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RejoignezlesEditionsAddictivessurlesréseauxsociauxettenez-vousaucourantdessortiesetdes dernièresnouveautés! Facebook:cliquez-ici Twitter:@ed_addictives Egalementdisponible: Touteàtoi TimothyBeresfordestl'undesmultimilliardaireslesplusenvuedelaplanète:jeuneetinsolemment beau,ilestàlatêted'unefleurissanteentrepriseets'investitdansl'humanitaire.Safortunefaitdes envieux,sasociétéestendanger,etilnepeutfaireconfianceàpersonne,àl'exceptiondeMila Wieser,unejeuneetambitieuseavocated'affaires,quiseraprêteàremuercieletterrepourl'aider. Entrelesdeuxjeunesgens,lecoupdefoudreestimmédiatetunerelationtorrides'installe.Mais Timothyn'estpasunhommesimple,etl'apprivoisersembletoutaussicomplexequedéjouerle complotquivisesesactifs.Heureusement,Milaestd'uneténacitéhorspair. Découvrezl'universsensuelettrépidantAnnaChastel! Tapotezpourvoirunextraitgratuit. Egalementdisponible: Désire-moi! LucieLerner,brillanteétudianteenarchitecture,estsélectionnéepourleprestigieuxconcours Goldstein.Elles'envolepourMalteoùontlieulesépreuvesdequalification.Maislesémotions,le voyage,lachaleur...etlàvoilàquitombe,évanouie,danslesbrasd'unséduisantinconnu...quin'est autrequeChristopherLord,leparrainduconcours.Laravissantejeunefilleselaissera-t-elle envoûterparlecharmemagnétiquedumilliardaire? SuccombezàlanouvellesagaérotiquedeHannahTaylor,unesériedanslalignéedeCentfacettesde MrDiamonds,oùunejeunefemmequiignoretoutdel'amourpartàlarencontredesondestin... Tapotezpourvoirunextraitgratuit. Egalementdisponible: BeautifulParadise Solveigs'apprêteàvivreunnouveaudépart,directionlesBahamas,l'îledeCatIsland,oùson excentriquetantepossèdedeschambresd'hôtes.Soleil,plagedesablefinetpalmiers,c’estdansce cadreparadisiaquequeSolveigrencontrelemultimilliardaireWilliamBurton,etlecoupdefoudre estimmédiat!Ununiversmerveilleuxs'offrealorsàlajeuneParisienne.Seuleombreautableau,le mystérieuxjeunehommecachequelquechose,sonpasséesttrouble.Entreunirrépressibledésiretun impalpabledanger,lajeunefilleacceptera-t-elledesuivrelebeauWilliam?A-t-elleseulementle choix? DécouvrezlanouvellesériedeHeatherL.Powell,unesagaquivousemporteraauboutdumonde! Tapotezpourvoirunextraitgratuit. Egalementdisponible: RockYou «Jechercheunefilleintelligente,débrouillarde,honnêteet,enoption,jolie.Cettefille,c’esttoi!» Lorsquel’excentriqueLindseyproposeàsaniècedevenirlarejoindreàLosAngelespourtravailler danssonlabeldemusique,lecœurd’Angelanefaitqu’untour!Maislajeunefilleestloindese douterquesavievaêtretotalementbouleversée.Dansl’avionquil’emporteverslaCitédesAnges, ellerencontreunmystérieuxjeunehomme.C’estMarvinJames,lecélèbrechanteurderockpourqui elledoittravailler.Peuàpeu,Angelatombesouslecharmedel’énigmatiquestarquiluifera découvrirunmondedeplaisiretdesensualité.Maisleurpassionnaissantevaseheurteràunsombre passéquineleslaisserapasindemnes... Découvrezlesaventuresd'AngelaetMarvin,lerockeurtorturé.Uneidyllequiferabattrevotrecœur aurythmedelasagalaplusrockdel'année! Tapotezpourvoirunextraitgratuit. Egalementdisponible: LoveU QuandZoéScartarriveàLosAngelespourretrouversonamiePaulineetqu'elleseretrouvesans portable,sansargentetsansadresseoùallersuiteàlapertedesesbagages,ellen'enrevientpasd'être secourueparlebeauTerrenceGrant,lastardecinémaoscariséelaplusenvuedumoment!Etquand quelquesjoursplustardTerrencerappelleZoépourluiproposerdetravaillercommeconsultante françaisesursontournage,ellepensevivreunrêve.D'autantquel'acteurnesemblepasinsensible auxcharmesdelajeunefille… Maisl'universdeHollywoodpeutsemontrercruel,etlesapparencestrompeuses.Àquipeut-onse fier?EtquiestréellementTerrenceGrant? Tapotezpourvoirunextraitgratuit. LisaSwann ADORE-MOI! Volume3 1.Lapetitefugueuse Pendanttroissecondes,Daytonetmoiéchangeonsunregardlourddesens:d’accusationdeson côté, et d’incompréhension pour ma part. Je reste les lèvres entrouvertes, mais aucun mot ne s’échappedemabouche.Jesuisoutrée!Sérieusement!J’ailesentimentqu’onnevientpasdevivre lamêmechosetouslesdeux,àsavoirmacrisedenerfsendirectdansmonappart,pendantlaquelleje luiaiexpliqué–etilmesemblaitqu’ilavaitcompris!–quej’avaisétémalmenéeetbouleverséepar ces dernières semaines, entre mon déménagement, le début de notre histoire et les révélations à répétitionconcernantsavie.Ilm’aditqu’ilm’appréciaitcommej’étais,naturelle,spontanée,queje nedevaispaschanger!Malgrétout,ilmedemandedem’expliquer,demejustifier.Toutçaàcause dumotlaisséparuneadomallunéequiabrusquementdécidédemettrelesvoiles! Maisjen’ysuispourrien! C’estlemomentdeluirappelercequejesuiseneffet… –M’expliquersurquoi,Dayton?demandé-jeenreprenantmesesprits. J’aiencoreàlamainlemotqueSummeralaisséavantdefilerdesonappartementauNouveau monde.Cemotquisous-entendquejeserais«unefouineuse»etquejeneluilaisseraispasd’autre optionquecellededéménager. Daytonmedésigned’unmouvementdetêtelemessagequejeserrenerveusementdansmamain. –Ça,dit-ilsimplement,leslèvrespincées,lavoixfroide. Unpetitricanementm’échappe. –Tuplaisantes,j’espère,Dayton,dis-je,soudaintrèsagacéeparl’injusticedelasituation. Ilinclinelatête,décontenancé. –Jemedemandebiencequetuveuxquejet’explique,poursuis-je.Jepeuxbienteraconterma rencontre assez déplaisante ce matin avec ta protégée. La façon assez impolie qu’elle a eue de me souhaiter le bonjour alors que je faisais exactement ce que tu m’avais permis de faire, à savoir prendremontemps,etoui,eneffet,jemesuisbaladéedanstonloft.Pasdequoisefoutredanstous cesétats!EtceseraitàcausedeçaqueSummerseraitpartie?Tunecroispasquec’estunpeufort, là?! Ma tirade le laisse muet. À son expression, je devine qu’il réfléchit. Toujours cette guerre intérieure qui le tiraille ! Son visage se radoucit et il redevient l’homme dont je suis amoureuse et dontlephysiquemecoupelesouffle. –Excuse-moi,dit-ilenseprenantsonvisageàdeuxmains. Ilrelèvelatête. –Jesuisinquiet,c’esttout,ajoute-t-il. – Je peux comprendre, Dayton, mais cela ne justifie pas de m’accuser ou du moins de sousentendre ma responsabilité dans cette affaire, lui dis-je. Je n’y connais pas grand-chose en matière d’ado,maistoutçasemblejustereleverd’unegrossecrisedejalousie,non?Sanscompterqu’ellea 20ans,pas14.Cen’estpasunbébéperdudanslaville! Daytonlutteencorecontrel’inquiétudeetleressentiment.Jem’approchedelui. –Dayton,tumefaisconfiance,non? Laseconded’hésitationqu’ilaavantdemerépondreprovoqueunedéchargedepaniqueenmoi. –Oui,oui,biensûr,dit-ilenfin.JevaisallerchercherSummer,Anna,jepensesavoiroùellepeut être. Encore une fois, je sens qu’il est sur le point de me planter pour retourner à cette vie parallèle qu’ilprotègedepuistoutescesannées.Jesecoueénergiquementlatête,etDaytonécarquillesesyeux bleuintense.Unmincesouriresedessinesurseslèvressensuelles. –Commentça?fait-il. – C’est non, Dayton, tu ne me plantes pas là, sous prétexte que c’est ta vie et que tu peux t’en chargertoutseul,quetuesresponsabledecettefille,etc.C’estnon,jeviensavectoi! Madécisionestsansappel.S’illefautjem’accrocheraiàsonpantalon,etilvadevoirmetraîner derrièrelui.Ilestabsolumentinacceptablequelaconfiancequ’ilaenmoisoitremiseenquestionpar lesaccusationspuérilesdeSummer. Devantmonattituderésolue,mainscampéessurleshanches,regardgrave,Daytoncapituleetme gratified’unsourirequipourraitmefaireoubliercegenredecrisesiellenevenaitpasjustedese produire. –O.K.,dit-ilenmeprenanttendrementparlebraspoursortirdel’appartementdeSummer. Jesoupireintérieurementdesoulagement.J’aiétéunpeudirecteetbrutale,maisçaapayé,alors queçaauraitpucoincer,non?Jen’aipasréfléchisurlecoup,Daytonauraitpuprendreladéfensede Summeretm’envoyerbalader.Nousnesommesplusdesgamins.Noussommescapablesdevoirce qui est juste, même au beau milieu d’une crise. C’est la preuve que nous sommes sur la même longueurd’ondes. Bonsang,quej’aimeêtresurlamêmelongueurd’ondesquecethomme… NousquittonsleNouveaumondeetreprenonslaLightninggrisedeDayton,garéenonloin.Nous sommes en mission, tous les deux marchant d’un pas volontaire pour rejoindre la voiture. Dayton m’ouvrelaportièreet,avantquejegrimpedansl’habitacle,ilplaqueunbaiserfrancsurmeslèvres, suivid’unsourirecomplice. UnefoismêlésàlacirculationdeManhattan,j’osedemanderàDaytonoùnousnousrendons. – Je pense que Summer est allée directement chez Petra, me répond Dayton, concentré sur sa conduite. Petra,tiensdonc…Petra,manouvellesuper-copine! Petra qui m’a vicieusement conseillée de me comporter avec Dayton exactement comme il ne fallaitpas,enlefaisantlanguiretennerépondantpasàsesappels.Petraquiatrouvéquelelookde rockeuse délurée était celui qu’il me fallait pour attiser le désir de Dayton… Grâce à Petra, j’ai surtoutfailliperdreDaytonenallantàl’encontredemapersonnalité.EtvoilàquePetraseraitcelle chezquiSummerseraitalléeseréfugier? –PourquoichezPetra?demandé-jeàDaytonquimanœuvredansleflotdevoituresenfronçant lessourcils. –ParcequeSummerestenadmirationdevantPetra,qu’ellessonttouteslesdeuxtrèsproches.On pourraitdirequ’ellessontmêmebonnescopines,merépondDayton.Petradoitsansdouteincarnerle genredefemmequeSummervoudraitêtreplustard,jenesaispas. Voilàencorebienunepreuvedepsychologiemasculine…Ilsuffitdecomparerlatenuebabacool de Summer aux allures de vamp de Petra pour se rendre compte que la jeune fille n’essaie en rien d’imitersonaînée.Cedoitêtreautrechose.UnesortedecoalitionfémininepourpréserverDaytonde toute approche étrangère. En tout cas, ce qui est certain, c’est qu’on ne veut pas de moi dans les paragesdeDayton.J’aiconnudesaccueilspluschaleureuxetmoinstordus… –OnvachezPetra,là?demandé-jeàDaytonenmedisantquec’estpeut-êtrelemomentoujamais deluilivrermathéorie. –Oui,répond-il,çan’estpasloin,danslequartierdeNoLita. – Dayton, il faut que je te dise quelque chose alors, ajouté-je d’une voix soudain un peu moins assurée. Aufeutricoloresuivant,ilsetourneversmoiavecuneexpressionsoucieuse.Ilestsursesgardes. Bon sang, pourquoi ai-je toujours l’impression d’être à deux doigts de perdre cet homme incroyable?! –Qu’est-cequ’ilya,Anna? Savoixestredevenueneutre,àlalimitedelafroideur.Jedéglutisavantdemelancer: –J’aipassél’après-midiavecPetra.Jel’aicroiséecematinensortantduNouveaumonde,etellea parutellementcontentedemevoirquej’aiacceptésoninvitationdefairedushoppingplustarddans lajournée. LesyeuxdeDaytons’assombrissent. – Après être tombée sur Summer chez toi, je trouvais que Petra, en comparaison, était super amicale.J’avaisbesoindeça,tucomprends?C’étaitunemanièrederentrerdanstonmonde.C’était mêmeplutôtsympaavecPetra,ajouté-je.Lesboutiques,ladiscussion,maismaintenant,j’aicomme l’impressionquejemesuisfaitmanipuler,Dayton,commesiPetravoulaitmepousseràlafauteavec toi.AveclemotdeSummer,j’aivraimentlesentimentqu’onmetraitecommeuneintrusequ’onveut écarterdetoi. Jesaisquecesaccusationspeuventavoirdegravesconséquencessurnotrerelation.Cettesoirée est tendue, et nous ne cessons d’aller d’incompréhensions en crises. Je suis raide dingue de cet homme,maiss’ilfautenfiniraveclesflousartistiques,allons-y! Dayton hoche la tête sans un mot, puis il pose sa main sur la mienne alors que nous roulons à nouveau.Cegestetendremerassureau-delàdetouteattente.Jejetteuncoupd’œilauvisagedemon amant et, même si ses traits sont toujours crispés, je sens qu’il ne m’en veut pas. Il doit bouillir intérieurementdumauvaistourquim’aétéjoué. À l’instant même où j’ouvre la bouche pour répondre, nous nous arrêtons devant un immeuble typiquement new-yorkais en briques jaunes, sur la façade duquel zigzague un escalier de secours métallique. – On y est, déclare Dayton. Anna, poursuit-il en rivant ses yeux aux miens, la tête légèrement penchée,tumelaissesfaire,d’accord?Aprèscequetum’asraconté,jecroisqueSummerestsurses gardesetquePetran’yestpeut-êtrepaspourrien.Jevaisremettrelespendulesàl’heure. Jefaisunegrimaceennuyée. – Oh non, soupiré-je, je ne veux pas qu’il y ait d’histoires, Dayton. Je souhaitais juste que tu ne doutespasdemoi.JeneveuxpasquetuteprenneslatêteavecPetra,niavecSummer,quoiqu’ilait pusepasser. Daytonposeundoigtsurmeslèvrespourmefairetaire. –Jenevaismeprendrelatêteavecpersonne.Jevaisjusteéclaircirlasituationpouréviterquece genredechosessereproduise.O.K.? Sonregardmescrute.Jehochedoucementlatêteetilmesouritavantd’attirermonvisagepour déposerunlégerbaisersurmeslèvres. *** QuandDaytonsonneàl’interphone,Petrarépondtrèsvite,commesiellel’attendait. –Monte,dit-elle,j’étaissûrequetun’allaispastarder. Daytonn’apasavertidemaprésence.Aussi,quandPetraouvrelaporte,toutsouriredanssatenue de vamp qu’elle arbore visiblement en toute occasion, sa mine réjouie se décompose très vite dès qu’ellem’aperçoit. – Ah, tu n’es pas tout seul, dit-elle comme si elle ne pouvait s’en empêcher. J’aurais cru que tu auraispréféréréglerçadansl’intimité. C’estça,commesijefaisaispartiedupetitpersonnel… Daytonentredansl’appartementplutôtvintagedePetra,quis’écartedevantmoienmelançantun regardindéchiffrable.Jelafixesanssavoirquoidirejusqu’aumomentoùjenepeuxm’empêcherde lâcher. – Finalement le cuir, les talons hauts, tout ça, ça n’était pas trop mon genre, ni celui de Dayton d’ailleurs…ajouté-jepastropfort. Petra me toise toujours dans l’entrée. C’est un face-à-face digne d’un western. Je suis certaine qu’elle se retient de me balancer un commentaire bourré de venin. Je savoure le fait qu’elle soit obligéedeseretenir.Pourtant,jen’arrivepasvraimentàcomprendrepourquoicettefille,quiatout pourelle,peutmejalouseraupointdememettredesbâtonsdanslesroues. Je suis Dayton jusque dans le salon d’où s’échappent les bruits caractéristiques d’un jeu vidéo. DaytonestdéjàenpleinediscussionavecSummer.Jemepostesurlepasdelaporte.J’aidroitàun