Download La réserve naturelle de Nohèdes et le site Natura 2000 du Madres

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LA TO U RN É E D E FO RET M E D ITE RRAN É E N N E
La réserve naturelle de Noh èd es
et le site Natura 2 0 0 0
du Madres C oronat
par l'Association gestionnaire de la Réserve naturelle de Nohèdes
Première étape de notre tournée
forestière, la réserve naturelle
de Nohèdes se trouve
au 11bout du monde" !
De Prades, il nous a fallu
parcourir plusieurs kilomètres
d'une route sinueuse et encaissée.
C'est un endroit remarquable,
et c'est sans doute pour cela qu'on
y trouve une impressionnante
superposition de périmètres
dédiés à la protection
de la nature.
Localisation du massif du Madres-Coronat
et de N ohèdes
C'est à 15 km de la ville de Prades, après une route de montagne
typique et 25 minutes de trajet que se niche à 1000 mètres d'altitude le
petit village de Nohèdes. Il compte 65 habitants permanents, et c'est là
que se trouve le siège de la Réserve naturelle de Nohèdes, adhérente
au projet européen Natura 2000.
Nohèdes est le dernier village montagnard de la vallée. Il est accro­
ché au versant sud du m a s s i f mont agneux du Madres ( P ays du
Conflent).
L'environnement exceptionnel de ce massif, fait que plusieurs péri­
mètres relatifs au patrimoine naturel s'y chevauchent : limites de la
réserve, ZNIEFF, Natura 2000 et projet de Parc naturel régional.
Cf. carte de localisation et encadré page suivante.
La variété des paysages de la Réserve naturelle en fait sa richesse :
moraine glaciaire, versant calcaire, lacs glaciaires . . .
On y trouve d e nombreuses espèces animales e t végétales dont,
parmi les espèces phares : Hormatophylla pyrenaica, Drosera rotondi-.
folia, Ramanda myconi, et les papillons : Zerynthia rumina, Parnassius
apollo.
forêt méditerranéenne
t.
xxv; n o 1,
mars
2004
39
les activités humaines
Quelques chiffres clés de la Réserve
à Nohèdes
Date de création : 23 octobre 1 986
Su perficie : 2 1 3 7 h ectares (C o m m u n e : 3090 ha)
Altitudes extrêmes : 7 50 m - 2459 m
Répartition foncière : 3 0 % dom a n i a l , 6 8 % com m u n a l , 2 % privé
Espèces végétales sur la commune :
p l u s de 1 1 00 soit le q u a rt de la flore française, dont 1 2 espèces p rotégées a u
n iveau nation a l ,
+
2 a u n ivea u rég i o n a l
Espèces animales :
48 m a m m ifè res (46 % des m a m m ifè res terrestres de Fra n ce)
1 2 5 espèces d ' oiseaux
1 50 espèces d e p a p i l l o n s d e jour (36% des pa p i l l o ns e u ropéens)
G l o b a l e m e n t sur les 2483 espèces a n i males recen sées, 1 62 f i g u rent sur les l i stes
nationa les des espèces p rotégées.
Fig. 1 :
Loca l i sation de la rése rve n a t u re l l e de Nohèdes
Réalisation : A GRNN, R. Letscher
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Les différents périmètres
Rése rve natu rel le
Z N I E F F Type 1
Z N I E F F Type I l
ZICO
Projet de ZPS
PSIC
Natu ra 2000
Pa rc n a t u rel rég i o n a l
40
Depuis le milieu du XIX' la démographie a
subi de sérieuses évolutions. C'est en 1 8 6 1
que l'on compte l e plus d'habitants avec 360
p e r s o n n e s h ab i t a n t e n p e rm a n e n c e à
Nohèdes , puis la construction de la route en
1 9 1 2 et la guerre de 14- 18 provoquent une
chute de la population. Le niveau le plus bas
e s t a t t e i n t en 1 9 7 5 ( 2 0 h a b i t a n t s ) .
Cependant une reprise s'effectue à partir de
1982 ( avec l'installation de neo-ruraux) et
auj ourd'hui le village compte environ 6 5
habitants.
Face à cette évolution démographique, le
territoire est aussi en profonde mutation :
- un élevage devenu très extensif, locale­
ment intensif avec moins d'animaux, moins
d'exploitations , et moins de surveillance ;
- une exploitation forestière réduite (fin de
l'industrie sidérurgique , concurrence inter­
nationale des produits forestiers) ;
- des activités traditionnelles de loisirs
stables (chasse et pêche) ;
- des activités émergentes : tourisme et
activités de pleine nature.
