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Document Pédagogique Claude Closky Toutes les façons de fermer une boîte en carton Présentation Toutes les façons de fermer une boîte en carton est une installation réalisée en 1989 comprenant 16 cartons de format et d’apparence identiques agencés quatre par quatre par intervalles réguliers et posés à même le sol. Dans ce travail, Claude Closky questionne l’utilisation des objets au quotidien et le regard que l’on porte sur eux. La plupart du temps, les cartons servent à contenir ou à protéger, ici, ils sont vides et n’existent que par le nouvel ensemble qu’ils forment. Ce sont des objets réels qui sont présentés tels quels. Le rassemblement et le placement organisé des cartons sont inhabituels. Ce sont des gestes simples à effectuer, et pourtant ils ne sont pas sans conséquences : ils renvoient à notre environnement, provoquent de l’étonnement et détournent la fonction usuelle des cartons. L’objet ordinaire perd sa fonction première, n’appartient plus au quotidien dont il est issu et entre définitivement dans le monde de l’art. L’univers de Claude Closky est celui du quotidien - mots, chiffres, figures géométriques, images… - traité le plus souvent sur un mode ludique et léger. Par l’emploi de plusieurs médiums (dessins, écritures, installations, vidéo et son), il questionne les polarités, le simple et le complexe, le semblable et le dissemblable, les lois des micro-événements et les automatismes, ainsi que les glissements entre sens et non-sens… L’artiste dit « Au quotidien, les objets et les évènements semblent apparaître, faire sens, grâce à des systèmes, des classements hiérarchiques entre plus petit et plus grand, entre 1 et 10, entre A et Z… Un des moteurs de mon travail est de montrer et, de remettre en question ces codes qui sont souvent devenus si familiers qu’on n’y prête plus attention ». Selon le critique d’art Olivier Zahm, « Toutes les façons de fermer une boîte en carton, c’est épuiser aussi : 1- Toutes les possibilités d’un volume (=la sculpture), 2- Toutes les possibilités d’un vocabulaire (=la pliure), 3- Toutes les possibilités de l’art (objet emballé, entassé, stocké), 4- Toutes les possibilités d’ironie conceptuelle d’une circularité qui va de l’art comme transport (émotionnel) à l’art du transport (le carton) ». Cette œuvre nécessite de suivre un mode d’emploi pour la réaliser. Matériel Nécessaire : 16 cartons de même dimension Réalisation : Le format des cartons n’est pas imposé par l’artiste car l’œuvre n’est pas conservée, elle est réalisée pour toute nouvelle présentation. Le format moyen des cartons est d’environ : - Hauteur : 40 cm - Largeur : 40 cm - Longueur : 60 cm L’espace entre chaque carton est d’environ 20 cm. Autour de l’œuvre : L’art de plier Le mot « plier » tire son origine du bas latin plicare (« plier, enrouler ») issu de plectere (« plier », « tresser », « fléchir »). Ce mot a plusieurs sens, le verbe transitif « plier » par exemple consiste à rabattre un objet sur lui-même. Dans notre quotidien, nous plions tous les jours des papiers, des serviettes, des vêtements… Le pliage est une technique qui consiste à déformer la matière selon un pli. Dans certaines cultures, le pliage est considéré comme un art, au Japon notamment où l’origami est l'art du pliage du papier. Pliage de vêtements de Erwin Wurn Le pliage chez Simon Hantaï (Collection du FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur) Erwin Wurm Der Popanz, 2009 Simon Hantaï Tabula-violet et noir, 1981 Organiser, ranger, classer… L’œuvre de Claude Closky révèle la démarche globale d’organisation du travail. Ainsi le simple fait de plier des cartons et de les organiser dans un ordre précis reflète le système de rangement industriel que l’on retrouve dans les stockages des grandes entreprises. Observateur ironique de l’univers marchand, Claude Closky tire son inspiration du langage de la publicité et de la présentation des objets de consommation dans les rayons des supermarchés. Claude Closky Untitled (NASDAQ), 2004 Claude Closky Untitled (Supermarket), 2005 Un rapport au Minimalisme Le travail et la réflexion de Claude Closky portent avant tout dans son œuvre sur la perception des objets et leur rapport à l’espace. L’œuvre devient un révélateur de l’espace environnant qu’elle inclue comme un élément déterminant. Cela fait évidemment penser au Minimalisme, qui est un courant de l'art contemporain né dans les années 1960 aux ÉtatsUnis. Ce moment se caractérise, entre autres, par un souci d’économie de moyens. Les œuvres minimales insistent sur la globalité des perceptions. Elles rejoignent par là