regardnoirdel’adoàdreadlocks. Heureusementquecesontdesballesàblanc.Aveccesdeux-là,jeseraisdéjàraidemorte… –C’estn’importequoi,Summer,ditDaytonsurletondusermontrèsadulte.Quit’amisdansla têtequ’Annaétaitentraindefouillerchezmoi?Tucroisquejenesuispasassezgrandpournepas savoiràquifaireconfiance?AnnaestchezelleauNouveaumonde. Ouah,superbonnenouvelle… – Tu te comportes comme une gamine qui a peur qu’on lui vole ses jouets, poursuit-il. C’est absurde,ettutefouscomplètementquejepuissemefairedusouci.Tunepensesvraimentqu’àtoi! poursuitDayton. C’estétranged’entendreDaytonparleravecletonresponsabledugrandfrèreinquiet.Celalerend encoreplusirrésistible,etlaleçonal’airdefairesoneffetsurSummer.L’expressionrebelledela jeune fille trahit une once de culpabilité, et son menton commence même à trembler. Je me recule pournepasqu’ellesoitgênée.Jel’entendss’excuserauprèsdeDayton. Danslecouloir,jemarchesurlepieddePetraquejen’aipassentiederrièremoienm’effaçantde lascène. –Oups,désolée,soufflé-je,persuadéequePoisonIvyvamedécocheruncouprevanchard. Mais elle ne dit toujours rien. Elle est vexée et terriblement tendue. Cette situation me gêne et m’agace.Jen’airienfaitpourmemettredansunetellehistoire.Jenefaisqueréagirauxmanigances desautreset,malgrétout,c’estmoilaplusembarrassée.Toutcelameparaîtprofondémentinjuste. – Je crois que tu t’es bien foutue de moi, finis-je par dire à Petra, à voix assez basse pour que Daytonn’entendepas. –Onpeuts’amuserunpeu,non?répond-elleenricanant. –Jenesuispassûrequecelasoitpayantauboutducompte,desemoquerdesgensjustepourle plaisir.JenesaispassituasenplusinfluencéSummer,maisj’aiparlédetoutçaàDayton.Tucroyais quej’étaisassezstupidepournepasmerendrecomptedetonpetitjeu? Bon,àvraidire,j’aiétéàdeuxdoigtsd’êtretrèsstupide…maisellen’apasbesoindelesavoir! Sonsouriremauvaissefige.Ellenesaitpasquoirépondre,etjesuisassezravied’avoirtrouvéle culotd’affrontercettepanthèreroussetoutencuir.C’estvraiqu’ilyadeuxheures,jefaisaismoinsla fière. QuandDaytonréapparaîtdanslecouloir,Petrachangeaussitôtdevisage.J’ensuissoufflée.C’est avecunregardcontritetuneminepréoccupéequ’elleseprépareàaffronterDayton. –Bon,Summervacherchersonsacetsesaffaires,etonyva,meditDaytonavantdesoupirer, soulagé,etdemesourire. Ça fait du bien de le voir détendu. Je commence moi-même à retrouver une respiration moins contrainte. –Tupeuxnouslaisserdeuxminutes,Petraetmoi,s’ilteplaît?medit-ilens’assurantbienquej’ai comprisn’avoirrienàcraindredecetteentrevue. Alorsjem’esquivedanslesalonoùdeuxminutesplustard,Summermerejoint.Nouspartageons unsilencetrèsembarrassantpendantqu’unediscussionétoufféeunpeunerveusenousparvientdepuis lecouloir.JefinispartendrelamainàSummerdansungestedésinvolte,enhaussantlesépaules. –Jen’aimepasm’engueuleraveclesgens,dis-jeenguisedepréambule.Onpeutfairecommesi riennes’étaitpasséentrenous,Summer? Larousseauxdreadlocksm’observecommeelleleferaitd’unfauveéchappéd’unecagedezoo. Jenedoispasêtresieffrayantequeça! –Allez,Summer,jeneveuxpasempiétersurtonterritoire,tusais?dis-jelamaintoujourstendue. Çameferaitvraimentplaisirdemieuxteconnaître. Pascesoir,maisunjour… AlorsSummercède,aprèsm’avoirlonguementobservéeetmetendlamain. –O.K.,lapaix,marmonne-t-elle. J’ai l’impression d’avoir remporté une toute petite manche, comparée à la guerre froide qui se livredanslecouloir.SummeretmoipatientonsencoreunpeuavantqueDaytonpasselatêteparla porte: –Onyva,lesfilles?lance-t-ild’unairjoyeuxcommesiderienn’était. Pourtant, traverser le couloir sous le regard mauvais de Petra me donne l’impression d’une baignadedansuncanalgelé.Jeretiensmarespirationjusqu’àlaporte.Daytonaposésamainsurle creuxdemesreinspoursoulignercertainementquelleestl’équipequ’ilsoutient. Nous nous serrons tous les trois dans la Lightning et reprenons la route dans un silence que Daytonneparvientpasàallégerenplaisantant.ChaquefoisqueDaytonposediscrètementsamainsur macuisse,jereçoiscommeunedoucechaleurdansmoncorps,quetoutescesdernièresheuresonteu tendanceàglacer.Soncontactmerassureetm’apaise.Malgrétout,jesuisécœurée.Cettesoiréen’a pas de fin. Elle a commencé sur un malentendu, s’est poursuivie en accumulant crise sur crise… J’aimeraisqu’onsoittouslesdeuxetqu’onrépareànotremanièretouteslestensions.Voilà,c’estde çadontj’aienvie:delapeaudeDaytoncontrelamienne,delatendresse,quenoscorpss’emballent et effacent tout. J’ai envie de ça et de rien d’autre. Malheureusement, ça ne va pas être possible, ne serait-cequeparcequ’ilyauneadoboudeuseàl’arrièredelavoitureetquejesensqueleremontage debretellesvacontinuerderetourauNouveaumonde. –JevoudraisrentreràBrooklyn,lâché-jed’unetoutepetitevoix,auboutdequelquesminutes. Daytonmelanceunregardpaniqué.Jeneluilaissepasletempsdeprendreledessus.Peuimporte queSummerpuissenousentendre,çalaconcerneunpeuaussi. –Dayton,j’aibesoind’êtrechezmoi,aucalme.Lasoiréeaété…animée,etjecroisquevousavez touslesdeuxbesoindediscuter,non? Leslèvrespincées,lesmâchoirescrispées,ilmefixemaisneparlepas. –Commetuveux,fait-ilenchangeantbrusquementd’itinéraire. Letrajetestplusquetendujusqu’àBrooklyn.Jefermelespaupièresàplusieursreprisesquandla conduitedeDaytonsefaitplusnerveuse.Ilrestemalgrétoutprudentetnousarrivonsàbonport.Il descendavecmoipourm’accompagnerjusqu’àlaportedel’immeuble.Jemerendscomptequeje suisclaquée,riendegrave,maisjustedequoijustifierquelquesbonnesheuresdesommeil. –Anna,medit-ildoucementalorsquejem’apprêteàrentrer,jesuisdéçumaisjecomprends. Vusatête,j’endoute,maismercipourl’effort… –J’aijustebesoind’unebonnenuit,Dayton.Ons’appelledemain,dis-jedansunsouffle. Avantquelaporteneclaque,jemeretournepourlevoirsedirigerverslaLightningdanslaquelle Summerestaffalée. Tuparlesd’unesoiréeromantique… 2.Lavieàbraslecorps Jetraverselesalon,mâchoiresserrées,sousl’œileffarédeSaskia,vautréesurlecanapédevantla télévision. Churchill l’imite – ou bien c’est elle qui imite le chat, je ne sais pas trop. Alors qu’elle ouvrelabouchepourmeparler,jelèvelamainpourl’arrêter. –S’ilteplaît,non,là,j’aimadose.Onverrademain. Etjem’enfermedansmachambresansmêmeprendrelapeinedemanger,medéshabilleàlavaviteetmeglissesousmacouette.J’enfouislenezdansmonoreilleretfermeaussitôtlespaupières. J’aijusteletempsdepenserque,finalement,leprojetdepasserquelquesjourschezlesparentsde Daytonesttombéauxoubliettes,etjenesuisdéjàpluslà. *** Quandj’ouvrelesyeuxlelendemain,laviebatdéjàsonpleindanslarue.Jeperçoislesklaxons des voitures, les bruits de moteur et le brouhaha des gens qui vaquent à leur journée. Je reste un momentétenduedansmonlit,lesbrasencroix.Jefixeleplafond.J’ail’impressiond’avoirdormi desjoursetdesnuits.Jesuishébétée,maisreprendsmalgrétoutlefildemespenséesdelaveille. Finalement,prouveràDaytonquijesuisvraimentestbienpluséprouvantquemondéménagement etledécalagehorairequej’aifaitmined’ignorerdepuismonarrivéeàNewYork.Moiaussi,j’aima propreguerreintérieure.Jesuistellementamoureusedecethomme,sisensibleàsaprésence,queje seraisprêteàtoutpourlui.Pourtant,jerefusedemelaissermalmener,commecelaaétélecasces derniersjours,etjerefusededevoirexpliqueroujustifiercequejesuis. Vul’étatdanslequelj’étaishiersoir,j’aipeurquecelaaitétélagoutted’eauquiafaitdéborderle vase.Daytonétaitdéçuquejenepassepaslanuitaveclui.Ilm’aassurécomprendremais…pff,eton ditquelesfemmessontcompliquées. J’allumemonportable.Ilest11heures! Desmessagesarriventaussitôt.Jonathan,monexquirefused’êtremonex,m’alaisséunmessage. J’écouteledeuxième,c’estencoreJonathan!Jeleseffaceaussitôt.Jecroyaisavoirétéclaireavanthier,lorsdenotrediscussionsurSkype. Mes parents aussi voudraient savoir si tout se passe bien. Je m’assieds dans mon lit pour leur adresser un SMS et les avertir qu’ils peuvent m’appeler dès qu’ils se réveillent. Pas de message de Dayton…Moncœurseserre. Bienjouépourhiersoir…Çavalaitlecoupd’êtrefranche! Jen’arrivepasàmobiliserenmoil’énergiepourmelever.J’aimêmedumalàmeconvaincreque siDaytonnem’apasenvoyédemessage,ehbien,c’esttoutsimplementparcequ’iln’apasletemps entresonboulotetSummer! Voilà!C’esttout!Etmaintenant,jevaismeremuerlesfessesaulieudelarmoyer! Jenesuispasvenuem’installeràNewYorkpourmetournerlespoucesoumelamentersurmon sort. C’est vrai quoi, quand on y pense, je n’ai pas trop à me plaindre : mon article pour un prestigieux magazine masculin a plu et j’ai donc l’espoir de retravailler pour cette rédaction ; mes trèschèreslectricesvirtuellesattendentdesnouvellesdesaventuresdeTwinkleàNewYork…etje commencetoutjusteunehistoireamoureusepalpitanteavecl’hommeleplussexydumonde! Desbruitsdecasserolemeparviennentdepuislacuisinedel’appartement.Jemedécideàsortirde ma tanière et bute aussitôt contre une masse de poils étalée sur le dos dans un rayon de soleil. La chosemolleémetunmiaulementcontenté. –Tuasfaim,j’espère,melanceSaskiadepuislacuisine,parcequejet’aimitonnédeslasagnes maison! –Chouette,lancé-jeenrigolant.J’enrêvaispourlepetitdéj’! Mais j’ai une faim d’ogresse, et il est l’heure de déjeuner. Nous nous attablons autour du plat fumant. Entre deux bouchées succulentes, je raconte à mon amie la soirée qui a tourné court, la pseudo-fuguedeSummer,lamiseaupointavecPetra.Saskiam’écouteavecattentionpuis,unefois nosassiettesvidées,ellem’exposesapensée. –Anna,toutçavatropviteetc’esttrèscompliqué,maiscetypet’adanslapeau,çasesent.Ettoi, tuesfolleamoureusedelui. Jusque-là,jesuisd’accordavecelle. –Seulement,c’estlapremièrefoisqueturencontresuntelmec,poursuit-elle.Enfin,jeveuxdire, t’en as rencontrés beaucoup des mecs comme ça, toi ? Beau comme un dieu, riche, brillant, mystérieux.N’importequellefemmeseraitperturbée.Ettoi,enplus,tuesenpleinchangementdevie. Çafaitbeaucoup,non? Maisc’estcequejenecessederépéter:c’esttrop! –Cequejeteconseille,c’estdeprendredurecul,meconseille-t-elle.Çaneveutpasdirequetune répondspasautéléphonequandilappelleouquetutefringuescommeunesuper-héroïnedesérieB. Non,turespires,tusouffles.C’estsavie,paslatienne.Quandtusensquecequ’iltefaitvivrevatrop vite,tuluidis,maissanspéterlesplombsnonplus.Ilsuffitjusted’anticiper,hein? Jesecouelatêtecommeunefigurinedechiensurlaplagearrièred’unevoiture. –J’aiconvoquéuneréunionausommet,ajoute-t-elle. –Quoi?dis-jed’unairahuri. – On a rendez-vous avec Gauthier sur Skype. Tu as besoin qu’on te remette les idées en place, Anna. Elleselèvepourallerseconnecter,etlevisagedeGauthierapparaîtsurl’écrandel’ordinateur. SaskiaetmoinousinstallonssurlecanapépourprofiterdusouriredenotreamirestéàParis. –Coucou!nouslance-t-ildesontonguilleret. –Tutelèvesouc’estunenouvellecoupedecheveux?demandeSaskiapourletaquiner. Gauthierarboreunemèchefolleetrebelle,ainsiquedebeauxcernessouslesyeux. –T’asfaitlafête?hurlé-jepresque.Raconte,raconte! –Hum,jecroyaisqu’onétaitcenséparlerdetoi,Anna,meditGauthierenprenantuneminegrave. J’ai oublié mes pensées soucieuses du réveil. Voir mon ami me lave complètement le cerveau. Malgrétout,Saskia,quialedondelasynthèse,résumelasituationdelaveilleenquelquesphrases directes.Gauthiernousgratified’unemouesongeuse,quejesoupçonnesurtoutêtrel’expressiondu mecpasréveillé. –Hum,jecroisquecetype… –…s’amuseavectoi,finissons-nousenchœuravantd’exploserderire. – Hé, change de disque, Lady Gogo ! pouffe Saskia. On voulait ton conseil avisé, pas que tu te répètes. –Ahoui?Voussous-entendezdonctouteslesdeuxquejeradotecommeunevieillerombière? nousdemande-t-ilavecunsourireamusé. Gauthieradorequ’onl’appelle«LadyGogo». –Plussérieusement,Anna,tunepouvaispastetrouveruncharmantjeunehommebiensoustous rapportsetpascompliqué?medemande-t-il. –TuveuxdirecommeJonathan?réponds-je. –Non,jeveuxdire,pascommeceténergumènequiressembleàMichaelFassbenderetquitefait traverserlescinquantenuancesdudouteetdelacrisedenerfs! – Non parce que question crise de nerfs, le genre qui paraît bien sous tous rapports comme Jonathanpeutêtresourced’emmerdesaussi,tusais?rétorqué-je. Gauthierhausselessourcils. –Jonathant’appelletoujours?demande-t-il. –M’appeler?réponds-je.Ilmeharcèle,oui.SMS,messagessurrépondeur,e-mails,j’aidroità toutel’artillerie.J’aifiniparcéderetj’aieuunediscussionavecluisurSkype,maisilneveutrien entendre.Ilrefused’admettrequec’estfinientrenous.C’estdécidé,dorénavantjefaislamorte! –Mouais,pascertainqueçalecalme,ditGauthieravecunemouedubitative. Uneombretraversel’écran,dansledosdeGauthier.Saskiaetmoirestonsbouchebée,muettes. –Quoi?faitGauthier.Pourquoivousfaitescestêtes? –Euh,onarêvéouc’estunepairedefessesdénudéesqu’onavupasserderrièretoi?dis-jeen riantbêtement. Gauthier se retourne brusquement. On le voit faire quelques petits gestes sur le côté, disparaître troissecondesdel’écran,puisrevenirlamècheencoreplusfollequ’avant. –C’estqui?demande-t-onenchœur. –Quelqu’un,répond-ilavecunpetitsourire. –Iladesfessesdrôlementbienfaites,commenteSaskia. –Desfessesdedanseur,non?ajouté-jecommesinousétionsseulementtouteslesdeuxàpapoter. Gauthierfaitsatêted’énervé,narinesdilatéesetboucheenavant. –D’accord!J’avouetout!C’estunhomme,dit-il. –Euh,àvraidire,onsaitencorereconnaîtreunhomme,commenteSaskia. – C’est Micha ? demandé-je, d’un air innocent. Coucou, Micha, ajouté-je plus fort cette fois, en agitantlamain. Saskia et moi voyons le beau spécimen de danseur approcher de l’écran, Gauthier faire une tête trèscomique,puislaconnexionestcoupée. Nous rions de bon cœur en nous affalant sur le canapé, ravies d’avoir retrouvé, même virtuellement, notre ami. Toutes mes interrogations d’hier soir sont maintenant effacées ! Bon, pas complètement oubliées, d’accord, je ne peux pas m’empêcher de jeter des coups d’œil sur mon portable pour voir si Dayton m’a envoyé un message… mais je me sens, malgré tout, plus