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Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays
Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays
et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.)
et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.)
MÉTISSAGE CULTUREL
MÉTISSAGE CULTUREL
Interculturels et effets de la mondialisation
chez les écrivains francophones
______________________________________________________________________________
Interculturels et effets de la mondialisation
chez les écrivains francophones
______________________________________________________________________________
Volume I
Volume I
Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays
Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays
et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.)
et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.)
MÉTISSAGE CULTUREL
MÉTISSAGE CULTUREL
Interculturels et effets de la mondialisation
chez les écrivains francophones
______________________________________________________________________________
Interculturels et effets de la mondialisation
chez les écrivains francophones
______________________________________________________________________________
Volume I
Volume I
ȱ
ȱ
Le présent volume paraît au cadre d’une action de recherche en
réseauȱ (N°ȱ Pa.2091RR710)ȱ menée à terme par des chercheurs de
l’Université catholique de Louvain (LouvainlaNeuve), Belgique Luc Collès,JeanLouis Dufays, Francine Thyrionet IoanaBelu,de
l’Université de Sousse, Tunisie Amor Séoud, Naima Meftah et
NajibaRegaiegetdel’UniversitédeCraiova,RoumanieCristiana
NicolaTeodorescuetCeciliaCondei(directeurduprojet),membres
duȱréseauȱdeȱchercheursȱ«ȱDiversitéȱdesȱexpressionsȱculturellesȱetȱ
artistiques,ȱ etȱ mondialisationsȱȱ»ȱ deȱ l’Agenceȱ Universitaireȱ deȱ laȱ
Francophonie.ȱ Les deux volumes d’actes du colloque international
Métissageȱ culturelȱ:ȱ interculturelsȱ etȱ effetsȱ deȱ laȱ mondialisationȱ chezȱ lesȱ
écrivainsȱ francophones bénéficient du soutien financier de l’Agence
Universitaire de la Francophonie (Bureau de l’Europe Centrale et
Orientale,réf.5210CQ812).
Le présent volume paraît au cadre d’une action de recherche en
réseauȱ (N°ȱ Pa.2091RR710)ȱ menée à terme par des chercheurs de
l’Université catholique de Louvain (LouvainlaNeuve), Belgique Luc Collès,JeanLouis Dufays, Francine Thyrionet IoanaBelu,de
l’Université de Sousse, Tunisie Amor Séoud, Naima Meftah et
NajibaRegaiegetdel’UniversitédeCraiova,RoumanieCristiana
NicolaTeodorescuetCeciliaCondei(directeurduprojet),membres
duȱréseauȱdeȱchercheursȱ«ȱDiversitéȱdesȱexpressionsȱculturellesȱetȱ
artistiques,ȱ etȱ mondialisationsȱȱ»ȱ deȱ l’Agenceȱ Universitaireȱ deȱ laȱ
Francophonie.ȱ Les deux volumes d’actes du colloque international
Métissageȱ culturelȱ:ȱ interculturelsȱ etȱ effetsȱ deȱ laȱ mondialisationȱ chezȱ lesȱ
écrivainsȱ francophones bénéficient du soutien financier de l’Agence
Universitaire de la Francophonie (Bureau de l’Europe Centrale et
Orientale,réf.5210CQ812).
Qu’ellesoiticichaleureusementremerciée.
Qu’ellesoiticichaleureusementremerciée.
Paru en Roumanie. L’imprimerie de l’Université de Craiova, rue Calea Brestei, n°146, Craiova.
Tél:0040251598054.
Paru en Roumanie. L’imprimerie de l’Université de Craiova, rue Calea Brestei, n°146, Craiova.
Tél:0040251598054.
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Le présent volume paraît au cadre d’une action de recherche en
réseauȱ (N°ȱ Pa.2091RR710)ȱ menée à terme par des chercheurs de
l’Université catholique de Louvain (LouvainlaNeuve), Belgique Luc Collès,JeanLouis Dufays, Francine Thyrionet IoanaBelu,de
l’Université de Sousse, Tunisie Amor Séoud, Naima Meftah et
NajibaRegaiegetdel’UniversitédeCraiova,RoumanieCristiana
NicolaTeodorescuetCeciliaCondei(directeurduprojet),membres
duȱréseauȱdeȱchercheursȱ«ȱDiversitéȱdesȱexpressionsȱculturellesȱetȱ
artistiques,ȱ etȱ mondialisationsȱȱ»ȱ deȱ l’Agenceȱ Universitaireȱ deȱ laȱ
Francophonie.ȱ Les deux volumes d’actes du colloque international
Métissageȱ culturelȱ:ȱ interculturelsȱ etȱ effetsȱ deȱ laȱ mondialisationȱ chezȱ lesȱ
écrivainsȱ francophones bénéficient du soutien financier de l’Agence
Universitaire de la Francophonie (Bureau de l’Europe Centrale et
Orientale,réf.5210CQ812).
Le présent volume paraît au cadre d’une action de recherche en
réseauȱ (N°ȱ Pa.2091RR710)ȱ menée à terme par des chercheurs de
l’Université catholique de Louvain (LouvainlaNeuve), Belgique Luc Collès,JeanLouis Dufays, Francine Thyrionet IoanaBelu,de
l’Université de Sousse, Tunisie Amor Séoud, Naima Meftah et
NajibaRegaiegetdel’UniversitédeCraiova,RoumanieCristiana
NicolaTeodorescuetCeciliaCondei(directeurduprojet),membres
duȱréseauȱdeȱchercheursȱ«ȱDiversitéȱdesȱexpressionsȱculturellesȱetȱ
artistiques,ȱ etȱ mondialisationsȱȱ»ȱ deȱ l’Agenceȱ Universitaireȱ deȱ laȱ
Francophonie.ȱ Les deux volumes d’actes du colloque international
Métissageȱ culturelȱ:ȱ interculturelsȱ etȱ effetsȱ deȱ laȱ mondialisationȱ chezȱ lesȱ
écrivainsȱ francophones bénéficient du soutien financier de l’Agence
Universitaire de la Francophonie (Bureau de l’Europe Centrale et
Orientale,réf.5210CQ812).
Qu’ellesoiticichaleureusementremerciée.
Qu’ellesoiticichaleureusementremerciée.
Paru en Roumanie. L’imprimerie de l’Université de Craiova, rue Calea Brestei, n°146, Craiova.
Tél:0040251598054.
Paru en Roumanie. L’imprimerie de l’Université de Craiova, rue Calea Brestei, n°146, Craiova.
Tél:0040251598054.
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Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays
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et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.)
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MÉTISSAGE CULTUREL
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Interculturels et effets de la mondialisation
chez les écrivains francophones
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Interculturels et effets de la mondialisation
chez les écrivains francophones
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Volume I
Volume I
Editura UNIVERSITARIA
Craiova, 2009
Editura UNIVERSITARIA
Craiova, 2009
Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays
Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays
et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.)
et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.)
MÉTISSAGE CULTUREL
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Interculturels et effets de la mondialisation
chez les écrivains francophones
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Interculturels et effets de la mondialisation
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Volume I
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Editura UNIVERSITARIA
Craiova, 2009
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Craiova, 2009
Coordinateurs scientifiques :
Cecilia Condei, maître des conférences, Université de Craiova
Jean-Louis Dufays, professeur, CEDILL, Université catholique de Louvain,
Louvain-la-Neuve
Cristiana-Nicola Teodorescu, professeur, Université de Craiova
Coordinateurs scientifiques :
Cecilia Condei, maître des conférences, Université de Craiova
Jean-Louis Dufays, professeur, CEDILL, Université catholique de Louvain,
Louvain-la-Neuve
Cristiana-Nicola Teodorescu, professeur, Université de Craiova
Copyright © 2009 Universitaria
Toate drepturile sunt rezervate Editurii Universitaria
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Toate drepturile sunt rezervate Editurii Universitaria
Descrierea CIP a Bibliotecii Naôionale a României
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Condei, Cecilia
METISSAGE CULTUREL - Interculturels et effets de
la mondialisation chez les écrivains francophones –
Vol. 1 / Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana
– Nicola Teodorescu (éds.). - Craiova : Universitaria,
2009
Bibliogr.
ISBN 978-606-510-449-5
978-606-510-450-1
Condei, Cecilia
METISSAGE CULTUREL - Interculturels et effets de
la mondialisation chez les écrivains francophones –
Vol. 1 / Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana
– Nicola Teodorescu (éds.). - Craiova : Universitaria,
2009
Bibliogr.
ISBN 978-606-510-449-5
978-606-510-450-1
Ap©rut: 2009
Tipografia Universit©ôii din Craiova
Str. Brestei, nr.156A, Craiova, Dolj, România
Ap©rut: 2009
Tipografia Universit©ôii din Craiova
Str. Brestei, nr.156A, Craiova, Dolj, România
Tel.: +40 251 598054
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Tip©rit în România
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Coordinateurs scientifiques :
Cecilia Condei, maître des conférences, Université de Craiova
Jean-Louis Dufays, professeur, CEDILL, Université catholique de Louvain,
Louvain-la-Neuve
Cristiana-Nicola Teodorescu, professeur, Université de Craiova
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Jean-Louis Dufays, professeur, CEDILL, Université catholique de Louvain,
Louvain-la-Neuve
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Copyright © 2009 Universitaria
Toate drepturile sunt rezervate Editurii Universitaria
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la mondialisation chez les écrivains francophones –
Vol. 1 / Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana
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2009
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ISBN 978-606-510-449-5
978-606-510-450-1
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la mondialisation chez les écrivains francophones –
Vol. 1 / Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana
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2009
Bibliogr.
ISBN 978-606-510-449-5
978-606-510-450-1
Ap©rut: 2009
Tipografia Universit©ôii din Craiova
Str. Brestei, nr.156A, Craiova, Dolj, România
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Tel.: +40 251 598054
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Tip©rit în România
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INTRODUCTIONȱ
INTRODUCTIONȱ
ȱ
ȱ
ȱ
ȱ
Le premier volume des Actes du colloque Métissage culturel:
interculturelseteffetsdelamondialisationchezlesécrivainsfrancophones
réunit des contributions visant d’une manière générale la diversité
culturelle. Comme le souligne Luc Collès dans la Conférence inaugurale,
cettediversitédépasse«lecadredessimplespolitiquescultuellespourêtre
un projet politique répondant aux retombées de la mondialisation sur la
culture.Ils’agitdoncd’«unprojetdesociété»,visantlaglobalisation,etun
projetphilosophique,quiseveutunealternativeauchoccivilisationnel,un
moyendefavoriser«lareconnaissancedesvaleursculturellesréciproqueset
lerecentragesurl’homme».
Lescontributionsseplacentsurdeuxaxes,linguistiqueetlittéraire,
auxquels on a associé la visée didactique, privilégiant, dans le premier
volume, l’axe linguistique et didactique pour ménager, dans le second,
l’orientationlittéraire.
L’interculturelȱ enȱ perspectiveȱ diachronique préoccupe Naima Maftah,
quis’estintéresséeàlaplacedelalittératuredanslesmanuelstunisiensde
quelques générations, et Luc Collès, qui se penche sur la francophonie au
CongoKinshasa (19451970), pays qui appartient au mouvement
francophonesurtoutparsalittérature.
Les métissages interculturels sont présents et exploitables dans la
classe, comme le montre JeanLouis Dufays, qui propose l’étude des
écrivains«passeurs»etdeleursraisonsd’agircommepointdedépartpour
latransmissionetladidactisationdeleurexpérience.C’estd’ailleursundes
rôles de la classe de FLE que de se placer dans un entredeux entre la
reconnaissance des identités et l’ouverture sur l’Autre, comme l’explique
Sameh Hamed, qui a déroulé une expérience à partir d’un conte de
Maupassant dans une classe de français tunisienne. L’iranienne Chardortt
Djavann et son roman Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ françaiseȱ? fournissent à Amor
Séoudlecadred’uneréflexionsurl’exploitationdutextelittérairefortement
implanté dans la culture iranienne dans une classe de français tunisienne.
Cetteétudefaitainsilepontversledeuxièmevoletdecesactes,Métissagesȱ
linguistiquesȱ etȱ textuels. L’algérien Mouloud Mammeri est au cœur des
recherches de Yasmine AbbèsKara et Malika Kebbas, la première
s’intéressant au métissage linguistique et la seconde au métissage culturel
quitraversel’œuvredel’écrivainalgérien.
Le premier volume des Actes du colloque Métissage culturel:
interculturelseteffetsdelamondialisationchezlesécrivainsfrancophones
réunit des contributions visant d’une manière générale la diversité
culturelle. Comme le souligne Luc Collès dans la Conférence inaugurale,
cettediversitédépasse«lecadredessimplespolitiquescultuellespourêtre
un projet politique répondant aux retombées de la mondialisation sur la
culture.Ils’agitdoncd’«unprojetdesociété»,visantlaglobalisation,etun
projetphilosophique,quiseveutunealternativeauchoccivilisationnel,un
moyendefavoriser«lareconnaissancedesvaleursculturellesréciproqueset
lerecentragesurl’homme».
Lescontributionsseplacentsurdeuxaxes,linguistiqueetlittéraire,
auxquels on a associé la visée didactique, privilégiant, dans le premier
volume, l’axe linguistique et didactique pour ménager, dans le second,
l’orientationlittéraire.
L’interculturelȱ enȱ perspectiveȱ diachronique préoccupe Naima Maftah,
quis’estintéresséeàlaplacedelalittératuredanslesmanuelstunisiensde
quelques générations, et Luc Collès, qui se penche sur la francophonie au
CongoKinshasa (19451970), pays qui appartient au mouvement
francophonesurtoutparsalittérature.
Les métissages interculturels sont présents et exploitables dans la
classe, comme le montre JeanLouis Dufays, qui propose l’étude des
écrivains«passeurs»etdeleursraisonsd’agircommepointdedépartpour
latransmissionetladidactisationdeleurexpérience.C’estd’ailleursundes
rôles de la classe de FLE que de se placer dans un entredeux entre la
reconnaissance des identités et l’ouverture sur l’Autre, comme l’explique
Sameh Hamed, qui a déroulé une expérience à partir d’un conte de
Maupassant dans une classe de français tunisienne. L’iranienne Chardortt
Djavann et son roman Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ françaiseȱ? fournissent à Amor
Séoudlecadred’uneréflexionsurl’exploitationdutextelittérairefortement
implanté dans la culture iranienne dans une classe de français tunisienne.
Cetteétudefaitainsilepontversledeuxièmevoletdecesactes,Métissagesȱ
linguistiquesȱ etȱ textuels. L’algérien Mouloud Mammeri est au cœur des
recherches de Yasmine AbbèsKara et Malika Kebbas, la première
s’intéressant au métissage linguistique et la seconde au métissage culturel
quitraversel’œuvredel’écrivainalgérien.
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INTRODUCTIONȱ
INTRODUCTIONȱ
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Le premier volume des Actes du colloque Métissage culturel:
interculturelseteffetsdelamondialisationchezlesécrivainsfrancophones
réunit des contributions visant d’une manière générale la diversité
culturelle. Comme le souligne Luc Collès dans la Conférence inaugurale,
cettediversitédépasse«lecadredessimplespolitiquescultuellespourêtre
un projet politique répondant aux retombées de la mondialisation sur la
culture.Ils’agitdoncd’«unprojetdesociété»,visantlaglobalisation,etun
projetphilosophique,quiseveutunealternativeauchoccivilisationnel,un
moyendefavoriser«lareconnaissancedesvaleursculturellesréciproqueset
lerecentragesurl’homme».
Lescontributionsseplacentsurdeuxaxes,linguistiqueetlittéraire,
auxquels on a associé la visée didactique, privilégiant, dans le premier
volume, l’axe linguistique et didactique pour ménager, dans le second,
l’orientationlittéraire.
L’interculturelȱ enȱ perspectiveȱ diachronique préoccupe Naima Maftah,
quis’estintéresséeàlaplacedelalittératuredanslesmanuelstunisiensde
quelques générations, et Luc Collès, qui se penche sur la francophonie au
CongoKinshasa (19451970), pays qui appartient au mouvement
francophonesurtoutparsalittérature.
Les métissages interculturels sont présents et exploitables dans la
classe, comme le montre JeanLouis Dufays, qui propose l’étude des
écrivains«passeurs»etdeleursraisonsd’agircommepointdedépartpour
latransmissionetladidactisationdeleurexpérience.C’estd’ailleursundes
rôles de la classe de FLE que de se placer dans un entredeux entre la
reconnaissance des identités et l’ouverture sur l’Autre, comme l’explique
Sameh Hamed, qui a déroulé une expérience à partir d’un conte de
Maupassant dans une classe de français tunisienne. L’iranienne Chardortt
Djavann et son roman Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ françaiseȱ? fournissent à Amor
Séoudlecadred’uneréflexionsurl’exploitationdutextelittérairefortement
implanté dans la culture iranienne dans une classe de français tunisienne.
Cetteétudefaitainsilepontversledeuxièmevoletdecesactes,Métissagesȱ
linguistiquesȱ etȱ textuels. L’algérien Mouloud Mammeri est au cœur des
recherches de Yasmine AbbèsKara et Malika Kebbas, la première
s’intéressant au métissage linguistique et la seconde au métissage culturel
quitraversel’œuvredel’écrivainalgérien.
Le premier volume des Actes du colloque Métissage culturel:
interculturelseteffetsdelamondialisationchezlesécrivainsfrancophones
réunit des contributions visant d’une manière générale la diversité
culturelle. Comme le souligne Luc Collès dans la Conférence inaugurale,
cettediversitédépasse«lecadredessimplespolitiquescultuellespourêtre
un projet politique répondant aux retombées de la mondialisation sur la
culture.Ils’agitdoncd’«unprojetdesociété»,visantlaglobalisation,etun
projetphilosophique,quiseveutunealternativeauchoccivilisationnel,un
moyendefavoriser«lareconnaissancedesvaleursculturellesréciproqueset
lerecentragesurl’homme».
Lescontributionsseplacentsurdeuxaxes,linguistiqueetlittéraire,
auxquels on a associé la visée didactique, privilégiant, dans le premier
volume, l’axe linguistique et didactique pour ménager, dans le second,
l’orientationlittéraire.
L’interculturelȱ enȱ perspectiveȱ diachronique préoccupe Naima Maftah,
quis’estintéresséeàlaplacedelalittératuredanslesmanuelstunisiensde
quelques générations, et Luc Collès, qui se penche sur la francophonie au
CongoKinshasa (19451970), pays qui appartient au mouvement
francophonesurtoutparsalittérature.
Les métissages interculturels sont présents et exploitables dans la
classe, comme le montre JeanLouis Dufays, qui propose l’étude des
écrivains«passeurs»etdeleursraisonsd’agircommepointdedépartpour
latransmissionetladidactisationdeleurexpérience.C’estd’ailleursundes
rôles de la classe de FLE que de se placer dans un entredeux entre la
reconnaissance des identités et l’ouverture sur l’Autre, comme l’explique
Sameh Hamed, qui a déroulé une expérience à partir d’un conte de
Maupassant dans une classe de français tunisienne. L’iranienne Chardortt
Djavann et son roman Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ françaiseȱ? fournissent à Amor
Séoudlecadred’uneréflexionsurl’exploitationdutextelittérairefortement
implanté dans la culture iranienne dans une classe de français tunisienne.
Cetteétudefaitainsilepontversledeuxièmevoletdecesactes,Métissagesȱ
linguistiquesȱ etȱ textuels. L’algérien Mouloud Mammeri est au cœur des
recherches de Yasmine AbbèsKara et Malika Kebbas, la première
s’intéressant au métissage linguistique et la seconde au métissage culturel
quitraversel’œuvredel’écrivainalgérien.
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Du Nord de l’Afrique, le chemin des recherches se déplace vers
l’Est de l’Europe, en Roumanie, espace de multiples confluences, d’où
proviennentPanaïtIstratietEugèneIonesco.L’œuvred’Istratiestsoumise
par Cecilia Condei à une analyse qui souligne les métissages linguistiques,
textuels et orthographiques dont elle est pétie. Celle d’Eugène Ionesco
procure à Daniela Dinca l’occasion de commenter un aspect spécial du
métissage que La Cantatriceȱ chauve met en évidence, en l’occurrence le
traitementdesnomspropresdepersonnes,d’ethnies,delieux,etc.
Avec Albert Memmi (Agar) et Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés),
nousentronsdansl’espacemaghrébinsoumisàl’analyseparlesRoumains.
LeregardcroiséproposéparCristianaTeodorescuaboutitàunedescription
finedesculturesàcontextericheetdesculturesàcontextepauvre,selonle
modèle de E. Hall, à propos de l’œuvre d’A. Memmi. Le problème des
dialoguesdesculturesattireAndaRadulescu,quis’intéresseàunromande
Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés) pour proposer une analyse à la fois
«interculturelle» et «interculturelle». Alina Tenescu, quant à elle, attire
l’attention sur la perspective du métissage comme accumulation de la
technologiemédiatiquedansunromandeFrédéricBeigbeder.
L’importanceetlarichessedecevolumerésidentdansl’ouverture
culturelle proposée par toutes les études,leur perspectived’analyse et leur
préoccupation de lier l’espace littéraire à la réalité de la classe de français.
Mêmesicevolumen’estpasunlivrededidactiqueensoi,lapluaprtdeses
articlesrelèventdeladidactiqueparleurorientationetparleurssuggestions
de nouvelles pistes dans la didactique des langues, ainsi que par leur
préoccupation de repositionner les écrivains francophones «minoritaires»
danslescursusscolaires.
Du Nord de l’Afrique, le chemin des recherches se déplace vers
l’Est de l’Europe, en Roumanie, espace de multiples confluences, d’où
proviennentPanaïtIstratietEugèneIonesco.L’œuvred’Istratiestsoumise
par Cecilia Condei à une analyse qui souligne les métissages linguistiques,
textuels et orthographiques dont elle est pétie. Celle d’Eugène Ionesco
procure à Daniela Dinca l’occasion de commenter un aspect spécial du
métissage que La Cantatriceȱ chauve met en évidence, en l’occurrence le
traitementdesnomspropresdepersonnes,d’ethnies,delieux,etc.
Avec Albert Memmi (Agar) et Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés),
nousentronsdansl’espacemaghrébinsoumisàl’analyseparlesRoumains.
LeregardcroiséproposéparCristianaTeodorescuaboutitàunedescription
finedesculturesàcontextericheetdesculturesàcontextepauvre,selonle
modèle de E. Hall, à propos de l’œuvre d’A. Memmi. Le problème des
dialoguesdesculturesattireAndaRadulescu,quis’intéresseàunromande
Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés) pour proposer une analyse à la fois
«interculturelle» et «interculturelle». Alina Tenescu, quant à elle, attire
l’attention sur la perspective du métissage comme accumulation de la
technologiemédiatiquedansunromandeFrédéricBeigbeder.
L’importanceetlarichessedecevolumerésidentdansl’ouverture
culturelle proposée par toutes les études,leur perspectived’analyse et leur
préoccupation de lier l’espace littéraire à la réalité de la classe de français.
Mêmesicevolumen’estpasunlivrededidactiqueensoi,lapluaprtdeses
articlesrelèventdeladidactiqueparleurorientationetparleurssuggestions
de nouvelles pistes dans la didactique des langues, ainsi que par leur
préoccupation de repositionner les écrivains francophones «minoritaires»
danslescursusscolaires.
Ce colloque et ses Actes s’inscrivent dans une action de recherche
en réseau (DCAM AUF, Pa: 2091RR710), déployée par trois équipes,
représentanttroiscentresuniversitaires:l’UniversitécatholiquedeLouvain,
LouvainlaNeuve, Belgique – Luc Collès, JeanLouis Dufays, Francine
Thyrion,IoanaBelu–,l’UniversitédeSousse,TunisieAmorSéoud,Naima
Meftah, Nejiba Régaieg – et l’Université de Craiova, Roumanie – Cristiana
Teodorescu etCecilia Condei (directeur dugroupe). A cette équipe se sont
associés, dans le cadre du colloque, différents chercheurs et enseignants
préoccupés par les phénomènes de métissage et les effets de la
mondialisation.
Ce colloque et ses Actes s’inscrivent dans une action de recherche
en réseau (DCAM AUF, Pa: 2091RR710), déployée par trois équipes,
représentanttroiscentresuniversitaires:l’UniversitécatholiquedeLouvain,
LouvainlaNeuve, Belgique – Luc Collès, JeanLouis Dufays, Francine
Thyrion,IoanaBelu–,l’UniversitédeSousse,TunisieAmorSéoud,Naima
Meftah, Nejiba Régaieg – et l’Université de Craiova, Roumanie – Cristiana
Teodorescu etCecilia Condei (directeur dugroupe). A cette équipe se sont
associés, dans le cadre du colloque, différents chercheurs et enseignants
préoccupés par les phénomènes de métissage et les effets de la
mondialisation.
CeciliaCondei,JeanLouisDufaysetCristianaTeodorescu
8
CeciliaCondei,JeanLouisDufaysetCristianaTeodorescu
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Du Nord de l’Afrique, le chemin des recherches se déplace vers
l’Est de l’Europe, en Roumanie, espace de multiples confluences, d’où
proviennentPanaïtIstratietEugèneIonesco.L’œuvred’Istratiestsoumise
par Cecilia Condei à une analyse qui souligne les métissages linguistiques,
textuels et orthographiques dont elle est pétie. Celle d’Eugène Ionesco
procure à Daniela Dinca l’occasion de commenter un aspect spécial du
métissage que La Cantatriceȱ chauve met en évidence, en l’occurrence le
traitementdesnomspropresdepersonnes,d’ethnies,delieux,etc.
Avec Albert Memmi (Agar) et Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés),
nousentronsdansl’espacemaghrébinsoumisàl’analyseparlesRoumains.
LeregardcroiséproposéparCristianaTeodorescuaboutitàunedescription
finedesculturesàcontextericheetdesculturesàcontextepauvre,selonle
modèle de E. Hall, à propos de l’œuvre d’A. Memmi. Le problème des
dialoguesdesculturesattireAndaRadulescu,quis’intéresseàunromande
Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés) pour proposer une analyse à la fois
«interculturelle» et «interculturelle». Alina Tenescu, quant à elle, attire
l’attention sur la perspective du métissage comme accumulation de la
technologiemédiatiquedansunromandeFrédéricBeigbeder.
L’importanceetlarichessedecevolumerésidentdansl’ouverture
culturelle proposée par toutes les études,leur perspectived’analyse et leur
préoccupation de lier l’espace littéraire à la réalité de la classe de français.
Mêmesicevolumen’estpasunlivrededidactiqueensoi,lapluaprtdeses
articlesrelèventdeladidactiqueparleurorientationetparleurssuggestions
de nouvelles pistes dans la didactique des langues, ainsi que par leur
préoccupation de repositionner les écrivains francophones «minoritaires»
danslescursusscolaires.
Du Nord de l’Afrique, le chemin des recherches se déplace vers
l’Est de l’Europe, en Roumanie, espace de multiples confluences, d’où
proviennentPanaïtIstratietEugèneIonesco.L’œuvred’Istratiestsoumise
par Cecilia Condei à une analyse qui souligne les métissages linguistiques,
textuels et orthographiques dont elle est pétie. Celle d’Eugène Ionesco
procure à Daniela Dinca l’occasion de commenter un aspect spécial du
métissage que La Cantatriceȱ chauve met en évidence, en l’occurrence le
traitementdesnomspropresdepersonnes,d’ethnies,delieux,etc.
Avec Albert Memmi (Agar) et Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés),
nousentronsdansl’espacemaghrébinsoumisàl’analyseparlesRoumains.
LeregardcroiséproposéparCristianaTeodorescuaboutitàunedescription
finedesculturesàcontextericheetdesculturesàcontextepauvre,selonle
modèle de E. Hall, à propos de l’œuvre d’A. Memmi. Le problème des
dialoguesdesculturesattireAndaRadulescu,quis’intéresseàunromande
Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés) pour proposer une analyse à la fois
«interculturelle» et «interculturelle». Alina Tenescu, quant à elle, attire
l’attention sur la perspective du métissage comme accumulation de la
technologiemédiatiquedansunromandeFrédéricBeigbeder.
L’importanceetlarichessedecevolumerésidentdansl’ouverture
culturelle proposée par toutes les études,leur perspectived’analyse et leur
préoccupation de lier l’espace littéraire à la réalité de la classe de français.
Mêmesicevolumen’estpasunlivrededidactiqueensoi,lapluaprtdeses
articlesrelèventdeladidactiqueparleurorientationetparleurssuggestions
de nouvelles pistes dans la didactique des langues, ainsi que par leur
préoccupation de repositionner les écrivains francophones «minoritaires»
danslescursusscolaires.
Ce colloque et ses Actes s’inscrivent dans une action de recherche
en réseau (DCAM AUF, Pa: 2091RR710), déployée par trois équipes,
représentanttroiscentresuniversitaires:l’UniversitécatholiquedeLouvain,
LouvainlaNeuve, Belgique – Luc Collès, JeanLouis Dufays, Francine
Thyrion,IoanaBelu–,l’UniversitédeSousse,TunisieAmorSéoud,Naima
Meftah, Nejiba Régaieg – et l’Université de Craiova, Roumanie – Cristiana
Teodorescu etCecilia Condei (directeur dugroupe). A cette équipe se sont
associés, dans le cadre du colloque, différents chercheurs et enseignants
préoccupés par les phénomènes de métissage et les effets de la
mondialisation.
Ce colloque et ses Actes s’inscrivent dans une action de recherche
en réseau (DCAM AUF, Pa: 2091RR710), déployée par trois équipes,
représentanttroiscentresuniversitaires:l’UniversitécatholiquedeLouvain,
LouvainlaNeuve, Belgique – Luc Collès, JeanLouis Dufays, Francine
Thyrion,IoanaBelu–,l’UniversitédeSousse,TunisieAmorSéoud,Naima
Meftah, Nejiba Régaieg – et l’Université de Craiova, Roumanie – Cristiana
Teodorescu etCecilia Condei (directeur dugroupe). A cette équipe se sont
associés, dans le cadre du colloque, différents chercheurs et enseignants
préoccupés par les phénomènes de métissage et les effets de la
mondialisation.
CeciliaCondei,JeanLouisDufaysetCristianaTeodorescu
8
CeciliaCondei,JeanLouisDufaysetCristianaTeodorescu
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ȱ
ȱ
Conférenceȱinauguraleȱ
Conférenceȱinauguraleȱ
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DIVERSITÉȱCULTURELLEȱETȱEFFETSȱDEȱLAȱ
MONDIALISATIONȱCHEZȱLESȱÉCRIVAINSȱ
FRANCOPHONESȱ
DIVERSITÉȱCULTURELLEȱETȱEFFETSȱDEȱLAȱ
MONDIALISATIONȱCHEZȱLESȱÉCRIVAINSȱ
FRANCOPHONESȱ
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ȱ
ȱ
LucȱCOLLÈSȱȱ
UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ
LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ
ȱ
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LucȱCOLLÈSȱȱ
UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ
LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ
Al’heureactuelle,l’idéedediversitéȱculturelleconnaîtunnet
regain d’intérêt. On peut même aller jusqu’à dire qu’elle est
considérée comme un des enjeux de la mondialisation. Deux types
de situations différentes expliquent cette nouvelle reconnaissance
internationale: d’une part, la fragmentation croissante des sociétés
et, d’autre part, l’exigence des minorités nationales d’une
reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle.
Al’heureactuelle,l’idéedediversitéȱculturelleconnaîtunnet
regain d’intérêt. On peut même aller jusqu’à dire qu’elle est
considérée comme un des enjeux de la mondialisation. Deux types
de situations différentes expliquent cette nouvelle reconnaissance
internationale: d’une part, la fragmentation croissante des sociétés
et, d’autre part, l’exigence des minorités nationales d’une
reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle.
Danslepremiercas,onassisteàlatransformationprofonde
de nos sociétés qui, notamment à travers le phénomène de
l’immigration, deviennent de plus en plus fragmentées et
multiculturelles.Cettetransformationnesefaitpassansheurtsetle
terme de «ghettos» revient souvent dans le débat à ce sujet. C’est
danscecontextedemétissagesocialquel’idéedediversitéculturelle
fait sa première apparition. Il s’agit alors de décrire cette
juxtapositiondeculturesdifférentesauseind’unemêmesociétéou
d’unmêmepays.Ils’agitaussideprendreactedelafind’untypede
sociéténationalefondéesurunecultureetuneidentitéhomogènes.
Danslepremiercas,onassisteàlatransformationprofonde
de nos sociétés qui, notamment à travers le phénomène de
l’immigration, deviennent de plus en plus fragmentées et
multiculturelles.Cettetransformationnesefaitpassansheurtsetle
terme de «ghettos» revient souvent dans le débat à ce sujet. C’est
danscecontextedemétissagesocialquel’idéedediversitéculturelle
fait sa première apparition. Il s’agit alors de décrire cette
juxtapositiondeculturesdifférentesauseind’unemêmesociétéou
d’unmêmepays.Ils’agitaussideprendreactedelafind’untypede
sociéténationalefondéesurunecultureetuneidentitéhomogènes.
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Conférenceȱinauguraleȱ
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DIVERSITÉȱCULTURELLEȱETȱEFFETSȱDEȱLAȱ
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FRANCOPHONESȱ
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Al’heureactuelle,l’idéedediversitéȱculturelleconnaîtunnet
regain d’intérêt. On peut même aller jusqu’à dire qu’elle est
considérée comme un des enjeux de la mondialisation. Deux types
de situations différentes expliquent cette nouvelle reconnaissance
internationale: d’une part, la fragmentation croissante des sociétés
et, d’autre part, l’exigence des minorités nationales d’une
reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle.
Al’heureactuelle,l’idéedediversitéȱculturelleconnaîtunnet
regain d’intérêt. On peut même aller jusqu’à dire qu’elle est
considérée comme un des enjeux de la mondialisation. Deux types
de situations différentes expliquent cette nouvelle reconnaissance
internationale: d’une part, la fragmentation croissante des sociétés
et, d’autre part, l’exigence des minorités nationales d’une
reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle.
Danslepremiercas,onassisteàlatransformationprofonde
de nos sociétés qui, notamment à travers le phénomène de
l’immigration, deviennent de plus en plus fragmentées et
multiculturelles.Cettetransformationnesefaitpassansheurtsetle
terme de «ghettos» revient souvent dans le débat à ce sujet. C’est
danscecontextedemétissagesocialquel’idéedediversitéculturelle
fait sa première apparition. Il s’agit alors de décrire cette
juxtapositiondeculturesdifférentesauseind’unemêmesociétéou
d’unmêmepays.Ils’agitaussideprendreactedelafind’untypede
sociéténationalefondéesurunecultureetuneidentitéhomogènes.
Danslepremiercas,onassisteàlatransformationprofonde
de nos sociétés qui, notamment à travers le phénomène de
l’immigration, deviennent de plus en plus fragmentées et
multiculturelles.Cettetransformationnesefaitpassansheurtsetle
terme de «ghettos» revient souvent dans le débat à ce sujet. C’est
danscecontextedemétissagesocialquel’idéedediversitéculturelle
fait sa première apparition. Il s’agit alors de décrire cette
juxtapositiondeculturesdifférentesauseind’unemêmesociétéou
d’unmêmepays.Ils’agitaussideprendreactedelafind’untypede
sociéténationalefondéesurunecultureetuneidentitéhomogènes.
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A partir de ce constat de la fin de l’homogénéité nationale,
l’idée de diversité culturelle est employée pour désigner des
phénomènes bien distincts et d’origines très différentes tels que le
régionalisme, les minorités nationales, les langues régionales ou
minoritaireset,plusgénéralement,l’immigration.Atitred’exemple,
le Conseil de l’Europe tente d’éclairer cette idée en faisant le
catalogue des éléments qu’elle recouvre: diversité régionale et
locale,diversitélinguistique,diversitéreligieuse,diversitéethnique,
diversité des produits et créations artistiques, etc. On le voit, l’idée
de «diversité» est comprise, dans ce genre de situation, par
opposition à celle d’«homogénéité». Cependant, dans un contexte
national,cetteidéepeutêtrerapidementperçuecommeunemenace
pourlacohésionsociale.End’autrestermes,elleestemployéepour
définir,demanièrepositiveetconstructive,unesituationdefaitqui
poseproblème.Ladiversitéculturelleestainsiprésentéecommeun
enrichissement pour les sociétés concernées, quand bien même ces
sociétéslaconsidèreraientavecunecertaineanxiété.
A partir de ce constat de la fin de l’homogénéité nationale,
l’idée de diversité culturelle est employée pour désigner des
phénomènes bien distincts et d’origines très différentes tels que le
régionalisme, les minorités nationales, les langues régionales ou
minoritaireset,plusgénéralement,l’immigration.Atitred’exemple,
le Conseil de l’Europe tente d’éclairer cette idée en faisant le
catalogue des éléments qu’elle recouvre: diversité régionale et
locale,diversitélinguistique,diversitéreligieuse,diversitéethnique,
diversité des produits et créations artistiques, etc. On le voit, l’idée
de «diversité» est comprise, dans ce genre de situation, par
opposition à celle d’«homogénéité». Cependant, dans un contexte
national,cetteidéepeutêtrerapidementperçuecommeunemenace
pourlacohésionsociale.End’autrestermes,elleestemployéepour
définir,demanièrepositiveetconstructive,unesituationdefaitqui
poseproblème.Ladiversitéculturelleestainsiprésentéecommeun
enrichissement pour les sociétés concernées, quand bien même ces
sociétéslaconsidèreraientavecunecertaineanxiété.
D’autre part, pensons aux problèmes des minorités
nationales ou des régions d’Europe qui réclament plus de
reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle.Pensonsaussiaux
différents conflits qui, sauf exception, ne se déroulent plus entre
Etatsmaisentrecommunautésethniques,religieusesouautres,àtel
point qu’on parle désormais de conflits identitaires. Les individus
qui, jusqu’en 1945, demandaient la reconnaissance de droits
politiques réclament aujourd’hui le droit de parler leur propre
langue ainsi que le respect de leur patronyme. En ce début de
troisième millénaire, on assiste donc à un glissement marqué du
«politique»vers le«culturel» dans tous les domaines. Il n’est pas
exagérédedirequelerespectdeladiversitéculturelleestdevenuun
enjeumajeur,nonseulementdelamondialisation,maissurtoutdela
paixetdelastabilitédanslemonde.
D’autre part, pensons aux problèmes des minorités
nationales ou des régions d’Europe qui réclament plus de
reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle.Pensonsaussiaux
différents conflits qui, sauf exception, ne se déroulent plus entre
Etatsmaisentrecommunautésethniques,religieusesouautres,àtel
point qu’on parle désormais de conflits identitaires. Les individus
qui, jusqu’en 1945, demandaient la reconnaissance de droits
politiques réclament aujourd’hui le droit de parler leur propre
langue ainsi que le respect de leur patronyme. En ce début de
troisième millénaire, on assiste donc à un glissement marqué du
«politique»vers le«culturel» dans tous les domaines. Il n’est pas
exagérédedirequelerespectdeladiversitéculturelleestdevenuun
enjeumajeur,nonseulementdelamondialisation,maissurtoutdela
paixetdelastabilitédanslemonde.
En conséquence, l’idée de diversité culturelle dépasse le
cadredessimplespolitiquesculturelles;c’estunprojetdesociété,un
projet politique, une alternative au choc des civilisations prédit de
10
En conséquence, l’idée de diversité culturelle dépasse le
cadredessimplespolitiquesculturelles;c’estunprojetdesociété,un
projet politique, une alternative au choc des civilisations prédit de
10
A partir de ce constat de la fin de l’homogénéité nationale,
l’idée de diversité culturelle est employée pour désigner des
phénomènes bien distincts et d’origines très différentes tels que le
régionalisme, les minorités nationales, les langues régionales ou
minoritaireset,plusgénéralement,l’immigration.Atitred’exemple,
le Conseil de l’Europe tente d’éclairer cette idée en faisant le
catalogue des éléments qu’elle recouvre: diversité régionale et
locale,diversitélinguistique,diversitéreligieuse,diversitéethnique,
diversité des produits et créations artistiques, etc. On le voit, l’idée
de «diversité» est comprise, dans ce genre de situation, par
opposition à celle d’«homogénéité». Cependant, dans un contexte
national,cetteidéepeutêtrerapidementperçuecommeunemenace
pourlacohésionsociale.End’autrestermes,elleestemployéepour
définir,demanièrepositiveetconstructive,unesituationdefaitqui
poseproblème.Ladiversitéculturelleestainsiprésentéecommeun
enrichissement pour les sociétés concernées, quand bien même ces
sociétéslaconsidèreraientavecunecertaineanxiété.
A partir de ce constat de la fin de l’homogénéité nationale,
l’idée de diversité culturelle est employée pour désigner des
phénomènes bien distincts et d’origines très différentes tels que le
régionalisme, les minorités nationales, les langues régionales ou
minoritaireset,plusgénéralement,l’immigration.Atitred’exemple,
le Conseil de l’Europe tente d’éclairer cette idée en faisant le
catalogue des éléments qu’elle recouvre: diversité régionale et
locale,diversitélinguistique,diversitéreligieuse,diversitéethnique,
diversité des produits et créations artistiques, etc. On le voit, l’idée
de «diversité» est comprise, dans ce genre de situation, par
opposition à celle d’«homogénéité». Cependant, dans un contexte
national,cetteidéepeutêtrerapidementperçuecommeunemenace
pourlacohésionsociale.End’autrestermes,elleestemployéepour
définir,demanièrepositiveetconstructive,unesituationdefaitqui
poseproblème.Ladiversitéculturelleestainsiprésentéecommeun
enrichissement pour les sociétés concernées, quand bien même ces
sociétéslaconsidèreraientavecunecertaineanxiété.
D’autre part, pensons aux problèmes des minorités
nationales ou des régions d’Europe qui réclament plus de
reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle.Pensonsaussiaux
différents conflits qui, sauf exception, ne se déroulent plus entre
Etatsmaisentrecommunautésethniques,religieusesouautres,àtel
point qu’on parle désormais de conflits identitaires. Les individus
qui, jusqu’en 1945, demandaient la reconnaissance de droits
politiques réclament aujourd’hui le droit de parler leur propre
langue ainsi que le respect de leur patronyme. En ce début de
troisième millénaire, on assiste donc à un glissement marqué du
«politique»vers le«culturel» dans tous les domaines. Il n’est pas
exagérédedirequelerespectdeladiversitéculturelleestdevenuun
enjeumajeur,nonseulementdelamondialisation,maissurtoutdela
paixetdelastabilitédanslemonde.
D’autre part, pensons aux problèmes des minorités
nationales ou des régions d’Europe qui réclament plus de
reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle.Pensonsaussiaux
différents conflits qui, sauf exception, ne se déroulent plus entre
Etatsmaisentrecommunautésethniques,religieusesouautres,àtel
point qu’on parle désormais de conflits identitaires. Les individus
qui, jusqu’en 1945, demandaient la reconnaissance de droits
politiques réclament aujourd’hui le droit de parler leur propre
langue ainsi que le respect de leur patronyme. En ce début de
troisième millénaire, on assiste donc à un glissement marqué du
«politique»vers le«culturel» dans tous les domaines. Il n’est pas
exagérédedirequelerespectdeladiversitéculturelleestdevenuun
enjeumajeur,nonseulementdelamondialisation,maissurtoutdela
paixetdelastabilitédanslemonde.
En conséquence, l’idée de diversité culturelle dépasse le
cadredessimplespolitiquesculturelles;c’estunprojetdesociété,un
projet politique, une alternative au choc des civilisations prédit de
10
En conséquence, l’idée de diversité culturelle dépasse le
cadredessimplespolitiquesculturelles;c’estunprojetdesociété,un
projet politique, une alternative au choc des civilisations prédit de
10
manièredramatiqueparSamuelHuntington.Onpeutmêmeavancer
que,danslecontextedelamondialisation,l’acteurquiseracapable
desesaisird’untelprojets’assurerauneplacedechoixsurlascène
internationale.
manièredramatiqueparSamuelHuntington.Onpeutmêmeavancer
que,danslecontextedelamondialisation,l’acteurquiseracapable
desesaisird’untelprojets’assurerauneplacedechoixsurlascène
internationale.
Ainsi,d’aprèsBernardWicht,laFrancophoniepeutjouerce
rôle:
Ainsi,d’aprèsBernardWicht,laFrancophoniepeutjouerce
rôle:
Unȱ doubleȱ rôle.ȱ D’uneȱ part,ȱ elleȱ peutȱ proposerȱ uneȱ formulationȱ
«ȱconvivialeȱȱ»ȱ deȱ laȱ diversitéȱ culturelle,ȱ formulationȱ quiȱ seȱ démarqueȱ
clairementȱ deȱ laȱ conceptionȱ dominanteȱ duȱ multiculturalisme.ȱ D’autreȱ part,ȱ
elleȱ peutȱ enȱ faireȱ sonȱ principeȱ d’actionȱ dansȱ leȱ mondeȱ –ȱ àȱ côtéȱ deȱ l’idéalȱ
démocratiqueȱetȱdeȱlaȱpromotionȱdesȱdroitsȱdeȱl’hommeȱ–ȱlorsqu’elleȱoffreȱsaȱ
médiation,ȱ chercheȱ àȱ désamorcerȱ lesȱ conflitsȱ etȱ àȱ rétablirȱ leȱ dialogueȱ
diplomatique,ȱpolitiqueȱetȱinterculturel.(Wicht,2004:26)ȱȱ
Unȱ doubleȱ rôle.ȱ D’uneȱ part,ȱ elleȱ peutȱ proposerȱ uneȱ formulationȱ
«ȱconvivialeȱȱ»ȱ deȱ laȱ diversitéȱ culturelle,ȱ formulationȱ quiȱ seȱ démarqueȱ
clairementȱ deȱ laȱ conceptionȱ dominanteȱ duȱ multiculturalisme.ȱ D’autreȱ part,ȱ
elleȱ peutȱ enȱ faireȱ sonȱ principeȱ d’actionȱ dansȱ leȱ mondeȱ –ȱ àȱ côtéȱ deȱ l’idéalȱ
démocratiqueȱetȱdeȱlaȱpromotionȱdesȱdroitsȱdeȱl’hommeȱ–ȱlorsqu’elleȱoffreȱsaȱ
médiation,ȱ chercheȱ àȱ désamorcerȱ lesȱ conflitsȱ etȱ àȱ rétablirȱ leȱ dialogueȱ
diplomatique,ȱpolitiqueȱetȱinterculturel.(Wicht,2004:26)ȱȱ
L’idéedediversitéculturellecorrespondassezlargementàla
définition de l’espace francophone. La Francophonie se présente
notamment comme un espace de liberté, de culture, de
communication et de solidarité permettant la cohabitation du
françaisaveclapluralitédesautreslanguesnationales,régionaleset
localesouencorel’existencedemouvementsculturelsfortstelsque
la «négritude». Il y a donc bel et bien tension (au sens positif) et
équilibre entre des localismes et un idéal que l’on peut qualifier de
confédéral, voire d’universel. Cohabitation, solidarité: c’est
l’interculturalité qui est au cœur même de cet espace francophone.
Interculturalité,c’estàdirereconnaissancemutuelle,reconnaissance
decettediversité.
L’idéedediversitéculturellecorrespondassezlargementàla
définition de l’espace francophone. La Francophonie se présente
notamment comme un espace de liberté, de culture, de
communication et de solidarité permettant la cohabitation du
françaisaveclapluralitédesautreslanguesnationales,régionaleset
localesouencorel’existencedemouvementsculturelsfortstelsque
la «négritude». Il y a donc bel et bien tension (au sens positif) et
équilibre entre des localismes et un idéal que l’on peut qualifier de
confédéral, voire d’universel. Cohabitation, solidarité: c’est
l’interculturalité qui est au cœur même de cet espace francophone.
Interculturalité,c’estàdirereconnaissancemutuelle,reconnaissance
decettediversité.
L’idée de diversité culturelle correspond aussi à la mission
politique,diplomatiqueetculturelleques’estfixéelaFrancophonie.
Cette dernière a une marge de manœuvre suffisante pour jouer un
rôle actif (offensif devraiton dire) dans les relations internationales
en se faisant le promoteur de la diversité culturelle et du dialogue
interculturel dans le monde. Un objectif général est à atteindre: la
miseenvaleuretlaprotectiondesculturesdumondefaceaudanger
del’uniformisation.Danscetteperspective,cequiserafaitauseinde
L’idée de diversité culturelle correspond aussi à la mission
politique,diplomatiqueetculturelleques’estfixéelaFrancophonie.
Cette dernière a une marge de manœuvre suffisante pour jouer un
rôle actif (offensif devraiton dire) dans les relations internationales
en se faisant le promoteur de la diversité culturelle et du dialogue
interculturel dans le monde. Un objectif général est à atteindre: la
miseenvaleuretlaprotectiondesculturesdumondefaceaudanger
del’uniformisation.Danscetteperspective,cequiserafaitauseinde
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manièredramatiqueparSamuelHuntington.Onpeutmêmeavancer
que,danslecontextedelamondialisation,l’acteurquiseracapable
desesaisird’untelprojets’assurerauneplacedechoixsurlascène
internationale.
manièredramatiqueparSamuelHuntington.Onpeutmêmeavancer
que,danslecontextedelamondialisation,l’acteurquiseracapable
desesaisird’untelprojets’assurerauneplacedechoixsurlascène
internationale.
Ainsi,d’aprèsBernardWicht,laFrancophoniepeutjouerce
Ainsi,d’aprèsBernardWicht,laFrancophoniepeutjouerce
rôle:
rôle:
Unȱ doubleȱ rôle.ȱ D’uneȱ part,ȱ elleȱ peutȱ proposerȱ uneȱ formulationȱ
«ȱconvivialeȱȱ»ȱ deȱ laȱ diversitéȱ culturelle,ȱ formulationȱ quiȱ seȱ démarqueȱ
clairementȱ deȱ laȱ conceptionȱ dominanteȱ duȱ multiculturalisme.ȱ D’autreȱ part,ȱ
elleȱ peutȱ enȱ faireȱ sonȱ principeȱ d’actionȱ dansȱ leȱ mondeȱ –ȱ àȱ côtéȱ deȱ l’idéalȱ
démocratiqueȱetȱdeȱlaȱpromotionȱdesȱdroitsȱdeȱl’hommeȱ–ȱlorsqu’elleȱoffreȱsaȱ
médiation,ȱ chercheȱ àȱ désamorcerȱ lesȱ conflitsȱ etȱ àȱ rétablirȱ leȱ dialogueȱ
diplomatique,ȱpolitiqueȱetȱinterculturel.(Wicht,2004:26)ȱȱ
Unȱ doubleȱ rôle.ȱ D’uneȱ part,ȱ elleȱ peutȱ proposerȱ uneȱ formulationȱ
«ȱconvivialeȱȱ»ȱ deȱ laȱ diversitéȱ culturelle,ȱ formulationȱ quiȱ seȱ démarqueȱ
clairementȱ deȱ laȱ conceptionȱ dominanteȱ duȱ multiculturalisme.ȱ D’autreȱ part,ȱ
elleȱ peutȱ enȱ faireȱ sonȱ principeȱ d’actionȱ dansȱ leȱ mondeȱ –ȱ àȱ côtéȱ deȱ l’idéalȱ
démocratiqueȱetȱdeȱlaȱpromotionȱdesȱdroitsȱdeȱl’hommeȱ–ȱlorsqu’elleȱoffreȱsaȱ
médiation,ȱ chercheȱ àȱ désamorcerȱ lesȱ conflitsȱ etȱ àȱ rétablirȱ leȱ dialogueȱ
diplomatique,ȱpolitiqueȱetȱinterculturel.(Wicht,2004:26)ȱȱ
L’idéedediversitéculturellecorrespondassezlargementàla
définition de l’espace francophone. La Francophonie se présente
notamment comme un espace de liberté, de culture, de
communication et de solidarité permettant la cohabitation du
françaisaveclapluralitédesautreslanguesnationales,régionaleset
localesouencorel’existencedemouvementsculturelsfortstelsque
la «négritude». Il y a donc bel et bien tension (au sens positif) et
équilibre entre des localismes et un idéal que l’on peut qualifier de
confédéral, voire d’universel. Cohabitation, solidarité: c’est
l’interculturalité qui est au cœur même de cet espace francophone.
Interculturalité,c’estàdirereconnaissancemutuelle,reconnaissance
decettediversité.
L’idéedediversitéculturellecorrespondassezlargementàla
définition de l’espace francophone. La Francophonie se présente
notamment comme un espace de liberté, de culture, de
communication et de solidarité permettant la cohabitation du
françaisaveclapluralitédesautreslanguesnationales,régionaleset
localesouencorel’existencedemouvementsculturelsfortstelsque
la «négritude». Il y a donc bel et bien tension (au sens positif) et
équilibre entre des localismes et un idéal que l’on peut qualifier de
confédéral, voire d’universel. Cohabitation, solidarité: c’est
l’interculturalité qui est au cœur même de cet espace francophone.
Interculturalité,c’estàdirereconnaissancemutuelle,reconnaissance
decettediversité.
L’idée de diversité culturelle correspond aussi à la mission
politique,diplomatiqueetculturelleques’estfixéelaFrancophonie.
Cette dernière a une marge de manœuvre suffisante pour jouer un
rôle actif (offensif devraiton dire) dans les relations internationales
en se faisant le promoteur de la diversité culturelle et du dialogue
interculturel dans le monde. Un objectif général est à atteindre: la
miseenvaleuretlaprotectiondesculturesdumondefaceaudanger
del’uniformisation.Danscetteperspective,cequiserafaitauseinde
L’idée de diversité culturelle correspond aussi à la mission
politique,diplomatiqueetculturelleques’estfixéelaFrancophonie.
Cette dernière a une marge de manœuvre suffisante pour jouer un
rôle actif (offensif devraiton dire) dans les relations internationales
en se faisant le promoteur de la diversité culturelle et du dialogue
interculturel dans le monde. Un objectif général est à atteindre: la
miseenvaleuretlaprotectiondesculturesdumondefaceaudanger
del’uniformisation.Danscetteperspective,cequiserafaitauseinde
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lafrancophonieauravaleurd’exempleetpourraaussiêtreréaliséen
dehorsdecetespace.
lafrancophonieauravaleurd’exempleetpourraaussiêtreréaliséen
dehorsdecetespace.
Il est de faitque l’«exception culturelle» représente undes
moyens parmi ceux qui peuvent conduire à cette protection de la
diversité culturelle. Un élément clé du raisonnement réside dans
l’affirmation que les biens et services culturels (livres, disques, jeux
multimédias, films et audiovisuel) ne sont pas comparables à
d’autres marchandises et services. C’est pourquoi ils méritent un
traitement différent ou exceptionnel qui les protège de la
standardisationcommercialeallantdepairaveclaconsommationde
masse et les économies d’échelle. Cela implique au minimum un
traitement lui aussi «différent» à l’intérieur des accords qui
régissentlecommerceinternational.Ilimportedepouvoirmettreen
place un cadre réglementaire efficace et de définir des politiques
culturelles gouvernementales qui permettent de promouvoir et de
renforcerlaproductiondesindustriesculturelles1.
Il est de faitque l’«exception culturelle» représente undes
moyens parmi ceux qui peuvent conduire à cette protection de la
diversité culturelle. Un élément clé du raisonnement réside dans
l’affirmation que les biens et services culturels (livres, disques, jeux
multimédias, films et audiovisuel) ne sont pas comparables à
d’autres marchandises et services. C’est pourquoi ils méritent un
traitement différent ou exceptionnel qui les protège de la
standardisationcommercialeallantdepairaveclaconsommationde
masse et les économies d’échelle. Cela implique au minimum un
traitement lui aussi «différent» à l’intérieur des accords qui
régissentlecommerceinternational.Ilimportedepouvoirmettreen
place un cadre réglementaire efficace et de définir des politiques
culturelles gouvernementales qui permettent de promouvoir et de
renforcerlaproductiondesindustriesculturelles1.
La Francophonie constitue un espace géoculturel qui
conjugue l’unité d’une langue et de valeurs communes, et la
diversité qui lui confère sa composition géographique, culturelle et
économique. Elle tente de mettre en place un modèle régulé
protégeant cette diversité et limitant les effets de dominance des
schémas culturels les plus puissants sur les plus démunis. C’est en
cela qu’elle est, par essence et par expérience, un laboratoire de la
diversitéculturelle.
La Francophonie constitue un espace géoculturel qui
conjugue l’unité d’une langue et de valeurs communes, et la
diversité qui lui confère sa composition géographique, culturelle et
économique. Elle tente de mettre en place un modèle régulé
protégeant cette diversité et limitant les effets de dominance des
schémas culturels les plus puissants sur les plus démunis. C’est en
cela qu’elle est, par essence et par expérience, un laboratoire de la
diversitéculturelle.
L’idée de diversité culturelle dépasse donc le cadre des
simplespolitiquesculturellespourêtreunprojetpolitiquequiviseà
constituer une réponse aux retombées de la mondialisation sur la
culture. C’est aussi un projet de société qui entend refuser la
globalisation sans régulation et la marchandisation de la culture.
C’est enfin un projet philosophique, se présentant comme une
alternative au «choc des civilisations» prédit de manière
dramatique par Samuel Huntington et visant avant tout la
reconnaissance des valeurs culturelles réciproques et le recentrage
surl’homme.
L’idée de diversité culturelle dépasse donc le cadre des
simplespolitiquesculturellespourêtreunprojetpolitiquequiviseà
constituer une réponse aux retombées de la mondialisation sur la
culture. C’est aussi un projet de société qui entend refuser la
globalisation sans régulation et la marchandisation de la culture.
C’est enfin un projet philosophique, se présentant comme une
alternative au «choc des civilisations» prédit de manière
dramatique par Samuel Huntington et visant avant tout la
reconnaissance des valeurs culturelles réciproques et le recentrage
surl’homme.
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lafrancophonieauravaleurd’exempleetpourraaussiêtreréaliséen
dehorsdecetespace.
lafrancophonieauravaleurd’exempleetpourraaussiêtreréaliséen
dehorsdecetespace.
Il est de faitque l’«exception culturelle» représente undes
moyens parmi ceux qui peuvent conduire à cette protection de la
diversité culturelle. Un élément clé du raisonnement réside dans
l’affirmation que les biens et services culturels (livres, disques, jeux
multimédias, films et audiovisuel) ne sont pas comparables à
d’autres marchandises et services. C’est pourquoi ils méritent un
traitement différent ou exceptionnel qui les protège de la
standardisationcommercialeallantdepairaveclaconsommationde
masse et les économies d’échelle. Cela implique au minimum un
traitement lui aussi «différent» à l’intérieur des accords qui
régissentlecommerceinternational.Ilimportedepouvoirmettreen
place un cadre réglementaire efficace et de définir des politiques
culturelles gouvernementales qui permettent de promouvoir et de
renforcerlaproductiondesindustriesculturelles1.
Il est de faitque l’«exception culturelle» représente undes
moyens parmi ceux qui peuvent conduire à cette protection de la
diversité culturelle. Un élément clé du raisonnement réside dans
l’affirmation que les biens et services culturels (livres, disques, jeux
multimédias, films et audiovisuel) ne sont pas comparables à
d’autres marchandises et services. C’est pourquoi ils méritent un
traitement différent ou exceptionnel qui les protège de la
standardisationcommercialeallantdepairaveclaconsommationde
masse et les économies d’échelle. Cela implique au minimum un
traitement lui aussi «différent» à l’intérieur des accords qui
régissentlecommerceinternational.Ilimportedepouvoirmettreen
place un cadre réglementaire efficace et de définir des politiques
culturelles gouvernementales qui permettent de promouvoir et de
renforcerlaproductiondesindustriesculturelles1.
La Francophonie constitue un espace géoculturel qui
conjugue l’unité d’une langue et de valeurs communes, et la
diversité qui lui confère sa composition géographique, culturelle et
économique. Elle tente de mettre en place un modèle régulé
protégeant cette diversité et limitant les effets de dominance des
schémas culturels les plus puissants sur les plus démunis. C’est en
cela qu’elle est, par essence et par expérience, un laboratoire de la
diversitéculturelle.
La Francophonie constitue un espace géoculturel qui
conjugue l’unité d’une langue et de valeurs communes, et la
diversité qui lui confère sa composition géographique, culturelle et
économique. Elle tente de mettre en place un modèle régulé
protégeant cette diversité et limitant les effets de dominance des
schémas culturels les plus puissants sur les plus démunis. C’est en
cela qu’elle est, par essence et par expérience, un laboratoire de la
diversitéculturelle.
L’idée de diversité culturelle dépasse donc le cadre des
simplespolitiquesculturellespourêtreunprojetpolitiquequiviseà
constituer une réponse aux retombées de la mondialisation sur la
culture. C’est aussi un projet de société qui entend refuser la
globalisation sans régulation et la marchandisation de la culture.
C’est enfin un projet philosophique, se présentant comme une
alternative au «choc des civilisations» prédit de manière
dramatique par Samuel Huntington et visant avant tout la
reconnaissance des valeurs culturelles réciproques et le recentrage
surl’homme.
L’idée de diversité culturelle dépasse donc le cadre des
simplespolitiquesculturellespourêtreunprojetpolitiquequiviseà
constituer une réponse aux retombées de la mondialisation sur la
culture. C’est aussi un projet de société qui entend refuser la
globalisation sans régulation et la marchandisation de la culture.
C’est enfin un projet philosophique, se présentant comme une
alternative au «choc des civilisations» prédit de manière
dramatique par Samuel Huntington et visant avant tout la
reconnaissance des valeurs culturelles réciproques et le recentrage
surl’homme.
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Lesȱlittératuresȱfrancophonesȱ
Lesȱlittératuresȱfrancophonesȱ
Dans ce projet, le professeur de français a un rôle spécifique. Etre
professeur de français aujourd’hui, c’est s’inscrire dans ce vaste espace
interculturel.C’estinvitersesélèvesàpercevoircommentlefrançaispeutse
colorier d’un pays à l’autre et exprimer des identités singulières. C’est les
amener, à travers les littératures francophones, à enrichir leur propre
univers linguistique et culturel. Comme le dit si bien Loïc Depecker, dans
sonouvrageLesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonieȱ:
Lesȱmotsȱneȱsontȱpasȱseulementȱdesȱsonsȱetȱdesȱ graphiesȱdouésȱdeȱsens,ȱdesȱ
instrumentsȱ àȱ signifierȱ etȱ àȱ communiquerȱ;ȱ ilsȱ portentȱ aussiȱ desȱ saveursȱ etȱ
desȱ impressions,ȱ desȱ émotionsȱ figées,ȱ desȱ énigmesȱ ouȱ desȱ symboles.
(Depecker,1988:4)
Dans ce projet, le professeur de français a un rôle spécifique. Etre
professeur de français aujourd’hui, c’est s’inscrire dans ce vaste espace
interculturel.C’estinvitersesélèvesàpercevoircommentlefrançaispeutse
colorier d’un pays à l’autre et exprimer des identités singulières. C’est les
amener, à travers les littératures francophones, à enrichir leur propre
univers linguistique et culturel. Comme le dit si bien Loïc Depecker, dans
sonouvrageLesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonieȱ:
Lesȱmotsȱneȱsontȱpasȱseulementȱdesȱsonsȱetȱdesȱ graphiesȱdouésȱdeȱsens,ȱdesȱ
instrumentsȱ àȱ signifierȱ etȱ àȱ communiquerȱ;ȱ ilsȱ portentȱ aussiȱ desȱ saveursȱ etȱ
desȱ impressions,ȱ desȱ émotionsȱ figées,ȱ desȱ énigmesȱ ouȱ desȱ symboles.
(Depecker,1988:4)
Noussommesdoncconviésàunvoyagesentimentalaugré
desfaçonsdedire,danscetespacelangagierplusquemillénaire,de
source latine mais coloré de cent influences et aujourd’hui voué à
l’expressiondeplusieursidentitésculturellesetsociales.
Noussommesdoncconviésàunvoyagesentimentalaugré
desfaçonsdedire,danscetespacelangagierplusquemillénaire,de
source latine mais coloré de cent influences et aujourd’hui voué à
l’expressiondeplusieursidentitésculturellesetsociales.
Étudier ces littératures, c’est se confronter à d’autres
référents culturels, à des réalités historiques parfois méconnues, à
des imaginaires autres. C’est prendre conscience de problèmes de
société tout à fait spécifiques. Plusieurs écrivains francophones (du
Québec aux Caraïbes en passant par l’Afrique) ont, en effet, utilisé
l’arme de l’écriture comme vecteur de témoignage; c’est d’ailleurs
souventcommemilitantsd’unecausenationalistequ’ilsontd’abord
étéreconnus.Lefrançaissertaussideprotectioncontrelesrégimes
autoritaires.Ainsidesintellectuelsroumainssesontilsréfugiésdans
cettelanguesouslerégimecommuniste.AnneRosineDelbart(2005)
a ainsi consacré un ouvrage à ceux qu’elle appelle «les exilés du
langage»quiontchoisilefrançaiscommealternatived’expression.
Étudier ces littératures, c’est se confronter à d’autres
référents culturels, à des réalités historiques parfois méconnues, à
des imaginaires autres. C’est prendre conscience de problèmes de
société tout à fait spécifiques. Plusieurs écrivains francophones (du
Québec aux Caraïbes en passant par l’Afrique) ont, en effet, utilisé
l’arme de l’écriture comme vecteur de témoignage; c’est d’ailleurs
souventcommemilitantsd’unecausenationalistequ’ilsontd’abord
étéreconnus.Lefrançaissertaussideprotectioncontrelesrégimes
autoritaires.Ainsidesintellectuelsroumainssesontilsréfugiésdans
cettelanguesouslerégimecommuniste.AnneRosineDelbart(2005)
a ainsi consacré un ouvrage à ceux qu’elle appelle «les exilés du
langage»quiontchoisilefrançaiscommealternatived’expression.
Le français peut être enfin un vecteur d’unification du
monde latin. Je voudrais souligner combien les langues française et
roumaine,parexemple,pourraients’associerentreellessurlesplans
linguistique et culturel. Je songe notamment ici aux méthodes
Le français peut être enfin un vecteur d’unification du
monde latin. Je voudrais souligner combien les langues française et
roumaine,parexemple,pourraients’associerentreellessurlesplans
linguistique et culturel. Je songe notamment ici aux méthodes
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Lesȱlittératuresȱfrancophonesȱ
Lesȱlittératuresȱfrancophonesȱ
Dans ce projet, le professeur de français a un rôle spécifique. Etre
professeur de français aujourd’hui, c’est s’inscrire dans ce vaste espace
interculturel.C’estinvitersesélèvesàpercevoircommentlefrançaispeutse
colorier d’un pays à l’autre et exprimer des identités singulières. C’est les
amener, à travers les littératures francophones, à enrichir leur propre
univers linguistique et culturel. Comme le dit si bien Loïc Depecker, dans
sonouvrageLesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonieȱ:
Lesȱmotsȱneȱsontȱpasȱseulementȱdesȱsonsȱetȱdesȱ graphiesȱdouésȱdeȱsens,ȱdesȱ
instrumentsȱ àȱ signifierȱ etȱ àȱ communiquerȱ;ȱ ilsȱ portentȱ aussiȱ desȱ saveursȱ etȱ
desȱ impressions,ȱ desȱ émotionsȱ figées,ȱ desȱ énigmesȱ ouȱ desȱ symboles.
(Depecker,1988:4)
Dans ce projet, le professeur de français a un rôle spécifique. Etre
professeur de français aujourd’hui, c’est s’inscrire dans ce vaste espace
interculturel.C’estinvitersesélèvesàpercevoircommentlefrançaispeutse
colorier d’un pays à l’autre et exprimer des identités singulières. C’est les
amener, à travers les littératures francophones, à enrichir leur propre
univers linguistique et culturel. Comme le dit si bien Loïc Depecker, dans
sonouvrageLesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonieȱ:
Lesȱmotsȱneȱsontȱpasȱseulementȱdesȱsonsȱetȱdesȱ graphiesȱdouésȱdeȱsens,ȱdesȱ
instrumentsȱ àȱ signifierȱ etȱ àȱ communiquerȱ;ȱ ilsȱ portentȱ aussiȱ desȱ saveursȱ etȱ
desȱ impressions,ȱ desȱ émotionsȱ figées,ȱ desȱ énigmesȱ ouȱ desȱ symboles.
(Depecker,1988:4)
Noussommesdoncconviésàunvoyagesentimentalaugré
desfaçonsdedire,danscetespacelangagierplusquemillénaire,de
source latine mais coloré de cent influences et aujourd’hui voué à
l’expressiondeplusieursidentitésculturellesetsociales.
Noussommesdoncconviésàunvoyagesentimentalaugré
desfaçonsdedire,danscetespacelangagierplusquemillénaire,de
source latine mais coloré de cent influences et aujourd’hui voué à
l’expressiondeplusieursidentitésculturellesetsociales.
Étudier ces littératures, c’est se confronter à d’autres
référents culturels, à des réalités historiques parfois méconnues, à
des imaginaires autres. C’est prendre conscience de problèmes de
société tout à fait spécifiques. Plusieurs écrivains francophones (du
Québec aux Caraïbes en passant par l’Afrique) ont, en effet, utilisé
l’arme de l’écriture comme vecteur de témoignage; c’est d’ailleurs
souventcommemilitantsd’unecausenationalistequ’ilsontd’abord
étéreconnus.Lefrançaissertaussideprotectioncontrelesrégimes
autoritaires.Ainsidesintellectuelsroumainssesontilsréfugiésdans
cettelanguesouslerégimecommuniste.AnneRosineDelbart(2005)
a ainsi consacré un ouvrage à ceux qu’elle appelle «les exilés du
langage»quiontchoisilefrançaiscommealternatived’expression.
Étudier ces littératures, c’est se confronter à d’autres
référents culturels, à des réalités historiques parfois méconnues, à
des imaginaires autres. C’est prendre conscience de problèmes de
société tout à fait spécifiques. Plusieurs écrivains francophones (du
Québec aux Caraïbes en passant par l’Afrique) ont, en effet, utilisé
l’arme de l’écriture comme vecteur de témoignage; c’est d’ailleurs
souventcommemilitantsd’unecausenationalistequ’ilsontd’abord
étéreconnus.Lefrançaissertaussideprotectioncontrelesrégimes
autoritaires.Ainsidesintellectuelsroumainssesontilsréfugiésdans
cettelanguesouslerégimecommuniste.AnneRosineDelbart(2005)
a ainsi consacré un ouvrage à ceux qu’elle appelle «les exilés du
langage»quiontchoisilefrançaiscommealternatived’expression.
Le français peut être enfin un vecteur d’unification du
monde latin. Je voudrais souligner combien les langues française et
roumaine,parexemple,pourraients’associerentreellessurlesplans
linguistique et culturel. Je songe notamment ici aux méthodes
Le français peut être enfin un vecteur d’unification du
monde latin. Je voudrais souligner combien les langues française et
roumaine,parexemple,pourraients’associerentreellessurlesplans
linguistique et culturel. Je songe notamment ici aux méthodes
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13
d’intercompréhension des langues romanes promues par Claire
BlancheBenveniste, (1997) H.G. Klein et T. Stegmann (2000). La
languematernelle–leroumainoulemoldave–pourraitainsiservir
de point d’appui à l’apprentissage de cette autre langue romane
qu’est le français et constituer avec elle un bloc unifié face à la
pressiondel’angloaméricain.ȱ
d’intercompréhension des langues romanes promues par Claire
BlancheBenveniste, (1997) H.G. Klein et T. Stegmann (2000). La
languematernelle–leroumainoulemoldave–pourraitainsiservir
de point d’appui à l’apprentissage de cette autre langue romane
qu’est le français et constituer avec elle un bloc unifié face à la
pressiondel’angloaméricain.ȱ
Par ailleurs, en lisant ces littératures d’expression française,
il ne faudrait pas s’arrêter à une vision trop réductrice. Il importe
aussi de considérer ces œuvres en tant qu’objets textuels et de
proposer une analyse de leur fonctionnement interne. Ainsi, une
étudedeschampssémantiquesoudufonctionnementdespronoms,
danslecélèbrepoèmeSpeakȱwhiteȱdelaQuébécoiseMichèleLalonde,
truffé de référents culturels, fera apparaître que la question de la
langue est centrale dans ce texte et qu’elle y est envisagée sous
l’angle du rapport dominantdominé. L’explicitation des référents
permettra, dans un second temps, de confirmer cette hypothèse de
lectureetdel’affinerenregarddelasituationlinguistiquepropreau
Québec2.Selon Marc Lits (1994), quiseréfèreà PaulRicoeur (1985),
l’identité culturelle d’un groupe ne se limite pas au repérage de
quelquestraitsapparentsdanslesœuvresproduitesensonsein;elle
s’inscrit dans la structure même des textes. En d’autres termes, la
superstructure socioculturelle joue un rôle déterminant dans
l’organisation même du discours et c’est ce «code culturel» qu’il
importedefairedécouvrirauxélèves.
Par ailleurs, en lisant ces littératures d’expression française,
il ne faudrait pas s’arrêter à une vision trop réductrice. Il importe
aussi de considérer ces œuvres en tant qu’objets textuels et de
proposer une analyse de leur fonctionnement interne. Ainsi, une
étudedeschampssémantiquesoudufonctionnementdespronoms,
danslecélèbrepoèmeSpeakȱwhiteȱdelaQuébécoiseMichèleLalonde,
truffé de référents culturels, fera apparaître que la question de la
langue est centrale dans ce texte et qu’elle y est envisagée sous
l’angle du rapport dominantdominé. L’explicitation des référents
permettra, dans un second temps, de confirmer cette hypothèse de
lectureetdel’affinerenregarddelasituationlinguistiquepropreau
Québec2.Selon Marc Lits (1994), quiseréfèreà PaulRicoeur (1985),
l’identité culturelle d’un groupe ne se limite pas au repérage de
quelquestraitsapparentsdanslesœuvresproduitesensonsein;elle
s’inscrit dans la structure même des textes. En d’autres termes, la
superstructure socioculturelle joue un rôle déterminant dans
l’organisation même du discours et c’est ce «code culturel» qu’il
importedefairedécouvrirauxélèves.
Ainsi,s’agissantdelanouvelleduBelgeFrancisDannemark,
Jeȱneȱsuisȱpasȱàȱcourtȱd’inspiration,ȱjeȱsuisȱàȱcourtȱdeȱpapier (Dezutter &
Hulhoven, 1991 : 32),unelectureethnologiqueattachéeàrepérerdes
déictiques culturels ne donnerait aucun résultat. Par contre, le titre
peutselirecommeemblématiquedelaquêteéperdued’identitéde
lalittératurebelge,significativedesannées70:
Ainsi,s’agissantdelanouvelleduBelgeFrancisDannemark,
Jeȱneȱsuisȱpasȱàȱcourtȱd’inspiration,ȱjeȱsuisȱàȱcourtȱdeȱpapier (Dezutter &
Hulhoven, 1991 : 32),unelectureethnologiqueattachéeàrepérerdes
déictiques culturels ne donnerait aucun résultat. Par contre, le titre
peutselirecommeemblématiquedelaquêteéperdued’identitéde
lalittératurebelge,significativedesannées70:
ȱDansȱ unȱ paysȱ (ouȱ uneȱ région)ȱ dontȱ l’identitéȱ n’estȱ pasȱ clairementȱ définie,ȱ
quiȱchercheȱautantȱsesȱracinesȱqueȱsonȱavenir,ȱl’horizonȱn’estȱpasȱassezȱlargeȱ
pourȱautoriserȱuneȱréappropriationȱidentitaireȱparȱleȱbiaisȱdeȱlaȱfiction.ȱIlȱn’yȱ
aȱplusȱdeȱpapier,ȱàȱmoinsȱdeȱseȱréfugierȱdansȱlesȱmondesȱimaginairesȱqueȱsontȱ
14
ȱDansȱ unȱ paysȱ (ouȱ uneȱ région)ȱ dontȱ l’identitéȱ n’estȱ pasȱ clairementȱ définie,ȱ
quiȱchercheȱautantȱsesȱracinesȱqueȱsonȱavenir,ȱl’horizonȱn’estȱpasȱassezȱlargeȱ
pourȱautoriserȱuneȱréappropriationȱidentitaireȱparȱleȱbiaisȱdeȱlaȱfiction.ȱIlȱn’yȱ
aȱplusȱdeȱpapier,ȱàȱmoinsȱdeȱseȱréfugierȱdansȱlesȱmondesȱimaginairesȱqueȱsontȱ
14
d’intercompréhension des langues romanes promues par Claire
BlancheBenveniste, (1997) H.G. Klein et T. Stegmann (2000). La
languematernelle–leroumainoulemoldave–pourraitainsiservir
de point d’appui à l’apprentissage de cette autre langue romane
qu’est le français et constituer avec elle un bloc unifié face à la
pressiondel’angloaméricain.ȱ
d’intercompréhension des langues romanes promues par Claire
BlancheBenveniste, (1997) H.G. Klein et T. Stegmann (2000). La
languematernelle–leroumainoulemoldave–pourraitainsiservir
de point d’appui à l’apprentissage de cette autre langue romane
qu’est le français et constituer avec elle un bloc unifié face à la
pressiondel’angloaméricain.ȱ
Par ailleurs, en lisant ces littératures d’expression française,
il ne faudrait pas s’arrêter à une vision trop réductrice. Il importe
aussi de considérer ces œuvres en tant qu’objets textuels et de
proposer une analyse de leur fonctionnement interne. Ainsi, une
étudedeschampssémantiquesoudufonctionnementdespronoms,
danslecélèbrepoèmeSpeakȱwhiteȱdelaQuébécoiseMichèleLalonde,
truffé de référents culturels, fera apparaître que la question de la
langue est centrale dans ce texte et qu’elle y est envisagée sous
l’angle du rapport dominantdominé. L’explicitation des référents
permettra, dans un second temps, de confirmer cette hypothèse de
lectureetdel’affinerenregarddelasituationlinguistiquepropreau
Québec2.Selon Marc Lits (1994), quiseréfèreà PaulRicoeur (1985),
l’identité culturelle d’un groupe ne se limite pas au repérage de
quelquestraitsapparentsdanslesœuvresproduitesensonsein;elle
s’inscrit dans la structure même des textes. En d’autres termes, la
superstructure socioculturelle joue un rôle déterminant dans
l’organisation même du discours et c’est ce «code culturel» qu’il
importedefairedécouvrirauxélèves.
Par ailleurs, en lisant ces littératures d’expression française,
il ne faudrait pas s’arrêter à une vision trop réductrice. Il importe
aussi de considérer ces œuvres en tant qu’objets textuels et de
proposer une analyse de leur fonctionnement interne. Ainsi, une
étudedeschampssémantiquesoudufonctionnementdespronoms,
danslecélèbrepoèmeSpeakȱwhiteȱdelaQuébécoiseMichèleLalonde,
truffé de référents culturels, fera apparaître que la question de la
langue est centrale dans ce texte et qu’elle y est envisagée sous
l’angle du rapport dominantdominé. L’explicitation des référents
permettra, dans un second temps, de confirmer cette hypothèse de
lectureetdel’affinerenregarddelasituationlinguistiquepropreau
Québec2.Selon Marc Lits (1994), quiseréfèreà PaulRicoeur (1985),
l’identité culturelle d’un groupe ne se limite pas au repérage de
quelquestraitsapparentsdanslesœuvresproduitesensonsein;elle
s’inscrit dans la structure même des textes. En d’autres termes, la
superstructure socioculturelle joue un rôle déterminant dans
l’organisation même du discours et c’est ce «code culturel» qu’il
importedefairedécouvrirauxélèves.
Ainsi,s’agissantdelanouvelleduBelgeFrancisDannemark,
Jeȱneȱsuisȱpasȱàȱcourtȱd’inspiration,ȱjeȱsuisȱàȱcourtȱdeȱpapier (Dezutter &
Hulhoven, 1991 : 32),unelectureethnologiqueattachéeàrepérerdes
déictiques culturels ne donnerait aucun résultat. Par contre, le titre
peutselirecommeemblématiquedelaquêteéperdued’identitéde
lalittératurebelge,significativedesannées70:
Ainsi,s’agissantdelanouvelleduBelgeFrancisDannemark,
Jeȱneȱsuisȱpasȱàȱcourtȱd’inspiration,ȱjeȱsuisȱàȱcourtȱdeȱpapier (Dezutter &
Hulhoven, 1991 : 32),unelectureethnologiqueattachéeàrepérerdes
déictiques culturels ne donnerait aucun résultat. Par contre, le titre
peutselirecommeemblématiquedelaquêteéperdued’identitéde
lalittératurebelge,significativedesannées70:
ȱDansȱ unȱ paysȱ (ouȱ uneȱ région)ȱ dontȱ l’identitéȱ n’estȱ pasȱ clairementȱ définie,ȱ
quiȱchercheȱautantȱsesȱracinesȱqueȱsonȱavenir,ȱl’horizonȱn’estȱpasȱassezȱlargeȱ
pourȱautoriserȱuneȱréappropriationȱidentitaireȱparȱleȱbiaisȱdeȱlaȱfiction.ȱIlȱn’yȱ
aȱplusȱdeȱpapier,ȱàȱmoinsȱdeȱseȱréfugierȱdansȱlesȱmondesȱimaginairesȱqueȱsontȱ
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ȱDansȱ unȱ paysȱ (ouȱ uneȱ région)ȱ dontȱ l’identitéȱ n’estȱ pasȱ clairementȱ définie,ȱ
quiȱchercheȱautantȱsesȱracinesȱqueȱsonȱavenir,ȱl’horizonȱn’estȱpasȱassezȱlargeȱ
pourȱautoriserȱuneȱréappropriationȱidentitaireȱparȱleȱbiaisȱdeȱlaȱfiction.ȱIlȱn’yȱ
aȱplusȱdeȱpapier,ȱàȱmoinsȱdeȱseȱréfugierȱdansȱlesȱmondesȱimaginairesȱqueȱsontȱ
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leȱ fantastiqueȱ (àȱ laȱ manièreȱ deȱ Jeanȱ Ray),ȱ leȱ policierȱ (avecȱ Simenonȱ etȱ
Steeman)ȱ ouȱ lesȱ casesȱ deȱ laȱ bandeȱ dessinée.ȱ Jamaisȱ Tintinȱ ouȱ Spirouȱ neȱ
viventȱ uneȱ aventureȱ àȱ Bruxellesȱ ouȱ enȱ Wallonie,ȱ làȱ oùȱ ilsȱ furentȱ pourtantȱ
conçus.(Lits,1994:31)
leȱ fantastiqueȱ (àȱ laȱ manièreȱ deȱ Jeanȱ Ray),ȱ leȱ policierȱ (avecȱ Simenonȱ etȱ
Steeman)ȱ ouȱ lesȱ casesȱ deȱ laȱ bandeȱ dessinée.ȱ Jamaisȱ Tintinȱ ouȱ Spirouȱ neȱ
viventȱ uneȱ aventureȱ àȱ Bruxellesȱ ouȱ enȱ Wallonie,ȱ làȱ oùȱ ilsȱ furentȱ pourtantȱ
conçus.(Lits,1994:31)
Une telle interprétation, résultant d’un regard distancié, ne
va pas de soi. Elle n’apparaîtra qu’en complément à une analyse
textuelle, et face à un ensemble important de textes. Ainsi, certains
de ceuxci n’apporteront guère d‘informations socioculturelles,
tandisqued’autresserontplusexplicites.Détaillonsdavantagecette
démarche. D’une manière générale, nous considérons le texte
littéraire comme une mise en forme esthétique de représentations
partagéesparlesmembresd’unemêmecommunauté3.Celasignifie
qu’une de ses particularités est de refléter à la fois une part de la
personnalité de son auteur et le monde dans lequel il s’inscrit.
Autrementdit,letextelittéraireestunvéhiculedeculture.
Une telle interprétation, résultant d’un regard distancié, ne
va pas de soi. Elle n’apparaîtra qu’en complément à une analyse
textuelle, et face à un ensemble important de textes. Ainsi, certains
de ceuxci n’apporteront guère d‘informations socioculturelles,
tandisqued’autresserontplusexplicites.Détaillonsdavantagecette
démarche. D’une manière générale, nous considérons le texte
littéraire comme une mise en forme esthétique de représentations
partagéesparlesmembresd’unemêmecommunauté3.Celasignifie
qu’une de ses particularités est de refléter à la fois une part de la
personnalité de son auteur et le monde dans lequel il s’inscrit.
Autrementdit,letextelittéraireestunvéhiculedeculture.
La démarche ne consiste pas pour autant à mettre en
évidencelecodeculturelàpartirdelalectured’unseultexte.D’une
part, on risquerait de construire sur l’Autre un savoir réducteur,
partiel, voire insignifiant, surtout si aucun référent culturel n’est
explicitementexprimé;etce,alorsquel’onviselacompréhensionde
l’Autre au détriment de la description et de la connaissance
théorique. D’autre part, le repérage du code culturel nécessiterait
danscecasunapportextérieurdeconnaissancesquidonnelaparole
à l’enseignant seul et laisse les élèves dansun rôle passif, sauf bien
sûrsionlescharged’untravailderecherche.Maisalors,àforcede
prérequisetdepréalables,ceuxcineparviendraientplusàatteindre
letextemême.
La démarche ne consiste pas pour autant à mettre en
évidencelecodeculturelàpartirdelalectured’unseultexte.D’une
part, on risquerait de construire sur l’Autre un savoir réducteur,
partiel, voire insignifiant, surtout si aucun référent culturel n’est
explicitementexprimé;etce,alorsquel’onviselacompréhensionde
l’Autre au détriment de la description et de la connaissance
théorique. D’autre part, le repérage du code culturel nécessiterait
danscecasunapportextérieurdeconnaissancesquidonnelaparole
à l’enseignant seul et laisse les élèves dansun rôle passif, sauf bien
sûrsionlescharged’untravailderecherche.Maisalors,àforcede
prérequisetdepréalables,ceuxcineparviendraientplusàatteindre
letextemême.
Ce que nous prônons, c’est une approche comparatiste. La
confrontation de divers textes de la francophonie entraîne la
réflexionetlaparticipationeffectivedel’élève.Enanalysantcequile
rapprocheetlerenddifférentdel’Autre,celuiciarriveàconstruire
sonidentitépropreetàmieuxpercevoirl’altérité.Ilnes’agitpasde
meneruneétudeexclusivementculturellemaisplutôtdecroiserles
approches «en choisissant comme première entrée l’analyse
Ce que nous prônons, c’est une approche comparatiste. La
confrontation de divers textes de la francophonie entraîne la
réflexionetlaparticipationeffectivedel’élève.Enanalysantcequile
rapprocheetlerenddifférentdel’Autre,celuiciarriveàconstruire
sonidentitépropreetàmieuxpercevoirl’altérité.Ilnes’agitpasde
meneruneétudeexclusivementculturellemaisplutôtdecroiserles
approches «en choisissant comme première entrée l’analyse
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leȱ fantastiqueȱ (àȱ laȱ manièreȱ deȱ Jeanȱ Ray),ȱ leȱ policierȱ (avecȱ Simenonȱ etȱ
Steeman)ȱ ouȱ lesȱ casesȱ deȱ laȱ bandeȱ dessinée.ȱ Jamaisȱ Tintinȱ ouȱ Spirouȱ neȱ
viventȱ uneȱ aventureȱ àȱ Bruxellesȱ ouȱ enȱ Wallonie,ȱ làȱ oùȱ ilsȱ furentȱ pourtantȱ
conçus.(Lits,1994:31)
leȱ fantastiqueȱ (àȱ laȱ manièreȱ deȱ Jeanȱ Ray),ȱ leȱ policierȱ (avecȱ Simenonȱ etȱ
Steeman)ȱ ouȱ lesȱ casesȱ deȱ laȱ bandeȱ dessinée.ȱ Jamaisȱ Tintinȱ ouȱ Spirouȱ neȱ
viventȱ uneȱ aventureȱ àȱ Bruxellesȱ ouȱ enȱ Wallonie,ȱ làȱ oùȱ ilsȱ furentȱ pourtantȱ
conçus.(Lits,1994:31)
Une telle interprétation, résultant d’un regard distancié, ne
va pas de soi. Elle n’apparaîtra qu’en complément à une analyse
textuelle, et face à un ensemble important de textes. Ainsi, certains
de ceuxci n’apporteront guère d‘informations socioculturelles,
tandisqued’autresserontplusexplicites.Détaillonsdavantagecette
démarche. D’une manière générale, nous considérons le texte
littéraire comme une mise en forme esthétique de représentations
partagéesparlesmembresd’unemêmecommunauté3.Celasignifie
qu’une de ses particularités est de refléter à la fois une part de la
personnalité de son auteur et le monde dans lequel il s’inscrit.
Autrementdit,letextelittéraireestunvéhiculedeculture.
Une telle interprétation, résultant d’un regard distancié, ne
va pas de soi. Elle n’apparaîtra qu’en complément à une analyse
textuelle, et face à un ensemble important de textes. Ainsi, certains
de ceuxci n’apporteront guère d‘informations socioculturelles,
tandisqued’autresserontplusexplicites.Détaillonsdavantagecette
démarche. D’une manière générale, nous considérons le texte
littéraire comme une mise en forme esthétique de représentations
partagéesparlesmembresd’unemêmecommunauté3.Celasignifie
qu’une de ses particularités est de refléter à la fois une part de la
personnalité de son auteur et le monde dans lequel il s’inscrit.
Autrementdit,letextelittéraireestunvéhiculedeculture.
La démarche ne consiste pas pour autant à mettre en
évidencelecodeculturelàpartirdelalectured’unseultexte.D’une
part, on risquerait de construire sur l’Autre un savoir réducteur,
partiel, voire insignifiant, surtout si aucun référent culturel n’est
explicitementexprimé;etce,alorsquel’onviselacompréhensionde
l’Autre au détriment de la description et de la connaissance
théorique. D’autre part, le repérage du code culturel nécessiterait
danscecasunapportextérieurdeconnaissancesquidonnelaparole
à l’enseignant seul et laisse les élèves dansun rôle passif, sauf bien
sûrsionlescharged’untravailderecherche.Maisalors,àforcede
prérequisetdepréalables,ceuxcineparviendraientplusàatteindre
letextemême.
La démarche ne consiste pas pour autant à mettre en
évidencelecodeculturelàpartirdelalectured’unseultexte.D’une
part, on risquerait de construire sur l’Autre un savoir réducteur,
partiel, voire insignifiant, surtout si aucun référent culturel n’est
explicitementexprimé;etce,alorsquel’onviselacompréhensionde
l’Autre au détriment de la description et de la connaissance
théorique. D’autre part, le repérage du code culturel nécessiterait
danscecasunapportextérieurdeconnaissancesquidonnelaparole
à l’enseignant seul et laisse les élèves dansun rôle passif, sauf bien
sûrsionlescharged’untravailderecherche.Maisalors,àforcede
prérequisetdepréalables,ceuxcineparviendraientplusàatteindre
letextemême.
Ce que nous prônons, c’est une approche comparatiste. La
confrontation de divers textes de la francophonie entraîne la
réflexionetlaparticipationeffectivedel’élève.Enanalysantcequile
rapprocheetlerenddifférentdel’Autre,celuiciarriveàconstruire
sonidentitépropreetàmieuxpercevoirl’altérité.Ilnes’agitpasde
meneruneétudeexclusivementculturellemaisplutôtdecroiserles
approches «en choisissant comme première entrée l’analyse
Ce que nous prônons, c’est une approche comparatiste. La
confrontation de divers textes de la francophonie entraîne la
réflexionetlaparticipationeffectivedel’élève.Enanalysantcequile
rapprocheetlerenddifférentdel’Autre,celuiciarriveàconstruire
sonidentitépropreetàmieuxpercevoirl’altérité.Ilnes’agitpasde
meneruneétudeexclusivementculturellemaisplutôtdecroiserles
approches «en choisissant comme première entrée l’analyse
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textuelleetengardantlaperspectiveinterculturellecommepointde
fuite»(Lits,1994:34).
textuelleetengardantlaperspectiveinterculturellecommepointde
fuite»(Lits,1994:34).
Si l’on veut faire de la littérature l’instrument du dialogue
des cultures francophones, il convient donc d’opter pour le
groupement de textes et, à l’intérieur de celuici, d’établir des
relationsquivontd’uneanalysetextuelleméthodique(recherchedes
codes générique, narratif, thématique, etc.) à la mise en évidence
d’élémentsinterculturels.
Si l’on veut faire de la littérature l’instrument du dialogue
des cultures francophones, il convient donc d’opter pour le
groupement de textes et, à l’intérieur de celuici, d’établir des
relationsquivontd’uneanalysetextuelleméthodique(recherchedes
codes générique, narratif, thématique, etc.) à la mise en évidence
d’élémentsinterculturels.
Cependant, si l’on veut dégager des modèles culturels, le
seul recours à la littérature ne suffit pas. Car tout texte littéraire
représenteaussiunécartparrapportauxnormesdesonmilieuetest
fortement marqué de subjectivité. Il importe donc de multiplier les
regards, de comparer entre eux des textes d’une même culture en
rapport avec le même thème, de multiplier les points de vue
(générations,classessociales,sexes…différents)etdelesconfronterà
«des analyses globalisantes» (Beacco, 1981: 26) (textes et/ou
données chiffrées, tableaux, graphiques, cartes, etc.) produites par
des anthropologues, sociologues, journalistes et qui ont, elles, une
prétention à la généralité. Ces documents authentiques permettent
de relativiser les représentations que l’on peut se faire à partir du
textelittéraire.
Cependant, si l’on veut dégager des modèles culturels, le
seul recours à la littérature ne suffit pas. Car tout texte littéraire
représenteaussiunécartparrapportauxnormesdesonmilieuetest
fortement marqué de subjectivité. Il importe donc de multiplier les
regards, de comparer entre eux des textes d’une même culture en
rapport avec le même thème, de multiplier les points de vue
(générations,classessociales,sexes…différents)etdelesconfronterà
«des analyses globalisantes» (Beacco, 1981: 26) (textes et/ou
données chiffrées, tableaux, graphiques, cartes, etc.) produites par
des anthropologues, sociologues, journalistes et qui ont, elles, une
prétention à la généralité. Ces documents authentiques permettent
de relativiser les représentations que l’on peut se faire à partir du
textelittéraire.
C’est à pareille exploration que vous allez être invités à
présent. Les communications que nous allons entendre pendant ce
colloquesedéploierontselondeuxaxes,linguistiqueetlittéraire.On
yassocieraaussiuneviséedidactique.Onrencontreraainsiunesérie
dequestions.Pourquelleraisonlesauteursdontlefrançaisn’estpas
lalanguematernellechoisissentilsd’écrireenfrançais?Commentles
abordeton en classe? Dans quelle mesure permettentils de
sensibiliser aux variétés linguistiques de la francophonie? Quelles
sontlescomposantesdumétissagelinguistiqueetcultureletàquel
niveau se manifestetil avec le plus de force? Comment se
présentent les aspects interculturels dans l’œuvre des écrivains
francophones? Quelles sont les caractéristiques de ces interculturels
et quel est le type d’interculturel privilégié? Comment ces types de
textespermettentilsdetravaillerlesstéréotypesenclassedefrançais
C’est à pareille exploration que vous allez être invités à
présent. Les communications que nous allons entendre pendant ce
colloquesedéploierontselondeuxaxes,linguistiqueetlittéraire.On
yassocieraaussiuneviséedidactique.Onrencontreraainsiunesérie
dequestions.Pourquelleraisonlesauteursdontlefrançaisn’estpas
lalanguematernellechoisissentilsd’écrireenfrançais?Commentles
abordeton en classe? Dans quelle mesure permettentils de
sensibiliser aux variétés linguistiques de la francophonie? Quelles
sontlescomposantesdumétissagelinguistiqueetcultureletàquel
niveau se manifestetil avec le plus de force? Comment se
présentent les aspects interculturels dans l’œuvre des écrivains
francophones? Quelles sont les caractéristiques de ces interculturels
et quel est le type d’interculturel privilégié? Comment ces types de
textespermettentilsdetravaillerlesstéréotypesenclassedefrançais
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textuelleetengardantlaperspectiveinterculturellecommepointde
fuite»(Lits,1994:34).
textuelleetengardantlaperspectiveinterculturellecommepointde
fuite»(Lits,1994:34).
Si l’on veut faire de la littérature l’instrument du dialogue
des cultures francophones, il convient donc d’opter pour le
groupement de textes et, à l’intérieur de celuici, d’établir des
relationsquivontd’uneanalysetextuelleméthodique(recherchedes
codes générique, narratif, thématique, etc.) à la mise en évidence
d’élémentsinterculturels.
Si l’on veut faire de la littérature l’instrument du dialogue
des cultures francophones, il convient donc d’opter pour le
groupement de textes et, à l’intérieur de celuici, d’établir des
relationsquivontd’uneanalysetextuelleméthodique(recherchedes
codes générique, narratif, thématique, etc.) à la mise en évidence
d’élémentsinterculturels.
Cependant, si l’on veut dégager des modèles culturels, le
seul recours à la littérature ne suffit pas. Car tout texte littéraire
représenteaussiunécartparrapportauxnormesdesonmilieuetest
fortement marqué de subjectivité. Il importe donc de multiplier les
regards, de comparer entre eux des textes d’une même culture en
rapport avec le même thème, de multiplier les points de vue
(générations,classessociales,sexes…différents)etdelesconfronterà
«des analyses globalisantes» (Beacco, 1981: 26) (textes et/ou
données chiffrées, tableaux, graphiques, cartes, etc.) produites par
des anthropologues, sociologues, journalistes et qui ont, elles, une
prétention à la généralité. Ces documents authentiques permettent
de relativiser les représentations que l’on peut se faire à partir du
textelittéraire.
Cependant, si l’on veut dégager des modèles culturels, le
seul recours à la littérature ne suffit pas. Car tout texte littéraire
représenteaussiunécartparrapportauxnormesdesonmilieuetest
fortement marqué de subjectivité. Il importe donc de multiplier les
regards, de comparer entre eux des textes d’une même culture en
rapport avec le même thème, de multiplier les points de vue
(générations,classessociales,sexes…différents)etdelesconfronterà
«des analyses globalisantes» (Beacco, 1981: 26) (textes et/ou
données chiffrées, tableaux, graphiques, cartes, etc.) produites par
des anthropologues, sociologues, journalistes et qui ont, elles, une
prétention à la généralité. Ces documents authentiques permettent
de relativiser les représentations que l’on peut se faire à partir du
textelittéraire.
C’est à pareille exploration que vous allez être invités à
présent. Les communications que nous allons entendre pendant ce
colloquesedéploierontselondeuxaxes,linguistiqueetlittéraire.On
yassocieraaussiuneviséedidactique.Onrencontreraainsiunesérie
dequestions.Pourquelleraisonlesauteursdontlefrançaisn’estpas
lalanguematernellechoisissentilsd’écrireenfrançais?Commentles
abordeton en classe? Dans quelle mesure permettentils de
sensibiliser aux variétés linguistiques de la francophonie? Quelles
sontlescomposantesdumétissagelinguistiqueetcultureletàquel
niveau se manifestetil avec le plus de force? Comment se
présentent les aspects interculturels dans l’œuvre des écrivains
francophones? Quelles sont les caractéristiques de ces interculturels
et quel est le type d’interculturel privilégié? Comment ces types de
textespermettentilsdetravaillerlesstéréotypesenclassedefrançais
C’est à pareille exploration que vous allez être invités à
présent. Les communications que nous allons entendre pendant ce
colloquesedéploierontselondeuxaxes,linguistiqueetlittéraire.On
yassocieraaussiuneviséedidactique.Onrencontreraainsiunesérie
dequestions.Pourquelleraisonlesauteursdontlefrançaisn’estpas
lalanguematernellechoisissentilsd’écrireenfrançais?Commentles
abordeton en classe? Dans quelle mesure permettentils de
sensibiliser aux variétés linguistiques de la francophonie? Quelles
sontlescomposantesdumétissagelinguistiqueetcultureletàquel
niveau se manifestetil avec le plus de force? Comment se
présentent les aspects interculturels dans l’œuvre des écrivains
francophones? Quelles sont les caractéristiques de ces interculturels
et quel est le type d’interculturel privilégié? Comment ces types de
textespermettentilsdetravaillerlesstéréotypesenclassedefrançais
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et de les faire évoluer? Quelles sont les images de l’écrivain
francophoneproposéesparlesmanuels?Commentpeutonexploiter
lemétissageetlesinterculturelsdansl’enseignementenvued’aider
à la construction identitaire individuelle? Quels types de créations
peuventilssusciterchezlesélèves?
et de les faire évoluer? Quelles sont les images de l’écrivain
francophoneproposéesparlesmanuels?Commentpeutonexploiter
lemétissageetlesinterculturelsdansl’enseignementenvued’aider
à la construction identitaire individuelle? Quels types de créations
peuventilssusciterchezlesélèves?
Ces axes linguistique et littéraire se déploieront aussi selon
une dimension historique. Dans une des communications, on
s’interrogera en effet sur l’émergence du domaine et du monde
francophones dans un des pays de la Francophonie, le Congo
Kinshasa, depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui. On
s’interrogerasurlestatutdufrançaisdanscepaysetsurlaplaceetle
rôlequepeuventyjouerleslittératuresd’expressionfrançaise.
Ces axes linguistique et littéraire se déploieront aussi selon
une dimension historique. Dans une des communications, on
s’interrogera en effet sur l’émergence du domaine et du monde
francophones dans un des pays de la Francophonie, le Congo
Kinshasa, depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui. On
s’interrogerasurlestatutdufrançaisdanscepaysetsurlaplaceetle
rôlequepeuventyjouerleslittératuresd’expressionfrançaise.
Ainsi,c’estladiversitéculturelleetl’interculturelquiseront
aucœurdenotreréflexioncommune.Puissecelleciêtrefructueuse
etfairedenousdespasseursdeculture,desmédiateursculturels.
Ainsi,c’estladiversitéculturelleetl’interculturelquiseront
aucœurdenotreréflexioncommune.Puissecelleciêtrefructueuse
etfairedenousdespasseursdeculture,desmédiateursculturels.
NOTESȱ
ȱ
NOTESȱ
ȱ
1
Culture,commerceetmondialisation,UNESCO,2000.
GOLDENSTEINJ.P.,PourȱuneȱlectureȬécriture,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot,
1984,pp.201214.
3 J’aiexplicitélesfondementsdecetteapprocheanthropologiquedestextes
littéraires dans mon ouvrage Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ
interculturelle,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot,1994.
1
2
2
ȱ
ȱ
Culture,commerceetmondialisation,UNESCO,2000.
GOLDENSTEINJ.P.,PourȱuneȱlectureȬécriture,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot,
1984,pp.201214.
3 J’aiexplicitélesfondementsdecetteapprocheanthropologiquedestextes
littéraires dans mon ouvrage Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ
interculturelle,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot,1994.
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
BEACCO Jean Claude, «La construction du savoir culturel» in BEACCO
J.Cl. et LIEUTAUD S., Mœursȱ etȱ mythes.ȱ Lectureȱ desȱ civilisationsȱ etȱ
documentsȱauthentiquesȱécrits,ȱParis,Hachette,1981,p.26(«Lefrançais
danslemonde/BELC»),pp.2233.ȱ
BEACCO Jean Claude, «La construction du savoir culturel» in BEACCO
J.Cl. et LIEUTAUD S., Mœursȱ etȱ mythes.ȱ Lectureȱ desȱ civilisationsȱ etȱ
documentsȱauthentiquesȱécrits,ȱParis,Hachette,1981,p.26(«Lefrançais
danslemonde/BELC»),pp.2233.ȱ
BLANCHEBENVENISTEClaireetal.1997,EuRom4ȱ:ȱMéthodeȱd’enseignementȱ
simultanéȱ desȱ languesȱ romanesȱ:ȱ portugais,ȱ espagnol,ȱ italien,ȱ français.ȱ
Firenze,NuovaItalia(800p+cédérom).
BLANCHEBENVENISTEClaireetal.1997,EuRom4ȱ:ȱMéthodeȱd’enseignementȱ
simultanéȱ desȱ languesȱ romanesȱ:ȱ portugais,ȱ espagnol,ȱ italien,ȱ français.ȱ
Firenze,NuovaItalia(800p+cédérom).
DELBARTAnneRosine,2005,Lesȱexilésȱduȱlangage,Toulouse,PULIM.
DELBARTAnneRosine,2005,Lesȱexilésȱduȱlangage,Toulouse,PULIM.
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et de les faire évoluer? Quelles sont les images de l’écrivain
francophoneproposéesparlesmanuels?Commentpeutonexploiter
lemétissageetlesinterculturelsdansl’enseignementenvued’aider
à la construction identitaire individuelle? Quels types de créations
peuventilssusciterchezlesélèves?
et de les faire évoluer? Quelles sont les images de l’écrivain
francophoneproposéesparlesmanuels?Commentpeutonexploiter
lemétissageetlesinterculturelsdansl’enseignementenvued’aider
à la construction identitaire individuelle? Quels types de créations
peuventilssusciterchezlesélèves?
Ces axes linguistique et littéraire se déploieront aussi selon
une dimension historique. Dans une des communications, on
s’interrogera en effet sur l’émergence du domaine et du monde
francophones dans un des pays de la Francophonie, le Congo
Kinshasa, depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui. On
s’interrogerasurlestatutdufrançaisdanscepaysetsurlaplaceetle
rôlequepeuventyjouerleslittératuresd’expressionfrançaise.
Ces axes linguistique et littéraire se déploieront aussi selon
une dimension historique. Dans une des communications, on
s’interrogera en effet sur l’émergence du domaine et du monde
francophones dans un des pays de la Francophonie, le Congo
Kinshasa, depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui. On
s’interrogerasurlestatutdufrançaisdanscepaysetsurlaplaceetle
rôlequepeuventyjouerleslittératuresd’expressionfrançaise.
Ainsi,c’estladiversitéculturelleetl’interculturelquiseront
aucœurdenotreréflexioncommune.Puissecelleciêtrefructueuse
etfairedenousdespasseursdeculture,desmédiateursculturels.
Ainsi,c’estladiversitéculturelleetl’interculturelquiseront
aucœurdenotreréflexioncommune.Puissecelleciêtrefructueuse
etfairedenousdespasseursdeculture,desmédiateursculturels.
NOTESȱ
ȱ
NOTESȱ
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1
Culture,commerceetmondialisation,UNESCO,2000.
GOLDENSTEINJ.P.,PourȱuneȱlectureȬécriture,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot,
1984,pp.201214.
3 J’aiexplicitélesfondementsdecetteapprocheanthropologiquedestextes
littéraires dans mon ouvrage Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ
interculturelle,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot,1994.
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RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
Culture,commerceetmondialisation,UNESCO,2000.
GOLDENSTEINJ.P.,PourȱuneȱlectureȬécriture,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot,
1984,pp.201214.
3 J’aiexplicitélesfondementsdecetteapprocheanthropologiquedestextes
littéraires dans mon ouvrage Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ
interculturelle,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot,1994.
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
BEACCO Jean Claude, «La construction du savoir culturel» in BEACCO
J.Cl. et LIEUTAUD S., Mœursȱ etȱ mythes.ȱ Lectureȱ desȱ civilisationsȱ etȱ
documentsȱauthentiquesȱécrits,ȱParis,Hachette,1981,p.26(«Lefrançais
danslemonde/BELC»),pp.2233.ȱ
BEACCO Jean Claude, «La construction du savoir culturel» in BEACCO
J.Cl. et LIEUTAUD S., Mœursȱ etȱ mythes.ȱ Lectureȱ desȱ civilisationsȱ etȱ
documentsȱauthentiquesȱécrits,ȱParis,Hachette,1981,p.26(«Lefrançais
danslemonde/BELC»),pp.2233.ȱ
BLANCHEBENVENISTEClaireetal.1997,EuRom4ȱ:ȱMéthodeȱd’enseignementȱ
simultanéȱ desȱ languesȱ romanesȱ:ȱ portugais,ȱ espagnol,ȱ italien,ȱ français.ȱ
Firenze,NuovaItalia(800p+cédérom).
BLANCHEBENVENISTEClaireetal.1997,EuRom4ȱ:ȱMéthodeȱd’enseignementȱ
simultanéȱ desȱ languesȱ romanesȱ:ȱ portugais,ȱ espagnol,ȱ italien,ȱ français.ȱ
Firenze,NuovaItalia(800p+cédérom).
DELBARTAnneRosine,2005,Lesȱexilésȱduȱlangage,Toulouse,PULIM.
DELBARTAnneRosine,2005,Lesȱexilésȱduȱlangage,Toulouse,PULIM.
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DEPECKERLoïc,1988,Lesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonie,ȱParis,Belin.
DEPECKERLoïc,1988,Lesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonie,ȱParis,Belin.
KLEINHorstGH.etSTEGMANNTilbertD.,2000,EurocomRomȱ–ȱDieȱsiebenȱ
Siebeȱ:ȱRomanischeȱSprachenȱsofortȱlesenȱkönnen.ȱAachen,Shaker.
KLEINHorstGH.etSTEGMANNTilbertD.,2000,EurocomRomȱ–ȱDieȱsiebenȱ
Siebeȱ:ȱRomanischeȱSprachenȱsofortȱlesenȱkönnen.ȱAachen,Shaker.
LITS Marc, (1994), «Approche interculturelle et identité narrative», In
Étudesȱdeȱlinguistiqueȱappliquée,ȱn°93,janviermars1994,pp.2538.
LITS Marc, (1994), «Approche interculturelle et identité narrative», In
Étudesȱdeȱlinguistiqueȱappliquée,ȱn°93,janviermars1994,pp.2538.
RICOEURPaul,1985,Tempsȱetȱrécit,ȱParis,Seuil.
RICOEURPaul,1985,Tempsȱetȱrécit,ȱParis,Seuil.
DEZUTTER Olivier. & HULHOVEN BEACCO Jean Claude, 1981, «La
construction du savoir culturel» in BEACCO J.Cl. et LIEUTAUD S.,
Mœursȱetȱmythes.ȱLectureȱdesȱcivilisationsȱetȱdocumentsȱauthentiquesȱécrits,ȱ
Paris,Hachette,(«Lefrançaisdanslemonde/BELC»),pp.2233.
DEZUTTER Olivier. & HULHOVEN BEACCO Jean Claude, 1981, «La
construction du savoir culturel» in BEACCO J.Cl. et LIEUTAUD S.,
Mœursȱetȱmythes.ȱLectureȱdesȱcivilisationsȱetȱdocumentsȱauthentiquesȱécrits,ȱ
Paris,Hachette,(«Lefrançaisdanslemonde/BELC»),pp.2233.
WITCH Bernard, 2004, «La diversité culturelle : le sens d’une idée», in
Diversitéȱculturelleȱetȱmondialisation,ed.Autrement,(Mutationsn°233)
WITCH Bernard, 2004, «La diversité culturelle : le sens d’une idée», in
Diversitéȱculturelleȱetȱmondialisation,ed.Autrement,(Mutationsn°233)
18
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DEPECKERLoïc,1988,Lesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonie,ȱParis,Belin.
DEPECKERLoïc,1988,Lesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonie,ȱParis,Belin.
KLEINHorstGH.etSTEGMANNTilbertD.,2000,EurocomRomȱ–ȱDieȱsiebenȱ
Siebeȱ:ȱRomanischeȱSprachenȱsofortȱlesenȱkönnen.ȱAachen,Shaker.
KLEINHorstGH.etSTEGMANNTilbertD.,2000,EurocomRomȱ–ȱDieȱsiebenȱ
Siebeȱ:ȱRomanischeȱSprachenȱsofortȱlesenȱkönnen.ȱAachen,Shaker.
LITS Marc, (1994), «Approche interculturelle et identité narrative», In
Étudesȱdeȱlinguistiqueȱappliquée,ȱn°93,janviermars1994,pp.2538.
LITS Marc, (1994), «Approche interculturelle et identité narrative», In
Étudesȱdeȱlinguistiqueȱappliquée,ȱn°93,janviermars1994,pp.2538.
RICOEURPaul,1985,Tempsȱetȱrécit,ȱParis,Seuil.
RICOEURPaul,1985,Tempsȱetȱrécit,ȱParis,Seuil.
DEZUTTER Olivier. & HULHOVEN BEACCO Jean Claude, 1981, «La
construction du savoir culturel» in BEACCO J.Cl. et LIEUTAUD S.,
Mœursȱetȱmythes.ȱLectureȱdesȱcivilisationsȱetȱdocumentsȱauthentiquesȱécrits,ȱ
Paris,Hachette,(«Lefrançaisdanslemonde/BELC»),pp.2233.
DEZUTTER Olivier. & HULHOVEN BEACCO Jean Claude, 1981, «La
construction du savoir culturel» in BEACCO J.Cl. et LIEUTAUD S.,
Mœursȱetȱmythes.ȱLectureȱdesȱcivilisationsȱetȱdocumentsȱauthentiquesȱécrits,ȱ
Paris,Hachette,(«Lefrançaisdanslemonde/BELC»),pp.2233.
WITCH Bernard, 2004, «La diversité culturelle : le sens d’une idée», in
Diversitéȱculturelleȱetȱmondialisation,ed.Autrement,(Mutationsn°233)
WITCH Bernard, 2004, «La diversité culturelle : le sens d’une idée», in
Diversitéȱculturelleȱetȱmondialisation,ed.Autrement,(Mutationsn°233)
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L’interculturelȱenȱperspectiveȱ
diachroniqueȱ
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___________________________________________ȱ
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diachroniqueȱ
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ȱ
ȱ
PLACEȱETȱRÔLEȱDESȱLITTÉRATURESȱ
D’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱDANSȱLESȱ
MANUELSȱSCOLAIRESȱTUNISIENS:ȱÉTUDEȱ
DIACHRONIQUEȱ
PLACEȱETȱRÔLEȱDESȱLITTÉRATURESȱ
D’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱDANSȱLESȱ
MANUELSȱSCOLAIRESȱTUNISIENS:ȱÉTUDEȱ
DIACHRONIQUEȱ
ȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱ
ȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱ
NaïmaȱMEFTAHȱTLILIȱ
NaïmaȱMEFTAHȱTLILIȱ
UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ
UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ
ȱ
ȱ
Au commencement, nous vous proposons un petit tour
d’horizon de cette littérature dite d’expression française. La
nomination ellemême a connu plusieurs métamorphoses et
variantes. Jean Sènac parle de «littérature d’écriture française»,
AndréMiquelde«littératurearabeécriteenfrançais»,plusproche
de nous est l’appellation «littérature francophone» ou encore
«littératuremondeenfrançais»1.Ilseraitpeut–êtreplusjudicieux
de s’aligner sur la position de la revue des professeurs de français,
oùFrançoisePloquin,larédactriceenchef,écrit:
Au commencement, nous vous proposons un petit tour
d’horizon de cette littérature dite d’expression française. La
nomination ellemême a connu plusieurs métamorphoses et
variantes. Jean Sènac parle de «littérature d’écriture française»,
AndréMiquelde«littératurearabeécriteenfrançais»,plusproche
de nous est l’appellation «littérature francophone» ou encore
«littératuremondeenfrançais»1.Ilseraitpeut–êtreplusjudicieux
de s’aligner sur la position de la revue des professeurs de français,
oùFrançoisePloquin,larédactriceenchef,écrit:
ȱQuelleȱ queȱ soitȱ laȱ dénominationȱ retenue,ȱ l’essentielȱ n’estȱ pasȱ leȱ mot,ȱ maisȱ
l’émergenceȱ deȱ ceȱ courantȱ puissant,ȱ vigoureux,ȱ quiȱ revivifieȱ laȱ productionȱ
littéraireȱenȱfrançaisȱ(Lefrançaisdanslemonde,2007:7).
ȱQuelleȱ queȱ soitȱ laȱ dénominationȱ retenue,ȱ l’essentielȱ n’estȱ pasȱ leȱ mot,ȱ maisȱ
l’émergenceȱ deȱ ceȱ courantȱ puissant,ȱ vigoureux,ȱ quiȱ revivifieȱ laȱ productionȱ
littéraireȱenȱfrançaisȱ(Lefrançaisdanslemonde,2007:7).
Inscrites sous le signe de la pluralité et de la spécificité, ces
littératures,dontlesauteursnesontpasdesfrançaisdeFrancemais
des écrivains qui utilisent le français comme langue d’écriture,
concernent l’Afrique, les Antilles, Haïti, Malgache, le Canada, la
BelgiqueetlaSuisse.
Inscrites sous le signe de la pluralité et de la spécificité, ces
littératures,dontlesauteursnesontpasdesfrançaisdeFrancemais
des écrivains qui utilisent le français comme langue d’écriture,
concernent l’Afrique, les Antilles, Haïti, Malgache, le Canada, la
BelgiqueetlaSuisse.
Nous tenterons d’analyser dans cette communication qui se
situe dans l’axe relatif à la problématique du métissage et de
l’interculturel dans la classe de français, les manifestations des
interculturels en classe de français. Nous nous référerons
Nous tenterons d’analyser dans cette communication qui se
situe dans l’axe relatif à la problématique du métissage et de
l’interculturel dans la classe de français, les manifestations des
interculturels en classe de français. Nous nous référerons
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ȱ
PLACEȱETȱRÔLEȱDESȱLITTÉRATURESȱ
D’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱDANSȱLESȱ
MANUELSȱSCOLAIRESȱTUNISIENS:ȱÉTUDEȱ
DIACHRONIQUEȱ
PLACEȱETȱRÔLEȱDESȱLITTÉRATURESȱ
D’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱDANSȱLESȱ
MANUELSȱSCOLAIRESȱTUNISIENS:ȱÉTUDEȱ
DIACHRONIQUEȱ
ȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱ
ȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱ
NaïmaȱMEFTAHȱTLILIȱ
NaïmaȱMEFTAHȱTLILIȱ
UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ
UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ
ȱ
ȱ
Au commencement, nous vous proposons un petit tour
d’horizon de cette littérature dite d’expression française. La
nomination ellemême a connu plusieurs métamorphoses et
variantes. Jean Sènac parle de «littérature d’écriture française»,
AndréMiquelde«littératurearabeécriteenfrançais»,plusproche
de nous est l’appellation «littérature francophone» ou encore
«littératuremondeenfrançais»1.Ilseraitpeut–êtreplusjudicieux
de s’aligner sur la position de la revue des professeurs de français,
oùFrançoisePloquin,larédactriceenchef,écrit:
Au commencement, nous vous proposons un petit tour
d’horizon de cette littérature dite d’expression française. La
nomination ellemême a connu plusieurs métamorphoses et
variantes. Jean Sènac parle de «littérature d’écriture française»,
AndréMiquelde«littératurearabeécriteenfrançais»,plusproche
de nous est l’appellation «littérature francophone» ou encore
«littératuremondeenfrançais»1.Ilseraitpeut–êtreplusjudicieux
de s’aligner sur la position de la revue des professeurs de français,
oùFrançoisePloquin,larédactriceenchef,écrit:
ȱQuelleȱ queȱ soitȱ laȱ dénominationȱ retenue,ȱ l’essentielȱ n’estȱ pasȱ leȱ mot,ȱ maisȱ
l’émergenceȱ deȱ ceȱ courantȱ puissant,ȱ vigoureux,ȱ quiȱ revivifieȱ laȱ productionȱ
littéraireȱenȱfrançaisȱ(Lefrançaisdanslemonde,2007:7).
ȱQuelleȱ queȱ soitȱ laȱ dénominationȱ retenue,ȱ l’essentielȱ n’estȱ pasȱ leȱ mot,ȱ maisȱ
l’émergenceȱ deȱ ceȱ courantȱ puissant,ȱ vigoureux,ȱ quiȱ revivifieȱ laȱ productionȱ
littéraireȱenȱfrançaisȱ(Lefrançaisdanslemonde,2007:7).
Inscrites sous le signe de la pluralité et de la spécificité, ces
littératures,dontlesauteursnesontpasdesfrançaisdeFrancemais
des écrivains qui utilisent le français comme langue d’écriture,
concernent l’Afrique, les Antilles, Haïti, Malgache, le Canada, la
BelgiqueetlaSuisse.
Inscrites sous le signe de la pluralité et de la spécificité, ces
littératures,dontlesauteursnesontpasdesfrançaisdeFrancemais
des écrivains qui utilisent le français comme langue d’écriture,
concernent l’Afrique, les Antilles, Haïti, Malgache, le Canada, la
BelgiqueetlaSuisse.
Nous tenterons d’analyser dans cette communication qui se
situe dans l’axe relatif à la problématique du métissage et de
l’interculturel dans la classe de français, les manifestations des
interculturels en classe de français. Nous nous référerons
Nous tenterons d’analyser dans cette communication qui se
situe dans l’axe relatif à la problématique du métissage et de
l’interculturel dans la classe de français, les manifestations des
interculturels en classe de français. Nous nous référerons
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essentiellement aux programmes officiels et aux manuels scolaires
tunisiens relatifs aux deux premières années du lycée appelées
autrefois4eet5eannéesetaujourd’hui1reet2eannées.
essentiellement aux programmes officiels et aux manuels scolaires
tunisiens relatifs aux deux premières années du lycée appelées
autrefois4eet5eannéesetaujourd’hui1reet2eannées.
Cette étude diachronique nous permettra d’étudier
l’évolution de cette insertion des textes francophones dans nos
manuelsetdedécelerlestraitsdistinctifsdurôlequepeutjouercette
littérature dans la formation de l’apprenant du français langue
seconde ou étrangère confronté au métissage culturel et à la
mondialisation.
Cette étude diachronique nous permettra d’étudier
l’évolution de cette insertion des textes francophones dans nos
manuelsetdedécelerlestraitsdistinctifsdurôlequepeutjouercette
littérature dans la formation de l’apprenant du français langue
seconde ou étrangère confronté au métissage culturel et à la
mondialisation.
ȱ
ȱ
I.ȱBREFȱRAPPELȱHISTORIQUEȱ
Cette description aura pour références chronologiques trois
grandes dates relatives aux réformes de l’enseignement du français
enTunisie:lapremièrepériodeconcernelesannées70,ladeuxième
concerne la décennie 8090 et la troisième est celle de la dernière
réforme.
ȱ
I.1ȱ Leȱ premierȱ momentȱ:ȱ deȱ l’indépendanceȱ jusqu’auxȱ
annéesȱsoixanteȱdixȱ
Les programmes des années soixante dix sont en fait une
continuation des années soixante, autant dire que cette période
constitue le 1er grand moment qui s’étend de l’indépendance de la
Tunisie(le20mars1956)auxannéessoixantedix.
I.ȱBREFȱRAPPELȱHISTORIQUEȱ
Cette description aura pour références chronologiques trois
grandes dates relatives aux réformes de l’enseignement du français
enTunisie:lapremièrepériodeconcernelesannées70,ladeuxième
concerne la décennie 8090 et la troisième est celle de la dernière
réforme.
ȱ
I.1ȱ Leȱ premierȱ momentȱ:ȱ deȱ l’indépendanceȱ jusqu’auxȱ
annéesȱsoixanteȱdixȱ
Les programmes des années soixante dix sont en fait une
continuation des années soixante, autant dire que cette période
constitue le 1er grand moment qui s’étend de l’indépendance de la
Tunisie(le20mars1956)auxannéessoixantedix.
Dans l’avant –propos des additifs aux manuel de français
des 4e et 5e A. secondaire, relatif au programme de 1970, les
élaborateurs du manuel rappellent que ces additifs complètent les
manuelsexistantcorrespondantauxprogrammesde1963.ȱȱ
Dans l’avant –propos des additifs aux manuel de français
des 4e et 5e A. secondaire, relatif au programme de 1970, les
élaborateurs du manuel rappellent que ces additifs complètent les
manuelsexistantcorrespondantauxprogrammesde1963.ȱȱ
Pour bien situer notre propos, rappelons que dans un
premier temps, il y avait deux sections: la section A où le français
avaituneplaceréduitede
Pour bien situer notre propos, rappelons que dans un
premier temps, il y avait deux sections: la section A où le français
avaituneplaceréduitede
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essentiellement aux programmes officiels et aux manuels scolaires
tunisiens relatifs aux deux premières années du lycée appelées
autrefois4eet5eannéesetaujourd’hui1reet2eannées.
essentiellement aux programmes officiels et aux manuels scolaires
tunisiens relatifs aux deux premières années du lycée appelées
autrefois4eet5eannéesetaujourd’hui1reet2eannées.
Cette étude diachronique nous permettra d’étudier
l’évolution de cette insertion des textes francophones dans nos
manuelsetdedécelerlestraitsdistinctifsdurôlequepeutjouercette
littérature dans la formation de l’apprenant du français langue
seconde ou étrangère confronté au métissage culturel et à la
mondialisation.
Cette étude diachronique nous permettra d’étudier
l’évolution de cette insertion des textes francophones dans nos
manuelsetdedécelerlestraitsdistinctifsdurôlequepeutjouercette
littérature dans la formation de l’apprenant du français langue
seconde ou étrangère confronté au métissage culturel et à la
mondialisation.
ȱ
ȱ
I.ȱBREFȱRAPPELȱHISTORIQUEȱ
Cette description aura pour références chronologiques trois
grandes dates relatives aux réformes de l’enseignement du français
enTunisie:lapremièrepériodeconcernelesannées70,ladeuxième
concerne la décennie 8090 et la troisième est celle de la dernière
réforme.
ȱ
I.1ȱ Leȱ premierȱ momentȱ:ȱ deȱ l’indépendanceȱ jusqu’auxȱ
annéesȱsoixanteȱdixȱ
Les programmes des années soixante dix sont en fait une
continuation des années soixante, autant dire que cette période
constitue le 1er grand moment qui s’étend de l’indépendance de la
Tunisie(le20mars1956)auxannéessoixantedix.
I.ȱBREFȱRAPPELȱHISTORIQUEȱ
Cette description aura pour références chronologiques trois
grandes dates relatives aux réformes de l’enseignement du français
enTunisie:lapremièrepériodeconcernelesannées70,ladeuxième
concerne la décennie 8090 et la troisième est celle de la dernière
réforme.
ȱ
I.1ȱ Leȱ premierȱ momentȱ:ȱ deȱ l’indépendanceȱ jusqu’auxȱ
annéesȱsoixanteȱdixȱ
Les programmes des années soixante dix sont en fait une
continuation des années soixante, autant dire que cette période
constitue le 1er grand moment qui s’étend de l’indépendance de la
Tunisie(le20mars1956)auxannéessoixantedix.
Dans l’avant –propos des additifs aux manuel de français
des 4e et 5e A. secondaire, relatif au programme de 1970, les
élaborateurs du manuel rappellent que ces additifs complètent les
manuelsexistantcorrespondantauxprogrammesde1963.ȱȱ
Dans l’avant –propos des additifs aux manuel de français
des 4e et 5e A. secondaire, relatif au programme de 1970, les
élaborateurs du manuel rappellent que ces additifs complètent les
manuelsexistantcorrespondantauxprogrammesde1963.ȱȱ
Pour bien situer notre propos, rappelons que dans un
premier temps, il y avait deux sections: la section A où le français
avaituneplaceréduitede
Pour bien situer notre propos, rappelons que dans un
premier temps, il y avait deux sections: la section A où le français
avaituneplaceréduitede
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«ȱlangueȱ étrangèreȱ»ȱ etȱ laȱ sectionȱ Bȱ pourȱ quiȱ leȱ françaisȱ étaitȱ uneȱ langueȱ
seconde.ȱ Pourȱ lesȱ élèvesȱ deȱ cetteȱ section,ȱ «ȱparallèlementȱ àȱ l’arabe,ȱ [leȱ
français]ȱ assumeȱ (…)ȱ ȱ leȱ rôleȱ d’uneȱ langueȱ deȱ cultureȱ ȱ quiȱ aȱ pourȱ tâcheȱ
d’instruireȱetȱd’éduquerȱ»(4L:5).
la5
ème
Danscesmêmesavant–propos(desadditifsdela4èmeetde
années),ilestditque:
lesȱtextesȱ(…)ȱontȱétéȱretenusȱenȱfonctionȱdeȱleurȱqualitéȱlittéraireȱsurtout,ȱ
«ȱlangueȱ étrangèreȱ»ȱ etȱ laȱ sectionȱ Bȱ pourȱ quiȱ leȱ françaisȱ étaitȱ uneȱ langueȱ
seconde.ȱ Pourȱ lesȱ élèvesȱ deȱ cetteȱ section,ȱ «ȱparallèlementȱ àȱ l’arabe,ȱ [leȱ
français]ȱ assumeȱ (…)ȱ ȱ leȱ rôleȱ d’uneȱ langueȱ deȱ cultureȱ ȱ quiȱ aȱ pourȱ tâcheȱ
d’instruireȱetȱd’éduquerȱ»(4L:5).
la5
ème
Danscesmêmesavant–propos(desadditifsdela4èmeetde
années),ilestditque:
lesȱtextesȱ(…)ȱontȱétéȱretenusȱenȱfonctionȱdeȱleurȱqualitéȱlittéraireȱsurtout,ȱ
afinȱdeȱdévelopperȱchezȱlesȱélèvesȱleȱsensȱlittéraire,ȱdeȱlesȱrendreȱcapablesȱparȱ
l’analyseȱ desȱ procédésȱ d’expressionȱ d’apprécierȱ unȱ beauȱ texteȱ enȱ leȱ
distinguantȱ duȱ simpleȱ document,ȱ deȱ leurȱ donnerȱ leȱ goûtȱ deȱ laȱ lectureȱ
d’œuvresȱcomplètes(L.F,4eet5e:3).
afinȱdeȱdévelopperȱchezȱlesȱélèvesȱleȱsensȱlittéraire,ȱdeȱlesȱrendreȱcapablesȱparȱ
l’analyseȱ desȱ procédésȱ d’expressionȱ d’apprécierȱ unȱ beauȱ texteȱ enȱ leȱ
distinguantȱ duȱ simpleȱ document,ȱ deȱ leurȱ donnerȱ leȱ goûtȱ deȱ laȱ lectureȱ
d’œuvresȱcomplètes(L.F,4eet5e:3).
C’est pour cette raison que dans leur ensemble,les textes
sélectionnés sont des morceaux choisis de la littérature officiellementȱ
reconnueȱ etȱ sacralisée ( extraits du Pèreȱ Goriotȱ de Balzac, de Madameȱ
BovaryȱdeFlaubert,desMisérablesȱdeVictorHugo…).ȱ
C’est pour cette raison que dans leur ensemble,les textes
sélectionnés sont des morceaux choisis de la littérature officiellementȱ
reconnueȱ etȱ sacralisée ( extraits du Pèreȱ Goriotȱ de Balzac, de Madameȱ
BovaryȱdeFlaubert,desMisérablesȱdeVictorHugo…).ȱ
I.2.ȱLeȱdeuxièmeȱmomentȱ:ȱ1980Ȭ2000ȱ
ȱ
En ce deuxième moment, l’enseignement du français en
Tunisiepasseparunepériodeparadoxale:lestexteslittérairessont
de plus en rares, parfois inexistants. Ils sont remplacés par divers
supportsquivontdel’articledepresse,audocumentaire,àlarecette
de cuisine ou au mode d’emploi d’une machine. Le plus frappant,
c’est que pour certaines sections (la section Lettres comprise), le
françaisn’estplusenseignéenterminalecommematièreobligatoire.
C’estunesimpleoptionpourlaquellepeud’élèvesoptent.Eneffet,
les élèves ont à choisir entre le français et la pensée islamique. La
plupartpréfèrentla2eoptionenseignéeenlanguearabeetlargement
notée. Le résultat ne tarde pas à apparaître tant au niveau
linguistiquequ’idéologique. L’échec au supérieur,où le français est
encore une langue seconde, est de plus en plus massif. D’un autre
côté,lapenséeintégristetrouveéchochezcettenouvellegénération
d’étudiantsdontlaformationetlaculturesontlacunaires.
I.2.ȱLeȱdeuxièmeȱmomentȱ:ȱ1980Ȭ2000ȱ
ȱ
En ce deuxième moment, l’enseignement du français en
Tunisiepasseparunepériodeparadoxale:lestexteslittérairessont
de plus en rares, parfois inexistants. Ils sont remplacés par divers
supportsquivontdel’articledepresse,audocumentaire,àlarecette
de cuisine ou au mode d’emploi d’une machine. Le plus frappant,
c’est que pour certaines sections (la section Lettres comprise), le
françaisn’estplusenseignéenterminalecommematièreobligatoire.
C’estunesimpleoptionpourlaquellepeud’élèvesoptent.Eneffet,
les élèves ont à choisir entre le français et la pensée islamique. La
plupartpréfèrentla2eoptionenseignéeenlanguearabeetlargement
notée. Le résultat ne tarde pas à apparaître tant au niveau
linguistiquequ’idéologique. L’échec au supérieur,où le français est
encore une langue seconde, est de plus en plus massif. D’un autre
côté,lapenséeintégristetrouveéchochezcettenouvellegénération
d’étudiantsdontlaformationetlaculturesontlacunaires.
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«ȱlangueȱ étrangèreȱ»ȱ etȱ laȱ sectionȱ Bȱ pourȱ quiȱ leȱ françaisȱ étaitȱ uneȱ langueȱ
seconde.ȱ Pourȱ lesȱ élèvesȱ deȱ cetteȱ section,ȱ «ȱparallèlementȱ àȱ l’arabe,ȱ [leȱ
français]ȱ assumeȱ (…)ȱ ȱ leȱ rôleȱ d’uneȱ langueȱ deȱ cultureȱ ȱ quiȱ aȱ pourȱ tâcheȱ
d’instruireȱetȱd’éduquerȱ»(4L:5).
«ȱlangueȱ étrangèreȱ»ȱ etȱ laȱ sectionȱ Bȱ pourȱ quiȱ leȱ françaisȱ étaitȱ uneȱ langueȱ
seconde.ȱ Pourȱ lesȱ élèvesȱ deȱ cetteȱ section,ȱ «ȱparallèlementȱ àȱ l’arabe,ȱ [leȱ
français]ȱ assumeȱ (…)ȱ ȱ leȱ rôleȱ d’uneȱ langueȱ deȱ cultureȱ ȱ quiȱ aȱ pourȱ tâcheȱ
d’instruireȱetȱd’éduquerȱ»(4L:5).
Danscesmêmesavant–propos(desadditifsdela4èmeetde
la5èmeannées),ilestditque:
lesȱtextesȱ(…)ȱontȱétéȱretenusȱenȱfonctionȱdeȱleurȱqualitéȱlittéraireȱsurtout,ȱ
Danscesmêmesavant–propos(desadditifsdela4èmeetde
la5èmeannées),ilestditque:
lesȱtextesȱ(…)ȱontȱétéȱretenusȱenȱfonctionȱdeȱleurȱqualitéȱlittéraireȱsurtout,ȱ
afinȱdeȱdévelopperȱchezȱlesȱélèvesȱleȱsensȱlittéraire,ȱdeȱlesȱrendreȱcapablesȱparȱ
l’analyseȱ desȱ procédésȱ d’expressionȱ d’apprécierȱ unȱ beauȱ texteȱ enȱ leȱ
distinguantȱ duȱ simpleȱ document,ȱ deȱ leurȱ donnerȱ leȱ goûtȱ deȱ laȱ lectureȱ
d’œuvresȱcomplètes(L.F,4eet5e:3).
afinȱdeȱdévelopperȱchezȱlesȱélèvesȱleȱsensȱlittéraire,ȱdeȱlesȱrendreȱcapablesȱparȱ
l’analyseȱ desȱ procédésȱ d’expressionȱ d’apprécierȱ unȱ beauȱ texteȱ enȱ leȱ
distinguantȱ duȱ simpleȱ document,ȱ deȱ leurȱ donnerȱ leȱ goûtȱ deȱ laȱ lectureȱ
d’œuvresȱcomplètes(L.F,4eet5e:3).
C’est pour cette raison que dans leur ensemble,les textes
sélectionnés sont des morceaux choisis de la littérature officiellementȱ
reconnueȱ etȱ sacralisée ( extraits du Pèreȱ Goriotȱ de Balzac, de Madameȱ
BovaryȱdeFlaubert,desMisérablesȱdeVictorHugo…).ȱ
C’est pour cette raison que dans leur ensemble,les textes
sélectionnés sont des morceaux choisis de la littérature officiellementȱ
reconnueȱ etȱ sacralisée ( extraits du Pèreȱ Goriotȱ de Balzac, de Madameȱ
BovaryȱdeFlaubert,desMisérablesȱdeVictorHugo…).ȱ
I.2.ȱLeȱdeuxièmeȱmomentȱ:ȱ1980Ȭ2000ȱ
ȱ
En ce deuxième moment, l’enseignement du français en
Tunisiepasseparunepériodeparadoxale:lestexteslittérairessont
de plus en rares, parfois inexistants. Ils sont remplacés par divers
supportsquivontdel’articledepresse,audocumentaire,àlarecette
de cuisine ou au mode d’emploi d’une machine. Le plus frappant,
c’est que pour certaines sections (la section Lettres comprise), le
françaisn’estplusenseignéenterminalecommematièreobligatoire.
