Download Nous irons jusqu`au bout pour défendre les intérêts du football

Transcript
à
’
u
q
s
u
J
l
!
e
v
è
r
g
a
Nous irons jusqu’au bout
pour défendre les intérêts
du football professionnel français
et nos droits…
EDITO
Action
A qui profite le crime ?
« Ce n’est pas le girouette qui tourne, c’est le vent… »
Edgar Faure
On ne change pas un Conseil d’administration qui gagne…
L’adage pourrait donc s’appliquer à la Ligue nationale qui, au tournant
des années 90 et sur les recommandations du rapport Sastre, a bâti son
gouvernement en y incluant petit à petit les différentes familles.
Car qui, à part certains présidents – pas tous ! -, pourrait prétendre que
le football professionnel français, qui se soucie en priorité de l’intérêt
général, est aujourd’hui mal gouverné ?
Qui pourrait affirmer, à part certains présidents – les mêmes ! -, que
le dialogue social qui prévaut chez nous, et qui a aujourd’hui gagné
l’Europe et demain peut-être le monde en s’inspirant du modèle
français, est porteur de tous les maux de notre football professionnel ?
Dans cette lettre, que nous avons voulu entièrement consacrée à
la gouvernance de la Ligue et au combat que l’UNFP mène avec les
autres familles pour que perdurent, au-delà de la plus élémentaire
des démocraties, la solidarité, l’équité, le sens des responsabilités, le
respect de chacun et le dialogue, nous allons essayer de comprendre
pourquoi et comment les présidents – pas tous ! – veulent changer les
règles de jeu démocratique, fouler au pied les commissions (juridique,
discipline, sociale, appel), avant de s’attaquer – c’est possible - aux
statuts des uns et des autres ou à la DNCG…
Car pourquoi les présidents voudraient-ils le pouvoir, si ce n’était pour
remettre en cause un système qui, sans être parfait évidemment, fonctionne
plutôt très bien ? Un système à l’intérieur duquel chacun, y compris les
présidents, est écouté et entendu. Un système à l’intérieur duquel le jeu
démocratique fonctionne et permet à chacun, y compris les présidents,
de défendre ses idées, de faire adopter ses propositions. Les exemples
ne manquent pas.
Le Conseil d’administration de la LFP, tel qu’il est aujourd’hui composé,
est garant de la pérennité du football professionnel. Il est impartial et
indépendant, quand on voudrait qu’il devienne juge et partie.
Les présidents, une fois encore, se trompent de combat. Frédéric Thiriez,
aussi. Il se dit aujourd’hui prisonnier d’une promesse électorale faite
aux présidents. Il nous a fait, dans le bureau du président de la FFF et
en présence de Jean-Pierre Escalettes, la promesse de ne pas toucher
à la composition du Conseil d’Administration de la Ligue, alors qu’il
venait réclamer notre soutien pour sa réélection.
Le président de la LFP n’a pas pu oublier cette promesse. Nous ne
l’avons pas oubliée. Si le vent ne l’emporte pas, la grève le fera.
Philippe Piat et Sylvain Kastendeuch
Coprésidents de l’UNFP
« Moi, je suis pour
que tout le monde
existe. Et j’aime
beaucoup les
présidents, mais
le foot, ce sont
d’abord les joueurs
et les entraîneurs. Il n’est pas
question d’avoir (au sein de la
LFP, Ndlr) une dominante joueurs,
entraîneurs ou présidents :
il doit y avoir une certaine parité,
un certain consensus qui fait
qu’ensemble, on avance… »
(Bernard Laporte,
ministre des Sports)
L’appel à la grève…
Persuadés que le changement de
gouvernance de la LFP nuirait aux
intérêts du football français, les
responsables syndicaux des joueurs,
des entraîneurs, des arbitres et des
administratifs ont lancé un mot d’ordre
de grève pour les championnats de L1
(10e journée) et de L2 (12e journée),
les 24, 25 et 26 octobre.
Bien qu'absents à la réunion du jeudi
2 octobre à Paris, les représentants des
médecins se sont déclarés solidaires du
mouvement, tout comme les kinés et
les préparateurs physiques qui, eux, ne
siègent pas au CA de la Ligue.
Jean-Jacques Amorfini (UNFP), Philippe Leduc ( UNAF), Pierre Reppelini (Unecatef), Philippe Piat (UNFP), Sylvain Kastendeuch (UNFP),
Patrick Razurel (Snaaf), Alain Belsoeur (Snaaf).