légère, mêmesijesaisquecen’estqueprovisoire. Jepeuxfairesemblant,non?! Jesuismêmed’humeuràécrireunnouveaupostsurmonblog.Jem’ymetsaussitôtetrigoletoute seuleenrédigeantleprogrammeidéaldurelookingraté,enmefichantgentimentdeTwinkleetdeses tentatives en cuir moulant. Illustration à l’appui : Twinkle aux cuisses de poulet, juchée sur de véritablestoursEiffel,al’airauborddelacrisedenerfs.J’intitulel’article:«Commentressembler àn’importequoi,moded’emploi». Mes parents appellent, et j’échange joyeusement avec eux. Je ne laisse rien transpirer de mes aventuresdelaveille,niducafarddudébutdejournée.Jemesensbourréed’énergie.Jerassemble mesaffairesdedessinetm’apprêteàpartirmepromenerdansmanouvelleville.J’enprofiteraipour acheterquelquesrevuespourvoirquelleestlatendancedesarticles.Ilfauttoujoursallierplaisiret travail! La besace sur l’épaule, les clés en main, je suis arrêtée en plein élan par la sonnerie de l’interphone.Uneseconde,jem’enveuxd’espérerquecesoitDayton. –C’estJeffCoolidge,meditSaskiaquis’estprécipitéeavantmoiàlaporte.Lebeaublack,ajoutet-elleaprèsavoiractionnél’ouverturedelaportedurez-de-chaussée. Ellearboreungrandsourireraviethausselessourcilsd’unairenthousiaste.Jereposemabesace. Jeffesthabilléenmodecostard-cravate. BeaucoupmoinssexyqueDayton! Malgrétout,Saskiaal’airtoutdesuitesouslecharme. –Jenevoulaispasvousdéranger,Anna,jepassaisjustedanslecoinetjevoulaisprendredevos nouvelles. Biensûr,etprendrelatempératureaussi? Difficiled’oublierqueJeffestlemeilleuramideDaytonetqu’ilestcertainementaucourantdece qu’ils’estpasséhiersoir.Jefaisl’innocente,lafillecontentederecevoirdelavisite. – Eh bien, c’est gentil, Jeff, réponds-je sur un ton jovial. Ça va très bien, je m’apprêtais juste à sortir.MaisvousneconnaissezpasmonamieSaskia? Impossible d’éviter l’amie en question qui gesticule et supplie à la fois dans le dos de notre visiteurafinquejefasselesprésentations.JeffseretourneversSaskia,quisetransformetoutdesuite enfemmeexquise,séductrice,toutmiel. Quellestarlette,celle-ci! –Ons’estdéjàcroisés,minaudeSaskiaentendantunemainfrêlequeJeffenfermedanslasienne, gigantesque.L’autrejour,danslehall… –Oui,eneffet,répondJeff.Jesuisheureuxdevousrencontrer.Vousêtesplasticienne,c’estça? EnrésidencedansunegaleriedeBrooklyn? – Dites donc, vous en savez des choses sur moi, murmure Saskia qui passe en mode timide. On vousoffrequelquechoseàboire? TandisqueSaskias’affairederrièrelecomptoir,Jeffessaieavecdiscrétionetélégancedetester monhumeur,maisjenesuispasdupe. –Jeff,c’estDaytonquivousenvoie?luidemandé-jesansaucuneagressivité. C’estétrangecommelacommunicationaétéfaciledèsledébutaveccethomme.Jesensqu’ilpeut être un allié, que je peux lui faire confiance. Il ne prend pas mal ma question. Il a un petit sourire ennuyéethausselesépaules. –Non,Anna.Pourêtrefranc,ilm’aracontélascèned’hier,enfinlespetitsnumérosauxquelsvous avez eu droit avec Petra et Summer. Je me faisais du souci pour vous. Dayton tient à vous ; je le connaisassezpournepasendouter. Ilsecouelatêtecommes’ilnesavaitpascommentexprimercequ’ilasurlecœur. –LeproblèmeavecDayton,Anna,c’estquesavieestcompliquéeetqu’ellel’atoujoursété.Luia intégréça,maisiladumalàcomprendrequecenesoitpasaussisimplepourceuxquil’entourent. Jeluisouris.Cethommeestjuste.Ilestattentionnéetcalme.C’estletypefiableparexcellence. – Jeff, je crois que vous avez parfaitement résumé la situation, lui dis-je. J’en aurais été bien incapable.Merci. Ils’approchedemoietprendmesmainsdanslessiennes.C’estunepoigneforteetrassurante. –Jesuiscontentdevoirquevoustenezlecoup,Anna,dit-il.Daytonenvautlapeine,etjenedis pasçaparcequec’estmonamiet… Commenoussommessurlamêmelongueurd’ondes,jedevineaussitôtqu’ils’apprêtaitàdireque Daytonestaussisonpatron,mais,d’unrapidecoupd’œilversSaskia,jeluifaiscomprendrequ’il vautmieuxsetaire.Saskiadébarquejustementavecunplateauetdesverresdecitronnadequ’ellea préparéeelle-mêmecematin. Quellemouchel’apiquéepourqu’ellepasselamatinéeencuisine!? –C’estbiençaqu’onboitauxStates?dit-elled’unairenjoué. –Oui,danslesvieuxfilms,répondJeffenrigolant. Nous discutons une dizaine de minutes tous les trois, mais quand Saskia se met à envisager de transformer Jeff en modèle pour une série de tableaux, j’en profite pour m’éclipser et partir me promener comme prévu. Après tout, Jeff a l’air de se divertir en compagnie de Saskia. Ses projets loufoquesnesemblentpasluifairepeur. *** Jepassel’après-midiàflânerdanslesrues,àobserverdescoursd’école,desterrainsdebasket,à dessinerdesimmeubles,desdevantures.Jemarchemêmejusqu’audébutdupontdeBrooklynpour observerManhattandanslesoleil. DéambulermepermetderéfléchiràmonhistoireavecDayton.LepassagedeJeffàlamaisonm’a rassurée, mais il n’empêche que je n’ai toujours pas de nouvelles de mon amoureux depuis les incidentsdelaveille.Jenecomptepasl’appeler.Jen’aipasl’impressiond’avoircommisunimpair. C’estplutôtmoiquiaiétémalmenéehier.Çan’arienàvoiravecunacterebelleetimbécile. Ilmemanque… Sa voix, sa peau, les gestes que nous avons l’un pour l’autre, le plaisir que nous nous donnons, tout me manque et me revient en bloc, au point de m’en couper le souffle. Pourtant, nous nous sommesvusilyamoinsdevingt-quatreheures. Rapidement,lemanquesetransformeenpeur,etjecrainstoutd’uncoupquenotrehistoireaitdéjà tournécourt,qu’ilnemedonneplusdenouvelles,qu’ilsoitvexé,blesséouencorequejen’arrive pasàm’adapteràsavie… Héoh,stop! Alorsilmesuffitdeleverlesyeuxetdevoirlavieautourdemoi.Jefaispartiedecettevieaussi! *** Aprèscettelonguebalade,mesjambespèsentdestonnesquandjemontelesdeuxétagesjusqu’à l’appartement.Jem’arrêtedevantlaporte,carj’entendsdesvoixàl’intérieur. Dayton?!Maisqu’est-cequ’ilfoutlà? J’entre sans pouvoir contenir ma surprise. Je n’ai pas envie de faire la gueule, comme les filles fontsouventalorsqu’ellessonttrèsheureusesderevoiruntypemaisqu’ellesveulentluifairepayer quelquechose. Tiens,ilfaudraquej’enparledansundemesposts! Non.Bizarrement,c’estencoremoiquimesenscoupabled’avoirditcequejeressentais.Là,je suisjusteheureusequ’ilnem’enveuillepasetqu’ilsoitrevenudelui-même. Daytonestinstallédansunfauteuil.Ilestpenchésuruncartonàdessinsremplidesesquissesde Saskia. Mon amie – une seconde, je la traite intérieurement de traîtresse ! – observe Dayton pour mesurersonappréciation.Ilsontl’airdebiens’entendre. Jeresteplantéedansl’entrée.DaytonlèvelatêteversmoiquandSaskias’exclame: –Twinkle,tevoilàderetour! Daytonm’adresseunsourirelumineux.Sesyeuxbleuspétillent. Comment puis-je raisonnablement résister à Mr Rock, en tee-shirt gris à motifs arty, jean foncé slimetConverseblanches…? Argh,jecraque! Entre lui et moi, posé à même le parquet dans un colossal vase en verre, un énorme bouquet de fleurs de la taille d’une table ronde pour quatre personnes embaume toute la pièce. Nos regards se rencontrentau-dessusdesfleurs.Jeluisouris. –Bon,jevaispeut-êtrevouslaisser…ditSaskiaquisesentdetrop. – Non, reste, lui dit Dayton. Dès qu’Anna aura préparé son sac, on file chez mes parents en Virginie. Oh,c’estdonctoujoursauprogramme? Avant de disparaître sans discuter dans ma chambre pour préparer mes affaires, je dépose un baisersurleslèvresdemonamoureux,etilmeretientcontrelui.Pendantquelquessecondes,nous nousenlaçonscommesinousnenousétionspasvusdepuisdesjours.Çafaitdubiendelesentir,de letoucheretdemeréfugierdanssesbras.C’estévidentquemaplaceestbeletbienlà,contremon amoureux. *** Enhélicoptère,ilplaisante? Je me rends compte que j’ai pris l’habitude de suivre Dayton sans lui poser de questions. Je commenceaussiàavoirl’habituded’êtresurprisechaquefoisquejelesuissansposerdequestions. Quand nous descendons de voiture à la pointe de Manhattan sur le Pier 6, je marque un temps d’arrêt devant l’engin volant en face de nous. Les rotors font un bruit d’enfer, et mes cheveux s’envolent dans tous les sens. Je lève vers Dayton un regard interrogateur, un rien terrorisé. Il est radieux. –Quoi?Nemedispasquetun’esjamaismontéedansunhélico?medemande-t-ilavecunpetit sourireamusé. Jesecouelatête. –Alorsceseratonbaptêmedel’air,dit-il.Avecmoi… Il me prend par la taille et m’entraîne en courant vers l’appareil qui nous attend, pendant qu’un employédel’héliportportenossacs.Jetremble.Parcequej’ailatrouilleetparcequecettetrouille merendencoreplussensibleàlaproximitéducorpsdeDayton.Toussesgestes,pourm’harnacher, poserlecasquesurmatête,s’assurerquejesuisbieninstallée,déclenchentàchaquefoisunfrisson enmoi.Jenesuisrienentresesmains.Jemelaissefaireetc’esttellementbon… Lepilotenousannoncequeledécollageestimminent.Savoixrésonnedansnoscasques.Dayton serremesmainsdanslessiennesetm’embrassetendrement. Çayest,nousprenonsdel’altitudeetdelavitesse.Moncœurs’emballe.Daytonavraimentledon dememettredanstousmesétats.Jemesenssoudaintrèscoquineettactile. –J’aimebienm’envoyerenl’airavectoi,dis-jeavecunpetitregardaguicheur. –Levoldevraitdurerunpeuplusdedeuxheures,merépondlepilote.Lesconditionsmétéosont optimales. Daytonéclatederire. Lahonte,lepiloteatoutentendu! –Jecoupelacommunication,ajoutelepilote.Jevoussouhaiteunbonvol. LamaindeDaytons’aventuresurmacuisse. –Onvapeut-êtreattendred’atterrirpours’envoyerenl’air,non?medit-ilavantdedésignerla vueépoustouflantedelavillequis’éloigne. Levoyageestcaptivant.Jelepassebouchebée,leregardrivéàlavitre.Unmoment,jemetourne versDaytonetm’aperçoisquesonregard,plusdouxmaintenant,n’apasquittémonvisage. –Excuse-moipourhier,Anna,memurmure-t-ildanslecasque.Excuse-moidet’avoirbousculée depuistonarrivée. J’ailagorgenouée. –Jeneveuxpasteperdre,Anna. –Moinonplus,Dayton,réponds-je,lecœurgonflédebonheur. Le vol prend fin dans les temps annoncés par le pilote. Nous atterrissons au milieu d’une vaste étendueherbeuse.Danslesoircouchant,jedevinelalisièred’uneforêt.Nousdescendonsavecnos sacs et nous éloignons pour laisser l’engin reprendre son envol. Les rotors brassent l’air lourd en nousapportantunpeudefraîcheur.NousvoilàdansleroyaumedeDayton,làoùilvientsemettreau vert,àquelqueskilomètresdelamaisondesesparents.Jemetournealorsverslabâtissedonnantsur laclairière. –Jesupposequec’esttacabane?demandé-jeàDaytonquejesenssourireprèsdemoi. Unemaisondepierreetdebois,trèscontemporaineetauxvolumesallongéssefonddansledécor grandiose de la forêt. L’intérieur illuminé laisse deviner une façade presque entièrement vitrée donnantsuruneterrasseenbois,aussilargequelamaison. –Viens,meditDaytonenmeprenantlamainpourm’entraînerversl’escaliermenantàlaterrasse. Laterrassecomporteunepiscinedontl’eauéclairéediffuseunpeudefraîcheurdansl’airlourddu soir.Mesvêtementscollentàmapeauetmanuqueestmouillée.Laproximitédesboisnepeutrien contrelatouffeurdelajournéed’étéquiestencorelà.Nouslasentonsautourdenous.Elleposesur nospeauxunvernistiède,commeaprèsl’amour.Lebassinesttentant,vraiment. Dayton porte nos sacs à l’intérieur. Je reste sur la terrasse, fascinée par le décor et l’isolement. Daytonrevientavecungrandverred’eauglacéequ’ilmetend.Jeboissivitequel’eaudévalesurma gorgeetmouillematunique.Sonregard,surnatureldanslalumièredelapiscine,nemequittepas.Sa présence est animale dans un tel décor. Comme il est troublant ! Il ne parle pas, me fixe juste, et lentement fait passer son tee-shirt par-dessus sa tête. Dans la pénombre, le moindre muscle de son torseestsouligné.Sonsourireestgourmand.Jesuiscommeunebichetétaniséeparlespharesd’une voiture. –J’aienvied’unbaindeminuit,dit-ild’unevoixrauque. Ils’avanceversmoi,mainstendues.Unbrasiers’éveilledansmonventre. Immobile face à moi, Dayton effleure les contours de mon corps du bout des doigts. Sa caresse aérienneestcommeunebrisequifaitnaîtredesvaguesdefrissonssurmapeau.Ilrelèvemonmenton doucement,etseslèvress’avancentverslesmiennes.Saboucheentrouvertecouvresensuellementla mienne.Jesoupirecontrelui.MalangueflirteaveccelledeDayton,d’aborddefaçontaquine,puis, soudain,demanièrepluspassionnée. C’est toujours la même tempête qui nous dévaste, chaque fois que nous commençons à nous toucher. Nos mains partent à la conquête de l’autre. Je parcours son dos nu, caresse ses pectoraux. Daytonm’entourelataillepourmecolleràluidansungestesanséquivoque.Samainmaintientmon menton, et ses doigts se promènent sur mes lèvres alors que nous nous embrassons toujours. Cet effleurementsurnosbouchesquisedévorentesttrèsexcitant. Nosrespirationshaletantesseconfondent.Sesmainsdescendentverslatailledemonjeanetm’en libèrent,puisremontentversmatuniquedontildénouel’ouverturelacée.Soussoncontact,mapeau secouvredechairdepoule. –Tuasfroid?medemande-t-il. –Non,soupiré-je. Ilsereculepourm’adresserunsourirevorace. Dévore-moi! –Tuaslesjouesenfeu,Anna,murmure-t-ild’unevoixrauque,terriblementefficace. –C’estdoncquejen’aipasfroid,réponds-je,mesyeuxrivésauxsiens. Jemesensinsolenteetdésirée.J’aienviedeledéfieretdejouer.Jenesaispassic’estledécor,le vol en hélico, le fait qu’il soit revenu à moi avec ce bouquet de fleurs dans lequel j’aurais pu me cachertoutentière…Entouslescas,j’aienvied’êtrecequ’ilprovoqueenmoi. J’ai été surprise, au début, par le désir qu’il a réveillé chez moi, dès notre première rencontre, notrepremièrenuit.Cetrucanimalquim’embraseetmedonneenviedemesoumettreàmondésir… Cesoir,peut-êtreparcequenoussommesloindetout,perdusauborddecetteforêt,jemesenspleine d’initiatives.Jesuisenconfiance,etjeveuxluimontrercombien,moiaussi,j’aienviedelui. Jenelequittepasdesyeux.Ildoitsentirquejepréparequelquechose.Instinctivement,ilrecule d’unpas.Jesoulèvemesbrasetôtematunique. J’ail’impressionquenosyeuxlancentdeséclairsetquenoscorpssontenflammes. Je laisse tomber ma tunique par terre, puis envoie balader mes ballerines de deux élégants mouvementsdespieds.Jeluioffreunstrip-teaseimprovisé. Jefaisglissermonjeansurmescuissesenbalançantleshanchesetenserrantnonchalammentmes