certaines thèses de la philosophie et de la psychologie modernes. Carl Andre magnesium squares, 1969 Ready-made L’œuvre de Claude Closky peut être considérée comme un ready-made. Le ready-made (mot anglais) est un objet trouvé considéré comme un objet d'art. L'attitude du ready-made consiste, initialement et simplement à choisir un objet manufacturé et à le désigner comme œuvre d'art. Initiée par Marcel Duchamp, cette démarche a donné naissance à une grande partie des pratiques artistiques actuelles, qu'elles s'en réclament ou s'en défendent. Marcel Duchamp, Ready-made : Roue de bicyclette (1913), Porte-bouteilles (1914), Fontaine (1917) Le même et le différent Les 16 cartons de l’œuvre de Claude Closky sont identiques, mais dans leur installation ne se ressemblent pas. La manière de les fermer n’étant pas la même. Les objets deviennent différents. Cette réflexion sur le même et le différent a été posée entre autre par l’artiste Allan McCollum qui est connu pour utiliser les méthodes de production de masse dans son travail artistique, produisant souvent des milliers d'objets, qui, bien que produits en grande quantité, sont tous uniques. Allan McCollum Over Ten Thousand Individual Works, (detail) 1987/91 Allan McCollum Mount Signal and Its Sand Spikes, 1999/2000 Disposition au sol Les cartons dans l’installation de Claude Closky sont disposés à même le sol. Les objets géométriques posés sur le sol font références aux réalisations de Jean-Pierre Raynaud et ses bassines en inox contenant des morceaux de sa maison, aux sculptures minimales de Carl André, aux sphères de Jean-Luc Parant… Jean Pierre Raynaud Museum De Pont, Tilburg, 1999 Jean-Luc Parant les boules se projettent où les oiseaux s'envolent, 1999-2000 Le carton comme matériau Les usages actuels du carton restent principalement l’emballage, l’industrie de l’édition mais aussi toutes les industries de cartonnage où ses qualités d’isolant phonique mécanique et électrique sont utilisées. Un nouvel usage du carton se démocratise de nos jours : celui du mobilier. Depuis l’apparition du carton, cette technique était surtout le fait de designers et d’artistes (les constructions de Sylvie Reno, le travail de Olivier Grossetête et de Chris Gilmour qui réalise des objets en carton à l’échelle 1). Mais de plus en plus, elle est le fait d’individus non nécessairement spécialistes qui s’appellent eux-mêmes des cartonnistes (à ne pas confondre avec les cartonniers). Ils apprécient de pouvoir créer eux-mêmes leurs meubles, objets usuels ou objets d’art, le carton permettant toutes les fantaisies. Olivier Grossetête Le pont du cours Mirabeau, 2009 Sylvie Reno Stock Exchange, 2007 Chris Gilmour Aston Martin DB8, 2006 Et plus si affinités : Claude Closky propose avant tout de décliner une combinaison de possibilités et de l’épuiser. Vous pouvez vous aussi choisir un objet et proposer toutes les façons de : rouler un tapis plier une feuille s’asseoir de se tenir le menton… à vous de jouer ! Guy Limone, Les Porteurs de couleurs, tabouret rouge et cadre, 1992, Collection FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur Pistes d’ateliers • • • • • • Demander aux élèves d’apporter un objet banal, qu’ils utilisent tous les jours, puis de le rendre « autre » par leur intervention. «Autre» pourra représenter une valeur symbolique, sentimentale, esthétique, biographique... Interroger les moyens mis en œuvre pour transformer cet objet. Identifier les matériaux utilisés ainsi que les gestes et les opérations effectuées par les élèves. Mettre en perspective le terme de bricolage avec la technique de représentation. Interroger les réactions face à l’objet transformé : provoque-t-il le rire, l’étonnement, l’émerveillement, la crainte, le rêve... Interroger le statut de ce nouvel objet : est-il toujours fonctionnel, banal ? L’artiste peut-il faire une œuvre d’art avec des gestes très simples ? L’intérêt que l’on porte à cette œuvre est-il semblable au plaisir que l’on éprouve devant une œuvre constituée de matériaux plus conventionnels comme la peinture ou la sculpture ? Mots clés / Index Classement, codes, combinaisons, transport, pliage, minimalisme, vocabulaire, volume, ready-made, industrialisation, stabilité, répétition, organiser… Notes Pour toutes les reproductions des œuvres : ©ADAGP, Paris 2010 Textes et pistes pédagogiques © FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, 2010 Pour tout contact avec le Service des publics : 04 91 91 27 55 Ce document pédagogique a été réalisé par le Service des Publics Annabelle Arnaud, chargée de projets et médiation en milieu scolaire et Nicolas Emmanuelli, stagiaire au FRAC