C’estunesimpleoptionpourlaquellepeud’élèvesoptent.Eneffet,
les élèves ont à choisir entre le français et la pensée islamique. La
plupartpréfèrentla2eoptionenseignéeenlanguearabeetlargement
notée. Le résultat ne tarde pas à apparaître tant au niveau
linguistiquequ’idéologique. L’échec au supérieur,où le français est
encore une langue seconde, est de plus en plus massif. D’un autre
côté,lapenséeintégristetrouveéchochezcettenouvellegénération
d’étudiantsdontlaformationetlaculturesontlacunaires.
I.2.ȱLeȱdeuxièmeȱmomentȱ:ȱ1980Ȭ2000ȱ
ȱ
En ce deuxième moment, l’enseignement du français en
Tunisiepasseparunepériodeparadoxale:lestexteslittérairessont
de plus en rares, parfois inexistants. Ils sont remplacés par divers
supportsquivontdel’articledepresse,audocumentaire,àlarecette
de cuisine ou au mode d’emploi d’une machine. Le plus frappant,
c’est que pour certaines sections (la section Lettres comprise), le
françaisn’estplusenseignéenterminalecommematièreobligatoire.
C’estunesimpleoptionpourlaquellepeud’élèvesoptent.Eneffet,
les élèves ont à choisir entre le français et la pensée islamique. La
plupartpréfèrentla2eoptionenseignéeenlanguearabeetlargement
notée. Le résultat ne tarde pas à apparaître tant au niveau
linguistiquequ’idéologique. L’échec au supérieur,où le français est
encore une langue seconde, est de plus en plus massif. D’un autre
côté,lapenséeintégristetrouveéchochezcettenouvellegénération
d’étudiantsdontlaformationetlaculturesontlacunaires.
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ȱ
ȱ
I.3.ȱLaȱréformeȱactuelleȱȱ
Les vents de la mode (importée) des textes non littéraires
sont passés. Consciente des dangers de la situation, la politique
éducativetunisienneprôneleretourautextelittéraireetl’ouverture
surd’autrescultures,maisquelquepart,lemalestdéjàfait.L’article
1er des programmes officiels de l’enseignement secondaire stipule
quel’undesobjectifsdel’enseignementdufrançaisenTunisieestla
découverte d’autres cultures, en particulier la culture française
(Programmesofficiels,1998:7).
I.3.ȱLaȱréformeȱactuelleȱȱ
Les vents de la mode (importée) des textes non littéraires
sont passés. Consciente des dangers de la situation, la politique
éducativetunisienneprôneleretourautextelittéraireetl’ouverture
surd’autrescultures,maisquelquepart,lemalestdéjàfait.L’article
1er des programmes officiels de l’enseignement secondaire stipule
quel’undesobjectifsdel’enseignementdufrançaisenTunisieestla
découverte d’autres cultures, en particulier la culture française
(Programmesofficiels,1998:7).
Ainsi, l’enseignement de la littérature en classe de français
enTunisieaététouchéparcesvaguessuccessivesdechangementde
cap autour de ces importantes questionsqui ont préoccupé les
chercheurs mais aussi certains décideurs: FautȬilȱ enseignerȱ laȱ
littérature? Quelleȱ littératureȱ enseigner? Beaucoup d’études ont été
faitesàcepropos,enl’occurrence,lenumérodouble149150,février
1996, de Français 2000, le Bulletin de l’Association Belge des
professeursdefrançais.
Ainsi, l’enseignement de la littérature en classe de français
enTunisieaététouchéparcesvaguessuccessivesdechangementde
cap autour de ces importantes questionsqui ont préoccupé les
chercheurs mais aussi certains décideurs: FautȬilȱ enseignerȱ laȱ
littérature? Quelleȱ littératureȱ enseigner? Beaucoup d’études ont été
faitesàcepropos,enl’occurrence,lenumérodouble149150,février
1996, de Français 2000, le Bulletin de l’Association Belge des
professeursdefrançais.
Nouspouvonsdirequecesinterrogationsontpréexistéàla
fabricationdesmanuelsscolaires,objetdenotreétude,etexpliquent
cette orientation de la présence de supports, autres que littéraires
danscesditsmanuels.
Nouspouvonsdirequecesinterrogationsontpréexistéàla
fabricationdesmanuelsscolaires,objetdenotreétude,etexpliquent
cette orientation de la présence de supports, autres que littéraires
danscesditsmanuels.
Dans le cadre de ce travail, c’est la deuxième question qui
nous préoccupe: Quelle littérature enseigner? Plus précisément:
Quelle est la littérature enseignée dans nos lycées? S’agiil de la
littératurefrançaiseoudelalittératurefrancophoneoudesdeuxàla
fois? Pour tenter de répondre à ces interrogations de manière
objective,neseraitcequepartiellement,faisonsunétatdeslieuxde
lasituation.
Dans le cadre de ce travail, c’est la deuxième question qui
nous préoccupe: Quelle littérature enseigner? Plus précisément:
Quelle est la littérature enseignée dans nos lycées? S’agiil de la
littératurefrançaiseoudelalittératurefrancophoneoudesdeuxàla
fois? Pour tenter de répondre à ces interrogations de manière
objective,neseraitcequepartiellement,faisonsunétatdeslieuxde
lasituation.
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I.3.ȱLaȱréformeȱactuelleȱȱ
Les vents de la mode (importée) des textes non littéraires
sont passés. Consciente des dangers de la situation, la politique
éducativetunisienneprôneleretourautextelittéraireetl’ouverture
surd’autrescultures,maisquelquepart,lemalestdéjàfait.L’article
1er des programmes officiels de l’enseignement secondaire stipule
quel’undesobjectifsdel’enseignementdufrançaisenTunisieestla
découverte d’autres cultures, en particulier la culture française
(Programmesofficiels,1998:7).
I.3.ȱLaȱréformeȱactuelleȱȱ
Les vents de la mode (importée) des textes non littéraires
sont passés. Consciente des dangers de la situation, la politique
éducativetunisienneprôneleretourautextelittéraireetl’ouverture
surd’autrescultures,maisquelquepart,lemalestdéjàfait.L’article
1er des programmes officiels de l’enseignement secondaire stipule
quel’undesobjectifsdel’enseignementdufrançaisenTunisieestla
découverte d’autres cultures, en particulier la culture française
(Programmesofficiels,1998:7).
Ainsi, l’enseignement de la littérature en classe de français
enTunisieaététouchéparcesvaguessuccessivesdechangementde
cap autour de ces importantes questionsqui ont préoccupé les
chercheurs mais aussi certains décideurs: FautȬilȱ enseignerȱ laȱ
littérature? Quelleȱ littératureȱ enseigner? Beaucoup d’études ont été
faitesàcepropos,enl’occurrence,lenumérodouble149150,février
1996, de Français 2000, le Bulletin de l’Association Belge des
professeursdefrançais.
Ainsi, l’enseignement de la littérature en classe de français
enTunisieaététouchéparcesvaguessuccessivesdechangementde
cap autour de ces importantes questionsqui ont préoccupé les
chercheurs mais aussi certains décideurs: FautȬilȱ enseignerȱ laȱ
littérature? Quelleȱ littératureȱ enseigner? Beaucoup d’études ont été
faitesàcepropos,enl’occurrence,lenumérodouble149150,février
1996, de Français 2000, le Bulletin de l’Association Belge des
professeursdefrançais.
Nouspouvonsdirequecesinterrogationsontpréexistéàla
fabricationdesmanuelsscolaires,objetdenotreétude,etexpliquent
cette orientation de la présence de supports, autres que littéraires
danscesditsmanuels.
Nouspouvonsdirequecesinterrogationsontpréexistéàla
fabricationdesmanuelsscolaires,objetdenotreétude,etexpliquent
cette orientation de la présence de supports, autres que littéraires
danscesditsmanuels.
Dans le cadre de ce travail, c’est la deuxième question qui
nous préoccupe: Quelle littérature enseigner? Plus précisément:
Quelle est la littérature enseignée dans nos lycées? S’agiil de la
littératurefrançaiseoudelalittératurefrancophoneoudesdeuxàla
fois? Pour tenter de répondre à ces interrogations de manière
objective,neseraitcequepartiellement,faisonsunétatdeslieuxde
lasituation.
Dans le cadre de ce travail, c’est la deuxième question qui
nous préoccupe: Quelle littérature enseigner? Plus précisément:
Quelle est la littérature enseignée dans nos lycées? S’agiil de la
littératurefrançaiseoudelalittératurefrancophoneoudesdeuxàla
fois? Pour tenter de répondre à ces interrogations de manière
objective,neseraitcequepartiellement,faisonsunétatdeslieuxde
lasituation.
ȱ
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II.ÉTATȱ DESȱ LIEUXȱ DEȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ
D’EXPRESSIONȱ FRANÇAISEȱ DANSȱ LESȱ ȱ MANUELSȱ
SCOLAIRESȱTUNISIENSȱDUȱSECONDAIRE
Nous avons pensé qu’il était plus judicieux de parler des
manuelsdusecondairerelatifsauxdeuxpremièresannéesdulycée
pour les raisons suivantes: (i) raison d’ordre organisationnel: le
cadre de la communication (la durée), (ii) raison d’ordre
scientifique: c’est au lycée que les élèves commencent à avoir les
moyensd’interpréteruntextelittéraire,d’êtreinterrogéssurcetexte,
del’apprécieroudelerefuser.Enplus,aucollègeetàl’écoledebase
(leprimaire),laplupartdestextessontdesadaptationsexploitéesen
tantqueprétextesetnonentantquetextes.
II.ÉTATȱ DESȱ LIEUXȱ DEȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ
D’EXPRESSIONȱ FRANÇAISEȱ DANSȱ LESȱ ȱ MANUELSȱ
SCOLAIRESȱTUNISIENSȱDUȱSECONDAIRE
Nous avons pensé qu’il était plus judicieux de parler des
manuelsdusecondairerelatifsauxdeuxpremièresannéesdulycée
pour les raisons suivantes: (i) raison d’ordre organisationnel: le
cadre de la communication (la durée), (ii) raison d’ordre
scientifique: c’est au lycée que les élèves commencent à avoir les
moyensd’interpréteruntextelittéraire,d’êtreinterrogéssurcetexte,
del’apprécieroudelerefuser.Enplus,aucollègeetàl’écoledebase
(leprimaire),laplupartdestextessontdesadaptationsexploitéesen
tantqueprétextesetnonentantquetextes.
II.1ȬȱLeȱcorpusȱdesȱtextesȱ:ȱȱ
II.1ȬȱLeȱcorpusȱdesȱtextesȱ:ȱȱ
1 ȱensembleȱ:ȱ
1erȱensembleȱ:ȱ
er
Aȱ
nȱ
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N
iv
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u
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Titresȱ
Auteursȱ
No
mbr
eȱ deȱ
text
esȱ
Nombreȱ
deȱ
textesȱ
d’expressionȱ françaiseȱ parȱ
auteurȱ
1
9
7
0
4e
Lettresȱ
françai
sesȱ
Tomeȱ 1ȱ
(Additi
f)
Anne –Marie
Blondel,
Pierrette
Court, Souad
Van
Den
Heuvel
Bouaoui,
70
MohamedDib:05
FadhmaAmrouche:01
JeanAmrouche:01
MarieLouiseTaos
Marguerite:01
MalekHadded:01
FadhilaM’Rabet:01
5e Lettresȱ
françai
sesȱ
Tomeȱ 1ȱ
(Additi
f)
Anne –Marie
Blondel, F. et
J. Decorsière,
Souad
Van
Den Heuvel
Bouaoui
103
1
9
7
0
LéopoldSédarSenghor:01
ȱȱȱPaysȱ
Aȱ
nȱ
nȱ
éȱ
eȱ
sȱ
N
iv
e
a
u
xȱ
Titresȱ
Auteursȱ
No
mbr
eȱ deȱ
text
esȱ
Nombreȱ
deȱ
textesȱ
d’expressionȱ françaiseȱ parȱ
auteurȱ
Algérie
Sénégal
1
9
7
0
4e
Lettresȱ
françai
sesȱ
Tomeȱ 1ȱ
(Additi
f)
Anne –Marie
Blondel,
Pierrette
Court, Souad
Van
Den
Heuvel
Bouaoui,
70
MohamedDib:05
FadhmaAmrouche:01
JeanAmrouche:01
MarieLouiseTaos
Marguerite:01
MalekHadded:01
FadhilaM’Rabet:01
5e Lettresȱ
françai
sesȱ
Tomeȱ 1ȱ
(Additi
f)
Anne –Marie
Blondel, F. et
J. Decorsière,
Souad
Van
Den Heuvel
Bouaoui
103
FrançoiseMalletJoris:01 Belgique
Total:12ȱtextesȱ
DrissChraïbi:03
MailletJoris:01
Maroc
Belgiq
ue
Totalȱ:ȱȱȱȱ04ȱtextesȱ
1
9
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LéopoldSédarSenghor:01
ȱȱȱPaysȱ
Algérie
Sénégal
FrançoiseMalletJoris:01 Belgique
Total:12ȱtextesȱ
DrissChraïbi:03
MailletJoris:01
Maroc
Belgiq
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Totalȱ:ȱȱȱȱ04ȱtextesȱ
25
25
II.ÉTATȱ DESȱ LIEUXȱ DEȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ
D’EXPRESSIONȱ FRANÇAISEȱ DANSȱ LESȱ ȱ MANUELSȱ
SCOLAIRESȱTUNISIENSȱDUȱSECONDAIRE
Nous avons pensé qu’il était plus judicieux de parler des
manuelsdusecondairerelatifsauxdeuxpremièresannéesdulycée
pour les raisons suivantes: (i) raison d’ordre organisationnel: le
cadre de la communication (la durée), (ii) raison d’ordre
scientifique: c’est au lycée que les élèves commencent à avoir les
moyensd’interpréteruntextelittéraire,d’êtreinterrogéssurcetexte,
del’apprécieroudelerefuser.Enplus,aucollègeetàl’écoledebase
(leprimaire),laplupartdestextessontdesadaptationsexploitéesen
tantqueprétextesetnonentantquetextes.
II.ÉTATȱ DESȱ LIEUXȱ DEȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ
D’EXPRESSIONȱ FRANÇAISEȱ DANSȱ LESȱ ȱ MANUELSȱ
SCOLAIRESȱTUNISIENSȱDUȱSECONDAIRE
Nous avons pensé qu’il était plus judicieux de parler des
manuelsdusecondairerelatifsauxdeuxpremièresannéesdulycée
pour les raisons suivantes: (i) raison d’ordre organisationnel: le
cadre de la communication (la durée), (ii) raison d’ordre
scientifique: c’est au lycée que les élèves commencent à avoir les
moyensd’interpréteruntextelittéraire,d’êtreinterrogéssurcetexte,
del’apprécieroudelerefuser.Enplus,aucollègeetàl’écoledebase
(leprimaire),laplupartdestextessontdesadaptationsexploitéesen
tantqueprétextesetnonentantquetextes.
II.1ȬȱLeȱcorpusȱdesȱtextesȱ:ȱȱ
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Nombreȱ
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textesȱ
d’expressionȱ françaiseȱ parȱ
auteurȱ
1
9
7
0
4e
Lettresȱ
françai
sesȱ
Tomeȱ 1ȱ
(Additi
f)
Anne –Marie
Blondel,
Pierrette
Court, Souad
Van
Den
Heuvel
Bouaoui,
70
MohamedDib:05
FadhmaAmrouche:01
JeanAmrouche:01
MarieLouiseTaos
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MalekHadded:01
FadhilaM’Rabet:01
5e Lettresȱ
françai
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Tomeȱ 1ȱ
(Additi
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Anne –Marie
Blondel, F. et
J. Decorsière,
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LéopoldSédarSenghor:01
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auteurȱ
Algérie
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1
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Lettresȱ
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Tomeȱ 1ȱ
(Additi
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Anne –Marie
Blondel,
Pierrette
Court, Souad
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70
MohamedDib:05
FadhmaAmrouche:01
JeanAmrouche:01
MarieLouiseTaos
Marguerite:01
MalekHadded:01
FadhilaM’Rabet:01
5e Lettresȱ
françai
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Tomeȱ 1ȱ
(Additi
f)
Anne –Marie
Blondel, F. et
J. Decorsière,
Souad
Van
Den Heuvel
Bouaoui
103
FrançoiseMalletJoris:01 Belgique
Total:12ȱtextesȱ
DrissChraïbi:03
MailletJoris:01
Maroc
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LéopoldSédarSenghor:01
ȱȱȱPaysȱ
Algérie
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FrançoiseMalletJoris:01 Belgique
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DrissChraïbi:03
MailletJoris:01
Maroc
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Totalȱ:ȱȱȱȱ04ȱtextesȱ
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Dans les manuels des années 70, élaborées essentiellement
pardesfrançais,nousrelevonslaprésencede16textesd’expression
française.
Dans les manuels des années 70, élaborées essentiellement
pardesfrançais,nousrelevonslaprésencede16textesd’expression
française.
ȱ
ȱ
2èmeȱȱensembleȱ:ȱ
2èmeȱȱensembleȱ:ȱ
Annéesȱ
Nivȱ
Titreȱ
Elaborateursȱ
1984?
4e
(date non
mentionné
e sur le
manuel,
proposée
par
déduction
personn
elle)
ȱ
1984
Man
uelȱ
deȱ
franç
ais
5e
Man
uelȱ
deȱ
franç
ais
ȱ
Hassen Basly,
Abdeljelil
Bouamoud,
Rachid
Bourkhis,
Youssef
Choaieb,
Jaouida Jegham,
Myriam
Marzouk, Habib
Trabelsi
M. Ennifar,
Haouas,
Jedidi, G.
Kaddour,
Zmerli
Nombreȱ deȱ
textesȱ
d’expressionȱ
françaiseȱ parȱ
auteurȱȱ
ȱȱȱ
Paysȱ
Annéesȱ
85(dont40 01 Mouloud
textes
Feraoun
littéraires) Algé
rie
1984?
4e
(date non
mentionné
e sur le
manuel,
proposée
par
déduction
personn
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ȱ
Nombreȱ
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Hassen Basly,
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Bourkhis,
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Marzouk, Habib
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textes
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littéraires) Algé
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ȱ
Totalȱ:01texteȱ
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165 (dont
81
01 Mohamed
Dhib
Algé
rie
textes
littéraires)
01
Cheik
Hamidou
Khane
Nivȱ
1984
5e
Man
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deȱ
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ȱ
Séné
gal
M. Ennifar,
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Jedidi, G.
Kaddour,
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F.
K.
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165 (dont
81
01 Mohamed
Dhib
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textes
littéraires)
01
Cheik
Hamidou
Khane
Total:02textesȱ
Séné
gal
Total:02textesȱ
ȱ
ȱ
Les manuels des années 80 élaborés par des équipes
tunisiennes ne contiennent que 03 textes d’expression française. A
cette même époque, un recueil de textes est proposé aux élèves de
bac, qui ont choisi comme option le français. Ce recueil est
Les manuels des années 80 élaborés par des équipes
tunisiennes ne contiennent que 03 textes d’expression française. A
cette même époque, un recueil de textes est proposé aux élèves de
bac, qui ont choisi comme option le français. Ce recueil est
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26
Dans les manuels des années 70, élaborées essentiellement
pardesfrançais,nousrelevonslaprésencede16textesd’expression
française.
Dans les manuels des années 70, élaborées essentiellement
pardesfrançais,nousrelevonslaprésencede16textesd’expression
française.
ȱ
ȱ
2èmeȱȱensembleȱ:ȱ
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Annéesȱ
Nivȱ
Titreȱ
Elaborateursȱ
1984?
4e
(date non
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par
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85(dont40 01 Mouloud
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littéraires) Algé
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1984?
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ȱ
Nombreȱ
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eauxȱȱȱȱȱ
Hassen Basly,
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Marzouk, Habib
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Titreȱ
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Nombreȱ
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auteurȱȱ
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Paysȱ
Hassen Basly,
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85(dont40 01 Mouloud
textes
Feraoun
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1984
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165 (dont
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01 Mohamed
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littéraires)
01
Cheik
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1984
5 e
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Séné
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M. Ennifar,
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Jedidi, G.
Kaddour,
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Total:02textesȱ
M.
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81
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littéraires)
01
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Total:02textesȱ
ȱ
ȱ
Les manuels des années 80 élaborés par des équipes
tunisiennes ne contiennent que 03 textes d’expression française. A
cette même époque, un recueil de textes est proposé aux élèves de
bac, qui ont choisi comme option le français. Ce recueil est
Les manuels des années 80 élaborés par des équipes
tunisiennes ne contiennent que 03 textes d’expression française. A
cette même époque, un recueil de textes est proposé aux élèves de
bac, qui ont choisi comme option le français. Ce recueil est
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26
exclusivement composé de textes d’expression française. Comment
expliquerceparadoxe?Pointderéponse.
exclusivement composé de textes d’expression française. Comment
expliquerceparadoxe?Pointderéponse.
3èmeȱȱensembleȱ:ȱ
3èmeȱȱensembleȱ:ȱ
ȱ
ȱ
Annéesȱ
Niveauxȱ/ȱ
Titreȱ
Elaborateursȱ
Nombreȱ deȱ
textesȱȱ
Nombreȱ
deȱ textesȱ
d’expres
sionȱ
françaiseȱ
parȱ
auteurȱȱ
ȱȱȱ
Pay
sȱ
Annéesȱ
Niveauxȱ/ȱ
Titreȱ
Elaborateursȱ
Nombreȱ deȱ
textesȱȱ
Nombreȱ
deȱ textesȱ
d’expres
sionȱ
françaiseȱ
parȱ
auteurȱȱ
ȱȱȱ
Pay
sȱ
2008
1re A. de
l’enseigneme
ntsecondaire
2008
ȱ
FaïçalAbroug,Med
Béchir
Othmani,
Youssef Nouicer,
HayetBenSalem
23
1re A. de
l’enseigneme
ntsecondaire
FaïçalAbroug,Med
Béchir
Othmani,
Youssef Nouicer,
HayetBenSalem
23
ȱ
Communiquerȱ
enȱfrançaisȱ
ȱ
Communiquerȱ
enȱfrançaisȱ
ȱ
ȱ
ȱ
ȱ
ȱ
Zéroȱ
texteȱ
2OO5
2e A. de
l’enseigneme
ntsecondaire
ȱ
Leȱ françaisȱ enȱ
situationȱ
Hassen Mansouri,
Jalila Ben Zineb
Zitouni,
Lotfi
Souab,
Rahma
KhederBenSalem
Zéroȱ
texteȱ
18
Zéroȱ
texteȱȱ
2OO5
Enfin, les deux derniersmanuels, élaborés comme il se doit
pardestunisiens,necontiennentaucuntexted’expressionfrançaise.
Ainsi,ilesttrèsfacilederemarquerquelenombredecestextesest
tellementréduitqu’ilfinitpardisparaîtretotalementdansledernier
manueletquelàoùilyaquelquestextes,ilsappartiennentdansleur
majoritéàlalittératurealgérienned’expressionfrançaise.
2e A. de
l’enseigneme
ntsecondaire
ȱ
Leȱ françaisȱ enȱ
situationȱ
Hassen Mansouri,
Jalila Ben Zineb
Zitouni,
Lotfi
Souab,
Rahma
KhederBenSalem
18
Zéroȱ
texteȱȱ
Enfin, les deux derniersmanuels, élaborés comme il se doit
pardestunisiens,necontiennentaucuntexted’expressionfrançaise.
Ainsi,ilesttrèsfacilederemarquerquelenombredecestextesest
tellementréduitqu’ilfinitpardisparaîtretotalementdansledernier
manueletquelàoùilyaquelquestextes,ilsappartiennentdansleur
majoritéàlalittératurealgérienned’expressionfrançaise.
Nousreviendronsàcepointdansnotre3epartie.
Nousreviendronsàcepointdansnotre3epartie.
ȱ
ȱ
27
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exclusivement composé de textes d’expression française. Comment
expliquerceparadoxe?Pointderéponse.
exclusivement composé de textes d’expression française. Comment
expliquerceparadoxe?Pointderéponse.
3èmeȱȱensembleȱ:ȱ
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Annéesȱ
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2008
1re A. de
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2008
FaïçalAbroug,Med
Béchir
Othmani,
Youssef Nouicer,
HayetBenSalem
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FaïçalAbroug,Med
Béchir
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Youssef Nouicer,
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23
1re A. de
l’enseigneme
ntsecondaire
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Zéroȱ
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2OO5
2e A. de
l’enseigneme
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Leȱ françaisȱ enȱ
situationȱ
Hassen Mansouri,
Jalila Ben Zineb
Zitouni,
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Souab,
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KhederBenSalem
Zéroȱ
texteȱ
18
Zéroȱ
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2OO5
Enfin, les deux derniersmanuels, élaborés comme il se doit
pardestunisiens,necontiennentaucuntexted’expressionfrançaise.
Ainsi,ilesttrèsfacilederemarquerquelenombredecestextesest
tellementréduitqu’ilfinitpardisparaîtretotalementdansledernier
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2e A. de
l’enseigneme
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Leȱ françaisȱ enȱ
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Hassen Mansouri,
Jalila Ben Zineb
Zitouni,
Lotfi
Souab,
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18
Zéroȱ
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Enfin, les deux derniersmanuels, élaborés comme il se doit
pardestunisiens,necontiennentaucuntexted’expressionfrançaise.
Ainsi,ilesttrèsfacilederemarquerquelenombredecestextesest
tellementréduitqu’ilfinitpardisparaîtretotalementdansledernier
manueletquelàoùilyaquelquestextes,ilsappartiennentdansleur
majoritéàlalittératurealgérienned’expressionfrançaise.
Nousreviendronsàcepointdansnotre3epartie.
Nousreviendronsàcepointdansnotre3epartie.
ȱ
ȱ
27
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IIȬȱ DUȱ SECONDAIREȱ AUȱ SUPÉRIEURȱ:ȱ CONTINUITÉȱ
OUȱDISCONTINUITÉ?ȱ
IIȬȱ DUȱ SECONDAIREȱ AUȱ SUPÉRIEURȱ:ȱ CONTINUITÉȱ
OUȱDISCONTINUITÉ?ȱ
Lerapportàlaȱlittératurefrancophoneàl’universitéestaussi
paradoxalqu’ill’estausecondaire.Cettelittératureestpratiquement
absente, exception faite de quelques tentatives ou foyers de
résistantesparciouparlà.
Lerapportàlaȱlittératurefrancophoneàl’universitéestaussi
paradoxalqu’ill’estausecondaire.Cettelittératureestpratiquement
absente, exception faite de quelques tentatives ou foyers de
résistantesparciouparlà.
ȱ
ȱ
II.1.Leȱrégimeȱdeȱlaȱmaîtriseȱ
ȱȱ
Dans ce régime, aucune mention de la littérature
francophonen’estexplicitementprésente.Leprogrammedesœuvres
selimitentàdesindicationstemporelles:œuvresduXX,duXIX,du
XVII.Lechoixestlaisséàl’équipeenseignanteetauxdépartements
qui optent pour la littérature française (de France). Les littératures
francophonessontreléguéesdanslesmeilleursdescasdanslecadre
desmodulesoptionnels,aurégimesemestriel.
II.1.Leȱrégimeȱdeȱlaȱmaîtriseȱ
ȱȱ
Dans ce régime, aucune mention de la littérature
francophonen’estexplicitementprésente.Leprogrammedesœuvres
selimitentàdesindicationstemporelles:œuvresduXX,duXIX,du
XVII.Lechoixestlaisséàl’équipeenseignanteetauxdépartements
qui optent pour la littérature française (de France). Les littératures
francophonessontreléguéesdanslesmeilleursdescasdanslecadre
desmodulesoptionnels,aurégimesemestriel.
Durant quatre ans d’étude au supérieur, l’étudiant tunisien
aurait vu (si jamais, il opte pour cette option) une œuvre
francophone.
Durant quatre ans d’étude au supérieur, l’étudiant tunisien
aurait vu (si jamais, il opte pour cette option) une œuvre
francophone.
ȱ
ȱ
II.2.Laȱlicenceȱ
ȱ
DanslenouveaurégimeduLMD,parcontre,noustrouvons
à partir de la 2e A. la mention suivante: œuvre française ou
francophone, mais cette réforme étant à ses débuts, nous ne savons
pascequelesenseignantsvontenfaire.Déjà,àSousse,lechoixen2e
annéeestThérèseȱRaquindeZolaenroman,HernanideVictorHugo
enthéâtreetPoésiesdeClaudeRoy(enpoésie).
II.2.Laȱlicenceȱ
ȱ
DanslenouveaurégimeduLMD,parcontre,noustrouvons
à partir de la 2e A. la mention suivante: œuvre française ou
francophone, mais cette réforme étant à ses débuts, nous ne savons
pascequelesenseignantsvontenfaire.Déjà,àSousse,lechoixen2e
annéeestThérèseȱRaquindeZolaenroman,HernanideVictorHugo
enthéâtreetPoésiesdeClaudeRoy(enpoésie).
ȱ
ȱ
II.3.ȱLesȱtravauxȱdeȱrechercheȱ
ȱ
C’est en France que la plupart des travaux de recherche
autour de cette littérature ont été menés avec Jacqueline Arnaud
28
II.3.ȱLesȱtravauxȱdeȱrechercheȱ
ȱ
C’est en France que la plupart des travaux de recherche
autour de cette littérature ont été menés avec Jacqueline Arnaud
28
IIȬȱ DUȱ SECONDAIREȱ AUȱ SUPÉRIEURȱ:ȱ CONTINUITÉȱ
OUȱDISCONTINUITÉ?ȱ
IIȬȱ DUȱ SECONDAIREȱ AUȱ SUPÉRIEURȱ:ȱ CONTINUITÉȱ
OUȱDISCONTINUITÉ?ȱ
Lerapportàlaȱlittératurefrancophoneàl’universitéestaussi
paradoxalqu’ill’estausecondaire.Cettelittératureestpratiquement
absente, exception faite de quelques tentatives ou foyers de
résistantesparciouparlà.
Lerapportàlaȱlittératurefrancophoneàl’universitéestaussi
paradoxalqu’ill’estausecondaire.Cettelittératureestpratiquement
absente, exception faite de quelques tentatives ou foyers de
résistantesparciouparlà.
ȱ
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II.1.Leȱrégimeȱdeȱlaȱmaîtriseȱ
ȱȱ
Dans ce régime, aucune mention de la littérature
francophonen’estexplicitementprésente.Leprogrammedesœuvres
selimitentàdesindicationstemporelles:œuvresduXX,duXIX,du
XVII.Lechoixestlaisséàl’équipeenseignanteetauxdépartements
qui optent pour la littérature française (de France). Les littératures
francophonessontreléguéesdanslesmeilleursdescasdanslecadre
desmodulesoptionnels,aurégimesemestriel.
II.1.Leȱrégimeȱdeȱlaȱmaîtriseȱ
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Dans ce régime, aucune mention de la littérature
francophonen’estexplicitementprésente.Leprogrammedesœuvres
selimitentàdesindicationstemporelles:œuvresduXX,duXIX,du
XVII.Lechoixestlaisséàl’équipeenseignanteetauxdépartements
qui optent pour la littérature française (de France). Les littératures
francophonessontreléguéesdanslesmeilleursdescasdanslecadre
desmodulesoptionnels,aurégimesemestriel.
Durant quatre ans d’étude au supérieur, l’étudiant tunisien
aurait vu (si jamais, il opte pour cette option) une œuvre
francophone.
Durant quatre ans d’étude au supérieur, l’étudiant tunisien
aurait vu (si jamais, il opte pour cette option) une œuvre
francophone.
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II.2.Laȱlicenceȱ
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DanslenouveaurégimeduLMD,parcontre,noustrouvons
à partir de la 2e A. la mention suivante: œuvre française ou
francophone, mais cette réforme étant à ses débuts, nous ne savons
pascequelesenseignantsvontenfaire.Déjà,àSousse,lechoixen2e
annéeestThérèseȱRaquindeZolaenroman,HernanideVictorHugo
enthéâtreetPoésiesdeClaudeRoy(enpoésie).
II.2.Laȱlicenceȱ
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DanslenouveaurégimeduLMD,parcontre,noustrouvons
à partir de la 2e A. la mention suivante: œuvre française ou
francophone, mais cette réforme étant à ses débuts, nous ne savons
pascequelesenseignantsvontenfaire.Déjà,àSousse,lechoixen2e
annéeestThérèseȱRaquindeZolaenroman,HernanideVictorHugo
enthéâtreetPoésiesdeClaudeRoy(enpoésie).
ȱ
ȱ
II.3.ȱLesȱtravauxȱdeȱrechercheȱ
ȱ
C’est en France que la plupart des travaux de recherche
autour de cette littérature ont été menés avec Jacqueline Arnaud
28
II.3.ȱLesȱtravauxȱdeȱrechercheȱ
ȱ
C’est en France que la plupart des travaux de recherche
autour de cette littérature ont été menés avec Jacqueline Arnaud
28
danslesannées80etavecCharlesBonnàLyonparlasuite,pourne
citerquecesdeuxnomslà.Ainsi,laméconnaissanceoul’ignorance
decettelittératurecontinueaussiauSupérieurparcequemêmeceux
qui se hasardent à faire des recherches dans ce domaine choisir
optentdansbeaucoupdecaspourdesétudescomparativesentreun
écrivain français et un écrivain francophone (Claude Simon et
RachidBoujedra,ClaudeSimonetAssiaDjebar,JeanMarieGustave
Le Clézio et Tahar Ben Jelloun…). D’autres s’engagent clairement
dans cette voix périlleuse, à leurs risques et périls (risque de ne pas
avoirl’occasiond’enseignerdansleurspécialitéparexemple).
danslesannées80etavecCharlesBonnàLyonparlasuite,pourne
citerquecesdeuxnomslà.Ainsi,laméconnaissanceoul’ignorance
decettelittératurecontinueaussiauSupérieurparcequemêmeceux
qui se hasardent à faire des recherches dans ce domaine choisir
optentdansbeaucoupdecaspourdesétudescomparativesentreun
écrivain français et un écrivain francophone (Claude Simon et
RachidBoujedra,ClaudeSimonetAssiaDjebar,JeanMarieGustave
Le Clézio et Tahar Ben Jelloun…). D’autres s’engagent clairement
dans cette voix périlleuse, à leurs risques et périls (risque de ne pas
avoirl’occasiond’enseignerdansleurspécialitéparexemple).
ȱ
ȱ
IIIȬȱ LAȱ QUESTIONȱ DEȱ LAȱ RÉCEPTIONȱ DEȱ LAȱ
LITTÉRATUREȱD’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱ
Cebreftourd’horizonnouspermetdedirequelaprésence
de la littérature d’expression française dans les manuels scolaires
tunisiens est très limitée. Elle se réduit dans le meilleur des cas à
quelques textes de la littérature maghrébine (avec une ou deux
apparitions belges et sénégalaises). Comme nous l’avons dit
précédemment, elle est totalement occultée dans les deux derniers
manuels.Etpourtantcettelittératureexiste!
IIIȬȱ LAȱ QUESTIONȱ DEȱ LAȱ RÉCEPTIONȱ DEȱ LAȱ
LITTÉRATUREȱD’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱ
Cebreftourd’horizonnouspermetdedirequelaprésence
de la littérature d’expression française dans les manuels scolaires
tunisiens est très limitée. Elle se réduit dans le meilleur des cas à
quelques textes de la littérature maghrébine (avec une ou deux
apparitions belges et sénégalaises). Comme nous l’avons dit
précédemment, elle est totalement occultée dans les deux derniers
manuels.Etpourtantcettelittératureexiste!
ȱ
ȱ
III.1.ȱ Leȱ casȱ deȱ laȱ littératureȱ maghrébineȱ:ȱ Quelquesȱ
exemplesȱ
Pourrappelerl’importancedelaproductiondelalittérature
maghrébine,nousvousproposonsunelecturerapidedutableaude
Jean Déjeux qui explique en partie la présence algérienne
relativementimportantedanslesmanuelstunisiensetquis’intitule:
«Leȱbilanȱdeȱlaȱproductionȱlittéraireȱdeȱlaȱfictionȱenȱfrançaisȱdeȱ1945ȱàȱ1990ȱ
inclusȱ»(Littératuremaghrébine,1997:67).
III.1.ȱ Leȱ casȱ deȱ laȱ littératureȱ maghrébineȱ:ȱ Quelquesȱ
exemplesȱ
Pourrappelerl’importancedelaproductiondelalittérature
maghrébine,nousvousproposonsunelecturerapidedutableaude
Jean Déjeux qui explique en partie la présence algérienne
relativementimportantedanslesmanuelstunisiensetquis’intitule:
«Leȱbilanȱdeȱlaȱproductionȱlittéraireȱdeȱlaȱfictionȱenȱfrançaisȱdeȱ1945ȱàȱ1990ȱ
inclusȱ»(Littératuremaghrébine,1997:67).
29
29
danslesannées80etavecCharlesBonnàLyonparlasuite,pourne
citerquecesdeuxnomslà.Ainsi,laméconnaissanceoul’ignorance
decettelittératurecontinueaussiauSupérieurparcequemêmeceux
qui se hasardent à faire des recherches dans ce domaine choisir
optentdansbeaucoupdecaspourdesétudescomparativesentreun
écrivain français et un écrivain francophone (Claude Simon et
RachidBoujedra,ClaudeSimonetAssiaDjebar,JeanMarieGustave
Le Clézio et Tahar Ben Jelloun…). D’autres s’engagent clairement
dans cette voix périlleuse, à leurs risques et périls (risque de ne pas
avoirl’occasiond’enseignerdansleurspécialitéparexemple).
danslesannées80etavecCharlesBonnàLyonparlasuite,pourne
citerquecesdeuxnomslà.Ainsi,laméconnaissanceoul’ignorance
decettelittératurecontinueaussiauSupérieurparcequemêmeceux
qui se hasardent à faire des recherches dans ce domaine choisir
optentdansbeaucoupdecaspourdesétudescomparativesentreun
écrivain français et un écrivain francophone (Claude Simon et
RachidBoujedra,ClaudeSimonetAssiaDjebar,JeanMarieGustave
Le Clézio et Tahar Ben Jelloun…). D’autres s’engagent clairement
dans cette voix périlleuse, à leurs risques et périls (risque de ne pas
avoirl’occasiond’enseignerdansleurspécialitéparexemple).
ȱ
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IIIȬȱ LAȱ QUESTIONȱ DEȱ LAȱ RÉCEPTIONȱ DEȱ LAȱ
LITTÉRATUREȱD’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱ
Cebreftourd’horizonnouspermetdedirequelaprésence
de la littérature d’expression française dans les manuels scolaires
tunisiens est très limitée. Elle se réduit dans le meilleur des cas à
quelques textes de la littérature maghrébine (avec une ou deux
apparitions belges et sénégalaises). Comme nous l’avons dit
précédemment, elle est totalement occultée dans les deux derniers
manuels.Etpourtantcettelittératureexiste!
IIIȬȱ LAȱ QUESTIONȱ DEȱ LAȱ RÉCEPTIONȱ DEȱ LAȱ
LITTÉRATUREȱD’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱ
Cebreftourd’horizonnouspermetdedirequelaprésence
de la littérature d’expression française dans les manuels scolaires
tunisiens est très limitée. Elle se réduit dans le meilleur des cas à
quelques textes de la littérature maghrébine (avec une ou deux
apparitions belges et sénégalaises). Comme nous l’avons dit
précédemment, elle est totalement occultée dans les deux derniers
manuels.Etpourtantcettelittératureexiste!
ȱ
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III.1.ȱ Leȱ casȱ deȱ laȱ littératureȱ maghrébineȱ:ȱ Quelquesȱ
exemplesȱ
Pourrappelerl’importancedelaproductiondelalittérature
maghrébine,nousvousproposonsunelecturerapidedutableaude
Jean Déjeux qui explique en partie la présence algérienne
relativementimportantedanslesmanuelstunisiensetquis’intitule:
«Leȱbilanȱdeȱlaȱproductionȱlittéraireȱdeȱlaȱfictionȱenȱfrançaisȱdeȱ1945ȱàȱ1990ȱ
inclusȱ»(Littératuremaghrébine,1997:67).
III.1.ȱ Leȱ casȱ deȱ laȱ littératureȱ maghrébineȱ:ȱ Quelquesȱ
exemplesȱ
Pourrappelerl’importancedelaproductiondelalittérature
maghrébine,nousvousproposonsunelecturerapidedutableaude
Jean Déjeux qui explique en partie la présence algérienne
relativementimportantedanslesmanuelstunisiensetquis’intitule:
«Leȱbilanȱdeȱlaȱproductionȱlittéraireȱdeȱlaȱfictionȱenȱfrançaisȱdeȱ1945ȱàȱ1990ȱ
inclusȱ»(Littératuremaghrébine,1997:67).
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Paysȱ
Romans/
Nouvelles
Poèmesȱ
Théâtreȱ
Totalȱ
Paysȱ
Romans/
Nouvelles
Poèmesȱ
Théâtreȱ
Totalȱ
Maghreb
529
677
70
1232
Maghreb
529
677
70
1232
Algérie
377
390
53
780
Algérie
377
390
53
780
Maroc
86
127
11
224
Maroc
86
127
11
224
Tunisie
66
160
6
228
Tunisie
66
160
6
228
Concernant la littérature d’expression tunisienne plus
particulièrement,ilnousparaitparadoxalqu’aucuntextetunisienne
figure, ni dans ces manuels, ni dans d’autres. Et pourtant, cette
littérature existe. Nous citerons, dans un ordre chronologique,
quelquesexemples:
Concernant la littérature d’expression tunisienne plus
particulièrement,ilnousparaitparadoxalqu’aucuntextetunisienne
figure, ni dans ces manuels, ni dans d’autres. Et pourtant, cette
littérature existe. Nous citerons, dans un ordre chronologique,
quelquesexemples:
1953Laȱstatueȱdeȱseld’AlbertMemmi
1953Laȱstatueȱdeȱseld’AlbertMemmi
1956LesȱrempartsȱduȱbestiaireȱdeClaudeBenady
1956LesȱrempartsȱduȱbestiaireȱdeClaudeBenady
1958MaȱfoiȱdemeuredeHachemBacouche
1958MaȱfoiȱdemeuredeHachemBacouche
1969TremblédeHédiBouraoui,poésie
1969TremblédeHédiBouraoui,poésie
L’année75estuneannéedegrandeproductionenTunisie:
L’année75estuneannéedegrandeproductionenTunisie:
NosȱancêtresȱlesȱBédouinsȱdeSalahGuermadi
NosȱancêtresȱlesȱBédouinsȱdeSalahGuermadi
LaȱrageȱauxȱtripesdeMustaphaTlili
LaȱrageȱauxȱtripesdeMustaphaTlili
Lespublicationscontinuentàdéferlerdanslesannées8090:
Lespublicationscontinuentàdéferlerdanslesannées8090:
1982CristaldeGilbertNacache
1982CristaldeGilbertNacache
1991Chroniqueȱfrontalièreȱd’EmnaBelHajYahia
1991Chroniqueȱfrontalièreȱd’EmnaBelHajYahia
1997MyriamȱouȱleȱrendezȬvousȱdeȱBeyrouthȱdeȱSouadȱGuellouzȱ
1997MyriamȱouȱleȱrendezȬvousȱdeȱBeyrouthȱdeȱSouadȱGuellouzȱ
ȱ
ȱ
III.2ȬȱLeȱmalentenduȱ
Comment expliquer l’absence de cette littérature dans les
manuels scolaires tunisiens? Aucune censure ne nous a été dictée,
disent les élaborateurs. Donc, il ne s’agit pas d’interdit politique
30
III.2ȬȱLeȱmalentenduȱ
Comment expliquer l’absence de cette littérature dans les
manuels scolaires tunisiens? Aucune censure ne nous a été dictée,
disent les élaborateurs. Donc, il ne s’agit pas d’interdit politique
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Paysȱ
Romans/
Nouvelles
Poèmesȱ
Théâtreȱ
Totalȱ
Paysȱ
Romans/
Nouvelles
Poèmesȱ
Théâtreȱ
Totalȱ
Maghreb
529
677
70
1232
Maghreb
529
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Algérie
377
390
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Algérie
377
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780
Maroc
86
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11
224
Maroc
86
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Tunisie
66
160
6
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Tunisie
66
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6
228
Concernant la littérature d’expression tunisienne plus
particulièrement,ilnousparaitparadoxalqu’aucuntextetunisienne
figure, ni dans ces manuels, ni dans d’autres. Et pourtant, cette
littérature existe. Nous citerons, dans un ordre chronologique,
quelquesexemples:
Concernant la littérature d’expression tunisienne plus
particulièrement,ilnousparaitparadoxalqu’aucuntextetunisienne
figure, ni dans ces manuels, ni dans d’autres. Et pourtant, cette
littérature existe. Nous citerons, dans un ordre chronologique,
quelquesexemples:
1953Laȱstatueȱdeȱseld’AlbertMemmi
1953Laȱstatueȱdeȱseld’AlbertMemmi
1956LesȱrempartsȱduȱbestiaireȱdeClaudeBenady
1956LesȱrempartsȱduȱbestiaireȱdeClaudeBenady
1958MaȱfoiȱdemeuredeHachemBacouche
1958MaȱfoiȱdemeuredeHachemBacouche
1969TremblédeHédiBouraoui,poésie
1969TremblédeHédiBouraoui,poésie
L’année75estuneannéedegrandeproductionenTunisie:
L’année75estuneannéedegrandeproductionenTunisie:
NosȱancêtresȱlesȱBédouinsȱdeSalahGuermadi
NosȱancêtresȱlesȱBédouinsȱdeSalahGuermadi
LaȱrageȱauxȱtripesdeMustaphaTlili
LaȱrageȱauxȱtripesdeMustaphaTlili
Lespublicationscontinuentàdéferlerdanslesannées8090:
Lespublicationscontinuentàdéferlerdanslesannées8090:
1982CristaldeGilbertNacache
1982CristaldeGilbertNacache
1991Chroniqueȱfrontalièreȱd’EmnaBelHajYahia
1991Chroniqueȱfrontalièreȱd’EmnaBelHajYahia
1997MyriamȱouȱleȱrendezȬvousȱdeȱBeyrouthȱdeȱSouadȱGuellouzȱ
1997MyriamȱouȱleȱrendezȬvousȱdeȱBeyrouthȱdeȱSouadȱGuellouzȱ
ȱ
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III.2ȬȱLeȱmalentenduȱ
Comment expliquer l’absence de cette littérature dans les
manuels scolaires tunisiens? Aucune censure ne nous a été dictée,
disent les élaborateurs. Donc, il ne s’agit pas d’interdit politique
30
III.2ȬȱLeȱmalentenduȱ
Comment expliquer l’absence de cette littérature dans les
manuels scolaires tunisiens? Aucune censure ne nous a été dictée,
disent les élaborateurs. Donc, il ne s’agit pas d’interdit politique
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explicitementformulé,maisplutôtd’interditpsychologique:«Trop
de valeurs sont déjouées, trop d’idées fixes sont dérangées» dit
Habib Salha, dans la préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ
d’expressionȱ française(Zlitni Fitouri, 2004: 4). Dans ce même ouvrage,
Charles Bonn parle du double malentendu qui a accompagné cette
littérature: la guerre d’Algérie et ses séquelles et le «complexe»
francophone. En tout cas, il s’agit d’une littérature qui dérange à
plusieursniveaux.Ellesesitueenrupturepermanenteparrapportà
cequidominetantsurleplansocioculturelquesurleplanlittéraire
(écriture se situant dans la sphère de la modernité). Rappelons les
réactions violentes des hommes de lettres conformistes contre le
texte de Driss Chraïb, Leȱ Passéȱ simple, qui a osé mettre en cause le
statut du père et celui du maître de l’école coranique ou contre le
roman de Rachid Boujedra, Laȱ Répudiation. La transgression des
frontières, des interdits, dérange. Pour éviter le dérangement, on
recourtàl’ignorance.
ȱ
III.3.Laȱnécessitéȱsalutaire
Cependant dans cette nouvelle ère de mondialisation, de
relationsinterculturellesétroitesetcompliquées,peutoncontinuer
à refuser d’être dérangés et à ne pas tirer profit de ces œuvres
artistiques qui ont parfois coûté chers à leurs auteurs (censures,
poursuites,dédain,méconnaissance…)?
explicitementformulé,maisplutôtd’interditpsychologique:«Trop
de valeurs sont déjouées, trop d’idées fixes sont dérangées» dit
Habib Salha, dans la préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ
d’expressionȱ française(Zlitni Fitouri, 2004: 4). Dans ce même ouvrage,
Charles Bonn parle du double malentendu qui a accompagné cette
littérature: la guerre d’Algérie et ses séquelles et le «complexe»
francophone. En tout cas, il s’agit d’une littérature qui dérange à
plusieursniveaux.Ellesesitueenrupturepermanenteparrapportà
cequidominetantsurleplansocioculturelquesurleplanlittéraire
(écriture se situant dans la sphère de la modernité). Rappelons les
réactions violentes des hommes de lettres conformistes contre le
texte de Driss Chraïb, Leȱ Passéȱ simple, qui a osé mettre en cause le
statut du père et celui du maître de l’école coranique ou contre le
roman de Rachid Boujedra, Laȱ Répudiation. La transgression des
frontières, des interdits, dérange. Pour éviter le dérangement, on
recourtàl’ignorance.
ȱ
III.3.Laȱnécessitéȱsalutaire
Cependant dans cette nouvelle ère de mondialisation, de
relationsinterculturellesétroitesetcompliquées,peutoncontinuer
à refuser d’être dérangés et à ne pas tirer profit de ces œuvres
artistiques qui ont parfois coûté chers à leurs auteurs (censures,
poursuites,dédain,méconnaissance…)?
Nous pensons que l’Ecole, en tant qu’institution, peut jouer
unrôledécisif.Deplusenplus,nosélèvesnelisentqu’enclasse.La
démotivation à la lecture facultative est généralisée. Les manuels
scolairesgagneraientàêtrerevussouscetangledevue.Lesœuvres
programméesauSupérieurdoiventdépasserlecadredel’hexagone
pourunespacegéopolitiqueplusouvert,plusprometteur.
Nous pensons que l’Ecole, en tant qu’institution, peut jouer
unrôledécisif.Deplusenplus,nosélèvesnelisentqu’enclasse.La
démotivation à la lecture facultative est généralisée. Les manuels
scolairesgagneraientàêtrerevussouscetangledevue.Lesœuvres
programméesauSupérieurdoiventdépasserlecadredel’hexagone
pourunespacegéopolitiqueplusouvert,plusprometteur.
Nouscroyonsfermementqueleproblèmeestennousetque
cettelittératurenousdérangeparcequ’ellenousdévoilecequenous
ne voulons pas dévoiler et qu’elle nous renvoie, faute de
complaisance espérée, notre face cachée, notre double, cet Autre tu
ennous,doncennemiquandilosenousparler.
Nouscroyonsfermementqueleproblèmeestennousetque
cettelittératurenousdérangeparcequ’ellenousdévoilecequenous
ne voulons pas dévoiler et qu’elle nous renvoie, faute de
complaisance espérée, notre face cachée, notre double, cet Autre tu
ennous,doncennemiquandilosenousparler.
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explicitementformulé,maisplutôtd’interditpsychologique:«Trop
de valeurs sont déjouées, trop d’idées fixes sont dérangées» dit
Habib Salha, dans la préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ
d’expressionȱ française(Zlitni Fitouri, 2004: 4). Dans ce même ouvrage,
Charles Bonn parle du double malentendu qui a accompagné cette
littérature: la guerre d’Algérie et ses séquelles et le «complexe»
francophone. En tout cas, il s’agit d’une littérature qui dérange à
plusieursniveaux.Ellesesitueenrupturepermanenteparrapportà
cequidominetantsurleplansocioculturelquesurleplanlittéraire
(écriture se situant dans la sphère de la modernité). Rappelons les
réactions violentes des hommes de lettres conformistes contre le
texte de Driss Chraïb, Leȱ Passéȱ simple, qui a osé mettre en cause le
statut du père et celui du maître de l’école coranique ou contre le
roman de Rachid Boujedra, Laȱ Répudiation. La transgression des
frontières, des interdits, dérange. Pour éviter le dérangement, on
recourtàl’ignorance.
ȱ
III.3.Laȱnécessitéȱsalutaire
Cependant dans cette nouvelle ère de mondialisation, de
relationsinterculturellesétroitesetcompliquées,peutoncontinuer
à refuser d’être dérangés et à ne pas tirer profit de ces œuvres
artistiques qui ont parfois coûté chers à leurs auteurs (censures,
poursuites,dédain,méconnaissance…)?
explicitementformulé,maisplutôtd’interditpsychologique:«Trop
de valeurs sont déjouées, trop d’idées fixes sont dérangées» dit
Habib Salha, dans la préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ
d’expressionȱ française(Zlitni Fitouri, 2004: 4). Dans ce même ouvrage,
Charles Bonn parle du double malentendu qui a accompagné cette
littérature: la guerre d’Algérie et ses séquelles et le «complexe»
francophone. En tout cas, il s’agit d’une littérature qui dérange à
plusieursniveaux.Ellesesitueenrupturepermanenteparrapportà
cequidominetantsurleplansocioculturelquesurleplanlittéraire
(écriture se situant dans la sphère de la modernité). Rappelons les
réactions violentes des hommes de lettres conformistes contre le
texte de Driss Chraïb, Leȱ Passéȱ simple, qui a osé mettre en cause le
statut du père et celui du maître de l’école coranique ou contre le
roman de Rachid Boujedra, Laȱ Répudiation. La transgression des
frontières, des interdits, dérange. Pour éviter le dérangement, on
recourtàl’ignorance.
ȱ
III.3.Laȱnécessitéȱsalutaire
Cependant dans cette nouvelle ère de mondialisation, de
relationsinterculturellesétroitesetcompliquées,peutoncontinuer
à refuser d’être dérangés et à ne pas tirer profit de ces œuvres
artistiques qui ont parfois coûté chers à leurs auteurs (censures,
poursuites,dédain,méconnaissance…)?
Nous pensons que l’Ecole, en tant qu’institution, peut jouer
unrôledécisif.Deplusenplus,nosélèvesnelisentqu’enclasse.La
démotivation à la lecture facultative est généralisée. Les manuels
scolairesgagneraientàêtrerevussouscetangledevue.Lesœuvres
programméesauSupérieurdoiventdépasserlecadredel’hexagone
pourunespacegéopolitiqueplusouvert,plusprometteur.
Nous pensons que l’Ecole, en tant qu’institution, peut jouer
unrôledécisif.Deplusenplus,nosélèvesnelisentqu’enclasse.La
démotivation à la lecture facultative est généralisée. Les manuels
scolairesgagneraientàêtrerevussouscetangledevue.Lesœuvres
programméesauSupérieurdoiventdépasserlecadredel’hexagone
pourunespacegéopolitiqueplusouvert,plusprometteur.
Nouscroyonsfermementqueleproblèmeestennousetque
cettelittératurenousdérangeparcequ’ellenousdévoilecequenous
ne voulons pas dévoiler et qu’elle nous renvoie, faute de
complaisance espérée, notre face cachée, notre double, cet Autre tu
ennous,doncennemiquandilosenousparler.
Nouscroyonsfermementqueleproblèmeestennousetque
cettelittératurenousdérangeparcequ’ellenousdévoilecequenous
ne voulons pas dévoiler et qu’elle nous renvoie, faute de
complaisance espérée, notre face cachée, notre double, cet Autre tu
ennous,doncennemiquandilosenousparler.
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ȱȱ
ȱȱ
CONCLUSIONȱ
Quelle que soient les raisons, nous pouvons dire au terme
decetteréflexionquelalittératured’expressionfrançaisen’apasde
placedanslesmanuelstunisiens.Certesnotrerechercheaportésur
ces deux niveaux, mais nous avons pris la peine de regarder les
autresniveauxetlerésultatestlemême.Untravailsurlalittérature
tunisienneécriteenarabedonneraitpeutêtrelemêmerésultat,alors
de quel métissage pouvons nous parler, si nous continuons à
refouler ce qui fait quelque part notre identité ou plutôt notre
nouvelleidentité?
ȱ
NOTEȱ
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CONCLUSIONȱ
Quelle que soient les raisons, nous pouvons dire au terme
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ces deux niveaux, mais nous avons pris la peine de regarder les
autresniveauxetlerésultatestlemême.Untravailsurlalittérature
tunisienneécriteenarabedonneraitpeutêtrelemêmerésultat,alors
de quel métissage pouvons nous parler, si nous continuons à
refouler ce qui fait quelque part notre identité ou plutôt notre
nouvelleidentité?
ȱ
NOTEȱ
ȱ
1
1
Plusieursétudesontétéconsacréesàcettenominationdontdesarticlesdu
journalLeMonde(16et20mars2007)etl’ouvragedirigéparMichelLeBris
etJeanRouaud,Pourȱuneȱlittérature–monde,Paris,Gallimard,2007,342p.
Plusieursétudesontétéconsacréesàcettenominationdontdesarticlesdu
journalLeMonde(16et20mars2007)etl’ouvragedirigéparMichelLeBris
etJeanRouaud,Pourȱuneȱlittérature–monde,Paris,Gallimard,2007,342p.
ȱ
ȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
ȱ
Ouvragesȱcritiquesȱ:ȱ
Ouvragesȱcritiquesȱ:ȱ
ABDALLAH –PRETCEILLE Martine, 1996, Educationȱ etȱ communicationȱ
interculturelle,Paris,P.U.F.(Coll.L’Educateur).
ABDALLAH –PRETCEILLE Martine, 1996, Educationȱ etȱ communicationȱ
interculturelle,Paris,P.U.F.(Coll.L’Educateur).
BIARD Jacqueline, Denis Frédérique, Didactiqueȱ duȱ texteȱ littéraire, Nathan,
Paris,1993.
BIARD Jacqueline, Denis Frédérique, Didactiqueȱ duȱ texteȱ littéraire, Nathan,
Paris,1993.
CHAGRAOUI Mohamed, 1998. Réformeȱ deȱ l’enseignementȱ duȱ français, Tunis,
Edit.L’OrduTemps.
CHAGRAOUI Mohamed, 1998. Réformeȱ deȱ l’enseignementȱ duȱ français, Tunis,
Edit.L’OrduTemps.
COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,
Bruxelles,DeBoeckDuculot..
COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,
Bruxelles,DeBoeckDuculot..
HABIB Salha, 2004, préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ d’expressionȱ
française,SoniaZLITNIFITOURI,Tunis,Cérèséditions.ȱ
HABIB Salha, 2004, préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ d’expressionȱ
française,SoniaZLITNIFITOURI,Tunis,Cérèséditions.ȱ
PEYTARDJean,BERTRANDDenis,BESSEHenri,1982,Littératureȱetȱclasseȱdeȱ
langue,Paris,HatierDidier,Coll.LAL.
PEYTARDJean,BERTRANDDenis,BESSEHenri,1982,Littératureȱetȱclasseȱdeȱ
langue,Paris,HatierDidier,Coll.LAL.
***Leȱfrançaisȱdansȱleȱmonde,n°13,maijuin2007.
***Leȱfrançaisȱdansȱleȱmonde,n°13,maijuin2007.
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CONCLUSIONȱ
Quelle que soient les raisons, nous pouvons dire au terme
decetteréflexionquelalittératured’expressionfrançaisen’apasde
placedanslesmanuelstunisiens.Certesnotrerechercheaportésur
ces deux niveaux, mais nous avons pris la peine de regarder les
autresniveauxetlerésultatestlemême.Untravailsurlalittérature
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de quel métissage pouvons nous parler, si nous continuons à
refouler ce qui fait quelque part notre identité ou plutôt notre
nouvelleidentité?
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NOTEȱ
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CONCLUSIONȱ
Quelle que soient les raisons, nous pouvons dire au terme
decetteréflexionquelalittératured’expressionfrançaisen’apasde
placedanslesmanuelstunisiens.Certesnotrerechercheaportésur
ces deux niveaux, mais nous avons pris la peine de regarder les
autresniveauxetlerésultatestlemême.Untravailsurlalittérature
tunisienneécriteenarabedonneraitpeutêtrelemêmerésultat,alors
de quel métissage pouvons nous parler, si nous continuons à
refouler ce qui fait quelque part notre identité ou plutôt notre
nouvelleidentité?
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NOTEȱ
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Plusieursétudesontétéconsacréesàcettenominationdontdesarticlesdu
journalLeMonde(16et20mars2007)etl’ouvragedirigéparMichelLeBris
etJeanRouaud,Pourȱuneȱlittérature–monde,Paris,Gallimard,2007,342p.
Plusieursétudesontétéconsacréesàcettenominationdontdesarticlesdu
journalLeMonde(16et20mars2007)etl’ouvragedirigéparMichelLeBris
etJeanRouaud,Pourȱuneȱlittérature–monde,Paris,Gallimard,2007,342p.
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RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
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Ouvragesȱcritiquesȱ:ȱ
Ouvragesȱcritiquesȱ:ȱ
ABDALLAH –PRETCEILLE Martine, 1996, Educationȱ etȱ communicationȱ
interculturelle,Paris,P.U.F.(Coll.L’Educateur).
ABDALLAH –PRETCEILLE Martine, 1996, Educationȱ etȱ communicationȱ
interculturelle,Paris,P.U.F.(Coll.L’Educateur).
BIARD Jacqueline, Denis Frédérique, Didactiqueȱ duȱ texteȱ littéraire, Nathan,
Paris,1993.
BIARD Jacqueline, Denis Frédérique, Didactiqueȱ duȱ texteȱ littéraire, Nathan,
Paris,1993.
CHAGRAOUI Mohamed, 1998. Réformeȱ deȱ l’enseignementȱ duȱ français, Tunis,
Edit.L’OrduTemps.
CHAGRAOUI Mohamed, 1998. Réformeȱ deȱ l’enseignementȱ duȱ français, Tunis,
Edit.L’OrduTemps.
COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,
Bruxelles,DeBoeckDuculot..
COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,
Bruxelles,DeBoeckDuculot..
HABIB Salha, 2004, préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ d’expressionȱ
française,SoniaZLITNIFITOURI,Tunis,Cérèséditions.ȱ
HABIB Salha, 2004, préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ d’expressionȱ
française,SoniaZLITNIFITOURI,Tunis,Cérèséditions.ȱ
PEYTARDJean,BERTRANDDenis,BESSEHenri,1982,Littératureȱetȱclasseȱdeȱ
langue,Paris,HatierDidier,Coll.LAL.
PEYTARDJean,BERTRANDDenis,BESSEHenri,1982,Littératureȱetȱclasseȱdeȱ
langue,Paris,HatierDidier,Coll.LAL.
***Leȱfrançaisȱdansȱleȱmonde,n°13,maijuin2007.
***Leȱfrançaisȱdansȱleȱmonde,n°13,maijuin2007.
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***Programmesȱ officielsȱ deȱ l’enseignementȱ secondaire, Décret n° 981280 du 15
juin 1998, Annexes 2, Français, République tunisienne, Ministère de
l’Education,Directiondesprogrammes.
***Programmesȱ officielsȱ deȱ l’enseignementȱ secondaire, Décret n° 981280 du 15
juin 1998, Annexes 2, Français, République tunisienne, Ministère de
l’Education,Directiondesprogrammes.
***Littératureȱmaghrébineȱd’expressionȱfrançaise,Paris,PUF,Collection«Que
saisje?»,n° 2675, 1992.ȱ
ȱ
***Littératureȱmaghrébineȱd’expressionȱfrançaise,Paris,PUF,Collection«Que
saisje?»,n° 2675, 1992.ȱ
ȱ
Corpusȱ:ȱManuelsȱdeȱfrançaisȱȱ
ȱ
Corpusȱ:ȱManuelsȱdeȱfrançaisȱȱ
ȱ
Ȭȱ ȱ 4e A.ȱ Lettresȱ françaises,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, Pierrette
Court, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T. D., Tunisie, 1970,
(abrégé:4L)
Ȭȱ ȱ 4e A.ȱ Lettresȱ françaises,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, Pierrette
Court, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T. D., Tunisie, 1970,
(abrégé:4L)
5e A.ȱ Lettresȱ française,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, F. et J.
Decorsière, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T.D., Tunisie, 1970,
(abrégé:5L)
5e A.ȱ Lettresȱ française,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, F. et J.
Decorsière, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T.D., Tunisie, 1970,
(abrégé:5L)
Lettres françaises, T1, Additifs à l’usage de la 4e et de la 5e A. secondaire,
Programme de 1970, MarieAnne Blondel, Pierrette Court et Souad
VanDenHeuvelBouaoui,S.T.D.,1971.(abrégéL.F,4eet5e)
Lettres françaises, T1, Additifs à l’usage de la 4e et de la 5e A. secondaire,
Programme de 1970, MarieAnne Blondel, Pierrette Court et Souad
VanDenHeuvelBouaoui,S.T.D.,1971.(abrégéL.F,4eet5e)
ȱ 4e ȱ A.ȱ Manuelȱ deȱ français,,ȱ Hassen Basly, Abdeljelil Bouamoud, Rachid
Bourkhis,YoussefChoaieb,JaouidaJegham,MyriamMarzouk,Habib
Trabelsi,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:4M).
ȱ 4e ȱ A.ȱ Manuelȱ deȱ français,,ȱ Hassen Basly, Abdeljelil Bouamoud, Rachid
Bourkhis,YoussefChoaieb,JaouidaJegham,MyriamMarzouk,Habib
Trabelsi,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:4M).
ȱ5eA.Manuelȱdeȱfrançais,M.Ennifar,M.Haouas,F.Jedidi,G.K.Kaddour,S.
Zmerli,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:5M).
ȱ5eA.Manuelȱdeȱfrançais,M.Ennifar,M.Haouas,F.Jedidi,G.K.Kaddour,S.
Zmerli,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:5M).
2e A. de l’enseignement secondaire, Leȱ françaisȱ enȱ situation, C.N.P., Tunisie
2005(abrégé:2L).
2e A. de l’enseignement secondaire, Leȱ françaisȱ enȱ situation, C.N.P., Tunisie
2005(abrégé:2L).
1re A. de l’enseignement secondaire, Communiquerȱ enȱ françaisȱ, Faïçal
Abroug, Med Béchir Othmani, Youssef Nouicer, Hayet Ben Salem ,
C.N.P.,Tunisie2008(abrégé:1C).
1re A. de l’enseignement secondaire, Communiquerȱ enȱ françaisȱ, Faïçal
Abroug, Med Béchir Othmani, Youssef Nouicer, Hayet Ben Salem ,
C.N.P.,Tunisie2008(abrégé:1C).
ABSTRACTȱȱȱ
ABSTRACTȱȱȱ
ȱ
ȱ
In the present paper we will try to analyze intercultural signs in
French class, using as reference the Tunisian textbooks (secondary schools
and high schools). A brief inventory of the French expression literature in
these manuals will be done, starting from some dates relating to French
teachingreformsinTunisia:1970,1982,and2005.
In the present paper we will try to analyze intercultural signs in
French class, using as reference the Tunisian textbooks (secondary schools
and high schools). A brief inventory of the French expression literature in
these manuals will be done, starting from some dates relating to French
teachingreformsinTunisia:1970,1982,and2005.
Boththelinguisticandtheliteraryaspectswillbeanalyzedfroma
historicalperspective.
Boththelinguisticandtheliteraryaspectswillbeanalyzedfroma
historicalperspective.
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***Programmesȱ officielsȱ deȱ l’enseignementȱ secondaire, Décret n° 981280 du 15
juin 1998, Annexes 2, Français, République tunisienne, Ministère de
l’Education,Directiondesprogrammes.
***Programmesȱ officielsȱ deȱ l’enseignementȱ secondaire, Décret n° 981280 du 15
juin 1998, Annexes 2, Français, République tunisienne, Ministère de
l’Education,Directiondesprogrammes.
***Littératureȱmaghrébineȱd’expressionȱfrançaise,Paris,PUF,Collection«Que
saisje?»,n° 2675, 1992.ȱ
ȱ
***Littératureȱmaghrébineȱd’expressionȱfrançaise,Paris,PUF,Collection«Que
saisje?»,n° 2675, 1992.ȱ
ȱ
Corpusȱ:ȱManuelsȱdeȱfrançaisȱȱ
ȱ
Corpusȱ:ȱManuelsȱdeȱfrançaisȱȱ
ȱ
Ȭȱ ȱ 4e A.ȱ Lettresȱ françaises,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, Pierrette
Court, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T. D., Tunisie, 1970,
(abrégé:4L)
Ȭȱ ȱ 4e A.ȱ Lettresȱ françaises,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, Pierrette
Court, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T. D., Tunisie, 1970,
(abrégé:4L)
5e A.ȱ Lettresȱ française,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, F. et J.
Decorsière, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T.D., Tunisie, 1970,
(abrégé:5L)
5e A.ȱ Lettresȱ française,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, F. et J.
Decorsière, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T.D., Tunisie, 1970,
(abrégé:5L)
Lettres françaises, T1, Additifs à l’usage de la 4e et de la 5e A. secondaire,
Programme de 1970, MarieAnne Blondel, Pierrette Court et Souad
VanDenHeuvelBouaoui,S.T.D.,1971.(abrégéL.F,4eet5e)
Lettres françaises, T1, Additifs à l’usage de la 4e et de la 5e A. secondaire,
Programme de 1970, MarieAnne Blondel, Pierrette Court et Souad
VanDenHeuvelBouaoui,S.T.D.,1971.(abrégéL.F,4eet5e)
ȱ 4e ȱ A.ȱ Manuelȱ deȱ français,,ȱ Hassen Basly, Abdeljelil Bouamoud, Rachid
Bourkhis,YoussefChoaieb,JaouidaJegham,MyriamMarzouk,Habib
Trabelsi,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:4M).
ȱ 4e ȱ A.ȱ Manuelȱ deȱ français,,ȱ Hassen Basly, Abdeljelil Bouamoud, Rachid
Bourkhis,YoussefChoaieb,JaouidaJegham,MyriamMarzouk,Habib
Trabelsi,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:4M).
ȱ5eA.Manuelȱdeȱfrançais,M.Ennifar,M.Haouas,F.Jedidi,G.K.Kaddour,S.
Zmerli,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:5M).
ȱ5eA.Manuelȱdeȱfrançais,M.Ennifar,M.Haouas,F.Jedidi,G.K.Kaddour,S.
Zmerli,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:5M).
2e A. de l’enseignement secondaire, Leȱ françaisȱ enȱ situation, C.N.P., Tunisie
2005(abrégé:2L).
2e A. de l’enseignement secondaire, Leȱ françaisȱ enȱ situation, C.N.P., Tunisie
2005(abrégé:2L).
1re A. de l’enseignement secondaire, Communiquerȱ enȱ françaisȱ, Faïçal
Abroug, Med Béchir Othmani, Youssef Nouicer, Hayet Ben Salem ,
C.N.P.,Tunisie2008(abrégé:1C).
1re A. de l’enseignement secondaire, Communiquerȱ enȱ françaisȱ, Faïçal
Abroug, Med Béchir Othmani, Youssef Nouicer, Hayet Ben Salem ,
C.N.P.,Tunisie2008(abrégé:1C).
ABSTRACTȱȱȱ
ABSTRACTȱȱȱ
ȱ
ȱ
In the present paper we will try to analyze intercultural signs in
French class, using as reference the Tunisian textbooks (secondary schools
and high schools). A brief inventory of the French expression literature in
these manuals will be done, starting from some dates relating to French
teachingreformsinTunisia:1970,1982,and2005.
In the present paper we will try to analyze intercultural signs in
French class, using as reference the Tunisian textbooks (secondary schools
and high schools). A brief inventory of the French expression literature in
these manuals will be done, starting from some dates relating to French
teachingreformsinTunisia:1970,1982,and2005.
Boththelinguisticandtheliteraryaspectswillbeanalyzedfroma
historicalperspective.
Boththelinguisticandtheliteraryaspectswillbeanalyzedfroma
historicalperspective.
33
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Thisdiachronicstudywillhelpusinvestigatetheevolutionofthese
French texts in our manuals. Besides, it will allow us detect the distinctive
featuresofthisliterature’sroleinthetrainingofstudentslearningFrenchas
a second or a foreign language and who are facing cultural interbreeding
andglobalization.
Thisdiachronicstudywillhelpusinvestigatetheevolutionofthese
French texts in our manuals. Besides, it will allow us detect the distinctive
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a second or a foreign language and who are facing cultural interbreeding
andglobalization.
In the first place, our approach is going to be descriptive (text
number, genre, writers, countries…). Then we are going to adopt an
analyticalapproach(interest,explorationofteachingmethods:instructions,
exercisemodalities).
In the first place, our approach is going to be descriptive (text
number, genre, writers, countries…). Then we are going to adopt an
analyticalapproach(interest,explorationofteachingmethods:instructions,
exercisemodalities).
Finally, we can finish our study by pointing to the university’s
programsandseewhetherornotthereisacontinuityintherelationshipto
thisFrenchspeakingliterature(literatureprograms,researchstudies).
Finally, we can finish our study by pointing to the university’s
programsandseewhetherornotthereisacontinuityintherelationshipto
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ȱ
ȱ
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Thisdiachronicstudywillhelpusinvestigatetheevolutionofthese
French texts in our manuals. Besides, it will allow us detect the distinctive
featuresofthisliterature’sroleinthetrainingofstudentslearningFrenchas
a second or a foreign language and who are facing cultural interbreeding
andglobalization.
Thisdiachronicstudywillhelpusinvestigatetheevolutionofthese
French texts in our manuals. Besides, it will allow us detect the distinctive
featuresofthisliterature’sroleinthetrainingofstudentslearningFrenchas
a second or a foreign language and who are facing cultural interbreeding
andglobalization.
In the first place, our approach is going to be descriptive (text
number, genre, writers, countries…). Then we are going to adopt an
analyticalapproach(interest,explorationofteachingmethods:instructions,
exercisemodalities).
In the first place, our approach is going to be descriptive (text
number, genre, writers, countries…). Then we are going to adopt an
analyticalapproach(interest,explorationofteachingmethods:instructions,
exercisemodalities).
Finally, we can finish our study by pointing to the university’s
programsandseewhetherornotthereisacontinuityintherelationshipto
thisFrenchspeakingliterature(literatureprograms,researchstudies).
Finally, we can finish our study by pointing to the university’s
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ȱ
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ȱ
ȱ
ȱ
LAȱFRANCOPHONIEȱAUȱCONGOȬ
KINSHASA:ȱPRATIQUESȱORDINAIRESȱETȱ
LITTÉRAIRESȱ(1945Ȭ1970)ȱ
ȱ
LAȱFRANCOPHONIEȱAUȱCONGOȬ
KINSHASA:ȱPRATIQUESȱORDINAIRESȱETȱ
LITTÉRAIRESȱ(1945Ȭ1970)ȱ
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ȱ
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ȱ
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ȱ
ȱ
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LucȱCOLLÈSȱȱ
UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ
LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ
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LucȱCOLLÈSȱȱ
UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ
LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ
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LaRépubliquedémocratiqueduCongo(RDC)–devenuele
Zaïreentre1970et1997etappeléeaussileCongoKinshasapourle
différencier du CongoBrazzaville (ou République du Congo) compte actuellement 4 millions de francophones (sur 42 millions
d’habitants),soitàpeine10%delapopulation.Pendanttroisquarts
desiècle,jusqu’en1960,cepays,commeleRwandaetleBurundi,a
vécu sous influence belge. C’est la Belgique qui y a introduit le
français.
ȱ
HISTOIREȱDUȱFRANÇAISȱ
ȱ
Depuis 1877, la langue française a été de facto la langue
officielle,administrativeetjudiciaireduCongo.Cependant,lorsque
l’Etat Indépendant du Congo devint en 1907 une colonie belge, le
problème linguistique commença à se poser. Des débats houleux
opposèrent, au sein du Parlement belge, les partisans de la langue
française et ceux qui voulaient garantir les droits des Flamands en
exigeantquesoitproclaméeuneégalitélinguistiquedanslaColonie
entre les deux langues nationales (Band, 1956: 424450). Mais, bien
qu’ilfûtdécidéquetouslesdécretsseraientalorsrédigésenfrançais
et en néerlandais, il s’est installé une situation de fait faisant du
français la seule langue officielle du Congo. Si cette exclusion (de
factomaisnondeȱiure)dunéerlandaistantdelavieofficiellequede
ȱ
LaRépubliquedémocratiqueduCongo(RDC)–devenuele
Zaïreentre1970et1997etappeléeaussileCongoKinshasapourle
différencier du CongoBrazzaville (ou République du Congo) compte actuellement 4 millions de francophones (sur 42 millions
d’habitants),soitàpeine10%delapopulation.Pendanttroisquarts
desiècle,jusqu’en1960,cepays,commeleRwandaetleBurundi,a
vécu sous influence belge. C’est la Belgique qui y a introduit le
français.
ȱ
HISTOIREȱDUȱFRANÇAISȱ
ȱ
Depuis 1877, la langue française a été de facto la langue
officielle,administrativeetjudiciaireduCongo.Cependant,lorsque
l’Etat Indépendant du Congo devint en 1907 une colonie belge, le
problème linguistique commença à se poser. Des débats houleux
opposèrent, au sein du Parlement belge, les partisans de la langue
française et ceux qui voulaient garantir les droits des Flamands en
exigeantquesoitproclaméeuneégalitélinguistiquedanslaColonie
entre les deux langues nationales (Band, 1956: 424450). Mais, bien
qu’ilfûtdécidéquetouslesdécretsseraientalorsrédigésenfrançais
et en néerlandais, il s’est installé une situation de fait faisant du
français la seule langue officielle du Congo. Si cette exclusion (de
factomaisnondeȱiure)dunéerlandaistantdelavieofficiellequede
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ȱ
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LAȱFRANCOPHONIEȱAUȱCONGOȬ
KINSHASA:ȱPRATIQUESȱORDINAIRESȱETȱ
LITTÉRAIRESȱ(1945Ȭ1970)ȱ
ȱ
LAȱFRANCOPHONIEȱAUȱCONGOȬ
KINSHASA:ȱPRATIQUESȱORDINAIRESȱETȱ
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LucȱCOLLÈSȱȱ
UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ
LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ
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LucȱCOLLÈSȱȱ
UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ
LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ
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LaRépubliquedémocratiqueduCongo(RDC)–devenuele
Zaïreentre1970et1997etappeléeaussileCongoKinshasapourle
différencier du CongoBrazzaville (ou République du Congo) compte actuellement 4 millions de francophones (sur 42 millions
d’habitants),soitàpeine10%delapopulation.Pendanttroisquarts
desiècle,jusqu’en1960,cepays,commeleRwandaetleBurundi,a
vécu sous influence belge. C’est la Belgique qui y a introduit le
français.
ȱ
HISTOIREȱDUȱFRANÇAISȱ
ȱ
Depuis 1877, la langue française a été de facto la langue
officielle,administrativeetjudiciaireduCongo.Cependant,lorsque
l’Etat Indépendant du Congo devint en 1907 une colonie belge, le
problème linguistique commença à se poser. Des débats houleux
opposèrent, au sein du Parlement belge, les partisans de la langue
française et ceux qui voulaient garantir les droits des Flamands en
exigeantquesoitproclaméeuneégalitélinguistiquedanslaColonie
entre les deux langues nationales (Band, 1956: 424450). Mais, bien
qu’ilfûtdécidéquetouslesdécretsseraientalorsrédigésenfrançais
et en néerlandais, il s’est installé une situation de fait faisant du
français la seule langue officielle du Congo. Si cette exclusion (de
factomaisnondeȱiure)dunéerlandaistantdelavieofficiellequede
ȱ
LaRépubliquedémocratiqueduCongo(RDC)–devenuele
Zaïreentre1970et1997etappeléeaussileCongoKinshasapourle
différencier du CongoBrazzaville (ou République du Congo) compte actuellement 4 millions de francophones (sur 42 millions
d’habitants),soitàpeine10%delapopulation.Pendanttroisquarts
desiècle,jusqu’en1960,cepays,commeleRwandaetleBurundi,a
vécu sous influence belge. C’est la Belgique qui y a introduit le
français.
ȱ
HISTOIREȱDUȱFRANÇAISȱ
ȱ
Depuis 1877, la langue française a été de facto la langue
officielle,administrativeetjudiciaireduCongo.Cependant,lorsque
l’Etat Indépendant du Congo devint en 1907 une colonie belge, le
problème linguistique commença à se poser. Des débats houleux
opposèrent, au sein du Parlement belge, les partisans de la langue
française et ceux qui voulaient garantir les droits des Flamands en
exigeantquesoitproclaméeuneégalitélinguistiquedanslaColonie
entre les deux langues nationales (Band, 1956: 424450). Mais, bien
qu’ilfûtdécidéquetouslesdécretsseraientalorsrédigésenfrançais
et en néerlandais, il s’est installé une situation de fait faisant du
français la seule langue officielle du Congo. Si cette exclusion (de
factomaisnondeȱiure)dunéerlandaistantdelavieofficiellequede
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l’enseignement a pu être tolérée, c’est que pratiquement tous les
Belges flamands d’un niveau social plus ou moins élevé
connaissaientfortbienlefrançais.
Selon Max Pierre (1997: 318 321), on peut distinguer dans
l’histoiredufrançaisauCongoKinshasacinqpériodesbiendéfinies.
Ces périodes sont celles qui scandent l’évolution de
l’enseignement.C’est par l’apprentissage scolaire principalement
que le français est acquis par la plupart de ses locuteurs congolais.
Cependant, l’apprentissage du français s’est réalisé aussi par les
contacts sociaux noués entre Européens et Africains, notamment
danslesrapportsprofessionnels(ouvriers,domestiques)etdansles
aspects plus personnels de la vie commune: activités culturelles,
œuvres sociales. Mais ce niveau d’apprentissage ne débouchait que
surunfrançaislimité.
ȱ
Laȱpremièreȱpériode,ȱquiȱvaȱdesȱdébutsȱdeȱlaȱcolonisationȱàȱ
1948,estcaractériséeparunmouvementd’alternanceentrelathèse
deseuropéanistesetcelledesindigénistes(Faïk,1988:1216).D’une
part, les européanistes sont partisans de l’imposition du français
comme langue de communication, ce qui simplifie les choses dans
un pays qui compte plus de deux cents langues. D’autre part, les
indigénistes sont partisans des langues africaines, pour diverses
raisons:lesFlamands,pournepasfavoriseruniquementlefrançais;
d’autres pour assurer le sauvetage des valeurs authentiquement
congolaises;d’autresenfindissimulaientmalleurdésirdemaintenir
lapopulationautochtonedansunétatd’inférioritépolitique.
l’enseignement a pu être tolérée, c’est que pratiquement tous les
Belges flamands d’un niveau social plus ou moins élevé
connaissaientfortbienlefrançais.
Selon Max Pierre (1997: 318 321), on peut distinguer dans
l’histoiredufrançaisauCongoKinshasacinqpériodesbiendéfinies.
Ces périodes sont celles qui scandent l’évolution de
l’enseignement.C’est par l’apprentissage scolaire principalement
que le français est acquis par la plupart de ses locuteurs congolais.
Cependant, l’apprentissage du français s’est réalisé aussi par les
contacts sociaux noués entre Européens et Africains, notamment
danslesrapportsprofessionnels(ouvriers,domestiques)etdansles
aspects plus personnels de la vie commune: activités culturelles,
œuvres sociales. Mais ce niveau d’apprentissage ne débouchait que
surunfrançaislimité.
ȱ
Laȱpremièreȱpériode,ȱquiȱvaȱdesȱdébutsȱdeȱlaȱcolonisationȱàȱ
1948,estcaractériséeparunmouvementd’alternanceentrelathèse
deseuropéanistesetcelledesindigénistes(Faïk,1988:1216).D’une
part, les européanistes sont partisans de l’imposition du français
comme langue de communication, ce qui simplifie les choses dans
un pays qui compte plus de deux cents langues. D’autre part, les
indigénistes sont partisans des langues africaines, pour diverses
raisons:lesFlamands,pournepasfavoriseruniquementlefrançais;
d’autres pour assurer le sauvetage des valeurs authentiquement
congolaises;d’autresenfindissimulaientmalleurdésirdemaintenir
lapopulationautochtonedansunétatd’inférioritépolitique.
Les missionnaires, convaincus qu’une langue étrangère ne
pouvait être le véhicule d’une évangélisation efficace, se sont les
premiers intéressés aux parlers autochtones. Or, si l’on sait que
presque tout le système scolaire était entre leurs mains, on
comprendraquebienviteilss’orienterontversunenseignementen
langues locales. Laȱ situationȱ auȱ CongoȬKinshasaȱ étaitȱ doncȱ fortȱ
différenteȱ deȱ celleȱ desȱ coloniesȱ françaisesȱ quiȱ avaientȱ optéȱ pourȱ
l’assimilation. Sous le régime colonial français, en effet,
Les missionnaires, convaincus qu’une langue étrangère ne
pouvait être le véhicule d’une évangélisation efficace, se sont les
premiers intéressés aux parlers autochtones. Or, si l’on sait que
presque tout le système scolaire était entre leurs mains, on
comprendraquebienviteilss’orienterontversunenseignementen
langues locales. Laȱ situationȱ auȱ CongoȬKinshasaȱ étaitȱ doncȱ fortȱ
différenteȱ deȱ celleȱ desȱ coloniesȱ françaisesȱ quiȱ avaientȱ optéȱ pourȱ
l’assimilation. Sous le régime colonial français, en effet,
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l’enseignement a pu être tolérée, c’est que pratiquement tous les
Belges flamands d’un niveau social plus ou moins élevé
connaissaientfortbienlefrançais.
Selon Max Pierre (1997: 318 321), on peut distinguer dans
l’histoiredufrançaisauCongoKinshasacinqpériodesbiendéfinies.
Ces périodes sont celles qui scandent l’évolution de
l’enseignement.C’est par l’apprentissage scolaire principalement
que le français est acquis par la plupart de ses locuteurs congolais.
Cependant, l’apprentissage du français s’est réalisé aussi par les
contacts sociaux noués entre Européens et Africains, notamment
danslesrapportsprofessionnels(ouvriers,domestiques)etdansles
aspects plus personnels de la vie commune: activités culturelles,
œuvres sociales. Mais ce niveau d’apprentissage ne débouchait que
surunfrançaislimité.
ȱ
Laȱpremièreȱpériode,ȱquiȱvaȱdesȱdébutsȱdeȱlaȱcolonisationȱàȱ
1948,estcaractériséeparunmouvementd’alternanceentrelathèse
deseuropéanistesetcelledesindigénistes(Faïk,1988:1216).D’une
part, les européanistes sont partisans de l’imposition du français
comme langue de communication, ce qui simplifie les choses dans
un pays qui compte plus de deux cents langues. D’autre part, les
indigénistes sont partisans des langues africaines, pour diverses
raisons:lesFlamands,pournepasfavoriseruniquementlefrançais;
d’autres pour assurer le sauvetage des valeurs authentiquement
congolaises;d’autresenfindissimulaientmalleurdésirdemaintenir
lapopulationautochtonedansunétatd’inférioritépolitique.
l’enseignement a pu être tolérée, c’est que pratiquement tous les
Belges flamands d’un niveau social plus ou moins élevé
connaissaientfortbienlefrançais.
Selon Max Pierre (1997: 318 321), on peut distinguer dans
l’histoiredufrançaisauCongoKinshasacinqpériodesbiendéfinies.
Ces périodes sont celles qui scandent l’évolution de
l’enseignement.C’est par l’apprentissage scolaire principalement
que le français est acquis par la plupart de ses locuteurs congolais.
Cependant, l’apprentissage du français s’est réalisé aussi par les
contacts sociaux noués entre Européens et Africains, notamment
danslesrapportsprofessionnels(ouvriers,domestiques)etdansles
aspects plus personnels de la vie commune: activités culturelles,
œuvres sociales. Mais ce niveau d’apprentissage ne débouchait que
surunfrançaislimité.
ȱ
Laȱpremièreȱpériode,ȱquiȱvaȱdesȱdébutsȱdeȱlaȱcolonisationȱàȱ
1948,estcaractériséeparunmouvementd’alternanceentrelathèse
deseuropéanistesetcelledesindigénistes(Faïk,1988:1216).D’une
part, les européanistes sont partisans de l’imposition du français
comme langue de communication, ce qui simplifie les choses dans
un pays qui compte plus de deux cents langues. D’autre part, les
indigénistes sont partisans des langues africaines, pour diverses
raisons:lesFlamands,pournepasfavoriseruniquementlefrançais;
d’autres pour assurer le sauvetage des valeurs authentiquement
congolaises;d’autresenfindissimulaientmalleurdésirdemaintenir
lapopulationautochtonedansunétatd’inférioritépolitique.
Les missionnaires, convaincus qu’une langue étrangère ne
pouvait être le véhicule d’une évangélisation efficace, se sont les
premiers intéressés aux parlers autochtones. Or, si l’on sait que
presque tout le système scolaire était entre leurs mains, on
comprendraquebienviteilss’orienterontversunenseignementen
langues locales. Laȱ situationȱ auȱ CongoȬKinshasaȱ étaitȱ doncȱ fortȱ
différenteȱ deȱ celleȱ desȱ coloniesȱ françaisesȱ quiȱ avaientȱ optéȱ pourȱ
l’assimilation. Sous le régime colonial français, en effet,
Les missionnaires, convaincus qu’une langue étrangère ne
pouvait être le véhicule d’une évangélisation efficace, se sont les
premiers intéressés aux parlers autochtones. Or, si l’on sait que
presque tout le système scolaire était entre leurs mains, on
comprendraquebienviteilss’orienterontversunenseignementen
langues locales. Laȱ situationȱ auȱ CongoȬKinshasaȱ étaitȱ doncȱ fortȱ
différenteȱ deȱ celleȱ desȱ coloniesȱ françaisesȱ quiȱ avaientȱ optéȱ pourȱ
l’assimilation. Sous le régime colonial français, en effet,
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l’enseignement était obligatoirement dispensé en français, dans
touteslesmatièresetàtouslesniveaux(Champion,1974:260).
l’enseignement était obligatoirement dispensé en français, dans
touteslesmatièresetàtouslesniveaux(Champion,1974:260).
Mais la multiplicité des langues constituant un handicap
sérieux, on songea à s’orienter vers une des quatre langues à
vocationnationale:lekikongo,lelingala,lecilubàetleswahili.Un
arrêté royal du 10 juillet 1922 officialise ce principe de
l’enseignement en langues autochtones. Une enquête (De Jonghe,
1933:516517)révèleque,verscettedate,danslespetitsséminaires,
la langue indigène est utilisée comme véhicule de l’enseignement
pendantlestroispremièresannéesdusecondaireetn’estremplacée
par le français qu’à partir de la quatrième. Par après s’opéra une
certaine marche arrière et l’on finit par adopter une sorte de
compromis entre «l’européanisme» des premiers temps et
«l’indigénisme»quisuivit.Leprogrammede1948peutserattacher
àcettesolutiondujustemilieu(Faïk,1988:1516).
Mais la multiplicité des langues constituant un handicap
sérieux, on songea à s’orienter vers une des quatre langues à
vocationnationale:lekikongo,lelingala,lecilubàetleswahili.Un
arrêté royal du 10 juillet 1922 officialise ce principe de
l’enseignement en langues autochtones. Une enquête (De Jonghe,
1933:516517)révèleque,verscettedate,danslespetitsséminaires,
la langue indigène est utilisée comme véhicule de l’enseignement
pendantlestroispremièresannéesdusecondaireetn’estremplacée
par le français qu’à partir de la quatrième. Par après s’opéra une
certaine marche arrière et l’on finit par adopter une sorte de
compromis entre «l’européanisme» des premiers temps et
«l’indigénisme»quisuivit.Leprogrammede1948peutserattacher
àcettesolutiondujustemilieu(Faïk,1988:1516).
Les deux premières années de l’enseignement primaire se
font en langue locale. Durant les trois années suivantes,
l’enseignement se donne toujours en langues locales, mais
l’enseignement du français y est introduit. Au cours d’une sixième
année (facultative) préparatoire à la section moyenne,
l’enseignement du français s’intensifie. Le programme de 1948
impose le français comme langue d’enseignement et comme
première langue étudiée (sept à dix heures par semaine) dans
l’enseignementsecondaire,toutenmaintenantl’étuded’unelangue
culturellecongolaisedegrandeexpansion.
ȱ
Durantȱ laȱ deuxièmeȱ période,ȱ entreȱ 1948ȱ etȱ 1960 (Pierre
1997:320),onassisteàuneaccélérationdelapolitiqueeuropéaniste
et une intensification de l’usage du français. Les écoles moyennes
passentdequatreàsixansetinscriventàleurprogrammel’étudede
la littérature française. Plusieurs périodiques rédigés en français
s’adressent au public africain: Laȱ Croixȱ duȱ Congo,ȱ Laȱ Voixȱ duȱ
Congolais,ȱ Actualitésȱ africainesȱ à Kinshasa. C’est en 1955 que le
ministre des colonies, Auguste Buisseret, introduit l’école laïque au
Congo. Sa particularité est que l’enseignement y est entièrement
Les deux premières années de l’enseignement primaire se
font en langue locale. Durant les trois années suivantes,
l’enseignement se donne toujours en langues locales, mais
l’enseignement du français y est introduit. Au cours d’une sixième
année (facultative) préparatoire à la section moyenne,
l’enseignement du français s’intensifie. Le programme de 1948
impose le français comme langue d’enseignement et comme
première langue étudiée (sept à dix heures par semaine) dans
l’enseignementsecondaire,toutenmaintenantl’étuded’unelangue
culturellecongolaisedegrandeexpansion.
ȱ
Durantȱ laȱ deuxièmeȱ période,ȱ entreȱ 1948ȱ etȱ 1960 (Pierre
1997:320),onassisteàuneaccélérationdelapolitiqueeuropéaniste
et une intensification de l’usage du français. Les écoles moyennes
passentdequatreàsixansetinscriventàleurprogrammel’étudede
la littérature française. Plusieurs périodiques rédigés en français
s’adressent au public africain: Laȱ Croixȱ duȱ Congo,ȱ Laȱ Voixȱ duȱ
Congolais,ȱ Actualitésȱ africainesȱ à Kinshasa. C’est en 1955 que le
ministre des colonies, Auguste Buisseret, introduit l’école laïque au
Congo. Sa particularité est que l’enseignement y est entièrement
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l’enseignement était obligatoirement dispensé en français, dans
touteslesmatièresetàtouslesniveaux(Champion,1974:260).
l’enseignement était obligatoirement dispensé en français, dans
touteslesmatièresetàtouslesniveaux(Champion,1974:260).
Mais la multiplicité des langues constituant un handicap
sérieux, on songea à s’orienter vers une des quatre langues à
vocationnationale:lekikongo,lelingala,lecilubàetleswahili.Un
arrêté royal du 10 juillet 1922 officialise ce principe de
l’enseignement en langues autochtones. Une enquête (De Jonghe,
1933:516517)révèleque,verscettedate,danslespetitsséminaires,
la langue indigène est utilisée comme véhicule de l’enseignement
pendantlestroispremièresannéesdusecondaireetn’estremplacée
par le français qu’à partir de la quatrième. Par après s’opéra une
certaine marche arrière et l’on finit par adopter une sorte de
compromis entre «l’européanisme» des premiers temps et
«l’indigénisme»quisuivit.Leprogrammede1948peutserattacher
àcettesolutiondujustemilieu(Faïk,1988:1516).
Mais la multiplicité des langues constituant un handicap
sérieux, on songea à s’orienter vers une des quatre langues à
vocationnationale:lekikongo,lelingala,lecilubàetleswahili.Un
arrêté royal du 10 juillet 1922 officialise ce principe de
l’enseignement en langues autochtones. Une enquête (De Jonghe,
1933:516517)révèleque,verscettedate,danslespetitsséminaires,
la langue indigène est utilisée comme véhicule de l’enseignement
pendantlestroispremièresannéesdusecondaireetn’estremplacée
par le français qu’à partir de la quatrième. Par après s’opéra une
certaine marche arrière et l’on finit par adopter une sorte de
compromis entre «l’européanisme» des premiers temps et
«l’indigénisme»quisuivit.Leprogrammede1948peutserattacher
àcettesolutiondujustemilieu(Faïk,1988:1516).
Les deux premières années de l’enseignement primaire se
font en langue locale. Durant les trois années suivantes,
l’enseignement se donne toujours en langues locales, mais
l’enseignement du français y est introduit. Au cours d’une sixième
année (facultative) préparatoire à la section moyenne,
l’enseignement du français s’intensifie. Le programme de 1948
impose le français comme langue d’enseignement et comme
première langue étudiée (sept à dix heures par semaine) dans
l’enseignementsecondaire,toutenmaintenantl’étuded’unelangue
culturellecongolaisedegrandeexpansion.
ȱ
Durantȱ laȱ deuxièmeȱ période,ȱ entreȱ 1948ȱ etȱ 1960 (Pierre
1997:320),onassisteàuneaccélérationdelapolitiqueeuropéaniste
et une intensification de l’usage du français. Les écoles moyennes
passentdequatreàsixansetinscriventàleurprogrammel’étudede
la littérature française. Plusieurs périodiques rédigés en français
s’adressent au public africain: Laȱ Croixȱ duȱ Congo,ȱ Laȱ Voixȱ duȱ
Congolais,ȱ Actualitésȱ africainesȱ à Kinshasa. C’est en 1955 que le
ministre des colonies, Auguste Buisseret, introduit l’école laïque au
Congo. Sa particularité est que l’enseignement y est entièrement
Les deux premières années de l’enseignement primaire se
font en langue locale. Durant les trois années suivantes,
l’enseignement se donne toujours en langues locales, mais
l’enseignement du français y est introduit. Au cours d’une sixième
année (facultative) préparatoire à la section moyenne,
l’enseignement du français s’intensifie. Le programme de 1948
impose le français comme langue d’enseignement et comme
première langue étudiée (sept à dix heures par semaine) dans
l’enseignementsecondaire,toutenmaintenantl’étuded’unelangue
culturellecongolaisedegrandeexpansion.
ȱ
Durantȱ laȱ deuxièmeȱ période,ȱ entreȱ 1948ȱ etȱ 1960 (Pierre
1997:320),onassisteàuneaccélérationdelapolitiqueeuropéaniste
et une intensification de l’usage du français. Les écoles moyennes
passentdequatreàsixansetinscriventàleurprogrammel’étudede
la littérature française. Plusieurs périodiques rédigés en français
s’adressent au public africain: Laȱ Croixȱ duȱ Congo,ȱ Laȱ Voixȱ duȱ
Congolais,ȱ Actualitésȱ africainesȱ à Kinshasa. C’est en 1955 que le
ministre des colonies, Auguste Buisseret, introduit l’école laïque au
Congo. Sa particularité est que l’enseignement y est entièrement
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37
dispensé en français alors que, dans l’enseignement confessionnel,
seul existant au Congo de l’époque et monopole des missions
catholiques et protestantes, l’enseignement primaire et normal est,
comme nous l’avons vu, largement dispensé en langues
vernaculaires. L’école nouvelle remporta un vif succès du fait, sans
doute,quec’étaitlapremièrefoisquel’alternativelaïqueétaitofferte
aux Africains. C’est aussi à cette époque qu’est créée l’Université
Lovanium à l’initiative de l’Université de Louvain (Belgique) et à
l’opposé des colonies voisines qui envoyaient les Africains
poursuivreleursétudesdanslesuniversitéseuropéennes.
ȱ
Laȱ troisièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1960, avec
l’indépendance du pays. La bourgeoisie intellectuelle – enseignants
et anciens séminaristes – accède au pouvoir et fait du français la
langue officielle du pays. Dès 1962, une ordonnance présidentielle
écarteleslanguescongolaisesdel’école.Lefrançaisdevientl’unique
langue de l’enseignement du secteur primaire. Les nouveaux
dirigeants politiques voulaient en effet conjurer le tribalisme et le
pluralisme linguistique en favorisant l’emploi d’une «langue
unificatrice». De plus, la forte centralisation administrative rendait
nécessaire le recours à une langue considérée comme «neutre»
parce que «non congolaise». Enfin, la valorisation sociale du
français, jadis refusée aux «indigènes», exerça une profonde
attractionchezlesCongolaisfrancophilesquidésiraients’approprier
cette langue prestigieuse et génératrice de développement
économique.
dispensé en français alors que, dans l’enseignement confessionnel,
seul existant au Congo de l’époque et monopole des missions
catholiques et protestantes, l’enseignement primaire et normal est,
comme nous l’avons vu, largement dispensé en langues
vernaculaires. L’école nouvelle remporta un vif succès du fait, sans
doute,quec’étaitlapremièrefoisquel’alternativelaïqueétaitofferte
aux Africains. C’est aussi à cette époque qu’est créée l’Université
Lovanium à l’initiative de l’Université de Louvain (Belgique) et à
l’opposé des colonies voisines qui envoyaient les Africains
poursuivreleursétudesdanslesuniversitéseuropéennes.
ȱ
Laȱ troisièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1960, avec
l’indépendance du pays. La bourgeoisie intellectuelle – enseignants
et anciens séminaristes – accède au pouvoir et fait du français la
langue officielle du pays. Dès 1962, une ordonnance présidentielle
écarteleslanguescongolaisesdel’école.Lefrançaisdevientl’unique
langue de l’enseignement du secteur primaire. Les nouveaux
dirigeants politiques voulaient en effet conjurer le tribalisme et le
pluralisme linguistique en favorisant l’emploi d’une «langue
unificatrice». De plus, la forte centralisation administrative rendait
nécessaire le recours à une langue considérée comme «neutre»
parce que «non congolaise». Enfin, la valorisation sociale du
français, jadis refusée aux «indigènes», exerça une profonde
attractionchezlesCongolaisfrancophilesquidésiraients’approprier
cette langue prestigieuse et génératrice de développement
économique.
Mais plusieurs coups d’arrêt sont donnés à cette euphorie
francophone (Pierre, 1997: 321). En 19631964, la révolution
paysannedeMuleledansleKwilus’opposeàtoutcequiestétranger
etbourgeois,etdoncfrancophoneoufrancophile.En1967,lecongrès
de Luluabourg remet en cause le français dans l’enseignement
fondamental et prône un retour aux langues africaines. Les élites
veulent affirmer la vitalité des cultures négroafricaines, mais,
d’aprèsCharlesTschimanga(2001:288),l’affirmationdecesvaleurs
Mais plusieurs coups d’arrêt sont donnés à cette euphorie
francophone (Pierre, 1997: 321). En 19631964, la révolution
paysannedeMuleledansleKwilus’opposeàtoutcequiestétranger
etbourgeois,etdoncfrancophoneoufrancophile.En1967,lecongrès
de Luluabourg remet en cause le français dans l’enseignement
fondamental et prône un retour aux langues africaines. Les élites
veulent affirmer la vitalité des cultures négroafricaines, mais,
d’aprèsCharlesTschimanga(2001:288),l’affirmationdecesvaleurs
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dispensé en français alors que, dans l’enseignement confessionnel,
seul existant au Congo de l’époque et monopole des missions
catholiques et protestantes, l’enseignement primaire et normal est,
comme nous l’avons vu, largement dispensé en langues
vernaculaires. L’école nouvelle remporta un vif succès du fait, sans
doute,quec’étaitlapremièrefoisquel’alternativelaïqueétaitofferte
aux Africains. C’est aussi à cette époque qu’est créée l’Université
Lovanium à l’initiative de l’Université de Louvain (Belgique) et à
l’opposé des colonies voisines qui envoyaient les Africains
poursuivreleursétudesdanslesuniversitéseuropéennes.
ȱ
Laȱ troisièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1960, avec
l’indépendance du pays. La bourgeoisie intellectuelle – enseignants
et anciens séminaristes – accède au pouvoir et fait du français la
langue officielle du pays. Dès 1962, une ordonnance présidentielle
écarteleslanguescongolaisesdel’école.Lefrançaisdevientl’unique
langue de l’enseignement du secteur primaire. Les nouveaux
dirigeants politiques voulaient en effet conjurer le tribalisme et le
pluralisme linguistique en favorisant l’emploi d’une «langue
unificatrice». De plus, la forte centralisation administrative rendait
nécessaire le recours à une langue considérée comme «neutre»
parce que «non congolaise». Enfin, la valorisation sociale du
français, jadis refusée aux «indigènes», exerça une profonde
attractionchezlesCongolaisfrancophilesquidésiraients’approprier
cette langue prestigieuse et génératrice de développement
économique.
dispensé en français alors que, dans l’enseignement confessionnel,
seul existant au Congo de l’époque et monopole des missions
catholiques et protestantes, l’enseignement primaire et normal est,
comme nous l’avons vu, largement dispensé en langues
vernaculaires. L’école nouvelle remporta un vif succès du fait, sans
doute,quec’étaitlapremièrefoisquel’alternativelaïqueétaitofferte
aux Africains. C’est aussi à cette époque qu’est créée l’Université
Lovanium à l’initiative de l’Université de Louvain (Belgique) et à
l’opposé des colonies voisines qui envoyaient les Africains
poursuivreleursétudesdanslesuniversitéseuropéennes.
ȱ
Laȱ troisièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1960, avec
l’indépendance du pays. La bourgeoisie intellectuelle – enseignants
et anciens séminaristes – accède au pouvoir et fait du français la
langue officielle du pays. Dès 1962, une ordonnance présidentielle
écarteleslanguescongolaisesdel’école.Lefrançaisdevientl’unique
langue de l’enseignement du secteur primaire. Les nouveaux
dirigeants politiques voulaient en effet conjurer le tribalisme et le
pluralisme linguistique en favorisant l’emploi d’une «langue
unificatrice». De plus, la forte centralisation administrative rendait
nécessaire le recours à une langue considérée comme «neutre»
parce que «non congolaise». Enfin, la valorisation sociale du
français, jadis refusée aux «indigènes», exerça une profonde
attractionchezlesCongolaisfrancophilesquidésiraients’approprier
cette langue prestigieuse et génératrice de développement
économique.
Mais plusieurs coups d’arrêt sont donnés à cette euphorie
francophone (Pierre, 1997: 321). En 19631964, la révolution
paysannedeMuleledansleKwilus’opposeàtoutcequiestétranger
etbourgeois,etdoncfrancophoneoufrancophile.En1967,lecongrès
de Luluabourg remet en cause le français dans l’enseignement
fondamental et prône un retour aux langues africaines. Les élites
veulent affirmer la vitalité des cultures négroafricaines, mais,
d’aprèsCharlesTschimanga(2001:288),l’affirmationdecesvaleurs
Mais plusieurs coups d’arrêt sont donnés à cette euphorie
francophone (Pierre, 1997: 321). En 19631964, la révolution
paysannedeMuleledansleKwilus’opposeàtoutcequiestétranger
etbourgeois,etdoncfrancophoneoufrancophile.En1967,lecongrès
de Luluabourg remet en cause le français dans l’enseignement
fondamental et prône un retour aux langues africaines. Les élites
veulent affirmer la vitalité des cultures négroafricaines, mais,
d’aprèsCharlesTschimanga(2001:288),l’affirmationdecesvaleurs
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38
ne pouvait suffire pour faire contrepoids à un système mondial
dominéparlesvaleursdel’Occident.
ne pouvait suffire pour faire contrepoids à un système mondial
dominéparlesvaleursdel’Occident.
Cependant, àȱ partirȱ deȱ l’instaurationȱ deȱ laȱ dictatureȱ
mobutienneȱ versȱ 1970, la connaissance et la pratique du français
n’ont plus été des critères suffisants pouraccéder au travail etaux
postes de responsabilité. D’autres facteurs sont intervenus:
militantismepolitique,appartenanceethnique,pratiquedelalangue
duchefet,dèslors,l’imagedufrançaisliéeàlapromotionsocialeet
àlaprospéritééconomiqueachangé.Laquatrièmepériodecoïncide
avec la politique «d’authenticité», lancée par le Président Mobutu
pour galvaniser le nationalisme des Congolais: laȱ Républiqueȱ
démocratiqueȱ duȱ Congoȱ devientȱ leȱ Zaïreȱ enȱ 1970, les prénoms
étrangers, donc français pour la plupart, sont remplacés par des
nomsafricains:diplômes,intitulésdecompteenbanque,enseignes
de magasin vont changer. Bref, la prise du pouvoir politique par
Mobutu s’est traduite également par une prise du pouvoir
linguistique.
Cependant, àȱ partirȱ deȱ l’instaurationȱ deȱ laȱ dictatureȱ
mobutienneȱ versȱ 1970, la connaissance et la pratique du français
n’ont plus été des critères suffisants pouraccéder au travail etaux
postes de responsabilité. D’autres facteurs sont intervenus:
militantismepolitique,appartenanceethnique,pratiquedelalangue
duchefet,dèslors,l’imagedufrançaisliéeàlapromotionsocialeet
àlaprospéritééconomiqueachangé.Laquatrièmepériodecoïncide
avec la politique «d’authenticité», lancée par le Président Mobutu
pour galvaniser le nationalisme des Congolais: laȱ Républiqueȱ
démocratiqueȱ duȱ Congoȱ devientȱ leȱ Zaïreȱ enȱ 1970, les prénoms
étrangers, donc français pour la plupart, sont remplacés par des
nomsafricains:diplômes,intitulésdecompteenbanque,enseignes
de magasin vont changer. Bref, la prise du pouvoir politique par
Mobutu s’est traduite également par une prise du pouvoir
linguistique.
Cette idéologie du recours à l’authenticité entraîna
apparemment la valorisation des langues nationales et remit en
questionlemonopoledufrançais.Ledomainedel’enseignementfut
partiellementtouché.Aprèsavoirétéexcluesdepuis1962,lesquatre
langues nationales furent réintégrées officiellement dans
l’enseignement primaire, mais elles restèrent confinées aux deux
premières années du primaire. Pour que le recours à l’authenticité
devienne un nouvel ordre linguistique, il aurait fallu qu’il dépasse
les formes superficielles et limitées des termes africanisés et qu’il
consacrât les langues nationales comme des facteurs de
développementsocialetéconomique.
Cette idéologie du recours à l’authenticité entraîna
apparemment la valorisation des langues nationales et remit en
questionlemonopoledufrançais.Ledomainedel’enseignementfut
partiellementtouché.Aprèsavoirétéexcluesdepuis1962,lesquatre
langues nationales furent réintégrées officiellement dans
l’enseignement primaire, mais elles restèrent confinées aux deux
premières années du primaire. Pour que le recours à l’authenticité
devienne un nouvel ordre linguistique, il aurait fallu qu’il dépasse
les formes superficielles et limitées des termes africanisés et qu’il
consacrât les langues nationales comme des facteurs de
développementsocialetéconomique.
Par ailleurs, c’est suite à la visite du président Giscard
d’Estaing,en1976,queseradécidéelaconstructiondela«Voixdu
Zaïre»,puissantémetteurderadiotélévision,financéparlaFrance,
etinstrumentnonéquivoquedelavolontédegarderlepaysdansle
giron de la francophonie. Malgré la zaïrisation linguistique, le
Par ailleurs, c’est suite à la visite du président Giscard
d’Estaing,en1976,queseradécidéelaconstructiondela«Voixdu
Zaïre»,puissantémetteurderadiotélévision,financéparlaFrance,
etinstrumentnonéquivoquedelavolontédegarderlepaysdansle
giron de la francophonie. Malgré la zaïrisation linguistique, le
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ne pouvait suffire pour faire contrepoids à un système mondial
dominéparlesvaleursdel’Occident.
ne pouvait suffire pour faire contrepoids à un système mondial
dominéparlesvaleursdel’Occident.
Cependant, àȱ partirȱ deȱ l’instaurationȱ deȱ laȱ dictatureȱ
mobutienneȱ versȱ 1970, la connaissance et la pratique du français
n’ont plus été des critères suffisants pouraccéder au travail etaux
postes de responsabilité. D’autres facteurs sont intervenus:
militantismepolitique,appartenanceethnique,pratiquedelalangue
duchefet,dèslors,l’imagedufrançaisliéeàlapromotionsocialeet
àlaprospéritééconomiqueachangé.Laquatrièmepériodecoïncide
avec la politique «d’authenticité», lancée par le Président Mobutu
pour galvaniser le nationalisme des Congolais: laȱ Républiqueȱ
démocratiqueȱ duȱ Congoȱ devientȱ leȱ Zaïreȱ enȱ 1970, les prénoms
étrangers, donc français pour la plupart, sont remplacés par des
nomsafricains:diplômes,intitulésdecompteenbanque,enseignes
de magasin vont changer. Bref, la prise du pouvoir politique par
Mobutu s’est traduite également par une prise du pouvoir
linguistique.
Cependant, àȱ partirȱ deȱ l’instaurationȱ deȱ laȱ dictatureȱ
mobutienneȱ versȱ 1970, la connaissance et la pratique du français
n’ont plus été des critères suffisants pouraccéder au travail etaux
postes de responsabilité. D’autres facteurs sont intervenus:
militantismepolitique,appartenanceethnique,pratiquedelalangue
duchefet,dèslors,l’imagedufrançaisliéeàlapromotionsocialeet
àlaprospéritééconomiqueachangé.Laquatrièmepériodecoïncide
avec la politique «d’authenticité», lancée par le Président Mobutu
pour galvaniser le nationalisme des Congolais: laȱ Républiqueȱ
démocratiqueȱ duȱ Congoȱ devientȱ leȱ Zaïreȱ enȱ 1970, les prénoms
étrangers, donc français pour la plupart, sont remplacés par des
nomsafricains:diplômes,intitulésdecompteenbanque,enseignes
de magasin vont changer. Bref, la prise du pouvoir politique par
Mobutu s’est traduite également par une prise du pouvoir
linguistique.
Cette idéologie du recours à l’authenticité entraîna
apparemment la valorisation des langues nationales et remit en
questionlemonopoledufrançais.Ledomainedel’enseignementfut
partiellementtouché.Aprèsavoirétéexcluesdepuis1962,lesquatre
langues nationales furent réintégrées officiellement dans
l’enseignement primaire, mais elles restèrent confinées aux deux
premières années du primaire. Pour que le recours à l’authenticité
devienne un nouvel ordre linguistique, il aurait fallu qu’il dépasse
les formes superficielles et limitées des termes africanisés et qu’il
consacrât les langues nationales comme des facteurs de
développementsocialetéconomique.
Cette idéologie du recours à l’authenticité entraîna
apparemment la valorisation des langues nationales et remit en
questionlemonopoledufrançais.Ledomainedel’enseignementfut
partiellementtouché.Aprèsavoirétéexcluesdepuis1962,lesquatre
langues nationales furent réintégrées officiellement dans
l’enseignement primaire, mais elles restèrent confinées aux deux
premières années du primaire. Pour que le recours à l’authenticité
devienne un nouvel ordre linguistique, il aurait fallu qu’il dépasse
les formes superficielles et limitées des termes africanisés et qu’il
consacrât les langues nationales comme des facteurs de
développementsocialetéconomique.
Par ailleurs, c’est suite à la visite du président Giscard
d’Estaing,en1976,queseradécidéelaconstructiondela«Voixdu
Zaïre»,puissantémetteurderadiotélévision,financéparlaFrance,
etinstrumentnonéquivoquedelavolontédegarderlepaysdansle
giron de la francophonie. Malgré la zaïrisation linguistique, le
Par ailleurs, c’est suite à la visite du président Giscard
d’Estaing,en1976,queseradécidéelaconstructiondela«Voixdu
Zaïre»,puissantémetteurderadiotélévision,financéparlaFrance,
etinstrumentnonéquivoquedelavolontédegarderlepaysdansle
giron de la francophonie. Malgré la zaïrisation linguistique, le
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39
françaisrevintenforceetfutenseignéàl’oralàraisond’unedemi
heure par jour dans les deux premières années du primaire et fut
introduit progressivement à l’écrit en troisième année pour devenir
l’uniquelangued’enseignementencinquièmeannée.Ausecondaire,
leslanguesnationalesn’ontjamaisétéenseignées.
Laȱ cinquièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1985 et marque le
déclindel’authenticité.Nousl’évoquonsrapidementcarellesortdu
cadre chronologique de notre propos. Durant un colloque consacré
au thème «Linguistique et Société», juristes, politiciens, généraux
plaident pour les langues nationales. Mais, un mois après, une
circulaire du Ministère de l’Education enjoint de renforcer le
français: cette circulaire fut comprise par les inspecteurs comme
entraînantlasuppressiondeslanguesafricainesdontl’enseignement
avaitétépéniblementmisenplace.
Le français est devenu l’unique langue du parlement et du
gouvernement,maisaussicelledel’Administration,del’école,dela
grandepresse,etc.,audétrimentdeslanguesnationales.C’estcequi
fait dire à Mwatha Musanji Ngalasso (1986: 627), un linguiste
d’originecongolaise,que,decepointdevuelà,laȱfrancophonieȱauȱ
Congo,ȱdansȱceȱqu’elleȱaȱaujourd’huiȱdeȱplusȱconquérant,ȱestȱbienȱ
uneȱ inventionȱ postȬcoloniale.ȱ Cette politique du français s’est
poursuivie, essentiellement par décrets, jusque vers le milieu des
années70.Defait,lesBelgesn’ontjamaisvouluimposerlefrançais
aux«indigènes»sousprétextedenepaslesdéraciner.
LAȱ FRANCOPHONIEȱ AUȱ CONGOȬKINSHASAȱ (DEȱ 1945ȱ
Àȱ1960)ȱ
ȱ
Surleterrain,laplupartdesCongolaispratiquentdoncune
diglossie déséquilibrée, sinon une triglossie lorsqu’ils savent le
français (Calvet, 1998: 738). Ainsi, ils emploient leur langue
maternelle (ou ethnique) dans les relations familiales ou
interethniques, mais la langue véhiculaire régionale (kikongo,
lingala,swahilietcilubà)danslavieurbaineengénéral:commerce,
40
françaisrevintenforceetfutenseignéàl’oralàraisond’unedemi
heure par jour dans les deux premières années du primaire et fut
introduit progressivement à l’écrit en troisième année pour devenir
l’uniquelangued’enseignementencinquièmeannée.Ausecondaire,
leslanguesnationalesn’ontjamaisétéenseignées.
Laȱ cinquièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1985 et marque le
déclindel’authenticité.Nousl’évoquonsrapidementcarellesortdu
cadre chronologique de notre propos. Durant un colloque consacré
au thème «Linguistique et Société», juristes, politiciens, généraux
plaident pour les langues nationales. Mais, un mois après, une
circulaire du Ministère de l’Education enjoint de renforcer le
français: cette circulaire fut comprise par les inspecteurs comme
entraînantlasuppressiondeslanguesafricainesdontl’enseignement
avaitétépéniblementmisenplace.
Le français est devenu l’unique langue du parlement et du
gouvernement,maisaussicelledel’Administration,del’école,dela
grandepresse,etc.,audétrimentdeslanguesnationales.C’estcequi
fait dire à Mwatha Musanji Ngalasso (1986: 627), un linguiste
d’originecongolaise,que,decepointdevuelà,laȱfrancophonieȱauȱ
Congo,ȱdansȱceȱqu’elleȱaȱaujourd’huiȱdeȱplusȱconquérant,ȱestȱbienȱ
uneȱ inventionȱ postȬcoloniale.ȱ Cette politique du français s’est
poursuivie, essentiellement par décrets, jusque vers le milieu des
années70.Defait,lesBelgesn’ontjamaisvouluimposerlefrançais
aux«indigènes»sousprétextedenepaslesdéraciner.
LAȱ FRANCOPHONIEȱ AUȱ CONGOȬKINSHASAȱ (DEȱ 1945ȱ
Àȱ1960)ȱ
ȱ
Surleterrain,laplupartdesCongolaispratiquentdoncune
diglossie déséquilibrée, sinon une triglossie lorsqu’ils savent le
français (Calvet, 1998: 738). Ainsi, ils emploient leur langue
maternelle (ou ethnique) dans les relations familiales ou
interethniques, mais la langue véhiculaire régionale (kikongo,
lingala,swahilietcilubà)danslavieurbaineengénéral:commerce,
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françaisrevintenforceetfutenseignéàl’oralàraisond’unedemi
heure par jour dans les deux premières années du primaire et fut
introduit progressivement à l’écrit en troisième année pour devenir
l’uniquelangued’enseignementencinquièmeannée.Ausecondaire,
leslanguesnationalesn’ontjamaisétéenseignées.
Laȱ cinquièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1985 et marque le
déclindel’authenticité.Nousl’évoquonsrapidementcarellesortdu
cadre chronologique de notre propos. Durant un colloque consacré
au thème «Linguistique et Société», juristes, politiciens, généraux
plaident pour les langues nationales. Mais, un mois après, une
circulaire du Ministère de l’Education enjoint de renforcer le
français: cette circulaire fut comprise par les inspecteurs comme
entraînantlasuppressiondeslanguesafricainesdontl’enseignement
avaitétépéniblementmisenplace.
Le français est devenu l’unique langue du parlement et du
gouvernement,maisaussicelledel’Administration,del’école,dela
grandepresse,etc.,audétrimentdeslanguesnationales.C’estcequi
fait dire à Mwatha Musanji Ngalasso (1986: 627), un linguiste
d’originecongolaise,que,decepointdevuelà,laȱfrancophonieȱauȱ
Congo,ȱdansȱceȱqu’elleȱaȱaujourd’huiȱdeȱplusȱconquérant,ȱestȱbienȱ
uneȱ inventionȱ postȬcoloniale.ȱ Cette politique du français s’est
poursuivie, essentiellement par décrets, jusque vers le milieu des
années70.Defait,lesBelgesn’ontjamaisvouluimposerlefrançais
aux«indigènes»sousprétextedenepaslesdéraciner.
LAȱ FRANCOPHONIEȱ AUȱ CONGOȬKINSHASAȱ (DEȱ 1945ȱ
Àȱ1960)ȱ
ȱ
Surleterrain,laplupartdesCongolaispratiquentdoncune
diglossie déséquilibrée, sinon une triglossie lorsqu’ils savent le
français (Calvet, 1998: 738). Ainsi, ils emploient leur langue
maternelle (ou ethnique) dans les relations familiales ou
interethniques, mais la langue véhiculaire régionale (kikongo,
lingala,swahilietcilubà)danslavieurbaineengénéral:commerce,
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françaisrevintenforceetfutenseignéàl’oralàraisond’unedemi
heure par jour dans les deux premières années du primaire et fut
introduit progressivement à l’écrit en troisième année pour devenir
l’uniquelangued’enseignementencinquièmeannée.Ausecondaire,
leslanguesnationalesn’ontjamaisétéenseignées.
Laȱ cinquièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1985 et marque le
déclindel’authenticité.Nousl’évoquonsrapidementcarellesortdu
cadre chronologique de notre propos. Durant un colloque consacré
au thème «Linguistique et Société», juristes, politiciens, généraux
plaident pour les langues nationales. Mais, un mois après, une
circulaire du Ministère de l’Education enjoint de renforcer le
français: cette circulaire fut comprise par les inspecteurs comme
entraînantlasuppressiondeslanguesafricainesdontl’enseignement
avaitétépéniblementmisenplace.
Le français est devenu l’unique langue du parlement et du
gouvernement,maisaussicelledel’Administration,del’école,dela
grandepresse,etc.,audétrimentdeslanguesnationales.C’estcequi
fait dire à Mwatha Musanji Ngalasso (1986: 627), un linguiste
d’originecongolaise,que,decepointdevuelà,laȱfrancophonieȱauȱ
Congo,ȱdansȱceȱqu’elleȱaȱaujourd’huiȱdeȱplusȱconquérant,ȱestȱbienȱ
uneȱ inventionȱ postȬcoloniale.ȱ Cette politique du français s’est
poursuivie, essentiellement par décrets, jusque vers le milieu des
années70.Defait,lesBelgesn’ontjamaisvouluimposerlefrançais
aux«indigènes»sousprétextedenepaslesdéraciner.
LAȱ FRANCOPHONIEȱ AUȱ CONGOȬKINSHASAȱ (DEȱ 1945ȱ
Àȱ1960)ȱ
ȱ
Surleterrain,laplupartdesCongolaispratiquentdoncune
diglossie déséquilibrée, sinon une triglossie lorsqu’ils savent le
français (Calvet, 1998: 738). Ainsi, ils emploient leur langue
maternelle (ou ethnique) dans les relations familiales ou
interethniques, mais la langue véhiculaire régionale (kikongo,
lingala,swahilietcilubà)danslavieurbaineengénéral:commerce,
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administration locale, éducation (premier cycle du primaire). Pour
ceuxquisaventlefrançais(triglossie),employercettelanguedonne
automatiquement accès à toutes les sphères du pouvoir et de la
connaissance.Lefrançaisestencore,danslesfaits,lalanguedel’Etat
etdudroit.
administration locale, éducation (premier cycle du primaire). Pour
ceuxquisaventlefrançais(triglossie),employercettelanguedonne
automatiquement accès à toutes les sphères du pouvoir et de la
connaissance.Lefrançaisestencore,danslesfaits,lalanguedel’Etat
etdudroit.
En dehors des secteurs officiel, scolaire et scientifique, c’est
surtout dans les mass media que le français occupe une place
privilégiée (Faïk, 1988: 23). Le CongoKinshasa est membre de
l’Union Internationale des Journalistes et de la Presse de Langue
Française. Les journaux sont presque exclusivement rédigés en
français.Maislasituationestsensiblementdifférenteàlaradioetàla
télévision où le français semble n’occuper que 60% du temps de
parole.Quantauxchansons,selondesestimationsassezsûres,elles
sont en lingala, la chanson française étant pratiquement exclue. En
revanche,lesfilms,tantceuxdelatélévisionqueceuxprojetésdans
les cinémas, sont toujours en français. Au CongoKinshasa, le
français est donc beaucoup plus lu et entendu qu’il n’est parlé et
écrit.
En dehors des secteurs officiel, scolaire et scientifique, c’est
surtout dans les mass media que le français occupe une place
privilégiée (Faïk, 1988: 23). Le CongoKinshasa est membre de
l’Union Internationale des Journalistes et de la Presse de Langue
Française. Les journaux sont presque exclusivement rédigés en
français.Maislasituationestsensiblementdifférenteàlaradioetàla
télévision où le français semble n’occuper que 60% du temps de
parole.Quantauxchansons,selondesestimationsassezsûres,elles
sont en lingala, la chanson française étant pratiquement exclue. En
revanche,lesfilms,tantceuxdelatélévisionqueceuxprojetésdans
les cinémas, sont toujours en français. Au CongoKinshasa, le
français est donc beaucoup plus lu et entendu qu’il n’est parlé et
écrit.
C’estȱdansȱleȱdomaineȱculturelȱetȱparticulièrementȱlittéraireȱ
queȱ ceȱ paysȱ ressortitȱ àȱ laȱ francophonie. Comme le propose la
thématiquedececolloque,nousallons,pourlemontrer,nouslimiter
à la période allant de 1945 à 1970. C’est Silvia Riva qui, dans sa
Nouvelleȱ histoireȱ deȱ laȱ littératureȱ duȱ CongoȬKinshasa (2006) et Mukala
KadimaNzuji,dansLaȱLittératureȱzaïroiseȱfrançaiseȱ(1984)quiontété
nosprincipalessourcesd’informations.
C’estȱdansȱleȱdomaineȱculturelȱetȱparticulièrementȱlittéraireȱ
queȱ ceȱ paysȱ ressortitȱ àȱ laȱ francophonie. Comme le propose la
thématiquedececolloque,nousallons,pourlemontrer,nouslimiter
à la période allant de 1945 à 1970. C’est Silvia Riva qui, dans sa
Nouvelleȱ histoireȱ deȱ laȱ littératureȱ duȱ CongoȬKinshasa (2006) et Mukala
KadimaNzuji,dansLaȱLittératureȱzaïroiseȱfrançaiseȱ(1984)quiontété
nosprincipalessourcesd’informations.
Vers 1945, avec près de dix ans de retard sur l’Afrique
française,denombreusesassociationsd’anciensélèvesvirentlejour
dans les plus grands centres urbains de la colonie belge, et en
particulier à Léopoldville, la capitale (aujourd’hui, Kinshasa).
L’AdministrationbelgeconfiaaugouverneurJeanPaulQuixlatâche
d’instituer un comité de contrôle des activités culturelles. Celuici
prendra le nom de Laȱ Voixȱ duȱ Congolais, du nom de la revue que
fonda Quix. On peut retenir, sur la production poétique de cette
revue, le jugement exprimé par Mukala KadimaNzuji(1986: 90):
«conformisme des thèmes et du style, (…) complaisance dans une
Vers 1945, avec près de dix ans de retard sur l’Afrique
française,denombreusesassociationsd’anciensélèvesvirentlejour
dans les plus grands centres urbains de la colonie belge, et en
particulier à Léopoldville, la capitale (aujourd’hui, Kinshasa).
L’AdministrationbelgeconfiaaugouverneurJeanPaulQuixlatâche
d’instituer un comité de contrôle des activités culturelles. Celuici
prendra le nom de Laȱ Voixȱ duȱ Congolais, du nom de la revue que
fonda Quix. On peut retenir, sur la production poétique de cette
revue, le jugement exprimé par Mukala KadimaNzuji(1986: 90):
«conformisme des thèmes et du style, (…) complaisance dans une
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administration locale, éducation (premier cycle du primaire). Pour
ceuxquisaventlefrançais(triglossie),employercettelanguedonne
automatiquement accès à toutes les sphères du pouvoir et de la
connaissance.Lefrançaisestencore,danslesfaits,lalanguedel’Etat
etdudroit.
administration locale, éducation (premier cycle du primaire). Pour
ceuxquisaventlefrançais(triglossie),employercettelanguedonne
automatiquement accès à toutes les sphères du pouvoir et de la
connaissance.Lefrançaisestencore,danslesfaits,lalanguedel’Etat
etdudroit.
En dehors des secteurs officiel, scolaire et scientifique, c’est
surtout dans les mass media que le français occupe une place
privilégiée (Faïk, 1988: 23). Le CongoKinshasa est membre de
l’Union Internationale des Journalistes et de la Presse de Langue
Française. Les journaux sont presque exclusivement rédigés en
français.Maislasituationestsensiblementdifférenteàlaradioetàla
télévision où le français semble n’occuper que 60% du temps de
parole.Quantauxchansons,selondesestimationsassezsûres,elles
sont en lingala, la chanson française étant pratiquement exclue. En
revanche,lesfilms,tantceuxdelatélévisionqueceuxprojetésdans
les cinémas, sont toujours en français. Au CongoKinshasa, le
français est donc beaucoup plus lu et entendu qu’il n’est parlé et
écrit.
En dehors des secteurs officiel, scolaire et scientifique, c’est
surtout dans les mass media que le français occupe une place
privilégiée (Faïk, 1988: 23). Le CongoKinshasa est membre de
l’Union Internationale des Journalistes et de la Presse de Langue
Française. Les journaux sont presque exclusivement rédigés en
français.Maislasituationestsensiblementdifférenteàlaradioetàla
télévision où le français semble n’occuper que 60% du temps de
parole.Quantauxchansons,selondesestimationsassezsûres,elles
sont en lingala, la chanson française étant pratiquement exclue. En
revanche,lesfilms,tantceuxdelatélévisionqueceuxprojetésdans
les cinémas, sont toujours en français. Au CongoKinshasa, le
français est donc beaucoup plus lu et entendu qu’il n’est parlé et
écrit.
C’estȱdansȱleȱdomaineȱculturelȱetȱparticulièrementȱlittéraireȱ
queȱ ceȱ paysȱ ressortitȱ àȱ laȱ francophonie. Comme le propose la
thématiquedececolloque,nousallons,pourlemontrer,nouslimiter
à la période allant de 1945 à 1970. C’est Silvia Riva qui, dans sa
Nouvelleȱ histoireȱ deȱ laȱ littératureȱ duȱ CongoȬKinshasa (2006) et Mukala
KadimaNzuji,dansLaȱLittératureȱzaïroiseȱfrançaiseȱ(1984)quiontété
nosprincipalessourcesd’informations.
C’estȱdansȱleȱdomaineȱculturelȱetȱparticulièrementȱlittéraireȱ
queȱ ceȱ paysȱ ressortitȱ àȱ laȱ francophonie. Comme le propose la
thématiquedececolloque,nousallons,pourlemontrer,nouslimiter
à la période allant de 1945 à 1970. C’est Silvia Riva qui, dans sa
Nouvelleȱ histoireȱ deȱ laȱ littératureȱ duȱ CongoȬKinshasa (2006) et Mukala
KadimaNzuji,dansLaȱLittératureȱzaïroiseȱfrançaiseȱ(1984)quiontété
nosprincipalessourcesd’informations.
Vers 1945, avec près de dix ans de retard sur l’Afrique
française,denombreusesassociationsd’anciensélèvesvirentlejour
dans les plus grands centres urbains de la colonie belge, et en
particulier à Léopoldville, la capitale (aujourd’hui, Kinshasa).
L’AdministrationbelgeconfiaaugouverneurJeanPaulQuixlatâche
d’instituer un comité de contrôle des activités culturelles. Celuici
prendra le nom de Laȱ Voixȱ duȱ Congolais, du nom de la revue que
fonda Quix. On peut retenir, sur la production poétique de cette
revue, le jugement exprimé par Mukala KadimaNzuji(1986: 90):
«conformisme des thèmes et du style, (…) complaisance dans une
Vers 1945, avec près de dix ans de retard sur l’Afrique
française,denombreusesassociationsd’anciensélèvesvirentlejour
dans les plus grands centres urbains de la colonie belge, et en
particulier à Léopoldville, la capitale (aujourd’hui, Kinshasa).
L’AdministrationbelgeconfiaaugouverneurJeanPaulQuixlatâche
d’instituer un comité de contrôle des activités culturelles. Celuici
prendra le nom de Laȱ Voixȱ duȱ Congolais, du nom de la revue que
fonda Quix. On peut retenir, sur la production poétique de cette
revue, le jugement exprimé par Mukala KadimaNzuji(1986: 90):
«conformisme des thèmes et du style, (…) complaisance dans une
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prosodie surannée.» Maisȱ laȱ rédactionȱ deȱ laȱ revueȱ découvriraȱ leȱ
mouvementȱ surréalisteȱ etȱ laȱ Négritudeȱ àȱ partirȱ deȱ 1953ȱ etȱ
consacreraȱ uneȱ sérieȱ deȱ monographiesȱ àȱ desȱ écrivainsȱ
francophonesȱ confirmésȱ: René Maran, Aimé Césaire, Birago Diop,
Gilbert Gatiant, Martial Sinda, premier poète noir de l’AEF, etc. Ce
sontcesessaisquireprésententlavéritablecontributiondelarevueà
l’histoire littéraire du CongoKinshasa. L’ouverture au monde
africain et à celui des Caraïbes servit de stimulation aux jeunes
écrivains.
prosodie surannée.» Maisȱ laȱ rédactionȱ deȱ laȱ revueȱ découvriraȱ leȱ
mouvementȱ surréalisteȱ etȱ laȱ Négritudeȱ àȱ partirȱ deȱ 1953ȱ etȱ
consacreraȱ uneȱ sérieȱ deȱ monographiesȱ àȱ desȱ écrivainsȱ
francophonesȱ confirmésȱ: René Maran, Aimé Césaire, Birago Diop,
Gilbert Gatiant, Martial Sinda, premier poète noir de l’AEF, etc. Ce
sontcesessaisquireprésententlavéritablecontributiondelarevueà
l’histoire littéraire du CongoKinshasa. L’ouverture au monde
africain et à celui des Caraïbes servit de stimulation aux jeunes
écrivains.
En 1946, à Elisabethville, une association culturelle est
fondée,l’UnionAfricainedesArtsetdesLettres(l’UAAL),visantà
«promouvoir et diffuser les ouvrages et les œuvres artistiques des
écrivains et artistes établis au Congo belge et au RuandaUrundi».
Cette association entretenait des rapports étroits avec le reste du
mondeafricainfrancophonegrâceàlacollaborationd’organisations
internationales(surtoutl’Unesco)etd’institutsprivésfrançais.Cette
sociétédisposaitégalementd’unorganedepresse,JeuneȱAfrique,ȱqui
se proposait, «partant du Congo, de construire à l’échelle de
l’Afriqueetdedévelopperlesqualitésculturellesdespeuplesnoirs
envued’arriveràunemeilleurecompréhensiondeleursaspirations
spirituelles et à une interpénétration des continents par le
rayonnement donné aux Arts et Lettres, source de pacifiques
espérancesȱ».ȱLaȱligneȱéditorialeȱcorrespondaitȱauxȱaspirationsȱqueȱ
nourrissaitȱ àȱ ceȱ momentȱ leȱ mouvementȱ deȱ laȱ Négritude. Il n’est
donc pas surprenant que le numéro d’octobre 1949 contienne une
poésie de Léopold Sédar Senghor («Teddungal») ou que l’un des
plusgrandspersonnagesdelaNégritudecongolaise,AntoineRoger
Bolamba(auteurdeEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays),aittrouvéen1953
un grand espace dans les pages de Jeuneȱ Afriqueȱ pour exposer son
esthétique.
En 1946, à Elisabethville, une association culturelle est
fondée,l’UnionAfricainedesArtsetdesLettres(l’UAAL),visantà
«promouvoir et diffuser les ouvrages et les œuvres artistiques des
écrivains et artistes établis au Congo belge et au RuandaUrundi».
