, Jean-Claude Auriol, l’a
fait : « Je ne sais qu’en penser. S’agitil de télépathie, voire d’un phénomène médiumnique ? Qui pense ?
Est-ce le malade, ou sa mère ? »
Les deux, tranche Anne-Marie
Vexiau, orthophoniste. Elle a introduit la méthode en France et anime
l’association Ta main pour parler
(TMPP). « C’est une sorte de branchement entre les deux cerveaux : le
patient envoie des images mentales
que le cerveau du “facilitateur” décode. Il y a un échange inconscient
qui va de l’un à l’autre, c’est très troublant ! » Si troublant que la médecine officielle parle de manipulation.
contrôle mal, se jette fébrilement
sur la nourriture, le chocolat qu’elle
engloutit à pleines poignées. Parfois
lui échappent des sons gutturaux,
des cris effrayants que ses parents
tentent de réprimer d’un mot ferme
ou d’un geste tendre.
Contre toute apparence, Katia
suit la discussion et s’agite brusquement. Ulla se rapproche, pose sur
ses genoux un tableau de lettres
protégé par une chemise en plastique transparent, saisit sa main et
la soulève pour lui permettre de
pointer du doigt les lettres. Lentement, les mots, les phrases s’ordonnent. « La colère monte, épelle
Katia, l’étiologie fait des fureurs. » Ulla se méprend sur le sens du
message.
O
UTRE le professeur, elle a
invité un autre jeune autiste, Ergun, accompagné
de son « facilitateur », Peter, un étudiant qui fait une thèse sur la
communication facilitée. Katia, explique-t-elle, éprouve de violentes
pulsions sexuelles, difficiles à réprimer, qui, la plupart du temps, provoquent frustrations et colères. En
l’occurrence, elle serait énervée par
la présence d’Ergun. Faux. Katia
poursuit laborieusement : « On nous
sous-estime, le jeu n’est pas loyal.
Un génie se cache-t-il au cœur de cette
mystérieuse boule de malheur repliée sur
elle-même ? Ou tout cela n’est-il qu’illusion ?
« C’est une approche si peu rationnelle que beaucoup de scientifiques
ne veulent pas l’intégrer, admet
Anne-Marie, mais ça marche. Je suis
bouleversée tous les jours, mes patients vont bien. On ne guérit pas du
handicap mais on change leur vie intérieure. L’un deux est aujourd’hui
auditeur libre à l’université... »
Miracle ou illusion ? « Si je n’avais
pas fait l’expérience, je serais aussi
très sceptique. Tant pis si l’explication
scientifique est difficile à formuler ! »,
s’enthousiasme le professeur Dreher, doyen de l’Institut pédagogique
à l’université de Cologne. Assis dans
le confortable salon des Rhode, à
Erkelenz, devant un goûter pantagruélique, il s’indigne du mépris de
la communauté scientifique. En
face, Katia a l’air ailleurs. Obèse, le
visage renfrogné, agité de tics, elle
ne parle pas, ne regarde pas. Sous
l’épaisse frange brune, le regard fuit.
Elle ne peut rien faire seule, ni manger, ni boire, ni parler. Elle se
Nous sommes des objets, pas des partenaires. » Ce qu’elle supporte mal,
c’est qu’on discute son cas en sa
présence, sans l’impliquer. « Je prie
le ciel de ne pas être autiste. » Son
problème est-il purement physique ? « Non, ce n’est pas totalement
physique, mais aussi psychique. Je suis
apeurée quand on m’aborde. » A-telle peur de nous ? « Non, parce
qu’au début vous m’avez abordée
avec respect. Mais j’ai eu d’autres expériences. » Ulla croit que c’est terminé, mais Katia poursuit : « Vous
m’avez gagnée en giflant ma peur... »
Ulla soupire. « C’est une communication fascinante, mais difficile parfois, et fatigante. Après une heure je
suis vidée. » Elégante, raffinée, elle a
le sourire chaleureux, les épaules
lasses et des yeux clairs, où veille en
permanence une lueur d’angoisse.
La redécouverte de Katia, qu’elle assimile à une seconde naissance, l’a
beaucoup troublée. « Au début je me
croyais folle. » Aujourd’hui encore,
l’existence de cet esprit puissant,
douloureux, dissimulé dans les replis d’un corps difforme, l’effraye.
La communication facilitée n’est pas
une simple technique, mais un
échange, subtil, troublant, entre
deux cerveaux, confirme Peter. Tout
le monde ne peut pas être « facilitateur ». Katia, par exemple, s’exprime avec l’appui de ses parents,
de sa sœur et de certains des objecteurs de conscience qui la
gardent depuis plusieurs années,
mais pas avec tous. Le risque de manipulation existe, admet-il. Mais
l’objectif est de réduire progressivement le soutien au strict minimum :
une simple pression sur l’épaule,
voire une présence dans la pièce. Et,
même si les expériences faites dans
des conditions « scientifiques » ont
échoué, cela ne prouve rien, sinon
que le lien entre « facilitateur » et
« facilité » est fragile, vulnérable
aux conditions extérieures. « Pourquoi les psychanalystes ne peuvent-ils
exercer en public ? », demande le
professeur Dreher. Peter insiste :
« Dans le travail, il y a plein de petites
preuves, des choses qu’Ergun sait et
que je ne pouvais pas savoir. » La
première fois qu’Ergun a testé la
communication facilitée, on lui a
demandé son âge, il a répondu par
une série de sept. L’orthophoniste a
conclu qu’il disait n’importe quoi.
Mais le lendemain elle a vérifié : Ergun est né le 7 juillet 1977, le 7/7/77...
Le lendemain, on regarde Katia
d’un autre œil. Un génie se cache-til au cœur de cette mystérieuse
boule de malheur repliée sur ellemême ? Le matin, seule avec son
objecteur de conscience, elle se promène, la tête baissée, les bras ballants, dans les rues paisibles d’Erkelenz, une petite ville posée à la
frontière du plat pays et de la Ruhr.
La famille Rhode y a emménagé en
1995, après l’incendie de leur première maison, située en pleine campagne. Pour Katia, le bouleversement fut insupportable. Au début
elle cassait tout, se jetait par les fenêtres. « Je lui ai expliqué que ça
nous coûtait une fortune, qu’on ne
pouvait plus », raconte Ulla Rhode.
Katia s’est calmée, mais s’arrache
encore les cheveux, par crises,
lorsque le « poison » monte en elle.
K
ATIA, à 28 ans, n’a jamais
connu la joie. Sortir, bavarder, jouer, aimer, rire, les
plaisirs, même les plus simples, lui
sont interdits depuis toujours. Après
une naissance difficile et deux mois
en couveuse, c’était un bébé
étrange, indifférent, qui criait beaucoup, ne souriait jamais. A un an et
demi, Ulla réalisa que quelque chose
clochait. Pour les uns, Katia était autiste, pour les autres arriérée mentale. Le second camp l’emporta et
Katia fut confiée dans la journée à
une école pour handicapés, dont
elle garde un souvenir terrible. « Un
désespoir sombre comme une rive me
faisait crier, moi, enfant de hérisson. »
Elle lisait pourtant, en cachette, et
apprenait le français pendant les vacances, dans le sud de la France.
« Les enfants autistes, qui sont autistes comme des animaux, dépendent
de ce qu’ils peuvent garder leur secret, caché sous les cendres », écritelle. L’enfance passa, puis l’adolescence, tourmentée par des désirs
sans espoirs : être aimée, étudier,
avoir un bébé.
La communication facilitée n’a
pas guéri Katia. A son grand désespoir. Elle n’a pas levé l’angoisse qui
pèse sur tous les autistes. « Que deviendra-t-elle lorsque je ne serai plus
là ? », s’interroge Ulla en ritournelle.
Peu à peu, Katia s’assagit, reprend
confiance en elle et dans les autres.
Est-elle toujours dans la peau du hérisson ? « Oui, les aiguilles sont toujours dressées parce que l’indifférence
est difficile à supporter pour moi. »
Lentement, elle décrypte pour nous
ce monde, « où les couleurs symbolisent les sensations profondes », où
l’eau est lumière, « parce qu’elle limite la peur à ce qui est en dehors
d’elle ».
Elle aime la musique baroque, la
France, Albert Camus, Sartre, Flaubert et Christa Wolf. Ulla est exténuée. Il est temps d’arrêter. Une dernière phrase, sibylline, « je danse le
rock à travers le malheur... ». Et un
sourire qui brusquement découvre
une prunelle claire comme l’eau de
roche. Un instant on a cru pouvoir
établir un contact, comprendre.
C’est déjà fini. Katia a refermé la
boîte sur son mystère.
Véronique Maurus
Photos : Marion Losse
LeMonde Job: WMQ1502--0014-0 WAS LMQ1502-14 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0377 Lcp:700 CMYK
14 / LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
HORIZONS-CONFÉRENCES
Axel Kahn, biologiste
Les enjeux éthiques de la génétique
La quête de l’essence humaine dans les méandres du génome est condamnée à l’échec. Mais le développement des recherches
offre des outils d’une redoutable efficacité pour poursuivre par d’autres moyens les vieux desseins eugéniques
Depuis la nuit des temps, les
hommes considèrent que le destin
est écrit. Avec la génétique, n’a-ton pas reconnu qu’il l’était dans le
langage des gènes ? L’eugénisme,
c’est-à-dire la mise en œuvre de
politiques volontaires d’amélioration des sociétés humaines, a dès
lors été entendu comme l’ensemble
des activités visant à limiter la diffusion des mauvais gènes dans la
population. Les races considérées
antérieurement comme inférieures,
car à un niveau moindre de l’évolution humaine, se sont vues définies
par leur faible qualité génétique.
Chacun se rappelle les horreurs
commises au nom de l’eugénisme
et du racisme, au nom des gènes !
Après guerre, l’effroi des sociétés
démocratiques à la découverte de
l’étendue des dégâts provoqués par
ces idéologies devait largement libérer les sciences biologiques, notamment la génétique, de leur
gangue idéologique.
La théorie de l’évolution permet
de prévoir que les mécanismes
gouvernant tous les organismes vivants sont de même nature,
puisque tous les êtres dérivent
d’une même forme de vie originelle. C’est ce que confirme l’universalité du code génétique, c’està-dire des règles permettant d’expliquer les propriétés biologiques
des cellules vivantes à partir de
l’enchaînement des lettres qui
constituent leur matériel génétique.
A partir de 1973, la réunion des
outils du génie génétique aboutit à
une confirmation supplémentaire
des déductions tirées de la théorie
de l’évolution. Tout gène, appartenant à quelque être vivant que ce
soit, peut fonctionner lorsqu’il est
transféré dans un autre organisme
vivant. Cela signifie qu’il est possible d’asservir génétiquement
n’importe quel être à l’expression
du programme génétique d’un
autre être vivant, simplement par
transfert de gènes. C’est alors l’explosion des progrès de la biologie
durant les vingt-cinq dernières années de notre siècle, qui trouvent
une illustration éloquente dans les
programmes génomes.
Avant deux ou trois ans, on
connaîtra l’enchaînement des quelque 3,4 milliards de lettres constituant notre génome, c’est-à-dire les
molécules d’ADN de nos chromo-
somes qui forment le support moléculaire de nos quelque 80 000 à
140 000 gènes. Les enjeux éthiques
de ces avancées scientifiques découlent à la fois du caractère sensible de la génétique, proie idéale
pour toutes les idéologies de la
stigmatisation, et de l’ampleur des
connaissances et outils nouveaux
engendrés. A l’heure du génie génétique et des programmes génomes, il existe sur le plan biologique une unité profonde du
monde vivant à laquelle n’échappe
pas l’univers de l’Homme, accessible aux mêmes méthodes d’étude
et de modification génétique que
n’importe quel autre organisme,
animal, végétal ou microbien. La
quête de I’essence humaine dans
les méandres du génome est donc
condamnée à l’échec, aboutissant à
la négation de la spécificité de l’humain.
L’œil rivé sur les gènes et le fonctionnement des cellules, le biologiste risque de négliger ce qui est le
plus caractéristique du processus
d’hominisation, c’est-à-dire l’édification, en dehors du mammifère
humain, de ses gènes, du monde
symbolique, culturel et des connaissances, enrichi génération après génération par l’homme. Ce n’est
qu’après imprégnation par cet univers intellectuel qu’il a progressivement créé que le primate Homo sapiens s’humanise. Cependant, bien
entendu, ce sont les propriétés biologiques du cerveau humain, inscrites dans les gènes de l’homme,
qui gouvernent sa sensibilité aux
Le danger est grand que tous
ceux qui sont déjà persuadés que le
destin humain est déterminé par sa
dimension biologique se trouvent
confortés dans leurs préjugés par
une certaine présentation du programme génome humain et par
l’interprétation rapide de nombre
d’études génétiques, en particulier
celles portant sur les comportements. Le destin est écrit, pensaient
les Grecs. Il est inscrit dans des
êtres biologiques soumis aux mécanismes de l’évolution, propose la
lecture sociobiologique du darwi-
AXEL KAHN
D. R.
Dans la série de conférences organisées par la Mission 2000 au titre
de l’Université de tous les savoirs,
le généticien
Axel Kahn,
chercheur à
l’Inserm (Institut national de
la santé et de
la recherche
médicale), a
présenté, le
31 janvier, une communication sur
les enjeux éthiques de la génétique, dont nous publions ici de
larges extraits.
a Né le 5 septembre 1944 au
Petit-Pressigny (Indre-et-Loire), docteur
en médecine, docteur ès sciences, Axel
Kahn est, depuis 1984, directeur du
laboratoire de recherches en physiologie
et pathologie génétiques et moléculaires à
l’Institut national de la santé et de la
recherche médicale (Inserm). Membre du
comité consultatif national d’éthique, il
fait également partie du conseil de
recherche de l’Ecole polytechnique, du
conseil scientifique de l’Office
parlementaire d’évaluation des choix
scientifiques et technologiques, du conseil
d’administration du Mouvement universel
de la responsabilité scientifique. Auteur de
nombreux articles dans des revues
spécialisées, il a notamment publié Société
et révolution biologique : pour une éthique
de la responsabilité (INRA, 1996), La
Médecine du XXIe siècle : des gènes et des
hommes (avec Dominique Rousset,
Bayard, 1996) et Copies conformes, le
clonage en question (avec Fabrice Papillon,
Nil, 1998, Pocket, 1999).
empreintes symboliques, culturelles
et éducatives. En retour, ainsi configurées par acculturation, ce sont les
capacités mentales de l’homme qui
lui permettent de contribuer à l’enrichissement de l’univers culturel et
des connaissances.
nisme. Il peut être lu dans ce grand
livre de l’homme qu’est le génome
humain, se laissent parfois aller à
affirmer des généticiens imprudents ou idéologiquement marqués.
La réalité d’un tel danger est il-
lustrée pratiquement chaque semaine dans les publications scientifiques et le compte rendu qu’en
font les médias généralistes. On apprend en effet qu’ont été localisés,
identifiés, voire manipulés, les
gènes de l’amour maternel, de la
violence, de la curiosité intellectuelle, de la fidélité masculine, de
l’homosexualité... voire de l’intelligence. En fait, les progrès récents
de la génétique et de la neurobiologie moléculaire ne disent rien de
tel. Ce que gouvernent les gènes
humains, c’est la plasticité cérébrale, c’est-à-dire la sensibilité du
cerveau de l’homme aux impressions laissées par le milieu socioculturel, Ils sont ainsi le moyen de
desserrer l’étau des comportements innés auxquels sont si étroitement assujettis les mammifères
non humains. A ce titre, les gènes
humains sont plus le moyen de la
liberté que sa limite.
Il n’empêche qu’il serait également déraisonnable de refuser
toute forme de déterminisme génétique : les gènes, et c’est là leur définition, sont bien des déterminants
de propriétés biologiques. Le fait
que celles-ci dépendent souvent de
l’intervention de plusieurs gènes et
varient en fonction du contexte de
l’environnement n’enlève rien à
cette réalité qui fonde la science
génétique.
En médecine, cela se manifeste
par le fait qu’il est possible de ranger toutes les maladies humaines
sur une échelle. A gauche de celleci se trouvent les affections qui
sont presque totalement déterminées par l’altération d’un gène.
Toute personne ayant hérité d’un
ou de deux gènes altérés de ses parents, suivant le type de transmission génétique, développera la maladie. Tel est le cas de l’hémophilie,
de la mucoviscidose, de la myopathie de Duchenne, de la chorée de
Huntington, etc.
Un peu à droite de cette position
se placent des maladies qui sont
très dépendantes de l’altération
d’un gène, mais dont la « pénétrance », c’est-à-dire ici le risque
associé, n’est pas totale. Ainsi, des
personnes ayant hérité d’une copie
d’un gène muté de susceptibilité au
cancer du sein ou du côlon auront
entre 50 % et 75 % de chances de
développer de telles tumeurs, mais
certaines personnes y échapperont.
Encore plus à droite se situent
nombre d’affections communes
qui sont en partie déterminées par
la constitution génétique, souvent
par plusieurs gènes, mais également en très grande partie par les
habitudes de vie et l’environnement. On peut citer ici la sensibilité
aux infections, à de très nombreux
cancers, aux maladies cardiovasculaires, à l’athérosclérose, à l’hypertension artérielle, aux formes
communes du diabète et de l’obésité et, probablement, à nombre de
maladies psychiatriques.
Enfin, tout à fait à droite de
notre échelle, on range des maladies sans fondement génétique,
d’origine avant tout toxique ou accidentelle.
La grande fréquence des affections possédant des déterminants
génétiques, absolus ou relatifs, est
à l’origine de l’essor de ce qui a été
appelé « médecine prédictive », ou
bien, pour utiliser une désignation
mieux appropriée, médecine de
prévision. Lorsque la possibilité de
prévoir la survenue d’une maladie
permet de l’éviter, ou bien d’en atténuer la gravité, une telle prévision génétique constitue un plein
succès de la médecine. Cependant,
fréquentes sont les situations où
prévoir ne permet pas encore de
prévenir. Lourdes de menaces pour
l’équilibre psychique des personnes, de telles prévisions débouchant sur l’impuissance thérapeutique n’ont guère d’intérêt médical.
Cependant, la possibilité de prévoir le destin biologique des individus a un intérêt considérable pour
nombre de secteurs d’activité : l’assurance privée, qui gagnerait à établir des groupes homogènes de
risques dont les membres seraient
assujettis à des tarifs différentiels,
la sélection des candidats à un emploi salarié, si les tests génétiques
permettaient d’optimaliser l’adéquation entre les employés et le
poste de travail ; le prêt bancaire,
etc.
La généralisation de telles pratiques, dont la logique économique
est indéniable, aboutirait ni plus ni
moins à un bouleversement de nos
sociétés. En effet l’illusion selon laquelle tous les hommes naissent et
demeurent égaux en dignité et en
droit serait abandonnée puisque
les droits réels des personnes ne seraient plus que ceux que leur
laissent leurs gènes.
Le développement des recherches en génétique humaine
offre des outils d’une redoutable
efficacité pour poursuivre par
d’autres moyens les vieux desseins
eugéniques. Au-delà du diagnostic
prénatal de maladies génétiques
gravissimes, la tentation se fait jour
de soumettre plus généralement les
embryons humains à un tri sur la
base de caractéristiques moins pathologiques, voire totalement physiologiques, telles que le sexe. Ce
qui est en cause ici, c’est l’essentielle irréductibilité des caractéristiques de chaque individu à la volonté normative de tiers, fussent les
parents. La prédétermination par
ceux-ci du sexe et de l’aspect d’un
enfant à naître serait naturellement
portée à son maximum par l’utilisation du clonage humain à visée reproductive.
L’eugénisme à l’heure de la génétique, nous l’avons vu, revient à
l’amélioration du potentiel génique
d’un lignage humain. Le moyen en
a été jusqu’alors la sélection. Le
mythe d’un eugénisme positif se
fixant pour but non pas l’élimination des sujets au patrimoine insuffisant, mais l’augmentation du potentiel génique par apport de gènes
« améliorateurs » est ancien et
semble même gagner aujourd’hui
en consistance, sinon scientifique,
au moins idéologique.
Sur le plan scientifique, les qualités proprement humaines, l’aptitude à créer du sens, de la beauté,
de la bonté, sont à l’évidence irréductibles à la manipulation grossière de quelques gènes. Cependant on a pu lire à la fin de l’année
1999, sous la plume de certains des
auteurs et philosophes les plus
éminents du moment, l’énoncé de
scénarios prévoyant une telle modification biotechnologique de
l’homme. A ce degré de diffusion
du mythe, il devient une réalité sociale et une menace idéologique.
S’il est parfaitement illégitime de
faire dire à la génétique que nous
sommes tous prisonniers de nos
gènes, la science ne suffit pas non
plus à fonder l’exigence de liberté.
A ce stade, l’engagement est
d’autre nature. Il est moral.
Axel Kahn
Programme
des conférences
Février. Le 16, Laurence Danlos,
Linguistique et informatique : la
traduction automatique. Le 17,
Oswald Ducrot, Le sens. Le 18,
Jacques Fontanille, Le pouvoir
créateur des signes. Le 19, Dan
Sperber, La communication du sens.
Le 20, Antoine Garapon, Les
fonctions rituelles de la justice. Le 21,
Geneviève Vinay, La responsabilité
et ses transformations. Le 22, Alain
Supiot, La contractualisation de la
société.
Les conférences sont données au
Conservatoire national des arts et
métiers, 292, rue Saint-Martin,
75003 Paris, à 18 h 30 en semaine, à
11 heures les samedis et dimanches.
Philippe Séguin, député (RPR) des Vosges, au « Grand Jury RTL-“Le Monde”-LCI »
« Les élections législatives et présidentielle vont se “cannibaliser” réciproquement »
« Vous avez quitté la présidence du RPR il y presque dix
mois. La stratégie que met en
œuvre Michèle Alliot-Marie
n’est-elle pas celle que vous préconisiez ?
– La stratégie à laquelle j’ai toujours cru, c’est une stratégie de découplage de l’action du président
de la République et de l’action de
l’opposition, et, plus particulièrement, du RPR. Mais un découplage dans la bonne intelligence
réciproque !
» Nous sommes dans une situation exceptionnelle, une cohabitation de longue durée. C’est sans
précédent, de même que va être
sans précédent le calendrier électoral que nous allons avoir à affronter. On n’est pas dans une
période de transition, c’est-à-dire
qu’on ne peut pas agir comme
François Mitterrand agissait entre
1986 et 1988 et 1993 et 1995. Le président de la République est le président de tous les Français ; il a à
prendre acte, pour les cinq ans qui
suivent les élections législatives,
du choix qui a été exprimé par les
Français. C’est dire qu’en matière
internationale, en matière euro-
péenne – et Dieu sait si ce sont des
problèmes importants ! – et dans
un certain nombre d’autres domaines essentiels – l’armée, la justice, etc. –, il doit arriver systématiquement à des compromis avec
le premier ministre, dans l’intérêt
de la France. Le premier ministre
est également obligé d’arriver à
ces compromis.
» Il y a donc, dans 80 % des cas,
obligation de compromis entre le
président de la République et le
premier ministre. Si vous demandez à l’opposition de “coller” systématiquement au président de la
République, qui, lui, est obligé de
faire des compromis du fait de ses
fonctions, vous la conduisez, dans
80 % des cas, à soutenir le premier
ministre !
– Dans le cas de la réforme de
la justice, on a vu Mme Alliot-Marie s’opposer...
– J’ai cru comprendre que le président de la République, à Rennes,
quelques jours après le report du
Congrès, avait souhaité que l’on
remette l’ouvrage sur le métier et
que ce souhait n’était pas une approbation totale de ce qui avait été
fait par le RPR...
– De quel côté est donc le défaut d’“intelligence” ? Du côté
du RPR ou bien de l’Elysée ?
– Il y a qu’à Elysée on n’a pas fait
sienne la stratégie du découplage.
– Compte tenu de la longueur
de la cohabitation, le président
devrait-il se tenir en retrait et
n’intervenir que dans la dernière année ?
– Pas du tout ! Il devrait dire aux
Français, à l’évidence : “Je suis
votre président. Vous m’avez envoyé une majorité dont vous savez
qu’elle n’est pas dans le sens de
mes idées. Cela dit, moi, j’ai en
charge l’intérêt de la France. Je
dois donc travailler avec ce premier ministre. Je dois donc arriver
à des positions qui ne sont pas forcément celles que j’aurais définies
spontanément, mais je laisse, évidemment, à l’opposition le soin de
développer ses arguments, sans lui
imposer quoi que se soit.”
– Ce “découplage” est-il possible, aujourd’hui, vu le calendrier électoral ? Les élections législatives ne seront-elles pas, en
réalité, le premier tour de la présidentielle ?
– J’ai lu, comme vous, que la
présidentielle allait “cannibaliser”
les législatives, mais je crois, aussi,
que les législatives vont cannibaliser la présidentielle. Elles vont se
cannibaliser réciproquement.
» Premier exemple : vous avez
une présidentielle quelques semaines après les législatives. Il va
de soi qu’un certain nombre de
candidats à l’élection présidentielle vont être connus avant le démarrage de la campagne des législatives. Vous imaginez bien que,
dans la mesure où il y aurait, parmi ces candidats, des chefs de parti de l’opposition actuelle, cela va
avoir quelques effets sur la façon
dont vont se négocier les candidatures aux législatives. Si tel parti
de l’opposition a un candidat, il ne
va pas commencer par dire : “Je
me contente de 20 % des candidatures aux législatives”, parce que
ça voudrait dire qu’il n’aurait droit
qu’au cinquième des voix de l’opposition pour la présidentielle.
Donc, il va il y avoir une propension à la multiplication des candidatures au premier tour des législatives et, par conséquent, des
difficultés, selon toute vraisemblance, entre les deux tours.
» Maintenant, “cannibalisation”
dans l’autre sens : la seule chose
dont on ne prend pas conscience,
c’est qu’au moment où commencera la campagne présidentielle
officielle, on connaîtra le résultat
des législatives. Alors, celui qui a
vocation à se retrouver au second
tour de la présidentielle et dont le
camp a perdu aux législatives,
vous l’imaginez dire aux Français,
qui viennent de voter dans ce
sens : “Si vous m’élisez, je dissous.” ? Bien sûr que non. Alors,
qu’est-ce qu’il va devoir faire ? Il
va devoir théoriser les avantages
et les beautés de la cohabitation,
après avoir, selon toute vraisemblance, dit le contraire pendant la
campagne des législatives !
– Si l’on suit bien votre raisonnement, il n’y a qu’une solution
pour Jacques Chirac, c’est de gagner les législatives, et une seule
solution pour l’opposition, c’est
d’être unie derrière lui...
– Je dis, depuis le 6 juillet 1997,
date où j’avais été élu président du
RPR, qu’il faut gagner les législatives !
– Ne souhaitez-vous pas un
changement du calendrier ?
– Je ne vois pas comment on
pourrait changer le calendrier.
Une démission du président de la
république, je ne la sens pas... Une
prorogation de l’Assemblée nationale, cela s’est fait en temps de
guerre... Et puis, il faut que les
deux têtes de l’exécutif soient
d’accord et, forcément, l’une des
deux estimera que ce n’est pas son
intérêt.
– Le futur maire de Paris devra-t-il se consacrer tout entier à
Paris et n’avoir aucune autre
ambition ?
– Les mœurs évoluent ; l’attente
des électeurs change également.
Et, aujourd’hui, face à quelqu’un
dont il aurait le sentiment qu’il
vient faire un bref passage pour
se servir de la ville comme
d’une sorte de marchepied, d’un
tremplin ou tout autre ustensile de
ce type, je ne crois pas que l’électeur aurait une propension à
adhérer au projet qui lui serait
présenté. »
Propos recueillis par
Patrick Jarreau,
Olivier Mazerolle
et Pierre-Luc Séguillon
LeMonde Job: WMQ1502--0015-0 WAS LMQ1502-15 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0378 Lcp:700 CMYK
H O R I Z O N S - A N A LY S E S
0 123
L’impossible réforme de l’audiovisuel
« À FORCE d’effeuiller la marguerite, il ne restera plus de pétales » : ce commentaire acide
d’un PDG de l’audiovisuel est révélateur du scepticisme qui entoure la reprise de la discussion
par les parlementaires du projet
de loi sur l’audiovisuel, qui devrait
être débattu en seconde lecture à
l’Assemblée nationale les 21, 22 et
23 mars.
Au Sénat, la discussion avait débuté par un coup de théâtre : la
décision de retirer La Sept Arte,
partie française de la chaîne culturelle franco-allemande, du groupe
des télévisions publiques, qui est
pourtant une des pièces essentielles de ce texte. Après trois mois
de débats publics, de tentatives de
médiation et de discussions entre
les conseillers ministériels et les
responsables d’Arte, Lionel Jospin
a préféré sacrifier une partie de sa
construction télévisuelle plutôt
que de risquer une polémique
avec nos voisins d’outre-Rhin (Le
Monde du 19 janvier).
Désormais, seule La Cinquième
viendra donc rejoindre France 2 et
France 3 sous la bannière de la
holding France Télévision. Mais il
va falloir dénouer les liens tissés
depuis près de trois ans entre La
Cinquième et La Sept Arte. Un
texte de loi adopté sous le gouvernement Juppé par les sénateurs,
mais que les députés n’avaient pas
eu le temps de voter pour cause
de dissolution de l’Assemblée nationale, avait prévu la fusion entre
les deux chaînes.
Cette reculade du gouvernement est le dernier avatar d’une
loi dont l’élaboration aura duré
deux ans et demi et connu d’importantes modifications. D’abord
universel, son champ d’intervention se limite aujourd’hui à la télévision publique. Il prévoit essentiellement l’allongement à cinq
ans de la durée du mandat des
PDG, la création d’une holding
chapeautant les chaînes de télévision, la pluriannualité budgétaire
et la négociation de contrats d’objectifs. Une sorte de loi a minima
par rapport à un projet ambitieux.
MAUVAIS ŒIL
Comme ses prédécesseurs, ce
gouvernement aura donc échoué
à réaliser une réforme d’envergure
de l’audiovisuel. Comme si ce secteur avait le mauvais œil pour des
responsables politiques – qui ont
par ailleurs renoncé à intervenir
dans la vie des entreprises – qui
s’obstinent à vouloir le réformer.
Mais, à chaque fois, ils pèchent
par impréparation, incapables de
mettre leur connaissance du secteur et la vision qu’ils en ont en
McCain, le héros
qu’attendait
l’Amérique
Suite de la première page
Ce fut un autre héros, Bob Dole,
grand blessé de la seconde guerre
mondiale, qui porta le flambeau républicain en 1996, mais un héros
sans lustre, trop intégré à l’establishment politique, que Bill Clinton n’eut guère de mal à écraser.
John McCain a, lui, à la fois la
flamme et le lustre. Son titre de héros, il l’a décroché au Hanoï Hilton,
le camp de prisonniers de guerre
où il a échoué en 1967 lorsque son
avion de combat a été descendu
par un missile nord-vietnamien.
Grièvement blessé, il a passé cinq
ans et demi dans ce camp, dont
deux dans un isolement total ; il y a
subi les pires tortures et a refusé
une offre de libération prématurée
lorsque ses geôliers, réalisant qu’il
était le fils d’un amiral, ont espéré
en faire une opération de propa-
RECTIFICATIF
DISCRIMINATION
Contrairement à ce que nous
avons indiqué dans un article
consacré à la condamnation de
Claire Lejeune, propriétaire d’un
logement à Compiègne, à trois
mois de prison avec sursis pour
discrimination raciale et violation
de domicile (Le Monde du 4 février), la Licra ne s’était pas portée
partie civile aux côtés de SOS-Racisme et du MRAP. Il s’agissait en
réalité de la Ligue des droits de
l’homme. Mme Lejeune a été
condamnée à verser 20 000 francs
à ces trois associations.
conformité avec son évolution
réelle. Car les bouleversements
économiques et technologiques
font moins que jamais bon ménage avec la lenteur de la décision
démocratique. En outre, ministres
et parlementaires semblent désarmés face aux lobbies de ce secteur.
Les responsables politiques sont
si peu sûrs d’eux dans ce domaine
qu’ils sont prêts, à quelques années de distance, à revenir sur une
décision aussi fondamentale que
celle du mode de désignation des
PDG de l’audiovisuel. Le Sénat
vient, en effet, de voter un amendement qui prévoit que le gouvernement reprenne la main dans ces
nominations, qui lui avaient été
enlevées en 1982 pour symboliser
la rupture entre le pouvoir exécutif et la télévision.
De ce point de vue, la télévision
française est beaucoup moins
bien lotie que ses homologues européennes.
En effet, les budgets mirobolants des télévisions britannique
et allemande et un sens plus chauvin de la programmation leur permettent de financer une industrie
de la production qui, en France,
en dépit du système des quotas,
est presque exsangue. Les Britanniques, qui disposent d’un budget
de 25 milliards de francs, diffusent
90 % de fiction nationale en
« prime time », les Allemands
70 % pour un budget de 40 milliards, les Français 47 % seulement
pour un budget de 18 milliards.
Face à ces évolutions du paysage audiovisuel, certains imaginent, à terme, des bouleversements plus importants. Outre
l’hypothèse de la privatisation de
France 2 , évoquée à la moindre
turbulence publicitaire, certains
pensent que, une fois l’élection
présidentielle passée, l’audiovisuel public subira le même sort
que d’autres entreprises du secteur public, c’est-à-dire une privatisation totale ou partielle, comme
cela a été le cas pour Air France et
France Télécom, par exemple.
Est-ce à cela que pensait Marc
Tessier, PDG de France Télévision,
lorsqu’il évoquait, en octobre,
dans Libération, « la constitution
d’entités nouvelles, dotées d’un statut spécial, à mi-distance entre la
fondation d’intérêt public et l’entreprise à finalité de profit » ? Mais
une telle évolution supposerait...
le vote d’une nouvelle loi.
Françoise Chirot
MANQUE DE PERSPICACITÉ
Depuis quelques années, intervenir sur ce secteur en pleine mutation suppose aussi une grande
clairvoyance sur l’évolution des
marchés mondiaux, des technologies et des stratégies des groupes
internationaux. Or si les Français
raffolent d’innovations technologiques, ils manquent quelquefois
de perspicacité lorsqu’il s’agit d’en
mesurer les implications, notamment économiques. Ainsi d’étude
en rapport, le gouvernement actuel tarde à préciser sa stratégie
sur la mise en place du numérique
terrestre, son financement et le
mode de distribution des multiplexes, au point que le Sénat n’a
pas pu en discuter. Les députés
devraient en avoir la primeur.
Du moins Catherine Trautmann, ministre de la communication a-t-elle fini par renoncer à
imposer des structures juridiques
aux entreprises privées de ce secteur. Les récents accords entre
AOL et Time Warner aux Etats
Unis ou – plus modestement –
entre Canal+ et le groupe Lagardère en France montrent à quel
point ces groupes sont surtout
soucieux d’alliances sur les marchés mondiaux dont Internet est
venu bouleverser les anciens équilibres.
Les chaînes publiques ne
peuvent pas rester en dehors de
ces bouleversements. Confronté à
une forte concurrence sur les programmes et les créations de
chaînes thématiques, à une explosion du coût des droits sportifs et
cinématographiques
qui
s’ajoutent à un statut des personnels très contraignant, le service
public a de plus en plus besoin
d’argent pour conserver sa place
et contribuer à l’activité du secteur de la production.
gande. Aujourd’hui, pas un article
sur John McCain n’omet de mentionner que les séquelles de ces
mauvais traitements l’empêchent
de lever les bras pour se coiffer.
Son expérience de prisonnier, qu’il
relate en détails dans son autobiographie mais dont il ne parle
qu’avec modestie et humour,
exerce une véritable fascination sur
le public américain.
Pourquoi réussit-il là où Bob
Dole a échoué ? Pour le politologue conservateur Norman Ornstein, c’est en partie une question
de génération : « La seconde guerre
mondiale est plus lointaine, et Bob
Dole a toujours été mal à l’aise pour
parler de son expérience de la
guerre ; tandis que McCain n’a aucun mal à en parler, sans pour autant avoir l’air d’en faire une exploitation cynique. C’est simplement une
période déterminante de sa vie. »
Un héros à visage humain, en
somme, qui admet avec candeur
toutes les erreurs commises dans
sa vie, depuis ses beuveries et ses
notes médiocres à l’Académie navale jusqu’à ses infidélités à sa première femme.
Et puis, il y a un autre facteur : le
complexe de culpabilité de toute
une génération d’Américains
contemporains du fiasco de la
guerre du Vietnam − et notamment
parmi les journalistes, qui contribuent largement au phénomène de
fascination. « Il y a dix ans, poursuit
Norman Ornstein, il n’y aurait
peut-être pas eu ce sentiment de
culpabilité. Mais nous sommes passés du stade de l’indifférence, voire
de l’hostilité à l’égard de ceux qui se
sont battus au Vietnam, à celui de
l’admiration. Lorsque vous lisez le
récit de McCain, si vous êtes un
homme de la génération du Vietnam, vous ne pouvez pas vous empêcher de vous demander : est-ce que
j’aurais pu faire ça, moi ? Et pour la
plupart d’entre nous, la réponse est
non, bien sûr. »
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000 / 15
Les gens par Kerleroux
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ÉDITORIAL
Danger au Kosovo
C
E qui s’est passé dimanche 13 février au
Kosovo illustre tous
les dangers du statu
quo actuel. Depuis juin 1999, la
province est sous mandat international. Une force militaire, la
KFOR, y assure un minimum de
sécurité. Une administration civile, la Minuk, que dirige Bernard
Kouchner, tente de restaurer un
minimum de normalité économique, sociale et administrative.
L’une et l’autre tirent leur légitimité d’une résolution du Conseil de
sécurité de l’ONU, la 1244. Celle-ci
n’a pu être votée que parce qu’elle
est muette sur un point essentiel :
le statut du Kosovo. La résolution
ne dit rien sur l’avenir politique de
cette province méridionale de la
Serbie. Officiellement, elle est toujours sous la souveraineté serbe.
Dans les faits, Belgrade a perdu
presque tout contrôle sur le Kosovo. Sans ce flou juridico-politique,
Russes et Chinois, opposés à l’intervention occidentale au Kosovo,
auraient empêché le vote de la résolution.
Majoritaires à 90 %, les Albanais
qui peuplent le Kosovo veulent
leur indépendance. Bien contents
tout de même d’avoir la KFOR et
la Minuk, ils subissent en fait la
1244 : les uns, les plus radicaux,
sont prêts à toutes les provocations pour forcer l’allure d’une
marche irrémédiable vers l’indépendance ; les autres jouent le jeu
avec plus ou moins de patience
dans l’attente d’échéances électorales, normalement cet automne.
A côté, les Serbes restés au Kosovo
– moins de 100 000 personnes –
sont principalement regroupés
dans une ville du nord de la province, Mitrovica. Ils occupent le
nord de cette localité, d’où ils ont
chassé la plupart des habitants albanais ; ils sont aussi majoritaires
dans la zone allant de ces quartiers à la frontière serbe.
Vraisemblablement à l’instigation de Belgrade, les Serbes de Mitrovica martyrisent les rares Albanais encore installés au nord de la
ville ; et les Albanais qui sont dans
les quartiers sud, victimes de
l’épuration ethnique, veulent regagner leurs maisons au nord.
C’est une source de tensions quotidiennes. Pour son malheur, le
contingent français de la KFOR est
en charge de cette zone ; à tort ou
à raison, il est accusé d’être
complaisant avec les Serbes. Dimanche, la KFOR a été la cible de
tireurs embusqués des deux
camps : deux soldats français ont
été blessés.
Mitrovica reflète les ambiguïtés
de la résolution 1244. Si la KFOR
n’intervient pas pour rendre leurs
droits aux Albanais expulsés du
nord de la ville, elle donne raison à
ceux qui l’accusent d’entériner
une partition de fait du Kosovo ; si
elle intervient, elle risque de faire
fuir les derniers habitants serbes
de la province. Mais entretenir le
doute sur l’avenir du Kosovo, ne
pas dire que ses habitants devront
bientôt pouvoir s’autodéterminer,
ne pas fixer un débouché politique
et statutaire issu des urnes, c’est
inciter les Serbes de Mitrovica – et
Milosevic à Belgrade – à jouer de
cet abcès de fixation pour multiplier les situations de conflit entre
la KFOR et la population albanaise. C’est, à plus ou moins long
terme, placer la KFOR et la Minuk
en position d’administration coloniale face à la majorité. Position
intenable d’où l’on ne sortira
qu’avec une déclaration politique
claire sur l’avenir du Kosovo
0123 est édité par la SA LE MONDE
Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani
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Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ;
partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre
Sénateur de l’Arizona et membre
du Congrès depuis dix-sept ans,
John McCain, à soixante-trois ans,
permet enfin à l’Amérique de se réconcilier avec cet épisode peu glorieux de son histoire, qu’il assume
sans aucune gêne : il a, au Congrès,
mené le mouvement pour la normalisation des relations avec le
Vietnam, compte parmi ses meilleurs amis le sénateur démocrate
John Kerry qui, revenu plus tôt que
lui du combat, prit aussitôt la tête
de la fronde pacifiste à Washington, et affirme même avoir pardonné à Jane Fonda qui allait apporter son soutien à la cause
nord-vietnamienne à Hanoï quand
lui y croupissait en prison.
UN DISCOURS DE RÉBELLION
Fort de cette légitimité, John
McCain investit son capital de
sympathie dans d’autres causes. Il
veut, explique-t-il dans ses meetings électoraux pleins à craquer,
être le candidat – puis le président
– « qui dit la vérité, même lorsqu’elle
déplaît ». Il veut « redonner aux
Américains l’envie de servir l’Etat ».
Il veut convaincre les jeunes, étonnamment nombreux à ses réunions, « de s’engager dans des
causes plus grandes que leur intérêt
personnel », évoque John F. Kennedy « dont nous pleurons la disparition encore aujourd’hui », Ronald
Reagan et Theodore Roosevelt. Et
surtout, il promet une lutte sans
merci contre la corruption du système politique, l’emprise des
groupes d’intérêt sur le processus
démocratique et les obstacles à la
réforme du financement des partis
politiques, qu’il a essayé de faire
adopter en vain par le Sénat.
Dans un pays en plein boom
économique où aucun problème
de société majeur ne se détache
comme thème dominant de la
campagne électorale, ce discours et
la personnalité de celui qui le tient
font mouche. C’est un discours de
rébellion – « d’insurrection », « de
mutinerie », titrent les médias, ravis
de se trouver un héros positif après
des années de chasse au scandale −
qui revigore un électorat dégoûté,
selon toutes les études d’opinion,
par l’évolution de la vie politique.
Homme du système, John McCain
se définit comme « républicain,
conservateur et fier de l’être », mais
n’hésite pas à affronter de plein
fouet l’establishment de son parti,
très hostile aux projets de réforme
de financement des campagnes et
qui a adoubé un autre candidat,
George W. Bush. Il n’hésite pas non
plus à contester l’orthodoxie républicaine des réductions d’impôts
bénéficiant essentiellement aux revenus les plus élevés, comme il n’a
pas hésité l’an dernier à prôner
l’envoi de troupes au sol au Kosovo.
A de multiples égards, par son
passé de héros et son message
d’intégrité, John McCain se présente comme l’anti-Clinton. Mais
c’est en même temps un héritier du
clintonisme, qui surfe sur la vague
de la nouvelle économie, de l’Internet et des excédents budgétaires,
qui a compris que les bataillons des
jeunes travailleurs de la high-tech
constituaient un précieux réservoir
de voix indépendantes et que l’accroissement des inégalités en ces
temps de prospérité inquiète profondément. L’investiture républicaine est encore loin : avec le succès va venir le passage au crible de
son bilan législatif, de ses prises de
position sur l’avortement, les
armes à feu, les homosexuels, de
ses relations avec les groupes d’intérêt qu’il dénonce si vigoureusement. Peut-être la machine Bush
emportera-t-elle l’investiture. Peutêtre la machine Gore remporterat-elle l’élection. Mais l’Amérique et
John McCain, son héros, auront
vécu un grand moment ensemble.
Sylvie Kauffmann
Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président
Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982),
André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)
Le Monde est édité par la SA Le Monde
Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994.
Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde,
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Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations.
IL Y A 50 ANS, DANS 0 123
Kalioujny ou le démon de la danse
APRÈS un mois de repos forcé
pour cause de blessure à un genou, Alexandre Kalioujny, premier
danseur étoile de l’Opéra de Paris,
effectuera sa rentrée sur scène demain soir dans Le Prince Igor.
Personne comme Kalioujny n’a
incarné dans les danses polovtsiennes, avec autant de fougue et
de mâle ardeur, le chef des guerriers qui fait tournoyer le yatagan
et fustige les esclaves. Le côté
âpre, barbare, tourbillonnant du
personnage, qui s’allie à la musique bariolée de Moussorgski et
anime à lui tout seul le ballet de
Fokine, convient à merveille au
tempérament du jeune danseur.
Il faut le voir bondir, pirouetter,
enchaîner les tours et les cabrioles, dominer l’espace et la giration pour apprécier les exceptionnelles ressources de son
corps. On savait déjà de quelles
prouesses techniques Kalioujny
0123
était capable. On n’a pas oublié
les mille difficultés de ses variations du Chevalier et la Damoiselle,
de la variation de Divertissement,
au cours duquel il exécute sans
tricher des pas de bourrée-jeté,
que de grands danseurs de notre
connaissance s’empresseraient
d’escamoter.