« Je suis
solidaire de
l'UNFP. Je suis
prêt à faire la
urs
grève. Si tous les joue
restent solidaires,
il n'y aura pas de
problème… »
(Mickaël Landreau,
)
Paris Saint-Germain FC
« Il y a chez nous beaucoup
de solidarité par rapport au
mouvement qui est en train de
se développer en France. Nous
sommes tous conscients qu'il
peut se passer des choses à
l'avenir. Nos craintes, c'est de ne
plus être représentés à la Ligue
de football professionnel et de
ne plus avoir notre mot à dire
au Conseil d'administration de la
LFP. Le système fonctionne très
bien, il n'y a pas de raisons que
cela change. Nous avons envie
de nous faire respecter et de
nous faire entendre, peu importe
qui se trouve en face comme
présidents. Nous sommes prêts
à suivre le mouvement. Et une
grève, ça veut bien dire que
nous ne jouerons pas ! »
(Rémi Vercoutre,
Olympique Lyonnais)
La lettre de l’UNFP - N° 72 bis (octobre 2008) Prix : 1, 5 e.
Publication éditée par l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels
(32, rue Feydeau, 75002 Paris - Tél. : 01 40 39 91 07 ; fax : 01 42 36 22 21).
Directeur de la publication : Philippe Piat
Directeur de l’information/Rédacteur en chef : Stéphane Saint-Raymond ([email protected])
Rédaction : Stéphane Burchkalter - Directeur de la communication : Manuel Piumi ([email protected]) Conseillers : Jean-Jacques Amorfini,
René Charrier, Sylvain Kastendeuch, Philippe Piat. - Publicité : Régis Garrault ([email protected]), Manuel Piumi - Photos : Flashpress,
Stéphane Saint-Raymond. - Réalisation : Groupe YIN. Impression : Action Plus (Paris/Bastia) 01 48 97 32 61.
Visitez notre site : www.unfp.org
« S'il faut faire grève, nous
ferons grève. Nous sommes
solidaires. »
(Grégory Malicki,
Lille OSC)
veut dire
« Défendre notre profession, cela
défendre aussi les arbitres.
t très bien
Car, demain, les présidents pourron
arbitres et les
décider d’engager quarante-cinq
. Elle sera où,
former. Qu’ils soient français ou pas
ensuite, leur indépendance ?
r, pensez-vous
Et si cela se passait mal à l’aveni
andising et le spectacle seraient
que les tarifs des billets, le merch
git donc d’un problème qui
les mêmes ? Je ne crois pas. Il s’a
concerne tout le monde. »
(Steve Savidan,
SM Caen)
« Ce n'est pas que cela se passe
mal avec notre président, mais
il faut que tout le monde ait son
mot à dire. Nous voulons être
respectés et garder la maîtrise de
notre carrière. Il est important d'être solidaire.
S'il faut faire grève pour que ça aboutisse,
nous la ferons. Si les présidents ont le
monopole, ils feront ce qu'ils veulent. »
(Rio Mavuba,
Lille OSC)
2 3
Ça m’intéresse…
Ligue et CA mode d’emploi
Qu’est-ce qu’une ligue
professionnelle ?
A qui appartient l’argent de
la Ligue ?
Une discipline sportive professionnelle est,
en France, organisée et gérée par une ligue
professionnelle, qui détient ses prérogatives
de la Fédération.
Toute ligue nationale, constituée sous forme
d’association loi de 1901 - et non sous forme de
SA ou SARL, comme le sous-entend l’UCPF -, a
une indépendance juridique bien circonscrite.
Ses décisions de gestion, réglementaires et
disciplinaires, demeurent sous le contrôle de la
Fédération nationale concernée ; les actes ou
mesures qu’elle prend empruntent la nature,
administrative ou privée, des actes ou mesures
de la Fédération dont elle dépend.
Ce modèle d’organisation générale, adopté
par la plupart des systèmes européens a, en
vérité, pour raison d’être un maintien d’un
lien de complémentarité et de solidarité entre
le secteur des activités sportives amateurs et
celui des activités sportives professionnelles.
Le rôle d’une ligue professionnelle (comme
établi par la loi française) est de faire la
promotion d’une discipline sportive dans son
ensemble en y associant tous les acteurs et de
contribuer à son développement.