Cette association entretenait des rapports étroits avec le reste du
mondeafricainfrancophonegrâceàlacollaborationd’organisations
internationales(surtoutl’Unesco)etd’institutsprivésfrançais.Cette
sociétédisposaitégalementd’unorganedepresse,JeuneȱAfrique,ȱqui
se proposait, «partant du Congo, de construire à l’échelle de
l’Afriqueetdedévelopperlesqualitésculturellesdespeuplesnoirs
envued’arriveràunemeilleurecompréhensiondeleursaspirations
spirituelles et à une interpénétration des continents par le
rayonnement donné aux Arts et Lettres, source de pacifiques
espérancesȱ».ȱLaȱligneȱéditorialeȱcorrespondaitȱauxȱaspirationsȱqueȱ
nourrissaitȱ àȱ ceȱ momentȱ leȱ mouvementȱ deȱ laȱ Négritude. Il n’est
donc pas surprenant que le numéro d’octobre 1949 contienne une
poésie de Léopold Sédar Senghor («Teddungal») ou que l’un des
plusgrandspersonnagesdelaNégritudecongolaise,AntoineRoger
Bolamba(auteurdeEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays),aittrouvéen1953
un grand espace dans les pages de Jeuneȱ Afriqueȱ pour exposer son
esthétique.
NéeàLevervilleen1943,laBibliothèquedel’Etoilepubliait
descollectionsdiversesdontl’une,«l’Etoile»,seconsacraitautantà
la littérature et aux problèmes linguistiques qu’aux discussions
scientifiques,historiquesetsociales.Onytrouvaitdesextraitsetdes
traductions des classiques de la littérature française et mondiale (laȱ
NéeàLevervilleen1943,laBibliothèquedel’Etoilepubliait
descollectionsdiversesdontl’une,«l’Etoile»,seconsacraitautantà
la littérature et aux problèmes linguistiques qu’aux discussions
scientifiques,historiquesetsociales.Onytrouvaitdesextraitsetdes
traductions des classiques de la littérature française et mondiale (laȱ
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prosodie surannée.» Maisȱ laȱ rédactionȱ deȱ laȱ revueȱ découvriraȱ leȱ
mouvementȱ surréalisteȱ etȱ laȱ Négritudeȱ àȱ partirȱ deȱ 1953ȱ etȱ
consacreraȱ uneȱ sérieȱ deȱ monographiesȱ àȱ desȱ écrivainsȱ
francophonesȱ confirmésȱ: René Maran, Aimé Césaire, Birago Diop,
Gilbert Gatiant, Martial Sinda, premier poète noir de l’AEF, etc. Ce
sontcesessaisquireprésententlavéritablecontributiondelarevueà
l’histoire littéraire du CongoKinshasa. L’ouverture au monde
africain et à celui des Caraïbes servit de stimulation aux jeunes
écrivains.
prosodie surannée.» Maisȱ laȱ rédactionȱ deȱ laȱ revueȱ découvriraȱ leȱ
mouvementȱ surréalisteȱ etȱ laȱ Négritudeȱ àȱ partirȱ deȱ 1953ȱ etȱ
consacreraȱ uneȱ sérieȱ deȱ monographiesȱ àȱ desȱ écrivainsȱ
francophonesȱ confirmésȱ: René Maran, Aimé Césaire, Birago Diop,
Gilbert Gatiant, Martial Sinda, premier poète noir de l’AEF, etc. Ce
sontcesessaisquireprésententlavéritablecontributiondelarevueà
l’histoire littéraire du CongoKinshasa. L’ouverture au monde
africain et à celui des Caraïbes servit de stimulation aux jeunes
écrivains.
En 1946, à Elisabethville, une association culturelle est
fondée,l’UnionAfricainedesArtsetdesLettres(l’UAAL),visantà
«promouvoir et diffuser les ouvrages et les œuvres artistiques des
écrivains et artistes établis au Congo belge et au RuandaUrundi».
Cette association entretenait des rapports étroits avec le reste du
mondeafricainfrancophonegrâceàlacollaborationd’organisations
internationales(surtoutl’Unesco)etd’institutsprivésfrançais.Cette
sociétédisposaitégalementd’unorganedepresse,JeuneȱAfrique,ȱqui
se proposait, «partant du Congo, de construire à l’échelle de
l’Afriqueetdedévelopperlesqualitésculturellesdespeuplesnoirs
envued’arriveràunemeilleurecompréhensiondeleursaspirations
spirituelles et à une interpénétration des continents par le
rayonnement donné aux Arts et Lettres, source de pacifiques
espérancesȱ».ȱLaȱligneȱéditorialeȱcorrespondaitȱauxȱaspirationsȱqueȱ
nourrissaitȱ àȱ ceȱ momentȱ leȱ mouvementȱ deȱ laȱ Négritude. Il n’est
donc pas surprenant que le numéro d’octobre 1949 contienne une
poésie de Léopold Sédar Senghor («Teddungal») ou que l’un des
plusgrandspersonnagesdelaNégritudecongolaise,AntoineRoger
Bolamba(auteurdeEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays),aittrouvéen1953
un grand espace dans les pages de Jeuneȱ Afriqueȱ pour exposer son
esthétique.
En 1946, à Elisabethville, une association culturelle est
fondée,l’UnionAfricainedesArtsetdesLettres(l’UAAL),visantà
«promouvoir et diffuser les ouvrages et les œuvres artistiques des
écrivains et artistes établis au Congo belge et au RuandaUrundi».
Cette association entretenait des rapports étroits avec le reste du
mondeafricainfrancophonegrâceàlacollaborationd’organisations
internationales(surtoutl’Unesco)etd’institutsprivésfrançais.Cette
sociétédisposaitégalementd’unorganedepresse,JeuneȱAfrique,ȱqui
se proposait, «partant du Congo, de construire à l’échelle de
l’Afriqueetdedévelopperlesqualitésculturellesdespeuplesnoirs
envued’arriveràunemeilleurecompréhensiondeleursaspirations
spirituelles et à une interpénétration des continents par le
rayonnement donné aux Arts et Lettres, source de pacifiques
espérancesȱ».ȱLaȱligneȱéditorialeȱcorrespondaitȱauxȱaspirationsȱqueȱ
nourrissaitȱ àȱ ceȱ momentȱ leȱ mouvementȱ deȱ laȱ Négritude. Il n’est
donc pas surprenant que le numéro d’octobre 1949 contienne une
poésie de Léopold Sédar Senghor («Teddungal») ou que l’un des
plusgrandspersonnagesdelaNégritudecongolaise,AntoineRoger
Bolamba(auteurdeEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays),aittrouvéen1953
un grand espace dans les pages de Jeuneȱ Afriqueȱ pour exposer son
esthétique.
NéeàLevervilleen1943,laBibliothèquedel’Etoilepubliait
descollectionsdiversesdontl’une,«l’Etoile»,seconsacraitautantà
la littérature et aux problèmes linguistiques qu’aux discussions
scientifiques,historiquesetsociales.Onytrouvaitdesextraitsetdes
traductions des classiques de la littérature française et mondiale (laȱ
NéeàLevervilleen1943,laBibliothèquedel’Etoilepubliait
descollectionsdiversesdontl’une,«l’Etoile»,seconsacraitautantà
la littérature et aux problèmes linguistiques qu’aux discussions
scientifiques,historiquesetsociales.Onytrouvaitdesextraitsetdes
traductions des classiques de la littérature française et mondiale (laȱ
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chansonȱdeȱRoland,ȱleȱromanȱdeȱRenart,ȱlesȱfablesȱdeLaFontaine,L’îleȱauȱ
trésorȱdeStevenson),maisaussidestextesafricains(parexempledes
contes). La Bibliothèque de l’Etoile, au sein de ses collections,
publiait également des romans dont Victoireȱ deȱ l’amourȱ (1954) de
Dieudonné Mutombo et Leȱ Mystèreȱ deȱ l’enfantȱ disparuȱ (1962) de
TomothéeMalembe.
chansonȱdeȱRoland,ȱleȱromanȱdeȱRenart,ȱlesȱfablesȱdeLaFontaine,L’îleȱauȱ
trésorȱdeStevenson),maisaussidestextesafricains(parexempledes
contes). La Bibliothèque de l’Etoile, au sein de ses collections,
publiait également des romans dont Victoireȱ deȱ l’amourȱ (1954) de
Dieudonné Mutombo et Leȱ Mystèreȱ deȱ l’enfantȱ disparuȱ (1962) de
TomothéeMalembe.
Maislesmeilleursrésultatsartistiquesserontatteintslorsde
nombreux concours littéraires organisés au Congo belge entre 1946
et 1956. Ces concours consistaient, selon Mukala KadimaNzuji, en
une réponse à deux types d’exigence (1986: 199): la première
concernait le désir de l’Administration coloniale de favoriser au
Congo l’envol de la littérature africaine dont la dignité était déjà
reconnue en France (en 1947, André Gide, dans sa préface du
premier numéro de la revue Présenceȱ africaine,ȱ conseillait d’être à
l’écoute de ce que le peuple africain savait exprimer). La seconde
résidaitdanslavolontédemontrer,deparlesdiscoursdesouvrages
primés,lesprogrèseffectuésparlesystèmecolonialduCongo.C’est
ainsiqu’en1948,unconcourslancéàl’occasiondelapremièreFoire
coloniale de Bruxelles, récompensa une œuvre qui fut considérée
comme «le point de départ de la fiction romanesque au Zaïre»
(KadimaNzuji, 1986: 189): Ngandoȱ de Paul Lomami Tchibamba.
Léopoldȱ Sédarȱ Senghorȱ (àȱ l’époqueȱ député)ȱ demandaȱ uneȱ copieȱ
desȱ manuscritsȱ admisȱ enȱ finaleȱ affirmantȱ saȱ convictionȱ «ȱqueȱ celaȱ
intéresseraitȱ parȱ ailleursȱ Gideȱ etȱ leȱ comitéȱ deȱ patronageȱ deȱ
Présenceafricaine.ȱ»ȱ
Maislesmeilleursrésultatsartistiquesserontatteintslorsde
nombreux concours littéraires organisés au Congo belge entre 1946
et 1956. Ces concours consistaient, selon Mukala KadimaNzuji, en
une réponse à deux types d’exigence (1986: 199): la première
concernait le désir de l’Administration coloniale de favoriser au
Congo l’envol de la littérature africaine dont la dignité était déjà
reconnue en France (en 1947, André Gide, dans sa préface du
premier numéro de la revue Présenceȱ africaine,ȱ conseillait d’être à
l’écoute de ce que le peuple africain savait exprimer). La seconde
résidaitdanslavolontédemontrer,deparlesdiscoursdesouvrages
primés,lesprogrèseffectuésparlesystèmecolonialduCongo.C’est
ainsiqu’en1948,unconcourslancéàl’occasiondelapremièreFoire
coloniale de Bruxelles, récompensa une œuvre qui fut considérée
comme «le point de départ de la fiction romanesque au Zaïre»
(KadimaNzuji, 1986: 189): Ngandoȱ de Paul Lomami Tchibamba.
Léopoldȱ Sédarȱ Senghorȱ (àȱ l’époqueȱ député)ȱ demandaȱ uneȱ copieȱ
desȱ manuscritsȱ admisȱ enȱ finaleȱ affirmantȱ saȱ convictionȱ «ȱqueȱ celaȱ
intéresseraitȱ parȱ ailleursȱ Gideȱ etȱ leȱ comitéȱ deȱ patronageȱ deȱ
Présenceafricaine.ȱ»ȱ
Lomami Tchibamba s’était déjà distingué en 1945 quand,
dansLaȱVoixȱduȱCongolais,ȱilécrivitunarticletrèspolémiqueintitulé
«Quelleseranotreplacedanslemondededemain?»danslequelil
s’interrogeaitsurleslimitesdeslibertésconcédéesaux«évolués».Il
y dénonce l’Administration coloniale pour avoir imposé trop de
restrictions et des langages brutaux. Une fois installé à Brazzaville
pour le compte de Liaisonȱ (la «revue pour intellectuels» d’Afrique
Equatoriale Française, qu’il dirigea entre 1950 et 1957), il écrit des
articles encore plus enflammés en faveur de «l’émancipation du
Noir». Cetteȱ revueȱ seȱ présenteȱ commeȱ uneȱ véritableȱ «ȱdéfenseȱ etȱ
Lomami Tchibamba s’était déjà distingué en 1945 quand,
dansLaȱVoixȱduȱCongolais,ȱilécrivitunarticletrèspolémiqueintitulé
«Quelleseranotreplacedanslemondededemain?»danslequelil
s’interrogeaitsurleslimitesdeslibertésconcédéesaux«évolués».Il
y dénonce l’Administration coloniale pour avoir imposé trop de
restrictions et des langages brutaux. Une fois installé à Brazzaville
pour le compte de Liaisonȱ (la «revue pour intellectuels» d’Afrique
Equatoriale Française, qu’il dirigea entre 1950 et 1957), il écrit des
articles encore plus enflammés en faveur de «l’émancipation du
Noir». Cetteȱ revueȱ seȱ présenteȱ commeȱ uneȱ véritableȱ «ȱdéfenseȱ etȱ
43
43
chansonȱdeȱRoland,ȱleȱromanȱdeȱRenart,ȱlesȱfablesȱdeLaFontaine,L’îleȱauȱ
trésorȱdeStevenson),maisaussidestextesafricains(parexempledes
contes). La Bibliothèque de l’Etoile, au sein de ses collections,
publiait également des romans dont Victoireȱ deȱ l’amourȱ (1954) de
Dieudonné Mutombo et Leȱ Mystèreȱ deȱ l’enfantȱ disparuȱ (1962) de
TomothéeMalembe.
chansonȱdeȱRoland,ȱleȱromanȱdeȱRenart,ȱlesȱfablesȱdeLaFontaine,L’îleȱauȱ
trésorȱdeStevenson),maisaussidestextesafricains(parexempledes
contes). La Bibliothèque de l’Etoile, au sein de ses collections,
publiait également des romans dont Victoireȱ deȱ l’amourȱ (1954) de
Dieudonné Mutombo et Leȱ Mystèreȱ deȱ l’enfantȱ disparuȱ (1962) de
TomothéeMalembe.
Maislesmeilleursrésultatsartistiquesserontatteintslorsde
nombreux concours littéraires organisés au Congo belge entre 1946
et 1956. Ces concours consistaient, selon Mukala KadimaNzuji, en
une réponse à deux types d’exigence (1986: 199): la première
concernait le désir de l’Administration coloniale de favoriser au
Congo l’envol de la littérature africaine dont la dignité était déjà
reconnue en France (en 1947, André Gide, dans sa préface du
premier numéro de la revue Présenceȱ africaine,ȱ conseillait d’être à
l’écoute de ce que le peuple africain savait exprimer). La seconde
résidaitdanslavolontédemontrer,deparlesdiscoursdesouvrages
primés,lesprogrèseffectuésparlesystèmecolonialduCongo.C’est
ainsiqu’en1948,unconcourslancéàl’occasiondelapremièreFoire
coloniale de Bruxelles, récompensa une œuvre qui fut considérée
comme «le point de départ de la fiction romanesque au Zaïre»
(KadimaNzuji, 1986: 189): Ngandoȱ de Paul Lomami Tchibamba.
Léopoldȱ Sédarȱ Senghorȱ (àȱ l’époqueȱ député)ȱ demandaȱ uneȱ copieȱ
desȱ manuscritsȱ admisȱ enȱ finaleȱ affirmantȱ saȱ convictionȱ «ȱqueȱ celaȱ
intéresseraitȱ parȱ ailleursȱ Gideȱ etȱ leȱ comitéȱ deȱ patronageȱ deȱ
Présenceafricaine.ȱ»ȱ
Maislesmeilleursrésultatsartistiquesserontatteintslorsde
nombreux concours littéraires organisés au Congo belge entre 1946
et 1956. Ces concours consistaient, selon Mukala KadimaNzuji, en
une réponse à deux types d’exigence (1986: 199): la première
concernait le désir de l’Administration coloniale de favoriser au
Congo l’envol de la littérature africaine dont la dignité était déjà
reconnue en France (en 1947, André Gide, dans sa préface du
premier numéro de la revue Présenceȱ africaine,ȱ conseillait d’être à
l’écoute de ce que le peuple africain savait exprimer). La seconde
résidaitdanslavolontédemontrer,deparlesdiscoursdesouvrages
primés,lesprogrèseffectuésparlesystèmecolonialduCongo.C’est
ainsiqu’en1948,unconcourslancéàl’occasiondelapremièreFoire
coloniale de Bruxelles, récompensa une œuvre qui fut considérée
comme «le point de départ de la fiction romanesque au Zaïre»
(KadimaNzuji, 1986: 189): Ngandoȱ de Paul Lomami Tchibamba.
Léopoldȱ Sédarȱ Senghorȱ (àȱ l’époqueȱ député)ȱ demandaȱ uneȱ copieȱ
desȱ manuscritsȱ admisȱ enȱ finaleȱ affirmantȱ saȱ convictionȱ «ȱqueȱ celaȱ
intéresseraitȱ parȱ ailleursȱ Gideȱ etȱ leȱ comitéȱ deȱ patronageȱ deȱ
Présenceafricaine.ȱ»ȱ
Lomami Tchibamba s’était déjà distingué en 1945 quand,
dansLaȱVoixȱduȱCongolais,ȱilécrivitunarticletrèspolémiqueintitulé
«Quelleseranotreplacedanslemondededemain?»danslequelil
s’interrogeaitsurleslimitesdeslibertésconcédéesaux«évolués».Il
y dénonce l’Administration coloniale pour avoir imposé trop de
restrictions et des langages brutaux. Une fois installé à Brazzaville
pour le compte de Liaisonȱ (la «revue pour intellectuels» d’Afrique
Equatoriale Française, qu’il dirigea entre 1950 et 1957), il écrit des
articles encore plus enflammés en faveur de «l’émancipation du
Noir». Cetteȱ revueȱ seȱ présenteȱ commeȱ uneȱ véritableȱ «ȱdéfenseȱ etȱ
Lomami Tchibamba s’était déjà distingué en 1945 quand,
dansLaȱVoixȱduȱCongolais,ȱilécrivitunarticletrèspolémiqueintitulé
«Quelleseranotreplacedanslemondededemain?»danslequelil
s’interrogeaitsurleslimitesdeslibertésconcédéesaux«évolués».Il
y dénonce l’Administration coloniale pour avoir imposé trop de
restrictions et des langages brutaux. Une fois installé à Brazzaville
pour le compte de Liaisonȱ (la «revue pour intellectuels» d’Afrique
Equatoriale Française, qu’il dirigea entre 1950 et 1957), il écrit des
articles encore plus enflammés en faveur de «l’émancipation du
Noir». Cetteȱ revueȱ seȱ présenteȱ commeȱ uneȱ véritableȱ «ȱdéfenseȱ etȱ
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illustrationȱ»ȱ d’uneȱ civilisationȱ noire,ȱ enȱ l’occurrenceȱ congolaise,ȱ
toutȱ àȱ faitȱ comparableȱ àȱ ceȱ qu’entreprirent,ȱ dansȱ leȱ Parisȱ desȱ
annéesȱ Trente,ȱ desȱ écrivainsȱ prestigieuxȱ commeȱ Césaireȱ etȱ
Senghor. Le roman Ngando,ȱ et d’une certaine manière les autres
textesdeLomamiTchibamba,seveutuneréponseàl’ethocentrisme
européenetenmêmetempsunedéfensedupatrimoineafricain.
LESȱANNÉESȱȱ1960ȱ
ȱ
L’obtention de l’indépendance a constitué pour le Congo,
comme pour les autres pays africains, l’événement marquant d’une
certaine époque qui, en tant que telle, représente une ligne de
démarcation par rapport à l’époque précédente. La littérature des
lendemains de 1960 présente toutefois un profil si diversifié qu’il
rend une périodisation univoque difficile à établir (Riva, 2006: 95).
Bertin Makolo Muswaswa a opté pourune chronologie politiqueet
proposedediviserlapériodesurlaquellecourtl’histoirelittérairedu
CongoKinshasa en trois phases: la phase coloniale (19081960), la
phase de la Première République (19601965) et de la Seconde
République (19651990). Mukala KadimaNzuji (1984) ne distingue,
lui,quedeuxèresdanslaproductionlittérairecongolaise:de1945à
1965(deLaȱVoixȱduȱCongolaisȱàlapublicationduromanSansȱrancuneȱ
deThomasKanza)puislapériodesuivante(arrêtéeà1990)quicourt
de la mise en place par les pouvoirs publics des Editions Belles
Lettres, à l’éclosion de la presse liées aux exigences de
démocratisationduZaïre.
illustrationȱ»ȱ d’uneȱ civilisationȱ noire,ȱ enȱ l’occurrenceȱ congolaise,ȱ
toutȱ àȱ faitȱ comparableȱ àȱ ceȱ qu’entreprirent,ȱ dansȱ leȱ Parisȱ desȱ
annéesȱ Trente,ȱ desȱ écrivainsȱ prestigieuxȱ commeȱ Césaireȱ etȱ
Senghor. Le roman Ngando,ȱ et d’une certaine manière les autres
textesdeLomamiTchibamba,seveutuneréponseàl’ethocentrisme
européenetenmêmetempsunedéfensedupatrimoineafricain.
LESȱANNÉESȱȱ1960ȱ
ȱ
L’obtention de l’indépendance a constitué pour le Congo,
comme pour les autres pays africains, l’événement marquant d’une
certaine époque qui, en tant que telle, représente une ligne de
démarcation par rapport à l’époque précédente. La littérature des
lendemains de 1960 présente toutefois un profil si diversifié qu’il
rend une périodisation univoque difficile à établir (Riva, 2006: 95).
Bertin Makolo Muswaswa a opté pourune chronologie politiqueet
proposedediviserlapériodesurlaquellecourtl’histoirelittérairedu
CongoKinshasa en trois phases: la phase coloniale (19081960), la
phase de la Première République (19601965) et de la Seconde
République (19651990). Mukala KadimaNzuji (1984) ne distingue,
lui,quedeuxèresdanslaproductionlittérairecongolaise:de1945à
1965(deLaȱVoixȱduȱCongolaisȱàlapublicationduromanSansȱrancuneȱ
deThomasKanza)puislapériodesuivante(arrêtéeà1990)quicourt
de la mise en place par les pouvoirs publics des Editions Belles
Lettres, à l’éclosion de la presse liées aux exigences de
démocratisationduZaïre.
Les premières œuvres publiées après la libération se
ressentent encore lourdement de l’héritage colonial, tant dans les
choix narratifs (romans réalistes articulés autour d’un seul héros)
quedanslesthèmes(littératuredetémoignage).Quelquesunesdes
compagnies de théâtre parmi les plus importantes du Congo
indépendant sont fondées à Kinshasa à cette époque. La poésie fut
aussi particulièrement féconde et l’art de l’essai (politique,
philosophique, littéraire, social, religieux) s’affirme jusqu’à
44
illustrationȱ»ȱ d’uneȱ civilisationȱ noire,ȱ enȱ l’occurrenceȱ congolaise,ȱ
toutȱ àȱ faitȱ comparableȱ àȱ ceȱ qu’entreprirent,ȱ dansȱ leȱ Parisȱ desȱ
annéesȱ Trente,ȱ desȱ écrivainsȱ prestigieuxȱ commeȱ Césaireȱ etȱ
Senghor. Le roman Ngando,ȱ et d’une certaine manière les autres
textesdeLomamiTchibamba,seveutuneréponseàl’ethocentrisme
européenetenmêmetempsunedéfensedupatrimoineafricain.
LESȱANNÉESȱȱ1960ȱ
ȱ
L’obtention de l’indépendance a constitué pour le Congo,
comme pour les autres pays africains, l’événement marquant d’une
certaine époque qui, en tant que telle, représente une ligne de
démarcation par rapport à l’époque précédente. La littérature des
lendemains de 1960 présente toutefois un profil si diversifié qu’il
rend une périodisation univoque difficile à établir (Riva, 2006: 95).
Bertin Makolo Muswaswa a opté pourune chronologie politiqueet
proposedediviserlapériodesurlaquellecourtl’histoirelittérairedu
CongoKinshasa en trois phases: la phase coloniale (19081960), la
phase de la Première République (19601965) et de la Seconde
République (19651990). Mukala KadimaNzuji (1984) ne distingue,
lui,quedeuxèresdanslaproductionlittérairecongolaise:de1945à
1965(deLaȱVoixȱduȱCongolaisȱàlapublicationduromanSansȱrancuneȱ
deThomasKanza)puislapériodesuivante(arrêtéeà1990)quicourt
de la mise en place par les pouvoirs publics des Editions Belles
Lettres, à l’éclosion de la presse liées aux exigences de
démocratisationduZaïre.
Les premières œuvres publiées après la libération se
ressentent encore lourdement de l’héritage colonial, tant dans les
choix narratifs (romans réalistes articulés autour d’un seul héros)
quedanslesthèmes(littératuredetémoignage).Quelquesunesdes
compagnies de théâtre parmi les plus importantes du Congo
indépendant sont fondées à Kinshasa à cette époque. La poésie fut
aussi particulièrement féconde et l’art de l’essai (politique,
philosophique, littéraire, social, religieux) s’affirme jusqu’à
illustrationȱ»ȱ d’uneȱ civilisationȱ noire,ȱ enȱ l’occurrenceȱ congolaise,ȱ
toutȱ àȱ faitȱ comparableȱ àȱ ceȱ qu’entreprirent,ȱ dansȱ leȱ Parisȱ desȱ
annéesȱ Trente,ȱ desȱ écrivainsȱ prestigieuxȱ commeȱ Césaireȱ etȱ
Senghor. Le roman Ngando,ȱ et d’une certaine manière les autres
textesdeLomamiTchibamba,seveutuneréponseàl’ethocentrisme
européenetenmêmetempsunedéfensedupatrimoineafricain.
LESȱANNÉESȱȱ1960ȱ
ȱ
L’obtention de l’indépendance a constitué pour le Congo,
comme pour les autres pays africains, l’événement marquant d’une
certaine époque qui, en tant que telle, représente une ligne de
démarcation par rapport à l’époque précédente. La littérature des
lendemains de 1960 présente toutefois un profil si diversifié qu’il
rend une périodisation univoque difficile à établir (Riva, 2006: 95).
Bertin Makolo Muswaswa a opté pourune chronologie politiqueet
proposedediviserlapériodesurlaquellecourtl’histoirelittérairedu
CongoKinshasa en trois phases: la phase coloniale (19081960), la
phase de la Première République (19601965) et de la Seconde
République (19651990). Mukala KadimaNzuji (1984) ne distingue,
lui,quedeuxèresdanslaproductionlittérairecongolaise:de1945à
1965(deLaȱVoixȱduȱCongolaisȱàlapublicationduromanSansȱrancuneȱ
deThomasKanza)puislapériodesuivante(arrêtéeà1990)quicourt
de la mise en place par les pouvoirs publics des Editions Belles
Lettres, à l’éclosion de la presse liées aux exigences de
démocratisationduZaïre.
Les premières œuvres publiées après la libération se
ressentent encore lourdement de l’héritage colonial, tant dans les
choix narratifs (romans réalistes articulés autour d’un seul héros)
quedanslesthèmes(littératuredetémoignage).Quelquesunesdes
compagnies de théâtre parmi les plus importantes du Congo
indépendant sont fondées à Kinshasa à cette époque. La poésie fut
aussi particulièrement féconde et l’art de l’essai (politique,
philosophique, littéraire, social, religieux) s’affirme jusqu’à
44
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Les premières œuvres publiées après la libération se
ressentent encore lourdement de l’héritage colonial, tant dans les
choix narratifs (romans réalistes articulés autour d’un seul héros)
quedanslesthèmes(littératuredetémoignage).Quelquesunesdes
compagnies de théâtre parmi les plus importantes du Congo
indépendant sont fondées à Kinshasa à cette époque. La poésie fut
aussi particulièrement féconde et l’art de l’essai (politique,
philosophique, littéraire, social, religieux) s’affirme jusqu’à
44
constituerl’une des principales contributionsdu Congo à la pensée
africaineetmondiale.
constituerl’une des principales contributionsdu Congo à la pensée
africaineetmondiale.
Dès1955,Bolambaexprimeauniveaulittéraireunerupture
parrapportautoncomplaisantenversl’autoritécolonialeetrévèlele
malêtreetlacolèredesonpeupledansEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays.ȱ
Laproductionpoétiquedesannées1960oscilleraconstammententre
un courant ouvertement «révolutionnaire» et militant et un autre
intimiste et hermétique dans lequel le «je» a le dessus. D’un côté,
donc,Marche,ȱpaysȱdesȱespoirsȱ(1967)d’EtienneTshindayLukumbiet
Réveilȱ dansȱ unȱ nidȱ deȱ flammesȱ (1969) de Matala Mukadi
Tshiakatumba; de l’autre, Murmuresȱ (1968) et Kasalàȱ (1969) de
Clémentine FaïkNzuji, Lesȱ ressacsȱ (1969) de Dieudonné (Mukala)
KadimaNzuji,etDéchiruresȱ(1971)deV.Y.Mudimbe.
Dès1955,Bolambaexprimeauniveaulittéraireunerupture
parrapportautoncomplaisantenversl’autoritécolonialeetrévèlele
malêtreetlacolèredesonpeupledansEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays.ȱ
Laproductionpoétiquedesannées1960oscilleraconstammententre
un courant ouvertement «révolutionnaire» et militant et un autre
intimiste et hermétique dans lequel le «je» a le dessus. D’un côté,
donc,Marche,ȱpaysȱdesȱespoirsȱ(1967)d’EtienneTshindayLukumbiet
Réveilȱ dansȱ unȱ nidȱ deȱ flammesȱ (1969) de Matala Mukadi
Tshiakatumba; de l’autre, Murmuresȱ (1968) et Kasalàȱ (1969) de
Clémentine FaïkNzuji, Lesȱ ressacsȱ (1969) de Dieudonné (Mukala)
KadimaNzuji,etDéchiruresȱ(1971)deV.Y.Mudimbe.
D’après S.Riva, (2006:103) trois facteurs sont responsables
du nouvel essor des Lettres congolaises: la grande diffusion de
l’instruction (qui atteint finalement un niveau universitaire), la
naissance de cercles et de revues culturels dans les grandes
universités et la création d’une structure éditoriale parrainée par
l’Etat. Un cercle culturel baptisé «Pléiade du Congo» naît en 1964
sur le campus universitaire de Lovanium (Kinshasa). CeluiȬciȱ
comptaitȱ parmiȱ sesȱ principauxȱ animateursȱ laȱ jeuneȱ poétesseȱ
Clémentineȱ Nzujiȱ (FaïkȬNzuji)ȱ qui,ȱ enȱ 1969,ȱ remporteȱ auȱ festivalȱ
deȱ Dakarȱ leȱ premierȱ prixȱ auȱ concoursȱ deȱ poésieȱ L.ȱ S.ȱ Senghor.ȱ
Linguiste confirmée et spécialiste de la tradition orale, elle a publié
des récits, des nouvelles, une chronique et de nombreux recueils
poétiques.QuantàlaproductionpoétiquedeV.Y.Mudimbe,sielle
datedutoutdébutdesannées1960,ellen’aétépubliéequ’àpartirde
ladécenniesuivante.Déchirures,ȱparexemple,datede1971.
D’après S.Riva, (2006:103) trois facteurs sont responsables
du nouvel essor des Lettres congolaises: la grande diffusion de
l’instruction (qui atteint finalement un niveau universitaire), la
naissance de cercles et de revues culturels dans les grandes
universités et la création d’une structure éditoriale parrainée par
l’Etat. Un cercle culturel baptisé «Pléiade du Congo» naît en 1964
sur le campus universitaire de Lovanium (Kinshasa). CeluiȬciȱ
comptaitȱ parmiȱ sesȱ principauxȱ animateursȱ laȱ jeuneȱ poétesseȱ
Clémentineȱ Nzujiȱ (FaïkȬNzuji)ȱ qui,ȱ enȱ 1969,ȱ remporteȱ auȱ festivalȱ
deȱ Dakarȱ leȱ premierȱ prixȱ auȱ concoursȱ deȱ poésieȱ L.ȱ S.ȱ Senghor.ȱ
Linguiste confirmée et spécialiste de la tradition orale, elle a publié
des récits, des nouvelles, une chronique et de nombreux recueils
poétiques.QuantàlaproductionpoétiquedeV.Y.Mudimbe,sielle
datedutoutdébutdesannées1960,ellen’aétépubliéequ’àpartirde
ladécenniesuivante.Déchirures,ȱparexemple,datede1971.
En 1969, les Editions Congolia font paraître l’anthologie
intitulée Lesȱ écrivainsȱ congolaisȱ consacrée aux écrivains lauréats du
«Concours littéraire Léopold Sédar Senghor». L’influenceȱ deȱ
grandsȱauteursȱafricainsȱfrancophonesȱseȱfaitȱsentirȱchezȱplusieursȱ
En 1969, les Editions Congolia font paraître l’anthologie
intitulée Lesȱ écrivainsȱ congolaisȱ consacrée aux écrivains lauréats du
«Concours littéraire Léopold Sédar Senghor». L’influenceȱ deȱ
grandsȱauteursȱafricainsȱfrancophonesȱseȱfaitȱsentirȱchezȱplusieursȱ
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constituerl’une des principales contributionsdu Congo à la pensée
africaineetmondiale.
constituerl’une des principales contributionsdu Congo à la pensée
africaineetmondiale.
Dès1955,Bolambaexprimeauniveaulittéraireunerupture
parrapportautoncomplaisantenversl’autoritécolonialeetrévèlele
malêtreetlacolèredesonpeupledansEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays.ȱ
Laproductionpoétiquedesannées1960oscilleraconstammententre
un courant ouvertement «révolutionnaire» et militant et un autre
intimiste et hermétique dans lequel le «je» a le dessus. D’un côté,
donc,Marche,ȱpaysȱdesȱespoirsȱ(1967)d’EtienneTshindayLukumbiet
Réveilȱ dansȱ unȱ nidȱ deȱ flammesȱ (1969) de Matala Mukadi
Tshiakatumba; de l’autre, Murmuresȱ (1968) et Kasalàȱ (1969) de
Clémentine FaïkNzuji, Lesȱ ressacsȱ (1969) de Dieudonné (Mukala)
KadimaNzuji,etDéchiruresȱ(1971)deV.Y.Mudimbe.
Dès1955,Bolambaexprimeauniveaulittéraireunerupture
parrapportautoncomplaisantenversl’autoritécolonialeetrévèlele
malêtreetlacolèredesonpeupledansEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays.ȱ
Laproductionpoétiquedesannées1960oscilleraconstammententre
un courant ouvertement «révolutionnaire» et militant et un autre
intimiste et hermétique dans lequel le «je» a le dessus. D’un côté,
donc,Marche,ȱpaysȱdesȱespoirsȱ(1967)d’EtienneTshindayLukumbiet
Réveilȱ dansȱ unȱ nidȱ deȱ flammesȱ (1969) de Matala Mukadi
Tshiakatumba; de l’autre, Murmuresȱ (1968) et Kasalàȱ (1969) de
Clémentine FaïkNzuji, Lesȱ ressacsȱ (1969) de Dieudonné (Mukala)
KadimaNzuji,etDéchiruresȱ(1971)deV.Y.Mudimbe.
D’après S.Riva, (2006:103) trois facteurs sont responsables
du nouvel essor des Lettres congolaises: la grande diffusion de
l’instruction (qui atteint finalement un niveau universitaire), la
naissance de cercles et de revues culturels dans les grandes
universités et la création d’une structure éditoriale parrainée par
l’Etat. Un cercle culturel baptisé «Pléiade du Congo» naît en 1964
sur le campus universitaire de Lovanium (Kinshasa). CeluiȬciȱ
comptaitȱ parmiȱ sesȱ principauxȱ animateursȱ laȱ jeuneȱ poétesseȱ
Clémentineȱ Nzujiȱ (FaïkȬNzuji)ȱ qui,ȱ enȱ 1969,ȱ remporteȱ auȱ festivalȱ
deȱ Dakarȱ leȱ premierȱ prixȱ auȱ concoursȱ deȱ poésieȱ L.ȱ S.ȱ Senghor.ȱ
Linguiste confirmée et spécialiste de la tradition orale, elle a publié
des récits, des nouvelles, une chronique et de nombreux recueils
poétiques.QuantàlaproductionpoétiquedeV.Y.Mudimbe,sielle
datedutoutdébutdesannées1960,ellen’aétépubliéequ’àpartirde
ladécenniesuivante.Déchirures,ȱparexemple,datede1971.
D’après S.Riva, (2006:103) trois facteurs sont responsables
du nouvel essor des Lettres congolaises: la grande diffusion de
l’instruction (qui atteint finalement un niveau universitaire), la
naissance de cercles et de revues culturels dans les grandes
universités et la création d’une structure éditoriale parrainée par
l’Etat. Un cercle culturel baptisé «Pléiade du Congo» naît en 1964
sur le campus universitaire de Lovanium (Kinshasa). CeluiȬciȱ
comptaitȱ parmiȱ sesȱ principauxȱ animateursȱ laȱ jeuneȱ poétesseȱ
Clémentineȱ Nzujiȱ (FaïkȬNzuji)ȱ qui,ȱ enȱ 1969,ȱ remporteȱ auȱ festivalȱ
deȱ Dakarȱ leȱ premierȱ prixȱ auȱ concoursȱ deȱ poésieȱ L.ȱ S.ȱ Senghor.ȱ
Linguiste confirmée et spécialiste de la tradition orale, elle a publié
des récits, des nouvelles, une chronique et de nombreux recueils
poétiques.QuantàlaproductionpoétiquedeV.Y.Mudimbe,sielle
datedutoutdébutdesannées1960,ellen’aétépubliéequ’àpartirde
ladécenniesuivante.Déchirures,ȱparexemple,datede1971.
En 1969, les Editions Congolia font paraître l’anthologie
intitulée Lesȱ écrivainsȱ congolaisȱ consacrée aux écrivains lauréats du
«Concours littéraire Léopold Sédar Senghor». L’influenceȱ deȱ
grandsȱauteursȱafricainsȱfrancophonesȱseȱfaitȱsentirȱchezȱplusieursȱ
En 1969, les Editions Congolia font paraître l’anthologie
intitulée Lesȱ écrivainsȱ congolaisȱ consacrée aux écrivains lauréats du
«Concours littéraire Léopold Sédar Senghor». L’influenceȱ deȱ
grandsȱauteursȱafricainsȱfrancophonesȱseȱfaitȱsentirȱchezȱplusieursȱ
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Congolaisȱdeȱl’époque.ȱMatalaȱMukadiȱTshioakatumbaȱetȱPhilippeȱ
Masegabioȱ avouentȱ leurȱ detteȱ enversȱ lesȱ grandsȱ maîtresȱ deȱ laȱ
Négritudeȱ(Césaire,ȱSenghor,ȱLéonȱDamas),ȱmaisȱilsȱseȱdémarquentȱ
aussiȱ deȱ l’anthropologieȱ duȱ mouvement. Ainsi, selon JeanLouis
Joubert(1986:99),l’intentiondeMasegabio,dansSommeȱpremière,ȱde
retracerpasàpas(àtraverslajuxtapositiondepoèmesréflexions)le
chemin emprunté par une pensée à la recherche d’une sommeȱ
improbable est plus proche de la voie suivie par Samba Diallo que
dufluxd’imagesinstinctifetspontanéd’unSenghoroud’unDamas.
DialloestleprotagonisteduromanL’aventureȱambiguë,ȱpubliéàParis
chezJulliarden1961parleSénégalaisCheikhHamidouKane,lequel
a interprété, le premier, la déchirure spirituelle d’une génération
élevéeaumilieudedeuxculturesapparemmentincompatibles.
Congolaisȱdeȱl’époque.ȱMatalaȱMukadiȱTshioakatumbaȱetȱPhilippeȱ
Masegabioȱ avouentȱ leurȱ detteȱ enversȱ lesȱ grandsȱ maîtresȱ deȱ laȱ
Négritudeȱ(Césaire,ȱSenghor,ȱLéonȱDamas),ȱmaisȱilsȱseȱdémarquentȱ
aussiȱ deȱ l’anthropologieȱ duȱ mouvement. Ainsi, selon JeanLouis
Joubert(1986:99),l’intentiondeMasegabio,dansSommeȱpremière,ȱde
retracerpasàpas(àtraverslajuxtapositiondepoèmesréflexions)le
chemin emprunté par une pensée à la recherche d’une sommeȱ
improbable est plus proche de la voie suivie par Samba Diallo que
dufluxd’imagesinstinctifetspontanéd’unSenghoroud’unDamas.
DialloestleprotagonisteduromanL’aventureȱambiguë,ȱpubliéàParis
chezJulliarden1961parleSénégalaisCheikhHamidouKane,lequel
a interprété, le premier, la déchirure spirituelle d’une génération
élevéeaumilieudedeuxculturesapparemmentincompatibles.
Faceàl’effervescencedelaproductiondepoésies,maisaussi
depiècesdethéâtreetd’essaisentre1960et1970,leromancongolais
marque le pas de manière flagrante. Seules cinq œuvres ont paru à
cettepériode.MisàpartSansȱrancuneȱdeThomasKanza,cesromans
pêchentparmanquedeprofondeurpsychologique,l’importantétant
de mettre en lumière le risque d’aliénation encouru par le colonisé.
Ces œuvres préparent surtout, à leur insu, un terrain propice au
développement de l’idéologie de l’authenticité. La fracture entre
élitesoccidentaliséesetmasses,évidentebienavantl’indépendance,
se change, au début des années 1970, en fracture entre élites et
pouvoir. Cette incompréhension entre le pouvoir et une partie des
intellectuelsaboutira,surleplansocial,àunefuitedescerveauxet,
au niveau littéraire, à une représentation de l’expérience de la
déchirure,quiinfluenceral’ensembledeladécenniesuivante.
ȱ
CONCLUSIONSȱ
ȱ
Onȱ peutȱ globalementȱ affirmerȱ queȱ depuisȱ l’époqueȱ
colonialeȱ jusqu’àȱ laȱ décennieȱ 1970, le français a été, au Congo
Kinshasa, la langue dont la maîtrise donnait accès au monde du
travail,àunemploimieuxrémunéréetàl’ascensionsociale.Maisil
n’ajamaisatteintlestatutdelanguevernaculaireparmilepeuple.Le
Faceàl’effervescencedelaproductiondepoésies,maisaussi
depiècesdethéâtreetd’essaisentre1960et1970,leromancongolais
marque le pas de manière flagrante. Seules cinq œuvres ont paru à
cettepériode.MisàpartSansȱrancuneȱdeThomasKanza,cesromans
pêchentparmanquedeprofondeurpsychologique,l’importantétant
de mettre en lumière le risque d’aliénation encouru par le colonisé.
Ces œuvres préparent surtout, à leur insu, un terrain propice au
développement de l’idéologie de l’authenticité. La fracture entre
élitesoccidentaliséesetmasses,évidentebienavantl’indépendance,
se change, au début des années 1970, en fracture entre élites et
pouvoir. Cette incompréhension entre le pouvoir et une partie des
intellectuelsaboutira,surleplansocial,àunefuitedescerveauxet,
au niveau littéraire, à une représentation de l’expérience de la
déchirure,quiinfluenceral’ensembledeladécenniesuivante.
ȱ
CONCLUSIONSȱ
ȱ
Onȱ peutȱ globalementȱ affirmerȱ queȱ depuisȱ l’époqueȱ
colonialeȱ jusqu’àȱ laȱ décennieȱ 1970, le français a été, au Congo
Kinshasa, la langue dont la maîtrise donnait accès au monde du
travail,àunemploimieuxrémunéréetàl’ascensionsociale.Maisil
n’ajamaisatteintlestatutdelanguevernaculaireparmilepeuple.Le
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Congolaisȱdeȱl’époque.ȱMatalaȱMukadiȱTshioakatumbaȱetȱPhilippeȱ
Masegabioȱ avouentȱ leurȱ detteȱ enversȱ lesȱ grandsȱ maîtresȱ deȱ laȱ
Négritudeȱ(Césaire,ȱSenghor,ȱLéonȱDamas),ȱmaisȱilsȱseȱdémarquentȱ
aussiȱ deȱ l’anthropologieȱ duȱ mouvement. Ainsi, selon JeanLouis
Joubert(1986:99),l’intentiondeMasegabio,dansSommeȱpremière,ȱde
retracerpasàpas(àtraverslajuxtapositiondepoèmesréflexions)le
chemin emprunté par une pensée à la recherche d’une sommeȱ
improbable est plus proche de la voie suivie par Samba Diallo que
dufluxd’imagesinstinctifetspontanéd’unSenghoroud’unDamas.
DialloestleprotagonisteduromanL’aventureȱambiguë,ȱpubliéàParis
chezJulliarden1961parleSénégalaisCheikhHamidouKane,lequel
a interprété, le premier, la déchirure spirituelle d’une génération
élevéeaumilieudedeuxculturesapparemmentincompatibles.
Congolaisȱdeȱl’époque.ȱMatalaȱMukadiȱTshioakatumbaȱetȱPhilippeȱ
Masegabioȱ avouentȱ leurȱ detteȱ enversȱ lesȱ grandsȱ maîtresȱ deȱ laȱ
Négritudeȱ(Césaire,ȱSenghor,ȱLéonȱDamas),ȱmaisȱilsȱseȱdémarquentȱ
aussiȱ deȱ l’anthropologieȱ duȱ mouvement. Ainsi, selon JeanLouis
Joubert(1986:99),l’intentiondeMasegabio,dansSommeȱpremière,ȱde
retracerpasàpas(àtraverslajuxtapositiondepoèmesréflexions)le
chemin emprunté par une pensée à la recherche d’une sommeȱ
improbable est plus proche de la voie suivie par Samba Diallo que
dufluxd’imagesinstinctifetspontanéd’unSenghoroud’unDamas.
DialloestleprotagonisteduromanL’aventureȱambiguë,ȱpubliéàParis
chezJulliarden1961parleSénégalaisCheikhHamidouKane,lequel
a interprété, le premier, la déchirure spirituelle d’une génération
élevéeaumilieudedeuxculturesapparemmentincompatibles.
Faceàl’effervescencedelaproductiondepoésies,maisaussi
depiècesdethéâtreetd’essaisentre1960et1970,leromancongolais
marque le pas de manière flagrante. Seules cinq œuvres ont paru à
cettepériode.MisàpartSansȱrancuneȱdeThomasKanza,cesromans
pêchentparmanquedeprofondeurpsychologique,l’importantétant
de mettre en lumière le risque d’aliénation encouru par le colonisé.
Ces œuvres préparent surtout, à leur insu, un terrain propice au
développement de l’idéologie de l’authenticité. La fracture entre
élitesoccidentaliséesetmasses,évidentebienavantl’indépendance,
se change, au début des années 1970, en fracture entre élites et
pouvoir. Cette incompréhension entre le pouvoir et une partie des
intellectuelsaboutira,surleplansocial,àunefuitedescerveauxet,
au niveau littéraire, à une représentation de l’expérience de la
déchirure,quiinfluenceral’ensembledeladécenniesuivante.
ȱ
CONCLUSIONSȱ
ȱ
Onȱ peutȱ globalementȱ affirmerȱ queȱ depuisȱ l’époqueȱ
colonialeȱ jusqu’àȱ laȱ décennieȱ 1970, le français a été, au Congo
Kinshasa, la langue dont la maîtrise donnait accès au monde du
travail,àunemploimieuxrémunéréetàl’ascensionsociale.Maisil
n’ajamaisatteintlestatutdelanguevernaculaireparmilepeuple.Le
Faceàl’effervescencedelaproductiondepoésies,maisaussi
depiècesdethéâtreetd’essaisentre1960et1970,leromancongolais
marque le pas de manière flagrante. Seules cinq œuvres ont paru à
cettepériode.MisàpartSansȱrancuneȱdeThomasKanza,cesromans
pêchentparmanquedeprofondeurpsychologique,l’importantétant
de mettre en lumière le risque d’aliénation encouru par le colonisé.
Ces œuvres préparent surtout, à leur insu, un terrain propice au
développement de l’idéologie de l’authenticité. La fracture entre
élitesoccidentaliséesetmasses,évidentebienavantl’indépendance,
se change, au début des années 1970, en fracture entre élites et
pouvoir. Cette incompréhension entre le pouvoir et une partie des
intellectuelsaboutira,surleplansocial,àunefuitedescerveauxet,
au niveau littéraire, à une représentation de l’expérience de la
déchirure,quiinfluenceral’ensembledeladécenniesuivante.
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CONCLUSIONSȱ
ȱ
Onȱ peutȱ globalementȱ affirmerȱ queȱ depuisȱ l’époqueȱ
colonialeȱ jusqu’àȱ laȱ décennieȱ 1970, le français a été, au Congo
Kinshasa, la langue dont la maîtrise donnait accès au monde du
travail,àunemploimieuxrémunéréetàl’ascensionsociale.Maisil
n’ajamaisatteintlestatutdelanguevernaculaireparmilepeuple.Le
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français reste la langue de l’élite scolarisée qui représente environ
10%delapopulationnationale.C’estsurtoutparsalittératurequela
RépubliquedémocratiqueduCongoappartientàlafrancophonie.En
particulier, les oeuvres de Senghor et Césaire influenceront les
écrivains congolais. L’Union Africaine des Arts et des Lettres, par
exemple, entretenait dès 1946 des liens avec le mouvement de la
Négritude. Après l’indépendance, plusieurs écrivains ont aussi
avouéleurdetteenverscemouvement.MaislalittératureduCongo
Kinshasa a aussi son originalité et ses spécificités: nous espérons
l’avoir montré par les différentes orientations que nous avons
tracées.
ȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
français reste la langue de l’élite scolarisée qui représente environ
10%delapopulationnationale.C’estsurtoutparsalittératurequela
RépubliquedémocratiqueduCongoappartientàlafrancophonie.En
particulier, les oeuvres de Senghor et Césaire influenceront les
écrivains congolais. L’Union Africaine des Arts et des Lettres, par
exemple, entretenait dès 1946 des liens avec le mouvement de la
Négritude. Après l’indépendance, plusieurs écrivains ont aussi
avouéleurdetteenverscemouvement.MaislalittératureduCongo
Kinshasa a aussi son originalité et ses spécificités: nous espérons
l’avoir montré par les différentes orientations que nous avons
tracées.
ȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
BAND,ȱ1956,n°1011,Antwerpen,pp.424450.
BAND,ȱ1956,n°1011,Antwerpen,pp.424450.
CALVET LouisJean, 1998, «L’insécurité linguistique et les situations
africaines».InLouisJeanetMoreauMarieLouise(éds),ȱUneȱouȱdesȱ
normesȱ?ȱ Insécuritéȱ linguistiqueȱ etȱ normesȱ endogènesȱ enȱ Afriqueȱ
francophone,ȱParis,Agencedelafrancophonie,pp.738.
CALVET LouisJean, 1998, «L’insécurité linguistique et les situations
africaines».InLouisJeanetMoreauMarieLouise(éds),ȱUneȱouȱdesȱ
normesȱ?ȱ Insécuritéȱ linguistiqueȱ etȱ normesȱ endogènesȱ enȱ Afriqueȱ
francophone,ȱParis,Agencedelafrancophonie,pp.738.
CHAMPION Jacques, 1974, Lesȱ languesȱ africainesȱ etȱ laȱ francophonie, ParisLa
Haye,Mouton.
CHAMPION Jacques, 1974, Lesȱ languesȱ africainesȱ etȱ laȱ francophonie, ParisLa
Haye,Mouton.
DEJONGHEAlbert,1933,«LeslanguescommunesauCongobelge(I)».In
CongoȱII,ȱBruxelles,pp.509523.
DEJONGHEAlbert,1933,«LeslanguescommunesauCongobelge(I)».In
CongoȱII,ȱBruxelles,pp.509523.
FAÏKSullyetal.,1988,LaȱFrancophonieȱauȱZaïre,ȱLubumbashi,Impala,pp.5
40.
FAÏKSullyetal.,1988,LaȱFrancophonieȱauȱZaïre,ȱLubumbashi,Impala,pp.5
40.
JOUBERT JeanLouis, 1986, Critique de «Somme première». Inȱ Notreȱ
Librairie,n°63,p.99.
JOUBERT JeanLouis, 1986, Critique de «Somme première». Inȱ Notreȱ
Librairie,n°63,p.99.
KADIMANZUJIMukala,1984,Laȱlittératureȱzaïroiseȱdeȱlangueȱfrançaise,ȱParis,
Karthala.
KADIMANZUJIMukala,1984,Laȱlittératureȱzaïroiseȱdeȱlangueȱfrançaise,ȱParis,
Karthala.
NGALASSOMwathaMusanji,1986,«Etatdeslanguesdel’EtatduZaïre».
InLaȱPolitiqueȱafricaine,ȱn°23,ȱParis,Karthala,pp.627.
NGALASSOMwathaMusanji,1986,«Etatdeslanguesdel’EtatduZaïre».
InLaȱPolitiqueȱafricaine,ȱn°23,ȱParis,Karthala,pp.627.
PIERREMax,1997,«LefrançaisauZaïre,auRwandaetauBurundi»InD.
Blampainetal.,LeȱfrançaisȱenȱBelgique,ȱpp.319333.
PIERREMax,1997,«LefrançaisauZaïre,auRwandaetauBurundi»InD.
Blampainetal.,LeȱfrançaisȱenȱBelgique,ȱpp.319333.
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français reste la langue de l’élite scolarisée qui représente environ
10%delapopulationnationale.C’estsurtoutparsalittératurequela
RépubliquedémocratiqueduCongoappartientàlafrancophonie.En
particulier, les oeuvres de Senghor et Césaire influenceront les
écrivains congolais. L’Union Africaine des Arts et des Lettres, par
exemple, entretenait dès 1946 des liens avec le mouvement de la
Négritude. Après l’indépendance, plusieurs écrivains ont aussi
avouéleurdetteenverscemouvement.MaislalittératureduCongo
Kinshasa a aussi son originalité et ses spécificités: nous espérons
l’avoir montré par les différentes orientations que nous avons
tracées.
ȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
français reste la langue de l’élite scolarisée qui représente environ
10%delapopulationnationale.C’estsurtoutparsalittératurequela
RépubliquedémocratiqueduCongoappartientàlafrancophonie.En
particulier, les oeuvres de Senghor et Césaire influenceront les
écrivains congolais. L’Union Africaine des Arts et des Lettres, par
exemple, entretenait dès 1946 des liens avec le mouvement de la
Négritude. Après l’indépendance, plusieurs écrivains ont aussi
avouéleurdetteenverscemouvement.MaislalittératureduCongo
Kinshasa a aussi son originalité et ses spécificités: nous espérons
l’avoir montré par les différentes orientations que nous avons
tracées.
ȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
BAND,ȱ1956,n°1011,Antwerpen,pp.424450.
BAND,ȱ1956,n°1011,Antwerpen,pp.424450.
CALVET LouisJean, 1998, «L’insécurité linguistique et les situations
africaines».InLouisJeanetMoreauMarieLouise(éds),ȱUneȱouȱdesȱ
normesȱ?ȱ Insécuritéȱ linguistiqueȱ etȱ normesȱ endogènesȱ enȱ Afriqueȱ
francophone,ȱParis,Agencedelafrancophonie,pp.738.
CALVET LouisJean, 1998, «L’insécurité linguistique et les situations
africaines».InLouisJeanetMoreauMarieLouise(éds),ȱUneȱouȱdesȱ
normesȱ?ȱ Insécuritéȱ linguistiqueȱ etȱ normesȱ endogènesȱ enȱ Afriqueȱ
francophone,ȱParis,Agencedelafrancophonie,pp.738.
CHAMPION Jacques, 1974, Lesȱ languesȱ africainesȱ etȱ laȱ francophonie, ParisLa
Haye,Mouton.
CHAMPION Jacques, 1974, Lesȱ languesȱ africainesȱ etȱ laȱ francophonie, ParisLa
Haye,Mouton.
DEJONGHEAlbert,1933,«LeslanguescommunesauCongobelge(I)».In
CongoȱII,ȱBruxelles,pp.509523.
DEJONGHEAlbert,1933,«LeslanguescommunesauCongobelge(I)».In
CongoȱII,ȱBruxelles,pp.509523.
FAÏKSullyetal.,1988,LaȱFrancophonieȱauȱZaïre,ȱLubumbashi,Impala,pp.5
40.
FAÏKSullyetal.,1988,LaȱFrancophonieȱauȱZaïre,ȱLubumbashi,Impala,pp.5
40.
JOUBERT JeanLouis, 1986, Critique de «Somme première». Inȱ Notreȱ
Librairie,n°63,p.99.
JOUBERT JeanLouis, 1986, Critique de «Somme première». Inȱ Notreȱ
Librairie,n°63,p.99.
KADIMANZUJIMukala,1984,Laȱlittératureȱzaïroiseȱdeȱlangueȱfrançaise,ȱParis,
Karthala.
KADIMANZUJIMukala,1984,Laȱlittératureȱzaïroiseȱdeȱlangueȱfrançaise,ȱParis,
Karthala.
NGALASSOMwathaMusanji,1986,«Etatdeslanguesdel’EtatduZaïre».
InLaȱPolitiqueȱafricaine,ȱn°23,ȱParis,Karthala,pp.627.
NGALASSOMwathaMusanji,1986,«Etatdeslanguesdel’EtatduZaïre».
InLaȱPolitiqueȱafricaine,ȱn°23,ȱParis,Karthala,pp.627.
PIERREMax,1997,«LefrançaisauZaïre,auRwandaetauBurundi»InD.
Blampainetal.,LeȱfrançaisȱenȱBelgique,ȱpp.319333.
PIERREMax,1997,«LefrançaisauZaïre,auRwandaetauBurundi»InD.
Blampainetal.,LeȱfrançaisȱenȱBelgique,ȱpp.319333.
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47
RIVASilvia,2006,NouvelleȱhistoireȱdeȱlaȱlittératureȱduȱCongoȬKinshasa,ȱParis,
L’Harmattan.
RIVASilvia,2006,NouvelleȱhistoireȱdeȱlaȱlittératureȱduȱCongoȬKinshasa,ȱParis,
L’Harmattan.
TSHIMANGACharles,2001,Jeunesse,ȱformationȱetȱsociétéȱauȱCongo/Kinshasaȱ:ȱ
1890Ȭ1960, Paris, L’Harmattan («CongoZaïre – Histoire &
Société»).
TSHIMANGACharles,2001,Jeunesse,ȱformationȱetȱsociétéȱauȱCongo/Kinshasaȱ:ȱ
1890Ȭ1960, Paris, L’Harmattan («CongoZaïre – Histoire &
Société»).
ABSTRACTȱ
ABSTRACTȱ
TheDemocraticRepublicofCongobelongstotheFrenchspeaking
world due to its literature. In particular, the works of Senghor and Césaire
willinfluencetheCongolesewriters.TheAfricanUnionofArtsandLetters
hasmaintainedtherelationshipwiththeNegritudemovementsince1946.
TheDemocraticRepublicofCongobelongstotheFrenchspeaking
world due to its literature. In particular, the works of Senghor and Césaire
willinfluencetheCongolesewriters.TheAfricanUnionofArtsandLetters
hasmaintainedtherelationshipwiththeNegritudemovementsince1946.
Aftertheindependence,severalwritersalsoadmittedtheirdebtto
this movement. Nevertheless, the literature of CongoKinshasa is highly
original,displayingitsspecificities,asshownthroughoutourpaper.
Aftertheindependence,severalwritersalsoadmittedtheirdebtto
this movement. Nevertheless, the literature of CongoKinshasa is highly
original,displayingitsspecificities,asshownthroughoutourpaper.
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RIVASilvia,2006,NouvelleȱhistoireȱdeȱlaȱlittératureȱduȱCongoȬKinshasa,ȱParis,
L’Harmattan.
RIVASilvia,2006,NouvelleȱhistoireȱdeȱlaȱlittératureȱduȱCongoȬKinshasa,ȱParis,
L’Harmattan.
TSHIMANGACharles,2001,Jeunesse,ȱformationȱetȱsociétéȱauȱCongo/Kinshasaȱ:ȱ
1890Ȭ1960, Paris, L’Harmattan («CongoZaïre – Histoire &
Société»).
TSHIMANGACharles,2001,Jeunesse,ȱformationȱetȱsociétéȱauȱCongo/Kinshasaȱ:ȱ
1890Ȭ1960, Paris, L’Harmattan («CongoZaïre – Histoire &
Société»).
ABSTRACTȱ
ABSTRACTȱ
TheDemocraticRepublicofCongobelongstotheFrenchspeaking
world due to its literature. In particular, the works of Senghor and Césaire
willinfluencetheCongolesewriters.TheAfricanUnionofArtsandLetters
hasmaintainedtherelationshipwiththeNegritudemovementsince1946.
TheDemocraticRepublicofCongobelongstotheFrenchspeaking
world due to its literature. In particular, the works of Senghor and Césaire
willinfluencetheCongolesewriters.TheAfricanUnionofArtsandLetters
hasmaintainedtherelationshipwiththeNegritudemovementsince1946.
Aftertheindependence,severalwritersalsoadmittedtheirdebtto
this movement. Nevertheless, the literature of CongoKinshasa is highly
original,displayingitsspecificities,asshownthroughoutourpaper.
Aftertheindependence,severalwritersalsoadmittedtheirdebtto
this movement. Nevertheless, the literature of CongoKinshasa is highly
original,displayingitsspecificities,asshownthroughoutourpaper.
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Métissages interculturels et enseignement du
français
______________________________________
Métissages interculturels et enseignement du
français
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Métissages interculturels et enseignement du
français
______________________________________
Métissages interculturels et enseignement du
français
______________________________________
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50
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ABORDERȱDESȱÉCRIVAINSȱ«ȱPASSEURSȱ»ȱ
ENȱCLASSEȱDEȱFRANÇAISȱ
ÉTATȱDESȱLIEUX,ȱENJEUXȱETȱ
PROPOSITIONSȱ
ABORDERȱDESȱÉCRIVAINSȱ«ȱPASSEURSȱ»ȱ
ENȱCLASSEȱDEȱFRANÇAISȱ
ÉTATȱDESȱLIEUX,ȱENJEUXȱETȱ
PROPOSITIONSȱ
JeanȬLouisȱDUFAYSȱ
UniversitéȱcatholiqueȱdeȱLouvainȱ–ȱCEDILLȱ
Belgiqueȱ
JeanȬLouisȱDUFAYSȱ
UniversitéȱcatholiqueȱdeȱLouvainȱ–ȱCEDILLȱ
Belgiqueȱ
JulienGreen,SamuelBeckett,TristanTzara,EugèneIonesco,
Emile Cioran, Nathalie Sarraute, Christine Arnothy, Hector
Bianciotti, Milan Kundera, Elie Wiesel, Tahar Ben Jelloun, Patrick
Chamoiseau, Andrei Makine, Amin Maalouf, Agota Kristof, Nancy
Huston, Eduardo Manet, Vassilis Alexakis, Linda Lê, Shan Sa, Dai
Sijie, Gao Xingjian... pour ne rien dire de Jonathan Littell, de Ratiq
RahimioudeTiernyMonénembo...Lesécrivainsquiontoptépour
lefrançaisalorsqu’ilnes’agissaitpasdeleurlangued’originesont
légion, et leur nombre ne fait que s’accroître au fil des rentrées
littéraires. Comment expliquer ces phénomènes, qu’estce qui a
motivécesauteursàuntelchoix?
JulienGreen,SamuelBeckett,TristanTzara,EugèneIonesco,
Emile Cioran, Nathalie Sarraute, Christine Arnothy, Hector
Bianciotti, Milan Kundera, Elie Wiesel, Tahar Ben Jelloun, Patrick
Chamoiseau, Andrei Makine, Amin Maalouf, Agota Kristof, Nancy
Huston, Eduardo Manet, Vassilis Alexakis, Linda Lê, Shan Sa, Dai
Sijie, Gao Xingjian... pour ne rien dire de Jonathan Littell, de Ratiq
RahimioudeTiernyMonénembo...Lesécrivainsquiontoptépour
lefrançaisalorsqu’ilnes’agissaitpasdeleurlangued’originesont
légion, et leur nombre ne fait que s’accroître au fil des rentrées
littéraires. Comment expliquer ces phénomènes, qu’estce qui a
motivécesauteursàuntelchoix?
Quiplusest,cesécrivainssontloindefairedelafiguration:
ils connaissent un succès croissant tant auprès du public que des
critiques – Gao a reçu le prix Nobel, Ben Jelloun, Makine, Maalouf,
Chamoiseau, Littell et Rahimi, le Goncourt, et Monénembo, le
Renaudot –, et ils comptent parmi les plus importants de leur
génération.Estceunhasard?Oubienlefaitd’êtreun«passeur»de
languesseraitildevenuuncritèredequalitélittéraire?
Quiplusest,cesécrivainssontloindefairedelafiguration:
ils connaissent un succès croissant tant auprès du public que des
critiques – Gao a reçu le prix Nobel, Ben Jelloun, Makine, Maalouf,
Chamoiseau, Littell et Rahimi, le Goncourt, et Monénembo, le
Renaudot –, et ils comptent parmi les plus importants de leur
génération.Estceunhasard?Oubienlefaitd’êtreun«passeur»de
languesseraitildevenuuncritèredequalitélittéraire?
Mon propos dans cet article sera d’abord de me fonder sur
les travaux qui ont abordé cette problématique des «exilés du
langage»pourproposerunetypologiedeleurssituationsetdeleurs
Mon propos dans cet article sera d’abord de me fonder sur
les travaux qui ont abordé cette problématique des «exilés du
langage»pourproposerunetypologiedeleurssituationsetdeleurs
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ABORDERȱDESȱÉCRIVAINSȱ«ȱPASSEURSȱ»ȱ
ENȱCLASSEȱDEȱFRANÇAISȱ
ÉTATȱDESȱLIEUX,ȱENJEUXȱETȱ
PROPOSITIONSȱ
ABORDERȱDESȱÉCRIVAINSȱ«ȱPASSEURSȱ»ȱ
ENȱCLASSEȱDEȱFRANÇAISȱ
ÉTATȱDESȱLIEUX,ȱENJEUXȱETȱ
PROPOSITIONSȱ
JeanȬLouisȱDUFAYSȱ
UniversitéȱcatholiqueȱdeȱLouvainȱ–ȱCEDILLȱ
Belgiqueȱ
JeanȬLouisȱDUFAYSȱ
UniversitéȱcatholiqueȱdeȱLouvainȱ–ȱCEDILLȱ
Belgiqueȱ
JulienGreen,SamuelBeckett,TristanTzara,EugèneIonesco,
Emile Cioran, Nathalie Sarraute, Christine Arnothy, Hector
Bianciotti, Milan Kundera, Elie Wiesel, Tahar Ben Jelloun, Patrick
Chamoiseau, Andrei Makine, Amin Maalouf, Agota Kristof, Nancy
Huston, Eduardo Manet, Vassilis Alexakis, Linda Lê, Shan Sa, Dai
Sijie, Gao Xingjian... pour ne rien dire de Jonathan Littell, de Ratiq
RahimioudeTiernyMonénembo...Lesécrivainsquiontoptépour
lefrançaisalorsqu’ilnes’agissaitpasdeleurlangued’originesont
légion, et leur nombre ne fait que s’accroître au fil des rentrées
littéraires. Comment expliquer ces phénomènes, qu’estce qui a
motivécesauteursàuntelchoix?
JulienGreen,SamuelBeckett,TristanTzara,EugèneIonesco,
Emile Cioran, Nathalie Sarraute, Christine Arnothy, Hector
Bianciotti, Milan Kundera, Elie Wiesel, Tahar Ben Jelloun, Patrick
Chamoiseau, Andrei Makine, Amin Maalouf, Agota Kristof, Nancy
Huston, Eduardo Manet, Vassilis Alexakis, Linda Lê, Shan Sa, Dai
Sijie, Gao Xingjian... pour ne rien dire de Jonathan Littell, de Ratiq
RahimioudeTiernyMonénembo...Lesécrivainsquiontoptépour
lefrançaisalorsqu’ilnes’agissaitpasdeleurlangued’originesont
légion, et leur nombre ne fait que s’accroître au fil des rentrées
littéraires. Comment expliquer ces phénomènes, qu’estce qui a
motivécesauteursàuntelchoix?
Quiplusest,cesécrivainssontloindefairedelafiguration:
ils connaissent un succès croissant tant auprès du public que des
critiques – Gao a reçu le prix Nobel, Ben Jelloun, Makine, Maalouf,
Chamoiseau, Littell et Rahimi, le Goncourt, et Monénembo, le
Renaudot –, et ils comptent parmi les plus importants de leur
génération.Estceunhasard?Oubienlefaitd’êtreun«passeur»de
languesseraitildevenuuncritèredequalitélittéraire?
Quiplusest,cesécrivainssontloindefairedelafiguration:
ils connaissent un succès croissant tant auprès du public que des
critiques – Gao a reçu le prix Nobel, Ben Jelloun, Makine, Maalouf,
Chamoiseau, Littell et Rahimi, le Goncourt, et Monénembo, le
Renaudot –, et ils comptent parmi les plus importants de leur
génération.Estceunhasard?Oubienlefaitd’êtreun«passeur»de
languesseraitildevenuuncritèredequalitélittéraire?
Mon propos dans cet article sera d’abord de me fonder sur
les travaux qui ont abordé cette problématique des «exilés du
langage»pourproposerunetypologiedeleurssituationsetdeleurs
Mon propos dans cet article sera d’abord de me fonder sur
les travaux qui ont abordé cette problématique des «exilés du
langage»pourproposerunetypologiedeleurssituationsetdeleurs
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motivations. Je m’interrogerai ensuite sur les enjeux linguistiques,
littéraires et anthropologiques de ces expériences, et chercherai à
dégager les intérêts didactiques que présente la lecture de ces
auteurs dans le cadre de la classe de français (L1 et LE/S). Je
proposerai enfin quelques pistes concrètes en vue de l’exploitation
decesauteurspourlesclassesdefrançais.
ȱ
1.ȱÉTATȱDESȱLIEUXȱ
Plusieursouvragesrécentsontabordélaproblématiquedes
«exilésdulangage».L’essaideMichelBeniamino,Lafrancophonie
littéraire. Essai pour une théorie (1999) évoque déjà cette
problématique, mais sans s’y attarder. Celui de Nancy Huston,
Professeurs de désespoir (2004), qui porte sur le nihilisme
contemporain dans la littérature, a souligné notamment le lien
existant entre cette posture philosophique et le choix du français
chezdesauteurscommeBeckett,CioranouKundera.Maisilafallu
attendre la thèse magistrale d’AnneRosine Delbart, Les exilés du
langage. Un siècle d’écrivains français venus d’ailleurs (1919200)
(2004) pour trouver une étude systématique consacrée à cette
catégoried’écrivains.Onytrouvel’analysedesdifférentessituations
des auteurs qui sont originaires d’une autre langueculture, et qui
sont passés au français soit suite au choix de leurs parents, soit de
leurproprefait.ȱ
La typologie de Delbart se découpe en deux parties. La
premièredistinguelesdifférentstypesdecausalitésquiontconduit
au choix du français, en opposant le cas des«sédentaires», c’està
dire des «auteurs francophones d’origine étrangère qui n’ont pas
quittélesolnatal»,etceluides«nomades»,qui«ontaccompliun
voyage les menant, enfants ou adultes, sur une terre de langue
française» (Delbart, 2004: 61). La seconde partie propose des
«balisespouruneétudeinterne»decevastecorpus:lesspécificités
del’énoncé–quiattestentlaprésenced’unimaginairespécifique–y
sont distinguées de celles de l’énonciation, où apparaissent des
optionsformellesrécurrentes.
52
motivations. Je m’interrogerai ensuite sur les enjeux linguistiques,
littéraires et anthropologiques de ces expériences, et chercherai à
dégager les intérêts didactiques que présente la lecture de ces
auteurs dans le cadre de la classe de français (L1 et LE/S). Je
proposerai enfin quelques pistes concrètes en vue de l’exploitation
decesauteurspourlesclassesdefrançais.
ȱ
1.ȱÉTATȱDESȱLIEUXȱ
Plusieursouvragesrécentsontabordélaproblématiquedes
«exilésdulangage».L’essaideMichelBeniamino,Lafrancophonie
littéraire. Essai pour une théorie (1999) évoque déjà cette
problématique, mais sans s’y attarder. Celui de Nancy Huston,
Professeurs de désespoir (2004), qui porte sur le nihilisme
contemporain dans la littérature, a souligné notamment le lien
existant entre cette posture philosophique et le choix du français
chezdesauteurscommeBeckett,CioranouKundera.Maisilafallu
attendre la thèse magistrale d’AnneRosine Delbart, Les exilés du
langage. Un siècle d’écrivains français venus d’ailleurs (1919200)
(2004) pour trouver une étude systématique consacrée à cette
catégoried’écrivains.Onytrouvel’analysedesdifférentessituations
des auteurs qui sont originaires d’une autre langueculture, et qui
sont passés au français soit suite au choix de leurs parents, soit de
leurproprefait.ȱ
La typologie de Delbart se découpe en deux parties. La
premièredistinguelesdifférentstypesdecausalitésquiontconduit
au choix du français, en opposant le cas des«sédentaires», c’està
dire des «auteurs francophones d’origine étrangère qui n’ont pas
quittélesolnatal»,etceluides«nomades»,qui«ontaccompliun
voyage les menant, enfants ou adultes, sur une terre de langue
française» (Delbart, 2004: 61). La seconde partie propose des
«balisespouruneétudeinterne»decevastecorpus:lesspécificités
del’énoncé–quiattestentlaprésenced’unimaginairespécifique–y
sont distinguées de celles de l’énonciation, où apparaissent des
optionsformellesrécurrentes.
52
motivations. Je m’interrogerai ensuite sur les enjeux linguistiques,
littéraires et anthropologiques de ces expériences, et chercherai à
dégager les intérêts didactiques que présente la lecture de ces
auteurs dans le cadre de la classe de français (L1 et LE/S). Je
proposerai enfin quelques pistes concrètes en vue de l’exploitation
decesauteurspourlesclassesdefrançais.
ȱ
1.ȱÉTATȱDESȱLIEUXȱ
Plusieursouvragesrécentsontabordélaproblématiquedes
«exilésdulangage».L’essaideMichelBeniamino,Lafrancophonie
littéraire. Essai pour une théorie (1999) évoque déjà cette
problématique, mais sans s’y attarder. Celui de Nancy Huston,
Professeurs de désespoir (2004), qui porte sur le nihilisme
contemporain dans la littérature, a souligné notamment le lien
existant entre cette posture philosophique et le choix du français
chezdesauteurscommeBeckett,CioranouKundera.Maisilafallu
attendre la thèse magistrale d’AnneRosine Delbart, Les exilés du
langage. Un siècle d’écrivains français venus d’ailleurs (1919200)
(2004) pour trouver une étude systématique consacrée à cette
catégoried’écrivains.Onytrouvel’analysedesdifférentessituations
des auteurs qui sont originaires d’une autre langueculture, et qui
sont passés au français soit suite au choix de leurs parents, soit de
leurproprefait.ȱ
La typologie de Delbart se découpe en deux parties. La
premièredistinguelesdifférentstypesdecausalitésquiontconduit
au choix du français, en opposant le cas des«sédentaires», c’està
dire des «auteurs francophones d’origine étrangère qui n’ont pas
quittélesolnatal»,etceluides«nomades»,qui«ontaccompliun
voyage les menant, enfants ou adultes, sur une terre de langue
française» (Delbart, 2004: 61). La seconde partie propose des
«balisespouruneétudeinterne»decevastecorpus:lesspécificités
del’énoncé–quiattestentlaprésenced’unimaginairespécifique–y
sont distinguées de celles de l’énonciation, où apparaissent des
optionsformellesrécurrentes.
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motivations. Je m’interrogerai ensuite sur les enjeux linguistiques,
littéraires et anthropologiques de ces expériences, et chercherai à
dégager les intérêts didactiques que présente la lecture de ces
auteurs dans le cadre de la classe de français (L1 et LE/S). Je
proposerai enfin quelques pistes concrètes en vue de l’exploitation
decesauteurspourlesclassesdefrançais.
ȱ
1.ȱÉTATȱDESȱLIEUXȱ
Plusieursouvragesrécentsontabordélaproblématiquedes
«exilésdulangage».L’essaideMichelBeniamino,Lafrancophonie
littéraire. Essai pour une théorie (1999) évoque déjà cette
problématique, mais sans s’y attarder. Celui de Nancy Huston,
Professeurs de désespoir (2004), qui porte sur le nihilisme
contemporain dans la littérature, a souligné notamment le lien
existant entre cette posture philosophique et le choix du français
chezdesauteurscommeBeckett,CioranouKundera.Maisilafallu
attendre la thèse magistrale d’AnneRosine Delbart, Les exilés du
langage. Un siècle d’écrivains français venus d’ailleurs (1919200)
(2004) pour trouver une étude systématique consacrée à cette
catégoried’écrivains.Onytrouvel’analysedesdifférentessituations
des auteurs qui sont originaires d’une autre langueculture, et qui
sont passés au français soit suite au choix de leurs parents, soit de
leurproprefait.ȱ
La typologie de Delbart se découpe en deux parties. La
premièredistinguelesdifférentstypesdecausalitésquiontconduit
au choix du français, en opposant le cas des«sédentaires», c’està
dire des «auteurs francophones d’origine étrangère qui n’ont pas
quittélesolnatal»,etceluides«nomades»,qui«ontaccompliun
voyage les menant, enfants ou adultes, sur une terre de langue
française» (Delbart, 2004: 61). La seconde partie propose des
«balisespouruneétudeinterne»decevastecorpus:lesspécificités
del’énoncé–quiattestentlaprésenced’unimaginairespécifique–y
sont distinguées de celles de l’énonciation, où apparaissent des
optionsformellesrécurrentes.
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ȱ
1.1.ȱSédentairesȱetȱnomadesȱ
Quatre catégories de «sédentaires» sont envisagées. La
première est celle des écrivains d’origine allophones nés sur une
terre de langue française, comme l’Italien Cavanna ou la Flamande
Liliane Wouters: situation limite, où l’on peut se demander si
l’influence de la langue d’origine est toujours réelle et significative,
ou si au contraire il ne s’agit pas d’écrivains proprement
francophones.
ȱ
1.1.ȱSédentairesȱetȱnomadesȱ
Quatre catégories de «sédentaires» sont envisagées. La
première est celle des écrivains d’origine allophones nés sur une
terre de langue française, comme l’Italien Cavanna ou la Flamande
Liliane Wouters: situation limite, où l’on peut se demander si
l’influence de la langue d’origine est toujours réelle et significative,
ou si au contraire il ne s’agit pas d’écrivains proprement
francophones.
Deuxième cas, celui des écrivains nés sur une terre où le
français est une des langues nationales: on songe ici aux minorités
francophones du Canada, du Val d’Aoste, de Flandre, et on notera
que, en ce qui concerne la Belgique, le poids de cette minorité (les
«francophonesdeFlandre»)aétélongtempsplusquedéterminant
dansl’ensembledeslettresbelgesdelanguefrançaise.
Deuxième cas, celui des écrivains nés sur une terre où le
français est une des langues nationales: on songe ici aux minorités
francophones du Canada, du Val d’Aoste, de Flandre, et on notera
que, en ce qui concerne la Belgique, le poids de cette minorité (les
«francophonesdeFlandre»)aétélongtempsplusquedéterminant
dansl’ensembledeslettresbelgesdelanguefrançaise.
Viennentensuitelesécrivainsnéssuruneterreoùlalangue
françaises’estexportée,c’estàdirenotammentlesécrivainsantillais,
négroafricains et maghrébins. Dans leur cas, le français est langue
descolarisation,etilaétéadoptéentantquelanguedeplusgrande
diffusion et de culture, en tant qu’outil sociopolitique ou que
médiateurdelalanguematernelle.
Viennentensuitelesécrivainsnéssuruneterreoùlalangue
françaises’estexportée,c’estàdirenotammentlesécrivainsantillais,
négroafricains et maghrébins. Dans leur cas, le français est langue
descolarisation,etilaétéadoptéentantquelanguedeplusgrande
diffusion et de culture, en tant qu’outil sociopolitique ou que
médiateurdelalanguematernelle.
La quatrième catégorie est celle des écrivains nés sur une
terreoùlefrançaisn’ajamaisétéunelanguevéhiculaire.Danscecas,
le choix du français peut être motivé par le désir d’une écriture
réputéeavantgardisteetélitiste,ouàl’inverseparl’aspirationàune
écriture«affective»,quiamènealorsparfoisl’auteuràuneattitude
schizophrénique.
La quatrième catégorie est celle des écrivains nés sur une
terreoùlefrançaisn’ajamaisétéunelanguevéhiculaire.Danscecas,
le choix du français peut être motivé par le désir d’une écriture
réputéeavantgardisteetélitiste,ouàl’inverseparl’aspirationàune
écriture«affective»,quiamènealorsparfoisl’auteuràuneattitude
schizophrénique.
Les «nomades» pour leur part rassemblent de nombreux
cas de figure. Ceux des enfants de l’émigration et des enfants de
couplesmixtessedémarquentdeceluidesexiléspolitiques,chezqui
lechoixdufrançaisvasouventdepairaveclesoucid’échapperàla
censureetdetémoignerdansunelanguequiestperçuecommecelle
de la liberté, comme une langue sans tabou... Les motivations des
Les «nomades» pour leur part rassemblent de nombreux
cas de figure. Ceux des enfants de l’émigration et des enfants de
couplesmixtessedémarquentdeceluidesexiléspolitiques,chezqui
lechoixdufrançaisvasouventdepairaveclesoucid’échapperàla
censureetdetémoignerdansunelanguequiestperçuecommecelle
de la liberté, comme une langue sans tabou... Les motivations des
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1.1.ȱSédentairesȱetȱnomadesȱ
Quatre catégories de «sédentaires» sont envisagées. La
première est celle des écrivains d’origine allophones nés sur une
terre de langue française, comme l’Italien Cavanna ou la Flamande
Liliane Wouters: situation limite, où l’on peut se demander si
l’influence de la langue d’origine est toujours réelle et significative,
ou si au contraire il ne s’agit pas d’écrivains proprement
francophones.
ȱ
1.1.ȱSédentairesȱetȱnomadesȱ
Quatre catégories de «sédentaires» sont envisagées. La
première est celle des écrivains d’origine allophones nés sur une
terre de langue française, comme l’Italien Cavanna ou la Flamande
Liliane Wouters: situation limite, où l’on peut se demander si
l’influence de la langue d’origine est toujours réelle et significative,
ou si au contraire il ne s’agit pas d’écrivains proprement
francophones.
Deuxième cas, celui des écrivains nés sur une terre où le
français est une des langues nationales: on songe ici aux minorités
francophones du Canada, du Val d’Aoste, de Flandre, et on notera
que, en ce qui concerne la Belgique, le poids de cette minorité (les
«francophonesdeFlandre»)aétélongtempsplusquedéterminant
dansl’ensembledeslettresbelgesdelanguefrançaise.
Deuxième cas, celui des écrivains nés sur une terre où le
français est une des langues nationales: on songe ici aux minorités
francophones du Canada, du Val d’Aoste, de Flandre, et on notera
que, en ce qui concerne la Belgique, le poids de cette minorité (les
«francophonesdeFlandre»)aétélongtempsplusquedéterminant
dansl’ensembledeslettresbelgesdelanguefrançaise.
Viennentensuitelesécrivainsnéssuruneterreoùlalangue
françaises’estexportée,c’estàdirenotammentlesécrivainsantillais,
négroafricains et maghrébins. Dans leur cas, le français est langue
descolarisation,etilaétéadoptéentantquelanguedeplusgrande
diffusion et de culture, en tant qu’outil sociopolitique ou que
médiateurdelalanguematernelle.
Viennentensuitelesécrivainsnéssuruneterreoùlalangue
françaises’estexportée,c’estàdirenotammentlesécrivainsantillais,
négroafricains et maghrébins. Dans leur cas, le français est langue
descolarisation,etilaétéadoptéentantquelanguedeplusgrande
diffusion et de culture, en tant qu’outil sociopolitique ou que
médiateurdelalanguematernelle.
La quatrième catégorie est celle des écrivains nés sur une
terreoùlefrançaisn’ajamaisétéunelanguevéhiculaire.Danscecas,
le choix du français peut être motivé par le désir d’une écriture
réputéeavantgardisteetélitiste,ouàl’inverseparl’aspirationàune
écriture«affective»,quiamènealorsparfoisl’auteuràuneattitude
schizophrénique.
La quatrième catégorie est celle des écrivains nés sur une
terreoùlefrançaisn’ajamaisétéunelanguevéhiculaire.Danscecas,
le choix du français peut être motivé par le désir d’une écriture
réputéeavantgardisteetélitiste,ouàl’inverseparl’aspirationàune
écriture«affective»,quiamènealorsparfoisl’auteuràuneattitude
schizophrénique.
Les «nomades» pour leur part rassemblent de nombreux
cas de figure. Ceux des enfants de l’émigration et des enfants de
couplesmixtessedémarquentdeceluidesexiléspolitiques,chezqui
lechoixdufrançaisvasouventdepairaveclesoucid’échapperàla
censureetdetémoignerdansunelanguequiestperçuecommecelle
de la liberté, comme une langue sans tabou... Les motivations des
Les «nomades» pour leur part rassemblent de nombreux
cas de figure. Ceux des enfants de l’émigration et des enfants de
couplesmixtessedémarquentdeceluidesexiléspolitiques,chezqui
lechoixdufrançaisvasouventdepairaveclesoucid’échapperàla
censureetdetémoignerdansunelanguequiestperçuecommecelle
de la liberté, comme une langue sans tabou... Les motivations des
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nomades peuvent aussi être pratiques: certains ont subi l’influence
d’unmentorfrancophone,d’autresontétéattirésverslefrançaispar
leur métier de traducteur ou par la culture plurilingue qui était
favorisée dans leur famille, d’autres encore sont devenus
francophones à la suite d’une ou plusieurs rencontre(s)
amoureuse(s)... Les motivations culturelles et littéraires pèsent
également d’un certain poids: on peut évoquer ici l’amour de la
langue et de la culture françaises, l’attrait pour une langue de plus
grande diffusion, l’ambition d’innovation artistique, le souci de
rejoindre le public le plus immédiat, celui d’adapter la langue au
sujet, ou encore le désir de dépasser l’arbitraire de la langue
maternelle. Chez certains, les motivations sont prioritairement
psychologiques et tiennent au choix de modifier sa personnalité
et/ou son écriture: dans ce cas, l’écriture peut être le lieu d’une
rupture, ou à l’inverse du renouement avec son identité. Enfin,
certains auteurs deviennent nomades de manière occasionnelle ou
circonstancielle, par exemple à la suite d’un séjour en terre
francophone (pensons à Rilke, qui écrivit en français son recueil
Vergers): chez ceuxlà, le fait de passer de la langue maternelle au
français,oul’inverse,relèvealorsdudéfi,voiredujeulittéraire.
ȱ
1.2.ȱSpécificitésȱdeȱl’énoncéȱetȱdeȱl’énonciationȱ
S’intéressant ensuite aux traits spécifiques des œuvres des
«exilésdulangage»,Delbartsouligned’abordl’imaginairesingulier
qui nourrit l’énoncé de bon nombre d’entre elles. Sur l’axe
diégétique, on observe des scénarios récurrents, en particulier ceux
qui traitent de l’invitation au voyage, du grand voyage (récits
d’exils), ou encore de l’ailleurs dans l’ici (fuites avortées,
labyrinthes). Sur l’axe thématique, ce sont plutôt des thèmes
obsédants qui retiennent l’attention: celui de l’indéfinissable moi,
celui de la trahison des mères (beaucoup de ces auteurs ont perdu
leurmèretrèstôtoubiensesontrebelléscontreelle),celuidelamise
enrécitdulangage.
nomades peuvent aussi être pratiques: certains ont subi l’influence
d’unmentorfrancophone,d’autresontétéattirésverslefrançaispar
leur métier de traducteur ou par la culture plurilingue qui était
favorisée dans leur famille, d’autres encore sont devenus
francophones à la suite d’une ou plusieurs rencontre(s)
amoureuse(s)... Les motivations culturelles et littéraires pèsent
également d’un certain poids: on peut évoquer ici l’amour de la
langue et de la culture françaises, l’attrait pour une langue de plus
grande diffusion, l’ambition d’innovation artistique, le souci de
rejoindre le public le plus immédiat, celui d’adapter la langue au
sujet, ou encore le désir de dépasser l’arbitraire de la langue
maternelle. Chez certains, les motivations sont prioritairement
psychologiques et tiennent au choix de modifier sa personnalité
et/ou son écriture: dans ce cas, l’écriture peut être le lieu d’une
rupture, ou à l’inverse du renouement avec son identité. Enfin,
certains auteurs deviennent nomades de manière occasionnelle ou
circonstancielle, par exemple à la suite d’un séjour en terre
francophone (pensons à Rilke, qui écrivit en français son recueil
Vergers): chez ceuxlà, le fait de passer de la langue maternelle au
français,oul’inverse,relèvealorsdudéfi,voiredujeulittéraire.
ȱ
1.2.ȱSpécificitésȱdeȱl’énoncéȱetȱdeȱl’énonciationȱ
S’intéressant ensuite aux traits spécifiques des œuvres des
«exilésdulangage»,Delbartsouligned’abordl’imaginairesingulier
qui nourrit l’énoncé de bon nombre d’entre elles. Sur l’axe
diégétique, on observe des scénarios récurrents, en particulier ceux
qui traitent de l’invitation au voyage, du grand voyage (récits
d’exils), ou encore de l’ailleurs dans l’ici (fuites avortées,
labyrinthes). Sur l’axe thématique, ce sont plutôt des thèmes
obsédants qui retiennent l’attention: celui de l’indéfinissable moi,
celui de la trahison des mères (beaucoup de ces auteurs ont perdu
leurmèretrèstôtoubiensesontrebelléscontreelle),celuidelamise
enrécitdulangage.
Les récurrences sont frappantes aussi en ce qui concerne
Les récurrences sont frappantes aussi en ce qui concerne
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nomades peuvent aussi être pratiques: certains ont subi l’influence
d’unmentorfrancophone,d’autresontétéattirésverslefrançaispar
leur métier de traducteur ou par la culture plurilingue qui était
favorisée dans leur famille, d’autres encore sont devenus
francophones à la suite d’une ou plusieurs rencontre(s)
amoureuse(s)... Les motivations culturelles et littéraires pèsent
également d’un certain poids: on peut évoquer ici l’amour de la
langue et de la culture françaises, l’attrait pour une langue de plus
grande diffusion, l’ambition d’innovation artistique, le souci de
rejoindre le public le plus immédiat, celui d’adapter la langue au
sujet, ou encore le désir de dépasser l’arbitraire de la langue
maternelle. Chez certains, les motivations sont prioritairement
psychologiques et tiennent au choix de modifier sa personnalité
et/ou son écriture: dans ce cas, l’écriture peut être le lieu d’une
rupture, ou à l’inverse du renouement avec son identité. Enfin,
certains auteurs deviennent nomades de manière occasionnelle ou
circonstancielle, par exemple à la suite d’un séjour en terre
francophone (pensons à Rilke, qui écrivit en français son recueil
Vergers): chez ceuxlà, le fait de passer de la langue maternelle au
français,oul’inverse,relèvealorsdudéfi,voiredujeulittéraire.
ȱ
1.2.ȱSpécificitésȱdeȱl’énoncéȱetȱdeȱl’énonciationȱ
S’intéressant ensuite aux traits spécifiques des œuvres des
«exilésdulangage»,Delbartsouligned’abordl’imaginairesingulier
qui nourrit l’énoncé de bon nombre d’entre elles. Sur l’axe
diégétique, on observe des scénarios récurrents, en particulier ceux
qui traitent de l’invitation au voyage, du grand voyage (récits
d’exils), ou encore de l’ailleurs dans l’ici (fuites avortées,
labyrinthes). Sur l’axe thématique, ce sont plutôt des thèmes
obsédants qui retiennent l’attention: celui de l’indéfinissable moi,
celui de la trahison des mères (beaucoup de ces auteurs ont perdu
leurmèretrèstôtoubiensesontrebelléscontreelle),celuidelamise
enrécitdulangage.
nomades peuvent aussi être pratiques: certains ont subi l’influence
d’unmentorfrancophone,d’autresontétéattirésverslefrançaispar
leur métier de traducteur ou par la culture plurilingue qui était
favorisée dans leur famille, d’autres encore sont devenus
francophones à la suite d’une ou plusieurs rencontre(s)
amoureuse(s)... Les motivations culturelles et littéraires pèsent
également d’un certain poids: on peut évoquer ici l’amour de la
langue et de la culture françaises, l’attrait pour une langue de plus
grande diffusion, l’ambition d’innovation artistique, le souci de
rejoindre le public le plus immédiat, celui d’adapter la langue au
sujet, ou encore le désir de dépasser l’arbitraire de la langue
maternelle. Chez certains, les motivations sont prioritairement
psychologiques et tiennent au choix de modifier sa personnalité
et/ou son écriture: dans ce cas, l’écriture peut être le lieu d’une
rupture, ou à l’inverse du renouement avec son identité. Enfin,
certains auteurs deviennent nomades de manière occasionnelle ou
circonstancielle, par exemple à la suite d’un séjour en terre
francophone (pensons à Rilke, qui écrivit en français son recueil
Vergers): chez ceuxlà, le fait de passer de la langue maternelle au
français,oul’inverse,relèvealorsdudéfi,voiredujeulittéraire.
ȱ
1.2.ȱSpécificitésȱdeȱl’énoncéȱetȱdeȱl’énonciationȱ
S’intéressant ensuite aux traits spécifiques des œuvres des
«exilésdulangage»,Delbartsouligned’abordl’imaginairesingulier
qui nourrit l’énoncé de bon nombre d’entre elles. Sur l’axe
diégétique, on observe des scénarios récurrents, en particulier ceux
qui traitent de l’invitation au voyage, du grand voyage (récits
d’exils), ou encore de l’ailleurs dans l’ici (fuites avortées,
labyrinthes). Sur l’axe thématique, ce sont plutôt des thèmes
obsédants qui retiennent l’attention: celui de l’indéfinissable moi,
celui de la trahison des mères (beaucoup de ces auteurs ont perdu
leurmèretrèstôtoubiensesontrebelléscontreelle),celuidelamise
enrécitdulangage.
Les récurrences sont frappantes aussi en ce qui concerne
Les récurrences sont frappantes aussi en ce qui concerne
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l’énonciation.Dupointdevuedesstructuresdiscursives,lesœuvres
de ce corpus font une place privilégiée à l’écriture du moi (Assia
Djebar,Wiesel,Chamoiseau...),maisaussiàlapolyphonie(Sarraute,
Huston...) ou au discours fragmenté (Semprun, Kundera...). Sur le
plan stylistique, les auteurs du corpus recourent volontiers à
différenteslangues,mettentenœuvrelefrançaiscommeunelangue
étrangère dotée d’une «musiqueétrange» (Ionesco, Beckett...), font
de leurs textes le lieu d’un plurilinguisme interne (polyphonie) ou
externe (intégration d’énoncés de la langue maternelle). Beaucoup
d’entre eux témoignent en outre d’un rapport duel à l’écriture, en
adoptantuneposturetantôtouvertementclassique(Green,Cioran),
tantôt à l’inverse iconoclaste (Tzara, Beckett). Ils affichent enfin
souventuneprédilectionpourlesgenreshybrides,enfaisantpreuve
d’une grande inventivité générique, et pour les figures dialectiques
comme l’autocorrection, l’oxymoron, la stychomythie ou les parties
d’escrimeverbales...
l’énonciation.Dupointdevuedesstructuresdiscursives,lesœuvres
de ce corpus font une place privilégiée à l’écriture du moi (Assia
Djebar,Wiesel,Chamoiseau...),maisaussiàlapolyphonie(Sarraute,
Huston...) ou au discours fragmenté (Semprun, Kundera...). Sur le
plan stylistique, les auteurs du corpus recourent volontiers à
différenteslangues,mettentenœuvrelefrançaiscommeunelangue
étrangère dotée d’une «musiqueétrange» (Ionesco, Beckett...), font
de leurs textes le lieu d’un plurilinguisme interne (polyphonie) ou
externe (intégration d’énoncés de la langue maternelle). Beaucoup
d’entre eux témoignent en outre d’un rapport duel à l’écriture, en
adoptantuneposturetantôtouvertementclassique(Green,Cioran),
tantôt à l’inverse iconoclaste (Tzara, Beckett). Ils affichent enfin
souventuneprédilectionpourlesgenreshybrides,enfaisantpreuve
d’une grande inventivité générique, et pour les figures dialectiques
comme l’autocorrection, l’oxymoron, la stychomythie ou les parties
d’escrimeverbales...
Cela étant, une limite de l’étude de Delbart tient à son
hétérogénéité.Desécrivainsquionttoujoursécritenfrançais(telsles
francophones de Flandre) méritentils bien de figurer parmi les
«exilés du langage» à côté de ceux qui ont opté plus ou moins
tardivementpourcettelangue?Quiplusest,les«traitsrécurrents»
qui sont associés à l’énoncé et à l’énonciation de leurs œuvres
présentent forcément un caractère très relatif puisque le caractère
extrêmement large et hybride du corpus permet d’en tirer tout et
son contraire. La recherche de Delbart n’en constitue pas moins un
travail gigantesque et précieux, et se présente en même temps
comme un plaidoyer convaincant pour une conception «unitaire»
delalittératurefrançaise.L’auteurconclutsonétudeenmettant en
question l’étiquette «francophone», qui tend, selon elle, à
marginaliser les auteurs qui en sont affublés ou à créer des
ségrégationsabsurdes.
ȱ
2.ȱENJEUXȱDEȱCETTEȱEXPÉRIENCEȱ
Cela étant, une limite de l’étude de Delbart tient à son
hétérogénéité.Desécrivainsquionttoujoursécritenfrançais(telsles
francophones de Flandre) méritentils bien de figurer parmi les
«exilés du langage» à côté de ceux qui ont opté plus ou moins
tardivementpourcettelangue?Quiplusest,les«traitsrécurrents»
qui sont associés à l’énoncé et à l’énonciation de leurs œuvres
présentent forcément un caractère très relatif puisque le caractère
extrêmement large et hybride du corpus permet d’en tirer tout et
son contraire. La recherche de Delbart n’en constitue pas moins un
travail gigantesque et précieux, et se présente en même temps
comme un plaidoyer convaincant pour une conception «unitaire»
delalittératurefrançaise.L’auteurconclutsonétudeenmettant en
question l’étiquette «francophone», qui tend, selon elle, à
marginaliser les auteurs qui en sont affublés ou à créer des
ségrégationsabsurdes.
ȱ
2.ȱENJEUXȱDEȱCETTEȱEXPÉRIENCEȱ
Audelà de l’inventaire des motivations plus ou moins
Audelà de l’inventaire des motivations plus ou moins
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l’énonciation.Dupointdevuedesstructuresdiscursives,lesœuvres
de ce corpus font une place privilégiée à l’écriture du moi (Assia
Djebar,Wiesel,Chamoiseau...),maisaussiàlapolyphonie(Sarraute,
Huston...) ou au discours fragmenté (Semprun, Kundera...). Sur le
plan stylistique, les auteurs du corpus recourent volontiers à
différenteslangues,mettentenœuvrelefrançaiscommeunelangue
étrangère dotée d’une «musiqueétrange» (Ionesco, Beckett...), font
de leurs textes le lieu d’un plurilinguisme interne (polyphonie) ou
externe (intégration d’énoncés de la langue maternelle). Beaucoup
d’entre eux témoignent en outre d’un rapport duel à l’écriture, en
adoptantuneposturetantôtouvertementclassique(Green,Cioran),
tantôt à l’inverse iconoclaste (Tzara, Beckett). Ils affichent enfin
souventuneprédilectionpourlesgenreshybrides,enfaisantpreuve
d’une grande inventivité générique, et pour les figures dialectiques
comme l’autocorrection, l’oxymoron, la stychomythie ou les parties
d’escrimeverbales...
l’énonciation.Dupointdevuedesstructuresdiscursives,lesœuvres
de ce corpus font une place privilégiée à l’écriture du moi (Assia
Djebar,Wiesel,Chamoiseau...),maisaussiàlapolyphonie(Sarraute,
Huston...) ou au discours fragmenté (Semprun, Kundera...). Sur le
plan stylistique, les auteurs du corpus recourent volontiers à
différenteslangues,mettentenœuvrelefrançaiscommeunelangue
étrangère dotée d’une «musiqueétrange» (Ionesco, Beckett...), font
de leurs textes le lieu d’un plurilinguisme interne (polyphonie) ou
externe (intégration d’énoncés de la langue maternelle). Beaucoup
d’entre eux témoignent en outre d’un rapport duel à l’écriture, en
adoptantuneposturetantôtouvertementclassique(Green,Cioran),
tantôt à l’inverse iconoclaste (Tzara, Beckett). Ils affichent enfin
souventuneprédilectionpourlesgenreshybrides,enfaisantpreuve
d’une grande inventivité générique, et pour les figures dialectiques
comme l’autocorrection, l’oxymoron, la stychomythie ou les parties
d’escrimeverbales...
Cela étant, une limite de l’étude de Delbart tient à son
hétérogénéité.Desécrivainsquionttoujoursécritenfrançais(telsles
francophones de Flandre) méritentils bien de figurer parmi les
«exilés du langage» à côté de ceux qui ont opté plus ou moins
tardivementpourcettelangue?Quiplusest,les«traitsrécurrents»
qui sont associés à l’énoncé et à l’énonciation de leurs œuvres
présentent forcément un caractère très relatif puisque le caractère
extrêmement large et hybride du corpus permet d’en tirer tout et
son contraire. La recherche de Delbart n’en constitue pas moins un
travail gigantesque et précieux, et se présente en même temps
comme un plaidoyer convaincant pour une conception «unitaire»
delalittératurefrançaise.L’auteurconclutsonétudeenmettant en
question l’étiquette «francophone», qui tend, selon elle, à
marginaliser les auteurs qui en sont affublés ou à créer des
ségrégationsabsurdes.
ȱ
2.ȱENJEUXȱDEȱCETTEȱEXPÉRIENCEȱ
Cela étant, une limite de l’étude de Delbart tient à son
hétérogénéité.Desécrivainsquionttoujoursécritenfrançais(telsles
francophones de Flandre) méritentils bien de figurer parmi les
«exilés du langage» à côté de ceux qui ont opté plus ou moins
tardivementpourcettelangue?Quiplusest,les«traitsrécurrents»
qui sont associés à l’énoncé et à l’énonciation de leurs œuvres
présentent forcément un caractère très relatif puisque le caractère
extrêmement large et hybride du corpus permet d’en tirer tout et
son contraire. La recherche de Delbart n’en constitue pas moins un
travail gigantesque et précieux, et se présente en même temps
comme un plaidoyer convaincant pour une conception «unitaire»
delalittératurefrançaise.L’auteurconclutsonétudeenmettant en
question l’étiquette «francophone», qui tend, selon elle, à
marginaliser les auteurs qui en sont affublés ou à créer des
ségrégationsabsurdes.
ȱ
2.ȱENJEUXȱDEȱCETTEȱEXPÉRIENCEȱ
Audelà de l’inventaire des motivations plus ou moins
Audelà de l’inventaire des motivations plus ou moins
55
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manifestes et/ou déclarées, quelles sont les valeurs sousjacentes à
l’expériencedes«exilésdulangage»?Jedistingueraiicidesenjeux
proprement linguistiques, des enjeux littéraires et culturels, et des
enjeuxanthropologiquesetexistentiels.ȱ
manifestes et/ou déclarées, quelles sont les valeurs sousjacentes à
l’expériencedes«exilésdulangage»?Jedistingueraiicidesenjeux
proprement linguistiques, des enjeux littéraires et culturels, et des
enjeuxanthropologiquesetexistentiels.ȱ
Sur le plan linguistique, ces écrivains entretiennent un
rapport de nonévidence, d’étrangeté avec la langue française. Les
mots, les constructions syntaxiques, les choix stylistiques résonnent
différemment chez eux parce qu’ils sont mâtinés de l’expérience
d’une autre langue. Leur rapport au langage se signale ainsi par sa
relativefragilité(dufaitdel’«insécuritélinguistique»),maisaussi,
du coup, par son originalité. La situation est cependant très
différente selon que la langue d’origine est proche ou non du
français. Il serait dès lors intéressant de compléter la typologie de
Delbartparuneautre,quidistingueraitlesauteursissusd’uneautre
langue romane, ceux qui sont issus d’autres langues occidentales,
ceux qui proviennent de languescultures «colonisées» et ceux qui
émanentdelanguesculturespluslointaines.
Sur le plan linguistique, ces écrivains entretiennent un
rapport de nonévidence, d’étrangeté avec la langue française. Les
mots, les constructions syntaxiques, les choix stylistiques résonnent
différemment chez eux parce qu’ils sont mâtinés de l’expérience
d’une autre langue. Leur rapport au langage se signale ainsi par sa
relativefragilité(dufaitdel’«insécuritélinguistique»),maisaussi,
du coup, par son originalité. La situation est cependant très
différente selon que la langue d’origine est proche ou non du
français. Il serait dès lors intéressant de compléter la typologie de
Delbartparuneautre,quidistingueraitlesauteursissusd’uneautre
langue romane, ceux qui sont issus d’autres langues occidentales,
ceux qui proviennent de languescultures «colonisées» et ceux qui
émanentdelanguesculturespluslointaines.
Surleplanlittéraireetculturel,toutesituationd’interlangueȱ
relèveȱ de la «paratopie», du doubleȱ jeu propre à la littérature dont
parleD.Maingueneau(2004).Onpeutdoncdirequelesœuvresdes
auteurs «migrants» sont le lieu d’une tension culturelle
particulièrement propice à la production de l’effet littérature. Ces
œuvres mobilisent en outre une autre mémoire intertextuelle, liée
aux traditions littéraires non francophones. Cette altérité s’observe
tantôtauniveaudesgenrestraités–parexemple,lesanglosaxonset
lesslavesapportentleursensduromanesque–,tantôtsurleplandes
styles, des manières de raconter, de poétiser, de dramatiser, tantôt
encore sur le plan des usages de la langue, quand on songe par
exempleàla«créolisation»dufrançaischezlesAntillais.
Surleplanlittéraireetculturel,toutesituationd’interlangueȱ
relèveȱ de la «paratopie», du doubleȱ jeu propre à la littérature dont
parleD.Maingueneau(2004).Onpeutdoncdirequelesœuvresdes
auteurs «migrants» sont le lieu d’une tension culturelle
particulièrement propice à la production de l’effet littérature. Ces
œuvres mobilisent en outre une autre mémoire intertextuelle, liée
aux traditions littéraires non francophones. Cette altérité s’observe
tantôtauniveaudesgenrestraités–parexemple,lesanglosaxonset
lesslavesapportentleursensduromanesque–,tantôtsurleplandes
styles, des manières de raconter, de poétiser, de dramatiser, tantôt
encore sur le plan des usages de la langue, quand on songe par
exempleàla«créolisation»dufrançaischezlesAntillais.
Enfin,surleplananthropologiqueetexistentiel,deuxchoses
aumoinssontàremarquer.D’unepart,lesœuvresdecesécrivains
venusd’ailleursrelèventd’uneexpériencede«déterritorialisation»
(G. Deleuze), qui met en danger, relève du risque mais crée les
56
Enfin,surleplananthropologiqueetexistentiel,deuxchoses
aumoinssontàremarquer.D’unepart,lesœuvresdecesécrivains
venusd’ailleursrelèventd’uneexpériencede«déterritorialisation»
(G. Deleuze), qui met en danger, relève du risque mais crée les
56
manifestes et/ou déclarées, quelles sont les valeurs sousjacentes à
l’expériencedes«exilésdulangage»?Jedistingueraiicidesenjeux
proprement linguistiques, des enjeux littéraires et culturels, et des
enjeuxanthropologiquesetexistentiels.ȱ
manifestes et/ou déclarées, quelles sont les valeurs sousjacentes à
l’expériencedes«exilésdulangage»?Jedistingueraiicidesenjeux
proprement linguistiques, des enjeux littéraires et culturels, et des
enjeuxanthropologiquesetexistentiels.ȱ
Sur le plan linguistique, ces écrivains entretiennent un
rapport de nonévidence, d’étrangeté avec la langue française. Les
mots, les constructions syntaxiques, les choix stylistiques résonnent
différemment chez eux parce qu’ils sont mâtinés de l’expérience
d’une autre langue. Leur rapport au langage se signale ainsi par sa
relativefragilité(dufaitdel’«insécuritélinguistique»),maisaussi,
du coup, par son originalité. La situation est cependant très
différente selon que la langue d’origine est proche ou non du
français. Il serait dès lors intéressant de compléter la typologie de
Delbartparuneautre,quidistingueraitlesauteursissusd’uneautre
langue romane, ceux qui sont issus d’autres langues occidentales,
ceux qui proviennent de languescultures «colonisées» et ceux qui
émanentdelanguesculturespluslointaines.
Sur le plan linguistique, ces écrivains entretiennent un
rapport de nonévidence, d’étrangeté avec la langue française. Les
mots, les constructions syntaxiques, les choix stylistiques résonnent
différemment chez eux parce qu’ils sont mâtinés de l’expérience
d’une autre langue. Leur rapport au langage se signale ainsi par sa
relativefragilité(dufaitdel’«insécuritélinguistique»),maisaussi,
du coup, par son originalité. La situation est cependant très
différente selon que la langue d’origine est proche ou non du
français. Il serait dès lors intéressant de compléter la typologie de
Delbartparuneautre,quidistingueraitlesauteursissusd’uneautre
langue romane, ceux qui sont issus d’autres langues occidentales,
ceux qui proviennent de languescultures «colonisées» et ceux qui
émanentdelanguesculturespluslointaines.
Surleplanlittéraireetculturel,toutesituationd’interlangueȱ
relèveȱ de la «paratopie», du doubleȱ jeu propre à la littérature dont
parleD.Maingueneau(2004).Onpeutdoncdirequelesœuvresdes
auteurs «migrants» sont le lieu d’une tension culturelle
particulièrement propice à la production de l’effet littérature. Ces
œuvres mobilisent en outre une autre mémoire intertextuelle, liée
aux traditions littéraires non francophones. Cette altérité s’observe
tantôtauniveaudesgenrestraités–parexemple,lesanglosaxonset
lesslavesapportentleursensduromanesque–,tantôtsurleplandes
styles, des manières de raconter, de poétiser, de dramatiser, tantôt
encore sur le plan des usages de la langue, quand on songe par
exempleàla«créolisation»dufrançaischezlesAntillais.
Surleplanlittéraireetculturel,toutesituationd’interlangueȱ
relèveȱ de la «paratopie», du doubleȱ jeu propre à la littérature dont
parleD.Maingueneau(2004).Onpeutdoncdirequelesœuvresdes
auteurs «migrants» sont le lieu d’une tension culturelle
particulièrement propice à la production de l’effet littérature. Ces
œuvres mobilisent en outre une autre mémoire intertextuelle, liée
aux traditions littéraires non francophones. Cette altérité s’observe
tantôtauniveaudesgenrestraités–parexemple,lesanglosaxonset
lesslavesapportentleursensduromanesque–,tantôtsurleplandes
styles, des manières de raconter, de poétiser, de dramatiser, tantôt
encore sur le plan des usages de la langue, quand on songe par
exempleàla«créolisation»dufrançaischezlesAntillais.
Enfin,surleplananthropologiqueetexistentiel,deuxchoses
aumoinssontàremarquer.D’unepart,lesœuvresdecesécrivains
venusd’ailleursrelèventd’uneexpériencede«déterritorialisation»
(G. Deleuze), qui met en danger, relève du risque mais crée les
56
Enfin,surleplananthropologiqueetexistentiel,deuxchoses
aumoinssontàremarquer.D’unepart,lesœuvresdecesécrivains
venusd’ailleursrelèventd’uneexpériencede«déterritorialisation»
(G. Deleuze), qui met en danger, relève du risque mais crée les
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conditions d’un regard innovant. D’autre part, beaucoup de ces
écrivains – et les plus fameux – se signalent par une tendance
«nihiliste» assez marquée. Je me réfère ici à la thèse convaincante
développéeparNancyHuston,quisefonded’abordsurunconstat:
conditions d’un regard innovant. D’autre part, beaucoup de ces
écrivains – et les plus fameux – se signalent par une tendance
«nihiliste» assez marquée. Je me réfère ici à la thèse convaincante
développéeparNancyHuston,quisefonded’abordsurunconstat:
ȱAvecȱ laȱ Secondeȱ Guerre,ȱ avecȱ l’avènementȱ desȱ totalitarismesȱ etȱ leursȱ
hécatombesȱ sansȱ précédentȱ dansȱ l’Histoireȱ (..),ȱ laȱ plupartȱ desȱ écrivainsȱ
cessentȱdeȱcroireȱqueȱlaȱlittératureȱpuisseȱaiderȱàȱcomprendreȱleȱmondeȱetȱàȱyȱ
vivre.ȱIlsȱseȱméfientȱdeȱtout,ȱàȱcommencerȱparȱleȱlangageȱetȱleȱrécit.(Huston,
2004:29)
ȱAvecȱ laȱ Secondeȱ Guerre,ȱ avecȱ l’avènementȱ desȱ totalitarismesȱ etȱ leursȱ
hécatombesȱ sansȱ précédentȱ dansȱ l’Histoireȱ (..),ȱ laȱ plupartȱ desȱ écrivainsȱ
cessentȱdeȱcroireȱqueȱlaȱlittératureȱpuisseȱaiderȱàȱcomprendreȱleȱmondeȱetȱàȱyȱ
vivre.ȱIlsȱseȱméfientȱdeȱtout,ȱàȱcommencerȱparȱleȱlangageȱetȱleȱrécit.(Huston,
2004:29)
Huston sélectionne ensuite quelques cas emblématiques de
ces«professeursdedésespoir»,qu’ellerépartitentroisgénérations:
certains d’entre eux étaient adultes pendant la guerre (Samuel
Beckett, Emil Cioran), d’autres, à cette époque, étaient enfants ou
adolescents (Imre Kertesz, Thomas Bernhard, Milan Kundera), les
troisièmes sont nés après la guerre (Elfriede Jelinek, Michel
Houellebecq,SarahKane,ChristineAngot,LindaLê).
Ilestfrappantdeconstaterque,surlesdixauteursretenus,
sixsontfrançais,etparmieux,quatresontdes«exilésdulangage».
Le rapport d’étrangeté à la langue fait en effet partie des facteurs
biographiquesqui,selonHuston,favorisentl’adoptiondeladoctrine
négativiste, les autres facteurs étant la naissance dans un pays
suscitantl’ambivalence,lefaitdevivredansuncarcan,l’expérience
d’un malheur familial et l’expérience d’un faux départ dans la
littérature:ȱȱ
Huston sélectionne ensuite quelques cas emblématiques de
ces«professeursdedésespoir»,qu’ellerépartitentroisgénérations:
certains d’entre eux étaient adultes pendant la guerre (Samuel
Beckett, Emil Cioran), d’autres, à cette époque, étaient enfants ou
adolescents (Imre Kertesz, Thomas Bernhard, Milan Kundera), les
troisièmes sont nés après la guerre (Elfriede Jelinek, Michel
Houellebecq,SarahKane,ChristineAngot,LindaLê).
Ilestfrappantdeconstaterque,surlesdixauteursretenus,
sixsontfrançais,etparmieux,quatresontdes«exilésdulangage».
Le rapport d’étrangeté à la langue fait en effet partie des facteurs
biographiquesqui,selonHuston,favorisentl’adoptiondeladoctrine
négativiste, les autres facteurs étant la naissance dans un pays
suscitantl’ambivalence,lefaitdevivredansuncarcan,l’expérience
d’un malheur familial et l’expérience d’un faux départ dans la
littérature:ȱȱ
ȱ«Nombre de ces auteurs ont connu, à l’âge adulte, un moment de
crise professionnelle ou existentielle dontils sont sortis transformés.
Il est remarquable que la plupart ont choisi de quitter leur pays de
naissance pour s’installer de façon permanente à l’étranger. Plus
remarquableencore:noncontentsdequitterleurpays,plusieursont
délaissé leur langue maternelle et adopté, pour l’écriture, la langue
française. On peut donc déceler un lien entreȱ laȱ perteȱ d’attaches,ȱ leȱ
flottementȱidentitaireȱquiȱenȱrésulte,ȱetȱleȱchoixȱduȱnonȬsensȱcommeȱattitudeȱ
philosophiqueȱ»ȱ(Huston,2004:338340).ȱ
ȱ«Nombre de ces auteurs ont connu, à l’âge adulte, un moment de
crise professionnelle ou existentielle dontils sont sortis transformés.
Il est remarquable que la plupart ont choisi de quitter leur pays de
naissance pour s’installer de façon permanente à l’étranger. Plus
remarquableencore:noncontentsdequitterleurpays,plusieursont
délaissé leur langue maternelle et adopté, pour l’écriture, la langue
française. On peut donc déceler un lien entreȱ laȱ perteȱ d’attaches,ȱ leȱ
flottementȱidentitaireȱquiȱenȱrésulte,ȱetȱleȱchoixȱduȱnonȬsensȱcommeȱattitudeȱ
philosophiqueȱ»ȱ(Huston,2004:338340).ȱ
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conditions d’un regard innovant. D’autre part, beaucoup de ces
écrivains – et les plus fameux – se signalent par une tendance
«nihiliste» assez marquée. Je me réfère ici à la thèse convaincante
développéeparNancyHuston,quisefonded’abordsurunconstat:
conditions d’un regard innovant. D’autre part, beaucoup de ces
écrivains – et les plus fameux – se signalent par une tendance
«nihiliste» assez marquée. Je me réfère ici à la thèse convaincante
développéeparNancyHuston,quisefonded’abordsurunconstat:
ȱAvecȱ laȱ Secondeȱ Guerre,ȱ avecȱ l’avènementȱ desȱ totalitarismesȱ etȱ leursȱ
hécatombesȱ sansȱ précédentȱ dansȱ l’Histoireȱ (..),ȱ laȱ plupartȱ desȱ écrivainsȱ
cessentȱdeȱcroireȱqueȱlaȱlittératureȱpuisseȱaiderȱàȱcomprendreȱleȱmondeȱetȱàȱyȱ
vivre.ȱIlsȱseȱméfientȱdeȱtout,ȱàȱcommencerȱparȱleȱlangageȱetȱleȱrécit.(Huston,
2004:29)
ȱAvecȱ laȱ Secondeȱ Guerre,ȱ avecȱ l’avènementȱ desȱ totalitarismesȱ etȱ leursȱ
hécatombesȱ sansȱ précédentȱ dansȱ l’Histoireȱ (..),ȱ laȱ plupartȱ desȱ écrivainsȱ
cessentȱdeȱcroireȱqueȱlaȱlittératureȱpuisseȱaiderȱàȱcomprendreȱleȱmondeȱetȱàȱyȱ
vivre.ȱIlsȱseȱméfientȱdeȱtout,ȱàȱcommencerȱparȱleȱlangageȱetȱleȱrécit.(Huston,
2004:29)
Huston sélectionne ensuite quelques cas emblématiques de
ces«professeursdedésespoir»,qu’ellerépartitentroisgénérations:
certains d’entre eux étaient adultes pendant la guerre (Samuel
Beckett, Emil Cioran), d’autres, à cette époque, étaient enfants ou
adolescents (Imre Kertesz, Thomas Bernhard, Milan Kundera), les
troisièmes sont nés après la guerre (Elfriede Jelinek, Michel
Houellebecq,SarahKane,ChristineAngot,LindaLê).
Ilestfrappantdeconstaterque,surlesdixauteursretenus,
sixsontfrançais,etparmieux,quatresontdes«exilésdulangage».
Le rapport d’étrangeté à la langue fait en effet partie des facteurs
biographiquesqui,selonHuston,favorisentl’adoptiondeladoctrine
négativiste, les autres facteurs étant la naissance dans un pays
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d’un malheur familial et l’expérience d’un faux départ dans la
littérature:ȱȱ
Huston sélectionne ensuite quelques cas emblématiques de
ces«professeursdedésespoir»,qu’ellerépartitentroisgénérations:
certains d’entre eux étaient adultes pendant la guerre (Samuel
Beckett, Emil Cioran), d’autres, à cette époque, étaient enfants ou
adolescents (Imre Kertesz, Thomas Bernhard, Milan Kundera), les
troisièmes sont nés après la guerre (Elfriede Jelinek, Michel
Houellebecq,SarahKane,ChristineAngot,LindaLê).
Ilestfrappantdeconstaterque,surlesdixauteursretenus,
sixsontfrançais,etparmieux,quatresontdes«exilésdulangage».
Le rapport d’étrangeté à la langue fait en effet partie des facteurs
biographiquesqui,selonHuston,favorisentl’adoptiondeladoctrine
négativiste, les autres facteurs étant la naissance dans un pays
suscitantl’ambivalence,lefaitdevivredansuncarcan,l’expérience
d’un malheur familial et l’expérience d’un faux départ dans la
littérature:ȱȱ
ȱ«Nombre de ces auteurs ont connu, à l’âge adulte, un moment de
crise professionnelle ou existentielle dontils sont sortis transformés.
Il est remarquable que la plupart ont choisi de quitter leur pays de
naissance pour s’installer de façon permanente à l’étranger. Plus
remarquableencore:noncontentsdequitterleurpays,plusieursont
délaissé leur langue maternelle et adopté, pour l’écriture, la langue
française. On peut donc déceler un lien entreȱ laȱ perteȱ d’attaches,ȱ leȱ
flottementȱidentitaireȱquiȱenȱrésulte,ȱetȱleȱchoixȱduȱnonȬsensȱcommeȱattitudeȱ
philosophiqueȱ»ȱ(Huston,2004:338340).ȱ
ȱ«Nombre de ces auteurs ont connu, à l’âge adulte, un moment de
crise professionnelle ou existentielle dontils sont sortis transformés.
Il est remarquable que la plupart ont choisi de quitter leur pays de
naissance pour s’installer de façon permanente à l’étranger. Plus
remarquableencore:noncontentsdequitterleurpays,plusieursont
délaissé leur langue maternelle et adopté, pour l’écriture, la langue
française. On peut donc déceler un lien entreȱ laȱ perteȱ d’attaches,ȱ leȱ
flottementȱidentitaireȱquiȱenȱrésulte,ȱetȱleȱchoixȱduȱnonȬsensȱcommeȱattitudeȱ
philosophiqueȱ»ȱ(Huston,2004:338340).ȱ
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Cette corrélation entre le changement de langue et le
développementd’unevisiondésespéréedel’existenceestcompensée
parunbénéficesurleplanproprementlittéraire.S’attardantsurles
cas de Beckett et de Cioran, ainsi que sur son propre cas de
Canadienne anglophone ayant adopté le français, l’auteure de
Professeursȱdeȱdésespoirposeeneffetlediagnosticsuivant:
Cette corrélation entre le changement de langue et le
développementd’unevisiondésespéréedel’existenceestcompensée
parunbénéficesurleplanproprementlittéraire.S’attardantsurles
cas de Beckett et de Cioran, ainsi que sur son propre cas de
Canadienne anglophone ayant adopté le français, l’auteure de
Professeursȱdeȱdésespoirposeeneffetlediagnosticsuivant:
ȱLaȱ langueȱ étrangèreȱ vousȱ faitȱ leȱ cadeauȱ d’unȱ handicap.ȱ Elleȱ vousȱ obligeȱ àȱ
ralentir,ȱàȱexaminerȱchaqueȱmot,ȱchaqueȱformule,ȱchaqueȱtournure.ȱMêmeȱsiȱ
vousȱlaȱmaîtrisezȱoralementȱdepuisȱlongtemps,ȱdansȱl’écriture,ȱvousȱn’yȱavezȱ
aucunȱautomatisme.ȱÀȱBeckettȱ(...),ȱlaȱlangueȱétrangèreȱȈlaisseȱtouteȱlatitudeȱ
deȱseȱconcentrerȱsurȱlesȱmoyensȱdeȱrestituerȱdirectementȱsaȱquêteȱdeȱl’êtreȱetȱ
sonȱ explorationȱ deȱ l’ignorance,ȱ deȱ l’impuissanceȱ (...),ȱ deȱ ‘retrancherȱ leȱ
superflu,ȱ deȱ décaperȱ laȱ couleur’,ȱ pourȱ mieuxȱ s’attacherȱ àȱ laȱ musiqueȱ duȱ
langage,ȱàȱsesȱsonoritésȱetȱàȱsesȱrythmes.Ȉȱȱ
ȱLaȱ langueȱ étrangèreȱ vousȱ faitȱ leȱ cadeauȱ d’unȱ handicap.ȱ Elleȱ vousȱ obligeȱ àȱ
ralentir,ȱàȱexaminerȱchaqueȱmot,ȱchaqueȱformule,ȱchaqueȱtournure.ȱMêmeȱsiȱ
vousȱlaȱmaîtrisezȱoralementȱdepuisȱlongtemps,ȱdansȱl’écriture,ȱvousȱn’yȱavezȱ
aucunȱautomatisme.ȱÀȱBeckettȱ(...),ȱlaȱlangueȱétrangèreȱȈlaisseȱtouteȱlatitudeȱ
deȱseȱconcentrerȱsurȱlesȱmoyensȱdeȱrestituerȱdirectementȱsaȱquêteȱdeȱl’êtreȱetȱ
sonȱ explorationȱ deȱ l’ignorance,ȱ deȱ l’impuissanceȱ (...),ȱ deȱ ‘retrancherȱ leȱ
superflu,ȱ deȱ décaperȱ laȱ couleur’,ȱ pourȱ mieuxȱ s’attacherȱ àȱ laȱ musiqueȱ duȱ
langage,ȱàȱsesȱsonoritésȱetȱàȱsesȱrythmes.Ȉȱȱ
Cioran,ȱquantȱàȱȱlui,ȱéprouveȱunȱattraitȱpresqueȱmasochisteȱpourȱlaȱlangueȱ
françaiseȱenȱraisonȱdeȱsaȱrigiditéȱsyntaxique.ȱ(...)ȱȈLeȱfrançais,ȱexpliqueȬtȬilȱ
(...),ȱ recèleȱ desȱ vertusȱ civilisatricesȱ enȱ ceȱ qu’ilȱ vousȱ imposeȱ enȱ permanenceȱ
sesȱcontraintes.ȱOnȱneȱpeutȱpasȱdevenirȱfouȱenȱfrançais.ȱL’excèsȱn’yȱestȱpasȱ
possible.ȱLaȱlangueȱfrançaiseȱm’aȱapaiséȱcommeȱuneȱcamisoleȱdeȱforceȱcalmeȱ
unȱfou.ȱ(...)ȱEnȱmeȱcontraignant,ȱenȱm’interdisantȱd’exagérerȱàȱtoutȱboutȱdeȱ
champ,ȱelleȱm’aȱsauvé.Ȉȱȱ
Cioran,ȱquantȱàȱȱlui,ȱéprouveȱunȱattraitȱpresqueȱmasochisteȱpourȱlaȱlangueȱ
françaiseȱenȱraisonȱdeȱsaȱrigiditéȱsyntaxique.ȱ(...)ȱȈLeȱfrançais,ȱexpliqueȬtȬilȱ
(...),ȱ recèleȱ desȱ vertusȱ civilisatricesȱ enȱ ceȱ qu’ilȱ vousȱ imposeȱ enȱ permanenceȱ
sesȱcontraintes.ȱOnȱneȱpeutȱpasȱdevenirȱfouȱenȱfrançais.ȱL’excèsȱn’yȱestȱpasȱ
possible.ȱLaȱlangueȱfrançaiseȱm’aȱapaiséȱcommeȱuneȱcamisoleȱdeȱforceȱcalmeȱ
unȱfou.ȱ(...)ȱEnȱmeȱcontraignant,ȱenȱm’interdisantȱd’exagérerȱàȱtoutȱboutȱdeȱ
champ,ȱelleȱm’aȱsauvé.Ȉȱȱ
(Etȱ moiȱ personnellement,ȱ (...)ȱ sculptantȱ moiȱ aussiȱ mesȱ phrasesȱ enȱ françaisȱ
langueȱ étrangère,ȱ jeȱ neȱ peuxȱ qu’abonderȱ dansȱ sonȱ sens.)ȱ (Huston, 2004 :
(Etȱ moiȱ personnellement,ȱ (...)ȱ sculptantȱ moiȱ aussiȱ mesȱ phrasesȱ enȱ françaisȱ
langueȱ étrangère,ȱ jeȱ neȱ peuxȱ qu’abonderȱ dansȱ sonȱ sens.)ȱ (Huston, 2004 :
114115).
114115).
La situation des exilés du langage apparaît donc comme
éminemment paradoxale : tout se passe comme si le choix d’une
autrelanguesesoldaitàlafoisparuncoût,unepertedesenssurle
plan humain et existentiel et par un gain esthétique dû au
dépassementdescontraintesquienrésulte.Onsegarderacependant
de généraliser ce qui n’est peutêtre qu’une coïncidence chez
quelquesuns des plus grands auteurs de cette catégorie. Sans
pousser l’analyse outre mesure, on peut faire l’hypothèse que la
tendance observée serait toute différente si l’on prenait comme
58
La situation des exilés du langage apparaît donc comme
éminemment paradoxale : tout se passe comme si le choix d’une
autrelanguesesoldaitàlafoisparuncoût,unepertedesenssurle
plan humain et existentiel et par un gain esthétique dû au
dépassementdescontraintesquienrésulte.Onsegarderacependant
de généraliser ce qui n’est peutêtre qu’une coïncidence chez
quelquesuns des plus grands auteurs de cette catégorie. Sans
pousser l’analyse outre mesure, on peut faire l’hypothèse que la
tendance observée serait toute différente si l’on prenait comme
58
Cette corrélation entre le changement de langue et le
développementd’unevisiondésespéréedel’existenceestcompensée
parunbénéficesurleplanproprementlittéraire.S’attardantsurles
cas de Beckett et de Cioran, ainsi que sur son propre cas de
Canadienne anglophone ayant adopté le français, l’auteure de
Professeursȱdeȱdésespoirposeeneffetlediagnosticsuivant:
Cette corrélation entre le changement de langue et le
développementd’unevisiondésespéréedel’existenceestcompensée
parunbénéficesurleplanproprementlittéraire.S’attardantsurles
cas de Beckett et de Cioran, ainsi que sur son propre cas de
Canadienne anglophone ayant adopté le français, l’auteure de
Professeursȱdeȱdésespoirposeeneffetlediagnosticsuivant:
ȱLaȱ langueȱ étrangèreȱ vousȱ faitȱ leȱ cadeauȱ d’unȱ handicap.ȱ Elleȱ vousȱ obligeȱ àȱ
ralentir,ȱàȱexaminerȱchaqueȱmot,ȱchaqueȱformule,ȱchaqueȱtournure.ȱMêmeȱsiȱ
vousȱlaȱmaîtrisezȱoralementȱdepuisȱlongtemps,ȱdansȱl’écriture,ȱvousȱn’yȱavezȱ
aucunȱautomatisme.ȱÀȱBeckettȱ(...),ȱlaȱlangueȱétrangèreȱȈlaisseȱtouteȱlatitudeȱ
deȱseȱconcentrerȱsurȱlesȱmoyensȱdeȱrestituerȱdirectementȱsaȱquêteȱdeȱl’êtreȱetȱ
sonȱ explorationȱ deȱ l’ignorance,ȱ deȱ l’impuissanceȱ (...),ȱ deȱ ‘retrancherȱ leȱ
superflu,ȱ deȱ décaperȱ laȱ couleur’,ȱ pourȱ mieuxȱ s’attacherȱ àȱ laȱ musiqueȱ duȱ
langage,ȱàȱsesȱsonoritésȱetȱàȱsesȱrythmes.Ȉȱȱ
ȱLaȱ langueȱ étrangèreȱ vousȱ faitȱ leȱ cadeauȱ d’unȱ handicap.ȱ Elleȱ vousȱ obligeȱ àȱ
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vousȱlaȱmaîtrisezȱoralementȱdepuisȱlongtemps,ȱdansȱl’écriture,ȱvousȱn’yȱavezȱ
aucunȱautomatisme.ȱÀȱBeckettȱ(...),ȱlaȱlangueȱétrangèreȱȈlaisseȱtouteȱlatitudeȱ
deȱseȱconcentrerȱsurȱlesȱmoyensȱdeȱrestituerȱdirectementȱsaȱquêteȱdeȱl’êtreȱetȱ
sonȱ explorationȱ deȱ l’ignorance,ȱ deȱ l’impuissanceȱ (...),ȱ deȱ ‘retrancherȱ leȱ
superflu,ȱ deȱ décaperȱ laȱ couleur’,ȱ pourȱ mieuxȱ s’attacherȱ àȱ laȱ musiqueȱ duȱ
langage,ȱàȱsesȱsonoritésȱetȱàȱsesȱrythmes.Ȉȱȱ
Cioran,ȱquantȱàȱȱlui,ȱéprouveȱunȱattraitȱpresqueȱmasochisteȱpourȱlaȱlangueȱ
françaiseȱenȱraisonȱdeȱsaȱrigiditéȱsyntaxique.ȱ(...)ȱȈLeȱfrançais,ȱexpliqueȬtȬilȱ
(...),ȱ recèleȱ desȱ vertusȱ civilisatricesȱ enȱ ceȱ qu’ilȱ vousȱ imposeȱ enȱ permanenceȱ
sesȱcontraintes.ȱOnȱneȱpeutȱpasȱdevenirȱfouȱenȱfrançais.ȱL’excèsȱn’yȱestȱpasȱ
possible.ȱLaȱlangueȱfrançaiseȱm’aȱapaiséȱcommeȱuneȱcamisoleȱdeȱforceȱcalmeȱ
unȱfou.ȱ(...)ȱEnȱmeȱcontraignant,ȱenȱm’interdisantȱd’exagérerȱàȱtoutȱboutȱdeȱ
champ,ȱelleȱm’aȱsauvé.Ȉȱȱ
Cioran,ȱquantȱàȱȱlui,ȱéprouveȱunȱattraitȱpresqueȱmasochisteȱpourȱlaȱlangueȱ
françaiseȱenȱraisonȱdeȱsaȱrigiditéȱsyntaxique.ȱ(...)ȱȈLeȱfrançais,ȱexpliqueȬtȬilȱ
(...),ȱ recèleȱ desȱ vertusȱ civilisatricesȱ enȱ ceȱ qu’ilȱ vousȱ imposeȱ enȱ permanenceȱ
sesȱcontraintes.ȱOnȱneȱpeutȱpasȱdevenirȱfouȱenȱfrançais.ȱL’excèsȱn’yȱestȱpasȱ
possible.ȱLaȱlangueȱfrançaiseȱm’aȱapaiséȱcommeȱuneȱcamisoleȱdeȱforceȱcalmeȱ
unȱfou.ȱ(...)ȱEnȱmeȱcontraignant,ȱenȱm’interdisantȱd’exagérerȱàȱtoutȱboutȱdeȱ
champ,ȱelleȱm’aȱsauvé.Ȉȱȱ
(Etȱ moiȱ personnellement,ȱ (...)ȱ sculptantȱ moiȱ aussiȱ mesȱ phrasesȱ enȱ françaisȱ
langueȱ étrangère,ȱ jeȱ neȱ peuxȱ qu’abonderȱ dansȱ sonȱ sens.)ȱ (Huston, 2004 :
(Etȱ moiȱ personnellement,ȱ (...)ȱ sculptantȱ moiȱ aussiȱ mesȱ phrasesȱ enȱ françaisȱ
langueȱ étrangère,ȱ jeȱ neȱ peuxȱ qu’abonderȱ dansȱ sonȱ sens.)ȱ (Huston, 2004 :
114115).
114115).
La situation des exilés du langage apparaît donc comme
éminemment paradoxale : tout se passe comme si le choix d’une
autrelanguesesoldaitàlafoisparuncoût,unepertedesenssurle
plan humain et existentiel et par un gain esthétique dû au
dépassementdescontraintesquienrésulte.Onsegarderacependant
de généraliser ce qui n’est peutêtre qu’une coïncidence chez
quelquesuns des plus grands auteurs de cette catégorie. Sans
pousser l’analyse outre mesure, on peut faire l’hypothèse que la
tendance observée serait toute différente si l’on prenait comme
58
La situation des exilés du langage apparaît donc comme
éminemment paradoxale : tout se passe comme si le choix d’une
autrelanguesesoldaitàlafoisparuncoût,unepertedesenssurle
plan humain et existentiel et par un gain esthétique dû au
dépassementdescontraintesquienrésulte.Onsegarderacependant
de généraliser ce qui n’est peutêtre qu’une coïncidence chez
quelquesuns des plus grands auteurs de cette catégorie. Sans
pousser l’analyse outre mesure, on peut faire l’hypothèse que la
tendance observée serait toute différente si l’on prenait comme
58
corpus non plus Beckett, Cioran et Kundera, mais Bianciotti, Ben
JellounetMakine.