Pourtant cet athlète aux ressorts d’acier sait à l’occasion se
montrer parfaitement lyrique
dans l’adage du Lac des cygnes, et
nous l’avons vu très romantique,
en 1947, à l’Opéra-Comique dans
Roméo et Juliette et Casse-Noisette
de Tchaïkovski. obsédé par le démon de la danse, se surpassant
lui-même et jetant son feu tant
qu’il est en scène, Sacha Kalioujny
à la ville paraît étrangement détendu.
Olivier Merlin
(15 février 1950.)
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16 / LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
H O R I Z O N S - D É B AT S
Sartre-Aragon, deux combats dans le siècle
par Daniel Bougnoux
E
ST-IL permis, en marge
du tapage fait sur le
nom de Sartre, de murmurer que les combats
d’Aragon mériteraient eux aussi
l’attention ? Sa haute silhouette
aura traversé le siècle en lui léguant
quatre-vingts volumes de proses
romanesques, de vers et d’interventions politiques et critiques
passionnées ; croit-on s’en débarrasser en citant trois ou quatre
phrases, toujours les mêmes, assorties d’un sourire apitoyé ?
« Haussez vos superbes épaules... »
Avec son arrogance et ses chapeaux, ses vers sentimentaux et sa
trop grande habileté dans l’esquive, Aragon offrait une cible immanquable aux courriéristes qui
s’en donnèrent à cœur joie, sans
s’aviser que l’intelligence du poète
et du romancier dépassait d’assez
haut celle de ses détracteurs.
Il est vrai que l’œuvre et le personnage d’Aragon peuvent susciter
autant d’amour que de haine, et
qu’ils remuent vivement les passions. Quelque chose en lui retient
de l’admirer sans réserve, il montre
parmi tant de forces éclatantes une
faiblesse intime, une part d’ombre
étalée jusque sous le cône de lumière. Mais l’éreintage rituel
d’Aragon, à droite comme à
gauche (surtout à gauche), n’empêcha pas ses vers devenus chansons ni les grands romans du
Monde réel de toucher « la foule
malheureuse », pour citer l’envoi
de Blanche ou l’oubli. Quelles sont
aujourd’hui, après la retombée des
querelles et l’écroulement du
communisme comme messianisme
et moteur de l’histoire, les raisons
de scruter cette œuvre ?
La plus évidente tient à l’abondance des écrits d’Aragon, et à leur
variété. Pour trouver un auteur qui
excelle au même point à tresser la
prose et les vers, il faut dans notre
langue remonter à Victor Hugo.
Aragon fit à la fois mieux que ce
considérable modèle, si l’on mesure une écriture à sa sophistica-
tion et à sa finesse critique, et
moins, bien sûr, le plan du message
moral et politique. Question
d’époque : le siècle d’Aragon fut
plus impitoyable aux porteurs
d’idéaux, et autrement convulsif
que le XIXe ; lui-même fit deux
guerres, sans compter la guerre
froide, mais cette expérience des
combats qui donne à son écriture
sa profondeur compassionnelle
paraît anachronique à notre fin de
siècle dominée par l’individualisme
et le bavardage moral.
Surtout, Aragon demeure suspect de s’être battu dans le mauvais camp, et beaucoup (qui pardonnent à Céline) continuent de lui
reprocher ses compromissions.
Cruellement naufragée par l’Histoire, l’espérance communiste a-telle envoyé Aragon par le fond ? Il
se trouvait plus exposé que
d’autres à la dénonciation d’un stalinisme dont il fut, comme la plu-
forces Aragon désira excéder la littérature pour agir sur l’Histoire,
mais il savait ne pouvoir le faire
hors d’un appareil, ni par sa seule
écriture.
Au contraire de Sartre ou d’intellectuels « engagés », mais qui pouvaient à tout moment reprendre
leur signature au nom des droits
imprescriptibles de l’individu, lui se
voulut militant, solidaire d’un parti
et d’un nous organique. A partir de
son adhésion au PC en 1927, une
des convictions les plus ancrées
d’Aragon fut que l’individu n’est
qu’une poussière dans l’œil de
l’Histoire ; et s’il consacra une
grande part de son activité ultérieure, comme journaliste et militant, à organiser les luttes antifascistes et à infléchir la politique (pas
seulement culturelle) de son parti,
le leitmotiv de la critique de l’individualisme inspire également très
directement sa conception de la lit-
Aragon demeure suspect de s’être battu
dans le mauvais camp, et beaucoup
(qui pardonnent à Céline) continuent
de lui reprocher ses compromissions
part de ses camarades, solidaire au
cœur des combats, et son cas
semble aggravé par ses fréquents
séjours en URSS avant et après la
guerre ; Elsa et sa sœur Lili Brik, qui
connaissaient la situation réelle de
la patrie du communisme, n’auraient-elles pu lui ouvrir les yeux ?
On pardonne mal à Aragon d’avoir
voulu, plus longtemps que d’autres
et au-delà du raisonnable, « désespérément croire ».
Cette obstination qui le mena
plusieurs fois à nier ou à falsifier
l’évidence, comme fit également
Sartre, est l’envers de son désir
passionné de servir, ou de ce que
lui-même appelait son sens des
responsabilités : de toutes ses
térature, et sa philosophie de
l’amour.
A cet égard, l’opposition avec la
philosophie du sujet libre défendue par Sartre semble diamétrale :
à partir des années 30, Aragon s’inculqua à lui-même la morale et la
discipline du militant, c’est-à-dire
du soldat. Et il est frappant de
suivre dans son œuvre l’intelligence de la chose militaire, qui
n’est pas si fréquente dans nos
lettres : aurait-il écrit Les Communistes, La Semaine sainte ou Le Fou
d’Elsa (qui décrit l’agonie de Grenade en 1492) s’il n’avait lui-même
vécu, en 1940 bien sûr puis au long
de la guerre froide, le service inutile du soldat qu’on promène,
qu’on trahit ? « Leur vie/ Elle ressemble à ces soldats sans armes/
Qu’on avait habillés pour un autre
destin. »
L’œuvre du philosophe est bâtie
sur le jeu dialectique des idées, et
celle du romancier-poète sur la palette des sentiments. Cette différence recouvre elle-même une profonde dénivellation dans notre
culture et son enseignement : le
prestige de la joute philosophique
fait de Sartre le chef de file des intellectuels, alors qu’on refuse à
Aragon ce titre. Une pensée durement binaire (L’Etre et le néant,
Le Diable et le bon Dieu...) séduit les
journalistes autant que les professeurs, elle se frappe en formules et
en petites phrases propices à alimenter le débat ; la rutilante mécanique de la démonstration subjugue le lecteur. Mais si les
raisonnements du philosophe en
imposent, sa prose nous transporte
rarement. L’esprit chez Sartre
plane à bonne distance des corps,
et ne s’incarne pas (dans La Nausée, l’incarnation est une chute, le
corps une répulsion).
A la recherche d’une solidarité
plus organique, Aragon s’efforce
en poète vers une oralité du chant
qui traverse et transit. De même,
ses grands romans ne procèdent
aucunement du débat d’idées, ils
descendent jusqu’aux mondes
charnels d’individus qui se limitent
les uns les autres, empêtrés dans
leurs mouvements et dans leurs
rêves, toujours inachevés. Cette
écriture ne fait pas débat, et s’avère
faiblement conductrice d’idéologie ; elle ne produit pas de thèses
mais des personnages et des affects, elle explore avec une sensibilité animale la chair frémissante du
monde, et nous invite à refaire l’expérience jamais refermée des passions.
Deux grandes passions auront
marqué la vie et l’œuvre d’Aragon :
l’amour et le communisme, qui
nomment toutes deux le plus
grand espoir, et le pire risque d’ef-
fondrement. Le drame de sa naissance le poussait à chercher l’ancrage affectif d’une famille, mais
lui-même était peu fait pour les
simplifications partisanes et son
style le singularisait absolument.
Il s’efforça donc de vivre double,
ou sur plusieurs plans, et cette vie
excessive ne réussit pas trop mal à
l’amoureux, au militant et au poète
lyrique ; il dépensa sa pensée avec
la générosité vraie du génie et il vécut en possédé traversé par son
chant, transi par les autres ou par
Son opposition
avec la philosophie
du sujet libre
défendue par Sartre
est diamétrale
ces terribles circonstances hors
desquelles il ne concevait pas
d’écrire ni d’agir. Au point que son
nom semble moins d’un individu
que celui d’une foule de personnages contradictoires. Mais cette
force protéiforme nous toucherait
moins si elle ne se mêlait à une
étrange faiblesse. Aragon hurle la
souffrance de ses liens (amoureux,
politiques), et cette plainte le féminise ; de même les héros de ses romans, Armand Barbentane, Pierre
Mercadier, Aurélien Leurtillois ou
Anthoine Célèbre, ne sont guère
positifs, ni très virils.
Celui qui clame à ce point son
amour prend le risque de publier
son intime vulnérabilité et tend à
ses adversaires des armes ; on
n’imagine pas Sartre commettant
une pareille imprudence – ni s’aliénant dans une telle dépendance. En
exaltant par ailleurs jusqu’au
mythe la cause de l’URSS, il s’exposait à recevoir des pierres. L’autoaveuglement et le désir de mythologie, chez un esprit aussi aigu
qu’Aragon, nous rappellent le prix
à payer pour unir et organiser.
Comment les innombrables militants anonymes ont-ils vécu ces
déchirements ? Celui qui s’était enfoncé plus que d’autres dans la
fournaise passionnelle du communisme, jusqu’en des parages que les
écrivains ne fréquentent guère, eut
en 1971 ce mot : « Je suis cette chose
horrible, un témoin. »
Il est tentant d’opposer Aragon à
Aragon, et lui-même ne s’en est pas
privé, dans La Mise à mort (1965),
où les déchirements de l’amoureux
et du poète-soldat deviennent une
schizophrénie qui fend en deux le
siècle autant que l’individu : « Tout
un siècle ne peut plus comparer son
âme à ce qu’il voit. Et nous nous
comptons par millions qui sommes
les enfants égarés de l’immense divorce. » Mais ce titre désigne aussi
« le roman du réalisme ».
Aux prises avec l’appel d’un infini dont la promesse ne pouvait être
tenue, et qui faillit le mener à la
mort (en septembre 1928 à Venise),
le surréaliste bifurqua vers le
communisme et le cycle des gros
romans du Monde réel, conçus
comme des machines à explorer les
autres vies. L’auteur n’y prêche
nulle part le bien ni la doctrine ; un
souterrain creuse la page, un
abîme sépare chacun de sa vie, la
métaphore mine le style pour arracher quelques miettes au réel,
c’est-à-dire à l’intraitable Chose.
« Ce que nous cherchons est tout... »,
répétera Aragon dans Blanche ou
l’oubli (1967). On peut aimer en lui
le chercheur acharné, celui qui ne
cessa, au long de son orageuse
existence, de remettre son art en
chantier et pour cela de perdre, de
se perdre vraiment, selon le mot
d’Apollinaire, « pour laisser place à
la trouvaille ».
Daniel Bougnoux est professeur de sciences de la communication à l’université Stendhal de
Grenoble.
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H O R I Z O N S - D É B AT S
L’Autriche névrosée par ses mensonges
par Nicole Bacharan
T
out va très bien en Autriche »... Wolfgang
Schüssel, nouveau
chancelier et partenaire de l’extrême droite, demande à ses ambassadeurs de colporter la bonne nouvelle. Que les
Européens inquiets suivent cette
méthode qui a fait ses preuves :
fermez les yeux, on se sent mieux.
Et que cesse le mauvais procès fait
aux Autrichiens, victimes une fois
de plus de l’ostracisme de leurs
voisins.
Pour les peuples comme pour
les individus, il y a beaucoup à gagner à se poser en victime. Une
victime évite toute remise en
cause douloureuse : elle n’a rien à
se reprocher, « on » lui en veut injustement. Une victime accuse son
adversaire de mauvaise foi ou
d’ignorance. A lui de se disculper.
L’Autriche est passée maître
dans cette stratégie. Pourquoi tant
de commentateurs s’attardent-ils
à établir des nuances entre néonazisme, populisme, démagogie et
extrême droite ? Faudrait-il une
définition exacte pour justifer le
« non » à Haider ? Si la question
se pose, c’est que la stratégie a déjà porté ses fruits. Face à la très
vaste majorité qui, en Autriche,
approuve l’entrée du FPÖ au gouvernement, nous affûtons nos arguments, nous voulons prouver,
démontrer. Une minorité de citoyens, d’artistes et d’intellectuels
autrichiens s’attellent à la même
tâche. Entreprise honorable, indispensable. Mais immensément
naïve.
Car la fausse victime n’a que
faire des vérités et des leçons de
l’Histoire. Son intérêt est de ne
pas voir, de ne pas comprendre.
Comme dans toute névrose grave,
la confrontation avec la réalité lui
est insupportable. C’est donc la
réalité qui a tort.
D’ailleurs, il ne s’est rien passé
depuis 1914. Aujourd’hui, autour
des tables en bois, des jeunes filles
en Dirndl et des garçons en loden
servent des apfelstrudel et du chocolat à la crème, parlent de Mo-
zart, de Sissi et du beau Danube
bleu. Ces aimables jeunes gens
surfent aussi sur Internet ou travaillent dans les technologies de
pointe, sautant allègrement du
XIXe au XXIe siècle, sans passer par
la déplaisante case du XXe...
C’est une Autriche en trompel’œil qui se montre aux touristes,
une Autriche qui s’est réinventée,
innocente et... victime. Victime
des alliés en 1918, du nazisme en
1938, de la malveillance internationale en 1986 lors de l’élection de
Kurt Waldheim, de l’animosité européenne en l’an 2000. La réalité ?
Au début du XXe siècle, le bel empire se décomposait de l’intérieur,
et les Viennois valsaient encore
sur un navire vermoulu. L’Autriche était déjà un théâtre
d’ombres, une scène fantôme où
le masque et le faux-semblant tenaient lieu de vérité. Rien d’étonnant à ce que Freud y ait inventé la
psychanalyse...
Et il nous faudrait
croire
que l’antisémitisme
des années noires
a surgi de nulle part
et a disparu en 1945
sans laisser de trace ?
En 1918, l’empire est devenu cet
Etat-moignon, à la capitale hypertrophiée, dont les routes ne menaient plus nulle part. La petite
République instable et dévorée
d’amertume se jettera avec enthousiasme – oui, enthousiasme –
dans les bras d’Hitler, l’enfant du
pays. Quelle force de refoulement
faut-il aux Autrichiens d’aujourd’hui pour oublier qu’un million de Viennois agrippés jusqu’aux plus hautes branches des
arbres saluèrent l’entrée du Führer
dans leur ville ? Que l’Anschluss
fut approuvé presque à l’unanimité (en Allemagne, juste avant l’accession d’Hitler au pouvoir, quand
les SA faisaient déjà régner la terreur, le parti nazi n’avait obtenu
« que » 44 % des voix) ? Et qu’un
nombre considérable de jeunes
Autrichiens se portèrent volontaires dans la SS (jusqu’à 40 % parmi les gardiens des camps) ?
En la déclarant « première victime du nazisme » en 1943, les Alliés aidèrent l’Autriche à s’arrimer
à son mensonge salvateur. Quand
en 1955, les troupes soviétiques se
retirèrent au-delà du Danube,
chaque famille ferma à double
tour le placard aux squelettes. La
légende de l’innocence se transmettra de génération et génération.
« Il n’y a pas d’antisémitisme
chez nous », entend-on à l’envi. La
fable convainc encore plus d’un
visiteur, pourtant averti. Pas d’antisémitisme, parce qu’en 1867,
François-Joseph avait accordé aux
Juifs le plein statut de citoyen ?
Pas d’antisémitisme parce que la
Vienne que nous aimions, celle de
Freud, Klimt, Kokoschka, Mahler,
Schönberg, Schnitzler, Roth, Musil
et Zweig (qui s’est suicidé en
1942, désespéré de voir son monde
anéanti) était essentiellement
juive ? Et il nous faudrait croire
que l’antisémitisme exterminateur
des années noires a surgi de nulle
part et a disparu en 1945 sans laisser de trace, alors qu’aucun travail
de mémoire n’a été entrepris ?
« Tout cela, c’est du passé, disent
les Autrichiens avec lassitude.
N’avons-nous pas longtemps confié
notre destin à un chancelier juif ? »
Certes, mais pas n’importe lequel :
Bruno Kreisky menait une politique pro-arabe et fut le premier à
recevoir un Yasser Arafat qui prônait alors la disparition d’Israël. En
Autriche, chacun a toujours un
« ami » juif à revendiquer...
En 1986, dans les bonnes familles autrichiennes, on attendait
que les portes soient closes pour
dénoncer entre soi le « complot »
mené par le Congrès juif mondial,
qui enquêtait sur le passé de Kurt
Waldheim. Et on s’identifiait bien
à cet ancien officier nazi qui avait
« oublié » son long séjour à Salonique en 1943 et 1944 et n’avait
rien vu, rien su, des crimes perpétrés à sa porte.
Dans le vote pour Haider, originaire de Carinthie, petite province
isolée depuis des siècles derrière
ses montagnes, l’usure du pouvoir
central, la crainte de la mondialisation ont joué leur rôle. Mais
pour qui parle autrichien, et plus
encore carinthien (c’est mon cas),
dialecte local si particulier qu’il est
hermétique aux Allemands, le
double langage de Jörg Haider apparaît clairement : « Avec moi, vos
affirmez que vous n’êtes coupable
de rien, que vous n’avez pas honte
du passé, dit-il en substance, et à
demi-mot, à ses compatriotes.
Oui, c’est un vote néonazi, mais ne
vous inquiétez pas, nous ne le dirons
pas, je vous fournirai suffisamment
de faux-semblants... »
Certes, il est peu probable que
Vienne soit parcouru par des
foules fanatiques clamant « Heil
Haider ! ». Le démagogue est désormais sous surveillance. Le vrai
danger, ce sont ceux – ils sont légion – qui prétendent lui « donner
une chance » ou le « diluer dans la
démocratie », ceux qui reprennent
les discours lénifiants et privent
les mots de leur sens.
Face à la névrose autrichienne,
les mots sont vains. Seules peutêtre des pressions économiques,
coûteuses en emplois et en bénéfices, pourraient amener les syndicats et le patronat à lâcher la honteuse coalition. Les Autrichiens
soulèveront-ils un jour le couvercle d’hypocrisie qui les recouvre depuis tant de décennies ?
Il est à craindre que, pour une telle
psychanalyse collective, il faille attendre encore longtemps.
Nicole Bacharan, historienne, politologue, enseigne à l’Institut d’études politiques de Paris.
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000 / 17
AU COURRIER DU « MONDE »
L’ANTISÉMITISME
EN ROUMANIE
Dans son article « Contre les purificateurs de l’histoire en Hongrie
et en Roumanie » paru dans la rubrique Kiosque (Le Monde du
15 janvier), Edgar Reichmann rend
compte d’un article de George
Voicu, publié par Les Temps modernes, selon lequel je serais « sans
doute le vrai leader idéologique »
du groupe d’intellectuels antisémites roumains s’opposant aux
« intellectuels démocrates » dont il
dresse une lite, y ajoutant d’ailleurs deux noms qui ne figurent
pas dans l’article de George Voicu.
La preuve de mon antisémitisme ?
Elle résiderait dans la manière
dont j’ai réagi au Journal de Mihail
Sebastian « paru aux éditions Stock
en 1998 » et qui aurait « mis le feu
aux poudres en révélant la conversion d’une partie de l’intelligentsia
roumaine d’entre les deux guerres
aux thèses antisémites et xénophobes de la Garde de fer ».
Or ce Journal, en langue roumaine, a été publié en 1996 par les
éditions Humanitas que je dirige.
Edgar Reichmann en a alors rendu
compte dans les colonnes du
Monde. Humanitas a également
publié des ouvrages de Leon Volovici et d’Andrei Cornea et s’honore
d’avoir comme directeur de collection Paul Cornea (Leon Volovici,
Paul Cornea et Andrei Cornea sont
cités par votre collaborateur dans
la liste des « démocrates »). Le
Journal de Mihail Sebastian, paru
donc en 1996, a connu un net succès et n’a pas été suivi d’une quelconque polémique d’envergure
dans les cercles intellectuels.
Ma réaction personnelle à la parution de ce livre que j’avais choisi
de publier, je l’ai exprimée lors
d’une conférence intitulée « Sebastian, mon frère », que j’ai tenue
devant la communauté juive de
Bucarest, et à sa demande. Découvrant les persécutions antisémites
décrites dans son Journal, j’exprimais ma compassion et prenais
part à sa douleur et à sa révolte,
d’autant plus que ces persécutions
n’étaient pas sans me rappeler ce
que, pour ma part, j’avais subi
sous le régime communiste. Il ne
s’agissait évidemment pas là de
solution finale puisque, fort heureusement, Sebastian n’a pas
échoué dans un camp d’extermination nazi. Quant à moi, je n’ai
pas connu le Goulag. Et lui et moi
faisions référence à la misère des
persécutions quotidiennes liées à
notre race ou à notre classe.
C’était ma façon d’exprimer ma
solidarité. Mon texte « fraternel »
a été publié en avril 1997 dans la
revue 22 et repris par la suite dans
un recueil de textes dédiés à Mihail Sebastian publié par la revue
Realitata evreisca (Réalité juive).
Je pense que cette prise de position n’est pas neutre dans un pays
où existe un mouvement d’extrême droite ultranationaliste et
xénophobe, et une presse chauvine et antisémite dont l’organe
principal est Romania Mare. Ce
courant a depuis des années multiplié des attaques à l’égard du
groupe d’intellectuels dont je suis
présenté comme le leader. Vous
comprendrez donc qu’il me soit
impossible de laisser supposer que
je pourrais avoir quelques connivences avec lui.
Gabriel Liiceanu
Bucarest
STRASBOURG,
LE PARLEMENT OUBLIÉ
Le récent et excellent article
d’Alain Krivine (Le Monde du
12 janvier) consacré au fonctionnement du Parlement européen
souligne – paradoxalement – l’absence étrange d’une rubrique régulière dans le journal sur cette
instance démocratique de l’Europe. On s’est étonné, lors des
élections européennes, du peu
d’intérêt manifesté par les Français à leur égard et de leur manque
de participation. La raison en est
simple : en dehors des périodes
électorales, les médias s’abstiennent d’évoquer la vie de cette
institution, sauf d’une façon anecdotique (les bâtiments de Strasbourg, la présidence française,
etc.). (...) Le Monde ne s’intéresse
pas davantage que ses confrères à
une institution qui cherche encore
les règles d’un fonctionnement efficace mais qui devrait jouer un
rôle capital dans l’évolution de
cette Europe où nous sommes embarqués... Avez-vous conscience
de cette étrange lacune ?
Louis Raillon
Créteil (Val-de-Marne)
LeMonde Job: WMQ1502--0018-0 WAS LMQ1502-18 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:35 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0381 Lcp:700 CMYK
18
ENTREPRISES
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
MARCHÉS
La Bourse de New
York affiche depuis le début de l’année un comportement déroutant.
L’indice Dow Jones, son principal baromètre, a enregistré une baisse de
plus de 9 %, sa plus mauvaise performance sur les six premières semaines
d’une année depuis... 1920. b MAIS,
DANS LE MÊME TEMPS, l’indice du
Nasdaq, le marché électronique où
sont cotées bon nombre de valeurs
liées à Internet, continue sa course.
Après plus de 65 % de hausse en
1999, il a encore gagné plus de 8 %
depuis le 1er janvier. b LES ÉCONO-
MISTES s’inquiètent à nouveau d’un
découplage entre économie réelle et
économie virtuelle. b D’AUTANT
PLUS que l’engouement des épargnants pour la Bourse ne cesse de
croître. La tentation est grande pour
tous ceux qui ont aujourd’hui un peu
d’argent à placer de se tourner vers
ses performances mirifiques. N’est-il
pas déjà trop tard ?
Wall Street a plutôt mal commencé l’année 2000
L’indice Dow Jones de la Bourse de New York a perdu plus de 9 % en six semaines. Les craintes augmentent face aux tensions inflationnistes,
à la remontée des taux d’intérêt et à l’existence d’une bulle spéculative autour des valeurs liées à Internet
LE PRINCIPAL BAROMÈTRE de
la Bourse de New York, l’indice
Dow Jones, a abandonné 4,9 % la
semaine dernière. Ce recul n’aurait
pas une grande signification s’il ne
venait souligner les doutes croissants des économistes à l’égard de
la principale place boursière de la
planète. Depuis le début de l’année,
le Dow Jones a perdu 9,3 %. Il s’agit
de sa plus mauvaise performance
au cours des six premières semaines
d’une année depuis... 1920. La
hausse des taux d’intérêt et la perspective d’un ralentissement de
l’économie américaine après neuf
années de croissance ininterrompue
ont entraîné depuis le 1er janvier la
baisse de vingt-cinq des trente valeurs composant le Dow Jones.
Certes, la progresssion de cet indice depuis 1991, près de 300 %,
donne le vertige, et il a encore battu
un record le 14 janvier 2000, atteignant 11 722 points. Mais, depuis ce
sommet, il a perdu plus de 11 %. Et,
pour les analystes, une correction
commence à partir d’une baisse de
10 %.
Cette semaine promet d’être décisive. Non seulement plusieurs
chiffres importants de l’économie
américaine (prix de gros, prix à la
consommation) donneront une
idée plus précise de la menace inflationniste, mais, en outre, Alan
Greenspan, le président de la Réserve fédérale, doit prononcer jeudi
un discours très attendu devant la
commission bancaire du Congrès
américain. La banque centrale américaine a déjà relevé d’un quart de
point au début du mois (Le Monde
du 4 février) ses deux principaux
taux directeurs, et elle pourrait
continuer à durcir sa politique monétaire. Non seulement M. Greenspan s’inquiète des tensions inflationnistes liées à l’étroitesse du
marché de l’emploi aux Etats-Unis,
avec un taux de chômage historiquement bas de 4 % de la population active, mais il tente – sans succès – de freiner la spéculation
autour des valeurs liées à Internet.
La chevauchée fantastique
INDICE DOW JONES DE LA BOURSE DE NEW YORK
12 000
10 940,53
le 31 janv.
10 000
11 400
8 000
6 000
300 MILLIONS D’INTERNAUTES
Les groupes qui se sont lancés
dans les services entre entreprises
ou ceux qui ont rapidement adapté
leurs activités à la logique du réseau Internet, comme Dell, Intel ou
General Electric, bénéficient dès
aujourd’hui des retombées positives de ce nouveau média : la possibilité d’étendre leur activité à l’international, la réduction des
intermédiaires.
Le point sensible est manifestement les sites ayant pour vocation
de toucher le grand public. Ce sont
les plus connus comme Yahoo!,
portail d’accès à Internet, Amazon.com, supermarché électronique,
ou eBay, premier site d’enchères
sur la Toile. Ces sites suscitent le
plus d’espoir — celui de toucher
d’une manière ou d’une autre
10 800
4 000
10 600
10 400
2 000
95
97
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« EXUBÉRANCE IRRATIONNELLE »
JANVIER 2000
FÉVRIER
Source : Bloomberg
L'indice Dow Jones a gagné près de 300 % en 9 ans, mais il a mal
commencé l'année 2000.
d’assurer la sécurité des investisseurs, en semble convaincu. Il a mis
en garde, vendredi 12 février, les investisseurs contre les introductions
en Bourse de sociétés de haute
technologie, dont les cours n’ont
plus aucun rapport avec la réalité, et
contre l’achat d’actions à crédit, une
pratique en vogue outre-Atlantique.
S’adressant à Los Angeles à 2 000
épargnants individuels, M. Levitt
300 millions d’internautes –, mais
aussi le plus de craintes. Ils doivent
dépenser des fortunes en frais de
marketing pour accroître leur audience, en dépenser autant pour fidéliser les clients, et encore plus
pour assurer une passerelle entre le
monde virtuel (commerce électronique) et le monde réel (livraison
physique du produit). La mésaventure d’Amazon.com durant les
fêtes de Noël est significative. Le
site a doublé son chiffre d’affaires
durant les trois derniers mois de
l’année, à 610 millions de dollars,
mais aussi ses pertes, car la logistique laisse à désirer. Enfin, ces sites
doivent aussi beaucoup améliorer
leur sécurité, dont les failles ont été
abondamment illustrées ces derniers jours.
L’autre point de repère est la manière dont on peut tirer parti de
l’engouement des marchés financiers pour Internet. Dans ce monde
mouvant, une prime est donnée au
premier entrant. Mais, comme les
technologies et les secteurs d’activités changent vite, il faut participer
aux innombrables introductions en
Bourse. Ainsi, après la vague des
portails, des sites communautaires,
des sites de commerce électronique, d’enchères, de publicité,
vient celle des sociétés spécialisées
dans l’intégration de la téléphonie
mobile et Internet. En moyenne,
lors des introductions en Bourse, le
cours des actions proposées grimpe
de 101 % durant les cinq premiers
jours, relève une étude de Salomon
Smith Barney. Et ce sont généralement les investisseurs institutionnels qui profitent le plus de cette
première étape. Puis ils se désengagent, laissant la place au grand
public, qui, bien souvent, subit le
reflux des cours.
Enguérand Renault
Professeurs d’économie,
associations d’étudiants...
le 11 févr.
11 000
LE RÉEL ET LE VIRTUEL
de relations électroniques entre
grands groupes (« business to business ») et ceux de relations avec le
grand public (« business to consumers »). Trois secteurs avec des logiques et des profils de risque
complètement différents.
Encore aujourd’hui, Internet se
trouve dans une phase de développement. Les groupes qui en profitent sont ceux qui mettent en
place des infrastructures de haut
débit. Les compagnies téléphoniques, les équipementiers, les éditeurs de logiciels de suivi des
consommateurs ou les platesformes de transactions électroniques gagnent de l’argent.
10 425,21
11 200
La spéculation autour des valeurs
liées à Internet ne faiblit pas
SI L’INDICE Dow Jones montre
de sérieux signes de faiblesse depuis le début de l’année, l’indice du
Nasdaq, marché électronique où
sont cotées bon nombre de valeurs
Internet, continue sa course en
tête. Après plus de 65 % de hausse
en 1999, il a encore gagné plus de
8 % en six semaines.
L’engouement pour Internet se
traduit par deux phénomènes macroéconomiques. D’un côté, en
fluidifiant les échanges, en supprimant certains intermédiaires et en
contractant les coûts, Internet
contient l’inflation. De l’autre, en
s’introduisant en Bourse à des niveaux de valorisation très élevés et
en se servant de leurs seules actions
pour faire des acquisitions
– comme celle de Time Warner par
AOL – les sociétés Internet créent
leurs propres monnaies. « Notre
opinion est que 80 à 90 % des valeurs
Internet sont surévaluées et 20 %,
sous-évaluées », estime Morten Andersen, analyste Internet de la
banque d’affaires Salomon Smith
Barney. La stratégie à suivre est, selon lui, de « privilégier les dix à vingt
plus importantes sociétés, tout en sachant que 80 % d’entre elles perdront
de leur valeur ».
Les investisseurs doivent retenir
quelques règles de base. La première est que ce vaste secteur se
décompose, comme le rappelle une
étude de la banque d’affaires Merrill Lynch, en trois grands groupes.
Les infrastructures de télécommunications ou informatiques, les sites
11 722,98
11 600
1991 93
Il y a bien un paradoxe. Si le Dow
Jones baisse, la « nouvelle économie », celle des technologies de l’information, flambe de plus belle.
Dans le même temps que le Dow
Jones perdait plus de 9 %, le marché
électronique Nasdaq, spécialisé
dans les valeurs technologiques, gagnait encore 8 %. Assiste-t-on à ce
fameux décrochage maintes fois dénoncé entre économies réelle et virtuelle ?
Arthur Levitt, le président de la
SEC (Securities and Exchange
Commission), l’organisme chargé
11 800
rente à celui des phases d’expansion
d’avant la seconde guerre mondiale.
Car, depuis 1945, forte croissance et
baisse rapide du taux de chômage
sous les 5 % se traduisaient par une
remontée de l’inflation. Cette fois,
elle a mis neuf ans à tout juste
commencer à apparaître. Dans le
schéma « classique », l’expansion
était aussi rapidement ralentie par
l’essoufflement des gains de productivité des entreprises. Or, « nouvelle économie » oblige, la productivité des entreprises américaines
continue de s’améliorer à un rythme important, de l’ordre de 3 % par
an.
leur a demandé de ne pas investir
« avec les yeux fermés et les doigts
croisés en abandonnant tout sens
commun et tout jugement rationnel ».
Un autre paradoxe tient à la santé
presque miraculeuse de l’économie
américaine, qui traverse depuis mars 1991 la plus longue
période de croissance de son histoire. Un dynamisme qui s’appa-
En fait, le principal danger pour
l’économie américaine vient de Wall
Street. Depuis une décennie, la
croissance et la santé de la Bourse
s’alimentent l’une l’autre. La valeur
des actions américaines cotées a
augmenté depuis mars 1991 de la
somme incroyable de 11 000 milliards de dollars (72 000 milliards de
francs) selon les chiffres du cabinet
d’études Wilshire Associates. Cet
« effet richesse » alimente de façon
continue l’activité en soutenant la
consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Peut-il
encore se prolonger longtemps ?
En décembre 1996, Alan Greenspan
mettait déjà en garde les investisseurs contre « l’exubérance irrationnelle » des marchés boursiers. Cela
n’a pas empêché le Dow Jones de
gagner, depuis, près de 70 %.
Mais les craintes se multiplient à
nouveau depuis le début de l’année.
Les économistes font souvent le parallèle entre les années 20 et 90 aux
Etats-Unis : innovations technologiques rapides, envolée des investissements, flambée des cours de
Bourse et... déséquilibres macroéconomiques. Le taux d’épargne
des ménages américains est très
faible et les plus-values boursières
potentielles sont immédiatement
consommées. Les niveaux d’endettement des particuliers et des entreprises sont considérables et le déficit de la balance des paiements
représente 4 % du produit intérieur
brut. Les Etats-Unis se financent
toujours à l’étranger.
L’éclatement d’une bulle spéculative provoque toujours des dégâts
économiques considérables. Le Japon ne s’est toujours pas remis de
l’explosion de « sa » bulle en 1989 et
les Etats-Unis n’ont pas perdu la
mémoire des lendemains de 1929.
Alors les boursiers s’en remettent
les « yeux fermés » au talent et au
doigté d’Alan Greenspan.
Eric Leser
Les épargnants ne résistent plus à la tentation de la Bourse
« BOURSE, pourquoi pas vous ? »,
s’interrogeait, il y a quelques jours,
à sa « une », Le Parisien. Comment
ne pas être impressionné par les
performances des marchés bour-
ANALYSE
L’idée de revenus
éclipsant ceux
du travail se répand.
Attention, danger
siers : 300 % à Wall Street, en neuf
ans, plus de 50 % à Paris en 1999,
plus de 75 % en six mois sur le Nasdaq américain, où s’échangent les
actions « high tech ». Comment ne
pas l’être plus encore par l’envolée
des cours de certaines grandes sociétés – Nokia, fabricant de téléphone finlandais, + 245,93 % en
1999 ; Bouygues et Canal +, respectivement + 263,43 % et + 95 % depuis le début de l’année. Sans parler des performances des titres
fétiches des opérateurs, ceux des
petites entreprises Internet : certaines ont vu leur valeur multiplier
par dix en douze mois. Pour tous
ceux qui ont aujourd’hui un peu
d’argent à placer, la tentation est
grande de se tourner vers la
Bourse. Les autres placements financiers – sicav de trésorerie, obligations, livrets de caisse d’épargne,
assurance-vie –, qui offrent en
moyenne des rendements compris
entre 2 % et 6 %, ne peuvent soutenir la comparaison. Ils donnent des
regrets à tous ceux qui, par prudence – ce sont des investissements
peu risqués –, les ont choisis au
cours des dernières années. Leur
épargne est restée presque stérile
alors que celle des souscripteurs
d’actions a fructifié au-delà de
toute espérance.
N’est-il pas toutefois trop tard
pour participer à la fête ? Pas du
tout, expliquent aujourd’hui la plupart des spécialistes, pour qui la
« nouvelle économie » a changé la
donne boursière. Selon eux, la
mondialisation des échanges, l’accroissement de l’épargne des ménages en vue de leur retraite, les
évolutions démographiques, les révolutions dans le domaine informatique et des télécommunications,
l’arrivée d’Internet, sont synonymes d’avenir radieux pour les
Bourses. Aucun argument sérieux
ne permettant d’envisager un arrêt
de l’envolée des cours, il serait insensé de ne pas prendre sa part du
butin. Les néophytes n’auraient
rien à craindre, tant le mouvement
de hausse du marché est général et
profond, et tant l’apparition de
nouveaux modes d’achats favorise
l’accès au marché. Grâce à la multiplication des courtiers en ligne, il
est devenu plus facile, sur le Web,
d’acheter une action que de
commander un livre.
Le rêve d’une Bourse-martingale,
où tous les coups et les investissements seraient gagnants, où les revenus tirés des placements finiraient par éclipser les revenus du
travail, se répand progressivement
dans les opinions publiques occidentales. L’idée d’« une chasse aux
richesses sans effort », pour reprendre la formule de l’économiste
John Kenneth Galbraith dans son
ouvrage sur La Crise économique de
1929 (rééd. « Petite Bibliothèque
Payot, 1988), est sans doute trompeuse, sûrement dangereuse.
Toutes les études ont certes démontré que, sur une très longue
période, les actions constituent le
meilleur des placements financiers.
Elles dégagent des performances
supérieures aux obligations, aux
titres monétaires, à l’immobilier.
Mécaniquement, la valeur des sociétés tend à s’accroître avec l’augmentation de la richesse.
GOUROUS DISQUALIFIÉS
L’histoire financière regorge
pourtant d’interminables trous
noirs boursiers. Le citoyen américain qui avait eu la mauvaise idée
d’investir à Wall Street durant l’été
1929 a dû ainsi attendre, s’il n’a pas
été ruiné entre-temps, l’automne
1954 pour retrouver sa mise de
fonds initiale : vingt-cinq années de
patience. Au Japon, l’épargnant qui
a placé ses économies à la Bourse
de Tokyo à la fin de l’année 1989 a
aujourd’hui perdu la moitié de son
argent. Nul ne sait quand l’indice
Nikkei retrouvera son niveau atteint il y a dix ans.
La Bourse demeure un lieu éminemment risqué, surtout lorsque
l’euphorie générale, comme c’est
aujourd’hui le cas, tend naturellement à réduire la capacité de discernement et de jugement. « C’est
là un aspect du climat spéculatif : au
fur et à mesure que le temps passe, la
tendance à voir au-delà de la simple
hausse et jusqu’aux raisons qui l’expliquent diminue, souligne M. Galbraith. Et il n’y a pas de raison pour
qu’on le fasse tant que le flot des gens
qui achètent dans l’espoir de vendre
avec profit continue à augmenter à
un rythme suffisamment rapide pour
maintenir la montée des prix. »
Reste, pour celui qui souhaite
s’aventurer en Bourse, la solution
rassurante du recours aux experts.
Mais lesquels ? La plupart des gourous d’hier, qui avaient bâti leur réputation sur la prédiction du krach
d’octobre 1987, ont perdu une
grande partie de leur crédit, au
cours des dernières années, en ne
prévoyant pas l’envolée de Wall
Street. Leurs lourdes erreurs de
pronostics, leurs appels répétés à la
prudence et leurs doutes sur la solidité de la hausse les ont largement
disqualifiés auprès de la communauté financière internationale :
plus personne n’écoute ceux qui
osent par exemple s’interroger sur
les niveaux atteints par les sociétés
de l’Internet. Leur approche boursière traditionnelle, à partir de modèles d’évaluation dépassés, les ont
définitivement rangés dans le camp
des « ringards ».
Parmi ceux qui avaient annoncé,
il y a cinq ou six ans, le « boom »
des Bourses mondiales, les opérateurs sont allés chercher de nouveaux gourous. Apôtres de la
« nouvelle économie », ils ont pour
nom Abby Cohen, de Goldman
Sachs, ou Ralph Acampora, de Prudential Securities. Seuls importent
désormais leurs commentaires,
leurs analyses et leurs anticipations
d’évolution des cours. Leur foi dans
la poursuite de la hausse reste aujourd’hui totale. Mais parce qu’ils
ont eu raison hier, faut-il les écouter, faut-il se fier à leurs prédictions ?
Là encore, le passé doit inciter à
la prudence. Les analystes les plus
réputés, les économistes les plus
brillants, ont souvent commis de
graves erreurs de prévisions boursières. Au mois de septembre 1929,
quelques semaines seulement
avant que la Bourse américaine ne
s’effondre, Joseph Stagg Lawrence,
de l’université de Princeton, personnage très influent à Wall Street,
expliquait : « Le consensus du jugement de millions de gens dont les
évaluations jouent sur cet admirable
marché qu’est la Bourse, c’est que les
actions ne sont pas surévaluées à
l’heure actuelle. » Quant à Irving
Fisher, parfois surnommé l’« Einstein de l’économie » pour ses travaux sur la théorie monétaire, professeur à Yale et qui suivait de si
près l’évolution de Wall Street qu’il
était devenu conseiller d’un fonds
d’investissement, il prononça le
15 octobre 1929 – neuf jours avant
le jeudi noir – ce jugement resté célèbre : « Le prix des actions a atteint
ce qui paraît être un haut plateau
permanent. » L’histoire boursière
est souvent cruelle.
Pierre-Antoine Delhommais
LeMonde Job: WMQ1502--0019-0 WAS LMQ1502-19 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0382 Lcp:700 CMYK
ENTREPRISES
La fusion Vodafone-Mannesmann rebat les cartes
de la téléphonie mobile en Italie
Avec 30 millions d’abonnés, la Péninsule constitue le premier marché européen dans ce secteur
L’incroyable succès du « telefonino » a fait de
l’Italie l’un des principaux champs de bataille de
la téléphonie mobile en Europe, où se lancent
MILAN
correspondance
Trente millions de clients en ce
début d’année 2000 : l’Italie se
confirme comme la championne
d’Europe de la téléphonie mobile.
Ses deux opérateurs les plus anciens sont devenus des poids
lourds à l’échelle européenne. Telecom Italia Mobile (TIM) possède
le réseau national le plus important du continent, et sa capitalisation est la deuxième de la place de
Milan. Quant à son rival Omnitel, il
fait désormais partie du premier
opérateur paneuropéen, le britannique Vodafone AirTouch. En prenant le contrôle de l’allemand
Mannesmann, ce dernier a aussi
mis la main sur Omnitel, son fleuron italien.
ENCORE DE LA PLACE
Et le marché est loin d’être saturé : en moins d’un an, le troisième
opérateur italien, Wind, a réussi à
conquérir 1,4 million de clients,
tandis qu’un quatrième réseau,
Blu, prépare son lancement pour le
printemps 2000. Selon Telecom
Italia, le taux de pénétration de la
téléphonie mobile dans la péninsule devrait dépasser 80 % de la
population en 2002, contre 53 %
actuellement. L’attribution, à l’été
2000, de cinq licences pour l’exploitation de la nouvelle génération de téléphonie mobile, l’UMTS,
devrait donner un nouvel essor à
ce marché.
encore de nouveaux opérateurs. Le rachat de
Mannesmann, et donc de sa filiale italienne Omnitel, par le britannique Vodafone y a boulever-
Le « telefonino », comme l’appellent les Italiens, a comblé un
réel besoin : il a permis aux petits
patrons, professions libérales et
artisans, des catégories très nombreuses en Italie, de révolutionner
leurs méthodes de travail. Le marketing astucieux de TIM et d’Omnitel a fait le reste. Telecom Italia
Mobile a son premier coup de génie en 1992 : il différencie les tarifs
en créant un abonnement moins
onéreux destiné aux familles.
En juin 1996, Omnitel propose
l’abonnement sans frais fixes, avec
lequel le client ne paie que ses appels. Quelques mois plus tard, TIM
invente les cartes prépayées rechargeables, qui se répandent
comme une traînée de poudre et
représentent aujourd’hui l’essentiel des clients des trois opérateurs.
Changement de registre ces derniers mois : plus besoin d’élargir le
marché, il faut se lancer dans les
services à valeur ajoutée, plus lucratifs. C’est d’ailleurs la stratégie
annoncée par Blu, le prochain arrivant, dont l’actionnaire principal
Autostrade veut fournir des services spécifiques pour l’automobiliste (guidage des véhicules par satellites, informations sur les
autoroutes). Omnitel a été le premier à ouvrir la brèche en lançant,
en septembre 1999, son service
Omnitel 2000 : un portail Internet
accessible sur ordinateur, sur téléphone mobile ou fixe. Près de
200 000 clients s’étaient déjà bous-
Quatre réseaux en concurrence
b TIM : filiale à 60 % de Telecom
Italia, TIM est entré en service en
1990 et comptait 18,5 millions de
clients fin décembre 1999. Ses
ventes ont atteint 7,45 milliards
d’euros en 1999, tandis que sa
marge brute d’exploitation a
représenté 46,5 % du chiffre
d’affaires.
b Omnitel : le deuxième réseau
italien (10,4 millions d’abonnés), qui
fonctionne depuis 1995, est
désormais contrôlé par le
britannique Vodafone AirTouch.
