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L E STEPHANOIS
Feuilleton du STEPHANOIS.
—
Ô janvier 1899
HO —
:
L ' Ù F F I C I É R - B I O Ù '
PAR
Georges
PRADEL
1
C'est ce cri qu'elle répète surtout,
avec une délirante rage.
Lâcher les chiens I Elle connait mieux
que personne la férocité de Thug et de
«Jroc.
Oh ! s'ils pouvaient mettre en pièces
le misérable qui s'est joué d'elle ! de ses
sentiments les plus sacrés !
On est parvenu à se rendre maître de
Catiche, et on la rapporte dans la mansarde du pavillon de Mme Cazérès et
Etiennettecelui-là mômequi sert momentanément de prison à f a v e u g i e directrice.
— Tiens 1 fait l'un des infirmiers, l'oreille enfin frappée par les huilements
fie Virginie. Ah f b e n ! qu'est-ce qu'il y
a encore I Croyez-vous qu'elle gueule 1
• Grossier, mais juste, Virginie gueulait tle toutes ses forces.
— Lâchez les chiens ! Ils s'évadent I
Les infirmiers ont compris, cette fois,
ils laissent Catiche sur le sable.
A u moins, celle-là, on est certain
qu'elle ne s'échappera pas, et se ruent
sur le pavillon.
— Enfoncez la porte ! Les misérables
m'ont enfermée.
- Virginie emploie à dessein le pluriel-
Élude de M- M O U R I E H , huissier Etude de M* FOUGEROLLE, notaire, à Saint-Etienne, place
Peuple, 26.
à Firminy.
Une heure s'écoule.
Les dogues chassent toujours.
Les infirmiers, de très loin distancés,
sont haletants.
Ils s'arrêtent....'- De*40Tofondeurs du bois, de sèches
détonations se font entendre.
Ce sont des coups de revolver, il n'y
a pas à s'y tromper.
Il y a lutte.
— Courons ! crie l'ignsble valetaille.
Ils tuent les chiens
:.Et de courir encore.
L a lune, une lune claire, limpide, une
lune d'automne durant une douce nuit
de la fin de septembre, permet de distinguer dans les larges allées du bois
comme en plein jour.
L'un des infirmiers, celui qui tient la
tête, pousse un cri de rage.
Après une longue course sur la lisière du bois, au moment où il saute à
pieds joints sur la route de Mantes, il
butte contre le corps inanimé de Thug.
Le chien a été foudroyé.
Un gémissement suivi de plaintes
prolongées.
C'est plus loin Croc, il est blessé à mort
lui aussi. C'est en vomissant du sang
noir qu'il se traîne sur le ventre.
Mais une tramée de sang, une autre,
se voil sur le ruban de la route
L'un des fugitifs a été terriblement
mordu pur le chien.
Oui, mais lequel ?
VII
BJu g n e i v e J a g e i n i p r o - » ' ! » »
— Une lettre pour vous, monsieur
Tito.
Et l'hôtelier du Grand-Cerf, le confortable hôtel de Mantes-la-Jolie, tendit un
pli cacheté à un grand jeune homme
aux cheveux noirs et gras, prétentieu-
— ils s'enfuient, les lâches ! Ils m'ont
pris les clefs ! Courez! Mille francs I Lâchez les' chiens l
*• •
Et, sans force, il tombe dans les bras
de ses infirmiers et de l'éplorée et désabusée Virginie.
. C e t t e fois les infirmiers ont compris.
Les mots magiques de «millefrancs »
leur ont donné des ailes !
Ils ont eu bientôt lâché Thug et Croc.
Ces deux monstres ont été bien choisis par Harper. '
. Ces deux grands dogues, deux danois
énormes, appartiennent à cette race féroce qus l'on emploie en Amérique pour
chasser les Indiens et les nègres.
Ils ont un flair subtil, et les infirmiers
l'es appuient, les excitent de la voix.
Bien vite, dans les profondeurs du
parc, ils ont relevé la voie des fugitifs.
Un coup de gueule sourd apprend
cette bonne nouvelle aux chasseurs improvisés.
C'est Thug qui a parlé le premier.
Croc lui donne bientôt la réplique d'un
hurlement prolongé.
Et les deux dogues, suivis des infir
miers viennent se heurter à la poterne,
qu'Alexis a pris soin de refermer derrière lui.
Un temps d'arrêt, mais bien court.,
A coups de pince, les infirmie.s font
sauter la serrure et la chasse recommence plus ra pide, plus ardente..
Une fois dans le bois, les deux dogues
déploient leur vitesse, ils ont empaumé
la voie toute chaude, et les infirmiers
ne peuvent les suivre que de très loin.
D'espace en espace, un hurlement,
un cri prolongé, déchire le silence de la
nuit.