ȱ
3.ȱQUELLEȱPLACEȱPOURȱCESȱAUTEURSȱENȱCLASSEȱDEȱ
FRANÇAISȱ?ȱ
Ladiversitédessituationsetdesenjeuxliésàcesexpériences
d’interlangueétantainsiquelquepeudébroussaillée,j’aimeraispour
finir me pencher sur l’intérêt didactique de l’exploitation de ces
auteursenclassedefrançais,endistinguantlescontextesdufrançais
languematernelleoupremière(FL1)etdufrançaislangueétrangère
ouseconde(FLE/S).
corpus non plus Beckett, Cioran et Kundera, mais Bianciotti, Ben
JellounetMakine.
ȱ
3.ȱQUELLEȱPLACEȱPOURȱCESȱAUTEURSȱENȱCLASSEȱDEȱ
FRANÇAISȱ?ȱ
Ladiversitédessituationsetdesenjeuxliésàcesexpériences
d’interlangueétantainsiquelquepeudébroussaillée,j’aimeraispour
finir me pencher sur l’intérêt didactique de l’exploitation de ces
auteursenclassedefrançais,endistinguantlescontextesdufrançais
languematernelleoupremière(FL1)etdufrançaislangueétrangère
ouseconde(FLE/S).
Dans le contexte du FL1, il me semble que ces auteurs
invitent les élèves à un travail de décentration salutaire. Ils les
amènenteneffetàs’ouvrirauregarddel’étrangersurleurlangueet
leur culture, et par là à un travail de réflexivité qui consisterait par
exemple, comme je l’ai esquissé brièvement ici, à analyser la
diversité desexpériences de ce type, ainsi qu’à étudier leurs enjeux
linguistiques,littérairesetexistentiels.
Dans le contexte du FL1, il me semble que ces auteurs
invitent les élèves à un travail de décentration salutaire. Ils les
amènenteneffetàs’ouvrirauregarddel’étrangersurleurlangueet
leur culture, et par là à un travail de réflexivité qui consisterait par
exemple, comme je l’ai esquissé brièvement ici, à analyser la
diversité desexpériences de ce type, ainsi qu’à étudier leurs enjeux
linguistiques,littérairesetexistentiels.
En contexte FLE/S, ces auteurs gagneraient à être présentés
comme des exemples de «passeurs» de langue et de culture,
susceptibles à la fois de favoriser une identification partielle de la
part des élèves,quisesentirontprobablement«rejoints»dansleur
expérience,etd’accroîtreleurmotivationàl’égarddelalangue,dela
littérature et de la culture francophones, dont ces «frères d’exil»
apparaissentcommedesporteparole.
En contexte FLE/S, ces auteurs gagneraient à être présentés
comme des exemples de «passeurs» de langue et de culture,
susceptibles à la fois de favoriser une identification partielle de la
part des élèves,quisesentirontprobablement«rejoints»dansleur
expérience,etd’accroîtreleurmotivationàl’égarddelalangue,dela
littérature et de la culture francophones, dont ces «frères d’exil»
apparaissentcommedesporteparole.
Dansuncontextecommedansl’autre,ils’agiraitentoutcas
defavoriserchezlesélèvesl’appropriationactived’unediversitéde
ces auteurs et une réflexion sur l’importance de leur apport à la
littératuredelanguefrançaise.
Dansuncontextecommedansl’autre,ils’agiraitentoutcas
defavoriserchezlesélèvesl’appropriationactived’unediversitéde
ces auteurs et une réflexion sur l’importance de leur apport à la
littératuredelanguefrançaise.
Comment procéder concrètement? En FLES, compte tenu
desbesoinsavanttoutpratiqueséprouvésparlesélèves,lapriorité
devrait être donnée à une lectureȱ pragmatique, qui privilégie le
repérage de l’action suscitée par ces textes en tant que discours
Comment procéder concrètement? En FLES, compte tenu
desbesoinsavanttoutpratiqueséprouvésparlesélèves,lapriorité
devrait être donnée à une lectureȱ pragmatique, qui privilégie le
repérage de l’action suscitée par ces textes en tant que discours
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corpus non plus Beckett, Cioran et Kundera, mais Bianciotti, Ben
JellounetMakine.
ȱ
3.ȱQUELLEȱPLACEȱPOURȱCESȱAUTEURSȱENȱCLASSEȱDEȱ
FRANÇAISȱ?ȱ
Ladiversitédessituationsetdesenjeuxliésàcesexpériences
d’interlangueétantainsiquelquepeudébroussaillée,j’aimeraispour
finir me pencher sur l’intérêt didactique de l’exploitation de ces
auteursenclassedefrançais,endistinguantlescontextesdufrançais
languematernelleoupremière(FL1)etdufrançaislangueétrangère
ouseconde(FLE/S).
corpus non plus Beckett, Cioran et Kundera, mais Bianciotti, Ben
JellounetMakine.
ȱ
3.ȱQUELLEȱPLACEȱPOURȱCESȱAUTEURSȱENȱCLASSEȱDEȱ
FRANÇAISȱ?ȱ
Ladiversitédessituationsetdesenjeuxliésàcesexpériences
d’interlangueétantainsiquelquepeudébroussaillée,j’aimeraispour
finir me pencher sur l’intérêt didactique de l’exploitation de ces
auteursenclassedefrançais,endistinguantlescontextesdufrançais
languematernelleoupremière(FL1)etdufrançaislangueétrangère
ouseconde(FLE/S).
Dans le contexte du FL1, il me semble que ces auteurs
invitent les élèves à un travail de décentration salutaire. Ils les
amènenteneffetàs’ouvrirauregarddel’étrangersurleurlangueet
leur culture, et par là à un travail de réflexivité qui consisterait par
exemple, comme je l’ai esquissé brièvement ici, à analyser la
diversité desexpériences de ce type, ainsi qu’à étudier leurs enjeux
linguistiques,littérairesetexistentiels.
Dans le contexte du FL1, il me semble que ces auteurs
invitent les élèves à un travail de décentration salutaire. Ils les
amènenteneffetàs’ouvrirauregarddel’étrangersurleurlangueet
leur culture, et par là à un travail de réflexivité qui consisterait par
exemple, comme je l’ai esquissé brièvement ici, à analyser la
diversité desexpériences de ce type, ainsi qu’à étudier leurs enjeux
linguistiques,littérairesetexistentiels.
En contexte FLE/S, ces auteurs gagneraient à être présentés
comme des exemples de «passeurs» de langue et de culture,
susceptibles à la fois de favoriser une identification partielle de la
part des élèves,quisesentirontprobablement«rejoints»dansleur
expérience,etd’accroîtreleurmotivationàl’égarddelalangue,dela
littérature et de la culture francophones, dont ces «frères d’exil»
apparaissentcommedesporteparole.
En contexte FLE/S, ces auteurs gagneraient à être présentés
comme des exemples de «passeurs» de langue et de culture,
susceptibles à la fois de favoriser une identification partielle de la
part des élèves,quisesentirontprobablement«rejoints»dansleur
expérience,etd’accroîtreleurmotivationàl’égarddelalangue,dela
littérature et de la culture francophones, dont ces «frères d’exil»
apparaissentcommedesporteparole.
Dansuncontextecommedansl’autre,ils’agiraitentoutcas
defavoriserchezlesélèvesl’appropriationactived’unediversitéde
ces auteurs et une réflexion sur l’importance de leur apport à la
littératuredelanguefrançaise.
Dansuncontextecommedansl’autre,ils’agiraitentoutcas
defavoriserchezlesélèvesl’appropriationactived’unediversitéde
ces auteurs et une réflexion sur l’importance de leur apport à la
littératuredelanguefrançaise.
Comment procéder concrètement? En FLES, compte tenu
desbesoinsavanttoutpratiqueséprouvésparlesélèves,lapriorité
devrait être donnée à une lectureȱ pragmatique, qui privilégie le
repérage de l’action suscitée par ces textes en tant que discours
Comment procéder concrètement? En FLES, compte tenu
desbesoinsavanttoutpratiqueséprouvésparlesélèves,lapriorité
devrait être donnée à une lectureȱ pragmatique, qui privilégie le
repérage de l’action suscitée par ces textes en tant que discours
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enracinésdansuncontextedéterminéetvisantàproduiredeseffets
sur leurs lecteurs (Collès & Dufays, 2007).ȱ En FL1, il semblerait
opportun en outre d’inviter les élèves à s’approprier ces textes via
une lectureȱ littéraire, c’estàdire un vaetvient entre la participation
affective – fondée sur l’identification aux personnages et sur
l’immersiondansl’illusionréférentielle–etladistanciationcritique–
fondée sur les opérations de compréhension, d’interprétation et
d’évaluation(Dufays,Gemenne&Ledur,2005).
enracinésdansuncontextedéterminéetvisantàproduiredeseffets
sur leurs lecteurs (Collès & Dufays, 2007).ȱ En FL1, il semblerait
opportun en outre d’inviter les élèves à s’approprier ces textes via
une lectureȱ littéraire, c’estàdire un vaetvient entre la participation
affective – fondée sur l’identification aux personnages et sur
l’immersiondansl’illusionréférentielle–etladistanciationcritique–
fondée sur les opérations de compréhension, d’interprétation et
d’évaluation(Dufays,Gemenne&Ledur,2005).
Mais pour rencontrer l’objectif commun d’ouverture à la
diversité, dans les deux cas, un dispositif à privilégier est celui du
groupement et de la comparaison d’extraits de textes témoignant
d’unediversitéd’expériences,demotivations,d’enjeuxpropresaux
«passeurs de langue». A partir de là, une diversité d’activités
peuvent être envisagées: étudier et comparer les motivations de
plusieursdecesécrivains;identifierdesscénarios,desthématiques
et des écritures communes; s’interroger sur les effets et les enjeux
produits par leurs textes,et sur la raison pour laquelleils occupent
uneplacesiimportantedanslalittératurefrançaise.ȱȱ
Mais pour rencontrer l’objectif commun d’ouverture à la
diversité, dans les deux cas, un dispositif à privilégier est celui du
groupement et de la comparaison d’extraits de textes témoignant
d’unediversitéd’expériences,demotivations,d’enjeuxpropresaux
«passeurs de langue». A partir de là, une diversité d’activités
peuvent être envisagées: étudier et comparer les motivations de
plusieursdecesécrivains;identifierdesscénarios,desthématiques
et des écritures communes; s’interroger sur les effets et les enjeux
produits par leurs textes,et sur la raison pour laquelleils occupent
uneplacesiimportantedanslalittératurefrançaise.ȱȱ
La conclusion idéale d’un tel parcours didactique
consisteraitàinviterlesélèvesàpasseràl’acteàleurtourenrelatant
parécritl’évolutiondeleurproprerapportàleurlanguematernelle
et/ouàunelanguecultureétrangère.Laboucleseraitainsibouclée,
puisque,enpartantduconstatdelaprégnancedecesauteursdans
l’espace littéraire contemporain, l’étude de leurs raisons d’agir
déboucherait sur la transmission et sur la didactisation de leur
expérience. Quelle meilleure cohérence envisager dans les relations
entrel’analyselittéraireetl’appropriationdidactique?
ȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
La conclusion idéale d’un tel parcours didactique
consisteraitàinviterlesélèvesàpasseràl’acteàleurtourenrelatant
parécritl’évolutiondeleurproprerapportàleurlanguematernelle
et/ouàunelanguecultureétrangère.Laboucleseraitainsibouclée,
puisque,enpartantduconstatdelaprégnancedecesauteursdans
l’espace littéraire contemporain, l’étude de leurs raisons d’agir
déboucherait sur la transmission et sur la didactisation de leur
expérience. Quelle meilleure cohérence envisager dans les relations
entrel’analyselittéraireetl’appropriationdidactique?
ȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
BENIAMINO Michel, 1999, Laȱ francophonieȱ littéraire.ȱ Essaiȱ pourȱ uneȱ théorie,
Paris,L’Harmattan(Espacesfrancophones).
BENIAMINO Michel, 1999, Laȱ francophonieȱ littéraire.ȱ Essaiȱ pourȱ uneȱ théorie,
Paris,L’Harmattan(Espacesfrancophones).
COLLES Luc et DUFAYS JeanLouis, 2007, «Du texte littéraire à la lecture
littéraire : les enjeux d’un déplacement en classe de FLE/S», en
collaboration avec, in Chiara Bemporad et Thérèse Jeanneret (dir.),
COLLES Luc et DUFAYS JeanLouis, 2007, «Du texte littéraire à la lecture
littéraire : les enjeux d’un déplacement en classe de FLE/S», en
collaboration avec, in Chiara Bemporad et Thérèse Jeanneret (dir.),
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enracinésdansuncontextedéterminéetvisantàproduiredeseffets
sur leurs lecteurs (Collès & Dufays, 2007).ȱ En FL1, il semblerait
opportun en outre d’inviter les élèves à s’approprier ces textes via
une lectureȱ littéraire, c’estàdire un vaetvient entre la participation
affective – fondée sur l’identification aux personnages et sur
l’immersiondansl’illusionréférentielle–etladistanciationcritique–
fondée sur les opérations de compréhension, d’interprétation et
d’évaluation(Dufays,Gemenne&Ledur,2005).
enracinésdansuncontextedéterminéetvisantàproduiredeseffets
sur leurs lecteurs (Collès & Dufays, 2007).ȱ En FL1, il semblerait
opportun en outre d’inviter les élèves à s’approprier ces textes via
une lectureȱ littéraire, c’estàdire un vaetvient entre la participation
affective – fondée sur l’identification aux personnages et sur
l’immersiondansl’illusionréférentielle–etladistanciationcritique–
fondée sur les opérations de compréhension, d’interprétation et
d’évaluation(Dufays,Gemenne&Ledur,2005).
Mais pour rencontrer l’objectif commun d’ouverture à la
diversité, dans les deux cas, un dispositif à privilégier est celui du
groupement et de la comparaison d’extraits de textes témoignant
d’unediversitéd’expériences,demotivations,d’enjeuxpropresaux
«passeurs de langue». A partir de là, une diversité d’activités
peuvent être envisagées: étudier et comparer les motivations de
plusieursdecesécrivains;identifierdesscénarios,desthématiques
et des écritures communes; s’interroger sur les effets et les enjeux
produits par leurs textes,et sur la raison pour laquelleils occupent
uneplacesiimportantedanslalittératurefrançaise.ȱȱ
Mais pour rencontrer l’objectif commun d’ouverture à la
diversité, dans les deux cas, un dispositif à privilégier est celui du
groupement et de la comparaison d’extraits de textes témoignant
d’unediversitéd’expériences,demotivations,d’enjeuxpropresaux
«passeurs de langue». A partir de là, une diversité d’activités
peuvent être envisagées: étudier et comparer les motivations de
plusieursdecesécrivains;identifierdesscénarios,desthématiques
et des écritures communes; s’interroger sur les effets et les enjeux
produits par leurs textes,et sur la raison pour laquelleils occupent
uneplacesiimportantedanslalittératurefrançaise.ȱȱ
La conclusion idéale d’un tel parcours didactique
consisteraitàinviterlesélèvesàpasseràl’acteàleurtourenrelatant
parécritl’évolutiondeleurproprerapportàleurlanguematernelle
et/ouàunelanguecultureétrangère.Laboucleseraitainsibouclée,
puisque,enpartantduconstatdelaprégnancedecesauteursdans
l’espace littéraire contemporain, l’étude de leurs raisons d’agir
déboucherait sur la transmission et sur la didactisation de leur
expérience. Quelle meilleure cohérence envisager dans les relations
entrel’analyselittéraireetl’appropriationdidactique?
ȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
La conclusion idéale d’un tel parcours didactique
consisteraitàinviterlesélèvesàpasseràl’acteàleurtourenrelatant
parécritl’évolutiondeleurproprerapportàleurlanguematernelle
et/ouàunelanguecultureétrangère.Laboucleseraitainsibouclée,
puisque,enpartantduconstatdelaprégnancedecesauteursdans
l’espace littéraire contemporain, l’étude de leurs raisons d’agir
déboucherait sur la transmission et sur la didactisation de leur
expérience. Quelle meilleure cohérence envisager dans les relations
entrel’analyselittéraireetl’appropriationdidactique?
ȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
BENIAMINO Michel, 1999, Laȱ francophonieȱ littéraire.ȱ Essaiȱ pourȱ uneȱ théorie,
Paris,L’Harmattan(Espacesfrancophones).
BENIAMINO Michel, 1999, Laȱ francophonieȱ littéraire.ȱ Essaiȱ pourȱ uneȱ théorie,
Paris,L’Harmattan(Espacesfrancophones).
COLLES Luc et DUFAYS JeanLouis, 2007, «Du texte littéraire à la lecture
littéraire : les enjeux d’un déplacement en classe de FLE/S», en
collaboration avec, in Chiara Bemporad et Thérèse Jeanneret (dir.),
COLLES Luc et DUFAYS JeanLouis, 2007, «Du texte littéraire à la lecture
littéraire : les enjeux d’un déplacement en classe de FLE/S», en
collaboration avec, in Chiara Bemporad et Thérèse Jeanneret (dir.),
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Lectureȱlittéraireȱetȱappropriationȱdesȱlanguesȱétrangères,Etudesȱdeȱlettres,
n°4,pp.5370.
Lectureȱlittéraireȱetȱappropriationȱdesȱlanguesȱétrangères,Etudesȱdeȱlettres,
n°4,pp.5370.
DELBART AnneRosine, 2004, Lesȱ exilésȱ duȱ langage.ȱ Unȱ siècleȱ d’écrivainsȱ
françaisȱvenusȱd’ailleurs,Limoges,PressesuniversitairesdeLimoges.
DELBART AnneRosine, 2004, Lesȱ exilésȱ duȱ langage.ȱ Unȱ siècleȱ d’écrivainsȱ
françaisȱvenusȱd’ailleurs,Limoges,PressesuniversitairesdeLimoges.
DUFAYS JeanLouis, GEMENNE Louis et LEDUR Dominique, 2005, Pourȱ
uneȱlectureȱlittéraire.ȱHistoire,ȱthéories,ȱpistesȱpourȱlaȱclasse,Bruxelles,De
Boeck(Savoirsenpratique).
DUFAYS JeanLouis, GEMENNE Louis et LEDUR Dominique, 2005, Pourȱ
uneȱlectureȱlittéraire.ȱHistoire,ȱthéories,ȱpistesȱpourȱlaȱclasse,Bruxelles,De
Boeck(Savoirsenpratique).
HUSTONNancy,2004,Professeursȱdeȱdésespoir,Arles,ActesSud.
HUSTONNancy,2004,Professeursȱdeȱdésespoir,Arles,ActesSud.
LAGNEAUX MarieCécile, 1988, Parcoursȱ surȱ leȱ thèmeȱ deȱ l’exilȱ enȱ classeȱ deȱ
français(mémoiredelicenceenphilologieromaneinédit),Louvain
laNeuve,UniversitécatholiquedeLouvain–Départementd’études
romanes.
LAGNEAUX MarieCécile, 1988, Parcoursȱ surȱ leȱ thèmeȱ deȱ l’exilȱ enȱ classeȱ deȱ
français(mémoiredelicenceenphilologieromaneinédit),Louvain
laNeuve,UniversitécatholiquedeLouvain–Départementd’études
romanes.
MAINGUENEAU Dominique, 2004, Leȱ discoursȱ littéraire.ȱ Paratopieȱ etȱ scèneȱ
d’énonciation,Paris,ArmandColin(CollectionU).
MAINGUENEAU Dominique, 2004, Leȱ discoursȱ littéraire.ȱ Paratopieȱ etȱ scèneȱ
d’énonciation,Paris,ArmandColin(CollectionU).
ȱ
ȱ
ABSTRACTȱ
ABSTRACTȱ
The writers who opted for French after having begun their literary
career in their mother tongue are particularly many and they appear among
the most important of their generation. This article presents at first an
inventory of the works which, in the continuation of Delbart (2004), studied
this problem of the « exiles of the language ». It analyzes then the stakes linguistic, literary and cultural, but also anthropological and existential associated with this experience. We attempt then to kick away the didactic
stakes in the reading of these authors within the framework of the class of
French, then we propose some tracks susceptible to facilitate their active
appropriation in the perspective of a learning of the « literary reading », by
taking into account necessities and respective possibilities of the public FL1
and FLE/S.
The writers who opted for French after having begun their literary
career in their mother tongue are particularly many and they appear among
the most important of their generation. This article presents at first an
inventory of the works which, in the continuation of Delbart (2004), studied
this problem of the « exiles of the language ». It analyzes then the stakes linguistic, literary and cultural, but also anthropological and existential associated with this experience. We attempt then to kick away the didactic
stakes in the reading of these authors within the framework of the class of
French, then we propose some tracks susceptible to facilitate their active
appropriation in the perspective of a learning of the « literary reading », by
taking into account necessities and respective possibilities of the public FL1
and FLE/S.
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Lectureȱlittéraireȱetȱappropriationȱdesȱlanguesȱétrangères,Etudesȱdeȱlettres,
n°4,pp.5370.
Lectureȱlittéraireȱetȱappropriationȱdesȱlanguesȱétrangères,Etudesȱdeȱlettres,
n°4,pp.5370.
DELBART AnneRosine, 2004, Lesȱ exilésȱ duȱ langage.ȱ Unȱ siècleȱ d’écrivainsȱ
françaisȱvenusȱd’ailleurs,Limoges,PressesuniversitairesdeLimoges.
DELBART AnneRosine, 2004, Lesȱ exilésȱ duȱ langage.ȱ Unȱ siècleȱ d’écrivainsȱ
françaisȱvenusȱd’ailleurs,Limoges,PressesuniversitairesdeLimoges.
DUFAYS JeanLouis, GEMENNE Louis et LEDUR Dominique, 2005, Pourȱ
uneȱlectureȱlittéraire.ȱHistoire,ȱthéories,ȱpistesȱpourȱlaȱclasse,Bruxelles,De
Boeck(Savoirsenpratique).
DUFAYS JeanLouis, GEMENNE Louis et LEDUR Dominique, 2005, Pourȱ
uneȱlectureȱlittéraire.ȱHistoire,ȱthéories,ȱpistesȱpourȱlaȱclasse,Bruxelles,De
Boeck(Savoirsenpratique).
HUSTONNancy,2004,Professeursȱdeȱdésespoir,Arles,ActesSud.
HUSTONNancy,2004,Professeursȱdeȱdésespoir,Arles,ActesSud.
LAGNEAUX MarieCécile, 1988, Parcoursȱ surȱ leȱ thèmeȱ deȱ l’exilȱ enȱ classeȱ deȱ
français(mémoiredelicenceenphilologieromaneinédit),Louvain
laNeuve,UniversitécatholiquedeLouvain–Départementd’études
romanes.
LAGNEAUX MarieCécile, 1988, Parcoursȱ surȱ leȱ thèmeȱ deȱ l’exilȱ enȱ classeȱ deȱ
français(mémoiredelicenceenphilologieromaneinédit),Louvain
laNeuve,UniversitécatholiquedeLouvain–Départementd’études
romanes.
MAINGUENEAU Dominique, 2004, Leȱ discoursȱ littéraire.ȱ Paratopieȱ etȱ scèneȱ
d’énonciation,Paris,ArmandColin(CollectionU).
MAINGUENEAU Dominique, 2004, Leȱ discoursȱ littéraire.ȱ Paratopieȱ etȱ scèneȱ
d’énonciation,Paris,ArmandColin(CollectionU).
ȱ
ȱ
ABSTRACTȱ
ABSTRACTȱ
The writers who opted for French after having begun their literary
career in their mother tongue are particularly many and they appear among
the most important of their generation. This article presents at first an
inventory of the works which, in the continuation of Delbart (2004), studied
this problem of the « exiles of the language ». It analyzes then the stakes linguistic, literary and cultural, but also anthropological and existential associated with this experience. We attempt then to kick away the didactic
stakes in the reading of these authors within the framework of the class of
French, then we propose some tracks susceptible to facilitate their active
appropriation in the perspective of a learning of the « literary reading », by
taking into account necessities and respective possibilities of the public FL1
and FLE/S.
The writers who opted for French after having begun their literary
career in their mother tongue are particularly many and they appear among
the most important of their generation. This article presents at first an
inventory of the works which, in the continuation of Delbart (2004), studied
this problem of the « exiles of the language ». It analyzes then the stakes linguistic, literary and cultural, but also anthropological and existential associated with this experience. We attempt then to kick away the didactic
stakes in the reading of these authors within the framework of the class of
French, then we propose some tracks susceptible to facilitate their active
appropriation in the perspective of a learning of the « literary reading », by
taking into account necessities and respective possibilities of the public FL1
and FLE/S.
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ȱ
ȱ
ȱ
ȱ
LAȱCLASSEȱDEȱFLEȱENTREȱDÉFENSEȱ
IDENTITAIREȱETȱOUVERTUREȱSURȱ
L’AUTRE
LAȱCLASSEȱDEȱFLEȱENTREȱDÉFENSEȱ
IDENTITAIREȱETȱOUVERTUREȱSURȱ
L’AUTRE
SamehȱHAMEDȱ
FacultéȱdesȱLettresȱetȱdesȱSciencesȱhumainesȱdeȱSousse,ȱ
Tunisieȱ
SamehȱHAMEDȱ
FacultéȱdesȱLettresȱetȱdesȱSciencesȱhumainesȱdeȱSousse,ȱ
Tunisieȱ
1.ȱPERSPECTIVEȱTHÉORIQUEȱ
Laclassedefrançaislangueétrangèreestlelieuidéalpourla
miseenœuvred’unedémarcheinterculturelle,puisquec’estdansce
contexte que l’élève prend conscience des spécificités de sa propre
langue/cultureaucontactd’unelangue/culturequiluiestétrangère.
Etc’estplusparticulièrementàtraverslestexteslittéraires(vecteurs
de cette langue/culture) qu’il pourra intégrer la culture de l’Autre,
autrementditsemettreàdistanceduconnuetobjectiversonpropre
systèmederéférencesafindepouvoiradmettred’autresperspectives
commel’affirmeAbdallahPretceille(1992:126).Danscettedistance
qu’on prend par rapport à soi, les œuvres littéraires jouent un rôle
primordial parce que les élèves peuvent y retrouver des échos de
leurs propres interrogations, des sources de compréhension,
d’ouverture, d’enrichissement, des points d’appui essentiels pour
remettreenquestionleursréférences.
Ainsi, si l’enseignant adopte la démarche appropriée, il
pourrait les conduire à connaître l’Autre et enȱ mêmeȱ temps à se
connaîtreeuxmêmesàtraverslui.Nousrejoignonsainsilespropos
deA.Séoudquandilaffirmeque:
ȱ
1.ȱPERSPECTIVEȱTHÉORIQUEȱ
Laclassedefrançaislangueétrangèreestlelieuidéalpourla
miseenœuvred’unedémarcheinterculturelle,puisquec’estdansce
contexte que l’élève prend conscience des spécificités de sa propre
langue/cultureaucontactd’unelangue/culturequiluiestétrangère.
Etc’estplusparticulièrementàtraverslestexteslittéraires(vecteurs
de cette langue/culture) qu’il pourra intégrer la culture de l’Autre,
autrementditsemettreàdistanceduconnuetobjectiversonpropre
systèmederéférencesafindepouvoiradmettred’autresperspectives
commel’affirmeAbdallahPretceille(1992:126).Danscettedistance
qu’on prend par rapport à soi, les œuvres littéraires jouent un rôle
primordial parce que les élèves peuvent y retrouver des échos de
leurs propres interrogations, des sources de compréhension,
d’ouverture, d’enrichissement, des points d’appui essentiels pour
remettreenquestionleursréférences.
Ainsi, si l’enseignant adopte la démarche appropriée, il
pourrait les conduire à connaître l’Autre et enȱ mêmeȱ temps à se
connaîtreeuxmêmesàtraverslui.Nousrejoignonsainsilespropos
deA.Séoudquandilaffirmeque:
ȱ
Ceȱ n’estȱ qu’enȱ étantȱ confrontéȱ àȱ laȱ cultureȱ deȱ l’autreȱ queȱ nousȱ pouvonsȱ
percevoirȱceȱquiȱfondeȱnosȱspécificitésȱculturelles,ȱsiȱbienȱqu’uneȱapprocheȱ
62
Ceȱ n’estȱ qu’enȱ étantȱ confrontéȱ àȱ laȱ cultureȱ deȱ l’autreȱ queȱ nousȱ pouvonsȱ
percevoirȱceȱquiȱfondeȱnosȱspécificitésȱculturelles,ȱsiȱbienȱqu’uneȱapprocheȱ
62
ȱ
ȱ
ȱ
ȱ
LAȱCLASSEȱDEȱFLEȱENTREȱDÉFENSEȱ
IDENTITAIREȱETȱOUVERTUREȱSURȱ
L’AUTRE
LAȱCLASSEȱDEȱFLEȱENTREȱDÉFENSEȱ
IDENTITAIREȱETȱOUVERTUREȱSURȱ
L’AUTRE
SamehȱHAMEDȱ
FacultéȱdesȱLettresȱetȱdesȱSciencesȱhumainesȱdeȱSousse,ȱ
Tunisieȱ
SamehȱHAMEDȱ
FacultéȱdesȱLettresȱetȱdesȱSciencesȱhumainesȱdeȱSousse,ȱ
Tunisieȱ
1.ȱPERSPECTIVEȱTHÉORIQUEȱ
Laclassedefrançaislangueétrangèreestlelieuidéalpourla
miseenœuvred’unedémarcheinterculturelle,puisquec’estdansce
contexte que l’élève prend conscience des spécificités de sa propre
langue/cultureaucontactd’unelangue/culturequiluiestétrangère.
Etc’estplusparticulièrementàtraverslestexteslittéraires(vecteurs
de cette langue/culture) qu’il pourra intégrer la culture de l’Autre,
autrementditsemettreàdistanceduconnuetobjectiversonpropre
systèmederéférencesafindepouvoiradmettred’autresperspectives
commel’affirmeAbdallahPretceille(1992:126).Danscettedistance
qu’on prend par rapport à soi, les œuvres littéraires jouent un rôle
primordial parce que les élèves peuvent y retrouver des échos de
leurs propres interrogations, des sources de compréhension,
d’ouverture, d’enrichissement, des points d’appui essentiels pour
remettreenquestionleursréférences.
Ainsi, si l’enseignant adopte la démarche appropriée, il
pourrait les conduire à connaître l’Autre et enȱ mêmeȱ temps à se
connaîtreeuxmêmesàtraverslui.Nousrejoignonsainsilespropos
deA.Séoudquandilaffirmeque:
ȱ
1.ȱPERSPECTIVEȱTHÉORIQUEȱ
Laclassedefrançaislangueétrangèreestlelieuidéalpourla
miseenœuvred’unedémarcheinterculturelle,puisquec’estdansce
contexte que l’élève prend conscience des spécificités de sa propre
langue/cultureaucontactd’unelangue/culturequiluiestétrangère.
Etc’estplusparticulièrementàtraverslestexteslittéraires(vecteurs
de cette langue/culture) qu’il pourra intégrer la culture de l’Autre,
autrementditsemettreàdistanceduconnuetobjectiversonpropre
systèmederéférencesafindepouvoiradmettred’autresperspectives
commel’affirmeAbdallahPretceille(1992:126).Danscettedistance
qu’on prend par rapport à soi, les œuvres littéraires jouent un rôle
primordial parce que les élèves peuvent y retrouver des échos de
leurs propres interrogations, des sources de compréhension,
d’ouverture, d’enrichissement, des points d’appui essentiels pour
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Ainsi, si l’enseignant adopte la démarche appropriée, il
pourrait les conduire à connaître l’Autre et enȱ mêmeȱ temps à se
connaîtreeuxmêmesàtraverslui.Nousrejoignonsainsilespropos
deA.Séoudquandilaffirmeque:
ȱ
Ceȱ n’estȱ qu’enȱ étantȱ confrontéȱ àȱ laȱ cultureȱ deȱ l’autreȱ queȱ nousȱ pouvonsȱ
percevoirȱceȱquiȱfondeȱnosȱspécificitésȱculturelles,ȱsiȱbienȱqu’uneȱapprocheȱ
62
Ceȱ n’estȱ qu’enȱ étantȱ confrontéȱ àȱ laȱ cultureȱ deȱ l’autreȱ queȱ nousȱ pouvonsȱ
percevoirȱceȱquiȱfondeȱnosȱspécificitésȱculturelles,ȱsiȱbienȱqu’uneȱapprocheȱ
62
interculturelleȱ permetȱ à la foisȱ deȱ découvrirȱ l’autreȱ etȱ deȱ seȱ découvrirȱ
«ȱsoiȬmêmeȱcommeȱunȱautreȱ»ȱ(P.Ricoeur)ȱ:ȱonȱparleȱdeȱl’autre,ȱcommeȱonȱ
parleraitȱdeȱsoi,ȱenȱs’identifiantȱàȱlui,ȱpourȱleȱcomprendreȱ;ȱetȱenȱretourȱonȱ
parleȱdeȱsoi,ȱcommeȱd’unȱautre,ȱpourȱseȱcomprendre.ȱC’estȱàȱtraversȱceȱjeuȱ
d’identificationȱ etȱ deȱ distanciationȱ queȱ l’éducationȱ interculturelleȱ devientȱ
uneȱéducationȱidentitaire,ȱoùȱleȱsujetȱestȱàȱnouveauȱleȱcentreȱdeȱsesȱpropresȱ
préoccupations.(1997:223)
interculturelleȱ permetȱ à la foisȱ deȱ découvrirȱ l’autreȱ etȱ deȱ seȱ découvrirȱ
«ȱsoiȬmêmeȱcommeȱunȱautreȱ»ȱ(P.Ricoeur)ȱ:ȱonȱparleȱdeȱl’autre,ȱcommeȱonȱ
parleraitȱdeȱsoi,ȱenȱs’identifiantȱàȱlui,ȱpourȱleȱcomprendreȱ;ȱetȱenȱretourȱonȱ
parleȱdeȱsoi,ȱcommeȱd’unȱautre,ȱpourȱseȱcomprendre.ȱC’estȱàȱtraversȱceȱjeuȱ
d’identificationȱ etȱ deȱ distanciationȱ queȱ l’éducationȱ interculturelleȱ devientȱ
uneȱéducationȱidentitaire,ȱoùȱleȱsujetȱestȱàȱnouveauȱleȱcentreȱdeȱsesȱpropresȱ
préoccupations.(1997:223)
Quel meilleur objectif pouvonsnous assigner à la littérature
pour qu’elle permette aux élèves d’adhérer à son enseignement,
quelle meilleure façon pour faire que l’élève s’implique dans
l’activitédelectureenchangeantlavisionqu’ilavaitdeluimêmeet
dumondequil’entoure?
2.ȱ OBJECTIFSȱ GÉNÉRAUX.ȱ DÉROULEMENTȱ DEȱ
L’EXPÉRIENCEȱȱ
Nous nous proposons dans le présent travail de rendre
compte d’une séance de lecture, une expérience effectuée dans une
situation authentique de classe, avec des élèves de troisième année
secondaire(équivalentdelapremièreenFrance).335élèvesontété
soumis à cette expérience dans dix classes différentes et pendant
deux années scolaires consécutives (20032004 et 20042005). Le
travail que nous présenterons aujourd’hui est un résumé des
différentesétapesdesséancesdelecturequenousavonsconduiteset
celles auxquelles nous avons pu assister et que nous avons pris la
peinedeprépareraveclescollèguesquiontbienvouluparticiperà
l’expérience.
Quel meilleur objectif pouvonsnous assigner à la littérature
pour qu’elle permette aux élèves d’adhérer à son enseignement,
quelle meilleure façon pour faire que l’élève s’implique dans
l’activitédelectureenchangeantlavisionqu’ilavaitdeluimêmeet
dumondequil’entoure?
2.ȱ OBJECTIFSȱ GÉNÉRAUX.ȱ DÉROULEMENTȱ DEȱ
L’EXPÉRIENCEȱȱ
Nous nous proposons dans le présent travail de rendre
compte d’une séance de lecture, une expérience effectuée dans une
situation authentique de classe, avec des élèves de troisième année
secondaire(équivalentdelapremièreenFrance).335élèvesontété
soumis à cette expérience dans dix classes différentes et pendant
deux années scolaires consécutives (20032004 et 20042005). Le
travail que nous présenterons aujourd’hui est un résumé des
différentesétapesdesséancesdelecturequenousavonsconduiteset
celles auxquelles nous avons pu assister et que nous avons pris la
peinedeprépareraveclescollèguesquiontbienvouluparticiperà
l’expérience.
Nousavonsessayé,autantquefairesepeut,d’appliquerles
éléments théoriques proposés par les théoriciens de l’interculturel,
poursortirducadreclassiquedel’explicationdutexteetpartirvers
cequeAmorSéoudaappeléunelecture«appropriative»(1997:57)
c’estàdire«créatrice»dutexte,danslaquellelaculturedel’élève,
loind’êtreunobstacle,seraconsidérécommeunenrichissementde
sonrapportavecletexte.
Nousavonsessayé,autantquefairesepeut,d’appliquerles
éléments théoriques proposés par les théoriciens de l’interculturel,
poursortirducadreclassiquedel’explicationdutexteetpartirvers
cequeAmorSéoudaappeléunelecture«appropriative»(1997:57)
c’estàdire«créatrice»dutexte,danslaquellelaculturedel’élève,
loind’êtreunobstacle,seraconsidérécommeunenrichissementde
sonrapportavecletexte.
63
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interculturelleȱ permetȱ à la foisȱ deȱ découvrirȱ l’autreȱ etȱ deȱ seȱ découvrirȱ
«ȱsoiȬmêmeȱcommeȱunȱautreȱ»ȱ(P.Ricoeur)ȱ:ȱonȱparleȱdeȱl’autre,ȱcommeȱonȱ
parleraitȱdeȱsoi,ȱenȱs’identifiantȱàȱlui,ȱpourȱleȱcomprendreȱ;ȱetȱenȱretourȱonȱ
parleȱdeȱsoi,ȱcommeȱd’unȱautre,ȱpourȱseȱcomprendre.ȱC’estȱàȱtraversȱceȱjeuȱ
d’identificationȱ etȱ deȱ distanciationȱ queȱ l’éducationȱ interculturelleȱ devientȱ
uneȱéducationȱidentitaire,ȱoùȱleȱsujetȱestȱàȱnouveauȱleȱcentreȱdeȱsesȱpropresȱ
préoccupations.(1997:223)
interculturelleȱ permetȱ à la foisȱ deȱ découvrirȱ l’autreȱ etȱ deȱ seȱ découvrirȱ
«ȱsoiȬmêmeȱcommeȱunȱautreȱ»ȱ(P.Ricoeur)ȱ:ȱonȱparleȱdeȱl’autre,ȱcommeȱonȱ
parleraitȱdeȱsoi,ȱenȱs’identifiantȱàȱlui,ȱpourȱleȱcomprendreȱ;ȱetȱenȱretourȱonȱ
parleȱdeȱsoi,ȱcommeȱd’unȱautre,ȱpourȱseȱcomprendre.ȱC’estȱàȱtraversȱceȱjeuȱ
d’identificationȱ etȱ deȱ distanciationȱ queȱ l’éducationȱ interculturelleȱ devientȱ
uneȱéducationȱidentitaire,ȱoùȱleȱsujetȱestȱàȱnouveauȱleȱcentreȱdeȱsesȱpropresȱ
préoccupations.(1997:223)
Quel meilleur objectif pouvonsnous assigner à la littérature
pour qu’elle permette aux élèves d’adhérer à son enseignement,
quelle meilleure façon pour faire que l’élève s’implique dans
l’activitédelectureenchangeantlavisionqu’ilavaitdeluimêmeet
dumondequil’entoure?
2.ȱ OBJECTIFSȱ GÉNÉRAUX.ȱ DÉROULEMENTȱ DEȱ
L’EXPÉRIENCEȱȱ
Nous nous proposons dans le présent travail de rendre
compte d’une séance de lecture, une expérience effectuée dans une
situation authentique de classe, avec des élèves de troisième année
secondaire(équivalentdelapremièreenFrance).335élèvesontété
soumis à cette expérience dans dix classes différentes et pendant
deux années scolaires consécutives (20032004 et 20042005). Le
travail que nous présenterons aujourd’hui est un résumé des
différentesétapesdesséancesdelecturequenousavonsconduiteset
celles auxquelles nous avons pu assister et que nous avons pris la
peinedeprépareraveclescollèguesquiontbienvouluparticiperà
l’expérience.
Quel meilleur objectif pouvonsnous assigner à la littérature
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quelle meilleure façon pour faire que l’élève s’implique dans
l’activitédelectureenchangeantlavisionqu’ilavaitdeluimêmeet
dumondequil’entoure?
2.ȱ OBJECTIFSȱ GÉNÉRAUX.ȱ DÉROULEMENTȱ DEȱ
L’EXPÉRIENCEȱȱ
Nous nous proposons dans le présent travail de rendre
compte d’une séance de lecture, une expérience effectuée dans une
situation authentique de classe, avec des élèves de troisième année
secondaire(équivalentdelapremièreenFrance).335élèvesontété
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deux années scolaires consécutives (20032004 et 20042005). Le
travail que nous présenterons aujourd’hui est un résumé des
différentesétapesdesséancesdelecturequenousavonsconduiteset
celles auxquelles nous avons pu assister et que nous avons pris la
peinedeprépareraveclescollèguesquiontbienvouluparticiperà
l’expérience.
Nousavonsessayé,autantquefairesepeut,d’appliquerles
éléments théoriques proposés par les théoriciens de l’interculturel,
poursortirducadreclassiquedel’explicationdutexteetpartirvers
cequeAmorSéoudaappeléunelecture«appropriative»(1997:57)
c’estàdire«créatrice»dutexte,danslaquellelaculturedel’élève,
loind’êtreunobstacle,seraconsidérécommeunenrichissementde
sonrapportavecletexte.
Nousavonsessayé,autantquefairesepeut,d’appliquerles
éléments théoriques proposés par les théoriciens de l’interculturel,
poursortirducadreclassiquedel’explicationdutexteetpartirvers
cequeAmorSéoudaappeléunelecture«appropriative»(1997:57)
c’estàdire«créatrice»dutexte,danslaquellelaculturedel’élève,
loind’êtreunobstacle,seraconsidérécommeunenrichissementde
sonrapportavecletexte.
63
63
Ilfautaussipréciserqueparsoucisdeconcisionnousavons
retenu les réponses les plus pertinentes qui permettent de se faire
uneidéeplusprécisesurlesréactionsdesélèvestunisiensfaceàun
textecommeceluiquenousnousproposonsd’étudier.Ils’agitd’un
extrait de la nouvelle: Parȱ unȱ soirȱ deȱ printemps de Maupassant, qui
met en scène le quotidien d’une vieille fille, qui vit avec ses deux
sœurs,veuves,etleursenfants.
Ilfautaussipréciserqueparsoucisdeconcisionnousavons
retenu les réponses les plus pertinentes qui permettent de se faire
uneidéeplusprécisesurlesréactionsdesélèvestunisiensfaceàun
textecommeceluiquenousnousproposonsd’étudier.Ils’agitd’un
extrait de la nouvelle: Parȱ unȱ soirȱ deȱ printemps de Maupassant, qui
met en scène le quotidien d’une vieille fille, qui vit avec ses deux
sœurs,veuves,etleursenfants.
La première question posée aux élèves était la suivante:
«ȱBienȱ queȱ vivantȱ dansȱ saȱ famille,ȱ Lisonȱ estȱ uneȱ femmeȱ seule,ȱ àȱ quoiȱ celaȱ
estȬilȱdûȱ?ȱ».C’estunequestionpuiséedansleurmanueletquiinvite
lesélèvesàanalyserlesraisonsdelasolitudedeLison.Lesréponses
proposées mettent l’accent sur le fait que cette solitude est due à la
cruautédesessœursetàlafroideurquicaractériselesrelationsentre
les membres de cette famille. Certaines réponses étaient
généralisantes, puisqu’elles ont ramé le tort à toute la société
française, dans laquelle les liens familiaux se dissolvent et dans
laquelle personne ne s’occupe du bienêtre de son prochain et ceci
contrairementàleurpropresociété.Nousyreviendronsplustard.
La première question posée aux élèves était la suivante:
«ȱBienȱ queȱ vivantȱ dansȱ saȱ famille,ȱ Lisonȱ estȱ uneȱ femmeȱ seule,ȱ àȱ quoiȱ celaȱ
estȬilȱdûȱ?ȱ».C’estunequestionpuiséedansleurmanueletquiinvite
lesélèvesàanalyserlesraisonsdelasolitudedeLison.Lesréponses
proposées mettent l’accent sur le fait que cette solitude est due à la
cruautédesessœursetàlafroideurquicaractériselesrelationsentre
les membres de cette famille. Certaines réponses étaient
généralisantes, puisqu’elles ont ramé le tort à toute la société
française, dans laquelle les liens familiaux se dissolvent et dans
laquelle personne ne s’occupe du bienêtre de son prochain et ceci
contrairementàleurpropresociété.Nousyreviendronsplustard.
Justement, la deuxième question, que nous avons élaboré
pourapprofondirlaréflexiondesélèves,leurapermisd’allerencore
plusdanscesens,puisquenousleuravonsdemandédequalifierles
sentiments que portent les membres de la famille à Lison et de les
justifier. Les réponses étaient unanimes et regroupaient les
sentimentsd’indifférence,defroideur,deméprisqueressentaitpour
cettepauvrevieillefillelesmembresdesafamille.
Justement, la deuxième question, que nous avons élaboré
pourapprofondirlaréflexiondesélèves,leurapermisd’allerencore
plusdanscesens,puisquenousleuravonsdemandédequalifierles
sentiments que portent les membres de la famille à Lison et de les
justifier. Les réponses étaient unanimes et regroupaient les
sentimentsd’indifférence,defroideur,deméprisqueressentaitpour
cettepauvrevieillefillelesmembresdesafamille.
Quant aux raisons profondes de cette attitude, elles ont été
ramenéesparlesunsàlapeurduregardd’autrui,etparlesautresà
uneraisonplusgénérale,àsavoirl’indifférencedetouslesFrançais,
unesortedecaractèrenational.Pourjustifierleurpropos,lesélèves
sesontréférés,danslecasprésent,auxphrasessuivantes:
Quant aux raisons profondes de cette attitude, elles ont été
ramenéesparlesunsàlapeurduregardd’autrui,etparlesautresà
uneraisonplusgénérale,àsavoirl’indifférencedetouslesFrançais,
unesortedecaractèrenational.Pourjustifierleurpropos,lesélèves
sesontréférés,danslecasprésent,auxphrasessuivantes:
Lesȱ deuxȱ sœurs,ȱ quiȱ étaientȱ veuves,ȱ ayantȱ uneȱ placeȱ dansȱ leȱ monde,ȱ laȱ
considéraientȱ unȱ peuȱ commeȱ unȱ êtreȱ insignifiant.ȱ Onȱ laȱ traitaitȱ avecȱ uneȱ
familiaritéȱsansȱgêneȱqueȱcachaitȱuneȱsorteȱdeȱbontéȱunȱpeuȱméprisanteȱpourȱ
laȱvieilleȱfille.
Lesȱ deuxȱ sœurs,ȱ quiȱ étaientȱ veuves,ȱ ayantȱ uneȱ placeȱ dansȱ leȱ monde,ȱ laȱ
considéraientȱ unȱ peuȱ commeȱ unȱ êtreȱ insignifiant.ȱ Onȱ laȱ traitaitȱ avecȱ uneȱ
familiaritéȱsansȱgêneȱqueȱcachaitȱuneȱsorteȱdeȱbontéȱunȱpeuȱméprisanteȱpourȱ
laȱvieilleȱfille.
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Ilfautaussipréciserqueparsoucisdeconcisionnousavons
retenu les réponses les plus pertinentes qui permettent de se faire
uneidéeplusprécisesurlesréactionsdesélèvestunisiensfaceàun
textecommeceluiquenousnousproposonsd’étudier.Ils’agitd’un
extrait de la nouvelle: Parȱ unȱ soirȱ deȱ printemps de Maupassant, qui
met en scène le quotidien d’une vieille fille, qui vit avec ses deux
sœurs,veuves,etleursenfants.
Ilfautaussipréciserqueparsoucisdeconcisionnousavons
retenu les réponses les plus pertinentes qui permettent de se faire
uneidéeplusprécisesurlesréactionsdesélèvestunisiensfaceàun
textecommeceluiquenousnousproposonsd’étudier.Ils’agitd’un
extrait de la nouvelle: Parȱ unȱ soirȱ deȱ printemps de Maupassant, qui
met en scène le quotidien d’une vieille fille, qui vit avec ses deux
sœurs,veuves,etleursenfants.
La première question posée aux élèves était la suivante:
«ȱBienȱ queȱ vivantȱ dansȱ saȱ famille,ȱ Lisonȱ estȱ uneȱ femmeȱ seule,ȱ àȱ quoiȱ celaȱ
estȬilȱdûȱ?ȱ».C’estunequestionpuiséedansleurmanueletquiinvite
lesélèvesàanalyserlesraisonsdelasolitudedeLison.Lesréponses
proposées mettent l’accent sur le fait que cette solitude est due à la
cruautédesessœursetàlafroideurquicaractériselesrelationsentre
les membres de cette famille. Certaines réponses étaient
généralisantes, puisqu’elles ont ramé le tort à toute la société
française, dans laquelle les liens familiaux se dissolvent et dans
laquelle personne ne s’occupe du bienêtre de son prochain et ceci
contrairementàleurpropresociété.Nousyreviendronsplustard.
La première question posée aux élèves était la suivante:
«ȱBienȱ queȱ vivantȱ dansȱ saȱ famille,ȱ Lisonȱ estȱ uneȱ femmeȱ seule,ȱ àȱ quoiȱ celaȱ
estȬilȱdûȱ?ȱ».C’estunequestionpuiséedansleurmanueletquiinvite
lesélèvesàanalyserlesraisonsdelasolitudedeLison.Lesréponses
proposées mettent l’accent sur le fait que cette solitude est due à la
cruautédesessœursetàlafroideurquicaractériselesrelationsentre
les membres de cette famille. Certaines réponses étaient
généralisantes, puisqu’elles ont ramé le tort à toute la société
française, dans laquelle les liens familiaux se dissolvent et dans
laquelle personne ne s’occupe du bienêtre de son prochain et ceci
contrairementàleurpropresociété.Nousyreviendronsplustard.
Justement, la deuxième question, que nous avons élaboré
pourapprofondirlaréflexiondesélèves,leurapermisd’allerencore
plusdanscesens,puisquenousleuravonsdemandédequalifierles
sentiments que portent les membres de la famille à Lison et de les
justifier. Les réponses étaient unanimes et regroupaient les
sentimentsd’indifférence,defroideur,deméprisqueressentaitpour
cettepauvrevieillefillelesmembresdesafamille.
Justement, la deuxième question, que nous avons élaboré
pourapprofondirlaréflexiondesélèves,leurapermisd’allerencore
plusdanscesens,puisquenousleuravonsdemandédequalifierles
sentiments que portent les membres de la famille à Lison et de les
justifier. Les réponses étaient unanimes et regroupaient les
sentimentsd’indifférence,defroideur,deméprisqueressentaitpour
cettepauvrevieillefillelesmembresdesafamille.
Quant aux raisons profondes de cette attitude, elles ont été
ramenéesparlesunsàlapeurduregardd’autrui,etparlesautresà
uneraisonplusgénérale,àsavoirl’indifférencedetouslesFrançais,
unesortedecaractèrenational.Pourjustifierleurpropos,lesélèves
sesontréférés,danslecasprésent,auxphrasessuivantes:
Quant aux raisons profondes de cette attitude, elles ont été
ramenéesparlesunsàlapeurduregardd’autrui,etparlesautresà
uneraisonplusgénérale,àsavoirl’indifférencedetouslesFrançais,
unesortedecaractèrenational.Pourjustifierleurpropos,lesélèves
sesontréférés,danslecasprésent,auxphrasessuivantes:
Lesȱ deuxȱ sœurs,ȱ quiȱ étaientȱ veuves,ȱ ayantȱ uneȱ placeȱ dansȱ leȱ monde,ȱ laȱ
considéraientȱ unȱ peuȱ commeȱ unȱ êtreȱ insignifiant.ȱ Onȱ laȱ traitaitȱ avecȱ uneȱ
familiaritéȱsansȱgêneȱqueȱcachaitȱuneȱsorteȱdeȱbontéȱunȱpeuȱméprisanteȱpourȱ
laȱvieilleȱfille.
Lesȱ deuxȱ sœurs,ȱ quiȱ étaientȱ veuves,ȱ ayantȱ uneȱ placeȱ dansȱ leȱ monde,ȱ laȱ
considéraientȱ unȱ peuȱ commeȱ unȱ êtreȱ insignifiant.ȱ Onȱ laȱ traitaitȱ avecȱ uneȱ
familiaritéȱsansȱgêneȱqueȱcachaitȱuneȱsorteȱdeȱbontéȱunȱpeuȱméprisanteȱpourȱ
laȱvieilleȱfille.
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Cetteȱ bontéȱ méprisanteȱ neȱ pourraitȱ êtreȱ sincère,ȱ dit l’une des élèves,ȱ
c’estȱ uneȱ bontéȱ hypocriteȱ carȱ c’estȱ àȱ causeȱ deȱ laȱ sociétéȱ etȱ deȱ l’opinionȱ desȱ
autresȱqu’ellesȱsontȱobligéesȱd’êtreȱgentillesȱavecȱelle,
oualors:ellesȱneȱpeuventȱenvoyerȱleurȱsœurȱàȱl’hospiceȱàȱcauseȱdeȱceȱqueȱ
dirontȱlesȱgens,
ouencore:LisonȱvaȱpeutȬêtreȱlaisserȱunȱhéritage,ȱalorsȱsaȱfamilleȱdoitȱlaȱ
supporter,ȱmaisȱelleȱestȱmiseȱenȱisolementȱdansȱsaȱchambre,ȱjusqu’àȱsaȱmort.
Cetteȱ bontéȱ méprisanteȱ neȱ pourraitȱ êtreȱ sincère,ȱ dit l’une des élèves,ȱ
c’estȱ uneȱ bontéȱ hypocriteȱ carȱ c’estȱ àȱ causeȱ deȱ laȱ sociétéȱ etȱ deȱ l’opinionȱ desȱ
autresȱqu’ellesȱsontȱobligéesȱd’êtreȱgentillesȱavecȱelle,
oualors:ellesȱneȱpeuventȱenvoyerȱleurȱsœurȱàȱl’hospiceȱàȱcauseȱdeȱceȱqueȱ
dirontȱlesȱgens,
ouencore:LisonȱvaȱpeutȬêtreȱlaisserȱunȱhéritage,ȱalorsȱsaȱfamilleȱdoitȱlaȱ
supporter,ȱmaisȱelleȱestȱmiseȱenȱisolementȱdansȱsaȱchambre,ȱjusqu’àȱsaȱmort.
3.ȱANALYSEȱDUȱCORPUSȱ
ȱ
Onpeutnoteràtraverslesréponsesquelesélèvescherchent
une raison plausible à un comportement incompréhensible, et pour
ce faire, ils puisent dans leur propre culture, dans ce qui fait partie
deleurquotidien,parexemple,lapeurdu«qu’endiraton».
En parlant de ce sentiment d’indifférence éprouvé par la
famille envers la vieille fille, un élève a présenté en l’analysant une
autre justification tirée du texte, à savoir la phrase:ȱLesȱ enfantsȱ neȱ
montaientȱ jamaisȱ l’embrasserȱ dansȱ saȱ chambre.ȱ Laȱ bonneȱ seuleȱ pénétraitȱ
chezȱ elle. Pour cet élève, Lison est considérée comme inférieure aux
autrespersonnesquihabitentlamaison,puisqueseulelabonnevala
voirdanssachambre.ȱȱ
ȱ
3.ȱANALYSEȱDUȱCORPUSȱ
ȱ
Onpeutnoteràtraverslesréponsesquelesélèvescherchent
une raison plausible à un comportement incompréhensible, et pour
ce faire, ils puisent dans leur propre culture, dans ce qui fait partie
deleurquotidien,parexemple,lapeurdu«qu’endiraton».
En parlant de ce sentiment d’indifférence éprouvé par la
famille envers la vieille fille, un élève a présenté en l’analysant une
autre justification tirée du texte, à savoir la phrase:ȱLesȱ enfantsȱ neȱ
montaientȱ jamaisȱ l’embrasserȱ dansȱ saȱ chambre.ȱ Laȱ bonneȱ seuleȱ pénétraitȱ
chezȱ elle. Pour cet élève, Lison est considérée comme inférieure aux
autrespersonnesquihabitentlamaison,puisqueseulelabonnevala
voirdanssachambre.ȱȱ
ȱ
ȱLesȱ enfantsȱ sontȱ influencésȱ parȱ leȱ comportementȱ deȱ leurȱ parents,ȱ ditil,ȱ
sinon,ȱilsȱseraientȱtoujoursȱavecȱleurȱvieilleȱtante,ȱquiȱpourraitȱleurȱraconterȱ
desȱhistoiresȱetȱs’occuperȱd’eux.ȱ
ȱLesȱ enfantsȱ sontȱ influencésȱ parȱ leȱ comportementȱ deȱ leurȱ parents,ȱ ditil,ȱ
sinon,ȱilsȱseraientȱtoujoursȱavecȱleurȱvieilleȱtante,ȱquiȱpourraitȱleurȱraconterȱ
desȱhistoiresȱetȱs’occuperȱd’eux.ȱ
ȱ
La réponse de l’élève contient une vérité culturellement
marquée. En effet, dans le monde arabe, la vieille fille, qui est
récupérée par l’un des membres de la famille, à la mort de ses
parents, acquiert un statut particulier, celui de «nurse», à qui l’on
confie volontiers les enfants des frères et sœurs. Et il est
communément connu dans la culture arabe, que ces personnes
s’occupent très bien des enfants puisqu’elles trouvent l’occasion de
canaliser leur surplus de tendresse en jouant le rôle de mère dont
elles ont été privées par le célibat. C’est pourquoi les élèves
ȱ
La réponse de l’élève contient une vérité culturellement
marquée. En effet, dans le monde arabe, la vieille fille, qui est
récupérée par l’un des membres de la famille, à la mort de ses
parents, acquiert un statut particulier, celui de «nurse», à qui l’on
confie volontiers les enfants des frères et sœurs. Et il est
communément connu dans la culture arabe, que ces personnes
s’occupent très bien des enfants puisqu’elles trouvent l’occasion de
canaliser leur surplus de tendresse en jouant le rôle de mère dont
elles ont été privées par le célibat. C’est pourquoi les élèves
65
65
Cetteȱ bontéȱ méprisanteȱ neȱ pourraitȱ êtreȱ sincère,ȱ dit l’une des élèves,ȱ
c’estȱ uneȱ bontéȱ hypocriteȱ carȱ c’estȱ àȱ causeȱ deȱ laȱ sociétéȱ etȱ deȱ l’opinionȱ desȱ
autresȱqu’ellesȱsontȱobligéesȱd’êtreȱgentillesȱavecȱelle,
oualors:ellesȱneȱpeuventȱenvoyerȱleurȱsœurȱàȱl’hospiceȱàȱcauseȱdeȱceȱqueȱ
dirontȱlesȱgens,
ouencore:LisonȱvaȱpeutȬêtreȱlaisserȱunȱhéritage,ȱalorsȱsaȱfamilleȱdoitȱlaȱ
supporter,ȱmaisȱelleȱestȱmiseȱenȱisolementȱdansȱsaȱchambre,ȱjusqu’àȱsaȱmort.
Cetteȱ bontéȱ méprisanteȱ neȱ pourraitȱ êtreȱ sincère,ȱ dit l’une des élèves,ȱ
c’estȱ uneȱ bontéȱ hypocriteȱ carȱ c’estȱ àȱ causeȱ deȱ laȱ sociétéȱ etȱ deȱ l’opinionȱ desȱ
autresȱqu’ellesȱsontȱobligéesȱd’êtreȱgentillesȱavecȱelle,
oualors:ellesȱneȱpeuventȱenvoyerȱleurȱsœurȱàȱl’hospiceȱàȱcauseȱdeȱceȱqueȱ
dirontȱlesȱgens,
ouencore:LisonȱvaȱpeutȬêtreȱlaisserȱunȱhéritage,ȱalorsȱsaȱfamilleȱdoitȱlaȱ
supporter,ȱmaisȱelleȱestȱmiseȱenȱisolementȱdansȱsaȱchambre,ȱjusqu’àȱsaȱmort.
3.ȱANALYSEȱDUȱCORPUSȱ
ȱ
Onpeutnoteràtraverslesréponsesquelesélèvescherchent
une raison plausible à un comportement incompréhensible, et pour
ce faire, ils puisent dans leur propre culture, dans ce qui fait partie
deleurquotidien,parexemple,lapeurdu«qu’endiraton».
En parlant de ce sentiment d’indifférence éprouvé par la
famille envers la vieille fille, un élève a présenté en l’analysant une
autre justification tirée du texte, à savoir la phrase:ȱLesȱ enfantsȱ neȱ
montaientȱ jamaisȱ l’embrasserȱ dansȱ saȱ chambre.ȱ Laȱ bonneȱ seuleȱ pénétraitȱ
chezȱ elle. Pour cet élève, Lison est considérée comme inférieure aux
autrespersonnesquihabitentlamaison,puisqueseulelabonnevala
voirdanssachambre.ȱȱ
ȱ
3.ȱANALYSEȱDUȱCORPUSȱ
ȱ
Onpeutnoteràtraverslesréponsesquelesélèvescherchent
une raison plausible à un comportement incompréhensible, et pour
ce faire, ils puisent dans leur propre culture, dans ce qui fait partie
deleurquotidien,parexemple,lapeurdu«qu’endiraton».
En parlant de ce sentiment d’indifférence éprouvé par la
famille envers la vieille fille, un élève a présenté en l’analysant une
autre justification tirée du texte, à savoir la phrase:ȱLesȱ enfantsȱ neȱ
montaientȱ jamaisȱ l’embrasserȱ dansȱ saȱ chambre.ȱ Laȱ bonneȱ seuleȱ pénétraitȱ
chezȱ elle. Pour cet élève, Lison est considérée comme inférieure aux
autrespersonnesquihabitentlamaison,puisqueseulelabonnevala
voirdanssachambre.ȱȱ
ȱ
ȱLesȱ enfantsȱ sontȱ influencésȱ parȱ leȱ comportementȱ deȱ leurȱ parents,ȱ ditil,ȱ
sinon,ȱilsȱseraientȱtoujoursȱavecȱleurȱvieilleȱtante,ȱquiȱpourraitȱleurȱraconterȱ
desȱhistoiresȱetȱs’occuperȱd’eux.ȱ
ȱLesȱ enfantsȱ sontȱ influencésȱ parȱ leȱ comportementȱ deȱ leurȱ parents,ȱ ditil,ȱ
sinon,ȱilsȱseraientȱtoujoursȱavecȱleurȱvieilleȱtante,ȱquiȱpourraitȱleurȱraconterȱ
desȱhistoiresȱetȱs’occuperȱd’eux.ȱ
ȱ
La réponse de l’élève contient une vérité culturellement
marquée. En effet, dans le monde arabe, la vieille fille, qui est
récupérée par l’un des membres de la famille, à la mort de ses
parents, acquiert un statut particulier, celui de «nurse», à qui l’on
confie volontiers les enfants des frères et sœurs. Et il est
communément connu dans la culture arabe, que ces personnes
s’occupent très bien des enfants puisqu’elles trouvent l’occasion de
canaliser leur surplus de tendresse en jouant le rôle de mère dont
elles ont été privées par le célibat. C’est pourquoi les élèves
ȱ
La réponse de l’élève contient une vérité culturellement
marquée. En effet, dans le monde arabe, la vieille fille, qui est
récupérée par l’un des membres de la famille, à la mort de ses
parents, acquiert un statut particulier, celui de «nurse», à qui l’on
confie volontiers les enfants des frères et sœurs. Et il est
communément connu dans la culture arabe, que ces personnes
s’occupent très bien des enfants puisqu’elles trouvent l’occasion de
canaliser leur surplus de tendresse en jouant le rôle de mère dont
elles ont été privées par le célibat. C’est pourquoi les élèves
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s’étonnentducomportementdecesenfantsquinégligentcettevieille
tante au lieu de se réfugier dans sa chambre pour entendre les
histoires merveilleuses qu’elle est censée savoir très bien raconter.
Nous pouvons déceler dans ces réponses les échos d’expériences
personnelles ou même des souvenirs qui émergent à l’occasion de
cette séancede lecture etcela est heureux, car il signifieque l’élève
s’impliquetellementqu’ils’approprielepersonnageetl’intègreàsa
proprehistoire.
s’étonnentducomportementdecesenfantsquinégligentcettevieille
tante au lieu de se réfugier dans sa chambre pour entendre les
histoires merveilleuses qu’elle est censée savoir très bien raconter.
Nous pouvons déceler dans ces réponses les échos d’expériences
personnelles ou même des souvenirs qui émergent à l’occasion de
cette séancede lecture etcela est heureux, car il signifieque l’élève
s’impliquetellementqu’ils’approprielepersonnageetl’intègreàsa
proprehistoire.
Pour d’autres élèves, ce comportement trouve son
fondementdanslesbasesmêmesdelasociétéfrançaisequiestpour
euxunesociétéindividualisteetmatérialiste.Laplupartd’entreeux
semontred’accordsurlafroideurquicaractériselesrelationsentre
les individus en Occident. Ce genre de stéréotype peut se lire à
travers leurs réponses diverses qui touchent à différents domaines
delaviedesFrançais.
Pour d’autres élèves, ce comportement trouve son
fondementdanslesbasesmêmesdelasociétéfrançaisequiestpour
euxunesociétéindividualisteetmatérialiste.Laplupartd’entreeux
semontred’accordsurlafroideurquicaractériselesrelationsentre
les individus en Occident. Ce genre de stéréotype peut se lire à
travers leurs réponses diverses qui touchent à différents domaines
delaviedesFrançais.
La solitude de Lison, l’indifférence et le mépris que lui
réserventlesmembresdesafamilleserventdetremplinquipermetà
beaucoupd’élèvesd’exprimerleursjugementssurlemodedeviede
l’Autre.Telestlecasdecetteréflexiond’unélève,quiprendcomme
exemple, pour étayer son raisonnement, un évènement très
médiatisé,quiaeulieuenFrance,l’été2003.
La solitude de Lison, l’indifférence et le mépris que lui
réserventlesmembresdesafamilleserventdetremplinquipermetà
beaucoupd’élèvesd’exprimerleursjugementssurlemodedeviede
l’Autre.Telestlecasdecetteréflexiond’unélève,quiprendcomme
exemple, pour étayer son raisonnement, un évènement très
médiatisé,quiaeulieuenFrance,l’été2003.
ȱLeȱcomportementȱdeȱlaȱfamilleȱdeȱLisonȱn’estȱpasȱétonnant,ditil,ȱparceȱqu’ilȱ
relèveȱ d’uneȱ attitudeȱ communeȱ auxȱ Français.ȱ Ilsȱ délaissentȱ lesȱ vieuxȱ quiȱ
n’ontȱ plusȱ deȱ rôlesȱ dansȱ laȱ société,ȱ ilsȱ lesȱ envoientȱ dansȱ lesȱ maisonsȱ deȱ
retraiteȱ ouȱ lesȱ écartentȱ deȱ leurȱ vie,ȱ mêmeȱ siȱ ceȱ sontȱ desȱ membresȱ deȱ leursȱ
familles.ȱ Ilȱ suffitȱ deȱ seȱ rappelerȱ laȱ caniculeȱ deȱ l’étéȱ 2003,ȱ quiȱ aȱ faitȱ desȱ
milliersȱdeȱmorts,ȱtousȱdesȱvieuxȱouȱdesȱmisérables.ȱLaȱplupartȱdeȱcesȱmortsȱ
n’ontȱpasȱétéȱrécupérés,ȱparceȱqu’onȱn’aȱpasȱretrouvéȱleursȱfamilles.
ȱLeȱcomportementȱdeȱlaȱfamilleȱdeȱLisonȱn’estȱpasȱétonnant,ditil,ȱparceȱqu’ilȱ
relèveȱ d’uneȱ attitudeȱ communeȱ auxȱ Français.ȱ Ilsȱ délaissentȱ lesȱ vieuxȱ quiȱ
n’ontȱ plusȱ deȱ rôlesȱ dansȱ laȱ société,ȱ ilsȱ lesȱ envoientȱ dansȱ lesȱ maisonsȱ deȱ
retraiteȱ ouȱ lesȱ écartentȱ deȱ leurȱ vie,ȱ mêmeȱ siȱ ceȱ sontȱ desȱ membresȱ deȱ leursȱ
familles.ȱ Ilȱ suffitȱ deȱ seȱ rappelerȱ laȱ caniculeȱ deȱ l’étéȱ 2003,ȱ quiȱ aȱ faitȱ desȱ
milliersȱdeȱmorts,ȱtousȱdesȱvieuxȱouȱdesȱmisérables.ȱLaȱplupartȱdeȱcesȱmortsȱ
n’ontȱpasȱétéȱrécupérés,ȱparceȱqu’onȱn’aȱpasȱretrouvéȱleursȱfamilles.
Et un autre élève de confirmer en évoquant les SDF (sans
domicile fixe), mais en ajoutant une comparaison avec la situation
danssonproprepays:
Et un autre élève de confirmer en évoquant les SDF (sans
domicile fixe), mais en ajoutant une comparaison avec la situation
danssonproprepays:
66
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s’étonnentducomportementdecesenfantsquinégligentcettevieille
tante au lieu de se réfugier dans sa chambre pour entendre les
histoires merveilleuses qu’elle est censée savoir très bien raconter.
Nous pouvons déceler dans ces réponses les échos d’expériences
personnelles ou même des souvenirs qui émergent à l’occasion de
cette séancede lecture etcela est heureux, car il signifieque l’élève
s’impliquetellementqu’ils’approprielepersonnageetl’intègreàsa
proprehistoire.
s’étonnentducomportementdecesenfantsquinégligentcettevieille
tante au lieu de se réfugier dans sa chambre pour entendre les
histoires merveilleuses qu’elle est censée savoir très bien raconter.
Nous pouvons déceler dans ces réponses les échos d’expériences
personnelles ou même des souvenirs qui émergent à l’occasion de
cette séancede lecture etcela est heureux, car il signifieque l’élève
s’impliquetellementqu’ils’approprielepersonnageetl’intègreàsa
proprehistoire.
Pour d’autres élèves, ce comportement trouve son
fondementdanslesbasesmêmesdelasociétéfrançaisequiestpour
euxunesociétéindividualisteetmatérialiste.Laplupartd’entreeux
semontred’accordsurlafroideurquicaractériselesrelationsentre
les individus en Occident. Ce genre de stéréotype peut se lire à
travers leurs réponses diverses qui touchent à différents domaines
delaviedesFrançais.
Pour d’autres élèves, ce comportement trouve son
fondementdanslesbasesmêmesdelasociétéfrançaisequiestpour
euxunesociétéindividualisteetmatérialiste.Laplupartd’entreeux
semontred’accordsurlafroideurquicaractériselesrelationsentre
les individus en Occident. Ce genre de stéréotype peut se lire à
travers leurs réponses diverses qui touchent à différents domaines
delaviedesFrançais.
La solitude de Lison, l’indifférence et le mépris que lui
réserventlesmembresdesafamilleserventdetremplinquipermetà
beaucoupd’élèvesd’exprimerleursjugementssurlemodedeviede
l’Autre.Telestlecasdecetteréflexiond’unélève,quiprendcomme
exemple, pour étayer son raisonnement, un évènement très
médiatisé,quiaeulieuenFrance,l’été2003.
La solitude de Lison, l’indifférence et le mépris que lui
réserventlesmembresdesafamilleserventdetremplinquipermetà
beaucoupd’élèvesd’exprimerleursjugementssurlemodedeviede
l’Autre.Telestlecasdecetteréflexiond’unélève,quiprendcomme
exemple, pour étayer son raisonnement, un évènement très
médiatisé,quiaeulieuenFrance,l’été2003.
ȱLeȱcomportementȱdeȱlaȱfamilleȱdeȱLisonȱn’estȱpasȱétonnant,ditil,ȱparceȱqu’ilȱ
relèveȱ d’uneȱ attitudeȱ communeȱ auxȱ Français.ȱ Ilsȱ délaissentȱ lesȱ vieuxȱ quiȱ
n’ontȱ plusȱ deȱ rôlesȱ dansȱ laȱ société,ȱ ilsȱ lesȱ envoientȱ dansȱ lesȱ maisonsȱ deȱ
retraiteȱ ouȱ lesȱ écartentȱ deȱ leurȱ vie,ȱ mêmeȱ siȱ ceȱ sontȱ desȱ membresȱ deȱ leursȱ
familles.ȱ Ilȱ suffitȱ deȱ seȱ rappelerȱ laȱ caniculeȱ deȱ l’étéȱ 2003,ȱ quiȱ aȱ faitȱ desȱ
milliersȱdeȱmorts,ȱtousȱdesȱvieuxȱouȱdesȱmisérables.ȱLaȱplupartȱdeȱcesȱmortsȱ
n’ontȱpasȱétéȱrécupérés,ȱparceȱqu’onȱn’aȱpasȱretrouvéȱleursȱfamilles.
ȱLeȱcomportementȱdeȱlaȱfamilleȱdeȱLisonȱn’estȱpasȱétonnant,ditil,ȱparceȱqu’ilȱ
relèveȱ d’uneȱ attitudeȱ communeȱ auxȱ Français.ȱ Ilsȱ délaissentȱ lesȱ vieuxȱ quiȱ
n’ontȱ plusȱ deȱ rôlesȱ dansȱ laȱ société,ȱ ilsȱ lesȱ envoientȱ dansȱ lesȱ maisonsȱ deȱ
retraiteȱ ouȱ lesȱ écartentȱ deȱ leurȱ vie,ȱ mêmeȱ siȱ ceȱ sontȱ desȱ membresȱ deȱ leursȱ
familles.ȱ Ilȱ suffitȱ deȱ seȱ rappelerȱ laȱ caniculeȱ deȱ l’étéȱ 2003,ȱ quiȱ aȱ faitȱ desȱ
milliersȱdeȱmorts,ȱtousȱdesȱvieuxȱouȱdesȱmisérables.ȱLaȱplupartȱdeȱcesȱmortsȱ
n’ontȱpasȱétéȱrécupérés,ȱparceȱqu’onȱn’aȱpasȱretrouvéȱleursȱfamilles.
Et un autre élève de confirmer en évoquant les SDF (sans
domicile fixe), mais en ajoutant une comparaison avec la situation
danssonproprepays:
Et un autre élève de confirmer en évoquant les SDF (sans
domicile fixe), mais en ajoutant une comparaison avec la situation
danssonproprepays:
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Lesȱrapportsȱentreȱlesȱindividusȱsontȱtellementȱfroidsȱqu’onȱpeutȱtrouver,ȱenȱ
France,ȱ desȱ SDFȱ quiȱ ontȱ uneȱ familleȱ ouȱ desȱ enfantsȱ etȱ quiȱ préfèrentȱ vivreȱ
dansȱlaȱrueȱetȱnonȱavecȱleursȱfamilles.ȱParȱcontre,ȱenȱTunisie,ȱonȱneȱpourraitȱ
jamaisȱ permettreȱ qu’unȱ membreȱ deȱ notreȱ familleȱ ouȱ mêmeȱ unȱ inconnu,ȱ
dormeȱdansȱlaȱrueȱouȱmeurtȱdeȱfaimȱouȱdeȱfroid,ȱchacunȱdoitȱtrouverȱuneȱaideȱ
auȱnomȱdeȱlaȱmiséricordeȱrecommandéeȱparȱl’islam.ȱ
Lesȱrapportsȱentreȱlesȱindividusȱsontȱtellementȱfroidsȱqu’onȱpeutȱtrouver,ȱenȱ
France,ȱ desȱ SDFȱ quiȱ ontȱ uneȱ familleȱ ouȱ desȱ enfantsȱ etȱ quiȱ préfèrentȱ vivreȱ
dansȱlaȱrueȱetȱnonȱavecȱleursȱfamilles.ȱParȱcontre,ȱenȱTunisie,ȱonȱneȱpourraitȱ
jamaisȱ permettreȱ qu’unȱ membreȱ deȱ notreȱ familleȱ ouȱ mêmeȱ unȱ inconnu,ȱ
dormeȱdansȱlaȱrueȱouȱmeurtȱdeȱfaimȱouȱdeȱfroid,ȱchacunȱdoitȱtrouverȱuneȱaideȱ
auȱnomȱdeȱlaȱmiséricordeȱrecommandéeȱparȱl’islam.ȱ
Dans le même ordre d’idées, une élève propose l’exemple
desrapportsdevoisinage,quiestunenotionintrinsèqueàlaculture
arabomusulmane et qui fait partie des recommandations du
prophète,quenemanquepasd’évoquerl’élèvedanssaréponse.
Dans le même ordre d’idées, une élève propose l’exemple
desrapportsdevoisinage,quiestunenotionintrinsèqueàlaculture
arabomusulmane et qui fait partie des recommandations du
prophète,quenemanquepasd’évoquerl’élèvedanssaréponse.
EnȱFrance,ȱditelle,ȱonȱpeutȱhabiterȱpendantȱdesȱannées,ȱleȱmêmeȱimmeuble,ȱ
sansȱseȱconnaître,ȱniȱjamaisȱs’adresserȱlaȱparole.ȱAlorsȱqueȱchezȱnousȱçaȱneȱ
peutȱpasȱarriver,ȱpuisqueȱnotreȱprophèteȱMohamedȱaȱrecommandéȱdeȱprendreȱ
soinȱduȱvoisin,ȱmêmeȱleȱplusȱéloignéȱ(jusqu’auȱseptièmeȱvoisin).ȱȱ
ȱ
EnȱFrance,ȱditelle,ȱonȱpeutȱhabiterȱpendantȱdesȱannées,ȱleȱmêmeȱimmeuble,ȱ
sansȱseȱconnaître,ȱniȱjamaisȱs’adresserȱlaȱparole.ȱAlorsȱqueȱchezȱnousȱçaȱneȱ
peutȱpasȱarriver,ȱpuisqueȱnotreȱprophèteȱMohamedȱaȱrecommandéȱdeȱprendreȱ
soinȱduȱvoisin,ȱmêmeȱleȱplusȱéloignéȱ(jusqu’auȱseptièmeȱvoisin).ȱȱ
ȱ
Etunautreélèved’ajouter:
Etunautreélèved’ajouter:
Enȱ effet,ȱ notreȱ religionȱ nousȱ recommandeȱ deȱ nousȱ occuperȱ lesȱ unsȱ desȱ
autresȱcommeȱsiȱnousȱformionsȱunȱseulȱcorps,ȱsiȱl’unȱdesȱmembresȱestȱtouchéȱ
toutȱl’organismeȱenȱsouffreȱ.:
Enȱ effet,ȱ notreȱ religionȱ nousȱ recommandeȱ deȱ nousȱ occuperȱ lesȱ unsȱ desȱ
autresȱcommeȱsiȱnousȱformionsȱunȱseulȱcorps,ȱsiȱl’unȱdesȱmembresȱestȱtouchéȱ
toutȱl’organismeȱenȱsouffreȱ.:
En traduction du « hadith « :
En traduction du « hadith « :
Les exemples sont fondés sur une opposition entre deux
mondesdifférents,l’«Orient»pauvremaismoraletl’«Occident»
richemaisimmoral,laquelleoppositiontrouvesonfondementdans
la comparaison des religions. Il en ressort que le musulman, par
opposition aux autres, ne peut ignorer les malheurs de ceux qui
l’entourent, qu’ils soient parents, voisins ou inconnus. Bien au
contraire, pour être un bon musulman, on devrait faire preuve de
compassionetdesolidaritévisàvisdecequelecoranappelle«son
frèrelemusulman».
Les exemples sont fondés sur une opposition entre deux
mondesdifférents,l’«Orient»pauvremaismoraletl’«Occident»
richemaisimmoral,laquelleoppositiontrouvesonfondementdans
la comparaison des religions. Il en ressort que le musulman, par
opposition aux autres, ne peut ignorer les malheurs de ceux qui
l’entourent, qu’ils soient parents, voisins ou inconnus. Bien au
contraire, pour être un bon musulman, on devrait faire preuve de
compassionetdesolidaritévisàvisdecequelecoranappelle«son
frèrelemusulman».
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Lesȱrapportsȱentreȱlesȱindividusȱsontȱtellementȱfroidsȱqu’onȱpeutȱtrouver,ȱenȱ
France,ȱ desȱ SDFȱ quiȱ ontȱ uneȱ familleȱ ouȱ desȱ enfantsȱ etȱ quiȱ préfèrentȱ vivreȱ
dansȱlaȱrueȱetȱnonȱavecȱleursȱfamilles.ȱParȱcontre,ȱenȱTunisie,ȱonȱneȱpourraitȱ
jamaisȱ permettreȱ qu’unȱ membreȱ deȱ notreȱ familleȱ ouȱ mêmeȱ unȱ inconnu,ȱ
dormeȱdansȱlaȱrueȱouȱmeurtȱdeȱfaimȱouȱdeȱfroid,ȱchacunȱdoitȱtrouverȱuneȱaideȱ
auȱnomȱdeȱlaȱmiséricordeȱrecommandéeȱparȱl’islam.ȱ
Lesȱrapportsȱentreȱlesȱindividusȱsontȱtellementȱfroidsȱqu’onȱpeutȱtrouver,ȱenȱ
France,ȱ desȱ SDFȱ quiȱ ontȱ uneȱ familleȱ ouȱ desȱ enfantsȱ etȱ quiȱ préfèrentȱ vivreȱ
dansȱlaȱrueȱetȱnonȱavecȱleursȱfamilles.ȱParȱcontre,ȱenȱTunisie,ȱonȱneȱpourraitȱ
jamaisȱ permettreȱ qu’unȱ membreȱ deȱ notreȱ familleȱ ouȱ mêmeȱ unȱ inconnu,ȱ
dormeȱdansȱlaȱrueȱouȱmeurtȱdeȱfaimȱouȱdeȱfroid,ȱchacunȱdoitȱtrouverȱuneȱaideȱ
auȱnomȱdeȱlaȱmiséricordeȱrecommandéeȱparȱl’islam.ȱ
Dans le même ordre d’idées, une élève propose l’exemple
desrapportsdevoisinage,quiestunenotionintrinsèqueàlaculture
arabomusulmane et qui fait partie des recommandations du
prophète,quenemanquepasd’évoquerl’élèvedanssaréponse.
Dans le même ordre d’idées, une élève propose l’exemple
desrapportsdevoisinage,quiestunenotionintrinsèqueàlaculture
arabomusulmane et qui fait partie des recommandations du
prophète,quenemanquepasd’évoquerl’élèvedanssaréponse.
EnȱFrance,ȱditelle,ȱonȱpeutȱhabiterȱpendantȱdesȱannées,ȱleȱmêmeȱimmeuble,ȱ
sansȱseȱconnaître,ȱniȱjamaisȱs’adresserȱlaȱparole.ȱAlorsȱqueȱchezȱnousȱçaȱneȱ
peutȱpasȱarriver,ȱpuisqueȱnotreȱprophèteȱMohamedȱaȱrecommandéȱdeȱprendreȱ
soinȱduȱvoisin,ȱmêmeȱleȱplusȱéloignéȱ(jusqu’auȱseptièmeȱvoisin).ȱȱ
ȱ
EnȱFrance,ȱditelle,ȱonȱpeutȱhabiterȱpendantȱdesȱannées,ȱleȱmêmeȱimmeuble,ȱ
sansȱseȱconnaître,ȱniȱjamaisȱs’adresserȱlaȱparole.ȱAlorsȱqueȱchezȱnousȱçaȱneȱ
peutȱpasȱarriver,ȱpuisqueȱnotreȱprophèteȱMohamedȱaȱrecommandéȱdeȱprendreȱ
soinȱduȱvoisin,ȱmêmeȱleȱplusȱéloignéȱ(jusqu’auȱseptièmeȱvoisin).ȱȱ
ȱ
Etunautreélèved’ajouter:
Etunautreélèved’ajouter:
Enȱ effet,ȱ notreȱ religionȱ nousȱ recommandeȱ deȱ nousȱ occuperȱ lesȱ unsȱ desȱ
autresȱcommeȱsiȱnousȱformionsȱunȱseulȱcorps,ȱsiȱl’unȱdesȱmembresȱestȱtouchéȱ
toutȱl’organismeȱenȱsouffreȱ.:
Enȱ effet,ȱ notreȱ religionȱ nousȱ recommandeȱ deȱ nousȱ occuperȱ lesȱ unsȱ desȱ
autresȱcommeȱsiȱnousȱformionsȱunȱseulȱcorps,ȱsiȱl’unȱdesȱmembresȱestȱtouchéȱ
toutȱl’organismeȱenȱsouffreȱ.:
En traduction du « hadith « :
En traduction du « hadith « :
Les exemples sont fondés sur une opposition entre deux
mondesdifférents,l’«Orient»pauvremaismoraletl’«Occident»
richemaisimmoral,laquelleoppositiontrouvesonfondementdans
la comparaison des religions. Il en ressort que le musulman, par
opposition aux autres, ne peut ignorer les malheurs de ceux qui
l’entourent, qu’ils soient parents, voisins ou inconnus. Bien au
contraire, pour être un bon musulman, on devrait faire preuve de
compassionetdesolidaritévisàvisdecequelecoranappelle«son
frèrelemusulman».
Les exemples sont fondés sur une opposition entre deux
mondesdifférents,l’«Orient»pauvremaismoraletl’«Occident»
richemaisimmoral,laquelleoppositiontrouvesonfondementdans
la comparaison des religions. Il en ressort que le musulman, par
opposition aux autres, ne peut ignorer les malheurs de ceux qui
l’entourent, qu’ils soient parents, voisins ou inconnus. Bien au
contraire, pour être un bon musulman, on devrait faire preuve de
compassionetdesolidaritévisàvisdecequelecoranappelle«son
frèrelemusulman».
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Ilestdoncclairquelesjugementsqu’émettentlesélèvessur
lecomportementdelafamilledeLison,etparlàmême,surceluide
tous les Français, passe par un processus de filtrage, qui se traduit
par la distinction entre leur valeurs propres, qu’ils puisent,
essentiellement, dans leur identité arabomusulmane et celles qu’ils
croientêtrecellesdetouslesFrançais.
Ilestdoncclairquelesjugementsqu’émettentlesélèvessur
lecomportementdelafamilledeLison,etparlàmême,surceluide
tous les Français, passe par un processus de filtrage, qui se traduit
par la distinction entre leur valeurs propres, qu’ils puisent,
essentiellement, dans leur identité arabomusulmane et celles qu’ils
croientêtrecellesdetouslesFrançais.
Parmi les exemples proposés, un grand nombre est puisé
dans leur référent religieux commun. Même les référents sociaux,
comme par exemple le statut de la vieille fille qui doit être bien
traitée par les membres de la famille, sont indirectement reliés aux
instructionsdelareligionmusulmane.
Parmi les exemples proposés, un grand nombre est puisé
dans leur référent religieux commun. Même les référents sociaux,
comme par exemple le statut de la vieille fille qui doit être bien
traitée par les membres de la famille, sont indirectement reliés aux
instructionsdelareligionmusulmane.
En effet, à travers les réponses des élèves, nous avons pu
constater qu’ils considéraient que leur religion est à l’origine de
toutes les qualités de générosité, d’entraide, de soins réservés aux
pauvres et aux démunis. Et ceci s’est trouvé confirmé, quand nous
avonsdemandéauxélèves,danslecadred’undébat,sicesnotions
de solidarité, de charité, etc., évoquées auparavant, ne faisaient pas
aussi partie des fondements des autres religions. Leur réponsesont
révélé, dans un premier temps, une ignorance des fondements des
religions différentes de la leur, et dans un deuxième temps, un
profond degré d’intolérance et d’ethnocentrisme qui se traduit
parfaitementdanslespropossuivants:
En effet, à travers les réponses des élèves, nous avons pu
constater qu’ils considéraient que leur religion est à l’origine de
toutes les qualités de générosité, d’entraide, de soins réservés aux
pauvres et aux démunis. Et ceci s’est trouvé confirmé, quand nous
avonsdemandéauxélèves,danslecadred’undébat,sicesnotions
de solidarité, de charité, etc., évoquées auparavant, ne faisaient pas
aussi partie des fondements des autres religions. Leur réponsesont
révélé, dans un premier temps, une ignorance des fondements des
religions différentes de la leur, et dans un deuxième temps, un
profond degré d’intolérance et d’ethnocentrisme qui se traduit
parfaitementdanslespropossuivants:
Quelsȱ queȱ soientȱ lesȱ élémentsȱ positifsȱ qu’onȱ peutȱ retrouverȱ dansȱ lesȱ autresȱ
religions, affirme l’un des élèves,ȱ ilȱ n’enȱ resteȱ pasȱ moinsȱ vraiȱ queȱ laȱ
religionȱmusulmaneȱestȱlaȱmeilleureȱreligion.ȱDieuȱneȱnousȱaȬtȬilȱpasȱditȱqueȱ
nousȱétionsȱleȱmeilleurȱpeupleȱsurȱterreȱ?ȱ
En traduction de :
Quelsȱ queȱ soientȱ lesȱ élémentsȱ positifsȱ qu’onȱ peutȱ retrouverȱ dansȱ lesȱ autresȱ
religions, affirme l’un des élèves,ȱ ilȱ n’enȱ resteȱ pasȱ moinsȱ vraiȱ queȱ laȱ
religionȱmusulmaneȱestȱlaȱmeilleureȱreligion.ȱDieuȱneȱnousȱaȬtȬilȱpasȱditȱqueȱ
nousȱétionsȱleȱmeilleurȱpeupleȱsurȱterreȱ?ȱ
En traduction de :
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Cetethnocentrisme,explicitementexprimé,pourraitchoquer
et être considéré comme contreproductif sur le plan pédagogique.
Or, nous pensons qu’il n’en est rien, puisqu’il servira comme
élément de base à la démarche interculturelle. En réalité,
l’ethnocentrismeexistebeletbienchezlesélèves,maisilestsouvent
68
Cetethnocentrisme,explicitementexprimé,pourraitchoquer
et être considéré comme contreproductif sur le plan pédagogique.
Or, nous pensons qu’il n’en est rien, puisqu’il servira comme
élément de base à la démarche interculturelle. En réalité,
l’ethnocentrismeexistebeletbienchezlesélèves,maisilestsouvent
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Ilestdoncclairquelesjugementsqu’émettentlesélèvessur
lecomportementdelafamilledeLison,etparlàmême,surceluide
tous les Français, passe par un processus de filtrage, qui se traduit
par la distinction entre leur valeurs propres, qu’ils puisent,
essentiellement, dans leur identité arabomusulmane et celles qu’ils
croientêtrecellesdetouslesFrançais.
Ilestdoncclairquelesjugementsqu’émettentlesélèvessur
lecomportementdelafamilledeLison,etparlàmême,surceluide
tous les Français, passe par un processus de filtrage, qui se traduit
par la distinction entre leur valeurs propres, qu’ils puisent,
essentiellement, dans leur identité arabomusulmane et celles qu’ils
croientêtrecellesdetouslesFrançais.
Parmi les exemples proposés, un grand nombre est puisé
dans leur référent religieux commun. Même les référents sociaux,
comme par exemple le statut de la vieille fille qui doit être bien
traitée par les membres de la famille, sont indirectement reliés aux
instructionsdelareligionmusulmane.
Parmi les exemples proposés, un grand nombre est puisé
dans leur référent religieux commun. Même les référents sociaux,
comme par exemple le statut de la vieille fille qui doit être bien
traitée par les membres de la famille, sont indirectement reliés aux
instructionsdelareligionmusulmane.
En effet, à travers les réponses des élèves, nous avons pu
constater qu’ils considéraient que leur religion est à l’origine de
toutes les qualités de générosité, d’entraide, de soins réservés aux
pauvres et aux démunis. Et ceci s’est trouvé confirmé, quand nous
avonsdemandéauxélèves,danslecadred’undébat,sicesnotions
de solidarité, de charité, etc., évoquées auparavant, ne faisaient pas
aussi partie des fondements des autres religions. Leur réponsesont
révélé, dans un premier temps, une ignorance des fondements des
religions différentes de la leur, et dans un deuxième temps, un
profond degré d’intolérance et d’ethnocentrisme qui se traduit
parfaitementdanslespropossuivants:
En effet, à travers les réponses des élèves, nous avons pu
constater qu’ils considéraient que leur religion est à l’origine de
toutes les qualités de générosité, d’entraide, de soins réservés aux
pauvres et aux démunis. Et ceci s’est trouvé confirmé, quand nous
avonsdemandéauxélèves,danslecadred’undébat,sicesnotions
de solidarité, de charité, etc., évoquées auparavant, ne faisaient pas
aussi partie des fondements des autres religions. Leur réponsesont
révélé, dans un premier temps, une ignorance des fondements des
religions différentes de la leur, et dans un deuxième temps, un
profond degré d’intolérance et d’ethnocentrisme qui se traduit
parfaitementdanslespropossuivants:
Quelsȱ queȱ soientȱ lesȱ élémentsȱ positifsȱ qu’onȱ peutȱ retrouverȱ dansȱ lesȱ autresȱ
religions, affirme l’un des élèves,ȱ ilȱ n’enȱ resteȱ pasȱ moinsȱ vraiȱ queȱ laȱ
religionȱmusulmaneȱestȱlaȱmeilleureȱreligion.ȱDieuȱneȱnousȱaȬtȬilȱpasȱditȱqueȱ
nousȱétionsȱleȱmeilleurȱpeupleȱsurȱterreȱ?ȱ
En traduction de :
Quelsȱ queȱ soientȱ lesȱ élémentsȱ positifsȱ qu’onȱ peutȱ retrouverȱ dansȱ lesȱ autresȱ
religions, affirme l’un des élèves,ȱ ilȱ n’enȱ resteȱ pasȱ moinsȱ vraiȱ queȱ laȱ
religionȱmusulmaneȱestȱlaȱmeilleureȱreligion.ȱDieuȱneȱnousȱaȬtȬilȱpasȱditȱqueȱ
nousȱétionsȱleȱmeilleurȱpeupleȱsurȱterreȱ?ȱ
En traduction de :
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# $
Cetethnocentrisme,explicitementexprimé,pourraitchoquer
et être considéré comme contreproductif sur le plan pédagogique.
Or, nous pensons qu’il n’en est rien, puisqu’il servira comme
élément de base à la démarche interculturelle. En réalité,
l’ethnocentrismeexistebeletbienchezlesélèves,maisilestsouvent
68
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# $
Cetethnocentrisme,explicitementexprimé,pourraitchoquer
et être considéré comme contreproductif sur le plan pédagogique.
Or, nous pensons qu’il n’en est rien, puisqu’il servira comme
élément de base à la démarche interculturelle. En réalité,
l’ethnocentrismeexistebeletbienchezlesélèves,maisilestsouvent
68
inexprimé et sousjacent à leur réflexion, il est donc d’autant plus
dangereuxquandilestignoré.Decefait,l’activitédelecture,sielle
permetdepousserlesélèvesàdévoilerlefonddeleurpensées,aura
aidéàcombattrecesjugementsdevaleur,enlesprésentantaugrand
jour, au grand étonnement de ceuxlà mêmes qui les ont exprimés.
Nuln’ignorequelacultureatendanceàsenaturaliser,maisl’élève,
ne sachant pas que ses idées sont le produit de sa culture et non
d’uneréflexionpropre,peutdécouvrir,enconfrontantlespointsde
vue, qu’il existe d’autres façons de voir le monde que celle qu’il
connaît et qu’il croyait unique. C’est à travers ce jeu de miroir, que
l’élèvevasevoirAutre,etc’esteneffectuantunretoursursoi,qu’il
verra que son opinion sur les êtres et les choses est principalement
culturelle.
Pour que cette étude de texte constitue à la fois un
enrichissement sur le plan culturel et une possibilité de porter un
regard critique sur sa culture propre, il fallait inciter les élèves à se
rendre compte de la position critique de Maupassant. C’est ainsi
qu’en comprenant que le texte ne fait qu’illustrer l’intérêt de
Maupassant et sa sympathie pour les personnes incomprises,
quelques élèves relativisent leur jugement de départ. Nous avons
profité de ce recul pour proposer aux élèves d’autres exemples qui
montrent la charité des Occidentaux à l’instar des organisations
humanitaires et des associations caritatives. Nous avons aussi
affirmé, pour aller dans le même sens, que toutes les religions se
recoupent dans ce domaine et qu’ils considèrent que les relations
humainesdoiventêtrebaséessurunrapportdecharitéetd’entraide.
Maisilfaudraitaussisignalerquenousavonsressentiuneréticence
delapartdequelquesélèves.Ilestvrai,qu’àceniveauducursuset
n’étant pas préparés à cette démarche, les élèves ne sont pas tous
prêts à remettre en question leur opinions de départ et persistent à
penser qu’ils sont les meilleurs. Considérons par exemple le cas de
cetélèvequiréagitauxremarquesdesescamaradesendisant:
69
inexprimé et sousjacent à leur réflexion, il est donc d’autant plus
dangereuxquandilestignoré.Decefait,l’activitédelecture,sielle
permetdepousserlesélèvesàdévoilerlefonddeleurpensées,aura
aidéàcombattrecesjugementsdevaleur,enlesprésentantaugrand
jour, au grand étonnement de ceuxlà mêmes qui les ont exprimés.
Nuln’ignorequelacultureatendanceàsenaturaliser,maisl’élève,
ne sachant pas que ses idées sont le produit de sa culture et non
d’uneréflexionpropre,peutdécouvrir,enconfrontantlespointsde
vue, qu’il existe d’autres façons de voir le monde que celle qu’il
connaît et qu’il croyait unique. C’est à travers ce jeu de miroir, que
l’élèvevasevoirAutre,etc’esteneffectuantunretoursursoi,qu’il
verra que son opinion sur les êtres et les choses est principalement
culturelle.
Pour que cette étude de texte constitue à la fois un
enrichissement sur le plan culturel et une possibilité de porter un
regard critique sur sa culture propre, il fallait inciter les élèves à se
rendre compte de la position critique de Maupassant. C’est ainsi
qu’en comprenant que le texte ne fait qu’illustrer l’intérêt de
Maupassant et sa sympathie pour les personnes incomprises,
quelques élèves relativisent leur jugement de départ. Nous avons
profité de ce recul pour proposer aux élèves d’autres exemples qui
montrent la charité des Occidentaux à l’instar des organisations
humanitaires et des associations caritatives. Nous avons aussi
affirmé, pour aller dans le même sens, que toutes les religions se
recoupent dans ce domaine et qu’ils considèrent que les relations
humainesdoiventêtrebaséessurunrapportdecharitéetd’entraide.
Maisilfaudraitaussisignalerquenousavonsressentiuneréticence
delapartdequelquesélèves.Ilestvrai,qu’àceniveauducursuset
n’étant pas préparés à cette démarche, les élèves ne sont pas tous
prêts à remettre en question leur opinions de départ et persistent à
penser qu’ils sont les meilleurs. Considérons par exemple le cas de
cetélèvequiréagitauxremarquesdesescamaradesendisant:
69
inexprimé et sousjacent à leur réflexion, il est donc d’autant plus
dangereuxquandilestignoré.Decefait,l’activitédelecture,sielle
permetdepousserlesélèvesàdévoilerlefonddeleurpensées,aura
aidéàcombattrecesjugementsdevaleur,enlesprésentantaugrand
jour, au grand étonnement de ceuxlà mêmes qui les ont exprimés.
Nuln’ignorequelacultureatendanceàsenaturaliser,maisl’élève,
ne sachant pas que ses idées sont le produit de sa culture et non
d’uneréflexionpropre,peutdécouvrir,enconfrontantlespointsde
vue, qu’il existe d’autres façons de voir le monde que celle qu’il
connaît et qu’il croyait unique. C’est à travers ce jeu de miroir, que
l’élèvevasevoirAutre,etc’esteneffectuantunretoursursoi,qu’il
verra que son opinion sur les êtres et les choses est principalement
culturelle.
Pour que cette étude de texte constitue à la fois un
enrichissement sur le plan culturel et une possibilité de porter un
regard critique sur sa culture propre, il fallait inciter les élèves à se
rendre compte de la position critique de Maupassant. C’est ainsi
qu’en comprenant que le texte ne fait qu’illustrer l’intérêt de
Maupassant et sa sympathie pour les personnes incomprises,
quelques élèves relativisent leur jugement de départ. Nous avons
profité de ce recul pour proposer aux élèves d’autres exemples qui
montrent la charité des Occidentaux à l’instar des organisations
humanitaires et des associations caritatives. Nous avons aussi
affirmé, pour aller dans le même sens, que toutes les religions se
recoupent dans ce domaine et qu’ils considèrent que les relations
humainesdoiventêtrebaséessurunrapportdecharitéetd’entraide.
Maisilfaudraitaussisignalerquenousavonsressentiuneréticence
delapartdequelquesélèves.Ilestvrai,qu’àceniveauducursuset
n’étant pas préparés à cette démarche, les élèves ne sont pas tous
prêts à remettre en question leur opinions de départ et persistent à
penser qu’ils sont les meilleurs. Considérons par exemple le cas de
cetélèvequiréagitauxremarquesdesescamaradesendisant:
69
inexprimé et sousjacent à leur réflexion, il est donc d’autant plus
dangereuxquandilestignoré.Decefait,l’activitédelecture,sielle
permetdepousserlesélèvesàdévoilerlefonddeleurpensées,aura
aidéàcombattrecesjugementsdevaleur,enlesprésentantaugrand
jour, au grand étonnement de ceuxlà mêmes qui les ont exprimés.
Nuln’ignorequelacultureatendanceàsenaturaliser,maisl’élève,
ne sachant pas que ses idées sont le produit de sa culture et non
d’uneréflexionpropre,peutdécouvrir,enconfrontantlespointsde
vue, qu’il existe d’autres façons de voir le monde que celle qu’il
connaît et qu’il croyait unique. C’est à travers ce jeu de miroir, que
l’élèvevasevoirAutre,etc’esteneffectuantunretoursursoi,qu’il
verra que son opinion sur les êtres et les choses est principalement
culturelle.
Pour que cette étude de texte constitue à la fois un
enrichissement sur le plan culturel et une possibilité de porter un
regard critique sur sa culture propre, il fallait inciter les élèves à se
rendre compte de la position critique de Maupassant. C’est ainsi
qu’en comprenant que le texte ne fait qu’illustrer l’intérêt de
Maupassant et sa sympathie pour les personnes incomprises,
quelques élèves relativisent leur jugement de départ. Nous avons
profité de ce recul pour proposer aux élèves d’autres exemples qui
montrent la charité des Occidentaux à l’instar des organisations
humanitaires et des associations caritatives. Nous avons aussi
affirmé, pour aller dans le même sens, que toutes les religions se
recoupent dans ce domaine et qu’ils considèrent que les relations
humainesdoiventêtrebaséessurunrapportdecharitéetd’entraide.
Maisilfaudraitaussisignalerquenousavonsressentiuneréticence
delapartdequelquesélèves.Ilestvrai,qu’àceniveauducursuset
n’étant pas préparés à cette démarche, les élèves ne sont pas tous
prêts à remettre en question leur opinions de départ et persistent à
penser qu’ils sont les meilleurs. Considérons par exemple le cas de
cetélèvequiréagitauxremarquesdesescamaradesendisant:
69
ȱMaupassantȱ estȱ uneȱ exceptionȱ carȱ c’estȱ unȱ écrivainȱ etȱ cesȱ derniersȱ sontȱ
souventȱ plusȱ sensiblesȱ queȱ lesȱ gensȱ normaux.ȱ Onȱ neȱ peutȱ doncȱ pasȱ leȱ
considérerȱcommeȱexempleȱàȱlaȱtoléranceȱdesȱfrançaisȱenȱgénéral.
ȱMaupassantȱ estȱ uneȱ exceptionȱ carȱ c’estȱ unȱ écrivainȱ etȱ cesȱ derniersȱ sontȱ
souventȱ plusȱ sensiblesȱ queȱ lesȱ gensȱ normaux.ȱ Onȱ neȱ peutȱ doncȱ pasȱ leȱ
considérerȱcommeȱexempleȱàȱlaȱtoléranceȱdesȱfrançaisȱenȱgénéral.
Cette réflexion permet, à elle seule, de nous montrer la
résistance de quelques élèves à la démarche interculturelle tant le
poidsdespréjugéspèsesurleurraison.
Pour aller plus loin nous leur posons la question suivante:
Quelȱ est,ȱ selonȱ vous,ȱ leȱ statutȱ deȱ laȱ femmeȱ célibataireȱ dansȱ notreȱ sociétéȱ?
Carnouspensonsqu’enenparlantilspourraientsedépartirdeleur
ethnocentrisme de départ en reconnaissant que ce type de
personnagenebénéficiepastoujoursd’unexcellenttraitement.Nous
pouvonsciterquelquesréponsesquimettentenavantlasoumission
desfemmescélibatairesàl’autoritédelafamille:
Cette réflexion permet, à elle seule, de nous montrer la
résistance de quelques élèves à la démarche interculturelle tant le
poidsdespréjugéspèsesurleurraison.
Pour aller plus loin nous leur posons la question suivante:
Quelȱ est,ȱ selonȱ vous,ȱ leȱ statutȱ deȱ laȱ femmeȱ célibataireȱ dansȱ notreȱ sociétéȱ?
Carnouspensonsqu’enenparlantilspourraientsedépartirdeleur
ethnocentrisme de départ en reconnaissant que ce type de
personnagenebénéficiepastoujoursd’unexcellenttraitement.Nous
pouvonsciterquelquesréponsesquimettentenavantlasoumission
desfemmescélibatairesàl’autoritédelafamille:
Laȱfemmeȱcélibataireȱn’estȱpasȱlibre,ditunélève,elleȱneȱvitȱjamaisȱseule,ȱsiȱ
sesȱparentsȱmeurentȱelleȱestȱobligéeȱdeȱvivreȱavecȱdesȱmembresȱdeȱlaȱfamille.ȱȱ
Laȱfemmeȱcélibataireȱn’estȱpasȱlibre,ditunélève,elleȱneȱvitȱjamaisȱseule,ȱsiȱ
sesȱparentsȱmeurentȱelleȱestȱobligéeȱdeȱvivreȱavecȱdesȱmembresȱdeȱlaȱfamille.ȱȱ
ȱ
Oubien:«Alamortdesesparents,elleestpriseencharge
parsonfrèreousononcle,ellevitsouslatutelledeshommesdela
famillecarellen’apasdemaripourprendresoind’elle»,ȱajouteun
autre.
Ouencore:
ȱ
Oubien:«Alamortdesesparents,elleestpriseencharge
parsonfrèreousononcle,ellevitsouslatutelledeshommesdela
famillecarellen’apasdemaripourprendresoind’elle»,ȱajouteun
autre.
Ouencore:
ȱLaȱvieilleȱfilleȱreprésenteȱuneȱchargeȱpourȱlaȱfamille,ȱc’estȱuneȱresponsabilitéȱ
queȱ lesȱ parents,ȱ avantȱ deȱ mourir,ȱ laissentȱ àȱ leursȱ autresȱ enfants.ȱ Elleȱ estȱ
parfoisȱmaltraitée.ȱȱȱ
ȱLaȱvieilleȱfilleȱreprésenteȱuneȱchargeȱpourȱlaȱfamille,ȱc’estȱuneȱresponsabilitéȱ
queȱ lesȱ parents,ȱ avantȱ deȱ mourir,ȱ laissentȱ àȱ leursȱ autresȱ enfants.ȱ Elleȱ estȱ
parfoisȱmaltraitée.ȱȱȱ
Et dans le même ordre, nous avons retenu la remarque
suivante:
ȱȱ
Et dans le même ordre, nous avons retenu la remarque
suivante:
ȱȱ
ȱLaȱvieilleȱfilleȱestȱparfoisȱmalȱvueȱparȱlaȱsociété,ȱonȱlaȱcritiqueȱetȱonȱseȱmoqueȱ
d’elle.ȱPourȱcertainsȱc’estȱuneȱhonte.ȱȱȱ
ȱLaȱvieilleȱfilleȱestȱparfoisȱmalȱvueȱparȱlaȱsociété,ȱonȱlaȱcritiqueȱetȱonȱseȱmoqueȱ
d’elle.ȱPourȱcertainsȱc’estȱuneȱhonte.ȱȱȱ
ȱEnȱ effet,ȱ renchérit un autre, lesȱ parentsȱ essayentȱ deȱ laȱ caserȱ avantȱ deȱ
mourirȱ parceȱ qu’ilsȱ ontȱ peurȱ qu’elleȱ neȱ trouveȱ personneȱ pourȱ s’enȱ occuperȱ
aprèsȱeux.
ȱEnȱ effet,ȱ renchérit un autre, lesȱ parentsȱ essayentȱ deȱ laȱ caserȱ avantȱ deȱ
mourirȱ parceȱ qu’ilsȱ ontȱ peurȱ qu’elleȱ neȱ trouveȱ personneȱ pourȱ s’enȱ occuperȱ
aprèsȱeux.
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ȱMaupassantȱ estȱ uneȱ exceptionȱ carȱ c’estȱ unȱ écrivainȱ etȱ cesȱ derniersȱ sontȱ
souventȱ plusȱ sensiblesȱ queȱ lesȱ gensȱ normaux.ȱ Onȱ neȱ peutȱ doncȱ pasȱ leȱ
considérerȱcommeȱexempleȱàȱlaȱtoléranceȱdesȱfrançaisȱenȱgénéral.
ȱMaupassantȱ estȱ uneȱ exceptionȱ carȱ c’estȱ unȱ écrivainȱ etȱ cesȱ derniersȱ sontȱ
souventȱ plusȱ sensiblesȱ queȱ lesȱ gensȱ normaux.ȱ Onȱ neȱ peutȱ doncȱ pasȱ leȱ
considérerȱcommeȱexempleȱàȱlaȱtoléranceȱdesȱfrançaisȱenȱgénéral.
Cette réflexion permet, à elle seule, de nous montrer la
résistance de quelques élèves à la démarche interculturelle tant le
poidsdespréjugéspèsesurleurraison.
Pour aller plus loin nous leur posons la question suivante:
Quelȱ est,ȱ selonȱ vous,ȱ leȱ statutȱ deȱ laȱ femmeȱ célibataireȱ dansȱ notreȱ sociétéȱ?
Carnouspensonsqu’enenparlantilspourraientsedépartirdeleur
ethnocentrisme de départ en reconnaissant que ce type de
personnagenebénéficiepastoujoursd’unexcellenttraitement.Nous
pouvonsciterquelquesréponsesquimettentenavantlasoumission
desfemmescélibatairesàl’autoritédelafamille:
Cette réflexion permet, à elle seule, de nous montrer la
résistance de quelques élèves à la démarche interculturelle tant le
poidsdespréjugéspèsesurleurraison.
Pour aller plus loin nous leur posons la question suivante:
Quelȱ est,ȱ selonȱ vous,ȱ leȱ statutȱ deȱ laȱ femmeȱ célibataireȱ dansȱ notreȱ sociétéȱ?
Carnouspensonsqu’enenparlantilspourraientsedépartirdeleur
ethnocentrisme de départ en reconnaissant que ce type de
personnagenebénéficiepastoujoursd’unexcellenttraitement.Nous
pouvonsciterquelquesréponsesquimettentenavantlasoumission
desfemmescélibatairesàl’autoritédelafamille:
Laȱfemmeȱcélibataireȱn’estȱpasȱlibre,ditunélève,elleȱneȱvitȱjamaisȱseule,ȱsiȱ
sesȱparentsȱmeurentȱelleȱestȱobligéeȱdeȱvivreȱavecȱdesȱmembresȱdeȱlaȱfamille.ȱȱ
Laȱfemmeȱcélibataireȱn’estȱpasȱlibre,ditunélève,elleȱneȱvitȱjamaisȱseule,ȱsiȱ
sesȱparentsȱmeurentȱelleȱestȱobligéeȱdeȱvivreȱavecȱdesȱmembresȱdeȱlaȱfamille.ȱȱ
ȱ
Oubien:«Alamortdesesparents,elleestpriseencharge
parsonfrèreousononcle,ellevitsouslatutelledeshommesdela
famillecarellen’apasdemaripourprendresoind’elle»,ȱajouteun
autre.
Ouencore:
ȱ
Oubien:«Alamortdesesparents,elleestpriseencharge
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famillecarellen’apasdemaripourprendresoind’elle»,ȱajouteun
autre.
Ouencore:
ȱLaȱvieilleȱfilleȱreprésenteȱuneȱchargeȱpourȱlaȱfamille,ȱc’estȱuneȱresponsabilitéȱ
queȱ lesȱ parents,ȱ avantȱ deȱ mourir,ȱ laissentȱ àȱ leursȱ autresȱ enfants.ȱ Elleȱ estȱ
parfoisȱmaltraitée.ȱȱȱ
ȱLaȱvieilleȱfilleȱreprésenteȱuneȱchargeȱpourȱlaȱfamille,ȱc’estȱuneȱresponsabilitéȱ
queȱ lesȱ parents,ȱ avantȱ deȱ mourir,ȱ laissentȱ àȱ leursȱ autresȱ enfants.ȱ Elleȱ estȱ
parfoisȱmaltraitée.ȱȱȱ
Et dans le même ordre, nous avons retenu la remarque
suivante:
ȱȱ
Et dans le même ordre, nous avons retenu la remarque
suivante:
ȱȱ
ȱLaȱvieilleȱfilleȱestȱparfoisȱmalȱvueȱparȱlaȱsociété,ȱonȱlaȱcritiqueȱetȱonȱseȱmoqueȱ
d’elle.ȱPourȱcertainsȱc’estȱuneȱhonte.ȱȱȱ
ȱLaȱvieilleȱfilleȱestȱparfoisȱmalȱvueȱparȱlaȱsociété,ȱonȱlaȱcritiqueȱetȱonȱseȱmoqueȱ
d’elle.ȱPourȱcertainsȱc’estȱuneȱhonte.ȱȱȱ
ȱEnȱ effet,ȱ renchérit un autre, lesȱ parentsȱ essayentȱ deȱ laȱ caserȱ avantȱ deȱ
mourirȱ parceȱ qu’ilsȱ ontȱ peurȱ qu’elleȱ neȱ trouveȱ personneȱ pourȱ s’enȱ occuperȱ
aprèsȱeux.
ȱEnȱ effet,ȱ renchérit un autre, lesȱ parentsȱ essayentȱ deȱ laȱ caserȱ avantȱ deȱ
mourirȱ parceȱ qu’ilsȱ ontȱ peurȱ qu’elleȱ neȱ trouveȱ personneȱ pourȱ s’enȱ occuperȱ
aprèsȱeux.
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Lesréponsesquenousavonsretenuesmontrentbienquela
société tunisienne peut être injuste envers les femmes célibataires.
Cecipermettraauxélèvesdeserendrecomptequel’indifférenceet
lacruauténesontpasl’apanagedesseulsFrançaisetquelasociété
dont ils font partie et qu’ils présentaient comme irréprochable, au
début de la séance, peut se révéler aussi injuste que la société
françaisequ’ilscritiquaient.
ȱ
4.ȱCONCLUSIONȱ
ȱ
C’est ainsi que les élèves ont réussi, par delà tout obstacle
culturel,às’approprierletexte.Peuimportequ’ilsn’aientpasréussi
à dégager la dimension christique d’ȱ «ȱéternelleȱ sacrifiéeȱ» qui
caractérise le personnage, comme on peut le lire dans quelques
analysesdecetexte2,dumomentquecen’estquel’unedeslectures
possibles et non l’unique. L’essentiel est que leur culture leur a
permis de retrouver un sens au texte, et comme nous l’avons dit
précédemment, nous avons l’impression que les interprétations des
élèves sont, peutêtre, des échos d’histoires personnelles ou de
scènes observées dans leur entourage. Avec l’aide de l’enseignant,
qui doit préparer un questionnement ciblé et se charger de
synthétiserlesdifférentesréponses,l’élèveseraàmêmedeprendre
durecul,etmieuxencore,àsevoiràtraverslaculturedel’Autre,à
relativiser ses opinions, et ceci n’aura en rien altéré son plaisir de
lecture,bienaucontraire.
Lesréponsesquenousavonsretenuesmontrentbienquela
société tunisienne peut être injuste envers les femmes célibataires.
Cecipermettraauxélèvesdeserendrecomptequel’indifférenceet
lacruauténesontpasl’apanagedesseulsFrançaisetquelasociété
dont ils font partie et qu’ils présentaient comme irréprochable, au
début de la séance, peut se révéler aussi injuste que la société
françaisequ’ilscritiquaient.
ȱ
4.ȱCONCLUSIONȱ
ȱ
C’est ainsi que les élèves ont réussi, par delà tout obstacle
culturel,às’approprierletexte.Peuimportequ’ilsn’aientpasréussi
à dégager la dimension christique d’ȱ «ȱéternelleȱ sacrifiéeȱ» qui
caractérise le personnage, comme on peut le lire dans quelques
analysesdecetexte2,dumomentquecen’estquel’unedeslectures
possibles et non l’unique. L’essentiel est que leur culture leur a
permis de retrouver un sens au texte, et comme nous l’avons dit
précédemment, nous avons l’impression que les interprétations des
élèves sont, peutêtre, des échos d’histoires personnelles ou de
scènes observées dans leur entourage. Avec l’aide de l’enseignant,
qui doit préparer un questionnement ciblé et se charger de
synthétiserlesdifférentesréponses,l’élèveseraàmêmedeprendre
durecul,etmieuxencore,àsevoiràtraverslaculturedel’Autre,à
relativiser ses opinions, et ceci n’aura en rien altéré son plaisir de
lecture,bienaucontraire.
Lesélèvesquenousavonsrencontré,malgréleurignorance
totaledesconditionsdeproductionducontedeMaupassant,etau
delà des considérations aristocratiques inhérentes au texte, qu’ils
n’ont, du reste, pas remarquées, n’ont pas eu du mal à adopter le
pointdevuedel’auteuretdeserévolter,àleurmanière,«ȱdevantȱleȱ
martyreȱ desȱ faiblesȱ etȱ desȱ déshéritésȱ deȱ laȱ vieȱ» (Hannachi, 2002: 36).ȱ
CettecompassionpourLisonportaitlestracesdel’identitéculturelle
desélèves,enclins,departl’influenceinconscientedeleurreligion,à
vouloiraiderlesfaibles.Ilsontaussiprisconsciencequ’ilexistebien,
Lesélèvesquenousavonsrencontré,malgréleurignorance
totaledesconditionsdeproductionducontedeMaupassant,etau
delà des considérations aristocratiques inhérentes au texte, qu’ils
n’ont, du reste, pas remarquées, n’ont pas eu du mal à adopter le
pointdevuedel’auteuretdeserévolter,àleurmanière,«ȱdevantȱleȱ
martyreȱ desȱ faiblesȱ etȱ desȱ déshéritésȱ deȱ laȱ vieȱ» (Hannachi, 2002: 36).ȱ
CettecompassionpourLisonportaitlestracesdel’identitéculturelle
desélèves,enclins,departl’influenceinconscientedeleurreligion,à
vouloiraiderlesfaibles.Ilsontaussiprisconsciencequ’ilexistebien,
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Lesréponsesquenousavonsretenuesmontrentbienquela
société tunisienne peut être injuste envers les femmes célibataires.
Cecipermettraauxélèvesdeserendrecomptequel’indifférenceet
lacruauténesontpasl’apanagedesseulsFrançaisetquelasociété
dont ils font partie et qu’ils présentaient comme irréprochable, au
début de la séance, peut se révéler aussi injuste que la société
françaisequ’ilscritiquaient.
ȱ
4.ȱCONCLUSIONȱ
ȱ
C’est ainsi que les élèves ont réussi, par delà tout obstacle
culturel,às’approprierletexte.Peuimportequ’ilsn’aientpasréussi
à dégager la dimension christique d’ȱ «ȱéternelleȱ sacrifiéeȱ» qui
caractérise le personnage, comme on peut le lire dans quelques
analysesdecetexte2,dumomentquecen’estquel’unedeslectures
possibles et non l’unique. L’essentiel est que leur culture leur a
permis de retrouver un sens au texte, et comme nous l’avons dit
précédemment, nous avons l’impression que les interprétations des
élèves sont, peutêtre, des échos d’histoires personnelles ou de
scènes observées dans leur entourage. Avec l’aide de l’enseignant,
qui doit préparer un questionnement ciblé et se charger de
synthétiserlesdifférentesréponses,l’élèveseraàmêmedeprendre
durecul,etmieuxencore,àsevoiràtraverslaculturedel’Autre,à
relativiser ses opinions, et ceci n’aura en rien altéré son plaisir de
lecture,bienaucontraire.
Lesréponsesquenousavonsretenuesmontrentbienquela
société tunisienne peut être injuste envers les femmes célibataires.
Cecipermettraauxélèvesdeserendrecomptequel’indifférenceet
lacruauténesontpasl’apanagedesseulsFrançaisetquelasociété
dont ils font partie et qu’ils présentaient comme irréprochable, au
début de la séance, peut se révéler aussi injuste que la société
françaisequ’ilscritiquaient.
ȱ
4.ȱCONCLUSIONȱ
ȱ
C’est ainsi que les élèves ont réussi, par delà tout obstacle
culturel,às’approprierletexte.Peuimportequ’ilsn’aientpasréussi
à dégager la dimension christique d’ȱ «ȱéternelleȱ sacrifiéeȱ» qui
caractérise le personnage, comme on peut le lire dans quelques
analysesdecetexte2,dumomentquecen’estquel’unedeslectures
possibles et non l’unique. L’essentiel est que leur culture leur a
permis de retrouver un sens au texte, et comme nous l’avons dit
précédemment, nous avons l’impression que les interprétations des
élèves sont, peutêtre, des échos d’histoires personnelles ou de
scènes observées dans leur entourage. Avec l’aide de l’enseignant,
qui doit préparer un questionnement ciblé et se charger de
synthétiserlesdifférentesréponses,l’élèveseraàmêmedeprendre
durecul,etmieuxencore,àsevoiràtraverslaculturedel’Autre,à
relativiser ses opinions, et ceci n’aura en rien altéré son plaisir de
lecture,bienaucontraire.
Lesélèvesquenousavonsrencontré,malgréleurignorance
totaledesconditionsdeproductionducontedeMaupassant,etau
delà des considérations aristocratiques inhérentes au texte, qu’ils
n’ont, du reste, pas remarquées, n’ont pas eu du mal à adopter le
pointdevuedel’auteuretdeserévolter,àleurmanière,«ȱdevantȱleȱ
martyreȱ desȱ faiblesȱ etȱ desȱ déshéritésȱ deȱ laȱ vieȱ» (Hannachi, 2002: 36).ȱ
CettecompassionpourLisonportaitlestracesdel’identitéculturelle
desélèves,enclins,departl’influenceinconscientedeleurreligion,à
vouloiraiderlesfaibles.Ilsontaussiprisconsciencequ’ilexistebien,
Lesélèvesquenousavonsrencontré,malgréleurignorance
totaledesconditionsdeproductionducontedeMaupassant,etau
delà des considérations aristocratiques inhérentes au texte, qu’ils
n’ont, du reste, pas remarquées, n’ont pas eu du mal à adopter le
pointdevuedel’auteuretdeserévolter,àleurmanière,«ȱdevantȱleȱ
martyreȱ desȱ faiblesȱ etȱ desȱ déshéritésȱ deȱ laȱ vieȱ» (Hannachi, 2002: 36).ȱ
CettecompassionpourLisonportaitlestracesdel’identitéculturelle
desélèves,enclins,departl’influenceinconscientedeleurreligion,à
vouloiraiderlesfaibles.Ilsontaussiprisconsciencequ’ilexistebien,
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dans leur société, ou même parmi eux, des individus qui se
comportentaussicommelessœursetlesneveuxdeLison.
dans leur société, ou même parmi eux, des individus qui se
comportentaussicommelessœursetlesneveuxdeLison.
ȱNous tenons quand même à préciser que la démarche
décritedanscetteexpériencen’apasétéfacileàmettreenplacedans
la mesure où la résistance de quelques élèves a parfois mené la
séance à un blocage. Quelques élèves ont trouvé aberrant de
considérer que les Français puissent être aussi cléments que les
Arabes et les musulmans. Ils ont résisté à l’idée qu’il puisse exister
unpeupleaussisolidairequeleleuretontrejetél’idéeselonlaquelle
Maupassant serait un échantillon de plusieurs autres Français qui
sont aussi compatissants qu’euxmêmes voire plus. Il serait donc
judicieuxdemontrerauxélèves,dèslespremièresannéesducursus,
l’intérêt que pourrait avoir une démarche qui leur permette de
confronter les points de vue et d’admettre qu’il existe plusieurs
façons de voir le monde et les choses. Ceci leur permettra de
minimiserl’impressionqu’ilsontd’avoirtoujoursraisonetlesaidera
à réviser leur attitudes ethnocentriques et partant ils pourront
entamercequeBesseappelle«ȱéducationȱinterculturelleȱ».ȱ
NOTESȱ
ȱNous tenons quand même à préciser que la démarche
décritedanscetteexpériencen’apasétéfacileàmettreenplacedans
la mesure où la résistance de quelques élèves a parfois mené la
séance à un blocage. Quelques élèves ont trouvé aberrant de
considérer que les Français puissent être aussi cléments que les
Arabes et les musulmans. Ils ont résisté à l’idée qu’il puisse exister
unpeupleaussisolidairequeleleuretontrejetél’idéeselonlaquelle
Maupassant serait un échantillon de plusieurs autres Français qui
sont aussi compatissants qu’euxmêmes voire plus. Il serait donc
judicieuxdemontrerauxélèves,dèslespremièresannéesducursus,
l’intérêt que pourrait avoir une démarche qui leur permette de
confronter les points de vue et d’admettre qu’il existe plusieurs
façons de voir le monde et les choses. Ceci leur permettra de
minimiserl’impressionqu’ilsontd’avoirtoujoursraisonetlesaidera
à réviser leur attitudes ethnocentriques et partant ils pourront
entamercequeBesseappelle«ȱéducationȱinterculturelleȱ».ȱ
NOTESȱ
ȱ
La question était : « Quels sentiments, les membres de la famille, éprouvent-ils pour
Lison ? Pourquoi d’après-vous ? »
2
Lire au cycle 2. http://www.w3.org/TR/DTD/xhtml
ȱ
La question était : « Quels sentiments, les membres de la famille, éprouvent-ils pour
Lison ? Pourquoi d’après-vous ? »
2
Lire au cycle 2. http://www.w3.org/TR/DTD/xhtml
1
1
ȱ
REFERENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
ABDALLAHPRETCEILLE Martine, 1992,
intégrationȱ?ȱ,Paris,Hachette.
ȱ
REFERENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
Quelleȱ écoleȱ pourȱ quelleȱ
ABDALLAHPRETCEILLE Martine, 1992,
intégrationȱ?ȱ,Paris,Hachette.
Quelleȱ écoleȱ pourȱ quelleȱ
SÉOUDAmor,1997,Pourȱuneȱdidactiqueȱdeȱlaȱlittérature,Paris,HatierDidier,
Coll.LAL.
SÉOUDAmor,1997,Pourȱuneȱdidactiqueȱdeȱlaȱlittérature,Paris,HatierDidier,
Coll.LAL.
HANNACHI Habib,ȱ 2002, Parcoursȱ:ȱ Leȱ françaisȱ enȱ Troisièmeȱ annéeȱ deȱ
l’enseignementȱsecondaire,Ed.C.N.P,Tunis.
HANNACHI Habib,ȱ 2002, Parcoursȱ:ȱ Leȱ françaisȱ enȱ Troisièmeȱ annéeȱ deȱ
l’enseignementȱsecondaire,Ed.C.N.P,Tunis.
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dans leur société, ou même parmi eux, des individus qui se
comportentaussicommelessœursetlesneveuxdeLison.
dans leur société, ou même parmi eux, des individus qui se
comportentaussicommelessœursetlesneveuxdeLison.
ȱNous tenons quand même à préciser que la démarche
décritedanscetteexpériencen’apasétéfacileàmettreenplacedans
la mesure où la résistance de quelques élèves a parfois mené la
séance à un blocage. Quelques élèves ont trouvé aberrant de
considérer que les Français puissent être aussi cléments que les
Arabes et les musulmans. Ils ont résisté à l’idée qu’il puisse exister
unpeupleaussisolidairequeleleuretontrejetél’idéeselonlaquelle
Maupassant serait un échantillon de plusieurs autres Français qui
sont aussi compatissants qu’euxmêmes voire plus. Il serait donc
judicieuxdemontrerauxélèves,dèslespremièresannéesducursus,
l’intérêt que pourrait avoir une démarche qui leur permette de
confronter les points de vue et d’admettre qu’il existe plusieurs
façons de voir le monde et les choses. Ceci leur permettra de
minimiserl’impressionqu’ilsontd’avoirtoujoursraisonetlesaidera
à réviser leur attitudes ethnocentriques et partant ils pourront
entamercequeBesseappelle«ȱéducationȱinterculturelleȱ».ȱ
NOTESȱ
ȱNous tenons quand même à préciser que la démarche
décritedanscetteexpériencen’apasétéfacileàmettreenplacedans
la mesure où la résistance de quelques élèves a parfois mené la
séance à un blocage. Quelques élèves ont trouvé aberrant de
considérer que les Français puissent être aussi cléments que les
Arabes et les musulmans. Ils ont résisté à l’idée qu’il puisse exister
unpeupleaussisolidairequeleleuretontrejetél’idéeselonlaquelle
Maupassant serait un échantillon de plusieurs autres Français qui
sont aussi compatissants qu’euxmêmes voire plus. Il serait donc
judicieuxdemontrerauxélèves,dèslespremièresannéesducursus,
l’intérêt que pourrait avoir une démarche qui leur permette de
confronter les points de vue et d’admettre qu’il existe plusieurs
façons de voir le monde et les choses. Ceci leur permettra de
minimiserl’impressionqu’ilsontd’avoirtoujoursraisonetlesaidera
à réviser leur attitudes ethnocentriques et partant ils pourront
entamercequeBesseappelle«ȱéducationȱinterculturelleȱ».ȱ
NOTESȱ
ȱ
La question était : « Quels sentiments, les membres de la famille, éprouvent-ils pour
Lison ? Pourquoi d’après-vous ? »
2
Lire au cycle 2. http://www.w3.org/TR/DTD/xhtml
ȱ
La question était : « Quels sentiments, les membres de la famille, éprouvent-ils pour
Lison ? Pourquoi d’après-vous ? »
2
Lire au cycle 2. http://www.w3.org/TR/DTD/xhtml
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ȱ
REFERENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
ABDALLAHPRETCEILLE Martine, 1992,
intégrationȱ?ȱ,Paris,Hachette.
ȱ
REFERENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
Quelleȱ écoleȱ pourȱ quelleȱ
ABDALLAHPRETCEILLE Martine, 1992,
intégrationȱ?ȱ,Paris,Hachette.
Quelleȱ écoleȱ pourȱ quelleȱ
SÉOUDAmor,1997,Pourȱuneȱdidactiqueȱdeȱlaȱlittérature,Paris,HatierDidier,
Coll.LAL.
SÉOUDAmor,1997,Pourȱuneȱdidactiqueȱdeȱlaȱlittérature,Paris,HatierDidier,
Coll.LAL.
HANNACHI Habib,ȱ 2002, Parcoursȱ:ȱ Leȱ françaisȱ enȱ Troisièmeȱ annéeȱ deȱ
l’enseignementȱsecondaire,Ed.C.N.P,Tunis.
HANNACHI Habib,ȱ 2002, Parcoursȱ:ȱ Leȱ françaisȱ enȱ Troisièmeȱ annéeȱ deȱ
l’enseignementȱsecondaire,Ed.C.N.P,Tunis.
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RIASSUNTO
ȱ
RIASSUNTO
ȱ
Laclassedifranceseinquantolinguastranieraèilluogoidealeper
l’attuazione di un approccio interculturale che permette lo scambio e
l’arricchimento mutuale di cui parla Porcher, visto che solo nella classe di
lingua l’alunno prende coscienza delle particolarità della propria
lingua/cultura al contatto di una lingua/cultura che gli è sconosciuta. È
questal’ideacheverràespostanellanostracomunicazione.
TEXTEȱSUPPORTȱ:ȱ
ȱ
Laclassedifranceseinquantolinguastranieraèilluogoidealeper
l’attuazione di un approccio interculturale che permette lo scambio e
l’arricchimento mutuale di cui parla Porcher, visto che solo nella classe di
lingua l’alunno prende coscienza delle particolarità della propria
lingua/cultura al contatto di una lingua/cultura che gli è sconosciuta. È
questal’ideacheverràespostanellanostracomunicazione.
TEXTEȱSUPPORTȱ:ȱ
ȱ
C’était une petite femme qui parlait peu, s’effaçait toujours, ne
faisaitpointdebruit,apparaissaitseulementauxheuresdesrepas,remontait
ensuitedanssachambreoùellerestaitenferméesanscesse.Elleavaitunair
bon et vieillot, un œil doux et triste, et ne comptait presque pas dans la
famille.
C’était une petite femme qui parlait peu, s’effaçait toujours, ne
faisaitpointdebruit,apparaissaitseulementauxheuresdesrepas,remontait
ensuitedanssachambreoùellerestaitenferméesanscesse.Elleavaitunair
bon et vieillot, un œil doux et triste, et ne comptait presque pas dans la
famille.
Les deux sœurs, qui étaient veuves, ayant tenu une place dans le
monde, la considéraient un peu comme un être insignifiant. On la traitait
avec une familiarité sans gêne que cachait une sorte de bonté un peu
méprisante pour la vieille fille. Elle s’appelait Lise, étant née aux jours où
Béranger régnait sur la France. Quand on a vu qu’elle ne se mariait pas,
qu’elle ne se marierait sans doute point, de Lise on avait fait Lison.
Aujourd’hui elle était «tante Lison», une humble vieille proprette,
affreusement timide même avec les siens, qui l’aimaient d’une affection
participant de l’habitude de la compassion et d’une indifférence
bienveillante.
Les deux sœurs, qui étaient veuves, ayant tenu une place dans le
monde, la considéraient un peu comme un être insignifiant. On la traitait
avec une familiarité sans gêne que cachait une sorte de bonté un peu
méprisante pour la vieille fille. Elle s’appelait Lise, étant née aux jours où
Béranger régnait sur la France. Quand on a vu qu’elle ne se mariait pas,
qu’elle ne se marierait sans doute point, de Lise on avait fait Lison.
Aujourd’hui elle était «tante Lison», une humble vieille proprette,
affreusement timide même avec les siens, qui l’aimaient d’une affection
participant de l’habitude de la compassion et d’une indifférence
bienveillante.
ȱ
Les enfants ne montaient jamais l’embrasser dans sa chambre. La
bonneseulepénétraitchezelle.C’estàpeinesionsavaitoùétaitsituéecette
chambre, cette chambre où s’écoulait solitairement toute cette pauvre vie.
Ellenetenaitpointdeplace.Quandellen’étaitpaslà,onneparlaitjamais
d’elle, on ne songeait jamais à elle C’était un de ces êtres effacés qui
demeurent inconnus même à leur proches, comme inexplorés, et dont la
mortnefaitnitrounividedansunemaison,undecesêtresquinesavent
entrernidansl’existencenidansleshabitudes,nidansl’amourdeceuxqui
viventàcôtéd’eux.
ȱ
Les enfants ne montaient jamais l’embrasser dans sa chambre. La
bonneseulepénétraitchezelle.C’estàpeinesionsavaitoùétaitsituéecette
chambre, cette chambre où s’écoulait solitairement toute cette pauvre vie.
Ellenetenaitpointdeplace.Quandellen’étaitpaslà,onneparlaitjamais
d’elle, on ne songeait jamais à elle C’était un de ces êtres effacés qui
demeurent inconnus même à leur proches, comme inexplorés, et dont la
mortnefaitnitrounividedansunemaison,undecesêtresquinesavent
entrernidansl’existencenidansleshabitudes,nidansl’amourdeceuxqui
viventàcôtéd’eux.
Ellemarchaittoujoursàpetitspaspressésetmuets,nefaisaitjamais
de bruit, ne heurtait jamais rien, semblait communiquer aux objets la
Ellemarchaittoujoursàpetitspaspressésetmuets,nefaisaitjamais
de bruit, ne heurtait jamais rien, semblait communiquer aux objets la
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RIASSUNTO
ȱ
RIASSUNTO
ȱ
Laclassedifranceseinquantolinguastranieraèilluogoidealeper
l’attuazione di un approccio interculturale che permette lo scambio e
l’arricchimento mutuale di cui parla Porcher, visto che solo nella classe di
lingua l’alunno prende coscienza delle particolarità della propria
lingua/cultura al contatto di una lingua/cultura che gli è sconosciuta. È
questal’ideacheverràespostanellanostracomunicazione.