Son principal actionnaire,
Mannesmann (55,2 %), est en effet
en voie d’être racheté par Vodafone,
qui possédait déjà 21,7 % d’Omnitel.
En 1999, Omnitel a réalisé un chiffre
d’affaires de 3,73 milliards d’euros
et un bénéfice net de 858 millions.
b Wind. France Télécom et
Deutsche Telekom se partagent
à égalité 49 % de Wind, dont la
compagnie d’électricité ENEL
détient 51 %. Lancé en mars
1999, Wind affichait, fin
décembre, 1,35 million
d’abonnés en téléphonie
mobile. Son chiffre d’affaires,
tous services confondus, s’est
élevé à 310 millions d’euros
pour ses dix premiers mois
d’activité.
b Blu : le quatrième réseau
ouvrira en mars 2000. Il est
contrôlé par la société
d’autoroutes Autostrade (32 %),
affiliée au groupe Benetton, qui
détient directement 9 % de Blu.
Avec 20 %, British Telecom est
son deuxième actionnaire.
sé les rapports de force. Le numéro un, Telecom
Italia Mobile (TIM), doit s’interroger sur sa capacité à demeurer indépendant.
culés pour profiter des services Internet d’Omnitel à la fin de 1999.
TIM n’est pas en reste : au cours
d’une rencontre de Telecom italia
avec la communauté financière,
fin janvier, l’entreprise a annoncé
que les services à valeur ajoutée
(Internet, commerce électronique
et transmission de données) transitant sur les téléphones portables
représenteront 16,3 % de son
chiffre d’affaires en 2002, contre
1,6 % en 1999.
Quant à Wind, il est le seul opérateur totalement intégré et
compte devenir un point de référence unique pour le téléphone
fixe, le mobile et Internet.
S’ils ont assuré leur emprise sur
le marché national, les opérateurs
italiens sont moins bien placés sur
l’échiquier mondial. Omnitel est
contrôlé par un géant international et ne peut avoir de stratégie
autonome hors d’Italie. « Rien
n’empêcherait Omnitel, au sein d’un
grand groupe international, d’exporter son savoir-faire », remarque
cependant un consultant. Wind se
trouve dans une situation particulière : l’ENEL et France Télécom
n’ayant guère apprécié de voir leur
partenaire, Deutsche Telekom,
tenter de voler au secours de Telecom Italia pour contrer l’OPA lancée par Olivetti, ils ont porté l’affaire devant les tribunaux. Une
bataille juridique qui ne facilitera
pas l’expansion internationale de
la société...
Reste TIM. En prenant le
contrôle de Telecom Italia, Roberto Colaninno, le patron d’Olivetti,
avait affiché sa volonté de réduire
les activités internationales du
groupe. Il a, depuis, changé d’avis,
et a même fait de l’expansion à
l’étranger l’une de ses priorités. Le
groupe dispose de nombreuses
participations en Amérique latine,
dans le bassin méditerranéen et en
Europe de l’Est. Il est en outre
présent dans plusieurs pays de
l’Union européenne et possède notamment 10,8 % de Bouygues Telecom. Au total, les filiales internationales de Telecom Italia
revendiquent 13,8 millions de
clients.
Le groupe veut aller plus loin et
atteindre une part de 10 % du marché européen. Sa stratégie repose
sur deux axes : d’une part, favoriser sa clientèle d’affaires lorsqu’elle voyage, en proposant un
La Cour de cassation précise les modalités du droit de grève
HASARD du calendrier ? En
quelques jours, la chambre sociale
de la Cour de cassation a rendu
trois arrêts importants qui précisent les modalités dans lesquelles
le droit de
grève
peut
s’exercer. Dans
les trois cas,
la
chambre
sociale a plutôt eu une
conception
restrictive du
droit de grève.
Dans la première affaire (arrêt
Trouboul c. Entremont du 11 janvier 2000), un délégué CGT attaquait la direction de l’entreprise,
qui, pour remplacer des grévistes,
avait eu recours à des bénévoles.
En l’occurrence, il s’agissait d’assurer le ramassage du lait. La loi interdit sans ambiguïté à l’employeur
de contourner une grève en ayant
recours à des salariés sous contrat à
durée déterminée ou à des intérimaires. Mais qu’en est-il des bénévoles ?
MARGE DE MANŒUVRE
La chambre sociale a considéré
que, « sous réserve des prohibitions
prévues par les articles L. 122-3 du
code du travail en ce qui concerne
les contrats à durée déterminée et
L. 124-2-3 du même code, en ce qui
concerne les contrats de travail temporaires, il n’est pas interdit à l’employeur, en cas de grève, d’organiser
l’entreprise pour assurer la continuité de son activité ». Avoir recours à
des bénévoles ne constitue donc
pas, selon la Cour, « un trouble manifestement illicite ». Si l’employeur
ne peut s’opposer au droit de
grève, il dispose donc d’une certaine marge de manœuvre pour assurer la continuité de service.
Le deuxième arrêt, rendu le
26 janvier, oppose la CGT à EDFGDF. L’action se déroule en Corse.
Du 28 novembre 1994 au 16 mars
1995, la CGT mène diverses actions
affectant le fonctionnement du service public. Si elle ne coupe pas le
courant, elle bloque le système horaire tarifaire heures pleines/heures
creuses. Après le procès-verbal de
fin de conflit, la direction attaque
les syndicats CGT et CGT-GNC et
obtient en appel 2,6 millions de
francs de dommages et intérêts. La
CGT se pourvoit en cassation. Pour
elle, les modalités d’action choisies
correspondaient à la nécessité de
concilier le droit de grève et la
continuité du service public. La
Cour de cassation ne l’a pas suivie :
elle remarque que « le mouvement
litigieux n’a pas comporté d’arrêt
collectif et concerté du travail ; qu’il
a constitué en une série d’actions :
blocage de l’accès aux sites et du système d’information de l’entreprise,
détournement de matériel, dégradation de locaux, coupures de courant,
blocage du système de tarification
heures pleines-heures creuses sur ce
dernier tarif ». Pour elle, ces actions
ne caractérisent « ni l’exercice normal du droit de grève ni l’exécution
d’un service minimum au cours
d’une grève ». Ce mouvement était
donc bien « un mouvement illicite ».
Comme l’arrêt de la cour d’appel
n’a fait que constater et réparer un
préjudice, la Cour de cassation a
débouté la CGT.
Dans la troisième affaire (Rubio
c. AGS et Assedic, du 26 janvier
2000), il s’agit moins du droit de
grève que du paiement de ces journées. Des salariés avaient fait grève
car leur employeur, la société
Stade 1, mise en redressement judiciaire, ne leur avait pas versé leurs
salaires d’avril et de mai 1997. Or,
ces salariés demandaient à recevoir
une indemnité compensatrice des
jours de grève. Le tribunal des
prud’hommes leur avait donné raison. Pour lui, l’employeur n’avait
pas respecté les engagements liés
au contrat de travail. La Cour de
cassation en a décidé autrement.
Elle rappelle tout d’abord que la
grève a « pour effet de suspendre
l’exécution du contrat de travail ».
L’employeur n’est donc pas « tenu
de payer le salaire pendant la
période de cessation du travail ».
Seule exception, précise la Cour :
« Ce n’est que dans le cas où les salariés se sont trouvés dans une situation contraignante telle qu’ils ont été
obligés de cesser le travail pour faire
respecter leurs droits essentiels, directement lésés par suite d’un manquement grave et délibéré de l’employeur à ses obligations, que celui-ci
peut être condamné à payer aux grévistes une indemnité correspondant
à la perte de leur salaire. » Or,
comme Stade 1 était en redressement judiciaire « en raison de ses
difficultés financières, il découlait
que le manquement de l’employeur
n’était pas délibéré ». La Cour de
cassation a donc explicitement pris
en compte la santé financière de
l’entreprise pour fonder sa décision. En l’occurrence, l’employeur
n’avait pas les moyens de respecter
le contrat de travail qu’il avait signé.
Frédéric Lemaître
plan de tarifs et de services identiques en Italie et dans les pays où
il détient des participations. Il envisage de nouer des alliances
commerciales en Allemagne et en
Grande-Bretagne, marchés dont il
est aujourd’hui absent, pour
compléter ce service. D’autre part,
il veut prendre davantage position
sur les marchés européens. « Nous
nous présenterons aux appels
d’offres pour les licences UMTS dans
les pays où nous sommes déjà présents avec la technologie GSM – en
France, Espagne, Autriche et
Grèce – à travers les opérateurs où
nous détenons des participations. Je
ne crois pas qu’il soit possible de se
lancer dans l’UMTS à partir de
rien », explique Marco De Benedetti, l’administrateur délégué de
TIM.
« RÉPERCUSSIONS IMPORTANTES »
La communauté financière a
plutôt apprécié les stratégies définies par l’opérateur. « je pense que
TIM essaiera de trouver une solution
pour les marchés anglais et allemand, mais je ne ne crois pas que ce
soit un grand problème », estime
Roberto Odierna, chef du bureau
d’études de SG Securities en Italie.
Selon Alessandra Cantù, qui suit la
valeur chez le courtier Caboto,
« TIM a de bonnes positions en
Amérique latine, mais, en Europe, la
situation est plus difficile qu’il y a
quelques mois. Le mariage de Vodafone et de Mannesmann aura des
répercussions importantes. » Le
géant italien va devoir accélérer sa
réflexion sur le point de savoir s’il
doit poursuivre son chemin seul, et
se mettre rapidement en quête
d’un partenaire international.
Marie-Noëlle Terrisse
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000 / 19
BMW envisagerait
de se désengager de Rover
LE CONSTRUCTEUR ALLEMAND BMW examinerait un désengagement partiel de sa filiale britannique en difficulté, Rover, selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel du lundi 14 février. La direction de
BMW aurait préparé deux hypothèses pour ce désengagement. La
première consiste à fermer Rover Cars, qui entraînerait la fin de la
production des Rover 25 et 45, tout en continuant la fabrication des
modèles tout terrain, la nouvelle Rover 75 et la Mini. La seconde solution prévoit de vendre l’usine de Longbrigde et d’Oxford, selon Der
Spiegel, qui cite parmi les repreneurs éventuels les constructeurs General Motors, Ford ou Volkswagen. Ces derniers conditionnent cependant leur intérêt au versement par BMW de compensations pour
les pertes au cours des prochaines années et au maintien d’un lien
avec BMW, par exemple avec une coopération renforcée ou une participation au capital. Selon le magazine, la décision doit intervenir d’ici
la prochaine réunion du conseil de surveillance de BMW, en mars. La
direction de BMW parle de « rumeurs » et affirme que cela n’est « pas
prévu ».
Salomon se réorganise
pour améliorer sa rentabilité
LE FABRICANT d’équipements de sports d’hiver, Salomon, a annoncé, vendredi 11 février un plan de réorganisation, baptisé « Millenium », visant à améliorer sa rentabilité. La filiale d’Adidas prévoit de
regrouper l’ensemble de ses activités sur deux sites principaux en
Haute-Savoie : à Metz-Tessy, près d’Annecy, siège du groupe, et Rumilly, tandis que Chavanot, qui emploie 257 personnes, sera vendu, sa
cession devant financer le plan social. Metz-Tessy accueillera le développement, un centre de design, les services et la direction commerciale. L’ensemble des activités de production seront regroupées à Rumilly. Ce site accueillera en outre une partie de l’activité de l’usine de
roues de vélo de Serrières-en-Chautagne, l’autre étant délocalisé en
Roumanie. Mavic, la filiale qui produit des composants de vélo, sera
complètement intégrée à Salomon. Un plan social sera présenté
en avril. En revanche, Salomon envisage de recruter 40 personnes en
2000 et 50 en 2001.
Sara Lee lance une OPA hostile de
104 millions de livres sur Courtaulds
LE GROUPE DIVERSIFIÉ AMÉRICAIN Sara Lee (produits alimentaires, ménagers, sous-vêtements) a annoncé, lundi 14 février, une
offre publique d’achat hostile de 103,8 millions de livres (170 millions
d’euros) sur le fabricant britannique de textiles Courtaulds Textiles.
Sara Lee propose 100 pence par action, soit une prime de 60 % par
rapport au cours de clôture de vendredi (62,5 pence). Le groupe américain, qui a sollicité sans l’obtenir un accord à l’amiable avec Courtaulds, possède un vaste portefeuille de marques de produits de
grande consommation dans l’alimentation, les produits ménagers et
corporels et l’habillement, dont Douwe Egberts (café), Radox (soins
corporels) et les marques de vêtements et lingerie Champion, Dim,
Playtex et Wonderbra.
LeMonde Job: WMQ1502--0020-0 WAS LMQ1502-20 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0383 Lcp:700 CMYK
20 / LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
FINANCES ET MARCHÉS
EUROPE
TABLEAU DE BORD
FRANCFORT DAX 30
LONDRES
FT100
7574,64
AGENDA
MARDI 15 FÉVRIER
JAPON : consommation des ménages (décembre).
GRANDE-BRETAGNE : inflation
(janvier).
ÉTATS-UNIS : production industrielle et capacités (janvier).
MERCREDI 16 FÉVRIER
JAPON : PIB révisé pour le trimestre
terminé en septembre.
ALLEMAGNE : indice des prix de
gros (janvier).
GRANDE-BRETAGNE : demandeurs d’emploi (janvier) et chômage
(décembre).
ÉTATS-UNIS : mises en chantier de
logements (janvier).
baisse de production depuis
l’annonce, fin janvier, de la
suppression de 282 emplois, selon
des sources syndicales.
b BOEING : la grève déclenchée
mercredi 9 février affecterait la
production d’avions. Selon le
Syndicat des ingénieurs et des
techniciens de l’aérospatiale
(SPEEA), l’Agence fédérale de
l’aviation (FAA) a suspendu
temporairement la délégation à
Boeing de l’autorité de certifier les
avions. « Cela veut dire qu’il n’y aura
pas de livraisons d’avions ni de
signature de certificats d’entretien
sans intervention directe » de la FAA,
a déclaré le président du Speea,
Craig Buckham.
VENDREDI 18 FÉVRIER
JAPON : marchés fermés en raison
d’un jour férié.
FRANCE : commerce extérieur (décembre).
ÉTATS-UNIS : balance commerciale
(décembre), indice des prix à la
consommation et déficit budgétaire
(janvier).
b GILLETTE : le fabricant de
rasoirs et de produits d’hygiène
corporelle a mis en vente sa
filiale de stylos et papeterie,
Papermate, Waterman et Parker
Pen, affirme lundi le Financial
Times. Gillette a enregistré une
baisse de 12 % de son bénéfice net
en 1999.
b NISSAN : le constructeur
automobile japonais a annoncé
lundi avoir signé un accord de
principe pour vendre sa division
aérospatiale au groupe nippon de
chaudronnerie lourde
Ishikawajima-Harima Heavy
Industries (IHI).
b DELPHI : l’équipementier
automobile américain a décidé
de fermer temporairement
l’usine d’amortisseurs, De Carbon,
à Andé (Eure) en raison notamment
du « désordre persistant » et de la
7330
6767
6067
6951
6605
5837
6572
6443
5607
6193
6280
5377
5814
6118
5147
[
Europe
[
29 D.
9 h 57
SERVICES
b SOFTBANK : l’éditeur japonais
de logiciels et l’investisseur en
valeurs Internet et International
Finance Corporation, dépendant
de la Banque mondiale, ont
annoncé lundi vouloir consacrer
500 millions de dollars à des projets
Internet menés dans cent pays en
voie de développement.
EURO STOXX 50
EUROPE
EUROPE
STOXX 50
EURO STOXX 324
EUROPE
STOXX 653
PARIS
CAC 40
MIDCAC
SBF 120
SBF 250
SECOND MARCHEÂ
AEX
BEL 20
DAX 30
FTSE 100
STOCK EXCHANGE
MIBTEL 30
SPI
PARIS
PARIS
PARIS
PARIS
AMSTERDAM
MADRID
MILAN
ZURICH
b BBVA : le groupe bancaire
espagnol né en octobre 1999 de la
fusion de Banco Bilbao Vizcaya
(BBV) et Argentaria compte
doubler son bénéfice en trois ans
pour atteindre 3,3 milliards d’euros
en 2002, a indiqué samedi 12 février
son président, Emilio Ybarra.
VALEUR DU JOUR
[
[
14 F.
15 N.
5170,27
4806,59
440,88
380,23
6246,46
....
4243,13
....
....
664,13
2820,99
7574,64
6156,30
12498
47518,00
6970,10
NEW YORK Dow Jones NEW YORK
10425,21
Nasdaq
[
[
29 D.
14 F.
Var. %
11/02
Var. %
31/12
± 0,49
± 0,88
± 0,13
± 0,31
± 0,64
....
± 0,51
....
....
0,22
1,86
± 0,48
± 0,60
0,53
± 0,43
± 0,05
5,42
1,35
5,92
0,19
4,84
....
4,70
....
....
± 1,08
± 15,55
8,86
± 11,17
7,36
10,53
± 7,93
EURO / DOLLAR
4395,45
0,989
11722
4485
1,040
11463
4232
1,026
11203
3979
1,013
10944
3725
0,999
10684
3472
0,986
10425
3219
[
[
15 N.
Amérique
[
28 D.
9 h 57
0,973
[
11 F.
15 N.
[
28 D.
Indices
sélection
f
ÉTATS-UNIS
ÉTATS-UNIS
TORONTO
SANTIAGO
CARACAS
[
[
11 F.
15 N.
cours
11/02
DOW JONES
S&P 500
NASDAQ COMPOSITE
TSE INDEX
BOVESPA
BOLSA
MERVAL
IPSA GENERAL
CAPITAL GENERAL
ÉTATS-UNIS
BUENOS AIRES
b MITSUI MARINE : la
compagnie d’assurances
dommages japonaise a annoncé
lundi qu’elle se retirait d’un projet
de fusion avec deux autres
compagnies du secteur, Nippon
Fire and Marine et Koa Fire and
Marine Insurance, qui devait créer
le numéro un japonais.
M. Annan souhaite
un élargissement du G8
AMÉRIQUES
MEXICO
b SCOR : les tempêtes de
fin décembre auront un impact
de 50 à 60 millions d’euros sur le
résultat net du réassureur français
pour 1999, a indiqué son président,
Jacques Blondeau, dans un
entretien publié lundi par le
quotidien La Tribune (lire page 10).
[
29 D.
cours
14/02
EUROPE
SAO PAULO
FINANCE
15 N.
Indices
sélection
f
LONDRES
b INTERNET : le groupe
Lagardère, via sa filiale
Plurimédia, se lance dans la
distribution de contenus sur la
Toile en créant une banque de
données thématiques basée sur son
portefeuille dans les médias et
l’édition (Hachette Filipacchi Média,
Hachette livre, l’agence photo
Gamma, Europe 1 Communication).
Ces données seront notamment
vendues aux grands portails
Internet.
[
14 F.
FRANCFORT
AFFAIRES
INDUSTRIE
6297
15 N.
[
29 D.
Var. %
09/02
±
±
±
±
±
±
±
10425,21
1387,12
4395,45
9156,70
18083,46
417,34
637,03
108,72
5899,97
[
14 F.
Var. %
31/12
± 9,32
± 5,59
8,01
8,83
5,80
3,92
....
± 23,97
8,90
2,05
2,10
2,01
1,76
2,80
1,55
0,56
0,43
2,39
ASIE - PACIFIQUE
TOKYO
Nikkei
HONGKONG Hang Seng EURO / YEN
19556,46
17188,96
107,02
19945
17380
109,7
19572
16816
108,2
19199
16253
106,7
18826
15689
105,2
18453
15125
103,8
18080
14562
[
[
15 N.
Zone Asie
28 D.
9 h 57
f
TOKYO
HONGKONG
SINGAPOUR
SÉOUL
SYDNEY
BANGKOK
BOMBAY
WELLINGTON
[
14 F.
102,3
[
15 N.
[
28 D.
Indices
sélection
NIKKEI 225
HANG SENG
STRAITS TIMES
COMPOSITE INDEX
ALL ORDINARIES
SET
SENSITIVE INDEX
NZSE-40
[
[
14 F.
cours
14/02
19556,46
17188,96
2236,16
114,94
3135,30
32,76
5957,80
2014,38
ÉCONOMIE
6246,46
6930
[
CAC 40
6156,30
7709
BRUXELLES
JEUDI 17 FÉVRIER
JAPON : réunion comité de politique
monétaire de la BoJ.
FRANCE : investissement dans l’industrie pour le mois de janvier (Insee), emploi salarié et salaires (4e trimestre).
GRANDE-BRETAGNE : rapport trimestriel sur l’inflation (Banque d’Angleterre), ventes de détail (janvier).
ÉTATS-UNIS : demandes hebdo
d’allocations-chômage, indice des
prix à la production (janvier).
PARIS
15 N.
[
29 D.
[
14 F.
Var. %
11/02
Var. %
31/12
± 0,78
± 1,10
0,06
± 4,53
±1
±2
0,41
± 1,31
3,29
1,34
± 9,82
± 11,60
± 0,55
± 5,70
19,02
± 8,71
SUR LES MARCHÉS
LE SECRÉTAIRE DE L’ONU, Kofi
Annan, a appuyé lundi 14 février la
suggestion du directeur général
sortant du FMI, Michel Camdessus, d’élargir le groupe des grands
pays du G8 afin de ne pas ignorer
les économies du reste du monde.
« Je suis d’accord à 100 % avec
M. Camdessus », a déclaré M. Annan, à l’issue d’une recontre avec
le Premier ministre singapourien,
Goh Chok Tong. Le secrétaire général de l’ONU a estimé que l’idée
de M. Camdessus devait être prise
« très sérieusement ». Dans son
discours d’adieu à la tête du FMI,
Michel Camdessus a plaidé dimanche à Bangkok pour que la
mondialisation soit transformée
en « un instrument efficace au service du développement ». « Les fossés grandissants entre riches et
pauvres au sein des nations, et
l’abîme entre les nations les plus
prospères et les plus déshéritées,
sont moralement scandaleux,
économiquement désastreux et potentiellement socialement explosifs. »
LA NOUVELLE ÉCONOMIE a gagné l’Italie : alors que les valeurs
traditionnelles stagnent à la
Bourse de Milan, les titres des secteurs Internet, télécommunications et médias connaissent une
envolée. Tiscali, petit opérateur de
téléphonie fixe et fournisseur d’accès à Internet basé en Sardaigne,
en est l’illustration. Sa capitalisation a dépassé celle de Fiat vendredi 11 février, atteignant 14,5 milliards d’euros, contre 11,2 milliards
pour le constructeur automobile.
Introduit sur le Nouveau Marché
italien en octobre 1999, à 46 euros,
Tiscali continuait à monter lundi
matin et cotait... 924,95 euros.
La société est la start up italienne
du moment. Le quadragénaire Renato Soru a commencé par créer
en 1998 un opérateur de téléphonie fixe régional, couvrant la Sardaigne, Milan et Rome. La société
décolle lorsque M. Soru a l’idée de
proposer en Italie l’accès gratuit à
Internet, ce qu’il fait à partir du
printemps 1999 sur ces trois zones
géographiques, puis sur toute l’Italie lorsque la société obtient une licence nationale pour la téléphonie
classique. C’est le boom : Tiscali
Free Net a dépassé le million de
clients au début de l’année et engrange 40 000 nouveaux clients
par semaine. La société est en train
de se développer tous azimuts, et
compte notamment être candidat
à une licence UMTS (téléphonie
mobile de troisième génération).
En Europe, Tiscali a réalisé une série d’acquisitions, notamment
PARIS
Action Tiscali
en euros à Milan
924,95
le 14 fév.
1 000
800
L’INDICE CAC 40 était en recul
de 1,12 % à 6 216,77 points quelques minutes après le début des
cotations, lundi 14 février. Vendredi, la Bourse de Paris avait terminé la séance en nette hausse,
l’indice CAC 40 clôturant à
+ 1,28 %, à 6 287,01 points.
600
FRANCFORT
400
200
0
N
D
1999
J
F
2000
Source : Bloomberg
celles de Nets et A Telecom en
France, Datacomm en Suisse, Link
Line en Belgique. Des pourparlers
sont en cours avec une société allemande. L’objectif ? Constituer
un réseau européen à bande large
pour proposer, à l’échelle du
continent, des services de téléphonie fixe et mobile et d’Internet.
Sans négliger les services : Tiscali
est en train de conclure des alliances - en particulier dans la finance et les voyages - pour offrir
des contenus à ses abonnés. Renato Soru a annoncé qu’il tablait
pour la fin de l’année sur 2,5 à
3 millions de clients en Italie et un
million et demi en Europe. « Nous
voulons devenir le concurrent européen d’AOL », n’hésite-t-il pas à affirmer. La Bourse de Milan ne demande qu’à le croire.
Marie-Noëlle Terrisse
À FRANCFORT, lundi, l’indice de
référence DAX cédait 0,56 % à
7 569,01 points à l’ouverture de la
séance. La Bourse de Francfort
avait clôturé en baisse de 1,27 %,
vendredi, dans le sillage de Wall
Street, après avoir ouvert en
hausse. L’indice DAX avait terminé à 7 611,55 points après avoir
battu un record jeudi à
7 709,27 points.
LONDRES
L’INDICE FOOTSIE de la Bourse
de Londres a ouvert, lundi, en
baisse de 0,28 % à 6 175,8 points.
Il avait terminé en baisse, vendredi, sous l’influence du mauvais
départ de Wall Street, accompagné d’un recul des valeurs bancaires britanniques. A la fermeture du marché, l’indice Footsie
avait
perdu
1,37 %,
à
6 193,3 points.
TOKYO
LA BOURSE de Tokyo a terminé
en baisse de 0,8 % lundi, en raison
d’un recul de Wall Street. L’indice
de référence Nikkei a cédé
153,56 points pour terminer à
19 556,46 points.
NEW YORK
WALL STREET a accusé une forte
chute à l’issue de la séance de
Bourse du vendredi 11 février.
Principal indicateur de tendance
du marché, l’indice Dow Jones a
perdu 218,42 points (soit – 2,05 %)
à 10 425,21 points. L’indice
composite de la Bourse électronique du Nasdaq était également
en forte baisse, abandonnant
90,23 points (soit une perte de
2,01 %), pour finir à 4 395,40
points. Enfin, l’indice Standard
and Poor’s 500 a lui aussi terminé
sur une baisse, perdant 2,10 %
pour clôturer à 1 387,11 points.
LES MARCHÉS obligataires européens étaient stables à l’ouverture
de la séance, lundi 14 février, bien
que le ministre allemand des finances, Hans Eichel, ait déclaré au
journal Handelsblatt que la croissance allemande s’accélérera à
2,5 % par an à partir de 2001. Le
rendement de l’emprunt d’Etat à
10 ans en France se situait à
5,71 %, tandis que son équivalent
en Allemagne s’établissait à
5,59 %.
MONNAIES
L’EURO s’appréciait légèrement
en début de matinée, lundi, sans
toutefois parvenir à dépasser le
seuil de 1 dollar. La devise européenne se négociait à 0,9884 dollar, après être montée jusqu’à
0,99 dollar. De son côté, le billet
vert reculait face au yen dans les
premiers échanges. Il s’établissait
à 108,31 yens.
a ÉTATS-UNIS : les ventes de
détail ont augmenté de 0,3 %
en janvier par rapport au mois
précédent, a annoncé vendredi le
département du commerce. Hors
secteur automobile, les ventes de
détail ont baissé en janvier de
0,3 %, soit la baisse la plus marquée depuis avril 1997. Elles
avaient alors diminué de 0,9 %.
En décembre, les ventes de détail
avaient augmenté de 1,7 %.
a La Maison Blanche a annoncé
vendredi des mesures de soutien aux sidérurgistes américains, sous forme de droits de
douanes additionnels qui frapperont pendant trois ans les importations d’aciers ronds et de fils
d’acier, dont la forte et soudaine
augmentation menacent certaines
activités sidérurgistes américaines.
a MEXIQUE : la production industrielle a augmenté de 3,8 % en
1999 par rapport à 1998, selon un
communiqué du ministère de
l’économie. La production industrielle en décembre 1999 a progressé de 5,4 % par rappot à décembre 1998. Pour ce mois, le
secteur manufacturier est en
hausse de 5,8 %, grâce à la croissance de 11,6 % de la production
des usines transplantées par les
Américains au Mexique. Le secteur de la construction augmente
de 7,2 %. En revanche, le secteur
minier enregistre une baisse de
3,8 %.
a ARABIE SAOUDITE : le PIB
devrait croître cette année de 6 %
à prix courants et 2 % en prix
constants, grâce au niveau élevé
des cours du brut et aux réformes
revitalisant l’économie, estime dimanche une étude de la banque
saoudo-américaine Saudi American Bank. « Il y a de bonnes
chances que l’Arabie saoudite
adhère en l’an 2000 à l’Organisation mondiale du commerce et engage l’application de mesures d’ouverture économiques », notent les
auteurs de l’étude.
a PAYS-BAS : le taux de croissance devrait s’établir à 4 % en
2000 et à 3,25 % en 2001, selon des
prévisions encore confidentielles
de l’Office central du plan néerlandais dévoilées par l’ensemble
de la presse néerlandaise samedi.
Cette révision à la hausse de la
croissance économique devrait
permettre aux Pays-Bas de disposer d’un excédent budgétaire de
1 % en 2000 et de 0,3 % en 2001, selon l’office.
Taux de change fixe zone Euro
f
contre franc
Taux
FRANC ......................... 6,55957
DEUTSCHEMARK ......... 1,95583
LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627
PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386
ESCUDO PORT. (100).... 2,00482
SCHILLING AUTR. (10).. 1,37603
PUNT IRLANDAISE....... 0,78756
FLORIN NÉERLANDAIS 2,20371
FRANC BELGE (10) ....... 4,03399
MARKKA FINLAND....... 5,94573
f
Hors zone Euro
Euro contre
Taux
EURO ........................... 0,15245
DEUTSCHEMARK ......... 3,35385
LIRE ITAL. (1000) .......... 3,38774
PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238
ESCUDO PORT. (100).... 3,27190
SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703
PUNT IRLANDAISE....... 8,32894
FLORIN NÉERLANDAIS 2,97660
FRANC BELGE (10) ....... 1,62607
MARKKA FINLAND. ...... 1,10324
f
11/02
COURONNE DANOISE. 7,4448
COUR. NORVÉGIENNE 8,0395
COUR. SUÉDOISE ........ 8,4425
COURONNE TCHÈQUE 35,6300
DOLLAR AUSTRALIEN . 1,5526
DOLLAR CANADIEN .... 1,4173
DOLLAR NÉO-ZÉLAND 1,9905
DRACHME GRECQUE .. 332,9500
FLORINT HONGROIS .. 255,7800
ZLOTY POLONAIS........ 4,0707
Cours de change croisés
f
14/02 9 h 57
DOLLAR .................
YEN .......................
EURO.....................
FRANC ...................
LIVRE .....................
FRANC SUISSE .......
Cours
DOLLAR
Cours
YEN(100)
.....
108,19500
1,01097
6,63055
0,62875
1,62250
0,92426
.....
0,93440
6,13010
0,58090
1,49940
Taux d’intérêt (%)
TAUX
a HONGRIE : les prix à la
consommation ont augmenté de
1,5 % en janvier par rapport à décembre, a indiqué vendredi le bureau central des statistiques. L’inflation mesurée par ces prix
s’établit à 10 % en glissement annuel par rapport à janvier 1999.
a JAPON : les investisseurs
étrangers se sont rués sur les actions japonaises en 1999 avec des
achats nets de 11 200 milliards de
yens (104 milliards de dollars et
d’euros), près de dix fois plus que
l’année précédente lorsqu’ils
avaient acquis des titres pour
1 900 milliards, a annoncé lundi le
ministère des finances. Cette tendance explique en grande partie la
forte hausse qu’a connue la
Bourse de Tokyo l’an passé.
a L’excédent courant du Japon
s’est nettement contracté en 1999
par rapport à 1998, en raison d’un
renforcement du yen vis-à-vis des
autres devises qui a réduit les exportations en valeur, et de la
hausse du prix du pétrole qui a pesé sur les importations. Le solde
des échanges courants a reculé de
22,7 %, à 12 197,2 milliards de yens
(112 milliards de dollars), a indiqué
lundi le ministère des finances. Il
s’agit de la première contraction
de ce solde depuis 1996 lorsqu’il
avait reculé de 31,1 %.
Euro contre
Tiscali,
vedette de Milan
a BULGARIE : la hausse des prix
à la consommation a atteint
2,4 % en janvier par rapport à décembre, a annoncé vendredi l’institut des statistiques. Sur l’ensemble de l’année 1999, les prix
ont augmenté de 6,2 %. La hausse
de janvier provient surtout de la
nette hausse de l’électricité.
Taux
j. j.
Taux 11/02 f
FRANCE .........
ALLEMAGNE ..
GDE-BRETAG.
ITALIE ............
JAPON............
ÉTATS-UNIS...
SUISSE ...........
PAYS-BAS.......
3,24
3,24
5,69
3,24
0,06
5,69
1,88
3,21
Cours
FRANC
0,15082
16,32000
0,15245
.....
0,09475
0,24465
5,70
5,60
5,66
5,85
1,86
6,65
3,61
5,77
6,02
5,94
4,71
6,20
2,49
6,28
4,28
6,06
Cours 9 h 57 f
Matières premières
f
MÉTAUX (LONDRES)
CUIVRE 3 MOIS ..............
ALUMINIUM 3 MOIS ......
PLOMB 3 MOIS ..............
ETAIN 3 MOIS ................
ZINC 3 MOIS..................
NICKEL 3 MOIS ..............
MÉTAUX (NEW YORK)
ARGENT A TERME .........
PLATINE A TERME .........
GRAINES DENRÉES
BLÉ (CHICAGO)..............
MAüS (CHICAGO)...........
SOJA TOURTEAU (CHG.).
SOFTS
CACAO (NEW YORK).......
CAFÉ (LONDRES) ...........
SUCRE BLANC (PARIS) ...
Cours
11/02
Var. %
09/02
Volume
14/02
Notionnel 5,5
MARS 2000 ........
10973
Euribor 3 mois
FÉVRIER 2000.....
NC
Cours
FR. S.
0,61633
66,69500
0,62310
4,08660
0,38755
.....
dernier
prix
premier
prix
84,08
83,96
NC
NC
Pétrole
En dollars
En dollars
Cours
LIVRE
1,59045
172,15000
1,60790
10,55065
.....
2,58110
Matif
Taux Taux Taux
3 mois 10 ans 30 ans
3,26
3,45
6,07
3,40
0,04
5,66
2,20
3,40
Cours
EURO
0,98915
107,02000
.....
6,55957
0,62195
1,60470
f
BRENT (LONDRES) ........
WTI (NEW YORK) ...........
LIGHT SWEET CRUDE ....
Cours
11/02
27,82
29,40
29,51
Var. %
09/02
....
± 0,14
+ 0,03
$/TONNE
1869
1686,50
477,50
5690
1126,50
9790
±
±
±
±
±
±
0,11
0,27
0,52
0,52
0,22
0,10
$/ONCE
5,37
127658,51
± 1,83
+ 0,74
$/BOISSEAU
272,75
223,25
165,50
+ 1,21
+ 0,68
+ 0,79
Or
En euros
f
OR FIN KILO BARRE ......
OR FIN LINGOT.............
ONCE D’OR (LO) $ .........
PIÈCE FRANCE 20 F........
PIÈCE SUISSE 20 F..........
PIÈCE UNION LAT. 20 ....
PIÈCE 10 DOLLARS US ...
PIÈCE 20 DOLLARS US ...
PIÈCE 50 PESOS MEX......
Cours
11/02
10180
10290
307
58,20
58,20
58,20
202
387
376
Var %
10/02
+ 1,80
+ 1,98
....
+ 2,11
+ 2,11
+ 2,11
+ 2,02
+ 0,34
+ 2,17
$/TONNE
759
1650
....
± 2,19
± 4,35
....
Cotations, graphiques et indices en temps
réel sur le site Web du « Monde ».
www.lemonde.fr/bourse
LeMonde Job: WMQ1502--0021-0 WAS LMQ1502-21 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0384 Lcp:700 CMYK
FINANCES ET MARCHÉS
STOXX 653
14/02
9 h 56
f
Code
Cours
% Var.
pays en euros 11/02
AUTOMOBILE
AUTOLIV SDR
BASF AG
BMW
CONTINENTAL AG
DAIMLERCHRYSLER
FIAT
FIAT PRIV.
MICHELIN /RM
PEUGEOT
PIRELLI
RENAULT
VALEO /RM
VOLKSWAGEN
VOLVO -AVOLVO -B-
SE
BE e
DE e
DE e
DE e
IT e
IT e
FR e
FR e
IT e
FR e
FR e
DE e
SE
SE
f DJ E STOXX AUTO P
27,95
44,65
26,10
16,50
65,80
30,15
15,10
36,55
200
2,73
42,50
58,95
46,30
24,70
25,29
229,01
....
+ 2,64
+ 3,37
± 0,30
± 0,90
± 1,15
+ 2,30
+ 0,16
± 0,50
+ 0,37
+ 1,19
+ 1,11
± 0,43
+ 0,72
+ 0,23
± 0,08
618 pence, après sa défaite dans la
bataille pour le rachat de National
Westminster Bank (NatWest).
NatWest a recommandé aux actionnaires d’accepter l’offre de
Royal Bank of Scotland pour donner naissance à la septième banque
européenne. L’action Royal Bank a
abandonné 0,70 %, alors que NatWest s’est adjugé 2,20 %.
b Le titre de la Commerzbank
était parmi les vedettes de la place
allemande, vendredi, prenant
4,10 %, à 36,8 euros. Les investisseurs continuent de spéculer sur
un rachat de la banque allemande
par le néerlandais ABN Amro, le
Crédit Suisse ou le groupe espagnol Banco Santander Central Hispano (BSCH).
CHIMIE
FR e
NL e
DE e
DE e
GB
DE e
CH
CH
DE e
NL e
CH
GB
FI e
GB
CH
FR e
BE e
BE e
AIR LIQUIDE /RM
AKZO NOBEL NV
BASF AG
BAYER AG
BOC GROUP PLC
CELANESE N
CIBA SPEC CHEM
CLARIANT N
DEGUSSA-HUELS
DSM
EMS-CHEM HOLD A
ICI
KEMIRA
LAPORTE
LONZA GRP N
RHODIA
SOLVAY
TESSENDERLO CHE
f DJ E STOXX CHEM P
148,90
39,10
44,65
43
21,92
23,20
65,55
411,06
33,45
32,68
4468,73
8,47
6,41
8,31
592,30
18,93
72,80
43
350,48
+ 1,29
+ 1,56
+ 2,64
± 0,46
+ 0,30
± 0,43
+ 0,48
± 2,22
+ 2,29
+ 0,71
+ 0,07
+ 0,78
+ 1,75
+ 3,24
+ 0,53
+ 0,58
+ 1,61
....
+ 0,84
68,80
230
285,50
52,90
224,80
39,20
19,16
4,11
15,04
15,16
16,55
39,80
250,69
16,23
61,45
2,85
44,60
312,89
+ 0,44
+ 0,88
+ 1,49
± 2,04
± 1,49
+ 4,26
+ 1,11
+ 0,80
± 1,17
± 1,16
....
....
± 0,37
....
....
+ 5,42
+ 2,29
+ 0,20
CONGLOMÉRATS
BANQUES
ABBEY NATIONAL
ABN AMRO HOLDIN
ALL & LEICS
ALLIED IRISH BA
ALPHA CREDIT BA
ARGENTARIA R
B PINTO MAYOR R
BANK AUSTRIA AG
BANK OF IRELAND
BANK OF PIRAEUS
BK OF SCOTLAND
BANKINTER R
BARCLAYS PLC
BAYR.HYPO-U.VER
BCA AG.MANTOVAN
BCA FIDEURAM
BCA INTESA
BCA LOMBARDA
MONTE PASCHI SI
BCA P.BERG.-C.V
BCA P.MILANO
B.P.VERONA E S.
BCA ROMA
BBVA R
ESPIRITO SANTO
BCO POPULAR ESP
BCO PORT ATLANT
BCP R
BIPOP CARIRE
BNL
BNP /RM
BSCH R
CCF /RM
CHRISTIANIA BK
COMIT
COMM.BANK OF GR
COMMERZBANK
CREDIT LYONNAIS
DEN DANSKE BK
DEN NORSKE BANK
DEUTSCHE BANK N
DEXIA
DRESDNER BANK N
EFG EUROBANK
ERGO BANK
ERSTE BANK
FOERENINGSSB A
HALIFAX GROUP
HSBC HLDG
IONIAN BK REG.S
KBC BANCASSURAN
LLOYDS TSB
MERITA
NAT BANK GREECE
NATEXIS BQ POP.
NATL WESTM BK
NORDIC BALTIC H
ROLO BANCA 1473
ROYAL BK SCOTL
SAN PAOLO IMI
S-E-BANKEN -ASTANDARD CHARTE
STE GENERAL-A-/
SV HANDBK -ASWEDISH MATCH
UBS REG
UNICREDITO ITAL
UNIDANMARK -AXIOSBANK
GB
NL e
GB
GB
GR
ES e
PT e
AT e
GB
GR
GB
ES e
GB
DE e
IT e
IT e
IT e
IT e
IT e
IT e
IT e
IT e
IT e
ES e
PT e
ES e
PT e
PT e
IT e
IT e
FR e
ES e
FR e
NO
IT e
GR
DE e
FR e
DK
NO
DE e
BE e
DE e
GR
GR
AT e
SE
GB
GB
GR
BE e
GB
FI e
GR
FR e
GB
SE
IT e
GB
IT e
SE
GB
FR e
SE
SE
CH
IT e
DK
GR
f DJ E STOXX BANK P
10,92
20,80
8,44
14,18
78,06
21,97
23,80
44,90
10,59
22,71
10,17
66,80
23,88
61,80
8,50
11,08
3,71
9,90
3,32
19,72
7,96
11,75
1,19
15,01
28,19
57,40
4,40
5,63
105
3,33
78,15
10,03
120,50
4,98
4,59
72,08
36,85
36,30
95,37
....
83,80
142,50
52
39,92
90,40
44,10
14,45
7,25
11,39
48,57
41,79
10,02
5,72
72,68
65,15
19,07
5,83
16,50
14,06
11,86
9,89
11,73
197,60
11,84
3,72
255,36
3,87
57,36
19,93
295,31
+ 4,36
+ 0,73
+ 3,39
....
± 0,99
....
....
± 0,11
....
± 0,07
+ 1,46
± 3,19
± 0,48
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....
+ 2,59
+ 0,82
± 0,30
± 3,21
± 1,25
± 1,49
+ 1,73
± 2,46
+ 7,06
....
....
....
....
+ 0,38
± 0,30
± 0,26
+ 1,01
+ 0,75
....
± 1,08
± 0,87
± 1,47
± 1,63
± 1,39
....
± 1,30
+ 0,42
+ 0,19
± 1,12
± 1,63
± 0,32
± 0,41
± 0,45
+ 2,19
± 2,06
+ 1,31
± 1,76
....
± 5,98
± 0,31
± 0,26
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+ 2,98
± 2,95
± 0,60
± 0,41
± 0,40
± 1,48
....
+ 0,49
± 3,25
± 0,70
± 9,11
+ 0,31
38,05
715
45,68
2,71
16,70
46,60
4,58
40,77
29,40
4,64
1,81
12,36
12,55
11,42
53,50
9,80
34,82
13,20
67,65
6,20
17,32
15,69
43,01
2,61
14,50
14,35
25,82
26,70
35,38
33
15,46
30,18
33,15
224,28
± 0,55
± 0,17
± 0,26
....
± 0,70
+ 1,64
....
± 0,54
+5
+ 0,35
± 0,89
± 0,36
± 7,04
....
+ 0,75
+ 1,03
....
+ 2,33
± 3,08
+ 2,99
+ 2,41
± 0,76
+ 0,14
....
+ 2,47
± 1,03
....
± 1,29
± 0,34
+ 1,85
+ 1,05
± 0,89
± 0,69
+ 0,45
PRODUITS DE BASE
ACERINOX R
ALUSUISSE LON G
ALUMINIUM GREEC
ARJO WIGGINS AP
ASSIDOMAEN AB
BEKAERT
BILLITON
BOEHLER-UDDEHOL
BUHRMANN NV
BUNZL PLC
CORUS GROUP
ELVAL
ISPAT INTERNATI
JOHNSON MATTHEY
MAYR-MELNHOF KA
METSAE-SERLA -B
MODO -BOUTOKUMPU OY -A
PECHINEY-ARAUTARUUKKI K
RIO TINTO
SIDENOR
SILVER & BARYTE
SMURFIT JEFFERS
STORA ENSO -ASTORA ENSO -RSVENSKA CELLULO
THYSSEN KRUPP
UNION MINIERE
UPM-KYMMENE COR
USINOR
VIOHALCO
VOEST-ALPINE ST
f DJ E STOXX BASI P
ES e
CH
GR
GB
SE
BE e
GB
AT e
NL e
GB
GB
GR
NL e
GB
AT e
FI e
SE
FI e
FR e
FI e
GB
GR
GR
GB
FI e
FI e
SE
DE e
BE e
FI e
FR e
GR
AT e
CGIP /RM
CHRISTIAN DIOR
D’IETEREN SA
GAZ ET EAUX /RM
GBL
GEVAERT
HAGEMEYER NV
INCHCAPE
INVESTOR -AINVESTOR -BMYTILINEOS HOLD
NORSK HYDRO
OERLIKON-BUEHRL
ORKLA -ASONAE SGPS
TOMKINS
VEBA AG
FR e
FR e
BE e
FR e
BE e
BE e
NL e
GB
SE
SE
GR
NO
CH
NO
PT e
GB
DE e
f DJ E STOXX CONG P
sur 5 jours
380,23
382
362
342
323
303
283
[
[
 V.