bras pour rassembler mes seins en un décolleté époustouflant. Une fois le jean sur les chevilles, je m’enextirped’ungracieuxpassurlecôté,surlapointedespieds.Jeprendsuneposeaguicheuseen stringendentelle,unemainsurlahanche,cambréeetprovocante.Daytonplisselesyeux,sonregard estcommedumétalenfusion. J’entrouvrelabouchepourpassermalanguesurmeslèvresenleregardantdroitdanslesyeux. Daytonesquisseunpetitsourireravi,etjelevoisprendreuneprofondeinspiration. Çatefaitdel’effet,hein? Étrangement,àmoiaussi,çafaitdel’effet.Jenemereconnaispas.Savoirqu’ilmeregardeetque jeluidonneàvoirmoncorpsavecimpertinenceenflammemonventre. Jeluitournesoudainledosetdégrafemonsoutien-gorge.Puisjefaisvolte-face,mainscroisées surmesseins,etavanceversluiàpasdevelours,leregardlourddedésir. Àquelquescentimètresdelui,jem’immobilise,etmesmainsquittentmesseinspourattraperles côtésdemonstringquejefaisglisserdelamêmefaçonquemonjeanplustôt,mepenchantenavant danslemêmemouvement. Noussommestoujourslesyeuxdanslesyeux.LamâchoiresculptéedeDaytonestplusmarquée danslapénombre.Ledésirletendetredessinecomplètementsonvisage.Ilestencoreplussexy. Regarde-moi,Dayton… Enmepenchantpourôtermalingerie,j’effleuresonventredemeslèvres.Jepointeleboutdema langueentremesdentsettraceuncheminhumideverslatailledesonjean.Daytonpousseunlong soupir. Je vois les muscles de ses avant-bras jouer sous sa peau. Il résiste. Je suis certaine qu’il aimeraitmeprendretoutdesuite,maisilaimejouer,jelesais,etmoi-mêmej’yprendsgoût. Le string finit sur la terrasse en teck et moi, à genoux devant le maître des lieux. Toujours impassible, il se contient, même si cela semble devenir difficile pour lui, d’après ce que j’ai à quelquescentimètresdemesyeux.Sonjeanesttendu. Daytoncreuseleventrequandilvoitmesmainsseleververslui. –Tuesserrélà-dedans,jevaistedéshabiller,dis-je. Mavoixmesurprend.Elleestchaude,rauque. Voilàunenouvellechosequejedécouvre:l’espècedefemmesauvagequisecacheenmoi.Cela seraitimpossible,jecrois,siDaytonn’étaitpascethommeaccompliquiaconfianceensondésiret dans le plaisir qu’il peut donner. Je veux le surprendre. Je veux lui montrer que j’ai faim de lui. Tellementfaim. JedélassesesConverse®,etils’enlibèrededeuxmouvementsrapides,puismesmainsremontent lelongdesescuissespuissantes.Macaressen’estpaslégère.Jeveuxsentirsaforcesousmesdoigts, sachaleurautraversdelatoiledujean.Arrivéeàlataille,jeledéboutonne,puislèvelatêteverslui. Ilalesyeuxbaisséssurmonvisage.Ilguettelemoindredemesgestes. Jefaisglisserlejeanlelongdesesjambes,puisc’estleboxer-shortquisuitlemêmechemin.Je laisseDaytonsortirdesesvêtementsplisséssursespieds,puisjemeremetsenpositiond’adoration devantlui,lesdeuxmainsaccrochéesàsescuisses. Bonsang,quelspectacleimpressionnant… Ma gorge est serrée. Je sens mon sexe se mouiller et gonfler d’excitation. Rien que la brise du soir,fraîchesurmapeau,agacemesseinsquisetendent.Jemeredressepourlesfrotterdoucement contrelescuissesdeDayton.Sesmainsseposentsurmescheveux.Cegestemefaitfrissonner.Jesuis lafemmequilecontente,etilesttellementvulnérabledevantmoi. –Jen’aipasfroid,chuchoté-je.J’aifaimdetoi. C’est comme un avertissement. Aussitôt, je sors ma langue pour lécher son sexe sur toute sa longueur.Mesmainssontmaintenantagrippéesàseshanches,etjemeredresseetm’abaisseaugré de mes mouvements sur son sexe. Il grogne de plaisir quand ma bouche coiffe son gland et que je l’aspireavecavidité.J’adoresongoût,latexturedesapeaufinecontremalangueetmonpalais.J’en ai l’eau à la bouche, et mon sexe est immédiatement inondé de la même moiteur. En bas aussi, j’ai faim. Soncorpsestbrûlant.J’ensenslachaleurcontremonvisagequand,d’unemain,j’empoigneson sexepourlesuceravecplusdepassionencore. Daytonplielégèrementlesjambesetavancesonventreverslesattentionsquejeluiprodigue.Ses doigtsemmêlentmescheveux,etilgrognedeplaisir.J’aivéritablementl’impressionquetoutecette naturequinousentoureattiselasauvagerieennous.Jenemeposepaslaquestionqu’onpuissenous surprendre. Nous sommes seuls au monde. Je mets tant d’énergie à dévorer son érection qu’on pourrait croire que ma survie en dépend. Je m’excite à le sucer. Mes hanches se mettent à rouler malgrémoi.Jenemecontrôleplus. –Attends,dit-ilsoudainenécartantmonvisagedesonsexe. Jelèveunregardétonnéetinnocentverslui. Tropd’émotions,MrRock? Ilsaitàquoijejoueetsonpetitsourireenditlong. –Tum’asl’airbienénervée,Anna.Onn’avaitpasparléd’unbaindeminuit?metaquine-t-il. Sansquej’aieletempsderéagir,ilsebaisseetmeprenddanssesbras.Puis,entroisenjambées énergiques,noussautonsdanslapiscine.J’aijusteletempsdepousseruncridesurpriseetd’effroi enanticipantl’eaufraîchesurmapeaubrûlante.Nousrefaisonssurfaceaumilieudesremous.Dayton afficheuneexpressiondeguerriervainqueur. O.K.,tuasgagnélapremièremanche… Nouséclatonsd’unfourirepleindedésir.L’eaunousarriveàlatailleàcetendroitdubassin. Daytonnem’apaslâchéeetmeserrefortcontresoncorpsnu.Sonexcitationaàpeinefaibli.Je sensànouveausonérectionpoussercontremonventrealorsquenousnousdévoronslabouchede baisers. Ses mains dérapent sur mes seins, déjà durcis par la température de l’eau. Il met dans ses caressesuneénergiepresqueincontrôlable.Ilenglobemesseins,puisenpincelesbouts.J’écarteles cuissesparréflexe.Cethommefaitdemoiunefemmeimpatiente. –Tuveuxjouer,mabelle?memurmureDaytonenmemordillantleslèvres.Tuveuxjouer,c’est ça? Jerejettelatêteenarrière,lescheveuxdanslesyeux.C’estàpeinesijepeuxvoir.Jemenoiesous sescaressesetsesbaisersgourmands. Unenouvellefois,ilmesurprendenmesoulevantd’uncouphorsdel’eau,àboutdebras,eten me déposant sur le bord de la piscine. Mon dos épouse le bois, encore plein de la chaleur de la journée. –Moiaussi,jeconnaisunjeu,medit-ilenserapprochant. Il m’écarte les cuisses. Mes fesses sont juste posées sur le bord du bassin, et il plonge le visage versmonsexeoffert.Jemecambresanspouvoirmecontrôlerquandsabouchesecolleàmavulve pourenaspirerlamoiteur.Daytons’amuseavecmonclitoris.Ilalternesuccionetcoupsdelangue.Je suistraverséededéchargesélectriques,lesreinsclouéscontreleboisparsesmains. Enm’entendantgémir,Daytonseredresseetsecollecontrelebord.Unemainremonteversmon sein tandis que l’autre presse contre mon sexe, en en écartant les lèvres. Je remonte les genoux et soulèvemesreinspourm’offrirdavantageàsacaresse. –Tuaimesjouer,Anna?medemande-t-ildesavoixgrave. –Oui,oui,réponds-jeengeignant. Leplaisirvoyaged’unboutàl’autredemoncorps.Ilestfluctuantetélectrique. –Tuaimescequejetefaisoutuenveuxplus?medemande-t-ilencore. –Oui,oui,répété-je,haletante. Sesmainsm’abandonnent.Ilsehissesansaucuneffortsurlebordetmesoulèveànouveaudans ses bras. Nous nous éloignons de quelques mètres de la piscine. Je retrouve vite le contact du teck chaud contre mon corps. Dayton fouille dans la poche de son jean resté au sol et en sort un préservatif.Sesgestessontprécisetrapides.Jeleregardel’enfilersursonsexedresséetjetrouveça tellement excitant parce que je sais ce que ça veut dire… Il est debout, le regard baissé sur moi, allongée.J’attends.J’attendsqu’ilsepenchesurmoietqu’ilmecouvrecommeunfauve.Ils’abaisse etm’écartedenouveaulescuissesavantdesemettreàgenouxentremesjambespliées. –Onnejoueplus,Anna,chuchote-t-il. Ilpassesonavant-brassousmesfessesetmerelèvecontresonventre.Jemeretrouveappuyéesur lesépaulescontrelebois,complètementetvolontairementàsamerci.Nousreprenonsnotreéchange deregardsbrûlants.Sesyeuxmedisent:«Jevaisteposséderettefairejouir.».Lesmiensrépondent sanshésitation:«Prends-moi.». De sa main libre, il caresse d’abord doucement mon sexe, qui se gorge d’une nouvelle moiteur. Lentement, il introduit un doigt, puis deux en moi. Il va et vient doucement, dessine des ronds qui élargissent mon vagin. Je pousse sur mes épaules, rehausse encore plus mon bassin. Je n’en peux plus… Alors,d’uncoup,ilmepénètreets’enfoncecomplètementenmoi.J’enailesoufflecoupé.Ilne bouge plus, son sexe englouti dans la chaleur du mien. Ma respiration saccadée contraste avec son soufflecalme.Ilm’observe,medévisage.J’aienviedeluimontrercombienjemesensvulnérableet fragilequandilmeprendcommeça. Memaintenantfermementrelevéeentresesmains,ilcommencealorsàalleretvenirdetoutela longueurdesonmembre.Letempsqu’ilprendàs’enfoncer,puisseretirerestcruellementdélicieux. Toutes mes sensations sont exacerbées. Il accélère progressivement le rythme, et bientôt, c’est à grandscoupsdereinsqu’ilmepilonne,monbassintoujoursensuspensau-dessusdubois.Messeins tressautentàchaquepousséeénergiqueenmoi.Ilponctuesesélansderâlesrauquesquim’excitent. Nosgémissementsseperdentdanslanuit.Laforêtavoisinantelesétouffe.Enflamméeparsesrâles, mes petits cris se font de plus en plus vifs, jusqu’à ressembler à ceux d’une bête sauvage. Aux réactionsdel’un,l’autrerépondaussitôt.PlusDaytonmepilonneetplusjecrie.Plusjecrie,plusses mouvementssonténergiques.Lesvibrationsdesesassautsfontgrimperleplaisirchaquefoisunpeu plus.Moncœurs’emballeetmonventresetend.JeserremonsexeautourdeceluideDaytonpour mieuxlesentir,amplifiernotreplaisir. Quandildevinequejevaisvenir,àmarespirationsoudainstoppée,àmeslèvresentrouverteset mesyeuxgrandsouverts,Daytonrepassesonavant-brassousmesreinspourselibérerunemain.Je suisàlisièredel’orgasme,maisc’estluiquidécide.Ilestmeilleurjoueurquemoi.Cuissesécartées, sexeouvertetremplidelui,jecapituleenfinquand,desamainlibre,ilsemetàagacermonclitoris. Jem’arque,commeprisedeconvulsions,etlanceuncriquidéchirelecielétoilé.C’estensuiteque lavaguedechaleurserépanddemonventreàtousmesmembres,lesvidantdeleurtension. Dayton me repose alors sur le bois et s’allonge sur moi. Nos corps, plus détendus, s’adonnent alors à une danse proche de celle des vagues. Mes mains, posées sur son dos, perçoivent le mouvement de houle de ses reins, puis il se tend une dernière fois entre mes cuisses et râle, tête rejetéeenarrière,avantderetomberavecdouceurcontremoi. Enlacés,collésl’uncontrel’autresurtoutelalongueurdenoscorps,nousreprenonsdoucement notre souffle. Dayton a niché son visage dans le creux de mon cou et, très vite, je sens ses lèvres déposerdetendresbaiserssurmapeau. Biensûrqueçan’estpasqueduplaisirsauvage,uneattirancefolle,maisc’estindéniablequenous sommescommepossédésl’unparl’autre. 3.Homesweethome Quelquesgouttesd’eauperlentencoresurnospeauxaprèsnotrebaignadepassionnée.Jerepose souslecorpsnudemonamant.Jesuisbienincapabledecomprendreetdedécrirecequimeprend toutlecorpsquandDaytonestprèsdemoietquandjesensqueledésirs’emparedelui.Noussavons que nous nous désirons. Nous connaissons la force de notre plaisir, et plus rien ne peut alors nous arrêter. La fraîcheur se pose sur nous peu à peu à présent que nous sommes immobiles, allongés sur le boisdelaterrasse.LesmainsdeDaytoncaressentmonvisage.Nousnousdévisageonsensilence,et celangagedesyeuxnoussuffit.Soncorpscouvrelemienetleprotègedelanuit.Jefermelesyeux. Jesuisheureuse. *** J’aimeassezlaconceptiondeDaytond’unbaindeminuit…C’estbeaucoupmoinsdéplaisantque fairedeslongueurs.N’empêche,nousavonsdûbrûlerpasmaldecalories! Lafraîcheurdelanuitquis’installemeréveille.Nousnoussommesassoupisdanslesbrasl’unde l’autre,encorebrûlantsdenotreétreintesensuelle. Quand j’ouvre les yeux, blottie contre Dayton, j’ai l’impression d’être une héroïne de contes de fées endormie dans une clairière et se réveillant, couverte de rosée. Les bruits de la forêt voisine plongéedanslenoirsontàlafoisapaisants…etterrifiants. Çadoitêtrepleindegrossesbêtesaffamées,non?Toutnussurlaterrasse,ondoitjusteressembler àdesgrossnacksàconsommersurplace! Je remue gentiment l’épaule de Dayton. Je viens d’entendre des mouvements tout près, un bruissementdefeuilles.J’aitellementlatrouillequejen’arrivepasàprononcerunmot. Jesecoueànouveaumonamoureuxquidortprofondément,enespérantqu’ilseréveilleàtemps pournoussauverdelabestiolehostilequis’apprêtesûrementàbondirsurnous. Ilouvrelespaupièresetmesourit. Ah,c’estpaslemoment.Onvacreverdans5minutes! –Dayton,parviens-jeàarticulerd’unevoixétouffée.Ilyauntrucquibouge. – Comment ça ? répond-il. J’avais pourtant l’impression de dormir profondément et d’avoir été toutàfaitcontenté. Jefaisdesyeuxronds.Ils’écartedemoipourjeteruncoupd’œilverssonbas-ventre. –Non,cen’estpasmoiquibouge,ajoute-t-ilpourmetaquiner. –Rhoo,cen’estpaslemomentderigoler,dis-jeenappréciantmalgrétoutsontraitd’humour.Y’a untrucquibouge,jetedis.Ilyadespumasoudesoursdanslecoin? Daytons’assiedavantdeseleveretdemetendrelamainpourm’aideràmeredresser.Nudansla nuitétoilée,ilestunpeucommelepremierhommesurTerre. Bonsang,sitousétaientàsonimage,quelbordelilyaurait! –Lesgensducruracontentavoirvuunecréaturelégendaire,dugenremonstre,unloup-garou,je crois,poursuit-ilenprenantl’airgrave,maiscenesontquedesrumeurs.