TEXTEȱSUPPORTȱ:ȱ
ȱ
Laclassedifranceseinquantolinguastranieraèilluogoidealeper
l’attuazione di un approccio interculturale che permette lo scambio e
l’arricchimento mutuale di cui parla Porcher, visto che solo nella classe di
lingua l’alunno prende coscienza delle particolarità della propria
lingua/cultura al contatto di una lingua/cultura che gli è sconosciuta. È
questal’ideacheverràespostanellanostracomunicazione.
TEXTEȱSUPPORTȱ:ȱ
ȱ
C’était une petite femme qui parlait peu, s’effaçait toujours, ne
faisaitpointdebruit,apparaissaitseulementauxheuresdesrepas,remontait
ensuitedanssachambreoùellerestaitenferméesanscesse.Elleavaitunair
bon et vieillot, un œil doux et triste, et ne comptait presque pas dans la
famille.
C’était une petite femme qui parlait peu, s’effaçait toujours, ne
faisaitpointdebruit,apparaissaitseulementauxheuresdesrepas,remontait
ensuitedanssachambreoùellerestaitenferméesanscesse.Elleavaitunair
bon et vieillot, un œil doux et triste, et ne comptait presque pas dans la
famille.
Les deux sœurs, qui étaient veuves, ayant tenu une place dans le
monde, la considéraient un peu comme un être insignifiant. On la traitait
avec une familiarité sans gêne que cachait une sorte de bonté un peu
méprisante pour la vieille fille. Elle s’appelait Lise, étant née aux jours où
Béranger régnait sur la France. Quand on a vu qu’elle ne se mariait pas,
qu’elle ne se marierait sans doute point, de Lise on avait fait Lison.
Aujourd’hui elle était «tante Lison», une humble vieille proprette,
affreusement timide même avec les siens, qui l’aimaient d’une affection
participant de l’habitude de la compassion et d’une indifférence
bienveillante.
Les deux sœurs, qui étaient veuves, ayant tenu une place dans le
monde, la considéraient un peu comme un être insignifiant. On la traitait
avec une familiarité sans gêne que cachait une sorte de bonté un peu
méprisante pour la vieille fille. Elle s’appelait Lise, étant née aux jours où
Béranger régnait sur la France. Quand on a vu qu’elle ne se mariait pas,
qu’elle ne se marierait sans doute point, de Lise on avait fait Lison.
Aujourd’hui elle était «tante Lison», une humble vieille proprette,
affreusement timide même avec les siens, qui l’aimaient d’une affection
participant de l’habitude de la compassion et d’une indifférence
bienveillante.
ȱ
Les enfants ne montaient jamais l’embrasser dans sa chambre. La
bonneseulepénétraitchezelle.C’estàpeinesionsavaitoùétaitsituéecette
chambre, cette chambre où s’écoulait solitairement toute cette pauvre vie.
Ellenetenaitpointdeplace.Quandellen’étaitpaslà,onneparlaitjamais
d’elle, on ne songeait jamais à elle C’était un de ces êtres effacés qui
demeurent inconnus même à leur proches, comme inexplorés, et dont la
mortnefaitnitrounividedansunemaison,undecesêtresquinesavent
entrernidansl’existencenidansleshabitudes,nidansl’amourdeceuxqui
viventàcôtéd’eux.
ȱ
Les enfants ne montaient jamais l’embrasser dans sa chambre. La
bonneseulepénétraitchezelle.C’estàpeinesionsavaitoùétaitsituéecette
chambre, cette chambre où s’écoulait solitairement toute cette pauvre vie.
Ellenetenaitpointdeplace.Quandellen’étaitpaslà,onneparlaitjamais
d’elle, on ne songeait jamais à elle C’était un de ces êtres effacés qui
demeurent inconnus même à leur proches, comme inexplorés, et dont la
mortnefaitnitrounividedansunemaison,undecesêtresquinesavent
entrernidansl’existencenidansleshabitudes,nidansl’amourdeceuxqui
viventàcôtéd’eux.
Ellemarchaittoujoursàpetitspaspressésetmuets,nefaisaitjamais
de bruit, ne heurtait jamais rien, semblait communiquer aux objets la
Ellemarchaittoujoursàpetitspaspressésetmuets,nefaisaitjamais
de bruit, ne heurtait jamais rien, semblait communiquer aux objets la
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propriétédenerendreaucunson,sesmainsparaissaientfaitesd’uneespèce
d’ouate,tantellemaniaitlégèrementetdélicatementtoutcequ’elletouchait.
propriétédenerendreaucunson,sesmainsparaissaientfaitesd’uneespèce
d’ouate,tantellemaniaitlégèrementetdélicatementtoutcequ’elletouchait.
Quand on prononçait: «tante Lison», ces deux mots
n’éveillaientpourainsidireaucunepenséedansl’espritdepersonne.C’est
commesionavaitdit:«lacafetière»ou«lesucrier».
Quand on prononçait: «tante Lison», ces deux mots
n’éveillaientpourainsidireaucunepenséedansl’espritdepersonne.C’est
commesionavaitdit:«lacafetière»ou«lesucrier».
ȱGuyȱDeȱMaupassant,ȱParȱunȱsoirȱdeȱprintemps,ȱ1885ȱ
ȱGuyȱDeȱMaupassant,ȱParȱunȱsoirȱdeȱprintemps,ȱ1885ȱ
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propriétédenerendreaucunson,sesmainsparaissaientfaitesd’uneespèce
d’ouate,tantellemaniaitlégèrementetdélicatementtoutcequ’elletouchait.
propriétédenerendreaucunson,sesmainsparaissaientfaitesd’uneespèce
d’ouate,tantellemaniaitlégèrementetdélicatementtoutcequ’elletouchait.
Quand on prononçait: «tante Lison», ces deux mots
n’éveillaientpourainsidireaucunepenséedansl’espritdepersonne.C’est
commesionavaitdit:«lacafetière»ou«lesucrier».
Quand on prononçait: «tante Lison», ces deux mots
n’éveillaientpourainsidireaucunepenséedansl’espritdepersonne.C’est
commesionavaitdit:«lacafetière»ou«lesucrier».
ȱGuyȱDeȱMaupassant,ȱParȱunȱsoirȱdeȱprintemps,ȱ1885ȱ
ȱGuyȱDeȱMaupassant,ȱParȱunȱsoirȱdeȱprintemps,ȱ1885ȱ
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ȱ
ȱ
ȱ
ȱ
LETTRESȱFRANÇAISESȱD’UNEȱPERSANEȱ
LETTRESȱFRANÇAISESȱD’UNEȱPERSANEȱ
OUȱQUANDȱL’INTERTEXTUELȱSEȱ
CONFONDȱAVECȱL’INTERCULTURELȱ
OUȱQUANDȱL’INTERTEXTUELȱSEȱ
CONFONDȱAVECȱL’INTERCULTURELȱ
ȱ
ȱ
AmorȱSÉOUDȱ
UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ
AmorȱSÉOUDȱ
UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ
La mondialisation, que certains préfèrent appeler
‘globalisation’, apparaît pour beaucoup comme un processus
d’uniformisationdelapenséeetdesvaleurs.Pourlesthèseslesplus
pessimistes, auxquelles le cours des événements, depuis le 11
septembre 2001 en particulier, semble donner raison, l’éclatement
des frontières donne lieu à un écrasement des identités, qui fait
craindre le fameux «choc des civilisations» dont parle Samuel
Huntington(1997).Ilestbienvraiqueoccidentales,peutprovoquer
des réactions de résistance qui parfois se manifestent par une
violencespectaculaireicietlàdanslemonde.
La mondialisation, que certains préfèrent appeler
‘globalisation’, apparaît pour beaucoup comme un processus
d’uniformisationdelapenséeetdesvaleurs.Pourlesthèseslesplus
pessimistes, auxquelles le cours des événements, depuis le 11
septembre 2001 en particulier, semble donner raison, l’éclatement
des frontières donne lieu à un écrasement des identités, qui fait
craindre le fameux «choc des civilisations» dont parle Samuel
Huntington(1997).Ilestbienvraiqueoccidentales,peutprovoquer
des réactions de résistance qui parfois se manifestent par une
violencespectaculaireicietlàdanslemonde.
Maisvoicique,danscecontextedecriseidentitaire,oùonen
arriveauboutducompteàneplussavoirquiestqui,uneiranienne
publieunromanautitreintriguant:CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ?
Une iranienne, Chahdortt Djavann, quiȱ aȱ priori n’est pas tellement
fièredel’être,quiauraitaiméêtrefrançaise,d’oùl’interrogationqui
faitletitre…
Maisvoicique,danscecontextedecriseidentitaire,oùonen
arriveauboutducompteàneplussavoirquiestqui,uneiranienne
publieunromanautitreintriguant:CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ?
Une iranienne, Chahdortt Djavann, quiȱ aȱ priori n’est pas tellement
fièredel’être,quiauraitaiméêtrefrançaise,d’oùl’interrogationqui
faitletitre…
Entoutcas,dèscetitre,quifaitéchoàlacélèbrequestionde
Montesquieu:«CommentpeutonêtrePersan?»,(1993)l’iranienne
enquestionrevendiquevisiblementl’héritagedesLumières.
Entoutcas,dèscetitre,quifaitéchoàlacélèbrequestionde
Montesquieu:«CommentpeutonêtrePersan?»,(1993)l’iranienne
enquestionrevendiquevisiblementl’héritagedesLumières.
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LETTRESȱFRANÇAISESȱD’UNEȱPERSANEȱ
LETTRESȱFRANÇAISESȱD’UNEȱPERSANEȱ
OUȱQUANDȱL’INTERTEXTUELȱSEȱ
CONFONDȱAVECȱL’INTERCULTURELȱ
OUȱQUANDȱL’INTERTEXTUELȱSEȱ
CONFONDȱAVECȱL’INTERCULTURELȱ
ȱ
ȱ
AmorȱSÉOUDȱ
UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ
AmorȱSÉOUDȱ
UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ
La mondialisation, que certains préfèrent appeler
‘globalisation’, apparaît pour beaucoup comme un processus
d’uniformisationdelapenséeetdesvaleurs.Pourlesthèseslesplus
pessimistes, auxquelles le cours des événements, depuis le 11
septembre 2001 en particulier, semble donner raison, l’éclatement
des frontières donne lieu à un écrasement des identités, qui fait
craindre le fameux «choc des civilisations» dont parle Samuel
Huntington(1997).Ilestbienvraiqueoccidentales,peutprovoquer
des réactions de résistance qui parfois se manifestent par une
violencespectaculaireicietlàdanslemonde.
La mondialisation, que certains préfèrent appeler
‘globalisation’, apparaît pour beaucoup comme un processus
d’uniformisationdelapenséeetdesvaleurs.Pourlesthèseslesplus
pessimistes, auxquelles le cours des événements, depuis le 11
septembre 2001 en particulier, semble donner raison, l’éclatement
des frontières donne lieu à un écrasement des identités, qui fait
craindre le fameux «choc des civilisations» dont parle Samuel
Huntington(1997).Ilestbienvraiqueoccidentales,peutprovoquer
des réactions de résistance qui parfois se manifestent par une
violencespectaculaireicietlàdanslemonde.
Maisvoicique,danscecontextedecriseidentitaire,oùonen
arriveauboutducompteàneplussavoirquiestqui,uneiranienne
publieunromanautitreintriguant:CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ?
Une iranienne, Chahdortt Djavann, quiȱ aȱ priori n’est pas tellement
fièredel’être,quiauraitaiméêtrefrançaise,d’oùl’interrogationqui
faitletitre…
Maisvoicique,danscecontextedecriseidentitaire,oùonen
arriveauboutducompteàneplussavoirquiestqui,uneiranienne
publieunromanautitreintriguant:CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ?
Une iranienne, Chahdortt Djavann, quiȱ aȱ priori n’est pas tellement
fièredel’être,quiauraitaiméêtrefrançaise,d’oùl’interrogationqui
faitletitre…
Entoutcas,dèscetitre,quifaitéchoàlacélèbrequestionde
Montesquieu:«CommentpeutonêtrePersan?»,(1993)l’iranienne
enquestionrevendiquevisiblementl’héritagedesLumières.
Entoutcas,dèscetitre,quifaitéchoàlacélèbrequestionde
Montesquieu:«CommentpeutonêtrePersan?»,(1993)l’iranienne
enquestionrevendiquevisiblementl’héritagedesLumières.
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Dans son roman, elle continue l’expérience littéraire des
Lettresȱ persanes, tout en l’inversant. De la même façon que
Montesquieus’étaitglissédanslapeaudesespersonnagespersans,
elle va chercher à entrer dans la sienne jusqu’à faire de lui son
personnageprincipal,àquiellevaadresserdeslettresfictivesoùelle
faitlasatire,commeluijadis,despeuplesd’Occidentetd’Orient.En
fait, elle ne fait que prendre la relève de l’auteur des Lumières, sa
motivation étant toute trouvée: «Les auteurs comme vous
manquentcruellementànotreépoque»,luiditelleenpostscriptum.
(Djavann,2006:233)
Dans son roman, elle continue l’expérience littéraire des
Lettresȱ persanes, tout en l’inversant. De la même façon que
Montesquieus’étaitglissédanslapeaudesespersonnagespersans,
elle va chercher à entrer dans la sienne jusqu’à faire de lui son
personnageprincipal,àquiellevaadresserdeslettresfictivesoùelle
faitlasatire,commeluijadis,despeuplesd’Occidentetd’Orient.En
fait, elle ne fait que prendre la relève de l’auteur des Lumières, sa
motivation étant toute trouvée: «Les auteurs comme vous
manquentcruellementànotreépoque»,luiditelleenpostscriptum.
(Djavann,2006:233)
Vatelle être à la hauteur de la tâche? Elle le tentera, en
adoptant la même démarche que lui: vaetvient entre Paris et
Téhéran,lasociétéoccidentaleetlasociétéorientale,etc.;lesthèmes
quiluisontchers:laconditiondelafemme,lareligion,lepouvoir,
etc.; ses idées: que la vertu s’hérite de la nature, qu’elle n’est que
l’accomplissementduplaisir,etc.,etenfinjusqu’àsonstyle:
Vatelle être à la hauteur de la tâche? Elle le tentera, en
adoptant la même démarche que lui: vaetvient entre Paris et
Téhéran,lasociétéoccidentaleetlasociétéorientale,etc.;lesthèmes
quiluisontchers:laconditiondelafemme,lareligion,lepouvoir,
etc.; ses idées: que la vertu s’hérite de la nature, qu’elle n’est que
l’accomplissementduplaisir,etc.,etenfinjusqu’àsonstyle:
ȱ
Lesȱ peuplesȱ d’Orientȱ souffrentȱ d’unȱ complexeȱ d’inférioritéȱ etȱ lesȱ peuplesȱ
d’Occidentȱd’unȱcomplexeȱdeȱsupériorité.ȱLesȱpremiersȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱ
deȱleurȱêtreȱlesȱdéficiencesȱdeȱleursȱinstitutionsȱetȱdeȱleursȱgouvernementsȱetȱ
lesȱautresȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱdeȱleurȱêtreȱl’efficienceȱdeȱleursȱinstitutionsȱ
etȱ deȱ leursȱ gouvernements.ȱ Lesȱ progrèsȱ etȱ laȱ civilitéȱ desȱ peuplesȱ bienȱ queȱ
différents,ȱ seraientȱ égauxȱ dansȱ lesȱ différentsȱ paysȱ siȱ l’éducationȱ etȱ laȱ
démocratieȱdesȱgouvernements.(p.177)
ȱ
Lesȱ peuplesȱ d’Orientȱ souffrentȱ d’unȱ complexeȱ d’inférioritéȱ etȱ lesȱ peuplesȱ
d’Occidentȱd’unȱcomplexeȱdeȱsupériorité.ȱLesȱpremiersȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱ
deȱleurȱêtreȱlesȱdéficiencesȱdeȱleursȱinstitutionsȱetȱdeȱleursȱgouvernementsȱetȱ
lesȱautresȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱdeȱleurȱêtreȱl’efficienceȱdeȱleursȱinstitutionsȱ
etȱ deȱ leursȱ gouvernements.ȱ Lesȱ progrèsȱ etȱ laȱ civilitéȱ desȱ peuplesȱ bienȱ queȱ
différents,ȱ seraientȱ égauxȱ dansȱ lesȱ différentsȱ paysȱ siȱ l’éducationȱ etȱ laȱ
démocratieȱdesȱgouvernements.(p.177)
On croirait lire les Lettres persanes ellesmêmes. La relève
(ou l’imitation) semble donc réussir, mais ce qui importe pour
Djavann visiblement, c’est surtout d’être à la hauteur du principal
personnage femme de Montesquieu: Roxane, comme elle le lui fait
savoirdansl’unedeseslettres:«J’espèreêtrebientôtàlahauteurde
votre Roxane imaginaire.» Celleci est l’une des femmes d’Usbek,
qui, à la différence des autres femmes du harem, se révolte contre
lui,letrompeetleluiécrit,enluiaffirmantquedanslaservitudede
sérailoùelleavécu,elleatoujoursétéunefemmelibre,parcequ’elle
a «réformé ses lois sur celles de la nature», qui sont celles de la
liberté(p.279).Cetteidéedelibertéfondéesurlesloisdelanature,
On croirait lire les Lettres persanes ellesmêmes. La relève
(ou l’imitation) semble donc réussir, mais ce qui importe pour
Djavann visiblement, c’est surtout d’être à la hauteur du principal
personnage femme de Montesquieu: Roxane, comme elle le lui fait
savoirdansl’unedeseslettres:«J’espèreêtrebientôtàlahauteurde
votre Roxane imaginaire.» Celleci est l’une des femmes d’Usbek,
qui, à la différence des autres femmes du harem, se révolte contre
lui,letrompeetleluiécrit,enluiaffirmantquedanslaservitudede
sérailoùelleavécu,elleatoujoursétéunefemmelibre,parcequ’elle
a «réformé ses lois sur celles de la nature», qui sont celles de la
liberté(p.279).Cetteidéedelibertéfondéesurlesloisdelanature,
76
76
Dans son roman, elle continue l’expérience littéraire des
Lettresȱ persanes, tout en l’inversant. De la même façon que
Montesquieus’étaitglissédanslapeaudesespersonnagespersans,
elle va chercher à entrer dans la sienne jusqu’à faire de lui son
personnageprincipal,àquiellevaadresserdeslettresfictivesoùelle
faitlasatire,commeluijadis,despeuplesd’Occidentetd’Orient.En
fait, elle ne fait que prendre la relève de l’auteur des Lumières, sa
motivation étant toute trouvée: «Les auteurs comme vous
manquentcruellementànotreépoque»,luiditelleenpostscriptum.
(Djavann,2006:233)
Dans son roman, elle continue l’expérience littéraire des
Lettresȱ persanes, tout en l’inversant. De la même façon que
Montesquieus’étaitglissédanslapeaudesespersonnagespersans,
elle va chercher à entrer dans la sienne jusqu’à faire de lui son
personnageprincipal,àquiellevaadresserdeslettresfictivesoùelle
faitlasatire,commeluijadis,despeuplesd’Occidentetd’Orient.En
fait, elle ne fait que prendre la relève de l’auteur des Lumières, sa
motivation étant toute trouvée: «Les auteurs comme vous
manquentcruellementànotreépoque»,luiditelleenpostscriptum.
(Djavann,2006:233)
Vatelle être à la hauteur de la tâche? Elle le tentera, en
adoptant la même démarche que lui: vaetvient entre Paris et
Téhéran,lasociétéoccidentaleetlasociétéorientale,etc.;lesthèmes
quiluisontchers:laconditiondelafemme,lareligion,lepouvoir,
etc.; ses idées: que la vertu s’hérite de la nature, qu’elle n’est que
l’accomplissementduplaisir,etc.,etenfinjusqu’àsonstyle:
Vatelle être à la hauteur de la tâche? Elle le tentera, en
adoptant la même démarche que lui: vaetvient entre Paris et
Téhéran,lasociétéoccidentaleetlasociétéorientale,etc.;lesthèmes
quiluisontchers:laconditiondelafemme,lareligion,lepouvoir,
etc.; ses idées: que la vertu s’hérite de la nature, qu’elle n’est que
l’accomplissementduplaisir,etc.,etenfinjusqu’àsonstyle:
ȱ
Lesȱ peuplesȱ d’Orientȱ souffrentȱ d’unȱ complexeȱ d’inférioritéȱ etȱ lesȱ peuplesȱ
d’Occidentȱd’unȱcomplexeȱdeȱsupériorité.ȱLesȱpremiersȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱ
deȱleurȱêtreȱlesȱdéficiencesȱdeȱleursȱinstitutionsȱetȱdeȱleursȱgouvernementsȱetȱ
lesȱautresȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱdeȱleurȱêtreȱl’efficienceȱdeȱleursȱinstitutionsȱ
etȱ deȱ leursȱ gouvernements.ȱ Lesȱ progrèsȱ etȱ laȱ civilitéȱ desȱ peuplesȱ bienȱ queȱ
différents,ȱ seraientȱ égauxȱ dansȱ lesȱ différentsȱ paysȱ siȱ l’éducationȱ etȱ laȱ
démocratieȱdesȱgouvernements.(p.177)
ȱ
Lesȱ peuplesȱ d’Orientȱ souffrentȱ d’unȱ complexeȱ d’inférioritéȱ etȱ lesȱ peuplesȱ
d’Occidentȱd’unȱcomplexeȱdeȱsupériorité.ȱLesȱpremiersȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱ
deȱleurȱêtreȱlesȱdéficiencesȱdeȱleursȱinstitutionsȱetȱdeȱleursȱgouvernementsȱetȱ
lesȱautresȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱdeȱleurȱêtreȱl’efficienceȱdeȱleursȱinstitutionsȱ
etȱ deȱ leursȱ gouvernements.ȱ Lesȱ progrèsȱ etȱ laȱ civilitéȱ desȱ peuplesȱ bienȱ queȱ
différents,ȱ seraientȱ égauxȱ dansȱ lesȱ différentsȱ paysȱ siȱ l’éducationȱ etȱ laȱ
démocratieȱdesȱgouvernements.(p.177)
On croirait lire les Lettres persanes ellesmêmes. La relève
(ou l’imitation) semble donc réussir, mais ce qui importe pour
Djavann visiblement, c’est surtout d’être à la hauteur du principal
personnage femme de Montesquieu: Roxane, comme elle le lui fait
savoirdansl’unedeseslettres:«J’espèreêtrebientôtàlahauteurde
votre Roxane imaginaire.» Celleci est l’une des femmes d’Usbek,
qui, à la différence des autres femmes du harem, se révolte contre
lui,letrompeetleluiécrit,enluiaffirmantquedanslaservitudede
sérailoùelleavécu,elleatoujoursétéunefemmelibre,parcequ’elle
a «réformé ses lois sur celles de la nature», qui sont celles de la
liberté(p.279).Cetteidéedelibertéfondéesurlesloisdelanature,
On croirait lire les Lettres persanes ellesmêmes. La relève
(ou l’imitation) semble donc réussir, mais ce qui importe pour
Djavann visiblement, c’est surtout d’être à la hauteur du principal
personnage femme de Montesquieu: Roxane, comme elle le lui fait
savoirdansl’unedeseslettres:«J’espèreêtrebientôtàlahauteurde
votre Roxane imaginaire.» Celleci est l’une des femmes d’Usbek,
qui, à la différence des autres femmes du harem, se révolte contre
lui,letrompeetleluiécrit,enluiaffirmantquedanslaservitudede
sérailoùelleavécu,elleatoujoursétéunefemmelibre,parcequ’elle
a «réformé ses lois sur celles de la nature», qui sont celles de la
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idée que Roxane était la seule femme du harem à porter, ne peut
s’expliquerchezellequeparlaseulevolontédeMontesquieuqui,en
bon philosophe des Lumières, explique la valeur de la liberté par
référenceàlanature.Roxaneestpourainsidiresonporteparole,et
c’est notamment pour cette raison que Djavann choisit d’appeler
Roxanesonpersonnageprincipal,quin’estautrequeChahdorttelle
même, de la même manière d’ailleurs que la Roxane des Lettres
persanesreprésenteMontesquieuenpersonne…
idée que Roxane était la seule femme du harem à porter, ne peut
s’expliquerchezellequeparlaseulevolontédeMontesquieuqui,en
bon philosophe des Lumières, explique la valeur de la liberté par
référenceàlanature.Roxaneestpourainsidiresonporteparole,et
c’est notamment pour cette raison que Djavann choisit d’appeler
Roxanesonpersonnageprincipal,quin’estautrequeChahdorttelle
même, de la même manière d’ailleurs que la Roxane des Lettres
persanesreprésenteMontesquieuenpersonne…
Aussi, les deux Roxane vontelles totalement fusionner,
Djavann s’ingéniant à montrer à quel point sa Roxane à elle n’est
qu’uneréincarnationdel’autre.Ellelaprésenteratouràtourcomme
la Roxane insoumise, la Roxane rebelle, la Roxane hérétique, la
Roxane audacieuse. «J’étais née pour être libre», lui feratelle
proclameràlafin,(p.205),dansuneformulequiauraitpuêtredite
par son illustre prédécesseur, tout comme par n’importe quel
philosophe des Lumières d’ailleurs. Bref, «on aurait pu croire que
les deux Roxane ne faisaient qu’une», indique Djavann ellemême
(p. 130). Lafiliation est donc parfaite, et comme une même identité
prépareunmêmedestin,ladeuxièmeRoxanevaausuicidecomme
la première, attitude qui, comme le penserait Montaigne, que
Montesquieuconnaîtsansdoutetrèsbien,seraitl’expressionultime
de l’exercice de la liberté. Mais le suicide de la deuxième Roxane
échoue,grâceàunmiracle:danssachambred’hôtelelles’esttaillée
les veines, mais le client précédent avait oublié une veste dans
l’armoireetestrepasséàlachambrepourlarécupérer,–leSamuest
appelé… La Roxane de Djavann, elle, n’est donc pas morte,
puisqu’elleestellemêmeDjavann,auteurdulivre!
Aussi, les deux Roxane vontelles totalement fusionner,
Djavann s’ingéniant à montrer à quel point sa Roxane à elle n’est
qu’uneréincarnationdel’autre.Ellelaprésenteratouràtourcomme
la Roxane insoumise, la Roxane rebelle, la Roxane hérétique, la
Roxane audacieuse. «J’étais née pour être libre», lui feratelle
proclameràlafin,(p.205),dansuneformulequiauraitpuêtredite
par son illustre prédécesseur, tout comme par n’importe quel
philosophe des Lumières d’ailleurs. Bref, «on aurait pu croire que
les deux Roxane ne faisaient qu’une», indique Djavann ellemême
(p. 130). Lafiliation est donc parfaite, et comme une même identité
prépareunmêmedestin,ladeuxièmeRoxanevaausuicidecomme
la première, attitude qui, comme le penserait Montaigne, que
Montesquieuconnaîtsansdoutetrèsbien,seraitl’expressionultime
de l’exercice de la liberté. Mais le suicide de la deuxième Roxane
échoue,grâceàunmiracle:danssachambred’hôtelelles’esttaillée
les veines, mais le client précédent avait oublié une veste dans
l’armoireetestrepasséàlachambrepourlarécupérer,–leSamuest
appelé… La Roxane de Djavann, elle, n’est donc pas morte,
puisqu’elleestellemêmeDjavann,auteurdulivre!
CettefiliationdeRoxaneàRoxane,c’estàdiredeDjavannà
Montesquieu,nousintéresseenellemême,deparledomainepropre
qui nous réunit, celui de la pédagogie. Les Lettresȱ persanes sont à
notreavisl’œuvrelaplusindiquéedupatrimoinepouruneréflexion
surl’interculturel.Onpeutmêmelaconsidérer,sionfaitabstraction
de quelques essais de Montaigne, comme fondatrice de cette
démarche qui, deux siècles plus tard, s’appellera «pédagogie
interculturelle».Quetelleoutellelittératurelareprenneaujourd’hui
CettefiliationdeRoxaneàRoxane,c’estàdiredeDjavannà
Montesquieu,nousintéresseenellemême,deparledomainepropre
qui nous réunit, celui de la pédagogie. Les Lettresȱ persanes sont à
notreavisl’œuvrelaplusindiquéedupatrimoinepouruneréflexion
surl’interculturel.Onpeutmêmelaconsidérer,sionfaitabstraction
de quelques essais de Montaigne, comme fondatrice de cette
démarche qui, deux siècles plus tard, s’appellera «pédagogie
interculturelle».Quetelleoutellelittératurelareprenneaujourd’hui
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idée que Roxane était la seule femme du harem à porter, ne peut
s’expliquerchezellequeparlaseulevolontédeMontesquieuqui,en
bon philosophe des Lumières, explique la valeur de la liberté par
référenceàlanature.Roxaneestpourainsidiresonporteparole,et
c’est notamment pour cette raison que Djavann choisit d’appeler
Roxanesonpersonnageprincipal,quin’estautrequeChahdorttelle
même, de la même manière d’ailleurs que la Roxane des Lettres
persanesreprésenteMontesquieuenpersonne…
idée que Roxane était la seule femme du harem à porter, ne peut
s’expliquerchezellequeparlaseulevolontédeMontesquieuqui,en
bon philosophe des Lumières, explique la valeur de la liberté par
référenceàlanature.Roxaneestpourainsidiresonporteparole,et
c’est notamment pour cette raison que Djavann choisit d’appeler
Roxanesonpersonnageprincipal,quin’estautrequeChahdorttelle
même, de la même manière d’ailleurs que la Roxane des Lettres
persanesreprésenteMontesquieuenpersonne…
Aussi, les deux Roxane vontelles totalement fusionner,
Djavann s’ingéniant à montrer à quel point sa Roxane à elle n’est
qu’uneréincarnationdel’autre.Ellelaprésenteratouràtourcomme
la Roxane insoumise, la Roxane rebelle, la Roxane hérétique, la
Roxane audacieuse. «J’étais née pour être libre», lui feratelle
proclameràlafin,(p.205),dansuneformulequiauraitpuêtredite
par son illustre prédécesseur, tout comme par n’importe quel
philosophe des Lumières d’ailleurs. Bref, «on aurait pu croire que
les deux Roxane ne faisaient qu’une», indique Djavann ellemême
(p. 130). Lafiliation est donc parfaite, et comme une même identité
prépareunmêmedestin,ladeuxièmeRoxanevaausuicidecomme
la première, attitude qui, comme le penserait Montaigne, que
Montesquieuconnaîtsansdoutetrèsbien,seraitl’expressionultime
de l’exercice de la liberté. Mais le suicide de la deuxième Roxane
échoue,grâceàunmiracle:danssachambred’hôtelelles’esttaillée
les veines, mais le client précédent avait oublié une veste dans
l’armoireetestrepasséàlachambrepourlarécupérer,–leSamuest
appelé… La Roxane de Djavann, elle, n’est donc pas morte,
puisqu’elleestellemêmeDjavann,auteurdulivre!
Aussi, les deux Roxane vontelles totalement fusionner,
Djavann s’ingéniant à montrer à quel point sa Roxane à elle n’est
qu’uneréincarnationdel’autre.Ellelaprésenteratouràtourcomme
la Roxane insoumise, la Roxane rebelle, la Roxane hérétique, la
Roxane audacieuse. «J’étais née pour être libre», lui feratelle
proclameràlafin,(p.205),dansuneformulequiauraitpuêtredite
par son illustre prédécesseur, tout comme par n’importe quel
philosophe des Lumières d’ailleurs. Bref, «on aurait pu croire que
les deux Roxane ne faisaient qu’une», indique Djavann ellemême
(p. 130). Lafiliation est donc parfaite, et comme une même identité
prépareunmêmedestin,ladeuxièmeRoxanevaausuicidecomme
la première, attitude qui, comme le penserait Montaigne, que
Montesquieuconnaîtsansdoutetrèsbien,seraitl’expressionultime
de l’exercice de la liberté. Mais le suicide de la deuxième Roxane
échoue,grâceàunmiracle:danssachambred’hôtelelles’esttaillée
les veines, mais le client précédent avait oublié une veste dans
l’armoireetestrepasséàlachambrepourlarécupérer,–leSamuest
appelé… La Roxane de Djavann, elle, n’est donc pas morte,
puisqu’elleestellemêmeDjavann,auteurdulivre!
CettefiliationdeRoxaneàRoxane,c’estàdiredeDjavannà
Montesquieu,nousintéresseenellemême,deparledomainepropre
qui nous réunit, celui de la pédagogie. Les Lettresȱ persanes sont à
notreavisl’œuvrelaplusindiquéedupatrimoinepouruneréflexion
surl’interculturel.Onpeutmêmelaconsidérer,sionfaitabstraction
de quelques essais de Montaigne, comme fondatrice de cette
démarche qui, deux siècles plus tard, s’appellera «pédagogie
interculturelle».Quetelleoutellelittératurelareprenneaujourd’hui
CettefiliationdeRoxaneàRoxane,c’estàdiredeDjavannà
Montesquieu,nousintéresseenellemême,deparledomainepropre
qui nous réunit, celui de la pédagogie. Les Lettresȱ persanes sont à
notreavisl’œuvrelaplusindiquéedupatrimoinepouruneréflexion
surl’interculturel.Onpeutmêmelaconsidérer,sionfaitabstraction
de quelques essais de Montaigne, comme fondatrice de cette
démarche qui, deux siècles plus tard, s’appellera «pédagogie
interculturelle».Quetelleoutellelittératurelareprenneaujourd’hui
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àl’heuredelamondialisationmenaçantenepeutquenousarranger,
et aȱ fortiori, peutêtre, quand cette littérature est francophone, en
raison de la diversité culturelle qui caractérise le champ de la
francophonie. Que cette reprise soit en plus persane, qu’elle se
présentemanifestementcommelasuitedel’œuvredeMontesquieu
est une opportunité bien particulière dont une classe de français, à
unmomentoùlebesoindedémarchesinterculturellesestdeplusen
pluspressant,devraitallègrementprofiter…
àl’heuredelamondialisationmenaçantenepeutquenousarranger,
et aȱ fortiori, peutêtre, quand cette littérature est francophone, en
raison de la diversité culturelle qui caractérise le champ de la
francophonie. Que cette reprise soit en plus persane, qu’elle se
présentemanifestementcommelasuitedel’œuvredeMontesquieu
est une opportunité bien particulière dont une classe de français, à
unmomentoùlebesoindedémarchesinterculturellesestdeplusen
pluspressant,devraitallègrementprofiter…
La pédagogie interculturelle est aujourd’hui (voir Collès,
1994) bien connue, mais plus connue que pratiquée, y compris,
paradoxalement, en Français Langue Etrangère. On peut
évidemment d’autant plus le regrette que les risques de «choc des
civilisations» ou de conflits identitaires évoqués au début sont
pressants aussi. L’éducation interculturelle, à l’heure de la
globalisation, devient une priorité. On doit d’abord, en classe,
travaillersursesfinalités,pourenfairematièreàétudes,unobjetde
réflexionensoi.CommelesȱLettresȱpersanesdeMontesquieu,cellesde
Djavann nous fournissent de bons exemples, qui, incitant à la
réflexioneneffet,nepeuventpasnepas«inspirer»l’élève,etqu’il
suffità la limite de lui présenter en classe. L’objectifde la leçon est
danscecasdemettresimplementlesélèvesensituationd’identifier
leproblème,commedansnosexemplessuivants:
La pédagogie interculturelle est aujourd’hui (voir Collès,
1994) bien connue, mais plus connue que pratiquée, y compris,
paradoxalement, en Français Langue Etrangère. On peut
évidemment d’autant plus le regrette que les risques de «choc des
civilisations» ou de conflits identitaires évoqués au début sont
pressants aussi. L’éducation interculturelle, à l’heure de la
globalisation, devient une priorité. On doit d’abord, en classe,
travaillersursesfinalités,pourenfairematièreàétudes,unobjetde
réflexionensoi.CommelesȱLettresȱpersanesdeMontesquieu,cellesde
Djavann nous fournissent de bons exemples, qui, incitant à la
réflexioneneffet,nepeuventpasnepas«inspirer»l’élève,etqu’il
suffità la limite de lui présenter en classe. L’objectifde la leçon est
danscecasdemettresimplementlesélèvesensituationd’identifier
leproblème,commedansnosexemplessuivants:
ȱ
Lesȱreligieuxȱfanatiques,ȱqu’ilsȱsoientȱrabbins,ȱcurés,ȱpasteursȱouȱmollahs,ȱseȱ
prennentȱpourȱlesȱreprésentantsȱdeȱDieuȱetȱdictentȱlaȱfaçonȱdontȱilȱfautȱaimerȱ
Dieu.ȱLesȱrecettesȱpourȱleȱsalutȱdeȱl’âmeȱsontȱsiȱnombreuses,ȱentreȱlesȱjuifs,ȱ
lesȱcatholiques,ȱlesȱprotestantsȱetȱlesȱmusulmans,ȱqu’onȱs’yȱperdraitȱcommeȱ
dansȱuneȱjungle.ȱChacunȱaffirmeȱdétenirȱlaȱmeilleureȱrecette.ȱIlsȱseȱdisputentȱ
sansȱ cesseȱ surȱ ceȱ queȱ Dieuȱ nousȱ proscrit,ȱ surȱ ceȱ qu’ilȱ pardonneraitȱ ouȱ
punirait,ȱsurȱceȱqu’ilȱfaudraitȱfaireȱouȱneȱpasȱfaire,ȱmangerȱouȱneȱpasȱmanger,ȱ
croireȱouȱ neȱpasȱcroire,ȱêtreȱouȱ neȱpasȱêtreȱ[…]ȱDeȱtousȱcôtés,ȱlesȱ religieuxȱ
prétendentȱêtreȱunȱmodèleȱuniverselȱetȱseȱréclamentȱdesȱpréceptesȱdeȱDieu.ȱIlȱ
n’yȱaȱpasȱdeȱreligieuxȱquiȱneȱjugeȱsaȱreligionȱauȬdessusȱdesȱautres…ȱ(p.185)
ȱ
Lesȱreligieuxȱfanatiques,ȱqu’ilsȱsoientȱrabbins,ȱcurés,ȱpasteursȱouȱmollahs,ȱseȱ
prennentȱpourȱlesȱreprésentantsȱdeȱDieuȱetȱdictentȱlaȱfaçonȱdontȱilȱfautȱaimerȱ
Dieu.ȱLesȱrecettesȱpourȱleȱsalutȱdeȱl’âmeȱsontȱsiȱnombreuses,ȱentreȱlesȱjuifs,ȱ
lesȱcatholiques,ȱlesȱprotestantsȱetȱlesȱmusulmans,ȱqu’onȱs’yȱperdraitȱcommeȱ
dansȱuneȱjungle.ȱChacunȱaffirmeȱdétenirȱlaȱmeilleureȱrecette.ȱIlsȱseȱdisputentȱ
sansȱ cesseȱ surȱ ceȱ queȱ Dieuȱ nousȱ proscrit,ȱ surȱ ceȱ qu’ilȱ pardonneraitȱ ouȱ
punirait,ȱsurȱceȱqu’ilȱfaudraitȱfaireȱouȱneȱpasȱfaire,ȱmangerȱouȱneȱpasȱmanger,ȱ
croireȱouȱ neȱpasȱcroire,ȱêtreȱouȱ neȱpasȱêtreȱ[…]ȱDeȱtousȱcôtés,ȱlesȱ religieuxȱ
prétendentȱêtreȱunȱmodèleȱuniverselȱetȱseȱréclamentȱdesȱpréceptesȱdeȱDieu.ȱIlȱ
n’yȱaȱpasȱdeȱreligieuxȱquiȱneȱjugeȱsaȱreligionȱauȬdessusȱdesȱautres…ȱ(p.185)
IlȱyȱaȱdesȱIraniensȱfortȱimbusȱd’euxȬmêmesȱ:ȱilsȱontȱtoutȱvu,ȱtoutȱconnu,ȱtoutȱ
penséȱetȱsaventȱtout.ȱIlsȱprétendentȱêtreȱleȱmeilleurȱpeupleȱduȱmonde,ȱavoirȱlaȱ
78
IlȱyȱaȱdesȱIraniensȱfortȱimbusȱd’euxȬmêmesȱ:ȱilsȱontȱtoutȱvu,ȱtoutȱconnu,ȱtoutȱ
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àl’heuredelamondialisationmenaçantenepeutquenousarranger,
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raison de la diversité culturelle qui caractérise le champ de la
francophonie. Que cette reprise soit en plus persane, qu’elle se
présentemanifestementcommelasuitedel’œuvredeMontesquieu
est une opportunité bien particulière dont une classe de français, à
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àl’heuredelamondialisationmenaçantenepeutquenousarranger,
et aȱ fortiori, peutêtre, quand cette littérature est francophone, en
raison de la diversité culturelle qui caractérise le champ de la
francophonie. Que cette reprise soit en plus persane, qu’elle se
présentemanifestementcommelasuitedel’œuvredeMontesquieu
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unmomentoùlebesoindedémarchesinterculturellesestdeplusen
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La pédagogie interculturelle est aujourd’hui (voir Collès,
1994) bien connue, mais plus connue que pratiquée, y compris,
paradoxalement, en Français Langue Etrangère. On peut
évidemment d’autant plus le regrette que les risques de «choc des
civilisations» ou de conflits identitaires évoqués au début sont
pressants aussi. L’éducation interculturelle, à l’heure de la
globalisation, devient une priorité. On doit d’abord, en classe,
travaillersursesfinalités,pourenfairematièreàétudes,unobjetde
réflexionensoi.CommelesȱLettresȱpersanesdeMontesquieu,cellesde
Djavann nous fournissent de bons exemples, qui, incitant à la
réflexioneneffet,nepeuventpasnepas«inspirer»l’élève,etqu’il
suffità la limite de lui présenter en classe. L’objectifde la leçon est
danscecasdemettresimplementlesélèvesensituationd’identifier
leproblème,commedansnosexemplessuivants:
La pédagogie interculturelle est aujourd’hui (voir Collès,
1994) bien connue, mais plus connue que pratiquée, y compris,
paradoxalement, en Français Langue Etrangère. On peut
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pressants aussi. L’éducation interculturelle, à l’heure de la
globalisation, devient une priorité. On doit d’abord, en classe,
travaillersursesfinalités,pourenfairematièreàétudes,unobjetde
réflexionensoi.CommelesȱLettresȱpersanesdeMontesquieu,cellesde
Djavann nous fournissent de bons exemples, qui, incitant à la
réflexioneneffet,nepeuventpasnepas«inspirer»l’élève,etqu’il
suffità la limite de lui présenter en classe. L’objectifde la leçon est
danscecasdemettresimplementlesélèvesensituationd’identifier
leproblème,commedansnosexemplessuivants:
ȱ
Lesȱreligieuxȱfanatiques,ȱqu’ilsȱsoientȱrabbins,ȱcurés,ȱpasteursȱouȱmollahs,ȱseȱ
prennentȱpourȱlesȱreprésentantsȱdeȱDieuȱetȱdictentȱlaȱfaçonȱdontȱilȱfautȱaimerȱ
Dieu.ȱLesȱrecettesȱpourȱleȱsalutȱdeȱl’âmeȱsontȱsiȱnombreuses,ȱentreȱlesȱjuifs,ȱ
lesȱcatholiques,ȱlesȱprotestantsȱetȱlesȱmusulmans,ȱqu’onȱs’yȱperdraitȱcommeȱ
dansȱuneȱjungle.ȱChacunȱaffirmeȱdétenirȱlaȱmeilleureȱrecette.ȱIlsȱseȱdisputentȱ
sansȱ cesseȱ surȱ ceȱ queȱ Dieuȱ nousȱ proscrit,ȱ surȱ ceȱ qu’ilȱ pardonneraitȱ ouȱ
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croireȱouȱ neȱpasȱcroire,ȱêtreȱouȱ neȱpasȱêtreȱ[…]ȱDeȱtousȱcôtés,ȱlesȱ religieuxȱ
prétendentȱêtreȱunȱmodèleȱuniverselȱetȱseȱréclamentȱdesȱpréceptesȱdeȱDieu.ȱIlȱ
n’yȱaȱpasȱdeȱreligieuxȱquiȱneȱjugeȱsaȱreligionȱauȬdessusȱdesȱautres…ȱ(p.185)
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Lesȱreligieuxȱfanatiques,ȱqu’ilsȱsoientȱrabbins,ȱcurés,ȱpasteursȱouȱmollahs,ȱseȱ
prennentȱpourȱlesȱreprésentantsȱdeȱDieuȱetȱdictentȱlaȱfaçonȱdontȱilȱfautȱaimerȱ
Dieu.ȱLesȱrecettesȱpourȱleȱsalutȱdeȱl’âmeȱsontȱsiȱnombreuses,ȱentreȱlesȱjuifs,ȱ
lesȱcatholiques,ȱlesȱprotestantsȱetȱlesȱmusulmans,ȱqu’onȱs’yȱperdraitȱcommeȱ
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sansȱ cesseȱ surȱ ceȱ queȱ Dieuȱ nousȱ proscrit,ȱ surȱ ceȱ qu’ilȱ pardonneraitȱ ouȱ
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croireȱouȱ neȱpasȱcroire,ȱêtreȱouȱ neȱpasȱêtreȱ[…]ȱDeȱtousȱcôtés,ȱlesȱ religieuxȱ
prétendentȱêtreȱunȱmodèleȱuniverselȱetȱseȱréclamentȱdesȱpréceptesȱdeȱDieu.ȱIlȱ
n’yȱaȱpasȱdeȱreligieuxȱquiȱneȱjugeȱsaȱreligionȱauȬdessusȱdesȱautres…ȱ(p.185)
IlȱyȱaȱdesȱIraniensȱfortȱimbusȱd’euxȬmêmesȱ:ȱilsȱontȱtoutȱvu,ȱtoutȱconnu,ȱtoutȱ
penséȱetȱsaventȱtout.ȱIlsȱprétendentȱêtreȱleȱmeilleurȱpeupleȱduȱmonde,ȱavoirȱlaȱ
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IlȱyȱaȱdesȱIraniensȱfortȱimbusȱd’euxȬmêmesȱ:ȱilsȱontȱtoutȱvu,ȱtoutȱconnu,ȱtoutȱ
penséȱetȱsaventȱtout.ȱIlsȱprétendentȱêtreȱleȱmeilleurȱpeupleȱduȱmonde,ȱavoirȱlaȱ
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plusȱ grandeȱ culture,ȱ laȱ plusȱ belleȱ langue,ȱ laȱ civilisationȱ laȱ plusȱ ancienneȱ etȱ
l’histoireȱlaȱplusȱglorieuseȱ[…]ȱVousȱconnaissezȱlesȱPersans,ȱilsȱsontȱtoujoursȱ
plusȱempressésȱàȱdénoncerȱlesȱdéfautsȱd’autruiȱqu’àȱs’examinerȱeuxȬmêmes,ȱ
commeȱvotreȱUsbekȱ[…]ȱCertains,ȱsansȱavoirȱjamaisȱluȱvotreȱlivre,ȱmaisȱpourȱ
avoirȱ justeȱ entenduȱ laȱ phraseȱ «ȱcommentȱ peutȬonȱ êtreȱ persanȱ?ȱȱ»,ȱ quiȱ estȱ
devenueȱuneȱsorteȱdeȱMaxime,ȱaffirmentȱqueȱvousȱfaitesȱl’élogeȱdeȱlaȱcultureȱ
persaneȱ etȱ deȱ laȱ sociétéȱ iranienneȱ deȱ l’époque.ȱ Ilȱ n’yȱ aȱ aucuneȱ limiteȱ àȱ laȱ
prétentionȱiranienne.ȱ(p.154)
plusȱ grandeȱ culture,ȱ laȱ plusȱ belleȱ langue,ȱ laȱ civilisationȱ laȱ plusȱ ancienneȱ etȱ
l’histoireȱlaȱplusȱglorieuseȱ[…]ȱVousȱconnaissezȱlesȱPersans,ȱilsȱsontȱtoujoursȱ
plusȱempressésȱàȱdénoncerȱlesȱdéfautsȱd’autruiȱqu’àȱs’examinerȱeuxȬmêmes,ȱ
commeȱvotreȱUsbekȱ[…]ȱCertains,ȱsansȱavoirȱjamaisȱluȱvotreȱlivre,ȱmaisȱpourȱ
avoirȱ justeȱ entenduȱ laȱ phraseȱ «ȱcommentȱ peutȬonȱ êtreȱ persanȱ?ȱȱ»,ȱ quiȱ estȱ
devenueȱuneȱsorteȱdeȱMaxime,ȱaffirmentȱqueȱvousȱfaitesȱl’élogeȱdeȱlaȱcultureȱ
persaneȱ etȱ deȱ laȱ sociétéȱ iranienneȱ deȱ l’époque.ȱ Ilȱ n’yȱ aȱ aucuneȱ limiteȱ àȱ laȱ
prétentionȱiranienne.ȱ(p.154)
On voit tout de suite que le mal que les élèvent identifient
facilement est l’ethnocentrisme, ce sentiment de supériorité d’un
peuplesurlesautres,biensûr,dontonconnaîtlesconséquencesplus
fâcheuses les unes que les autres, rejet de l’autre, intolérance,
xénophobie, etc. L’objectif est donc de sensibiliser les élèves à
l’importance du principe contraire, de la relativité des valeurs. Il
faudra bien entendu au passage vaincre un certain nombre de
difficultés bien connues aussi (voir Pretceille, 1986). Le texte de
Djavannnousaideàlescirconscrire.
La plus importante est liée au fait qu’on ne voit le monde
qu’à travers soi (Séoud, 1997). C’est ce phénomène qui explique ce
que l’on appelle le «choc culturel». En exploitant notre roman en
classe, on insistera sur l’expression de l’étonnement consécutif au
premier contact de Roxane avec Paris et la réalité française. On
expliquera aux élèves comment cet étonnement, qui chez elle va
jusqu’à l’ahurissement, matérialise l’idée qu’on ne voit le monde
qu’à travers ses propres représentations – celles, pour le cas de
Roxane, qu’elle tient de son monde d’origine. Et les manifestations
del’étonnement,dansleroman,nemanquentpas:étonnementface,
d’abord,àsapropresécuritédefemme:
On voit tout de suite que le mal que les élèvent identifient
facilement est l’ethnocentrisme, ce sentiment de supériorité d’un
peuplesurlesautres,biensûr,dontonconnaîtlesconséquencesplus
fâcheuses les unes que les autres, rejet de l’autre, intolérance,
xénophobie, etc. L’objectif est donc de sensibiliser les élèves à
l’importance du principe contraire, de la relativité des valeurs. Il
faudra bien entendu au passage vaincre un certain nombre de
difficultés bien connues aussi (voir Pretceille, 1986). Le texte de
Djavannnousaideàlescirconscrire.
La plus importante est liée au fait qu’on ne voit le monde
qu’à travers soi (Séoud, 1997). C’est ce phénomène qui explique ce
que l’on appelle le «choc culturel». En exploitant notre roman en
classe, on insistera sur l’expression de l’étonnement consécutif au
premier contact de Roxane avec Paris et la réalité française. On
expliquera aux élèves comment cet étonnement, qui chez elle va
jusqu’à l’ahurissement, matérialise l’idée qu’on ne voit le monde
qu’à travers ses propres représentations – celles, pour le cas de
Roxane, qu’elle tient de son monde d’origine. Et les manifestations
del’étonnement,dansleroman,nemanquentpas:étonnementface,
d’abord,àsapropresécuritédefemme:
Choseȱ étrange,ȱ ditȬelle,ȱ pendantȱ uneȱ semaineȱ deȱ flânerieȱ àȱ Paris,ȱ deȱ
promenadesȱ nocturnes,ȱ d’heuresȱ passéesȱ auxȱ terrassesȱ desȱ cafés,ȱ Roxaneȱ neȱ
futȱaccostée,ȱimportunée,ȱharceléeȱparȱaucunȱhomme.ȱ(p.29)
ȱ
Choseȱ étrange,ȱ ditȬelle,ȱ pendantȱ uneȱ semaineȱ deȱ flânerieȱ àȱ Paris,ȱ deȱ
promenadesȱ nocturnes,ȱ d’heuresȱ passéesȱ auxȱ terrassesȱ desȱ cafés,ȱ Roxaneȱ neȱ
futȱaccostée,ȱimportunée,ȱharceléeȱparȱaucunȱhomme.ȱ(p.29)
ȱ
Pour expliquer les raisons de cette perplexité, il suffirait,
pourl’enseignant,defairelirecetautreextrait:
Pour expliquer les raisons de cette perplexité, il suffirait,
pourl’enseignant,defairelirecetautreextrait:
79
79
plusȱ grandeȱ culture,ȱ laȱ plusȱ belleȱ langue,ȱ laȱ civilisationȱ laȱ plusȱ ancienneȱ etȱ
l’histoireȱlaȱplusȱglorieuseȱ[…]ȱVousȱconnaissezȱlesȱPersans,ȱilsȱsontȱtoujoursȱ
plusȱempressésȱàȱdénoncerȱlesȱdéfautsȱd’autruiȱqu’àȱs’examinerȱeuxȬmêmes,ȱ
commeȱvotreȱUsbekȱ[…]ȱCertains,ȱsansȱavoirȱjamaisȱluȱvotreȱlivre,ȱmaisȱpourȱ
avoirȱ justeȱ entenduȱ laȱ phraseȱ «ȱcommentȱ peutȬonȱ êtreȱ persanȱ?ȱȱ»,ȱ quiȱ estȱ
devenueȱuneȱsorteȱdeȱMaxime,ȱaffirmentȱqueȱvousȱfaitesȱl’élogeȱdeȱlaȱcultureȱ
persaneȱ etȱ deȱ laȱ sociétéȱ iranienneȱ deȱ l’époque.ȱ Ilȱ n’yȱ aȱ aucuneȱ limiteȱ àȱ laȱ
prétentionȱiranienne.ȱ(p.154)
plusȱ grandeȱ culture,ȱ laȱ plusȱ belleȱ langue,ȱ laȱ civilisationȱ laȱ plusȱ ancienneȱ etȱ
l’histoireȱlaȱplusȱglorieuseȱ[…]ȱVousȱconnaissezȱlesȱPersans,ȱilsȱsontȱtoujoursȱ
plusȱempressésȱàȱdénoncerȱlesȱdéfautsȱd’autruiȱqu’àȱs’examinerȱeuxȬmêmes,ȱ
commeȱvotreȱUsbekȱ[…]ȱCertains,ȱsansȱavoirȱjamaisȱluȱvotreȱlivre,ȱmaisȱpourȱ
avoirȱ justeȱ entenduȱ laȱ phraseȱ «ȱcommentȱ peutȬonȱ êtreȱ persanȱ?ȱȱ»,ȱ quiȱ estȱ
devenueȱuneȱsorteȱdeȱMaxime,ȱaffirmentȱqueȱvousȱfaitesȱl’élogeȱdeȱlaȱcultureȱ
persaneȱ etȱ deȱ laȱ sociétéȱ iranienneȱ deȱ l’époque.ȱ Ilȱ n’yȱ aȱ aucuneȱ limiteȱ àȱ laȱ
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On voit tout de suite que le mal que les élèvent identifient
facilement est l’ethnocentrisme, ce sentiment de supériorité d’un
peuplesurlesautres,biensûr,dontonconnaîtlesconséquencesplus
fâcheuses les unes que les autres, rejet de l’autre, intolérance,
xénophobie, etc. L’objectif est donc de sensibiliser les élèves à
l’importance du principe contraire, de la relativité des valeurs. Il
faudra bien entendu au passage vaincre un certain nombre de
difficultés bien connues aussi (voir Pretceille, 1986). Le texte de
Djavannnousaideàlescirconscrire.
La plus importante est liée au fait qu’on ne voit le monde
qu’à travers soi (Séoud, 1997). C’est ce phénomène qui explique ce
que l’on appelle le «choc culturel». En exploitant notre roman en
classe, on insistera sur l’expression de l’étonnement consécutif au
premier contact de Roxane avec Paris et la réalité française. On
expliquera aux élèves comment cet étonnement, qui chez elle va
jusqu’à l’ahurissement, matérialise l’idée qu’on ne voit le monde
qu’à travers ses propres représentations – celles, pour le cas de
Roxane, qu’elle tient de son monde d’origine. Et les manifestations
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d’abord,àsapropresécuritédefemme:
On voit tout de suite que le mal que les élèvent identifient
facilement est l’ethnocentrisme, ce sentiment de supériorité d’un
peuplesurlesautres,biensûr,dontonconnaîtlesconséquencesplus
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xénophobie, etc. L’objectif est donc de sensibiliser les élèves à
l’importance du principe contraire, de la relativité des valeurs. Il
faudra bien entendu au passage vaincre un certain nombre de
difficultés bien connues aussi (voir Pretceille, 1986). Le texte de
Djavannnousaideàlescirconscrire.
La plus importante est liée au fait qu’on ne voit le monde
qu’à travers soi (Séoud, 1997). C’est ce phénomène qui explique ce
que l’on appelle le «choc culturel». En exploitant notre roman en
classe, on insistera sur l’expression de l’étonnement consécutif au
premier contact de Roxane avec Paris et la réalité française. On
expliquera aux élèves comment cet étonnement, qui chez elle va
jusqu’à l’ahurissement, matérialise l’idée qu’on ne voit le monde
qu’à travers ses propres représentations – celles, pour le cas de
Roxane, qu’elle tient de son monde d’origine. Et les manifestations
del’étonnement,dansleroman,nemanquentpas:étonnementface,
d’abord,àsapropresécuritédefemme:
Choseȱ étrange,ȱ ditȬelle,ȱ pendantȱ uneȱ semaineȱ deȱ flânerieȱ àȱ Paris,ȱ deȱ
promenadesȱ nocturnes,ȱ d’heuresȱ passéesȱ auxȱ terrassesȱ desȱ cafés,ȱ Roxaneȱ neȱ
futȱaccostée,ȱimportunée,ȱharceléeȱparȱaucunȱhomme.ȱ(p.29)
ȱ
Choseȱ étrange,ȱ ditȬelle,ȱ pendantȱ uneȱ semaineȱ deȱ flânerieȱ àȱ Paris,ȱ deȱ
promenadesȱ nocturnes,ȱ d’heuresȱ passéesȱ auxȱ terrassesȱ desȱ cafés,ȱ Roxaneȱ neȱ
futȱaccostée,ȱimportunée,ȱharceléeȱparȱaucunȱhomme.ȱ(p.29)
ȱ
Pour expliquer les raisons de cette perplexité, il suffirait,
pourl’enseignant,defairelirecetautreextrait:
Pour expliquer les raisons de cette perplexité, il suffirait,
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79
79
ȱ
ȱ
MonȱarrivéeȱàȱParisȱfutȱunȱmiracle.ȱQuoiȱ?ȱNulleȱfatalitéȱneȱcondamnaitȱlesȱ
femmesȱàȱseȱdissimulerȱdansȱl’ombreȱétouffanteȱduȱvoileȱ?ȱOnȱpouvaitȱàȱloisirȱ
seȱpromenerȱoùȱ l’onȱvoulaitȱ?ȱAucuneȱpoliceȱdesȱmœursȱ neȱdécidaitȱàȱvotreȱ
placeȱdeȱceȱqu’ilȱvousȱétaitȱloisibleȱdeȱdireȱouȱdeȱfaireȱ?(p.139)
MonȱarrivéeȱàȱParisȱfutȱunȱmiracle.ȱQuoiȱ?ȱNulleȱfatalitéȱneȱcondamnaitȱlesȱ
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placeȱdeȱceȱqu’ilȱvousȱétaitȱloisibleȱdeȱdireȱouȱdeȱfaireȱ?(p.139)
L’enseignantn’abesoind’aucuneautredémonstration,pour
expliquer cet étonnement, que de mettre en valeur le recours à la
négationdanslediscours:«Nullefataliténecondamnait…Aucune
police».C’esttoutl’IranquiexpliquelepremiercontactdeRoxane
avec Paris. Ainsi, étonnement encore, voire stupéfaction, face au
«supermarché»,enfaitunMonoprixducoin,quiétait,ditelle,«un
autre monde», signe de l’abondance que son monde à elle ignore;
étonnementtoujours,faceàl’édificeduSénat,dontlejardinétaitun
jardin public, parce qu’il est inconcevable, chez elle, que le jardin
d’une institution officielle soit un jardin public, etc. Autant de
situationsexploitablesenclassepourprépareràl’idéequ’onnevoit
la réalité qu’à travers nos représentations personnelles. A fortiori,
d’ailleurs, quand ces représentations se sont naturalisées. «Rien
n’était naturel dans ce nouveau monde», s’exclametelle! (p. 82)
Evidemment, puisque l’ordre naturel, c’est dans son monde à elle!
Heureusement que, son séjour parisien se prolongeant, son
observation s’affinant, elle a pu se rendre compte que le naturel
change de camp. C’est ainsi que marcher tête nue sous la bruine
d’automne, prendre un verre à la terrasse d’un café, faire la queue
devant une sale de spectacle en bavardant avec les voisins sans
considération de leur sexe, se laisser aller, chantonner, prendre le
bras de son compagnon et éventuellement l’embrasser en public,
sont des attitudes ou des gestes qui finalement lui paraissent
naturelschezlesjeunesParisiennesqu’ellesemetàenvier.
L’enseignantn’abesoind’aucuneautredémonstration,pour
expliquer cet étonnement, que de mettre en valeur le recours à la
négationdanslediscours:«Nullefataliténecondamnait…Aucune
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avec Paris. Ainsi, étonnement encore, voire stupéfaction, face au
«supermarché»,enfaitunMonoprixducoin,quiétait,ditelle,«un
autre monde», signe de l’abondance que son monde à elle ignore;
étonnementtoujours,faceàl’édificeduSénat,dontlejardinétaitun
jardin public, parce qu’il est inconcevable, chez elle, que le jardin
d’une institution officielle soit un jardin public, etc. Autant de
situationsexploitablesenclassepourprépareràl’idéequ’onnevoit
la réalité qu’à travers nos représentations personnelles. A fortiori,
d’ailleurs, quand ces représentations se sont naturalisées. «Rien
n’était naturel dans ce nouveau monde», s’exclametelle! (p. 82)
Evidemment, puisque l’ordre naturel, c’est dans son monde à elle!
Heureusement que, son séjour parisien se prolongeant, son
observation s’affinant, elle a pu se rendre compte que le naturel
change de camp. C’est ainsi que marcher tête nue sous la bruine
d’automne, prendre un verre à la terrasse d’un café, faire la queue
devant une sale de spectacle en bavardant avec les voisins sans
considération de leur sexe, se laisser aller, chantonner, prendre le
bras de son compagnon et éventuellement l’embrasser en public,
sont des attitudes ou des gestes qui finalement lui paraissent
naturelschezlesjeunesParisiennesqu’ellesemetàenvier.
Quand,profitantdecemêmenaturelparisien,elleaapprisà
faire du vélo et à circuler en abandonnant ses cheveux aux quatre
vents – sans doute pour oublier à jamais le port du voile, elle s’est
fait arrêter dans un sens interdit. Au commissariat, quand elle est
interrogéeparlapolice,demauvaissouvenirsontresurgi.Elleétait
Quand,profitantdecemêmenaturelparisien,elleaapprisà
faire du vélo et à circuler en abandonnant ses cheveux aux quatre
vents – sans doute pour oublier à jamais le port du voile, elle s’est
fait arrêter dans un sens interdit. Au commissariat, quand elle est
interrogéeparlapolice,demauvaissouvenirsontresurgi.Elleétait
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ȱ
ȱ
MonȱarrivéeȱàȱParisȱfutȱunȱmiracle.ȱQuoiȱ?ȱNulleȱfatalitéȱneȱcondamnaitȱlesȱ
femmesȱàȱseȱdissimulerȱdansȱl’ombreȱétouffanteȱduȱvoileȱ?ȱOnȱpouvaitȱàȱloisirȱ
seȱpromenerȱoùȱ l’onȱvoulaitȱ?ȱAucuneȱpoliceȱdesȱmœursȱ neȱdécidaitȱàȱvotreȱ
placeȱdeȱceȱqu’ilȱvousȱétaitȱloisibleȱdeȱdireȱouȱdeȱfaireȱ?(p.139)
MonȱarrivéeȱàȱParisȱfutȱunȱmiracle.ȱQuoiȱ?ȱNulleȱfatalitéȱneȱcondamnaitȱlesȱ
femmesȱàȱseȱdissimulerȱdansȱl’ombreȱétouffanteȱduȱvoileȱ?ȱOnȱpouvaitȱàȱloisirȱ
seȱpromenerȱoùȱ l’onȱvoulaitȱ?ȱAucuneȱpoliceȱdesȱmœursȱ neȱdécidaitȱàȱvotreȱ
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avec Paris. Ainsi, étonnement encore, voire stupéfaction, face au
«supermarché»,enfaitunMonoprixducoin,quiétait,ditelle,«un
autre monde», signe de l’abondance que son monde à elle ignore;
étonnementtoujours,faceàl’édificeduSénat,dontlejardinétaitun
jardin public, parce qu’il est inconcevable, chez elle, que le jardin
d’une institution officielle soit un jardin public, etc. Autant de
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la réalité qu’à travers nos représentations personnelles. A fortiori,
d’ailleurs, quand ces représentations se sont naturalisées. «Rien
n’était naturel dans ce nouveau monde», s’exclametelle! (p. 82)
Evidemment, puisque l’ordre naturel, c’est dans son monde à elle!
Heureusement que, son séjour parisien se prolongeant, son
observation s’affinant, elle a pu se rendre compte que le naturel
change de camp. C’est ainsi que marcher tête nue sous la bruine
d’automne, prendre un verre à la terrasse d’un café, faire la queue
devant une sale de spectacle en bavardant avec les voisins sans
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sont des attitudes ou des gestes qui finalement lui paraissent
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L’enseignantn’abesoind’aucuneautredémonstration,pour
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«supermarché»,enfaitunMonoprixducoin,quiétait,ditelle,«un
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jardin public, parce qu’il est inconcevable, chez elle, que le jardin
d’une institution officielle soit un jardin public, etc. Autant de
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la réalité qu’à travers nos représentations personnelles. A fortiori,
d’ailleurs, quand ces représentations se sont naturalisées. «Rien
n’était naturel dans ce nouveau monde», s’exclametelle! (p. 82)
Evidemment, puisque l’ordre naturel, c’est dans son monde à elle!
Heureusement que, son séjour parisien se prolongeant, son
observation s’affinant, elle a pu se rendre compte que le naturel
change de camp. C’est ainsi que marcher tête nue sous la bruine
d’automne, prendre un verre à la terrasse d’un café, faire la queue
devant une sale de spectacle en bavardant avec les voisins sans
considération de leur sexe, se laisser aller, chantonner, prendre le
bras de son compagnon et éventuellement l’embrasser en public,
sont des attitudes ou des gestes qui finalement lui paraissent
naturelschezlesjeunesParisiennesqu’ellesemetàenvier.
Quand,profitantdecemêmenaturelparisien,elleaapprisà
faire du vélo et à circuler en abandonnant ses cheveux aux quatre
vents – sans doute pour oublier à jamais le port du voile, elle s’est
fait arrêter dans un sens interdit. Au commissariat, quand elle est
interrogéeparlapolice,demauvaissouvenirsontresurgi.Elleétait
Quand,profitantdecemêmenaturelparisien,elleaapprisà
faire du vélo et à circuler en abandonnant ses cheveux aux quatre
vents – sans doute pour oublier à jamais le port du voile, elle s’est
fait arrêter dans un sens interdit. Au commissariat, quand elle est
interrogéeparlapolice,demauvaissouvenirsontresurgi.Elleétait
80
80
envisitetouristiqueàIspahanavecdeuxcamaradesdel’université,
femmes bien sûr. Elles se sont arrêtées sur un pont public pour
reposer leurs pieds, se sont déchaussées. Les gardiens de la morale
islamique les ont arrêtées, conduites au poste, violentées, violées et
même, pour l’une d’elles, engrossées. Ledit souvenir a fait basculer
Roxanedansladépression…
envisitetouristiqueàIspahanavecdeuxcamaradesdel’université,
femmes bien sûr. Elles se sont arrêtées sur un pont public pour
reposer leurs pieds, se sont déchaussées. Les gardiens de la morale
islamique les ont arrêtées, conduites au poste, violentées, violées et
même, pour l’une d’elles, engrossées. Ledit souvenir a fait basculer
Roxanedansladépression…
Cetépisodeestégalementexploitableenclasse,dupointde
vue qui nous préoccupe – la naturalisation de la culture, dont il
s’agirad’évoquerledangeraveccette finmalheureuse.Onmettrait
l’accent, avec les élèves, sur le fait que, pour les gardes islamiques,
lestroisjeunesfillesn’ontpasenlevéchaussuresetchaussettes,elles
se sont déshabillées, et ils le leur disent; elles ne sont pas des
promeneusesmaiselles«fontletrottoir»,etontleleurditaussi,en
les traitant de «sales putes de traînées» (p. 261). Le problème est
qu’ilsdevaientlepenservraiment–àcausedesreprésentationsqui
étaient les leurs. Ils étaient aussi sincères que l’était par exemple
UsbekquandildisaitàRoxanequiétaitsapréféréeduharem,quele
Ciellaluiadonnéepourfairesonbonheuràlui,ouquand,àParis,il
a cru que les femmes, parce qu’elles se présentaient devant les
hommesàvisagedécouvert,avaientperdutouteretenueetvoulaient
fairecraquertousleshommes!
Cetépisodeestégalementexploitableenclasse,dupointde
vue qui nous préoccupe – la naturalisation de la culture, dont il
s’agirad’évoquerledangeraveccette finmalheureuse.Onmettrait
l’accent, avec les élèves, sur le fait que, pour les gardes islamiques,
lestroisjeunesfillesn’ontpasenlevéchaussuresetchaussettes,elles
se sont déshabillées, et ils le leur disent; elles ne sont pas des
promeneusesmaiselles«fontletrottoir»,etontleleurditaussi,en
les traitant de «sales putes de traînées» (p. 261). Le problème est
qu’ilsdevaientlepenservraiment–àcausedesreprésentationsqui
étaient les leurs. Ils étaient aussi sincères que l’était par exemple
UsbekquandildisaitàRoxanequiétaitsapréféréeduharem,quele
Ciellaluiadonnéepourfairesonbonheuràlui,ouquand,àParis,il
a cru que les femmes, parce qu’elles se présentaient devant les
hommesàvisagedécouvert,avaientperdutouteretenueetvoulaient
fairecraquertousleshommes!
L’attitude des gardes islamiques n’est donc pas détachable
d’un contexte social où une femme peut être coupable d’un sourire
complice ou d’une mèche de cheveux qui dépasse, contexte où on
considère, comme le dit l’un d’eux, qu’un «hommeȱ neȱ sortȱ jamaisȱ duȱ
droitȱcheminȱsansȱqu’uneȱfemmeȱl’yȱincite»(p.265).
L’attitude des gardes islamiques n’est donc pas détachable
d’un contexte social où une femme peut être coupable d’un sourire
complice ou d’une mèche de cheveux qui dépasse, contexte où on
considère, comme le dit l’un d’eux, qu’un «hommeȱ neȱ sortȱ jamaisȱ duȱ
droitȱcheminȱsansȱqu’uneȱfemmeȱl’yȱincite»(p.265).
Mais le plus grave, c’est que cette culture semble bien
naturalisée.C’estpourquoiRoxaneetsesdeuxcamaradesn’ontrien
dit des sévices subis à personne – elles risquaient la lapidation ou
l’assassinat.Ondevraitdonc,enclasse,accorderàcephénomènede
la naturalisation toute la place qui lui revient, en expliquer
éventuellement les dangers, en particulier quand cette culture
naturaliséemetencausecommeicilesdroitsdel’homme.Resteàse
doterdesmoyenspédagogiquesquipermettentd’atteindreàterme
Mais le plus grave, c’est que cette culture semble bien
naturalisée.C’estpourquoiRoxaneetsesdeuxcamaradesn’ontrien
dit des sévices subis à personne – elles risquaient la lapidation ou
l’assassinat.Ondevraitdonc,enclasse,accorderàcephénomènede
la naturalisation toute la place qui lui revient, en expliquer
éventuellement les dangers, en particulier quand cette culture
naturaliséemetencausecommeicilesdroitsdel’homme.Resteàse
doterdesmoyenspédagogiquesquipermettentd’atteindreàterme
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envisitetouristiqueàIspahanavecdeuxcamaradesdel’université,
femmes bien sûr. Elles se sont arrêtées sur un pont public pour
reposer leurs pieds, se sont déchaussées. Les gardiens de la morale
islamique les ont arrêtées, conduites au poste, violentées, violées et
même, pour l’une d’elles, engrossées. Ledit souvenir a fait basculer
Roxanedansladépression…
envisitetouristiqueàIspahanavecdeuxcamaradesdel’université,
femmes bien sûr. Elles se sont arrêtées sur un pont public pour
reposer leurs pieds, se sont déchaussées. Les gardiens de la morale
islamique les ont arrêtées, conduites au poste, violentées, violées et
même, pour l’une d’elles, engrossées. Ledit souvenir a fait basculer
Roxanedansladépression…
Cetépisodeestégalementexploitableenclasse,dupointde
vue qui nous préoccupe – la naturalisation de la culture, dont il
s’agirad’évoquerledangeraveccette finmalheureuse.Onmettrait
l’accent, avec les élèves, sur le fait que, pour les gardes islamiques,
lestroisjeunesfillesn’ontpasenlevéchaussuresetchaussettes,elles
se sont déshabillées, et ils le leur disent; elles ne sont pas des
promeneusesmaiselles«fontletrottoir»,etontleleurditaussi,en
les traitant de «sales putes de traînées» (p. 261). Le problème est
qu’ilsdevaientlepenservraiment–àcausedesreprésentationsqui
étaient les leurs. Ils étaient aussi sincères que l’était par exemple
UsbekquandildisaitàRoxanequiétaitsapréféréeduharem,quele
Ciellaluiadonnéepourfairesonbonheuràlui,ouquand,àParis,il
a cru que les femmes, parce qu’elles se présentaient devant les
hommesàvisagedécouvert,avaientperdutouteretenueetvoulaient
fairecraquertousleshommes!
Cetépisodeestégalementexploitableenclasse,dupointde
vue qui nous préoccupe – la naturalisation de la culture, dont il
s’agirad’évoquerledangeraveccette finmalheureuse.Onmettrait
l’accent, avec les élèves, sur le fait que, pour les gardes islamiques,
lestroisjeunesfillesn’ontpasenlevéchaussuresetchaussettes,elles
se sont déshabillées, et ils le leur disent; elles ne sont pas des
promeneusesmaiselles«fontletrottoir»,etontleleurditaussi,en
les traitant de «sales putes de traînées» (p. 261). Le problème est
qu’ilsdevaientlepenservraiment–àcausedesreprésentationsqui
étaient les leurs. Ils étaient aussi sincères que l’était par exemple
UsbekquandildisaitàRoxanequiétaitsapréféréeduharem,quele
Ciellaluiadonnéepourfairesonbonheuràlui,ouquand,àParis,il
a cru que les femmes, parce qu’elles se présentaient devant les
hommesàvisagedécouvert,avaientperdutouteretenueetvoulaient
fairecraquertousleshommes!
L’attitude des gardes islamiques n’est donc pas détachable
d’un contexte social où une femme peut être coupable d’un sourire
complice ou d’une mèche de cheveux qui dépasse, contexte où on
considère, comme le dit l’un d’eux, qu’un «hommeȱ neȱ sortȱ jamaisȱ duȱ
droitȱcheminȱsansȱqu’uneȱfemmeȱl’yȱincite»(p.265).
L’attitude des gardes islamiques n’est donc pas détachable
d’un contexte social où une femme peut être coupable d’un sourire
complice ou d’une mèche de cheveux qui dépasse, contexte où on
considère, comme le dit l’un d’eux, qu’un «hommeȱ neȱ sortȱ jamaisȱ duȱ
droitȱcheminȱsansȱqu’uneȱfemmeȱl’yȱincite»(p.265).
Mais le plus grave, c’est que cette culture semble bien
naturalisée.C’estpourquoiRoxaneetsesdeuxcamaradesn’ontrien
dit des sévices subis à personne – elles risquaient la lapidation ou
l’assassinat.Ondevraitdonc,enclasse,accorderàcephénomènede
la naturalisation toute la place qui lui revient, en expliquer
éventuellement les dangers, en particulier quand cette culture
naturaliséemetencausecommeicilesdroitsdel’homme.Resteàse
doterdesmoyenspédagogiquesquipermettentd’atteindreàterme
Mais le plus grave, c’est que cette culture semble bien
naturalisée.C’estpourquoiRoxaneetsesdeuxcamaradesn’ontrien
dit des sévices subis à personne – elles risquaient la lapidation ou
l’assassinat.Ondevraitdonc,enclasse,accorderàcephénomènede
la naturalisation toute la place qui lui revient, en expliquer
éventuellement les dangers, en particulier quand cette culture
naturaliséemetencausecommeicilesdroitsdel’homme.Resteàse
doterdesmoyenspédagogiquesquipermettentd’atteindreàterme
81
81
les objectifs salutaires de l’interculturel, une fois comprise
l’importancedesenjeux…
les objectifs salutaires de l’interculturel, une fois comprise
l’importancedesenjeux…
Là aussi notre texte offre de bonnes opportunités pour
mettreenœuvreunedémarchequi,auplanthéorique,estvulgarisée
depuis un certain temps, et qui se fonde essentiellement sur le
comparatisme(Lits,1994).L’hypothèsedebaseestqu’onnepeutse
connaître qu’à travers l’autre, et la technique est tout simplement
celle de l’observation: comme dit Todorov (1989), observer les
différencespourdécouvrirlespropriétés–cequiveutdireque,d’un
point de vue pédagogique, plus ces différences sont grandes, plus
l’observation,etdoncladécouvertedesparticularités,serontfaciles.
D’oùl’intérêtdenotretextejustement,quiconfrontedeuxculturesà
l’extrêmeopposél’unedel’autre.UnpeucommelesLettresȱpersanes
de Montesquieu, mais plus encore, vu le décalage du temps, qui a
creusé l’écart entre les deux civilisations, comme le fait remarquer
pertinemmentnotreiraniennedanssalettreàMontesquieu:
Là aussi notre texte offre de bonnes opportunités pour
mettreenœuvreunedémarchequi,auplanthéorique,estvulgarisée
depuis un certain temps, et qui se fonde essentiellement sur le
comparatisme(Lits,1994).L’hypothèsedebaseestqu’onnepeutse
connaître qu’à travers l’autre, et la technique est tout simplement
celle de l’observation: comme dit Todorov (1989), observer les
différencespourdécouvrirlespropriétés–cequiveutdireque,d’un
point de vue pédagogique, plus ces différences sont grandes, plus
l’observation,etdoncladécouvertedesparticularités,serontfaciles.
D’oùl’intérêtdenotretextejustement,quiconfrontedeuxculturesà
l’extrêmeopposél’unedel’autre.UnpeucommelesLettresȱpersanes
de Montesquieu, mais plus encore, vu le décalage du temps, qui a
creusé l’écart entre les deux civilisations, comme le fait remarquer
pertinemmentnotreiraniennedanssalettreàMontesquieu:
LesȱmœursȱenȱIranȱontȱpeuȱévolué.ȱL’Iranȱd’aujourd’huiȱaȱencoreȱduȱretardȱ
parȱrapportȱàȱlaȱFranceȱdeȱvotreȱépoque.ȱEtȱlaȱFranceȱd’aujourd’huiȱaȱfaitȱsaȱ
révolution.ȱElleȱaȱtroisȱsièclesȱd’avanceȱparȱrapportȱàȱvotreȱépoqueȱ:ȱimaginezȱ
doncȱl’écartȱentreȱlesȱdeuxȱpays.ȱCetȱécartȱestȱsiȱgrandȱqueȱlesȱchangementsȱ
meȱfontȱtournerȱlaȱtête.ȱLaȱlibertéȱd’expression,ȱlaȱlibertéȱsexuelle,ȱleȱmodeȱdeȱ
vie,ȱl’éducationȱdesȱenfants,ȱlaȱmentalitéȱdesȱgens,ȱleȱprogrèsȱdesȱsciences,ȱdeȱ
l’art,ȱ toutȱ ȱ estȱ différentȱ deȱ monȱ pays.ȱ Jeȱ meȱ demandeȱ:ȱ estȬceȱ bienȱ laȱ mêmeȱ
terreȱquiȱnousȱporteȱ?ȱEstȬceȱbienȱleȱmêmeȱcielȱquiȱnousȱentoureȱ?(p.134)
LesȱmœursȱenȱIranȱontȱpeuȱévolué.ȱL’Iranȱd’aujourd’huiȱaȱencoreȱduȱretardȱ
parȱrapportȱàȱlaȱFranceȱdeȱvotreȱépoque.ȱEtȱlaȱFranceȱd’aujourd’huiȱaȱfaitȱsaȱ
révolution.ȱElleȱaȱtroisȱsièclesȱd’avanceȱparȱrapportȱàȱvotreȱépoqueȱ:ȱimaginezȱ
doncȱl’écartȱentreȱlesȱdeuxȱpays.ȱCetȱécartȱestȱsiȱgrandȱqueȱlesȱchangementsȱ
meȱfontȱtournerȱlaȱtête.ȱLaȱlibertéȱd’expression,ȱlaȱlibertéȱsexuelle,ȱleȱmodeȱdeȱ
vie,ȱl’éducationȱdesȱenfants,ȱlaȱmentalitéȱdesȱgens,ȱleȱprogrèsȱdesȱsciences,ȱdeȱ
l’art,ȱ toutȱ ȱ estȱ différentȱ deȱ monȱ pays.ȱ Jeȱ meȱ demandeȱ:ȱ estȬceȱ bienȱ laȱ mêmeȱ
terreȱquiȱnousȱporteȱ?ȱEstȬceȱbienȱleȱmêmeȱcielȱquiȱnousȱentoureȱ?(p.134)
Lesécartssontsigrands,Djavannenrendcompteavecune
pugnacitésiforte,unepointesifine(pensezdoncauxcheveuxaux
quatre vents d’un côté et à la mèche de cheveux qui dépasse de
l’autre!);bref,lafocalisationsurlescontrastesestsiaccentuéetout
le long du roman, qu’à la limite il suffirait de le faire lire pour que
l’opérationdemiseencausedesoi,deretoursursoiàtraversl’autre
s’enclenche. Un iranien ou une Iranienne qui lirait ce texte ne peut
pas ne pas être bousculé par sa lecture. Mais comme chacun sait
l’intégrisme,l’ethnocentrisme,lemanichéisme,lespréjugés,etc.,que
la pédagogie interculturelle devrait combattre, ne sont pas
Lesécartssontsigrands,Djavannenrendcompteavecune
pugnacitésiforte,unepointesifine(pensezdoncauxcheveuxaux
quatre vents d’un côté et à la mèche de cheveux qui dépasse de
l’autre!);bref,lafocalisationsurlescontrastesestsiaccentuéetout
le long du roman, qu’à la limite il suffirait de le faire lire pour que
l’opérationdemiseencausedesoi,deretoursursoiàtraversl’autre
s’enclenche. Un iranien ou une Iranienne qui lirait ce texte ne peut
pas ne pas être bousculé par sa lecture. Mais comme chacun sait
l’intégrisme,l’ethnocentrisme,lemanichéisme,lespréjugés,etc.,que
la pédagogie interculturelle devrait combattre, ne sont pas
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les objectifs salutaires de l’interculturel, une fois comprise
l’importancedesenjeux…
les objectifs salutaires de l’interculturel, une fois comprise
l’importancedesenjeux…
Là aussi notre texte offre de bonnes opportunités pour
mettreenœuvreunedémarchequi,auplanthéorique,estvulgarisée
depuis un certain temps, et qui se fonde essentiellement sur le
comparatisme(Lits,1994).L’hypothèsedebaseestqu’onnepeutse
connaître qu’à travers l’autre, et la technique est tout simplement
celle de l’observation: comme dit Todorov (1989), observer les
différencespourdécouvrirlespropriétés–cequiveutdireque,d’un
point de vue pédagogique, plus ces différences sont grandes, plus
l’observation,etdoncladécouvertedesparticularités,serontfaciles.
D’oùl’intérêtdenotretextejustement,quiconfrontedeuxculturesà
l’extrêmeopposél’unedel’autre.UnpeucommelesLettresȱpersanes
de Montesquieu, mais plus encore, vu le décalage du temps, qui a
creusé l’écart entre les deux civilisations, comme le fait remarquer
pertinemmentnotreiraniennedanssalettreàMontesquieu:
Là aussi notre texte offre de bonnes opportunités pour
mettreenœuvreunedémarchequi,auplanthéorique,estvulgarisée
depuis un certain temps, et qui se fonde essentiellement sur le
comparatisme(Lits,1994).L’hypothèsedebaseestqu’onnepeutse
connaître qu’à travers l’autre, et la technique est tout simplement
celle de l’observation: comme dit Todorov (1989), observer les
différencespourdécouvrirlespropriétés–cequiveutdireque,d’un
point de vue pédagogique, plus ces différences sont grandes, plus
l’observation,etdoncladécouvertedesparticularités,serontfaciles.
D’oùl’intérêtdenotretextejustement,quiconfrontedeuxculturesà
l’extrêmeopposél’unedel’autre.UnpeucommelesLettresȱpersanes
de Montesquieu, mais plus encore, vu le décalage du temps, qui a
creusé l’écart entre les deux civilisations, comme le fait remarquer
pertinemmentnotreiraniennedanssalettreàMontesquieu:
LesȱmœursȱenȱIranȱontȱpeuȱévolué.ȱL’Iranȱd’aujourd’huiȱaȱencoreȱduȱretardȱ
parȱrapportȱàȱlaȱFranceȱdeȱvotreȱépoque.ȱEtȱlaȱFranceȱd’aujourd’huiȱaȱfaitȱsaȱ
révolution.ȱElleȱaȱtroisȱsièclesȱd’avanceȱparȱrapportȱàȱvotreȱépoqueȱ:ȱimaginezȱ
doncȱl’écartȱentreȱlesȱdeuxȱpays.ȱCetȱécartȱestȱsiȱgrandȱqueȱlesȱchangementsȱ
meȱfontȱtournerȱlaȱtête.ȱLaȱlibertéȱd’expression,ȱlaȱlibertéȱsexuelle,ȱleȱmodeȱdeȱ
vie,ȱl’éducationȱdesȱenfants,ȱlaȱmentalitéȱdesȱgens,ȱleȱprogrèsȱdesȱsciences,ȱdeȱ
l’art,ȱ toutȱ ȱ estȱ différentȱ deȱ monȱ pays.ȱ Jeȱ meȱ demandeȱ:ȱ estȬceȱ bienȱ laȱ mêmeȱ
terreȱquiȱnousȱporteȱ?ȱEstȬceȱbienȱleȱmêmeȱcielȱquiȱnousȱentoureȱ?(p.134)
LesȱmœursȱenȱIranȱontȱpeuȱévolué.ȱL’Iranȱd’aujourd’huiȱaȱencoreȱduȱretardȱ
parȱrapportȱàȱlaȱFranceȱdeȱvotreȱépoque.ȱEtȱlaȱFranceȱd’aujourd’huiȱaȱfaitȱsaȱ
révolution.ȱElleȱaȱtroisȱsièclesȱd’avanceȱparȱrapportȱàȱvotreȱépoqueȱ:ȱimaginezȱ
doncȱl’écartȱentreȱlesȱdeuxȱpays.ȱCetȱécartȱestȱsiȱgrandȱqueȱlesȱchangementsȱ
meȱfontȱtournerȱlaȱtête.ȱLaȱlibertéȱd’expression,ȱlaȱlibertéȱsexuelle,ȱleȱmodeȱdeȱ
vie,ȱl’éducationȱdesȱenfants,ȱlaȱmentalitéȱdesȱgens,ȱleȱprogrèsȱdesȱsciences,ȱdeȱ
l’art,ȱ toutȱ ȱ estȱ différentȱ deȱ monȱ pays.ȱ Jeȱ meȱ demandeȱ:ȱ estȬceȱ bienȱ laȱ mêmeȱ
terreȱquiȱnousȱporteȱ?ȱEstȬceȱbienȱleȱmêmeȱcielȱquiȱnousȱentoureȱ?(p.134)
Lesécartssontsigrands,Djavannenrendcompteavecune
pugnacitésiforte,unepointesifine(pensezdoncauxcheveuxaux
quatre vents d’un côté et à la mèche de cheveux qui dépasse de
l’autre!);bref,lafocalisationsurlescontrastesestsiaccentuéetout
le long du roman, qu’à la limite il suffirait de le faire lire pour que
l’opérationdemiseencausedesoi,deretoursursoiàtraversl’autre
s’enclenche. Un iranien ou une Iranienne qui lirait ce texte ne peut
pas ne pas être bousculé par sa lecture. Mais comme chacun sait
l’intégrisme,l’ethnocentrisme,lemanichéisme,lespréjugés,etc.,que
la pédagogie interculturelle devrait combattre, ne sont pas
Lesécartssontsigrands,Djavannenrendcompteavecune
pugnacitésiforte,unepointesifine(pensezdoncauxcheveuxaux
quatre vents d’un côté et à la mèche de cheveux qui dépasse de
l’autre!);bref,lafocalisationsurlescontrastesestsiaccentuéetout
le long du roman, qu’à la limite il suffirait de le faire lire pour que
l’opérationdemiseencausedesoi,deretoursursoiàtraversl’autre
s’enclenche. Un iranien ou une Iranienne qui lirait ce texte ne peut
pas ne pas être bousculé par sa lecture. Mais comme chacun sait
l’intégrisme,l’ethnocentrisme,lemanichéisme,lespréjugés,etc.,que
la pédagogie interculturelle devrait combattre, ne sont pas
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qu’iraniens.Leproblèmeestquelesélèvesrefusentdelire(oudelire
intégralement)uneœuvre–d’oùl’utilitédemisersurlesséquences
oulesextraitslesplussignificatifsetdesexercicesappropriés.
qu’iraniens.Leproblèmeestquelesélèvesrefusentdelire(oudelire
intégralement)uneœuvre–d’oùl’utilitédemisersurlesséquences
oulesextraitslesplussignificatifsetdesexercicesappropriés.
Séquences qui frappent l’esprit, d’abord, qui peuvent
produire un déclic. Je songe entre autres celle où l’auteur met en
avantcemomentbiencurieuxdenotrehistoireoùcertainshommes,
du côté de l’Occident, développent des recherches de pointe par
exemple en génétique pour triompher des maladies jusqu’ici
invaincues, en physique pour visiter les astres ou reproduire
l’énergie du soleil, pendant que d’autres hommes, du côté de
l’Orient,
Séquences qui frappent l’esprit, d’abord, qui peuvent
produire un déclic. Je songe entre autres celle où l’auteur met en
avantcemomentbiencurieuxdenotrehistoireoùcertainshommes,
du côté de l’Occident, développent des recherches de pointe par
exemple en génétique pour triompher des maladies jusqu’ici
invaincues, en physique pour visiter les astres ou reproduire
l’énergie du soleil, pendant que d’autres hommes, du côté de
l’Orient,
neȱseȱsoucientȱqueȱduȱvoileȱdesȱfemmesȱ;ȱilsȱseȱdemandentȱquelȱtissu,ȱquelleȱ
couleur,ȱ quelleȱ longueurȱ seraientȱ aptesȱ àȱ mieuxȱ dissimulerȱ laȱ chevelureȱ desȱ
femmes,ȱdeȱquelȱpied,ȱleȱdroitȱouȱleȱgauche,ȱilȱfautȱentrerȱdansȱlesȱtoilettes,ȱetȱ
s’ilȱestȱpermisȱdeȱmangerȱuneȱvolailleȱsodomisée.(p.241).
neȱseȱsoucientȱqueȱduȱvoileȱdesȱfemmesȱ;ȱilsȱseȱdemandentȱquelȱtissu,ȱquelleȱ
couleur,ȱ quelleȱ longueurȱ seraientȱ aptesȱ àȱ mieuxȱ dissimulerȱ laȱ chevelureȱ desȱ
femmes,ȱdeȱquelȱpied,ȱleȱdroitȱouȱleȱgauche,ȱilȱfautȱentrerȱdansȱlesȱtoilettes,ȱetȱ
s’ilȱestȱpermisȱdeȱmangerȱuneȱvolailleȱsodomisée.(p.241).
Un rapprochement de cette nature interpelle l’élève
forcément. Que l’on se rendre compte: d’un côté on pense à
conquérirlaplanèteMarsetdel’autre,onchercheàsavoircomment
ouparquelpiedentrerdanslestoilettes!D’autresrapprochements
le feront forcément réfléchiraussi, comme quand, traitantdans une
autre lettre à Montesquieu de la grande liberté sexuelle en France,
l’auteur prend soinde préciserqu’en revanche la pédophilie estun
crime dans ce pays, «alors qu’en Iran comme dans beaucoup de
pays musulmans – ajoutetelle – les fillettes sont bonnes à marier
dèsl’âgedeneufans»(p.200).
Un rapprochement de cette nature interpelle l’élève
forcément. Que l’on se rendre compte: d’un côté on pense à
conquérirlaplanèteMarsetdel’autre,onchercheàsavoircomment
ouparquelpiedentrerdanslestoilettes!D’autresrapprochements
le feront forcément réfléchiraussi, comme quand, traitantdans une
autre lettre à Montesquieu de la grande liberté sexuelle en France,
l’auteur prend soinde préciserqu’en revanche la pédophilie estun
crime dans ce pays, «alors qu’en Iran comme dans beaucoup de
pays musulmans – ajoutetelle – les fillettes sont bonnes à marier
dèsl’âgedeneufans»(p.200).
On demandera à l’élève le cas échéant de faire l’effort
d’imaginercequ’unFrançaispourraitpenserdecesmariageslà,de
se voir comme l’Autre nous verrait – exercice de décentrement qui
estaucœurdudispositifpédagogique,demiseàdistancedesoi,qui
préfigureunretoursursoi,uneremiseencausedesoi…Laréussite
estaubout.Danslecasconsidéré,cetteréussiteseralàquandl’élève
musulman en arrive à se demander en fin de compte, si ce type de
mariage (avec la fillette de neuf ans) n’est pas une forme de
pédophilie…
On demandera à l’élève le cas échéant de faire l’effort
d’imaginercequ’unFrançaispourraitpenserdecesmariageslà,de
se voir comme l’Autre nous verrait – exercice de décentrement qui
estaucœurdudispositifpédagogique,demiseàdistancedesoi,qui
préfigureunretoursursoi,uneremiseencausedesoi…Laréussite
estaubout.Danslecasconsidéré,cetteréussiteseralàquandl’élève
musulman en arrive à se demander en fin de compte, si ce type de
mariage (avec la fillette de neuf ans) n’est pas une forme de
pédophilie…
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qu’iraniens.Leproblèmeestquelesélèvesrefusentdelire(oudelire
intégralement)uneœuvre–d’oùl’utilitédemisersurlesséquences
oulesextraitslesplussignificatifsetdesexercicesappropriés.
qu’iraniens.Leproblèmeestquelesélèvesrefusentdelire(oudelire
intégralement)uneœuvre–d’oùl’utilitédemisersurlesséquences
oulesextraitslesplussignificatifsetdesexercicesappropriés.
Séquences qui frappent l’esprit, d’abord, qui peuvent
produire un déclic. Je songe entre autres celle où l’auteur met en
avantcemomentbiencurieuxdenotrehistoireoùcertainshommes,
du côté de l’Occident, développent des recherches de pointe par
exemple en génétique pour triompher des maladies jusqu’ici
invaincues, en physique pour visiter les astres ou reproduire
l’énergie du soleil, pendant que d’autres hommes, du côté de
l’Orient,
Séquences qui frappent l’esprit, d’abord, qui peuvent
produire un déclic. Je songe entre autres celle où l’auteur met en
avantcemomentbiencurieuxdenotrehistoireoùcertainshommes,
du côté de l’Occident, développent des recherches de pointe par
exemple en génétique pour triompher des maladies jusqu’ici
invaincues, en physique pour visiter les astres ou reproduire
l’énergie du soleil, pendant que d’autres hommes, du côté de
l’Orient,
neȱseȱsoucientȱqueȱduȱvoileȱdesȱfemmesȱ;ȱilsȱseȱdemandentȱquelȱtissu,ȱquelleȱ
couleur,ȱ quelleȱ longueurȱ seraientȱ aptesȱ àȱ mieuxȱ dissimulerȱ laȱ chevelureȱ desȱ
femmes,ȱdeȱquelȱpied,ȱleȱdroitȱouȱleȱgauche,ȱilȱfautȱentrerȱdansȱlesȱtoilettes,ȱetȱ
s’ilȱestȱpermisȱdeȱmangerȱuneȱvolailleȱsodomisée.(p.241).
neȱseȱsoucientȱqueȱduȱvoileȱdesȱfemmesȱ;ȱilsȱseȱdemandentȱquelȱtissu,ȱquelleȱ
couleur,ȱ quelleȱ longueurȱ seraientȱ aptesȱ àȱ mieuxȱ dissimulerȱ laȱ chevelureȱ desȱ
femmes,ȱdeȱquelȱpied,ȱleȱdroitȱouȱleȱgauche,ȱilȱfautȱentrerȱdansȱlesȱtoilettes,ȱetȱ
s’ilȱestȱpermisȱdeȱmangerȱuneȱvolailleȱsodomisée.(p.241).
Un rapprochement de cette nature interpelle l’élève
forcément. Que l’on se rendre compte: d’un côté on pense à
conquérirlaplanèteMarsetdel’autre,onchercheàsavoircomment
ouparquelpiedentrerdanslestoilettes!D’autresrapprochements
le feront forcément réfléchiraussi, comme quand, traitantdans une
autre lettre à Montesquieu de la grande liberté sexuelle en France,
l’auteur prend soinde préciserqu’en revanche la pédophilie estun
crime dans ce pays, «alors qu’en Iran comme dans beaucoup de
pays musulmans – ajoutetelle – les fillettes sont bonnes à marier
dèsl’âgedeneufans»(p.200).
Un rapprochement de cette nature interpelle l’élève
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conquérirlaplanèteMarsetdel’autre,onchercheàsavoircomment
ouparquelpiedentrerdanslestoilettes!D’autresrapprochements
le feront forcément réfléchiraussi, comme quand, traitantdans une
autre lettre à Montesquieu de la grande liberté sexuelle en France,
l’auteur prend soinde préciserqu’en revanche la pédophilie estun
crime dans ce pays, «alors qu’en Iran comme dans beaucoup de
pays musulmans – ajoutetelle – les fillettes sont bonnes à marier
dèsl’âgedeneufans»(p.200).
On demandera à l’élève le cas échéant de faire l’effort
d’imaginercequ’unFrançaispourraitpenserdecesmariageslà,de
se voir comme l’Autre nous verrait – exercice de décentrement qui
estaucœurdudispositifpédagogique,demiseàdistancedesoi,qui
préfigureunretoursursoi,uneremiseencausedesoi…Laréussite
estaubout.Danslecasconsidéré,cetteréussiteseralàquandl’élève
musulman en arrive à se demander en fin de compte, si ce type de
mariage (avec la fillette de neuf ans) n’est pas une forme de
pédophilie…
On demandera à l’élève le cas échéant de faire l’effort
d’imaginercequ’unFrançaispourraitpenserdecesmariageslà,de
se voir comme l’Autre nous verrait – exercice de décentrement qui
estaucœurdudispositifpédagogique,demiseàdistancedesoi,qui
préfigureunretoursursoi,uneremiseencausedesoi…Laréussite
estaubout.Danslecasconsidéré,cetteréussiteseralàquandl’élève
musulman en arrive à se demander en fin de compte, si ce type de
mariage (avec la fillette de neuf ans) n’est pas une forme de
pédophilie…
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Cet élève sera convaincu, en fin de compte aussi, qu’on ne
peutvraimentseconnaîtrequ’àtraversl’Autre,–etliraavecplaisir
CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ? RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
Cet élève sera convaincu, en fin de compte aussi, qu’on ne
peutvraimentseconnaîtrequ’àtraversl’Autre,–etliraavecplaisir
CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ? RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,ȱ
Bruxelles,DeBoekDuculot.
DJAVANN Chahdortt, 2006, Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ Françaisȱ? Paris,
Flammarion.
LITSMarc,1994,Approcheȱinterculturelleȱetȱidentitéȱnarrative,Paris,Etudesde
LinguistiqueAppliquée,n°93.
MONTESQUIEU CharlesLouis, 1993, Lettresȱ persanes, Paris, Booking
International.
PRETCEILLE ABDALLAH Martine, 1986, Versȱ uneȱ pédagogieȱ interculturelle,ȱ
Paris,Pub.delaSorbonne,INRP.ȱȱ
SEOUD Amor, 1997, Lesȱ Lettresȱ persanesȱ ouȱ lesȱ fondementsȱ d’uneȱ pédagogieȱ
interculturelle,Namur,Enjeux,n°41,CEDOCEF.
TODOROVTzvetan,1989,Nousȱetȱlesȱautres,Paris,Ed.duSeuil.
COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,ȱ
Bruxelles,DeBoekDuculot.
DJAVANN Chahdortt, 2006, Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ Françaisȱ? Paris,
Flammarion.
LITSMarc,1994,Approcheȱinterculturelleȱetȱidentitéȱnarrative,Paris,Etudesde
LinguistiqueAppliquée,n°93.
MONTESQUIEU CharlesLouis, 1993, Lettresȱ persanes, Paris, Booking
International.
PRETCEILLE ABDALLAH Martine, 1986, Versȱ uneȱ pédagogieȱ interculturelle,ȱ
Paris,Pub.delaSorbonne,INRP.ȱȱ
SEOUD Amor, 1997, Lesȱ Lettresȱ persanesȱ ouȱ lesȱ fondementsȱ d’uneȱ pédagogieȱ
interculturelle,Namur,Enjeux,n°41,CEDOCEF.
TODOROVTzvetan,1989,Nousȱetȱlesȱautres,Paris,Ed.duSeuil.
ABSTRACTȱ
ȱ
ABSTRACTȱ
ȱ
Our intervention will attempt to show that a current text of the
Frenchspeaking literature, How we can be French? The novel of Chadortt
Djavann,Iranianwomanwriter,comestoenrichthefieldoftheintercultural
knowledge, by underlining which type of educational exploitation can be
made.Itthusjoinsinthetheoreticalframeoftheinterculturalpedagogy,as
far as the notion of intercultural corresponds to a dialectical initiative of
knowledge of one by the other one and the other one by one initiative of
whomwethinkthatitmissescruellyinourclassesofFrench,forlackofa
educationalpoliticstoday,whichadmitsthehypothesisthatanyeducation
ispolitical.ȱ
84
Our intervention will attempt to show that a current text of the
Frenchspeaking literature, How we can be French? The novel of Chadortt
Djavann,Iranianwomanwriter,comestoenrichthefieldoftheintercultural
knowledge, by underlining which type of educational exploitation can be
made.Itthusjoinsinthetheoreticalframeoftheinterculturalpedagogy,as
far as the notion of intercultural corresponds to a dialectical initiative of
knowledge of one by the other one and the other one by one initiative of
whomwethinkthatitmissescruellyinourclassesofFrench,forlackofa
educationalpoliticstoday,whichadmitsthehypothesisthatanyeducation
ispolitical.ȱ
84
Cet élève sera convaincu, en fin de compte aussi, qu’on ne
peutvraimentseconnaîtrequ’àtraversl’Autre,–etliraavecplaisir
CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ? RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
Cet élève sera convaincu, en fin de compte aussi, qu’on ne
peutvraimentseconnaîtrequ’àtraversl’Autre,–etliraavecplaisir
CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ? RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,ȱ
Bruxelles,DeBoekDuculot.
DJAVANN Chahdortt, 2006, Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ Françaisȱ? Paris,
Flammarion.
LITSMarc,1994,Approcheȱinterculturelleȱetȱidentitéȱnarrative,Paris,Etudesde
LinguistiqueAppliquée,n°93.
MONTESQUIEU CharlesLouis, 1993, Lettresȱ persanes, Paris, Booking
International.
PRETCEILLE ABDALLAH Martine, 1986, Versȱ uneȱ pédagogieȱ interculturelle,ȱ
Paris,Pub.delaSorbonne,INRP.ȱȱ
SEOUD Amor, 1997, Lesȱ Lettresȱ persanesȱ ouȱ lesȱ fondementsȱ d’uneȱ pédagogieȱ
interculturelle,Namur,Enjeux,n°41,CEDOCEF.
TODOROVTzvetan,1989,Nousȱetȱlesȱautres,Paris,Ed.duSeuil.
COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,ȱ
Bruxelles,DeBoekDuculot.
DJAVANN Chahdortt, 2006, Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ Françaisȱ? Paris,
Flammarion.
LITSMarc,1994,Approcheȱinterculturelleȱetȱidentitéȱnarrative,Paris,Etudesde
LinguistiqueAppliquée,n°93.
MONTESQUIEU CharlesLouis, 1993, Lettresȱ persanes, Paris, Booking
International.
PRETCEILLE ABDALLAH Martine, 1986, Versȱ uneȱ pédagogieȱ interculturelle,ȱ
Paris,Pub.delaSorbonne,INRP.ȱȱ
SEOUD Amor, 1997, Lesȱ Lettresȱ persanesȱ ouȱ lesȱ fondementsȱ d’uneȱ pédagogieȱ
interculturelle,Namur,Enjeux,n°41,CEDOCEF.
TODOROVTzvetan,1989,Nousȱetȱlesȱautres,Paris,Ed.duSeuil.
ABSTRACTȱ
ȱ
ABSTRACTȱ
ȱ
Our intervention will attempt to show that a current text of the
Frenchspeaking literature, How we can be French? The novel of Chadortt
Djavann,Iranianwomanwriter,comestoenrichthefieldoftheintercultural
knowledge, by underlining which type of educational exploitation can be
made.Itthusjoinsinthetheoreticalframeoftheinterculturalpedagogy,as
far as the notion of intercultural corresponds to a dialectical initiative of
knowledge of one by the other one and the other one by one initiative of
whomwethinkthatitmissescruellyinourclassesofFrench,forlackofa
educationalpoliticstoday,whichadmitsthehypothesisthatanyeducation
ispolitical.ȱ
84
Our intervention will attempt to show that a current text of the
Frenchspeaking literature, How we can be French? The novel of Chadortt
Djavann,Iranianwomanwriter,comestoenrichthefieldoftheintercultural
knowledge, by underlining which type of educational exploitation can be
made.Itthusjoinsinthetheoreticalframeoftheinterculturalpedagogy,as
far as the notion of intercultural corresponds to a dialectical initiative of
knowledge of one by the other one and the other one by one initiative of
whomwethinkthatitmissescruellyinourclassesofFrench,forlackofa
educationalpoliticstoday,whichadmitsthehypothesisthatanyeducation
ispolitical.ȱ
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ȱ
ȱ
ȱ
ȱ
ȱ
ȱ
Métissagesȱlinguistiquesȱetȱtextuelsȱ
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______________________________________ȱ
______________________________________ȱ
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Métissagesȱlinguistiquesȱetȱtextuelsȱ
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ȱ
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ȱ
MÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱETȱCULTURELȱ
DANSȱL’ŒUVREȱROMANESQUEȱDEȱ
L’ÉCRIVAINȱALGÉRIENȱ
FRANCOPHONEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ
MÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱETȱCULTURELȱ
DANSȱL’ŒUVREȱROMANESQUEȱDEȱ
L’ÉCRIVAINȱALGÉRIENȱ
FRANCOPHONEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ
ȱ
ȱ
YasmineȱABBESȬȱKARAȱ
ENSȱLSH,ȱBouzaréah,ȱAlgerȱ
YasmineȱABBESȬȱKARAȱ
ENSȱLSH,ȱBouzaréah,ȱAlgerȱ
ȱ
ȱ
ȈEcrireȱenȱarabe,ȱcȇestȱpourȱnousȱcommeȱnousȱregarderȱdansȱunȱ
miroir.ȱLeȱfrançaisȱnousȱobligeȱàȱunȱapprofondissementȱenȱnousȱ
forçantȱ àȱ transposerȈȱ Mouloud Mammeriȱ (1987),ȱ Entretien
avec Tahar Djaout,ȱ Editionȱ Laphomic,ȱ collectionȱ
Itinéraires.ȱ
ȈEcrireȱenȱarabe,ȱcȇestȱpourȱnousȱcommeȱnousȱregarderȱdansȱunȱ
miroir.ȱLeȱfrançaisȱnousȱobligeȱàȱunȱapprofondissementȱenȱnousȱ
forçantȱ àȱ transposerȈȱ Mouloud Mammeriȱ (1987),ȱ Entretien
avec Tahar Djaout,ȱ Editionȱ Laphomic,ȱ collectionȱ
Itinéraires.ȱ
ȱ
ȱ
Nousnousproposonsdemontrerdanscetteétude,comment
s’inscrit et se manifeste le métissage linguistique et culturel dans
l’œuvre de M. Mammeri, représentative de la littérature algérienne
des années cinquante et comment la singularité de son écriture
ressortit de son imprégnation par les lieux physiques et culturels.
Néedansuncontextedecolonisationetdecrisepostindépendance,
cettelittératures’articulesurundoubleréférentetdecefaitelleest
travailléeparundiscoursdumétissagequisemodifieenfonctiondu
groupesocialauquelappartiennentlesauteurs.
Nousnousproposonsdemontrerdanscetteétude,comment
s’inscrit et se manifeste le métissage linguistique et culturel dans
l’œuvre de M. Mammeri, représentative de la littérature algérienne
des années cinquante et comment la singularité de son écriture
ressortit de son imprégnation par les lieux physiques et culturels.
Néedansuncontextedecolonisationetdecrisepostindépendance,
cettelittératures’articulesurundoubleréférentetdecefaitelleest
travailléeparundiscoursdumétissagequisemodifieenfonctiondu
groupesocialauquelappartiennentlesauteurs.
Parȱ sonȱ élaborationȱ linguistique,ȱ sesȱ référencesȱ culturelles,ȱ lesȱ mythologiesȱ
qu’elleȱ metȱ enȱ œuvre,ȱ lesȱ transactionsȱ génériquesȱ qu’elleȱ opère,ȱ leȱ travailȱ
métaphoriqueȱ (enȱ priseȱ surȱ unȱ imaginaireȱ etȱ uneȱ imagerieȱ nourrieȱ àȱ deuxȱ
sources,ȱqu’elleȱélaboreȱauȱmoins),ȱelleȱtenteȱȱd’exhiberȱet/ouȱdeȱtransgresserȱ
lesȱ frontièresȱ géographiques,ȱ linguistiques,ȱ civilisationnelles,ȱ culturellesȱ etȱȱ
donneȱȱnaissanceȱàȱdesȱformesȱdeȱl’hétérogène.(Khadda,1996:12)
Parȱ sonȱ élaborationȱ linguistique,ȱ sesȱ référencesȱ culturelles,ȱ lesȱ mythologiesȱ
qu’elleȱ metȱ enȱ œuvre,ȱ lesȱ transactionsȱ génériquesȱ qu’elleȱ opère,ȱ leȱ travailȱ
métaphoriqueȱ (enȱ priseȱ surȱ unȱ imaginaireȱ etȱ uneȱ imagerieȱ nourrieȱ àȱ deuxȱ
sources,ȱqu’elleȱélaboreȱauȱmoins),ȱelleȱtenteȱȱd’exhiberȱet/ouȱdeȱtransgresserȱ
lesȱ frontièresȱ géographiques,ȱ linguistiques,ȱ civilisationnelles,ȱ culturellesȱ etȱȱ
donneȱȱnaissanceȱàȱdesȱformesȱdeȱl’hétérogène.(Khadda,1996:12)
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MÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱETȱCULTURELȱ
DANSȱL’ŒUVREȱROMANESQUEȱDEȱ
L’ÉCRIVAINȱALGÉRIENȱ
FRANCOPHONEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ
MÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱETȱCULTURELȱ
DANSȱL’ŒUVREȱROMANESQUEȱDEȱ
L’ÉCRIVAINȱALGÉRIENȱ
FRANCOPHONEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ
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YasmineȱABBESȬȱKARAȱ
ENSȱLSH,ȱBouzaréah,ȱAlgerȱ
YasmineȱABBESȬȱKARAȱ
ENSȱLSH,ȱBouzaréah,ȱAlgerȱ
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miroir.ȱLeȱfrançaisȱnousȱobligeȱàȱunȱapprofondissementȱenȱnousȱ
forçantȱ àȱ transposerȈȱ Mouloud Mammeriȱ (1987),ȱ Entretien
avec Tahar Djaout,ȱ Editionȱ Laphomic,ȱ collectionȱ
Itinéraires.ȱ
ȈEcrireȱenȱarabe,ȱcȇestȱpourȱnousȱcommeȱnousȱregarderȱdansȱunȱ
miroir.ȱLeȱfrançaisȱnousȱobligeȱàȱunȱapprofondissementȱenȱnousȱ
forçantȱ àȱ transposerȈȱ Mouloud Mammeriȱ (1987),ȱ Entretien
avec Tahar Djaout,ȱ Editionȱ Laphomic,ȱ collectionȱ
Itinéraires.ȱ
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Nousnousproposonsdemontrerdanscetteétude,comment
s’inscrit et se manifeste le métissage linguistique et culturel dans
l’œuvre de M. Mammeri, représentative de la littérature algérienne
des années cinquante et comment la singularité de son écriture
ressortit de son imprégnation par les lieux physiques et culturels.
Néedansuncontextedecolonisationetdecrisepostindépendance,
cettelittératures’articulesurundoubleréférentetdecefaitelleest
travailléeparundiscoursdumétissagequisemodifieenfonctiondu
groupesocialauquelappartiennentlesauteurs.
Nousnousproposonsdemontrerdanscetteétude,comment
s’inscrit et se manifeste le métissage linguistique et culturel dans
l’œuvre de M. Mammeri, représentative de la littérature algérienne
des années cinquante et comment la singularité de son écriture
ressortit de son imprégnation par les lieux physiques et culturels.
Néedansuncontextedecolonisationetdecrisepostindépendance,
cettelittératures’articulesurundoubleréférentetdecefaitelleest
travailléeparundiscoursdumétissagequisemodifieenfonctiondu
groupesocialauquelappartiennentlesauteurs.
Parȱ sonȱ élaborationȱ linguistique,ȱ sesȱ référencesȱ culturelles,ȱ lesȱ mythologiesȱ
qu’elleȱ metȱ enȱ œuvre,ȱ lesȱ transactionsȱ génériquesȱ qu’elleȱ opère,ȱ leȱ travailȱ
métaphoriqueȱ (enȱ priseȱ surȱ unȱ imaginaireȱ etȱ uneȱ imagerieȱ nourrieȱ àȱ deuxȱ
sources,ȱqu’elleȱélaboreȱauȱmoins),ȱelleȱtenteȱȱd’exhiberȱet/ouȱdeȱtransgresserȱ
lesȱ frontièresȱ géographiques,ȱ linguistiques,ȱ civilisationnelles,ȱ culturellesȱ etȱȱ
donneȱȱnaissanceȱàȱdesȱformesȱdeȱl’hétérogène.(Khadda,1996:12)
Parȱ sonȱ élaborationȱ linguistique,ȱ sesȱ référencesȱ culturelles,ȱ lesȱ mythologiesȱ
qu’elleȱ metȱ enȱ œuvre,ȱ lesȱ transactionsȱ génériquesȱ qu’elleȱ opère,ȱ leȱ travailȱ
métaphoriqueȱ (enȱ priseȱ surȱ unȱ imaginaireȱ etȱ uneȱ imagerieȱ nourrieȱ àȱ deuxȱ
sources,ȱqu’elleȱélaboreȱauȱmoins),ȱelleȱtenteȱȱd’exhiberȱet/ouȱdeȱtransgresserȱ
lesȱ frontièresȱ géographiques,ȱ linguistiques,ȱ civilisationnelles,ȱ culturellesȱ etȱȱ
donneȱȱnaissanceȱàȱdesȱformesȱdeȱl’hétérogène.(Khadda,1996:12)
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Commentsemanifestecetravailderéécritureetcommentse
situetil d’emblée dans le métissage et donc dans l’interspécificité,
l’hybridation? Comment faitil de l’hybride sa spécificité en
déconstruisantl’oppositionuniverselversusspécifique?
Les manifestations, les enjeux et les effets du métissage
linguistiqueentantqu’écriturehybridepourraientêtreappréhendés
à travers le discours sur les langues et à partir des jeux de
déconstruction/reconstruction du signe linguistique. Ce sont
uniquement ces deux aspects qui seront examinés. Ma réflexion
s’appuiesurlesprincipesetlesdémarchesdel’analysedudiscours
maisaussisurdesthéoriesempruntéesàlasociolinguistique.
I.ȱ APERÇUȱ SURȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ MAGHRÉBINEȱ
D’EXPRESSIONȱFRANÇAISE.ȱ
Les manifestations, les enjeux et les effets du métissage
linguistiqueentantqu’écriturehybridepourraientêtreappréhendés
à travers le discours sur les langues et à partir des jeux de
déconstruction/reconstruction du signe linguistique. Ce sont
uniquement ces deux aspects qui seront examinés. Ma réflexion
s’appuiesurlesprincipesetlesdémarchesdel’analysedudiscours
maisaussisurdesthéoriesempruntéesàlasociolinguistique.
I.ȱ APERÇUȱ SURȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ MAGHRÉBINEȱ
D’EXPRESSIONȱFRANÇAISE.ȱ
Commentsemanifestecetravailderéécritureetcommentse
situetil d’emblée dans le métissage et donc dans l’interspécificité,
l’hybridation? Comment faitil de l’hybride sa spécificité en
déconstruisantl’oppositionuniverselversusspécifique?
Lémergence d’une littérature maghrébine dexpression
française se situe, en Algérie, aux alentours du début de la
colonisation. Elle est produite par des autochtones et par des
Français.Lalittératurecoloniales’estdéveloppéeenplusieursétapes
et a évolué selon le regard porté sur l’Algérie en ce tempslà. Une
littératureexotique,«faiteȱdeȱclichésȱsurȱleȱdésert,ȱlesȱcolons,ȱlesȱspahisȱouȱ
lesȱ caïds» est d’abord produite par des écrivains comme Guy de
Maupassant et Flaubert, venus dans ce pays pour chercher le
dépaysement.Eneffet,de
Lémergence d’une littérature maghrébine dexpression
française se situe, en Algérie, aux alentours du début de la
colonisation. Elle est produite par des autochtones et par des
Français.Lalittératurecoloniales’estdéveloppéeenplusieursétapes
et a évolué selon le regard porté sur l’Algérie en ce tempslà. Une
littératureexotique,«faiteȱdeȱclichésȱsurȱleȱdésert,ȱlesȱcolons,ȱlesȱspahisȱouȱ
lesȱ caïds» est d’abord produite par des écrivains comme Guy de
Maupassant et Flaubert, venus dans ce pays pour chercher le
dépaysement.Eneffet,de
1830ȱàȱ1900,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱuneȱterreȱdeȱconquêteȱetȱdeȱsensationsȱȱ
nouvellesȱ:ȱ terreȱ deȱ conquêteȱ àȱ traversȱ lesȱ témoignagesȱ deȱ militaires,ȱ lesȱ
mémoiresȱ deȱ généraux,ȱ lesȱ récitsȱ deȱ correspondantsȱ deȱ guerreȱ ;ȱ terreȱ deȱ
sensationsȱnouvellesȱchezȱcesȱécrivainsȱ(touristiques)ȱvenantȱyȱchercherȱuneȱ
nouvelleȱ Italieȱ ouȱ unȱ Orientȱ nouveauȱ etȱ ravisȱ deȱ rajeunirȱ lesȱ poncifsȱ
romantiques.ȱ(Déjeux,1980:13)
1830ȱàȱ1900,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱuneȱterreȱdeȱconquêteȱetȱdeȱsensationsȱȱ
nouvellesȱ:ȱ terreȱ deȱ conquêteȱ àȱ traversȱ lesȱ témoignagesȱ deȱ militaires,ȱ lesȱ
mémoiresȱ deȱ généraux,ȱ lesȱ récitsȱ deȱ correspondantsȱ deȱ guerreȱ ;ȱ terreȱ deȱ
sensationsȱnouvellesȱchezȱcesȱécrivainsȱ(touristiques)ȱvenantȱyȱchercherȱuneȱ
nouvelleȱ Italieȱ ouȱ unȱ Orientȱ nouveauȱ etȱ ravisȱ deȱ rajeunirȱ lesȱ poncifsȱ
romantiques.ȱ(Déjeux,1980:13)
Ensuite,de
Ensuite,de
1900ȱàȱ1935,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱunȱterroir.ȱElleȱseȱdonneȱpourȱfonctionȱ
deȱ fonderȱ uneȱ patrieȱ algérienneȱ àȱ l’idéologieȱ inégalitaireȱ oùȱ l’autochtoneȱ
88
1900ȱàȱ1935,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱunȱterroir.ȱElleȱseȱdonneȱpourȱfonctionȱ
deȱ fonderȱ uneȱ patrieȱ algérienneȱ àȱ l’idéologieȱ inégalitaireȱ oùȱ l’autochtoneȱ
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Commentsemanifestecetravailderéécritureetcommentse
situetil d’emblée dans le métissage et donc dans l’interspécificité,
l’hybridation? Comment faitil de l’hybride sa spécificité en
déconstruisantl’oppositionuniverselversusspécifique?
Les manifestations, les enjeux et les effets du métissage
linguistiqueentantqu’écriturehybridepourraientêtreappréhendés
à travers le discours sur les langues et à partir des jeux de
déconstruction/reconstruction du signe linguistique. Ce sont
uniquement ces deux aspects qui seront examinés. Ma réflexion
s’appuiesurlesprincipesetlesdémarchesdel’analysedudiscours
maisaussisurdesthéoriesempruntéesàlasociolinguistique.
I.ȱ APERÇUȱ SURȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ MAGHRÉBINEȱ
D’EXPRESSIONȱFRANÇAISE.ȱ
Les manifestations, les enjeux et les effets du métissage
linguistiqueentantqu’écriturehybridepourraientêtreappréhendés
à travers le discours sur les langues et à partir des jeux de
déconstruction/reconstruction du signe linguistique. Ce sont
uniquement ces deux aspects qui seront examinés. Ma réflexion
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maisaussisurdesthéoriesempruntéesàlasociolinguistique.
I.ȱ APERÇUȱ SURȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ MAGHRÉBINEȱ
D’EXPRESSIONȱFRANÇAISE.ȱ
Commentsemanifestecetravailderéécritureetcommentse
situetil d’emblée dans le métissage et donc dans l’interspécificité,
l’hybridation? Comment faitil de l’hybride sa spécificité en
déconstruisantl’oppositionuniverselversusspécifique?
Lémergence d’une littérature maghrébine dexpression
française se situe, en Algérie, aux alentours du début de la
colonisation. Elle est produite par des autochtones et par des
Français.Lalittératurecoloniales’estdéveloppéeenplusieursétapes
et a évolué selon le regard porté sur l’Algérie en ce tempslà. Une
littératureexotique,«faiteȱdeȱclichésȱsurȱleȱdésert,ȱlesȱcolons,ȱlesȱspahisȱouȱ
lesȱ caïds» est d’abord produite par des écrivains comme Guy de
Maupassant et Flaubert, venus dans ce pays pour chercher le
dépaysement.Eneffet,de
Lémergence d’une littérature maghrébine dexpression
française se situe, en Algérie, aux alentours du début de la
colonisation. Elle est produite par des autochtones et par des
Français.Lalittératurecoloniales’estdéveloppéeenplusieursétapes
et a évolué selon le regard porté sur l’Algérie en ce tempslà. Une
littératureexotique,«faiteȱdeȱclichésȱsurȱleȱdésert,ȱlesȱcolons,ȱlesȱspahisȱouȱ
lesȱ caïds» est d’abord produite par des écrivains comme Guy de
Maupassant et Flaubert, venus dans ce pays pour chercher le
dépaysement.Eneffet,de
1830ȱàȱ1900,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱuneȱterreȱdeȱconquêteȱetȱdeȱsensationsȱȱ
nouvellesȱ:ȱ terreȱ deȱ conquêteȱ àȱ traversȱ lesȱ témoignagesȱ deȱ militaires,ȱ lesȱ
mémoiresȱ deȱ généraux,ȱ lesȱ récitsȱ deȱ correspondantsȱ deȱ guerreȱ ;ȱ terreȱ deȱ
sensationsȱnouvellesȱchezȱcesȱécrivainsȱ(touristiques)ȱvenantȱyȱchercherȱuneȱ
nouvelleȱ Italieȱ ouȱ unȱ Orientȱ nouveauȱ etȱ ravisȱ deȱ rajeunirȱ lesȱ poncifsȱ
romantiques.ȱ(Déjeux,1980:13)
1830ȱàȱ1900,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱuneȱterreȱdeȱconquêteȱetȱdeȱsensationsȱȱ
nouvellesȱ:ȱ terreȱ deȱ conquêteȱ àȱ traversȱ lesȱ témoignagesȱ deȱ militaires,ȱ lesȱ
mémoiresȱ deȱ généraux,ȱ lesȱ récitsȱ deȱ correspondantsȱ deȱ guerreȱ ;ȱ terreȱ deȱ
sensationsȱnouvellesȱchezȱcesȱécrivainsȱ(touristiques)ȱvenantȱyȱchercherȱuneȱ
nouvelleȱ Italieȱ ouȱ unȱ Orientȱ nouveauȱ etȱ ravisȱ deȱ rajeunirȱ lesȱ poncifsȱ
romantiques.ȱ(Déjeux,1980:13)
Ensuite,de
Ensuite,de
1900ȱàȱ1935,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱunȱterroir.ȱElleȱseȱdonneȱpourȱfonctionȱ
deȱ fonderȱ uneȱ patrieȱ algérienneȱ àȱ l’idéologieȱ inégalitaireȱ oùȱ l’autochtoneȱ
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1900ȱàȱ1935,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱunȱterroir.ȱElleȱseȱdonneȱpourȱfonctionȱ
deȱ fonderȱ uneȱ patrieȱ algérienneȱ àȱ l’idéologieȱ inégalitaireȱ oùȱ l’autochtoneȱ
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vivraitȱ enȱ margeȱ deȱ laȱ prospéritéȱ etȱ desȱ privilègesȱ duȱ colon,ȱ quiȱ tireraitȱ saȱ
légitimitéȱhistoriqueȱdeȱl’héritageȱromainȱlégué.(Déjeux,1980:13)
vivraitȱ enȱ margeȱ deȱ laȱ prospéritéȱ etȱ desȱ privilègesȱ duȱ colon,ȱ quiȱ tireraitȱ saȱ
légitimitéȱhistoriqueȱdeȱl’héritageȱromainȱlégué.(Déjeux,1980:13)
Ce renouvellement des thèmes émergea en 1889 avec Sangȱ
desȱracesdeLouisBertrand,IsabelleEberhardt,AndréGideetHenri
deMontherlant.
Enfin,àpartirdesannées35,
Ce renouvellement des thèmes émergea en 1889 avec Sangȱ
desȱracesdeLouisBertrand,IsabelleEberhardt,AndréGideetHenri
deMontherlant.
Enfin,àpartirdesannées35,
lesȱ thèmesȱ seȱ concentrentȱ principalementȱ surȱ uneȱ Algérieȱ méditerranéenneȱ
tournéeȱ versȱ laȱ mer,ȱ maisȱ certainsȱ romanciersȱ raviventȱ aussiȱ desȱ souvenirsȱ
duȱ passéȱ;ȱ d’autresȱ s’attachentȱ àȱ laȱ descriptionȱ deȱ milieuxȱ populaires.
(Khadda,1996:19).
lesȱ thèmesȱ seȱ concentrentȱ principalementȱ surȱ uneȱ Algérieȱ méditerranéenneȱ
tournéeȱ versȱ laȱ mer,ȱ maisȱ certainsȱ romanciersȱ raviventȱ aussiȱ desȱ souvenirsȱ
duȱ passéȱ;ȱ d’autresȱ s’attachentȱ àȱ laȱ descriptionȱ deȱ milieuxȱ populaires.
(Khadda,1996:19).
Pour désigner cette génération d’écrivains, Gabriel Audisio
parle de «l’Ecole d’Alger», alors que Camus lui préfère le nom d’
«Ecolenordafricainedeslettres».
Pour désigner cette génération d’écrivains, Gabriel Audisio
parle de «l’Ecole d’Alger», alors que Camus lui préfère le nom d’
«Ecolenordafricainedeslettres».
Quant à la littérature maghrébine des Maghrébins, Nadjet
Khaddadistinguetroisgénérationsd’écrivains:lespèresfondateurs
(19201950) dontlesœuvrescèdentlepasaudébatidéologiquesur
l’assimilation ont émergé en Tunisie: Tahar Essafi et Mahmoud
Aslam,enAlgérie:SlimaneBenIbrahim(Khadra,ȱdanseuseȱdesȱOuledsȱ
Naïl, 1910), Caïd Ben Chérif, (Ahmedȱ Benȱ Mostapha,ȱ goumier, 1920),
Abdelkader HadjHamou (Zohra,ȱ laȱ femmeȱ duȱ mineur, 1925), Chukri
Khodja(ElȱEudj,ȱcaptifȱdesȱbarbaresques,1929),MohamedOuldCheikh
(Myriamȱ dansȱ lesȱ palmes, 1936), Ali Belhadj (Souvenirsȱ d’enfanceȱ d’unȱ
blédard,1941),LesfrèresZénati(Boulanouar,ȱleȱjeuneȱAlgérien,1945).
Quant à la littérature maghrébine des Maghrébins, Nadjet
Khaddadistinguetroisgénérationsd’écrivains:lespèresfondateurs
(19201950) dontlesœuvrescèdentlepasaudébatidéologiquesur
l’assimilation ont émergé en Tunisie: Tahar Essafi et Mahmoud
Aslam,enAlgérie:SlimaneBenIbrahim(Khadra,ȱdanseuseȱdesȱOuledsȱ
Naïl, 1910), Caïd Ben Chérif, (Ahmedȱ Benȱ Mostapha,ȱ goumier, 1920),
Abdelkader HadjHamou (Zohra,ȱ laȱ femmeȱ duȱ mineur, 1925), Chukri
Khodja(ElȱEudj,ȱcaptifȱdesȱbarbaresques,1929),MohamedOuldCheikh
(Myriamȱ dansȱ lesȱ palmes, 1936), Ali Belhadj (Souvenirsȱ d’enfanceȱ d’unȱ
blédard,1941),LesfrèresZénati(Boulanouar,ȱleȱjeuneȱAlgérien,1945).
Ilsoptèrentpourlechoixde
Ilsoptèrentpourlechoixde
laȱlangueȱétrangèreȱplutôtȱqueȱleȱmutismeȱ(…)ȱLeurȱfrançais,ȱbienȱmaîtrisé,ȱ
n’avaitȱpresqueȱpasȱdeȱrésonanceȱculturelle,ȱilȱétaitȱsansȱmémoireȱouȱpresque,ȱ
ceȱ quiȱ pouvaitȱ permettreȱ unȱ débatȱ politiqueȱ maisȱ plusȱ difficilementȱ uneȱ
expressionȱartistique,ȱn’étantȱpasȱuneȱlangueȱduȱdésir,ȱtoutȱjusteȱuneȱlangueȱ
deȱ nécessité.ȱ Aussiȱ bienȱ cesȱ romansȱ s’attachentȬilsȱ essentiellementȱ àȱ
narrativiserȱ unȱ destinȱ prisȱ entreȱ unȱ êtreȱ araboȬislamiqueȱ dontȱ tousȱ cesȱ
auteursȱfontȱleȱnoyauȱinentamableȱdeȱleurȱspécificitéȱetȱuneȱadhésion,ȱplusȱouȱ
moinsȱ euphorique,ȱ àȱ unȱ idéalȱ deȱ francitéȱ Ȭȱ trèsȱ abstraitȱ Ȭȱ parȱ lequelȱ ilsȱ
s’ouvrentȱàȱlaȱmodernitéȱetȱàȱl’universalité.(Khadda,1996:19)
laȱlangueȱétrangèreȱplutôtȱqueȱleȱmutismeȱ(…)ȱLeurȱfrançais,ȱbienȱmaîtrisé,ȱ
n’avaitȱpresqueȱpasȱdeȱrésonanceȱculturelle,ȱilȱétaitȱsansȱmémoireȱouȱpresque,ȱ
ceȱ quiȱ pouvaitȱ permettreȱ unȱ débatȱ politiqueȱ maisȱ plusȱ difficilementȱ uneȱ
expressionȱartistique,ȱn’étantȱpasȱuneȱlangueȱduȱdésir,ȱtoutȱjusteȱuneȱlangueȱ
deȱ nécessité.ȱ Aussiȱ bienȱ cesȱ romansȱ s’attachentȬilsȱ essentiellementȱ àȱ
narrativiserȱ unȱ destinȱ prisȱ entreȱ unȱ êtreȱ araboȬislamiqueȱ dontȱ tousȱ cesȱ
auteursȱfontȱleȱnoyauȱinentamableȱdeȱleurȱspécificitéȱetȱuneȱadhésion,ȱplusȱouȱ
moinsȱ euphorique,ȱ àȱ unȱ idéalȱ deȱ francitéȱ Ȭȱ trèsȱ abstraitȱ Ȭȱ parȱ lequelȱ ilsȱ
s’ouvrentȱàȱlaȱmodernitéȱetȱàȱl’universalité.(Khadda,1996:19)
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vivraitȱ enȱ margeȱ deȱ laȱ prospéritéȱ etȱ desȱ privilègesȱ duȱ colon,ȱ quiȱ tireraitȱ saȱ
légitimitéȱhistoriqueȱdeȱl’héritageȱromainȱlégué.(Déjeux,1980:13)
vivraitȱ enȱ margeȱ deȱ laȱ prospéritéȱ etȱ desȱ privilègesȱ duȱ colon,ȱ quiȱ tireraitȱ saȱ
légitimitéȱhistoriqueȱdeȱl’héritageȱromainȱlégué.(Déjeux,1980:13)
Ce renouvellement des thèmes émergea en 1889 avec Sangȱ
desȱracesdeLouisBertrand,IsabelleEberhardt,AndréGideetHenri
deMontherlant.
Enfin,àpartirdesannées35,
Ce renouvellement des thèmes émergea en 1889 avec Sangȱ
desȱracesdeLouisBertrand,IsabelleEberhardt,AndréGideetHenri
deMontherlant.
Enfin,àpartirdesannées35,
lesȱ thèmesȱ seȱ concentrentȱ principalementȱ surȱ uneȱ Algérieȱ méditerranéenneȱ
tournéeȱ versȱ laȱ mer,ȱ maisȱ certainsȱ romanciersȱ raviventȱ aussiȱ desȱ souvenirsȱ
duȱ passéȱ;ȱ d’autresȱ s’attachentȱ àȱ laȱ descriptionȱ deȱ milieuxȱ populaires.
(Khadda,1996:19).
lesȱ thèmesȱ seȱ concentrentȱ principalementȱ surȱ uneȱ Algérieȱ méditerranéenneȱ
tournéeȱ versȱ laȱ mer,ȱ maisȱ certainsȱ romanciersȱ raviventȱ aussiȱ desȱ souvenirsȱ
duȱ passéȱ;ȱ d’autresȱ s’attachentȱ àȱ laȱ descriptionȱ deȱ milieuxȱ populaires.
(Khadda,1996:19).
Pour désigner cette génération d’écrivains, Gabriel Audisio
parle de «l’Ecole d’Alger», alors que Camus lui préfère le nom d’
«Ecolenordafricainedeslettres».
Pour désigner cette génération d’écrivains, Gabriel Audisio
parle de «l’Ecole d’Alger», alors que Camus lui préfère le nom d’
«Ecolenordafricainedeslettres».
Quant à la littérature maghrébine des Maghrébins, Nadjet
Khaddadistinguetroisgénérationsd’écrivains:lespèresfondateurs
(19201950) dontlesœuvrescèdentlepasaudébatidéologiquesur
l’assimilation ont émergé en Tunisie: Tahar Essafi et Mahmoud
Aslam,enAlgérie:SlimaneBenIbrahim(Khadra,ȱdanseuseȱdesȱOuledsȱ
Naïl, 1910), Caïd Ben Chérif, (Ahmedȱ Benȱ Mostapha,ȱ goumier, 1920),
Abdelkader HadjHamou (Zohra,ȱ laȱ femmeȱ duȱ mineur, 1925), Chukri
Khodja(ElȱEudj,ȱcaptifȱdesȱbarbaresques,1929),MohamedOuldCheikh
(Myriamȱ dansȱ lesȱ palmes, 1936), Ali Belhadj (Souvenirsȱ d’enfanceȱ d’unȱ
blédard,1941),LesfrèresZénati(Boulanouar,ȱleȱjeuneȱAlgérien,1945).