15 FE
ÃT
16 AOU
GB
DE e
GB
CH
DK
FR e
FR e
CH
CH
IR e
GB
AT e
3,06
44,68
2,40
194,63
10,48
71
145,30
1010,21
211,76
0,93
7,38
35,50
176,53
....
± 2,34
± 0,68
+ 0,16
± 0,64
± 2,20
+ 1,61
+ 2,01
+ 0,29
....
± 1,31
± 1,25
± 0,06
GB
35,94
FR e
51,35
GB
24,41
CH
1278,65
DK
139,69
FI e
26
CH 13452,91
CH 11478,57
FR e
38,57
DE e
120
GB
11,34
BE e
36,45
360,39
f DJ E STOXX PHAR P
± 0,63
± 1,25
± 0,93
+ 0,15
± 0,95
....
....
± 0,51
± 1,10
+ 0,17
+ 0,72
+ 2,33
± 0,72
PERSIMMON PLC
PREUSSAG AG
RANK GROUP
SAIRGROUP N
SAS DANMARK A/S
SEB /RM
SODEXHO ALLIANC
THE SWATCH GRP
THE SWATCH GRP
WW/WW UK UNITS
WILSON BOWDEN
WOLFORD AG
f DJ E STOXX CYC GO P
PHARMACIE
ASTRAZENECA
AVENTIS /RM
GLAXO WELLCOME
NOVARTIS N
NOVO NORDISK B
ORION B
ROCHE HOLDING
ROCHE HOLDING G
SANOFI SYNTHELA
SCHERING AG
SMITHKLINE BEEC
UCB
ÉNERGIE
GB
GB
GB
ES e
NL e
IT e
GB
GB
AT e
NO
ES e
NL e
IT e
GB
FR e
BG
BP AMOCO
BURMAH CASTROL
CEPSA
DORDTSCHE PETRO
ENI
ENTERPRISE OIL
LASMO
OMV AG
PETROLEUM GEO-S
REPSOL
ROYAL DUTCH CO
SAIPEM
SHELL TRANSP
TOTAL FINA /RM
f DJ E STOXX ENGY P
5,46
7,84
15,89
9,30
51,25
5,21
5,92
1,55
89
15,98
20,42
55,50
3,34
7,43
137
299,82
....
± 0,21
....
± 4,22
± 3,12
± 1,33
+ 0,28
+ 1,06
± 1,21
....
± 2,30
± 2,77
± 0,30
± 1,94
+ 0,07
± 1,78
SERVICES FINANCIERS
GB
BE e
3I
ALMANIJ
18,76 ± 0,17
41,50 + 0,12
[
[
[
[
[
[
M
M
J
V
L
 V.
15 FE
GB
GB
GB
GB
f DJ E STOXX F & BV P
5,51
7,43
2,10
75,57
186,28
+ 0,90
± 0,44
....
....
....
IR e
GB
GB
DE e
GB
DE e
SE
FR e
GR
NL e
DE e
GR
PT e
FI e
CH
DK
PT e
IT e
IT e
ES e
IT e
GB
f DJ E STOXX TCOM P
4,68
16,57
23,26
87,50
51,63
127
22,27
169,60
28,11
122,30
317
15,83
14,86
81,50
365,60
81,80
21,05
19,65
7,83
32,18
13,70
5,49
1480,50
....
+ 1,80
+ 2,74
± 0,57
± 2,55
± 1,55
....
± 1,91
± 2,04
+ 0,29
± 4,52
+ 0,29
....
+ 0,99
+ 1,56
± 0,98
....
± 1,26
+ 0,38
+ 0,75
+ 2,24
± 4,80
± 0,64
BIENS D’ÉQUIPEMENT
CH
119,74 ± 0,90
CH
777,90 ± 2,27
FR e
26,81 + 3,12
SE
16,70 ± 1,40
GB
3,81 ....
SE
25,58 + 1,41
SE
25,11 + 1,19
GR
17,69 ± 1,75
GB
6,54 + 1,52
GB
5,70 + 2,04
PT e
8,36 ....
GB
18,74 + 0,61
GB
106,71 ± 1,18
GB
3,32 ± 0,97
DK 10074,15 ....
DK 11135,29 ± 0,12
DK 15849,99 ....
GB
10,54 ....
FR e
1,16 ....
e
± 1,75
FI
28
GB
4,06 + 3,75
DK
19,34 ± 0,69
AT e
38,50 + 0,03
GB
11,77 + 2,70
GR
8,41 + 3,32
GB
6,32 + 1,31
DE e
58,50 + 0,86
± 0,03
FI e
32
IT e
8,98 + 0,34
GB
3,54 + 1,88
SE
26,18 ± 0,90
DK
75,89 + 2,18
DK
80,59 ....
+ 0,83
FI e
61
+2
FR e
204
DE e
45,75 ± 0,33
DE e
34,25 + 0,44
DE e
20,10 + 0,55
+ 1,64
e
FI
18
FI e
15,50 ± 1,90
GB
3,41 ± 1,88
SE
79,36 ....
GB
4,27 ....
DK
69,18 ....
GB
14,96 ....
Â)
(Publicite
www.lemonde.fr
44,50
21,62
17,20
15,83
8,41
6,99
846
4,91
8,80
15,71
191,60
7,93
17,28
97
6,29
61,50
31,88
31,99
25
1160,31
132,80
10
88,90
15,02
9,39
1,22
11,34
150,30
36,36
21,49
1,96
116,50
52,11
21,05
4,07
232,96
± 1,96
± 1,37
± 0,29
± 3,12
± 4,76
+ 0,23
± 0,24
....
± 0,11
....
+ 1,43
± 3,65
± 2,37
± 1,42
+ 1,31
+ 0,82
± 0,61
± 4,44
+ 2,04
+ 0,05
+ 2,55
± 0,60
+ 1,54
+ 0,40
± 0,17
+ 2,74
....
± 0,46
± 0,32
....
....
± 2,92
+ 0,87
± 0,61
± 0,79
± 0,42
CONSTRUCTION
ACCIONA
AKTOR SA
UPONOR -AAUMAR R
ACESA R
BLUE CIRCLE IND
BOUYGUES /RM
BPB
BUZZI UNICEM
CIMPOR R
COLAS /RM
GRUPO DRAGADOS
FCC
GROUPE GTM
HANSON PLC
HEIDELBERGER ZE
HELL.TECHNODO.R
HERACLES GENL R
HOCHTIEF ESSEN
HOLDERBANK FINA
IMERYS /RM
ITALCEMENTI
LAFARGE /RM
MICHANIKI REG.
TARMAC
PILKINGTON PLC
RMC GROUP PLC
SAINT GOBAIN /R
SKANSKA -BSUPERFOS
TAYLOR WOODROW
TECHNIP /RM
TITAN CEMENT RE
WIENERB BAUSTOF
WILLIAMS
ES e
GR
FI e
ES e
ES e
GB
FR e
GB
IT e
PT e
FR e
ES e
ES e
FR e
GB
DE e
GR
GR
DE e
CH
FR e
IT e
FR e
GR
GB
GB
GB
FR e
SE
DK
GB
FR e
GR
AT e
GB
f DJ E STOXX CNST P
CONSOMMATION CYCLIQUE
ACCOR /RM
ADIDAS-SALOMON
AIR FCE
AIRTOURS PLC
ALITALIA
AUSTRIAN AIRLIN
AUTOGRILL
BANG & OLUFSEN
BENETTON GROUP
BRITISH AIRWAYS
BULGARI
CLUB MED. /RM
COMPASS GRP
DT.LUFTHANSA N
ELECTROLUX -BEMI GROUP
EURO DISNEY /RM
GRANADA GROUP
HERMES INTL
HPI
KLM
HILTON GROUP
LVMH / RM
MOULINEX /RM
FR e
DE e
FR e
GB
IT e
AT e
IT e
DK
IT e
GB
IT e
FR e
GB
DE e
SE
GB
FR e
GB
FR e
IT e
NL e
GB
FR e
FR e
43,94 + 1,01
53,40 ± 1,48
16,82 + 1,94
4,68 + 0,70
2,19 + 4,29
18,15 + 0,83
11,23 + 2,09
39,22 ....
+ 1,52
2
4,61 + 1,80
9,28 ± 1,07
112,60 ± 0,18
11,52 + 1,43
19,80 ± 2,94
22,27 ± 0,53
12,30 + 2,58
0,86 + 1,18
10,40 ± 0,62
150
....
1,82 + 5,81
21,28 ± 0,56
2,93 + 11,11
± 1,05
405
7,36 + 9,04
FINANCE
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financière
ALPHA FINANCE
AMVESCAP
BPI R
BRITISH LAND CO
CANARY WHARF GR
CAPITAL SHOPPIN
CLOSE BROS GRP
COBEPA
COMPART
CONSORS DISC-BR
CORP FIN ALBA
CS GROUP N
EURAFRANCE /RM
FORTIS (B)
FORTIS (NL)
GECINA /RM
HAMMERSON
ING GROEP
KAPITAL HOLDING
LAND SECURITIES
LIBERTY INTL
MEDIOBANCA
MEPC PLC
METROVACESA
PROVIDENT FIN
RODAMCO CONT. E
RODAMCO NORTH A
SCHRODERS PLC
SIMCO N /RM
SLOUGH ESTATES
UNIBAIL /RM
VALLEHERMOSO
WCM BETEILIGUNG
WOOLWICH PLC
GR
GB
PT e
GB
GB
GB
GB
BE e
IT e
DE e
ES e
CH
FR e
BE e
NL e
FR e
GB
NL e
DK
GB
GB
IT e
GB
ES e
GB
NL e
NL e
GB
FR e
GB
FR e
ES e
DE e
GB
f DJ E STOXX FINS P
67,25
11,16
3,98
5,41
5,43
5,36
17,93
54,05
1,17
97,05
31,03
184,04
495
27,50
27,51
107
5,17
52,11
38,95
10,63
6,60
9,63
5,38
15
8,33
40,75
37,40
23,94
78,50
4,38
136,10
5,64
37
4,64
235,94
± 0,44
± 3,11
....
+ 0,61
....
+ 0,92
+ 1,38
± 1,73
± 1,68
± 5,32
± 5,40
± 0,34
± 1,39
± 0,36
+ 1,51
± 1,83
+ 0,96
+ 2,88
± 1,02
± 0,46
± 0,49
± 3,60
+ 2,80
+ 0,67
....
....
....
+ 6,06
+ 0,64
± 2,18
+ 0,07
....
± 1,46
+ 3,64
+ 0,57
ALIMENTATION ET BOISSON
ALLIED DOMECQ
ASSOCIAT BRIT F
BASS
BBAG OE BRAU-BE
BRAU-UNION
CADBURY SCHWEPP
CARLSBERG -BCARLSBERG AS -A
DANISCO
DANONE /RM
DELTA DAIRY
DIAGEO
ELAIS OLEAGINOU
ERID.BEGH.SAY /
HEINEKEN HOLD.N
HELLENIC BOTTLI
HELLENIC SUGAR
KERRY GRP-AMONTEDISON
NESTLE N
KONINKLIJKE NUM
PARMALAT
PERNOD RICARD /
RAISIO GRP -VSCOTT & NEWCAST
SOUTH AFRICAN B
TATE & LYLE
UNIGATE PLC
UNILEVER
GB
GB
GB
AT e
AT e
GB
DK
DK
DK
FR e
GR
GB
GR
FR e
NL e
GR
GR
GB
IT e
CH
NL e
IT e
FR e
FI e
GB
GB
GB
GB
NL e
4,24 ± 0,38
4,87 ± 0,99
10,06 + 1,82
39,20 ....
+ 0,12
43
5,39 + 1,53
32,24 ....
29,69 ....
33,58 + 2,04
209,70 + 0,82
31,60 ± 2,41
7,50 + 5,99
36,81 ± 1,96
94,50 ± 0,94
32,95 + 1,70
22,74 + 1,20
25,71 ± 1,55
19,23 ....
1,77 ....
1621,20 ± 0,50
32,67 + 0,21
1,14 ± 1,72
52,60 ± 2,59
3,48 + 10,13
5,70 ....
8,03 ....
3,81 + 7,83
4,35 + 3,09
43,30 ± 0,46
STOREBRAND
SUN LF & PROV H
SWISS LIFE REG
TOPDANMARK
ZURICH ALLIED N
[
à T
16 AOU
NO
GB
CH
DK
CH
6,41
6,13
506,35
17,01
455,28
375,79
....
+ 9,94
± 0,49
± 0,27
± 0,54
± 0,46
GB
FR e
GB
NL e
DE e
GB
IT e
FR e
IR e
FR e
IT e
GB
GB
GB
GB
FR e
GB
NL e
NL e
NL e
GB
28,39
299,30
11,96
14,40
104
20,49
22,21
592
10,80
95,80
20,40
37,08
10,15
22,88
7,74
605
12,89
165,65
74,20
41,09
18,90
727,27
± 1,91
+ 0,44
± 4,05
+ 0,42
± 4,41
+ 0,64
+ 1,88
± 1,33
....
+ 1,91
+ 2,20
+ 1,74
+ 1,47
± 0,64
+ 2,37
± 3,20
....
± 3,13
± 2,82
± 3,73
+ 1,75
± 0,68
f DJ E STOXX INSU P
ABB N
ADECCO N
ALSTOM
ASSA ABLOY-BASSOC BR PORTS
ATLAS COPCO -AATLAS COPCO -BATTICA ENTR SA
BAA
BBA GROUP PLC
BRISA AUTO-ESTR
CAPITA GRP
CMG
COOKSON GROUP P
DAMPSKIBS -ADAMPSKIBS -BDAMSKIBS SVEND
ELECTROCOMPONEN
EUROTUNNEL /RM
FINNLINES
FKI
FLS IND.B
FLUGHAFEN WIEN
GKN
HALKOR
HAYS
HEIDELBERGER DR
HUHTAMAEKI VAN
IFIL
IMI PLC
IND.VAERDEN -AISS INTL SERV-B
KOEBENHAVN LUFT
KONE B
LEGRAND /RM
LINDE AG
MAN AG
METALLGESELLSCH
METRA A
METSO
MORGAN CRUCIBLE
NETCOM -BNFC
NKT HOLDING
OCEAN GROUP
PARTEK
PENINS.ORIENT.S
PREMIER FARNELL
RAILTRACK
RANDSTAD HOLDIN
RATIN -ARATIN -BRENTOKIL INITIA
REXAM
REXEL /RM
RHI AG
RIETER HLDG N
SANDVIK -ASANDVIK -BSAURER ARBON N
SCHNEIDER ELECT
SEAT-PAGINE GIA
SECURICOR
SECURITAS -BSHANKS GROUP
SIDEL /RM
INVENSYS
SKF -BSOPHUS BEREND SULZER FRAT.SA1
T.I.GROUP PLC
TOMRA SYSTEMS
VA TECHNOLOGIE
VEDIOR NV
FI e
GB
GB
GB
NL e
DK
DK
GB
GB
FR e
AT e
CH
SE
SE
CH
FR e
IT e
GB
SE
GB
FR e
GB
SE
DK
CH
GB
NO
AT e
NL e
f DJ E STOXX IND GO P
13,40
13,95
7,14
10,61
38,25
111,08
112,16
3,76
3,11
73
27,10
652,72
27,84
28,49
566,77
68,75
2,34
2,69
22,86
2,93
85
4,19
21,26
23,91
668,91
5,48
15,92
66,55
9
676,26
± 0,74
± 3,60
....
+ 2,36
± 0,13
....
± 1,53
+ 2,21
+ 1,06
+ 2,82
± 2,10
+ 2,24
+ 2,17
+ 1,91
+ 1,11
± 1,22
....
+ 1,23
+ 1,05
....
+ 2,41
+ 0,39
....
+ 0,56
± 0,37
+ 7,69
....
± 0,67
+ 0,56
+ 9,28
74,90
3,65
50,65
10,30
370
9,22
53,50
128,10
830,22
12,61
12,63
29,50
13,75
103
42,50
85,97
27,50
29,71
159,95
32,29
7,66
4,62
2,36
15,82
291
6,08
58,67
15,21
9,69
5,69
34,45
1678,50
54,80
30,15
± 0,07
....
± 0,49
± 1,06
± 1,60
± 1,39
± 0,93
± 0,08
± 0,45
± 1,90
....
+ 2,08
± 2,34
....
+ 1,65
+ 0,95
± 0,36
± 1,30
+ 0,76
± 0,46
....
+ 0,43
+ 2,84
+ 1,41
± 1,19
± 1,32
± 0,56
± 2,91
+ 0,41
+ 5,44
± 0,03
± 0,37
....
± 0,20
ASSURANCES
AEGON NV
AEGIS GROUP
AGF /RM
ALLEANZA ASS
ALLIANZ N
ALLIED ZURICH
ASR VERZEKERING
AXA /RM
BALOISE HLDG N
BRITANNIC
CGU
CNP ASSURANCES
CORP MAPFRE R
ERGO VERSICHERU
ETHNIKI GEN INS
CODAN
FORTIS (B)
GENERALI ASS
GENERALI HLD VI
INTERAM HELLEN
IRISH LIFE & PE
FONDIARIA ASS
LEGAL & GENERAL
MEDIOLANUM
MUENCH RUECKVER
NORWICH UNION
POHJOLA YHTYMAE
PRUDENTIAL
RAS
ROYAL SUN ALLIA
SAMPO -ASWISS RE N
SEGUROS MUNDIAL
SKANDIA INSURAN
NL e
GB
FR e
IT e
DE e
GB
NL e
FR e
CH
GB
GB
FR e
ES e
DE e
GR
DK
BE e
IT e
AT e
GR
GB
IT e
GB
IT e
DE e
GB
FI e
GB
IT e
GB
FI e
CH
PT e
SE
sur 5 jours
5170,27
[
UNILEVER
WHITBREAD
COCA-COLA BEVER
DAILY MAIL & GE
sur 1an
5223
4848
4473
4098
3724
3349
 V.
14 FE
TÉLÉCOMMUNICATIONS
EIRCOM
BRITISH TELECOM
CABLE & WIRELES
DEUTSCHE TELEKO
ENERGIS
EQUANT NV
EUROPOLITAN HLD
FRANCE TELECOM
HELLENIC TELE (
KONINKLIJKE KPN
MANNESMANN N
PANAFON HELLENI
PORTUGAL TELECO
SONERA
SWISSCOM N
TELE DANMARK -B
TELECEL
TELECOM ITALIA
TELECOM ITALIA
TELEFONICA
TIM
VODAFONE AIRTOU
EURO STOXX50
MEDIAS
B SKY B GROUP
CANAL PLUS /RM
CARLTON COMMUNI
ELSEVIER
EM.TV & MERCHAN
EMAP PLC
GRUPPO L’ESPRES
HAVAS ADVERTISI
INDP NEWS AND M
LAGARDERE SCA N
MEDIASET
PEARSON
REED INTERNATIO
REUTERS GROUP
TELEWEST COMM.
TF1
UNITED NEWS & M
UNITED PAN-EURO
VNU
WOLTERS KLUWER
WPP GROUP
f DJ E STOXX MEDIA P
BIENS DE CONSOMMATION
AHOLD
ALTADIS -AATHENS MEDICAL
AVIS EUROPE
AUSTRIA TABAK A
BEIERSDORF AG
BIC /RM
BRIT AMER TOBAC
CASINO GP /RM
CFR UNITS -ADELHAIZE
ESSILOR INTL /R
COLRUYT
FRESENIUS MED C
GALLAHER GRP
GIB
IMPERIAL TOBACC
JERONIMO MARTIN
KESKO -BL’OREAL /RM
MORRISON SUPERM
HENKEL KGAA VZ
RECKITT BENCKIS
SAFEWAY
SAINSBURY J. PL
SMITH & NEPHEW
STAGECOACH HLDG
TESCO PLC
TNT POST GROEP
NL e
ES e
GR
GB
AT e
DE e
FR e
GB
FR e
CH
BE e
FR e
BE e
DE e
GB
BE e
GB
PT e
FI e
FR e
GB
DE e
GB
GB
GB
GB
GB
GB
NL e
f DJ E STOXX N CY G P
23,75
10,96
21,35
2,49
47,50
69,75
41,60
4,60
98,50
2563,53
60,60
272
47
83
3,85
33,90
6,86
22
11,90
669
1,97
55,60
9,24
2,85
5,08
2,72
1,87
2,71
24,35
489,66
+ 0,34
± 5,76
+ 0,14
....
± 1,04
± 1,20
+ 1,22
+ 1,81
....
±2
+ 3,41
+ 1,87
+ 4,44
+ 0,12
+ 0,43
+ 0,59
± 0,47
....
....
± 0,89
+ 0,83
+ 1,46
± 1,90
± 1,13
+ 1,30
....
+ 4,55
+ 1,84
+ 1,04
± 0,62
COMMERCE DISTRIBUTION
BOOTS CO PLC
CARREFOUR /RM
CASTO.DUBOIS /R
CENTROS COMER P
CONTINENTE
DIXONS GROUP PL
GEHE AG
GREAT UNIV STOR
GUCCI GROUP
HENNES & MAURIT
KARSTADT QUELLE
KINGFISHER
MARKS & SPENCER
METRO
NEXT PLC
PINAULT PRINT./
VALORA HLDG N
VENDEX KBB NV
W.H SMITH
WOLSELEY PLC
GB
FR e
FR e
ES e
ES e
GB
DE e
GB
NL e
SE
DE e
GB
GB
DE e
GB
FR e
CH
NL e
GB
GB
f DJ E STOXX RETL P
8,07
148,80
219,50
13,32
17,02
22
33,20
6,18
100
33,58
28,60
7,92
3,91
40,40
7,90
197
308,30
20,70
5,20
5,10
362,32
± 0,40
± 1,06
+ 4,03
± 3,20
± 1,33
+ 2,12
+ 2,47
+ 2,16
± 1,96
....
+ 1,42
+ 6,58
+ 0,84
+ 0,25
+ 8,02
+ 2,87
±1
+ 4,12
....
± 0,63
+ 0,29
HAUTE TECHNOLOGIE
AEROSPATIALE MA
ALCATEL /RM
ALTEC SA REG.
ASM LITHOGRAPHY
BAAN COMPANY
BARCO
BOWTHORPE
BRITISH AEROSPA
CAB & WIRE COMM
CAP GEMINI /RM
COLT TELECOM NE
DASSAULT SYST./
ERICSSON -BFINMECCANICA
GAMBRO -AGETRONICS
GN GREAT NORDIC
INTRACOM R
LOGICA
MISYS
NOKIA
NYCOMED AMERSHA
OCE
OLIVETTI
KON. PHILIPS
ROLLS ROYCE
SAGE GRP
SAGEM
SAP AG
SAP VZ
SEMA GROUP
SIEMENS AG N
SMITHS IND PLC
STMICROELEC SIC
TECNOST
THOMSON CSF /RM
TIETOENATOR
WILLIAM DEMANT
FR e
FR e
GR
NL e
NL e
BE e
GB
GB
GB
FR e
GB
FR e
SE
IT e
SE
NL e
DK
GR
GB
GB
FI e
GB
NL e
IT e
NL e
GB
GB
FR e
DE e
DE e
GB
DE e
GB
FR e
IT e
FR e
FI e
DK
f DJ E STOXX TECH P
20,05
278
25,20
137,70
7,13
133,90
18,50
5,07
17,68
263
57,82
98,70
91,44
1,14
8,05
79
65,15
45,95
38,87
18,33
199
6
13,11
3,93
179
3,31
13,20
2451
635
830
26,86
172,50
11,16
211,40
4,13
44,01
65
126,26
1011,90
+ 0,75
± 0,68
+ 0,24
± 1,08
+ 1,13
+ 2,37
± 0,87
+ 3,32
+ 2,17
± 1,50
+ 1,26
+5
± 2,53
....
+ 0,74
± 1,80
+ 0,41
± 0,46
± 0,58
+ 1,72
± 0,50
± 0,81
+ 1,63
± 1,75
± 1,76
....
+ 0,62
....
± 2,31
± 1,54
+ 9,79
± 0,29
+ 4,26
± 0,28
± 1,43
± 4,31
± 1,52
± 2,08
± 0,55
SERVICES COLLECTIFS
AEM
ANGLIAN WATER
BRITISH ENERGY
CENTRICA
EDISON
ELECTRABEL
ELECTRIC PORTUG
ENDESA
EVN
FORTUM
GAS NATURAL SDG
IBERDROLA
ITALGAS
NATIONAL GRID G
NATIONAL POWER
OESTERR ELEKTR
POWERGEN
SCOTTISH POWER
IT e
GB
GB
GB
IT e
BE e
PT e
ES e
AT e
FI e
ES e
ES e
IT e
GB
GB
AT e
GB
GB
6,18
7,32
3,83
2,87
9,02
258,90
17,30
18,55
120
4,35
19,03
11,73
5,39
8,02
5,13
114
6,34
6,67
+ 7,85
+ 4,91
± 0,84
+ 2,33
± 1,96
± 0,42
....
± 2,37
± 0,43
....
± 1,14
± 2,25
+ 2,67
± 1,60
+ 0,96
....
+ 9,58
± 1,68
72,0715
43,3225
29,3615
82,2915
92,0815
b L’action du groupe de télécommunications Telefonica s’est
octroyé 4,20 %, vendredi 11 février,
après l’annonce d’un accord stratégique avec Banco Bilbao Vizcaya Argentaria (BBVA) dans l’Internet. L’action de BBVA a, de son
côté, gagné 7,70 %. Parallèlement,
des rumeurs selon lesquelles deux
des filiales de Telefonica, le fournisseur de services Internet Terra
Networks et la société des annuaires téléphoniques TPI, pourraient fusionner ont entraîné des
hausses respectives de 15 % et de
26 % de ces titres, en dépit d’un
démenti de Telefonica.
b Le cours de Bourse de Bank of
Scotland a baissé de 9,9 %, au
cours de la séance de vendredi, à
sur 1 an
32,083
63,283
72,183
44,283
35,283
VALEURS EUROPÉENNES
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000 / 21
[
[
[
[
[
[
 V.
14 FE
M
M
J
V
L
SEVERN TRENT
SUEZ LYON EAUX/
SYDKRAFT -ASYDKRAFT -CTHAMES WATER
FENOSA
UNITED UTILITIE
VIAG
VIVENDI/RM
GB
FR e
SE
SE
GB
ES e
GB
DE e
FR e
7,82
169,10
23,69
19,07
11,67
19,31
9,09
18,10
125,90
347,08
± 0,83
± 0,53
....
....
± 1,51
± 1,83
+ 1,27
+ 2,26
± 2,40
± 0,83
__________________
f DJ E STOXX PO SUP P
EURO
NOUVEAU
MARCHÉ
14/02
9 h 56
f
Cours
en euros
% Var.
11/02
AMSTERDAM
AIRSPRAY NV
ANTONOV
C/TAC
CARDIO CONTROL
CSS
HITT NV
INNOCONCEPTS NV
NEDGRAPHICS HOLD
SOPHEON
PROLION HOLDING
RING ROSA
RING ROSA WT
UCC GROEP NV
21,20
1,50
18
5
23,90
8,95
23
32,50
15,80
94
5,05
0,25
35
+ 3,41
+ 8,70
+ 6,51
± 5,66
....
....
+ 2,22
± 4,97
± 2,47
....
+ 2,64
....
± 4,11
BRUXELLES
ENVIPCO HLD CT
FARDEM BELGIUM B
INTERNOC HLD
INTL BRACHYTHER B
LINK SOFTWARE B
PAYTON PLANAR
ACCENTIS
1,09 ± 0,91
23
....
+ 4,17
2
+
1,54
13,20
9,99 + 11
1,40
....
6,39
....
FRANCFORT
1 & 1 AG & CO.KGAA
AIXTRON
AUGUSTA TECHNOLOGIE
BB BIOTECH ZT-D
BB MEDTECH ZT-D
BERTRANDT AG
BETA SYSTEMS SOFTWA
CE COMPUTER EQUIPME
CE CONSUMER ELECTRO
CENIT SYSTEMHAUS
DRILLISCH
EDEL MUSIC
ELSA
EM.TV & MERCHANDI
EUROMICRON
GRAPHISOFT NV
HOEFT & WESSEL
HUNZINGER INFORMAT
INFOMATEC
INTERSHOP COMMUNICA
KINOWELT MEDIEN
LHS GROUP
LINTEC COMPUTER
LOESCH UMWELTSCHUTZ
MENSCH UND MASCHINE
MOBILCOM
MUEHL PRODUCT & SERV
MUEHLBAUER HOLDING
PFEIFFER VACU TECH
PLENUM
PSI
QIAGEN NV
REFUGIUM HOLDING AG
SACHSENRING AUTO
SALTUS TECHNOLOGY
SCM MICROSYSTEMS
SER SYSTEME
SERO ENTSORGUNG
SINGULUS TECHNOLOGI
SOFTM SOFTWARE BERA
TDS
TECHNOTRANS
TELDAFAX
TELES AG
TIPTEL
TRANSTEC
W.E.T. AUTOMOTIVE S
± 3,81
480
± 3,29
213
137,50 ± 3,80
99,60 ± 1,38
15,80 ± 2,17
± 2,96
82
11,50 + 1,77
121,50 + 1,25
± 1,85
212
38,70 ± 0,77
9,20 ± 5,15
38,98 ± 7,41
+ 12,16
83
± 5,33
103
26,16 + 1,40
18,70 ± 4,10
20,45 + 23,94
10,60 ± 0,93
38,50 + 0,52
± 2,91
401
51,15 + 2,51
34,15 ± 1,59
98,50 ± 2,76
6,60
....
21,88 ± 0,45
± 1,80
139
± 2,62
13
54,50 ± 2,57
± 4,91
37
20,96 ± 2,74
42,30 + 1,44
± 3,23
130
8,55 ± 2,29
+ 6,25
17
14,45 + 1,76
77,20 + 1,58
+ 1,17
52
5,80
....
91,05 ± 2,67
+ 4,55
46
22,50 ± 6,25
± 2,78
70
14,20 ± 0,70
32,40 ± 3,71
6,26 ± 3,69
+ 3,14
49
+ 1,41
36
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
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....
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....
....
....
....
....
e CODES PAYS ZONE EURO
FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne
IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande
LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche
FI : Finlande - BE : Belgique.
CODES PAYS HORS ZONE EURO
CH : Suisse - NO : Norvège - DK : Danemark
GB : Grande-Bretagne - GR : Grèce - SE : Suède.
LeMonde Job: WMQ1502--0022-0 WAS LMQ1502-22 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0385 Lcp:700 CMYK
22 / LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
FINANCES ET MARCHÉS
VALEURS FRANÇAISES
b L’action de la Scor était en baisse de 1 %, à 49,3 euros, dans les premiers échanges de la Bourse de Paris,
lundi 14 février. Le premier réassureur français a annoncé, avant l’ouverture du marché, une hausse en
1999 de 29 % de son chiffre d’affaires. Par ailleurs, dans
un entretien avec La Tribune, publié lundi , le président
du groupe, Jacques Blondeau, a confirmé l’impact des
tempêtes sur la prévision de résultat net de la Scor,
qu’il estime entre 50 et 60 millions d’euros.
b Le cours de Bourse de Lagardère s’inscrivait lundi en
début de matinée en hausse de 1,17 % à 95,1 euros. Le
groupe français serait sur le point de créer une filiale
qui commercialisera l’ensemble des bases de données
de Hachette Filipacchi Media, Hachette Livre, Gamma
et Europe 1 Communication, selon les informations du
Figaro.
b Le titre Canal+ reculait de 1,61 % à 293,2 euros, lundi
dans les premières cotations, malgré l’entrée de l’action dans l’indice vedette du marché des actions européennes, l’EuroStoxx 50. L’action Canal + remplace
celle de Mannesmann.
b L’action Sommer Allibert était stable, lundi matin,
s’échangeant à 25 euros. Les investisseurs n’ont pas
réagi à la publication du chiffre d’affaires du groupe, en
légère baisse, à 3,445 milliards d’euros en 1999, contre
3,475 milliards en 1998.
______________________________
RÈGLEMENT MENSUEL
LUNDI 14 FEÂVRIER
Cours relevés à 9 h 57
Liquidation : 22 fe
 vrier
France
Précédent
en euros
f
Cours
en euros
144,55
140,10
320
167
146,10
43,50
19,90
50,90
16,50
147
279,90
26
276
168,90
52
128,20
128,30
B.N.P. (T.P)......................
CR.LYONNAIS(TP) L .......
RENAULT (T.P.)...............
SAINT GOBAIN(T.P.........
THOMSON S.A (T.P) .......
ACCOR ............................
AEROSPATIALE MATR....
AGF .................................
AIR FRANCE GPE NO .....
AIR LIQUIDE ...................
ALCATEL .........................
ALSTOM..........................
ALTRAN TECHNO. # .......
ATOS CA..........................
AVENTIS..........................
AXA ..................................
BAIL INVESTIS.................
Cours
en francs
144,50
947,86
140
918,34
321
2105,62
167
1095,45
....
....
43,80
287,31
19,98
131,06
50,65
332,24
16,88
110,73
148,50
974,10
278,50
1826,84
26,80
175,80
283,30
1858,33
164
1075,77
51,65
338,80
128,20
840,94
128,20
840,94
NOUVEAU
MARCHÉ
VENDREDI 11 FEÂVRIER
Cours relevés à 17 h 35
Valeurs
Cours
en euros
f
ADL PARTNER......
AB SOFT ...............
ACCESS COMME ..
ALGORIEL#...........
ALPHAMEDIA .......
ALPHA MOS #.......
ALTAMIR & CI ......
ALTAMIR BS 9 ......d
ALDETA ................
ALTI #...................
A NOVO................
ARTPRICE COM....
ASTRA ..................
ATN......................
AUTOMA TECH ....
AVENIR TELEC......
BARBARA BUI.......
BELVEDERE ..........
BIODOME #..........
BOURSE DIREC ....
BRIME TECHNO...
BVRP EX DT S.......
CAC SYSTEMES ....
CAST ....................
CEREP ..................
CEREP ACT.NO.....d
CHEMUNEX #.......
COHERIS ATIX......
CMT MEDICAL .....
Cours
en francs
31,99
209,84
15
98,39
85
557,56
39
255,82
16,60
108,89
11,67
450
76,55
2951,81
11,05
72,48
5,20
34,11
144,90
950,48
209
1370,95
50,25
329,62
1,68
11,02
10,30
67,56
40
262,38
260
1705,49
7,50
49,20
67,70
444,08
24,20
158,74
25
163,99
71,50
469,01
108,80
713,68
9,50
62,32
28,10
184,32
48
314,86
15
98,39
1,30
8,53
345
2263,05
11
72,16
% Var.
veille
+ 6,28
± 3,23
+ 9,68
....
+ 15,28
± 2,75
+ 7,14
....
+4
+ 15
± 0,19
+ 6,91
± 0,59
+ 50,15
+ 0,25
+ 7,44
± 3,85
+ 7,46
± 0,82
+ 14,42
+ 13,49
+ 9,24
± 1,04
+ 15,16
+ 9,09
....
± 7,14
+ 7,81
± 4,35
% Var.
veille
± 0,03 + 1,04
± 0,07 ± 1,40
+ 0,31 ± 3,51
± 1,76
....
± 2,60
....
+ 0,69 ± 8,69
+ 0,40 ± 8,30
± 0,49 ± 5,85
+ 2,30 ± 11,15
+ 1,02 ± 10,64
± 0,50 + 22,14
+ 3,08 ± 19,03
+ 2,64 + 41,65
± 2,90 ± 0,36
± 0,67 ± 10,48
± 7,36
....
± 0,08
....
COIL .....................
CONSODATA #......
CROSS SYSTEM ....
CRYO INTERAC.....
CYBER PRES.P ......
CYRANO #.............
DESK #..................
DESK BS 98 ...........
DEVOTEAM # ........
DIOSOS.................
DMS #...................
DURAND ALLIZ ....
DURAN DUBOI .....
DURAN DUBOIS ...
EFFIK # .................
EGIDE # ................
ESKER ...................
EUROFINS SCI ......
EURO.CARGO S.....
EUROPSTAT # .......
FABMASTER #.......d
FI SYSTEM # .........
FLOREANE MED ...
GENERIX # ............
GENESYS #............
GENSET ................
GL TRADE # ..........
GROUPE D # .........
GUILLEMOT #.......
GUYANOR ACTI ....
HF COMPANY.......
HIGH CO. .............
HOLOGRAM IND ..
IDP .......................
IDP BON 98 ( ........d
IGE + XAO.............
ILOG # ..................
IMECOM GROUP ..
INFOSOURCES......
INFOSOURCE B ....d
INFOTEL # ............
INTEGRA NET.......
INTERCALL # ........d
SICAV et FCP
Une seÂlection.
Émetteurs
Cours de clôture le 11 février
f
Valeurs unitaires e
Euros
francsee
Date
cours
AGIPI
AGIPI AMBITION (AXA) ........
AGIPI ACTIONS (AXA)...........
29,26
191,93
31,90
209,25
11/02
11/02
3615 BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
BNP
ACTIONS EURO............
ACTIONS FRANCE ........
ACT. MIDCAP EURO .....
ACT. MIDCAP FR. .........
ACTIONS MONDE ........
ACTIONS PEA EURO.....
ÉP. PATRIMOINE..........
ÉPARGNE RETRAITE ....
MONÉ COURT TERME .
MONÉTAIRE C..............
MONÉTAIRE D .............
MONÉ PLACEMENT C ..
MONÉ PLACEMENT D..
MONÉ SÉCURITÉ .........
MONÉ TRÉSORIE .........
OBLIG. CT ....................
OBLIG. LT.....................
OBLIG. MONDE............
OBLIG. MT C ................
OBLIG. MT D................
OBLIG. REVENUS .........
OBLIG. SPREADS ..........
OBLIG. TRÉSOR............
SECT. IMMOBILIER ......
171,29
1123,59
203,43
1334,41
223,27
1464,56
71,10
466,39
225,37
1478,33
266,01
1744,91
34,56
226,70
40,92
268,42
2326,89
15263,40
879,43
5768,68
797,59
5231,85
12817,19
84075,26
11488
75356,34
1763,54
11568,06
145216,08
952555,04
165,05
1082,66
33,94
222,63
182,47
1196,92
139,95
918,01
130,90
858,65
158,66
1040,74
166,75
1093,81
1816,13
11913,03
135,61
889,54
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT
BP NOUVELLE ÉCONOMIE ...
BP OBLIG. EUROPE ..............
BP SÉCURITÉ .......................
FRUCTI EURO 50 ..................
FRUCTIFRANCE C ................
425,86
2793,46
47,16
309,35
95633,17
627312,47
149,26
979,08
108,08
708,96
10/02
11/02
11/02
11/02
13/02
www.cdc-assetmanagement.com
LIVRET B. INV.D PEA ............
239,42
1570,49
10/02
MULTI-PROMOTEURS
NORD SUD DÉVELOP. C.......
NORD SUD DÉVELOP. D ......
456,99
2997,66
388,83
2550,56
10/02
10/02
Sicav en ligne :
08 36 68 09 00 (2,23 F/mn)
ÉCUR.
ÉCUR.
ÉCUR.
ÉCUR.
1,2,3... FUTUR ............
ACT. FUT.D PEA ........
ACTIONS EUROP. C ...
CAPITALISATION C....
% Var.
31/12
(1)
62,75
411,61
88,31
579,28
22,76
149,30
40,09
262,97
106,60
41,10
87,20
78,35
195
290,10
848
44,80
11,29
132,50
298
267
39,40
150,40
98,50
66,15
211
119,60
244
11,80
68,50
53
56
228
96,90
57
100
112,80
28,90
96,50
88,10
188,90
36
46,25
15,24
41
36,90
52,10
76
208
193,70
94
51
65
14,25
4,30
26,01
56,75
52
95,40
267
314,20
68
502
0,85
1,16
71,50
45,49
146,80
84,60
118,70
172,90
705,50
186,80
80
54
109
64,50
202
25,92
174
75,10
38,99
BAZAR HOT. VILLE .........
BIC...................................
BIS ...................................
B.N.P. ..............................
BOLLORE ........................
BONGRAIN .....................
BOUYGUES .....................
BOUYGUES OFFS............
BULL#..............................
BUSINESS OBJECTS........
CANAL + .........................
CAP GEMINI ...................
CARBONE LORRAINE.....
CARREFOUR ...................
CASINO GUICHARD .......
CASINO GUICH.ADP ......
CASTORAMA DUB.(LI.....
C.C.F. ...............................
CEGID (LY) ......................
CERUS .............................
CGIP ................................
CHARGEURS...................
CHRISTIAN DALLOZ ......
CHRISTIAN DIOR ...........
CIC -ACTIONS A..............
CIMENTS FRANCAIS ......
CLARINS .........................
CLUB MEDITERRANEE ..
CNP ASSURANCES .........
COFACE...........................
COFLEXIP........................
COLAS .............................
CDE PROV. REGPT..........
CPR .................................
CRED.FON.FRANCE .......
CFF.RECYCLING .............
CREDIT LYONNAIS.........
CS SIGNAUX(CSEE).........
DAMART .........................
DANONE.........................
DASSAULT-AVIATION.....
DASSAULT SYSTEMES....
DE DIETRICH..................
DEVEAUX(LY)# ................
DEV.R.N-P.CAL LI............
DMC (DOLLFUS MI) .......
DYNACTION ...................
EIFFAGE ..........................
ERAMET ..........................
ERIDANIA BEGHIN.........
ESSILOR INTL .................
ESSILOR INTL.ADP .........
ESSO................................
EURAFRANCE .................
EURO DISNEY.................
EUROTUNNEL................
FACOM SA.......................
FAURECIA .......................
FIMALAC SA....................
FIVES-LILLE.....................
FONC.LYON.# .................
FRANCE TELECOM.........
FROMAGERIES BEL ........
GALERIES LAFAYETT ......
GAUMONT #...................
GAZ ET EAUX ..................
GECINA ...........................
GEOPHYSIQUE ...............
GFI INFORMATIQUE......
GRANDVISION ...............
GROUPE ANDRE S.A.......
GASCOGNE.....................
GR.ZANNIER (LY) #.........
43
282,06
63
413,25
418
2741,90
86
564,12
55
360,78
10,50
68,88
10,30
67,56
0,47
3,08
136,40
41
9,90
5,39
894,73
268,94
64,94
35,36
148
970,82
140
918,34
26
170,55
92
603,48
47
308,30
129
846,18
10,49
68,81
1299
8520,88
17
111,51
130
852,74
9
59,04
117
767,47
50,40
330,60
120
787,15
30
196,79
130
852,74
130
852,74
0,42
2,76
105
688,75
76
498,53
100
655,96
9,05
59,36
1,07
7,02
17,90
117,42
54,50
357,50
10,50
68,88
175
32,80
1147,92
215,15
145
951,14
227
1489,02
63
413,25
ÉCUR. DYNAMIQUE+ D PEA
ÉCUR. ÉNERGIE D PEA .........
ÉCUR. EXPANSION C ............
ÉCUR. EXPANSIONPLUS C....
ÉCUR. INVESTIS. D PEA ........
ÉC. MONÉT.C/10 30/11/98 ......
ÉC. MONÉT.D/10 30/11/98......
ÉCUR. OBLIG. INTERNAT. ....
ÉCUR. TRIMESTRIEL D .........
ÉPARCOURT-SICAV D ...........
GÉOPTIM C ..........................
HORIZON C..........................
PRÉVOYANCE ÉCUR. D .........
± 2,27
+ 6,78
+ 4,50
+ 0,58
+ 0,36
± 1,87
± 1,90
....
+ 10
+ 2,50
+ 16,47
+ 1,70
+ 0,14
± 9,09
....
+ 3,25
+ 4,44
+ 2,79
+ 0,38
+ 9,99
....
+ 4,75
± 1,10
+ 2,63
± 0,98
+ 1,69
+ 7,14
+ 8,33
+ 6,56
+5
+ 1,94
+ 4,11
± 4,76
....
....
+ 1,13
+ 11,22
+5
+ 9,86
....
+ 5,76
± 0,87
....
58,37
727,46
41,31
270,98
....
77,75
1279,12
290
1902,28
845
5542,84
44
288,62
11,95
78,39
131,80
864,55
302,70
1985,58
262
1718,61
39,49
382,88
53,79
352,84
89949,55
39,41
258,51
67,22
440,93
210,70
1382,10
185,26
1215,23
161,95
1062,32
271,57
1781,38
28,28
185,50
2085,85
13682,28
595,81
3908,26
14,86
97,48
38,10
249,92
32,48
213,05
47,84
313,81
367,53
30,44
199,67
680,42
4463,26
327,65
2149,24
261,79
1717,23
62,27
408,46
266,39
1747,40
246,69
1618,18
132,63
870
316,29
2074,73
520,92
3417,01
719,57
4720,07
159,06
1043,37
551,77
3619,37
290,21
1903,65
256,56
1682,92
2847,65
18679,36
187,22
1228,08
165,24
1083,90
152,79
1002,24
51,24
336,11
46,16
302,79
246,64
1617,85
310,60
2037,40
204,28
1339,99
1554,14
10194,49
1933,18
12680,83
1752
11492,37
90,19
591,61
80,21
526,14
224,19
1470,59
169,15
1109,55
20,32
133,29
3034,80
19906,98
75,03
492,16
182,41
1196,53
201,17
1319,59
184,15
1207,94
37,34
244,93
10/02 Fonds communs de placements
10/02 INDOCAM VAL. RESTR. ........