Àmoinsque,attends…où estlalune?dit-ilentournantlesyeuxetenportantsoudainlesmainsàsoncou.Jesensqu’ilsepasse dedrôlesdetrucsenmoi. Jesoupire.Malgrétout,jesuissoulagée.Apparemment,riennel’impressionne.Nousramassons nosaffairesrestéessurlaterrasseetpénétronsdanslamaisonilluminéeentenued’AdametEve. –Oui,c’estvrai,jesensunebêtesauvageseréveillerenmoi,memurmure-t-ilenmeprenantpar latailleetenm’attirantàlui. Déjà?Encore? –Tusaiscequ’onvafaire?ajoute-t-ilenmemordillantl’oreille.Jevaisallumerlefeudansla cheminéeetnousallonsprendreunedouchepourvoirsil’enviedetedévorermereprend. Jemetortilledeplaisiranticipéentresesbras. Aprèsnotredouchetorride,noussortonslesvictuaillesquinousattendaientdansleréfrigérateur etdînonsàlalumièredesflammes.Lasoiréeseprolongeamoureusementdevantlefeu.Cedoitêtre lacampagne,l’isolement,lecalme,jen’ensaisrien,maisnoustrouvonslemoyendenousrendormir àmêmelesol,surletapisdelainemoelleuxdevantlesbraisesrougeoyantes. *** LejourestlàdepuisunbonmomentquandDaytonsortdelamaisonpourvenirmerejoindredans laclairièreoùjemesuisinstalléepourfairedel’aquarelle.Enville,onn’apasbeaucoupl’occasion d’avoirdetelsdécorsàpeindre. Ilmetendunmugfumant. –Tuesunefemmeàthé,toi,j’ensuissûr,medit-ilens’asseyantprèsdemoisurlacouvertureque j’aiétaléesurl’herbe. Jeluisouris,ravie,enreniflantl’odeurduthénoiràlabergamote. –Bonjour,hommedesbois,dis-jeenfuretantdumuseaudanssoncoupourl’embrasser. Il sent bon, il est beau partout, en toutes circonstances, c’est juste fou. Beau en costard Mr Business, beau en Mr Rock quand il joue de la guitare sous les projecteurs, beau en pleine nature, piedsnusetlescheveuxébouriffés,plissantdesyeuxdanslesoleil. Neserais-jepasoutrageusementamoureusedecethomme,moi? Ilpassesonbrasautourdemesépaulesetjetteuncoupd’œilappréciateursurmespeintures. – Tu sais tout faire, Anna. Tu regardes autour de toi et tu es capable de tout traduire en traits et couleurs.Jesuisadmiratif,dit-ildoucement. Jerougis. –C’estcommetoipourlamusique,réponds-je.Çaveutdirequ’onaunecertainesensibilité,non? –Eneffet,répond-il. Ilsouritcommes’ilseréjouissaitintérieurementdecetraitquenouspartageons,puisilsortdesa rêveriepourreprendreuntonpluspratique. –Ilfaudraitnepastroptarderàpartir,dit-il.J’aiprévenumesparentsquenouspasseronstoutela journéechezeux. *** Comme le réfrigérateur était plein quand nous avons eu faim, une voiture nous attend dans le garage de la maison de campagne de Dayton quand nous partons pour rejoindre la demeure des Reeves. Ildoitavoirdespetitslutinsquitravaillentlanuitpourlui… Jemontedansle4x4genrebaroudeurdeDayton,etjecomprendsvitequecen’estpasjustepour lestylequ’ilacegenredevéhicule.Pasuneseulefoisaucoursdutrajetjusqu’àlafermerestaurée desReevesnousn’empruntonsunevoiegoudronnée. Nous roulons, vitres baissées, dans la forêt traversée de puits de soleil. Ça sent la terre un peu humideetlesfeuillesvertes.Jerespireprofondément.Daytonconduit,unemainsurmacuisseetme lancedetempsàautreunregardtrès… amoureux? –Jesuiscontentdeteprésentermesparents,dit-il.Chezeux,c’estunvraihavredepaix,tuvas voir. J’ai eu de la chance d’y être placé. C’est pour ça aussi que j’ai décidé de faire construire ma cabanedanslecoin.J’aimebienvenirm’yressourceretcomposerdanslecalme. Jenerépondsrien.Jeleregardebéatementetsavourecesconfidencesintimesqu’ilmefaitsans que je le pousse à l’aveu. C’est un autre Dayton que je découvre : simple, joyeux et enthousiaste. Malgré les changements d’humeur et de lieux, notre complicité semble toujours la même. Forte et naturelle. Auboutd’unedemi-heure,nousdébouchonsducouvertdesarbresetcontournonsunegrangeen boispeinteenrougepouratteindreunefermetypique,entouréed’unegaleriecouverte.Jem’attends presqueàvoirsurgirungaminensalopetteenjean,tachesderousseuretbrindepailleaubec,pieds nusdanslapoussière,TomSawyerquoi…Mais,enguisedesalopette,jevaisdevoirmecontenterde cellevertpommedeSummer,installéesurlabalancelleavecunbouquin. Enentendantlavoitureapprocher,lajeunefilleselèveetdisparaîtàl’intérieurdelamaison. Bonjourl’accueil!Çapromet… –CommentestvenueSummer?demandé-jeàDaytonquandilsegare. –Lechauffeurl’aconduitehier,répond-ilavantdemelancerunclind’œil.Tuesprête? –Toujoursprête,c’estmadevisedescout!réponds-jeavecunrictusnerveux. Ouhlà,jesuisstressée,moi.Onn’estpaspotes,nonplus! –Oui,ça,jelesaisquetuestoujoursprête,chuchote-t-ilensepenchantpourmemordillerlelobe del’oreille. Çafaitaussitôt«boum»dansmonventre.Moncœurseprendlespiedsdansletapis,etlespointes demesseinssetransformentenbétonarmé. Euh,c’estpeut-êtrepaslemomentdemechauffer… Jesorsàtoutevitessedelavoitureavantd’enflammerl’habitacle. AlorsqueDaytonetmoinousdirigeonsverslamaison,uncoupledanslasoixantaineapparaîtsur lepalier.CeseraitunevéritablepublicitépourlaviesaineàlacampagnesiSummernesetrouvait pasjustederrièreeuxavecsesdreadlocksetsespiercings. LajoiedeKathyetGrahamReevesestvisiblesurleursvisages.Daytonétreintchaleureusement sesparentsadoptifs,avantdesetournerversmoietdem’attireràlui,unbrasautourdesépaules. –Jevousprésente,Anna,dit-il. Jenoteaussitôtlasurpriseagréabledansleregarddesesparents. – Anna est française, mais sa mère est américaine alors, vous allez voir, son anglais est impeccable. Elle vient de s’installer à New York pour lancer sa carrière de journaliste. Elle est bourréedetalents! Toutçamegênebeaucoup.KathyetGraham,toutsourire,m’accueillentd’unefranchepoignéede mains. –Noussommesravisdeterencontrer,Anna,meditKathyenfaisantdurerlecontact. Euhoui,cen’estquemoi,hein,riend’exceptionnel… Uninstant,jetrouvequeleurenthousiasmeestvraimentexagérépourlacirconstance.Daytonest bel homme – sorry, super bel homme ! – et je ne suis certainement pas la première conquête qu’il présenteàsesparents. Apparemmentjemetrompe,etjelecomprendsvitealorsquejefileuncoupdemainàKathypour mettrelatable. –Tusais,Anna,c’estlapremièrefoisquenousrencontronsuneamiedeDayton,meconfie-t-elle en posant gentiment la main sur mon bras. Nous commencions à croire qu’il ne tenait pas à vivre quoiquecesoitdesérieux. Voyantmamineahurie,ellepoursuit: –Oh,Summernousparleparfoisdesfemmesqu’ilapufréquenter,mais,selonelle,ilnefaitque lesfréquenter…Cesontdesfemmesqu’ilneprésentepas,m’explique-t-elle. – Je suis heureuse de vous rencontrer aussi, Kathy, dis-je, embarrassée. Cela me semblait importantpourcomprendrequiestDayton.C’estunhommetrès…mystérieux. Kathy acquiesce. La discussion tourne court quand Dayton, Graham et Summer entrent dans la pièce. –Mmm,çasentbon,faitDaytonensefrottantlesmainsetenprenantsamèredanssesbras. Lerepassedérouledanslabonnehumeurgénérale.LesparentsdeDaytonnesontnicurieux,ni invasifs. On croirait qu’on se connaît tous depuis toujours. Même Summer paraît transformée. Elle plaisante–àsamanièreunpeubourrue,certes!–,etonsentqu’elleestchezelle,àl’aiseetenpaix. Elleestmêmecapabledephrasesdeplusdetroismotsnecomprenantpassonmaudit«benouais». JelasurprendsplusieursfoisàposerunregardaffectueuxsurKathyetGraham. Kathy nous apprend que la jeune fille a prévu de rester quelques jours à la campagne avant la rentréeàlafac. Trèsbien,unpeud’airpournous… Jem’enveuxaussitôtdepenserunechosepareille.Cequ’elleadûvivreavantd’atterrirchezles Reevespuisd’êtrechaperonnéeparDaytonexpliquesansaucundoutesoncomportementméfiant. C’estlemomentaussiderencontrerlapetitepensionnairedelamaison,unefillettede2ansqui marche tout juste et parle encore moins. Elle a été placée chez Kathy et Graham le temps de l’imbrogliojudiciairedontellefaitl’objet. JesuistouchéeparlesgestesattentionnésdeSummeretDaytonvis-à-visdelapetitefillecraintive. Àtable,là,aumilieudetoutescespersonnesquirientetdiscutent,jesongequ’elleaeudelachance detomberdansuntelfoyer. –Nousnesommesplustoutjeunes,déclareKathyaveclafillettedanslesbras.Tonpèreetmoi n’avonspluslamêmeénergie.Ceseracertainementladernièreenfantquenousprendronsici. Après le repas, Graham sollicite Dayton pour venir l’aider à quelques travaux de bricolage. Je soupçonne une manœuvre pour que Kathy et moi puissions rester seules. La mère de Dayton m’entraînedanslegrandpotagerpourrécolterdestomates. Kathyestunefemmetrèsfacileetcordiale.Jesensenelleunepatienceetunedouceurénormes. Lesenfantsdoiventsesentirensécuritéauprèsd’elle. Alorsquenousdiscutons,surtoutdemoietdepetitsriens,depuisquelquesminutesenchargeantle panierdefruitsparfumés,jemelance: –Kathy,celavousdérangeraitdemeparlerdeDayton? Ellelèveversmoiunregardinterrogateurcommesimaquestionétaitunpeuvague. –Ehbien,poursuis-je,enfait,jeneleconnaispasdepuistrèslongtempsetilm’arévélétellement dechosesétrangessursaviequejesuisparfoisunpeudéboussolée. Nousnousfixonstouteslesdeuxbêtement. Bon sang, de quoi ai-je le droit de parler au juste ? Sait-elle à propos de DayCool ? Ce serait étonnantqu’ellenesoitpasaucourant…Ohmerde,Dayton,sitavieétaitunpeuplussimple,jen’en seraispaslà! –Tusaisàproposdesasociété,Anna?medemandeKathyenmedévisageant.Maisoui,tusais, sinonDaytonnet’auraitpasamenéeici.Ilgardetoutsecret.C’esttoutourienaveclui.J’aiapprisà composeraveccetraitdecaractèrechezmonfils. Jesoupire,soulagée. –Oui,jesais,dis-je.Enfait,ilm’aunpeutoutbalancéenvrac.Jen’aiapprisqu’avant-hierqu’il avaitétéadopté,maisjenesaisriendescirconstancesdecetteadoption.Peut-êtrenesouhaitez-vous pasenparler,Kathy? – Viens t’installer là, me dit Kathy en se dirigeant vers un muret au bord du potager, à l’ombre d’unpêcher. Jelasuisetmelaissebercerparladoucemusiquedesesconfidences.Kathygardeleregardperdu auloin,danslesarbres,commesil’histoiredesonfilsyétaitinscrite. – Dayton nous a été confié à l’âge de 4 ans, commence-t-elle. Il avait été retrouvé à Charleston, déposédevantunpostedepoliceavecriend’autrequequelquesvieuxvêtementssurlui,uneguitare pour enfant, un tatouage bizarre sur le bras et une note spécifiant qu’il s’appelait Dayton et que sa mamannepouvaitplusl’élever.Ilétaitmaigreàenpleurer. Ma gorge se serre. C’est difficile à imaginer quand on voit Dayton aujourd’hui, cet homme accomplietsûrdelui. –Daytonatoutd’abordétéplacédansunfoyer,maiscelas’estmalpassé.Ilarefusédesenourrir. Il refusait de parler aussi. On a voulu lui enlever sa guitare, et, aussi incroyable que cela puisse paraître,ilaessayéd’attenteràsesjours,à4ans!Dieusaitcommentilaputrouverl’idéedesefaire dumal.Jesuisterrifiéequandj’essaied’imaginercequ’ilapuvivredanssapetiteenfance.Çava, Anna?medemande-t-elleenposantunemainsurlamienne. Jehochelatête. –Mais,parfois,ilarriveunmiracleaumilieudelatragédie.Ilsetrouvequel’assistantesociale responsabledesondossierétaituneamie.Elleapenséquenouspourrionsluifairedubien.Graham et moi n’accueillions alors que des enfants de manière provisoire. Il fallait s’occuper d’eux, leur apporter de la stabilité, sans se substituer aux parents. C’était la première fois que nous avions un enfantabandonnéetjecroisque,naturellement,nousluiavonsdonnétoutnotreamour. Kathyestémue.Àvoirsesyeuxbriller,leslarmesmeviennentpresque.Jesourisetluipressela mainàmontour. – Ça n’a pas été simple au début, tu sais, Anna, poursuit-elle. Dayton avait de terribles terreurs nocturnes.Ilhurlaittouteslesnuitsetfinissaitpardormirparterredansuncoindesachambre.Nous nepouvionsl’approchersansqu’ilsemetteàtremblerouqu’ilseprotègedesesbras.Mais,ils’est passéquelquechoseentreGrahametlui.C’estarrivéparlamusique.Grahamécoutaitcequecepetit bonhommegrattaitsursoninstrumentetilreproduisaitlesnotesaupiano.Puis,Grahams’estmisà inventerdesparoles,etDaytonàaccepterdemettredesmotssurlesnotesqu’iljouait.C’estàpartir delàqu’ils’estsentimieux.J’aipuàmontourl’approcher.Chanterétaitimportant.Jemesouviens,il seblottissaitdansmesbraspendantquejefredonnaistoutcontresonoreille. Kathy secoue la tête et porte la main à sa bouche pour réprimer un sanglot. Je la prends naturellementparlebraspourluiassurerquecetteémotionmetouche. –Nousavonssupresqueaussitôtquenousl’adopterions.Ilétaitlefilsquenousn’avonsjamaispu avoir.C’étaitledestinquinousl’avaitamenépourquenousluidonnionstoutnotreamour,pourque nousleguérissionsdesespeursetdesatristesse. –Etcequevousluiavezdonné,Kathy,afaitdeluiunhommeexceptionnel.Çasevoit,luidis-je doucement. –Ilagrandiensuitecommen’importequelautreenfant,ilmesemble,continuelamèredeDayton. Jemesuistoujoursdemandés’ilessaieraitderetrouversesparents.Çan’apasloupé.Sapassionpour l’informatique était certainement motivée par l’envie de découvrir la vérité. Il a fait des bêtises, comme n’importe quel adolescent. Il a essayé d’atteindre des informations dans le serveur des servicessociaux,mais,nonseulementiln’arienapprisdeplusquecequ’ilsavaitdéjà,mais,enplus, ils’estfaitpincer.C’étaitstupidedefaireça,maiscommentluienvouloir?reconnaîtKathy.Ceque tu connais de lui aujourd’hui, Anna, c’est vraiment lui. Ce fou de technologie et de musique, qui jongleentresesdeuxpassionstoutenvoulantrestersecret.Jecroisqu’ilnefautpasoublierquesa naissanceestunsecret,unmystère.Ilgarderatoujourscetteambivalence,explique-t-elle. – Je crois avoir en effet senti cette guerre qui se livre en lui, Kathy, dis-je. C’est parfois déconcertant,maisjecroisquec’estplusfortquelui. –TuascomprisbeaucoupdechosessurDaytonenpeudetemps,Anna.C’estunhommegénéreux etbon.Tupeuxenêtreconvaincue.Commejetedisais,ilapufairedeserreurs,maisilaeulachance d’avoir,sursonchemin,despersonnesquiontsul’aideretl’accompagner. –JesupposequevousparlezdeJeffCoolidge?demandé-je. Kathyacquiesce. –Jeffestunhommedeconfiance.TupeuxtefieràluisiDaytontebouleverseparfois.Jetedis toutça,Anna,parcequejesensquetuesunepersonnehonnête.Daytonnet’auraitpasamenéeicis’il nelepensaitpasaussi.EtSummerm’aparlédetoiégalement. Tiensdonc,ellem’arhabilléepourl’hiveràvenir? Devantmonairsurpris,Kathysourit: –Oh,jesaisqueSummerestloind’êtresimple.Ellepeutmêmeêtretrèsdéplaisante,mais,comme Dayton,elleaeusonlotdemalheurs.Onpourraitdirequ’ellen’apasdechancecarellesaitd’oùelle vient.Etcen’estpasfacileàvivretouslesjourspourelle. –Vouscroyezqu’ellem’enparlera,Kathy?Parcequ’eneffet,ellen’estpasfacileàcerner,avouéje. –Summerestarrivéecheznousàl’âgede10ans,aprèsavoirétéretiréeàsesparentsdrogués.Il fautoublierd’oùellevientetlaprendrecommeelleest.Ellesebatelle-mêmepours’ensortir,mais c’estencoreuneenfantet,commesouventlesenfants,ellesecroitresponsabledetouteslesmisères queluiontfaitsubirsesparents.Paslapeined’ensavoirplus.Daytonlaprotègecommeungrand frère.Ilparaîtêtreleseulàpouvoirgérerseshumeurscapricieuses,etellelerespecte.Situaimes Dayton,elleterespecteraaussi. Jenesaispasquoirépondreàça.Daytonmesauveenapparaissantauboutduverger. –Anna!m’appelle-t-ild’unairenjoué. Jesuissubjuguéeparcethomme.Ils’approched’unbonpas,arrachantunegrandeherbefolleau