Aujourd'hui l'élevage à Nohèdes est repré­
senté par cinq exploitations : ovins-viande ;
bovins-viande ; salmonidés ; caprins viande ;
caprins, bovins-laitiers.
Les différents types de forêts de Nohèdes
sont la hêtraie, la pinède à crochet, la pinède
sylvestre avec régénération d'érables.
E n ce qui concerne l'exploitation fores­
tière, seule la forêt communale est effective­
ment exploitée . Le plan d'aménagement de
la forêt communale de Nohèdes prévoit pour
la p é r i o d e 1 9 9 7 - 2 0 1 1 u n e p r o d u c t i o n
annuelle moyenne de :
- 500 mètres cubes de hêtre ;
� Loi de 1 976
�
Décret m i n i sté riel
�
Rég lem entati o n
+
p l a n de gest i o n
I nventa i re d u patri m o i n e nature l
I nventa i re des oiseaux
D i rective oiseaux � d ' i nté rêt com m u n a uta i re
C C E 79/409
---....._
Docu ment d ' o bjectifs
D i rective h a b itats ---.. Docu ment d ' o bj ectifs
C C E 92/43
---.L o i de 1 967
� C h a rte
- 208 mètres cubes de pins sylvestres ;
- 467 mètres cubes de pins à crochets.
Soit une recette annuelle moyenne de
7000 euros.
Les activités traditionnelles de loisirs sont
la chas s e , la cueillette , la pêche. Depuis
d'autres activités touri s tiques de pleine
nature s e s o n t dével o p p é e s : randonnée
pédestre, escalade, spéléologie, randonnée à
raquette l'hiver . . .
Une enquête quantitative effectuée e n
1994 a dénombré l a venue d'environ 6000
touristes sur la Réserve.
Une enquête qualitative a été également
r é a l i s é e durant l ' é t é 2 0 0 2 , e l l e v i s ait à
connaître la motivation de la fréquentation.
Ainsi la randonnée est la motivation princi­
pale de plus de 80 % des personnes , 45 % y
viennent pour se détendre et un peu plus de
30 % pour pêcher.
Près de 45% des promeneurs disent quitter
les sentiers et plus de 30 % sont accompa­
gnés de chiens, cela ne va pas s'en poser de
nombreux problèmes de dérangement de la
faune.
Le plan de gestion de la
Réserve naturelle de N ohèdes
Le p l a n de g e s t i o n de la r é s e rve d e
Nohèdes :
- décrit l'environnement et le patrimoine
de la réserve ,
- évalue le patrimoine (rareté, originalité,
menaces . . . ),
- définit et hiérarchise les objectifs de ges­
tion,
- planifie les actions (la durée du plan est
de 5 ans).
Les principales problématiques de conser­
vation identifiées sont :
1- La dynamique végétale
Elle est caractérisée par un développement
important des formations boisées au détri­
ment des zones ouvertes.
Les réponses pour "réouvrir" le milieu :
- une gestion par le feu (brûlage dirigé) sur
des superficies importantes,
- le sylvopastoralisme (débroussaillement
animal) et le débroussaillement mécanique .
2- Les plantes envahissantes
Par exemple, le Séneçon du Cap (Senecio
inaequidens) a envahi une centaine d'hec­
tares sur Nohèdes depuis 1989.
C'est une plante toxique pour le bétail, elle
profite du feu et du surpâturage pour s'ins­
taller et se développer, elle concurrence la
flore locale et représente donc une menace
pour la Réserve naturelle .
Les réponses :
L'arrachage manuel des pieds est efficace
sur les zones nouvellement envahies, mais
difficilement envisageable sur de grandes
surfaces !
Plus prometteuse est la lutte biologique
avec l'introduction d'un puceron prédateur :
Aphis jacobae.
3- L a fréquentation des z o n e s sen­
sibles
La nidification des rapaces
Photo 1 :
Déve l o p p e m e n t
i m porta nt
des fo rmations boisées,
ici n o i setiers,
a u dét r i m e n t
des z o n e s ouvertes
Photo D.A.
L'escalade des falaises en période de nidifi­
cation provoque l'abandon des nids.
La fréquentation des zones à Grand Tétras
Les randonnées à raquettes, à ski ou hors
sentiers dans les forêts claires de pins à cri­
chets e s t une catastrophe pour le grand
Tétras dans ses zones d'hivernage.
La fréquentation des zones à Chauves sou­
ns
Le réveil des chauve s souris pendant la
période de léthargie hivernale provoque la
consommation d'une partie importante de
leurs réserves.