423,16
10/02 MASTER ACTIONS ................
60,33
10/02 MASTER OBLIGATIONS ........
28,95
259,04
149,10
978,03
97,65
640,54
66
432,93
219
1436,55
120,50
244
790,43
1600,54
11,50
75,44
68
446,05
52,20
342,41
56,50
370,62
225
1475,90
96
629,72
59,50
390,29
100,70
660,55
113
741,23
29,33
98
192,39
642,84
88,10
577,90
191,60
1256,81
35,50
232,86
43,60
286
15,85
103,97
40,90
268,29
36,30
238,11
51,05
334,87
76
498,53
209,50
1374,23
193,40
1268,62
98,35
645,13
49,73
326,21
64,80
425,06
14,25
93,47
4,35
28,53
25,51
167,33
57,40
376,52
49
321,42
94
616,60
274,70
1801,91
329,90
2164
66,30
495
434,90
3246,99
0,85
5,58
1,17
7,67
72,10
472,94
45,67
299,58
147
85,10
964,26
558,22
119,80
785,84
168,60
1105,94
708
4644,18
181,20
1188,59
78,75
516,57
53,10
348,31
104,20
683,51
64,10
420,47
200,60
1315,85
25,45
166,94
178
1167,60
75,05
492,30
38,50
252,54
IPSOS # ................
IT LINK ................
KALISTO ENTE .....
LEXIBOOK # .........
JOLIEZ-REGOL .....
JOLIEZ-REGOL .....
LACIE GROUP ......
MEDIDEP # ..........
METROLOGIC G...
MILLE AMIS # ......
MILLE AMIS B ...... d
MONDIAL PECH ..
13712,72
56,03
510,01
195
10/02
10/02
10/02
10/02
13/02
10/02
10/02
10/02
10/02
10/02
10/02
10/02
10/02
10/02
10/02
10/02
CRÉDIT AGRICOLE
08 36 68 56 55 (2,23 F/mn)
ATOUT AMÉRIQUE ...............
ATOUT ASIE..........................
ATOUT CROISSANCE ............
ATOUT FONCIER ..................
ATOUT FRANCE EUROPE .....
ATOUT FRANCE MONDE......
ATOUT FUTUR C ..................
ATOUT FUTUR D..................
ATOUT SÉLECTION ..............
COEXIS .................................
DIÈZE ...................................
EURODYN.............................
INDICIA EUROLAND.............
INDICIA FRANCE..................
INDOCAM CONVERT. C........
INDOCAM CONVERT. D .......
INDOCAM EUR. NOUV. ........
INDOCAM HOR. EUR. C .......
INDOCAM HOR. EUR. D .......
INDOCAM MULTI OBLIG......
INDOCAM ORIENT C............
INDOCAM ORIENT D ...........
INDOCAM UNIJAPON...........
INDOCAM STR. 5-7 C ...........
INDOCAM STR. 5-7 D ...........
MONÉDYN ...........................
MONÉ.J C .............................
MONÉ.J D .............................
OBLIFUTUR C.......................
OBLIFUTUR D ......................
ORACTION ...........................
REVENU-VERT ......................
INDICIA MEDIAN .................
SYNTHÉSIS ...........................
UNIVERS ACTIONS ...............
MONÉ ASSOCIATIONS..........
UNIVAR C .............................
UNIVAR D.............................
UNIVERS-OBLIGATIONS.......
....
+ 4,03
+ 0,51
....
± 0,77
....
± 0,03
± 0,35
± 1,79
+ 5,85
± 0,53
+ 1,58
± 1,87
+ 0,23
± 0,86
± 0,86
± 0,23
+ 3,79
+ 0,75
....
± 2,54
± 0,73
± 1,51
+ 0,89
± 1,32
± 0,93
+ 4,39
+ 0,70
+ 0,18
+ 1,49
+ 1,55
....
+ 1,43
± 1,39
± 5,73
+4
± 0,24
± 1,63
± 2,02
....
+ 0,72
± 0,15
+ 4,63
± 2,49
± 0,31
....
+ 1,16
± 1,92
+ 1,15
± 5,77
± 1,47
+ 2,88
+5
± 2,50
± 1,39
....
+ 0,86
+ 0,84
+ 0,40
+ 0,14
+ 0,59
+ 0,93
± 2,49
+ 0,35
±3
± 1,56
± 1,67
± 4,40
± 0,62
± 0,69
± 1,81
+ 2,30
± 0,07
± 1,26
± 11,63
± 8,56
± 2,18
± 15,12
± 0,51
± 11,93
+ 33,91
+ 17,96
+ 49,56
+ 92,40
+ 109,48
+ 3,96
± 15,61
± 18,56
± 14,11
± 13,78
± 27,48
± 2,58
+ 28,28
+ 44,11
+ 4,61
± 6,61
± 2,24
± 8,53
+ 4,34
± 11,78
± 8,78
± 1,56
± 19,77
....
+ 22,10
± 10,04
± 9,09
+ 10,43
± 11,25
+ 11,23
± 20,04
+ 10,25
+ 2,01
± 10,47
± 0,30
+ 52
± 16,27
± 11,23
+ 1,78
± 25
± 8,53
± 18,23
± 14,03
± 11,98
± 10,81
± 5,41
± 12,18
± 13,08
± 5,55
....
+ 0,13
± 15,42
+ 22,50
+ 0,71
± 7,77
+ 28,40
± 0,28
+ 9,95
+ 43,18
± 8,44
± 6,96
+ 30,81
+ 56,84
± 14,28
± 1,11
± 7,34
± 11,39
GROUPE GTM ................
GROUPE PARTOUCHE ...
GUILBERT .......................
GUYENNE GASCOGNE...
HACHETTE FILI.MED .....
HAVAS ADVERTISING.....
IMERYS(EX.IMETAL) .......
IMMEUBLES DE FCE ......
INFOGRAMES ENTER. ...
INGENICO ......................
ISIS ..................................
KAUFMAN ET BROAD ....
KLEPIERRE COMP.FI ......
LABINAL..........................
LAFARGE.........................
LAGARDERE....................
LAPEYRE .........................
LEBON (CIE)....................
LEGRAND .......................
LEGRAND ADP ...............
LEGRIS INDUST..............
LOCINDUS ......................
L’OREAL ..........................
LVMH MOET HEN. .........
MARINE WENDEL ..........
METALEUROP ................
MICHELIN.......................
MONTUPET SA ...............
MOULINEX .....................
NATEXIS BQ POP. ...........
NEOPOST........................
NORBERT DENTRES.# ...
NORD-EST ......................
NORDON (NY)................
NRJ # ...............................
OLIPAR............................
PECHINEY ACT ORD ......
PENAUILLE POLY.CB......
PERNOD-RICARD...........
PEUGEOT........................
PINAULT-PRINT.RED.....
PLASTIC OMN.(LY) .........
PROMODES ....................
PUBLICIS # ......................
REMY COINTREAU .........
RENAULT ........................
REXEL ..............................
RHODIA ..........................
ROCHETTE (LA) ..............
ROYAL CANIN.................
RUE IMPERIALE (LY........
SADE (NY) .......................
SAGEM S.A. .....................
SAINT-GOBAIN...............
SALVEPAR (NY) ...............
SANOFI SYNTHELABO ...
SAUPIQUET (NS) ............
SCHNEIDER ELECTRI.....
SCOR ...............................
S.E.B. ...............................
SEITA...............................
SELECTIBANQUE............
SGE..................................
SIDEL...............................
SILIC CA ..........................
SIMCO.............................
SKIS ROSSIGNOL............
SOCIETE GENERALE.......
SODEXHO ALLIANCE......
SOGEPARC (FIN) ............
SOMMER-ALLIBERT.......
SOPHIA (EX.SFI) ..............
SOPRA # ..........................
98,40
72,90
126,80
409
89,50
600
129,50
17,85
46,65
96
67,90
22,99
95,90
95,10
87,55
94
51,50
49,70
200
112,20
42,63
112
675
409,30
100
7,19
36,49
31,05
6,75
65,35
36,03
18,50
26,61
63,35
695
8,88
69,80
602
54
201
191,50
115,60
880
515
20,89
42
71
18,82
6,50
80,75
2120
37,25
1031
151
73
39
95
69,60
49,80
72,60
41,50
13,50
46
83
156,20
78
15,50
198,40
143
78,20
25
25,37
119,50
95
623,16
75,80
497,22
125,30
821,91
396
2597,59
89,75
596
588,72
3909,50
132,60
869,80
17,90
117,42
47,60
312,24
97,85
641,85
67,50
442,77
22,10
144,97
95,90
629,06
97
636,28
88,90
583,15
96,80
634,97
52,85
346,67
47,50
311,58
202,40
1327,66
113,60
745,17
41,46
271,96
113,50
744,51
669
4388,35
408,40
2678,93
103,20
676,95
8,45
55,43
36,41
238,83
30,70
201,38
7,30
47,88
65,15
427,36
36,20
237,46
18,20
119,38
26,20
171,86
66,50
695
436,21
4558,90
8,62
56,54
68
446,05
602,50
3952,14
53,30
349,63
200
1311,91
196
1285,68
115,10
755,01
879
5765,86
527
3456,89
20,60
135,13
42,79
280,68
73
478,85
18,96
124,37
6,30
41,33
79,70
2135
522,80
14004,68
37,16
243,75
1046,50
6864,59
150,30
985,90
73
478,85
38,63
253,40
95,50
626,44
68,30
448,02
49,05
321,75
72
472,29
41,25
270,58
13,60
89,21
47,25
309,94
85,75
562,48
153
1003,61
78
511,65
15,25
100,03
196,40
1288,30
145,30
2775,75
395,74
189,90
125
819,95
47
308,30
242
1587,42
24
157,43
4,60
30,17
0,15
0,98
9,45
61,99
42,51
278,85
199,80
1310,60
7,50
49,20
0,68
4,46
7,30
47,88
+ 6,84
± 1,88
+ 19,80
....
± 1,50
± 16,67
+ 0,32
+ 0,02
+ 5,44
....
....
+ 6,57
OPTALIS DYNAMIQ. C .........
OPTALIS DYNAMIQ. D .........
OPTALIS ÉQUILIB. C ............
OPTALIS ÉQUILIB. D............
OPTALIS EXPANSION C .......
OPTALIS EXPANSION D .......
OPTALIS SÉRÉNITÉ C...........
OPTALIS SÉRÉNITÉ D ..........
PACTE SOL. LOGEM.............
PACTE VERT T. MONDE.......
FRANCIC..............................
FRANCIC PIERRE .................
EUROPE RÉGIONS ...............
ASSOCIC ..............................
AURECIC ..............................
CAPITAL AVENIR..................
CICAMONDE........................
CONVERTICIC ......................
EPARCIC ..............................
EUROCIC LEADERS ..............
MENSUELCIC.......................
OBLICIC MONDIAL ..............
OBLICIC RÉGIONS ...............
RENTACIC............................
SECURICIC...........................
SECURICIC D .......................
NATUREX .............
NETVALUE ............
NICOX ..................
OLITEC .................
OXIS INTL RG.......
PERFECT TECH.....
PHONE SYS.NE.....
PICOGIGA.............
PROSODIE # .........
PROLOGUE SOF ...
PROXIDIS .............
QUANTEL .............
518,21
24,40
160,05
24,86
163,07
120
23,33
153,03
22,71
148,97
20,81
136,50
19,85
130,21
21,21
139,13
21,12
138,54
17,74
116,37
16,57
108,69
74,64
489,61
79,34
520,44
44,96
294,92
31,75
208,27
83,40
547,07
161,37
1058,52
94,74
621,45
318,68
2090,40
40,16
639,95
5264,84
11/02
582,52
11/02
1439,82
11/02
675,25
11/02
174,12
11/02
23,82
11/02
367,77
11/02
326,66
11/02
11/02
11/02
11/02
211,60
11/02 EURCO SOLIDARITÉ ............
924,53
10/02 LION 20000 C/3 11/06/99 .......
824,86
10/02 LION 20000 D/3 11/06/99 .......
SICAV
5000
...........................
224,64
11/02
SLIVAFRANCE
......................
398,81
11/02
39,70
10/02 SLIVARENTE ........................
SLIVINTER
...........................
213,57
11/02
741,14
11/02 TRILION...............................
11/02 Fonds communs de placements
09/02 ACTILION DYNAMIQUE C * .
234,11
10/02 ACTILION DYNAMIQUE D *.
230,38
11/02 ACTILION ÉQUILIBRE C * ....
201,16
11/02 FFACTILION ÉQUILIBRE D...
197,30
11/02 ACTILION PEA ÉQUILIBRE ...
207,34
10/02 ACTILION PRUDENCE C *....
176,36
14/02 ACTILION PRUDENCE D * ...
172,88
14/02 INTERLION ..........................
210,59
11/02 LION ACTION EURO ............
130,42
11/02 LION PEA EURO...................
127,57
11/02
11/02
10/02
11/02 CM EURO PEA .....................
29,88
11/02 CM FRANCE ACTIONS .........
47,60
14/02 CM MID. ACT. FRANCE........
43,10
14/02 CM MONDE ACTIONS .........
424,48
14/02 CM OBLIG. LONG TERME....
98,35
11/02 CM OPTION DYNAM. ..........
37,98
10/02
09/02
09/02
CM
CM
CM
CM
OPTION ÉQUIL. .............
OBLIG. COURT TERME..
OBLIG. MOYEN TERME .
OBLIG. QUATRE ............
263,43
97,56
802,62
54,51
3821,08
9444,60
4429,35
1142,15
156,25
2412,41
2142,75
1388,01
6064,52
5410,73
1473,54
2616,02
260,41
1400,93
4861,56
1535,66
1511,19
1319,52
1294,20
1360,06
1156,85
1134,02
1381,38
855,50
836,80
196
312,24
282,72
2784,41
645,13
249,13
357,56
151,84
996,01
306,64
2011,43
160,40
1052,16
11,80
77,40
81,85
536,90
43,79
287,24
55
360,78
2,70
17,71
180,10
1181,38
18,60
122,01
48,10
953,11
79
787,15
(Publicite
Â)
Fonds communs de placements
ÉCUREUIL ÉQUILIBRE C .......
ÉCUREUIL PRUDENCE C ......
ÉCUREUIL VITALITÉ C ..........
110,90
315,52
352
2308,97
166
1088,89
4
26,24
9,10
59,69
+ 0,85
± 0,18
+ 0,11
+ 3,77
± 1,82
+ 5,94
+ 3,33
+ 2,56
+ 4,76
+ 8,50
+ 14,29
± 0,11
± 3,46
+ 3,98
± 1,18
± 3,18
+ 0,28
± 0,67
+ 2,39
+ 0,28
+ 2,04
+ 1,93
± 0,59
± 3,87
....
+2
+ 1,54
+ 2,98
+ 2,62
± 4,43
+ 1,20
+ 1,25
± 2,74
+ 1,34
± 0,89
± 0,22
+ 3,20
+ 17,52
± 0,22
± 1,13
+ 8,15
± 0,31
+ 0,47
± 1,62
± 1,54
+ 4,97
....
± 2,93
± 2,58
+ 0,08
± 1,30
± 0,50
+ 2,35
± 0,43
± 0,11
+ 2,33
± 1,39
+ 1,88
+ 2,82
+ 0,74
± 3,08
± 1,30
+ 0,71
± 0,24
+ 1,50
± 0,46
....
± 0,95
+ 0,53
± 1,87
± 1,51
± 0,83
± 0,60
+ 0,74
+ 2,72
+ 3,31
± 2,05
....
± 1,61
± 1,01
+ 1,61
+ 1,02
± 2,40
± 2,01
+ 0,42
± 1,55
± 10,18
± 6,07
± 15,74
+ 42,46
+ 40,89
± 10,40
± 1,26
+ 45,12
+ 128,14
+ 13,63
....
± 0,10
± 10,84
± 23,09
+ 79,25
± 18,69
± 10,29
± 14,34
± 19,43
+ 3,77
+ 0,17
± 16
± 8,16
± 2,87
+ 14,18
± 6,64
± 11,52
± 25,28
± 10,38
± 13,29
± 13,37
± 3,35
±5
+ 1,68
± 6,60
± 4,15
+ 51,38
± 6,16
± 11,26
± 25,19
± 5,42
± 18,23
+ 40,53
± 7,70
± 10,59
± 17,51
± 15,50
± 1,56
+ 13,93
+ 16,34
± 2,21
+ 51,66
± 19,49
± 2,40
± 6,55
+ 6,70
± 12,37
+ 11,98
+ 2,85
± 8,33
± 2,15
+ 1,61
± 16,34
± 3,83
± 2,92
± 4,68
± 14,97
± 17,30
± 7,16
± 9,05
± 11,21
+ 21,82
APPLIGENE ON....
R2I SANTE ...........
RECIF # ................
REPONSE # ..........
REGINA RUBEN ...
RIGIFLEX INT.......
SAVEURS DE F .....
GUILLEMOT BS....
SILICOMP #.......... d
SERP RECYCLA.....
SOI TEC SILI ........
STACI # ................
STELAX ................
SYNELEC # ...........
SYSTAR NOM. ......
TEL.RES.SERV.......
TETE DS LES ........
THERMATECH I ...
TITUS INTERA .....
TITUS INTER........ d
TITUS INTER........ d
TITUS INTER........
TRANSGENE # .....
UNION TECHNO..
VALTECH..............
V CON TELEC. ......
VISIODENT #........
WAVECOM #.........
WESTERN TELE....
............................
............................
............................
............................
............................
............................
............................
............................
............................
............................
............................
............................
............................
............................
10/02 Fonds communs de placements
10/02 CM OPTION MODÉRATION .
18,51
10/02
10/02
10/02
10/02 AMÉRIQUE 2000 ...................
164,43
10/02 ASIE 2000..............................
131,27
10/02 NOUVELLE EUROPE .............
298,96
08/02 SAINT-HONORÉ CAPITAL C . 3232,66
08/02 SAINT-HONORÉ CAPITAL D. 3149,35
ST-HONORÉ
ST-HONORÉ
ST-HONORÉ
ST-HONORÉ
ST-HONORÉ
ST-HONORÉ
ST-HONORÉ
CONVERTIBLES
FRANCE...........
MAR. ÉMER. ....
PACIFIQUE ......
TECH. MEDIA ..
VIE SANTÉ .......
WORLD LEAD. .
SPIR COMMUNIC. # .......
SR TELEPERFORMANC ..
SUEZ LYON.DES EAU .....
TF1 ..................................
TECHNIP.........................
THOMSON-CSF..............
THOMSON MULTIMEDI
TOTAL FINA SA...............
TRANSICIEL # .................
UBI SOFT ENTERTAI ......
UNIBAIL ..........................
UNILOG ..........................
UNION ASSUR.FDAL ......
USINOR...........................
VALEO .............................
VALLOUREC ....................
VIA BANQUE ...................
VIVENDI ..........................
WORMS (EX.SOMEAL) ....
ZODIAC...........................
.........................................
.........................................
.........................................
.........................................
.........................................
.........................................
.........................................
.........................................
Précédent
en euros
f
International
164
337,50
170
625
120
45,99
142,10
136,90
150,20
76,90
136
159
107,10
15,30
58,30
41
26
129
15,73
186,60
....
....
....
....
....
....
....
....
AMERICAN EXPRESS ......
A.T.T. #.............................
BARRICK GOLD #............
CROWN CORK ORD. #....
DE BEERS # .....................
DU PONT NEMOURS # ..
ERICSSON # ....................
FORD MOTOR # .............
GENERAL ELECTR. #.......
GENERAL MOTORS # ..... a
HITACHI # .......................
I.B.M................................
ITO YOKADO # ................
MATSUSHITA..................
MC DONALD’S ...............
MERK AND CO ...............
MITSUBISHI CORP.# ......
MORGAN J.P.# ................
NIPP. MEATPACKER# .....
PHILIP MORRIS# ............
PROCTER GAMBLE ........
SEGA ENTERPRISES .......
SCHLUMBERGER# .........
SONY CORP.#RGA ..........
SUMITOMO BANK #.......
158
51,25
18,29
18,25
28,40
55
92,25
47,90
137,10
79,55
14,60
119,70
85
28,06
36,25
68,90
8,01
120
10,80
19,62
95
38,12
59,10
268,20
12,50
193
1266
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
± 1,22
+ 3,11
± 0,76
± 2,88
± 2,33
± 3,91
± 4,29
+ 0,07
....
+ 6,63
+ 0,07
+ 1,82
± 0,09
+ 0,98
+ 0,86
± 1,61
± 1,73
± 2,64
+ 5,40
+ 3,43
....
....
....
....
....
....
....
....
Cours
en euros
Cours
en francs
% Var.
veille
162
1062,65
348
2282,73
168,70
1106,60
607
3981,66
117,20
768,78
44,19
289,87
136
137
....
82
892,10
898,66
....
537,88
136,10
892,76
161,90
1061,99
107
701,87
15,45
101,35
58,80
385,70
40,34
264,61
25,55
167,60
125,60
823,88
16,58
108,76
156
1023,29
49,47
324,50
18,50
121,35
16,71
109,61
28,02
183,80
52,65
345,36
91,95
603,15
47,54
311,84
135,30
887,51
74,55
489,02
14,85
97,41
117,70
772,06
83,15
545,43
28,50
186,95
35,25
231,22
66,20
434,24
8,30
....
54,44
....
10,60
69,53
19,50
127,91
94,80
621,85
38
249,26
58,45
383,41
258,50
1695,65
12,30
80,68
+ 107,69
+ 87,09
+ 6,03
+ 16,73
+ 15,12
+ 34,76
+ 154,20
+ 3,39
+ 25,27
+ 106,03
+ 8,61
+ 49,49
± 8,23
± 17,15
± 23,23
± 5,08
± 8,75
+ 40,10
+ 2,34
± 8,05
....
....
....
....
....
....
....
....
% Var.
31/12
(1)
± 1,27
± 6,02
± 3,47
± 3,18
+ 1,15 + 0,65
± 8,44 ± 23,17
± 1,34
± 3,21
± 4,27 ± 19,12
± 0,33 + 41,13
± 0,75 ± 10,30
± 1,31 ± 13,43
± 6,29 + 4,77
+ 1,71
± 8,83
± 1,67 + 7,48
± 2,18 ± 23
+ 1,57 + 5,16
± 2,76 ± 11,23
± 3,92
± 3,28
+ 3,62 + 4,27
± 6,10
....
± 1,85 ± 20,83
± 0,61 ± 17,23
± 0,21 ± 11,40
± 0,31 + 22,38
± 1,10 + 11,14
± 3,62 ± 10,73
± 1,60 ± 15,17
ABRÉVIATIONS
B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.
SYMBOLES
1 ou 2 = catégories de cotation - sans indication catégorie 3 ; a coupon
dé taché ; b droit dé taché ; # contrat d’animation ; o = offert ;
d = demandé ; x offre réduite ; y demande réduite ; d cours précédent.
DERNIÈRE COLONNE RM (1) :
Lundi daté mardi : % variation 31/12 ; Mardi daté mercredi : montant du
coupon en euros ; Mercredi daté jeudi : paiement dernier coupon ;
Jeudi daté vendredi : compensation ; Vendredi daté samedi : nominal.
7,85
49
51,49
321,42
37
242,70
46,50
305,02
9,40
38
15
27,10
74
25,30
235
120
61,66
249,26
98,39
177,76
485,41
165,96
1541,50
787,15
1,14
7,48
29,90
196,13
290,10
1902,93
51,90
340,44
2,60
17,05
39
255,82
59
387,01
32,40
212,53
43,50
285,34
19,90
130,54
69
452,61
0,70
4,59
279,80
1835,37
27,40
179,73
72,30
474,26
133
8
872,42
52,48
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
....
121,42
1078,59
861,07
1961,05
21204,86
20658,38
334,85
2196,47
64,67
424,21
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
___________________
+ 34,42
+ 0,10
+ 2,49
+ 3,33
....
± 2,31
± 3,23
+ 4,23
....
LUNDI 14 FEÂVRIER
+ 20,48
+ 4,86 Une seÂlection. Cours relevés à 9 h 57
+ 4,35
Cours
Cours
% Var.
+ 12,87 Valeurs
f
en euros
en francs
veille
+ 22,04
+ 3,39 ARKOPHARMA #...
± 2,90
67
439,49
± 0,38 ASSYSTEM # .........
48,99
321,35
....
+ 1,66
....
CNIM CA# ............
52
341,10
± 2,50 FININFO...............d 370
2427,04
....
+ 3,51 GEODIS ................
± 4,94
75,10
492,62
....
M6-METROPOLE ..
660
4329,32
....
....
HERMES INTL ......
150
983,94
....
+ 5,29 RALLYE(CATHI......
+ 0,17
60,50
396,85
+ 20,63 ALTEN # ...............
± 2,97
261
1712,05
....
FINATIS(EX.L ........d
101,10
663,17
....
+ 11,92 CEGEDIM # ..........
+ 3,21
94,95
622,83
+ 14,17 FRAIKIN 2#...........d
81
531,33
....
± 0,96 STERIA GROUP.....
± 3,25
181,80
1192,53
+ 1,53 MANITOU #..........
+ 3,43
95
623,16
+ 0,90
± 4,76 BENETEAU CA# ....
450
2951,81
± 0,51
....
ASSUR.BQ.POP .....
97,50
639,56
+ 2,50
....
MANUTAN INTE...
82
537,88
± 1,82
....
APRIL S.A.#(..........
162
1062,65
± 0,97
....
UNION FIN.FR .....
143,50
941,30
± 0,23
....
BRICORAMA # ......
65,05
426,70
± 0,97
....
JET MULTIMED ....
965
6329,99
....
ALGECO #.............
64,95
426,04
....
+ 2,84
....
HYPARLO #(LY......
29
190,23
....
GROUPE BOURB ..d
59,95
393,25
....
± 0,54
....
C.A. PARIS I ..........
146
957,70
+ 1,79
....
L.D.C. ...................
85,50
560,84
± 2,20
....
BRIOCHE PASQ ....
89
583,80
+ 0,46
....
ETAM DEVELOP ...
22
144,31
± 2,34
....
BOIRON (LY)# ......
54,20
355,53
SECOND
MARCHÉ
Fonds communs de placements
POSTE
POSTE
POSTE
POSTE
EUROPE C .................
EUROPE D ................
PREMIÈRE 8 ANS C ...
PREMIÈRE 8 ANS D...
82,79
543,07
80,13
525,62
174,89
1147,20
163,98
1075,64
10/02
10/02
10/02
10/02
SG ASSET MANAGEMENT
Serveur vocal :
08 36 68 36 62 (2,23 F/mn)
CADENCE 1 D.......................
CADENCE 2 D.......................
CADENCE 3 D.......................
INTEROBLIG C .....................
INTERSÉLECTION FR. D.......
SÉLECT DÉFENSIF C.............
SÉLECT DYNAMIQUE C ........
SÉLECT ÉQUILIBRE 2............
SÉLECT PEA 3 .......................
SG FRANCE OPPORT. C........
SG FRANCE OPPORT. D .......
SOGENFRANCE C .................
SOGENFRANCE D.................
SOGEOBLIG C.......................
SOGÉPARGNE D...................
SOGEPEA EUROPE................
SOGINTER C.........................
154,74
1015,03
153,17
1004,73
153,09
1004,20
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
11/02
96,92
635,75
52,09
341,69
11/02
166,28
1090,73
91,50
600,20
11/02
287,30
1884,56
190,76
1251,30
10/02
337,14
2211,49
293,66
1926,28
13/02
122,42
803,02
185,93
1219,62
11/02
190,91
1252,29
11/02 Fonds communs de placements
572,89
3757,91
104,56
685,87
11/02
11/02 WEB INTERNATIONAL .........
536,42
3518,68
11/02
599,80
3934,43
13/02
LEGAL & GENERAL BANK
540,52
3545,58
11/02
101,36
664,88
11/02 SÉCURITAUX ........................
296,14
1942,55
13/02
44,22
290,06
11/02 STRATÉGIE IND. EUROPE ....
276,46
1813,46
10/02
289,21
1897,09
11/02 STRATÉGIE RENDEMENT ....
326,94
2144,59
10/02
110,50
724,83
11/02
Fonds communs de placements
10/02
Sicav Info Poste :
24,15
158,41
10/02
10/02
08 36 68 50 10 (2,23 F/mn) DÉCLIC ACTIONS EURO .......
DÉCLIC ACTIONS FRANC .....
67,35
441,79
10/02
AMPLITUDE AMÉRIQUE C ...
30,50
200,07
13/02 DÉCLIC ACTIONS INTER. .....
53,90
353,56
10/02
AMPLITUDE AMÉRIQUE D ...
30,23
198,30
13/02 DÉCLIC BOURSE PEA ...........
62,35
408,99
10/02
AMPLITUDE EUROPE C........
48,03
315,06
10/02
DÉCLIC
BOURSE
ÉQUILIBRE
18,66
122,40
10/02
11/02 AMPLITUDE EUROPE D .......
46,91
307,71
10/02 DÉCLIC OBLIG. EUROPE.......
16,59
108,82
10/02
11/02 AMPLITUDE MONDE C ........
345,43
2265,87
13/02
DÉCLIC PEA EUROPE ...........
24,52
160,84
10/02
11/02 AMPLITUDE MONDE D .......
316,41
2075,51
13/02 DÉCLIC SOGENFR. TEMPO ..
78,94
517,81
10/02
11/02 AMPLITUDE PACIFIQUE C ...
29,37
192,65
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 AMPLITUDE PACIFIQUE D ...
28,94
189,83
10/02
.............................................
....
....
....
11/02 ÉLANCIEL FRANCE D PEA ....
58,83
385,90
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 ÉLANCIEL EURO D PEA........
146,23
959,21
10/02
.............................................
....
....
....
11/02 ÉMERGENCE E.POST.D PEA .
46,30
303,71
10/02 .............................................
....
....
....
GÉOBILYS C .........................
105,94
694,92
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 GÉOBILYS D .........................
98,55
646,45
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 INTENSYS C .........................
19,28
126,47
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 INTENSYS D.........................
17,19
112,76
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 KALEı̈S DYNAMISME C .........
268,99
1764,46
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 KALEIS DYNAMISME D ........
263,58
1728,97
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 KALEı̈S ÉQUILIBRE C ............
213,63
1401,32
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 KALEIS ÉQUILIBRE D ...........
208,39
1366,95
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 KALEı̈S SÉRÉNITÉ C..............
189,57
1243,50
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 KALEIS SÉRÉNITÉ D .............
184,49
1210,18
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 LATITUDE C .........................
24,11
158,15
13/02 .............................................
....
....
....
LATITUDE D.........................
21
137,75
13/02 .............................................
....
....
....
OBLITYS D ...........................
102,31
671,11
13/02 .............................................
....
....
....
PLÉNITUDE D PEA ...............
53,13
348,51
10/02 .............................................
....
....
....
11/02 POSTE GESTION C ............... 2439,26 16000,50 13/02 .............................................
....
....
....
11/02 POSTE GESTION D............... 2281,35 14964,68 13/02 .............................................
....
....
....
11/02 POSTE PREMIÈRE SI ............ 6640,50 43558,82 13/02 .............................................
....
....
....
11/02 POSTE PREMIÈRE 1 AN........ 39232,78 257350,17 10/02 .............................................
....
....
....
11/02 POSTE PREMIÈRE 2-3........... 8312,23 54524,65 10/02 .............................................
....
....
....
11/02 REVENUS TRIMESTR. D .......
777,19
5098,03
13/02
11/02 THÉSORA C ..........................
169,68
1113,03
10/02 LÉGENDE
11/02 THÉSORA D..........................
146,22
959,14
10/02
11/02 TRÉSORYS C......................... 44026,24 288793,20 10/02 e Hors frais. ee A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99.
11/02 SOLSTICE D .........................
357,10
2342,42
10/02
LeMonde Job: WMQ1502--0023-0 WAS LMQ1502-23 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 09:28 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0386 Lcp:700 CMYK
23
AUJOURD’HUI
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
SPORTS
Le suivi biologique n’a
pas seulement été imposé au cyclisme. Les prélèvements sanguins
ont été exigés des autres fédérations sportives françaises par la loi
de 1999, relative à la prévention de
la santé et à la lutte contre le dopage. b UN MILLIER DE SPORTIFS,
environ, se sont pliés à au moins un
bilan sanguin, soit un tiers des ath-
lètes potentiellement concernés.
b DEUX TIERS des sports olympiques se sont engagés dans cette
démarche préventive du dopage,
alors que la loi demandait à ce que
des bilans sanguins soient effectués
en 1999 pour tous les présélectionnés aux Jeux olympiques. Le football et le handball n’ont pas encore
envoyé leurs athlètes se soumettre
aux prélèvements. b DES « PONTS »
se sont établis entre biologistes, médecins du sport et industriels, selon
Gérard Dine, directeur de l’Institut
biotechnologique de Troyes.
Les sportifs français se plient sans hâte au suivi biologique
Plus d’un millier d’athlètes de haut niveau se sont prêtés à au moins un bilan sanguin, soit un tiers des personnes véritablement concernées
par ce suivi imposé par une loi de 1999 relative à la lutte contre le dopage. Footballeurs et handballeurs sont les grands absents
l’unité mobile chargée des prélèvements », selon Jacques Liénard.
Créée début 1999, afin de lancer au
plus vite le suivi médical, cette unité, dont le fonctionnement avait
été confié à l’Institut biotechnologique de Troyes, a cessé son activité le 27 avril pour des raisons administratives (absence d’appel
d’offres). « On avait 1 200 demandes potentielles, contre 400 prévues », rappelle-t-on au ministère.
chiffres collectés auprès du ministère de la jeunesse et des sports et
des fédérations. Même si les cyclistes pèsent lourd (600 professionnels et amateurs), c’est
presque un tiers des sportifs « éligibles » qui s’y seraient soumis.
« Sur 6 000 à 7 000 sportifs de haut
niveau, 3 000 à 3 500 doivent faire
le suivi biologique », note-t-on au
ministère.
L’ÉCHÉANCE OLYMPIQUE
Le degré d’engagement reste,
cependant, variable. Quand certains sports peuvent prétendre à
un suivi longitudinal (plusieurs bilans sanguins), seul capable
d’éclairer d’éventuelles dérives,
d’autres en sont aux balbutiements. La voile, le volley-ball ou la
natation, par exemple. « Le ministère nous avait demandé d’attendre », explique Jean-Pierre Serveti, médecin des équipes de
France de natation, qui a envoyé
vingt athlètes faire leurs premiers
bilans lors d’un stage à Font-Romeu, en janvier. « Natation
synchronisée et plongeon suivront,
cela fera quarante athlètes au total », ajoute-t-il, précisant qu’un
deuxième bilan est prévu en juinjuillet.
« Il fallait connaître les présélectionnés olympiques », se défend
André Glaive, directeur technique
national du volley-ball, qui indique
qu’une partie des vingt-huit athlètes concernés (équipe de France
UN DÉCRET À VENIR
JEAN-PAUL PELISSIER/REUTERS
MERCREDI 19 JANVIER. Une
partie de l’équipe cycliste La Française des jeux est en stage dans
l’arrière-pays niçois. La saison débute quinze jours plus tard. L’occasion de tirer les leçons de l’année 1999. Et de reparler dopage.
Forcément. Ce qui a le don d’agacer Stéphane Heulot, capitaine de
route de la formation.
« Vous en êtes encore là ? », lance
le coureur breton. Lui veut croire
en de « nouvelles perspectives ».
Notamment avec le renforcement,
au niveau international, des règles
du suivi biologique longitudinal,
ces prélèvements sanguins rendus
obligatoires début 1999, visant à
prévenir l’usage de produits dopants. Notamment ceux invisibles
aux classiques contrôles urinaires,
comme l’érythropoïétine (EPO).
« Et les autres sports ? », interroge
Stéphane Heulot, aux yeux de qui,
« pour avoir une vraie force dans la
lutte contre le dopage, il faut aussi
regarder » au-delà du cyclisme. Or,
assure-t-il, il ne voit pas « les
choses avancer ailleurs ».
« Les choses », pourtant,
bougent. En France, la politique de
prévention voulue par les pouvoirs
publics se met en place. Bon gré,
mal gré, les différents sports en
viennent à soumettre leurs athlètes au suivi biologique, rendu
obligatoire par la loi de mars 1999.
Un peu plus d’un millier de sportifs se sont pliés à ce jour à ces
prélèvements sanguins, selon des
L’affaire Festina a permis au gouvernement de faire voter rapidement la loi sur le dopage.
masculine, garçons et filles du
beach-volley) ont effectué leurs
premiers bilans fin 1999. Le ministère de la jeunesse et des sports
avait stipulé que, hormis le cyclisme, les sports concernés en
1999 par la mise en œuvre du suivi
biologique seraient ceux disposant
d’« athlètes présélectionnés pour les
JO de Sydney ».
Deux tiers des sports dits olym-
piques ont satisfait à cette exigence. Le handball n’en fait pas
partie. Pas plus que le football. Ce
dernier a une « excuse » : « Nous
n’allons pas à Sydney », relève-t-on
à la Fédération. « Pour l’équipe de
France Espoirs, nous avions pris
l’option d’attendre l’éventuelle qualification. Ils ont été éliminés », explique Jacques Liénard, médecin
fédéral. Le rugby, qui n’est pour-
Dès 1996, le triathlon avait ouvert la voie
EN MATIÈRE DE SUIVI BIOLOGIQUE, un
sport fait figure de précurseur en France : le
triathlon. Cette discipline s’est engagée en novembre 1996 dans ce processus, selon un schéma identique à celui désormais exigé par la loi.
A en croire Philippe Chateau, médecin fédéral,
il s’agissait dans un premier temps d’un simple
« suivi de santé » : « Nous avions un groupe qui,
pour se qualifier pour les Jeux, allait devoir faire
beaucoup d’épreuves, partir à l’étranger. On
voulait éviter le surentraînement, limiter la
casse. »
Un contact a été établi avec Gérard Dine et
l’Institut biotechnologique de Troyes. « Il fallait
réaliser les analyses dans un seul laboratoire afin
d’avoir reproductibilité et fiabilité », argumente
Philippe Chateau, qui ajoute que s’est vite posé
le problème du lieu des prises de sang : « Au
départ, c’était Troyes, mais on a vite mis sur pied
un autre système. L’athlète va dans un laboratoire à proximité de son domicile, qui effectue les
prélèvements suivant le protocole établi avec le
docteur Dine et envoie le tout à Troyes. »
Dix-neuf triathlètes se sont pliés à quatre bi-
lans sanguins la première année, puis à cinq ou
six dès la deuxième année. Depuis octobre
1999, seuls neuf d’entre eux – dont les trois
filles et les trois garçons sélectionnés pour les
JO – continuent de se soumettre à ces prélèvements. Ils ont été rejoints « depuis un an et demi par les biathlètes » et le seront bientôt « par
ceux qui pratiquent la longue distance », précise
Philippe Chateau. Soit un total de vingt athlètes et une facture relativement lourde. « Cinq
bilans pour dix-neuf personnes, c’était
126 000 francs [19 200 euros]. En 1999, le suivi a
représenté un quart, voire un tiers, du budget
médical de la Fédération », précise Philippe
Chateau.
LA FRANCE FAIT ÉCOLE
Comme « il paraîtrait incroyable qu’il n’y ait
pas de problème » avec l’érythropoïétine (EPO)
dans le triathlon, ainsi que le concède la fédération, cette dernière a rapidement utilisé le
suivi biologique comme outil de prévention du
dopage. « On a fait, en 1997, des dosages pour
voir la variabilité des valeurs relatives à la pro-
duction de globules rouges », explique Philippe
Chateau. Les triathlètes auraient alors demandé, selon le médecin, qu’« à partir du moment
où il y aurait un problème on sanctionne ». « Ce
n’était pas possible, poursuit Philippe Chateau.
On a décidé que si des bilans n’étaient biologiquement pas propres on prononcerait une incapacité de santé à être dans le groupe olympique. » Officiellement, aucune anomalie
n’aurait été constatée à ce jour.
« On peut être affirmatif sur la santé de ceux
qui préparent les JO », assure Philippe Chateau,
qui indique que la démarche française a fait
école. « Australiens, Néo-Zélandais et Allemands
ont suivi », relève le médecin fédéral, tout en
précisant qu’au niveau de la Fédération internationale « il y a quelques réticences ». « Peutêtre, avance-t-il, parce que le triathlon sera pour
la première fois aux JO et que l’on n’est pas certain qu’il soit reconduit en 2004, d’autant que le
CIO a une position ambiguë par rapport au suivi
biologique. »
Ph. L. C.
Gérard Dine, directeur de l’Institut biotechnologique de Troyes
« Une véritable médecine du travail pour le sport de haut niveau »
« L’année 1999 a été marquée,
en matière de prévention du dopage, par le début de la mise en
place dans les sports français
d’un suivi biologique, dont vous
avez été un des initiateurs. Quel
bilan en tirez-vous ?
– Les choses évoluent de façon
significative. 1999 a été une année
charnière. Pendant dix ans, on a eu
l’impression de prêcher dans le
vide. On ne parvenait pas à établir
de ponts entre biologistes, médecins du sport, techniciens du sport
et industriels. En l’espace d’un an
et demi, il y a eu irruption dans le
sport d’un outil, la biologie, qui n’a
de pertinence et d’intérêt que s’il
est préconisé par des médecins du
sport et adapté au sport concerné.
Il y a eu convergence entre les
compétences des biologistes, les
capacités techniques et la possibilité pour les médecins du sport
d’avoir des paramètres parlants,
pas seulement par rapport à des
pratiques dopantes, mais aussi à la
pratique sportive.
A quoi a tenu cette convergence ?
– On a vu la profession des biologistes, qui était peu impliquée,
intégrer la thématique sportive
lors de deux grandes manifestations nationales en 1999. En 2000,
ce sera encore le cas pour un colloque en octobre et Bioforma, organisme de formation continue, a
aussi mis la biologie du sport à son
programme. Par ailleurs, économiquement, le suivi biologique est
devenu possible. Il peut être officiellement pris en charge dans la
médecine du travail, et non par le
biais de prescriptions ponctuelles
remboursées par la Sécurité
sociale.
» Enfin, les industriels se sont
aperçus qu’il y a un marché. Le
secteur des biotechnologies est celui qui, avec l’imagerie médicale, a
le plus progressé depuis vingt ans.
On a des outils de plus en plus précis, avec des marqueurs plus pertinents pour apprécier le fonctionnement musculaire, énergétique,
comprendre la performance et la
gestion de la récupération... Mais il
fallait des outils accessibles. Le fait
que la biotechnologie a montré sa
pertinence pour la préservation de
la santé des sportifs et comme alternative vis-à-vis de pratiques dopantes a conduit les industriels à
s’y intéresser.
» Scientifiquement, techniquement, les compétences existent.
Ethiquement, les gens sont prêts à
bouger. Dans quelques années, le
suivi biologique deviendra une véritable médecine du travail pour le
sport de haut niveau. Mais il faudra de sérieuses discussions, il faudra former, définir ce qui est pertinent, sport par sport.
– Que vous inspirent les soubresauts de la mise en œuvre de
ce suivi : unité mobile chargée
des premiers prélèvements stoppée ; mise en place difficile d’un
réseau de laboratoires ?
– L’unité mobile, même si le
cadre administratif avait été mal
défini, reste utile. Quant au réseau
de laboratoires, la proposition de
mise en place date d’octobre 1999.
C’est en devenir. Il y a des aspects
de faisabilité à prendre en
compte : il faut des critères de
fonctionnement par rapport aux
sportifs (proximité notamment). Si
l’on arrive à gérer les aspects logistiques, financiers et de compétences, ce ne sera pas un problème.
Le suivi biologique exclut-il le
dopage ?
– Bien sûr que non. On ne peut
demander à la biologie que ce
qu’elle peut apporter. Sur un seul
bilan sanguin on ne peut pas voir
grand-chose. En revanche, avec un
suivi longitudinal (plusieurs bilans), on a une vision plus précise,
et, là, cela devient dissuasif. Mais
on se place dans un contexte de
prévention, de démarche médicale. Cela relève de la médecine du
travail. »
Propos recueillis par
Philippe Le Cœur
tant pas sport olympique, n’a pas
eu ces hésitations (Le Monde du
11 février). Trois bilans sanguins
ont été exigés auprès des trente
joueurs composant le groupe
France avant la Coupe du monde.
Si les cyclistes se sont pliés aux
contraintes du suivi, les athlètes
des sports collectifs auraient des
« problèmes de disponibilité ». Problèmes renforcés par ceux « de
L’unité mobile a cédé le pas à un
réseau de laboratoires. Mais « cela
n’a commencé qu’en octobre et certains hôpitaux ne voulaient plus le
faire », relève Jean-Pierre Serveti.