Ce n’est pas, comme le dit l’UCPF, une PME à la
solde des patrons qui doivent pouvoir décider
seuls de l’avenir de celle-ci, au motif que les
ressources de la Ligue appartiendraient aux
seuls présidents…
SNAAF
1
Unecatef
(article 24 des statuts de la LFP)
« Le Conseil d’administration est investi des
pouvoirs les plus étendus pour agir en toute
circonstance au nom de la Ligue de Football
Professionnel. Il les exerce dans la limite de
l’objet social et sous réserve des prérogatives
expressément attribuées, par les présents
statuts, à l’assemblée générale.
Le rôle du Conseil d’administration est
notamment :
• de veiller au respect de la légalité et à
l’application des statuts et règlements de la
Ligue ;
• d’établir le règlement intérieur de la Ligue
pour le proposer à l’adoption de l’assemblée
générale ;
• d’établir le règlement administratif de la
Ligue et le règlement des compétitions qu’elle
organise ;
• de décider des ventes, échanges, achats, baux,
quittances, mainlevées, marchés, transferts de
valeurs ;
• d’autoriser les emplois de fonds et les retraits ;
• de nommer le directeur général ;
• de désigner les membres des commissions.
Les membres représentant les dirigeants du
football professionnel en Conseil fédéral de la
FFF sont proposés par le Conseil d’administration
de la LFP au vote de l’Assemblée fédérale,
conformément aux dispositions de l’article 16
des statuts de la FFF »
Les ressources, qui alimentent la Ligue de football
professionnel, n’appartiennent pas aux présidents !
Ceux-ci ont, pourtant, la fâcheuse habitude de
considérer que cet argent est le leur…. Mais
c’est l’argent de la Ligue, de tous les acteurs
qui la composent : clubs (et non pas présidents,
ce qui est différent !), joueurs, entraîneurs,
administratifs, arbitres, médecins…
Cet argent contribue à promouvoir le football
professionnel dans son ensemble. Il n’est pas destiné
à appartenir qu’à quelques clubs ou présidents de
clubs… comme certains aimeraient à le penser !
L’argent de la Ligue n’appartient pas aux
présidents, mais au football professionnel…
Et le football professionnel, ce n’est pas les
présidents…
Si notre sport génère autant d’argent, c’est qu’il
existe un spectacle de qualité. Or, ce spectacle
dépend, en premier lieu, des hommes de terrains :
des joueurs, des entraîneurs, des arbitres.
A qui fera-t-on croire que les télés payent pour
voir un président dans les tribunes ? A qui, si ce
n’est peut-être à certains présidents ?
Pourquoi toutes les ressources du football
devraient alors être contrôlées par les seuls
présidents de club ?
Quel est son rôle ?
Arbitres
Quelles sont les attributions
du Conseil d’administration ?
SNAAF
Médecins
1
Présidents L1/L2
1
Arbitres
11
1
Unecatef
Médecins
1
1
Présidents L1/L2
13
2
2
UNFP
UNFP
2
2
FFF
Indépendants
5
FFF
1
1
Indépendants
UCPF
Le Conseil d’Administration actuel
4 5
1
3
1
UCPF
Le projet de l’UCPF
Comment est composé
l’actuel Conseil
d’administration ?
11 présidents de club et 1 représentant de
l’UCPF, 2 représentants de l’UNFP, 2 représentants de l’Unecatef, 1 représentant des arbitres,
1 représentant des administratifs, 1 représentant des médecins, 1 représentant de la FFF et
cinq membres indépendants dont le président
de la LFP.
Même si le système actuel fait déjà la part
belle aux présidents, qui disposent de 12 des
25 sièges, il s’agit d’un équilibre tout à
fait cohérent pour administrer le football
professionnel. Ni les présidents, ni les familles
de salariés ne disposent de la majorité : celleci est orientée par les indépendants, ce qui
alimente la notion d’équilibre et de paritarisme
absolument indispensable pour la bonne
gestion d’un sport professionnel.
Les membres indépendants agissent donc
comme les garde-fous d’un système qui
donne à chacun les moyens de s’exprimer, de
proposer, d’innover. Ils peuvent ainsi, selon
les dossiers ou les projets, faire pencher la
balance d’un côté ou de l’autre. Ils ont donc un
rôle important à jouer en défendant sans cesse
l’intérêt général ou supérieur, qui n’est pas la
somme des intérêts particuliers…
C’est aussi le rôle dévolu au représentant de la
FFF, qui donne délégation à la LFP de la gestion
du football professionnel en France.