Le dérangement d e s mères allaitante s
peut faire chuter les jeunes au sol ce qui peut
provoquer une destruction des colonies.
Dans ces trois cas, les zones sensibles sont
les zones d'hivernage etJou de reproduction.
Les réponses :
1- déterminer les espèces et milieux sen­
sibles , les périodes de sensibilité,
2- cartographier les zones sensibles,
3- identifier les prescripteurs de fréquentation touristique,
4- localiser et dater leurs activités ,
5- croiser avec l e s zones d e sensibilité,
6- localiser les zones perturbées,
7- proposer des alternatives,
41
Et aussi et toujours communiquer, à tra­
vers l'information sur le terrain (panneaux),
la participation à diverses manifestations,
l'établissement de partenariats, la formation
des acteurs locaux . . .
le site N atura
«
2000
Madres-Coronat
»
Désignée par l'Etat comme opérateur local
dans le cadre de la mise en œuvre expéri­
mentale de l a Dire ctive Habitats Faune
Flore sur le site pilote "Madre s-C oronat",
l'As s o ciation gestionnaire de l a R é s e rve
naturelle de Nohèdes a participé, entre 1996
e t 1 9 9 8 , dans l e cadre d'un programme
"LIFE", à l'élaboration de Documents d'objec­
tifs sur 3 7 sites en France.
Le D o cument d'obj e c tifs du site pilote
"Madres Coronat", qui est le mode d'emploi
de Natura 2000, a été validé par le Comité
de pilotage le 12 janvier 1998. Depuis cette
date qui clôturait localement cette démarche,
u n e p a r t i e d e s a c ti o n s p r é v u e s p a r l e
Document d'objectifs a été réalisée.
1996- 1 998
Elabora tion du document
d'objectifs
Les obj e ctifs de gestion ont été fixés à
l'issue de deux ans de concertation sur le
site.
La fo rêt
La déprise globale des activités forestières
au cours du XX• siècle s'est notamment tra­
duite par une fermeture exce ssive de cer­
tains milieux. C ertaines pratiques fores­
tières, comme l'élimination de vieux arbres
creux se font au détriment d'espèces d'intérêt
communautaire comme les chauves-souris et
certains coléoptères.
Il faut donc :
- réactiver la gestion forestière de certains
milieux boisés d'intérêt communautaire à
faible enjeu économique,
- favoriser et conserver la diversité exis­
tante,
- sensibiliser, communiquer et se concer­
ter,
- conserver des milieux ouverts dans les
boisements favorables au Grand Tétras.
L' a g r i c u l t u re et l ' é l eva g e
Les étapes de la mise en œuvre
de la Directive Habitats
s u r le Madres-Coronat
1 99 5 - L' Etat c h a rge l 'Association gestion n a i re d e l a Réserve nature l l e d e
Nohèdes d e l a gestion expé rimenta l e d u site M a d res-C oronat.
1 996- 1 998 - C o n ce rtation et éla boration du Docu ment d ' o bj ectifs.
J a nvier 1 998 - Va l i dation du Docu ment d ' o bjectifs par l e Com ité d e P i l otage.
La Préfect u re des Pyré n ées Orientales demande aux m u n i c i p a l ités une dél i béra­
tion pour l a mise en œuvre de l a D i rective Habitats : q u atre com m u nes du site
acceptent de p o u rsu ivre l e p rojet (Matemale, Nohèdes, Mosset et V i l l efra nch e-de­
C o nflent).
J u i l l et 1 998 - L'Association gestion n a i re d e la Rése rve nature l l e de Nohèdes éla­
b o re u n p rojet d e d e m a n d e de s u bvention p o u r l a réa l i sation des actions s u r les
q u atre com m u n e s .
Avri l-août 1 999 - Préparation des actions e t rela nce de la concertation avec les
acteu rs l ocaux des q u atre com m u nes.
2 000-2003
-
Les actions con crètes de gestion des m i l ieux se mette nt en p l ace
sur les co m m u nes vo lonta i res. Quatre n ouvel les com m u nes rej o i g n e n t le p rojet
(Jujols, Esco u l o u b re, Roq uefort de S a u l t et le Bousq uet) .
42
L a diminution d e s activi t é s d ' élevage
depuis le début du siècle s'est traduite par la
fermeture progre s sive de milieux ouverts
écologiquement très riches. Les effets de cet
abandon menacent gravement le maintien
d'espèces et d'habitats d'intérêt communau­
taire.