Quant à la littérature maghrébine des Maghrébins, Nadjet
Khaddadistinguetroisgénérationsd’écrivains:lespèresfondateurs
(19201950) dontlesœuvrescèdentlepasaudébatidéologiquesur
l’assimilation ont émergé en Tunisie: Tahar Essafi et Mahmoud
Aslam,enAlgérie:SlimaneBenIbrahim(Khadra,ȱdanseuseȱdesȱOuledsȱ
Naïl, 1910), Caïd Ben Chérif, (Ahmedȱ Benȱ Mostapha,ȱ goumier, 1920),
Abdelkader HadjHamou (Zohra,ȱ laȱ femmeȱ duȱ mineur, 1925), Chukri
Khodja(ElȱEudj,ȱcaptifȱdesȱbarbaresques,1929),MohamedOuldCheikh
(Myriamȱ dansȱ lesȱ palmes, 1936), Ali Belhadj (Souvenirsȱ d’enfanceȱ d’unȱ
blédard,1941),LesfrèresZénati(Boulanouar,ȱleȱjeuneȱAlgérien,1945).
Ilsoptèrentpourlechoixde
Ilsoptèrentpourlechoixde
laȱlangueȱétrangèreȱplutôtȱqueȱleȱmutismeȱ(…)ȱLeurȱfrançais,ȱbienȱmaîtrisé,ȱ
n’avaitȱpresqueȱpasȱdeȱrésonanceȱculturelle,ȱilȱétaitȱsansȱmémoireȱouȱpresque,ȱ
ceȱ quiȱ pouvaitȱ permettreȱ unȱ débatȱ politiqueȱ maisȱ plusȱ difficilementȱ uneȱ
expressionȱartistique,ȱn’étantȱpasȱuneȱlangueȱduȱdésir,ȱtoutȱjusteȱuneȱlangueȱ
deȱ nécessité.ȱ Aussiȱ bienȱ cesȱ romansȱ s’attachentȬilsȱ essentiellementȱ àȱ
narrativiserȱ unȱ destinȱ prisȱ entreȱ unȱ êtreȱ araboȬislamiqueȱ dontȱ tousȱ cesȱ
auteursȱfontȱleȱnoyauȱinentamableȱdeȱleurȱspécificitéȱetȱuneȱadhésion,ȱplusȱouȱ
moinsȱ euphorique,ȱ àȱ unȱ idéalȱ deȱ francitéȱ Ȭȱ trèsȱ abstraitȱ Ȭȱ parȱ lequelȱ ilsȱ
s’ouvrentȱàȱlaȱmodernitéȱetȱàȱl’universalité.(Khadda,1996:19)
laȱlangueȱétrangèreȱplutôtȱqueȱleȱmutismeȱ(…)ȱLeurȱfrançais,ȱbienȱmaîtrisé,ȱ
n’avaitȱpresqueȱpasȱdeȱrésonanceȱculturelle,ȱilȱétaitȱsansȱmémoireȱouȱpresque,ȱ
ceȱ quiȱ pouvaitȱ permettreȱ unȱ débatȱ politiqueȱ maisȱ plusȱ difficilementȱ uneȱ
expressionȱartistique,ȱn’étantȱpasȱuneȱlangueȱduȱdésir,ȱtoutȱjusteȱuneȱlangueȱ
deȱ nécessité.ȱ Aussiȱ bienȱ cesȱ romansȱ s’attachentȬilsȱ essentiellementȱ àȱ
narrativiserȱ unȱ destinȱ prisȱ entreȱ unȱ êtreȱ araboȬislamiqueȱ dontȱ tousȱ cesȱ
auteursȱfontȱleȱnoyauȱinentamableȱdeȱleurȱspécificitéȱetȱuneȱadhésion,ȱplusȱouȱ
moinsȱ euphorique,ȱ àȱ unȱ idéalȱ deȱ francitéȱ Ȭȱ trèsȱ abstraitȱ Ȭȱ parȱ lequelȱ ilsȱ
s’ouvrentȱàȱlaȱmodernitéȱetȱàȱl’universalité.(Khadda,1996:19)
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La naissance de la deuxième génération de la consécration
(19501970), qui donne ses lettres de créance à cette véritable
littératuremaghrébine,notammentenFrance,remonteàlaseconde
guerremondialeetcorrespondàlapériodedeluttecontrelesystème
colonial. On assiste alors à un développement relativement
importantdelaformeromanesque.Cettelittératureenfrançaisétait
très remarquée à l’époque car elle a permis en outre d’intégrer au
genreexistant(lanouvelleoulaquacida)danslalittératurearabeun
genre nouveau, le roman. Cependant, elle a suscité de vives
réactions d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Pour les
Français, cette littérature était bien une preuve d’une assimilation
heureuse;pourlesAlgériensdel’époque,
La naissance de la deuxième génération de la consécration
(19501970), qui donne ses lettres de créance à cette véritable
littératuremaghrébine,notammentenFrance,remonteàlaseconde
guerremondialeetcorrespondàlapériodedeluttecontrelesystème
colonial. On assiste alors à un développement relativement
importantdelaformeromanesque.Cettelittératureenfrançaisétait
très remarquée à l’époque car elle a permis en outre d’intégrer au
genreexistant(lanouvelleoulaquacida)danslalittératurearabeun
genre nouveau, le roman. Cependant, elle a suscité de vives
réactions d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Pour les
Français, cette littérature était bien une preuve d’une assimilation
heureuse;pourlesAlgériensdel’époque,
cesȱécrivainsȱn’étaientȱpasȱreprésentatifsȱdeȱlaȱsociétéȱalgérienneȱparceȱqu’ilsȱ
seȱ servaientȱ deȱ laȱ langueȱ françaiseȱ etȱ nonȱ deȱ l’arabe,ȱ parceȱ qu’ilsȱ étaientȱ
éditésȱ enȱ Franceȱ ouȱ parceȱ qu’ilsȱ recevaientȱ desȱ prixȱ étrangers.(Khadda,
1996:11)
cesȱécrivainsȱn’étaientȱpasȱreprésentatifsȱdeȱlaȱsociétéȱalgérienneȱparceȱqu’ilsȱ
seȱ servaientȱ deȱ laȱ langueȱ françaiseȱ etȱ nonȱ deȱ l’arabe,ȱ parceȱ qu’ilsȱ étaientȱ
éditésȱ enȱ Franceȱ ouȱ parceȱ qu’ilsȱ recevaientȱ desȱ prixȱ étrangers.(Khadda,
1996:11)
Cette génération est inaugurée par Mouloud Féraoun
dontLeȱ filsȱ duȱ pauvre (1950) remporta un grand succès. Ensuite, en
1952,LaȱcollineȱoubliéedeMouloudMammerietLaȱgrandeȱmaisonde
MohamedDibfurentaussitrèsbienaccueillies.Laȱterreȱetȱleȱsangde
Mouloud Féraoun et Laȱ statueȱ deȱ sel du tunisien Albert Memmi
paraissenten1953.
Cette génération est inaugurée par Mouloud Féraoun
dontLeȱ filsȱ duȱ pauvre (1950) remporta un grand succès. Ensuite, en
1952,LaȱcollineȱoubliéedeMouloudMammerietLaȱgrandeȱmaisonde
MohamedDibfurentaussitrèsbienaccueillies.Laȱterreȱetȱleȱsangde
Mouloud Féraoun et Laȱ statueȱ deȱ sel du tunisien Albert Memmi
paraissenten1953.
En 1954, les écrivains marocains Driss Chraïbi (Leȱ passéȱ
simple)etAhmedSéfriouiȱ(Laȱboîteȱàȱȱmerveilles)fontleurapparition.
Alamêmeépoque,ilyeutL’incendiedeMohamedDibet,en1955,
Agar de Albert Memmi, Leȱ sommeilȱ duȱ juste de Mouloud Mammeri,
Lesȱ boucs de Driss Chraïbi, Leȱ cadavreȱ encercléȱ de Kateb Yacine qui
publia en 1956, un roman important, Nedjma. D’autres romanciers,
Rachid Boudjedra, Nabile Farès, Assia Djebar et bien d’autres vont
suivre par vagues successives ainsi que des poètes, dont les plus
connussontJeanSénacetBachirHadjAli.
En 1954, les écrivains marocains Driss Chraïbi (Leȱ passéȱ
simple)etAhmedSéfriouiȱ(Laȱboîteȱàȱȱmerveilles)fontleurapparition.
Alamêmeépoque,ilyeutL’incendiedeMohamedDibet,en1955,
Agar de Albert Memmi, Leȱ sommeilȱ duȱ juste de Mouloud Mammeri,
Lesȱ boucs de Driss Chraïbi, Leȱ cadavreȱ encercléȱ de Kateb Yacine qui
publia en 1956, un roman important, Nedjma. D’autres romanciers,
Rachid Boudjedra, Nabile Farès, Assia Djebar et bien d’autres vont
suivre par vagues successives ainsi que des poètes, dont les plus
connussontJeanSénacetBachirHadjAli.
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La naissance de la deuxième génération de la consécration
(19501970), qui donne ses lettres de créance à cette véritable
littératuremaghrébine,notammentenFrance,remonteàlaseconde
guerremondialeetcorrespondàlapériodedeluttecontrelesystème
colonial. On assiste alors à un développement relativement
importantdelaformeromanesque.Cettelittératureenfrançaisétait
très remarquée à l’époque car elle a permis en outre d’intégrer au
genreexistant(lanouvelleoulaquacida)danslalittératurearabeun
genre nouveau, le roman. Cependant, elle a suscité de vives
réactions d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Pour les
Français, cette littérature était bien une preuve d’une assimilation
heureuse;pourlesAlgériensdel’époque,
La naissance de la deuxième génération de la consécration
(19501970), qui donne ses lettres de créance à cette véritable
littératuremaghrébine,notammentenFrance,remonteàlaseconde
guerremondialeetcorrespondàlapériodedeluttecontrelesystème
colonial. On assiste alors à un développement relativement
importantdelaformeromanesque.Cettelittératureenfrançaisétait
très remarquée à l’époque car elle a permis en outre d’intégrer au
genreexistant(lanouvelleoulaquacida)danslalittératurearabeun
genre nouveau, le roman. Cependant, elle a suscité de vives
réactions d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Pour les
Français, cette littérature était bien une preuve d’une assimilation
heureuse;pourlesAlgériensdel’époque,
cesȱécrivainsȱn’étaientȱpasȱreprésentatifsȱdeȱlaȱsociétéȱalgérienneȱparceȱqu’ilsȱ
seȱ servaientȱ deȱ laȱ langueȱ françaiseȱ etȱ nonȱ deȱ l’arabe,ȱ parceȱ qu’ilsȱ étaientȱ
éditésȱ enȱ Franceȱ ouȱ parceȱ qu’ilsȱ recevaientȱ desȱ prixȱ étrangers.(Khadda,
1996:11)
cesȱécrivainsȱn’étaientȱpasȱreprésentatifsȱdeȱlaȱsociétéȱalgérienneȱparceȱqu’ilsȱ
seȱ servaientȱ deȱ laȱ langueȱ françaiseȱ etȱ nonȱ deȱ l’arabe,ȱ parceȱ qu’ilsȱ étaientȱ
éditésȱ enȱ Franceȱ ouȱ parceȱ qu’ilsȱ recevaientȱ desȱ prixȱ étrangers.(Khadda,
1996:11)
Cette génération est inaugurée par Mouloud Féraoun
dontLeȱ filsȱ duȱ pauvre (1950) remporta un grand succès. Ensuite, en
1952,LaȱcollineȱoubliéedeMouloudMammerietLaȱgrandeȱmaisonde
MohamedDibfurentaussitrèsbienaccueillies.Laȱterreȱetȱleȱsangde
Mouloud Féraoun et Laȱ statueȱ deȱ sel du tunisien Albert Memmi
paraissenten1953.
Cette génération est inaugurée par Mouloud Féraoun
dontLeȱ filsȱ duȱ pauvre (1950) remporta un grand succès. Ensuite, en
1952,LaȱcollineȱoubliéedeMouloudMammerietLaȱgrandeȱmaisonde
MohamedDibfurentaussitrèsbienaccueillies.Laȱterreȱetȱleȱsangde
Mouloud Féraoun et Laȱ statueȱ deȱ sel du tunisien Albert Memmi
paraissenten1953.
En 1954, les écrivains marocains Driss Chraïbi (Leȱ passéȱ
simple)etAhmedSéfriouiȱ(Laȱboîteȱàȱȱmerveilles)fontleurapparition.
Alamêmeépoque,ilyeutL’incendiedeMohamedDibet,en1955,
Agar de Albert Memmi, Leȱ sommeilȱ duȱ juste de Mouloud Mammeri,
Lesȱ boucs de Driss Chraïbi, Leȱ cadavreȱ encercléȱ de Kateb Yacine qui
publia en 1956, un roman important, Nedjma. D’autres romanciers,
Rachid Boudjedra, Nabile Farès, Assia Djebar et bien d’autres vont
suivre par vagues successives ainsi que des poètes, dont les plus
connussontJeanSénacetBachirHadjAli.
En 1954, les écrivains marocains Driss Chraïbi (Leȱ passéȱ
simple)etAhmedSéfriouiȱ(Laȱboîteȱàȱȱmerveilles)fontleurapparition.
Alamêmeépoque,ilyeutL’incendiedeMohamedDibet,en1955,
Agar de Albert Memmi, Leȱ sommeilȱ duȱ juste de Mouloud Mammeri,
Lesȱ boucs de Driss Chraïbi, Leȱ cadavreȱ encercléȱ de Kateb Yacine qui
publia en 1956, un roman important, Nedjma. D’autres romanciers,
Rachid Boudjedra, Nabile Farès, Assia Djebar et bien d’autres vont
suivre par vagues successives ainsi que des poètes, dont les plus
connussontJeanSénacetBachirHadjAli.
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Avecȱcesȱauteursȱdesȱannéesȱ50,ȱleȱmatérielȱverbalȱcesseȱd’êtreȱinstrumentalȱ
pourȱdevenirȱobjetȱd’investigationȱetȱdonnerȱàȱlaȱcultureȱetȱàȱl’inconscientȱunȱ
champȱ d’actionȱ élargi.ȱ Leurȱ écritureȱ commenceȱ alorsȱ àȱ entretenirȱ desȱ
relationsȱélectivesȱavecȱl’enfanceȱ(viaȱlaȱscolarité)ȱetȱdoncȱàȱdevenirȱlangueȱdeȱ
l’inscriptionȱ mnémoniqueȱ duȱ sujet.ȱ Langueȱ duȱ désir,ȱ mêmeȱ siȱ leȱ désirȱ estȱ
contrecarréȱparȱunȱproposȱidéologiqueȱdeȱrésistance.(Khadda,1996:20)
Avecȱcesȱauteursȱdesȱannéesȱ50,ȱleȱmatérielȱverbalȱcesseȱd’êtreȱinstrumentalȱ
pourȱdevenirȱobjetȱd’investigationȱetȱdonnerȱàȱlaȱcultureȱetȱàȱl’inconscientȱunȱ
champȱ d’actionȱ élargi.ȱ Leurȱ écritureȱ commenceȱ alorsȱ àȱ entretenirȱ desȱ
relationsȱélectivesȱavecȱl’enfanceȱ(viaȱlaȱscolarité)ȱetȱdoncȱàȱdevenirȱlangueȱdeȱ
l’inscriptionȱ mnémoniqueȱ duȱ sujet.ȱ Langueȱ duȱ désir,ȱ mêmeȱ siȱ leȱ désirȱ estȱ
contrecarréȱparȱunȱproposȱidéologiqueȱdeȱrésistance.(Khadda,1996:20)
La troisième génération, celle de la postindépendance, des
années 1970 à nos jours, renouvelle le geste d’écrire en français,
réorientesondire.
La troisième génération, celle de la postindépendance, des
années 1970 à nos jours, renouvelle le geste d’écrire en français,
réorientesondire.
Ilsȱ s’attachentȱ àȱ exhiberȱ etȱ àȱ habiterȱ cetȱ entreȬdeuxȱ pourȱ dénoncerȱ ceȱ qu’ilsȱ
considèrentȱ commeȱ desȱ mythesȱ d’unicitéȱ originelleȱ etȱ pourȱ seȱ faireȱ lesȱ
chantresȱ duȱ brassageȱ universelȱ etȱ duȱ mélange.ȱ D’oùȱ cetteȱ bilangue,ȱ pourȱ
reprendreȱ l’expressionȱ deȱ Khatibi,ȱ qu’ilsȱ élaborentȱ explicitement.ȱ Aȱ partirȱ
d’uneȱ langueȱ étrangèreȱ intérioriséeȱ etȱ d’unȱ langageȱ originelȱ adultéré,ȱ
l’écritureȱ faitȱ naîtreȱ uneȱ nouvelleȱ histoire,ȱ brisantȱ lesȱ cerclesȱ fermésȱ desȱ
anciennesȱ cultures,ȱ manifestantȱ ȱ unȱ rapportȱ deȱ forcesȱ mouvantesȱ etȱ
enregistrantȱleȱdéplacementȱdesȱenjeuxȱduȱbilinguisme.(Khadda,1996:21)
Ilsȱ s’attachentȱ àȱ exhiberȱ etȱ àȱ habiterȱ cetȱ entreȬdeuxȱ pourȱ dénoncerȱ ceȱ qu’ilsȱ
considèrentȱ commeȱ desȱ mythesȱ d’unicitéȱ originelleȱ etȱ pourȱ seȱ faireȱ lesȱ
chantresȱ duȱ brassageȱ universelȱ etȱ duȱ mélange.ȱ D’oùȱ cetteȱ bilangue,ȱ pourȱ
reprendreȱ l’expressionȱ deȱ Khatibi,ȱ qu’ilsȱ élaborentȱ explicitement.ȱ Aȱ partirȱ
d’uneȱ langueȱ étrangèreȱ intérioriséeȱ etȱ d’unȱ langageȱ originelȱ adultéré,ȱ
l’écritureȱ faitȱ naîtreȱ uneȱ nouvelleȱ histoire,ȱ brisantȱ lesȱ cerclesȱ fermésȱ desȱ
anciennesȱ cultures,ȱ manifestantȱ ȱ unȱ rapportȱ deȱ forcesȱ mouvantesȱ etȱ
enregistrantȱleȱdéplacementȱdesȱenjeuxȱduȱbilinguisme.(Khadda,1996:21)
Mouloud Mammeri (19171989), que nous allons présenter,
fait partie de ces deux générations. Son œuvre figure sur un CD
sousformed’hypertexte.
II.ȱL’HYPERTEXTEȱHYPERMAMMERIȱ
Essentiellement romancier mais également dramaturge,
Mouloud Mammeri n’a pas produit une œuvre littéraire
quantitativementimportanteparrapportàDibparexemplemaisses
romansonttousététraduits,Laȱcollineȱoubliée,L’Opiumȱetȱleȱbâton,ȱLeȱ
sommeilȱ duȱ juste,ȱ Laȱ traversée, les eux premiers en 11 langues On
trouve aussi une pléiade de nouvelles et de contes, publiés chez
Plon, Europe, Maspéro ou Bordas, comme Laȱ tableȱ ronde, Laȱ meute,
Machaho, deux pièces de théâtre, Leȱ fœhn pour décrire la guerre de
libération,vécuecommeuneconfrontation,etLeȱbanquet,précédéde
Laȱ mortȱ desȱ Aztèques, qui présente un aspect de la conquête du
Mouloud Mammeri (19171989), que nous allons présenter,
fait partie de ces deux générations. Son œuvre figure sur un CD
sousformed’hypertexte.
II.ȱL’HYPERTEXTEȱHYPERMAMMERIȱ
Essentiellement romancier mais également dramaturge,
Mouloud Mammeri n’a pas produit une œuvre littéraire
quantitativementimportanteparrapportàDibparexemplemaisses
romansonttousététraduits,Laȱcollineȱoubliée,L’Opiumȱetȱleȱbâton,ȱLeȱ
sommeilȱ duȱ juste,ȱ Laȱ traversée, les eux premiers en 11 langues On
trouve aussi une pléiade de nouvelles et de contes, publiés chez
Plon, Europe, Maspéro ou Bordas, comme Laȱ tableȱ ronde, Laȱ meute,
Machaho, deux pièces de théâtre, Leȱ fœhn pour décrire la guerre de
libération,vécuecommeuneconfrontation,etLeȱbanquet,précédéde
Laȱ mortȱ desȱ Aztèques, qui présente un aspect de la conquête du
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Avecȱcesȱauteursȱdesȱannéesȱ50,ȱleȱmatérielȱverbalȱcesseȱd’êtreȱinstrumentalȱ
pourȱdevenirȱobjetȱd’investigationȱetȱdonnerȱàȱlaȱcultureȱetȱàȱl’inconscientȱunȱ
champȱ d’actionȱ élargi.ȱ Leurȱ écritureȱ commenceȱ alorsȱ àȱ entretenirȱ desȱ
relationsȱélectivesȱavecȱl’enfanceȱ(viaȱlaȱscolarité)ȱetȱdoncȱàȱdevenirȱlangueȱdeȱ
l’inscriptionȱ mnémoniqueȱ duȱ sujet.ȱ Langueȱ duȱ désir,ȱ mêmeȱ siȱ leȱ désirȱ estȱ
contrecarréȱparȱunȱproposȱidéologiqueȱdeȱrésistance.(Khadda,1996:20)
Avecȱcesȱauteursȱdesȱannéesȱ50,ȱleȱmatérielȱverbalȱcesseȱd’êtreȱinstrumentalȱ
pourȱdevenirȱobjetȱd’investigationȱetȱdonnerȱàȱlaȱcultureȱetȱàȱl’inconscientȱunȱ
champȱ d’actionȱ élargi.ȱ Leurȱ écritureȱ commenceȱ alorsȱ àȱ entretenirȱ desȱ
relationsȱélectivesȱavecȱl’enfanceȱ(viaȱlaȱscolarité)ȱetȱdoncȱàȱdevenirȱlangueȱdeȱ
l’inscriptionȱ mnémoniqueȱ duȱ sujet.ȱ Langueȱ duȱ désir,ȱ mêmeȱ siȱ leȱ désirȱ estȱ
contrecarréȱparȱunȱproposȱidéologiqueȱdeȱrésistance.(Khadda,1996:20)
La troisième génération, celle de la postindépendance, des
années 1970 à nos jours, renouvelle le geste d’écrire en français,
réorientesondire.
La troisième génération, celle de la postindépendance, des
années 1970 à nos jours, renouvelle le geste d’écrire en français,
réorientesondire.
Ilsȱ s’attachentȱ àȱ exhiberȱ etȱ àȱ habiterȱ cetȱ entreȬdeuxȱ pourȱ dénoncerȱ ceȱ qu’ilsȱ
considèrentȱ commeȱ desȱ mythesȱ d’unicitéȱ originelleȱ etȱ pourȱ seȱ faireȱ lesȱ
chantresȱ duȱ brassageȱ universelȱ etȱ duȱ mélange.ȱ D’oùȱ cetteȱ bilangue,ȱ pourȱ
reprendreȱ l’expressionȱ deȱ Khatibi,ȱ qu’ilsȱ élaborentȱ explicitement.ȱ Aȱ partirȱ
d’uneȱ langueȱ étrangèreȱ intérioriséeȱ etȱ d’unȱ langageȱ originelȱ adultéré,ȱ
l’écritureȱ faitȱ naîtreȱ uneȱ nouvelleȱ histoire,ȱ brisantȱ lesȱ cerclesȱ fermésȱ desȱ
anciennesȱ cultures,ȱ manifestantȱ ȱ unȱ rapportȱ deȱ forcesȱ mouvantesȱ etȱ
enregistrantȱleȱdéplacementȱdesȱenjeuxȱduȱbilinguisme.(Khadda,1996:21)
Ilsȱ s’attachentȱ àȱ exhiberȱ etȱ àȱ habiterȱ cetȱ entreȬdeuxȱ pourȱ dénoncerȱ ceȱ qu’ilsȱ
considèrentȱ commeȱ desȱ mythesȱ d’unicitéȱ originelleȱ etȱ pourȱ seȱ faireȱ lesȱ
chantresȱ duȱ brassageȱ universelȱ etȱ duȱ mélange.ȱ D’oùȱ cetteȱ bilangue,ȱ pourȱ
reprendreȱ l’expressionȱ deȱ Khatibi,ȱ qu’ilsȱ élaborentȱ explicitement.ȱ Aȱ partirȱ
d’uneȱ langueȱ étrangèreȱ intérioriséeȱ etȱ d’unȱ langageȱ originelȱ adultéré,ȱ
l’écritureȱ faitȱ naîtreȱ uneȱ nouvelleȱ histoire,ȱ brisantȱ lesȱ cerclesȱ fermésȱ desȱ
anciennesȱ cultures,ȱ manifestantȱ ȱ unȱ rapportȱ deȱ forcesȱ mouvantesȱ etȱ
enregistrantȱleȱdéplacementȱdesȱenjeuxȱduȱbilinguisme.(Khadda,1996:21)
Mouloud Mammeri (19171989), que nous allons présenter,
fait partie de ces deux générations. Son œuvre figure sur un CD
sousformed’hypertexte.
II.ȱL’HYPERTEXTEȱHYPERMAMMERIȱ
Essentiellement romancier mais également dramaturge,
Mouloud Mammeri n’a pas produit une œuvre littéraire
quantitativementimportanteparrapportàDibparexemplemaisses
romansonttousététraduits,Laȱcollineȱoubliée,L’Opiumȱetȱleȱbâton,ȱLeȱ
sommeilȱ duȱ juste,ȱ Laȱ traversée, les eux premiers en 11 langues On
trouve aussi une pléiade de nouvelles et de contes, publiés chez
Plon, Europe, Maspéro ou Bordas, comme Laȱ tableȱ ronde, Laȱ meute,
Machaho, deux pièces de théâtre, Leȱ fœhn pour décrire la guerre de
libération,vécuecommeuneconfrontation,etLeȱbanquet,précédéde
Laȱ mortȱ desȱ Aztèques, qui présente un aspect de la conquête du
Mouloud Mammeri (19171989), que nous allons présenter,
fait partie de ces deux générations. Son œuvre figure sur un CD
sousformed’hypertexte.
II.ȱL’HYPERTEXTEȱHYPERMAMMERIȱ
Essentiellement romancier mais également dramaturge,
Mouloud Mammeri n’a pas produit une œuvre littéraire
quantitativementimportanteparrapportàDibparexemplemaisses
romansonttousététraduits,Laȱcollineȱoubliée,L’Opiumȱetȱleȱbâton,ȱLeȱ
sommeilȱ duȱ juste,ȱ Laȱ traversée, les eux premiers en 11 langues On
trouve aussi une pléiade de nouvelles et de contes, publiés chez
Plon, Europe, Maspéro ou Bordas, comme Laȱ tableȱ ronde, Laȱ meute,
Machaho, deux pièces de théâtre, Leȱ fœhn pour décrire la guerre de
libération,vécuecommeuneconfrontation,etLeȱbanquet,précédéde
Laȱ mortȱ desȱ Aztèques, qui présente un aspect de la conquête du
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MexiqueparCortèsetlachutedel’empireaztèque,deuxrecueilsde
contespourenfants.Cetécrivains’estconsacréàlalittératureorale
etkabyle:ilaproduitseptouvragesentrel’essaietlapoésiesurune
période comprise entre 1969 et 1989, année de sa disparition
tragique. Les romans, les nouvelles et les pièces de théâtre figurent
sur le CDHypermammeri, réalisé à partir d’Hyperbase, sous la
direction du Professeur Etienne Brunet au CNRS de Nice. Cet
hypertexte permet de travailler sur la totalité de l’œuvre et
d’effectuer diverses opérations à partir de deux fonctions
essentielles:lesfonctionsdocumentairesetlesfonctionsstatistiques.
MexiqueparCortèsetlachutedel’empireaztèque,deuxrecueilsde
contespourenfants.Cetécrivains’estconsacréàlalittératureorale
etkabyle:ilaproduitseptouvragesentrel’essaietlapoésiesurune
période comprise entre 1969 et 1989, année de sa disparition
tragique. Les romans, les nouvelles et les pièces de théâtre figurent
sur le CDHypermammeri, réalisé à partir d’Hyperbase, sous la
direction du Professeur Etienne Brunet au CNRS de Nice. Cet
hypertexte permet de travailler sur la totalité de l’œuvre et
d’effectuer diverses opérations à partir de deux fonctions
essentielles:lesfonctionsdocumentairesetlesfonctionsstatistiques.
IIIȬȱÉCRITUREȱHYBRIDEȱETȱCULTUREȱMÉTISSÉEȱ?ȱ
IIIȬȱÉCRITUREȱHYBRIDEȱETȱCULTUREȱMÉTISSÉEȱ?ȱ
ȱ
ȱ
III.1.Lediscourssurleslangues
III.1.Lediscourssurleslangues
Replacer la langue au cœur même de la définition du
métissage nous semble incontournable pour montrer comment est
assumée dans le roman cette situation à la fois d’altérité,
d’interculturalitéetdetransculturalité.Ilseraquestiondeporterau
92
Replacer la langue au cœur même de la définition du
métissage nous semble incontournable pour montrer comment est
assumée dans le roman cette situation à la fois d’altérité,
d’interculturalitéetdetransculturalité.Ilseraquestiondeporterau
92
MexiqueparCortèsetlachutedel’empireaztèque,deuxrecueilsde
contespourenfants.Cetécrivains’estconsacréàlalittératureorale
etkabyle:ilaproduitseptouvragesentrel’essaietlapoésiesurune
période comprise entre 1969 et 1989, année de sa disparition
tragique. Les romans, les nouvelles et les pièces de théâtre figurent
sur le CDHypermammeri, réalisé à partir d’Hyperbase, sous la
direction du Professeur Etienne Brunet au CNRS de Nice. Cet
hypertexte permet de travailler sur la totalité de l’œuvre et
d’effectuer diverses opérations à partir de deux fonctions
essentielles:lesfonctionsdocumentairesetlesfonctionsstatistiques.
MexiqueparCortèsetlachutedel’empireaztèque,deuxrecueilsde
contespourenfants.Cetécrivains’estconsacréàlalittératureorale
etkabyle:ilaproduitseptouvragesentrel’essaietlapoésiesurune
période comprise entre 1969 et 1989, année de sa disparition
tragique. Les romans, les nouvelles et les pièces de théâtre figurent
sur le CDHypermammeri, réalisé à partir d’Hyperbase, sous la
direction du Professeur Etienne Brunet au CNRS de Nice. Cet
hypertexte permet de travailler sur la totalité de l’œuvre et
d’effectuer diverses opérations à partir de deux fonctions
essentielles:lesfonctionsdocumentairesetlesfonctionsstatistiques.
IIIȬȱÉCRITUREȱHYBRIDEȱETȱCULTUREȱMÉTISSÉEȱ?ȱ
IIIȬȱÉCRITUREȱHYBRIDEȱETȱCULTUREȱMÉTISSÉEȱ?ȱ
ȱ
ȱ
III.1.Lediscourssurleslangues
III.1.Lediscourssurleslangues
Replacer la langue au cœur même de la définition du
métissage nous semble incontournable pour montrer comment est
assumée dans le roman cette situation à la fois d’altérité,
d’interculturalitéetdetransculturalité.Ilseraquestiondeporterau
92
Replacer la langue au cœur même de la définition du
métissage nous semble incontournable pour montrer comment est
assumée dans le roman cette situation à la fois d’altérité,
d’interculturalitéetdetransculturalité.Ilseraquestiondeporterau
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premierplanleparcoursentaméparlessujetsensituationdeconflit,
comment, en franchissant plusieurs étapes, les protagonistes
parviennentàreconquérirlespace,lalangueetlidentitéplurielleet
ceennousappuyantsurlapprochepraxématiquequeRobertLafont
définitcomme
premierplanleparcoursentaméparlessujetsensituationdeconflit,
comment, en franchissant plusieurs étapes, les protagonistes
parviennentàreconquérirlespace,lalangueetlidentitéplurielleet
ceennousappuyantsurlapprochepraxématiquequeRobertLafont
définitcomme
uneȱméthodeȱsociolinguistiqueȱdeȱlangues,ȱ(…)ȱuneȱlinguistiqueȱdeȱlaȱparoleȱ
dynamiqueȱ (parlée),ȱ quiȱ partȱ deȱ lȇidéeȱ queȱ toutȱ discoursȱ révèleȱ uneȱ partieȱ
régléeȱ socialementȱ (ceȱ quȇilȱ nȇestȱ pasȱ défenduȱ deȱ dire)ȱ etȱ uneȱ partieȱ libre,ȱ
cȇestȬàȬdireȱ rejouéeȱ parȱ lȇinconscientȱ (ceȱ queȱ lȇonȱ voudraitȱ direȱ malgréȱ desȱ
interdictionsȱplusȱouȱmoinsȱintérioriséesȱȱ(Lafont,1978:123).
uneȱméthodeȱsociolinguistiqueȱdeȱlangues,ȱ(…)ȱuneȱlinguistiqueȱdeȱlaȱparoleȱ
dynamiqueȱ (parlée),ȱ quiȱ partȱ deȱ lȇidéeȱ queȱ toutȱ discoursȱ révèleȱ uneȱ partieȱ
régléeȱ socialementȱ (ceȱ quȇilȱ nȇestȱ pasȱ défenduȱ deȱ dire)ȱ etȱ uneȱ partieȱ libre,ȱ
cȇestȬàȬdireȱ rejouéeȱ parȱ lȇinconscientȱ (ceȱ queȱ lȇonȱ voudraitȱ direȱ malgréȱ desȱ
interdictionsȱplusȱouȱmoinsȱintérioriséesȱȱ(Lafont,1978:123).
ȱ
ȱ
Dans lespace littéraire mammérien, plusieurs langues
(arabe, français, kabyle) et cultures se déploient concurremment et
dessinent leurs aires sociales. Leurs positions respectives, rivales et
complémentaires à la fois, se déterminent réciproquement et la
dialectique du même et de lautre régit les représentations des
langues et des identités collectives. Cette dialectique est à lire au
niveau discursif, au niveau notamment de l’implicite, ce qui laisse
apparaîtreuncontextepluriglossique.
Nous y trouvons une diglossie endogène qui oppose le
berbèreàlarabeetunediglossieexogènequiopposelefrançaisaux
langues autochtones. De même, nous y reconnaissons lidéologie
diglossique dans les images et les représentations que les locuteurs
seforgentdeslangues.
ȱȱ
III.1.1Ladiglossie:problèmededéfinition.
Comme le concept de diglossie ne peut être utilisé
entièrement tel quil est défini par Fergusson, nous allons faire une
miseaupointthéoriqueafindelepréciser.
Dans lespace littéraire mammérien, plusieurs langues
(arabe, français, kabyle) et cultures se déploient concurremment et
dessinent leurs aires sociales. Leurs positions respectives, rivales et
complémentaires à la fois, se déterminent réciproquement et la
dialectique du même et de lautre régit les représentations des
langues et des identités collectives. Cette dialectique est à lire au
niveau discursif, au niveau notamment de l’implicite, ce qui laisse
apparaîtreuncontextepluriglossique.
Nous y trouvons une diglossie endogène qui oppose le
berbèreàlarabeetunediglossieexogènequiopposelefrançaisaux
langues autochtones. De même, nous y reconnaissons lidéologie
diglossique dans les images et les représentations que les locuteurs
seforgentdeslangues.
ȱȱ
III.1.1Ladiglossie:problèmededéfinition.
Comme le concept de diglossie ne peut être utilisé
entièrement tel quil est défini par Fergusson, nous allons faire une
miseaupointthéoriqueafindelepréciser.
La diglossie, du grec ancien diglottos signifiant bilingue, est
unconceptsociolinguistiquedéveloppéparFergussonen1959pour
décrire une situation linguistique dans laquelle deux variétés dune
même langue de statut socialement différent, la high et la low, sont
La diglossie, du grec ancien diglottos signifiant bilingue, est
unconceptsociolinguistiquedéveloppéparFergussonen1959pour
décrire une situation linguistique dans laquelle deux variétés dune
même langue de statut socialement différent, la high et la low, sont
93
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premierplanleparcoursentaméparlessujetsensituationdeconflit,
comment, en franchissant plusieurs étapes, les protagonistes
parviennentàreconquérirlespace,lalangueetlidentitéplurielleet
ceennousappuyantsurlapprochepraxématiquequeRobertLafont
définitcomme
premierplanleparcoursentaméparlessujetsensituationdeconflit,
comment, en franchissant plusieurs étapes, les protagonistes
parviennentàreconquérirlespace,lalangueetlidentitéplurielleet
ceennousappuyantsurlapprochepraxématiquequeRobertLafont
définitcomme
uneȱméthodeȱsociolinguistiqueȱdeȱlangues,ȱ(…)ȱuneȱlinguistiqueȱdeȱlaȱparoleȱ
dynamiqueȱ (parlée),ȱ quiȱ partȱ deȱ lȇidéeȱ queȱ toutȱ discoursȱ révèleȱ uneȱ partieȱ
régléeȱ socialementȱ (ceȱ quȇilȱ nȇestȱ pasȱ défenduȱ deȱ dire)ȱ etȱ uneȱ partieȱ libre,ȱ
cȇestȬàȬdireȱ rejouéeȱ parȱ lȇinconscientȱ (ceȱ queȱ lȇonȱ voudraitȱ direȱ malgréȱ desȱ
interdictionsȱplusȱouȱmoinsȱintérioriséesȱȱ(Lafont,1978:123).
uneȱméthodeȱsociolinguistiqueȱdeȱlangues,ȱ(…)ȱuneȱlinguistiqueȱdeȱlaȱparoleȱ
dynamiqueȱ (parlée),ȱ quiȱ partȱ deȱ lȇidéeȱ queȱ toutȱ discoursȱ révèleȱ uneȱ partieȱ
régléeȱ socialementȱ (ceȱ quȇilȱ nȇestȱ pasȱ défenduȱ deȱ dire)ȱ etȱ uneȱ partieȱ libre,ȱ
cȇestȬàȬdireȱ rejouéeȱ parȱ lȇinconscientȱ (ceȱ queȱ lȇonȱ voudraitȱ direȱ malgréȱ desȱ
interdictionsȱplusȱouȱmoinsȱintérioriséesȱȱ(Lafont,1978:123).
ȱ
ȱ
Dans lespace littéraire mammérien, plusieurs langues
(arabe, français, kabyle) et cultures se déploient concurremment et
dessinent leurs aires sociales. Leurs positions respectives, rivales et
complémentaires à la fois, se déterminent réciproquement et la
dialectique du même et de lautre régit les représentations des
langues et des identités collectives. Cette dialectique est à lire au
niveau discursif, au niveau notamment de l’implicite, ce qui laisse
apparaîtreuncontextepluriglossique.
Nous y trouvons une diglossie endogène qui oppose le
berbèreàlarabeetunediglossieexogènequiopposelefrançaisaux
langues autochtones. De même, nous y reconnaissons lidéologie
diglossique dans les images et les représentations que les locuteurs
seforgentdeslangues.
ȱȱ
III.1.1Ladiglossie:problèmededéfinition.
Comme le concept de diglossie ne peut être utilisé
entièrement tel quil est défini par Fergusson, nous allons faire une
miseaupointthéoriqueafindelepréciser.
Dans lespace littéraire mammérien, plusieurs langues
(arabe, français, kabyle) et cultures se déploient concurremment et
dessinent leurs aires sociales. Leurs positions respectives, rivales et
complémentaires à la fois, se déterminent réciproquement et la
dialectique du même et de lautre régit les représentations des
langues et des identités collectives. Cette dialectique est à lire au
niveau discursif, au niveau notamment de l’implicite, ce qui laisse
apparaîtreuncontextepluriglossique.
Nous y trouvons une diglossie endogène qui oppose le
berbèreàlarabeetunediglossieexogènequiopposelefrançaisaux
langues autochtones. De même, nous y reconnaissons lidéologie
diglossique dans les images et les représentations que les locuteurs
seforgentdeslangues.
ȱȱ
III.1.1Ladiglossie:problèmededéfinition.
Comme le concept de diglossie ne peut être utilisé
entièrement tel quil est défini par Fergusson, nous allons faire une
miseaupointthéoriqueafindelepréciser.
La diglossie, du grec ancien diglottos signifiant bilingue, est
unconceptsociolinguistiquedéveloppéparFergussonen1959pour
décrire une situation linguistique dans laquelle deux variétés dune
même langue de statut socialement différent, la high et la low, sont
La diglossie, du grec ancien diglottos signifiant bilingue, est
unconceptsociolinguistiquedéveloppéparFergussonen1959pour
décrire une situation linguistique dans laquelle deux variétés dune
même langue de statut socialement différent, la high et la low, sont
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parlées. Chacune delle est utilisée de façon systématique dans des
domaines complémentaires; par exemple, dans les pays arabes, la
langue classique est «haute» car cest la langue du Coran, de la
littérature, de ladministration et de lécole tandis que larabe
dialectalestlalangue«basse»carelleestutiliséedanslesdomaines
familiers.
parlées. Chacune delle est utilisée de façon systématique dans des
domaines complémentaires; par exemple, dans les pays arabes, la
langue classique est «haute» car cest la langue du Coran, de la
littérature, de ladministration et de lécole tandis que larabe
dialectalestlalangue«basse»carelleestutiliséedanslesdomaines
familiers.
Le terme de diglossie a été étendu par Fishman en 1967 à
lusage complémentaire et institutionnalisé de deux langues
distinctesdansunesociétédonnée;parexempleenFrance,lalangueȱ
highestlefrançais,lalanguelowestlalsacienenAlsaceetleflamand
enFlandre.LemêmeconceptaétéredéfiniparGumperzen1971et
appliquéauxsociétésmultilinguesdanslesensoùcellescipeuvent
utiliser différentiellement plusieurs codes (langues, dialectes) dans
desdomainesetdesfonctionscomplémentaires.Ilsembledoncque
le concept de diglossie ne concerne pas seulement la partition
bipolaire fonctionnelle définie par Fergusson ; il peut en effet
renvoyeràuneréalitéconflictuelletoutautre,généraliséeàtoutesles
manifestations de la parole mais aussi à tous les éléments de la
culture. La diglossie est alors caractérisée par une attitude de
minoration à la fois linguistique et culturelle formulée en un
discourssurlalangueetsurlacommunauté.
Le terme de diglossie a été étendu par Fishman en 1967 à
lusage complémentaire et institutionnalisé de deux langues
distinctesdansunesociétédonnée;parexempleenFrance,lalangueȱ
highestlefrançais,lalanguelowestlalsacienenAlsaceetleflamand
enFlandre.LemêmeconceptaétéredéfiniparGumperzen1971et
appliquéauxsociétésmultilinguesdanslesensoùcellescipeuvent
utiliser différentiellement plusieurs codes (langues, dialectes) dans
desdomainesetdesfonctionscomplémentaires.Ilsembledoncque
le concept de diglossie ne concerne pas seulement la partition
bipolaire fonctionnelle définie par Fergusson ; il peut en effet
renvoyeràuneréalitéconflictuelletoutautre,généraliséeàtoutesles
manifestations de la parole mais aussi à tous les éléments de la
culture. La diglossie est alors caractérisée par une attitude de
minoration à la fois linguistique et culturelle formulée en un
discourssurlalangueetsurlacommunauté.
William Mackey sinterroge sur lexistence dun équivalent
ethnique/culturel de la diglossie quant à la coexistence dans une
mêmesociétédedeuxsystèmesculturelsdontlunestjugécommela
culturedominanteetlautrecommeunesousculturedominée.Yaille
Troïké, (cité par Mackey, 1982), a proposé le concept de diȬnomie
pourdésignercetypedesituation.
ȱȱȱ
III.1.2 La diglossie exogène : langues autochtones (berbère
arabe)versusfrançais.ȱ
ȱ
La situation linguistique dans le cadre colonial peut être
qualifiée de diglossique du fait même quune langue pénètre le
terrain référentiel dune autre langue. Laspect subversif du texte
mammériensinscritauplanlinguistiquedanslusageduberbèreou
William Mackey sinterroge sur lexistence dun équivalent
ethnique/culturel de la diglossie quant à la coexistence dans une
mêmesociétédedeuxsystèmesculturelsdontlunestjugécommela
culturedominanteetlautrecommeunesousculturedominée.Yaille
Troïké, (cité par Mackey, 1982), a proposé le concept de diȬnomie
pourdésignercetypedesituation.
ȱȱȱ
III.1.2 La diglossie exogène : langues autochtones (berbère
arabe)versusfrançais.ȱ
ȱ
La situation linguistique dans le cadre colonial peut être
qualifiée de diglossique du fait même quune langue pénètre le
terrain référentiel dune autre langue. Laspect subversif du texte
mammériensinscritauplanlinguistiquedanslusageduberbèreou
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parlées. Chacune delle est utilisée de façon systématique dans des
domaines complémentaires; par exemple, dans les pays arabes, la
langue classique est «haute» car cest la langue du Coran, de la
littérature, de ladministration et de lécole tandis que larabe
dialectalestlalangue«basse»carelleestutiliséedanslesdomaines
familiers.
parlées. Chacune delle est utilisée de façon systématique dans des
domaines complémentaires; par exemple, dans les pays arabes, la
langue classique est «haute» car cest la langue du Coran, de la
littérature, de ladministration et de lécole tandis que larabe
dialectalestlalangue«basse»carelleestutiliséedanslesdomaines
familiers.
Le terme de diglossie a été étendu par Fishman en 1967 à
lusage complémentaire et institutionnalisé de deux langues
distinctesdansunesociétédonnée;parexempleenFrance,lalangueȱ
highestlefrançais,lalanguelowestlalsacienenAlsaceetleflamand
enFlandre.LemêmeconceptaétéredéfiniparGumperzen1971et
appliquéauxsociétésmultilinguesdanslesensoùcellescipeuvent
utiliser différentiellement plusieurs codes (langues, dialectes) dans
desdomainesetdesfonctionscomplémentaires.Ilsembledoncque
le concept de diglossie ne concerne pas seulement la partition
bipolaire fonctionnelle définie par Fergusson ; il peut en effet
renvoyeràuneréalitéconflictuelletoutautre,généraliséeàtoutesles
manifestations de la parole mais aussi à tous les éléments de la
culture. La diglossie est alors caractérisée par une attitude de
minoration à la fois linguistique et culturelle formulée en un
discourssurlalangueetsurlacommunauté.
Le terme de diglossie a été étendu par Fishman en 1967 à
lusage complémentaire et institutionnalisé de deux langues
distinctesdansunesociétédonnée;parexempleenFrance,lalangueȱ
highestlefrançais,lalanguelowestlalsacienenAlsaceetleflamand
enFlandre.LemêmeconceptaétéredéfiniparGumperzen1971et
appliquéauxsociétésmultilinguesdanslesensoùcellescipeuvent
utiliser différentiellement plusieurs codes (langues, dialectes) dans
desdomainesetdesfonctionscomplémentaires.Ilsembledoncque
le concept de diglossie ne concerne pas seulement la partition
bipolaire fonctionnelle définie par Fergusson ; il peut en effet
renvoyeràuneréalitéconflictuelletoutautre,généraliséeàtoutesles
manifestations de la parole mais aussi à tous les éléments de la
culture. La diglossie est alors caractérisée par une attitude de
minoration à la fois linguistique et culturelle formulée en un
discourssurlalangueetsurlacommunauté.
William Mackey sinterroge sur lexistence dun équivalent
ethnique/culturel de la diglossie quant à la coexistence dans une
mêmesociétédedeuxsystèmesculturelsdontlunestjugécommela
culturedominanteetlautrecommeunesousculturedominée.Yaille
Troïké, (cité par Mackey, 1982), a proposé le concept de diȬnomie
pourdésignercetypedesituation.
ȱȱȱ
III.1.2 La diglossie exogène : langues autochtones (berbère
arabe)versusfrançais.ȱ
ȱ
La situation linguistique dans le cadre colonial peut être
qualifiée de diglossique du fait même quune langue pénètre le
terrain référentiel dune autre langue. Laspect subversif du texte
mammériensinscritauplanlinguistiquedanslusageduberbèreou
William Mackey sinterroge sur lexistence dun équivalent
ethnique/culturel de la diglossie quant à la coexistence dans une
mêmesociétédedeuxsystèmesculturelsdontlunestjugécommela
culturedominanteetlautrecommeunesousculturedominée.Yaille
Troïké, (cité par Mackey, 1982), a proposé le concept de diȬnomie
pourdésignercetypedesituation.
ȱȱȱ
III.1.2 La diglossie exogène : langues autochtones (berbère
arabe)versusfrançais.ȱ
ȱ
La situation linguistique dans le cadre colonial peut être
qualifiée de diglossique du fait même quune langue pénètre le
terrain référentiel dune autre langue. Laspect subversif du texte
mammériensinscritauplanlinguistiquedanslusageduberbèreou
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delarabedansuneécritureencaractèreslatinsetdansunconstant
mixage avec une écriture française. En effet, la tentative dinscrire
lȇalgérianité dans le texte se manifeste par des emprunts, des
xénismesoudescalquestranscritsetintégrésàlasyntaxefrançaise,
cequeRobertLafontdésignecommemarqueursȱdȇidentitéȱsymboliques.
delarabedansuneécritureencaractèreslatinsetdansunconstant
mixage avec une écriture française. En effet, la tentative dinscrire
lȇalgérianité dans le texte se manifeste par des emprunts, des
xénismesoudescalquestranscritsetintégrésàlasyntaxefrançaise,
cequeRobertLafontdésignecommemarqueursȱdȇidentitéȱsymboliques.
Le surgissement de ce lexique produit du sens; il est vécu
pulsionnellement et pose dans le corps du texte lexistence dune
praxissocioculturellequinepeutêtrereproduiteenfrançaiscomme
cest le cas des anthroponymes qui jouent le rôle «dȇuneȱ caisseȱ deȱ
résonanceȱ connotative» et fonctionnent comme des signes
dauthenticité.
Le surgissement de ce lexique produit du sens; il est vécu
pulsionnellement et pose dans le corps du texte lexistence dune
praxissocioculturellequinepeutêtrereproduiteenfrançaiscomme
cest le cas des anthroponymes qui jouent le rôle «dȇuneȱ caisseȱ deȱ
résonanceȱ connotative» et fonctionnent comme des signes
dauthenticité.
Cependant, lécart est fonction du degré dassimilation de ce
lexique : minimale ou nulle pour les emprunts intégrés à la langue
française,elleestmaximalepourlesxénismesquinepeuventdélivrer
leursensparexemplepourquineconnaîtpasleberbèreoularabe.Le
texte fournit parfois leur traduction, la marque typographique
exprimeladistanceàfranchirpourfairepasserlesens.
Cependant, lécart est fonction du degré dassimilation de ce
lexique : minimale ou nulle pour les emprunts intégrés à la langue
française,elleestmaximalepourlesxénismesquinepeuventdélivrer
leursensparexemplepourquineconnaîtpasleberbèreoularabe.Le
texte fournit parfois leur traduction, la marque typographique
exprimeladistanceàfranchirpourfairepasserlesens.
Le texte autorise donc deux lectures : celle dune altérité
pourquinapasdecompétenceenberbère,celleduneidentitépour
qui accède au sens en berbère ou en arabe. De même, lusage dun
françaisnoncodérepérableauniveaulexical,syntaxiqueetdiscursif,
devientlesignemanifestedunécartessentiel:dansLaȱcollineȱoubliée,
la lettre dAazi reprend en français les expressions berbères telles
quelles,ilenestdemêmedansLeȱSommeilȱduȱjuste.
Le texte autorise donc deux lectures : celle dune altérité
pourquinapasdecompétenceenberbère,celleduneidentitépour
qui accède au sens en berbère ou en arabe. De même, lusage dun
françaisnoncodérepérableauniveaulexical,syntaxiqueetdiscursif,
devientlesignemanifestedunécartessentiel:dansLaȱcollineȱoubliée,
la lettre dAazi reprend en français les expressions berbères telles
quelles,ilenestdemêmedansLeȱSommeilȱduȱjuste.
Ces éléments établissent une connivence avec ceux qui
arrivent à percer le message. De ce fait, elles marquent
lappartenance à un groupe et deviennent signe didentité. Le texte
estainsiprisdansundoubleréseauintertextueljouantàlafoisavec
lalanguedelautre et lalangue authentique et renversant les pôles
du conflit puisque, dans une telle situation de minoration
linguistique comme celles des langues autochtones (berbères et
arabe)etfaceàlidéologiedelalanguedominante,secréetouteune
idéologiedelaparoleéclatéepourcompenserlapertedidentitéde
lalanguedominée.
Ces éléments établissent une connivence avec ceux qui
arrivent à percer le message. De ce fait, elles marquent
lappartenance à un groupe et deviennent signe didentité. Le texte
estainsiprisdansundoubleréseauintertextueljouantàlafoisavec
lalanguedelautre et lalangue authentique et renversant les pôles
du conflit puisque, dans une telle situation de minoration
linguistique comme celles des langues autochtones (berbères et
arabe)etfaceàlidéologiedelalanguedominante,secréetouteune
idéologiedelaparoleéclatéepourcompenserlapertedidentitéde
lalanguedominée.
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delarabedansuneécritureencaractèreslatinsetdansunconstant
mixage avec une écriture française. En effet, la tentative dinscrire
lȇalgérianité dans le texte se manifeste par des emprunts, des
xénismesoudescalquestranscritsetintégrésàlasyntaxefrançaise,
cequeRobertLafontdésignecommemarqueursȱdȇidentitéȱsymboliques.
delarabedansuneécritureencaractèreslatinsetdansunconstant
mixage avec une écriture française. En effet, la tentative dinscrire
lȇalgérianité dans le texte se manifeste par des emprunts, des
xénismesoudescalquestranscritsetintégrésàlasyntaxefrançaise,
cequeRobertLafontdésignecommemarqueursȱdȇidentitéȱsymboliques.
Le surgissement de ce lexique produit du sens; il est vécu
pulsionnellement et pose dans le corps du texte lexistence dune
praxissocioculturellequinepeutêtrereproduiteenfrançaiscomme
cest le cas des anthroponymes qui jouent le rôle «dȇuneȱ caisseȱ deȱ
résonanceȱ connotative» et fonctionnent comme des signes
dauthenticité.
Le surgissement de ce lexique produit du sens; il est vécu
pulsionnellement et pose dans le corps du texte lexistence dune
praxissocioculturellequinepeutêtrereproduiteenfrançaiscomme
cest le cas des anthroponymes qui jouent le rôle «dȇuneȱ caisseȱ deȱ
résonanceȱ connotative» et fonctionnent comme des signes
dauthenticité.
Cependant, lécart est fonction du degré dassimilation de ce
lexique : minimale ou nulle pour les emprunts intégrés à la langue
française,elleestmaximalepourlesxénismesquinepeuventdélivrer
leursensparexemplepourquineconnaîtpasleberbèreoularabe.Le
texte fournit parfois leur traduction, la marque typographique
exprimeladistanceàfranchirpourfairepasserlesens.
Cependant, lécart est fonction du degré dassimilation de ce
lexique : minimale ou nulle pour les emprunts intégrés à la langue
française,elleestmaximalepourlesxénismesquinepeuventdélivrer
leursensparexemplepourquineconnaîtpasleberbèreoularabe.Le
texte fournit parfois leur traduction, la marque typographique
exprimeladistanceàfranchirpourfairepasserlesens.
Le texte autorise donc deux lectures : celle dune altérité
pourquinapasdecompétenceenberbère,celleduneidentitépour
qui accède au sens en berbère ou en arabe. De même, lusage dun
françaisnoncodérepérableauniveaulexical,syntaxiqueetdiscursif,
devientlesignemanifestedunécartessentiel:dansLaȱcollineȱoubliée,
la lettre dAazi reprend en français les expressions berbères telles
quelles,ilenestdemêmedansLeȱSommeilȱduȱjuste.
Le texte autorise donc deux lectures : celle dune altérité
pourquinapasdecompétenceenberbère,celleduneidentitépour
qui accède au sens en berbère ou en arabe. De même, lusage dun
françaisnoncodérepérableauniveaulexical,syntaxiqueetdiscursif,
devientlesignemanifestedunécartessentiel:dansLaȱcollineȱoubliée,
la lettre dAazi reprend en français les expressions berbères telles
quelles,ilenestdemêmedansLeȱSommeilȱduȱjuste.
Ces éléments établissent une connivence avec ceux qui
arrivent à percer le message. De ce fait, elles marquent
lappartenance à un groupe et deviennent signe didentité. Le texte
estainsiprisdansundoubleréseauintertextueljouantàlafoisavec
lalanguedelautre et lalangue authentique et renversant les pôles
du conflit puisque, dans une telle situation de minoration
linguistique comme celles des langues autochtones (berbères et
arabe)etfaceàlidéologiedelalanguedominante,secréetouteune
idéologiedelaparoleéclatéepourcompenserlapertedidentitéde
lalanguedominée.
Ces éléments établissent une connivence avec ceux qui
arrivent à percer le message. De ce fait, elles marquent
lappartenance à un groupe et deviennent signe didentité. Le texte
estainsiprisdansundoubleréseauintertextueljouantàlafoisavec
lalanguedelautre et lalangue authentique et renversant les pôles
du conflit puisque, dans une telle situation de minoration
linguistique comme celles des langues autochtones (berbères et
arabe)etfaceàlidéologiedelalanguedominante,secréetouteune
idéologiedelaparoleéclatéepourcompenserlapertedidentitéde
lalanguedominée.
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L’utilisation de xénismes, demprunts, de tournures
syntaxiques sert à la construction dun moi, comme moiȱ deȱ langage.
Maiscommeilnepeutêtrevoixȱdequendevenantvoixȱpour,lesujet
collectifmammériensinsinuedansletexteetsemanifestealorspar
denombreuxtermeschargésdontlafréquenceestpertinente:«chez
nous»,«lepays»,«latribu»,«lacité».Lesujetseffaceetdevient
communauté, il est la voix élue, celle qui énonce des censures
camouflées, le poète mage qui tente de récupérer tout limaginaire
collectif, dinduire la construction dune identité dynamique et
déveiller le peuple par le biais de la parole comme dans Laȱ citéȱ duȱ
soleil.ȱ(Mammeri,1987).
L’utilisation de xénismes, demprunts, de tournures
syntaxiques sert à la construction dun moi, comme moiȱ deȱ langage.
Maiscommeilnepeutêtrevoixȱdequendevenantvoixȱpour,lesujet
collectifmammériensinsinuedansletexteetsemanifestealorspar
denombreuxtermeschargésdontlafréquenceestpertinente:«chez
nous»,«lepays»,«latribu»,«lacité».Lesujetseffaceetdevient
communauté, il est la voix élue, celle qui énonce des censures
camouflées, le poète mage qui tente de récupérer tout limaginaire
collectif, dinduire la construction dune identité dynamique et
déveiller le peuple par le biais de la parole comme dans Laȱ citéȱ duȱ
soleil.ȱ(Mammeri,1987).
Ladiglossieestmanifesteaussiauniveaudespersonnages.
En effet, dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, le parcours dArezki illustre
parfaitementlesdeuxaventuresantithétiquesoulesdeuxpositions
dusujetdiglossique.
Ladiglossieestmanifesteaussiauniveaudespersonnages.
En effet, dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, le parcours dArezki illustre
parfaitementlesdeuxaventuresantithétiquesoulesdeuxpositions
dusujetdiglossique.
La première aventure est celle de lacculturation, le sujet
entredanslelangagedominantetdumêmecoupcroitentrerdansla
société dominante en seffaçant comme sujet, en tentant deffacer le
langagequiaprésidéàsapremièreidentité,ceȱqueȱjȇaiȱavaléȱdeȱsièclesȱ
dȇauteurs,ȱ deȱ mots,ȱ deȱ raisonnements, dit Arezki à son maître.
(Mammeri,1955:133)
La première aventure est celle de lacculturation, le sujet
entredanslelangagedominantetdumêmecoupcroitentrerdansla
société dominante en seffaçant comme sujet, en tentant deffacer le
langagequiaprésidéàsapremièreidentité,ceȱqueȱjȇaiȱavaléȱdeȱsièclesȱ
dȇauteurs,ȱ deȱ mots,ȱ deȱ raisonnements, dit Arezki à son maître.
(Mammeri,1955:133)
Lasecondeaventureestcelleaucontrairedelexhibitionde
la différence, de laltérité. Dans le conflit langue dominante/langue
dominée, pour le dominé pratiquer sa langue, cest saffirmer. Le
sujet tente à tout moment de se montrer extérieur à la culture
dominante:
Lasecondeaventureestcelleaucontrairedelexhibitionde
la différence, de laltérité. Dans le conflit langue dominante/langue
dominée, pour le dominé pratiquer sa langue, cest saffirmer. Le
sujet tente à tout moment de se montrer extérieur à la culture
dominante:
depuisȱqueȱjeȱsuisȱunȱguerrier,ȱécritȱArezkiȱàȱsonȱancienȱmaître,ȱcȇestȱfouȱceȱ
queȱjȇéconomiseȱlesȱmots,ȱduȱreste,ȱjȇaiȱparȱbonheurȱoubliéȱtousȱceuxȱquiȱneȱ
servaientȱàȱrienȱ:ȱlaȱmoitiéȱdesȱvôtresȱyȱontȱsombré.(Mammeri,1955:133)
depuisȱqueȱjeȱsuisȱunȱguerrier,ȱécritȱArezkiȱàȱsonȱancienȱmaître,ȱcȇestȱfouȱceȱ
queȱjȇéconomiseȱlesȱmots,ȱduȱreste,ȱjȇaiȱparȱbonheurȱoubliéȱtousȱceuxȱquiȱneȱ
servaientȱàȱrienȱ:ȱlaȱmoitiéȱdesȱvôtresȱyȱontȱsombré.(Mammeri,1955:133)
Attitudeantinomique,lesujetseposecettefoisenidentitéet
propose un discours où la parole authentique est réhabilitée. Les
personnages établissent dans le cadre de leurs relations parentales
desliensaffectifsprimordiauxparlebiaisdelalanguematernelle.
Attitudeantinomique,lesujetseposecettefoisenidentitéet
propose un discours où la parole authentique est réhabilitée. Les
personnages établissent dans le cadre de leurs relations parentales
desliensaffectifsprimordiauxparlebiaisdelalanguematernelle.
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L’utilisation de xénismes, demprunts, de tournures
syntaxiques sert à la construction dun moi, comme moiȱ deȱ langage.
Maiscommeilnepeutêtrevoixȱdequendevenantvoixȱpour,lesujet
collectifmammériensinsinuedansletexteetsemanifestealorspar
denombreuxtermeschargésdontlafréquenceestpertinente:«chez
nous»,«lepays»,«latribu»,«lacité».Lesujetseffaceetdevient
communauté, il est la voix élue, celle qui énonce des censures
camouflées, le poète mage qui tente de récupérer tout limaginaire
collectif, dinduire la construction dune identité dynamique et
déveiller le peuple par le biais de la parole comme dans Laȱ citéȱ duȱ
soleil.ȱ(Mammeri,1987).
L’utilisation de xénismes, demprunts, de tournures
syntaxiques sert à la construction dun moi, comme moiȱ deȱ langage.
Maiscommeilnepeutêtrevoixȱdequendevenantvoixȱpour,lesujet
collectifmammériensinsinuedansletexteetsemanifestealorspar
denombreuxtermeschargésdontlafréquenceestpertinente:«chez
nous»,«lepays»,«latribu»,«lacité».Lesujetseffaceetdevient
communauté, il est la voix élue, celle qui énonce des censures
camouflées, le poète mage qui tente de récupérer tout limaginaire
collectif, dinduire la construction dune identité dynamique et
déveiller le peuple par le biais de la parole comme dans Laȱ citéȱ duȱ
soleil.ȱ(Mammeri,1987).
Ladiglossieestmanifesteaussiauniveaudespersonnages.
En effet, dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, le parcours dArezki illustre
parfaitementlesdeuxaventuresantithétiquesoulesdeuxpositions
dusujetdiglossique.
Ladiglossieestmanifesteaussiauniveaudespersonnages.
En effet, dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, le parcours dArezki illustre
parfaitementlesdeuxaventuresantithétiquesoulesdeuxpositions
dusujetdiglossique.
La première aventure est celle de lacculturation, le sujet
entredanslelangagedominantetdumêmecoupcroitentrerdansla
société dominante en seffaçant comme sujet, en tentant deffacer le
langagequiaprésidéàsapremièreidentité,ceȱqueȱjȇaiȱavaléȱdeȱsièclesȱ
dȇauteurs,ȱ deȱ mots,ȱ deȱ raisonnements, dit Arezki à son maître.
(Mammeri,1955:133)
La première aventure est celle de lacculturation, le sujet
entredanslelangagedominantetdumêmecoupcroitentrerdansla
société dominante en seffaçant comme sujet, en tentant deffacer le
langagequiaprésidéàsapremièreidentité,ceȱqueȱjȇaiȱavaléȱdeȱsièclesȱ
dȇauteurs,ȱ deȱ mots,ȱ deȱ raisonnements, dit Arezki à son maître.
(Mammeri,1955:133)
Lasecondeaventureestcelleaucontrairedelexhibitionde
la différence, de laltérité. Dans le conflit langue dominante/langue
dominée, pour le dominé pratiquer sa langue, cest saffirmer. Le
sujet tente à tout moment de se montrer extérieur à la culture
dominante:
Lasecondeaventureestcelleaucontrairedelexhibitionde
la différence, de laltérité. Dans le conflit langue dominante/langue
dominée, pour le dominé pratiquer sa langue, cest saffirmer. Le
sujet tente à tout moment de se montrer extérieur à la culture
dominante:
depuisȱqueȱjeȱsuisȱunȱguerrier,ȱécritȱArezkiȱàȱsonȱancienȱmaître,ȱcȇestȱfouȱceȱ
queȱjȇéconomiseȱlesȱmots,ȱduȱreste,ȱjȇaiȱparȱbonheurȱoubliéȱtousȱceuxȱquiȱneȱ
servaientȱàȱrienȱ:ȱlaȱmoitiéȱdesȱvôtresȱyȱontȱsombré.(Mammeri,1955:133)
depuisȱqueȱjeȱsuisȱunȱguerrier,ȱécritȱArezkiȱàȱsonȱancienȱmaître,ȱcȇestȱfouȱceȱ
queȱjȇéconomiseȱlesȱmots,ȱduȱreste,ȱjȇaiȱparȱbonheurȱoubliéȱtousȱceuxȱquiȱneȱ
servaientȱàȱrienȱ:ȱlaȱmoitiéȱdesȱvôtresȱyȱontȱsombré.(Mammeri,1955:133)
Attitudeantinomique,lesujetseposecettefoisenidentitéet
propose un discours où la parole authentique est réhabilitée. Les
personnages établissent dans le cadre de leurs relations parentales
desliensaffectifsprimordiauxparlebiaisdelalanguematernelle.
Attitudeantinomique,lesujetseposecettefoisenidentitéet
propose un discours où la parole authentique est réhabilitée. Les
personnages établissent dans le cadre de leurs relations parentales
desliensaffectifsprimordiauxparlebiaisdelalanguematernelle.
96
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CestenberbèrequArezkidansLeȱsommeilȱduȱjusteȱetBachir
dans Lȇopiumȱ etȱ leȱ bâtonȱ perçoivent leur environnement, se
lapproprient, sy intègrent et par là constituent leur identité
fondamentale pour accéder au statut de sujet linguistique. Le
berbèreest,danscecas,lalanguedelintimitéfamilialeetaussicelle
de la dignité. On sent chez lauteur de ladmiration pour lhabile
dialecte des anciens, pour leurs harangues à lassemblée du village
que les jeunes du pays ne savent pas imiter: Ilsȱ étaientȱ incapablesȱ deȱ
prononcerȱ enȱkabyleȱ unȱ discoursȱ soutenuȱ;ȱ (...)ȱ ilsȱ étaientȱ secs,ȱ froidsȱ sansȱ
ordre,ȱsansȱcitation.ȱ(Mammeri,ȱ1954:67).
CestenberbèrequArezkidansLeȱsommeilȱduȱjusteȱetBachir
dans Lȇopiumȱ etȱ leȱ bâtonȱ perçoivent leur environnement, se
lapproprient, sy intègrent et par là constituent leur identité
fondamentale pour accéder au statut de sujet linguistique. Le
berbèreest,danscecas,lalanguedelintimitéfamilialeetaussicelle
de la dignité. On sent chez lauteur de ladmiration pour lhabile
dialecte des anciens, pour leurs harangues à lassemblée du village
que les jeunes du pays ne savent pas imiter: Ilsȱ étaientȱ incapablesȱ deȱ
prononcerȱ enȱkabyleȱ unȱ discoursȱ soutenuȱ;ȱ (...)ȱ ilsȱ étaientȱ secs,ȱ froidsȱ sansȱ
ordre,ȱsansȱcitation.ȱ(Mammeri,ȱ1954:67).
Le même thème est repris et développé dans Lȇopium etȱ leȱ
bâton.ȱLeȱrespectȱdeȱsoiȬmêmeȱcommenceȱparȱleȱrespectȱdeȱsaȱlangueȱditle
père(Mammeri,1965:12);etsouvent,danscestribus,comprendrela
languedesespèrescestaussicomprendreleuresprit:
Le même thème est repris et développé dans Lȇopium etȱ leȱ
bâton.ȱLeȱrespectȱdeȱsoiȬmêmeȱcommenceȱparȱleȱrespectȱdeȱsaȱlangueȱditle
père(Mammeri,1965:12);etsouvent,danscestribus,comprendrela
languedesespèrescestaussicomprendreleuresprit:
Lesȱ vieillardsȱ remarquèrentȱ queȱ pourȱ sesȱ adieuxȱ Mohandȱ employaitȱ leȱ
berbèreȱrecherchéȱquȇilȱgardaitȱdȇhabitudeȱpourȱlesȱgrandsȱjours...ȱLesȱjeunesȱ
neȱ comprenaientȱ pasȱ trèsȱ bienȱ;ȱ vaguement,ȱ ilsȱ sentaientȱ que,ȱ parceȱ queȱ lesȱ
événementsȱétaientȱgraves,ȱMohandȱcherchaitȱàȱmettreȱlesȱmotsȱàȱlaȱhauteurȱ
desȱchoses.(Mammeri,1965:69)
Lesȱ vieillardsȱ remarquèrentȱ queȱ pourȱ sesȱ adieuxȱ Mohandȱ employaitȱ leȱ
berbèreȱrecherchéȱquȇilȱgardaitȱdȇhabitudeȱpourȱlesȱgrandsȱjours...ȱLesȱjeunesȱ
neȱ comprenaientȱ pasȱ trèsȱ bienȱ;ȱ vaguement,ȱ ilsȱ sentaientȱ que,ȱ parceȱ queȱ lesȱ
événementsȱétaientȱgraves,ȱMohandȱcherchaitȱàȱmettreȱlesȱmotsȱàȱlaȱhauteurȱ
desȱchoses.(Mammeri,1965:69)
Lenarrateurpréciseencore:
Lenarrateurpréciseencore:
Dansȱ lesȱ assembléesȱ d’antanȱ sȇentendaientȱ lesȱ plusȱ bellesȱ paraboles,ȱ lesȱ
parolesȱ lesȱ plusȱ humaines.ȱ Onȱ yȱ avaitȱ soinȱ desȱ motsȱ parceȱ quȇonȱ avaitȱ leȱ
respectȱ desȱ hommes.ȱ Maintenantȱ Ameurȱ ouȱ Tayebȱ pouvaientȱ sansȱ honteȱ etȱ
devantȱtousȱécorcherȱleȱberbère,ȱcommeȱsansȱdouteȱilsȱécorchaientȱlesȱcœurs...ȱ
ouȱlesȱcorpsȱavecȱlaȱmêmeȱimpudence.(Mammeri,1965:80)
Dansȱ lesȱ assembléesȱ d’antanȱ sȇentendaientȱ lesȱ plusȱ bellesȱ paraboles,ȱ lesȱ
parolesȱ lesȱ plusȱ humaines.ȱ Onȱ yȱ avaitȱ soinȱ desȱ motsȱ parceȱ quȇonȱ avaitȱ leȱ
respectȱ desȱ hommes.ȱ Maintenantȱ Ameurȱ ouȱ Tayebȱ pouvaientȱ sansȱ honteȱ etȱ
devantȱtousȱécorcherȱleȱberbère,ȱcommeȱsansȱdouteȱilsȱécorchaientȱlesȱcœurs...ȱ
ouȱlesȱcorpsȱavecȱlaȱmêmeȱimpudence.(Mammeri,1965:80)
Ainsi laltérité, auparavant combattue, est progressivement
intériorisée, retravaillée de lintérieur. En un lieu linguistique
conflictuel, la reconquête de la parole, dun dire signifie lexistence
mêmedecettelangueetdelacommunautéquilaparle.
Le conflit diglossique se manifeste aussi dans le discours des
antagonistes.Quiconqueestdansunrapporthiérarchiquesupérieur
essaiedimposersalangue;ilyatouteunevisionethnocentristeoù
Ainsi laltérité, auparavant combattue, est progressivement
intériorisée, retravaillée de lintérieur. En un lieu linguistique
conflictuel, la reconquête de la parole, dun dire signifie lexistence
mêmedecettelangueetdelacommunautéquilaparle.
Le conflit diglossique se manifeste aussi dans le discours des
antagonistes.Quiconqueestdansunrapporthiérarchiquesupérieur
essaiedimposersalangue;ilyatouteunevisionethnocentristeoù
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CestenberbèrequArezkidansLeȱsommeilȱduȱjusteȱetBachir
dans Lȇopiumȱ etȱ leȱ bâtonȱ perçoivent leur environnement, se
lapproprient, sy intègrent et par là constituent leur identité
fondamentale pour accéder au statut de sujet linguistique. Le
berbèreest,danscecas,lalanguedelintimitéfamilialeetaussicelle
de la dignité. On sent chez lauteur de ladmiration pour lhabile
dialecte des anciens, pour leurs harangues à lassemblée du village
que les jeunes du pays ne savent pas imiter: Ilsȱ étaientȱ incapablesȱ deȱ
prononcerȱ enȱkabyleȱ unȱ discoursȱ soutenuȱ;ȱ (...)ȱ ilsȱ étaientȱ secs,ȱ froidsȱ sansȱ
ordre,ȱsansȱcitation.ȱ(Mammeri,ȱ1954:67).
CestenberbèrequArezkidansLeȱsommeilȱduȱjusteȱetBachir
dans Lȇopiumȱ etȱ leȱ bâtonȱ perçoivent leur environnement, se
lapproprient, sy intègrent et par là constituent leur identité
fondamentale pour accéder au statut de sujet linguistique. Le
berbèreest,danscecas,lalanguedelintimitéfamilialeetaussicelle
de la dignité. On sent chez lauteur de ladmiration pour lhabile
dialecte des anciens, pour leurs harangues à lassemblée du village
que les jeunes du pays ne savent pas imiter: Ilsȱ étaientȱ incapablesȱ deȱ
prononcerȱ enȱkabyleȱ unȱ discoursȱ soutenuȱ;ȱ (...)ȱ ilsȱ étaientȱ secs,ȱ froidsȱ sansȱ
ordre,ȱsansȱcitation.ȱ(Mammeri,ȱ1954:67).
Le même thème est repris et développé dans Lȇopium etȱ leȱ
bâton.ȱLeȱrespectȱdeȱsoiȬmêmeȱcommenceȱparȱleȱrespectȱdeȱsaȱlangueȱditle
père(Mammeri,1965:12);etsouvent,danscestribus,comprendrela
languedesespèrescestaussicomprendreleuresprit:
Le même thème est repris et développé dans Lȇopium etȱ leȱ
bâton.ȱLeȱrespectȱdeȱsoiȬmêmeȱcommenceȱparȱleȱrespectȱdeȱsaȱlangueȱditle
père(Mammeri,1965:12);etsouvent,danscestribus,comprendrela
languedesespèrescestaussicomprendreleuresprit:
Lesȱ vieillardsȱ remarquèrentȱ queȱ pourȱ sesȱ adieuxȱ Mohandȱ employaitȱ leȱ
berbèreȱrecherchéȱquȇilȱgardaitȱdȇhabitudeȱpourȱlesȱgrandsȱjours...ȱLesȱjeunesȱ
neȱ comprenaientȱ pasȱ trèsȱ bienȱ;ȱ vaguement,ȱ ilsȱ sentaientȱ que,ȱ parceȱ queȱ lesȱ
événementsȱétaientȱgraves,ȱMohandȱcherchaitȱàȱmettreȱlesȱmotsȱàȱlaȱhauteurȱ
desȱchoses.(Mammeri,1965:69)
Lesȱ vieillardsȱ remarquèrentȱ queȱ pourȱ sesȱ adieuxȱ Mohandȱ employaitȱ leȱ
berbèreȱrecherchéȱquȇilȱgardaitȱdȇhabitudeȱpourȱlesȱgrandsȱjours...ȱLesȱjeunesȱ
neȱ comprenaientȱ pasȱ trèsȱ bienȱ;ȱ vaguement,ȱ ilsȱ sentaientȱ que,ȱ parceȱ queȱ lesȱ
événementsȱétaientȱgraves,ȱMohandȱcherchaitȱàȱmettreȱlesȱmotsȱàȱlaȱhauteurȱ
desȱchoses.(Mammeri,1965:69)
Lenarrateurpréciseencore:
Lenarrateurpréciseencore:
Dansȱ lesȱ assembléesȱ d’antanȱ sȇentendaientȱ lesȱ plusȱ bellesȱ paraboles,ȱ lesȱ
parolesȱ lesȱ plusȱ humaines.ȱ Onȱ yȱ avaitȱ soinȱ desȱ motsȱ parceȱ quȇonȱ avaitȱ leȱ
respectȱ desȱ hommes.ȱ Maintenantȱ Ameurȱ ouȱ Tayebȱ pouvaientȱ sansȱ honteȱ etȱ
devantȱtousȱécorcherȱleȱberbère,ȱcommeȱsansȱdouteȱilsȱécorchaientȱlesȱcœurs...ȱ
ouȱlesȱcorpsȱavecȱlaȱmêmeȱimpudence.(Mammeri,1965:80)
Dansȱ lesȱ assembléesȱ d’antanȱ sȇentendaientȱ lesȱ plusȱ bellesȱ paraboles,ȱ lesȱ
parolesȱ lesȱ plusȱ humaines.ȱ Onȱ yȱ avaitȱ soinȱ desȱ motsȱ parceȱ quȇonȱ avaitȱ leȱ
respectȱ desȱ hommes.ȱ Maintenantȱ Ameurȱ ouȱ Tayebȱ pouvaientȱ sansȱ honteȱ etȱ
devantȱtousȱécorcherȱleȱberbère,ȱcommeȱsansȱdouteȱilsȱécorchaientȱlesȱcœurs...ȱ
ouȱlesȱcorpsȱavecȱlaȱmêmeȱimpudence.(Mammeri,1965:80)
Ainsi laltérité, auparavant combattue, est progressivement
intériorisée, retravaillée de lintérieur. En un lieu linguistique
conflictuel, la reconquête de la parole, dun dire signifie lexistence
mêmedecettelangueetdelacommunautéquilaparle.
Le conflit diglossique se manifeste aussi dans le discours des
antagonistes.Quiconqueestdansunrapporthiérarchiquesupérieur
essaiedimposersalangue;ilyatouteunevisionethnocentristeoù
Ainsi laltérité, auparavant combattue, est progressivement
intériorisée, retravaillée de lintérieur. En un lieu linguistique
conflictuel, la reconquête de la parole, dun dire signifie lexistence
mêmedecettelangueetdelacommunautéquilaparle.
Le conflit diglossique se manifeste aussi dans le discours des
antagonistes.Quiconqueestdansunrapporthiérarchiquesupérieur
essaiedimposersalangue;ilyatouteunevisionethnocentristeoù
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sexprimeaveccomplaisancelasupérioritédelautre:lascèneentre
lepèreetlekomisar,illustrebiencerapportconflictueldelangues:
sexprimeaveccomplaisancelasupérioritédelautre:lascèneentre
lepèreetlekomisar,illustrebiencerapportconflictueldelangues:
Leȱchefȱdemandeȱceȱqueȱtuȱparlesȱȱ
ȱȬȱLeȱkabyleȱ
ȱȬȱ Lȇadministrateurȱ teȱ demandeȱ siȱ tuȱ neȱ pouvaisȱ pasȱ parlerȱ françaisȱ
commeȱtoutȱleȱmonde.ȱ
ȱȬȱDisȬlui,ȱsiȱceȱnȇestȱpasȱlȇoffenser,ȱqueȱleȱkabyleȱestȱlaȱlangueȱdeȱmesȱ
pères.ȱ(Mammeri,1955:22)ȱ
Leȱchefȱdemandeȱceȱqueȱtuȱparlesȱȱ
ȱȬȱLeȱkabyleȱ
ȱȬȱ Lȇadministrateurȱ teȱ demandeȱ siȱ tuȱ neȱ pouvaisȱ pasȱ parlerȱ françaisȱ
commeȱtoutȱleȱmonde.ȱ
ȱȬȱDisȬlui,ȱsiȱceȱnȇestȱpasȱlȇoffenser,ȱqueȱleȱkabyleȱestȱlaȱlangueȱdeȱmesȱ
pères.ȱ(Mammeri,1955:22)ȱ
ȱ
Parlerȱfrançaisȱcommeȱtoutȱleȱmondeimpliquequonnedoitpas
parler autre chose que la langue dominante et implique
nécessairementunerelationinégalitaireentreleslangues.ȱ
ȱ
III.1.3.Ladiglossieendogène.
ȱ
Face à cette diglossie externe, une situation diglossique
interneapparaîtenfiligrane.Danssesromansetessais,Mammerifait
allusionauxlanguesetauxculturesautochtonesquifontladiversité
dupeuplealgérien.Lesoucidelalangueetdelaculturekabyle,très
longtempsmarginalisées,estbienmarquéchezlauteurquiconsidère
la première comme la langue «des tripes», avec laquelle il a des
rapports intimes :ilȱ yȱ aȱ desȱ choses,ȱ desȱ sentiments,ȱ desȱ musiquesȱ queȱ jeȱ
rendraisȱ infinimentȱ mieuxȱ enȱ cetteȱ langueȱ quȇenȱ nulleȱ autre. (Mammeri,
1987: 48). Lauteur a dénoncé cet état de fait dans une interview
accordée à Tahar Djaout: Lȇétatȱ algérien,ȱ (...)ȱ aprèsȱ unȱ quartȱ deȱ siècleȱ
dȇindépendance,ȱvitȱleȱscandaleȱdeȱneȱpasȱreconnaîtreȱcommeȱalgérienneȱuneȱ
langueȱparléeȱenȱAlgérieȱdepuisȱdesȱmillénaires.(Mammeri,1987:49)
Parailleurs,lefaitquependanttrèslongtemps,
ȱ
Parlerȱfrançaisȱcommeȱtoutȱleȱmondeimpliquequonnedoitpas
parler autre chose que la langue dominante et implique
nécessairementunerelationinégalitaireentreleslangues.ȱ
ȱ
III.1.3.Ladiglossieendogène.
ȱ
Face à cette diglossie externe, une situation diglossique
interneapparaîtenfiligrane.Danssesromansetessais,Mammerifait
allusionauxlanguesetauxculturesautochtonesquifontladiversité
dupeuplealgérien.Lesoucidelalangueetdelaculturekabyle,très
longtempsmarginalisées,estbienmarquéchezlauteurquiconsidère
la première comme la langue «des tripes», avec laquelle il a des
rapports intimes :ilȱ yȱ aȱ desȱ choses,ȱ desȱ sentiments,ȱ desȱ musiquesȱ queȱ jeȱ
rendraisȱ infinimentȱ mieuxȱ enȱ cetteȱ langueȱ quȇenȱ nulleȱ autre. (Mammeri,
1987: 48). Lauteur a dénoncé cet état de fait dans une interview
accordée à Tahar Djaout: Lȇétatȱ algérien,ȱ (...)ȱ aprèsȱ unȱ quartȱ deȱ siècleȱ
dȇindépendance,ȱvitȱleȱscandaleȱdeȱneȱpasȱreconnaîtreȱcommeȱalgérienneȱuneȱ
langueȱparléeȱenȱAlgérieȱdepuisȱdesȱmillénaires.(Mammeri,1987:49)
Parailleurs,lefaitquependanttrèslongtemps,
laȱlangueȱetȱlaȱcultureȱberbèreȱ[aientȱété]ȱmaîtressesȱdansȱdesȱespacesȱdȇaccèsȱ
difficileȱ monts,ȱ désertȱ quiȱ jouentȱ unȱ rôleȱ deȱ refuge(...),ȱ leȱ tributȱ queȱ lesȱ
berbérophonesȱ ontȱ dûȱ alorsȱ payerȱ pourȱ maintenirȱ unȱ équilibreȱ aȱ étéȱ deȱ
restreindreȱleursȱlanguesȱetȱleursȱculturesȱàȱunȱdomaineȱclos,ȱdeȱseȱcouperȱlesȱ
unsȱ desȱ autresȱ etȱ surtoutȱ deȱ nȇavoirȱ pasȱ faitȱ franchirȱ àȱ leursȱ languesȱ etȱ
culturesȱleȱseuilȱdeȱlaȱcitadinité.(Mammeri,1984:12)
laȱlangueȱetȱlaȱcultureȱberbèreȱ[aientȱété]ȱmaîtressesȱdansȱdesȱespacesȱdȇaccèsȱ
difficileȱ monts,ȱ désertȱ quiȱ jouentȱ unȱ rôleȱ deȱ refuge(...),ȱ leȱ tributȱ queȱ lesȱ
berbérophonesȱ ontȱ dûȱ alorsȱ payerȱ pourȱ maintenirȱ unȱ équilibreȱ aȱ étéȱ deȱ
restreindreȱleursȱlanguesȱetȱleursȱculturesȱàȱunȱdomaineȱclos,ȱdeȱseȱcouperȱlesȱ
unsȱ desȱ autresȱ etȱ surtoutȱ deȱ nȇavoirȱ pasȱ faitȱ franchirȱ àȱ leursȱ languesȱ etȱ
culturesȱleȱseuilȱdeȱlaȱcitadinité.(Mammeri,1984:12)
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sexprimeaveccomplaisancelasupérioritédelautre:lascèneentre
lepèreetlekomisar,illustrebiencerapportconflictueldelangues:
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sexprimeaveccomplaisancelasupérioritédelautre:lascèneentre
lepèreetlekomisar,illustrebiencerapportconflictueldelangues:
Leȱchefȱdemandeȱceȱqueȱtuȱparlesȱȱ
ȱȬȱLeȱkabyleȱ
ȱȬȱ Lȇadministrateurȱ teȱ demandeȱ siȱ tuȱ neȱ pouvaisȱ pasȱ parlerȱ françaisȱ
commeȱtoutȱleȱmonde.ȱ
ȱȬȱDisȬlui,ȱsiȱceȱnȇestȱpasȱlȇoffenser,ȱqueȱleȱkabyleȱestȱlaȱlangueȱdeȱmesȱ
pères.ȱ(Mammeri,1955:22)ȱ
Leȱchefȱdemandeȱceȱqueȱtuȱparlesȱȱ
ȱȬȱLeȱkabyleȱ
ȱȬȱ Lȇadministrateurȱ teȱ demandeȱ siȱ tuȱ neȱ pouvaisȱ pasȱ parlerȱ françaisȱ
commeȱtoutȱleȱmonde.ȱ
ȱȬȱDisȬlui,ȱsiȱceȱnȇestȱpasȱlȇoffenser,ȱqueȱleȱkabyleȱestȱlaȱlangueȱdeȱmesȱ
pères.ȱ(Mammeri,1955:22)ȱ
ȱ
Parlerȱfrançaisȱcommeȱtoutȱleȱmondeimpliquequonnedoitpas
parler autre chose que la langue dominante et implique
nécessairementunerelationinégalitaireentreleslangues.ȱ
ȱ
III.1.3.Ladiglossieendogène.
ȱ
Face à cette diglossie externe, une situation diglossique
interneapparaîtenfiligrane.Danssesromansetessais,Mammerifait
allusionauxlanguesetauxculturesautochtonesquifontladiversité
dupeuplealgérien.Lesoucidelalangueetdelaculturekabyle,très
longtempsmarginalisées,estbienmarquéchezlauteurquiconsidère
la première comme la langue «des tripes», avec laquelle il a des
rapports intimes :ilȱ yȱ aȱ desȱ choses,ȱ desȱ sentiments,ȱ desȱ musiquesȱ queȱ jeȱ
rendraisȱ infinimentȱ mieuxȱ enȱ cetteȱ langueȱ quȇenȱ nulleȱ autre. (Mammeri,
1987: 48). Lauteur a dénoncé cet état de fait dans une interview
accordée à Tahar Djaout: Lȇétatȱ algérien,ȱ (...)ȱ aprèsȱ unȱ quartȱ deȱ siècleȱ
dȇindépendance,ȱvitȱleȱscandaleȱdeȱneȱpasȱreconnaîtreȱcommeȱalgérienneȱuneȱ
langueȱparléeȱenȱAlgérieȱdepuisȱdesȱmillénaires.(Mammeri,1987:49)
Parailleurs,lefaitquependanttrèslongtemps,
ȱ
Parlerȱfrançaisȱcommeȱtoutȱleȱmondeimpliquequonnedoitpas
parler autre chose que la langue dominante et implique
nécessairementunerelationinégalitaireentreleslangues.ȱ
ȱ
III.1.3.Ladiglossieendogène.
ȱ
Face à cette diglossie externe, une situation diglossique
interneapparaîtenfiligrane.Danssesromansetessais,Mammerifait
allusionauxlanguesetauxculturesautochtonesquifontladiversité
dupeuplealgérien.Lesoucidelalangueetdelaculturekabyle,très
longtempsmarginalisées,estbienmarquéchezlauteurquiconsidère
la première comme la langue «des tripes», avec laquelle il a des
rapports intimes :ilȱ yȱ aȱ desȱ choses,ȱ desȱ sentiments,ȱ desȱ musiquesȱ queȱ jeȱ
rendraisȱ infinimentȱ mieuxȱ enȱ cetteȱ langueȱ quȇenȱ nulleȱ autre. (Mammeri,
1987: 48). Lauteur a dénoncé cet état de fait dans une interview
accordée à Tahar Djaout: Lȇétatȱ algérien,ȱ (...)ȱ aprèsȱ unȱ quartȱ deȱ siècleȱ
dȇindépendance,ȱvitȱleȱscandaleȱdeȱneȱpasȱreconnaîtreȱcommeȱalgérienneȱuneȱ
langueȱparléeȱenȱAlgérieȱdepuisȱdesȱmillénaires.(Mammeri,1987:49)
Parailleurs,lefaitquependanttrèslongtemps,
laȱlangueȱetȱlaȱcultureȱberbèreȱ[aientȱété]ȱmaîtressesȱdansȱdesȱespacesȱdȇaccèsȱ
difficileȱ monts,ȱ désertȱ quiȱ jouentȱ unȱ rôleȱ deȱ refuge(...),ȱ leȱ tributȱ queȱ lesȱ
berbérophonesȱ ontȱ dûȱ alorsȱ payerȱ pourȱ maintenirȱ unȱ équilibreȱ aȱ étéȱ deȱ
restreindreȱleursȱlanguesȱetȱleursȱculturesȱàȱunȱdomaineȱclos,ȱdeȱseȱcouperȱlesȱ
unsȱ desȱ autresȱ etȱ surtoutȱ deȱ nȇavoirȱ pasȱ faitȱ franchirȱ àȱ leursȱ languesȱ etȱ
culturesȱleȱseuilȱdeȱlaȱcitadinité.(Mammeri,1984:12)
laȱlangueȱetȱlaȱcultureȱberbèreȱ[aientȱété]ȱmaîtressesȱdansȱdesȱespacesȱdȇaccèsȱ
difficileȱ monts,ȱ désertȱ quiȱ jouentȱ unȱ rôleȱ deȱ refuge(...),ȱ leȱ tributȱ queȱ lesȱ
berbérophonesȱ ontȱ dûȱ alorsȱ payerȱ pourȱ maintenirȱ unȱ équilibreȱ aȱ étéȱ deȱ
restreindreȱleursȱlanguesȱetȱleursȱculturesȱàȱunȱdomaineȱclos,ȱdeȱseȱcouperȱlesȱ
unsȱ desȱ autresȱ etȱ surtoutȱ deȱ nȇavoirȱ pasȱ faitȱ franchirȱ àȱ leursȱ languesȱ etȱ
culturesȱleȱseuilȱdeȱlaȱcitadinité.(Mammeri,1984:12)
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On comprend alors pourquoi, pour ces peuples, certaines
expressionscommepaysȱarabe,paysȱkabylepeuventêtrejustifiéesdans
la mesure où ils ne sont jamais sortis de leurs villages que pour
émigrer en France. Lauteur a, en outre, conscience dune certaine
unité de la Berbérie (et de ses dialectes) dont les héros recherchent
les traces dans leurs voyages à travers le Maghreb. Dans Laȱ collineȱ
oubliée, Idir se sent de lamitié pour les Berbères rifains dont les
mœursetlalanguenesontpastrèsdifférentesdeceuxdesKabyles,
et Menach évoque ses amours avec les petites Berbères de la
montagne marocaine. Dans Lȇopium etȱ leȱ bâton, Bachir reprend la
mêmequêteauMoyenAtlasmarocainetsonaventureaveclabelle
Itto tire son charme de leur fraternité de langue et de race. Après
lavoir quittée, Bachir pense à elle en ces termes : «cest en berbère
quejeusseaiméluidirecelaetdautreschosesencoreȱ».(Mammeri,
1965:66.)
On comprend alors pourquoi, pour ces peuples, certaines
expressionscommepaysȱarabe,paysȱkabylepeuventêtrejustifiéesdans
la mesure où ils ne sont jamais sortis de leurs villages que pour
émigrer en France. Lauteur a, en outre, conscience dune certaine
unité de la Berbérie (et de ses dialectes) dont les héros recherchent
les traces dans leurs voyages à travers le Maghreb. Dans Laȱ collineȱ
oubliée, Idir se sent de lamitié pour les Berbères rifains dont les
mœursetlalanguenesontpastrèsdifférentesdeceuxdesKabyles,
et Menach évoque ses amours avec les petites Berbères de la
montagne marocaine. Dans Lȇopium etȱ leȱ bâton, Bachir reprend la
mêmequêteauMoyenAtlasmarocainetsonaventureaveclabelle
Itto tire son charme de leur fraternité de langue et de race. Après
lavoir quittée, Bachir pense à elle en ces termes : «cest en berbère
quejeusseaiméluidirecelaetdautreschosesencoreȱ».(Mammeri,
1965:66.)
Tandis que la langue berbère devient un refuge contre la
dépersonnalisation pour ces tribus retranchées dans les montagnes,
lalanguearabeapparaîtcommeunelangueétrangère,mêmesielle
restelalanguedelareligion.
Tandis que la langue berbère devient un refuge contre la
dépersonnalisation pour ces tribus retranchées dans les montagnes,
lalanguearabeapparaîtcommeunelangueétrangère,mêmesielle
restelalanguedelareligion.
Dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, lorsque le père dArezki voit le
komisarȱ(ladministrateur),cedernierluiditquelquechoseenarabe,
le père ne répondit pas car il ne comprenait pas cette langue :
lȇadministrateurȱ seȱ levaȱ deȱ nouveau,ȱ furieux,ȱ baragouinaȱ quelqueȱ
choseȱ(Mammeri, 1955 : 21). Egalement, quand Slimane, le frère
dArezki,quittelevillage,ilestcomplètementdépaysécar:
Dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, lorsque le père dArezki voit le
komisarȱ(ladministrateur),cedernierluiditquelquechoseenarabe,
le père ne répondit pas car il ne comprenait pas cette langue :
lȇadministrateurȱ seȱ levaȱ deȱ nouveau,ȱ furieux,ȱ baragouinaȱ quelqueȱ
choseȱ(Mammeri, 1955 : 21). Egalement, quand Slimane, le frère
dArezki,quittelevillage,ilestcomplètementdépaysécar:
lȇétranger,ȱditil,ȱcȇestȱaussiȱdesȱlanguesȱnouvellesȱ:ȱSlimaneȱneȱcomprenaitȱ
niȱ lȇarabeȱ niȱ leȱ françaisȱ (...).ȱ Ilȱ neȱ comprenaitȱ rienȱ auȱ torrentȱ rapideȱ etȱ
coléreuxȱdesȱmotsȱarabesȱquiȱsortaientȱdeȱsaȱboucheȱ(Mammeri,1955:61)
lȇétranger,ȱditil,ȱcȇestȱaussiȱdesȱlanguesȱnouvellesȱ:ȱSlimaneȱneȱcomprenaitȱ
niȱ lȇarabeȱ niȱ leȱ françaisȱ (...).ȱ Ilȱ neȱ comprenaitȱ rienȱ auȱ torrentȱ rapideȱ etȱ
coléreuxȱdesȱmotsȱarabesȱquiȱsortaientȱdeȱsaȱboucheȱ(Mammeri,1955:61)
Le personnage de Slimane se distingue par sa seule
compétencelinguistiqueenkabylecarilnajamaisquittésatribuoù
lon ne parle que cette langue; mais très vite il se rend compte que
pourgagnersavie,illuifaudraacquérirdautreslangues.Ainsiestil
Le personnage de Slimane se distingue par sa seule
compétencelinguistiqueenkabylecarilnajamaisquittésatribuoù
lon ne parle que cette langue; mais très vite il se rend compte que
pourgagnersavie,illuifaudraacquérirdautreslangues.Ainsiestil
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On comprend alors pourquoi, pour ces peuples, certaines
expressionscommepaysȱarabe,paysȱkabylepeuventêtrejustifiéesdans
la mesure où ils ne sont jamais sortis de leurs villages que pour
émigrer en France. Lauteur a, en outre, conscience dune certaine
unité de la Berbérie (et de ses dialectes) dont les héros recherchent
les traces dans leurs voyages à travers le Maghreb. Dans Laȱ collineȱ
oubliée, Idir se sent de lamitié pour les Berbères rifains dont les
mœursetlalanguenesontpastrèsdifférentesdeceuxdesKabyles,
et Menach évoque ses amours avec les petites Berbères de la
montagne marocaine. Dans Lȇopium etȱ leȱ bâton, Bachir reprend la
mêmequêteauMoyenAtlasmarocainetsonaventureaveclabelle
Itto tire son charme de leur fraternité de langue et de race. Après
lavoir quittée, Bachir pense à elle en ces termes : «cest en berbère
quejeusseaiméluidirecelaetdautreschosesencoreȱ».(Mammeri,
1965:66.)
On comprend alors pourquoi, pour ces peuples, certaines
expressionscommepaysȱarabe,paysȱkabylepeuventêtrejustifiéesdans
la mesure où ils ne sont jamais sortis de leurs villages que pour
émigrer en France. Lauteur a, en outre, conscience dune certaine
unité de la Berbérie (et de ses dialectes) dont les héros recherchent
les traces dans leurs voyages à travers le Maghreb. Dans Laȱ collineȱ
oubliée, Idir se sent de lamitié pour les Berbères rifains dont les
mœursetlalanguenesontpastrèsdifférentesdeceuxdesKabyles,
et Menach évoque ses amours avec les petites Berbères de la
montagne marocaine. Dans Lȇopium etȱ leȱ bâton, Bachir reprend la
mêmequêteauMoyenAtlasmarocainetsonaventureaveclabelle
Itto tire son charme de leur fraternité de langue et de race. Après
lavoir quittée, Bachir pense à elle en ces termes : «cest en berbère
quejeusseaiméluidirecelaetdautreschosesencoreȱ».(Mammeri,
1965:66.)
Tandis que la langue berbère devient un refuge contre la
dépersonnalisation pour ces tribus retranchées dans les montagnes,
lalanguearabeapparaîtcommeunelangueétrangère,mêmesielle
restelalanguedelareligion.
Tandis que la langue berbère devient un refuge contre la
dépersonnalisation pour ces tribus retranchées dans les montagnes,
lalanguearabeapparaîtcommeunelangueétrangère,mêmesielle
restelalanguedelareligion.
Dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, lorsque le père dArezki voit le
komisarȱ(ladministrateur),cedernierluiditquelquechoseenarabe,
le père ne répondit pas car il ne comprenait pas cette langue :
lȇadministrateurȱ seȱ levaȱ deȱ nouveau,ȱ furieux,ȱ baragouinaȱ quelqueȱ
choseȱ(Mammeri, 1955 : 21). Egalement, quand Slimane, le frère
dArezki,quittelevillage,ilestcomplètementdépaysécar:
Dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, lorsque le père dArezki voit le
komisarȱ(ladministrateur),cedernierluiditquelquechoseenarabe,
le père ne répondit pas car il ne comprenait pas cette langue :
lȇadministrateurȱ seȱ levaȱ deȱ nouveau,ȱ furieux,ȱ baragouinaȱ quelqueȱ
choseȱ(Mammeri, 1955 : 21). Egalement, quand Slimane, le frère
dArezki,quittelevillage,ilestcomplètementdépaysécar:
lȇétranger,ȱditil,ȱcȇestȱaussiȱdesȱlanguesȱnouvellesȱ:ȱSlimaneȱneȱcomprenaitȱ
niȱ lȇarabeȱ niȱ leȱ françaisȱ (...).ȱ Ilȱ neȱ comprenaitȱ rienȱ auȱ torrentȱ rapideȱ etȱ
coléreuxȱdesȱmotsȱarabesȱquiȱsortaientȱdeȱsaȱboucheȱ(Mammeri,1955:61)
lȇétranger,ȱditil,ȱcȇestȱaussiȱdesȱlanguesȱnouvellesȱ:ȱSlimaneȱneȱcomprenaitȱ
niȱ lȇarabeȱ niȱ leȱ françaisȱ (...).ȱ Ilȱ neȱ comprenaitȱ rienȱ auȱ torrentȱ rapideȱ etȱ
coléreuxȱdesȱmotsȱarabesȱquiȱsortaientȱdeȱsaȱboucheȱ(Mammeri,1955:61)
Le personnage de Slimane se distingue par sa seule
compétencelinguistiqueenkabylecarilnajamaisquittésatribuoù
lon ne parle que cette langue; mais très vite il se rend compte que
pourgagnersavie,illuifaudraacquérirdautreslangues.Ainsiestil
Le personnage de Slimane se distingue par sa seule
compétencelinguistiqueenkabylecarilnajamaisquittésatribuoù
lon ne parle que cette langue; mais très vite il se rend compte que
pourgagnersavie,illuifaudraacquérirdautreslangues.Ainsiestil
99
99
contraint d’apprendre avec Lounas quelques mots darabe pour
pouvoirsemouvoirdanslemondedutravail,commesoncousinAkli,
filsdeToudertetpatronduneferme,qu’ilsontentendu«vociféreren
arabeaumilieudungroupedouvrierȱ».(Mammeri,1955:74).
Ce mythe de la langue du cœur ne remet pas en cause
malgré tout laffirmation de la patrie et de lalgérianité : quelleȱ étaitȱ
belleȱ Yakout, l’Aalgérienneȱ !, dit Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ
(Mammeri,1955:75).
ȱ
IV.ȱLAȱȱ«ȱMUSICALISATIONȱ»ȱNARRATIVEȱ
La volonté de créer un monde langagier s’ouvrant sur
l’universalité pousse lauteur à soumettre la langue à un traitement
particulier. Laȱ langueȱ neȱ nommeȱ plus,ȱ elleȱ invente et accompagne
lécriture dans la descente vers limaginaire, ce qui explique la
présence de nombreuses images et lalternance de passages
prosaïquesetpoétiques.Lamiseentextepoétiqueapparaîtdemblée
dans certains passages, notamment dans les moments forts du récit
oùladéraison,ledélireetloniriqueouvrentlechampàlaliberté
d’expression,àlaproductiondimages,àunrythmespécifique,àla
languemétissée.Lemessagepoétique,agissantcommesousuneffet
de catharsis, affirme sa singularité par le biais du contenu ou de la
«vision du monde» quil véhicule mais aussi par la pluralité des
codesquiréalisentsaforme,cequipermetàl’œuvredes’ouvrirsur
lapluralitédessensetsurlapluralitédescultures.
Nous allons nous intéresser maintenant à un aspect
esthétique assez singulier de l’écriture métissée, il s’agit de ce que
l’on pourrait nommer la «musicalisation» de la narration, qui se
manifesteàlafoisparuntravailsurlesignifiéetsurlesignifiant.
IV.1ȱLaȱdimensionȱgraphiqueȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ
Le rapport que l’auteur entretient avec la situation de
plurilinguismedanslaquelleilvitl’amèneàjoueraveclesignifiant.
Examiner le signifiant iconiquement produit permet de saisir les
100
contraint d’apprendre avec Lounas quelques mots darabe pour
pouvoirsemouvoirdanslemondedutravail,commesoncousinAkli,
filsdeToudertetpatronduneferme,qu’ilsontentendu«vociféreren
arabeaumilieudungroupedouvrierȱ».(Mammeri,1955:74).
Ce mythe de la langue du cœur ne remet pas en cause
malgré tout laffirmation de la patrie et de lalgérianité : quelleȱ étaitȱ
belleȱ Yakout, l’Aalgérienneȱ !, dit Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ
(Mammeri,1955:75).
ȱ
IV.ȱLAȱȱ«ȱMUSICALISATIONȱ»ȱNARRATIVEȱ
La volonté de créer un monde langagier s’ouvrant sur
l’universalité pousse lauteur à soumettre la langue à un traitement
particulier. Laȱ langueȱ neȱ nommeȱ plus,ȱ elleȱ invente et accompagne
lécriture dans la descente vers limaginaire, ce qui explique la
présence de nombreuses images et lalternance de passages
prosaïquesetpoétiques.Lamiseentextepoétiqueapparaîtdemblée
dans certains passages, notamment dans les moments forts du récit
oùladéraison,ledélireetloniriqueouvrentlechampàlaliberté
d’expression,àlaproductiondimages,àunrythmespécifique,àla
languemétissée.Lemessagepoétique,agissantcommesousuneffet
de catharsis, affirme sa singularité par le biais du contenu ou de la
«vision du monde» quil véhicule mais aussi par la pluralité des
codesquiréalisentsaforme,cequipermetàl’œuvredes’ouvrirsur
lapluralitédessensetsurlapluralitédescultures.
Nous allons nous intéresser maintenant à un aspect
esthétique assez singulier de l’écriture métissée, il s’agit de ce que
l’on pourrait nommer la «musicalisation» de la narration, qui se
manifesteàlafoisparuntravailsurlesignifiéetsurlesignifiant.
IV.1ȱLaȱdimensionȱgraphiqueȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ
Le rapport que l’auteur entretient avec la situation de
plurilinguismedanslaquelleilvitl’amèneàjoueraveclesignifiant.
Examiner le signifiant iconiquement produit permet de saisir les
100
contraint d’apprendre avec Lounas quelques mots darabe pour
pouvoirsemouvoirdanslemondedutravail,commesoncousinAkli,
filsdeToudertetpatronduneferme,qu’ilsontentendu«vociféreren
arabeaumilieudungroupedouvrierȱ».(Mammeri,1955:74).
Ce mythe de la langue du cœur ne remet pas en cause
malgré tout laffirmation de la patrie et de lalgérianité : quelleȱ étaitȱ
belleȱ Yakout, l’Aalgérienneȱ !, dit Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ
(Mammeri,1955:75).
ȱ
IV.ȱLAȱȱ«ȱMUSICALISATIONȱ»ȱNARRATIVEȱ
La volonté de créer un monde langagier s’ouvrant sur
l’universalité pousse lauteur à soumettre la langue à un traitement
particulier. Laȱ langueȱ neȱ nommeȱ plus,ȱ elleȱ invente et accompagne
lécriture dans la descente vers limaginaire, ce qui explique la
présence de nombreuses images et lalternance de passages
prosaïquesetpoétiques.Lamiseentextepoétiqueapparaîtdemblée
dans certains passages, notamment dans les moments forts du récit
oùladéraison,ledélireetloniriqueouvrentlechampàlaliberté
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languemétissée.Lemessagepoétique,agissantcommesousuneffet
de catharsis, affirme sa singularité par le biais du contenu ou de la
«vision du monde» quil véhicule mais aussi par la pluralité des
codesquiréalisentsaforme,cequipermetàl’œuvredes’ouvrirsur
lapluralitédessensetsurlapluralitédescultures.
Nous allons nous intéresser maintenant à un aspect
esthétique assez singulier de l’écriture métissée, il s’agit de ce que
l’on pourrait nommer la «musicalisation» de la narration, qui se
manifesteàlafoisparuntravailsurlesignifiéetsurlesignifiant.
IV.1ȱLaȱdimensionȱgraphiqueȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ
Le rapport que l’auteur entretient avec la situation de
plurilinguismedanslaquelleilvitl’amèneàjoueraveclesignifiant.
Examiner le signifiant iconiquement produit permet de saisir les
100
contraint d’apprendre avec Lounas quelques mots darabe pour
pouvoirsemouvoirdanslemondedutravail,commesoncousinAkli,
filsdeToudertetpatronduneferme,qu’ilsontentendu«vociféreren
arabeaumilieudungroupedouvrierȱ».(Mammeri,1955:74).
Ce mythe de la langue du cœur ne remet pas en cause
malgré tout laffirmation de la patrie et de lalgérianité : quelleȱ étaitȱ
belleȱ Yakout, l’Aalgérienneȱ !, dit Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ
(Mammeri,1955:75).
ȱ
IV.ȱLAȱȱ«ȱMUSICALISATIONȱ»ȱNARRATIVEȱ
La volonté de créer un monde langagier s’ouvrant sur
l’universalité pousse lauteur à soumettre la langue à un traitement
particulier. Laȱ langueȱ neȱ nommeȱ plus,ȱ elleȱ invente et accompagne
lécriture dans la descente vers limaginaire, ce qui explique la
présence de nombreuses images et lalternance de passages
prosaïquesetpoétiques.Lamiseentextepoétiqueapparaîtdemblée
dans certains passages, notamment dans les moments forts du récit
oùladéraison,ledélireetloniriqueouvrentlechampàlaliberté
d’expression,àlaproductiondimages,àunrythmespécifique,àla
languemétissée.Lemessagepoétique,agissantcommesousuneffet
de catharsis, affirme sa singularité par le biais du contenu ou de la
«vision du monde» quil véhicule mais aussi par la pluralité des
codesquiréalisentsaforme,cequipermetàl’œuvredes’ouvrirsur
lapluralitédessensetsurlapluralitédescultures.
Nous allons nous intéresser maintenant à un aspect
esthétique assez singulier de l’écriture métissée, il s’agit de ce que
l’on pourrait nommer la «musicalisation» de la narration, qui se
manifesteàlafoisparuntravailsurlesignifiéetsurlesignifiant.
IV.1ȱLaȱdimensionȱgraphiqueȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ
Le rapport que l’auteur entretient avec la situation de
plurilinguismedanslaquelleilvitl’amèneàjoueraveclesignifiant.
Examiner le signifiant iconiquement produit permet de saisir les
100
développements sémantiques quil autorise et son rôle rythmique.
Dans la mise en valeur de la graphie du signifiant, l’auteur utilise
litaliqueetjoueaveclalangueberbère.
développements sémantiques quil autorise et son rôle rythmique.
Dans la mise en valeur de la graphie du signifiant, l’auteur utilise
litaliqueetjoueaveclalangueberbère.
Dans Laȱ collineȱ oubliée, lorsque Sekoura rend visite à Aazi
pourluidemanderdelaide,voicilesformulesquelleséchangent:
Dans Laȱ collineȱ oubliée, lorsque Sekoura rend visite à Aazi
pourluidemanderdelaide,voicilesformulesquelleséchangent:
Ȭȱȱouaȱakka?ȱquiȱestȱlà?
Ȭȱȱouaȱakka?ȱquiȱestȱlà?
Elle voulut répondre simplement «dhnek.ȱ Cȇestȱ moi.» Les mots se
serrèrentdanssagorge.Elleneréponditrien(...)
Elle voulut répondre simplement «dhnek.ȱ Cȇestȱ moi.» Les mots se
serrèrentdanssagorge.Elleneréponditrien(...)
Aazivintouvrir:
Aazivintouvrir:
ȱȬDhkemȱaȱkouȱ?ȱcȇestȱtoi,ȱkouȱ?ȱ
ȱȬDhkemȱaȱkouȱ?ȱcȇestȱtoi,ȱkouȱ?ȱ
ȬȱLaaslama!ȱbonsoir...ȱ(Mammeri,1952:8081)
ȬȱLaaslama!ȱbonsoir...ȱ(Mammeri,1952:8081)
Ce recours aux interférences et leur mise en texte apparaît
d’abord comme lȇexpressionȱ deȱ discoursȱ identitairesȱ exhibantȱ desȱ
différencesȱ essentialiséesȱ enȱ ethnotypes (Jenny, 1972:12). Tout le
problème consiste à êtreȱ soiȱ pourȱ soi,ȱ dansȱ laȱ langueȱ deȱ lȇautre. C’est
aussi un procédé de ponctuation qui a pour fonction de construire
un espace de référence extradiégétique. Ces multiples intrusions de
lalanguematernelledelauteurdisentenoutrelaparoleretrouvée,
dessinent une écriture daffirmation, ce qui permet de dire avec
LaurentJennyqu’adopterȱuneȱécriture,ȱcȇestȱuneȱfaçonȱdȇafficherȱdansȱlesȱ
motsȱsonȱappartenanceȱàȱunȱgroupeȱsocialȱculturelȱdonné,ȱcȇestȱsignifierȱsaȱ
cultureȱetȱlȇidéologieȱquȇelleȱvéhicule(Jenny,1972/12:122)
Parailleurs,deparleurdistributionrépétitiveetlefaitqu’ils
sont porteurs dune marque socioanthropologique, les termes en
italiquesontsortisscripturairementdelanonymat.L’italiquerétablit
lafissureentrelesignifiantetlesignifiéenmanifestantlaltéritépar
rapport à la langue française. Les mots pris dans cette nouvelle
configurationindiquentquequelquechosesedonneàlire,ainsique
le note Farida Boualit : Lȇitaliqueȱ estȱ laȱ marqueȱ dȇuneȱ opérationȱ
énonciativeȱouȱplutôtȱsaȱfigure:ȱuneȱvoixȱécritȱainsiȱsaȱprésenceȱparceȱquȇelleȱ
neȱpeutȱseȱdire.(Boualit,1993:111).
Ce recours aux interférences et leur mise en texte apparaît
d’abord comme lȇexpressionȱ deȱ discoursȱ identitairesȱ exhibantȱ desȱ
différencesȱ essentialiséesȱ enȱ ethnotypes (Jenny, 1972:12). Tout le
problème consiste à êtreȱ soiȱ pourȱ soi,ȱ dansȱ laȱ langueȱ deȱ lȇautre. C’est
aussi un procédé de ponctuation qui a pour fonction de construire
un espace de référence extradiégétique. Ces multiples intrusions de
lalanguematernelledelauteurdisentenoutrelaparoleretrouvée,
dessinent une écriture daffirmation, ce qui permet de dire avec
LaurentJennyqu’adopterȱuneȱécriture,ȱcȇestȱuneȱfaçonȱdȇafficherȱdansȱlesȱ
motsȱsonȱappartenanceȱàȱunȱgroupeȱsocialȱculturelȱdonné,ȱcȇestȱsignifierȱsaȱ
cultureȱetȱlȇidéologieȱquȇelleȱvéhicule(Jenny,1972/12:122)
Parailleurs,deparleurdistributionrépétitiveetlefaitqu’ils
sont porteurs dune marque socioanthropologique, les termes en
italiquesontsortisscripturairementdelanonymat.L’italiquerétablit
lafissureentrelesignifiantetlesignifiéenmanifestantlaltéritépar
rapport à la langue française. Les mots pris dans cette nouvelle
configurationindiquentquequelquechosesedonneàlire,ainsique
le note Farida Boualit : Lȇitaliqueȱ estȱ laȱ marqueȱ dȇuneȱ opérationȱ
énonciativeȱouȱplutôtȱsaȱfigure:ȱuneȱvoixȱécritȱainsiȱsaȱprésenceȱparceȱquȇelleȱ
neȱpeutȱseȱdire.(Boualit,1993:111).
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développements sémantiques quil autorise et son rôle rythmique.
Dans la mise en valeur de la graphie du signifiant, l’auteur utilise
litaliqueetjoueaveclalangueberbère.
développements sémantiques quil autorise et son rôle rythmique.
Dans la mise en valeur de la graphie du signifiant, l’auteur utilise
litaliqueetjoueaveclalangueberbère.
Dans Laȱ collineȱ oubliée, lorsque Sekoura rend visite à Aazi
pourluidemanderdelaide,voicilesformulesquelleséchangent:
Dans Laȱ collineȱ oubliée, lorsque Sekoura rend visite à Aazi
pourluidemanderdelaide,voicilesformulesquelleséchangent:
Ȭȱȱouaȱakka?ȱquiȱestȱlà?
Ȭȱȱouaȱakka?ȱquiȱestȱlà?
Elle voulut répondre simplement «dhnek.ȱ Cȇestȱ moi.» Les mots se
serrèrentdanssagorge.Elleneréponditrien(...)
Elle voulut répondre simplement «dhnek.ȱ Cȇestȱ moi.» Les mots se
serrèrentdanssagorge.Elleneréponditrien(...)
Aazivintouvrir:
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ȱȬDhkemȱaȱkouȱ?ȱcȇestȱtoi,ȱkouȱ?ȱ
ȱȬDhkemȱaȱkouȱ?ȱcȇestȱtoi,ȱkouȱ?ȱ
ȬȱLaaslama!ȱbonsoir...ȱ(Mammeri,1952:8081)
ȬȱLaaslama!ȱbonsoir...ȱ(Mammeri,1952:8081)
Ce recours aux interférences et leur mise en texte apparaît
d’abord comme lȇexpressionȱ deȱ discoursȱ identitairesȱ exhibantȱ desȱ
différencesȱ essentialiséesȱ enȱ ethnotypes (Jenny, 1972:12). Tout le
problème consiste à êtreȱ soiȱ pourȱ soi,ȱ dansȱ laȱ langueȱ deȱ lȇautre. C’est
aussi un procédé de ponctuation qui a pour fonction de construire
un espace de référence extradiégétique. Ces multiples intrusions de
lalanguematernelledelauteurdisentenoutrelaparoleretrouvée,
dessinent une écriture daffirmation, ce qui permet de dire avec
LaurentJennyqu’adopterȱuneȱécriture,ȱcȇestȱuneȱfaçonȱdȇafficherȱdansȱlesȱ
motsȱsonȱappartenanceȱàȱunȱgroupeȱsocialȱculturelȱdonné,ȱcȇestȱsignifierȱsaȱ
cultureȱetȱlȇidéologieȱquȇelleȱvéhicule(Jenny,1972/12:122)
Parailleurs,deparleurdistributionrépétitiveetlefaitqu’ils
sont porteurs dune marque socioanthropologique, les termes en
italiquesontsortisscripturairementdelanonymat.L’italiquerétablit
lafissureentrelesignifiantetlesignifiéenmanifestantlaltéritépar
rapport à la langue française. Les mots pris dans cette nouvelle
configurationindiquentquequelquechosesedonneàlire,ainsique
le note Farida Boualit : Lȇitaliqueȱ estȱ laȱ marqueȱ dȇuneȱ opérationȱ
énonciativeȱouȱplutôtȱsaȱfigure:ȱuneȱvoixȱécritȱainsiȱsaȱprésenceȱparceȱquȇelleȱ
neȱpeutȱseȱdire.(Boualit,1993:111).
Ce recours aux interférences et leur mise en texte apparaît
d’abord comme lȇexpressionȱ deȱ discoursȱ identitairesȱ exhibantȱ desȱ
différencesȱ essentialiséesȱ enȱ ethnotypes (Jenny, 1972:12). Tout le
problème consiste à êtreȱ soiȱ pourȱ soi,ȱ dansȱ laȱ langueȱ deȱ lȇautre. C’est
aussi un procédé de ponctuation qui a pour fonction de construire
un espace de référence extradiégétique. Ces multiples intrusions de
lalanguematernelledelauteurdisentenoutrelaparoleretrouvée,
dessinent une écriture daffirmation, ce qui permet de dire avec
LaurentJennyqu’adopterȱuneȱécriture,ȱcȇestȱuneȱfaçonȱdȇafficherȱdansȱlesȱ
motsȱsonȱappartenanceȱàȱunȱgroupeȱsocialȱculturelȱdonné,ȱcȇestȱsignifierȱsaȱ
cultureȱetȱlȇidéologieȱquȇelleȱvéhicule(Jenny,1972/12:122)
Parailleurs,deparleurdistributionrépétitiveetlefaitqu’ils
sont porteurs dune marque socioanthropologique, les termes en
italiquesontsortisscripturairementdelanonymat.L’italiquerétablit
lafissureentrelesignifiantetlesignifiéenmanifestantlaltéritépar
rapport à la langue française. Les mots pris dans cette nouvelle
configurationindiquentquequelquechosesedonneàlire,ainsique
le note Farida Boualit : Lȇitaliqueȱ estȱ laȱ marqueȱ dȇuneȱ opérationȱ
énonciativeȱouȱplutôtȱsaȱfigure:ȱuneȱvoixȱécritȱainsiȱsaȱprésenceȱparceȱquȇelleȱ
neȱpeutȱseȱdire.(Boualit,1993:111).
101
101
Tout se passe comme si l’auteur entend exprimer par
l’italique l’existence de sa langue maternelle, imprimer son identité
et surtout créer une langue nouvelle, métissée, une langue de
l’émotionavecdenouveauxmots,berbères,etdenouvellessonorités
afindeproduireunrythmeparticulier.
IV.2.ȱLaȱdimensionȱauditiveȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ
Aunautreniveau,lapoétiquedumixteintègreladimension
auditive du signifiant en exploitant les ressources pulsionnelles
propresausystèmephonétiquedelalanguematernelle.Onassisteà
untravailsurlagraphieetsurlessonorités.
Tout se passe comme si l’auteur entend exprimer par
l’italique l’existence de sa langue maternelle, imprimer son identité
et surtout créer une langue nouvelle, métissée, une langue de
l’émotionavecdenouveauxmots,berbères,etdenouvellessonorités
afindeproduireunrythmeparticulier.
IV.2.ȱLaȱdimensionȱauditiveȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ
Aunautreniveau,lapoétiquedumixteintègreladimension
auditive du signifiant en exploitant les ressources pulsionnelles
propresausystèmephonétiquedelalanguematernelle.Onassisteà
untravailsurlagraphieetsurlessonorités.
Leȱsignifiant,ȱétantȱdeȱnatureȱauditive,ȱseȱdérouleȱdansȱleȱtempsȱseulȱetȱaȱlesȱ
caractèresȱquȇilȱemprunteȱauȱtempsȱ:ȱa)ȱilȱreprésenteȱuneȱétendueȱetȱb)ȱcetteȱ
étendueȱestȱmesurableȱdansȱuneȱseuleȱdimension.(DeSaussure,1971:112.)
Leȱsignifiant,ȱétantȱdeȱnatureȱauditive,ȱseȱdérouleȱdansȱleȱtempsȱseulȱetȱaȱlesȱ
caractèresȱquȇilȱemprunteȱauȱtempsȱ:ȱa)ȱilȱreprésenteȱuneȱétendueȱetȱb)ȱcetteȱ
étendueȱestȱmesurableȱdansȱuneȱseuleȱdimension.(DeSaussure,1971:112.)
CetteremarquedeSaussureàproposdusignifiantsonoreest
aussi valable pour le signifiant graphique. Ils sont donc perçus
simultanément et cette perception suit nécessairement «la ligne
métaphorique du temps», si bien quen tant que destinataire, on
peut prétendre que les mots (courts ou longs) sont iconiquement et
métaphoriquement associés à la brièveté ou à la longueur. C’est ce
phénomène que l’écrivain exploite en faisant appel au berbère: le
français est alors façonné à la convenance du scripteur, transformé
par toutes les influences qu’il a subies, modulé par son parcours
intellectueletlittéraireetsurtoutimprégnéparlalanguematernelle.
Il arrive alors que sur la chaîne syntagmatique, certains
graphèmes empruntés à la langue berbère, ne présentent pas une
suite continue de phonèmes mais une succession de masses
phoniques comme dans Laȱ collineȱ oubliée, par exemple,la voix que
Mokraneentend,prononce:
CetteremarquedeSaussureàproposdusignifiantsonoreest
aussi valable pour le signifiant graphique. Ils sont donc perçus
simultanément et cette perception suit nécessairement «la ligne
métaphorique du temps», si bien quen tant que destinataire, on
peut prétendre que les mots (courts ou longs) sont iconiquement et
métaphoriquement associés à la brièveté ou à la longueur. C’est ce
phénomène que l’écrivain exploite en faisant appel au berbère: le
français est alors façonné à la convenance du scripteur, transformé
par toutes les influences qu’il a subies, modulé par son parcours
intellectueletlittéraireetsurtoutimprégnéparlalanguematernelle.
Il arrive alors que sur la chaîne syntagmatique, certains
graphèmes empruntés à la langue berbère, ne présentent pas une
suite continue de phonèmes mais une succession de masses
phoniques comme dans Laȱ collineȱ oubliée, par exemple,la voix que
Mokraneentend,prononce:
dji… i… i… i… id . … Cetteȱ voixȱ glaciale,ȱ horrible,ȱ sansȱ timbre,ȱ
emplissantȱtoutȱl’espaceȱdeȱsonȱlongȱcriȱmonotoneȱquiȱinspiraitȱl’effroiȱd’uneȱ
choseȱinhumaine,ȱetȱelleȱdisait,ȱlaȱvoixȱ:ȱ
dji… i… i… i… id . … Cetteȱ voixȱ glaciale,ȱ horrible,ȱ sansȱ timbre,ȱ
emplissantȱtoutȱl’espaceȱdeȱsonȱlongȱcriȱmonotoneȱquiȱinspiraitȱl’effroiȱd’uneȱ
choseȱinhumaine,ȱetȱelleȱdisait,ȱlaȱvoixȱ:ȱ
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Tout se passe comme si l’auteur entend exprimer par
l’italique l’existence de sa langue maternelle, imprimer son identité
et surtout créer une langue nouvelle, métissée, une langue de
l’émotionavecdenouveauxmots,berbères,etdenouvellessonorités
afindeproduireunrythmeparticulier.
IV.2.ȱLaȱdimensionȱauditiveȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ
Aunautreniveau,lapoétiquedumixteintègreladimension
auditive du signifiant en exploitant les ressources pulsionnelles
propresausystèmephonétiquedelalanguematernelle.Onassisteà
untravailsurlagraphieetsurlessonorités.
Tout se passe comme si l’auteur entend exprimer par
l’italique l’existence de sa langue maternelle, imprimer son identité
et surtout créer une langue nouvelle, métissée, une langue de
l’émotionavecdenouveauxmots,berbères,etdenouvellessonorités
afindeproduireunrythmeparticulier.
IV.2.ȱLaȱdimensionȱauditiveȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ
Aunautreniveau,lapoétiquedumixteintègreladimension
auditive du signifiant en exploitant les ressources pulsionnelles
propresausystèmephonétiquedelalanguematernelle.Onassisteà
untravailsurlagraphieetsurlessonorités.
Leȱsignifiant,ȱétantȱdeȱnatureȱauditive,ȱseȱdérouleȱdansȱleȱtempsȱseulȱetȱaȱlesȱ
caractèresȱquȇilȱemprunteȱauȱtempsȱ:ȱa)ȱilȱreprésenteȱuneȱétendueȱetȱb)ȱcetteȱ
étendueȱestȱmesurableȱdansȱuneȱseuleȱdimension.(DeSaussure,1971:112.)
Leȱsignifiant,ȱétantȱdeȱnatureȱauditive,ȱseȱdérouleȱdansȱleȱtempsȱseulȱetȱaȱlesȱ
caractèresȱquȇilȱemprunteȱauȱtempsȱ:ȱa)ȱilȱreprésenteȱuneȱétendueȱetȱb)ȱcetteȱ
étendueȱestȱmesurableȱdansȱuneȱseuleȱdimension.(DeSaussure,1971:112.)
CetteremarquedeSaussureàproposdusignifiantsonoreest
aussi valable pour le signifiant graphique. Ils sont donc perçus
simultanément et cette perception suit nécessairement «la ligne
métaphorique du temps», si bien quen tant que destinataire, on
peut prétendre que les mots (courts ou longs) sont iconiquement et
métaphoriquement associés à la brièveté ou à la longueur. C’est ce
phénomène que l’écrivain exploite en faisant appel au berbère: le
français est alors façonné à la convenance du scripteur, transformé
par toutes les influences qu’il a subies, modulé par son parcours
intellectueletlittéraireetsurtoutimprégnéparlalanguematernelle.
Il arrive alors que sur la chaîne syntagmatique, certains
graphèmes empruntés à la langue berbère, ne présentent pas une
suite continue de phonèmes mais une succession de masses
phoniques comme dans Laȱ collineȱ oubliée, par exemple,la voix que
Mokraneentend,prononce:
CetteremarquedeSaussureàproposdusignifiantsonoreest
aussi valable pour le signifiant graphique. Ils sont donc perçus
simultanément et cette perception suit nécessairement «la ligne
métaphorique du temps», si bien quen tant que destinataire, on
peut prétendre que les mots (courts ou longs) sont iconiquement et
métaphoriquement associés à la brièveté ou à la longueur. C’est ce
phénomène que l’écrivain exploite en faisant appel au berbère: le
français est alors façonné à la convenance du scripteur, transformé
par toutes les influences qu’il a subies, modulé par son parcours
intellectueletlittéraireetsurtoutimprégnéparlalanguematernelle.
Il arrive alors que sur la chaîne syntagmatique, certains
graphèmes empruntés à la langue berbère, ne présentent pas une
suite continue de phonèmes mais une succession de masses
phoniques comme dans Laȱ collineȱ oubliée, par exemple,la voix que
Mokraneentend,prononce:
dji… i… i… i… id . … Cetteȱ voixȱ glaciale,ȱ horrible,ȱ sansȱ timbre,ȱ
emplissantȱtoutȱl’espaceȱdeȱsonȱlongȱcriȱmonotoneȱquiȱinspiraitȱl’effroiȱd’uneȱ
choseȱinhumaine,ȱetȱelleȱdisait,ȱlaȱvoixȱ:ȱ
dji… i… i… i… id . … Cetteȱ voixȱ glaciale,ȱ horrible,ȱ sansȱ timbre,ȱ
emplissantȱtoutȱl’espaceȱdeȱsonȱlongȱcriȱmonotoneȱquiȱinspiraitȱl’effroiȱd’uneȱ
choseȱinhumaine,ȱetȱelleȱdisait,ȱlaȱvoixȱ:ȱ
102
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ȬȱMokrane,ȱdesȱfilsȱdeȱChaalal,ȱàȱquiȱm’asȬtuȱlaisséeȱ?ȱȱ
ȬȱMokrane,ȱdesȱfilsȱdeȱChaalal,ȱàȱquiȱm’asȬtuȱlaisséeȱ?ȱȱ
Ilȱ seȱ leva,ȱ laȱ poitrineȱ oppressée,ȱ avecȱ encoreȱ dansȱ lesȱ yeuxȱ l’imageȱ deȱ cetteȱ
harpieȱ hautaine,ȱ échevelée,ȱ etȱ dansȱ lesȱ oreillesȱ laȱ dernièreȱ syllabeȱ
indéfinimentȱ prolongéeȱ deȱ «ȱlaisséeȱ «ȱ:ȱ dji…ȱ i…ȱ i…ȱ i…ȱ id (Mammeri,
1952:128).
Ilȱ seȱ leva,ȱ laȱ poitrineȱ oppressée,ȱ avecȱ encoreȱ dansȱ lesȱ yeuxȱ l’imageȱ deȱ cetteȱ
harpieȱ hautaine,ȱ échevelée,ȱ etȱ dansȱ lesȱ oreillesȱ laȱ dernièreȱ syllabeȱ
indéfinimentȱ prolongéeȱ deȱ «ȱlaisséeȱ «ȱ:ȱ dji…ȱ i…ȱ i…ȱ i…ȱ id (Mammeri,
1952:128).
Le passage du trait continu au pointillé ainsi que
l’allongement de la voyelle marque l’insistance de la voix et du
mêmecouprythmelepassageaumêmetitrequelavoixdelafemme
rythme le parcours de Mokrane. Le mot détaché est ainsi vu avant
dêtre lu, il marque une durée perceptible par le lecteur et indique
lempreinteducorpsdansletexte.Ceprocédédemiseenvaleurde
lagraphiedusignifiantpermetdedécomposerlemotenphonèmes,
de mettre laccent sur la matérialité du signifiant en lextrayant du
reste du texte, brisent homogénéité et la continuité du discours
commeilmetenexergueladistanceénonciativeetdecefaitincitele
lecteuràunelectureactiveafindensaisirlesens.Lalanguemétissée
dansceparagrapheexploiteenoutrelemonologueintérieur,quiest
l’une des manifestations de l’oralité, et induit un projet de style
branché sur la création populaire. D’ailleurs, on retrouve dans
l’œuvre de l’écrivain d’autres éléments culturels qui mettent en jeu
lestraitsidentitairesdusujetsocial,cesontdeshypotextestelsque
contes,nouvelles,proverbesetsentences.
Le passage du trait continu au pointillé ainsi que
l’allongement de la voyelle marque l’insistance de la voix et du
mêmecouprythmelepassageaumêmetitrequelavoixdelafemme
rythme le parcours de Mokrane. Le mot détaché est ainsi vu avant
dêtre lu, il marque une durée perceptible par le lecteur et indique
lempreinteducorpsdansletexte.Ceprocédédemiseenvaleurde
lagraphiedusignifiantpermetdedécomposerlemotenphonèmes,
de mettre laccent sur la matérialité du signifiant en lextrayant du
reste du texte, brisent homogénéité et la continuité du discours
commeilmetenexergueladistanceénonciativeetdecefaitincitele
lecteuràunelectureactiveafindensaisirlesens.Lalanguemétissée
dansceparagrapheexploiteenoutrelemonologueintérieur,quiest
l’une des manifestations de l’oralité, et induit un projet de style
branché sur la création populaire. D’ailleurs, on retrouve dans
l’œuvre de l’écrivain d’autres éléments culturels qui mettent en jeu
lestraitsidentitairesdusujetsocial,cesontdeshypotextestelsque
contes,nouvelles,proverbesetsentences.
Tous ces fragments réflexifs de l’oralité montrent comment
entantqu’hommedelangage,Mammerientendlivrerbataillepour
plier le français à ses sentiments intimes et aboutir à un accord
difficile entre les mots français et les mots de la tribu, mais aussi
imprimerunrythmequiailleversunesymbioseentredeuxlangues,
deuxculturesetlibèreunepoétiqueàlamesuredumixte.
Tous ces fragments réflexifs de l’oralité montrent comment
entantqu’hommedelangage,Mammerientendlivrerbataillepour
plier le français à ses sentiments intimes et aboutir à un accord
difficile entre les mots français et les mots de la tribu, mais aussi
imprimerunrythmequiailleversunesymbioseentredeuxlangues,
deuxculturesetlibèreunepoétiqueàlamesuredumixte.
L’œuvre de Mammeri est donc un espace foncièrement
dialogique. La volonté d’incarner dans les signifiants de l’Autre, sa
propre existence, et de s’ouvrir sur autrui, passe par plusieurs
procédés.L’analysedufonctionnementdelalangueetdesamiseen
scène a montré comment s’effectue le métissage linguistique et
culturel et comment il est vécu. De même, l’analyse des matériaux
L’œuvre de Mammeri est donc un espace foncièrement
dialogique. La volonté d’incarner dans les signifiants de l’Autre, sa
propre existence, et de s’ouvrir sur autrui, passe par plusieurs
procédés.L’analysedufonctionnementdelalangueetdesamiseen
scène a montré comment s’effectue le métissage linguistique et
culturel et comment il est vécu. De même, l’analyse des matériaux
103
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ȬȱMokrane,ȱdesȱfilsȱdeȱChaalal,ȱàȱquiȱm’asȬtuȱlaisséeȱ?ȱȱ
ȬȱMokrane,ȱdesȱfilsȱdeȱChaalal,ȱàȱquiȱm’asȬtuȱlaisséeȱ?ȱȱ
Ilȱ seȱ leva,ȱ laȱ poitrineȱ oppressée,ȱ avecȱ encoreȱ dansȱ lesȱ yeuxȱ l’imageȱ deȱ cetteȱ
harpieȱ hautaine,ȱ échevelée,ȱ etȱ dansȱ lesȱ oreillesȱ laȱ dernièreȱ syllabeȱ
indéfinimentȱ prolongéeȱ deȱ «ȱlaisséeȱ «ȱ:ȱ dji…ȱ i…ȱ i…ȱ i…ȱ id (Mammeri,
1952:128).
Ilȱ seȱ leva,ȱ laȱ poitrineȱ oppressée,ȱ avecȱ encoreȱ dansȱ lesȱ yeuxȱ l’imageȱ deȱ cetteȱ
harpieȱ hautaine,ȱ échevelée,ȱ etȱ dansȱ lesȱ oreillesȱ laȱ dernièreȱ syllabeȱ
indéfinimentȱ prolongéeȱ deȱ «ȱlaisséeȱ «ȱ:ȱ dji…ȱ i…ȱ i…ȱ i…ȱ id (Mammeri,
1952:128).