Dans le projet de l’UCPF, outre le passage
de 12 à 14 présidents qui donnerait déjà
la majorité absolue aux employeurs,
la nomination par l’UCPF des membres
indépendants (qui doivent, aujourd’hui,
être cooptés par deux familles) fait que les
membres en question, qui ne seront plus du
tout indépendants, agiront sous le contrôle
et sous la dictée des présidents. Ce qui
porte donc à 17 le nombre des présidents.
17 membres du 25, inutile de vous faire
un dessin…
Alors, bien sûr, les familles conservent
leurs sièges, mais leur pouvoir sera réduit
à néant, comme le sera leur force de
proposition, d’opposition. A quoi sert-il
d’avoir une voix ou deux, si personne ne
vous écoute, ne vous entend ?
Employeurs-salariés :
les accords sont-ils
possibles ?
Au CA de la Ligue, on peut considérer que les
employeurs défendent généralement leurs
propres intérêts, avant même de défendre
ceux de leur corporation. Les différences sont
notoires, parce que les intérêts divergent,
notamment entre les clubs dits riches et ceux
qui le sont moins. Ce que la presse appelle les
grands clubs et les petits clubs.
Ce n’est pas à vous, les joueurs, que l’on
expliquera que cette notion ne pèse pas bien
lourd face à la réalité du terrain, même si
une hiérarchie semble s’être dessinée, ces
dernières années, en France…
Qui peut assurer que Lyon, dans deux ou trois
ans, ne retournera pas en Ligue 2 pendant
plusieurs saisons comme ce fut le cas dans les
années 80, comme Bordeaux hier, comme l’OM
en son temps, comme Lens aujourd’hui ?
Qui se souvient que Reims a fait trembler
l’Europe du football et que de petits hommes
Verts ont envahi le Vieux Continent ?
Grands clubs, petits clubs, cela ne veut donc
strictement rien dire en France si l’on se place
sur le long terme. Ce qui compte, c’est d’assurer
la pérennité du football professionnel et c’est à
cela que doit travailler la Ligue, pas à servir les
intérêts des plus puissants.
S’ils n’avancent donc pas forcément en rang
serré et d’un même pas, les employeurs savent,
au contraire, oublier leurs divergences dès
qu’il s’agit d’aller contre les familles, et plus
particulièrement contre les joueurs d’autant
que l’UNFP – forte de son expérience, puisque
créée en 1961 – mène souvent la fronde. Ils
oublient, du même coup, le rôle essentiel joué
par les familles au sein même d’une instance
où elles ont leur place conformément à la loi,
et à l’intérieur de laquelle elles doivent peser
de tout leur poids et ne pas servir de caution,
au mieux de faire-valoir.
Qu’aurait été la dernière répartition en date
des droits télévisuels sans l’intervention
des familles de salariés pour lesquelles la
solidarité n’est pas un vain mot ? Combien de
clubs de Ligue 2, voire de Ligue 1 auraient été
laissés sur le bord de la route à se partager les
miettes du festin sans la volonté des familles
de redistribuer le plus égalitairement possible
l’argent venu de la télévision ?
Que se passerait-il, aujourd’hui, si le syndicat
des joueurs n’avait pas accepté qu’une partie
des salaires (30%) puisse, à partir d’un certain
niveau de revenu, être versée en droit à l’image
afin de voir les clubs réaliser d’importantes
économies sur les charges patronales ? La
mesure devait permettre aux clubs français,
qui croulaient nous disait-on sous le poids des
charges, de rattraper tout ou partie de leur
retard sur les clubs étrangers avec l’ambition
affichée d’aller décrocher une troisième Coupe
d’Europe.
Lorsque les propositions sont frappées au
sceau du bon sens, il n’y a aucune raison pour
les familles d’aller à contre-courant de l’histoire,
de l’évolution nécessaire.
En quoi la composition actuelle du CA
gène-t-elle les présidents ?
C’est un petit jeu auquel vous pouvez vous adonner. Demandez à un président en
quoi la composition actuelle du CA le gêne. Demandez-lui si l’urgence actuelle est
bien de changer la composition d’un conseil, élu en septembre 2008 pour quatre
ans. Demandez-lui, surtout, qu’il argumente, qu’il trouve des exemples qui font
que le gouvernement actuel de la LFP a freiné l’évolution du football professionnel
français.
Les présidents sont dans l’incapacité de répondre, justement parce qu’il n’y a rien,
dans le fonctionnement actuel du CA de la Ligue, qui peut justifier qu’on veuille,
dans l’urgence, changer le rapport de forces existant.