passage, sa chemise en jean largement déboutonnée, véritable gravure de mode pour Levi’s®. Mes yeuxnelequittentpasetungrandsouriresedessinesurmeslèvres.J’aijusteenviedememettreà courirverslui. –Ohoui,tul’aimes,Anna,çasevoit,meditdoucementKathyquim’observe. Elletapotegentimentmamainenselevant. –Etj’aicommel’impressionquec’estréciproque,ajoute-t-elle,avantqueDaytonnousrejoigne. *** Lajournéesefinitparunelonguepromenadeàchevaldanslesétenduessauvagesdesalentours. Dayton m’a tout d’abord proposé de m’apprendre à monter car les Reeves possèdent quelques chevaux. J’ai accepté en faisant mine de découvrir à quoi ressemblait un équidé. Je me suis bien gardéedeluiavouerquej’avaispratiquél’équitationdansmajeunesse. J’aitousmesGalops®,moi! Daytons’estefforcédem’expliquergentimentlesrudiments.Aprèstout,c’étaitsiagréablequ’il s’occupedemoiavecautantdepatience,pourquoim’enpriver? Mais, quand j’ai enfourché mon destrier, c’est lui qui a été sacrément surpris ! Je suis partie au petit trot enlevé, et comme ma monture m’avait l’air assez bien dressée, je lui ai fait dessiner quelquesfiguresquiontlaisséDaytonsurlesfesses. Puisilaéclatéd’ungrandriredegosse. –Tum’aseu,Anna!m’a-t-illancéalorsquejepartaisaugalop. –Tumeprendsvraimentpourunetruffe,DaytonReeves!ai-jecriéenriant. Aprèsunecourseeffrénéeponctuéedefousrires,nousarrêtonsnoschevauxsurunecollineprès desbois.Daytonsepenchesursasellepourserapprocherdemoietmevolerunbaiser. –Tuesunefemmesurprenante,Anna,etj’aimeça. –Onnepeutpasvraimentdirequetuesmonsieur-tout-le-mondenonplus,luiréponds-je. Jeluirendsunbaiserencorepluspassionné,enéquilibreentrenoschevaux. –Etçanemedéplaîtpasnonplus,ajouté-je. Nous nous fixons ensuite sans un mot. Beaucoup de choses se bousculent en moi quand je le regarde ainsi : le désir de son corps avec de nombreuses images de nous très troublantes, un sentiment aussi, quelque chose que je n’ose pas appeler de l’amour, parce que ça fait peur. Et puis, désormais,quandjeleregarde,jevoisaussi,entransparence,unpetitgarçonmaigreetapeuréqui fredonneenjouantdelaguitare. J’aienvied’aimerl’hommeetlepetitgarçon. 4.IwanttobeapartofitNewYork,NewYork Nouspassonspresquetroisjoursloindutumultedelavienew-yorkaise.Jedis«presque»,car noussommesobligésderentrerunpeuprécipitamment,Daytonestappeléparletravail. –Riendegrave,medit-il,maisonabesoinquejesoislà. Etjen’ensauraipasplus.Ilfautmerésoudreàcetypedesituation.Jenesaispeut-êtrepastout, mais j’ai compris qu’il me cache certaines choses pour me préserver, et pas juste pour me faire enrager.ÇaneremetpasencauselaconfiancequeDaytonaenmoi. En presque trois jours, j’ai compris pas mal de trucs. Primo, je suis très amoureuse de Dayton. C’est maintenant une certitude. J’avoue que ça fait peur, mais l’intensité des moments que nous partageonssurpassemagrossetrouille. Deuzio, je ne vais pas avoir le choix, il va falloir que je compose avec la tendance au secret de monamoureux.Ilnechoisitpastoujourssessecrets,ça,jel’aicomprisaussi.Sapetiteenfanceest plusqu’uneénigme;c’estunesortedegouffreobscur,bienqu’ilaittentéd’ensavoirplus.Envain, commemel’aexpliquéKathy.Tertio,ilssontdeuxenlui:l’hommeassuréetl’enfantabandonné,et jecroisquejelesaimetouslesdeuxaveclamêmeinfinietendresse. BonO.K.,plussauvagementpourl’hommeaccompli! Jepensemaintenantàl’énormeconneriequej’aifaiteensuivantlesconseilsdelavicieusePetra. «Fais-lelanguir.Nerépondspasàtoussesappels.»,m’avait-ellesuggéré.Ouais,c’estça,vraiment très intelligent de faire vivre ça à un homme qui a été abandonné pendant son enfance. Et même si Petran’estpeut-êtrepasaucourantdupassédeDayton–etaprèstoutjem’enfous–,leconseiln’était detoutefaçonpastrèsjudicieux. Ildoitconstammentavoirpeurqu’onl’abandonneencore…C’estcommeunemalédictionquipèse surlui. Enconclusionetd’unemanièregénérale,ilvafalloirquejem’adapteàlui;cequej’aidéjàfait avecplusoumoinsderéussitejusque-là. C’estvrai,jepourraisrâler,parcequ’onenrevienttoujoursaumêmeproblèmequinousadéjà valuquelquesexplications,àsavoirquec’esttoujoursmoiquidoism’adapteràsavieetàcequ’il est,etpasl’inverse.D’unautrecôté,aurais-jesouhaitéavoirlamêmeenfancequelui,quiexplique touscescomportementsquim’ontparuaberrants? Àcôtédelui,jesuisuneenfantgâtéepourrie! Voilàoùj’ensuisdansmesréflexions,deretouràBrooklyn,prêteàmeremettreautravaildevant cequivientdem’êtrelivréilyaunepetiteheure:ladernièretablettegraphiquetoutjustesortiesur lemarché…Bref,latablettedemesrêves.Lepaquetestaccompagnéd’unpetitmotdeDayton:«Tu méritescequ’ilyademeilleur.Mercipourcettemerveilleuseescapade.». Évidemment,jeluiaiaussitôtrépondupourleremercier.Jenesaiscommentréagiràcescadeaux qu’il me faits. Il n’essaie pas de m’acheter, je l’ai bien compris. Je crois qu’il a envie de m’aider commeilmesemblequ’ilaenvied’aiderlemondeentier,etça,justeparcequ’ilestconscientdela chancequ’ilaeuedes’ensortir.Ilyaquelquechosed’infinimentbonchezluiquieffacetoutesles réactions imprévisibles qu’il peut avoir. O.K., j’aime bien mon matériel d’antiquité, mais travailler aveclesderniersoutilstechnologiques,çachangetout. Aprèsm’êtrefamiliariséeaveclamanipulationdemonnouveaujoujou,jemelanceetdessineles portraitsdeKathyetGrahamReevesquej’envoieensuitepare-mailàDayton.Encoreunpetitsigne pourluisignalerquejesuisheureuseducadeauqu’ilm’afait. Je repense à l’accueil chaleureux de ce couple qui a consacré sa vie à accueillir et aimer des enfantsperdus.Ondiraitunroman,maisc’estuneréalitétrèstouchante.Oui,Daytonaeubeaucoup dechancedelesavoir. Jem’occupedemonblogetposteunnouvelarticledanslequeljenedévoileriendemonséjourà lacampagneavecDayton.C’étaittellementmerveilleuxquejelegardepourmoi.Àlaplace,jefais dansl’humouretmecachederrièremongroschatanglaisquejedéguiseetfaissepromenerdansles rues de sa nouvelle vie. Je l’intitule : « Les vacances de Mr Churchill », à la manière d’autres vacancesd’uncertainMonsieurHulot,avecdespéripétiestoutdroitinspiréesdelaréalité. Pendantmestroisjoursd’absence,Saskiaalaissémonmonstreàpoilssefaufileràl’extérieurde l’appartement. Et même si elle ne m’en a rien dit sur le coup, elle a vécu des heures d’angoisse insoutenables en imaginant la tragédie à venir si le gros matou était effectivement perdu. Au final, elle l’a retrouvé chez la voisine du 3e, une vieille dame aux cheveux roses, accro au télé-achat… Notre Anglais obèse semblait très à l’aise au milieu des bibelots et gadgets. Là, il récupère de ses émotionsentransformantlavestenoiredeSaskiaenmanteaudefourrure… Lescommentairesamusésfusentdèslapublicationdemonpost.J’aiparfoisl’impressionquemes lectricesattendentdemesnouvelles.Celienvirtuelestvraimentétrange. Jecontinuemajournéeencrayonnantdesillustrationsdecommandepourdesbrochures,touten songeantàlachancequej’aidepouvoirtravaillerdepuisn’importeoùdanslemonde. Saskiaestàl’ateliertoutelajournée.Jelasoupçonned’ailleursdetramerquelquechoseavecJeff Coolidge,d’aprèscertainscroquisquej’aipuapercevoir.Bon,aprèstout,cesontleurshistoires.Elle m’enparleraquandellejugerabondelefaire. Enfind’après-midi,monportablem’annoncel’arrivéed’unSMSdeDayton: [Toctoc] Je me lève aussitôt de ma table de travail et me précipite vers la porte en espérant ne pas avoir encoreaffaireauchauffeurdeDayton!L’interphonesonne. –C’estmoi! Aucun doute possible, je reconnaîtrais cette voix chaude et sensuelle au milieu d’un brouhaha. J’attendsDaytonsurlepalier,lecœurcognantcommesic’étaitlapremièrefois. Ceseratoujourslapremièrefois! Lorsqu’ilapparaîtdansl’escalier,enMrBusiness,jemejettelittéralementdanssesbraspourun baiserpassionné.Quandils’écarte,sonsourireestàlafoisamuséetpresqueenivré. –Euh,sijemerappellebien,onnes’estpasvusdepuis24heuresseulement,non? Dans l’appart, je commence par me comporter comme une hystérique qui s’agite dans tous les sens. Je lui raconte l’histoire du chat fugueur, je lui montre comment je me sers de ma nouvelle tablette,etilfinitparmecoinceretmefairetaireenm’embrassantànouveau. –J’avaisenviedetevoir,Anna,mechuchote-t-il.ÀquelleheureSaskiaest-ellecenséerentrer? Samainsefaitpluscaressanteetplusaventureuse. D’accord,messagereçucinqsurcinq! Sansrépondreàsaquestion,jel’entraîne,avecunsourirecoquin,verslaportedemachambre. *** –Jedoisrépéteraveclegroupecesoir,medit-ilalorsquenousnousprélassonsdansmonlit.On aunconcertdansquelquesjoursdansunclubdeManhattan. Jesoupire,contentée,danssesbras. –Onvasûrementfinirtard.Onrisquedepasmalrépétercesprochainsjours,poursuit-ilenme caressantl’épauleentredeuxbaisers.Jevaisêtreunpeupris.Tunem’enveuxpas? – Non, réponds-je en souriant aux anges. Je pourrai me contenter de quelques visites-surprises danscegenre…Moiaussi,jerisqued’êtreoccupée.MarédactriceenchefdeParis,Claire,estàNew York, et on a rendez-vous demain avec la direction du magazine masculin qui a commandé l’interviewdeJeff…aveclecoupdepoucequ’onconnaît… Ilaunpetitsourirefierdelui. – Ça valait plutôt le coup de manigancer, non ? remarque-t-il en plongeant son regard dans le mien. –Jedoisreconnaîtrequeoui,plutôt.Cequin’empêchequej’aiunpeuletracquandmême,confiéje. –Tuasdutalent,Anna,etjen’aipasbesoind’intervenirpourquelesautreslecomprennent.Ceci étant,j’aipeut-êtrequelquechosequipourraitteporterchance,dit-ilensepenchanthorsdulitpour fouillerdanslapochedesaveste. Ilmetendunepetitebourseentissucoloré. –Encoreuncadeaupourmoi?dis-je,unrienembarrassé. –Non,c’estpourtonaffreuxchatanglais…répond-ilavecunsourire.Ouvre!J’aipenséqu’ilte fallaitunesortedelienavecl’espritdulieupourconquérirlaville. Je le fixe avec un air ahuri et je détache le nœud fermant la pochette de tissu pour en sortir un braceletindienencequimesembleêtredel’argent,delaturquoiseetdel’ivoire. –C’estunbijoualgonquin,delatribuLenapeplusprécisément.Cesonteuxlespremiershabitants del’îledeManhattan,àl’époqueoùc’étaitencoreManna-Hata. Descoursd’histoirecommeça,j’enveuxbientouslesjours! Jepasselebraceletaupoignetetm’approchedeDaytonpourl’embrasser. –Merci,susurré-jeamoureusement. – C’est moi qui te remercie, Anna. J’ai été très touché par les portraits que tu as faits de mes parents. Ilrépondàmonbaiseravecpassionetjecroiscomprendrequ’ilaencoreunpeudetempspour moi. *** Paris ou New York, ma rédac’ chef est toujours aussi tendue et pète-sec. Claire Courtevel m’a donné rendez-vous le lendemain dans le bar d’un hôtel voisin des bureaux du magazine masculin OptiMan. Finalement,quandjelarejoins,jemerendscomptequeClairenedénotepasaumilieudelafoule deworking-girlsaffairéesetpressées. C’estpeut-êtreàçaqu’elleveutressembleràParis…etpersonnenepige.Dommage… –Ah,Anna,dit-elleenselevant. Elle consulte sa montre, sûrement pour s’assurer que je suis en retard, et prend l’air vraiment étonnéquandelleconstatequecen’estpaslecas!Ducoup,elletrouveautrechose: –Tuauraispufaireuneffortvestimentairequandmême,dit-ellesèchementendétaillantmatenue. J’aifaitdeseffortsvestimentaires,ellesefichedemoiouquoi?!Unpantaloncigarettenoir,des ballerinesàpetitstalonscompensésetuntopsimplesousunevestecintréeverte…Ilyadeuxheures, j’étaisencoredansmonshortenjeanfrangéavecuntee-shirtKeithHaring! Je m’assieds en face de Claire et commande un jus de tomates. Quand je vois la mine atterrée qu’elleaenportantsatassedethévertauxlèvres,j’aienviedelarassurer.Oui,jevaisfaireattention denepasmepointerenrendez-vousavecunemoustacherouge. Elle me briefe en quelques minutes. Le type qu’on rencontre, c’est « le type qu’il faut rencontrer!»,pourreprendresesmots.Alorsmieuxvautnepasdéconner. – Il va falloir être percutante, me dit-elle. Du genre Marines, go go go Anna, se met-elle à m’encourager. Jetournelatêtedanstouslessens. Onvapasserpourdescinglées! MaisilenfautpluspourlesNew-yorkais.Clairecontinue: –L’articlesurJeffCoolidgem’aplu,medéclare-t-elle.Maintenant,jeveuxvoircequetuasdans leventre.Jecroisentoi,etilyadubusinessàlaclé,beaucoupdebusiness,s’enflamme-t-elle.Tu connaisSexinthecity,non?Ehbien,lajournaliste,çapeutêtretoi! Euh…pastrop.Aucuneenviedeparlerdesexedanslaville,etfranchement,jen’aipassataillede guêpe.Sanscompterquejesuisbienincapabledemarchersurdestalonsaiguilles! Quandl’heureestarrivée,j’ail’impressiond’êtreunboxeurselevantdanslecoinduringsousles encouragementsagressifsdesonentraîneur.Jevaistoutarracher! *** Sanstoutarracher,ilfautavouerquej’aiassuré,mêmesic’estunpeumalgrémoi.D’abord,j’ai beau avoir fait des efforts pour m’habiller, quand j’arrive dans les locaux du journal, je me sens commeUglyBetty débarquant dans Le diable s’habille en Prada… Beaucoup de femmes dans cette rédactiondemagazinepourhommes,maisilyatoutdemêmedebeauxspécimensdemâles.Jefais attentionànepasmeprendrelespieds…dansmespieds. Quant au « type qu’il faut rencontrer », je veux bien le rencontrer partout, à la boulangerie, au supermarché,etc.Ilestjustecanon.Enplus,ilesttrèssympa,pasdutoutméprisant.Jesenstoutde suitequ’ils’estpenchésurmoncasquandilmeparledemondernierpostsurChurchill,quidatede laveille! Jesuisimpressionnée,maiscommeilestenthousiaste,jen’aiqu’àrépondreàsesquestionssans bafouiller. Je ne m’en sors pas trop mal apparemment, puisque je ressors du bureau avec une commandedereportage,maispasque… –Lesaccrosaujeu,çavousdit?melance-t-il,visiblementpersuadéqueriennemefaitpeur. Jehausselesépaules. –Ok,çaroule,onvousdonneunmois.Grosreportage,hein,etdansvotrestyleàvous.Onaime ça, votre côté décalé. Nos journalistes sont parfois trop sérieux. Et le coup d’illustrer vos articles avecdescroquis,c’estunplusoriginaldansnotreparution. Jehochelatête,jedis«oui»àtout.Clairetapedespiedsnerveusementàcôtédemoi;elleest surexcitée. –Vousnousfaitesaussiunepropositiondepagebimensuelle,dustyledevotreblog,oualorsune