Les solutions envisagées :
- préconiser une reprise de l'occup ation
pastorale du sol dans les zones délaissées et
favoriser l'émergence de modes de gestion
adaptés aux paysages remarquable s , aux
b i o t o p e s rares et aux e s p è c e s s e n s ib l e s ,
(notamment l e Grand Tétra s ) , encourager
l'installation et la repri s e d'exploitations
viables ,
- adapter d e s pratiques agricoles aux objec­
tifs de prévention des incendie s , de lutte
contre l'érosion et de maintien des équilibres
écologiques,
- favoriser des programmes d'aménage­
ment concerté en faveur de l'élevage avec
l'ensemble des usagers,
- préserver l'activité d'élevage par rapport
aux changements sociaux (fréquentation tou­
ristique, abondance des chiens errants),
Ra ppel ·
Natu ra 2000 deux di rectives, u n réseau, des contrats d'objectifs
·
D i rective H a bitats Faune Flore est a doptée
La
l e 2 1 m a i 1 992 p a r l e Conseil des
M i n i stres de la C o m m u n a uté e u ropéen n e . Ce texte a p o u r objectif l e m a i ntien de l a bio­
d iversité à l 'éche l l e d e l ' E u rope.
La D irective H a bitats a pour vocation principale d e
«
favoriser l a biod iversité p a r l e m a i n ­
t i e n , voi re la resta u ration d e s h a b itats natu rels d 'espèces d e l a fa u n e e t d e l a flore sa u ­
vages d ' i ntérêt com m u nauta i re, d a n s u n état d e conservation favora b l e e n tenant
Les Annexes d e l a D i rect ive H a bitats
Annexe 1
:
type d ' ha b i tats naturels d ' i ntérêt com­
m u n a uta i re dont la conse rvation n écessite la
com pte des exi gences écono m i q u es, soc i a les et c u l t u re l les a i nsi q u e des p a rtic u l a rités
désignation de zones spéciales d e conserva t i o n .
e u ropée n n es N°L 2 0 6/7 , 2 2/7/92).
An nexe I l
rég ionales et locales » ( D i rective H a b itats 92/43, J o u r n a l offi ciel des C o m m u n a utés
Les A n n exes de la D i rective H a b itats com porten t les l i stes d ' ha b itats et d ' es pèces à p ré­
server au n ivea u E u ropée n .
L a d i recti ve d u 2 avri l 1 9 79 d ite
D i rective Oiseaux
p révoit la p rotection d e s h a b itats
ou menacées à échelle de l ' E u rope. D a n s chaque pays de l ' U n io n e u ropée n n e seront
classés en zone d e p rotection spéc i a l e
(ZPS) les sites
les plus ada ptés à l a conservation
des habitats de ces espèces e n te n a n t com pte d e l e u r nom bre et de l e u r s u perfi c i e .
Natura
2000 » sera constitué e n 2 004. C ' est u n résea u e u ropéen
d ' espaces rep résentatifs d e l a b i o d i versité e u ropéenne, issus d e l 'a p p l ication d e la
D i rective Hab itats et d e l a D i rective O i seaux.
Les d i rectives eu ropéen n es fixent des
objectifs,
vat i o n .
Annexe I l l : critères de sélection d e s s ites su scep­
tibles d ' être i dentifiés com m e sites d ' i m porta nce
com m u n a uta i re et d és i g n és com m e zones spé­
c i a l es de conservati o n .
Annexe IV : espèces a n i m a les e t végéta les d ' i nté­
rêt com m u n a uta i re q u i n écessitent une p rotec­
tion stricte .
m a i s i l revient à chaque Etat m e m b re d e
les fa i re a p p l i q uer a u n ivea u n a t i o n a l et d e choisir les méthodes et outils à m ettre e n
place pour y p a rve n i r . L' Etat fra nçais a opté p o u r l a contactua l i sation .
Les obj ectifs de gestion et les a ctions à effectuer sont éta b l i s avec l ' e n s e m b l e des a cte u rs
l ocaux et uti l i sate u rs d u territo i re . C ' est le Document d ' objectifs q u i fixe les o bj ectifs et
les moyens de g esti o n .
A n n exe V : espèces a n i m a l es et végéta les d ' i nté­
rêt com m u n a uta i re dont l e p rélèvement d a n s l a
n a t u re e t l ' exploitat i o n sont suscept i b l es d e fa i re
l ' o bjet de mesu res de g estio n .