« Certains joueurs n’ont pas de laboratoires à proximité », ajoute André Glaive. Au ministère, on indique qu’un prochain décret
devrait clarifier la situation.
En attendant, pour les sports qui
ont engagé le suivi biologique, il
n’y aurait, officiellement, « pas
d’anomalies » constatées. Les autorités françaises du cyclisme,
elles, ont très tôt évoqué les dérives préoccupantes de certains
paramètres biologiques, avant de
faire valoir une « sensible amélioration des résultats ». Tout en reconnaissant que la mise en place
du suivi médical n’est pas nécessairement synonyme de disparition du dopage.
Ph. L. C.
Le badminton en un clin d’œil,
le handball au ralenti
« LA LOI le demandait, on l’a
fait. » La mise en place du suivi
biologique ne serait pas plus
compliquée que cela. Du moins à
écouter la Fédération française de
badminton. Les choses semblent
autrement plus compliquées pour
le handball : à sept mois des Jeux
olympiques de Sydney, pour lesquels elles sont qualifiées, les
équipes féminines et masculines
n’ont toujours satisfait à aucun
prélèvement sanguin.
En 1999, même si les élus pour
Sydney n’étaient pas connus, la
Fédération de badminton a invité
« douze ou treize athlètes Elite » à
se plier au suivi médical. « Et on y
est passé au moins deux fois », indique Sandra Dimbour. Selon la
chef de file du badminton français,
par ailleurs porte-parole de la fédération, ce suivi « a fait apparaître des problèmes physiques, liés
au surentraînement, ou des problèmes d’alimentation », mais pas
d’anomalies liées à des pratiques
dopantes.
Parlant de « dossier difficile à gérer correctement », Jean-Pierre
Roitineau, le médecin des équipes
de France de handball, s’il admet
être « en porte à faux » par rapport
aux demandes du ministère, réfute
une quelconque mauvaise volonté.
« On n’est pas dans une démarche
d’opposition », assure-t-il, rappelant que « [il a été] mis en place un
suivi interne depuis dix ans ».
Si les choses traînent, c’est que
le handball a souhaité se donner le
temps de « bien préparer » le terrain. « En 1999, on a expliqué aux
joueurs, en liaison avec les clubs »,
souligne le médecin, aux yeux de
qui « faire des contrôles biologiques
systématiques risque de mettre en
porte à faux » des joueurs « fragiles
psychologiquement ».
ÉVITER L’AUTOMÉDICATION
« Nous voulons que les athlètes
restent responsables et pas qu’ils se
disent, par exemple : “Je n’ai pas été
bon, je fais des analyses, je constate
que mon taux de fer a baissé, donc
je prends du fer” », poursuit JeanPierre Roitineau, qui sait « qu’il y
en a quelques-uns prêts à prendre
n’importe quoi si on les laisse à euxmêmes avec les résultats des
analyses ».
La tempête qui a touché la
France fin 1999 aurait par ailleurs
contribué à retarder l’échéance de
la mise en place du suivi biologique. « On devait faire les premiers
bilans début 2000 à Bordeaux, alors
que nous étions à Cap-Breton en
stage : on a annulé », souligne
Jean-Pierre Roitineau. Les premiers prélèvements sanguins sont
programmés « en mai » pour les
joueuses et joueurs du groupe
France (quarante au total). Mais ce
seront les seuls avant les JO.
« Deux bilans, on ne pourra pas »,
prévient Jean-Pierre Roitineau.
Ph. L. C.
Vingt disciplines ont franchi le pas
Selon le ministère des sports et les
fédérations concernées, vingt
disciplines ont d’ores et déjà lancé
un suivi biologique pour leurs
athlètes.
b Sports ayant mis en place un
suivi biologique en 1999 :
– Au moins trois bilans sanguins :
cyclisme (professionnels et
amateurs), judo, pentathlon
moderne, rugby, triathlon.
– Deux bilans sanguins : athlétisme,
aviron, badminton, basket-ball.
– Un bilan sanguin : boxe, escrime,
gymnastique, haltérophilie, lutte,
ski, tennis, volley-ball (équipe de
France masculine) et beach volley
(filles et garçons).
b Sports ayant mis en place un
suivi biologique début 2000 :
natation et voile.
b Coût des prélèvements
sanguins : ils sont à négocier par
les fédérations avec les
laboratoires vers lesquels elles
orientent leurs athlètes. Selon les
chiffres communiqués par les
fédérations, les prix varient de
1 500 à 3 000 francs (230 à 460 ¤)
pour une analyse. En ce qui
concerne le cyclisme, par exemple,
la facture acquittée par les
groupes sportifs professionnels
français aurait avoisiné 2 millions
de francs (plus de 300 000 ¤) en
1999, selon la Ligue nationale.
LeMonde Job: WMQ1502--0024-0 WAS LMQ1502-24 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:35 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0387 Lcp:700 CMYK
24 / LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
AUJOURD’HUI-SPORTS
L’Olympique de Marseille a de plus en plus de mal
à aller « droit au but »
Le club phocéen a été éliminé de la Coupe de France
Nouvel avatar pour l’Olympique de Marseille,
qui, malmené en championnat de France, hors
course en Ligue des champions, a été éliminé
LA DESCENTE aux enfers continue de plus belle pour l’Olympique
de Marseille. Samedi 12 février, au
Stade-Vélodrome, le club phocéen a
été éliminé en seizièmes de finale
de la Coupe
de France par
une équipe de
deuxième division, le FC
Gueugnon. Battu 4-3, après
avoir été mené
4-0 au bout de
soixante-huit minutes de jeu, l’OM a
passé une soirée cauchemardesque,
digne de celle vécue fin décembre à
Saint-Etienne (5-1), en championnat
de France.
Tout comme au stade GeoffroyGuichard ce jour-là, une partie des
supporteurs marseillais ont préféré
plier leurs banderoles et s’en retourner chez eux avant le coup de sifflet
final. « Tapie, reviens ! », a-t-on
chanté dans les tribunes avant de réclamer le départ de l’actionnaire majoritaire, Robert Louis-Dreyfus. Pour
la première fois depuis sa nomination à la tête de l’équipe fanion, en
remplacement de Rolland Courbis,
l’entraîneur Bernard Casoni a fustigé
ses joueurs : « Si certains n’ont pas
compris la situation et ont des états
(4-3) de la Coupe de France, en seizièmes de finale, samedi 12 février, au Stade-Vélodrome, par
le FC Gueugnon, club de deuxième division. Les
d’âme, ils n’ont qu’à changer de métier et changer de club. » Son ex-partenaire des riches heures de l’OM,
Eric Di Meco, a inauguré ses fonctions de directeur sportif en se montrant aussi peu diplomate : « Quand
on est joueur, on doit avoir honte
après un match comme celui-là. »
DERNIER ESPOIR
Diffusé en direct sur la chaîne de
télévision maison, OMTV, qui avait
réussi un joli coup promotionnel en
rachetant les droits à TF 1, ce revers
en Coupe de France a des conséquences extrêmement fâcheuses
pour le club. Eliminé de la Coupe de
la Ligue par Bastia (3-0) début jan-
fameux forgerons de Bourgogne ont même mené
4-0 jusqu’à la 68e minute de jeu. Du coup, l’avenir
– sportif et financier – de l’OM s’assombrit.
vier, mal en point en championnat
(11e après 25 journées), hors course
en Ligue des champions, l’OM n’en
finit plus de voir s’amenuiser ses
chances de disputer une coupe d’Europe à l’occasion de la saison 20002001. Alors que Robert Louis-Dreyfus a fait savoir qu’il cesserait désormais d’alimenter le club avec sa
cassette personnelle (ce qu’il fit pendant cinq ans, à hauteur de 550 millions de francs), la perspective d’une
saison sans campagne européenne
ne facilitera pas la venue de nouveaux partenaires financiers, objectif
pour lequel le président, Yves Marchand, a été expressément mandaté.
Redresser la tête en championnat
Le Red Star brille en Coupe
Après avoir sorti l’AS Saint-Etienne de la Coupe de la Ligue, le Red
Star a éliminé un autre club de première division, Le Havre, en Coupe
de France. En s’imposant à domicile (1-0) face aux Normands, l’équipe
de National (ex-troisième division) a créé la principale sensation des
seizièmes de finale de la compétition, qui se sont déroulés vendredi 11
et samedi 12 février. Saint-Etienne, battu par Lorient (D2) à l’issue des
tirs au but (4 à 3, 0-0 après la prolongation), et Troyes, dominé par
Lyon (1-0), sont les autres équipes de D1 à quitter l’épreuve. Peu s’en
fallut pour que Strasbourg, difficile vainqueur de Besançon (National)
après les tirs au but (4 à 2, 2-2), les rejoigne. Deux formations de CFA
(ex-D4), Pontivy et Calais, sont encore en course. Le tirage au sort des
huitièmes de finale aura lieu dimanche 20 février.
reste donc le dernier espoir, mais celui-ci apparaît bien mince. Incapables de sortir de la tempête en dépit de la venue de quatre nouveaux
joueurs lors du marché hivernal,
l’OM cherchera plus à s’éloigner de
la zone de relégation qu’à viser une
hypothétique cinquième place derrière Monaco, Paris-SG, Auxerre et
Lyon. La suspension, pour trois matches encore, du gardien de but Stéphane Porato, qui avait injurié l’arbitre du match Metz-OM du
6 février, et la fracture du péroné du
défenseur William Gallas, survenue
à l’entraînement, jeudi 10 février, limitent encore plus sa marge de manœuvre. Mardi 15 février, l’OM doit
rencontrer le Paris-Saint-Germain
au Stade-Vélodrome. Il y a tout juste
un an, le club de la capitale vivait les
mêmes tourments que Marseille. Le
PSG avait alors sauvé sa place en
première division, usant deux présidents et trois entraîneurs. Si d’aventure l’OM continuait à sombrer, Bernard Casoni, dont le bilan personnel
est sujet à caution, sait qu’il fera les
frais d’une nouvelle « restructuration du staff technique ». « J’ai peutêtre du mal à faire passer mon envie », disait-il, samedi.
Frédéric Potet
Le Cameroun remporte une Coupe d’Afrique émaillée d’incidents
LE CAMEROUN a remporté la troisième
Coupe d’Afrique des nations (CAN) de son histoire en s’imposant, dimanche 13 février, à Lagos
(Nigeria), face au Nigeria, qui était, avec le Ghana, l’un des deux pays organisateurs de la 22e édition de l’épreuve. Les Lions indomptables ont
pris le meilleur sur les Super Eagles à l’issue des
tirs au but (4 à 3), les deux formations n’ayant pu
se départager (2-2) durant le temps réglementaire et la prolongation. Sitôt la rencontre terminée, des scènes de liesse se sont multipliées dans
Yaoundé, la capitale camerounaise, alors que Lagos s’est retrouvée plongée dans un calme que
les observateurs ont qualifié d’« anormal ».
Les autorités locales craignaient de voir éclater
des émeutes en cas de défaite du Nigeria. Les
40 000 spectateurs du stade Surulere ont quitté
l’enceinte dans le silence, sans même savoir que
leur équipe avait été injustement éliminée : le
quatrième tir au but nigérian, frappé par l’atta-
quant Victor Ikpeba, fut invalidé par l’arbitre tunisien, M. Daami, alors que le ballon avait bel et
bien franchi la ligne après avoir violemment rebondi sur la barre transversale, comme l’ont
montré les images de la télévision nigériane.
ERREUR D’ARBITRAGE
La Confération africaine de football (CAF)
n’avait guère besoin de cette erreur d’arbitrage.
Celle-ci s’ajoute aux nombreux incidents qui ont
jalonné la compétition : envahissement du terrain par la foule, jet de projectiles contre l’équipe
du Nigeria après son match nul contre le Congo
(0-0), pannes d’éclairage, mauvaise qualité des
terrains d’entraînement... A cinq mois de la désignation du pays organisateur de la Coupe du
monde de football 2006, cette série de ratés et
d’imprévus porte un sérieux préjudice aux deux
candidatures africaines, le Maroc et l’Afrique du
Sud.
« Le Nigeria est un pays souverain, situé à six
heures d’avion de Londres et sept de l’Afrique du
Sud. Et nous ne pensons pas que les événements
du Kosovo, à une heure de vol de l’Allemagne,
nuisent aux candidatures de l’Angleterre et de l’Allemagne », avait indiqué, avant la finale, Danny
Jordann, le responsable de la candidature sudafricaine. Après avoir longtemps affirmé qu’il
verrait bien le continent noir organiser le Mondial 2006, le président de la Fédération internationale de football (FIFA), Sepp Blatter, s’est
bien gardé de s’exprimer sur les incidents africains. En voyage en Amérique du Sud, il a dit le
plus grand bien du dossier présenté par le Brésil,
autre candidat à la Coupe du monde 2006. Il
avait exprimé le même enthousiasme, ces dernières semaines, à propos des candidatures allemande et anglaise.
F. P.
A l’Open Gaz de France, Nathalie Tauziat fait parler l’expérience
NATHALIE TAUZIAT n’est plus
une douce cinglée. Celle qui faisait
rire, il y a trois ans, quand elle affirmait qu’elle entrerait parmi les dix
meilleures joueuses mondiales en
réalisant au
passage
de
belles performances
à
Wimbledon ;
celle qui faisait
ricaner, il y a
tout juste un
an, parce que,
ses objectifs atteints, elle annonçait
vouloir entrer parmi les cinq meilleures mondiales, a eu raison. En
gagnant l’Open Gaz de France, dimanche 13 février, la Française a
prouvé aux spécialistes qu’il ne fallait pas se fier aux apparences.
Victorieuse de l’Américaine Serena Williams (7-5, 6-2), de quatorze
ans sa cadette, elle a signé sa septième victoire sur le circuit. La
veille, au terme d’un match contre
une autre jeunesse de dix-huit ans,
Anna Kournikova, elle avait rejoint
le très fermé club des cinq. « Je suis
comblée », a-t-elle déclaré avant
d’ajouter dans un sourire sûrement
un peu ironique : « Maintenant, je
voudrais monter encore, 4, 3, 2 ou
numéro un mondiale. Une nouvelle
fois, personne ne va me croire. Moi,
j’ai juste besoin de placer la barre
très haut. »
Dimanche, Nathalie Tauziat a
déjoué de nombreux pronostics. A
la tenante du titre, Serena Williams, quatrième joueuse mondiale
et tête de série no 1 du tournoi, elle
a opposé son intransigeant jeu de
service-volée, cisaillant la force
physique de sa rivale en coupant
court aux échanges le plus rapidement possible. Elle a su tirer parti
de la faiblesse de son adversaire,
blessée au genou et amoindrie
dans la deuxième manche. Son expérience a joué, aussi.
« Mon tennis était là, je le sentais,
dit-elle. Tout ce qui me venait dans
la main, je l’ai pris. J’ai un beau tennis, j’ai le sentiment que je peux enfin l’exprimer. » Depuis la retraite
de Jana Novotna, en septembre
1999, elle est la seule qui pratique le
jeu de service-volée. Elle reste donc
une énigme pour un grand nombre
et pour ses plus jeunes adversaires.
Curieuse joueuse, anachronisme
vivant qui n’en finit pas de faire des
pieds de nez à la mode du circuit.
Avec sa jupe plissée, son mètre
soixante-cinq et sa peau blême,
son âge d’un autre âge pour le tennis d’aujourd’hui, Nathalie Tauziat
est un extraordinaire cas de résistance au temps.
Elle travaille avec le même entraîneur, Régis de Camaret, depuis
l’âge de treize ans et ne démord
pas de son jeu – l’offensive – et de
sa foi – la technique : « La mienne
est exemplaire. Il faut avoir quelqu’un qui sache l’enseigner. Mon
service n’est pas le plus fort, mais
moi je sais où placer la balle. D’ailleurs, les jeunes qui cognent devraient aussi apprendre à placer leur
service. »
« LAISSEZ-MOI JOUER »
Elle parle encore des incrédules :
« On critiquait toujours mon physique et je suis toujours là. » Nathalie Tauziat était annoncée à Ha-
novre, lundi 14 février, malgré ses
jambes lourdes et sa tête un peu à
l’envers.
A trente-deux ans, elle s’est posé
des jalons en cette année 2000
qu’elle soupçonne d’être la dernière. En ce début de saison, elle
est allée aux Internationaux d’Australie, qu’elle évitait depuis 1994.
Elle rêve de conquérir le titre à
Wimbledon, en juillet, et elle espère aussi des Jeux olympiques de
Sydney, en septembre. « Je ne veux
pas parler de retraite, confie-t-elle.
Laissez-moi jouer, laissez-moi terminer l’année et je vous en dirai plus. »
Bénédicte Mathieu
LeMonde Job: WMQ1502--0025-0 WAS LMQ1502-25 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:24 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0388 Lcp:700 CMYK
AUJOURD’HUI-SPORTS
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000 / 25
Le sourire enfin retrouvé
de la judoka Séverine Vandenhende
La Française s’est hissée en finale du Tournoi de Paris
Après la déroute des championnats du monde
1999, le judo français a repris espoir, samedi 12 et
dimanche 13 février, lors du Tournoi international
ELLE EST à la recherche du
temps perdu. Assise sur les bords
du tatami d’entraînement, elle
promène ses yeux dans le vide.
Emmitouflée dans une parka, les
pieds solidement bandés, Séverine Vandenhende prépare son
prochain combat. Son visage est
détendu, ses jambes sont pliées
en tailleur et son regard perdu.
Habituellement, chez les sportifs
de haut niveau, la concentration
n’est pas synonyme de rêverie,
mais l’ancienne championne du
monde aime la différence. Dimanche 13 février, après avoir balayé ses deux premières adversaires par ippon, elle se trouve
opposée à une Française (Christelle Faure) en demi-finales du
Tournoi international de la Ville
de Paris (TIVP). Et, d’une certaine
façon, ce combat l’amuse.
Depuis son titre mondial
(– 63 kilos) décroché en octobre
1997, à Bercy, Séverine Vandenhende n’a plus eu l’occasion de
goûter les arômes sucrés de la victoire. A l’époque, elle avait seulement vingt-trois ans et un avenir
doré. Grièvement blessée en 1998
et 1999, cette judoka talentueuse
est ensuite passée de l’ombre à la
lumière ; et vice versa. Alors, cette
demi-finale parisienne, Séverine
de la Ville de Paris. Avec trois succès – Ferrid Kheder (– 73 kilos), Frédéric Demontfaucon (– 90 kilos), Magali Baton (– 57 kilos) – et le retour de la
Vandenhende ne veut pas la gâcher. D’abord hésitante dans ses
prises de garde, elle prend ensuite
l’avantage face à sa compatriote
et se qualifie pour la finale. Sa
prochaine adversaire s’appelle
Sung-Sook Song.
« LA FIN D’UN CAUCHEMAR »
La menace était prévisible. Séverine Vandenhende est « allongée » en moins de deux minutes
par cette virtuose asiatique de
l’esquive. Il faudra donc qu’elle se
contente d’une médaille d’argent.
Elle n’en a cure : monter sur un
podium est un privilège. « Désormais, je ne veux retenir que les
points positifs, dit-elle. J’ai retrouvé mes anciennes sensations, celles
qui m’avaient permis de gagner,
ici, en 1997. J’ai aussi retrouvé mon
judo et le plaisir du combat. Il y a
encore quelques semaines, j’étais
au fond du trou. Cette médaille
d’argent symbolise la fin d’un cauchemar. »
Douée de qualités naturelles indéniables, Séverine Vandenhende
a longtemps été suspectée de négliger le travail et de se contenter
de son talent. Mais, après sa victoire aux championnats du
monde de 1997, cette adepte du
judo dilettante n’a pas su appri-
L’Europe du patinage artistique
dominée par la Russie
SON HÉGÉMONIE ÉTAIT PLUS NETTE EN 1999, où seules trois médailles lui avait échappé, mais les championnats d’Europe de Vienne
(Autriche), qui se sont achevés samedi 12 février, ont confirmé l’incontestable domination russe sur le patinage artistique du Vieux
Continent. Seul le titre de danse sur glace lui a échappé, pour revenir
aux Français Gwendal Peizerat et Marina Anissina – uniques médaillés
tricolores. Grâce à la victoire d’Irina Slutskaya, déjà couronnée en 1996
et 1997, la Russie s’est au total adjugé sept des douze médailles mises en
jeu. Evgueni Pluchenko s’est offert à dix-sept ans son premier titre individuel tandis que la paire Elena Berzhnaya–Anton Sikharulidze défendait le sien avec succès.
DÉPÊCHES
a ATHLÉTISME : le Conseil de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a décidé, dimanche 13 février, de lancer une enquête internationale sur la nandrolone, stéroïde anabolisant à l’origine de nombreux cas de dopage, mais rejeté l’idée d’un moratoire sur les
procédures en cours.
a AUTOMOBILISME : le Finlandais Marcus Gronhölm (Peugeot 206)
a gagné, dimanche 13 février, le rallye de Suède, devant son compatriote
Tommi Makinen (Mitshubishi-Lancer) et le Britannique Colin McRae
(Ford Focus).
a BASKET-BALL : Villeurbanne, en tête du championnat de France,
s’est fait surprendre à Antibes (75-73) samedi 12 février lors de la
23e journée.
a CYCLISME : le Français Laurent Jalabert (ONCE) a gagné dimanche 13 février à Marseille le Tour Méditerranéen à l’issue de la 6e et
dernière étape, emportée, au sprint, par l’Italien Mario Cipollini (Saeco).
a FOOTBALL : la Juventus Turin, victorieuse (1-0) de Lecce grâce à un
but de Zinedine Zidane, a repris la tête du championnat d’Italie avec un
point d’avance sur la Lazio Rome, accrochée par Parme (0-0), lors de la
21e journée, disputée dimanche 13 février.
a NATATION : la Française Roxana Maracineanu, championne du
monde en titre du 200 m dos, a signé deux nouveaux records de France
(petit bassin) lors du meeting international de Paris, l’un sur 200 m dos
(2 min 8 s 27), samedi 12 février, l’autre sur 100 m dos (1 min 0 s 56) le
lendemain. L’Américaine Jenny Thompson a amélioré de 10 centièmes
son record du monde du 100 m papillon (56 s 80).
a RUGBY : Pau, qui s’est imposé devant Bourgoin (19-13), samedi
12 février, a pris le large en tête de la poule 2 du championnat de
France. Après 11 journées, les Palois disposent de 6 points d’avance sur
Castres, qui a écrasé Bègles (50-13). Dans la poule 1, Toulouse, auteur
d’une belle victoire à Aurillac (21-29), compte une longueur d’avance
sur Colomiers, victorieux face à Perpignan (23-17).
a SKI : les Autrichiens Fritz Strobl et Werner Franz ont emporté exaequo le deuxième super-G de Saint-Anton (Autriche), devançant leur
compatriote Hermann Maier, qui conserve la première place du classement général de la Coupe du monde. La veille, un autre Strobl, prénommé Josef, avait gagné le premier super-G. Chez les dames, la Slovène Spela Pretnar a gagné, samedi 12 février, le slalom de Santa
Caterina (Italie), devant la Française Christel Saioni et la Suédoise Anja
Paerson.
a VOILE : Team-New-Zealand, tenant de la Coupe de l’America, a
annoncé qu’il utiliserait son voilier NZL 60, son Class America le plus
récemment construit, pour les régates qui l’opposeront à partir du samedi 19 février au meilleur des 9 régates à Prada Challenge, le Défi italien vainqueur des éliminatoires.
a LOTO : résultats des tirages no 13 effectués samedi 12 février.
Premier tirage : 7, 15, 17, 18, 19, 22, numéro complémentaire : 42.
Rapports pour 6 numéros : 2 196 845 F, 334 906 ¤ ; pour 5 numéros et
le complémentaire : 134 205 F, 20 459 ¤ ; pour 5 numéros : 4 465 F,
680 ¤ ; pour 4 numéros et le complémentaire : 196 F, 29,88 ¤ ; pour
4 numéros : 98 F, 14,94 ¤ ; pour 3 numéros et le complémentaire : 22 F,
3,35 ¤ ; pour 3 numéros : 11 F, 1,67 ¤.
Second tirage : 3, 9, 27, 31, 34, 44, numéro complémentaire : 29.
Rapports pour 6 numéros : 14 038 900 F, 2 140 216 ¤ ; pour 5 numéros
et le complémentaire : 220 175 F, 33 565 ¤ ; pour 5 numéros : 5 530 F,
843 ¤ ; pour 4 numéros et le complémentaire : 268 F, 40,85 ¤ ; pour
4 numéros : 134 F, 20,42 ¤ ; pour 3 numéros et le complémentaire :
28 F, 4,26 ¤ ; pour 3 numéros : 14 F, 2,13 ¤.
championne du monde 1997, Séverine Vandenhende, (deuxième en – 63 kilos), il peut songer
sereinement aux Jeux olympiques de Sydney.
voiser la pression ambiante. Résultat : ses performances ont dégringolé. « Elle a vécu deux années
de galère, deux années blanches,
affirme Yves Delvingt, l’entraîneur de l’équipe de France féminine. De plus, en mai 1999, elle
s’est sectionné un ligament latéral
externe au genou gauche et il a fallu la mettre devant ses responsabilités. Notre discours a été un peu
dur, mais il fallait passer par cet
examen de conscience pour repartir d’un bon pied. »
Encadrée depuis quelques jours
par l’ancienne championne olympique Cécile Nowak, Séverine
Vandenhende semble avoir retrouvé ses repères. « Les derniers
Mondiaux à Birmingham, en octobre 1999, ont été catastrophiques
pour elle, remarque Cécile Nowak. Après cette compétition, Séverine s’est posé des centaines de
questions. Elle n’a jamais été une
grosse bosseuse, car elle a toujours
préféré se reposer sur ses lauriers.
Mais, aujourd’hui, elle a compris
ses erreurs. » Il y a quelques jours,
au Tournoi de Moscou, Séverine
Vandenhende a même évité le
pire. Eliminée au premier tour,
elle a réussi à retourner la situation in extremis.
« Avant d’être repêchée, j’ai cru
que c’était le début de la fin, se souvient-elle. Il a fallu que je
combatte avec mes tripes pour aller
chercher une troisième place. Je
crois qu’on peut parler de déclic. »
Depuis, Séverine Vandenhende
rêve d’Océanie et songe sérieusement aux qualifications pour les
Jeux olympiques de Sydney. Mais
l e ch e m i n s e r a s e m é d ’ e m bûches : la France ne pourra envoyer qu’un athlète par catégorie
et les judokas tricolores n’ont
pour l’instant décroché que neuf
des quatorze quotas disponibles.
Les cinq autres seront attribués –
d’après un calcul de points
complexe – à l’issue d’une série
de dix tournois qualificatifs. Or
Séverine Vandenhende combat
dans une catégorie qui n’a pas
encore obtenu ce quota. Il lui
f a u d r a d o n c e n ch a î n e r l e s
bonnes performances dans les
tournois à venir.
Paul Miquel
Les Français ne sont plus
champions du monde
de bob à quatre
L’équipage allemand a emporté le titre
L’HISTOIRE ne s’est pas répétée. En 1999, le bob à quatre français emmené par Bruno Mingeon,
était devenu champion du monde
à Cortina d’Ampezzo (Italie), en
partie grâce au concours de son
entraîneur italien, Yvo Ferriani.
Malgré les quatre manches de la
compétition mondiale disputées
samedi 12 et dimanche 13 février
en Allemagne, le pilote tricolore et
ses accolytes Emmanuel Hostache,
Christophe Fouquet et Max Robert
n’ont jamais pu remonter de leur
6e place initiale.
Privé d’Yvo Ferriani, désormais
au service du Canada, le bob français disposait pourtant des bons
« tuyaux » de Leopold Berg, son
entraîneur à temps partiel. Ancien
Allemand de l’Est, l’homme, très
respecté, dispose d’une longue expérience sur la piste d’Altenberg,
lieu de la compétition. Mais en
bob, la qualité du matériel compte
au moins autant que celle du pilote. Or les Français ne disposent
pas d’équipe de préparateurs
comme leurs rivaux. De même, ils
parvenaient épuisés au terme
d’une saison qui a vu leur sacre eu-
ropéeen (Le Monde du 18 janvier)
et leurs deux premières victoires
(Cortina et La Plagne) en Coupe du
monde.
Deux compatriotes de Leopold
Berg, les pilotes Andre Lange et
Christoph Langen, auront au
moins su profiter de leur parfaite
connaissance du parcours. Andre
Lange, vingt-six ans et ancien
champion du monde junior, a
époustouflé en dominant l’autre
équipage allemand conduit par
Christoph Langen, ses trentesept ans, son titre olympique et ses
six couronnes mondiales, en
3 min 40 s 31.
Associé à Rene Hoppe, Lars Behrendt et Carsten Embach, Andre
Lange a, en outre, établi un nouveau record de la piste, reléguant
Christoph Langen à 62 centièmes
sur le total des quatre manches. Le
bob suisse piloté par Christian
Reich a arraché de justesse la médaille de bronze au bob américain
de Brian Shimer pour quatre centièmes, terminant loin – 2 s 7 – du
deuxième engin allemand.
(Avec AFP et AP)
LeMonde Job: WMQ1502--0026-0 WAS LMQ1502-26 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0389 Lcp:700 CMYK
26 / LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
AUJOURD’HUI
-15------FEVRIER
-----------------2000
------
Pluies faibles à l’est
MARDI. Une dépression située
au sud de l’Islande dirige un flux
d’ouest perturbé sur la France. Un
anticyclone est centré des Açores
à l’Espagne. Une perturbation peu
active traverse notre pays, pour se
situer du Sud-Ouest aux régions
est l’après-midi.
Bretagne, pays de Loire,
Basse-Normandie. – Les nuages
et les éclaircies alterneront, puis
l’après-midi le ciel deviendra très
nuageux. Le vent de sud-ouest
soufflera à 60 km/h en rafales. Il
fera 9 à 11 degrés l’après-midi.
Nord-Picardie, Ile-de-France,
Centre, Haute-Normandie, Ardennes. – De la Haute-Normandie au nord de la Picardie, les
nuages et les belles éclaircies alterneront. Ailleurs, les nuages du
matin laisseront place à de belles
éclaircies l’après-midi. Les températures maximales avoisineront 7
à 10 degrés.
Champagne, Lorraine, Alsace,
Bourgogne, Franche-Comté. – Le
temps sera couvert avec des pluies
faibles, s’atténuant l’après-midi.
Le thermomètre marquera 8 à
11 degrés l’après-midi.
Poitou-Charentes, Aquitaine,
Midi-Pyrénées. – Les nuages resteront nombreux avec des pluies
faibles locales s’atténuant sur le
nord Aquitaine l’après-midi. Les
températures maximales avoisineront 10 à 12 degrés.
Limousin, Auvergne, RhôneAlpes. – Le ciel restera couvert
toute la journée, avec des pluies
faibles et un peu de neige au-dessus de 1 300 mètres sur les Alpes
du Nord. Les températures maximales avoisineront 8 à 11 degrés.
Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse.
– Malgré quelques passages nuageux, le soleil sera prédominant,
avec du vent d’ouest à nord-ouest
soufflant à 90 km/h en rafales. Il
fera 14 à 17 degrés l’après-midi.
Stockholm
Moscou
vers 12h00
Belfast
Liverpool
Dublin
Varsovie
Amsterdam
Londres
50 o
Kiev
Berlin
Bruxelles
Brèves
éclaircies
Prague
Couvert
Paris
Strasbourg
Nantes
Vienne
Budapest
Berne
Lyon
Belgrade
Sofia
Istanbul
Naples
Athènes
Lisbonne
Rabat
NANCY
6/10
NANTES
6/10
NICE
7/15
PARIS
6/10
PAU
8/11
PERPIGNAN
10/16
RENNES
6/10
ST-ETIENNE
5/11
STRASBOURG
5/10
TOULOUSE
8/11
TOURS
7/9
FRANCE outre-mer
CAYENNE
24/27
FORT-DE-FR.
23/27
NOUMEA
24/29
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LUXEMBOURG
MADRID
MILAN
MOSCOU
MUNICH
NAPLES
OSLO
PALMA DE M.
PRAGUE
ROME
SEVILLE
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ST-PETERSB.
STOCKHOLM
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VARSOVIE
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2/7
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VENISE
VIENNE
AMÉRIQUES
BRASILIA
BUENOS AIR.
CARACAS
CHICAGO
LIMA
LOS ANGELES
MEXICO
MONTREAL
NEW YORK
SAN FRANCIS.
SANTIAGO/CHI
TORONTO
WASHINGTON
AFRIQUE
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DAKAR
KINSHASA
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16/27
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13/17
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4/18 S
21/27 S
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Orages
Neige
Tunis
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4/8 S
1/5 N
Averses
Pluie
Rome
Barcelone
Madrid
40 o
Brume
brouillard
Bucarest
Milan
Toulouse
Alger
PAPEETE
POINTE-A-PIT.
ST-DENIS-RÉ.
EUROPE
AMSTERDAM
ATHENES
BARCELONE
BELFAST
BELGRADE
BERLIN
BERNE
BRUXELLES
BUCAREST
BUDAPEST
COPENHAGUE
DUBLIN
FRANCFORT
GENEVE
HELSINKI
ISTANBUL
Ensoleillé
Peu
nuageux
Séville
Ville par ville, les minima/maxima de température
et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ;
C : couvert ; P : pluie ; * : neige.
S
C
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C
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P
P
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N
P
N
Oslo
Prévisions
PRÉVISIONS POUR LE 15 FEVRIER 2000
FRANCE métropole
AJACCIO
5/14
BIARRITZ
9/11
BORDEAUX
9/11
BOURGES
7/9
BREST
5/9
CAEN
6/8
CHERBOURG
5/9
CLERMONT-F.
7/11
DIJON
6/10
GRENOBLE
4/9
LILLE
5/7
LIMOGES
6/8
LYON
5/10
MARSEILLE
7/16
(Publicité)
o
LE CAIRE
12/19
NAIROBI
16/31
PRETORIA
19/25
RABAT
9/19
TUNIS
11/17
ASIE-OCÉANIE
BANGKOK
23/30
BEYROUTH
12/17
BOMBAY
21/30
DJAKARTA
26/28
DUBAI
19/25
HANOI
16/21
HONGKONG
12/19
JERUSALEM
9/19
NEW DEHLI
7/19
PEKIN
-7/0
SEOUL
-9/-5
SINGAPOUR
24/29
SYDNEY
17/22
TOKYO
3/9
20
Vent fort
o
S
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C
S
S
P
P
S
S
S
C
S
S
S
S
S
C
C
S
Situation le 14 février à 0 heure TU
Prévisions pour le 16 février à 0 heure TU
ASTRONOMIE
La naine brune, chaînon manquant entre planètes et étoiles
PROBLÈME de physique :
qu’est-ce qu’une planète ayant au
moins soixante-quinze fois la
masse de Jupiter ? Réponse : une
étoile. Un astre atteignant cette
masse critique peut déclencher en
son sein la fusion de quatre
noyaux d’hydrogène en un noyau
d’hélium et se mettre à briller.
Longtemps, les astronomes se sont
demandé s’il existait une classe
d’objets comprise entre ce qui
nous apparaît comme une géante,
Jupiter – 0,1 % de la masse du Soleil –, et les plus légères des étoiles,
qui ne font que 7 % de la masse de
la nôtre. Répondre non équivalait
à créer un vide intolérable. Répondre oui, comme l’ont fait les
scientifiques, sous-entendait inventer un type de corps intermédiaire, baptisé du nom de naine
brune. Naine parce que minuscule
à l’aune astronomique, brune
parce que sombre et pratiquement
invisible pour les Terriens.
Il a fallu attendre les années 90
pour confirmer la théorie et détecter les premiers de ces bâtards célestes. Car si l’on voit bien la limite
séparant les véritables soleils de
ces étoiles avortées, on distingue
moins la frontière entre les naines
brunes et des planètes gazeuses
géantes. Les chasseurs d’exoplanètes ont fixé ce seuil à treize fois
la masse de Jupiter. Pourquoi ?
Dans un article paru, le 1er février,
dans les comptes-rendus de l’Académie des sciences américaine,
Ben Zuckerman, du département
de physique et d’astronomie de
l’université de Californie à Los Angeles, apporte un élément de réponse : à partir de cette masse, le
cœur des objets dits sous-stellaires
est porté à la température de 1 million de degrés, ce qui permet une
petite réaction nucléaire, la fusion
de l’hydrogène lourd, le deutérium, en hélium 3. Cela dit, le deutérium étant 100 000 fois moins
présent que l’hydrogène dans une
étoile naissante, le carburant nécessaire à cette réaction s’épuise
assez vite et les naines brunes,
dont la température de surface est
déjà relativement basse – moins de
2 000 degrés –, se refroidissent, ce
qui ne facilite pas leur détection.
Cela dit, la chaleur qu’elles dégagent peut suffire pour que les
plus proches se laissent voir dans
l’infrarouge. Depuis quelques années, plusieurs dizaines ont ainsi
été répertoriées, ce qui a permis un
début d’approche statistique. Premier constat : alors que bien des
MOTS CROISÉS
PROBLÈME No 00 - 039
astronomes les cherchaient aux côtés des étoiles, peu de naines
brunes se sont révélées avoir un
compagnon stellaire. En fait, la
grande majorité « flottent librement
entre les étoiles », écrit Ben Zuckerman, ce qui, selon lui, « constitue
désormais un problème majeur irrésolu dans le domaine de la physique
stellaire ». Le chercheur américain
imagine par conséquent que le
plus proche objet massif de notre
système solaire pourrait bien être
non plus Proxima du Centaure,
mais une naine brune encore à découvrir. Second constat : dans le
Une entrée récente dans la classification stellaire
Entre 1911 et 1913, chacun de son côté, l’astronome danois Ejnar
Hertzsprung et l’Américain Henry Russell mirent en évidence une corrélation entre la luminosité (donc la couleur ou le type spectral) et la
température des étoiles. Si l’on regroupe celles-ci sur un diagramme indiquant leur température et leur magnitude absolue, on s’aperçoit
qu’elles ne se disposent pas au hasard mais se regroupent en branches :
la séquence principale, à laquelle appartiennent la plupart des étoiles ;
les supergéantes ; les géantes rouges ; les naines blanches. Le diagramme de Hertzsprung-Russell (HR) permet aussi aux astronomes de
voir où une étoile en est de son évolution. Ainsi, le Soleil, lorsqu’il aura
consommé son hydrogène central, quittera-t-il la séquence principale
pour devenir une géante rouge, puis plus tard une naine blanche. En
1999, des astronomes ont proposé d’ajouter deux nouveaux types spectraux pour intégrer les naines brunes au diagramme HR.
Philippe Dupuis
SOLUTION DU No 00 - 038
HORIZONTALEMENT
I. Porte-savons. – II. Ecoumène.
Io. – III. Nullité. LCI. – IV. Eléis.
Trios. – V. Ta. Pschent. – VI. Rideau.
Coin. – VII. Are. Ilienne. – VIII. Tendrons. Eu. – IX. Guet. Sp. – X. Opus.
Toiser. – XI. Nie. Perfide.
VERTICALEMENT
I. Bel étalage ou grand déballage.
– II. Seul, il ne fera pas une grosse
friture. Préparé comme du chanvre.
– III. Point sur le tatami. Pasteur. –
IV. Aide à faire le tour. Toujours au
premier plan. – V. Pour se prélasser
au salon. – VI. Admonestent et morigènent. – VII. Mises en situation. Miraie mi-requin, il finit chez le maroquinier. – VIII. Paul III y tint concile.
Passe par Le Monde et les médias. –
IX. Aller au palais. Versement en
liquide. – X. Indéterminé dans son
genre. Personnel. – XI. Ramasse et
amasse. Temps de récupération.
VERTICALEMENT
1. Dépose les œufs en lieu sûr. –
2. L’Erika et tous ceux qui coulent
leur apportent du travail. – 3. Pour
un règlement rapide. En transe.
Disposition particulière. – 4. Ne
pensent vraiment qu’à ça. – 5.
Choix référendaire. Précises dans
leurs mouvements. – 6. En tenue.
Une des principales hypothèses
élaborées par les astrophysiciens
pour résoudre le problème de la
masse cachée met donc en scène
des objets massifs peu ou pas lumineux – naines blanches, naines
brunes, étoiles à neutrons, trous
noirs – se trouvant non plus dans
le disque, mais dans le halo englobant la Voie lactée.
EFFET DE MICRO-LENTILLE
Depuis une dizaine d’années,
plusieurs équipes internationales
– dont une française, EROS – sont
parties à la pêche de ces astres discrets, en se servant d’une technique originale, l’effet de microlentille gravitationnelle, par lequel
un corps sombre et massif passant
devant une source lumineuse en
défléchit les rayons et les reconcentre comme une loupe (Le
Monde du 11 juillet 1998).
Cette astucieuse détection indirecte n’a cependant pas amené la
réponse escomptée. « L’équipe
américaine vient de rendre publiques ses résultats, et nous en faisons autant pour EROS, sur la
période 1996-1998, annonce Alain
Milsztajn, chercheur au service de
physique des particules du centre
de Saclay du Commissariat à
AFFAIRE DE LOGIQUE
Boue. Grecque. – 7. Ferme en couverture. Se fait remarquer. – 8. Marquée en surface. Prennent l’eau de
partout. – 9. Petite chose. Garde ses
secrets jusqu’à l’ouverture. – 10.
Travailler à la chaîne. Jaillit. – 11.
Rejetée. Descendus pour se protéger.
HORIZONTALEMENT
disque de notre galaxie, il ne devrait pas y avoir moins de naines
brunes que d’étoiles ! Pour autant,
cette multitude pèse peu dans la
balance céleste. Depuis plusieurs
décennies, en effet, les astronomes
sont en quête de masse : la matière
visible constitue seulement un
dixième de la masse de la Voie lactée. Les neuf dixièmes restants, la
matière noire, manquent désespérément à l’appel. Et, malgré leur
nombre, toutes les naines brunes
contenues dans le disque n’y
changent pas grand-chose, étant
donné leur poids plume.
1. Pénétration. – 2. Oculaire. Pi. –
3. Rôle. Dengue. – 4. Tulipe. Dus. –
5. Emissaire. – 6. Set. Culotte. – 7.
Aneth. In. Or. – 8. Vé. Récessif. – 9.
Linon. Psi. – 10. Nicotine. Ed. – 11.
Sois. Neutre.
l’énergie atomique. Et nous avons
trouvé que pas plus de 40 % de la
masse cachée de la galaxie l’est sous
forme d’objets de masse inférieure
ou égale à une masse solaire. » Encore s’agit-il d’une limite supérieure. La vérité est probablement
moindre, suppose le physicien
français, selon lequel il faudra
chercher ailleurs la matière cachée,
soit dans d’immenses nuages
froids d’hydrogène moléculaire,
soit dans des myriades de particules élémentaires faiblement interactives. Pour l’heure, la détection des uns comme des autres est
très difficile.
Pierre Barthélémy
SOLEIL ET LUNE DE LA SEMAINE
• vendredi 18 février 2000 (à Paris) •
7 h 56
Lever
Coucher
18 h 14
16 h 52
Lever
Coucher
7 h 56
(le 19/2)
PROBLÈME No 159
Invariant pentagonal
LE PENTAGONE convexe cicontre a ses cinq côtés égaux (leur
longueur est un même nombre a).
A un point M intérieur au pentagone, on associe MA + MB + MC +
MD + ME, somme des distances de
M aux cinq côtés du pentagone (ou
à leurs prolongements).
Sauriez-vous expliquer pourquoi
cette valeur ne dépend pas du choix
du point M ?
La propriété est-elle conservée si le
pentagone a cinq angles égaux sans
que les côtés le soient ?
Elisabeth Busser
et Gilles Cohen
Copyright POLE 2000
Solution dans Le Monde du
22 février.
Solution du no 158 paru dans Le
Monde du 8 février.
Quel que soit le nombre de carrefours de la ville, on pourra
construire la mairie.
b Supposons que dans toute
ville de x carrefours on puisse
construire une mairie à un carrefour que nous appellerons M. Les
carrefours qui ne mèneront pas directement à M sont tous reliés à au
moins un carrefour « relais » qui,
lui, mène directement à M.
Ajoutons un x et unième carrefour K, et toutes les rues correspondantes qu’on affecte d’un sens
de circulation.
Si une rue mène de K à M ou de
K à un des carrefours relais, on
pourra encore construire la nouvelle mairie en M.
Sinon, c’est qu’on peut parvenir
directement à K depuis M et depuis
tous les carrefours relais, donc en
deux temps au plus de tous les carrefours. On peut donc construire la
mairie en K.
b On montre alors de manière
évidente qu’on peut construire une
mairie dans une ville de trois carrefours, puis on passe de 3 à 4, de 4 à
5..., de 40 à 41, comme on est passé
de X à (x + 1) carrefours.
LeMonde Job: WMQ1502--0028-0 WAS LMQ1502-28 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 09:28 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0391 Lcp:700 CMYK
28
C U LT U R E
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
FESTIVAL
Le 18e Festival international de théâtre de Téhéran s’est tenu du 27 janvier au 9 février. Il a réuni cinquante pièces, mille artistes et
cent cinquante mille spectateurs,
une affluence considérable qui témoigne d’une volonté d’ouverture
de la société iranienne à travers la
culture, notamment par la découverte de pièces venues de l’étranger.
b HOSSEIN SALIMI, directeur du
théâtre au ministère de la culture,
ne cache pas, dans un entretien au
Monde, que les organisateurs ont
été dépassés par les demandes du
public dans un contexte électoral
délicat : la contestation de l’aile modérée du gouvernement par les
« durs » du régime. b LE METTEUR
EN SCÈNE Moshen Ghasabian a pré-
senté Un homme qui voulait rester
un homme pendant le Festival, une
pièce contemporaine emblématique
des préoccupations des jeunes
femmes iraniennes.