paged’illustrations,c’estcommevousvoulez.OnpourraitalternerunefoisdansOptiManetl’autre dans OptiWoman. Claire a pensé que vous pourriez assurer un bon rythme et vous renouveler facilement.Lecôté«FrenchTouch»,onn’estpascontrenonplus. Àforcedetaperdupied,Clairevafaireuntroudanslesoletseretrouveràl’étagedudessous. Finalement,«letypequ’ilfautrencontrer»lancepourconclurenotreentretien: –Évidemment,onparled’unboulotfixe,unpermanentcontract.Onvousintégreraitàlarédaction commesalariée,pascommepigiste… Unmoment,jesensquemarédac’chefnevapaspouvoirseretenirdehurler«Yes ! », avec le mouvementdupoingapproprié. Sur le trottoir, devant l’immeuble, j’ai du mal à retrouver mes esprits. Claire me submerge de paroleshystériques. –Tuparlesd’undébutdecarrièreàNewYork,Anna!J’espèrequetuterendscomptedelachance quetuas.Tunevaspaslalaisserfiler,hein?UnCDIdansunedesplusgrandesrédactions,àpeine dixjoursaprèstonarrivéeici?!J’espèrequetuvasaccepterleurproposition! Jelafixeavecdesyeuxrondscommedessoucoupes. –Jenel’aipasdéjàfait?luidemandé-je. Etlà,jefaisuntrucfouquiressembleplusàTwinklequ’àAnnaClaudel.Jerentreànouveaudans l’immeuble,meprésenteàl’accueil,déclareàlaréceptionnistequej’aioubliédedirequelquechose aumonsieuravecquij’étaisenrendez-vousetjeremontedanssonbureau.J’ouvrelaporte.Letype prendunairsurprisetjelance: –Jecroisquej’aioubliédevousdirequec’étaitoui,j’acceptevotreproposition! Alorsmonfuturpatronselèvepourvenirmeserrerlamainetmefilerunegrandetapeamicale dansledos.Etvoilà! Quandjeressors,Claireesttellementàcranquej’aipeurqu’ellefasseunecrisecardiaque.Alors, moiaussi,jelaprendsdansmesbraspourluifilerunetapeamicaledansledosetjelaremerciepour sonsoutien.Quandjelaregardepartirdesonpaspressé,jemedemandesiellenevapasretraverser l’Atlantiqueenmarchantsurl’eau.Elleenseraitcapable! *** J’ai du mal à contenir ma joie et j’appelle aussitôt Dayton sans même penser que je peux le déranger.Ilal’airplutôtagréablementsurprisderecevoirmoncoupdefil. –Hum,laisse-moideviner,dit-ildesavoixsuave,tonrendez-vouss’estbienpassé? Etilajouteaussitôt: –Sic’estlecas,sachequejen’ysuispourrien. Ehoui,jepeuxréussiraussidestrucsparmoi-même! Impossibledemaîtrisermonexcitationetmavictoire. –J’aiuncontrat,hurlé-jepresque.Jesuisembauchée.Uncontratpermanent! Uncourtsilence,puislavoixdouceetcalmedeDaytontrancheparrapportàmontonhystérique. –Tusaiscequeçaveutdire,Anna? –Quej’aidubol? –Jenediraispasça,jecroisquetuasdutalentetquetuméritescequit’arrive.Non,jepensais surtout au fait que tu vas pouvoir rester ici plus longtemps et même envisager que ce soit du long terme. Jecomprendstoutdesuitecequesesparolesimpliquent,cequ’ilsous-entend.Engros,Daytonest entraindemedirequecelanouslaissedutemps,qu’onvapouvoirpenseràplusloinquesixmois, quenousneseronspascontraintsparlecouperetdemonvisa. –Jevaispouvoirfaireunedemandedecarteverte,dis-je,pensive. –J’espèrebien,répond-il.Maintenantquej’ypense,commentsefait-ilquetun’aiespasladouble nationalitéavectamèreaméricaine,mademoiselle?demande-t-ilenfinissantsaphraseenfrançais. Jesourisenécoutantsonaccentcraquantquimerappellenotrerencontre.Jeluirépondsaussidans malanguenatale. –Aucuneidée,monsieurReeves.Franchement,jenesaispasgrand-chosedelafamilleaméricaine demamère,nidesavieauxÉtats-Unis.UneAméricainequirencontreunFrançaisàPhiladelphie,ça merappelleuneautrehistoire… –TupensesàuneFrançaisequiauraitrencontréunAméricainàParis? Maisladiscussiontournecourtparcequ’eneffet,Daytonestaubureauetestoccupé.Nousnous donnons rendez-vous plus tard, comme des amoureux dans une histoire simple qui se construit doucement. *** C’est vrai ça, pensé-je de retour à Brooklyn, pourquoi n’ai-je pas la double nationalité ? Je ne serais pas emmerdée avec ces histoires de visa. Il aurait été bien plus simple pour mes parents de m’obtenirunpasseportaméricain,comparéàcequejevaisdevoiraffrontercommedémarchespour avoircettefichuecarteverte. O.K.,onn’estpasàunjourprès,maiscommejemeursd’envied’annoncerlabonnenouvelleau mondeentier,j’appellemesparents.Jeménagemoneffetetbavardeunpeudetoutetderien,avantde lancerl’heureusebombedelajournéeàmamère. –J’aidécrochéunboulotfixe,Mum.Jevaisêtresalariéepourunjournal. –Super!Félicitations,machérie,répondmamère.Quelsuccès!Dansquelquessemaines,tunous annoncesquetuesmairedeNewYork,non?ajoute-t-elleenriantdeboncœur. Labonnehumeurestcontagieuse,maisdecourtedurée. –Mum,jevaisfairemademandedecarteverte,tupeuxm’envoyerassezrapidementlelivretde familleparFedEx®? Là,unsilence,puisdesmurmures.Mamèresembledirequelquechoseàmonpèreprèsd’elle. –Oh,tusais,jepeuxm’enoccuperd’ici,machérie,dit-ellequandellerevientenligne.Jecrois que c’est même plus rapide. Tu n’auras qu’à me renvoyer les papiers signés. Tu es déjà bien assez occupéecommeça,non? – Mum, je peux me débrouiller toute seule. Non, attends… je tiens à me débrouiller toute seule. Vousaveztoujoursprisenchargecegenredepaperasseàmaplacesousprétextequejen’étaispas organiséeoujenesaisquoid’autre.J’étaissurtoutunegrosseflemmarde.Jecommenceunenouvelle vieresponsable,jem’occupedetoutmaintenant! Nouveausilence. Merde,c’estquoi,leproblèmeaujuste?Jegrandis,c’estça?Jen’aiplusbesoindemamômanet demonpôpa? –Mum,tum’envoieslelivretdefamille,O.K.? C’estmonpèrequimerépond. –Oui,machérie,ont’envoieçarapidement.Tufaisattention,hein,c’estlegenredepapiersqu’il nefautpasperdre,dit-ilavecunevoixunpeucrispée. Nonmaisjerêve! – Oui, oui, réponds-je parce que je n’ai pas envie d’argumenter, ni de gâcher la joie d’avoir décrochéunjob. JejuresurlatêtedeChurchillquejeferaiextrêmementattention,puisj’ajoute: –Mais,aufait,papa,pourquoijen’aipasladoublenationalité?Finalement,celaauraitétéplus simpleavecmamanquiestaméricaine. Monpèreseraclelagorge. Pourquoiai-jel’impressionquejelesemmerdeavectoutesmesquestions? –Oh,jenesaispas,jenemerappelleplus.Jesupposequ’onn’yapaspensé,finit-ilparrépondre. C’estunpeucourt,ça,papa… Bon,aprèstout,j’aidécidéquerienneviendraitternirmajoieetjen’aiabsolumentaucuneenvie dem’engueuleravecmesparents. Lepassé,c’estlepassé! 5.Lavéritésurmoi Lesjourssuivants,uncertainrythmes’installeentrenous.OnneparlepasderoutineavecDayton Reeves,parcequeçafaittriste,non?Etquelaroutineaveccethomme,çan’estjustepaspossible. Depuis que Dayton Reeves est entré dans ma vie, c’est un peu comme une comédie romantique à succès,lecontedeféesdeCendrillonrevisité,Prettywomanpuissance10,parceque,sansdéconner, DaytonestmillefoisplussexyqueRichardGere,mêmesijenesuispasJuliaRoberts… Depuis notre séjour chez ses parents, notre relation est plus détendue, mais pas moins animée… Heureusementquej’aiunboulotprenantetdesperspectivesexcitantesquim’empêchentd’attendreles coups de fil et les manifestations de l’homme séduisant et mystérieux qui a ravi mon cœur et mon corps. ManouvellevieàNewYork,c’estmonboulot,mesamis,monchat–pourl’instant,riendebien différentdecelleàParis,hein?–et…Dayton.Pasvraimentendernièrepositionmaisplutôtlacerise surlegâteau.Uneceriseenrubisoulemustdelagourmandise. –Ettonboulot?medemandeGauthieraucoursd’unedenosdiscussionsquasi-quotidiennessur Skype. Aujourd’hui,ilestseuldevantl’écran,aucunepairedefessesenarrière-plan,etilesttoutaffairé, comme moi, à sa table de travail. C’est une conversation de bureau entre collègues virtuels en somme. –Tuparlesdemonarticlesurlesdépendantsaujeu?réponds-jetoutengriffonnant. –Entreautres,oui. –Ehbien,c’estexcitantpuisquejeneconnaisrienàcesujet.Ducoup,çam’occupetoutl’esprit. J’aicontactédesgroupesdeparoleetd’échangespourlesdépendantsetrepentis.C’estvraimentun monde à part. J’ai aussi rendez-vous avec des psychologues spécialisés dans cette addiction. Non, sérieux,c’estpassionnant.Ettoi? –Jepoursuismonidéefixe,répondGauthieravecunpetitsouriresecret.Vousrejoindrebientôt,et jedoisdirequeMichaestunsérieuxatout.Jet’endiraiplussimespistesaboutissent. –J’endéduisqu’avecMicha,çavaplutôtbienalors,dis-je,soulagéequemonamipuissesefixer dansunehistoire. –C’estmeeerveilleux,répondLadyGogoenprenantsonaccentdistinguéàoutrance. J’éclatederire.Cespetitesdiscussionsmefontdubien,maisj’aihâtequeGauthiernousrejoigne. C’étaitquandmêmechouettedel’avoirsouslamain,commevoisinetconfident. –EtavecDayton?Toutsepassebien?medemande-t-ilensuite. Jesaisqu’iln’approuvepastropcettehistoire,qu’ilpensequecetypevam’enfairevoirdetoutes lescouleurs,maisbon,Daytonfaitdorénavantpartiedemavie,etGauthiernepeutpascomplètement l’ignorer. –Oui,oui,réponds-jeennevoulantpasparaîtrel’hystériquefolleamoureuse.Tusais,luiaussiest trèsoccupé. L’agendademonamoureuxesteneffetbienchargé,entresesobligationsdeMrBusiness,lepro delaprotectioninformatique,etcellesdeMrRock,quirépèterégulièrementavecsongroupeenvue desfutursconcerts. –Ontrouvequandmêmedesmomentspoursevoir,ajouté-jesansdonnerdesdétailsquiferaient rougirmonamiqui-ne-veut-rien-savoir. Pas assez à mon goût, peut-être, mais des moments chauds, oui, furtifs et inattendus, des quarts d’heuresauvages! –Entoutcas,jenemedemandeplusoùilest,cequ’ilfaitetavecqui,etça,c’estplutôtreposant. Accessoirement,le«qui»pourraitêtreunefemme,unedangereuserivaledustyledePoisonIvy –Parfait!s’exclameGauthier.Tusaisquej’ailatrouillequecetypeteplanteoutefassedumal, Anna.Commejenesuispasprèsdetoipourtesurveiller,jemecomportecommeunemèrepoule inquiète. Jesouris. –Tusais,Daytonsaitvraimentmefaireplaisir.Ondiraitqu’ilaçadanslesang.Ilestcommeun animalquidevinetoutcequejeressens.Ilavraimentdesattentionssurprenantes. J’adore surtout quand il laisse des petits commentaires à double sens sur mon blog ou qu’il débarqueàl’improvisteavecdesenviestrèssensuelles. –Ducoup,jemesurprends,moiaussi,poursuis-je.Jeluifaisplaisiràmafaçon.Jeluicuisinedes petitsplatsfrançais,cegenredetrucs. Oujeluiréservelaprimeurd’unefabuleusepetiteculotteendentellehypersexy! –Tum’envoisravi,Anna,parcequej’avaisl’impressionqu’ontemettaitplutôtdesbâtonsdans lesroues. –TupensesàSummeretPetra?dis-je. – Pourquoi ? Ne me dis pas qu’il y a d’autres conspiratrices dans son entourage ! répond Lady Gogoenfaisantlesgrosyeux. –Paspourlemoment,entoutcas,réponds-jeencroisantlesdoigtssouslatable.Jenecroiseplus PetraauNouveaumonde.Elledoitsefairediscrète.Jenem’enplainspas.Pourmoi,ledossierest clos.EncequiconcerneSummer,ehbien,çavaplutôtmieuxentrenous.Onfaittouteslesdeuxdes efforts,tusais.Hier,onestpartiesenviréechezlesvieuxdisquairesetonestrentréesauNouveau mondelesbraschargésdevieuxvinyles.OnapassélasoiréeavecDaytonàlesécouter,enrigolantet ennousbourrantdepop-corn.Tuvois,toutdevientplussimple. –Pourvuqueçadure!répondGauthierquimemontre,lui,clairementqu’ilcroiselesdoigtspour moi. *** Desoncôté,Saskiabossetrèssérieusementdanssonateliersurunnouveauprojet.Unmatin,je passeluirendrevisitesursonlieudetravail. – Ah, je me disais bien, dis-je en contemplant deux toiles presque achevées et une tripotée de croquispunaisésaumur. –Ah,tutedisaisbienquoi?réagit-ellesuruntonunpeuagacé. –Qu’ilsetramaituntrucavecJeff.Jemetrompe? Difficile de ne pas reconnaître le meilleur ami de Dayton dans des mises en scène décalées. Sur unetoile,Jeffyapparaîtencostard-cravatesurunring,lespoingslevésenpositiondeboxeur.Sur uneautre,ilestassisentenuedesport–trèspeuvêtumême–àunbureaud’hommesd’affaires. –D’autrescommentaires?medemandeSaskiaquim’observe,l’airpincé. –Euhnon,réponds-jepournepaslafroisser.C’estintéressant,cesmisesenscène. Puisjemetourneverslescroquis. –Jerêveoutul’asfaitposernu?ajouté-jeavecunpetitsouriretaquin. –C’estpourlespeintures,Anna,m’assure-t-elleavecuneexpressionoffusquée. Jeluisouris.Jelaconnaisbien,etonnemelafaitpas. – Tu crois que Francis Bacon a couché avec le Pape quand il a fait sa série sur les papes ? commence-t-elleenagitantlesbrasdanstouslessens,ouquePicassos’esttapétouteslesdemoiselles d’Avignon? –C’estdéjàplusprobable,non?réponds-jeavecunemouetaquine. Jemetourneànouveauverslescroquis. –Entouslescas,ilestsacrémentbienfoutu,non?Reconnais,Saskia! –O.K.,j’avouetout,jeletrouvesuper-sexy,commence-t-elleenserrantlespoings,toutexcitée.Je n’ai jamais vu une telle musculature, une telle prestance. Il est fascinant à peindre, et en plus, il est partantpourtout. –Pourtout?Vraiment? Nouséclatonsderire. –Ilnes’estencorerienpassé…d’intimeentrenous,admetSaskia,maisjeneseraispascontre,et jecroisqueluinonplus.Quivivraverra! Personnellement, je préfèrerais la voir fréquenter Jeff que des types sans attaches et pas très sérieux comme Julian, le bassiste du groupe de Dayton. Saskia et moi avons eu l’occasion de le recroiserlorsd’unesoiréeauNouveaumondeet,àlesregarderseparlertouslesdeux,jamaison n’auraitpuimaginerque,dansleursébats,cesdeux-làavaientsaccagéunechambred’hôtelàParis quelquessemainesplustôt. Tantmieux!SaskiaetJeff,j’adorecegenredecoupleimprobable! *** Finalement,laseuleombreautableaudecettevieidylliqueàNewYork,c’estencoreettoujours Jonathanquicontinuedemeharceler.Jefaistoujourslamorte,maisc’estépuisant.Franchement.Je neveuxpasbloquersonnuméroetsonadressee-mail,jetrouvequec’estlâche.Jepréfèreendureren espérantquesonpetitjeus’arrêteetqu’onpuissereveniràdesrelationsplussaines. Leproblème,c’estqu’ilappelleSaskiaetGauthier,maintenantqu’ilacomprisqu’iln’avaitaucune chancedemejoindre.SiSaskial’adéfinitivementbloqué–«IlmeprendpourSainteRitaouquoi?» –,Gauthierestpluspatientettolérant.Lepasséestlepassé,O.K.JenebannispaspourautantJonathan de ma vie ; je ne veux pas à tout prix oublier, mais j’aimerais juste qu’il se comporte de manière raisonnable.C’esttout!Ilseraittempsqu’ilprennesavieenmain.Aprèstout,jevisbienlamienne, non? Ce soir, par exemple, Saskia et moi retrouvons Dayton à la galerie du Nouveau monde pour le vernissagedel’expositiond’undesesprotégés.QuandSaskiamevoitsortirdemachambre,sapée commeunegravuredemode,elleémetunsifflementappréciateur. –Disdonc,tunet’emmerdespas,Twinkle?lâche-t-elle.Oùas-tudégotécesfringues? –Hum,onmelesalivrées,enfait.C’estuncadeaudeDayton,avoué-je,embarrassée,enbaissant lesyeuxsurmatenue. Lesvêtementssemblentavoirétécousussurmoi,etjen’aipourtantpaslataillemannequin.Une jupedroitenoire,fenduesurlecôté,unevestedetailleurenpeausouple,untopendentelleajourée super-sexy et des escarpins pas trop hauts, ni trop pointus, le tout d’un goût excellent et griffé, évidemment. –Jenesuispascertainedemesentiràl’aise,admets-jeenhaussantlesépaules. – Hum, je me demande juste si ta besace ne va pas jurer un peu avec ta tenue de vamp newyorkaise. –Euh,Daytonapenséàtout,réponds-jeensortantunepochetteensatinnoirdederrièremondos. Saskia,bouchebée,considèrelepetitaccessoireluxueux. – D’accord, mais tu mets quoi là-dedans ? demande-t-elle, rigolarde. Juste ton rouge à lèvres Chaneletunsoulierdevairpointure28? *** La galerie est remplie de la foule branchée qui fréquente habituellement ce genre d’événements. Au moment où nous entrons, mon portable – oui, j’ai pu glisser mon portable dans ma pochette couture!