A n n exe VI
D e s contrats a u c a s par cas : l e c h o i x natio n a l e s t d ' i nciter les p ropriéta i res à éta b l i r d e s
contrats avec
espèces a n i m a les et végéta les d ' i nté­
site l a d és i g n ation d e zones spécia les de conser­
n écessa i res à la reproduction et à l a s u rvie d 'espèces d ' o i seaux considérées com m e ra res
L e Résea u «
:
rêt co m m u na uta i re dont la conservation n éces­
:
méthodes e t m oye ns d e capture et
d e m ise à m o rt et modes d e transport i nterdits.
les structu res g esti o n n a i res d e sites. La réa l isation des a ct i o n s d e resta u ra ­
tion des h a bitats se fera p a r l e b i a i s d e conventions, contrats ou codes d e bon n e
con d u ite . L'accord d e s propriéta i res et d e s usagers est i n d ispensa b l e p o u r q u ' u n e a cti o n
s e concrétise.
Di rective
Oiseaux
D i rective
H a b itats
Le Docu m e nt d ' o bj e ct i fs
C ' est u n d o c u m e n t issu d ' u n p rocessus d e
concertati o n associ a nt les a cte u rs concernés par
l
Liste n a t i o n a l e
l e site . I l précise les conditions et les moye n s
des sites pro posés
nécessai res à l a conservati o n des m i l i eux d a n s u n
état favora b l e .
Le Document d ' o bj ectifs éta b l i p o u r le site
Li ste e u ropée n n e
M a d res-C oronat rasse m b l e les i nfo rmations s u i ­
des sites d ' i m po rta nce
vantes :
•
Zone d e Protect i o n Spéc i a l e
com m u n a uta i re
l ' état d e référence d u s i t e (ca rtog ra p h i e d e s
h a b i tats e t i nventa i re des espèces e t h a b itats pré­
sents a i nsi que les préco n isati o n s d e g esti on), la
ca rte des zones d e sensi b i l ité du site,
•
Zone Spéc i a l e de C o n servation
l ' i nventa i re soci o-éco n o m i q u e d u site ( i nven­
ta i re et descri pti o n des p r i n c i p a ux secte u rs d ' acti­
des d i fférents Etats m e m b res
vité),
•
•
les o bj ectifs d e g est i o n ,
� r-----,
Résea u européen
e t les m oye ns n écessa i res p o u r atte i n d re ces
o bj ectifs (contractu a l isat i o n , convention . . . ).
forêt méditerranéenne
t.
xxv, no 1,
NATURA 2000
m a rs
2004
43
- la réflexion sur la pertinence de la créa­
tion de nouveaux accès,
Actions prog ra mmées sur les commu nes volonta i res entre 2000 et 2003
Com m u n e
Mate m a l e
Actions de gestion des habitats
Foncier
G estion sylvo-pastora l e
Privé
d ' a n c i e n n es p r a i ries d e fa u c h e
M osset
Resta u ration d es tourbières
Privé et co m m u n a l
so u m i s
E ntret i e n d e l a r i p i sylve
Privé
Réouvert u re d ' a n c i e n nes prai ries d e f a u c h e
Privé
Resta u ration d ' u n e to u rb i ère
Doma n i a l
Privé
Rem ise en état des vergers
Vi l l efra nche-de
Formation C h i ro ptères p o u r l e s spéléolog u es
J uj o l s
E ntreti e n d e r i p i sylve
-Conflent
C h a sse et pêc h e
Exposition s u r le site M a d res-C oronat
Resta u ration d e pelo uses à fourrage
Sur l e site Madres-Coronat, les activités de
chasse et pêche telles qu'elles sont prati­
quées ne constituent pas un phénomène de
perturbation au regard des espèces référen­
c é e s en annexes II et IV de la Directive
Habitat s . Aucune disposition particulière
n'est donc prévue par le Document d'objectifs
pour ces activités.
Privé
Année d'adhésion
-
1 998
2000-2003
1 999
La mise en œuvre
2000
Communes
opposées ou ne
s'étant pas
exprimées
Villefranche
de C.
Matemale
Fui lla
Ayguatébia
Caudiès
Fig. 2 (ci-dessus) :
S ite d u M a d res-Coronat
•
com m u n es a d h é rentes
au progra m m e d e m i se
- sensibiliser les usagers et les visiteurs du
site à l'existence et à la contribution environ­
nementale de l'agriculture sur le massif.
e n œuvre expéri m e nta l e
d u DOCOB
La fréq u e ntat i o n to u r i st i q u e
L a fréquentation touristique dont l'expan­
sion s'accentue , peut constituer un facteur
négatif quant aux objectifs de la Directive
Habitats. Une ge stion rationnelle des flux
est susceptible de minimiser les impacts de
cette fréquentation. Elle passe par :
- l'nformation et la sensibilisation,
- la gestion de la fréquentation sur certains
secteurs (entretien et balisage de sentiers),
44
- l a mise à disposition de l'information
scientifique nécessaire pour tous les parte­
naires,
- la prise en compte, par les partenaires , de
la vulnérabilité de certains habitats et cer­
taines espèces, qui implique de la part de
chacun une attitude responsable.