Le passage du trait continu au pointillé ainsi que
l’allongement de la voyelle marque l’insistance de la voix et du
mêmecouprythmelepassageaumêmetitrequelavoixdelafemme
rythme le parcours de Mokrane. Le mot détaché est ainsi vu avant
dêtre lu, il marque une durée perceptible par le lecteur et indique
lempreinteducorpsdansletexte.Ceprocédédemiseenvaleurde
lagraphiedusignifiantpermetdedécomposerlemotenphonèmes,
de mettre laccent sur la matérialité du signifiant en lextrayant du
reste du texte, brisent homogénéité et la continuité du discours
commeilmetenexergueladistanceénonciativeetdecefaitincitele
lecteuràunelectureactiveafindensaisirlesens.Lalanguemétissée
dansceparagrapheexploiteenoutrelemonologueintérieur,quiest
l’une des manifestations de l’oralité, et induit un projet de style
branché sur la création populaire. D’ailleurs, on retrouve dans
l’œuvre de l’écrivain d’autres éléments culturels qui mettent en jeu
lestraitsidentitairesdusujetsocial,cesontdeshypotextestelsque
contes,nouvelles,proverbesetsentences.
Le passage du trait continu au pointillé ainsi que
l’allongement de la voyelle marque l’insistance de la voix et du
mêmecouprythmelepassageaumêmetitrequelavoixdelafemme
rythme le parcours de Mokrane. Le mot détaché est ainsi vu avant
dêtre lu, il marque une durée perceptible par le lecteur et indique
lempreinteducorpsdansletexte.Ceprocédédemiseenvaleurde
lagraphiedusignifiantpermetdedécomposerlemotenphonèmes,
de mettre laccent sur la matérialité du signifiant en lextrayant du
reste du texte, brisent homogénéité et la continuité du discours
commeilmetenexergueladistanceénonciativeetdecefaitincitele
lecteuràunelectureactiveafindensaisirlesens.Lalanguemétissée
dansceparagrapheexploiteenoutrelemonologueintérieur,quiest
l’une des manifestations de l’oralité, et induit un projet de style
branché sur la création populaire. D’ailleurs, on retrouve dans
l’œuvre de l’écrivain d’autres éléments culturels qui mettent en jeu
lestraitsidentitairesdusujetsocial,cesontdeshypotextestelsque
contes,nouvelles,proverbesetsentences.
Tous ces fragments réflexifs de l’oralité montrent comment
entantqu’hommedelangage,Mammerientendlivrerbataillepour
plier le français à ses sentiments intimes et aboutir à un accord
difficile entre les mots français et les mots de la tribu, mais aussi
imprimerunrythmequiailleversunesymbioseentredeuxlangues,
deuxculturesetlibèreunepoétiqueàlamesuredumixte.
Tous ces fragments réflexifs de l’oralité montrent comment
entantqu’hommedelangage,Mammerientendlivrerbataillepour
plier le français à ses sentiments intimes et aboutir à un accord
difficile entre les mots français et les mots de la tribu, mais aussi
imprimerunrythmequiailleversunesymbioseentredeuxlangues,
deuxculturesetlibèreunepoétiqueàlamesuredumixte.
L’œuvre de Mammeri est donc un espace foncièrement
dialogique. La volonté d’incarner dans les signifiants de l’Autre, sa
propre existence, et de s’ouvrir sur autrui, passe par plusieurs
procédés.L’analysedufonctionnementdelalangueetdesamiseen
scène a montré comment s’effectue le métissage linguistique et
culturel et comment il est vécu. De même, l’analyse des matériaux
L’œuvre de Mammeri est donc un espace foncièrement
dialogique. La volonté d’incarner dans les signifiants de l’Autre, sa
propre existence, et de s’ouvrir sur autrui, passe par plusieurs
procédés.L’analysedufonctionnementdelalangueetdesamiseen
scène a montré comment s’effectue le métissage linguistique et
culturel et comment il est vécu. De même, l’analyse des matériaux
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composant ces textes, leurs règles de fabrication, les modalités de
leur fonctionnement permettent d’inventer une écriture et une
culture du mixte, non pas dans un hypothétique «entre deux» qui
relieraitlespécifiqueetl’universelmaispleinementdansl’unetdans
l’autre: dans l’un par l’autre et réciproquement car, précise
l’écrivain,
composant ces textes, leurs règles de fabrication, les modalités de
leur fonctionnement permettent d’inventer une écriture et une
culture du mixte, non pas dans un hypothétique «entre deux» qui
relieraitlespécifiqueetl’universelmaispleinementdansl’unetdans
l’autre: dans l’un par l’autre et réciproquement car, précise
l’écrivain,
laȱ cultureȱ occidentaleȱ queȱ lȇonȱ sȇefforçaitȱ deȱ nousȱ faireȱ assimilerȱ nousȱ aȱ
obligésȱjustementȱàȱsortirȱdeȱnous,ȱelleȱnousȱaȱobligésȱauȱmouvementȱ(…)Jeȱ
considèreȱqueȱjȇaiȱàȱpeuȱprèsȱconciliéȱlesȱdeuxȱcultures.ȱJeȱnȇéprouveȱdȇamourȱ
aveugleȱ niȱ pourȱ lȇuneȱ niȱ pourȱ lȇautre,ȱ maisȱ uneȱ sympathieȱ profondeȱ etȱ (...)ȱ
critique.ȱ Leȱ faitȱ dȇavoirȱ participéȱ desȱ deuxȱ mȇaȱ certainementȱ enrichi,ȱ mȇaȱ
permisȱ deȱ prendreȱ dansȱ chacuneȱ ceȱ quȇilȱ yȱ aȱ deȱ meilleur,ȱ lȇuneȱ corrigeantȱ
lȇautre.ȱ(Mammeri,1964:22)ȱ
laȱ cultureȱ occidentaleȱ queȱ lȇonȱ sȇefforçaitȱ deȱ nousȱ faireȱ assimilerȱ nousȱ aȱ
obligésȱjustementȱàȱsortirȱdeȱnous,ȱelleȱnousȱaȱobligésȱauȱmouvementȱ(…)Jeȱ
considèreȱqueȱjȇaiȱàȱpeuȱprèsȱconciliéȱlesȱdeuxȱcultures.ȱJeȱnȇéprouveȱdȇamourȱ
aveugleȱ niȱ pourȱ lȇuneȱ niȱ pourȱ lȇautre,ȱ maisȱ uneȱ sympathieȱ profondeȱ etȱ (...)ȱ
critique.ȱ Leȱ faitȱ dȇavoirȱ participéȱ desȱ deuxȱ mȇaȱ certainementȱ enrichi,ȱ mȇaȱ
permisȱ deȱ prendreȱ dansȱ chacuneȱ ceȱ quȇilȱ yȱ aȱ deȱ meilleur,ȱ lȇuneȱ corrigeantȱ
lȇautre.ȱ(Mammeri,1964:22)ȱ
Endéfinitive,lemétissagelinguistiqueetculturelneseraitil
paslamarquedecequepourraitêtreledialoguedesculturesparleur
intégration positive, un dialogue qui tendrait vers l’affirmation de
l’universalité?
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
Endéfinitive,lemétissagelinguistiqueetculturelneseraitil
paslamarquedecequepourraitêtreledialoguedesculturesparleur
intégration positive, un dialogue qui tendrait vers l’affirmation de
l’universalité?
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ABBESKARA AtikaYasmine, 2000, Etudeȱ lexicologique,ȱ stylistiqueȱ etȱ
pragmatiqueȱ deȱ l’œuvreȱ deȱ Mouloudȱ Mammeri, Thèse de doctorat.
UniversitédeSophiaAntipolis.Nice.
ABBESKARA AtikaYasmine, 2000, Etudeȱ lexicologique,ȱ stylistiqueȱ etȱ
pragmatiqueȱ deȱ l’œuvreȱ deȱ Mouloudȱ Mammeri, Thèse de doctorat.
UniversitédeSophiaAntipolis.Nice.
,2000,ȱ Hypermameri, logiciel réalisé sous la direction d’Etienne
Brunet,CNRSNice,SophiaAntipolis.
,2000,ȱ Hypermameri, logiciel réalisé sous la direction d’Etienne
Brunet,CNRSNice,SophiaAntipolis.
BOUALIT Farida, 1993, Pourȱ uneȱ poétiqueȱ deȱ laȱ chromatographie, thèse de
doctoratdétat.
BOUALIT Farida, 1993, Pourȱ uneȱ poétiqueȱ deȱ laȱ chromatographie, thèse de
doctoratdétat.
DEJEUX Jean, 1980,ȱ Littératureȱ maghrébineȱ deȱ langueȱ française, Editions
Naaman,Sherbrooke.
DEJEUX Jean, 1980,ȱ Littératureȱ maghrébineȱ deȱ langueȱ française, Editions
Naaman,Sherbrooke.
DESAUSSUREȱFerdinand,1971,Coursȱdeȱlinguistiqueȱgénérale,Paris,Payot.
DESAUSSUREȱFerdinand,1971,Coursȱdeȱlinguistiqueȱgénérale,Paris,Payot.
JENNYLaurent,1972,Structureȱetȱfonctionȱduȱcliché,Poétique12,Editionsdu
Seuil,Paris.
JENNYLaurent,1972,Structureȱetȱfonctionȱduȱcliché,Poétique12,Editionsdu
Seuil,Paris.
KHADDANadjet,1996,«Lalittératurealgériennedelanguefrançaise:une
littératureandrogyne»inȱFiguresȱdeȱl’interculturalité,éditéparJacques
KHADDANadjet,1996,«Lalittératurealgériennedelanguefrançaise:une
littératureandrogyne»inȱFiguresȱdeȱl’interculturalité,éditéparJacques
104
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composant ces textes, leurs règles de fabrication, les modalités de
leur fonctionnement permettent d’inventer une écriture et une
culture du mixte, non pas dans un hypothétique «entre deux» qui
relieraitlespécifiqueetl’universelmaispleinementdansl’unetdans
l’autre: dans l’un par l’autre et réciproquement car, précise
l’écrivain,
composant ces textes, leurs règles de fabrication, les modalités de
leur fonctionnement permettent d’inventer une écriture et une
culture du mixte, non pas dans un hypothétique «entre deux» qui
relieraitlespécifiqueetl’universelmaispleinementdansl’unetdans
l’autre: dans l’un par l’autre et réciproquement car, précise
l’écrivain,
laȱ cultureȱ occidentaleȱ queȱ lȇonȱ sȇefforçaitȱ deȱ nousȱ faireȱ assimilerȱ nousȱ aȱ
obligésȱjustementȱàȱsortirȱdeȱnous,ȱelleȱnousȱaȱobligésȱauȱmouvementȱ(…)Jeȱ
considèreȱqueȱjȇaiȱàȱpeuȱprèsȱconciliéȱlesȱdeuxȱcultures.ȱJeȱnȇéprouveȱdȇamourȱ
aveugleȱ niȱ pourȱ lȇuneȱ niȱ pourȱ lȇautre,ȱ maisȱ uneȱ sympathieȱ profondeȱ etȱ (...)ȱ
critique.ȱ Leȱ faitȱ dȇavoirȱ participéȱ desȱ deuxȱ mȇaȱ certainementȱ enrichi,ȱ mȇaȱ
permisȱ deȱ prendreȱ dansȱ chacuneȱ ceȱ quȇilȱ yȱ aȱ deȱ meilleur,ȱ lȇuneȱ corrigeantȱ
lȇautre.ȱ(Mammeri,1964:22)ȱ
laȱ cultureȱ occidentaleȱ queȱ lȇonȱ sȇefforçaitȱ deȱ nousȱ faireȱ assimilerȱ nousȱ aȱ
obligésȱjustementȱàȱsortirȱdeȱnous,ȱelleȱnousȱaȱobligésȱauȱmouvementȱ(…)Jeȱ
considèreȱqueȱjȇaiȱàȱpeuȱprèsȱconciliéȱlesȱdeuxȱcultures.ȱJeȱnȇéprouveȱdȇamourȱ
aveugleȱ niȱ pourȱ lȇuneȱ niȱ pourȱ lȇautre,ȱ maisȱ uneȱ sympathieȱ profondeȱ etȱ (...)ȱ
critique.ȱ Leȱ faitȱ dȇavoirȱ participéȱ desȱ deuxȱ mȇaȱ certainementȱ enrichi,ȱ mȇaȱ
permisȱ deȱ prendreȱ dansȱ chacuneȱ ceȱ quȇilȱ yȱ aȱ deȱ meilleur,ȱ lȇuneȱ corrigeantȱ
lȇautre.ȱ(Mammeri,1964:22)ȱ
Endéfinitive,lemétissagelinguistiqueetculturelneseraitil
paslamarquedecequepourraitêtreledialoguedesculturesparleur
intégration positive, un dialogue qui tendrait vers l’affirmation de
l’universalité?
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
Endéfinitive,lemétissagelinguistiqueetculturelneseraitil
paslamarquedecequepourraitêtreledialoguedesculturesparleur
intégration positive, un dialogue qui tendrait vers l’affirmation de
l’universalité?
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ABBESKARA AtikaYasmine, 2000, Etudeȱ lexicologique,ȱ stylistiqueȱ etȱ
pragmatiqueȱ deȱ l’œuvreȱ deȱ Mouloudȱ Mammeri, Thèse de doctorat.
UniversitédeSophiaAntipolis.Nice.
ABBESKARA AtikaYasmine, 2000, Etudeȱ lexicologique,ȱ stylistiqueȱ etȱ
pragmatiqueȱ deȱ l’œuvreȱ deȱ Mouloudȱ Mammeri, Thèse de doctorat.
UniversitédeSophiaAntipolis.Nice.
,2000,ȱ Hypermameri, logiciel réalisé sous la direction d’Etienne
Brunet,CNRSNice,SophiaAntipolis.
,2000,ȱ Hypermameri, logiciel réalisé sous la direction d’Etienne
Brunet,CNRSNice,SophiaAntipolis.
BOUALIT Farida, 1993, Pourȱ uneȱ poétiqueȱ deȱ laȱ chromatographie, thèse de
doctoratdétat.
BOUALIT Farida, 1993, Pourȱ uneȱ poétiqueȱ deȱ laȱ chromatographie, thèse de
doctoratdétat.
DEJEUX Jean, 1980,ȱ Littératureȱ maghrébineȱ deȱ langueȱ française, Editions
Naaman,Sherbrooke.
DEJEUX Jean, 1980,ȱ Littératureȱ maghrébineȱ deȱ langueȱ française, Editions
Naaman,Sherbrooke.
DESAUSSUREȱFerdinand,1971,Coursȱdeȱlinguistiqueȱgénérale,Paris,Payot.
DESAUSSUREȱFerdinand,1971,Coursȱdeȱlinguistiqueȱgénérale,Paris,Payot.
JENNYLaurent,1972,Structureȱetȱfonctionȱduȱcliché,Poétique12,Editionsdu
Seuil,Paris.
JENNYLaurent,1972,Structureȱetȱfonctionȱduȱcliché,Poétique12,Editionsdu
Seuil,Paris.
KHADDANadjet,1996,«Lalittératurealgériennedelanguefrançaise:une
littératureandrogyne»inȱFiguresȱdeȱl’interculturalité,éditéparJacques
KHADDANadjet,1996,«Lalittératurealgériennedelanguefrançaise:une
littératureandrogyne»inȱFiguresȱdeȱl’interculturalité,éditéparJacques
104
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Brés, Catherine Détrie, Paul Siblot, université Paul Valéry,
MontpellierIII.
Brés, Catherine Détrie, Paul Siblot, université Paul Valéry,
MontpellierIII.
LAFONTRobert,1978,Leȱtravailȱetȱlaȱlangue,Paris,Flammarion.
LAFONTRobert,1978,Leȱtravailȱetȱlaȱlangue,Paris,Flammarion.
MACKEY William,ȱ 1986, Bilinguismeȱ etȱ contactsȱ deȱ langues, Editions
Klincsieck,Paris.ȱ
MACKEY William,ȱ 1986, Bilinguismeȱ etȱ contactsȱ deȱ langues, Editions
Klincsieck,Paris.ȱ
Revueȱconfluent,n°32.34.,1964.
Revueȱconfluent,n°32.34.,1964.
Révolutionȱafricaine,n°128juillet1965.
Révolutionȱafricaine,n°128juillet1965.
MAMMERI Mouloud, 1987, Entretienȱ avecȱ Taharȱ Djaout, Alger, Ed.
Laphomic.
MAMMERI Mouloud, 1987, Entretienȱ avecȱ Taharȱ Djaout, Alger, Ed.
Laphomic.
,1984,RevueAwal,Paris.
,1984,RevueAwal,Paris.
ȱ
BIBLIOGRAPHIEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ
ȱ
BIBLIOGRAPHIEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ
ȱ
ȱ
Romansȱ:ȱ
Romansȱ:ȱ
1952,LaȱCollineȱoubliée,Paris,Plon.
1952,LaȱCollineȱoubliée,Paris,Plon.
1955,LeȱSommeilȱduȱjuste,Paris,Plon.
1955,LeȱSommeilȱduȱjuste,Paris,Plon.
1965,LȇOpiumȱetȱleȱbâton,Paris,Plon.
1965,LȇOpiumȱetȱleȱbâton,Paris,Plon.
1982,LaȱTraversée,Paris,Plon.
1982,LaȱTraversée,Paris,Plon.
Nouvellesȱ:ȱ
Nouvellesȱ:ȱ
«Ameurdesarcadesetl’ordre»,Paris,1992,Plon,Latableronde,n°72.
«Ameurdesarcadesetl’ordre»,Paris,1992,Plon,Latableronde,n°72.
«LeZèbre»,Preuves,Paris,N°76,Juin1957,PP.3367.
«LeZèbre»,Preuves,Paris,N°76,Juin1957,PP.3367.
«LaMeute»,Europe,Paris,N°567568,JuilletAoût1976.
«LaMeute»,Europe,Paris,N°567568,JuilletAoût1976.
«L’Hibiscus»,Montréal,1985,DérivesN°49,PP.6780.
«L’Hibiscus»,Montréal,1985,DérivesN°49,PP.6780.
«LeDésertAtavique»,Paris,1981,quotidienLeȱMondedu16Août1981.
«LeDésertAtavique»,Paris,1981,quotidienLeȱMondedu16Août1981.
«TénéréAtavique»,Paris,1983,RevueAutrementN°05.
«TénéréAtavique»,Paris,1983,RevueAutrementN°05.
«Escales»,Alger,1985,Révolutionafricaine;Paris,1992.
«Escales»,Alger,1985,Révolutionafricaine;Paris,1992.
«Le Foehn ou la preuve par neuf», Paris, PubliSud, 1982, 2nde édition,
Paris.
«Le Foehn ou la preuve par neuf», Paris, PubliSud, 1982, 2nde édition,
Paris.
«Le Banquet», précédé d’un dossier, la mort absurde des aztèques, Paris,
LibrairieacadémiquePerrin,1973.
«Le Banquet», précédé d’un dossier, la mort absurde des aztèques, Paris,
LibrairieacadémiquePerrin,1973.
«La Cité du soleil», 1987, sortie en trois tableaux, suivi de M. Mammeri:
EntretienavecTaharDjaout,Alger,Laphomic.
«La Cité du soleil», 1987, sortie en trois tableaux, suivi de M. Mammeri:
EntretienavecTaharDjaout,Alger,Laphomic.
105
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Brés, Catherine Détrie, Paul Siblot, université Paul Valéry,
MontpellierIII.
Brés, Catherine Détrie, Paul Siblot, université Paul Valéry,
MontpellierIII.
LAFONTRobert,1978,Leȱtravailȱetȱlaȱlangue,Paris,Flammarion.
LAFONTRobert,1978,Leȱtravailȱetȱlaȱlangue,Paris,Flammarion.
MACKEY William,ȱ 1986, Bilinguismeȱ etȱ contactsȱ deȱ langues, Editions
Klincsieck,Paris.ȱ
MACKEY William,ȱ 1986, Bilinguismeȱ etȱ contactsȱ deȱ langues, Editions
Klincsieck,Paris.ȱ
Revueȱconfluent,n°32.34.,1964.
Revueȱconfluent,n°32.34.,1964.
Révolutionȱafricaine,n°128juillet1965.
Révolutionȱafricaine,n°128juillet1965.
MAMMERI Mouloud, 1987, Entretienȱ avecȱ Taharȱ Djaout, Alger, Ed.
Laphomic.
MAMMERI Mouloud, 1987, Entretienȱ avecȱ Taharȱ Djaout, Alger, Ed.
Laphomic.
,1984,RevueAwal,Paris.
,1984,RevueAwal,Paris.
ȱ
BIBLIOGRAPHIEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ
ȱ
BIBLIOGRAPHIEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ
ȱ
ȱ
Romansȱ:ȱ
Romansȱ:ȱ
1952,LaȱCollineȱoubliée,Paris,Plon.
1952,LaȱCollineȱoubliée,Paris,Plon.
1955,LeȱSommeilȱduȱjuste,Paris,Plon.
1955,LeȱSommeilȱduȱjuste,Paris,Plon.
1965,LȇOpiumȱetȱleȱbâton,Paris,Plon.
1965,LȇOpiumȱetȱleȱbâton,Paris,Plon.
1982,LaȱTraversée,Paris,Plon.
1982,LaȱTraversée,Paris,Plon.
Nouvellesȱ:ȱ
Nouvellesȱ:ȱ
«Ameurdesarcadesetl’ordre»,Paris,1992,Plon,Latableronde,n°72.
«Ameurdesarcadesetl’ordre»,Paris,1992,Plon,Latableronde,n°72.
«LeZèbre»,Preuves,Paris,N°76,Juin1957,PP.3367.
«LeZèbre»,Preuves,Paris,N°76,Juin1957,PP.3367.
«LaMeute»,Europe,Paris,N°567568,JuilletAoût1976.
«LaMeute»,Europe,Paris,N°567568,JuilletAoût1976.
«L’Hibiscus»,Montréal,1985,DérivesN°49,PP.6780.
«L’Hibiscus»,Montréal,1985,DérivesN°49,PP.6780.
«LeDésertAtavique»,Paris,1981,quotidienLeȱMondedu16Août1981.
«LeDésertAtavique»,Paris,1981,quotidienLeȱMondedu16Août1981.
«TénéréAtavique»,Paris,1983,RevueAutrementN°05.
«TénéréAtavique»,Paris,1983,RevueAutrementN°05.
«Escales»,Alger,1985,Révolutionafricaine;Paris,1992.
«Escales»,Alger,1985,Révolutionafricaine;Paris,1992.
«Le Foehn ou la preuve par neuf», Paris, PubliSud, 1982, 2nde édition,
Paris.
«Le Foehn ou la preuve par neuf», Paris, PubliSud, 1982, 2nde édition,
Paris.
«Le Banquet», précédé d’un dossier, la mort absurde des aztèques, Paris,
LibrairieacadémiquePerrin,1973.
«Le Banquet», précédé d’un dossier, la mort absurde des aztèques, Paris,
LibrairieacadémiquePerrin,1973.
«La Cité du soleil», 1987, sortie en trois tableaux, suivi de M. Mammeri:
EntretienavecTaharDjaout,Alger,Laphomic.
«La Cité du soleil», 1987, sortie en trois tableaux, suivi de M. Mammeri:
EntretienavecTaharDjaout,Alger,Laphomic.
105
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ȱ
ABSTRACTȱȱ
ȱ
ȱ
ABSTRACTȱȱ
ȱ
ȱȱ MouloudMammeri,FrenchspeakingAlgerianwriter,wasbornon
December28th,1917.Heentersliteratureduringcolonialperiod.Therefore,
it is the product of two cultures: the ancestral culture to which it is
profoundlyattachedandbywhichheisprofoundlymarkedandtheFrench,
Hellenic and classic culture, the culture of school acquisition due to his
westernforming.
ȱȱ MouloudMammeri,FrenchspeakingAlgerianwriter,wasbornon
December28th,1917.Heentersliteratureduringcolonialperiod.Therefore,
it is the product of two cultures: the ancestral culture to which it is
profoundlyattachedandbywhichheisprofoundlymarkedandtheFrench,
Hellenic and classic culture, the culture of school acquisition due to his
westernforming.
Thisdoubleculturalandlinguisticmembershipproducesahybrid
writingwhichtransformstheagreementsofthewesternliterature,acrossed
writing, which inaugurates a new way of saying to assert at the same
moment its inter / transculturality and its otherness because, clarifies the
writer, theȱ westernȱ cultureȱ whichȱ weȱ triedȱ hardȱ toȱ makeȱ usȱ assimilateȱ obligedȱ usȱ
exactlyȱ toȱ goȱ outȱ ofȱ us,ȱ sheȱ obligedȱ usȱ theȱ movementȱ (…)Iȱ aboutȱ reconciledȱ bothȱ
cultures.ȱ Iȱ tryȱ blindȱ loveȱ neitherȱ forȱ theȱ oneȱ norȱ forȱ theȱ otherȱ one,ȱ butȱ theȱ deepȱ
sympathyȱandȱ(...)ȱcritics.ȱTheȱfactȱofȱhavingȱparticipatedȱofȱtwoȱcertainlyȱenrichedȱ
me,ȱallowedȱmeȱ toȱtakeȱinȱeachȱȱitȱofȱbetterȱthere,ȱtheȱoneȱcorrectingȱtheȱotherȱone.
(AfricanRevolution,N128inJuly,1965.)
Thisdoubleculturalandlinguisticmembershipproducesahybrid
writingwhichtransformstheagreementsofthewesternliterature,acrossed
writing, which inaugurates a new way of saying to assert at the same
moment its inter / transculturality and its otherness because, clarifies the
writer, theȱ westernȱ cultureȱ whichȱ weȱ triedȱ hardȱ toȱ makeȱ usȱ assimilateȱ obligedȱ usȱ
exactlyȱ toȱ goȱ outȱ ofȱ us,ȱ sheȱ obligedȱ usȱ theȱ movementȱ (…)Iȱ aboutȱ reconciledȱ bothȱ
cultures.ȱ Iȱ tryȱ blindȱ loveȱ neitherȱ forȱ theȱ oneȱ norȱ forȱ theȱ otherȱ one,ȱ butȱ theȱ deepȱ
sympathyȱandȱ(...)ȱcritics.ȱTheȱfactȱofȱhavingȱparticipatedȱofȱtwoȱcertainlyȱenrichedȱ
me,ȱallowedȱmeȱ toȱtakeȱinȱeachȱȱitȱofȱbetterȱthere,ȱtheȱoneȱcorrectingȱtheȱotherȱone.
(AfricanRevolution,N128inJuly,1965.)
Theeffectsofthislinguisticandculturalinterbreeding,thusshows
itselfbyawritingandacultureofthemixed,notinahypotheticalbetween
twowhichwouldconnectthespecificandtheuniversalbutcompletelyin
the one and completely in the other one: in the one by the other one and
mutually. These specificities could be arrested through the speech on the
languages and from the games of «deconstruction/reconstruction» of the
linguistic sign. It is only these two aspects which will be examined. My
reflectionwillleanontheprinciplesandthemethodsoftheanalysisofthe
speechbutalsoontheoriesborrowedfromthesociolinguisticstoshowthat
afterall,atthiswriter,thelinguisticandculturalinterbreedingwouldbethe
markofthefactthatcouldbethedialogueoftheculturesandthelanguages
by their positive integration, a dialogue which would aim towards the
assertionofuniversality.
Theeffectsofthislinguisticandculturalinterbreeding,thusshows
itselfbyawritingandacultureofthemixed,notinahypotheticalbetween
twowhichwouldconnectthespecificandtheuniversalbutcompletelyin
the one and completely in the other one: in the one by the other one and
mutually. These specificities could be arrested through the speech on the
languages and from the games of «deconstruction/reconstruction» of the
linguistic sign. It is only these two aspects which will be examined. My
reflectionwillleanontheprinciplesandthemethodsoftheanalysisofthe
speechbutalsoontheoriesborrowedfromthesociolinguisticstoshowthat
afterall,atthiswriter,thelinguisticandculturalinterbreedingwouldbethe
markofthefactthatcouldbethedialogueoftheculturesandthelanguages
by their positive integration, a dialogue which would aim towards the
assertionofuniversality.
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ABSTRACTȱȱ
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ABSTRACTȱȱ
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ȱȱ MouloudMammeri,FrenchspeakingAlgerianwriter,wasbornon
December28th,1917.Heentersliteratureduringcolonialperiod.Therefore,
it is the product of two cultures: the ancestral culture to which it is
profoundlyattachedandbywhichheisprofoundlymarkedandtheFrench,
Hellenic and classic culture, the culture of school acquisition due to his
westernforming.
ȱȱ MouloudMammeri,FrenchspeakingAlgerianwriter,wasbornon
December28th,1917.Heentersliteratureduringcolonialperiod.Therefore,
it is the product of two cultures: the ancestral culture to which it is
profoundlyattachedandbywhichheisprofoundlymarkedandtheFrench,
Hellenic and classic culture, the culture of school acquisition due to his
westernforming.
Thisdoubleculturalandlinguisticmembershipproducesahybrid
writingwhichtransformstheagreementsofthewesternliterature,acrossed
writing, which inaugurates a new way of saying to assert at the same
moment its inter / transculturality and its otherness because, clarifies the
writer, theȱ westernȱ cultureȱ whichȱ weȱ triedȱ hardȱ toȱ makeȱ usȱ assimilateȱ obligedȱ usȱ
exactlyȱ toȱ goȱ outȱ ofȱ us,ȱ sheȱ obligedȱ usȱ theȱ movementȱ (…)Iȱ aboutȱ reconciledȱ bothȱ
cultures.ȱ Iȱ tryȱ blindȱ loveȱ neitherȱ forȱ theȱ oneȱ norȱ forȱ theȱ otherȱ one,ȱ butȱ theȱ deepȱ
sympathyȱandȱ(...)ȱcritics.ȱTheȱfactȱofȱhavingȱparticipatedȱofȱtwoȱcertainlyȱenrichedȱ
me,ȱallowedȱmeȱ toȱtakeȱinȱeachȱȱitȱofȱbetterȱthere,ȱtheȱoneȱcorrectingȱtheȱotherȱone.
(AfricanRevolution,N128inJuly,1965.)
Thisdoubleculturalandlinguisticmembershipproducesahybrid
writingwhichtransformstheagreementsofthewesternliterature,acrossed
writing, which inaugurates a new way of saying to assert at the same
moment its inter / transculturality and its otherness because, clarifies the
writer, theȱ westernȱ cultureȱ whichȱ weȱ triedȱ hardȱ toȱ makeȱ usȱ assimilateȱ obligedȱ usȱ
exactlyȱ toȱ goȱ outȱ ofȱ us,ȱ sheȱ obligedȱ usȱ theȱ movementȱ (…)Iȱ aboutȱ reconciledȱ bothȱ
cultures.ȱ Iȱ tryȱ blindȱ loveȱ neitherȱ forȱ theȱ oneȱ norȱ forȱ theȱ otherȱ one,ȱ butȱ theȱ deepȱ
sympathyȱandȱ(...)ȱcritics.ȱTheȱfactȱofȱhavingȱparticipatedȱofȱtwoȱcertainlyȱenrichedȱ
me,ȱallowedȱmeȱ toȱtakeȱinȱeachȱȱitȱofȱbetterȱthere,ȱtheȱoneȱcorrectingȱtheȱotherȱone.
(AfricanRevolution,N128inJuly,1965.)
Theeffectsofthislinguisticandculturalinterbreeding,thusshows
itselfbyawritingandacultureofthemixed,notinahypotheticalbetween
twowhichwouldconnectthespecificandtheuniversalbutcompletelyin
the one and completely in the other one: in the one by the other one and
mutually. These specificities could be arrested through the speech on the
languages and from the games of «deconstruction/reconstruction» of the
linguistic sign. It is only these two aspects which will be examined. My
reflectionwillleanontheprinciplesandthemethodsoftheanalysisofthe
speechbutalsoontheoriesborrowedfromthesociolinguisticstoshowthat
afterall,atthiswriter,thelinguisticandculturalinterbreedingwouldbethe
markofthefactthatcouldbethedialogueoftheculturesandthelanguages
by their positive integration, a dialogue which would aim towards the
assertionofuniversality.
Theeffectsofthislinguisticandculturalinterbreeding,thusshows
itselfbyawritingandacultureofthemixed,notinahypotheticalbetween
twowhichwouldconnectthespecificandtheuniversalbutcompletelyin
the one and completely in the other one: in the one by the other one and
mutually. These specificities could be arrested through the speech on the
languages and from the games of «deconstruction/reconstruction» of the
linguistic sign. It is only these two aspects which will be examined. My
reflectionwillleanontheprinciplesandthemethodsoftheanalysisofthe
speechbutalsoontheoriesborrowedfromthesociolinguisticstoshowthat
afterall,atthiswriter,thelinguisticandculturalinterbreedingwouldbethe
markofthefactthatcouldbethedialogueoftheculturesandthelanguages
by their positive integration, a dialogue which would aim towards the
assertionofuniversality.
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ȱ
ȱ
MÉTISSAGEȱCULTURELȱDANSȱL’ŒUVREȱ
DESȱÉCRIVAINSȱALGÉRIENSȱ
FRANCOPHONESȱ:ȱLEȱCASȱDEȱL’ŒUVREȱ
ROMANESQUEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ
MÉTISSAGEȱCULTURELȱDANSȱL’ŒUVREȱ
DESȱÉCRIVAINSȱALGÉRIENSȱ
FRANCOPHONESȱ:ȱLEȱCASȱDEȱL’ŒUVREȱ
ROMANESQUEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ
MalikaȱKEBBAS,ȱ
ENSȱdesȱLettresȱetȱSciencesȱhumaines,ȱBouzaréah,ȱ
Algerȱ
MalikaȱKEBBAS,ȱ
ENSȱdesȱLettresȱetȱSciencesȱhumaines,ȱBouzaréah,ȱ
Algerȱ
ȱ
ȱ
1.ȱINTRODUCTIONȱ
ȱ
Mouloud Mammeri (19171989) est un écrivain algérien
originaire de TaourirtMimoun, un village de GrandeKabylie. Sa
familleestaiséeetsonpèreestundétenteurdusavoir,unAmousnaw
qui récitait aussi bien «Waterloo» de Victor Hugo que les vers du
poète kabyle Youcef Ou Kaci. Il est donc confronté très tôt à une
double culture. Jusqu’à onze ans, il fréquente l’école du village,
première école dite kabyloȬfrançaise, implantée en Kabylie en 1883
dans le cadre de la mise en place de l’école laïque. Ces premières
annéesdeformationprédisposentl’écrivainàl’ouvertureȱlaȱplusȱlargeȱ
possibleȱ surȱ lesȱ plusȱ diversȱ horizons.ȱ (Mouloud, 1987: 50).ȱ Il poursuit
ses études secondaires d’abord à Rabat, puis à Alger où il prend
brutalement contact avec la colonisation: «ȱEnȱ Algérie,ȱ onȱ jouaitȱ
commeȱ lesȱ mortsȱ auȱ bridgeȱ:ȱ …ȱ toutesȱ cartesȱ étalées.ȱ»ȱ diratil. De ces
annéesd’études,Mammeridira:
ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ
1.ȱINTRODUCTIONȱ
ȱ
Mouloud Mammeri (19171989) est un écrivain algérien
originaire de TaourirtMimoun, un village de GrandeKabylie. Sa
familleestaiséeetsonpèreestundétenteurdusavoir,unAmousnaw
qui récitait aussi bien «Waterloo» de Victor Hugo que les vers du
poète kabyle Youcef Ou Kaci. Il est donc confronté très tôt à une
double culture. Jusqu’à onze ans, il fréquente l’école du village,
première école dite kabyloȬfrançaise, implantée en Kabylie en 1883
dans le cadre de la mise en place de l’école laïque. Ces premières
annéesdeformationprédisposentl’écrivainàl’ouvertureȱlaȱplusȱlargeȱ
possibleȱ surȱ lesȱ plusȱ diversȱ horizons.ȱ (Mouloud, 1987: 50).ȱ Il poursuit
ses études secondaires d’abord à Rabat, puis à Alger où il prend
brutalement contact avec la colonisation: «ȱEnȱ Algérie,ȱ onȱ jouaitȱ
commeȱ lesȱ mortsȱ auȱ bridgeȱ:ȱ …ȱ toutesȱ cartesȱ étalées.ȱ»ȱ diratil. De ces
annéesd’études,Mammeridira:
ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ
lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ
aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ
quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier1)ȱ;ȱ
ȱ
ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernetȱ(Mouloud,1987:16).
lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ
aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ
quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier1)ȱ;ȱ
ȱ
ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernetȱ(Mouloud,1987:16).
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MÉTISSAGEȱCULTURELȱDANSȱL’ŒUVREȱ
DESȱÉCRIVAINSȱALGÉRIENSȱ
FRANCOPHONESȱ:ȱLEȱCASȱDEȱL’ŒUVREȱ
ROMANESQUEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ
MÉTISSAGEȱCULTURELȱDANSȱL’ŒUVREȱ
DESȱÉCRIVAINSȱALGÉRIENSȱ
FRANCOPHONESȱ:ȱLEȱCASȱDEȱL’ŒUVREȱ
ROMANESQUEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ
MalikaȱKEBBAS,ȱ
ENSȱdesȱLettresȱetȱSciencesȱhumaines,ȱBouzaréah,ȱ
Algerȱ
ȱ
MalikaȱKEBBAS,ȱ
ENSȱdesȱLettresȱetȱSciencesȱhumaines,ȱBouzaréah,ȱ
Algerȱ
ȱ
1.ȱINTRODUCTIONȱ
ȱ
Mouloud Mammeri (19171989) est un écrivain algérien
originaire de TaourirtMimoun, un village de GrandeKabylie. Sa
familleestaiséeetsonpèreestundétenteurdusavoir,unAmousnaw
qui récitait aussi bien «Waterloo» de Victor Hugo que les vers du
poète kabyle Youcef Ou Kaci. Il est donc confronté très tôt à une
double culture. Jusqu’à onze ans, il fréquente l’école du village,
première école dite kabyloȬfrançaise, implantée en Kabylie en 1883
dans le cadre de la mise en place de l’école laïque. Ces premières
annéesdeformationprédisposentl’écrivainàl’ouvertureȱlaȱplusȱlargeȱ
possibleȱ surȱ lesȱ plusȱ diversȱ horizons.ȱ (Mouloud, 1987: 50).ȱ Il poursuit
ses études secondaires d’abord à Rabat, puis à Alger où il prend
brutalement contact avec la colonisation: «ȱEnȱ Algérie,ȱ onȱ jouaitȱ
commeȱ lesȱ mortsȱ auȱ bridgeȱ:ȱ …ȱ toutesȱ cartesȱ étalées.ȱ»ȱ diratil. De ces
annéesd’études,Mammeridira:
ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ
1.ȱINTRODUCTIONȱ
ȱ
Mouloud Mammeri (19171989) est un écrivain algérien
originaire de TaourirtMimoun, un village de GrandeKabylie. Sa
familleestaiséeetsonpèreestundétenteurdusavoir,unAmousnaw
qui récitait aussi bien «Waterloo» de Victor Hugo que les vers du
poète kabyle Youcef Ou Kaci. Il est donc confronté très tôt à une
double culture. Jusqu’à onze ans, il fréquente l’école du village,
première école dite kabyloȬfrançaise, implantée en Kabylie en 1883
dans le cadre de la mise en place de l’école laïque. Ces premières
annéesdeformationprédisposentl’écrivainàl’ouvertureȱlaȱplusȱlargeȱ
possibleȱ surȱ lesȱ plusȱ diversȱ horizons.ȱ (Mouloud, 1987: 50).ȱ Il poursuit
ses études secondaires d’abord à Rabat, puis à Alger où il prend
brutalement contact avec la colonisation: «ȱEnȱ Algérie,ȱ onȱ jouaitȱ
commeȱ lesȱ mortsȱ auȱ bridgeȱ:ȱ …ȱ toutesȱ cartesȱ étalées.ȱ»ȱ diratil. De ces
annéesd’études,Mammeridira:
ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ
lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ
aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ
quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier1)ȱ;ȱ
ȱ
ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernetȱ(Mouloud,1987:16).
lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ
aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ
quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier1)ȱ;ȱ
ȱ
ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernetȱ(Mouloud,1987:16).
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Il publie en 1952 son premier roman, Laȱ Collineȱ oubliée avec
un objectif déclaré, celui «ȱde faire entrer la vie des hommes
algériensdanslecommunlotdesautresvies.ȱ»(Ibid.,p.1921)ȱȱ
MouloudMammeriestainsileproduitd’unedoubleculture
dontlestracessontperceptiblesdanssonœuvreromanesquequise
compose de quatre romans: Laȱ Collineȱ oubliée (1952),ȱ Leȱ Sommeilȱ duȱ
juste(1956),ȱL’Opiumȱetȱleȱbâton(1965),ȱLaȱTraversée(1982).
Il publie en 1952 son premier roman, Laȱ Collineȱ oubliée avec
un objectif déclaré, celui «ȱde faire entrer la vie des hommes
algériensdanslecommunlotdesautresvies.ȱ»(Ibid.,p.1921)ȱȱ
MouloudMammeriestainsileproduitd’unedoubleculture
dontlestracessontperceptiblesdanssonœuvreromanesquequise
compose de quatre romans: Laȱ Collineȱ oubliée (1952),ȱ Leȱ Sommeilȱ duȱ
juste(1956),ȱL’Opiumȱetȱleȱbâton(1965),ȱLaȱTraversée(1982).
2.ȱANALYSEȱDEȱLAȱTRANSFICTIONNALITÉȱMÉTISSÉEȱ
ȱ
Dans les quatre romans, à des degrés plus ou moins
importants,l’écrivainfaitappelàdesmodesd’écriturequifracturent
la logique narrative et/ou descriptive et subvertissent les normes
traditionnelles du roman. C’est ainsi que par le biais de l’écriture
intime(lettresetfragmentsdejournaux),del’épopée,delatragédie,
de la poésie, l’auteur construit une «transfictionnalité métissée»
dontnousallonstracerlesgrandeslignes.
2.1.ȱLaȱlettreȱ
ȱ
Dans les quatre romans cités, l’écrivain fait abondamment
usage de la lettre: nous en avons dénombré 18 (3 dans Laȱ Collineȱ
oubliée,5dansLeȱSommeilȱduȱjuste,6dansL’OpiumȱetȱleȱBâton,4dans
LaȱTraversée).
2.ȱANALYSEȱDEȱLAȱTRANSFICTIONNALITÉȱMÉTISSÉEȱ
ȱ
Dans les quatre romans, à des degrés plus ou moins
importants,l’écrivainfaitappelàdesmodesd’écriturequifracturent
la logique narrative et/ou descriptive et subvertissent les normes
traditionnelles du roman. C’est ainsi que par le biais de l’écriture
intime(lettresetfragmentsdejournaux),del’épopée,delatragédie,
de la poésie, l’auteur construit une «transfictionnalité métissée»
dontnousallonstracerlesgrandeslignes.
2.1.ȱLaȱlettreȱ
ȱ
Dans les quatre romans cités, l’écrivain fait abondamment
usage de la lettre: nous en avons dénombré 18 (3 dans Laȱ Collineȱ
oubliée,5dansLeȱSommeilȱduȱjuste,6dansL’OpiumȱetȱleȱBâton,4dans
LaȱTraversée).
Toutes les lettres recensées sont évidemment des lettres
fictives. Mais, du fait qu’elles s’inspirent des règles d’écriture de
lettres réelles, elles instaurent une relation pragmatique qui fonde
unecommunicationréelle.Leurgaged’authenticitéestd’abordporté
pardesprocédéstypographiques.
Toutes les lettres recensées sont évidemment des lettres
fictives. Mais, du fait qu’elles s’inspirent des règles d’écriture de
lettres réelles, elles instaurent une relation pragmatique qui fonde
unecommunicationréelle.Leurgaged’authenticitéestd’abordporté
pardesprocédéstypographiques.
Les lettres se signalent par une spatialisation particulière,
spatialisation qui reproduit leur matérialité en leur qualité d’objets
indépendants et qui leur permet de se détacher du reste du texte.
D’autre part, les caractères typographiques utilisés sont différents.
Les lettres se signalent par une spatialisation particulière,
spatialisation qui reproduit leur matérialité en leur qualité d’objets
indépendants et qui leur permet de se détacher du reste du texte.
D’autre part, les caractères typographiques utilisés sont différents.
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Il publie en 1952 son premier roman, Laȱ Collineȱ oubliée avec
un objectif déclaré, celui «ȱde faire entrer la vie des hommes
algériensdanslecommunlotdesautresvies.ȱ»(Ibid.,p.1921)ȱȱ
MouloudMammeriestainsileproduitd’unedoubleculture
dontlestracessontperceptiblesdanssonœuvreromanesquequise
compose de quatre romans: Laȱ Collineȱ oubliée (1952),ȱ Leȱ Sommeilȱ duȱ
juste(1956),ȱL’Opiumȱetȱleȱbâton(1965),ȱLaȱTraversée(1982).
108
Il publie en 1952 son premier roman, Laȱ Collineȱ oubliée avec
un objectif déclaré, celui «ȱde faire entrer la vie des hommes
algériensdanslecommunlotdesautresvies.ȱ»(Ibid.,p.1921)ȱȱ
MouloudMammeriestainsileproduitd’unedoubleculture
dontlestracessontperceptiblesdanssonœuvreromanesquequise
compose de quatre romans: Laȱ Collineȱ oubliée (1952),ȱ Leȱ Sommeilȱ duȱ
juste(1956),ȱL’Opiumȱetȱleȱbâton(1965),ȱLaȱTraversée(1982).
2.ȱANALYSEȱDEȱLAȱTRANSFICTIONNALITÉȱMÉTISSÉEȱ
ȱ
Dans les quatre romans, à des degrés plus ou moins
importants,l’écrivainfaitappelàdesmodesd’écriturequifracturent
la logique narrative et/ou descriptive et subvertissent les normes
traditionnelles du roman. C’est ainsi que par le biais de l’écriture
intime(lettresetfragmentsdejournaux),del’épopée,delatragédie,
de la poésie, l’auteur construit une «transfictionnalité métissée»
dontnousallonstracerlesgrandeslignes.
2.1.ȱLaȱlettreȱ
ȱ
Dans les quatre romans cités, l’écrivain fait abondamment
usage de la lettre: nous en avons dénombré 18 (3 dans Laȱ Collineȱ
oubliée,5dansLeȱSommeilȱduȱjuste,6dansL’OpiumȱetȱleȱBâton,4dans
LaȱTraversée).
2.ȱANALYSEȱDEȱLAȱTRANSFICTIONNALITÉȱMÉTISSÉEȱ
ȱ
Dans les quatre romans, à des degrés plus ou moins
importants,l’écrivainfaitappelàdesmodesd’écriturequifracturent
la logique narrative et/ou descriptive et subvertissent les normes
traditionnelles du roman. C’est ainsi que par le biais de l’écriture
intime(lettresetfragmentsdejournaux),del’épopée,delatragédie,
de la poésie, l’auteur construit une «transfictionnalité métissée»
dontnousallonstracerlesgrandeslignes.
2.1.ȱLaȱlettreȱ
ȱ
Dans les quatre romans cités, l’écrivain fait abondamment
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LaȱTraversée).
Toutes les lettres recensées sont évidemment des lettres
fictives. Mais, du fait qu’elles s’inspirent des règles d’écriture de
lettres réelles, elles instaurent une relation pragmatique qui fonde
unecommunicationréelle.Leurgaged’authenticitéestd’abordporté
pardesprocédéstypographiques.
Toutes les lettres recensées sont évidemment des lettres
fictives. Mais, du fait qu’elles s’inspirent des règles d’écriture de
lettres réelles, elles instaurent une relation pragmatique qui fonde
unecommunicationréelle.Leurgaged’authenticitéestd’abordporté
pardesprocédéstypographiques.
Les lettres se signalent par une spatialisation particulière,
spatialisation qui reproduit leur matérialité en leur qualité d’objets
indépendants et qui leur permet de se détacher du reste du texte.
D’autre part, les caractères typographiques utilisés sont différents.
Les lettres se signalent par une spatialisation particulière,
spatialisation qui reproduit leur matérialité en leur qualité d’objets
indépendants et qui leur permet de se détacher du reste du texte.
D’autre part, les caractères typographiques utilisés sont différents.
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Voiciquelquesexemplesquenousreproduisonsexactementcomme
ilsfigurentdansletexte:
Voiciquelquesexemplesquenousreproduisonsexactementcomme
ilsfigurentdansletexte:
Leslettresenétaientenfantinesetgauches.Lasignaturemanquait.
Leslettresenétaientenfantinesetgauches.Lasignaturemanquait.
Nousȱsommesȱenȱbonneȱsanté.ȱNousȱespéronsȱqueȱtuȱserasȱdeȱmême.ȱVoilàȱjeȱ
t’écris.ȱ Jeȱ saisȱ queȱ c’estȱ malȱ etȱ queȱ tuȱ vasȱ direȱ dansȱ tonȱ cœurȱ:ȱ voilàȱ cetteȱ
femmeȱ estȱ uneȱ mauvaiseȱ femmeȱ etȱ c’estȱ elleȱ queȱ j’aiȱ épouséeȱ avant,ȱ maisȱ
maintenantȱilȱfautȱqueȱjeȱt’écrive.(LettredeAaziàMokrane,LaȱCollineȱ
oubliée,pp.174176)
C’estȱàȱBouiraȱqueȱSlimanȱreçutȱuneȱlettreȱdontȱilȱseȱfitȱexpliquerȱplusȱdeȱlaȱ
moitié,ȱ parceȱ qu’elleȱ étaitȱ difficileȱ àȱ comprendre.ȱ «ȱMonȱ cherȱ fils.ȱ Nousȱ
sommesȱtousȱenȱbonneȱsanté.ȱJ’espèreȱqueȱlaȱprésenteȱvousȱtrouveraȱdeȱmêmeȱ
(LettredupèreàSliman,LeȱSommeilȱduȱjuste,pp.7577);
Nousȱsommesȱenȱbonneȱsanté.ȱNousȱespéronsȱqueȱtuȱserasȱdeȱmême.ȱVoilàȱjeȱ
t’écris.ȱ Jeȱ saisȱ queȱ c’estȱ malȱ etȱ queȱ tuȱ vasȱ direȱ dansȱ tonȱ cœurȱ:ȱ voilàȱ cetteȱ
femmeȱ estȱ uneȱ mauvaiseȱ femmeȱ etȱ c’estȱ elleȱ queȱ j’aiȱ épouséeȱ avant,ȱ maisȱ
maintenantȱilȱfautȱqueȱjeȱt’écrive.(LettredeAaziàMokrane,LaȱCollineȱ
oubliée,pp.174176)
C’estȱàȱBouiraȱqueȱSlimanȱreçutȱuneȱlettreȱdontȱilȱseȱfitȱexpliquerȱplusȱdeȱlaȱ
moitié,ȱ parceȱ qu’elleȱ étaitȱ difficileȱ àȱ comprendre.ȱ «ȱMonȱ cherȱ fils.ȱ Nousȱ
sommesȱtousȱenȱbonneȱsanté.ȱJ’espèreȱqueȱlaȱprésenteȱvousȱtrouveraȱdeȱmêmeȱ
(LettredupèreàSliman,LeȱSommeilȱduȱjuste,pp.7577);
LaȱlettreȱdeȱRamdaneȱattendaitȱsurȱleȱguéridon.ȱIlȱlaȱdécachetaȱ:ȱ
«ȱC’estȱ pourȱ continuerȱ notreȱ conversationȱ deȱ toutȱ àȱ l’heureȱ (ceȱ matin,ȱ jeȱ
n’avaisȱ pasȱ leȱ tempsȱ:ȱ lesȱ copies…ȱ etȱ leȱ reste)ȱ àȱ proposȱ desȱ intellectuels.ȱ
Evidemmentȱ jeȱ t’aiȱ choquéȱ quandȱ j’aiȱ ditȱ qu’ilȱ fallaitȱ fusillerȱ tousȱ ceuxȱ quiȱ
n’étaientȱ pasȱ lesȱ adulateursȱ inconditionnelsȱ d’unȱ régimeȱ populaire.ȱ (Lettre
deRamdaneàBachir,L’OpiumȱetȱleȱBâton,ȱpp.2931);
LaȱlettreȱdeȱRamdaneȱattendaitȱsurȱleȱguéridon.ȱIlȱlaȱdécachetaȱ:ȱ
«ȱC’estȱ pourȱ continuerȱ notreȱ conversationȱ deȱ toutȱ àȱ l’heureȱ (ceȱ matin,ȱ jeȱ
n’avaisȱ pasȱ leȱ tempsȱ:ȱ lesȱ copies…ȱ etȱ leȱ reste)ȱ àȱ proposȱ desȱ intellectuels.ȱ
Evidemmentȱ jeȱ t’aiȱ choquéȱ quandȱ j’aiȱ ditȱ qu’ilȱ fallaitȱ fusillerȱ tousȱ ceuxȱ quiȱ
n’étaientȱ pasȱ lesȱ adulateursȱ inconditionnelsȱ d’unȱ régimeȱ populaire.ȱ (Lettre
deRamdaneàBachir,L’OpiumȱetȱleȱBâton,ȱpp.2931);
ȬMouradȱretiraȱlesȱpapiersȱfroissésȱetȱseȱmitȱàȱlesȱrelireȱ:ȱ
«ȱJeȱt’écrisȱcetteȱlettreȱ–ȱinutileȱ?ȱ–ȱpourȱm’excuserȱdeȱn’êtreȱpasȱalléȱàȱl’avionȱ
ceȱmatinȱ–ȱaussiȱpourȱcloreȱleȱjournalȱdeȱrouteȱdeȱSouadȱauquel,ȱjeȱleȱcrains,ȱ
elleȱ n’aȱ pasȱ donnéȱ deȱ conclusion.ȱ (Lettre de Mourad à Amalia, Laȱ
Traversée,pp.178181)ȱ
ȬMouradȱretiraȱlesȱpapiersȱfroissésȱetȱseȱmitȱàȱlesȱrelireȱ:ȱ
«ȱJeȱt’écrisȱcetteȱlettreȱ–ȱinutileȱ?ȱ–ȱpourȱm’excuserȱdeȱn’êtreȱpasȱalléȱàȱl’avionȱ
ceȱmatinȱ–ȱaussiȱpourȱcloreȱleȱjournalȱdeȱrouteȱdeȱSouadȱauquel,ȱjeȱleȱcrains,ȱ
elleȱ n’aȱ pasȱ donnéȱ deȱ conclusion.ȱ (Lettre de Mourad à Amalia, Laȱ
Traversée,pp.178181)ȱ
Leur gage d’authenticité est également porté par leur mode
detransmissionoud’introductiondontvoicideuxexemples:
Leur gage d’authenticité est également porté par leur mode
detransmissionoud’introductiondontvoicideuxexemples:
109
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Voiciquelquesexemplesquenousreproduisonsexactementcomme
ilsfigurentdansletexte:
Voiciquelquesexemplesquenousreproduisonsexactementcomme
ilsfigurentdansletexte:
Leslettresenétaientenfantinesetgauches.Lasignaturemanquait.
Leslettresenétaientenfantinesetgauches.Lasignaturemanquait.
Nousȱsommesȱenȱbonneȱsanté.ȱNousȱespéronsȱqueȱtuȱserasȱdeȱmême.ȱVoilàȱjeȱ
t’écris.ȱ Jeȱ saisȱ queȱ c’estȱ malȱ etȱ queȱ tuȱ vasȱ direȱ dansȱ tonȱ cœurȱ:ȱ voilàȱ cetteȱ
femmeȱ estȱ uneȱ mauvaiseȱ femmeȱ etȱ c’estȱ elleȱ queȱ j’aiȱ épouséeȱ avant,ȱ maisȱ
maintenantȱilȱfautȱqueȱjeȱt’écrive.(LettredeAaziàMokrane,LaȱCollineȱ
oubliée,pp.174176)
C’estȱàȱBouiraȱqueȱSlimanȱreçutȱuneȱlettreȱdontȱilȱseȱfitȱexpliquerȱplusȱdeȱlaȱ
moitié,ȱ parceȱ qu’elleȱ étaitȱ difficileȱ àȱ comprendre.ȱ «ȱMonȱ cherȱ fils.ȱ Nousȱ
sommesȱtousȱenȱbonneȱsanté.ȱJ’espèreȱqueȱlaȱprésenteȱvousȱtrouveraȱdeȱmêmeȱ
(LettredupèreàSliman,LeȱSommeilȱduȱjuste,pp.7577);
Nousȱsommesȱenȱbonneȱsanté.ȱNousȱespéronsȱqueȱtuȱserasȱdeȱmême.ȱVoilàȱjeȱ
t’écris.ȱ Jeȱ saisȱ queȱ c’estȱ malȱ etȱ queȱ tuȱ vasȱ direȱ dansȱ tonȱ cœurȱ:ȱ voilàȱ cetteȱ
femmeȱ estȱ uneȱ mauvaiseȱ femmeȱ etȱ c’estȱ elleȱ queȱ j’aiȱ épouséeȱ avant,ȱ maisȱ
maintenantȱilȱfautȱqueȱjeȱt’écrive.(LettredeAaziàMokrane,LaȱCollineȱ
oubliée,pp.174176)
C’estȱàȱBouiraȱqueȱSlimanȱreçutȱuneȱlettreȱdontȱilȱseȱfitȱexpliquerȱplusȱdeȱlaȱ
moitié,ȱ parceȱ qu’elleȱ étaitȱ difficileȱ àȱ comprendre.ȱ «ȱMonȱ cherȱ fils.ȱ Nousȱ
sommesȱtousȱenȱbonneȱsanté.ȱJ’espèreȱqueȱlaȱprésenteȱvousȱtrouveraȱdeȱmêmeȱ
(LettredupèreàSliman,LeȱSommeilȱduȱjuste,pp.7577);
LaȱlettreȱdeȱRamdaneȱattendaitȱsurȱleȱguéridon.ȱIlȱlaȱdécachetaȱ:ȱ
«ȱC’estȱ pourȱ continuerȱ notreȱ conversationȱ deȱ toutȱ àȱ l’heureȱ (ceȱ matin,ȱ jeȱ
n’avaisȱ pasȱ leȱ tempsȱ:ȱ lesȱ copies…ȱ etȱ leȱ reste)ȱ àȱ proposȱ desȱ intellectuels.ȱ
Evidemmentȱ jeȱ t’aiȱ choquéȱ quandȱ j’aiȱ ditȱ qu’ilȱ fallaitȱ fusillerȱ tousȱ ceuxȱ quiȱ
n’étaientȱ pasȱ lesȱ adulateursȱ inconditionnelsȱ d’unȱ régimeȱ populaire.ȱ (Lettre
deRamdaneàBachir,L’OpiumȱetȱleȱBâton,ȱpp.2931);
LaȱlettreȱdeȱRamdaneȱattendaitȱsurȱleȱguéridon.ȱIlȱlaȱdécachetaȱ:ȱ
«ȱC’estȱ pourȱ continuerȱ notreȱ conversationȱ deȱ toutȱ àȱ l’heureȱ (ceȱ matin,ȱ jeȱ
n’avaisȱ pasȱ leȱ tempsȱ:ȱ lesȱ copies…ȱ etȱ leȱ reste)ȱ àȱ proposȱ desȱ intellectuels.ȱ
Evidemmentȱ jeȱ t’aiȱ choquéȱ quandȱ j’aiȱ ditȱ qu’ilȱ fallaitȱ fusillerȱ tousȱ ceuxȱ quiȱ
n’étaientȱ pasȱ lesȱ adulateursȱ inconditionnelsȱ d’unȱ régimeȱ populaire.ȱ (Lettre
deRamdaneàBachir,L’OpiumȱetȱleȱBâton,ȱpp.2931);
ȬMouradȱretiraȱlesȱpapiersȱfroissésȱetȱseȱmitȱàȱlesȱrelireȱ:ȱ
«ȱJeȱt’écrisȱcetteȱlettreȱ–ȱinutileȱ?ȱ–ȱpourȱm’excuserȱdeȱn’êtreȱpasȱalléȱàȱl’avionȱ
ceȱmatinȱ–ȱaussiȱpourȱcloreȱleȱjournalȱdeȱrouteȱdeȱSouadȱauquel,ȱjeȱleȱcrains,ȱ
elleȱ n’aȱ pasȱ donnéȱ deȱ conclusion.ȱ (Lettre de Mourad à Amalia, Laȱ
Traversée,pp.178181)ȱ
ȬMouradȱretiraȱlesȱpapiersȱfroissésȱetȱseȱmitȱàȱlesȱrelireȱ:ȱ
«ȱJeȱt’écrisȱcetteȱlettreȱ–ȱinutileȱ?ȱ–ȱpourȱm’excuserȱdeȱn’êtreȱpasȱalléȱàȱl’avionȱ
ceȱmatinȱ–ȱaussiȱpourȱcloreȱleȱjournalȱdeȱrouteȱdeȱSouadȱauquel,ȱjeȱleȱcrains,ȱ
elleȱ n’aȱ pasȱ donnéȱ deȱ conclusion.ȱ (Lettre de Mourad à Amalia, Laȱ
Traversée,pp.178181)ȱ
Leur gage d’authenticité est également porté par leur mode
detransmissionoud’introductiondontvoicideuxexemples:
Leur gage d’authenticité est également porté par leur mode
detransmissionoud’introductiondontvoicideuxexemples:
109
109
ȱ
ȱ
ROMANSȱ
ȱ
LETTRESȱ
MODEȱDEȱTRANSMISSIONȱOUȱ
D’INTRODUCTIONȱ
MODEȱDEȱTRANSMISSIONȱOUȱ
D’INTRODUCTIONȱ
ȱ
jereconnusqu’Aaziavaitellemême
écritlalettre.»
lepèreàSliman «C’estàBouiraqueSlimanreçutune
lettredont
Leȱ Sommeilȱ du justeȱ
ilsefitexpliquerplusdelamoitié,
parcequ’elleétaitdifficileà
comprendre.»
LETTRESȱ
LaȱCollineȱoubliéeȱ AaziàMokrane «Al’écriturerégulièreettrèsappliquée
lepèreàSliman «C’estàBouiraqueSlimanreçutune
lettredont
Leȱ Sommeilȱ du justeȱ
ȱ
ȱ
jereconnusqu’Aaziavaitellemême
écritlalettre.»
ȱ
ROMANSȱ
LaȱCollineȱoubliéeȱ AaziàMokrane «Al’écriturerégulièreettrèsappliquée
ȱ
ilsefitexpliquerplusdelamoitié,
parcequ’elleétaitdifficileà
comprendre.»
C’est ainsi que toutes ces lettres construisent la référence
suivanterépartieencinqthèmes:
C’est ainsi que toutes ces lettres construisent la référence
suivanterépartieencinqthèmes:
l’imagedelafemmedanslesystèmetraditionnelkabyle,
l’imagedelafemmedanslesystèmetraditionnelkabyle,
lamisèreetl’injusticedurantlapériodecoloniale,
lamisèreetl’injusticedurantlapériodecoloniale,
lavisionducolonisédeformationfrançaise,
lavisionducolonisédeformationfrançaise,
la représentation de l’intellectuel durant la guerre de
libération,
la représentation de l’intellectuel durant la guerre de
libération,
la représentation de l’intellectuel dans la période qui suit
l’indépendance.
la représentation de l’intellectuel dans la période qui suit
l’indépendance.
Le recours à la lettre est une manière de montrer qu’il ne
peut y avoir de communication réelle que dans l’absence: l’ordre
ancestral confisque la parole de la femme, l’ordre colonial celle du
Père, de Sliman, d’Arezki, l’ordre institutionnel de la période de
souveraineté,celledeMourad.
Le recours à la lettre est une manière de montrer qu’il ne
peut y avoir de communication réelle que dans l’absence: l’ordre
ancestral confisque la parole de la femme, l’ordre colonial celle du
Père, de Sliman, d’Arezki, l’ordre institutionnel de la période de
souveraineté,celledeMourad.
Lapolyphonieengendréeparleslettrespermetàtoutesces
parolesconfisquéesdes’exprimer,l’écrivainleurménageunespace
Lapolyphonieengendréeparleslettrespermetàtoutesces
parolesconfisquéesdes’exprimer,l’écrivainleurménageunespace
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ȱ
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ROMANSȱ
ȱ
LETTRESȱ
MODEȱDEȱTRANSMISSIONȱOUȱ
D’INTRODUCTIONȱ
ȱ
ROMANSȱ
ȱ
LETTRESȱ
ȱ
LaȱCollineȱoubliéeȱ AaziàMokrane «Al’écriturerégulièreettrèsappliquée
ȱ
MODEȱDEȱTRANSMISSIONȱOUȱ
D’INTRODUCTIONȱ
ȱ
LaȱCollineȱoubliéeȱ AaziàMokrane «Al’écriturerégulièreettrèsappliquée
jereconnusqu’Aaziavaitellemême
écritlalettre.»
jereconnusqu’Aaziavaitellemême
écritlalettre.»
lepèreàSliman «C’estàBouiraqueSlimanreçutune
lettredont
Leȱ Sommeilȱ du ilsefitexpliquerplusdelamoitié,
justeȱ
parcequ’elleétaitdifficileà
comprendre.»
lepèreàSliman «C’estàBouiraqueSlimanreçutune
lettredont
Leȱ Sommeilȱ du ilsefitexpliquerplusdelamoitié,
justeȱ
parcequ’elleétaitdifficileà
comprendre.»
C’est ainsi que toutes ces lettres construisent la référence
suivanterépartieencinqthèmes:
C’est ainsi que toutes ces lettres construisent la référence
suivanterépartieencinqthèmes:
l’imagedelafemmedanslesystèmetraditionnelkabyle,
l’imagedelafemmedanslesystèmetraditionnelkabyle,
lamisèreetl’injusticedurantlapériodecoloniale,
lamisèreetl’injusticedurantlapériodecoloniale,
lavisionducolonisédeformationfrançaise,
lavisionducolonisédeformationfrançaise,
la représentation de l’intellectuel durant la guerre de
libération,
la représentation de l’intellectuel durant la guerre de
libération,
la représentation de l’intellectuel dans la période qui suit
l’indépendance.
la représentation de l’intellectuel dans la période qui suit
l’indépendance.
Le recours à la lettre est une manière de montrer qu’il ne
peut y avoir de communication réelle que dans l’absence: l’ordre
ancestral confisque la parole de la femme, l’ordre colonial celle du
Père, de Sliman, d’Arezki, l’ordre institutionnel de la période de
souveraineté,celledeMourad.
Le recours à la lettre est une manière de montrer qu’il ne
peut y avoir de communication réelle que dans l’absence: l’ordre
ancestral confisque la parole de la femme, l’ordre colonial celle du
Père, de Sliman, d’Arezki, l’ordre institutionnel de la période de
souveraineté,celledeMourad.
Lapolyphonieengendréeparleslettrespermetàtoutesces
parolesconfisquéesdes’exprimer,l’écrivainleurménageunespace
Lapolyphonieengendréeparleslettrespermetàtoutesces
parolesconfisquéesdes’exprimer,l’écrivainleurménageunespace
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de liberté qu’elles ne peuvent trouver ailleurs – dans la réalité
s’entend.
de liberté qu’elles ne peuvent trouver ailleurs – dans la réalité
s’entend.
Empreinte de la culture classique de l’écrivain, on ne peut
s’empêcher de penser que – comme c’était le cas au XVIIIe siècle –
«ȱla lettre devient l’expression efficace d’une pensée engagée, un
espaced’écritureprivilégiédanslegrandmouvementd’Invention
delaliberté,selonl’expressiondeJeanStarobinskiȱ»ȱ(Grassi,1998:
28)ȱ qui marque le siècle des lumières. C’est la polyphonie et
l’authenticitéquimarquentdeleurempreinteleXVIIIesiècleetqu’A.
Gideréaménagesousformede«sincérité».
Empreinte de la culture classique de l’écrivain, on ne peut
s’empêcher de penser que – comme c’était le cas au XVIIIe siècle –
«ȱla lettre devient l’expression efficace d’une pensée engagée, un
espaced’écritureprivilégiédanslegrandmouvementd’Invention
delaliberté,selonl’expressiondeJeanStarobinskiȱ»ȱ(Grassi,1998:
28)ȱ qui marque le siècle des lumières. C’est la polyphonie et
l’authenticitéquimarquentdeleurempreinteleXVIIIesiècleetqu’A.
Gideréaménagesousformede«sincérité».
En outre, l’introduction de toutes ces lettres représente une
stratégie discursive qui vise à faire s’entrecroiser le genre
romanesque avec le genre théâtral. En effet, les lettres induisent un
phénomène de transfictionnalité puisqu’elles jouent le dialogue en
mettant en présence plusieurs voix. Théâtralisation de la parole
commelesoulignefortjustementG.HarocheBouzinac:
En outre, l’introduction de toutes ces lettres représente une
stratégie discursive qui vise à faire s’entrecroiser le genre
romanesque avec le genre théâtral. En effet, les lettres induisent un
phénomène de transfictionnalité puisqu’elles jouent le dialogue en
mettant en présence plusieurs voix. Théâtralisation de la parole
commelesoulignefortjustementG.HarocheBouzinac:
Laȱlettreȱjoueȱleȱthéâtre,ȱnonȱseulementȱdansȱsaȱformeȱdialoguée,ȱparȱlesȱvoixȱ
qu’elleȱ faitȱ entendre,ȱ maisȱ aussiȱ dansȱ laȱ miseȱ enȱ scèneȱ deȱ soiȱ parȱ soi,ȱ dansȱ
l’exagérationȱetȱl’exaltationȱqu’elleȱdéploie.(1995:92)ȱ
Laȱlettreȱjoueȱleȱthéâtre,ȱnonȱseulementȱdansȱsaȱformeȱdialoguée,ȱparȱlesȱvoixȱ
qu’elleȱ faitȱ entendre,ȱ maisȱ aussiȱ dansȱ laȱ miseȱ enȱ scèneȱ deȱ soiȱ parȱ soi,ȱ dansȱ
l’exagérationȱetȱl’exaltationȱqu’elleȱdéploie.(1995:92)ȱ
ȱ
ȱ
2.2.ȱLeȱjournalȱintimeȱ
2.2.ȱLeȱjournalȱintimeȱ
ȱ
ȱ
Cetyped’écritureserencontredanstroisdesromansdeM.
Mammeri:LaȱCollineȱoubliée,LeȱSommeilȱduȱjuste,LaȱTraversée.
Cetyped’écritureserencontredanstroisdesromansdeM.
Mammeri:LaȱCollineȱoubliée,LeȱSommeilȱduȱjuste,LaȱTraversée.
Dans Laȱ Collineȱ oubliée, l’insertion d’un fragment de journal
intime se signale par la présence de dates: «6 décembre», «7
décembre»,«9décembre».
Dans Laȱ Collineȱ oubliée, l’insertion d’un fragment de journal
intime se signale par la présence de dates: «6 décembre», «7
décembre»,«9décembre».
Il intervient à un moment où les faits sont nombreux et se
précipitent:
Il intervient à un moment où les faits sont nombreux et se
précipitent:
J’eusȱ duȱ resteȱ moiȬmêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda,ȱ
videsȱd’ordinaire,ȱsontȱpleinesȱceȱdernierȱmoisȱàȱchaqueȱpage.
J’eusȱ duȱ resteȱ moiȬmêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda,ȱ
videsȱd’ordinaire,ȱsontȱpleinesȱceȱdernierȱmoisȱàȱchaqueȱpage.
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de liberté qu’elles ne peuvent trouver ailleurs – dans la réalité
s’entend.
de liberté qu’elles ne peuvent trouver ailleurs – dans la réalité
s’entend.
Empreinte de la culture classique de l’écrivain, on ne peut
s’empêcher de penser que – comme c’était le cas au XVIIIe siècle –
«ȱla lettre devient l’expression efficace d’une pensée engagée, un
espaced’écritureprivilégiédanslegrandmouvementd’Invention
delaliberté,selonl’expressiondeJeanStarobinskiȱ»ȱ(Grassi,1998:
28)ȱ qui marque le siècle des lumières. C’est la polyphonie et
l’authenticitéquimarquentdeleurempreinteleXVIIIesiècleetqu’A.
Gideréaménagesousformede«sincérité».
Empreinte de la culture classique de l’écrivain, on ne peut
s’empêcher de penser que – comme c’était le cas au XVIIIe siècle –
«ȱla lettre devient l’expression efficace d’une pensée engagée, un
espaced’écritureprivilégiédanslegrandmouvementd’Invention
delaliberté,selonl’expressiondeJeanStarobinskiȱ»ȱ(Grassi,1998:
28)ȱ qui marque le siècle des lumières. C’est la polyphonie et
l’authenticitéquimarquentdeleurempreinteleXVIIIesiècleetqu’A.
Gideréaménagesousformede«sincérité».
En outre, l’introduction de toutes ces lettres représente une
stratégie discursive qui vise à faire s’entrecroiser le genre
romanesque avec le genre théâtral. En effet, les lettres induisent un
phénomène de transfictionnalité puisqu’elles jouent le dialogue en
mettant en présence plusieurs voix. Théâtralisation de la parole
commelesoulignefortjustementG.HarocheBouzinac:
En outre, l’introduction de toutes ces lettres représente une
stratégie discursive qui vise à faire s’entrecroiser le genre
romanesque avec le genre théâtral. En effet, les lettres induisent un
phénomène de transfictionnalité puisqu’elles jouent le dialogue en
mettant en présence plusieurs voix. Théâtralisation de la parole
commelesoulignefortjustementG.HarocheBouzinac:
Laȱlettreȱjoueȱleȱthéâtre,ȱnonȱseulementȱdansȱsaȱformeȱdialoguée,ȱparȱlesȱvoixȱ
qu’elleȱ faitȱ entendre,ȱ maisȱ aussiȱ dansȱ laȱ miseȱ enȱ scèneȱ deȱ soiȱ parȱ soi,ȱ dansȱ
l’exagérationȱetȱl’exaltationȱqu’elleȱdéploie.(1995:92)ȱ
Laȱlettreȱjoueȱleȱthéâtre,ȱnonȱseulementȱdansȱsaȱformeȱdialoguée,ȱparȱlesȱvoixȱ
qu’elleȱ faitȱ entendre,ȱ maisȱ aussiȱ dansȱ laȱ miseȱ enȱ scèneȱ deȱ soiȱ parȱ soi,ȱ dansȱ
l’exagérationȱetȱl’exaltationȱqu’elleȱdéploie.(1995:92)ȱ
ȱ
ȱ
2.2.ȱLeȱjournalȱintimeȱ
2.2.ȱLeȱjournalȱintimeȱ
ȱ
ȱ
Cetyped’écritureserencontredanstroisdesromansdeM.
Mammeri:LaȱCollineȱoubliée,LeȱSommeilȱduȱjuste,LaȱTraversée.
Cetyped’écritureserencontredanstroisdesromansdeM.
Mammeri:LaȱCollineȱoubliée,LeȱSommeilȱduȱjuste,LaȱTraversée.
Dans Laȱ Collineȱ oubliée, l’insertion d’un fragment de journal
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décembre»,«9décembre».
Dans Laȱ Collineȱ oubliée, l’insertion d’un fragment de journal
intime se signale par la présence de dates: «6 décembre», «7
décembre»,«9décembre».
Il intervient à un moment où les faits sont nombreux et se
précipitent:
Il intervient à un moment où les faits sont nombreux et se
précipitent:
J’eusȱ duȱ resteȱ moiȬmêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda,ȱ
videsȱd’ordinaire,ȱsontȱpleinesȱceȱdernierȱmoisȱàȱchaqueȱpage.
J’eusȱ duȱ resteȱ moiȬmêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda,ȱ
videsȱd’ordinaire,ȱsontȱpleinesȱceȱdernierȱmoisȱàȱchaqueȱpage.
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Le recours au journal intime correspond ici à la volonté
d’abolirletravaild’anamnèseentreprisparlerécitautobiographique
factuelle qui compose la trame du roman. Ceci pour saisir les
évènementsdansleurimmédiateté.Lejournalintimefaitdisparaître
le passé au profit du présent, «le moi révolu» au profit du «je
actuel», selon les expressions de Jean Starobinski (1970). En cela, il
marqueunerupturedanslarupturecommepourbienmontrerque
le récit est authentique puisque inspiré d’un journal intime. La
distance temporelle est réduite, c’est la seule différence qui existe
avec le récit autobiographique. C’est ce que signale Ph. Lejeunequi
expliquequelejournalintime,genrevoisindel’autobiographie,s’en
détache cependant du fait qu’il ne remplit pas la condition de la
perspectiverétrospectivedurécit(Lejeune,1975:14).
Le recours au journal intime correspond ici à la volonté
d’abolirletravaild’anamnèseentreprisparlerécitautobiographique
factuelle qui compose la trame du roman. Ceci pour saisir les
évènementsdansleurimmédiateté.Lejournalintimefaitdisparaître
le passé au profit du présent, «le moi révolu» au profit du «je
actuel», selon les expressions de Jean Starobinski (1970). En cela, il
marqueunerupturedanslarupturecommepourbienmontrerque
le récit est authentique puisque inspiré d’un journal intime. La
distance temporelle est réduite, c’est la seule différence qui existe
avec le récit autobiographique. C’est ce que signale Ph. Lejeunequi
expliquequelejournalintime,genrevoisindel’autobiographie,s’en
détache cependant du fait qu’il ne remplit pas la condition de la
perspectiverétrospectivedurécit(Lejeune,1975:14).
L’autobiographieetlejournalintimeréelontencommunle
fait qu’il s’agit de retracer la vérité des actes, des évènements, de
l’être.C’estceversquoitendcefragment.Maisils’agitd’unjournal
intime inséré dans un texte qui s’annonce comme fictif, comme
d’ailleursdansLeȱSommeilȱduȱjusteetdansLaȱTraversée.
L’autobiographieetlejournalintimeréelontencommunle
fait qu’il s’agit de retracer la vérité des actes, des évènements, de
l’être.C’estceversquoitendcefragment.Maisils’agitd’unjournal
intime inséré dans un texte qui s’annonce comme fictif, comme
d’ailleursdansLeȱSommeilȱduȱjusteetdansLaȱTraversée.
V.Raoul,quiaanalysélefonctionnementdujournalintime
insérédansleroman,écrit:
V.Raoul,quiaanalysélefonctionnementdujournalintime
insérédansleroman,écrit:
L’auteurȱ ȱ prétendȱ êtreȱ quelqu’unȱ d’autreȱ quiȱ existeȱ ouȱ aȱ existé,ȱ etȱ ilȱ imiteȱ
cetteȱpersonne.ȱIlȱaffirmeȱdesȱfaitsȱquiȱseȱposentȱcommeȱvrais.ȱ(Raoul,1999:
27)
L’auteurȱ ȱ prétendȱ êtreȱ quelqu’unȱ d’autreȱ quiȱ existeȱ ouȱ aȱ existé,ȱ etȱ ilȱ imiteȱ
cetteȱpersonne.ȱIlȱaffirmeȱdesȱfaitsȱquiȱseȱposentȱcommeȱvrais.ȱ(Raoul,1999:
27)
Envertudu«pacteréférentiel»quesignalePh.Lejeune,ce
type de texte tend à démontrer que l’image qui est représentée
devient la réalité. La vérité se pose comme l’horizon de l’écriture,
c’est ce que précise J.Ph. Miraux (1996: 8) à propos de
l’autobiographie et qui pourrait très bien s’appliquer au journal
intime:
Envertudu«pacteréférentiel»quesignalePh.Lejeune,ce
type de texte tend à démontrer que l’image qui est représentée
devient la réalité. La vérité se pose comme l’horizon de l’écriture,
c’est ce que précise J.Ph. Miraux (1996: 8) à propos de
l’autobiographie et qui pourrait très bien s’appliquer au journal
intime:
Qu’elleȱ soitȱ véritéȱ desȱ actesȱ ouȱ véritéȱ deȱ l’être,ȱ elleȱ seȱ constitueȱ commeȱ
horizonȱ deȱ l’écriture,ȱ commeȱ pointȱ aveugleȱ duȱ style,ȱ commeȱ lieuȱ atopique,ȱ
lieuȱsansȱlieuȱversȱquoiȱtendȱl’effortȱscripturaire.
Qu’elleȱ soitȱ véritéȱ desȱ actesȱ ouȱ véritéȱ deȱ l’être,ȱ elleȱ seȱ constitueȱ commeȱ
horizonȱ deȱ l’écriture,ȱ commeȱ pointȱ aveugleȱ duȱ style,ȱ commeȱ lieuȱ atopique,ȱ
lieuȱsansȱlieuȱversȱquoiȱtendȱl’effortȱscripturaire.
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Le recours au journal intime correspond ici à la volonté
d’abolirletravaild’anamnèseentreprisparlerécitautobiographique
factuelle qui compose la trame du roman. Ceci pour saisir les
évènementsdansleurimmédiateté.Lejournalintimefaitdisparaître
le passé au profit du présent, «le moi révolu» au profit du «je
actuel», selon les expressions de Jean Starobinski (1970). En cela, il
marqueunerupturedanslarupturecommepourbienmontrerque
le récit est authentique puisque inspiré d’un journal intime. La
distance temporelle est réduite, c’est la seule différence qui existe
avec le récit autobiographique. C’est ce que signale Ph. Lejeunequi
expliquequelejournalintime,genrevoisindel’autobiographie,s’en
détache cependant du fait qu’il ne remplit pas la condition de la
perspectiverétrospectivedurécit(Lejeune,1975:14).
Le recours au journal intime correspond ici à la volonté
d’abolirletravaild’anamnèseentreprisparlerécitautobiographique
factuelle qui compose la trame du roman. Ceci pour saisir les
évènementsdansleurimmédiateté.Lejournalintimefaitdisparaître
le passé au profit du présent, «le moi révolu» au profit du «je
actuel», selon les expressions de Jean Starobinski (1970). En cela, il
marqueunerupturedanslarupturecommepourbienmontrerque
le récit est authentique puisque inspiré d’un journal intime. La
distance temporelle est réduite, c’est la seule différence qui existe
avec le récit autobiographique. C’est ce que signale Ph. Lejeunequi
expliquequelejournalintime,genrevoisindel’autobiographie,s’en
détache cependant du fait qu’il ne remplit pas la condition de la
perspectiverétrospectivedurécit(Lejeune,1975:14).
L’autobiographieetlejournalintimeréelontencommunle
fait qu’il s’agit de retracer la vérité des actes, des évènements, de
l’être.C’estceversquoitendcefragment.Maisils’agitd’unjournal
intime inséré dans un texte qui s’annonce comme fictif, comme
d’ailleursdansLeȱSommeilȱduȱjusteetdansLaȱTraversée.
L’autobiographieetlejournalintimeréelontencommunle
fait qu’il s’agit de retracer la vérité des actes, des évènements, de
l’être.C’estceversquoitendcefragment.Maisils’agitd’unjournal
intime inséré dans un texte qui s’annonce comme fictif, comme
d’ailleursdansLeȱSommeilȱduȱjusteetdansLaȱTraversée.
V.Raoul,quiaanalysélefonctionnementdujournalintime
insérédansleroman,écrit:
V.Raoul,quiaanalysélefonctionnementdujournalintime
insérédansleroman,écrit:
L’auteurȱ ȱ prétendȱ êtreȱ quelqu’unȱ d’autreȱ quiȱ existeȱ ouȱ aȱ existé,ȱ etȱ ilȱ imiteȱ
cetteȱpersonne.ȱIlȱaffirmeȱdesȱfaitsȱquiȱseȱposentȱcommeȱvrais.ȱ(Raoul,1999:
27)
L’auteurȱ ȱ prétendȱ êtreȱ quelqu’unȱ d’autreȱ quiȱ existeȱ ouȱ aȱ existé,ȱ etȱ ilȱ imiteȱ
cetteȱpersonne.ȱIlȱaffirmeȱdesȱfaitsȱquiȱseȱposentȱcommeȱvrais.ȱ(Raoul,1999:
27)
Envertudu«pacteréférentiel»quesignalePh.Lejeune,ce
type de texte tend à démontrer que l’image qui est représentée
devient la réalité. La vérité se pose comme l’horizon de l’écriture,
c’est ce que précise J.Ph. Miraux (1996: 8) à propos de
l’autobiographie et qui pourrait très bien s’appliquer au journal
intime:
Envertudu«pacteréférentiel»quesignalePh.Lejeune,ce
type de texte tend à démontrer que l’image qui est représentée
devient la réalité. La vérité se pose comme l’horizon de l’écriture,
c’est ce que précise J.Ph. Miraux (1996: 8) à propos de
l’autobiographie et qui pourrait très bien s’appliquer au journal
intime:
Qu’elleȱ soitȱ véritéȱ desȱ actesȱ ouȱ véritéȱ deȱ l’être,ȱ elleȱ seȱ constitueȱ commeȱ
horizonȱ deȱ l’écriture,ȱ commeȱ pointȱ aveugleȱ duȱ style,ȱ commeȱ lieuȱ atopique,ȱ
lieuȱsansȱlieuȱversȱquoiȱtendȱl’effortȱscripturaire.
Qu’elleȱ soitȱ véritéȱ desȱ actesȱ ouȱ véritéȱ deȱ l’être,ȱ elleȱ seȱ constitueȱ commeȱ
horizonȱ deȱ l’écriture,ȱ commeȱ pointȱ aveugleȱ duȱ style,ȱ commeȱ lieuȱ atopique,ȱ
lieuȱsansȱlieuȱversȱquoiȱtendȱl’effortȱscripturaire.
112
112
Même si, en tant que lecteur, nous savons pertinemment que
nous ne pouvons établir une identité entre l’auteur et le narrateur
(quiestunpersonnageduroman)–M.Mammerin’estpasMokrane,
ni Arezki, ni Souad – nous établissons forcément un lien entre ce
genredetexteetlaréalité.Enintroduisantlejournalintimedansses
romans, l’écrivain s’engage à établir un lien entre les mots et le
mondeet,parlàmême,nousyengage.«L’effetderéel»dontparle
Ph. Lejeune joue à plein et la fiction porte alors en elle un discours
quiseposecommevrai.D’autantplusqueleromancierprendsoin
demarquerl’introductiondecestextesentantquejournauxintimes
commepourlesauthentifier.
Même si, en tant que lecteur, nous savons pertinemment que
nous ne pouvons établir une identité entre l’auteur et le narrateur
(quiestunpersonnageduroman)–M.Mammerin’estpasMokrane,
ni Arezki, ni Souad – nous établissons forcément un lien entre ce
genredetexteetlaréalité.Enintroduisantlejournalintimedansses
romans, l’écrivain s’engage à établir un lien entre les mots et le
mondeet,parlàmême,nousyengage.«L’effetderéel»dontparle
Ph. Lejeune joue à plein et la fiction porte alors en elle un discours
quiseposecommevrai.D’autantplusqueleromancierprendsoin
demarquerl’introductiondecestextesentantquejournauxintimes
commepourlesauthentifier.
Ainsi,onpeutliredansLaȱCollineȱoubliée:«ȱJ’eusȱduȱresteȱmoiȬ
mêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda…ȱ»,ȱ et dans Laȱ
Traverséeȱ:ȱȱ«ȱȬJournalȱdeȱSouad:…ȱ».
Ainsi,onpeutliredansLaȱCollineȱoubliée:«ȱJ’eusȱduȱresteȱmoiȬ
mêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda…ȱ»,ȱ et dans Laȱ
Traverséeȱ:ȱȱ«ȱȬJournalȱdeȱSouad:…ȱ».
DansLeȱSommeilȱduȱjuste,cen’estpasseulementsaprésence
qui est authentifiée (l’idée de journal est suggérée à Arezki par M.
Poiré)maisaussisonobjectif:
DansLeȱSommeilȱduȱjuste,cen’estpasseulementsaprésence
qui est authentifiée (l’idée de journal est suggérée à Arezki par M.
Poiré)maisaussisonobjectif:
ȬȱCeȱjournalȱsera,ȱauȱmilieuȱdeȱlaȱbarbarieȱdéchaînée,ȱunȱrefugeȱdeȱconscienceȱ
etȱ d’humanité,ȱ auȱ milieuȱ desȱ ténèbresȱ laȱ flammeȱ quiȱ veille,ȱ parceȱ queȱ
l’hommeȱniȱlaȱvéritéȱneȱpeuventȱpérir.
ȬȱCeȱjournalȱsera,ȱauȱmilieuȱdeȱlaȱbarbarieȱdéchaînée,ȱunȱrefugeȱdeȱconscienceȱ
etȱ d’humanité,ȱ auȱ milieuȱ desȱ ténèbresȱ laȱ flammeȱ quiȱ veille,ȱ parceȱ queȱ
l’hommeȱniȱlaȱvéritéȱneȱpeuventȱpérir.
Nous sommes donc en présence de textes qui, par la
polyphonie dont ils sont porteurs – tout comme les lettres –
contiennent une interrogation éminemment philosophique sur
l’individu face à des évènements marquants. Ils constituentȱ uneȱ
profondeȱrechercheȱdeȱlaȱvéritéȱphilosophiqueȱetȱontologiqueȱduȱmoi,ȱcomme
l’écrit, à juste titre, J.Ph. Miraux (1996: 24) et ce, conformément à
l’espritdelaformationclassiqueethumanistedel’écrivain.
ȱ
2.3.ȱL’épopéeȱ
Nous sommes donc en présence de textes qui, par la
polyphonie dont ils sont porteurs – tout comme les lettres –
contiennent une interrogation éminemment philosophique sur
l’individu face à des évènements marquants. Ils constituentȱ uneȱ
profondeȱrechercheȱdeȱlaȱvéritéȱphilosophiqueȱetȱontologiqueȱduȱmoi,ȱcomme
l’écrit, à juste titre, J.Ph. Miraux (1996: 24) et ce, conformément à
l’espritdelaformationclassiqueethumanistedel’écrivain.
ȱ
2.3.ȱL’épopéeȱ
Le passage concerné se situe dans Laȱ Traversée. Il sagit de
larticle écrit par Mourad, «La Traversée du désert», article qui
déplaîtauxautoritésetquileconduitàdémissionnerdujournal.
Le passage concerné se situe dans Laȱ Traversée. Il sagit de
larticle écrit par Mourad, «La Traversée du désert», article qui
déplaîtauxautoritésetquileconduitàdémissionnerdujournal.
113
113
Même si, en tant que lecteur, nous savons pertinemment que
nous ne pouvons établir une identité entre l’auteur et le narrateur
(quiestunpersonnageduroman)–M.Mammerin’estpasMokrane,
ni Arezki, ni Souad – nous établissons forcément un lien entre ce
genredetexteetlaréalité.Enintroduisantlejournalintimedansses
romans, l’écrivain s’engage à établir un lien entre les mots et le
mondeet,parlàmême,nousyengage.«L’effetderéel»dontparle
Ph. Lejeune joue à plein et la fiction porte alors en elle un discours
quiseposecommevrai.D’autantplusqueleromancierprendsoin
demarquerl’introductiondecestextesentantquejournauxintimes
commepourlesauthentifier.
Même si, en tant que lecteur, nous savons pertinemment que
nous ne pouvons établir une identité entre l’auteur et le narrateur
(quiestunpersonnageduroman)–M.Mammerin’estpasMokrane,
ni Arezki, ni Souad – nous établissons forcément un lien entre ce
genredetexteetlaréalité.Enintroduisantlejournalintimedansses
romans, l’écrivain s’engage à établir un lien entre les mots et le
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Ph. Lejeune joue à plein et la fiction porte alors en elle un discours
quiseposecommevrai.D’autantplusqueleromancierprendsoin
demarquerl’introductiondecestextesentantquejournauxintimes
commepourlesauthentifier.
Ainsi,onpeutliredansLaȱCollineȱoubliée:«ȱJ’eusȱduȱresteȱmoiȬ
mêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda…ȱ»,ȱ et dans Laȱ
Traverséeȱ:ȱȱ«ȱȬJournalȱdeȱSouad:…ȱ».
Ainsi,onpeutliredansLaȱCollineȱoubliée:«ȱJ’eusȱduȱresteȱmoiȬ
mêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda…ȱ»,ȱ et dans Laȱ
Traverséeȱ:ȱȱ«ȱȬJournalȱdeȱSouad:…ȱ».
DansLeȱSommeilȱduȱjuste,cen’estpasseulementsaprésence
qui est authentifiée (l’idée de journal est suggérée à Arezki par M.
Poiré)maisaussisonobjectif:
DansLeȱSommeilȱduȱjuste,cen’estpasseulementsaprésence
qui est authentifiée (l’idée de journal est suggérée à Arezki par M.
Poiré)maisaussisonobjectif:
ȬȱCeȱjournalȱsera,ȱauȱmilieuȱdeȱlaȱbarbarieȱdéchaînée,ȱunȱrefugeȱdeȱconscienceȱ
etȱ d’humanité,ȱ auȱ milieuȱ desȱ ténèbresȱ laȱ flammeȱ quiȱ veille,ȱ parceȱ queȱ
l’hommeȱniȱlaȱvéritéȱneȱpeuventȱpérir.
ȬȱCeȱjournalȱsera,ȱauȱmilieuȱdeȱlaȱbarbarieȱdéchaînée,ȱunȱrefugeȱdeȱconscienceȱ
etȱ d’humanité,ȱ auȱ milieuȱ desȱ ténèbresȱ laȱ flammeȱ quiȱ veille,ȱ parceȱ queȱ
l’hommeȱniȱlaȱvéritéȱneȱpeuventȱpérir.
Nous sommes donc en présence de textes qui, par la
polyphonie dont ils sont porteurs – tout comme les lettres –
contiennent une interrogation éminemment philosophique sur
l’individu face à des évènements marquants. Ils constituentȱ uneȱ
profondeȱrechercheȱdeȱlaȱvéritéȱphilosophiqueȱetȱontologiqueȱduȱmoi,ȱcomme
l’écrit, à juste titre, J.Ph. Miraux (1996: 24) et ce, conformément à
l’espritdelaformationclassiqueethumanistedel’écrivain.
ȱ
2.3.ȱL’épopéeȱ
Nous sommes donc en présence de textes qui, par la
polyphonie dont ils sont porteurs – tout comme les lettres –
contiennent une interrogation éminemment philosophique sur
l’individu face à des évènements marquants. Ils constituentȱ uneȱ
profondeȱrechercheȱdeȱlaȱvéritéȱphilosophiqueȱetȱontologiqueȱduȱmoi,ȱcomme
l’écrit, à juste titre, J.Ph. Miraux (1996: 24) et ce, conformément à
l’espritdelaformationclassiqueethumanistedel’écrivain.
ȱ
2.3.ȱL’épopéeȱ
Le passage concerné se situe dans Laȱ Traversée. Il sagit de
larticle écrit par Mourad, «La Traversée du désert», article qui
déplaîtauxautoritésetquileconduitàdémissionnerdujournal.
Le passage concerné se situe dans Laȱ Traversée. Il sagit de
larticle écrit par Mourad, «La Traversée du désert», article qui
déplaîtauxautoritésetquileconduitàdémissionnerdujournal.
113
113
Ce texte, représente un autre moment darrêt dans le
déroulementromanesque,momentoùlelecteurestprojetédansune
autreréalitéquecelleduromanenmêmetempsquilyestinséré.
Ce texte, représente un autre moment darrêt dans le
déroulementromanesque,momentoùlelecteurestprojetédansune
autreréalitéquecelleduromanenmêmetempsquilyestinséré.
Eneffet,unarticledejournalestcenséinformerlelecteur,luidirela
vérité, le pousser à réfléchir. Linformer et le pousser à réfléchir,
comment?
Eneffet,unarticledejournalestcenséinformerlelecteur,luidirela
vérité, le pousser à réfléchir. Linformer et le pousser à réfléchir,
comment?
Cetarticleretracelitinérairedune«caravane»quitraverse
un «désert» avec à lavant des «héros» qui sont éliminés et
remplacés par des «épigones» une fois l«oasis» atteinte. On peut
constaterquecetexteestconstruitautourdesymbolesquelelecteur
doitdécrypter,cequi,pourlemoins,estassezinhabituelconcernant
unarticledejournal.
Cetarticleretracelitinérairedune«caravane»quitraverse
un «désert» avec à lavant des «héros» qui sont éliminés et
remplacés par des «épigones» une fois l«oasis» atteinte. On peut
constaterquecetexteestconstruitautourdesymbolesquelelecteur
doitdécrypter,cequi,pourlemoins,estassezinhabituelconcernant
unarticledejournal.
Ce récit se construit également autour du rôle des «héros»
danscetitinéraire;cestpourquoiilnoussemblequilsapparenteà
un récit épique. La parenté que l’on peut établir avec lépopée
grecque sopère, demblée, par le mode dintroduction de larticle
dans le roman : le lecteur en prend connaissance par le biais de
loralisation : cest Souad, une journaliste qui fait partie de léquipe
derédaction,quilelit:LaȱvoixȱdeȱSouadȱétaitȱmorne.(p.30).
Ce récit se construit également autour du rôle des «héros»
danscetitinéraire;cestpourquoiilnoussemblequilsapparenteà
un récit épique. La parenté que l’on peut établir avec lépopée
grecque sopère, demblée, par le mode dintroduction de larticle
dans le roman : le lecteur en prend connaissance par le biais de
loralisation : cest Souad, une journaliste qui fait partie de léquipe
derédaction,quilelit:LaȱvoixȱdeȱSouadȱétaitȱmorne.(p.30).
Par ailleurs, dans les œuvres épiques dHomère, et en
particulier dans LȇIlliadeȱ (Homère, 1975), le héros est un guerrier,
cestunhumainparmileshumainsdanssesrapportsaveclesdieux
et juste après lui viennent les femmes. Cest ce que lon peut
constaterdanscetarticleoù:
Par ailleurs, dans les œuvres épiques dHomère, et en
particulier dans LȇIlliadeȱ (Homère, 1975), le héros est un guerrier,
cestunhumainparmileshumainsdanssesrapportsaveclesdieux
et juste après lui viennent les femmes. Cest ce que lon peut
constaterdanscetarticleoù:
leshérosnontpourseuléquipementqueleursarmes:…ilsȱallaientȱ
nusȱavecȱseulementȱdesȱarmesȱdansȱlesȱbras.(p.32);
leshérosnontpourseuléquipementqueleursarmes:…ilsȱallaientȱ
nusȱavecȱseulementȱdesȱarmesȱdansȱlesȱbras.(p.32);
les femmes sont introduites juste après les héros et sont, soit des
mères ayant pour tâche de développer linstinct grégaire chez leurs
enfants:
les femmes sont introduites juste après les héros et sont, soit des
mères ayant pour tâche de développer linstinct grégaire chez leurs
enfants:
Lesȱaccoutumerȱauxȱliensȱdèsȱlȇenfance,ȱetȱainsiȱdeȱlesȱdégoûterȱdeȱlȇhéroïsmeȱ
àȱjamais.ȱIlȱfallaitȱlesȱguérirȱaussiȱduȱgoûtȱdeȱlȇindépendanceȱetȱdeȱlaȱsolitude.
(p.31),
Lesȱaccoutumerȱauxȱliensȱdèsȱlȇenfance,ȱetȱainsiȱdeȱlesȱdégoûterȱdeȱlȇhéroïsmeȱ
àȱjamais.ȱIlȱfallaitȱlesȱguérirȱaussiȱduȱgoûtȱdeȱlȇindépendanceȱetȱdeȱlaȱsolitude.
(p.31),
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Ce texte, représente un autre moment darrêt dans le
déroulementromanesque,momentoùlelecteurestprojetédansune
autreréalitéquecelleduromanenmêmetempsquilyestinséré.
Ce texte, représente un autre moment darrêt dans le
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Eneffet,unarticledejournalestcenséinformerlelecteur,luidirela
vérité, le pousser à réfléchir. Linformer et le pousser à réfléchir,
comment?
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comment?
Cetarticleretracelitinérairedune«caravane»quitraverse
un «désert» avec à lavant des «héros» qui sont éliminés et
remplacés par des «épigones» une fois l«oasis» atteinte. On peut
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doitdécrypter,cequi,pourlemoins,estassezinhabituelconcernant
unarticledejournal.
Cetarticleretracelitinérairedune«caravane»quitraverse
un «désert» avec à lavant des «héros» qui sont éliminés et
remplacés par des «épigones» une fois l«oasis» atteinte. On peut
constaterquecetexteestconstruitautourdesymbolesquelelecteur
doitdécrypter,cequi,pourlemoins,estassezinhabituelconcernant
unarticledejournal.
Ce récit se construit également autour du rôle des «héros»
danscetitinéraire;cestpourquoiilnoussemblequilsapparenteà
un récit épique. La parenté que l’on peut établir avec lépopée
grecque sopère, demblée, par le mode dintroduction de larticle
dans le roman : le lecteur en prend connaissance par le biais de
loralisation : cest Souad, une journaliste qui fait partie de léquipe
derédaction,quilelit:LaȱvoixȱdeȱSouadȱétaitȱmorne.(p.30).
Ce récit se construit également autour du rôle des «héros»
danscetitinéraire;cestpourquoiilnoussemblequilsapparenteà
un récit épique. La parenté que l’on peut établir avec lépopée
grecque sopère, demblée, par le mode dintroduction de larticle
dans le roman : le lecteur en prend connaissance par le biais de
loralisation : cest Souad, une journaliste qui fait partie de léquipe
derédaction,quilelit:LaȱvoixȱdeȱSouadȱétaitȱmorne.(p.30).
Par ailleurs, dans les œuvres épiques dHomère, et en
particulier dans LȇIlliadeȱ (Homère, 1975), le héros est un guerrier,
cestunhumainparmileshumainsdanssesrapportsaveclesdieux
et juste après lui viennent les femmes. Cest ce que lon peut
constaterdanscetarticleoù:
Par ailleurs, dans les œuvres épiques dHomère, et en
particulier dans LȇIlliadeȱ (Homère, 1975), le héros est un guerrier,
cestunhumainparmileshumainsdanssesrapportsaveclesdieux
et juste après lui viennent les femmes. Cest ce que lon peut
constaterdanscetarticleoù:
leshérosnontpourseuléquipementqueleursarmes:…ilsȱallaientȱ
nusȱavecȱseulementȱdesȱarmesȱdansȱlesȱbras.(p.32);
leshérosnontpourseuléquipementqueleursarmes:…ilsȱallaientȱ
nusȱavecȱseulementȱdesȱarmesȱdansȱlesȱbras.(p.32);
les femmes sont introduites juste après les héros et sont, soit des
mères ayant pour tâche de développer linstinct grégaire chez leurs
enfants:
les femmes sont introduites juste après les héros et sont, soit des
mères ayant pour tâche de développer linstinct grégaire chez leurs
enfants:
Lesȱaccoutumerȱauxȱliensȱdèsȱlȇenfance,ȱetȱainsiȱdeȱlesȱdégoûterȱdeȱlȇhéroïsmeȱ
àȱjamais.ȱIlȱfallaitȱlesȱguérirȱaussiȱduȱgoûtȱdeȱlȇindépendanceȱetȱdeȱlaȱsolitude.
(p.31),
Lesȱaccoutumerȱauxȱliensȱdèsȱlȇenfance,ȱetȱainsiȱdeȱlesȱdégoûterȱdeȱlȇhéroïsmeȱ
àȱjamais.ȱIlȱfallaitȱlesȱguérirȱaussiȱduȱgoûtȱdeȱlȇindépendanceȱetȱdeȱlaȱsolitude.
(p.31),
114
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soit des prostituées chargées par les «oasiens» de corrompre les
héros,delesdétournerdeleuraspirationàlaliberté:
soit des prostituées chargées par les «oasiens» de corrompre les
héros,delesdétournerdeleuraspirationàlaliberté:
ȱQuelquesȱ caravaniersȱ complotaientȱ deȱ lesȱ mettreȱ àȱ mort,ȱ commeȱ rebellesȱ àȱ
lȇordreȱetȱaliénésȱdangereux.ȱLesȱoasiensȱsȇopposèrentȱàȱceȱtraitementȱbarbareȱ
et,ȱpourȱramenerȱlesȱégarés,ȱenvoyèrentȱlesȱprostituéesȱlesȱplusȱexpertes.ȱ(p.
ȱQuelquesȱ caravaniersȱ complotaientȱ deȱ lesȱ mettreȱ àȱ mort,ȱ commeȱ rebellesȱ àȱ
lȇordreȱetȱaliénésȱdangereux.ȱLesȱoasiensȱsȇopposèrentȱàȱceȱtraitementȱbarbareȱ
et,ȱpourȱramenerȱlesȱégarés,ȱenvoyèrentȱlesȱprostituéesȱlesȱplusȱexpertes.ȱ(p.
34).
34).
Lesfemmes,commeonpeutleconstater,joueunrôletoutà
fait négatif ; cest ce que signale P. VidalNaquet qui a préfacé
léditiondeLȇIlliadeàlaquellenousfaisonsréférence:EnȬdessousȱdesȱ
héros,ȱ lesȱ femmes,ȱ bienȱ sûr,ȱ auxquellesȱ sontȱ comparésȱ lesȱ guerriersȱ
ordinaires,ȱlorsqueȱleurȱchefȱentendȱlesȱinsulter.(Homère,1975:28)ȱ;ȱ
le peuple sadresse en apparence au destin : Anankê,ȱ ouȱ deȱ quelqueȱ
nomȱqueȱlȇonȱtȇappelle,ȱdéesseȱjuste…ȱ(p.36).Maisenréalitélaréférence
à «l’Anankê» est une référence au monde sensible tel qu’on en
trouvelaconceptionchezPlaton.
Voicicequ’enditE.Boutroux(1990:9):
Lesfemmes,commeonpeutleconstater,joueunrôletoutà
fait négatif ; cest ce que signale P. VidalNaquet qui a préfacé
léditiondeLȇIlliadeàlaquellenousfaisonsréférence:EnȬdessousȱdesȱ
héros,ȱ lesȱ femmes,ȱ bienȱ sûr,ȱ auxquellesȱ sontȱ comparésȱ lesȱ guerriersȱ
ordinaires,ȱlorsqueȱleurȱchefȱentendȱlesȱinsulter.(Homère,1975:28)ȱ;ȱ
le peuple sadresse en apparence au destin : Anankê,ȱ ouȱ deȱ quelqueȱ
nomȱqueȱlȇonȱtȇappelle,ȱdéesseȱjuste…ȱ(p.36).Maisenréalitélaréférence
à «l’Anankê» est une référence au monde sensible tel qu’on en
trouvelaconceptionchezPlaton.
Voicicequ’enditE.Boutroux(1990:9):
ȱLeȱmondeȱsensibleȱest,ȱenȱréalité,ȱleȱmondeȱdeȱlaȱnécessité,ȱdeȱl’anankê,ȱquiȱ
lutteȱavecȱl’intelligenceȱetȱcontraintȱlesȱidéesȱàȱdesȱunionsȱillégitimes,ȱparceȱ
qu’ellesȱsontȱillogiques.ȱ
ȱLeȱmondeȱsensibleȱest,ȱenȱréalité,ȱleȱmondeȱdeȱlaȱnécessité,ȱdeȱl’anankê,ȱquiȱ
lutteȱavecȱl’intelligenceȱetȱcontraintȱlesȱidéesȱàȱdesȱunionsȱillégitimes,ȱparceȱ
qu’ellesȱsontȱillogiques.ȱ
Cette expression permet d’inférer que le peuple se berce
d’illusions puisqu’il en appelle au monde d’où l’intelligence est
exclue.
A propos de lœuvre épique dHomère, P. VidalNaquet
(2002)noteégalement:
Cette expression permet d’inférer que le peuple se berce
d’illusions puisqu’il en appelle au monde d’où l’intelligence est
exclue.
A propos de lœuvre épique dHomère, P. VidalNaquet
(2002)noteégalement:
Lȇartȱ deȱ laȱ connaissance,ȱ cȇestȱ lȇéposȱ luiȬmême.ȱ Leȱ poèteȱ neȱ faitȱ pasȱ deȱ
portraits,ȱ ilȱ associe,ȱ oppose,ȱ distingueȱ sesȱ personnagesȱ tantôtȱ parȱ leȱ jeuȱ deȱ
lȇaction,ȱ tantôtȱ parȱ celuiȱ duȱ discours,ȱ tantôtȱ parȱ leȱ biaisȱ deȱ laȱ comparaisonȱ
(…).ȱCertainsȱpersonnagesȱsȇidentifientȱàȱuneȱfonctionȱmilitaireȱouȱpolitique.
Lȇartȱ deȱ laȱ connaissance,ȱ cȇestȱ lȇéposȱ luiȬmême.ȱ Leȱ poèteȱ neȱ faitȱ pasȱ deȱ
portraits,ȱ ilȱ associe,ȱ oppose,ȱ distingueȱ sesȱ personnagesȱ tantôtȱ parȱ leȱ jeuȱ deȱ
lȇaction,ȱ tantôtȱ parȱ celuiȱ duȱ discours,ȱ tantôtȱ parȱ leȱ biaisȱ deȱ laȱ comparaisonȱ
(…).ȱCertainsȱpersonnagesȱsȇidentifientȱàȱuneȱfonctionȱmilitaireȱouȱpolitique.
115
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soit des prostituées chargées par les «oasiens» de corrompre les
héros,delesdétournerdeleuraspirationàlaliberté:
soit des prostituées chargées par les «oasiens» de corrompre les
héros,delesdétournerdeleuraspirationàlaliberté:
ȱQuelquesȱ caravaniersȱ complotaientȱ deȱ lesȱ mettreȱ àȱ mort,ȱ commeȱ rebellesȱ àȱ
lȇordreȱetȱaliénésȱdangereux.ȱLesȱoasiensȱsȇopposèrentȱàȱceȱtraitementȱbarbareȱ
et,ȱpourȱramenerȱlesȱégarés,ȱenvoyèrentȱlesȱprostituéesȱlesȱplusȱexpertes.ȱ(p.
ȱQuelquesȱ caravaniersȱ complotaientȱ deȱ lesȱ mettreȱ àȱ mort,ȱ commeȱ rebellesȱ àȱ
lȇordreȱetȱaliénésȱdangereux.ȱLesȱoasiensȱsȇopposèrentȱàȱceȱtraitementȱbarbareȱ
et,ȱpourȱramenerȱlesȱégarés,ȱenvoyèrentȱlesȱprostituéesȱlesȱplusȱexpertes.ȱ(p.
34).
34).
Lesfemmes,commeonpeutleconstater,joueunrôletoutà
fait négatif ; cest ce que signale P. VidalNaquet qui a préfacé
léditiondeLȇIlliadeàlaquellenousfaisonsréférence:EnȬdessousȱdesȱ
héros,ȱ lesȱ femmes,ȱ bienȱ sûr,ȱ auxquellesȱ sontȱ comparésȱ lesȱ guerriersȱ
ordinaires,ȱlorsqueȱleurȱchefȱentendȱlesȱinsulter.(Homère,1975:28)ȱ;ȱ
le peuple sadresse en apparence au destin : Anankê,ȱ ouȱ deȱ quelqueȱ
nomȱqueȱlȇonȱtȇappelle,ȱdéesseȱjuste…ȱ(p.36).Maisenréalitélaréférence
à «l’Anankê» est une référence au monde sensible tel qu’on en
trouvelaconceptionchezPlaton.
Voicicequ’enditE.Boutroux(1990:9):
Lesfemmes,commeonpeutleconstater,joueunrôletoutà
fait négatif ; cest ce que signale P. VidalNaquet qui a préfacé
léditiondeLȇIlliadeàlaquellenousfaisonsréférence:EnȬdessousȱdesȱ
héros,ȱ lesȱ femmes,ȱ bienȱ sûr,ȱ auxquellesȱ sontȱ comparésȱ lesȱ guerriersȱ
ordinaires,ȱlorsqueȱleurȱchefȱentendȱlesȱinsulter.(Homère,1975:28)ȱ;ȱ
le peuple sadresse en apparence au destin : Anankê,ȱ ouȱ deȱ quelqueȱ
nomȱqueȱlȇonȱtȇappelle,ȱdéesseȱjuste…ȱ(p.36).Maisenréalitélaréférence
à «l’Anankê» est une référence au monde sensible tel qu’on en
trouvelaconceptionchezPlaton.
Voicicequ’enditE.Boutroux(1990:9):
ȱLeȱmondeȱsensibleȱest,ȱenȱréalité,ȱleȱmondeȱdeȱlaȱnécessité,ȱdeȱl’anankê,ȱquiȱ
lutteȱavecȱl’intelligenceȱetȱcontraintȱlesȱidéesȱàȱdesȱunionsȱillégitimes,ȱparceȱ
qu’ellesȱsontȱillogiques.ȱ
ȱLeȱmondeȱsensibleȱest,ȱenȱréalité,ȱleȱmondeȱdeȱlaȱnécessité,ȱdeȱl’anankê,ȱquiȱ
lutteȱavecȱl’intelligenceȱetȱcontraintȱlesȱidéesȱàȱdesȱunionsȱillégitimes,ȱparceȱ
qu’ellesȱsontȱillogiques.ȱ
Cette expression permet d’inférer que le peuple se berce
d’illusions puisqu’il en appelle au monde d’où l’intelligence est
exclue.
A propos de lœuvre épique dHomère, P. VidalNaquet
(2002)noteégalement:
Cette expression permet d’inférer que le peuple se berce
d’illusions puisqu’il en appelle au monde d’où l’intelligence est
exclue.
A propos de lœuvre épique dHomère, P. VidalNaquet
(2002)noteégalement:
Lȇartȱ deȱ laȱ connaissance,ȱ cȇestȱ lȇéposȱ luiȬmême.ȱ Leȱ poèteȱ neȱ faitȱ pasȱ deȱ
portraits,ȱ ilȱ associe,ȱ oppose,ȱ distingueȱ sesȱ personnagesȱ tantôtȱ parȱ leȱ jeuȱ deȱ
lȇaction,ȱ tantôtȱ parȱ celuiȱ duȱ discours,ȱ tantôtȱ parȱ leȱ biaisȱ deȱ laȱ comparaisonȱ
(…).ȱCertainsȱpersonnagesȱsȇidentifientȱàȱuneȱfonctionȱmilitaireȱouȱpolitique.
Lȇartȱ deȱ laȱ connaissance,ȱ cȇestȱ lȇéposȱ luiȬmême.ȱ Leȱ poèteȱ neȱ faitȱ pasȱ deȱ
portraits,ȱ ilȱ associe,ȱ oppose,ȱ distingueȱ sesȱ personnagesȱ tantôtȱ parȱ leȱ jeuȱ deȱ
lȇaction,ȱ tantôtȱ parȱ celuiȱ duȱ discours,ȱ tantôtȱ parȱ leȱ biaisȱ deȱ laȱ comparaisonȱ
(…).ȱCertainsȱpersonnagesȱsȇidentifientȱàȱuneȱfonctionȱmilitaireȱouȱpolitique.
115
115
Ainsi, la connaissance, le message du journaliste, dans le
récit qui nous intéresse, est transmise par le recours à lépopée et
léposconsiste:
Ainsi, la connaissance, le message du journaliste, dans le
récit qui nous intéresse, est transmise par le recours à lépopée et
léposconsiste:
Ȭàȱ présenterȱ lesȱ personnages en opposition constante : les
héros/lesmoutons,leshéros/lescaravaniers,leshéros/lespolitiques,
les héros anciens/les épigones, les épigones/les oasiens, ou en
association : les caravaniers + les oasiens, les épigones + les
idéologues;
Ȭàȱ présenterȱ lesȱ personnages en opposition constante : les
héros/lesmoutons,leshéros/lescaravaniers,leshéros/lespolitiques,
les héros anciens/les épigones, les épigones/les oasiens, ou en
association : les caravaniers + les oasiens, les épigones + les
idéologues;
Ȭàȱidentifierȱcertainsȱpersonnagesàunefonctionpolitiqueou
religieuse:«lesépigones»,«lesidéologues»,«lesmagiciens»,«le
grandprêtre».
Ȭàȱidentifierȱcertainsȱpersonnagesàunefonctionpolitiqueou
religieuse:«lesépigones»,«lesidéologues»,«lesmagiciens»,«le
grandprêtre».
DansLȇIlliade,lescomparaisonssontcollectives:lesabeilles
pourlesAchéens,lessauterellespourlesTroyens.Ilenestdemême
danscetarticlemaissansquesoitexplicitelacatégoriedepersonnes
à laquelle elles sont attribuées : les moutons, les chacals, les
moustiques.
2.4.ȱLaȱtragédieȱ
ȱ
La tragédie exerçait une sorte de fascination sur l’écrivain
commeill’avouaitàD.E.Merdaci(2003):
DansLȇIlliade,lescomparaisonssontcollectives:lesabeilles
pourlesAchéens,lessauterellespourlesTroyens.Ilenestdemême
danscetarticlemaissansquesoitexplicitelacatégoriedepersonnes
à laquelle elles sont attribuées : les moutons, les chacals, les
moustiques.
2.4.ȱLaȱtragédieȱ
ȱ
La tragédie exerçait une sorte de fascination sur l’écrivain
commeill’avouaitàD.E.Merdaci(2003):
ȱJeȱ meȱ souviendraiȱ toujoursȱ deȱ l’émerveillementȱ qu’aȱ étéȱ pourȱ moiȱ laȱ
premièreȱlectureȱunȱpeuȱréelleȱdeȱmaȱvie.ȱTenezȬvousȱbienȱ:ȱc’étaitȱRacineȱetȱ
j’avaisȱtreizeȱansȱetȱjeȱneȱcomprenaisȱprobablementȱqueȱpeu,ȱmaisȱadulte,ȱj’aiȱ
gardéȱcetȱamourȬlà,ȱilȱfautȱcroireȱqu’ilȱcorrespondaitȱàȱquelqueȱchose.
ȱJeȱ meȱ souviendraiȱ toujoursȱ deȱ l’émerveillementȱ qu’aȱ étéȱ pourȱ moiȱ laȱ
premièreȱlectureȱunȱpeuȱréelleȱdeȱmaȱvie.ȱTenezȬvousȱbienȱ:ȱc’étaitȱRacineȱetȱ
j’avaisȱtreizeȱansȱetȱjeȱneȱcomprenaisȱprobablementȱqueȱpeu,ȱmaisȱadulte,ȱj’aiȱ
gardéȱcetȱamourȬlà,ȱilȱfautȱcroireȱqu’ilȱcorrespondaitȱàȱquelqueȱchose.
L’inscription de ce mode d’expression dans l’œuvre
romanesque s’opère par différents points d’accrochage dont: la
représentationd’unlieusurélevé,ladélimitationd’unespaceclos.
2.4.1.Lareprésentationd’unlieusurélevé
C’estàpartird’unlieusurélevéqu’estdélimitél’espaceoùse
L’inscription de ce mode d’expression dans l’œuvre
romanesque s’opère par différents points d’accrochage dont: la
représentationd’unlieusurélevé,ladélimitationd’unespaceclos.
2.4.1.Lareprésentationd’unlieusurélevé
C’estàpartird’unlieusurélevéqu’estdélimitél’espaceoùse
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Ainsi, la connaissance, le message du journaliste, dans le
récit qui nous intéresse, est transmise par le recours à lépopée et
léposconsiste:
Ainsi, la connaissance, le message du journaliste, dans le
récit qui nous intéresse, est transmise par le recours à lépopée et
léposconsiste:
Ȭàȱ présenterȱ lesȱ personnages en opposition constante : les
héros/lesmoutons,leshéros/lescaravaniers,leshéros/lespolitiques,
les héros anciens/les épigones, les épigones/les oasiens, ou en
association : les caravaniers + les oasiens, les épigones + les
idéologues;
Ȭàȱ présenterȱ lesȱ personnages en opposition constante : les
héros/lesmoutons,leshéros/lescaravaniers,leshéros/lespolitiques,
les héros anciens/les épigones, les épigones/les oasiens, ou en
association : les caravaniers + les oasiens, les épigones + les
idéologues;
Ȭàȱidentifierȱcertainsȱpersonnagesàunefonctionpolitiqueou
religieuse:«lesépigones»,«lesidéologues»,«lesmagiciens»,«le
grandprêtre».
Ȭàȱidentifierȱcertainsȱpersonnagesàunefonctionpolitiqueou
religieuse:«lesépigones»,«lesidéologues»,«lesmagiciens»,«le
grandprêtre».
DansLȇIlliade,lescomparaisonssontcollectives:lesabeilles
pourlesAchéens,lessauterellespourlesTroyens.Ilenestdemême
danscetarticlemaissansquesoitexplicitelacatégoriedepersonnes
à laquelle elles sont attribuées : les moutons, les chacals, les
moustiques.
2.4.ȱLaȱtragédieȱ
ȱ
La tragédie exerçait une sorte de fascination sur l’écrivain
commeill’avouaitàD.E.Merdaci(2003):
DansLȇIlliade,lescomparaisonssontcollectives:lesabeilles
pourlesAchéens,lessauterellespourlesTroyens.Ilenestdemême
danscetarticlemaissansquesoitexplicitelacatégoriedepersonnes
à laquelle elles sont attribuées : les moutons, les chacals, les
moustiques.
2.4.ȱLaȱtragédieȱ
ȱ
La tragédie exerçait une sorte de fascination sur l’écrivain
commeill’avouaitàD.E.Merdaci(2003):
ȱJeȱ meȱ souviendraiȱ toujoursȱ deȱ l’émerveillementȱ qu’aȱ étéȱ pourȱ moiȱ laȱ
premièreȱlectureȱunȱpeuȱréelleȱdeȱmaȱvie.ȱTenezȬvousȱbienȱ:ȱc’étaitȱRacineȱetȱ
j’avaisȱtreizeȱansȱetȱjeȱneȱcomprenaisȱprobablementȱqueȱpeu,ȱmaisȱadulte,ȱj’aiȱ
gardéȱcetȱamourȬlà,ȱilȱfautȱcroireȱqu’ilȱcorrespondaitȱàȱquelqueȱchose.
ȱJeȱ meȱ souviendraiȱ toujoursȱ deȱ l’émerveillementȱ qu’aȱ étéȱ pourȱ moiȱ laȱ
premièreȱlectureȱunȱpeuȱréelleȱdeȱmaȱvie.ȱTenezȬvousȱbienȱ:ȱc’étaitȱRacineȱetȱ
j’avaisȱtreizeȱansȱetȱjeȱneȱcomprenaisȱprobablementȱqueȱpeu,ȱmaisȱadulte,ȱj’aiȱ
gardéȱcetȱamourȬlà,ȱilȱfautȱcroireȱqu’ilȱcorrespondaitȱàȱquelqueȱchose.
L’inscription de ce mode d’expression dans l’œuvre
romanesque s’opère par différents points d’accrochage dont: la
représentationd’unlieusurélevé,ladélimitationd’unespaceclos.
2.4.1.Lareprésentationd’unlieusurélevé
C’estàpartird’unlieusurélevéqu’estdélimitél’espaceoùse
L’inscription de ce mode d’expression dans l’œuvre
romanesque s’opère par différents points d’accrochage dont: la
représentationd’unlieusurélevé,ladélimitationd’unespaceclos.
2.4.1.Lareprésentationd’unlieusurélevé
C’estàpartird’unlieusurélevéqu’estdélimitél’espaceoùse
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jouelesortdesindividus(oùjouentlesindividus).C’est:Taasast
oulachambrehautedeLaȱCollineȱoubliéeȱ:
jouelesortdesindividus(oùjouentlesindividus).C’est:Taasast
oulachambrehautedeLaȱCollineȱoubliéeȱ:
ȱDeȱ là,ȱ nousȱ dominionsȱ toutȱ Tasga.ȱ Leȱ minaretȱmêmeȱ n’étaitȱ pasȱ plusȱ hautȱ
queȱnous.ȱNousȱavionsȱquandȱnousȱrentrions,ȱlaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱ
leȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱl’estȱlaȱmontagneȱavecȱleȱcolȱdeȱ
Kouilal,ȱversȱl’ouestȱleȱvillageȱd’Aourirȱetȱderrièreȱ nousȱlaȱmosquéeȱdontȱleȱ
minaretȱnousȱmasquaitȱuneȱpartieȱdeȱlaȱmontagne.ȱVuȱd’unȱpointȱquelconqueȱ
deȱ Tasga,ȱ notreȱ donjonȱ apparaissaitȱ deboutȱ contreȱ leȱ cielȱ etȱ dominantȱ lesȱ
maisonsȱ bassesȱ duȱ villageȱ commeȱ unȱ bergerȱ auȱ milieuȱ duȱ troupeau.ȱ C’estȱ
pourquoiȱnousȱl’avionsȱbaptiséȱTaasastȱ:ȱlaȱgarde.ȱ(p.28);
ȱDeȱ là,ȱ nousȱ dominionsȱ toutȱ Tasga.ȱ Leȱ minaretȱmêmeȱ n’étaitȱ pasȱ plusȱ hautȱ
queȱnous.ȱNousȱavionsȱquandȱnousȱrentrions,ȱlaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱ
leȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱl’estȱlaȱmontagneȱavecȱleȱcolȱdeȱ
Kouilal,ȱversȱl’ouestȱleȱvillageȱd’Aourirȱetȱderrièreȱ nousȱlaȱmosquéeȱdontȱleȱ
minaretȱnousȱmasquaitȱuneȱpartieȱdeȱlaȱmontagne.ȱVuȱd’unȱpointȱquelconqueȱ
deȱ Tasga,ȱ notreȱ donjonȱ apparaissaitȱ deboutȱ contreȱ leȱ cielȱ etȱ dominantȱ lesȱ
maisonsȱ bassesȱ duȱ villageȱ commeȱ unȱ bergerȱ auȱ milieuȱ duȱ troupeau.ȱ C’estȱ
pourquoiȱnousȱl’avionsȱbaptiséȱTaasastȱ:ȱlaȱgarde.ȱ(p.28);
lepointdefocalisationtoutenhauteurdeladescriptiondelarade
d’AlgerdansL’Opiumȱetȱleȱbâtonȱ:
lepointdefocalisationtoutenhauteurdeladescriptiondelarade
d’AlgerdansL’Opiumȱetȱleȱbâtonȱ:
«ȱVueȱ deȱ haut,ȱ laȱ beautéȱ d’Algerȱ paraîtȱ fragileȱ etȱ contradictoire.ȱ Enȱ faceȱ leȱ
murȱdeȱlaȱmerȱtoutȱdeȱsuiteȱdresséȱcontreȱl’horizon…(pp.56);
«ȱVueȱ deȱ haut,ȱ laȱ beautéȱ d’Algerȱ paraîtȱ fragileȱ etȱ contradictoire.ȱ Enȱ faceȱ leȱ
murȱdeȱlaȱmerȱtoutȱdeȱsuiteȱdresséȱcontreȱl’horizon…(pp.56);
Celieusurélevéfaitàchaquefoisréférenceàla«hauteurdela
tragédie»quel’onretrouvematérialisédanslapièceLeȱBanquetȱsous
laformedela«tour»du«guetteur»:
Celieusurélevéfaitàchaquefoisréférenceàla«hauteurdela
tragédie»quel’onretrouvematérialisédanslapièceLeȱBanquetȱsous
laformedela«tour»du«guetteur»:
LAȱVOIXȱDUȱGUETTEUR,ȱenȱhautȱdeȱlaȱtourȱ
Laȱ gluȱ desȱ ténèbresȱ enserreȱ encoreȱ lesȱ mursȱ deȱ Tenochtitlan.ȱ Laȱ villeȱ dort.ȱ
Lesȱmilliersȱd’inquiétudesȱloventȱdansȱleȱseinȱtièdeȱdeȱlaȱnuit.ȱLesȱhommesȱenȱ
ontȱencoreȱpourȱuneȱheureȱd’oubli.ȱMoi,ȱjeȱsuisȱleȱveilleurȱdeȱlaȱtourȱdeȱl’Est.ȱ
Jeȱguetteȱl’aubeȱquiȱguetteȱleurȱéveilȱambigu.ȱDansȱunȱinstantȱlaȱlumièreȱetȱ
laȱpeurȱlesȱhapperontȱauȱsortirȱdesȱténèbresȱapaisées.ȱ(ActeI,Scène1).
LAȱVOIXȱDUȱGUETTEUR,ȱenȱhautȱdeȱlaȱtourȱ
Laȱ gluȱ desȱ ténèbresȱ enserreȱ encoreȱ lesȱ mursȱ deȱ Tenochtitlan.ȱ Laȱ villeȱ dort.ȱ
Lesȱmilliersȱd’inquiétudesȱloventȱdansȱleȱseinȱtièdeȱdeȱlaȱnuit.ȱLesȱhommesȱenȱ
ontȱencoreȱpourȱuneȱheureȱd’oubli.ȱMoi,ȱjeȱsuisȱleȱveilleurȱdeȱlaȱtourȱdeȱl’Est.ȱ
Jeȱguetteȱl’aubeȱquiȱguetteȱleurȱéveilȱambigu.ȱDansȱunȱinstantȱlaȱlumièreȱetȱ
laȱpeurȱlesȱhapperontȱauȱsortirȱdesȱténèbresȱapaisées.ȱ(ActeI,Scène1).
Ils’agitduprincipeselonlequelseulslespersonnagesissusde
familles illustres sont mis en scène comme c’est le cas du roi
Montezuma dans la même pièce. Dans les romans, ce sont des
personnagesdontlanoblesseestconféréeparladétentiondusavoir,
c’estlapersonnedel’intellectueldontledevoirestdeconceptualiser
ledestinhumainetderendrecompte:MokraneetMenachdansLaȱ
Collineȱ oubliée, Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, Bachir et Ramdane
dans l’Opiumȱ etȱ leȱ bâton, Mourad dans Laȱ Traversée. De plus, ce lieu
Ils’agitduprincipeselonlequelseulslespersonnagesissusde
familles illustres sont mis en scène comme c’est le cas du roi
Montezuma dans la même pièce. Dans les romans, ce sont des
personnagesdontlanoblesseestconféréeparladétentiondusavoir,
c’estlapersonnedel’intellectueldontledevoirestdeconceptualiser
ledestinhumainetderendrecompte:MokraneetMenachdansLaȱ
Collineȱ oubliée, Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, Bachir et Ramdane
dans l’Opiumȱ etȱ leȱ bâton, Mourad dans Laȱ Traversée. De plus, ce lieu
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jouelesortdesindividus(oùjouentlesindividus).C’est:Taasast
oulachambrehautedeLaȱCollineȱoubliéeȱ:
jouelesortdesindividus(oùjouentlesindividus).C’est:Taasast
oulachambrehautedeLaȱCollineȱoubliéeȱ:
ȱDeȱ là,ȱ nousȱ dominionsȱ toutȱ Tasga.ȱ Leȱ minaretȱmêmeȱ n’étaitȱ pasȱ plusȱ hautȱ
queȱnous.ȱNousȱavionsȱquandȱnousȱrentrions,ȱlaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱ
leȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱl’estȱlaȱmontagneȱavecȱleȱcolȱdeȱ
Kouilal,ȱversȱl’ouestȱleȱvillageȱd’Aourirȱetȱderrièreȱ nousȱlaȱmosquéeȱdontȱleȱ
minaretȱnousȱmasquaitȱuneȱpartieȱdeȱlaȱmontagne.ȱVuȱd’unȱpointȱquelconqueȱ
deȱ Tasga,ȱ notreȱ donjonȱ apparaissaitȱ deboutȱ contreȱ leȱ cielȱ etȱ dominantȱ lesȱ
maisonsȱ bassesȱ duȱ villageȱ commeȱ unȱ bergerȱ auȱ milieuȱ duȱ troupeau.ȱ C’estȱ
pourquoiȱnousȱl’avionsȱbaptiséȱTaasastȱ:ȱlaȱgarde.ȱ(p.28);
ȱDeȱ là,ȱ nousȱ dominionsȱ toutȱ Tasga.ȱ Leȱ minaretȱmêmeȱ n’étaitȱ pasȱ plusȱ hautȱ
queȱnous.ȱNousȱavionsȱquandȱnousȱrentrions,ȱlaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱ
leȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱl’estȱlaȱmontagneȱavecȱleȱcolȱdeȱ
Kouilal,ȱversȱl’ouestȱleȱvillageȱd’Aourirȱetȱderrièreȱ nousȱlaȱmosquéeȱdontȱleȱ
minaretȱnousȱmasquaitȱuneȱpartieȱdeȱlaȱmontagne.ȱVuȱd’unȱpointȱquelconqueȱ
deȱ Tasga,ȱ notreȱ donjonȱ apparaissaitȱ deboutȱ contreȱ leȱ cielȱ etȱ dominantȱ lesȱ
maisonsȱ bassesȱ duȱ villageȱ commeȱ unȱ bergerȱ auȱ milieuȱ duȱ troupeau.ȱ C’estȱ
pourquoiȱnousȱl’avionsȱbaptiséȱTaasastȱ:ȱlaȱgarde.ȱ(p.28);
lepointdefocalisationtoutenhauteurdeladescriptiondelarade
d’AlgerdansL’Opiumȱetȱleȱbâtonȱ:
lepointdefocalisationtoutenhauteurdeladescriptiondelarade
d’AlgerdansL’Opiumȱetȱleȱbâtonȱ:
«ȱVueȱ deȱ haut,ȱ laȱ beautéȱ d’Algerȱ paraîtȱ fragileȱ etȱ contradictoire.ȱ Enȱ faceȱ leȱ
murȱdeȱlaȱmerȱtoutȱdeȱsuiteȱdresséȱcontreȱl’horizon…(pp.56);
«ȱVueȱ deȱ haut,ȱ laȱ beautéȱ d’Algerȱ paraîtȱ fragileȱ etȱ contradictoire.ȱ Enȱ faceȱ leȱ
murȱdeȱlaȱmerȱtoutȱdeȱsuiteȱdresséȱcontreȱl’horizon…(pp.56);
Celieusurélevéfaitàchaquefoisréférenceàla«hauteurdela
tragédie»quel’onretrouvematérialisédanslapièceLeȱBanquetȱsous
laformedela«tour»du«guetteur»:
Celieusurélevéfaitàchaquefoisréférenceàla«hauteurdela
tragédie»quel’onretrouvematérialisédanslapièceLeȱBanquetȱsous
laformedela«tour»du«guetteur»:
LAȱVOIXȱDUȱGUETTEUR,ȱenȱhautȱdeȱlaȱtourȱ
Laȱ gluȱ desȱ ténèbresȱ enserreȱ encoreȱ lesȱ mursȱ deȱ Tenochtitlan.ȱ Laȱ villeȱ dort.ȱ
Lesȱmilliersȱd’inquiétudesȱloventȱdansȱleȱseinȱtièdeȱdeȱlaȱnuit.ȱLesȱhommesȱenȱ
ontȱencoreȱpourȱuneȱheureȱd’oubli.ȱMoi,ȱjeȱsuisȱleȱveilleurȱdeȱlaȱtourȱdeȱl’Est.ȱ
Jeȱguetteȱl’aubeȱquiȱguetteȱleurȱéveilȱambigu.ȱDansȱunȱinstantȱlaȱlumièreȱetȱ
laȱpeurȱlesȱhapperontȱauȱsortirȱdesȱténèbresȱapaisées.ȱ(ActeI,Scène1).
LAȱVOIXȱDUȱGUETTEUR,ȱenȱhautȱdeȱlaȱtourȱ
Laȱ gluȱ desȱ ténèbresȱ enserreȱ encoreȱ lesȱ mursȱ deȱ Tenochtitlan.ȱ Laȱ villeȱ dort.ȱ
Lesȱmilliersȱd’inquiétudesȱloventȱdansȱleȱseinȱtièdeȱdeȱlaȱnuit.ȱLesȱhommesȱenȱ
ontȱencoreȱpourȱuneȱheureȱd’oubli.ȱMoi,ȱjeȱsuisȱleȱveilleurȱdeȱlaȱtourȱdeȱl’Est.ȱ
Jeȱguetteȱl’aubeȱquiȱguetteȱleurȱéveilȱambigu.ȱDansȱunȱinstantȱlaȱlumièreȱetȱ
laȱpeurȱlesȱhapperontȱauȱsortirȱdesȱténèbresȱapaisées.ȱ(ActeI,Scène1).
Ils’agitduprincipeselonlequelseulslespersonnagesissusde
familles illustres sont mis en scène comme c’est le cas du roi
Montezuma dans la même pièce. Dans les romans, ce sont des
personnagesdontlanoblesseestconféréeparladétentiondusavoir,
c’estlapersonnedel’intellectueldontledevoirestdeconceptualiser
ledestinhumainetderendrecompte:MokraneetMenachdansLaȱ
Collineȱ oubliée, Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, Bachir et Ramdane
dans l’Opiumȱ etȱ leȱ bâton, Mourad dans Laȱ Traversée. De plus, ce lieu
Ils’agitduprincipeselonlequelseulslespersonnagesissusde
familles illustres sont mis en scène comme c’est le cas du roi
Montezuma dans la même pièce. Dans les romans, ce sont des
personnagesdontlanoblesseestconféréeparladétentiondusavoir,
c’estlapersonnedel’intellectueldontledevoirestdeconceptualiser
ledestinhumainetderendrecompte:MokraneetMenachdansLaȱ
Collineȱ oubliée, Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, Bachir et Ramdane
dans l’Opiumȱ etȱ leȱ bâton, Mourad dans Laȱ Traversée. De plus, ce lieu
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surélevén’estpassansrappelerl’organisationmatérielleduthéâtre
grec: la skéné, cette estrade surélevée supportant les décors et
permettant l’entrée et la sortie des acteurs, qui dominait le
proskhènion,destinéauxseulsprotagonistes,l’orchestraoùévoluaitle
chœuretparfoislesacteursetlacavea,gradinsdestinésàrecevoirles
spectateurs.