On ne veut jamais le pouvoir total sans avoir l’intention de l’exercer. Si les présidents
souhaitent obtenir plus que la majorité absolue au sein du CA, c’est donc bien pour
pouvoir mener à terme quelques projets aujourd’hui inavouables.
4 5
Attention danger !
Et si les présidents de
club avaient la majorité
absolue au CA…
Si les présidents de club avaient la majorité absolue au
Conseil d’administration de la LFP, le CA ne serait plus,
on l’a vu, qu’une simple chambre d’enregistrement où les
dirigeants pourraient agir à leur guise, sans le moindre
contre-pouvoir et sans avoir de comptes à rendre.
En se référant à l’Article 24 des statuts de la LFP concernant
les compétences du CA, les employeurs pourraient…
• Modifier et/ou faciliter les relations entre les clubs
et permettre des ententes (conventions financières avec
garanties, options de remboursement) pour l’acquisition de
joueurs (art.105) ;
• Conclure avec des personnes morales des conventions
entraînant la cession ou acquisition totale ou partielle des
droits patrimoniaux (fixation indemnités) lors de la mutation
d’un ou plusieurs joueurs (art.106) ;
• Procéder à la répartition des ressources financières chaque
saison (art.107);
• Eviter la rétrogradation de club faisant l’objet d’un
jugement d’ouverture de redressement judiciaire ;
• Inclure des clauses libératoires dans les contrats de
joueurs (art.112) ;
• Faire disparaître les sanctions disciplinaires contre les
dirigeants de clubs qui ne respecteraient pas les règlements
de la LFP (art.113) ;
• Modifier les conditions générales de participation aux
compétitions organisées par la LFP (art.114) ;
• Faire participer aux compétitions des clubs autres que ceux
ayant un statut pro à condition que la disparition du numéro
d’affiliation soit effective ;
• Faire disparaître des contraintes techniques et logistiques
pour organiser des rencontres (art.116) ;
• Faire modifier mesures et dispositions liées à l’homologation
des contrats et à la qualification des contrats (art.121 à 132) ;
6 7
Et comme si cela ne suffisait pas, ils pourraient également
modifier la composition des différentes commissions et ne
nommer que des personnes qui leur seraient favorables, tout
en excluant les familles.
Ils pourraient également s’arranger pour faire perdre à la
DNCG et à la Commission juridique l’indépendance pourtant
obligatoire à leur bon fonctionnement et garante de leur
maintien.
On pourrait tout à fait imaginer, également, les voir
s’attaquer à la Commission d’organisation des compétitions
afin de modifier la formule du championnat, par exemple.
Qui empêcherait les présidents de modifier le règlement
des championnats professionnels de Ligue 1 et de Ligue 2,
d’inventer de nouvelles règles concernant les installations
sportives…
Il serait également légitime de s’interroger sur l’avenir de la
Commission sociale et d’entraide.
Chacun l’a compris : les clubs auraient donc la possibilité d’être
juges et parties dans la gestion du football professionnel en
ayant la mainmise totale sur les commissions censées les
contrôler.
La Ligue de football professionnel, dont la gestion devrait
appartenir à tous les acteurs, ses acteurs, serait entre les
mains d’une seule corporation.
Et le dialogue social ?
A contre courant de l’histoire, ces dernières
saisons, les relations sociales et de dialogue avec
les présidents de clubs sont, en France, devenues
disons… compliquées. Le dialogue social s’est limité
aux seules discussions liées à la formation et aux
moyens pour les clubs de bloquer les jeunes joueurs
sous contrat.
L’UCPF a ainsi systématiquement évacué d’autres
sujets de discussion ou de négociation. Puisqu’il ne
répond plus qu’aux préoccupations des présidents,
le dialogue social a été vidé de sa substance et de
son sens.
A la lumière de cette situation, et compte tenu
des prérogatives en matière réglementaire du CA
de la LFP, si les modifications statutaires voulues
par les Présidents de clubs voyaient le jour et se
concrétisaient, il est bien évident que le dialogue
social au sein du football professionnel n’aurait plus
aucun intérêt pour les présidents.
Code du sport
Cet extrait du code du
Sport (commentaires
et analyses juridiques)
reprend le concept
de la gouvernance
idéale d’une ligue
professionnelle et
illustre parfaitement
ce que pensent l’UNFP
et les autres familles
membres du CA
de la Ligue.