Privé
E ntret i e n d e l a r i p i sylve
N o h èdes
- la l i m i t a t i o n du d é r a n g e m e n t d e s
chauves-souris présentes dans les grottes,
expérimen tale des actions
Suite à la validation du Document d'objec­
tifs par les membres du Comité de Pilotage
en janvier 1998, les quatre communes du site
ont délibéré favorablement pour sa mise en
œuvre expérimental e . Conformément aux
procédures définies par le Comité de pilotage
dans le Document d'objectifs, la programma­
tion des actions ne peut être effectuée que
sur les communes ayant délibéré favorable­
ment. Un programme d'actions a été proposé
aux c o n s e i l s municip aux d e s commun e s
concernées. Suite à leur accord, les actions
ont été réalisées entre 2000 et 2003.
L'Association gestionnaire de la Réserve
naturelle de Nohèdes , coordonnatrice du pro­
jet sur le Madres-Coronat, a monté les dos­
siers afin d'obtenir les financements néces­
saires à la réalisation des actions de gestion
des habitats sur ces quatre communes . Les
propositions ont ensuite été discutées avec
les élus et utilisateurs des terrains concer­
nés .
Des visites sur le terrain ont été organi­
sées avec les élus et les professionnels afin
que chacun puisse prendre conscience des
enjeux biologiques défendus mais également
pour définir la nature des travaux, évaluer
les techniques à mettre en œuvre et estimer
le coût de chaque opération.
L'exemple de Nohèdes
Nohèdes est une commune qui a fortement
subi les conséquences de l'abandon des terri­
toires de montagne durant les année s 5 0 .
L'homogénéisation d e s p aysage s e s t très
marquée puisque, de 20% de surfaces fores­
tières en 1910, on est passé à 60% en 1990.
Le fond de la vallée de Nohèdes qui n'est
plus exploité est rarement entretenu par les
propriétaires privés . Plusieurs actions ont
été programmées pour contribuer à la remise
en état du fond de la vallée.
Le Desman des Pyrénées
Dessin d e D . Penin
Le D e s m a n des Pyré nées est un petit i n sectivore d ' envi ron 25 cm de la tro m p e a u
bout d e l a q u e u e . I l h a b ite l e s torrents e t l e s r u i ssea ux d e monta g n e des Pyrén ées,
du Nord d e l ' Espa g n e et d u Port u g a l . Il se n o u rrit des i n sectes p résents d a n s les
L' e n t ret i e n de l a r i p i sy l ve
La Galerie d'Aul nes Pyré n é o - C atalane
(code Corine 44 . 3 4 3 , habitat prioritaire de
l'annexe 1 de la Directive Habitats) borde la
rivière d e N o h è d e s . Elle est c o n s ti t u é e
d'essences comme l'Aulne, l e Frêne . . .
co u rs d ' ea u . I l est m e n acé p a r toutes les p o l l u t i o n s d e l ' e a u : d i m i n ut i o n des
d é b its l i és a u x centra les é l ectri q u es, eaux usées déversées dans les rivières, s u r­
a b o n d a n ce de bois en décomposition d a n s l ' e a u . .
La forêt riveraine du cours d ' e a u a été
éclaircie e n abattant un certain nombre
d'arbres et arbustes , et les embâcles qui obs­
truaient le lit de la rivière éliminés.
Le GLE (Groupement Local d'Employeur)
de Nohèdes a été chargé des travaux, ce qui
a permis à ses deux employés de pérenniser
leur poste. Le bois produit sert à l'alimenta­
tion de la chaudière à plaquette dont s'est
récemment équipée la Maison de la Réserve.
Les habitants du village qui le souhaitent
peuvent aussi bénéficier contre une modeste
participation, de ce combustible .
La p ra i r i e d u Ta l l at
C ' e s t une prairie semi-sèche sur calcaire
caractéristique appelée M é s obromion de
catalogne (code C orine 3 2 . 2 6 1 habitat de
l'annexe 1). Elle se situe en rive droite de la
rivière de Nohèdes. Ce type de végétation est
à p r é s e rver au titre de l a Dire ctive H a ­
bitats . Cette parcelle traditionnellement fau­
chée ou pâturée par les ovins était petit à
petit envahie par les arbustes et les ronces.