La faim de théâtre et d’échanges culturels des Iraniens de Téhéran
150 000 spectateurs ont assisté dans la capitale de la République islamique, du 27 janvier au 9 février, à la 18e édition
du Festival international de théâtre, baptisé « L’Aurore », regroupant des troupes nationales et d’autres venues de l’étranger
TÉHÉRAN
de notre envoyée spéciale
« Regarde, on voit son cou ! –
Mais non. C’est sa chemise. – Tu es
sûre ? » Deux femmes parlent au
balcon du Théâtre de la Ville, pendant une représentation du Jeu
amer, pièce contemporaine qui
met en scène la quête d’amour
d’un prince à travers le monde.
Construit au temps du chah, circulaire et assez laid, le Théâtre de
la Ville est situé sur une place du
centre de Téhéran, à côté d’un parc
où, dit-on, se retrouvent les amoureux... Il est doté d’une vaste salle
centrale et de quatre petites salles
périphériques appelées « salons »,
plutôt spartiates. C’est le point névralgique du 18e Festival international de théâtre de Téhéran, qui a
réuni cinquante pièces iraniennes
et étrangères, mille artistes et cent
cinquante mille spectateurs, du
27 janvier au 9 février. Pendant ce
temps, le Théâtre de la Ville n’a pas
désempli.
Coréalisé par deux femmes qui
se sont inspirées des Mille et Une
Nuits, Samini et Shoré Lorestami,
Le Jeu amer entre dans la catégorie
des grands spectacles du festival. Il
a droit à la salle d’apparat, où il affiche son ambition : foule de figurants, costumes éclatants, vastes
mouvements de mise en scène.
Les deux spectatrices du balcon
n’en perdent pas une miette.
Comme toute la salle, pleine, elles
sont sensibles au moindre signe révélateur d’un changement, d’une
nouveauté. Et, à leur regard d’Iraniennes aiguisé par le port obligatoire du foulard (au moins), la
pièce n’en manque pas : elle parle
d’amour et, mieux encore, ne parle
que de ça. Elle ose des gestes audacieux, comme celui de la fiancée du
prince qui entoure le cou de son
bien-aimé d’un foulard, et l’attire
vers elle, sans le toucher, bien sûr,
puisque les relations hommesfemmes en Iran interdisent tout
contact en public ; tout de même,
elle l’attire. Enfin, il y a dans Le Jeu
amer un passage qui stupéfie la
salle : des femmes chantent, ce qui
leur est normalement interdit, et
elles bougent. Elles ne vont pas
jusqu’à danser – autre interdit –,
mais elles oscillent, et cela, dans la
République islamique iranienne de
l’an 2000, c’est « une révolution ».
PEYMAN HOOSHMANDZADEH
« UNE RÉVOLUTION »
« Le dernier vœu », de Golbargue Abou Torabian, mis en scène par Hossein Ahmadi Nassab.
Evidemment, cette « révolution »
paraît toute relative à une femme
occidentale en visite à Téhéran
pour la première fois. Ne serait-ce
que parce qu’elle doit se faire à
l’obligation de la tête couverte
– une obligation qui ne souffre pas
d’exception, mais se pare aujourd’hui de tolérances. On accep-
tera de l’Occidentale qu’elle porte
un foulard en chandelle, ce que
nulle Iranienne ne s’autoriserait.
Selon qu’elle habite le sud ou le
nord de la capitale, l’Iranienne se
couvre plus ou moins : du côté du
grand bazar, dans le sud populaire
et particulièrement pollué, le tchador règne. Puis vient le maghnae,
bonnet-foulard qui s’enfile et
couvre la tête et les épaules. En
haut de la ville, près de la montagne, les femmes portent le foulard. L’une d’elle, une intellectuelle, athée, se souvient des
visages vitriolés parce que découverts, au temps le plus dur du régime. Elle a vu Le Jeu amer et n’en
revient pas : « Il y a deux ans encore, un tel spectacle était impensable. »
C’est pour cette raison que le
Festival de théâtre attire tant de
monde. Cent cinquante mille spectateurs, c’est énorme. Hossein Salimi, trente-neuf ans, directeur du
théâtre au ministère de la culture,
ne cache pas que les organisateurs
sont parfois dépassés par l’affluence, surtout celle des jeunes,
avides de pièces venues de l’étranger (lire l’entretien ci-dessous).
L’Italie, la Palestine, l’Allemagne, la
Norvège et l’Arménie ont été invitées pour cette dix-huitième édition. Pour certains spectacles, il y
avait autant de monde devant les
théâtres que dans les salles. Le prix
des places est incitatif : entre 800 et
1 200 tomans (10 F en moyenne),
soit le prix d’un paquet de chips.
Mais il pèse peu au regard de l’avidité des spectateurs, qui trouvent
au théâtre ce que le cinéma et la
musique ne leur offrent pas d’une
manière aussi évidente, immédiate
et réflexive : un miroir de la société
iranienne.
Il y a beaucoup d’hommes dans
les salles, et surtout sur les places
où ont lieu les spectacles de rue. Ils
se tiennent à distance respectable
des femmes iraniennes, mais n’hésitent pas à approcher les étrangères, à qui ils lancent des invites
directes, pour peu qu’elles découvrent trois centimètres de
jambe. « Il paraît qu’en Occident,
les hommes et les femmes font
l’amour dans les bus », dira, sans
rire, un chauffeur de taxi. Dans les
bus de Téhéran, les hommes sont
devant et les femmes derrière.
Mais ils s’entassent dans les taxis
collectifs. Du temps du chah, ça
n’allait pas mieux pour nous,
disent les femmes. Il arrive que
certaines vous abordent. Elles vous
demandent qui vous êtes, d’où
vous venez. Elles veulent savoir.
C’est ce désir qui les pousse au
théâtre. Parce que le théâtre les
renseigne. Il leur montre jusqu’où
elles peuvent aller. Et il pose les
questions qu’elles se posent.
Travailler ? Ne pas travailler ?
C’est l’une des questions-clés pour
les Iraniennes d’aujourd’hui. Un
homme qui voulait rester un homme
aborde la question de front. Ecrite
par une toute jeune femme,
Afrooz Froozand, la pièce se joue
sur un ring de plastique blanc posé
sur le sol du salon numéro 2. Elle
met en scène un jeune couple moderne. La femme porte un foulard
vert pétant et du rouge à lèvres.
Son mari ne supporte pas qu’elle
rentre à la maison plus tard que lui
et qu’elle rapporte du travail du
bureau. « Je suis fâché contre elle,
mais je culpabilise. » Il se voudrait
calme et sans doute libéré. Il voudrait aussi que son épouse reste à
la maison. Il discute, s’énerve, cite
le Coran, appelle Nietzsche à la
rescousse (« Il ne faut jamais se marier »), et finit par lâcher que « le
pire gouvernement, c’est le gouvernement des femmes. Le pouvoir des
femmes est le seul qui dure ».
Comme beaucoup d’Iraniennes, sa
jeune épouse ruse et tient bon. A
quel prix ?
PARTIE SERRÉE
La 18e édition du Festival s’appelle Fadjr – L’Aurore. Un titre qui
n’est sans doute pas anodin. En
cette année 2000, l’Iran fête les
vingt ans de la révolution islamique. Des kilomètres de guirlandes roses, rouges, vertes,
jaunes, bleues courent le long des
façades grises des immeubles de
Téhéran. Dans les bureaux du
Théâtre de la Ville, les photos des
trois K trônent sur tous les bureaux : Khomeiny (l’ayatollah),
Khamenei (le guide spirituel), Khatami (le président de la République). Le ministre de la culture,
Ataollah Mohadjerani, joue serré.
Depuis le 2 février, de jeunes théologiens demandent sa destitution
pour « dépravation culturelle ». Ils
l’accusent d’avoir laissé passer
deux caricatures de l’ayatollah Mohammad Taghi Mesbah-Yazdi dans
le quotidien Azad (Libre). Les
« barbus », repérables à l’odeur
d’eau de rose dont ils s’aspergent,
ne tolèrent pas que le ministre de
la culture appartienne à l’aile modérée du régime. Le 2 février, un
attentat au mortier a fait un mort,
au cœur de Téhéran. Selon certains
(Le Monde du 8 février), il pourrait
être attribué à une organisation
appelée « Fedayine de l’islam pur
de Mahomet » hostile à l’ouverture qui se manifeste dans la
culture en Iran. Dans ce contexte,
le Festival de théâtre prend tout
son sens : l’aurore annoncée estelle celle de l’espoir ?
B. Sa.
Hossein Salimi, directeur du théâtre au ministère de la culture iranien
Moshen Ghasabian, un héros perse
« Cet art traite de ce qui intéresse les jeunes : l’amour et les critiques sociales »
qui rêve du large
TÉHÉRAN
de notre envoyée spéciale
« Nous sommes très heureux que
vous soyez venue. C’est une forme
de soutien. En tant qu’Iranien et
PORTRAIT
Le metteur en scène
s’interroge sur un
théâtre contemporain
et grand public
homme de théâtre, je pense qu’il
faut tisser des liens entre tous les
peuples. Et le théâtre peut y aider. »
Les phrases d’accueil de Moshen
Ghasabian, metteur en scène de
Un homme qui voulait rester un
homme, ne sont pas réductibles
aux salamalecs d’usage en Iran.
Visiblement, l’homme en mesure
le poids.
Agé d’une trentaine d’années,
taillé pour jouer les héros perses
(ce qu’il fait en ce moment dans
une série pour la télévision), Moshen Ghasabian parle d’une voix
douce et ferme. Le spectacle vient
de se terminer, les comédiens
restent assis sur les gradins, distants et attentifs : un visiteur venu
de l’étranger, de France surtout,
c’est une aubaine. L’occasion
d’évoquer le théâtre qui les fait rêver : celui d’Ariane Mnouchkine,
de Peter Brook et d’Augusto Boal.
Moshen Ghasabian évoque leurs
spectacles avec une précision
étonnante. Il n’en a vu aucun,
mais il a lu tous les livres qu’il a pu
trouver.
Avec Un homme qui voulait rester un homme, le jeune metteur en
scène et ses comédiens (une dizaine, étudiants en faculté) franchissent une étape importante
dans leur histoire. C’est la première fois qu’ils sont invités au
Festival. Comme tous les participants, ils ont été sélectionnés par
un jury qui a retenu cinquante
spectacles sur les quatre-vingts
qui postulaient, à travers l’Iran. Ils
ont ainsi eu l’occasion de jouer six
fois en trois jours. Le décor a été
fabriqué par le Centre d’art et
d’essai du Théâtre de la Ville de
Téhéran, une somme a été allouée
pour payer les comédiens.
Moshen Ghasabian ne vit pas de
ses mises en scène. Il écrit des
pièces radiophoniques et joue
pour la télévision. Sa femme est
monteuse de cinéma. « Le théâtre
fait partie de notre cœur. Il permet
d’ouvrir des portes, de parler de ce
qui nous intéresse. C’est pour ça que
nous choisissons des sujets contemporains. Comment faire un théâtre
qui s’adresse à la fois au grand public et à l’individu ? C’est la question centrale que nous nous posons,
en ce moment. »
B. Sa.
« Quelle place occupe le théâtre
dans la société iranienne ?
– Il a commencé à renaître il y a
trois ans. Auparavant, c’était un art
oublié dans notre société. En 1998,
nous nous sommes aperçus qu’il y
avait un rush de jeunes spectateurs
au festival, surtout pour la partie internationale. L’accueil qu’ils réservent aux pièces étrangères est imprévisible, presque terrifiant pour
nous. Dans les trois dernières années, l’activité théâtrale a été multipliée par 3 à Téhéran et par 2,5 en
province. Nous n’arrivons plus à répondre aux demandes.
– Comment expliquez-vous cet
intérêt des jeunes pour le
théâtre ?
– Je vais donner une opinion personnelle. En Iran, les jeunes trouvent
au théâtre ce qu’ils ne trouvent pas
ailleurs : le traitement des sujets qui
les intéressent. Ces sujets sont un,
l’amour, deux, les critiques sociales.
Au théâtre, on peut en parler d’une
façon plus directe qu’au cinéma. Et
ce rapport direct avec le public est
important. Les jeunes cherchent aujourd’hui à entendre des choses profondes. C’est possible parce que les
artistes ont un champ de liberté plus
grand.
– Beaucoup parlent d’une ouverture importante dans les deux
dernières années.
– Oui. Cette ouverture est évidente par rapport au passé. Mais ce
n’est pas encore l’idéal. Je pense que
les intellectuels auront plus de liberté dans les années à venir.
– Y a-t-il censure et comment
s’exerce-t-elle ?
– La censure a évolué au cours des
dernières années. Nous avons maintenant une loi qui la régit. Selon cette
loi, toutes les représentations sont
libres, sauf si elles s’opposent aux
principes de l’islam et aux intérêts
publics. Au départ, cette loi circulait
sous forme de circulaire. Il y a six
mois, elle a été promulguée par le
Conseil général de la révolution islamique.
– C’est une avancée ?
-Bien sûr !
– De quelle manière le ministère
intervient-il ?
– Nous voyons chaque pièce avant
qu’elle soit jouée. Mais il arrive très
rarement qu’on supprime des passages ou qu’on interdise. De plus en
plus, la question est gérée par les artistes. Ils n’ont pas envie de provoquer. Bien sûr, on peut dire qu’il
s’agit de censure ou d’autocensure,
mais en Iran, cela n’a pas le même
sens qu’en Occident.
– Comment est organisé le
théâtre iranien ?
– Il y a quelques théâtres privés
dont les budgets ne regardent pas le
ministère de la culture. Mais tous les
théâtres dits sérieux sont gérés par
l’Etat. Jusqu’en 1999, il n’y avait pas
de budget spécifique alloué au
théâtre. Le vice-ministre de la
culture lui attribuait des sommes
prélevées sur le budget général. Depuis 1999, le théâtre dispose d’un
budget propre. Celui-ci n’est pas
énorme, mais le simple fait qu’il
existe nous satisfait.
« Dans les trois
dernières années,
l’activité théâtrale
a été multipliée par 3
à Téhéran et par 2,5
en province »
– A combien s’élève-t-il ?
– 200 millions de tomans
(16,66 millions de francs) en 1999,
400 millions en 2000 . Mais nos dépenses s’élèvent à 100 millions de tomans. Pour compenser, nous avons
eu une aide de la mairie de Téhéran
et du vice-ministre de la culture, en
1999. Le maire de Téhéran ayant
changé, nous n’en aurons pas cette
année. Je ne sais pas à qui je vais demander.
– Combien y a-t-il de troupes en
Iran ?
– On ne peut pas considérer le
théâtre iranien en termes de
troupes. Il y a des associations
qui organisent les représentations.
Elles sont 220 et comptent
40 000 membres à travers le pays.
Dans chaque association, il y a plusieurs groupes de théâtre.
– Qui sont ces 40 000 membres ?
– Des artistes, des comédiens. La
plupart sont jeunes. Sur les 40 000,
certains n’ont joué qu’une fois.
D’autres travaillent beaucoup. Il n’y
a de comédiens professionnels que
dans les grandes villes. Ailleurs, ce
sont des chauffeurs, des professeurs, des employés qui travaillent
dans la journée et jouent le soir.
Nous aimerions que ces comédiens
puissent jouer toute l’année, et
qu’ils se professionnalisent. Pour
que cela soit possible, nous avons
mis en place une politique de
construction de salles de théâtre, en
province surtout.
– Comment les salles sont-elles
réparties dans le pays ?
– A Téhéran, outre les cinq
théâtres privés, il y a quinze
théâtres qui appartiennent à l’Etat,
quarante qui appartiennent à la
ville, et quatre à l’Université. Il y a
aussi beaucoup de salles qui ne sont
pas faites pour le théâtre, mais investies par le théâtre. En province, il
y a surtout des salles polyvalentes.
Dans les semaines à venir, la
construction de trois grands nouveaux théâtres sera achevée : à
Chiraz, Ispahan et Machhad. C’est
un grand début, pour nous. »
Propos recueillis par
Brigitte Salino
LeMonde Job: WMQ1502--0029-0 WAS LMQ1502-29 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:32 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0392 Lcp:700 CMYK
C U LT U R E
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000 / 29
La dernière bande
de Charles Schulz
Les salles
de concerts
s’inquiètent
d’une hausse
de la TVA
Le créateur des « Peanuts» est mort
à soixante-dix-sept ans, juste avant la parution
de l’ultime planche de sa célébrissime série
Si ses héros ont fait
de lui le dessinateur
le mieux payé
du monde,
ils ont aussi effacé
sa personnalité
planche en couleur, suscitant une
grande émotion (Le Monde du
12 février).
Tout le monde connaît les personnages des Peanuts et tout le
monde s’est identifié à un moment
de sa vie à leurs états d’âme, à leurs
doutes essentiellement. Si ses héros ont fait de lui le dessinateur le
mieux payé du monde, ils ont effacé la personnalité de Charles
Schulz. Il a atteint « l’accomplissement de son ambition d’enfant », racontant ces histoires d’école maternelle dans lesquelles Charlie
Brown, Linus, Lucy, Schroeder découvraient la métaphysique.
Charles M. Schulz a grandi à
Saint Paul (Minnesota), où il est né
le 26 novembre 1922. Il dessine
sans arrêt, copie Buck Rogers, Popeye et les personnages de Walt
Disney. Fanatique de Sherlock
Holmes, il crée des bandes dessinées à partir des histoires de
Conan Doyle. Malgré la crise
économique des années 30, son
père, modeste coiffeur – comme
celui de Charlie Brown –, lui paie
des cours de dessin par correspondance. A la leçon « dessiner des enfants », il écopera d’une note médiocre... Après la guerre – il sert
dans l’infanterie –, il enseigne le
dessin à l’Ecole d’art de Minneapolis, tout en travaillant pour un hebdomadaire catholique. Il publie
dans l’édition dominicale du Pioneer Press de Saint Paul une série,
Li’l Folks (Petites Gens), qui met en
scène « la cruauté qui existe entre
les enfants ». Charlie Brown y fait
son apparition. C’était le nom d’un
de ses amis de l’Ecole d’art, où il
puise de nombreux personnages
des Peanuts. Charles Schulz signe
alors d’un surnom : Sparky.
En 1950, il conclut un contrat
pour que sa série soit reprise dans
plusieurs journaux. Il aura alors
deux déceptions : on lui impose
un nouveau titre, qu’il trouve
« insignifiant » : Peanuts ; à son retour de New York, la jeune fille
aux cheveux roux qu’il voulait
épouser a choisi un autre homme.
Charlie Brown n’aura de cesse de
la rechercher. Schulz a déjà trouvé
son format de quatre cases horizontales. Sa vie se confond désormais totalement avec celle de sa
bande dessinée. Il s’astreint à ce
rythme d’invention quotidienne,
qu’il ne quittera que pour quelques jours de vacances et, samedi,
pour mourir.
La série est lancée avec le slogan : « La plus grande des petites
rend Robert Short, de l’Arkansas, qui a épilogué depuis plus de trente ans sur les implications théologiques des Peanuts, n’hésitait
pas à dire : « Je pense que cette bande dessinée peut se lire comme les paraboles du Nouveau Testament. »
A la Maison Blanche, le président Bill
Clinton s’est fait l’écho de ses concitoyens
en rendant hommage au dessinateur, à qui il
a exprimé sa gratitude : « Pendant cinquante
ans, son œil vif, son cœur bon et généreux, sa
plume et son pinceau si lestes ont donné vie au
groupe de personnages le plus mémorable qui
ait jamais animé nos quotidiens. Charlie
Brown, le malchanceux plein d’espoir, le
joyeux Snoopy, l’attendrissant Linus, et même
cette grincheuse de Lucy, ont fait entendre,
jour après jour, ce qui nous rend humain. »
LES PROFESSIONNELS du
spectacle vivant commencent l’année dans une certaine angoisse.
Jusqu’à la fin 1999, les billetteries
des clubs et des salles de concerts
étaient soumises à deux taux différents de TVA, selon qu’ils possédaient un bar avant leur guichet
– TVA à 2,1 % – ou après : TVA à
5,5 %. Cet écart était dû à une dérogation permettant aux salles de
ne pas payer le taux de TVA de
20,6 % habituellement appliqué
aux débits de boissons – qui prenait fin le 31 décembre 1999. En
l’absence de demande formulée
par le ministère de la culture et de
la communication ou d’un autre
ministère, celui des finances a décidé d’appliquer, depuis le 1er janvier, le taux de 20,6 %. Pour Béatrice Macé, administratrice des
Transmusicales de Rennes et présidente de la Fédurock, une association qui fédère une quarantaine
de lieux consacrés aux musiques
amplifiées, « ce changement de
taux est une catastrophe pour un tissu de salles en équilibre déjà très
précaire. La recette du bar permet à
ces clubs de tenir leur budget et de
maintenir des tarifs de billetterie
adaptés au public des musiques actuelles. Répercuter cette hausse sur
le prix des entrées risque de priver
les salles d’une partie de cette audience ».
Une augmentation qui risque
aussi de déstabiliser l’économie
des festivals. Celui des Vieilles
Charrues, devenu en dix ans l’un
des plus populaires de France, gère
un budget de 20 millions de francs
(3 millions d’euros), autofinancé à
95 %. « Si Cette augmentation est
maintenue, estime Bruno Troadec,
le directeur du festival, elle entraînera pour nous un surcoût de 3 millions de francs. Notre succès vient,
entre autres, des prix d’entrée très
raisonnables que nous pratiquons.
L’équilibre budgétaire se fait grâce
aux buvettes et à la restauration. »
De son côté, le Synpos (Syndicat
national des producteurs et organisateurs de spectacles) estime par
la voix de sa déléguée générale,
Colette Chardon, qu’une telle modification entraînerait la fermeture
de nombreuses salles. Mais, plutôt
optimiste, elle précise : « Nous
conseillons à nos adhérents de provisionner les sommes dues, dans
l’espoir que le dossier sera réglé d’ici
quelques semaines. Les premiers
contacts avec le ministère des finances sont plutôt positifs. »
Le mécontentement est d’autant
plus fort que cette augmentation
de la TVA intervient au moment
où nombre de ces professionnels
négocient avec Bercy sur le statut
fiscal des associations. Le ministère des finances cherchant à imposer celles qu’ils considèrent
comme ayant une activité
commerciale, les structures culturelles organisées en association
cherchant de leur côté à faire valoir leur spécificité.
Claudine Mulard
S. D.
GAMMA
LES ROTATIVES tournaient, samedi 12 février au soir, pour imprimer le dernier dessin hebdomadaire en couleur des Peanuts. Au
même moment, Charles Schulz, le
créateur de Charlie Brown et Snoopy, mourait pendant son sommeil,
comme s’il ne pouvait survivre à
ses personnages qui l’ont accompagné pendant cinquante ans.
Depuis le 2 octobre 1950, il a écrit
et dessiné tous les jours ces petites
histoires « de rien du tout » qui ont
ému l’Amérique et le monde. Tous
les jours, il cherchait une idée de
gag et des personnages pour ces
« cacahuètes » publiées dans plus
de 2 600 journaux.
« Pourquoi
les
musiciens
composent des symphonies et pourquoi les poètes écrivent des poèmes ?
Parce que la vie n’aurait pas de sens.
C’est pourquoi je fais des dessins.
C’est ma vie », expliquait Charles
Schulz. Il est mort le jour de son
dernier dessin, à l’âge de soixantedix-sept ans. Atteint d’un cancer du
côlon, il avait annoncé fin 1999
qu’il arrêtait la série. Le 4 janvier
est parue la dernière bande quotidienne et le 13 février la dernière
Charles Schulz en mars 1999, dans son studio de Santa Rosa (Californie).
sentations depuis Tom Pouce. »
Snoopy, Lucy, Linus, Schroeder rejoignent vite Charlie Brown. Elle
met pourtant quelques années à
s’imposer. Les héros deviennent
plus complexes, les idées sont progressivement poussées jusqu’à
l’absurde, de nouvelles figures apparaissent. Snoopy est celui qui
évolue le plus : « Je n’avais jamais
saut du Baron rouge et mène la série vers le succès dans les années 60. La société américaine
évolue : un personnage noir, Franklin, apparaît en 1968 ; Lucy devient psychanalyste ; les mouvements de libération de la femme
s’incarnent chez Lucy ou Peppermint Patty.
Certains reprocheront à Schulz
L’adieu aux « Peanuts »
La dernière planche en couleurs des Peanuts a paru dans les journaux américains dimanche 13 février, alors que Charles Schulz venait
de mourir. Elle est accompagnée de la lettre que Charles Schulz avait
publiée le 4 janvier : « J’ai eu la chance de dessiner Charlie Brown. C’est
l’accomplissement de mon ambition d’enfant. Malheureusement, je ne
suis plus capable de maintenir le rythme d’une bande dessinée quotidienne. Je suis reconnaissant pour la loyauté de nos éditeurs, ainsi que le
soutien magnifique et l’amour que m’ont exprimés les fans de bande
dessinée. Charlie Brown, Snoopy, Linus, Lucy... Comment pourrais-je les
oublier ? » Charles Schulz ajoute : « Ma famille ne souhaite pas que
Peanuts soit continué par quelqu’un d’autre. » Autour de la lettre, Lucy, Linus, Peppermint Patty, Charlie Brown jouent leurs derniers
tours, tandis que Snoopy cesse, pour toujours, de taper à la machine.
été tenté de le faire parler, mais progressivement, cela devenait important de lui prêter quelques pensées.
C’est peut-être là que la bande dessinée a pris son premier tournant important. »
A la fin des années 50, Snoopy se
redresse, marche sur deux pattes et
pense. Rien ne l’arrête. Il est tour à
tour écrivain, avocat, pilote de la
première guerre mondiale, à l’as-
de laisser de côté les problèmes
économiques et sociaux, le racisme, la sexualité, pour s’en tenir à
un univers intemporel, marqué par
une vision du monde liée au babyboom. Charles Schulz refusera toujours les assimilations politiques.
Son propos est ailleurs, dans cette
exploration quotidienne de la
comédie humaine. Il travaillait
seul, réalisait lui-même ses dessins
et n’avait pas d’équipe pour travailler ses gags. Il a parfois été tenté de
s’évader de ses Peanuts, mais il y
est toujours revenu. Au milieu des
années 60, il a l’envie de réaliser
une nouvelle série, avec pour héroïne une certaine Peppermint Patty. Il abandonne l’idée et Peppermint Patty devient l’un des
principaux personnages de la
bande de Charlie Brown, qu’elle
bat régulièrement au base-ball...
Cette abondance de personnages
et cette unité de ton ont eu beaucoup d’influence sur des générations d’auteurs de comic strips :
« La bande dessinée, expliquait
Charles Schulz, doit avoir une variété de personnages pour que vous ne
jouiez pas toujours la même note.
Vous devez avoir un clavier complet
pour jouer chaque jour des thèmes et
variations différents. »
Conscient de l’unité et de l’exigence de son œuvre, Schulz gardait une conception modeste de
son art et savait se moquer de luimême. Dans l’une de ses dernières planches, parue le 30 janvier, il mettait en scène Linus en
train de faire « une bande dessinée
underground », voyant déjà des
« tirages limités, signés et accompagnés d’un certificat d’authenticité ». Il montrait son chefd’œuvre à la maîtresse, qui lui
répliquait simplement : « Aujourd’hui, on peint des fleurs. »
Alain Salles
Du Web à la Maison Blanche, les hommages de l’Amérique
LOS ANGELES
correspondance
Peu de temps après avoir ramassé, devant
leur porte, leur journal du dimanche avec la
dernière bande dessinée des Peanuts, les
Américains apprenaient le décès de son
créateur. Charles M. Schulz est mort dans
son sommeil, apparemment d’une crise cardiaque, le samedi 12 février à 21 h 30, dans
sa maison de Santa Rosa, en Californie.
« Nous le savions gravement malade, mais sa
disparition si soudaine est inattendue », a déclaré la porte-parole du célèbre cartoonist
américain, qui souffrait d’un cancer du côlon. Selon la presse locale, Charles Schulz
avait même prévu de se rendre à un concert
de musique symphonique lundi soir. Mais
Ed Anderson, un ami, a expliqué que l’auteur des Peanuts envisageait avec anxiété la
publication de la planche d’aujourd’hui, qui
signifiait la fin de sa carrière : « C’était dur
pour lui », a-t-il déclaré au Press Democrat
de Santa Rosa. Les fans des Peanuts se sont
immédiatement répandus sur la Toile, où
tous les sites d’information annonçaient le
décès du créateur de Snoopy. « La perte de
Charles Schulz me rend tellement triste, écrivait cette femme à une messagerie électronique. Il nous a donné Lucy (la femme forte) ;
ce cher Charlie Brown, grâce à qui on se sentait mieux et Snoopy, la preuve qu’il y a toujours une solution. »
« NOTRE DOSE QUOTIDIENNE DE SAGESSE »
Les collègues de Charles Schulz, dont certains, comme Matt Groening, le concepteur
des Simpson, avaient déjà inséré un hommage aux Peanuts dans leur propre bande
dessinée, ne tarissaient pas d’éloges. « Peanuts a été la meilleure bande dessinée de
l’Histoire. Aucune autre n’est comparable »,
déclarait Mell Lazarus, l’auteur de Miss
Peach et de Momma, qui connaissait Charles
Schulz depuis plus de quarante ans. « Dans
quelques siècles, il fera partie du petit nombre
d’artistes américains dont on parlera encore », a affirmé Sergio Aragones, illustrateur à Mad Magazine. Et la créatrice de For
Better and for Worse, Lynn Johnston, faisait
remarquer qu’il avait l’air d’avoir écrit sa fin
lui-même. Tom Batiuk, qui dessine Funky
Winkerbean et Crankshaft, a ajouté : « Avant
lui, les bandes dessinées reflétaient le monde
alentour ; il a ouvert la porte du monde intérieur et nous a permis de partager des sentiments communs. »
Tandis que le maire de Saint Paul, dans le
Minnesota, dont Charles Schulz est originaire, affirmait que « notre dose quotidienne
de sagesse va nous manquer à tous », le révé-
LeMonde Job: WMQ1502--0030-0 WAS LMQ1502-30 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 10:18 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0393 Lcp:700 CMYK
30 / LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000
C U LT U R E
Luca Ronconi réalise un vieux rêve en montant
« La vie est un songe » de Calderon
Musique, décor, distribution, la scène entière est portée par un souffle épique digne d’un opéra
Depuis plusieurs décennies déjà, le metteur en
scène italien attendait le moment d’affronter ce
classique. Pour cette rencontre, qu’il a voulue
LA VITA È SOGNO (La vie est un
songe), de Pedro Calderon de la
Barca. Mise en scène : Luca Ronconi. Avec Franco Branciaroli,
Massimo Popolizio, Andrea Jonasson, Giovanni Crippa, Mino
Bellei, Riccardo Bini, Manuela
Mandracchia.
PICCOLO TEATRO DI MILANO,
Largo Greppi, Milan. Tél. : 00-3902-72-333-215. 25 000 L (12,90 ¤) à
45 000 L (23,21 ¤). Durée :
trois heures. Tous les jours sauf
lundi. A 20h 30, sauf le 16
(15 heures) et le 20 (16 heures).
Jusqu’au 27 février.
MILAN
de notre envoyé spécial
Des trois grands personnages
du théâtre espagnol – Don Quichotte, Don Juan et Sigismond –,
« l’homme des fauves et le fauve
des hommes » de La vie est un
songe demeure le moins sollicité
par le théâtre contemporain.
Peut-être parce que ce prince mis
au cachot par son père dès sa
naissance émane de forces souterraines infiniment plus antiques que ses rivaux en renommée. Peut-être parce que « la
pièce n’est pas réductible aux
schémas du théâtre commercial...
grandiose, le théâtre de prose touche au théâtre
lyrique. Décor (Marco Capuana), musique (Luca
Francesconi) et distribution d’élite allient leurs
mais relève d’un théâtre culturel », comme le souligne Luca
Ronconi.
Depuis plusieurs décennies déjà, le metteur en scène italien attendait le moment d’affronter ce
classique. Sa nomination à la direction artistique du Piccolo Teatro de Milan après la disparition
de Giorgio Strehler lui offrait un
espace neuf pour une rencontre
qu’il a voulue grandiose, portée
par un souffle épique digne de
l’opéra. Décor (Marco Capuana),
musique (Luca Francesconi) et
distribution d’élite allient leurs
forces au service d’une cause :
porter le baroque de Calderon à
la luxuriance qu’autorise la
technologie d’aujourd’hui. Ici, le
théâtre est l’intermédiaire naturel entre le songe – le rêve – et la
vie. Siège de l’artifice visible, il
expose le nocturne à la pleine lumière et délie les monstres de
leurs attaches, pour les offrir, en
semi-liberté, à la représentation.
A peine le cri de rage qui ouvre la
pièce (« Hippogriffe violent ») estil proféré que l’animal fabuleux
apparaît, sous la forme d’un cheval noir lancé dans le galop figé
d’un Meccano coulissant, qui
monte à l’assaut du ciel, et volte
comme un jouet d’enfant surdi-
forces au service d’une cause : porter le baroque
de Calderon à la luxuriance qu’autorise la
technologie d’aujourd’hui.
mensionné. La machinerie exhibe
ses articulations, ouvertement,
pour ouvrir le chemin de l’image
au signe, laissant aux acteurs le
champ des passions.
Le « Siècle d’or » s’est répandu,
étincelant de coulées solaires, un
baume oculaire, irradiant, devant
lequel piaffe l’étalon de forces
primitives analogues à celles que
le docte Basile, mathématicien
soumis aux astres, sage et pervers seigneur des lieux, a voulu
contenir à jamais dans une tour.
Désarçonnée devant celle-ci, Rosaure (Andrea Jonasson) se débat
entre rêve et réveil, entre homme
et femme, entre mythologie et
histoire. Elle affronte en première ligne la difficile partition
de solistes que constitue La vie
est un songe. Succession de monologues, comme le sont les cauchemars – comme le sont les calculs. La voix rauque de la jeune
femme passe du lamento à l’imprécation, du doute à l’attaque.
EXPLICATION À BRAS-LE-CORPS
Et c’est par les voix, leur intensité, la fureur qui précède celle
des corps que Luca Ronconi
conduit chacun vers son destin
de vérité. Jusqu’au moment de
« l’explication » à bras-le-corps
du père et du fils, dans la terre et
le sang mêlés, au-dessus des blés
mûrs. Leur affrontement n’est
pas seulement celui de la loi – absolue – et de la liberté – relative.
Il met en jeu deux registres d’acteurs, l’un habité par la tradition
du mélodrame, avec ses grimaces
et ses contorsions, représenté
par Maurizio Popolizio (Sigismond) ; et l’autre empreint de
hiératisme, sobre rigidité appuyée par la puissance de la
voix : celui de Franco Branciaroli
(Basile).
Gardes, soldats, musiciens – le
peuple –, pas un qui ne se résigne
à la figuration dans ce concert. Le
chant est dans les corps, tension
et attention, dans la rapidité des
mouvements collectifs, dans le
jeu de grandes machineries dont
les figurants arborent ostensiblement les clefs. Le théâtre de
prose touche au théâtre lyrique
en galopant sur les sommets jumeaux de la souffrance et de la
révolte, où nous reconnaîtrons
nos aspirations et nos tentations,
pourvu que notre capacité
d’émerveillement soit aussi
haute que l’exigence de théâtre
total ronconien.
Jean-Louis Perrier
La vie de Jésus selon Bettina Rheims, du livre aux cimaises
Opposition entre des ingrédients contemporains et une histoire doublement millénaire
INRI, de Bettina Rheims et Serge Bramly,
Maison européenne de la photographie, 5-7,
rue de Fourcy, Paris 4e . Mo Saint-Paul. Tél. :
01-44-78-75-00. Du mercredi au dimanche, de
11 heures à 20 heures. 15 F (2,29 ¤) et 30 F
(4,57 ¤). Jusqu’au 2 avril. Livre paru aux éditions Albin Michel, 218 p., 129 photos, 450 F
(68,60 ¤).
En septembre 1998, la publication du livre Inri, de Bettina Rheims et Serge Bramly, provoquait une polémique lancée par la frange intégriste d’une Eglise catholique elle-même dans
l’embarras (Le Monde du 28 septembre 1998).
Les auteurs donnaient dans cet album textesimages leur vision de la vie de Jésus « à l’aube
du XXIe siècle ». Ce sont les photos qui ont choqué l’abbé Philippe Laguérie. En couverture,
une jeune femme en croix et aux seins nus. A
l’intérieur, les auteurs illustrent à leur façon des
chapitres de la vie du Christ : l’apparition avec
un ange sur une balançoire ; l’Enfant-Jésus
éclairé par les phares d’une camionnette ; Marie-Madeleine vêtue d’un slip rouge ; Judas qui
se suicide au pistolet... Et ainsi de suite jusqu’à
l’élévation finale.
Jésus revient à la Maison européenne de la
INSTANTANÉ
113 CLAN TRIOMPHE
À MARSEILLE
Samedi 12 février, la Dream Team
ne jouait pas au Stade-Vélodrome
mais sur la scène du Dôme. Pendant
qu’à peine 15 000 spectateurs assistaient à l’humiliation de l’OM par
Gueugnon, plus de 8 500 personnes
bourraient jusqu’à la gueule le
« Bercy » local pour une démonstration du rap phocéen. A l’affiche,
plus d’une douzaine de groupes,
soit une cinquantaine d’as de la
rime et des platines. Des parrains
historiques, trois membres d’IAM
photographie (MEP) sous la forme d’une exposition. Les mêmes photos sont au mur, sur trois
niveaux, laissant un goût de réchauffé : le livre
interdit tout effet de surprise ; la polémique est
passée tout comme la nouvelle année, et
Pâques n’est pas encore là pour coller à l’actualité de la Résurrection. Une exposition « hors
saison » a l’avantage de pouvoir apprécier les
photographies en oubliant une polémique stupide. L’accrochage muséal permet de ne pas tenir compte de la science biblique – les théologiens débattront de la pertinence de la
démarche. Il faut donc juger ces images cosignées pour ce qu’elles ambitionnent d’être : des
œuvres d’art de grand format en couleurs, et
plus modestes, en noir et blanc.
« L’EXEMPLE DES ARTISTES DU PASSÉ »
En préambule, les auteurs affirment d’ailleurs qu’ils ont « suivi l’exemple des artistes du
passé qui n’hésitaient pas à transposer dans leur
siècle les épisodes de l’histoire sainte, leur donnant volontiers pour décor un faubourg de Florence ». Rheims et Bramly ne se comparent pas
à Fra Angelico mais, du moins, une généalogie
est suggérée – on pourrait citer Mantegna, dont
le Christ mort à la perspective écrasée est copié.
Une autre généalogie, plus évidente, s’im-
(Akhenaton, Shurik’N, Freeman),
des héritiers confirmés (Fonky Family, 3e Œil...), une grosse poignée de
petits frères ambitieux (Le Venin,
Puissance Nord, Byron...) et quelques grands noms du hip-hop parisien.
Tension à l’extérieur de la salle.
Un bon millier de personnes manifestent violemment leur frustration
de ne pouvoir participer à la fête. A
l’intérieur, le public prouve que l’on
peut écouter du hip-hop sans que
l’ambiance dégénère. Au point que
les espoirs de la scène locale ont pu
se sentir trompés. La haine du FN,
les chroniques des quartiers Nord
ne suffisent pas à faire déborder
l’enthousiasme. Le public du Dôme
est formé à l’écoute de Skyrock et
son exigence de tubes. Ce réseau
FM national spécialisé dans le rap
est d’ailleurs le principal sponsor de
la soirée. L’entrée en scène d’Akhenaton provoque une ovation massive mais les trois inédits qu’il livre
n’ont pas d’effet fédérateur.
Le premier triomphe sera parisien : Pit Bacardi et les rappeurs affiliés au Secteur A, entreprise réputée
pour son efficacité commerciale, y
vont de leurs refrains accrocheurs.
L’énergie extatique de la Fonky Family est à la hauteur de leur statut
de héros locaux. Mais à Marseille
comme partout, les stars du rap
français se nomment en ce moment
113 Clan. La composition de ce trio
de Vitry – un Algérien, un Malien,
un Antillais – ressemble à Massilia,
l’éternelle.
Stéphane Davet
pose : Bettina Rheims fait du Bettina Rheims,
décline une méthode qui a fait ses preuves dans
la mode, la publicité et le portrait de personnalités pour les magazines.
DU KITSCH, DU POMPIER, DU SEXE
Avec des moyens en conséquence : 117 personnes (du costumier au maquilleur), 156 acteurs, deux ans de travail et 1,5 million de francs
de budget (2,28 millions d’euros) ont fait naître
un travail aussi efficace qu’une campagne Benetton, aussi propre qu’une pochette de disque,
aussi exotique qu’un reportage pour le National
Geographic, des couleurs aussi harmonieuses
que dans une publicité pour l’Irlande.
On peut mater de jolies filles et de beaux garçons, les yeux des premières sont bleus ou verts,
les corps des seconds sculptés au Gymnase Club.
Il y a du kitsch, du pompier, du sexe, un peu
de grunge, des références à la peinture d’histoire. Manquent dans les images, portées par
une opposition entre des ingrédients contemporains et une histoire doublement millénaire,
le mystère, l’émotion, la poésie, tout ce que
l’on peut trouver dans L’Evangile selon Matthieu, le film de Pasolini.
CONCERTS
Michel Guerrin
SORTIR
REPRISE CINÉMA
Des couteaux dans les poules
Après avoir fait découvrir le Norvégien
Jon Fosse, dont il a mis en scène Quelqu’un va venir (Le Monde du 1er octobre 1999), Claude Régy crée Des couteaux dans les poules, une pièce d’un
autre auteur inconnu en France, David
Horrower. Né en 1966 à Glasgow, Ecossais dans l’âme, David Harrower travaille actuellement à des commandes
du Royal Court Theater, du Royal National Theater et de la Royal Shakespeare Company. Des couteaux dans les
poules – sa première pièce – a été
jouée au Canada, en Norvège, au Danemark, en Suède, en Finlande, en Autriche et en Allemagne (dans une mise
en scène de Thomas Ostermeier). En
France, cette pièce est interprétée par
Valérie Dréville, Jean-Quentin Chatelain et Yann Boudaud.
Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pablo-Picasso, 92 Nanterre. RER Nanterre-Préfecture. Du 15 février au
31 mars. Du mardi au samedi, 20 h 30 ;
le dimanche, 16 heures. Tél. : 01-46-1470-00. De 55 F à 140 F.
Les Inaccoutumés
Dernière semaine pour cette 9e édition
des Inaccoutumés avec Olivia Granville
partie voir ailleurs, en l’occurrence en
Arménie, et qui nous revient avec un
voyage chorégraphique intitulé ParisYerevan. Quant à Philippe Riera, son
Building 2, très outillé électronique,
communique sur les végétaux avec
une précision aussi scientifique que
poétique.
La Ménagerie de verre, 12, rue Léchevin, Paris 11e . Mo Parmentier. Olivia
Granville : les 15, 16 et 17, 20 h 30 ; Philippe Riera : les 18 et 19, 20 h 30. Tél. :
01-43-38-33-44. 80 F.
Laurent Fickelson Quartet
Pianiste découvert avec les jeunes boppers français qui, à la fin des années 80, ont redonné de l’énergie aux
clubs de jazz parisiens, Laurent Fickelson a peu à peu trouvé sa singularité
et dirige sa propre formation, où passe
à l’occasion le souffle de Coltrane et
les emportements de Mingus. Avec lui
on retrouve la rythmique des frères
Belmondo, soit Clovis Nicolas à la
contrebasse et Philippe Soirat à la batterie. Yannick Rieu, musicien lyrique et
puissant, est aux saxophones.
Au Duc des Lombards, 42, rue des
Lombards, Paris 1er . Mo Châtelet.
21 heures, les 15 et 16. Tél. : 01-42-3322-88. 100 F.
Cinéma direct
Les Ateliers Varan ont confié à plusieurs réalisateurs une programmation
de films permettant de mieux définir
et exposer leur conception du « cinéma direct », qui revendique la filiation
avec des documentaristes comme Jean
Rouch ou Frederik Wiseman. Chacun
propose un film de son choix ainsi
qu’un documentaire réalisé et produit
au sein des ateliers Varan. Outre Claire
Simon, la cinéaste invitée du 15 février,
les prochains rendez-vous prévus le
sont avec Elisabeth Kapnist (le 22) et
Jean-Louis Comolli (le 29).
Forum des images, Porte Saint-Eustache, Forum des Halles, Paris 1er .
Mo Les Halles. Le 15, 19 heures. Tél. : 0144-76-62-00.
Daniel Larrieu
De la soie et du feutre. L’amour des
matières et le sens plastique du chorégraphe Daniel Larrieu se conjuguent
dans Feutre, une pièce enveloppante
comme un cocon mais toujours grande
ouverte sur l’extérieur. La grâce retenue, l’élégance distante du directeur
du Centre Chorégraphique de Tours
n’empêche pas son sens aigu du vivant
de s’exprimer. De l’abstraction sensuelle bien maîtrisée.