–semetàsonner.Prèsdemoi,Saskiasoupire. –Àtaplace,jecouperaistoutdesuiteouilvanousemmerdertoutelasoirée.Etcen’estpasce donttuasenvie,n’est-cepas,Anna? Maisjemesenscoupable.Alors,plutôtquedecoupertoutsimplementmontéléphone,jelelaisse enmodevibreur. Daytonnousaccueillechaleureusement,moibeaucoupplusqueSaskiaévidemment…Monamie partaussitôtdécouvrirlesœuvresdecetartistequialliecollageethuilesurdestoilesgrandformat. –Tuestrèsbelle,Anna,mechuchoteDaytonenpassantlebrasautourdematailledansungeste propriétaire. – Tu as très bon goût, réponds-je en me rendant compte qu’il pourrait mal comprendre mes propos. Etj’ajouteaussitôt: –Enfinpourlesvêtements,jeveuxdire.Tulesasparfaitementchoisis.Jenesous-entendaispas quetuavaisbongoûtjusteparcequenousétionsensemble! Ilmedévisageavecungrandsourireamusé. –Tumeregardesm’enfoncer,c’estça?demandé-je. – Non, je savoure ta spontanéité. J’adore quand tu t’emmêles les pinceaux. Je trouve ça très touchantetaussi…trèsexcitant,murmure-t-ilensepenchantversmoi. J’ai coincé sous mon bras ma pochette noire dans laquelle je sens mon portable vibrer sans relâche. Bonsang,maisilvamelâcherouquoi?! Daytonestsollicitédetoutesparts.C’estunhommeconnudanslemilieu,etlesgensviennentle féliciterpouravoirdénichéunartisteaussitalentueux. Deloin,jerepèreSaskiaengrandeconversationavecJeff. –JevaissaluerJeff,dis-jediscrètementàDaytonquiestendiscussionavecd’éventuelsacheteurs. –O.K.,merépond-ilaprèss’êtreexcuséuneminuteauprèsdesesinterlocuteurs.Vavoircettetoile aufonddelagalerie.J’aipenséqu’elleiraittrèsbiendanstachambre. Quoi?Encoreuncadeau? –Troptard,elleseralivréecheztoidemain,ajoute-t-ilenlisantmespensées.Tiens,prendsune coupedechampagne,Anna,medit-ilenmetendantcellequ’iltientàlamainetqu’iln’apasencore bue. Etcommeilmevoitempotéeavecmapochettenoired’unemainetlacoupedansl’autre,ilsourit. –Donne-moiça,jetelagarde,dit-ilenmeprenantlapochette. Évidemment,avecmabesace,jen’auraispascegenredeproblème;j’auraislesmainslibres! Je retrouve Saskia et Jeff, et nous admirons tous les trois la toile qui ornera donc ma chambre demain.Jesensentreeuxuneincontestableattirance.Ilssontdéjàcomplices,c’estévident.D’unautre côté,poserdansleplussimpleappareilpouruneartistedoitcréercertainsliens… J’aime la présence rassurante de Jeff, son calme à toute épreuve. Je suis heureuse que ma tumultueuseSaskiasoitattiréeparcethomme.Jenesuispasnonplusétonnéequ’elleplaiseàJeff. Nousbavardonsdemesprojetsencourset,quandjeparledel’articlesurlesaccrosaujeuetde maméconnaissancecomplètedusujet,Jeffprendunairintéressé,presquesoucieuxetmeconfiequ’il pourraitpeut-êtremefilerquelquestuyaux. Jen’aipasletempsdem’interrogersursapropositionparceque,deloin,jevoisDaytonsortir montéléphonedemapochetteetconsulterl’écranavecunairagacé.Jeplantemesamisetmedirige d’unbonpasversDayton. – Ton téléphone n’a pas cessé de vibrer, Anna, me balance Dayton en me tendant la pochette. Désolé,maisj’aifiniparregardersic’étaiturgent.TupeuxmedirequiestJonathan? Lapremièrechosequimevientàl’esprit,c’estdeluirépondrequejenesaispas,maisjenecrois pas qu’il appréciera ma spontanéité, là. D’autant que je réalise tout à coup que, à part lors de la premièresoiréequenousavonspasséeensembleoùj’aipeut-êtreabordérapidementlesujetdema relationfinissanteavecJonathan,jen’enaitoutbonnementjamaisparléàDayton! Daytonattendtoujoursuneréponse.Jecommenceàbafouillern’importequoi,etmontéléphone vibre encore une fois. Saskia apparaît alors à mes côtés. C’est ça les vraies copines ! Elles sentent quandçachauffe. –Unproblème?demande-t-elleensedoutantbienquemontéléphoneestaucœurdel’affaire. JeregardemonportableetletourneversDaytonquiconsultel’écranavecunregardnoir. –C’estGauthier,dis-jeavantdeprendrel’appel. Gauthiern’yvapasavecledosdelacuillère. –Anna,onauntrèsgrosproblème!dit-il. –Quoi? –JeviensderecevoiruncoupdefildeJonathan.Cettefois,c’estsérieux,ilparledesuicide,etj’ai bienpeurqu’ilpasseàl’acte.Jeparschezluivoircequ’ilsepasse.Jetetiensaucourant. Tout se déroule ensuite à toute vitesse et presque sans aucune parole. À mon expression, Saskia comprend tout de suite que quelque chose cloche vraiment. Je déclare à Dayton que nous devons partirsurlechamp,monamieetmoi.Ilrestesansvoixdevantmaréaction,maissesyeuxlancentdes éclairsdecolèrefroide. Jem’enfous,jen’aipasletempsd’expliquer! SaskiaetmoisautonsdansuntaxietfilonsversBrooklyn.Pendantletrajet,jeracontetoutàmon amie, y compris que je n’ai jamais parlé de Jonathan et de son harcèlement à Dayton. Saskia n’en revientpas. –Tuplaisantes,Anna?T’esvraimentbizarreparfois.Cen’estpastoiquiasreprochéàDaytonde tecacherdestrucsetdetouttebalancerenvrac?Tufaisvraimentn’importequoi! –Jesais,jesais!hurlé-jepresquedansletaxi. JerepenseàlatêtedeDayton,àsaquestionàlaquellejen’aipasrépondu,àtoutcequ’ilpeutêtre en train d’imaginer. Mais, avant toute chose, je dois régler cette histoire de suicide de Jonathan. Je suisresponsable.Toutça,c’estmafaute! De retour dans l’appart, je me connecte à ma messagerie électronique et découvre que Jonathan m’a adressé une vidéo par e-mail. Tétanisées devant l’écran, Saskia et moi regardons mon ex me fairesesadieuxéplorésainsiqu’unedéclarationd’amourquirisquedememarqueràjamaissi,en effet, il met fin à ses jours. Vu son état, je ne doute pas une seconde qu’il passe à l’acte. Il a l’air tellementbarréetmalheureuxqu’ilnepeutêtreentraindejouerlacomédie. Nous essayons de joindre Gauthier sans succès. Commence alors une nuit angoissante à guetter nos téléphones et compter les minutes. Entre deux projections d’horreur du suicide de Jonathan, je penseàDayton,quin’apascherchéàmejoindredepuisquenousavonsfuidelagalerie.Ilapeutêtresesraisonsvumondépartbrutaletsansexplication…Qu’est-ilentraind’imaginerluiaussi? M’en veut-il ? Le contraire serait étonnant, étant donné ma conduite. Ai-je perdu sa confiance en quelquesminutesdesilenceettantdejoursdenon-ditsausujetdemonex?J’essaiedemetrouver desexcuses:jecommençaisunenouvellevie,c’étaitlogiquequejen’aiepasenviedem’encombrer de cette histoire qui, pour moi, était finie, alors que j’étais emportée dans la passion avec Dayton. Sans compter que j’avais déjà bien assez à gérer avec les révélations de Dayton pour ne pas surchargernotrehistoire…Jesuispitoyable.Mesexcusessontvraimentbidons.J’auraisdûenparler, voilàtout!Toutcommej’auraisdûaffronterlesappelsdeJonathanetnepasmevoilerlaface.Voilà oùmalâchetém’aconduite. Danslamerde,toutsimplement. Monexachoisilamortàcausedemoiet,toujoursàcausedemoi,monamoureuxvacontinuersa viesanslamienne. À trois heures et demie, Gauthier nous rappelle enfin. Saskia et moi manquons presque nous percuterlatêteennousruantsurletéléphone. – Je suis à l’hôpital. Mon Dieu, ça a été épique, nous dit-il. Jonathan ne voulait pas me laisser entrer chez lui. J’ai dû appeler les pompiers. Le temps qu’ils arrivent, il avait ingurgité assez de saloperiespourassommerunmammouth.Onluiafaitunlavement,maisilestcomplètementout.Là, j’attendsqu’ilseréveille.Allezvouscoucher,jesuissûrquevousn’avezpasfermél’œildelanuit, lesfilles. Jenediraispasquenoussommessoulagées,parcequelasituationnelepermetpasvraiment,mais quandmêmeunpeu.L’histoireauraitpuvraimentmalseterminer. Épuisée,jemelaissealleràquelqueslarmessurlecanapéetm’endorsenfin,levisagedeDayton imprimésurmespaupières. *** Jesuisréveilléepardeschuchotements.Quandjetented’ouvrirmesyeux,Churchillmedénonce aussitôtenémettantunmiaulement.JemeredressetoutàfaitsurlecanapépourdécouvrirSaskiaet Daytonenpleinemessebasseprèsducomptoirdelacuisine. –Jesuisréveillée,dis-jed’unevoixrauque. Dayton se tourne vers moi et me fixe d’un regard que je n’arrive pas à déchiffrer : colère, surprise,compassion,reproche?Jenesaispas. –Excuse-moi,jet’enprie,Dayton,lancé-jesansréfléchir. Ils’approchedemoienmedévisageantcommes’ilnemereconnaissaitpas.Defait,jemetouche levisageetsensmespaupièresgonfléessousmesdoigts. C’estdoncpourçaquejenevoisrien… –Jen’aiaucuneexcuse,malheureusement,continué-je.J’aiétélâche,idiote,égoïste. Dayton s’assied près de moi sur le canapé et me scrute toujours comme si j’étais quelqu’un d’autre.Jesensqu’ilm’enveut,maisqu’ilfaitcequ’ilpeutpourmecomprendre.Ildemeurefroid malgrétout. –Unhommeavoulusedonnerlamortàcausedemabêtiseet,toi,tudoiscertainementtedire qu’onnepeutpasmefaireconfiance,melamenté-je. Ilsecouelatête,maisrestetoujourssilencieux,lesyeuxrivéssurmonvisagegonflé. L’interphonesonneetSaskiavarépondre.Unelivraisonapparemment,puisqu’ellerevientdansle salonetposediscrètementdevantmoi,surlatablebasse,uneenveloppemarquéeFedEx®. –Jenecomprendstoujourspaspourquoitunem’aspasparlédetonex,commenceDayton,qui pose la main avec précaution sur les miennes jointes. Je ne comprends pas comment tu as pu me cacher qu’il te harcelait, et je t’en veux, oui. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, Anna. Je t’en veux d’avoirdissimulétoutça.C’estpresqueunmensonge. Jerelèvelatêtepourprotester,maisoui,ilaraison. – Je t’en veux de ne pas m’avoir fait assez confiance pour m’en parler, poursuit-il. Je ne peux m’empêcherdemerappelercequetum’asreproché,lefaitdetecachercertainsaspectsdemavie. Finalement,tuasfaitlamêmechose. Jesecouelatête,malàl’aise. – Je te fais confiance, Dayton, dis-je, des sanglots dans la voix et le menton qui commence à trembler. C’est juste que… j’étais tellement bien avec toi que j’ai fait comme si Jonathan n’existait pas.Ilnevoulaitrienentendre.Luiparlerneservaitàrienetj’étaisentraindevivredesmoments fabuleuxavectoi.C’étaitcommedansunrêve. Les larmes dévalent sur mes joues jusqu’à mon menton. Dayton passe le bras autour de mes épaules. –Jem’enveux,poursuis-je,parcequej’aifaitdumalàJonathan,parcequejet’aifaitdumalàtoi. Jetienstellementàtoi,Dayton,chuchoté-je,uneénormebouledanslagorge,enleregardantdansles yeux. Puis je me love dans ses bras. Je m’abandonne complètement à son étreinte. Nous restons ainsi enlacés quelques minutes, l’un contre l’autre, à nous réapprivoiser après cette discussion douloureuse.Jenepeuxpasmepermettredeleperdre. –Mesparentsontdûm’envoyerlelivretdefamillepourmademandedecarteverte,murmuré-je d’unepetitevoix,contreletorseprotecteurdeDayton.C’estquelquechosedepositif,aumoins,non? Je me redresse en essuyant les larmes sur mes joues, puis je prends l’enveloppe FedEx® posée devantmoietl’ouvre.Ellecontientlelivretdefamille,ainsiqu’unelettremanuscritepliéeentrois surlaquellejecroisreconnaîtrel’écrituredemamère.Jelametsdecôtépourplustardetprendsle livretquejecommenceàfeuilleter.Jem’arrêtesurladoublepagedel’étatcivildemesparents.Ce sontdesdétailsdemavie,monhistoire,làoùj’aicommencéenfait,leurrencontre,leurmariage.Je tournelapagedulivretpourmevoir,meraccrocheràuneréalitéadministrative.Moi,monnom,ma datedenaissance.J’ysuisbien,eneffet,surlapagededroite,celledusecondenfant. Surlapagedegauche,cellequifaitfaceàlamienne,jelis:«Prénomdel’enfant:Alex».Ilya unedatedenaissance,sixansavantlamienne,etunedatededécès.Alexestmortà3ans.Ilestnéet décédéàPhiladelphie. Jefixelapagesanscomprendre. Unfrère?Maisjen’aipasdefrère! Je suis sous le choc de cette découverte. Ma respiration se fait plus rapide, plus forte. Des fourmillementss’emparentdemesmains.Mesdoigtssecontractentetsetordentcommedesgriffes. Le livret de famille tombe au sol. Mon corps se tend entièrement. Je bascule sur le côté avec l’impression d’être prise dans un ciment qui m’alourdit et m’étouffe. Je me mets à trembler violemment. Avant que le noir se referme sur moi, j’entends la voix de Dayton appeler plusieurs fois : «Anna!».Puisjenesuispluslà. Àsuivre, nemanquezpasleprochainépisode. Egalementdisponible: Toi+Moi:l’uncontrel’autre Toutlesoppose,toutlesrapproche.QuandAlmaLancasterdécrochelepostedesesrêvesàKing Productions,elleestdéterminéeàallerdel’avantsansseraccrocheraupassé.Bosseuseetambitieuse, elleévoluedanslecercletrèsferméducinéma,maisn’estpasdugenreàsefairedesfilms.Son boulotl’accapare;l’amour,ceserapourplustard!Pourtant,lorsqu’ellerencontresonPDGpourla premièrefois–lesublimeetcharismatiqueVadimKing–,ellereconnaîtimmédiatementVadim Arcadi,leseulhommequ’elleaitvraimentaimé.Douzeansaprèsleurdouloureuseséparation,les amantsseretrouvent.Pourquoia-t-ilchangédenom?Commentest-ilarrivéàlatêtedecetempire? Etsurtout,vont-ilsparveniràseretrouvermalgrélessouvenirs,malgrélapassionquileshanteetle passéquiveutlesrattraper? Tapotezpourvoirunextraitgratuit.