Les ligneux ont été éliminés pour permettre
à la végétation herbacée de se maintenir.
Photo 2 : Le Mesobro m i o n d u Ta l l at avant i ntervention
Photo Alain Mangeot
Les ve rg e rs
Une action complémentaire à l'entretien
de la rivière est la remise en état de vergers
présents dans le Riberal . Les arbres sont
principalement des pommiers abandonnés
depuis plusieurs dizaines d'année s . Il est
souhaitable de préserver ces milieux pour
plusieurs raisons. C'est le lieu de chasse pri-
Photo 3 : Rivière d e Tore l les a p rès resta u ration
Photo Alain Mangeot
45
Photo 4
(en bas, à ga uche) :
Le Mesobro m i o n d u
Ta l l at a p rès i nte rve ntion
Photo Alain Mangeot
Photo 5
(en bas, à d roite) :
_
Verg e r resta u ré
Photo Alain Mangeot
46
vilégié pour les chiroptères (chauves-souris).
Ils sont friands des insectes hébergés par les
vergers . C e rtains d'entre eux, présents à
N o h è d e s fi g u r e n t à l ' a n n e x e I I de l a
Directive Habitats . A c e titre, il y a lieu de
fav o ri s e r l e u r h a b i t a t . En o u t r e , l e s
anciennes variétés d e pommes sont un patri­
moine à conserver. Les travaux ont consisté
à dégager les arbres fruitiers de la végéta­
tion envahissante (frênes, fougères, cléma­
tites, noisetiers . . . ), tailler et traiter biologi­
quement l e s arbre s . En outre , les arbres
fruitiers ont été taillés régulièrement pour
produire des fruits, mais les récoltes ont été
maigrichonnes ; en effet, l'abandon depuis
une trentaine d'années a affecté l'état sani­
taire des arbres . L'objectif n'est cependant
pas d'atteindre une production élevée, mais
simplement de restaurer une petite produc­
tion de qualité qui permettra de maintenir
cet habitat de chasse des chauves-souris.
Les a n c i e n n e s p ra i r i es de fa u c h e
d e l a J a ça
Une c o o p é ration a été établie avec
l'Université d e Perpignan pour l e suivi scien­
tifique de l'évolution de la végétation suite à
la réouverture des prairies.
La prairie de la Jaça est pâturée par les
bovins mais la pression pastorale est trop
faible pour éviter que la fougère aigle, les
rosacées (églantiers .. ) et les merisiers y pros­
pèrent.
L'objectif est de trouver le moyen d'élimi­
ner durab l e m e n t la végétation lign e u s e
envahissante . U n suivi d e la végétation, mis
en place sur plusieurs années doit évaluer
l'efficacité des méthodes employées.
Les premiers travaux ont consisté à couper
les arbres et ligneux bas , certains bosquets
Ces chiroptères que l'on appelle chauves-souris
Les C h i roptères sont p l u s comm u n ément dénommés chauves-sou ris.
Sur les 1 2 espèces a n i m a les présentes sur l e site Madres-Coronat et fig u rant en
a n n exe Il de la Di rective Habitats, la moitié sont des chauves-souris. C 'est dire
l ' i m portance patrimoniale que représentent ces petites bêtes pour le site.
Etymologie
Chiro (main) ptère (aile) : qui vole avec les mains.
L'aile de la cha uve-souris est l 'équ ivalent de la m a i n chez l ' homme. Les doigts se sont
a llongés a u cou rs de l ' évolution et l a peau s'est développée entre les doigts
(patagium) pour permettre le vol .
Les chauves-souris inventoriées sur le massif
d u Mad res-Coronat
le petit R h i nolophe
le grand R h i nolophe
le Sérotine com m u n e
la Noctule de Leisler
le G ra n d M u r i n
le Vespertilion à ore i l les échancrées
le Vespert i l i o n d e Dau benton
le Vespertilion de Natterer
l ' O re i l l a rd méridional
l ' O rei l l a rd roux
la Pip istrelle com m u n e
la P i pistrelle de K u h l
la Pip istrelle de Savi
le M i n i optère de Schei bers
le Molosse de C eston i
L'h i bernation
D a n s l e s rég ions tem pérées, lorsq ue l ' h iver a rrive, l e s cha uves-sou ris i nsectivores voient d ispa raître leurs proies.