Athénée-Louis-Jouvet, 4, square de
l’Opéra-Louis-Jouvet, Paris 9e. Mo Opéra. Les 16, 17, 18 et 19, 20 heures ; le 20,
16 heures. Tél. : 01-53-05-19-19. De 70 F
à 160 F.
GUIDE
REPRISE CINÉMA
Le Pirate
de Vincente Minnelli, avec Gene Kelly,
Judy Garland.
Américain, 1948, copie neuve (1 h 42).
VO : Grand Action, 5e (01-43-29-4440) ; Mac-Mahon, 17e (01-43-80-24-81).
TROUVER SON FILM
Tous les films Paris et régions sur le Minitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-3668-03-78 (2,23 F/min).
ENTRÉES IMMÉDIATES
Le Kiosque Théâtre : les places de certains des spectacles vendues le jour
même à moitié prix (+ 16 F de commission par place).
Place de la Madeleine et Parvis de la
gare Montparnasse. De 12 h 30 à
20 heures, du mardi au samedi ; de
12 h 30 à 16 heures, le dimanche.
Anticonstitutionnellement
de Laurent Sauvage, mise en scène de
l’auteur.
Théâtre Gérard-Philipe, 59, boulevard
Jules-Guesde, 93 Saint-Denis. Les 15,
17, 18, 22, 20 h 30 ; le 16, 15 heures ; les
19 et 20, 16 heures. Tél. : 01-48-13-7000. 30 F et 50 F.
François-Frédéric Guy,
Nicholas Angelich (piano)
Britten : Introduction et rondo « Alla
burlesca ». Strauss-Singer : Sinfonia
domestica.
Musée d’Orsay, 1, rue de Bellechasse,
Paris 7e. Mo Solferino. Le 15, 12 h 30.
Tél. : 01-40-49-47-57. 80 F.
Ensemble Accroche-note
Martin : Colère, création. Darbellay :
Dolmar, création. Bosseur : Memorandum II, création. Fedele : Maja, création. Mâche : Brûlis, création. Ibarrondo : Ekaïn, création. Françoise Kubler
(soprano).
Maison de Radio-France, 116, avenue
du Président-Kennedy, Paris 16e .
Mo Passy. Le 15, 20 heures. Tél. : 01-4230-15-16. Entrée libre.
Crazy Town
Elysée-Montmartre, 72, boulevard Rochechouart, Paris 18e. Mo Anvers. Le 15,
19 h 30. Tél. : 01-55-07-06-00. 60 F.
H20, F-Minus, Nothing More
La Maroquinerie, 23, rue Boyer, Paris
20e. Mo Gambetta. 20 heures, le 15.
Tél. : 01-40-33-30-60. 70 F.
Camp Blackfoot, Atché
Instants chavirés, 7, rue Richard-Lenoir,
93 Montreuil. Mo Robespierre. Le 15,
20 h 30. Tél. : 01-42-87-25-91. De 40 F à
60 F.
Eva Biermann
Théâtre national de Chaillot, 1, place
du Trocadéro, Paris 16e. Mo Trocadéro.
Du 27 février, 19 h 30 ; dimanche,
14 heures. Tél. : 01-53-65-30-00. Entrée
libre.
Marc Perrone
Salle Valhubert, 1, place Valhubert, Paris 13e. Mo Gare d’Austerlitz. Jusqu’au
26 février, 20 h 30. Relâche dimanche
et lundi. Tél. : 08-03-02-00-40. 120 F.
Garage Rigaud
L’Européen, 3, rue Biot, Paris 17e .
Mo Place-de-Clichy. Les 15, 16 et 17,
20 h 30. Tél. : 01-43-87-97-13. 94 F.
Georges Moustaki
Petit Journal Montparnasse, 13, rue du
Commandant-René-Mouchotte, Paris
14e. Mo Gaîté. Les 15 et 16, 22 heures.
Tél. : 01-43-21-56-70. De 100 F à 150 F.
Kilema
Satellit Café, 44, rue de la Folie-Méricourt, Paris 11e. Mo Oberkampf. Les 15,
16 et 17, 21 h 30. Tél. : 01-47-00-48-87.
50 F.
RÉSERVATIONS
Serge Hureau
interprète Rimbaud et Verlaine.
Théâtre d’Ivry Antoine-Vitez, 1, rue Simon-Dereure, 94 Ivry. Du 24 février au
19 mars. Tél. : 01-46-70-21-55. De 70 F à
110 F.
Calvin Russel & Jesse Taylor
Café de la danse, 5, passage Louis-Philippe, Paris 11e. Le 21 février, 19 heures.
Tél. : 01-40-21-70-70 et 01-47-00-57-59.
150 F.
Fanfares
écrit et mis en scène par Georges Lavaudant, avec Gilles Arbona, Christiane Cohendy, Patrick Pineau.
Odéon-Théâtre de l’Europe, 1, place
Paul Claudel, Paris 6e . Du 23 février au
25 mars. Tél. : 01-44-41-36-00. De 30 F à
180 F.
Théâtres
d’Olivier Py, mise en scène Michel Raskine, avec Philippe Demarle, Yves Ferry, Marief Guittier.
Les Abbesses (Théâtre de la Ville), 31,
rue des Abbesses, Paris 18e. Du 24 février au 25 mars. Tél. : 01-42-74-22-77.
De 95 F à 140 F.
La Vie de Galilée
de Bertolt Brecht, mise en scène
Jacques Lassalle.
Théâtre national de la Colline, 15, rue
Malte-Brun, Paris 20e. Du 24 février au
9 avril. Tél. : 01-44-62-52-52. De 80 F à
160 F.
Helen Merrill
Espace culturel du parc de Drancy,
93 Drancy. Le 26 février, 20 h 30. Tél. :
01-48-95-06-37/38. 100 F.
Randy Newman
La Cigale, 120, boulevard Rochechouart, Paris 18e . Le 28 février,
20 h 30. Tél. : 01-49-25-89-99. 245 F.
DERNIERS JOURS
19 février :
Le Décaméron des femmes
d’après Julia Vosznesenskaya, mise en
scène de Julie Brochen.
La Cabane de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, 36-38, quai de la Loire, Paris 19e.
Tél. : 01-44-41-36-36. De 50 F à 120 F.
Tokyo Notes
d’Oriza Hirata, mise en scène de Frédéric Fisbach.
Parc de la Villette. 211, avenue JeanJaurès, Paris 19e. Tél. : 01-40-03-75-75.
70 F et 90 F.
Douce France, dure France...
de et par Fred Personne, avec Violetta
(accordéon). Musique de François Farrugia.
Théâtre Molière-Maison de la Poésie,
161, rue Saint-Martin, Paris 3e. Tél. : 0144-54-53-00. 60 F et 80 F.
20 février :
Turner et la Seine
Pavillon des arts, porte Rambuteau,
terrasse Lautréamont, Paris 1er . Tél. :
01-42-33-82-50. De 11 h 30 à 18 h 30.
Fermé lundi et fêtes. De 18 F à 35 F.
Dada-surréalisme-avant-gardes : un
siècle de collages en Belgique
Centre Wallonie-Bruxelles, 127129, rue Saint-Martin, Paris 4e. Tél. : 0153-01-96-96. De 11 heures à 18 heures.
Fermé lundi et fêtes. 10 F.
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RADIO-TÉLÉVISION
LE MONDE / MARDI 15 FÉVRIER 2000 / 31
LUNDI 14 FÉVRIER
GUIDE TÉLÉVISION
DÉBATS
15.10 Le Monde des idées.
21.55
Thème : L’Autriche de Haider.
Invités : André Glucksmann,
Jacques Le Rider.
LCI
L’Ecran témoin. On ne se choisit
pas par hasard...
RTBF 1
MAGAZINES
18.20 Nulle part ailleurs. Avec Crazytown,
Laurent Garnier, David Lodge,
Virginie Ledoyen.
Canal +
20.50 Les Z’amours fêtent
France 2
la Saint-Valentin.
21.05 La Route. Yolaine de la Bigne
et Jacques Salomé.
Canal Jimmy
22.45 Fréquenstar.
Ils nous parlent d’amour.
23.55
La Vie en feuilleton. [1/4].
Arte
L’Ame du gospel.
Planète
Henri Verneuil.
Ciné Classics
Mumia Abu-Jamal, victime de
la « justice » américaine. Planète
0.00 Envoyé spécial en enfer.
23.00 « Sonate en trio BWV 1021
et Sonate », de Bach.
0.05 Vivre sur la banquise, une année
Odyssée
en Antarctique.
0.35 Le Mystérieux Syndrome
Planète
de la guerre du Golfe.
0.50 La Case de l’oncle Doc.
22.35 C’était hier. Pièce de Harold Pinter.
[1/4]. Mission à Beyrouth.
Histoire d’une droite
extrême [1/2].
France 3
Argent public. Invité : Gérard
Miller. L’Etat malade du tabac ;
La Guerre de Normandie ; Nice :
les dysfonctionnements de la Justice ;
Le char Leclerc ; Les taudis financés
par l’Etat.
France 2
Strip-tease. Au nom du père.
L’embarras du choix.
Liquidation.
France 3
France 3
SPORTS EN DIRECT
Folles Journées, Nantes 2000.
0.45 Hommage à Duke,
Ella et les autres.
Mezzo
Muzzik
PROGRAMMES
19.40 New York-Miami a a a
TÉLÉVISION
Frank Capra (Etats-Unis, 1934,
N., 105 min) &.
Cinétoile
20.10 On connaît la chanson a a
Alain Resnais (France, 1997,
125 min) &.
TSR
20.30 Un singe en hiver a a
THÉÂTRE
Mise en scène de Sami Frey.
Henri Verneuil (France, 1962,
N., 100 min).
Ciné Classics
Festival
Championnat d’Angleterre
(25e journée) : Middlesbrough Aston Villa.
Canal + vert
Chorégraphie d’Angelin Preljocaj.
Musique de Stravinsky.
Mezzo
Edouard Molinaro [4/6].
21.00 Boris Godounov.
Opéra de Moussorgski. Mise en scène
de Herbert Wernicke. Par l’Orchestre
philharmonique de Berlin,
dir. Claudio Abbado.
Muzzik
0.10 Affaires non classées.
Dernière volonté [2/2] %.
22.10 Scénarios sur la drogue.
Tube du jour. Diane Bertrand.
FRANCE 2
Arte
22.15 Court-circuit.
18.40
19.10
19.45
19.55
20.00
20.50
Les Héroïnes de l’amour. Muet. Lily
Besilly et Nathalie Percillier ; Psy-Show
et Alias. Marina De Van.
Arte
La Famille médicament.
Etienne Chatiliez.
TF 1
1.00 Scénarios sur la drogue.
22.35 « L’Oiseau de feu »,
de Stravinsky.
Par le Philadelphia Orchestra,
dir. Eugène Ormandy.
Mezzo
France 2
SÉRIES
21.50 New York Police Blues.
Justice est faite (v.o.).
22.25 The PJ’s, les Stubbs.
Canal Jimmy
The Door (v.o.).
Série Club
22.50 First Wave. Le trou.
13ème RUE
23.35 New York District. Une tombe
13ème RUE
de diamants (v.o.).
20.45 Le Septième Ciel a a
Benoît Jacquot.
Avec Sandrine Kiberlain,
Vincent Lindon (France, 1997,
85 min) %.
Arte
20.45 Le Septième Ciel a a
Mathilde (Sandrine Kiberlain) est
une jeune femme bon chic-bon
genre, mariée à Nico (Vincent Lindon), chirurgien, et mère d’un
jeune garçon. Un couple heureux,
pourtant quelque chose ne marche
pas, Mathilde est kleptomane.
Etrange entrée en scène d’un hypnotiseur qui la délivre de ses névroses sexuelles. Mystères du
corps féminin, mystères de l’âme.
Un film de Benoît Jacquot.
0.00 Tapage nocturne
A une époque qui vénère le
consensus, Bruno Letort produit
une émission dont le seul nom,
« Tapage nocturne », fait frémir.
Compositeur venu du jazz et du
jazz-rock, converti à la musique
contemporaine, Bruno Letort a
pour seul souci d’offrir, du lundi au
jeudi, autant de musiques différentes que possible : musique de
théatre, de danse, de cinéma ou
électroacoustique.
21.25 Un été 42 a a
FRANCE 3
Claude Chabrol (France, 1969,
125 min).
13ème Rue
Robert Mulligan (Etats-Unis,
1971, 100 min).
Cinétoile
22.20 La Passion Béatrice a a
Bertrand Tavernier (Fr - It.,
1987, 130 min).
Ciné Cinémas 2
Elia Kazan (Etats-Unis, 1955,
115 min) &.
Canal Jimmy
0.50 Les Combattants de l’ordre
Un document féroce et drôle ou,
au contraire, le portrait apologétique d’un lieutenant de CRS,
grande gueule, macho, démago
mais charismatique et sympathique aussi à sa manière. On peut
tout voir dans ce film de Stéphane
Krausz, qui montre comment on
forme les CRS. Sa grande vertu est
de ne pas imposer un seul regard.
Blagues viriles, affection. La caméra observe. Saisissant.
Nice : un sac d’embrouilles.
Le char Leclerc.
20.45 Que la bête meure a a
22.35 A l’est d’Eden a a a
FRANCE 3
Fêtent la Saint-Valentin.
0.40 Journal, Météo.
1.00 Scénarios sur la drogue.
Woody Allen (Etats-Unis, 1995,
v.o., 95 min).
Ciné Cinémas 3
FRANCE-MUSIQUES
Friends.
Qui est qui ?
Un gars, une fille.
Loto. Super loto Saint-Valentin.
Journal, Météo.
Les Z’amours.
23.05 Argent public.
22.30 Maudite Aphrodite a a
ARTE
La Peur de l’autre.
La Famille médicament.
Etienne Chatiliez.
Festival
Déçue. Isabelle Dinelli %.
MUSIQUE
Exclusif.
Le Bigdil.
Journal, Météo.
Un homme en colère.
19.00 Nature. Le Bonheur en 4-CV.
19.45 Arte info, Météo.
20.15 Bonjour bébé !
[1/4]. Un jour sans fin.
20.45 Le Septième Ciel a a
Film. Benoît Jacquot %.
22.10 Scénarios sur la drogue.
22.15 et 0.15, 0.30 Court-circuit.
Les Héroïnes de l’amour.
Muet. Lily Besilly
et Nathalie Percillier.
Psy-Show. Marina De Van.
Alias. Marina De Van.
0.05 Scénarios sur la drogue.
19.30 Le Tiroir secret.
0.05 Scénarios sur la drogue.
22.05 Noces.
18.25
19.05
20.00
20.50
ARTE
Les histoires étonnantes
et drôles du couple.
TÉLÉFILMS
DANSE
TF 1
22.35 Y a pas photo !
COURTS MÉTRAGES
20.55 Football.
DOCUMENTAIRES
19.00 Nature. Le Bonheur en 4-CV.
Arte
19.00 Esclaves d’Hitler
Planète
dans des usines suisses.
Planète
Les Combattants de l’ordre.
Cadences infernales.
M6
22.55 Les Dossiers de l’Histoire.
23.05
20.15
20.30
22.10
23.00
FILMS
22.35 Fantasia chez les ploucs a a
Gérard Pirès (France, 1970,
85 min).
Déçue. Isabelle Dinelli %.
18.50
20.05
20.35
20.55
Hal Hartley (Etats-Unis, 1991,
v.o., 105 min).
Paris Première
23.05 Casablanca a a
Michael Curtiz (Etats-Unis, 1942,
N., v.o., 100 min).
Cinétoile
0.05 Les Années-lumière a a
Le 19-20 de l’information, Météo.
Fa si la. Spéciale Juniors.
Tout le sport.
Grandeur et descendance
Film. Robert Young.
Histoire d’une droite extrême [1/2].
23.55 Strip-tease. Au nom du père.
L’embarras du choix. Liquidation.
0.50 La Case de l’oncle Doc.
Les Combattants de l’ordre.
Cadences infernales.
CANAL +
f En clair jusqu’à 20.40
Invités : Crazytown.
0.45 Guerre et amour a a
0.50 Maxime a a
22.14 Le Monde selon Glup.
22.15 Sombre a
Woody Allen (Etats-Unis, 1975,
v.o., 80 min).
Cinétoile
Henri Verneuil (France, 1958,
N., 120 min).
Ciné Classics
Film. Nicolas Echeverria (v.o.).
M6
18.30
19.15
19.54
20.05
20.40
20.50
22.45
0.05
Sliders, les mondes parallèles.
Cosby Show.
Le Six Minutes, Météo.
Une nounou d’enfer.
Décrochage infos, Cinésix.
Green Card. Film. Peter Weir &.
Fréquenstar.
Culture pub.
RADIO
20.30 Décibels. Naissance
du Star-system en musique.
Disgressions autour
de Nicolo Paganini.
22.10 Multipistes.
22.30 Surpris par la Nuit.
Premier amour, de Beckett.
0.00 Du jour au lendemain.
Invitée : Lisa Bresner.
FRANCE-MUSIQUES
20.00 Festival Présences 2000.
Œuvres de Giraud, Nunes, Stroppa.
22.30 Jazz, suivez le thème.
23.00 Le Conversatoire.
Roland Petit, Zizi Jeanmaire.
0.00 Tapage nocturne. Tambours
traditionnels de Corée.
18.20 Nulle part ailleurs.
19.05 Le Journal du sport.
20.30 Le Journal du cinéma.
20.40 Pluie d’enfer a
Robert Enrico (Europe, 1989,
170 min).
Ciné Cinémas 1
Film. Gerardo Herrero (v.o.) %.
0.45 Cabeza de Vaca a
FRANCE-CULTURE
22.25 Météo, Soir 3.
22.55 Les Dossiers de l’Histoire.
Cinéfaz
22.45 Trust Me a a
22.30 Malena est un nom de tango a
RADIO CLASSIQUE
20.15 Les Soirées. Œuvre de Debussy.
20.40 Maxim Vengerov, violon.
Œuvres de Mendelssohn, Brahms,
Tchaïkovski, Prokofiev,
Bloch, Massenet.
Film. Mikael Salomon %.
Film. Philippe Grandrieux !.
0.15 Boxe hebdo.
22.30 Les Soirées (suite).
Œuvres de Roussel, Fauré, Schmitt.
MARDI 15 FÉVRIER
GUIDE TÉLÉVISION
18.10 La Guerre civile d’Espagne.
DÉBATS
21.00 Napoléon, mythe ou héros ?
Invités : Jacques-Olivier Boudon,
Roger Caratini, Paul-Henri Paoli,
Natalie Petiteau, Alain P i.geard,
Alain Pougetoux.
Forum
23.00 Torture, état des lieux.
Invités : Juan Boggino, Hélène Jaffe,
Geneviève Mayer, Francis Perrin,
Françoise Sironi.
Forum
MAGAZINES
14.30 La Cinquième rencontre...
Le musée pour tous.
16.10 Saga-Cités.
La Cinquième
Guardia urbana.
France 3
18.20 Nulle part ailleurs.
18.30
19.00
Avec Eels, Danny Boyle et Guillaume
Canet, Cristina Aguilera.
Canal +
et 21.30 L’Invité de PLS.
LCI
Archimède. Voir : La peau. Pourquoi :
Plus vite que le vent. Expérience :
Confiture au chocolat. Sciences
animées : Espèces d’espèces.
Application : Fards égyptiens.
Arte
Le Grand Journal.
LCI
Le Journal de l’histoire.
Histoire
19.00
20.15
20.50 Les Moments de vérité.
21.00
22.25
22.30
22.45
Le Grand bluff. Henry Chapier reçoit
Serge Gainsbourg, le 3 décembre 86.
40o à l’ombre. La Carte aux trésors.
France - Koweit. Libre et change.
Le Journal télévisé du 26.05.1983.
Luc Alphand au Paris-Dakar 99.
Garçon, la suite.
M6
Le Gai Savoir. Faut-il brûler Sartre ?
Invités : Bernard-Henri Lévy ; Serge
July ; Claude Imbert ; Alain Renaut ;
Benny Lévy.
Paris Première
100 % 2000. Maris qui découchent
et femmes sur la touche.
Invitée : Michèle Bernier.
TSR
Sud. La Foire annuelle
à la truffe, à Aups. Le Château
de Berne. L’Abbaye du Thoronet.
L’Abbaye de La Celle. Invités : Alain
Ducasse, Bruno de Lorgues.
TMC
52 sur la Une. Supers flics
pour casseurs de choc.
TF 1
22.45 La Vie à l’endroit.
Les plaisirs du palais.
France 2
23.50 Texto. Bateaux-livres : la littérature
et la mer. Invités : Hervé Harmon ;
Irène Frain ; Mathieu Belezy ; Serge
Joncour ; Michel Le Bris.
France 3
0.25 T’as pas une idée ?
Philippe Torreton.
0.35 Zone interdite.
Canal Jimmy
M6
DOCUMENTAIRES
Odyssée
[7/14]. Cholet, 1793.
Histoire
Planète
22.00 Concerti grossi no 1, 3, 9 et 10,
de Corelli. Concert enregistré en la
basilique Saint-Marc, à Rome, en
1986 et Interprété par I Solisti Veneti,
dir. Claudio Scimone.
Mezzo
18.15 Les Grandes Batailles du passé.
18.30 Les Fourmis nourrices
La Cinquième
de papillons.
18.30 Le Namib à dos de chameau.
[3/6]. Skeleton Coast.
18.55 L’Histoire des grands ballets.
[8/20]. Roméo et Juliette.
TMC
Mezzo
Planète
19.00 L’Ecole des tortionnaires.
19.05 Lima, prise d’otage
Odyssée
en direct.
19.15 Les Grandes Batailles du passé.
[8/14]. Trafalgar, 1805.
Histoire
20.00 Les Visages de l’Amazonie.
20.05
[3/5]. Rainer Grecco, le visage
de la destruction.
Planète
La Terre en question. Technologie,
la rançon de la gloire ?
Odyssée
20.30 Rugby, histoire d’un jeu.
20.30 Voix d’ange,
voix de castrat.
20.35 Thema. Une histoire
Histoire
21.25 La Légende napoléonienne.
[1/2]. Du mythe
à la propagande.
Planète
Planète
22.45 L’Ame du gospel.
23.00 Huang Shan, la forteresse
Odyssée
des brumes.
23.30 Joe Cocker :
Canal Jimmy
Have a Little Faith.
23.45 Histoires secrètes
de la deuxième guerre
mondiale. [15/26]. L’ennemi
est au-dessus de nous.
Histoire
Coupable ou innocent ?
Odyssée
23.55 Sam Sheppard.
0.55 Mumia Abu-Jamal, victime de
la « justice » américaine. Planète
SPORTS EN DIRECT
18.30 Football.
D 1 : Nantes - Lyon.
20.45 Football.
D 1 : Marseille - Paris-SG.
21.00 Boxe. Poids lourds.
Gilles Béhat.
21.20 Victoire ou la douleur
des femmes.
Canal +
Jean-Marc Mormeck (Fra) Rob Bleakeley. A Epinal.
Eurosport
21.00 Prokofiev et Ravel,
par Celibidache. Concert enregistré
en 1975 et interprété par l’Orchestre
de la Suisse italienne.
Muzzik
Muzzik
RTBF 1
Nadine Trintignant [2/3].
RTBF 1
Marianne Lamour.
Festival
22.55 Le Piège de la vengeance.
Mark Sobel %.
M6
0.40 Libre Court.
1.40 Scénarios pour la drogue.
TF 1
France 3
T’en as ? Antoine de Caunes. France 3
17.40 Quoi de neuf docteur ?
TMC
18.30 Sliders, les mondes parallèles.
Un monde endetté.
très maladroit.
19.30 Mission impossible.
Un morceau de sucre.
20.05 Une nounou d’enfer.
20.15
20.45
M6
France 2
Série Club
[1/2]. Une mariée d’enfer.
M6
Ellen. La thérapie de groupe. RTL 9
Le Caméléon. Coup double.
Le poids du passé.
Série Club
20.50 La Vie à cinq.
Nouveaux horizons.
21.00 Maximum Bob.
Téva
Le couloir de la mort.
Canal Jimmy
Love’s Illusions (v.o.).
Téva
21.50 That 70’s Show.
22.15
22.30
14.05 Le Lit conjugal a a a
Marco Ferreri. Avec Marina Vlady,
Ugo Tognazzi (France - Italie,
1963, N., 90 min).
Ciné Classics
Robert Enrico (Europe, 1989,
165 min).
Ciné Cinémas 3
14.15 La Valse de Paris a a
Marcel Achard (France, 1949,
N., 95 min).
Mezzo
16.40 Lila, Lili a a
17.15 Le Roman
de Mildred Pierce a a
Michael Curtiz (Etats-Unis, 1945,
N., v.o., 110 min).
Ciné Classics
A bout de souffle.
Dans la bataille (v.o.).
20.30 Le Voyage fantastique a a
Richard Fleischer (Etats-Unis,
1966, 100 min).
Ciné Cinémas 1
20.30 Les Fugitifs a a
Francis Veber (France, 1986,
90 min).
Cinéstar 1
Série Club
Canal Jimmy
Shakaar (v.o.).
Canal Jimmy
20.35 Une histoire d’amour
en Amérique
Bill est noir, Karen est blanche, ils
ont deux filles et ils sont ensemble
depuis trente ans. Comment fontils pour tenir quand tant de
couples mixtes américains
échouent ? Cette question a amené Jennifer Fox à faire un film avec
eux. Au final, après quatorze mois
de tournage, un passionnant feuilleton documentaire (10 × 52 min)
dont Arte présente un condensé de
cinq heures.
Téléfilm. Antonio
et Andrea Frazzi [2/2].
16.10 Saga-Cités. Guardia urbana.
FESTIVAL
1.10 Les Fables de La Fontaine
Au début des années 60, la télévision passa commande d’une série de courts métrages
(13 × 26 min) pour mettre au goût
du jour l’œuvre du fabuliste. La
réalisation fut confiée à des cinéastes connus, tels que René
Clair, et la distribution réunit quelques noms de l’époque : Poiret et
Serrault, Charles Aznavour, Leslie
Caron... Ne pas manquer La Mort
et le Bûcheron ni Le Lièvre et la Tortue.
Les Minikeums.
Le Kadox.
Comment ça va aujourd’hui ?
Questions pour un champion.
Un livre, un jour.
Le 19-20 de l’information, Météo.
Fa si la. Spéciale Juniors.
Tout le sport.
Eurovision 2000.
Météo, Soir 3.
Texto. Bateaux-livres :
la littérature et la mer.
16.00 1 an de +.
16.45 La Guerre des fées
Bruno Podalydès (France, 1991,
45 min).
Paris Première
22.30 Les Tontons flingueurs a a
Georges Lautner (France, 1963,
N., 110 min).
Cinéfaz
23.45 A demain a
Didier Martiny (France,
1992, 95 min).
Cinéstar 1
0.10 The Secret of Convict Lake a
Michael Gordon (Etats-Unis, 1951,
N., v.o., 85 min).
Ciné Classics
0.30 Casablanca a a
Michael Curtiz (Etats-Unis,
1942, N., 100 min).
Cinétoile
1.55 Fort Saganne a a
Alain Corneau (France, 1984,
175 min).
Ciné Cinémas 3
2.55 La Passion Béatrice a a
Bertrand Tavernier (France - Italie,
1987, 125 min).
Ciné Cinémas 1
Film. Michael Ritchie. &.
f En clair jusqu’à 20.45
18.14
18.15
18.20
20.15
22.49
22.50
0.15
2.00
Une histoire d’amour en Amérique.
20.40 Pour le meilleur et pour le pire.
22.00 Le Choc africain.
23.05 Fêtes de Noël en famille.
23.15 Premier flirt.
0.30 L’Amour plus fort que tout.
0.35 Du rififi chez Karen et Bill.
1.45 Et si c’était à refaire...
M6
15.20
16.10
17.35
18.30
19.15
19.54
20.05
20.40
Models Inc.
M comme musique.
Les Bédés de M 6.
Sliders, les mondes parallèles.
Cosby Show.
Le Six Minutes, Météo.
Une nounou d’enfer.
Décrochages info,
E = M 6 découverte.
20.50 Les Moments de vérité.
22.55 Le Piège de la vengeance.
Jeunes, jolies mais seules.
14.50 Don Milani.
16.35
17.40
18.13
18.20
18.46
18.50
20.05
20.35
20.55
23.15
23.50
Alfred Hitchcock présente.
Galilée : L’esprit des lois.
Qu’est-ce qu’on mange ?
100 % question.
Côté Cinquième :
C’est bien, c’est mâle.
Météo.
Le Monde des animaux.
C’est quoi la France ?
Archimède.
Arte info, Météo.
La Vie en feuilleton. [2/4].
Thema.
Téléfilm. Mark Sobel. %.
CANAL +
2.40 Star Trek, Deep Space Nine.
18.25
18.30
18.56
19.00
19.45
20.15
20.35
Justice, société : Le musée pour tous.
Motivées, motivés. [2/6].
0.35 Zone interdite.
Coupures. Frédérique Carpentier.
22.30 Versailles, rive gauche a a
18.14 Les Lascars
Le générique de cette série ne dure
que six secondes, mais sa qualité
mérite qu’on s’y attarde. Conçu à
partir de photos et de dessins retravaillés par ordinateur, il pose
d’emblée le cadre des saynettes qui
vont suivre (30 × 1 min) diffusées
juste avant « Nulle part ailleurs ».
Une chronique urbaine de la génération hip-hop réalisée par de
jeunes auteurs qui, visiblement,
connaissent bien cet univers.
Téléfilm. Chuck Bowman.
0.40 Libre Court.
Henri Decoin. Avec Jean Gabin,
Marcel Dalio (France, 1954, N.,
105 min).
Cinéfaz
ARTE
Les plaisirs du palais.
FRANCE 3
Bryan Singer (Etats-Unis, 1994,
100 min).
Cinéfaz
Canal Jimmy
Hallucinations (v.o.).
Film. Don Taylor.
22.45 La Vie à l’endroit.
22.45 The Practice, Donnell & associés.
1.55 Star Trek, Voyager.
Le Renard.
La Chance aux chansons.
Des chiffres et des lettres.
et 22.40 Un livre, des livres.
Cap des Pins.
Nash Bridges.
Friends.
Qui est qui ?
Un gars, une fille.
Journal, Météo.
Nimitz, retour vers l’enfer
19.05 Usual Suspects a a
20.45 Razzia sur la chnouf a a
CANAL+
15.00
16.05
16.50
17.20
17.25
17.55
18.45
19.15
19.50
20.00
20.50
17.20 Maudite Aphrodite a a
Woody Allen (Etats-Unis, 1995,
v.o., 95 min).
Ciné Cinémas 3
16.00
16.35
17.00
17.15
17.30
17.55
FRANCE 2
0.20 Journal, Météo.
0.45 La Cavale d’un père.
Château d’eau.
Canal Jimmy
Friends. The One Where Jœy Loses
His Insurance (v.o.).
Canal Jimmy
Sex and the City. They Shoot Single
People, Don’t They ? (v.o.). %.
Téva
22.40 Les Soprano.
Supers flics pour casseurs de choc.
Speed Ball. Laurent Bouhnik. %.
Marie Vermillard (France,
1999, 110 min) &.
Canal + Vert
SÉRIES
18.45 Friends. Celui qui a été
Magnum.
Sunset Beach.
Melrose Place.
Exclusif.
Etre heureux comme...
Le Bigdil.
Journal, Météo.
L’Animal. Film. Claude Zidi.
52 sur la Une.
23.55 Minuit sport.
0.40 Les Rendez-vous de l’entreprise.
14.10 Les Années-lumière a a
Speed Ball. Laurent Bouhnik. %.
Coupures. F. Carpentier.
TF 1
15.40
16.40
17.35
18.25
19.00
19.05
20.00
20.50
22.45
LA CINQUIÈME/ARTE
14.30 La Cinquième rencontre...
23.50 Scénarios sur la drogue.
22.25 Une qui promet.
21.40 Ally McBeal.
Canal + vert
TÉLÉVISION
Serge Bondartchouk [1/4] (Urss,
1962, 120 min).
Histoire
Festival
23.50 Scénarios pour la drogue.
Arte
13.30 Guerre et Paix a a
TÉLÉFILMS
20.30 Une mère en colère.
Odyssée
21.00 Les Grands Commandants.
[2/6]. Jules César
et la bataille d’Alésia.
0.00
Concert enregistré au café
de la Danse, en 1998.
Chopin. Prélude en ré bémol
majeur op. 28 no 15.
COURTS MÉTRAGES
d’amour en Amérique.
PROGRAMMES
23.10 André Ceccarelli, West Side Story.
Planète
[3/4]. Le rugby à la française.
MUSIQUE
18.00 Sur la route
Muzzik
avec Ray Barretto.
18.05 Perspectives américaines.
[6/8]. Les années 30.
[1/6]. Prélude à la tragédie :
1931-1936.
FILMS
Lascars. &.
Flash infos.
Nulle part ailleurs.
Football.
Marseille - Paris-SG.
Le Monde selon Glup. &.
Best Men. Film. T. Davis (v.o.). %.
Football. Nantes - Lyon.
Au cœur de la tourmente a
Film. Beeban Kidron (v.o.). &.
RADIO
FRANCE-CULTURE
19.30 In vivo.
20.30 Accord parfait. L’Opéra des Gueux
21.30
22.10
22.30
0.00
de Benjamin Britten
d’après un texte du XVIIIe .
Fiction 30. [1/4].
Multipistes.
Surpris par la Nuit.
Du jour au lendemain.
FRANCE-MUSIQUES
19.07 A côté de la plaque.
20.00 Un mardi idéal.
22.30 Jazz, suivez le thème.
This Can’t Be Love.
23.00 Le Conversatoire.
0.00 Tapage nocturne. Le muet sonore.
RADIO CLASSIQUE
18.30 Le Magazine.
20.15 Les Soirées. Sonatine pour violon
et piano D 385 no 2, de Schubert.
20.40 Bach au XXe siècle.
Œuvres de Reger, Bach, Poulenc,
Stravinsky, Schoenberg, Casella,
Honegger,Villa-Lobos.
22.30 Les Soirées... (suite). Œuvres
de Bach, Bartok, Chostakovitch,
Hindemith, Villa-Lobos, Weill.
SIGNIFICATION DES SYMBOLES
Les codes du CSA
& Tous publics
% Accord parental souhaitable
? Accord parental indispensable
ou interdit aux moins de 12 ans
! Public adulte
Interdit aux moins de 16 ans
# Interdit aux moins de 18 ans
Les cotes des films
a On peut voir
a a A ne pas manquer
a a a Chef-d’œuvre ou classique
Les symboles spéciaux de Canal +
DD Dernière diffusion
d Sous-titrage spécial pour
les sourds et les malentendants
LeMonde Job: WMQ1502--0032-0 WAS LMQ1502-32 Op.: XX Rev.: 14-02-00 T.: 11:17 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 31Fap:100 No:0395 Lcp:700 CMYK
32
MARDI 15 FÉVRIER 2000
Beauf de garde
par Pierre Georges
AU FOYER du soldat, où les
jeunes recrues du centre d’instruction du train 151, tuaient leur
prodigieux ennui en grillant des
« troupes » et en sifflant des
bières, il y avait, jadis, au-dessus
du bar, une manière de banderole
où était inscrite la phrase suivante : « Soldat, quand tu parles
de la femme, pense à ta mère,
pense à ta sœur ! ». Ce slogan, dû
sans doute à un père du régiment
très « chien de garde » pour son
époque, avait le don de susciter
les plaisanteries les plus grasses
dans les chambrées.
Soldat, quand tu parles de la
femme et aux femmes ! Voici
qu’après avoir lu, dans Le MondeTélévision-Radio samedi, le récit
fait par notre collègue Sylvie Kerviel de son entretien si l’on peut
appeler cela un entretien avec
Bruno Gaccio, cette phrase nous
est revenue. Et on s’est demandé
un instant, si, dans la caserne des
comique-troupiers les plus futés
de France, les Guignols d’élite, il
ne serait pas bon qu’un adjudant
de quartier rappelle au beauf de
garde le plus élémentaire sens des
convenances et de la courtoisie.
Bruno Gaccio, l’un des pères
des Guignols, que son génie encombre probablement, s’est autorisé des privautés, geste et paroles, qui aurait certainement plus
volontiers mérité une baffe qu’un
coup de gueule. Il s’est permis de
poser un doigt entre les seins de
la journaliste venu l’interwiever. Il
s’est proposé, brave garçon, « de
(lui) apprendre des positions que tu
ne connais pas ». Il s’est enquis de
sa vie amoureuse : « T’es marié ?
T’as des amants ? Combien ? »
Et toi, Gaccio, t’es qui, t’es quoi,
pour parler ainsi aux gens ? Car
voici bien qu’une sorte de tutoiement de rigueur s’impose pour
parler à ce pitre machiste qui fait
de la provocation comme d’autres
radotent. Le succès et l’ivresse du
succès n’autorisent pas tout. En
tout cas, certainement pas cela,
cette glaise collant à la tête
comme à ses croquenots de cabot
du rire.
On sait bien l’argument qui va
être servi, qui l’a déjà été. C’était
en somme « pour de rire ». C’était
« du troisième degré », plaidera
Alain de Greef, directeur des programmes de Canal. Le rire et le
3e degré, ou le 6e, ou le 36e en dessous de zéro, ont bon dos. Chassez le Gaccio, il revient au galop,
admirable de naturel dans le rôle
du beauf bien gluant. Admirable
de certitude aussi en sa réussite
de scène qui en ferait cet être délicat, exonéré des servitudes
odieuses imposées par la simple
politesse ou le simple respect des
autres.
Vient un moment probablement où, à force de trop fréquenter les marionnettes, on devient
sa propre marionnette. Où l’on se
joue soi-même, où on se la joue,
dans l’émerveillement constant
d’être ainsi affranchi des contingences vulgaires. Gaccio, à la ville
comme à la scène, Gaccio qui
joue à Gaccio, mais lequel est le
vrai, le grossier Gaccio qui s’aime
de grossièreté en son miroir amplifiant ?
On sait aussi – on a entendu
l’argument, et il n’est pas recevable –, que ce type de comportement est pour ainsi dire de droit
coutumier en ces milieux-là. Que,
par exemple, il faut être bien bégueule, ou bien naïf, ou bien
bourge pour s’offusquer de ces
menus dérapages verbaux. C’est
là tenir le talent, le savoir-faire
rire, pour une excuse absolutoire
à la trivialité des comportements.
Qui, eux, ne nous font pas rire.
Désolé !
DÉPÊCHES
a CHINE/OMC : la Chine peut devenir membre de l’Organisation
mondiale du commerce avant la fin de l’an 2000, a déclaré le directeur général de l’OMC, Mike Moore, lundi 14 février à Singapour. « Il
est tout à fait possible que cela soit réalisé cette année. Je veux que ce
soit effectif cette année et j’exhorte les membres à aller dans ce sens »,
a-t-il dit au cours d’une conférence de presse. M. Moore, qui doit aller prochainement en Chine, a déclaré que les négociations sur l’entrée de ce pays dans l’OMC sont « sur la bonne voie ». − (AFP.)
a CHINE : la police a placé en détention un archevêque, vétéran
de l’Eglise catholique clandestine, qui a déjà passé près de trois décennies en prison, selon un groupe américain d’observation des libertés. La Fondation du Cardinal Kong a indiqué que Mgr John Yang
Shudao, âgé de 80 ans, a été interpellé aux environs de minuit le
jeudi 10 février à Fuzhou (Est), affirmation que ne confirment pas
les autorités de Pékin. Mgr Yang a été emprisonné en 1955 pour
avoir refusé de dénoncer l’autorité du pape, relâché en 1981, puis de
nouveau condamné à trois ans de prison en 1988. Il a ensuite été
plusieurs fois placé en détention sans jugement. − (AP.)
a PRINCIPAUTÉ DE MONACO : le prince Rainier III va bien, annonce, lundi 14 février, un bulletin médical de ses médecins qui ont
constaté « un très bon état cardio-respiratoire ». Le prince, qui est
âgé de soixante-seize ans, a subi un double drainage du pneumothorax dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 février après une
opération du poumon le 2 février et un pontage coronarien le
16 décembre.
a
À NOS LECTEURS : la publication de nos pages Communication
et Kiosque s’interrompt pendant une semaine. Elle reprendra lundi
21 février, dans nos éditions datées du mardi 22.
Tirage du Monde daté dimanche 13-lundi 14 février 2000 : 581 726 exemplaires.
1 - 3
Au sommaire
du numéro
de février
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CHRONOLOGIE9
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Toutes les date riche en actualité.
LES CLÉS DE L’INFO
4 pages pour décoder l’actualité
Plus :
Chez votre
marchand
de journaux
18 F - 2,74 ¤
Un universitaire français
est expulsé de Tunisie
Ses liens avec l’opposition radicale au régime expliqueraient cette mesure
TUNIS
de notre envoyée spéciale
Un enseignant en français et en
philosophie de l’Institut supérieur
des sciences humaines de Tunis,
Jean-François Poirier, a été expulsé
de Tunisie dimanche 13 février. Cet
universitaire, âgé de 48 ans, avait été
convoqué la veille par la police des
frontières et s’était vu signifier
l’ordre de quitter le pays « dans un
délai de trente heures » sans qu’aucune explication justifiant cette mesure ne lui soit donnée.
Cette affaire est intervenue moins
d’une semaine après la visite à Tunis
du ministre français des affaires
étrangères, Hubert Védrine, ayant
pour objectif principal de réchauffer
un climat particulièrement tendu
entre les deux pays depuis octobre
dernier.
L’expulsion de Jean-François Poirier pourrait être liée à un déplacement que l’enseignant avait effectué,
vendredi 11 février, dans le sud tunisien, à El Hamma et Gabès. Il s’y était
rendu en compagnie de deux personnes placées sous haute surveillance par la police tunisienne : Silhem Bensedrine, militante des droits
de l’homme, et Taoufic Ben Brik,
journaliste. Ce dernier souhaitait vérifier sur le terrain, à la demande de
l’agence francophone de presse Syfia, le bien-fondé de rumeurs circulant avec insistance ces derniers
jours à Tunis et faisant état de scènes
d’émeutes de lycéens et de chômeurs
aux alentours du port de Gabès, ainsi
qu’à Gafsa, au centre du pays.
RÉGION FRONDEUSE
D’après la série de témoignages
recueillis par ce journaliste, le mouvement de protestation violente aurait été déclenché par une rumeur
sur l’augmentation du prix du pain
– qui ne s’est pas produite – et aurait
duré plus d’une semaine, se soldant
par un nombre élevé d’arrestations.
La plupart des personnes interpellées
auraient été relâchées, tandis que le
calme revenait. Ni le gouvernement
ni la presse tunisienne n’ont soufflé
mot de ces incidents dans une région
traditionnellement frondeuse.
L’universitaire a expliqué que son
déplacement avec deux personnes
connues pour leur combat constant
contre le régime, avait dû porter « un
coup fatal » à sa situation person-
nelle. Depuis quelques semaines, le
sort de cet enseignant paraissait très
incertain. Le 12 janvier, son contrat
d’un an avec l’Institut des sciences
humaines avait été dénoncé par son
directeur, pour insufisance de son
« niveau académique ». La pétition
organisée quelques jours plus tard en
France « contre la répression des universitaires en Tunisie », signée par une
centaine de personnalités d’Europe
et du Maghreb, dont Michel Rocard,
Sami Naïr et Catherine Lalumière,
évoquant le cas de M. Poirier, et lui
donnant par conséquent une tournure médiatique, a semblé irriter les
autorités tunisiennes au plus haut
point. L’Institut supérieur des
sciences humaines de Tunis a dénoncé cette pétition.
Jean-François Poirier était le directeur littéraire d’une maison d’éditions, Aloès, qu’il avait fondée à Tunis avec Silhem Bensedrine en
octobre 1999. Aloès a été l’objet
d’actes de vandalisme à deux reprises, parallèlement au harcèlement
policier constant dont sa directrice
est la cible de longue date.
Florence Beaugé
Michel Siffre
met fin
à69 jours
d’isolement
LE SPÉLÉOLOGUE Michel Siffre
qui s’est isolé du monde pendant
plus de deux mois dans la grotte de
Clamouse (Hérault) afin d’étudier
« l’action du vieillissement sur le rythme biologique » devrait retrouver,
lundi 14 février en début d’après-midi, la lumière du jour. Au cours de
cette expérience, la troisième de ce
type menée par le spéléologue après
celle de 1962 durant laquelle il avait
passé 63 jours dans un glacier des
Alpes et celle de de 1972 menée
205 jours durant dans une grotte du
Texas (Etats-Unis), Michel Siffre,
faute d’un repère de temps, était en
décalage physiologique de six jours
par rapport à la réalité.
Lorsque ses assistants l’ont rejoint
dans la grotte pour l’aider à « resynchroniser » son horloge interne, il se
couchait vers 8 heures du matin. Durant les 69 jours de sa retraite, le spéléologue français, 61 ans, a reconnu
qu’il avait « travaillé beaucoup moins »
que lors de ses deux précédents séjours. « Cette troisième expérience, a-til déclaré, a été assez fastidieuse. J’ai
l’impression que ma mémoire en a pris
un coup. Je ne sais même plus ce que j’ai
fait hier ou avant-hier ».