Les chiens sont sur la piste, ils ne la
quitteront plus.
L a porte doit être enfoncée,, mais tes
portes du Tombeau des famillesjsont solides.
.
Celle-l?t résistc-il faut chercher une
pince, des leviers-.
^ . . - . •
Pendant tout ce temps, Virginie., n'a
pas cessé de criersonéternel
« Lâchez
donc les chiens ! »
Enfin, la porte est enfoncée. Virginie
est libre.
,
Son premier cri :
— Où est Monsieur ?
— On ne sait, il doit être occupé à.
rassurer les danseurs. ]
Les infirmiers parlent tous à la fois
pour lui expliquer la panique causée
par la soudaine apparition de Catiche.
— Courons I II faut prévenir le directeur. Des fous s'évadent. Lâchez les
chiens. •
C'est alors que l'on entend les désespérés appels d'Harper.
Ses cris se mêlent maintenant aux
lugubres hurlements du 23.
On accourt aussitôt au pavillon central. Les clefs ! Les clefs ! Et M. le direc?
teur qui est là-dedans.
— À moi ! Il m'étrangle 1 II me-dévore !
• La porte du 23 est, elle aussi, enfoncée.
,
Et Ton retiré Harper du cabanon.
Dans quel état ! Grand Dieu ! Il n'est
plus que l'ombre de lui-même ! Il n'a
plus forme humaine.
C'est par lambeaux que le 23 lui a enlevé ses vêtements pièce à pièce I II l'a
mis tout nu. La peau, en maints endroits même, a été attaquée.
Tout le maigrichon corps d'Harper
porte la sanglante trace des féroces
morsures du fou, de ses terribles griffures!
— Ils s'évadent ! — râle le directeur
publiques
A u x enchères publiques
Le jeudi 12 janvier 1899, à
dix heures du malin et au domicile des mariés ROBINEAU, marchands à Firminy, rue Verdie, 12,
il sera procédé à- la vente aux
enchères publiques ,
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Dépendant de la succession de
M"* Antoinette P1CHON, en son
vivant veuve en premières noces
de M. Jean-Baptiste RIVOLLIER,
et épouse en deuxièmes noces de
M. Francisque DEFAY, demeurant à Saint-Etienne, petite rue
Saint-Jacques n* 12.
Comprenant : ,
PREMIER LOT
Une maison d'habitation, située
à Saint-Etienne, petite rue SainteJacques, n" 12, élevée sur caves
de rez-de-chaussée, quatre étages
et greniers, et d'un revenu, brut
annuel de 1.850 francs.
DEUXIÈME LOT
Une belle propriété de rapport
et d'agrément, située au lieu de
La Côte, commune de l'Elrat, de
la contenance approximative de
deux hectares quatre-vingt-un
ares, composée de :
Maison de maître et de jardi
nier, avec cave, grange, écurie et
hangar, entourée d'une terrasse
avec salle d'ombrage. Le terrain
est en nature de jardin potager et
d'agrément, verger, pré, vigne,
plantation d'asperges, etc.
Le tout d'un seul tènement, en
bon état.
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Premier lot : vingt-cinq mille
ci
25.000
Deuxième lot : soixante mille
ci
60.000
L'adjudication aura lieu le
jeudi 12 j a n v i e r 1899, à deux
heures de l'après-midi en l'étude
et par le ministère de M' Feugerolte.
Pour tous renseignements, et
prendre connaissance du cahier
des charges, s'adresser au dit M'
Fougerolles, notaire.
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et n e x i g e aucun p a n s e m e n t . i l n'empêche pas de sortir, de se promener, ni de travailler ;
e concert
en un mot : il permet d e n e r i e n changer à s e s habitudes, on peut en faire usage en s*
élégant
toutes saisons sans craindre les conséquences d'un refroidissement. On peut garder > ;'
avec
longtemps l'Emplâtre Barberon sans en être incommodé, son action bienfaisante et de
longue durée n e fait jamais défaut.