E l les n'ont que le choix de s'endorm i r jusq u ' a u pri ntemps s u ivant. C ' est l ' h i bernation, le métabolisme marche
au ra lenti : baisse de la tem pérature d u corps (entre 0 et 1 0°C), respiration très lente, les battements card iaq ues
passent de 600 à 1 0 pulsations par m i n ute.
La vie en col onie leur permet, entre a utre, d u rant l ' h iver, de se récha uffer les u nes les a utres et a i ns i de mieux
surmonter les périodes de basses tem pératures.
Si on les trouve dans les g rottes, les ancien nes m i nes ou les g reniers, c'est q u 'el les recherchent des gîtes où les
va riations thermiq u es seront fa ibles d u rant tout l ' h iver.
Attention je dors !
D u rant l ' h iver, les cha uves-souris sont particulièrement v u l n éra bles. La l u m ière, le bruit
des pas sur l e sol ou juste l a tem pératu re de notre corps à leur proxi m ité vont les
réve i l ler. E l l es vont a lors sortir d ' h i bernation et voler dans l a g rotte j usq u ' à ce que le
ca l m e com p l et revienne. Voler consomme une énergie énorme. S i elle est active une
heure, elle consomme l ' énergie dont elle se sert pendant 80 jours d ' h i bernatio n . C 'est­
à-d i re q u ' u n e cha uve souris réveil lée 1 h disposera potentiellement de 80 jours en moi ns
d ' h i bernation à l a f i n de l ' h iver. Si le printemps tarde u n tout petit peu, elle mou rra de
froid ava nt l ' a rrivée des beaux jours .
E t a u fait, à q uoi ç a sert u n e chauve-so u ris ?
Les chi roptères ont un rôle écologique i m porta nt. Sous nos latitudes, elles se nou rrissent essentiellement
d ' i nsectes et participent ai nsi à la rég u lation de leur nombre.
Ce sont également de bons i n d icateurs de la q u a l ité d u m i l ieu naturel . E l les se trouvent en bout de chaîne
a l i menta i re et sont très sensibles aux poll utions l i ées aux i n secticides et pesticides. L'abondance de certa i nes
espèces de c h i roptères est signe d ' u n environ nement relativement peu dégradé.
Les cha uves-souris tropicales et frug ivores participent à l a pol l i n isation de très nombreuses pla ntes. E l les jouent le
même rôle que les i nsectes en E u rope. Leu r d isparition engendre des prob lèmes pou r la fructification de certa ins
arbres fruitiers .
forêt méditerranéenne
t.
xxv; n o 1,
mars
2004
47
Photo 6 (ci-dessus) :
Pra i rie de fa uche
de Camp del Boe
Photo Alain Mangeot
ont été conservés comme abris pour la faune .
La fougère , plus difficile à éliminer, a été
fauchée deux fois de suite (au printemps et
au début de l'été suivant), afin d'épuiser les
rhizomes.
Un suivi des différents itinéraire s tech­
niques sur une parcelle de prairie est en
cour s . Il concerne une p arcelle de prairie
relativement peu colonisée par les ligneux.
L'objectif est de définir l'impact sur la végé­
tation des moyens de gestion des prairies
que l'on peut mettre en place . Nous pourrons
en déduire les modes de gestion les plus per­
tinents pour la conservation de ces prairies.
Différents itinéraire s techniques ont été
menés sur de petites surfaces afin de définir
la gestion la plus pertinente une fois que la
prairie aura été remise en état :
- la fauche avec élimination des végétaux
coupés ,
- la fauche sans élimination d e s végétaux
coupés,
- le pâturage libre.
Les textes a i n s i q u e
l e s i l l u strat i o n s ayant
servi à constituer ce
com pte ren d u sont
extraits du b u l l et i n
" Les échos d u
M a d res-Coronat"
é d ité par l a Réserve
n a t u re l l e de N o hèdes
M a ison d e l a Réserve
66500 Nohèdes
04 68 05 22 42
Fax. 04 68 05 28 76
Tél .
Cou rr i e l :
n o h edes@espaces­
n a t u re l s .fr
48
Conclusion
Aprè s le principe "pollueur-payeur" qui
s'impose peu à peu à notre société , N atura
2000 inaugure un nouveau concept : celui de
"protecteur-payé". Les contrats Natura 2000
précisent les engagements de l'Etat "payeur"
et ceux du citoyen "protecteur" . Sur le site
Madres-Coronat, les cahiers des charges des
contrats sont en cours de validation par les
professionnels de l'élevage et de la forêt. La
signature des premiers contrats est prévue
pour la fin 2003 . . .
A.G.R.N.N.