Il est tout à fait vrai que la volonté actuelle de
modifier la représentativité au CA de la LFP n’aura
aucun impact direct sur les droits sociaux des
joueurs, leurs contrats, leurs acquis et la Charte
du football professionnel. Mais quel serait l’intérêt
pour les clubs de poursuivre le dialogue avec les
joueurs et d’améliorer le statut social du footballeur
professionnel si les présidents peuvent avancer par
voie réglementaire, en bénéficiant de la majorité, de
manière systématique et implacable ?
En effet, les prérogatives du CA en matière
réglementaire sont considérables et de nombreuses
dispositions ont un impact direct sur les contrats et
les mutations de joueurs (entre autres !).
Quelles seraient les armes à disposition des familles
pour relancer le dialogue social ?
Comment les clubs auraient-ils l’obligation de
négocier l’évolution de la Charte et du statut social
des joueurs professionnels ?
« Un sportif doit-il faire
abstraction de son esprit critique
et de sa participation civique
sous le fallacieux prétexte qu'il
est grassement rémunéré ? Un
joueur de foot ne serait pas
un citoyen comme un autre
et devrait laisser à d'autres
le pouvoir de décision qui le
concerne au premier plan ?
L'argument des hauts revenus
tient d'autant moins que les
revendications ne portent
pas sur des problèmes de
salaires ; elles relèvent de la
représentation politique, au sens
premier du terme. Dans un pays
démocratique, une institution ne
peut pas être trustée par une
seule corporation, même dotée
des meilleures intentions. Une
grève des footballeurs est une
question de dignité, de leur
dignité d'hommes, de citoyens
responsables. »
(Philibert Galice
repris sur un forum de discussions)
6 7
Histoire
La grève de 1972…
Une petite, mais une vraie révolution !
Le feu couve depuis l’été. L’approche de la fin de la période probatoire de trois ans
depuis l’adoption, en 1969, du contrat à durée librement déterminée poussent
les dirigeants, soutenus par le Groupement - l’ancêtre de la LFP -, à modifier
unilatéralement les termes du statut professionnel.
En novembre 1972, face au mépris des dirigeants et à leur refus de revenir aux
accords signés trois ans plus tôt, l’UNFP, de guerre lasse, décide l’organisation
d’une Assemblée générale extraordinaire. Ce congrès s’inscrit comme les
états généraux du football professionnel français. Les patrons s’attaquent aux
avantages acquis de haute lutte, et il faut que tous les footballeurs réagissent.
C’est ce qu’ils font. Tous viennent à leurs frais au Congrès, qui se tient à Versailles,
les 27 et 28 novembre, preuve d’un engagement syndical volontariste et fort,
alors que la majeure partie des clubs le leur interdit formellement et qu’ils
organisent, à la va-vite, des matches amicaux afin d’empêcher les joueurs de
se rendre en région parisienne.
Avant même que ne s’engagent les discussions, une résolution est votée.
Elle stipule en substance : ‘‘Si un seul joueur présent à Versailles est sanctionné
par son club, tous les footballeurs français se mettront en grève.’’
Lorsque que l’UNFP apprend la suspension de tous les Lyonnais présents à
Versailles, notre syndicat suit la résolution votée lors du congrès.
La grève des joueurs est déclenchée le 2 décembre.
Encore faut-il en sortir vainqueur !
Le lundi suivant, L’Equipe, qui soutient pourtant les dirigeants, titre : « Première
manche à l’UNFP ! ».
Ministre des Sports, Joseph Comiti provoque alors une réunion entre toutes les
parties intéressées pour régler le conflit au sein du football français. Il demande
également un rapport sur l’état du football national à Philippe Seguin, un jeune
énarque passionné de sport. Les dirigeants promettent de participer à l’élaboration
d’une charte du football, véritable convention collective, et annulent les décisions
prises unilatéralement. Le championnat et le jeu reprennent leurs droits…
Avec le recul, cette grève restera comme une étape primordiale dans l’évolution du
football français. Le rapport Séguin, largement inspiré des propositions de l’UNFP,
l’ouverture d’esprit ressentie à la Fédération avec l’émergence de Fernand Sastre,
qui deviendra le grand président que l’on sait, et la création de la Charte du football
professionnel en 1973 constituent les parties émergées de l’iceberg.
Cette grève, la première de l’histoire à être menée en Europe par des footballeurs,
a été une petite révolution.
Une petite, mais une vraie révolution !
8