<
> ^ SO toïsckinj»,
voix,
Au contraire, les topiques, les vésicatoires', les thapsias et la teinture d'iode forment des gonfles l 4 S l i a s s e s , ® r e g i s t r e s ,
ou pnlyctènes qu'il faut panser. Ils provoquent la fièvre, fatiguent la vessie et obligent à garder y d 9 f e r i n o S r H , « l e I i r l l - y
la chambre. Leur action est de quelques jours feulement, et, pour qu'elle soit décisive, il faut les
Inntes g a r n i t u r e s e n &
renouveler souvent. — L'Emplâtre Barberon devra âtre appliqué :
/ iiicJicS, c l a v i e r s à p i 1* S u r l'endroit malade : Pour paralysies, goutte, rhumatismes, douleurs articulaires (lu
" t o n s spirales garjiu- »
genou, de I épaule, les points de côté, maladies de foie, coups, foulures et meurtrissures, et tous
étlm i n c a s s a S i i B e s , c l a - ;
les points douloureux ;
v i c r c o s i v e r t a v e c fl© i /
2* Sur la poitrine : Pour toux rebelles, rhumes, fluxions de poitrine, asthmes, catarrhes > A oiaïv*
e t 3 étoiScs,
« B a a s s î s a v e c 9 r a n - jj
é"ouff°men t s' ^P*" '
gorge, pleurésies, pneumonies, oppressions,
> / gfées d e t r o m p e t t e s ,
3' A u bas des f e i n s (à la partie inférieure de l'épine dorsale) : Pour bourdonnements d'oreilles,
«lou^Ees soufflets e t
éciisses «le soufflet
maux de tate, étourdissement, surdité, maux d'yeux, névralgies,maux de dents,lourdeurs de tôle;
assorties avec coins
4" S u r le v e n t r e : Pour diarrhées, dérangements de matrice, irrégularité des règles ou mensgarnis de métal intrues, pertes de sang, pertes ou flueurs blanches et coliques de toutes natures ;
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Gran5" S u r le creux d e l'estomac Pour gastralgies, dyspepsies, douleurs d'estomac, mauvaises
d e u r d e 5'iiïstruanent
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D E P O I G I E
Pharmacien de l'Ecole supérieure de Paris. — Expert-Chimiste près
les Tribunaux de l'Ardèche. — Membre de l'Association française
our l'avancement dés Sciences. — Membre de la Société française
'hygiène. — Ancien élève, de ja Pharmacie des Docteurs-Professeurs
Mialhe et Grassi, membres del'Académie de médecine. — Ex-Directeur
du Laboratoire des Négociants en vins de la vallée du Rhône.
Ancien Inspecteur des Pharmaciens de l'Ardèche.
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Tito s'interrompit pour jeter le boutd)
sa cigarette; et haussant les épaules.,
—
Elle est toujours folle de moi.
Puis il ajouta :
(À
suivre).
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dises, •
Expressément au comptant et
S 0(0 en sus.
Pour avis :
Signé : MOURIER.
Uu remerciment, et il avait pris la
lettre d'un air ennuyé et sitôt l'hôtelier
parti, avait murmuré entre sesdents :
— Qui diable peut m écrire ici ? Qui
peut bien savoir que je suis à Mantes?
Pas moyen d'avoir une minute de tranquillité. Un créancier, sansdoute. Il prend
bien son temps, celui-là. J'ai envie de
brûldr cette intempestive missive sans
lalire.
• Et il commença à froisser la lettre et
à en faire une boulette de papier. .
Puis poussé par une curiosité bien n a turelle :
— Bah ! voyons, après tout.
Et il déchira L'enveloppe; tandis que
son regard inquiet courait à la signature.
Son visage aussitôt se rasséréna comme par enchantement.
— Tiens ! c'est de Coralie I Que peutelle avoir à me dire ?
Tito était vêtu d'un complet à carreaux trop voyants, et d'un chapeau tyrolien sur le côté duquel se voyait une
éclatante plume de paon, juste emblè-
NTE VOLONTA:
VENTE
Corps
me de la fatuité de notre homme.
Il s'assit sur u n banc placé devant
l'hôtel pour savourer tout à l'aise la fét
minime m k j i v e .
Et, à Tu-voix, avec un air vainqueur
illut \
• « Mon Tili,
« Mon Tito,
« Mon petit Toto chéri,
« Ne jette"pas ma lettre au fou sans 1(
lire jusqu'au bout, ce que tu seraispaiv'
faitement capable de faire. Je te connais j
horrible monstre 1 Surtout maintenant
que tu as un fort béguin pour cette « limande » de Victorienne, une créature
qni est plate comme une sole. Mais passons. Je me suis toujours dit que tu me
reviendrais, et tu vas me revenir, mou
gros loulou » .
l'hôtel,
du
*> ^,a>
lux enchères
sement bouclés, qui se tenaient assis
en plein air devant
fumant nonchalaroraoT'f une cigarette, e t ' r o u c o u lant (]>;. !
.s sonores roulades entre
chaque bouffée.
De taille moyenne, la face rasée, sauf
une petite moustache relevée en crocs,
Tisto Bastini était bien l'être le plus
précieux qui fût au monde.
Très épris de lui-même, de ses yeux
noirs, de ses dents blanches, de sa commune beauté soulignée par de grosses
mains, des pieds plats, ce que l'on est
convenud'appaler des « abatiscainailles»
Tito se croyait de bonne foi le plus beau
fils du monde, et cette impression se
lisait à première vue sur sa béate physionomie.
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