Dans l’organisation matérielle du théâtre grec, la «skéné»
étaitlelieuoùévoluaient«ȱlesȱespritsȱlesȱplusȱréfléchisȱ»etparmieux,
biensouventlepoèteluimême,auteurdelatragédie,chefdetroupe
et acteur principal, «protagoniste» – «ȱqui s’interrogeaient déjà sur
labrutalitéetl’injusticequ’elles[leslégendes]prêtaientauxdieuxet
le sort qu’elles faisaient à l’homme.ȱ»(Tragiquesȱ grecs, 1967:
Introduction). Ainsi, derrière le masque de l’acteur principal–
Mokrane,Arezki,Bachir,Mourad,LeGuetteur–etcommedansune
tragédiegrecqueantique,seprofilelafiguredupoèteluimêmequi
scande,d’œuvreenœuvre,letragiquedeladestinéeindividuelleet
collectivefaceàl’Histoire.
2.4.2.Ladélimitationd’unespaceclos
Apartirdecelieusurélevé,estdélimitéunespaceclos.
surélevén’estpassansrappelerl’organisationmatérielleduthéâtre
grec: la skéné, cette estrade surélevée supportant les décors et
permettant l’entrée et la sortie des acteurs, qui dominait le
proskhènion,destinéauxseulsprotagonistes,l’orchestraoùévoluaitle
chœuretparfoislesacteursetlacavea,gradinsdestinésàrecevoirles
spectateurs.
Dans l’organisation matérielle du théâtre grec, la «skéné»
étaitlelieuoùévoluaient«ȱlesȱespritsȱlesȱplusȱréfléchisȱ»etparmieux,
biensouventlepoèteluimême,auteurdelatragédie,chefdetroupe
et acteur principal, «protagoniste» – «ȱqui s’interrogeaient déjà sur
labrutalitéetl’injusticequ’elles[leslégendes]prêtaientauxdieuxet
le sort qu’elles faisaient à l’homme.ȱ»(Tragiquesȱ grecs, 1967:
Introduction). Ainsi, derrière le masque de l’acteur principal–
Mokrane,Arezki,Bachir,Mourad,LeGuetteur–etcommedansune
tragédiegrecqueantique,seprofilelafiguredupoèteluimêmequi
scande,d’œuvreenœuvre,letragiquedeladestinéeindividuelleet
collectivefaceàl’Histoire.
2.4.2.Ladélimitationd’unespaceclos
Apartirdecelieusurélevé,estdélimitéunespaceclos.
D’abord, le village kabyle, enserré entre les montagnes,à l’écart du
monde et ignoré des dieux; des dieux qui sont ici à la fois le
colonisateuretlessaintstutélairesprotecteursduvillage:
D’abord, le village kabyle, enserré entre les montagnes,à l’écart du
monde et ignoré des dieux; des dieux qui sont ici à la fois le
colonisateuretlessaintstutélairesprotecteursduvillage:
dans Laȱ Collineȱ oubliée, le village de Tasga, entouré de montagnes
d’estenouestetdunordausud:
dans Laȱ Collineȱ oubliée, le village de Tasga, entouré de montagnes
d’estenouestetdunordausud:
LaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱleȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱ
l’estȱ laȱ montagneȱ avecȱ leȱ colȱ deȱ Kouilal,ȱ versȱ l’ouestȱ leȱ villageȱ d’Aourirȱ etȱ
derrièreȱ nousȱ laȱ mosquéeȱ dontȱ leȱ minaretȱ nousȱ masquaitȱ uneȱ partieȱ deȱ laȱ
montagne.(p.28);
LaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱleȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱ
l’estȱ laȱ montagneȱ avecȱ leȱ colȱ deȱ Kouilal,ȱ versȱ l’ouestȱ leȱ villageȱ d’Aourirȱ etȱ
derrièreȱ nousȱ laȱ mosquéeȱ dontȱ leȱ minaretȱ nousȱ masquaitȱ uneȱ partieȱ deȱ laȱ
montagne.(p.28);
dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, le village d’Ighzer où les actions des
hommessontvaines:
dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, le village d’Ighzer où les actions des
hommessontvaines:
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surélevén’estpassansrappelerl’organisationmatérielleduthéâtre
grec: la skéné, cette estrade surélevée supportant les décors et
permettant l’entrée et la sortie des acteurs, qui dominait le
proskhènion,destinéauxseulsprotagonistes,l’orchestraoùévoluaitle
chœuretparfoislesacteursetlacavea,gradinsdestinésàrecevoirles
spectateurs.
Dans l’organisation matérielle du théâtre grec, la «skéné»
étaitlelieuoùévoluaient«ȱlesȱespritsȱlesȱplusȱréfléchisȱ»etparmieux,
biensouventlepoèteluimême,auteurdelatragédie,chefdetroupe
et acteur principal, «protagoniste» – «ȱqui s’interrogeaient déjà sur
labrutalitéetl’injusticequ’elles[leslégendes]prêtaientauxdieuxet
le sort qu’elles faisaient à l’homme.ȱ»(Tragiquesȱ grecs, 1967:
Introduction). Ainsi, derrière le masque de l’acteur principal–
Mokrane,Arezki,Bachir,Mourad,LeGuetteur–etcommedansune
tragédiegrecqueantique,seprofilelafiguredupoèteluimêmequi
scande,d’œuvreenœuvre,letragiquedeladestinéeindividuelleet
collectivefaceàl’Histoire.
2.4.2.Ladélimitationd’unespaceclos
Apartirdecelieusurélevé,estdélimitéunespaceclos.
surélevén’estpassansrappelerl’organisationmatérielleduthéâtre
grec: la skéné, cette estrade surélevée supportant les décors et
permettant l’entrée et la sortie des acteurs, qui dominait le
proskhènion,destinéauxseulsprotagonistes,l’orchestraoùévoluaitle
chœuretparfoislesacteursetlacavea,gradinsdestinésàrecevoirles
spectateurs.
Dans l’organisation matérielle du théâtre grec, la «skéné»
étaitlelieuoùévoluaient«ȱlesȱespritsȱlesȱplusȱréfléchisȱ»etparmieux,
biensouventlepoèteluimême,auteurdelatragédie,chefdetroupe
et acteur principal, «protagoniste» – «ȱqui s’interrogeaient déjà sur
labrutalitéetl’injusticequ’elles[leslégendes]prêtaientauxdieuxet
le sort qu’elles faisaient à l’homme.ȱ»(Tragiquesȱ grecs, 1967:
Introduction). Ainsi, derrière le masque de l’acteur principal–
Mokrane,Arezki,Bachir,Mourad,LeGuetteur–etcommedansune
tragédiegrecqueantique,seprofilelafiguredupoèteluimêmequi
scande,d’œuvreenœuvre,letragiquedeladestinéeindividuelleet
collectivefaceàl’Histoire.
2.4.2.Ladélimitationd’unespaceclos
Apartirdecelieusurélevé,estdélimitéunespaceclos.
D’abord, le village kabyle, enserré entre les montagnes,à l’écart du
monde et ignoré des dieux; des dieux qui sont ici à la fois le
colonisateuretlessaintstutélairesprotecteursduvillage:
D’abord, le village kabyle, enserré entre les montagnes,à l’écart du
monde et ignoré des dieux; des dieux qui sont ici à la fois le
colonisateuretlessaintstutélairesprotecteursduvillage:
dans Laȱ Collineȱ oubliée, le village de Tasga, entouré de montagnes
d’estenouestetdunordausud:
dans Laȱ Collineȱ oubliée, le village de Tasga, entouré de montagnes
d’estenouestetdunordausud:
LaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱleȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱ
l’estȱ laȱ montagneȱ avecȱ leȱ colȱ deȱ Kouilal,ȱ versȱ l’ouestȱ leȱ villageȱ d’Aourirȱ etȱ
derrièreȱ nousȱ laȱ mosquéeȱ dontȱ leȱ minaretȱ nousȱ masquaitȱ uneȱ partieȱ deȱ laȱ
montagne.(p.28);
LaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱleȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱ
l’estȱ laȱ montagneȱ avecȱ leȱ colȱ deȱ Kouilal,ȱ versȱ l’ouestȱ leȱ villageȱ d’Aourirȱ etȱ
derrièreȱ nousȱ laȱ mosquéeȱ dontȱ leȱ minaretȱ nousȱ masquaitȱ uneȱ partieȱ deȱ laȱ
montagne.(p.28);
dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, le village d’Ighzer où les actions des
hommessontvaines:
dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, le village d’Ighzer où les actions des
hommessontvaines:
118
118
ȱIlȱ savaitȱ qu’àȱ Ighzer,ȱ oùȱ ilȱ allaitȱ pourȱ toujoursȱ rentrer,ȱ lesȱ actionsȱ desȱ
hommesȱ sontȱ commeȱ lesȱ effortsȱ deȱ quelqu’unȱ quiȱ seȱ noieraitȱ là,ȱ enȱ pleineȱ
Méditerranéeȱ:ȱ démesurésȱ maisȱ vains, perdus dans les grands remous
d’unemerquilesignore(p.202)(C’estnousquisoulignons).
ȱIlȱ savaitȱ qu’àȱ Ighzer,ȱ oùȱ ilȱ allaitȱ pourȱ toujoursȱ rentrer,ȱ lesȱ actionsȱ desȱ
hommesȱ sontȱ commeȱ lesȱ effortsȱ deȱ quelqu’unȱ quiȱ seȱ noieraitȱ là,ȱ enȱ pleineȱ
Méditerranéeȱ:ȱ démesurésȱ maisȱ vains, perdus dans les grands remous
d’unemerquilesignore(p.202)(C’estnousquisoulignons).
dans L’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton, le village de Talaqui sera entouré defils
barbelésparl’arméefrançaise:
dans L’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton, le village de Talaqui sera entouré defils
barbelésparl’arméefrançaise:
L’arméeȱ entoureraȱ leȱ villageȱ d’unȱ rangȱ deȱ barbelés.ȱ Elleȱ yȱ ménageraȱ cinqȱ
postesȱ deȱ surveillanceȱ etȱ deuxȱ portesȱ oùȱ vousȱ assurerezȱ laȱ gardeȱ àȱ tourȱ deȱ
rôle,ȱduȱcoucherȱduȱsoleilȱàȱl’aube.(p.93).
L’arméeȱ entoureraȱ leȱ villageȱ d’unȱ rangȱ deȱ barbelés.ȱ Elleȱ yȱ ménageraȱ cinqȱ
postesȱ deȱ surveillanceȱ etȱ deuxȱ portesȱ oùȱ vousȱ assurerezȱ laȱ gardeȱ àȱ tourȱ deȱ
rôle,ȱduȱcoucherȱduȱsoleilȱàȱl’aube.(p.93).
dans Laȱ Traversée, le «Paradis» jalousement protégé par des
«portes«:
dans Laȱ Traversée, le «Paradis» jalousement protégé par des
«portes«:
ȱCommeȱonȱleurȱavaitȱrépétéȱqueȱleȱparadisȱétaitȱpourȱtousȱilsȱyȱavaientȱcruȱetȱ
ilsȱ pressaientȱ surȱ lesȱ portesȱ siȱ fortȱ qu’unȱ deȱ cesȱ quat’ȱ ellesȱ allaientȱ céder.ȱȱ
(pp.78).
ȱCommeȱonȱleurȱavaitȱrépétéȱqueȱleȱparadisȱétaitȱpourȱtousȱilsȱyȱavaientȱcruȱetȱ
ilsȱ pressaientȱ surȱ lesȱ portesȱ siȱ fortȱ qu’unȱ deȱ cesȱ quat’ȱ ellesȱ allaientȱ céder.ȱȱ
(pp.78).
Cette référence au «rideau», qui sépare irrémédiablement
les deux communautés, figure d’ailleurs déjà dans Leȱ Sommeilȱ duȱ
Justeȱ:
Cette référence au «rideau», qui sépare irrémédiablement
les deux communautés, figure d’ailleurs déjà dans Leȱ Sommeilȱ duȱ
Justeȱ:
ȱL’autreȱ mondeȱ étaitȱ pourtantȱ là,ȱ guèreȱ loin,ȱ deȱ l’autreȱ côtéȱ duȱ carrefour,ȱ
ouvertȱàȱtoutȱvent,ȱdepuisȱplusȱdeȱcentȱansȱfaisaitȱrideau.ȱ(p.205)
ȱL’autreȱ mondeȱ étaitȱ pourtantȱ là,ȱ guèreȱ loin,ȱ deȱ l’autreȱ côtéȱ duȱ carrefour,ȱ
ouvertȱàȱtoutȱvent,ȱdepuisȱplusȱdeȱcentȱansȱfaisaitȱrideau.ȱ(p.205)
Ainsi, toutes figurent à la fois l’obstacle et l’enfermement.
Lesindividussontempêchésdesortir,oudefranchirl’espacedans
lequel on les a confinés en deçà du mur ou du rideau et,
inversement, ils ne peuvent entrer dans l’espace promis, ils restent
audelàdesportespuisqu’ellesleursontfermées.Ilssontcondamnés
à se mouvoir dans l’espace qui leur est imparti qui, par sa clôture,
représente l’espace de la tragédie au sens générique mais aussi
l’espaceoùsejouelatragédiequiconduitl’individuàuneimpasse.
Ainsi, toutes figurent à la fois l’obstacle et l’enfermement.
Lesindividussontempêchésdesortir,oudefranchirl’espacedans
lequel on les a confinés en deçà du mur ou du rideau et,
inversement, ils ne peuvent entrer dans l’espace promis, ils restent
audelàdesportespuisqu’ellesleursontfermées.Ilssontcondamnés
à se mouvoir dans l’espace qui leur est imparti qui, par sa clôture,
représente l’espace de la tragédie au sens générique mais aussi
l’espaceoùsejouelatragédiequiconduitl’individuàuneimpasse.
Cette tragédie leur est imposée par des dieux injustes:ȱ le
colonisateur,lemilitaire,lePouvoiretl’idéologiedominante.
Cette tragédie leur est imposée par des dieux injustes:ȱ le
colonisateur,lemilitaire,lePouvoiretl’idéologiedominante.
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ȱIlȱ savaitȱ qu’àȱ Ighzer,ȱ oùȱ ilȱ allaitȱ pourȱ toujoursȱ rentrer,ȱ lesȱ actionsȱ desȱ
hommesȱ sontȱ commeȱ lesȱ effortsȱ deȱ quelqu’unȱ quiȱ seȱ noieraitȱ là,ȱ enȱ pleineȱ
Méditerranéeȱ:ȱ démesurésȱ maisȱ vains, perdus dans les grands remous
d’unemerquilesignore(p.202)(C’estnousquisoulignons).
ȱIlȱ savaitȱ qu’àȱ Ighzer,ȱ oùȱ ilȱ allaitȱ pourȱ toujoursȱ rentrer,ȱ lesȱ actionsȱ desȱ
hommesȱ sontȱ commeȱ lesȱ effortsȱ deȱ quelqu’unȱ quiȱ seȱ noieraitȱ là,ȱ enȱ pleineȱ
Méditerranéeȱ:ȱ démesurésȱ maisȱ vains, perdus dans les grands remous
d’unemerquilesignore(p.202)(C’estnousquisoulignons).
dans L’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton, le village de Talaqui sera entouré defils
barbelésparl’arméefrançaise:
dans L’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton, le village de Talaqui sera entouré defils
barbelésparl’arméefrançaise:
L’arméeȱ entoureraȱ leȱ villageȱ d’unȱ rangȱ deȱ barbelés.ȱ Elleȱ yȱ ménageraȱ cinqȱ
postesȱ deȱ surveillanceȱ etȱ deuxȱ portesȱ oùȱ vousȱ assurerezȱ laȱ gardeȱ àȱ tourȱ deȱ
rôle,ȱduȱcoucherȱduȱsoleilȱàȱl’aube.(p.93).
L’arméeȱ entoureraȱ leȱ villageȱ d’unȱ rangȱ deȱ barbelés.ȱ Elleȱ yȱ ménageraȱ cinqȱ
postesȱ deȱ surveillanceȱ etȱ deuxȱ portesȱ oùȱ vousȱ assurerezȱ laȱ gardeȱ àȱ tourȱ deȱ
rôle,ȱduȱcoucherȱduȱsoleilȱàȱl’aube.(p.93).
dans Laȱ Traversée, le «Paradis» jalousement protégé par des
«portes«:
dans Laȱ Traversée, le «Paradis» jalousement protégé par des
«portes«:
ȱCommeȱonȱleurȱavaitȱrépétéȱqueȱleȱparadisȱétaitȱpourȱtousȱilsȱyȱavaientȱcruȱetȱ
ilsȱ pressaientȱ surȱ lesȱ portesȱ siȱ fortȱ qu’unȱ deȱ cesȱ quat’ȱ ellesȱ allaientȱ céder.ȱȱ
(pp.78).
ȱCommeȱonȱleurȱavaitȱrépétéȱqueȱleȱparadisȱétaitȱpourȱtousȱilsȱyȱavaientȱcruȱetȱ
ilsȱ pressaientȱ surȱ lesȱ portesȱ siȱ fortȱ qu’unȱ deȱ cesȱ quat’ȱ ellesȱ allaientȱ céder.ȱȱ
(pp.78).
Cette référence au «rideau», qui sépare irrémédiablement
les deux communautés, figure d’ailleurs déjà dans Leȱ Sommeilȱ duȱ
Justeȱ:
Cette référence au «rideau», qui sépare irrémédiablement
les deux communautés, figure d’ailleurs déjà dans Leȱ Sommeilȱ duȱ
Justeȱ:
ȱL’autreȱ mondeȱ étaitȱ pourtantȱ là,ȱ guèreȱ loin,ȱ deȱ l’autreȱ côtéȱ duȱ carrefour,ȱ
ouvertȱàȱtoutȱvent,ȱdepuisȱplusȱdeȱcentȱansȱfaisaitȱrideau.ȱ(p.205)
ȱL’autreȱ mondeȱ étaitȱ pourtantȱ là,ȱ guèreȱ loin,ȱ deȱ l’autreȱ côtéȱ duȱ carrefour,ȱ
ouvertȱàȱtoutȱvent,ȱdepuisȱplusȱdeȱcentȱansȱfaisaitȱrideau.ȱ(p.205)
Ainsi, toutes figurent à la fois l’obstacle et l’enfermement.
Lesindividussontempêchésdesortir,oudefranchirl’espacedans
lequel on les a confinés en deçà du mur ou du rideau et,
inversement, ils ne peuvent entrer dans l’espace promis, ils restent
audelàdesportespuisqu’ellesleursontfermées.Ilssontcondamnés
à se mouvoir dans l’espace qui leur est imparti qui, par sa clôture,
représente l’espace de la tragédie au sens générique mais aussi
l’espaceoùsejouelatragédiequiconduitl’individuàuneimpasse.
Ainsi, toutes figurent à la fois l’obstacle et l’enfermement.
Lesindividussontempêchésdesortir,oudefranchirl’espacedans
lequel on les a confinés en deçà du mur ou du rideau et,
inversement, ils ne peuvent entrer dans l’espace promis, ils restent
audelàdesportespuisqu’ellesleursontfermées.Ilssontcondamnés
à se mouvoir dans l’espace qui leur est imparti qui, par sa clôture,
représente l’espace de la tragédie au sens générique mais aussi
l’espaceoùsejouelatragédiequiconduitl’individuàuneimpasse.
Cette tragédie leur est imposée par des dieux injustes:ȱ le
colonisateur,lemilitaire,lePouvoiretl’idéologiedominante.
Cette tragédie leur est imposée par des dieux injustes:ȱ le
colonisateur,lemilitaire,lePouvoiretl’idéologiedominante.
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Fautil en conclure que pour M. Mammeri, le recours à la
tragédiesignifielavictoiredelafatalitésurl’homme,quetouteissue
luiestinterdite?
FautilabonderdanslesensdesphilosophesduXIXesiècle:
Fautil en conclure que pour M. Mammeri, le recours à la
tragédiesignifielavictoiredelafatalitésurl’homme,quetouteissue
luiestinterdite?
FautilabonderdanslesensdesphilosophesduXIXesiècle:
ȱAuȱXIXeȱsiècle,ȱsousȱl’influenceȱdesȱphilosophesȱetȱtoutȱparticulièrementȱdeȱ
Schopenhauerȱ etȱ deȱ Hegel,ȱ leȱ termeȱ deȱ ȱ ȈtragiqueȈȱ aȱ étéȱ tiréȱ duȱ côtéȱ deȱ laȱ
métaphysiqueȱ pourȱ désignerȱ l’écrasementȱ deȱ l’hommeȱ parȱ laȱ fatalité,ȱ
l’anéantissementȱ deȱ laȱ libertéȱ etȱ deȱ laȱ volontéȱ individuellesȱ parȱ unȱ pouvoirȱ
supérieurȱ aveugleȱ […].ȱ Pourȱ Schopenhauerȱ etȱ Hegel,ȱ leȱ tragiqueȱ s’incarneȱ
exemplairementȱ dansȱ laȱ tragédieȱ grecque,ȱ quiȱ donneȱ àȱ voirȱ leȱ combatȱ deȱ laȱ
libertéȱ humaine,ȱ deȱ l’homme,ȱ deȱ l’hommeȱ quiȱ veutȱ existerȱ parȱ luiȬmême,ȱ
contreȱlaȱnécessitéȱetȱlaȱloiȱdivine,ȱetȱquiȱs’achèveȱparȱlaȱchuteȱdeȱl’individuȱ
(Louvat,1997:14).ȱȱ
ȱAuȱXIXeȱsiècle,ȱsousȱl’influenceȱdesȱphilosophesȱetȱtoutȱparticulièrementȱdeȱ
Schopenhauerȱ etȱ deȱ Hegel,ȱ leȱ termeȱ deȱ ȱ ȈtragiqueȈȱ aȱ étéȱ tiréȱ duȱ côtéȱ deȱ laȱ
métaphysiqueȱ pourȱ désignerȱ l’écrasementȱ deȱ l’hommeȱ parȱ laȱ fatalité,ȱ
l’anéantissementȱ deȱ laȱ libertéȱ etȱ deȱ laȱ volontéȱ individuellesȱ parȱ unȱ pouvoirȱ
supérieurȱ aveugleȱ […].ȱ Pourȱ Schopenhauerȱ etȱ Hegel,ȱ leȱ tragiqueȱ s’incarneȱ
exemplairementȱ dansȱ laȱ tragédieȱ grecque,ȱ quiȱ donneȱ àȱ voirȱ leȱ combatȱ deȱ laȱ
libertéȱ humaine,ȱ deȱ l’homme,ȱ deȱ l’hommeȱ quiȱ veutȱ existerȱ parȱ luiȬmême,ȱ
contreȱlaȱnécessitéȱetȱlaȱloiȱdivine,ȱetȱquiȱs’achèveȱparȱlaȱchuteȱdeȱl’individuȱ
(Louvat,1997:14).ȱȱ
Nous ne le pensons pas. Certes, dans l’œuvre romanesque
mammerienne,lehérosconnaîtunefintragique:mortdeMokrane,
enfermement d’Arezki et des siens, mort de Mourad. Mais, ce n’est
pas tant la volonté humaine qui est anéantie que la tentation de
succomber à la tragédie. Cette tentation est toujours dépassée
puisquechaqueromanseclôtsurunespoirderenouveau.
Nous ne le pensons pas. Certes, dans l’œuvre romanesque
mammerienne,lehérosconnaîtunefintragique:mortdeMokrane,
enfermement d’Arezki et des siens, mort de Mourad. Mais, ce n’est
pas tant la volonté humaine qui est anéantie que la tentation de
succomber à la tragédie. Cette tentation est toujours dépassée
puisquechaqueromanseclôtsurunespoirderenouveau.
Ainsi, le héros tragique cherche constamment une issue, ne
selaissepasvaincre.Tantparlerêvequeparl’exil,lehérostentede
terrasser la tragédie qui l’enserre: l’exil est un facteur de prise de
conscience portant les germes de la guerre de Libération et le rêve
permet de dépasser le mythe sous toutes ses formes: celui de la
perfectiondel’ordreancien,celuidelaguerre,celuidelacivilisation
occidentale,celuidetouteslessolutionspasséistesetillusoires.
Ainsi, le héros tragique cherche constamment une issue, ne
selaissepasvaincre.Tantparlerêvequeparl’exil,lehérostentede
terrasser la tragédie qui l’enserre: l’exil est un facteur de prise de
conscience portant les germes de la guerre de Libération et le rêve
permet de dépasser le mythe sous toutes ses formes: celui de la
perfectiondel’ordreancien,celuidelaguerre,celuidelacivilisation
occidentale,celuidetouteslessolutionspasséistesetillusoires.
Le héros mammerien, tout comme celui de la tragédie
grecqueantique,estàlarecherched’unordrenouveauparl’action:
Le héros mammerien, tout comme celui de la tragédie
grecqueantique,estàlarecherched’unordrenouveauparl’action:
ȱ
Laȱ tragédie, écrit JeanPierre Vernant (2001: 905),ȱ estȱ leȱ premierȱ genreȱ
littéraireȱquiȱprésenteȱl’hommeȱenȱsituationȱd’agir,ȱquiȱleȱplaceȱauȱcarrefourȱ
d’uneȱdécisionȱengageantȱsonȱdestin.
ȱ
Laȱ tragédie, écrit JeanPierre Vernant (2001: 905),ȱ estȱ leȱ premierȱ genreȱ
littéraireȱquiȱprésenteȱl’hommeȱenȱsituationȱd’agir,ȱquiȱleȱplaceȱauȱcarrefourȱ
d’uneȱdécisionȱengageantȱsonȱdestin.
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Fautil en conclure que pour M. Mammeri, le recours à la
tragédiesignifielavictoiredelafatalitésurl’homme,quetouteissue
luiestinterdite?
FautilabonderdanslesensdesphilosophesduXIXesiècle:
Fautil en conclure que pour M. Mammeri, le recours à la
tragédiesignifielavictoiredelafatalitésurl’homme,quetouteissue
luiestinterdite?
FautilabonderdanslesensdesphilosophesduXIXesiècle:
ȱAuȱXIXeȱsiècle,ȱsousȱl’influenceȱdesȱphilosophesȱetȱtoutȱparticulièrementȱdeȱ
Schopenhauerȱ etȱ deȱ Hegel,ȱ leȱ termeȱ deȱ ȱ ȈtragiqueȈȱ aȱ étéȱ tiréȱ duȱ côtéȱ deȱ laȱ
métaphysiqueȱ pourȱ désignerȱ l’écrasementȱ deȱ l’hommeȱ parȱ laȱ fatalité,ȱ
l’anéantissementȱ deȱ laȱ libertéȱ etȱ deȱ laȱ volontéȱ individuellesȱ parȱ unȱ pouvoirȱ
supérieurȱ aveugleȱ […].ȱ Pourȱ Schopenhauerȱ etȱ Hegel,ȱ leȱ tragiqueȱ s’incarneȱ
exemplairementȱ dansȱ laȱ tragédieȱ grecque,ȱ quiȱ donneȱ àȱ voirȱ leȱ combatȱ deȱ laȱ
libertéȱ humaine,ȱ deȱ l’homme,ȱ deȱ l’hommeȱ quiȱ veutȱ existerȱ parȱ luiȬmême,ȱ
contreȱlaȱnécessitéȱetȱlaȱloiȱdivine,ȱetȱquiȱs’achèveȱparȱlaȱchuteȱdeȱl’individuȱ
(Louvat,1997:14).ȱȱ
ȱAuȱXIXeȱsiècle,ȱsousȱl’influenceȱdesȱphilosophesȱetȱtoutȱparticulièrementȱdeȱ
Schopenhauerȱ etȱ deȱ Hegel,ȱ leȱ termeȱ deȱ ȱ ȈtragiqueȈȱ aȱ étéȱ tiréȱ duȱ côtéȱ deȱ laȱ
métaphysiqueȱ pourȱ désignerȱ l’écrasementȱ deȱ l’hommeȱ parȱ laȱ fatalité,ȱ
l’anéantissementȱ deȱ laȱ libertéȱ etȱ deȱ laȱ volontéȱ individuellesȱ parȱ unȱ pouvoirȱ
supérieurȱ aveugleȱ […].ȱ Pourȱ Schopenhauerȱ etȱ Hegel,ȱ leȱ tragiqueȱ s’incarneȱ
exemplairementȱ dansȱ laȱ tragédieȱ grecque,ȱ quiȱ donneȱ àȱ voirȱ leȱ combatȱ deȱ laȱ
libertéȱ humaine,ȱ deȱ l’homme,ȱ deȱ l’hommeȱ quiȱ veutȱ existerȱ parȱ luiȬmême,ȱ
contreȱlaȱnécessitéȱetȱlaȱloiȱdivine,ȱetȱquiȱs’achèveȱparȱlaȱchuteȱdeȱl’individuȱ
(Louvat,1997:14).ȱȱ
Nous ne le pensons pas. Certes, dans l’œuvre romanesque
mammerienne,lehérosconnaîtunefintragique:mortdeMokrane,
enfermement d’Arezki et des siens, mort de Mourad. Mais, ce n’est
pas tant la volonté humaine qui est anéantie que la tentation de
succomber à la tragédie. Cette tentation est toujours dépassée
puisquechaqueromanseclôtsurunespoirderenouveau.
Nous ne le pensons pas. Certes, dans l’œuvre romanesque
mammerienne,lehérosconnaîtunefintragique:mortdeMokrane,
enfermement d’Arezki et des siens, mort de Mourad. Mais, ce n’est
pas tant la volonté humaine qui est anéantie que la tentation de
succomber à la tragédie. Cette tentation est toujours dépassée
puisquechaqueromanseclôtsurunespoirderenouveau.
Ainsi, le héros tragique cherche constamment une issue, ne
selaissepasvaincre.Tantparlerêvequeparl’exil,lehérostentede
terrasser la tragédie qui l’enserre: l’exil est un facteur de prise de
conscience portant les germes de la guerre de Libération et le rêve
permet de dépasser le mythe sous toutes ses formes: celui de la
perfectiondel’ordreancien,celuidelaguerre,celuidelacivilisation
occidentale,celuidetouteslessolutionspasséistesetillusoires.
Ainsi, le héros tragique cherche constamment une issue, ne
selaissepasvaincre.Tantparlerêvequeparl’exil,lehérostentede
terrasser la tragédie qui l’enserre: l’exil est un facteur de prise de
conscience portant les germes de la guerre de Libération et le rêve
permet de dépasser le mythe sous toutes ses formes: celui de la
perfectiondel’ordreancien,celuidelaguerre,celuidelacivilisation
occidentale,celuidetouteslessolutionspasséistesetillusoires.
Le héros mammerien, tout comme celui de la tragédie
grecqueantique,estàlarecherched’unordrenouveauparl’action:
Le héros mammerien, tout comme celui de la tragédie
grecqueantique,estàlarecherched’unordrenouveauparl’action:
ȱ
Laȱ tragédie, écrit JeanPierre Vernant (2001: 905),ȱ estȱ leȱ premierȱ genreȱ
littéraireȱquiȱprésenteȱl’hommeȱenȱsituationȱd’agir,ȱquiȱleȱplaceȱauȱcarrefourȱ
d’uneȱdécisionȱengageantȱsonȱdestin.
ȱ
Laȱ tragédie, écrit JeanPierre Vernant (2001: 905),ȱ estȱ leȱ premierȱ genreȱ
littéraireȱquiȱprésenteȱl’hommeȱenȱsituationȱd’agir,ȱquiȱleȱplaceȱauȱcarrefourȱ
d’uneȱdécisionȱengageantȱsonȱdestin.
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120
C’est en effet un homme agissant, un homme réfléchissant
quenousmontreM.Mammeri,unhommequiprendenchargeson
destin, qui se remet en question, qui tourne en dérision son
aveuglementetceluidesautres.Commedanslatragédiegrecque,il
seremetetestremisenquestion.C’estcequ’écritJ.P.Vernantpour
latragédiegrecqueantique:
C’est en effet un homme agissant, un homme réfléchissant
quenousmontreM.Mammeri,unhommequiprendenchargeson
destin, qui se remet en question, qui tourne en dérision son
aveuglementetceluidesautres.Commedanslatragédiegrecque,il
seremetetestremisenquestion.C’estcequ’écritJ.P.Vernantpour
latragédiegrecqueantique:
ȱ
Lesȱ personnagesȱ héroïquesȱ neȱ sontȱ pasȱ seulementȱ rendusȱ présentsȱ surȱ laȱ
scèneȱ auȱ yeuxȱ deȱ tousȱ lesȱ citoyens,ȱ mais,ȱ àȱ traversȱ lesȱ discussionsȱ quiȱ lesȱ
opposentȱentreȱeuxȱetȱlesȱchoristes,ȱilsȱdeviennentȱl’objetȱd’unȱdébatȱ;ȱilsȱsontȱ
misȱenȱquestion.(Ibid.,p.904).ȱȱ
ȱ
Lesȱ personnagesȱ héroïquesȱ neȱ sontȱ pasȱ seulementȱ rendusȱ présentsȱ surȱ laȱ
scèneȱ auȱ yeuxȱ deȱ tousȱ lesȱ citoyens,ȱ mais,ȱ àȱ traversȱ lesȱ discussionsȱ quiȱ lesȱ
opposentȱentreȱeuxȱetȱlesȱchoristes,ȱilsȱdeviennentȱl’objetȱd’unȱdébatȱ;ȱilsȱsontȱ
misȱenȱquestion.(Ibid.,p.904).ȱȱ
Renduprésentlecoloniséàquiondénietouteexistencedans
Laȱ Collineȱ oubliée, Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ et l’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton,
l’intellectuelforméàlaculturehumanistedansLeȱSommeilȱduȱjusteet
l’OpiumȱetȱleȱBâton,l’intellectuelmarginalisédansLaȱTraversée.Remis
en question par les autres – d’où l’importance des discussions qui
sontpresquetoutesdesdialoguesd’idées:Arezkiest«unAroumi»
etMourad«unberbériste».Remisenquestionparluimêmequine
cessedetournerendérisionsonaveuglement.
Renduprésentlecoloniséàquiondénietouteexistencedans
Laȱ Collineȱ oubliée, Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ et l’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton,
l’intellectuelforméàlaculturehumanistedansLeȱSommeilȱduȱjusteet
l’OpiumȱetȱleȱBâton,l’intellectuelmarginalisédansLaȱTraversée.Remis
en question par les autres – d’où l’importance des discussions qui
sontpresquetoutesdesdialoguesd’idées:Arezkiest«unAroumi»
etMourad«unberbériste».Remisenquestionparluimêmequine
cessedetournerendérisionsonaveuglement.
M. Mammeri représente un héros qui n’est pas un modèle,
un«surhomme»,quin’estpasàl’imageduhérosépique;c’estun
hérostragiqueavecsagrandeuretsesfaiblesses:ȱLeȱhérosȱlégendaireȱaȱ
cesséȱd’êtreȱunȱmodèleȱcommeȱilȱl’étaitȱdansȱl’épopéeȱetȱlaȱpoésieȱlyrique,ȱilȱ
estȱdevenuȱunȱproblème,écritJ.P.Vernant(2001:905).
M. Mammeri représente un héros qui n’est pas un modèle,
un«surhomme»,quin’estpasàl’imageduhérosépique;c’estun
hérostragiqueavecsagrandeuretsesfaiblesses:ȱLeȱhérosȱlégendaireȱaȱ
cesséȱd’êtreȱunȱmodèleȱcommeȱilȱl’étaitȱdansȱl’épopéeȱetȱlaȱpoésieȱlyrique,ȱilȱ
estȱdevenuȱunȱproblème,écritJ.P.Vernant(2001:905).
A une question que lui posait T. Djaout à propos des
personnagesdesesromans,M.Mammerirépondait:
A une question que lui posait T. Djaout à propos des
personnagesdesesromans,M.Mammerirépondait:
ȱ
Jeȱ neȱ croisȱ pasȱ auxȱ stéréotypes,ȱ auxȱ hérosȱ deȱ commande,ȱ auxȱ traîtresȱ
conventionnels,ȱauxȱacteursȱȈpositifsȈ,ȱauxȱnotionsȱȈprêtȬàȬporterȈȱetȱautresȱ
balancellesȱdeȱlaȱlittératureȱbienȱpensante.ȱIlsȱpêchentȱcontreȱlaȱvérité,ȱparceȱ
qu’àȱlaȱdense,ȱconfuse,ȱprofuse,ȱmultipleȱréalitéȱdesȱhommes,ȱilsȱsubstituentȱ
deȱpâlesȱartefactsȱprivésȱdeȱvie,ȱprivésȱdeȱ sangȱetȱdeȱsens.ȱIlȱn’yȱaȱpasȱd’unȱ
côtéȱlesȱbons,ȱquiȱpensentȱetȱviventȱtoujoursȱselonȱlaȱdroiture,ȱetȱdeȱl’autreȱlesȱ
méchantsȱvouésȱauȱmalȱparȱdestin.ȱCeȱdépartȱmanichéenȱentreȱleȱdiableȱetȱleȱ
bonȱDieuȱtourneȱleȱdosȱàȱlaȱvérité.ȱ(Mammeri,1987:38).
ȱ
Jeȱ neȱ croisȱ pasȱ auxȱ stéréotypes,ȱ auxȱ hérosȱ deȱ commande,ȱ auxȱ traîtresȱ
conventionnels,ȱauxȱacteursȱȈpositifsȈ,ȱauxȱnotionsȱȈprêtȬàȬporterȈȱetȱautresȱ
balancellesȱdeȱlaȱlittératureȱbienȱpensante.ȱIlsȱpêchentȱcontreȱlaȱvérité,ȱparceȱ
qu’àȱlaȱdense,ȱconfuse,ȱprofuse,ȱmultipleȱréalitéȱdesȱhommes,ȱilsȱsubstituentȱ
deȱpâlesȱartefactsȱprivésȱdeȱvie,ȱprivésȱdeȱ sangȱetȱdeȱsens.ȱIlȱn’yȱaȱpasȱd’unȱ
côtéȱlesȱbons,ȱquiȱpensentȱetȱviventȱtoujoursȱselonȱlaȱdroiture,ȱetȱdeȱl’autreȱlesȱ
méchantsȱvouésȱauȱmalȱparȱdestin.ȱCeȱdépartȱmanichéenȱentreȱleȱdiableȱetȱleȱ
bonȱDieuȱtourneȱleȱdosȱàȱlaȱvérité.ȱ(Mammeri,1987:38).
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C’est en effet un homme agissant, un homme réfléchissant
quenousmontreM.Mammeri,unhommequiprendenchargeson
destin, qui se remet en question, qui tourne en dérision son
aveuglementetceluidesautres.Commedanslatragédiegrecque,il
seremetetestremisenquestion.C’estcequ’écritJ.P.Vernantpour
latragédiegrecqueantique:
C’est en effet un homme agissant, un homme réfléchissant
quenousmontreM.Mammeri,unhommequiprendenchargeson
destin, qui se remet en question, qui tourne en dérision son
aveuglementetceluidesautres.Commedanslatragédiegrecque,il
seremetetestremisenquestion.C’estcequ’écritJ.P.Vernantpour
latragédiegrecqueantique:
ȱ
Lesȱ personnagesȱ héroïquesȱ neȱ sontȱ pasȱ seulementȱ rendusȱ présentsȱ surȱ laȱ
scèneȱ auȱ yeuxȱ deȱ tousȱ lesȱ citoyens,ȱ mais,ȱ àȱ traversȱ lesȱ discussionsȱ quiȱ lesȱ
opposentȱentreȱeuxȱetȱlesȱchoristes,ȱilsȱdeviennentȱl’objetȱd’unȱdébatȱ;ȱilsȱsontȱ
misȱenȱquestion.(Ibid.,p.904).ȱȱ
ȱ
Lesȱ personnagesȱ héroïquesȱ neȱ sontȱ pasȱ seulementȱ rendusȱ présentsȱ surȱ laȱ
scèneȱ auȱ yeuxȱ deȱ tousȱ lesȱ citoyens,ȱ mais,ȱ àȱ traversȱ lesȱ discussionsȱ quiȱ lesȱ
opposentȱentreȱeuxȱetȱlesȱchoristes,ȱilsȱdeviennentȱl’objetȱd’unȱdébatȱ;ȱilsȱsontȱ
misȱenȱquestion.(Ibid.,p.904).ȱȱ
Renduprésentlecoloniséàquiondénietouteexistencedans
Laȱ Collineȱ oubliée, Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ et l’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton,
l’intellectuelforméàlaculturehumanistedansLeȱSommeilȱduȱjusteet
l’OpiumȱetȱleȱBâton,l’intellectuelmarginalisédansLaȱTraversée.Remis
en question par les autres – d’où l’importance des discussions qui
sontpresquetoutesdesdialoguesd’idées:Arezkiest«unAroumi»
etMourad«unberbériste».Remisenquestionparluimêmequine
cessedetournerendérisionsonaveuglement.
Renduprésentlecoloniséàquiondénietouteexistencedans
Laȱ Collineȱ oubliée, Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ et l’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton,
l’intellectuelforméàlaculturehumanistedansLeȱSommeilȱduȱjusteet
l’OpiumȱetȱleȱBâton,l’intellectuelmarginalisédansLaȱTraversée.Remis
en question par les autres – d’où l’importance des discussions qui
sontpresquetoutesdesdialoguesd’idées:Arezkiest«unAroumi»
etMourad«unberbériste».Remisenquestionparluimêmequine
cessedetournerendérisionsonaveuglement.
M. Mammeri représente un héros qui n’est pas un modèle,
un«surhomme»,quin’estpasàl’imageduhérosépique;c’estun
hérostragiqueavecsagrandeuretsesfaiblesses:ȱLeȱhérosȱlégendaireȱaȱ
cesséȱd’êtreȱunȱmodèleȱcommeȱilȱl’étaitȱdansȱl’épopéeȱetȱlaȱpoésieȱlyrique,ȱilȱ
estȱdevenuȱunȱproblème,écritJ.P.Vernant(2001:905).
M. Mammeri représente un héros qui n’est pas un modèle,
un«surhomme»,quin’estpasàl’imageduhérosépique;c’estun
hérostragiqueavecsagrandeuretsesfaiblesses:ȱLeȱhérosȱlégendaireȱaȱ
cesséȱd’êtreȱunȱmodèleȱcommeȱilȱl’étaitȱdansȱl’épopéeȱetȱlaȱpoésieȱlyrique,ȱilȱ
estȱdevenuȱunȱproblème,écritJ.P.Vernant(2001:905).
A une question que lui posait T. Djaout à propos des
personnagesdesesromans,M.Mammerirépondait:
A une question que lui posait T. Djaout à propos des
personnagesdesesromans,M.Mammerirépondait:
ȱ
Jeȱ neȱ croisȱ pasȱ auxȱ stéréotypes,ȱ auxȱ hérosȱ deȱ commande,ȱ auxȱ traîtresȱ
conventionnels,ȱauxȱacteursȱȈpositifsȈ,ȱauxȱnotionsȱȈprêtȬàȬporterȈȱetȱautresȱ
balancellesȱdeȱlaȱlittératureȱbienȱpensante.ȱIlsȱpêchentȱcontreȱlaȱvérité,ȱparceȱ
qu’àȱlaȱdense,ȱconfuse,ȱprofuse,ȱmultipleȱréalitéȱdesȱhommes,ȱilsȱsubstituentȱ
deȱpâlesȱartefactsȱprivésȱdeȱvie,ȱprivésȱdeȱ sangȱetȱdeȱsens.ȱIlȱn’yȱaȱpasȱd’unȱ
côtéȱlesȱbons,ȱquiȱpensentȱetȱviventȱtoujoursȱselonȱlaȱdroiture,ȱetȱdeȱl’autreȱlesȱ
méchantsȱvouésȱauȱmalȱparȱdestin.ȱCeȱdépartȱmanichéenȱentreȱleȱdiableȱetȱleȱ
bonȱDieuȱtourneȱleȱdosȱàȱlaȱvérité.ȱ(Mammeri,1987:38).
ȱ
Jeȱ neȱ croisȱ pasȱ auxȱ stéréotypes,ȱ auxȱ hérosȱ deȱ commande,ȱ auxȱ traîtresȱ
conventionnels,ȱauxȱacteursȱȈpositifsȈ,ȱauxȱnotionsȱȈprêtȬàȬporterȈȱetȱautresȱ
balancellesȱdeȱlaȱlittératureȱbienȱpensante.ȱIlsȱpêchentȱcontreȱlaȱvérité,ȱparceȱ
qu’àȱlaȱdense,ȱconfuse,ȱprofuse,ȱmultipleȱréalitéȱdesȱhommes,ȱilsȱsubstituentȱ
deȱpâlesȱartefactsȱprivésȱdeȱvie,ȱprivésȱdeȱ sangȱetȱdeȱsens.ȱIlȱn’yȱaȱpasȱd’unȱ
côtéȱlesȱbons,ȱquiȱpensentȱetȱviventȱtoujoursȱselonȱlaȱdroiture,ȱetȱdeȱl’autreȱlesȱ
méchantsȱvouésȱauȱmalȱparȱdestin.ȱCeȱdépartȱmanichéenȱentreȱleȱdiableȱetȱleȱ
bonȱDieuȱtourneȱleȱdosȱàȱlaȱvérité.ȱ(Mammeri,1987:38).
121
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C’estladéfinitionmêmeduhérostragique,avecsagrandeur
et ses limites toutes humaines qui, plongé dans l’action, révèle sa
dualité: agissant et à la fois agi, ni «diable», ni «bon Dieu», un
homme tout simplement. C’est ce qu’expliquent J.P. Vernant et P.
VidalNaquet (1989: 68) àproposduproblèmedelavolontédansla
tragédiegrecqueantique:
ȱȱ
C’estladéfinitionmêmeduhérostragique,avecsagrandeur
et ses limites toutes humaines qui, plongé dans l’action, révèle sa
dualité: agissant et à la fois agi, ni «diable», ni «bon Dieu», un
homme tout simplement. C’est ce qu’expliquent J.P. Vernant et P.
VidalNaquet (1989: 68) àproposduproblèmedelavolontédansla
tragédiegrecqueantique:
ȱȱ
L’origineȱdeȱl’actionȱseȱsituantȱàȱlaȱfoisȱdansȱl’hommeȱetȱhorsȱdeȱlui,ȱleȱmêmeȱ
personnageȱ apparaîtȱ tantôtȱ agent,ȱ causeȱ etȱ sourceȱ deȱ sesȱ actes,ȱ tantôtȱ agi,ȱ
immergéȱdansȱuneȱforceȱquiȱleȱdépasseȱetȱl’entraîne.
L’origineȱdeȱl’actionȱseȱsituantȱàȱlaȱfoisȱdansȱl’hommeȱetȱhorsȱdeȱlui,ȱleȱmêmeȱ
personnageȱ apparaîtȱ tantôtȱ agent,ȱ causeȱ etȱ sourceȱ deȱ sesȱ actes,ȱ tantôtȱ agi,ȱ
immergéȱdansȱuneȱforceȱquiȱleȱdépasseȱetȱl’entraîne.
Ce héros tragique qui est engagé dans l’action: Placéȱ auȱ
carrefourȱ d’unȱ choixȱ décisif,ȱ faceȱ àȱ uneȱ optionȱ quiȱ commandeȱ toutȱ leȱ
déroulementȱ duȱ drame,ȱ leȱ hérosȱ tragiqueȱ seȱ profileȱ engagéȱ dansȱ l’action,ȱ
affrontéȱauxȱconséquencesȱdeȱsesȱactes.ajoutentJ.P.VernantetP.Vidal
Naquet(1989:70).
ChezM.Mammeri,lastructuretragiqueestlàpoursignifier
qu’ilyauneissueàlatragédie:ilȱn’estȱpasȱdeȱproblèmeȱquiȱneȱpuisseȱ
êtreȱ dépasséȱ parȱ l’enquêteȱ intellectuelleȱ etȱ leȱ débatȱ culturel, déclare J.P.
Vernant (2003) à F. Busnel à propos de la signification de la
mythologiegrecque.
2.5.ȱLaȱpoésieȱ
ȱ
A côté des références à la culture occidentale, culture
d’emprunt, figure un mode d’expression de la culture d’origine, la
culture kabyle: la poésie que l’on rencontre dans Laȱ Traversée,
dernierromandeMouloudMammeri.
Les passages poétiques se signalent par leur verticalité et
interviennent dans les moments de délire du personnage principal,
Mourad,délireprovoquéparlafièvre.Envoiciunexemple:
ȱȬLesȱnuitsȱsontȱlonguesȱsurȱlaȱplace…ȱ
Ce héros tragique qui est engagé dans l’action: Placéȱ auȱ
carrefourȱ d’unȱ choixȱ décisif,ȱ faceȱ àȱ uneȱ optionȱ quiȱ commandeȱ toutȱ leȱ
déroulementȱ duȱ drame,ȱ leȱ hérosȱ tragiqueȱ seȱ profileȱ engagéȱ dansȱ l’action,ȱ
affrontéȱauxȱconséquencesȱdeȱsesȱactes.ajoutentJ.P.VernantetP.Vidal
Naquet(1989:70).
ChezM.Mammeri,lastructuretragiqueestlàpoursignifier
qu’ilyauneissueàlatragédie:ilȱn’estȱpasȱdeȱproblèmeȱquiȱneȱpuisseȱ
êtreȱ dépasséȱ parȱ l’enquêteȱ intellectuelleȱ etȱ leȱ débatȱ culturel, déclare J.P.
Vernant (2003) à F. Busnel à propos de la signification de la
mythologiegrecque.
2.5.ȱLaȱpoésieȱ
ȱ
A côté des références à la culture occidentale, culture
d’emprunt, figure un mode d’expression de la culture d’origine, la
culture kabyle: la poésie que l’on rencontre dans Laȱ Traversée,
dernierromandeMouloudMammeri.
Les passages poétiques se signalent par leur verticalité et
interviennent dans les moments de délire du personnage principal,
Mourad,délireprovoquéparlafièvre.Envoiciunexemple:
ȱȬLesȱnuitsȱsontȱlonguesȱsurȱlaȱplace…ȱ
ȬEtȱlesȱjours.ȱ
ȬLesȱpierresȱsontȱfroides…ȱ
ȬEtȱlesȱjours.ȱ
ȬLesȱpierresȱsontȱfroides…ȱ
122
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C’estladéfinitionmêmeduhérostragique,avecsagrandeur
et ses limites toutes humaines qui, plongé dans l’action, révèle sa
dualité: agissant et à la fois agi, ni «diable», ni «bon Dieu», un
homme tout simplement. C’est ce qu’expliquent J.P. Vernant et P.
VidalNaquet (1989: 68) àproposduproblèmedelavolontédansla
tragédiegrecqueantique:
ȱȱ
C’estladéfinitionmêmeduhérostragique,avecsagrandeur
et ses limites toutes humaines qui, plongé dans l’action, révèle sa
dualité: agissant et à la fois agi, ni «diable», ni «bon Dieu», un
homme tout simplement. C’est ce qu’expliquent J.P. Vernant et P.
VidalNaquet (1989: 68) àproposduproblèmedelavolontédansla
tragédiegrecqueantique:
ȱȱ
L’origineȱdeȱl’actionȱseȱsituantȱàȱlaȱfoisȱdansȱl’hommeȱetȱhorsȱdeȱlui,ȱleȱmêmeȱ
personnageȱ apparaîtȱ tantôtȱ agent,ȱ causeȱ etȱ sourceȱ deȱ sesȱ actes,ȱ tantôtȱ agi,ȱ
immergéȱdansȱuneȱforceȱquiȱleȱdépasseȱetȱl’entraîne.
L’origineȱdeȱl’actionȱseȱsituantȱàȱlaȱfoisȱdansȱl’hommeȱetȱhorsȱdeȱlui,ȱleȱmêmeȱ
personnageȱ apparaîtȱ tantôtȱ agent,ȱ causeȱ etȱ sourceȱ deȱ sesȱ actes,ȱ tantôtȱ agi,ȱ
immergéȱdansȱuneȱforceȱquiȱleȱdépasseȱetȱl’entraîne.
Ce héros tragique qui est engagé dans l’action: Placéȱ auȱ
carrefourȱ d’unȱ choixȱ décisif,ȱ faceȱ àȱ uneȱ optionȱ quiȱ commandeȱ toutȱ leȱ
déroulementȱ duȱ drame,ȱ leȱ hérosȱ tragiqueȱ seȱ profileȱ engagéȱ dansȱ l’action,ȱ
affrontéȱauxȱconséquencesȱdeȱsesȱactes.ajoutentJ.P.VernantetP.Vidal
Naquet(1989:70).
ChezM.Mammeri,lastructuretragiqueestlàpoursignifier
qu’ilyauneissueàlatragédie:ilȱn’estȱpasȱdeȱproblèmeȱquiȱneȱpuisseȱ
êtreȱ dépasséȱ parȱ l’enquêteȱ intellectuelleȱ etȱ leȱ débatȱ culturel, déclare J.P.
Vernant (2003) à F. Busnel à propos de la signification de la
mythologiegrecque.
2.5.ȱLaȱpoésieȱ
ȱ
A côté des références à la culture occidentale, culture
d’emprunt, figure un mode d’expression de la culture d’origine, la
culture kabyle: la poésie que l’on rencontre dans Laȱ Traversée,
dernierromandeMouloudMammeri.
Les passages poétiques se signalent par leur verticalité et
interviennent dans les moments de délire du personnage principal,
Mourad,délireprovoquéparlafièvre.Envoiciunexemple:
ȱȬLesȱnuitsȱsontȱlonguesȱsurȱlaȱplace…ȱ
Ce héros tragique qui est engagé dans l’action: Placéȱ auȱ
carrefourȱ d’unȱ choixȱ décisif,ȱ faceȱ àȱ uneȱ optionȱ quiȱ commandeȱ toutȱ leȱ
déroulementȱ duȱ drame,ȱ leȱ hérosȱ tragiqueȱ seȱ profileȱ engagéȱ dansȱ l’action,ȱ
affrontéȱauxȱconséquencesȱdeȱsesȱactes.ajoutentJ.P.VernantetP.Vidal
Naquet(1989:70).
ChezM.Mammeri,lastructuretragiqueestlàpoursignifier
qu’ilyauneissueàlatragédie:ilȱn’estȱpasȱdeȱproblèmeȱquiȱneȱpuisseȱ
êtreȱ dépasséȱ parȱ l’enquêteȱ intellectuelleȱ etȱ leȱ débatȱ culturel, déclare J.P.
Vernant (2003) à F. Busnel à propos de la signification de la
mythologiegrecque.
2.5.ȱLaȱpoésieȱ
ȱ
A côté des références à la culture occidentale, culture
d’emprunt, figure un mode d’expression de la culture d’origine, la
culture kabyle: la poésie que l’on rencontre dans Laȱ Traversée,
dernierromandeMouloudMammeri.
Les passages poétiques se signalent par leur verticalité et
interviennent dans les moments de délire du personnage principal,
Mourad,délireprovoquéparlafièvre.Envoiciunexemple:
ȱȬLesȱnuitsȱsontȱlonguesȱsurȱlaȱplace…ȱ
ȬEtȱlesȱjours.ȱ
ȬLesȱpierresȱsontȱfroides…ȱ
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ȬEtȱlesȱjours.ȱ
ȬLesȱpierresȱsontȱfroides…ȱ
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ȬLesȱnuitsȱsansȱlampes…ȱ
ȬLesȱjoursȱsansȱrides…ȱ
ȬLesȱbouchesȱsansȱdents…ȱ
ȬLesȱailesȱcourtes.ȱ
ȬLaȱfaimȱd’onȱneȱsaitȱquoi…ȱ
ȬQuiȱlanguissaitȱdeȱt’attendre.ȱȱ
ȬLesȱnuitsȱsansȱlampes…ȱ
ȬLesȱjoursȱsansȱrides…ȱ
ȬLesȱbouchesȱsansȱdents…ȱ
ȬLesȱailesȱcourtes.ȱ
ȬLaȱfaimȱd’onȱneȱsaitȱquoi…ȱ
ȬQuiȱlanguissaitȱdeȱt’attendre.ȱȱ
Cemoded’expressionrenvoieàcequeM.Mammeriaécrit
du poète kabyle Si MohandouMhand. En effet, il explique que Si
Mohand était au bord d’une source quand un ange le mit en
demeuredechoisirentredeuxtermes:Parleȱouȱjeȱferaiȱlesȱversȱouȱfaisȱ
lesȱversȱetȱjeȱparleraiȱ–ȱFaisȱlesȱversȱetȱjeȱparlerai,ȱditȱMohand.ȱ(Mammeri,
Cemoded’expressionrenvoieàcequeM.Mammeriaécrit
du poète kabyle Si MohandouMhand. En effet, il explique que Si
Mohand était au bord d’une source quand un ange le mit en
demeuredechoisirentredeuxtermes:Parleȱouȱjeȱferaiȱlesȱversȱouȱfaisȱ
lesȱversȱetȱjeȱparleraiȱ–ȱFaisȱlesȱversȱetȱjeȱparlerai,ȱditȱMohand.ȱ(Mammeri,
1969:12).
1969:12).
M.Mammerisoulignequel’épisodedel’angeestunmoyen
d’expression utilisé quand la pensée devenait complexe ou trop
abstraite:cettepenséeavaitainsirecoursausymbole.Ilécrit:
ȱCeuxȱ quiȱ enȱ usaientȱ n’étaientȱ pasȱ (…)ȱ dupesȱ duȱ caractèreȱ mythiqueȱ duȱ
M.Mammerisoulignequel’épisodedel’angeestunmoyen
d’expression utilisé quand la pensée devenait complexe ou trop
abstraite:cettepenséeavaitainsirecoursausymbole.Ilécrit:
ȱCeuxȱ quiȱ enȱ usaientȱ n’étaientȱ pasȱ (…)ȱ dupesȱ duȱ caractèreȱ mythiqueȱ duȱ
procédé.ȱ Ilsȱ savaientȱ queȱ c’étaitȱ unȱ instrument,ȱ c’estȱ àȱ direȱ unȱ artifice, unȱ
moyenȱobliqueȱdeȱsaisirȱlaȱréalitéeneviève,ȱmaisȱplusȱouȱmoinsȱconfusément,ȱilsȱ
sentaientȱqueȱquelquefoisceȱbiaisȱleurȱpermettaitȱd’allerȱplusȱauȱfondȱqueȱneȱ
leȱ feraitȱ laȱ parfaiteȱ adaptationȱ desȱ motsȱ auxȱ chosesȱ etȱ leurȱ agencementȱ
logique(Mammeri,op.cit.,:13),(Soulignéparnous).
procédé.ȱ Ilsȱ savaientȱ queȱ c’étaitȱ unȱ instrument,ȱ c’estȱ àȱ direȱ unȱ artifice, unȱ
moyenȱobliqueȱdeȱsaisirȱlaȱréalitéeneviève,ȱmaisȱplusȱouȱmoinsȱconfusément,ȱilsȱ
sentaientȱqueȱquelquefoisceȱbiaisȱleurȱpermettaitȱd’allerȱplusȱauȱfondȱqueȱneȱ
leȱ feraitȱ laȱ parfaiteȱ adaptationȱ desȱ motsȱ auxȱ chosesȱ etȱ leurȱ agencementȱ
logique(Mammeri,op.cit.,:13),(Soulignéparnous).
ȱ
ȱ
3.ȱCONCLUSIONȱ
3.ȱCONCLUSIONȱ
ȱ
ȱ
Tous les modes d’écriture dont nous venons de tracer les
contours, divers dans leur forme, ont cependant en commun de
théâtraliser la parole. Ils représentent un espace de liberté dans
laquelle la parole confisquée peut se déployer, la parole confisquée
par l’ordre ancestral, par l’ordre de la colonisation, par l’ordre du
discours institutionnel. Ils représentent également un espace
d’affirmationdel’individuensaqualitéd’hommeàpartentière:ni
asservi,nimuselé,d’hommequiprendsondestinenmain,quipasse
du statut d’agi au statut d’agissant, qui refuse toutes les formes
d’oppression. Pour M. Mammeri, Ilȱ s’agissaitȱ deȱ faireȱ entrerȱ laȱ vieȱ desȱ
Tous les modes d’écriture dont nous venons de tracer les
contours, divers dans leur forme, ont cependant en commun de
théâtraliser la parole. Ils représentent un espace de liberté dans
laquelle la parole confisquée peut se déployer, la parole confisquée
par l’ordre ancestral, par l’ordre de la colonisation, par l’ordre du
discours institutionnel. Ils représentent également un espace
d’affirmationdel’individuensaqualitéd’hommeàpartentière:ni
asservi,nimuselé,d’hommequiprendsondestinenmain,quipasse
du statut d’agi au statut d’agissant, qui refuse toutes les formes
d’oppression. Pour M. Mammeri, Ilȱ s’agissaitȱ deȱ faireȱ entrerȱ laȱ vieȱ desȱ
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ȬLesȱnuitsȱsansȱlampes…ȱ
ȬLesȱjoursȱsansȱrides…ȱ
ȬLesȱbouchesȱsansȱdents…ȱ
ȬLesȱailesȱcourtes.ȱ
ȬLaȱfaimȱd’onȱneȱsaitȱquoi…ȱ
ȬQuiȱlanguissaitȱdeȱt’attendre.ȱȱ
ȬLesȱnuitsȱsansȱlampes…ȱ
ȬLesȱjoursȱsansȱrides…ȱ
ȬLesȱbouchesȱsansȱdents…ȱ
ȬLesȱailesȱcourtes.ȱ
ȬLaȱfaimȱd’onȱneȱsaitȱquoi…ȱ
ȬQuiȱlanguissaitȱdeȱt’attendre.ȱȱ
Cemoded’expressionrenvoieàcequeM.Mammeriaécrit
du poète kabyle Si MohandouMhand. En effet, il explique que Si
Mohand était au bord d’une source quand un ange le mit en
demeuredechoisirentredeuxtermes:Parleȱouȱjeȱferaiȱlesȱversȱouȱfaisȱ
lesȱversȱetȱjeȱparleraiȱ–ȱFaisȱlesȱversȱetȱjeȱparlerai,ȱditȱMohand.ȱ(Mammeri,
Cemoded’expressionrenvoieàcequeM.Mammeriaécrit
du poète kabyle Si MohandouMhand. En effet, il explique que Si
Mohand était au bord d’une source quand un ange le mit en
demeuredechoisirentredeuxtermes:Parleȱouȱjeȱferaiȱlesȱversȱouȱfaisȱ
lesȱversȱetȱjeȱparleraiȱ–ȱFaisȱlesȱversȱetȱjeȱparlerai,ȱditȱMohand.ȱ(Mammeri,
1969:12).
1969:12).
M.Mammerisoulignequel’épisodedel’angeestunmoyen
d’expression utilisé quand la pensée devenait complexe ou trop
abstraite:cettepenséeavaitainsirecoursausymbole.Ilécrit:
ȱCeuxȱ quiȱ enȱ usaientȱ n’étaientȱ pasȱ (…)ȱ dupesȱ duȱ caractèreȱ mythiqueȱ duȱ
M.Mammerisoulignequel’épisodedel’angeestunmoyen
d’expression utilisé quand la pensée devenait complexe ou trop
abstraite:cettepenséeavaitainsirecoursausymbole.Ilécrit:
ȱCeuxȱ quiȱ enȱ usaientȱ n’étaientȱ pasȱ (…)ȱ dupesȱ duȱ caractèreȱ mythiqueȱ duȱ
procédé.ȱ Ilsȱ savaientȱ queȱ c’étaitȱ unȱ instrument,ȱ c’estȱ àȱ direȱ unȱ artifice, unȱ
moyenȱobliqueȱdeȱsaisirȱlaȱréalitéeneviève,ȱmaisȱplusȱouȱmoinsȱconfusément,ȱilsȱ
sentaientȱqueȱquelquefoisceȱbiaisȱleurȱpermettaitȱd’allerȱplusȱauȱfondȱqueȱneȱ
leȱ feraitȱ laȱ parfaiteȱ adaptationȱ desȱ motsȱ auxȱ chosesȱ etȱ leurȱ agencementȱ
logique(Mammeri,op.cit.,:13),(Soulignéparnous).
procédé.ȱ Ilsȱ savaientȱ queȱ c’étaitȱ unȱ instrument,ȱ c’estȱ àȱ direȱ unȱ artifice, unȱ
moyenȱobliqueȱdeȱsaisirȱlaȱréalitéeneviève,ȱmaisȱplusȱouȱmoinsȱconfusément,ȱilsȱ
sentaientȱqueȱquelquefoisceȱbiaisȱleurȱpermettaitȱd’allerȱplusȱauȱfondȱqueȱneȱ
leȱ feraitȱ laȱ parfaiteȱ adaptationȱ desȱ motsȱ auxȱ chosesȱ etȱ leurȱ agencementȱ
logique(Mammeri,op.cit.,:13),(Soulignéparnous).
ȱ
ȱ
3.ȱCONCLUSIONȱ
3.ȱCONCLUSIONȱ
ȱ
ȱ
Tous les modes d’écriture dont nous venons de tracer les
contours, divers dans leur forme, ont cependant en commun de
théâtraliser la parole. Ils représentent un espace de liberté dans
laquelle la parole confisquée peut se déployer, la parole confisquée
par l’ordre ancestral, par l’ordre de la colonisation, par l’ordre du
discours institutionnel. Ils représentent également un espace
d’affirmationdel’individuensaqualitéd’hommeàpartentière:ni
asservi,nimuselé,d’hommequiprendsondestinenmain,quipasse
du statut d’agi au statut d’agissant, qui refuse toutes les formes
d’oppression. Pour M. Mammeri, Ilȱ s’agissaitȱ deȱ faireȱ entrerȱ laȱ vieȱ desȱ
Tous les modes d’écriture dont nous venons de tracer les
contours, divers dans leur forme, ont cependant en commun de
théâtraliser la parole. Ils représentent un espace de liberté dans
laquelle la parole confisquée peut se déployer, la parole confisquée
par l’ordre ancestral, par l’ordre de la colonisation, par l’ordre du
discours institutionnel. Ils représentent également un espace
d’affirmationdel’individuensaqualitéd’hommeàpartentière:ni
asservi,nimuselé,d’hommequiprendsondestinenmain,quipasse
du statut d’agi au statut d’agissant, qui refuse toutes les formes
d’oppression. Pour M. Mammeri, Ilȱ s’agissaitȱ deȱ faireȱ entrerȱ laȱ vieȱ desȱ
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hommesȱ algériensȱ dansȱ leȱ communȱ lotȱdesȱautresȱvies.ȱ (Mammeri, 1987:
hommesȱ algériensȱ dansȱ leȱ communȱ lotȱdesȱautresȱvies.ȱ (Mammeri, 1987:
1921)
1921)
Ildéclaraitégalement:
Ildéclaraitégalement:
ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ
lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ
aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ
quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier2)ȱ;ȱ
ȱ
ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernet.ȱ(Mammeri,1987:16).
ȱȱ
J’aiȱ apprisȱ leȱ françaisȱ àȱ l’écoleȱ;ȱ ilȱ s’agitȱ doncȱ d’unȱ apprentissageȱ artificiel.ȱ
Maisȱuneȱfoisȱlaȱlangueȱacquiseȱj’avoueȱqueȱj’enȱaiȱappréciéȱlesȱavantages.ȱCeȱ
n’estȱ pasȱ seulementȱ pourȱ sesȱ bénéficesȱ pratiques,ȱ parceȱ qu’elleȱ permetȱ uneȱ
ouvertureȱ trèsȱ largeȱ surȱ leȱ resteȱ duȱ monde,ȱ enȱ particulierȱ surȱ leȱ mondeȱ
moderneȱ[…].ȱC’estȱsurtoutȱparceȱqueȱc’estȱunȱinstrumentȱdeȱlibérationȱ–ȱyȱ
comprisȱd’elleȬmême.(Mammeri,op.cit.,p.49)ȱ
ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ
lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ
aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ
quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier2)ȱ;ȱ
ȱ
ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernet.ȱ(Mammeri,1987:16).
ȱȱ
J’aiȱ apprisȱ leȱ françaisȱ àȱ l’écoleȱ;ȱ ilȱ s’agitȱ doncȱ d’unȱ apprentissageȱ artificiel.ȱ
Maisȱuneȱfoisȱlaȱlangueȱacquiseȱj’avoueȱqueȱj’enȱaiȱappréciéȱlesȱavantages.ȱCeȱ
n’estȱ pasȱ seulementȱ pourȱ sesȱ bénéficesȱ pratiques,ȱ parceȱ qu’elleȱ permetȱ uneȱ
ouvertureȱ trèsȱ largeȱ surȱ leȱ resteȱ duȱ monde,ȱ enȱ particulierȱ surȱ leȱ mondeȱ
moderneȱ[…].ȱC’estȱsurtoutȱparceȱqueȱc’estȱunȱinstrumentȱdeȱlibérationȱ–ȱyȱ
comprisȱd’elleȬmême.(Mammeri,op.cit.,p.49)ȱ
Lesformesaussidifférenciéesgénériquementetculturellement
que les lettres, le journal intime, l’épopée, la poésie, que l’on peut
déceler dans son œuvre, sont autant de marques de la double
appartenance culturelle de l’écrivain et empruntent à la fois aux
modesd’expressiondelaculturehelléniqueetclassique,marquede
la formation de l’écrivain et au mode d’expression de la culture
d’origine(culturekabyle).Ils’ensuituneécrituredeladiscontinuité,ȱ
«ȱuneȱ transfictionnalitéȱ métisséeȱ», marque du métissage culturel de
l’écrivain, mais aussi d’une parole essayiste porteuse du dialogue
descultures,pacifiquementintégréesettendantversl’affirmationde
valeursuniverselles:laliberté,lajustice.
Lesformesaussidifférenciéesgénériquementetculturellement
que les lettres, le journal intime, l’épopée, la poésie, que l’on peut
déceler dans son œuvre, sont autant de marques de la double
appartenance culturelle de l’écrivain et empruntent à la fois aux
modesd’expressiondelaculturehelléniqueetclassique,marquede
la formation de l’écrivain et au mode d’expression de la culture
d’origine(culturekabyle).Ils’ensuituneécrituredeladiscontinuité,ȱ
«ȱuneȱ transfictionnalitéȱ métisséeȱ», marque du métissage culturel de
l’écrivain, mais aussi d’une parole essayiste porteuse du dialogue
descultures,pacifiquementintégréesettendantversl’affirmationde
valeursuniverselles:laliberté,lajustice.
NOTESȱ
NOTESȱ
ȱ
ȱ
1
1
2
«Lasociétéberbère»,Aguedal,nos5et6,1938et1939.
Idem.
2
«Lasociétéberbère»,Aguedal,nos5et6,1938et1939.
Idem.
ȱ
ȱ
ȱ
ȱ
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hommesȱ algériensȱ dansȱ leȱ communȱ lotȱdesȱautresȱvies.ȱ (Mammeri, 1987:
hommesȱ algériensȱ dansȱ leȱ communȱ lotȱdesȱautresȱvies.ȱ (Mammeri, 1987:
1921)
1921)
Ildéclaraitégalement:
Ildéclaraitégalement:
ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ
lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ
aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ
quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier2)ȱ;ȱ
ȱ
ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernet.ȱ(Mammeri,1987:16).
ȱȱ
J’aiȱ apprisȱ leȱ françaisȱ àȱ l’écoleȱ;ȱ ilȱ s’agitȱ doncȱ d’unȱ apprentissageȱ artificiel.ȱ
Maisȱuneȱfoisȱlaȱlangueȱacquiseȱj’avoueȱqueȱj’enȱaiȱappréciéȱlesȱavantages.ȱCeȱ
n’estȱ pasȱ seulementȱ pourȱ sesȱ bénéficesȱ pratiques,ȱ parceȱ qu’elleȱ permetȱ uneȱ
ouvertureȱ trèsȱ largeȱ surȱ leȱ resteȱ duȱ monde,ȱ enȱ particulierȱ surȱ leȱ mondeȱ
moderneȱ[…].ȱC’estȱsurtoutȱparceȱqueȱc’estȱunȱinstrumentȱdeȱlibérationȱ–ȱyȱ
comprisȱd’elleȬmême.(Mammeri,op.cit.,p.49)ȱ
ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ
lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ
aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ
quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier2)ȱ;ȱ
ȱ
ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernet.ȱ(Mammeri,1987:16).
ȱȱ
J’aiȱ apprisȱ leȱ françaisȱ àȱ l’écoleȱ;ȱ ilȱ s’agitȱ doncȱ d’unȱ apprentissageȱ artificiel.ȱ
Maisȱuneȱfoisȱlaȱlangueȱacquiseȱj’avoueȱqueȱj’enȱaiȱappréciéȱlesȱavantages.ȱCeȱ
n’estȱ pasȱ seulementȱ pourȱ sesȱ bénéficesȱ pratiques,ȱ parceȱ qu’elleȱ permetȱ uneȱ
ouvertureȱ trèsȱ largeȱ surȱ leȱ resteȱ duȱ monde,ȱ enȱ particulierȱ surȱ leȱ mondeȱ
moderneȱ[…].ȱC’estȱsurtoutȱparceȱqueȱc’estȱunȱinstrumentȱdeȱlibérationȱ–ȱyȱ
comprisȱd’elleȬmême.(Mammeri,op.cit.,p.49)ȱ
Lesformesaussidifférenciéesgénériquementetculturellement
que les lettres, le journal intime, l’épopée, la poésie, que l’on peut
déceler dans son œuvre, sont autant de marques de la double
appartenance culturelle de l’écrivain et empruntent à la fois aux
modesd’expressiondelaculturehelléniqueetclassique,marquede
la formation de l’écrivain et au mode d’expression de la culture
d’origine(culturekabyle).Ils’ensuituneécrituredeladiscontinuité,ȱ
«ȱuneȱ transfictionnalitéȱ métisséeȱ», marque du métissage culturel de
l’écrivain, mais aussi d’une parole essayiste porteuse du dialogue
descultures,pacifiquementintégréesettendantversl’affirmationde
valeursuniverselles:laliberté,lajustice.
Lesformesaussidifférenciéesgénériquementetculturellement
que les lettres, le journal intime, l’épopée, la poésie, que l’on peut
déceler dans son œuvre, sont autant de marques de la double
appartenance culturelle de l’écrivain et empruntent à la fois aux
modesd’expressiondelaculturehelléniqueetclassique,marquede
la formation de l’écrivain et au mode d’expression de la culture
d’origine(culturekabyle).Ils’ensuituneécrituredeladiscontinuité,ȱ
«ȱuneȱ transfictionnalitéȱ métisséeȱ», marque du métissage culturel de
l’écrivain, mais aussi d’une parole essayiste porteuse du dialogue
descultures,pacifiquementintégréesettendantversl’affirmationde
valeursuniverselles:laliberté,lajustice.
NOTESȱ
NOTESȱ
ȱ
ȱ
1
«Lasociétéberbère»,Aguedal,nos5et6,1938et1939.
2Idem.
1
«Lasociétéberbère»,Aguedal,nos5et6,1938et1939.
2Idem.
ȱ
ȱ
124
ȱ
ȱ
124
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
BOUTROUX Emile «Leçon 1, réfutation du platonisme», in Leçonsȱ surȱ
Aristote,Paris,Ed.Universitaires,1990.
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***Tragiquesȱ grecs.ȱ Eschyle.ȱ Sophocle, 1967, Paris, Gallimard, coll. «La
Pléiade».
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HOMÈR1975,ȱL’Illiade,Paris,Gallimard,1975,Coll.Folio.
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LEJEUNEPhilippe,1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3.
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,1975,Leȱpacteȱautobiographique,Paris,LeSeuil.
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MAMMERIMouloud,1987,EntretienȱavecȱTaharȱDjaout,Alger,LAPHOMIC.
,1969,LesȱIsefra.ȱPoèmesȱdeȱSiȱMohandȬouȬMhand,Paris,Maspéro.
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,1969,LesȱIsefra.ȱPoèmesȱdeȱSiȱMohandȬouȬMhand,Paris,Maspéro.
VERNANTJeanPierreetVIDALNAQUETPierre,ȱ1989,Mytheȱetȱtragédieȱenȱ
Grèceȱantique,Paris,LaDécouverte.
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HAROCHEBOUZINACGeneviève,1995,L’épistolaire,Paris,Hachette.
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MERDACIDjamelEddine,1989,«Ladernièreinterview»,Horizons,28289.
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http://www.limag.refer.org/Volumes/MammeriArticlesSur.PDF
dernièreconsultationle27.O2.2009)
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MIRAUX JeanPhilippe, 1996, L’autobiographie.ȱ Ecritureȱ deȱ soiȱ etȱ sincérité,ȱ
Paris,Nathan.
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LOUVATBénédicte,1997,Laȱpoétiqueȱdeȱlaȱtragédieȱclassique,Paris,SEDES.
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RAOULValérie,1999,Leȱjournalȱfictifȱdansȱleȱromanȱȱfrançais,Paris,PUF.
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VERNANT JeanPierre, 2001, Tragédie, Dictionnaireȱ desȱ genresȱ etȱ notionsȱ
littéraires,Paris,EncyclopaediaUniversalisetA.Michel.
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,2003 «Quest ce que la mythologie ?» in L’Express, 2662003.
(extraitsdel’articlemisenligne,détails:
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http://www.mondalire.com/univers_dieux_hommes.htmldernière
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consultation:le27février2009).
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VIDALNAQUETPierre,2002,Leȱmondeȱd’Homère,Paris,Perrin.
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STAROBINSKIJean, 1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3.
ȱ
ȱ
STAROBINSKIJean,1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3.
ȱ
ȱ
125
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
125
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
ȱ
BOUTROUX Emile «Leçon 1, réfutation du platonisme», in Leçonsȱ surȱ
Aristote,Paris,Ed.Universitaires,1990.
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***Tragiquesȱ grecs.ȱ Eschyle.ȱ Sophocle, 1967, Paris, Gallimard, coll. «La
Pléiade».
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HOMÈR1975,ȱL’Illiade,Paris,Gallimard,1975,Coll.Folio.
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,1969,LesȱIsefra.ȱPoèmesȱdeȱSiȱMohandȬouȬMhand,Paris,Maspéro.
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VERNANTJeanPierreetVIDALNAQUETPierre,ȱ1989,Mytheȱetȱtragédieȱenȱ
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HAROCHEBOUZINACGeneviève,1995,L’épistolaire,Paris,Hachette.
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MERDACIDjamelEddine,1989,«Ladernièreinterview»,Horizons,28289.
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MIRAUX JeanPhilippe, 1996, L’autobiographie.ȱ Ecritureȱ deȱ soiȱ etȱ sincérité,ȱ
Paris,Nathan.
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LOUVATBénédicte,1997,Laȱpoétiqueȱdeȱlaȱtragédieȱclassique,Paris,SEDES.
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GRASSIMarieClaude,1998,L’Epistolaire,Paris,Dunod.
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RAOULValérie,1999,Leȱjournalȱfictifȱdansȱleȱromanȱȱfrançais,Paris,PUF.
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VERNANT JeanPierre, 2001, Tragédie, Dictionnaireȱ desȱ genresȱ etȱ notionsȱ
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,2003 «Quest ce que la mythologie ?» in L’Express, 2662003.
(extraitsdel’articlemisenligne,détails:
,2003 «Quest ce que la mythologie ?» in L’Express, 2662003.
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http://www.mondalire.com/univers_dieux_hommes.htmldernière
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consultation:le27février2009).
consultation:le27février2009).
VIDALNAQUETPierre,2002,Leȱmondeȱd’Homère,Paris,Perrin.
VIDALNAQUETPierre,2002,Leȱmondeȱd’Homère,Paris,Perrin.
STAROBINSKIJean, 1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3.
ȱ
ȱ
STAROBINSKIJean,1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3.
ȱ
ȱ
125
125
ȱ
ABSTRACTȱ
ȱ
ABSTRACTȱ
Mouloud Mammeri enters literature during colonial period.
Therefore, he is the product of two cultures: the ancestral culture to which
he is profoundly attached and by whom he is profoundly marked and the
French culture, the culture of school acquisition of part his western
formation.Thecentralinterrogationconcernstheconstituentsofthiscultural
interbreeding and aims at showing that the romantic work of Mouloud
Mammeriweavesawholenetworkoftexts,shapeandconstructiondiverse,
scattered in the story. Indeed, forms so differentiated that the factual
autobiographicalnarrative,theletters,thepersonaldiary,theepic,theessay,
the glossary, the poetry, are so many brands of the double cultural
membership of the writer and take at the same time from the modes of
expressionoftheHellenicandclassicculture,markoftheformationofthe
writer and from the mode of expression of the culture of origin (Kabyle
culture).
Mouloud Mammeri enters literature during colonial period.
Therefore, he is the product of two cultures: the ancestral culture to which
he is profoundly attached and by whom he is profoundly marked and the
French culture, the culture of school acquisition of part his western
formation.Thecentralinterrogationconcernstheconstituentsofthiscultural
interbreeding and aims at showing that the romantic work of Mouloud
Mammeriweavesawholenetworkoftexts,shapeandconstructiondiverse,
scattered in the story. Indeed, forms so differentiated that the factual
autobiographicalnarrative,theletters,thepersonaldiary,theepic,theessay,
the glossary, the poetry, are so many brands of the double cultural
membership of the writer and take at the same time from the modes of
expressionoftheHellenicandclassicculture,markoftheformationofthe
writer and from the mode of expression of the culture of origin (Kabyle
culture).
Thereisawritingofthediscontinuity,acrossedtransfictionnalité,
markswiththeculturalinterbreedingofthewriter,butalsowiththeword
carrier essayist of the dialogue of the cultures, peacefully integrating and
tighteningtowardstheassertionofuniversalvalues.
Thereisawritingofthediscontinuity,acrossedtransfictionnalité,
markswiththeculturalinterbreedingofthewriter,butalsowiththeword
carrier essayist of the dialogue of the cultures, peacefully integrating and
tighteningtowardstheassertionofuniversalvalues.
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ABSTRACTȱ
ȱ
ABSTRACTȱ
Mouloud Mammeri enters literature during colonial period.
Therefore, he is the product of two cultures: the ancestral culture to which
he is profoundly attached and by whom he is profoundly marked and the
French culture, the culture of school acquisition of part his western
formation.Thecentralinterrogationconcernstheconstituentsofthiscultural
interbreeding and aims at showing that the romantic work of Mouloud
Mammeriweavesawholenetworkoftexts,shapeandconstructiondiverse,
scattered in the story. Indeed, forms so differentiated that the factual
autobiographicalnarrative,theletters,thepersonaldiary,theepic,theessay,
the glossary, the poetry, are so many brands of the double cultural
membership of the writer and take at the same time from the modes of
expressionoftheHellenicandclassicculture,markoftheformationofthe
writer and from the mode of expression of the culture of origin (Kabyle
culture).
Mouloud Mammeri enters literature during colonial period.
Therefore, he is the product of two cultures: the ancestral culture to which
he is profoundly attached and by whom he is profoundly marked and the
French culture, the culture of school acquisition of part his western
formation.Thecentralinterrogationconcernstheconstituentsofthiscultural
interbreeding and aims at showing that the romantic work of Mouloud
Mammeriweavesawholenetworkoftexts,shapeandconstructiondiverse,
scattered in the story. Indeed, forms so differentiated that the factual
autobiographicalnarrative,theletters,thepersonaldiary,theepic,theessay,
the glossary, the poetry, are so many brands of the double cultural
membership of the writer and take at the same time from the modes of
expressionoftheHellenicandclassicculture,markoftheformationofthe
writer and from the mode of expression of the culture of origin (Kabyle
culture).
Thereisawritingofthediscontinuity,acrossedtransfictionnalité,
markswiththeculturalinterbreedingofthewriter,butalsowiththeword
carrier essayist of the dialogue of the cultures, peacefully integrating and
tighteningtowardstheassertionofuniversalvalues.
Thereisawritingofthediscontinuity,acrossedtransfictionnalité,
markswiththeculturalinterbreedingofthewriter,butalsowiththeword
carrier essayist of the dialogue of the cultures, peacefully integrating and
tighteningtowardstheassertionofuniversalvalues.
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MÉTISSAGESȱLINGUISTIQUES,ȱTEXTUELSȱ
ETȱORTHOGRAPHIQUESȱDANSȱLESȱ
ŒUVRESȱDESȱÉCRIVAINSȱD’ENTREȱDEUXȱ
LANGUESȱ
MÉTISSAGESȱLINGUISTIQUES,ȱTEXTUELSȱ
ETȱORTHOGRAPHIQUESȱDANSȱLESȱ
ŒUVRESȱDESȱÉCRIVAINSȱD’ENTREȱDEUXȱ
LANGUESȱ
ȱ
CeciliaȱCONDEIȱ
UniversitéȱdeȱCraïovaȱ
ȱ
CeciliaȱCONDEIȱ
UniversitéȱdeȱCraïovaȱ
0.ȱDÉMARCHEȱTHÉORIQUEȱ
Lephénomèned’hétérogénéitéquitouchetoutesleslangues
rendflouesleurslignesdefrontière.Lesmultiplescombinaisonsde
variétés linguistiques tissent un espace des interpénétrations
langagières qui peut être caractérisé comme métissé à différents
degrés.
0.ȱDÉMARCHEȱTHÉORIQUEȱ
Lephénomèned’hétérogénéitéquitouchetoutesleslangues
rendflouesleurslignesdefrontière.Lesmultiplescombinaisonsde
variétés linguistiques tissent un espace des interpénétrations
langagières qui peut être caractérisé comme métissé à différents
degrés.
Nousparleronsdoncdemétissageetdediscours.
Nousparleronsdoncdemétissageetdediscours.
Le métissagea été d’abord lié à la culture et surtout à la
littérature postcoloniale; ensuite, le concept s’étendit à une
catégoried’écrivainsprovenantdeszoneshorsducolonialisme,qui
arrivent à écrire en français, mais qui gardent tout un inventaire de
traits démarcatifs des écrivains français «de souche». Comme
l’expliqueAnneRosineDelbart,ceuxci
Le métissagea été d’abord lié à la culture et surtout à la
littérature postcoloniale; ensuite, le concept s’étendit à une
catégoried’écrivainsprovenantdeszoneshorsducolonialisme,qui
arrivent à écrire en français, mais qui gardent tout un inventaire de
traits démarcatifs des écrivains français «de souche». Comme
l’expliqueAnneRosineDelbart,ceuxci
explicitentȱ leursȱ pratiques,ȱ confrontentȱ leur(s)ȱ langue(s)ȱ source(s)ȱ àȱ laȱ
langueȱd’accueilȱetȱanalysentȱlesȱrapportsȱqu’ilsȱentretiennentȱavecȱchacuneȱ
d’ellesȱ;ȱ prenantȱ plusȱ deȱ reculȱ encore,ȱ ilsȱ tententȱ deȱ cernerȱ laȱ natureȱ duȱ
langage(2005:47).
explicitentȱ leursȱ pratiques,ȱ confrontentȱ leur(s)ȱ langue(s)ȱ source(s)ȱ àȱ laȱ
langueȱd’accueilȱetȱanalysentȱlesȱrapportsȱqu’ilsȱentretiennentȱavecȱchacuneȱ
d’ellesȱ;ȱ prenantȱ plusȱ deȱ reculȱ encore,ȱ ilsȱ tententȱ deȱ cernerȱ laȱ natureȱ duȱ
langage(2005:47).
Nouscomprenonslemétissagedansunsenslarge,commeles
interpénétrations résultant d’un changement de code, d’espace
géographiqued’existence,deculture,etc.,sansnégligerlecaractère
Nouscomprenonslemétissagedansunsenslarge,commeles
interpénétrations résultant d’un changement de code, d’espace
géographiqued’existence,deculture,etc.,sansnégligerlecaractère
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MÉTISSAGESȱLINGUISTIQUES,ȱTEXTUELSȱ
ETȱORTHOGRAPHIQUESȱDANSȱLESȱ
ŒUVRESȱDESȱÉCRIVAINSȱD’ENTREȱDEUXȱ
LANGUESȱ
MÉTISSAGESȱLINGUISTIQUES,ȱTEXTUELSȱ
ETȱORTHOGRAPHIQUESȱDANSȱLESȱ
ŒUVRESȱDESȱÉCRIVAINSȱD’ENTREȱDEUXȱ
LANGUESȱ
ȱ
CeciliaȱCONDEIȱ
UniversitéȱdeȱCraïovaȱ
ȱ
CeciliaȱCONDEIȱ
UniversitéȱdeȱCraïovaȱ
0.ȱDÉMARCHEȱTHÉORIQUEȱ
Lephénomèned’hétérogénéitéquitouchetoutesleslangues
rendflouesleurslignesdefrontière.Lesmultiplescombinaisonsde
variétés linguistiques tissent un espace des interpénétrations
langagières qui peut être caractérisé comme métissé à différents
degrés.
0.ȱDÉMARCHEȱTHÉORIQUEȱ
Lephénomèned’hétérogénéitéquitouchetoutesleslangues
rendflouesleurslignesdefrontière.Lesmultiplescombinaisonsde
variétés linguistiques tissent un espace des interpénétrations
langagières qui peut être caractérisé comme métissé à différents
degrés.
Nousparleronsdoncdemétissageetdediscours.
Nousparleronsdoncdemétissageetdediscours.
Le métissagea été d’abord lié à la culture et surtout à la
littérature postcoloniale; ensuite, le concept s’étendit à une
catégoried’écrivainsprovenantdeszoneshorsducolonialisme,qui
arrivent à écrire en français, mais qui gardent tout un inventaire de
traits démarcatifs des écrivains français «de souche». Comme
l’expliqueAnneRosineDelbart,ceuxci
Le métissagea été d’abord lié à la culture et surtout à la
littérature postcoloniale; ensuite, le concept s’étendit à une
catégoried’écrivainsprovenantdeszoneshorsducolonialisme,qui
arrivent à écrire en français, mais qui gardent tout un inventaire de
traits démarcatifs des écrivains français «de souche». Comme
l’expliqueAnneRosineDelbart,ceuxci
explicitentȱ leursȱ pratiques,ȱ confrontentȱ leur(s)ȱ langue(s)ȱ source(s)ȱ àȱ laȱ
langueȱd’accueilȱetȱanalysentȱlesȱrapportsȱqu’ilsȱentretiennentȱavecȱchacuneȱ
d’ellesȱ;ȱ prenantȱ plusȱ deȱ reculȱ encore,ȱ ilsȱ tententȱ deȱ cernerȱ laȱ natureȱ duȱ
langage(2005:47).
explicitentȱ leursȱ pratiques,ȱ confrontentȱ leur(s)ȱ langue(s)ȱ source(s)ȱ àȱ laȱ
langueȱd’accueilȱetȱanalysentȱlesȱrapportsȱqu’ilsȱentretiennentȱavecȱchacuneȱ
d’ellesȱ;ȱ prenantȱ plusȱ deȱ reculȱ encore,ȱ ilsȱ tententȱ deȱ cernerȱ laȱ natureȱ duȱ
langage(2005:47).
Nouscomprenonslemétissagedansunsenslarge,commeles
interpénétrations résultant d’un changement de code, d’espace
géographiqued’existence,deculture,etc.,sansnégligerlecaractère
Nouscomprenonslemétissagedansunsenslarge,commeles
interpénétrations résultant d’un changement de code, d’espace
géographiqued’existence,deculture,etc.,sansnégligerlecaractère
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127
«palimpsestique» qui transparaît dans les œuvres des écrivains
migrants.Cesont,danslaplupartdescas,desécrivainsd’entredeux
langues, comme l’est Panaït Istrati (18841935), écrivain roumain
d’expressionfrançaise très apprécié par le public français de l’entre
deuxguerres.
Le discoursȱ littéraire sur lequel se focalise notre attention est
envisagécommeuninterdiscours,commeuneformecontextualisée
(Charaudeau&Maingueneau,2002:189).Nosoutilsd’analysesont
les concepts de l’analyse du discours «exportésvers des corpus
nouveaux»(Amossy&Maingueneau,2003:préface),etcesconcepts
prennentsensdanslecadredelalinguistiquedel’énonciation.
Notre apport à l’étude de ces interpénétrations consiste
premièrement à souligner le fonctionnement de quelques
démarcations dans le champ théorique et deuxièmement à étudier
un même phénomène (lemétissageȱmontré) dansuncorpus de récits
dePanaïtIstrati.
L’idée de base est d’opérer deux distinctionsau sein des
phénomènesd’hétérogénéité:uneconcernantlecontactdedeuxou
plusieurslanguesdanslespratiqueslangagièresdumêmelocuteur,
l’autre prend en compte les variétés sociolectales à l’intérieur de la
langue. Inspirée par Rohan (2003: 411420) nous parlons, dans la
situation de langues en contact chez le même locuteur, d’un axe
horizontal, et dans la situation des variétés sociolectales, d’un axe
vertical, leur trait commun étant l’existence du contact et de
l’hétérogénéité. Ces deux axes, horizontal et vertical, aboutissent,
chacunàleurmanière,àunterritoiremétissé.
0.1.ȱEtablissementȱduȱcorpusȱ
L’espace littéraire de Panait Istrati et de ses œuvres forme,
comme nous l’avons déjà annoncé, notre corpus. Cet écrivain fait
partiedeceuxquisontancrésdansdeuxterritoires(celuid’origine–
le roumain, et celui d’adoption – le français), deux langues, deux
cultures, deux axes temporels, deux espaces géographiques, etc.
128
«palimpsestique» qui transparaît dans les œuvres des écrivains
migrants.Cesont,danslaplupartdescas,desécrivainsd’entredeux
langues, comme l’est Panaït Istrati (18841935), écrivain roumain
d’expressionfrançaise très apprécié par le public français de l’entre
deuxguerres.
Le discoursȱ littéraire sur lequel se focalise notre attention est
envisagécommeuninterdiscours,commeuneformecontextualisée
(Charaudeau&Maingueneau,2002:189).Nosoutilsd’analysesont
les concepts de l’analyse du discours «exportésvers des corpus
nouveaux»(Amossy&Maingueneau,2003:préface),etcesconcepts
prennentsensdanslecadredelalinguistiquedel’énonciation.
Notre apport à l’étude de ces interpénétrations consiste
premièrement à souligner le fonctionnement de quelques
démarcations dans le champ théorique et deuxièmement à étudier
un même phénomène (lemétissageȱmontré) dansuncorpus de récits
dePanaïtIstrati.
L’idée de base est d’opérer deux distinctionsau sein des
phénomènesd’hétérogénéité:uneconcernantlecontactdedeuxou
plusieurslanguesdanslespratiqueslangagièresdumêmelocuteur,
l’autre prend en compte les variétés sociolectales à l’intérieur de la
langue. Inspirée par Rohan (2003: 411420) nous parlons, dans la
situation de langues en contact chez le même locuteur, d’un axe
horizontal, et dans la situation des variétés sociolectales, d’un axe
vertical, leur trait commun étant l’existence du contact et de
l’hétérogénéité. Ces deux axes, horizontal et vertical, aboutissent,
chacunàleurmanière,àunterritoiremétissé.
0.1.ȱEtablissementȱduȱcorpusȱ
L’espace littéraire de Panait Istrati et de ses œuvres forme,
comme nous l’avons déjà annoncé, notre corpus. Cet écrivain fait
partiedeceuxquisontancrésdansdeuxterritoires(celuid’origine–
le roumain, et celui d’adoption – le français), deux langues, deux
cultures, deux axes temporels, deux espaces géographiques, etc.
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«palimpsestique» qui transparaît dans les œuvres des écrivains
migrants.Cesont,danslaplupartdescas,desécrivainsd’entredeux
langues, comme l’est Panaït Istrati (18841935), écrivain roumain
d’expressionfrançaise très apprécié par le public français de l’entre
deuxguerres.
Le discoursȱ littéraire sur lequel se focalise notre attention est
envisagécommeuninterdiscours,commeuneformecontextualisée
(Charaudeau&Maingueneau,2002:189).Nosoutilsd’analysesont
les concepts de l’analyse du discours «exportésvers des corpus
nouveaux»(Amossy&Maingueneau,2003:préface),etcesconcepts
prennentsensdanslecadredelalinguistiquedel’énonciation.
Notre apport à l’étude de ces interpénétrations consiste
premièrement à souligner le fonctionnement de quelques
démarcations dans le champ théorique et deuxièmement à étudier
un même phénomène (lemétissageȱmontré) dansuncorpus de récits
dePanaïtIstrati.
L’idée de base est d’opérer deux distinctionsau sein des
phénomènesd’hétérogénéité:uneconcernantlecontactdedeuxou
plusieurslanguesdanslespratiqueslangagièresdumêmelocuteur,
l’autre prend en compte les variétés sociolectales à l’intérieur de la
langue. Inspirée par Rohan (2003: 411420) nous parlons, dans la
situation de langues en contact chez le même locuteur, d’un axe
horizontal, et dans la situation des variétés sociolectales, d’un axe
vertical, leur trait commun étant l’existence du contact et de
l’hétérogénéité. Ces deux axes, horizontal et vertical, aboutissent,
chacunàleurmanière,àunterritoiremétissé.
0.1.ȱEtablissementȱduȱcorpusȱ
L’espace littéraire de Panait Istrati et de ses œuvres forme,
comme nous l’avons déjà annoncé, notre corpus. Cet écrivain fait
partiedeceuxquisontancrésdansdeuxterritoires(celuid’origine–
le roumain, et celui d’adoption – le français), deux langues, deux
cultures, deux axes temporels, deux espaces géographiques, etc.
128
«palimpsestique» qui transparaît dans les œuvres des écrivains
migrants.Cesont,danslaplupartdescas,desécrivainsd’entredeux
langues, comme l’est Panaït Istrati (18841935), écrivain roumain
d’expressionfrançaise très apprécié par le public français de l’entre
deuxguerres.
Le discoursȱ littéraire sur lequel se focalise notre attention est
envisagécommeuninterdiscours,commeuneformecontextualisée
(Charaudeau&Maingueneau,2002:189).Nosoutilsd’analysesont
les concepts de l’analyse du discours «exportésvers des corpus
nouveaux»(Amossy&Maingueneau,2003:préface),etcesconcepts
prennentsensdanslecadredelalinguistiquedel’énonciation.
Notre apport à l’étude de ces interpénétrations consiste
premièrement à souligner le fonctionnement de quelques
démarcations dans le champ théorique et deuxièmement à étudier
un même phénomène (lemétissageȱmontré) dansuncorpus de récits
dePanaïtIstrati.
L’idée de base est d’opérer deux distinctionsau sein des
phénomènesd’hétérogénéité:uneconcernantlecontactdedeuxou
plusieurslanguesdanslespratiqueslangagièresdumêmelocuteur,
l’autre prend en compte les variétés sociolectales à l’intérieur de la
langue. Inspirée par Rohan (2003: 411420) nous parlons, dans la
situation de langues en contact chez le même locuteur, d’un axe
horizontal, et dans la situation des variétés sociolectales, d’un axe
vertical, leur trait commun étant l’existence du contact et de
l’hétérogénéité. Ces deux axes, horizontal et vertical, aboutissent,
chacunàleurmanière,àunterritoiremétissé.
0.1.ȱEtablissementȱduȱcorpusȱ
L’espace littéraire de Panait Istrati et de ses œuvres forme,
comme nous l’avons déjà annoncé, notre corpus. Cet écrivain fait
partiedeceuxquisontancrésdansdeuxterritoires(celuid’origine–
le roumain, et celui d’adoption – le français), deux langues, deux
cultures, deux axes temporels, deux espaces géographiques, etc.
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Après avoir débuté en roumain, Istrati devint ensuite un écrivain
français,consacréparKyraȬKyralina(publiéchezRieder,en1924),un
recueilderécitsqueRomainRollandappréciaitbeaucoup,commeil
ledéclaredanslapréfacedel’œuvre.
Pour Panaït Istrati, autodidacte, âme rêveuse et vagabonde,
aimant la terre et l’humanité toute entière, la France estle paysde
ses rêves, auquel il aspire profondément depuis son adolescence:
«c’est encore le seul pays au monde, à l’heure actuelle, qui permet
qu’on lui dise toutes les vérités»(1997a: 405), déclaretil en 1930.
Mais, une fois arrivé et installé en France, après le contact avec la
réalité,l’enthousiasmediminue:
Après avoir débuté en roumain, Istrati devint ensuite un écrivain
français,consacréparKyraȬKyralina(publiéchezRieder,en1924),un
recueilderécitsqueRomainRollandappréciaitbeaucoup,commeil
ledéclaredanslapréfacedel’œuvre.
Pour Panaït Istrati, autodidacte, âme rêveuse et vagabonde,
aimant la terre et l’humanité toute entière, la France estle paysde
ses rêves, auquel il aspire profondément depuis son adolescence:
«c’est encore le seul pays au monde, à l’heure actuelle, qui permet
qu’on lui dise toutes les vérités»(1997a: 405), déclaretil en 1930.
Mais, une fois arrivé et installé en France, après le contact avec la
réalité,l’enthousiasmediminue:
Ilȱ m’arriveraȱ aussiȱ deȱ direȱ àȱ maȱ «ȱpatrieȱ d’adoptionȱ»ȱ elleȬmêmeȱ lesȱ véritésȱ
queȱ jeȱ disȱ àȱ toutesȱ lesȱ «ȱpatriesȱ»ȱ quiȱ tuentȱ lesȱ hommes.ȱ Laȱ Franceȱ doitȱ lesȱ
accepterȱetȱenȱfaireȱsonȱprofit(1997a:405).
Ilȱ m’arriveraȱ aussiȱ deȱ direȱ àȱ maȱ «ȱpatrieȱ d’adoptionȱ»ȱ elleȬmêmeȱ lesȱ véritésȱ
queȱ jeȱ disȱ àȱ toutesȱ lesȱ «ȱpatriesȱ»ȱ quiȱ tuentȱ lesȱ hommes.ȱ Laȱ Franceȱ doitȱ lesȱ
accepterȱetȱenȱfaireȱsonȱprofit(1997a:405).
0.2.ȱLaȱsimultanéitéȱplurilinguistiqueȱȱ
Tous les écrivains d’entre deux langues vivent dans une
simultanéitéplurilinguistiquequise manifesteà différents niveaux,
et qui a été mise en évidence notamment par Abdelkebir Katibi
(1983, cité par Lebrun & Collès, 2007), par Clément Moisant et
RenateHildebrand(2001,préface),parAnneRosineDelbart(2005)et
parMoniqueLebrunetLucCollès.Lasituationlinguistiqued’Istrati,
quiestlefondementdesacréationlittéraire,aétéremarquée,parmi
d’autres, par Monique JutrinKlener (1970: 228) et par G.M.Pintea
(1975),ladernièreayantétudiél’organisationdesœuvresd’Istratide
1924 à 1925 pour attirer l’attention sur ses publications simultanées
enfrançaisetenroumain.
La liaison entre «texte» et «contexte» n’est pas nouvelle,
plusieurs ouvrages actuels en discernent les axes (entre autres,
Amossy & Maingueneau, 2001, Maingueneau, 2003, le volume
collectifDiscoursȱetȱécritureȱdansȱlesȱsociétésȱenȱmutation,2007,etc.)
ȱ
ȱ
0.2.ȱLaȱsimultanéitéȱplurilinguistiqueȱȱ
Tous les écrivains d’entre deux langues vivent dans une
simultanéitéplurilinguistiquequise manifesteà différents niveaux,
et qui a été mise en évidence notamment par Abdelkebir Katibi
(1983, cité par Lebrun & Collès, 2007), par Clément Moisant et
RenateHildebrand(2001,préface),parAnneRosineDelbart(2005)et
parMoniqueLebrunetLucCollès.Lasituationlinguistiqued’Istrati,
quiestlefondementdesacréationlittéraire,aétéremarquée,parmi
d’autres, par Monique JutrinKlener (1970: 228) et par G.M.Pintea
(1975),ladernièreayantétudiél’organisationdesœuvresd’Istratide
1924 à 1925 pour attirer l’attention sur ses publications simultanées
enfrançaisetenroumain.
La liaison entre «texte» et «contexte» n’est pas nouvelle,
plusieurs ouvrages actuels en discernent les axes (entre autres,
Amossy & Maingueneau, 2001, Maingueneau, 2003, le volume
collectifDiscoursȱetȱécritureȱdansȱlesȱsociétésȱenȱmutation,2007,etc.)
ȱ
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Après avoir débuté en roumain, Istrati devint ensuite un écrivain
français,consacréparKyraȬKyralina(publiéchezRieder,en1924),un
recueilderécitsqueRomainRollandappréciaitbeaucoup,commeil
ledéclaredanslapréfacedel’œuvre.
Pour Panaït Istrati, autodidacte, âme rêveuse et vagabonde,
aimant la terre et l’humanité toute entière, la France estle paysde
ses rêves, auquel il aspire profondément depuis son adolescence:
«c’est encore le seul pays au monde, à l’heure actuelle, qui permet
qu’on lui dise toutes les vérités»(1997a: 405), déclaretil en 1930.
Mais, une fois arrivé et installé en France, après le contact avec la
réalité,l’enthousiasmediminue:
Après avoir débuté en roumain, Istrati devint ensuite un écrivain
français,consacréparKyraȬKyralina(publiéchezRieder,en1924),un
recueilderécitsqueRomainRollandappréciaitbeaucoup,commeil
ledéclaredanslapréfacedel’œuvre.
Pour Panaït Istrati, autodidacte, âme rêveuse et vagabonde,
aimant la terre et l’humanité toute entière, la France estle paysde
ses rêves, auquel il aspire profondément depuis son adolescence:
«c’est encore le seul pays au monde, à l’heure actuelle, qui permet
qu’on lui dise toutes les vérités»(1997a: 405), déclaretil en 1930.
Mais, une fois arrivé et installé en France, après le contact avec la
réalité,l’enthousiasmediminue:
Ilȱ m’arriveraȱ aussiȱ deȱ direȱ àȱ maȱ «ȱpatrieȱ d’adoptionȱ»ȱ elleȬmêmeȱ lesȱ véritésȱ
queȱ jeȱ disȱ àȱ toutesȱ lesȱ «ȱpatriesȱ»ȱ quiȱ tuentȱ lesȱ hommes.ȱ Laȱ Franceȱ doitȱ lesȱ
accepterȱetȱenȱfaireȱsonȱprofit(1997a:405).
Ilȱ m’arriveraȱ aussiȱ deȱ direȱ àȱ maȱ «ȱpatrieȱ d’adoptionȱ»ȱ elleȬmêmeȱ lesȱ véritésȱ
queȱ jeȱ disȱ àȱ toutesȱ lesȱ «ȱpatriesȱ»ȱ quiȱ tuentȱ lesȱ hommes.ȱ Laȱ Franceȱ doitȱ lesȱ
accepterȱetȱenȱfaireȱsonȱprofit(1997a:405).
0.2.ȱLaȱsimultanéitéȱplurilinguistiqueȱȱ
Tous les écrivains d’entre deux langues vivent dans une
simultanéitéplurilinguistiquequise manifesteà différents niveaux,
et qui a été mise en évidence notamment par Abdelkebir Katibi
(1983, cité par Lebrun & Collès, 2007), par Clément Moisant et
RenateHildebrand(2001,préface),parAnneRosineDelbart(2005)et
parMoniqueLebrunetLucCollès.Lasituationlinguistiqued’Istrati,
quiestlefondementdesacréationlittéraire,aétéremarquée,parmi
d’autres, par Monique JutrinKlener (1970: 228) et par G.M.Pintea
(1975),ladernièreayantétudiél’organisationdesœuvresd’Istratide
1924 à 1925 pour attirer l’attention sur ses publications simultanées
enfrançaisetenroumain.
La liaison entre «texte» et «contexte» n’est pas nouvelle,
plusieurs ouvrages actuels en discernent les axes (entre autres,
Amossy & Maingueneau, 2001, Maingueneau, 2003, le volume
collectifDiscoursȱetȱécritureȱdansȱlesȱsociétésȱenȱmutation,2007,etc.)
ȱ
ȱ
0.2.ȱLaȱsimultanéitéȱplurilinguistiqueȱȱ
Tous les écrivains d’entre deux langues vivent dans une
simultanéitéplurilinguistiquequise manifesteà différents niveaux,
et qui a été mise en évidence notamment par Abdelkebir Katibi
(1983, cité par Lebrun & Collès, 2007), par Clément Moisant et
RenateHildebrand(2001,préface),parAnneRosineDelbart(2005)et
parMoniqueLebrunetLucCollès.Lasituationlinguistiqued’Istrati,
quiestlefondementdesacréationlittéraire,aétéremarquée,parmi
d’autres, par Monique JutrinKlener (1970: 228) et par G.M.Pintea
(1975),ladernièreayantétudiél’organisationdesœuvresd’Istratide
1924 à 1925 pour attirer l’attention sur ses publications simultanées
enfrançaisetenroumain.
La liaison entre «texte» et «contexte» n’est pas nouvelle,
plusieurs ouvrages actuels en discernent les axes (entre autres,
Amossy & Maingueneau, 2001, Maingueneau, 2003, le volume
collectifDiscoursȱetȱécritureȱdansȱlesȱsociétésȱenȱmutation,2007,etc.)
ȱ
ȱ
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0.3.ȱLangueȱ/ȱinterlangueȱdeȱl’œuvreȱȱ
Enfait,PanaïtIstratin’écritnienroumain,nienfrançais,ni
en grec: il écrit dans un espace langagier d’interpénétrations que
nous considérons comme un espace de métissageȱ linguistique et qui
formelesupportdenotredémarched’analyse.Lecodedel’œuvrese
constitue dans une zone d’interactions; comme le souligne
DominiqueMaingueneau(1993:104),«l’écrivainn’estpasconfronté
à la langue, mais à une interaction de langues et d’usages», à ce
qu’on appelleune «interlangue» définie comme le résultat des
relations «dans une conjoncture donnée, entre les variétés de la
mêmelangue,maisaussientrecettelangueetlesautres,passéesou
contemporaines» (ibid.). Cette interlangue est la résultante des
interpénétrations,c’estunelanguemétissée,quisecaractériseparun
codelangagierfortementindividualiséparchaqueécrivain.
0.3.ȱLangueȱ/ȱinterlangueȱdeȱl’œuvreȱȱ
Enfait,PanaïtIstratin’écritnienroumain,nienfrançais,ni
en grec: il écrit dans un espace langagier d’interpénétrations que
nous considérons comme un espace de métissageȱ linguistique et qui
formelesupportdenotredémarched’analyse.Lecodedel’œuvrese
constitue dans une zone d’interactions; comme le souligne
DominiqueMaingueneau(1993:104),«l’écrivainn’estpasconfronté
à la langue, mais à une interaction de langues et d’usages», à ce
qu’on appelleune «interlangue» définie comme le résultat des
relations «dans une conjoncture donnée, entre les variétés de la
mêmelangue,maisaussientrecettelangueetlesautres,passéesou
contemporaines» (ibid.). Cette interlangue est la résultante des
interpénétrations,c’estunelanguemétissée,quisecaractériseparun
codelangagierfortementindividualiséparchaqueécrivain.
Nous allons nous intéresser seulement à l’interpénétrationȱ
horizontale, celle des langues en contact dans l’espace textuel, pour
distinguer les faits linguistiques sur lesquels repose le métissage
linguistique, ainsi que les éléments du métissage textuel et
orthographique.
Nous allons nous intéresser seulement à l’interpénétrationȱ
horizontale, celle des langues en contact dans l’espace textuel, pour
distinguer les faits linguistiques sur lesquels repose le métissage
linguistique, ainsi que les éléments du métissage textuel et
orthographique.
Par métissageȱ textuel, nous comprenons les interpénétrations
de plusieurs types d’écritures, ainsi que les phénomènes
interdiscursifs. Quant au métissageȱ orthographique, il se produit
lorsquedesmotsétrangerssubissentunprocessusdetransformation
pour«s’harmoniser»avecletextefrançais.
Par métissageȱ textuel, nous comprenons les interpénétrations
de plusieurs types d’écritures, ainsi que les phénomènes
interdiscursifs. Quant au métissageȱ orthographique, il se produit
lorsquedesmotsétrangerssubissentunprocessusdetransformation
pour«s’harmoniser»avecletextefrançais.
L’interpénétrationhorizontalesemanifesteévidemmentdansla
relationavecles«autreslangues»,cequipeutêtrerepéréauniveau
textuel. Nous appelons ce phénomène métissage montré, en nous
inspirant de Jacqueline AuthierRevuz, qui parle d’hétérogénéitéȱ
montrée, et de Charaudeau et Maingueneau (2002: 177), qui
conçoivent cette hétérogénéité comme la base du dialogismeȱ montré.
Toutcommel’hétérogénéitéȱmontrée,lemétissageȱmontrétémoignedela
polyphonie textuelle, fait partie de l’espace discursif de l’écrivain
énonciateur et est subordonné au dialogisme textuel (au sens
bakhtinien) en tant que «représentations qu’un discours donne en
L’interpénétrationhorizontalesemanifesteévidemmentdansla
relationavecles«autreslangues»,cequipeutêtrerepéréauniveau
textuel. Nous appelons ce phénomène métissage montré, en nous
inspirant de Jacqueline AuthierRevuz, qui parle d’hétérogénéitéȱ
montrée, et de Charaudeau et Maingueneau (2002: 177), qui
conçoivent cette hétérogénéité comme la base du dialogismeȱ montré.
Toutcommel’hétérogénéitéȱmontrée,lemétissageȱmontrétémoignedela
polyphonie textuelle, fait partie de l’espace discursif de l’écrivain
énonciateur et est subordonné au dialogisme textuel (au sens
bakhtinien) en tant que «représentations qu’un discours donne en
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0.3.ȱLangueȱ/ȱinterlangueȱdeȱl’œuvreȱȱ
Enfait,PanaïtIstratin’écritnienroumain,nienfrançais,ni
en grec: il écrit dans un espace langagier d’interpénétrations que
nous considérons comme un espace de métissageȱ linguistique et qui
formelesupportdenotredémarched’analyse.Lecodedel’œuvrese
constitue dans une zone d’interactions; comme le souligne
DominiqueMaingueneau(1993:104),«l’écrivainn’estpasconfronté
à la langue, mais à une interaction de langues et d’usages», à ce
qu’on appelleune «interlangue» définie comme le résultat des
relations «dans une conjoncture donnée, entre les variétés de la
mêmelangue,maisaussientrecettelangueetlesautres,passéesou
contemporaines» (ibid.). Cette interlangue est la résultante des
interpénétrations,c’estunelanguemétissée,quisecaractériseparun
codelangagierfortementindividualiséparchaqueécrivain.
0.3.ȱLangueȱ/ȱinterlangueȱdeȱl’œuvreȱȱ
Enfait,PanaïtIstratin’écritnienroumain,nienfrançais,ni
en grec: il écrit dans un espace langagier d’interpénétrations que
nous considérons comme un espace de métissageȱ linguistique et qui
formelesupportdenotredémarched’analyse.Lecodedel’œuvrese
constitue dans une zone d’interactions; comme le souligne
DominiqueMaingueneau(1993:104),«l’écrivainn’estpasconfronté
à la langue, mais à une interaction de langues et d’usages», à ce
qu’on appelleune «interlangue» définie comme le résultat des
relations «dans une conjoncture donnée, entre les variétés de la
mêmelangue,maisaussientrecettelangueetlesautres,passéesou
contemporaines» (ibid.). Cette interlangue est la résultante des
interpénétrations,c’estunelanguemétissée,quisecaractériseparun
codelangagierfortementindividualiséparchaqueécrivain.
Nous allons nous intéresser seulement à l’interpénétrationȱ
horizontale, celle des langues en contact dans l’espace textuel, pour
distinguer les faits linguistiques sur lesquels repose le métissage
linguistique, ainsi que les éléments du métissage textuel et
orthographique.
Nous allons nous intéresser seulement à l’interpénétrationȱ
horizontale, celle des langues en contact dans l’espace textuel, pour
distinguer les faits linguistiques sur lesquels repose le métissage
linguistique, ainsi que les éléments du métissage textuel et
orthographique.
Par métissageȱ textuel, nous comprenons les interpénétrations
de plusieurs types d’écritures, ainsi que les phénomènes
interdiscursifs. Quant au métissageȱ orthographique, il se produit
lorsquedesmotsétrangerssubissentunprocessusdetransformation
pour«s’harmoniser»avecletextefrançais.
Par métissageȱ textuel, nous comprenons les interpénétrations
de plusieurs types d’écritures, ainsi que les phénomènes
interdiscursifs. Quant au métissageȱ orthographique, il se produit
lorsquedesmotsétrangerssubissentunprocessusdetransformation
pour«s’harmoniser»avecletextefrançais.
L’interpénétrationhorizontalesemanifesteévidemmentdansla
relationavecles«autreslangues»,cequipeutêtrerepéréauniveau
textuel. Nous appelons ce phénomène métissage montré, en nous
inspirant de Jacqueline AuthierRevuz, qui parle d’hétérogénéitéȱ
montrée, et de Charaudeau et Maingueneau (2002: 177), qui
conçoivent cette hétérogénéité comme la base du dialogismeȱ montré.
Toutcommel’hétérogénéitéȱmontrée,lemétissageȱmontrétémoignedela
polyphonie textuelle, fait partie de l’espace discursif de l’écrivain
énonciateur et est subordonné au dialogisme textuel (au sens
bakhtinien) en tant que «représentations qu’un discours donne en
L’interpénétrationhorizontalesemanifesteévidemmentdansla
relationavecles«autreslangues»,cequipeutêtrerepéréauniveau
textuel. Nous appelons ce phénomène métissage montré, en nous
inspirant de Jacqueline AuthierRevuz, qui parle d’hétérogénéitéȱ
montrée, et de Charaudeau et Maingueneau (2002: 177), qui
conçoivent cette hétérogénéité comme la base du dialogismeȱ montré.
Toutcommel’hétérogénéitéȱmontrée,lemétissageȱmontrétémoignedela
polyphonie textuelle, fait partie de l’espace discursif de l’écrivain
énonciateur et est subordonné au dialogisme textuel (au sens
bakhtinien) en tant que «représentations qu’un discours donne en
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luimême de son rapport à l’autre, de la place qu’il lui fait,
explicitement,endésignantdanslachaîne,aumoyend’unensemble
de marques linguistiques, des points d’hétérogénéité» (Authier
Revuz1985:118,citéeparCharaudeau&Maingueneau,2002:177).
ȱ
1.ȱLEȱMÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱMONTRÉȱ
Panaït Istrati pose le problème de l’interlangue de l’œuvre
dans l’autotraduction Oncleȱ AnghelȬMosȱ Anghel: «Ici, je parle dans
ma langue!», ditil dans la préface de la version roumaine. Mais
même s’il soutient mordicus que la langue de son récit en roumain
est sa langue, il ne dit pas toute la vérité. Sa langue, ce roumain de
l’œuvre, n’est pas sa langue maternelle, car il s’en écarte
considérablement. L’inventaire langagier de son œuvre est
complexe,unvéritablemélangedeplusieurscodes.
luimême de son rapport à l’autre, de la place qu’il lui fait,
explicitement,endésignantdanslachaîne,aumoyend’unensemble
de marques linguistiques, des points d’hétérogénéité» (Authier
Revuz1985:118,citéeparCharaudeau&Maingueneau,2002:177).
ȱ
1.ȱLEȱMÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱMONTRÉȱ
Panaït Istrati pose le problème de l’interlangue de l’œuvre
dans l’autotraduction Oncleȱ AnghelȬMosȱ Anghel: «Ici, je parle dans
ma langue!», ditil dans la préface de la version roumaine. Mais
même s’il soutient mordicus que la langue de son récit en roumain
est sa langue, il ne dit pas toute la vérité. Sa langue, ce roumain de
l’œuvre, n’est pas sa langue maternelle, car il s’en écarte
considérablement. L’inventaire langagier de son œuvre est
complexe,unvéritablemélangedeplusieurscodes.
Par exemple, il glisse dans le texte français un seul mot
étranger:
Par exemple, il glisse dans le texte français un seul mot
étranger:
«dans le codrou», (1983: 69), «joupîneassa» (1983:53), «razèche»
(1983:186),«oka»(1983:184),etc.,
«dans le codrou», (1983: 69), «joupîneassa» (1983:53), «razèche»
(1983:186),«oka»(1983:184),etc.,
oubienunsyntagme:
oubienunsyntagme:
«danslastradaSfintsilor»(1984:194),ȱȱ
«danslastradaSfintsilor»(1984:194),ȱȱ
ouencoreunephrase:
ouencoreunephrase:
«ȱAléȱ!ȱTaȱsitiria,ȱpédia!»(Allons!Lesbillets,enfants)(1997b:359).
«ȱAléȱ!ȱTaȱsitiria,ȱpédia!»(Allons!Lesbillets,enfants)(1997b:359).
Unbrefregardsurcetypedephénomènesnousfaitobserver
avecD.Maingueneauque
Unbrefregardsurcetypedephénomènesnousfaitobserver
avecD.Maingueneauque
chaqueȱ œuvre,ȱ chaqueȱ genreȱ définitȱ sonȱ identitéȱ parȱ saȱ manièreȱ deȱ gérerȱ laȱ
transtextualitéȱ etȱ c’estȱ surȱ ceȱ travailȱ différenciateurȱ qu’ilȱ convientȱ deȱ
concentrerȱsonȱattention(2001:23).
chaqueȱ œuvre,ȱ chaqueȱ genreȱ définitȱ sonȱ identitéȱ parȱ saȱ manièreȱ deȱ gérerȱ laȱ
transtextualitéȱ etȱ c’estȱ surȱ ceȱ travailȱ différenciateurȱ qu’ilȱ convientȱ deȱ
concentrerȱsonȱattention(2001:23).
L’identité de la création de Panaït Istrati correspond, entre
autres, à des schémas discursifs par lesquels il constitue une
L’identité de la création de Panaït Istrati correspond, entre
autres, à des schémas discursifs par lesquels il constitue une
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luimême de son rapport à l’autre, de la place qu’il lui fait,
explicitement,endésignantdanslachaîne,aumoyend’unensemble
de marques linguistiques, des points d’hétérogénéité» (Authier
Revuz1985:118,citéeparCharaudeau&Maingueneau,2002:177).
ȱ
1.ȱLEȱMÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱMONTRÉȱ
Panaït Istrati pose le problème de l’interlangue de l’œuvre
dans l’autotraduction Oncleȱ AnghelȬMosȱ Anghel: «Ici, je parle dans
ma langue!», ditil dans la préface de la version roumaine. Mais
même s’il soutient mordicus que la langue de son récit en roumain
est sa langue, il ne dit pas toute la vérité. Sa langue, ce roumain de
l’œuvre, n’est pas sa langue maternelle, car il s’en écarte
considérablement. L’inventaire langagier de son œuvre est
complexe,unvéritablemélangedeplusieurscodes.
luimême de son rapport à l’autre, de la place qu’il lui fait,
explicitement,endésignantdanslachaîne,aumoyend’unensemble
de marques linguistiques, des points d’hétérogénéité» (Authier
Revuz1985:118,citéeparCharaudeau&Maingueneau,2002:177).
ȱ
1.ȱLEȱMÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱMONTRÉȱ
Panaït Istrati pose le problème de l’interlangue de l’œuvre
dans l’autotraduction Oncleȱ AnghelȬMosȱ Anghel: «Ici, je parle dans
ma langue!», ditil dans la préface de la version roumaine. Mais
même s’il soutient mordicus que la langue de son récit en roumain
est sa langue, il ne dit pas toute la vérité. Sa langue, ce roumain de
l’œuvre, n’est pas sa langue maternelle, car il s’en écarte
considérablement. L’inventaire langagier de son œuvre est
complexe,unvéritablemélangedeplusieurscodes.
Par exemple, il glisse dans le texte français un seul mot
étranger:
Par exemple, il glisse dans le texte français un seul mot
étranger:
«dans le codrou», (1983: 69), «joupîneassa» (1983:53), «razèche»
(1983:186),«oka»(1983:184),etc.,
«dans le codrou», (1983: 69), «joupîneassa» (1983:53), «razèche»
(1983:186),«oka»(1983:184),etc.,
oubienunsyntagme:
oubienunsyntagme:
«danslastradaSfintsilor»(1984:194),ȱȱ
«danslastradaSfintsilor»(1984:194),ȱȱ
ouencoreunephrase:
ouencoreunephrase:
«ȱAléȱ!ȱTaȱsitiria,ȱpédia!»(Allons!Lesbillets,enfants)(1997b:359).
«ȱAléȱ!ȱTaȱsitiria,ȱpédia!»(Allons!Lesbillets,enfants)(1997b:359).
Unbrefregardsurcetypedephénomènesnousfaitobserver
avecD.Maingueneauque
Unbrefregardsurcetypedephénomènesnousfaitobserver
avecD.Maingueneauque
chaqueȱ œuvre,ȱ chaqueȱ genreȱ définitȱ sonȱ identitéȱ parȱ saȱ manièreȱ deȱ gérerȱ laȱ
transtextualitéȱ etȱ c’estȱ surȱ ceȱ travailȱ différenciateurȱ qu’ilȱ convientȱ deȱ
concentrerȱsonȱattention(2001:23).
chaqueȱ œuvre,ȱ chaqueȱ genreȱ définitȱ sonȱ identitéȱ parȱ saȱ manièreȱ deȱ gérerȱ laȱ
transtextualitéȱ etȱ c’estȱ surȱ ceȱ travailȱ différenciateurȱ qu’ilȱ convientȱ deȱ
concentrerȱsonȱattention(2001:23).
L’identité de la création de Panaït Istrati correspond, entre
autres, à des schémas discursifs par lesquels il constitue une
L’identité de la création de Panaït Istrati correspond, entre
autres, à des schémas discursifs par lesquels il constitue une
131
131
interlangue et contrôle la transcendance textuelle, dans le sens que
G.Genette(1982:7)donneàcephénomène.
interlangue et contrôle la transcendance textuelle, dans le sens que
G.Genette(1982:7)donneàcephénomène.
L’expérience de l’écrivain l’amène à mettre au point une
forme de métissage linguistique adaptée à ce qu’il se propose de
faire, à savoir «présenter à ses contemporains une fresque réaliste,
sans recourir au “document illustré”» (préface à Laȱ Maisonȱ
Thüringer:31).
L’expérience de l’écrivain l’amène à mettre au point une
forme de métissage linguistique adaptée à ce qu’il se propose de
faire, à savoir «présenter à ses contemporains une fresque réaliste,
sans recourir au “document illustré”» (préface à Laȱ Maisonȱ
Thüringer:31).
Uninventaireréalisésurlestextesdesespremiersvolumes
élaborés en 1924 a permis de relever 72 mots étrangers dans Kyraȱ
Kyralinaȱ et 52 dans Oncle Anghel. Le phénomène de métissage
linguistiqueestdoncassezfréquent,etils’agitbiendecequenous
appelons «métissage montré», le caractère «montré» étant attesté
partouteunesériedemécanismes.L’interpénétrationestlocalisable,
marquéepartroissortesdeprocédés:
(1)desguillemets:
Uninventaireréalisésurlestextesdesespremiersvolumes
élaborés en 1924 a permis de relever 72 mots étrangers dans Kyraȱ
Kyralinaȱ et 52 dans Oncle Anghel. Le phénomène de métissage
linguistiqueestdoncassezfréquent,etils’agitbiendecequenous
appelons «métissage montré», le caractère «montré» étant attesté
partouteunesériedemécanismes.L’interpénétrationestlocalisable,
marquéepartroissortesdeprocédés:
(1)desguillemets:
Ilȱbonditȱavecȱlaȱlégèretéȱd’uneȱgazelle,ȱet,ȱquelquesȱminutesȱplusȱtard,ȱservitȱ
devantȱIsaac,ȱaccroupiȱàȱl’orientale,ȱunȱplatȱdeȱȈfoulȈȱ(fèveȱcuite,ȱàȱl’huileȱetȱ
auȱ citron)ȱ;ȱ duȱ painȱ platȱ etȱ deȱ l’eau (1997a: 291292); «dégusterȱ unȱ
morceauȱdeȱȈpastramaȈȱd’oie»(1997a:248).
Ilȱbonditȱavecȱlaȱlégèretéȱd’uneȱgazelle,ȱet,ȱquelquesȱminutesȱplusȱtard,ȱservitȱ
devantȱIsaac,ȱaccroupiȱàȱl’orientale,ȱunȱplatȱdeȱȈfoulȈȱ(fèveȱcuite,ȱàȱl’huileȱetȱ
auȱ citron)ȱ;ȱ duȱ painȱ platȱ etȱ deȱ l’eau (1997a: 291292); «dégusterȱ unȱ
morceauȱdeȱȈpastramaȈȱd’oie»(1997a:248).
Ces guillemets peuvent apparaître en combinaison avec
d’autresmarques,commedansl’exemplesuivant:
Ces guillemets peuvent apparaître en combinaison avec
d’autresmarques,commedansl’exemplesuivant:
«Le “bœuf du marais“ – booulȱ baltsiȱ – est un insecte noir, de forme
ovale et de la grosseur d’une noix moyenne. Il n’a pas d’antennes»
(1997a:214);
«Le “bœuf du marais“ – booulȱ baltsiȱ – est un insecte noir, de forme
ovale et de la grosseur d’une noix moyenne. Il n’a pas d’antennes»
(1997a:214);
(2)descaractèrestypographiques(lesitaliques):
(2)descaractèrestypographiques(lesitaliques):
«Aureste,onn’aqu’àregarderlatenuedecefrère,pourêtrefixésde
la tête aux pieds, il est comme si toute sa vie se fût passée dans un
poubelle,àlevoiraffublédecettecaciulacriblée,quilaissepasserles
mèches coléreuses de son abondante chevelure; de cet ibirbok en
lambeaux, qui tient a peine sur son buste; de ces nadragi aux
132
«Aureste,onn’aqu’àregarderlatenuedecefrère,pourêtrefixésde
la tête aux pieds, il est comme si toute sa vie se fût passée dans un
poubelle,àlevoiraffublédecettecaciulacriblée,quilaissepasserles
mèches coléreuses de son abondante chevelure; de cet ibirbok en
lambeaux, qui tient a peine sur son buste; de ces nadragi aux
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interlangue et contrôle la transcendance textuelle, dans le sens que
G.Genette(1982:7)donneàcephénomène.
interlangue et contrôle la transcendance textuelle, dans le sens que
G.Genette(1982:7)donneàcephénomène.
L’expérience de l’écrivain l’amène à mettre au point une
forme de métissage linguistique adaptée à ce qu’il se propose de
faire, à savoir «présenter à ses contemporains une fresque réaliste,
sans recourir au “document illustré”» (préface à Laȱ Maisonȱ
Thüringer:31).
L’expérience de l’écrivain l’amène à mettre au point une
forme de métissage linguistique adaptée à ce qu’il se propose de
faire, à savoir «présenter à ses contemporains une fresque réaliste,
sans recourir au “document illustré”» (préface à Laȱ Maisonȱ
Thüringer:31).
Uninventaireréalisésurlestextesdesespremiersvolumes
élaborés en 1924 a permis de relever 72 mots étrangers dans Kyraȱ
Kyralinaȱ et 52 dans Oncle Anghel. Le phénomène de métissage
linguistiqueestdoncassezfréquent,etils’agitbiendecequenous
appelons «métissage montré», le caractère «montré» étant attesté
partouteunesériedemécanismes.L’interpénétrationestlocalisable,
marquéepartroissortesdeprocédés:
(1)desguillemets:
Uninventaireréalisésurlestextesdesespremiersvolumes
élaborés en 1924 a permis de relever 72 mots étrangers dans Kyraȱ
Kyralinaȱ et 52 dans Oncle Anghel. Le phénomène de métissage
linguistiqueestdoncassezfréquent,etils’agitbiendecequenous
appelons «métissage montré», le caractère «montré» étant attesté
partouteunesériedemécanismes.L’interpénétrationestlocalisable,
marquéepartroissortesdeprocédés:
(1)desguillemets:
Ilȱbonditȱavecȱlaȱlégèretéȱd’uneȱgazelle,ȱet,ȱquelquesȱminutesȱplusȱtard,ȱservitȱ
devantȱIsaac,ȱaccroupiȱàȱl’orientale,ȱunȱplatȱdeȱȈfoulȈȱ(fèveȱcuite,ȱàȱl’huileȱetȱ
auȱ citron)ȱ;ȱ duȱ painȱ platȱ etȱ deȱ l’eau (1997a: 291292); «dégusterȱ unȱ
morceauȱdeȱȈpastramaȈȱd’oie»(1997a:248).
Ilȱbonditȱavecȱlaȱlégèretéȱd’uneȱgazelle,ȱet,ȱquelquesȱminutesȱplusȱtard,ȱservitȱ
devantȱIsaac,ȱaccroupiȱàȱl’orientale,ȱunȱplatȱdeȱȈfoulȈȱ(fèveȱcuite,ȱàȱl’huileȱetȱ
auȱ citron)ȱ;ȱ duȱ painȱ platȱ etȱ deȱ l’eau (1997a: 291292); «dégusterȱ unȱ
morceauȱdeȱȈpastramaȈȱd’oie»(1997a:248).
Ces guillemets peuvent apparaître en combinaison avec
d’autresmarques,commedansl’exemplesuivant:
Ces guillemets peuvent apparaître en combinaison avec
d’autresmarques,commedansl’exemplesuivant:
«Le “bœuf du marais“ – booulȱ baltsiȱ – est un insecte noir, de forme
ovale et de la grosseur d’une noix moyenne. Il n’a pas d’antennes»
(1997a:214);
«Le “bœuf du marais“ – booulȱ baltsiȱ – est un insecte noir, de forme
ovale et de la grosseur d’une noix moyenne. Il n’a pas d’antennes»
(1997a:214);
(2)descaractèrestypographiques(lesitaliques):
(2)descaractèrestypographiques(lesitaliques):
«Aureste,onn’aqu’àregarderlatenuedecefrère,pourêtrefixésde
la tête aux pieds, il est comme si toute sa vie se fût passée dans un
poubelle,àlevoiraffublédecettecaciulacriblée,quilaissepasserles
mèches coléreuses de son abondante chevelure; de cet ibirbok en
lambeaux, qui tient a peine sur son buste; de ces nadragi aux
132
«Aureste,onn’aqu’àregarderlatenuedecefrère,pourêtrefixésde
la tête aux pieds, il est comme si toute sa vie se fût passée dans un
poubelle,àlevoiraffublédecettecaciulacriblée,quilaissepasserles
mèches coléreuses de son abondante chevelure; de cet ibirbok en
lambeaux, qui tient a peine sur son buste; de ces nadragi aux
132
multiples pièces, aux trous nombreux, offrant le spectacle de ses
cuisses poilues, de ses genoux osseux et de son derrière peu
convenable;decesobiéléquiluifontdesjambespareillesàdestroncs
d’arbre;decesopinci,enfin,quineluiprotègentpluslespieds,parce
qu’ilssonenloques»(1997a:138);
multiples pièces, aux trous nombreux, offrant le spectacle de ses
cuisses poilues, de ses genoux osseux et de son derrière peu
convenable;decesobiéléquiluifontdesjambespareillesàdestroncs
d’arbre;decesopinci,enfin,quineluiprotègentpluslespieds,parce
qu’ilssonenloques»(1997a:138);
(3)desparenthèsesquisoulignentl’insertiondefragmentsmétissés:
(3)desparenthèsesquisoulignentl’insertiondefragmentsmétissés:
«Pauvrecestaretz(leSupérieurdumonastère)»(1984:456);«Il
joueensourdineCiocârlia(L’Alouette)»(1984:475);ȱ«ȱKalostoȱpatrioti
(salut)»(1997a:355);«Kaïmeni(pauvresdenous!)»;«palikaraki
(petitvaillant)»;«matiaȬmou(Mesyeux)»;«patridaȬmouȱ!...patridaȬ
mouȱ!ȱ(mapatrie,mapatrie)»(1997b:357);«tchéaïnerie(maisonde
thé)»(1997b:254);«voitureàuncheval(oughiotch)»(1997b:235);
«covrigi(craquelins)»(1997b:93);«Ah!…cardiamouȱ(moncœur)»
(1997b:93);«Dis,donc,philimou(monami)»(1997b:93);«alvitz
(nougat)»(1997b:102);«Bonrakipourvous,delapartducafedji
d’enbas!Aȱvérésié!(àcrédit).Demainencore…»(1997a:295);«
Malèche!(çanefaitrien)»(1997a:283);
«Pauvrecestaretz(leSupérieurdumonastère)»(1984:456);«Il
joueensourdineCiocârlia(L’Alouette)»(1984:475);ȱ«ȱKalostoȱpatrioti
(salut)»(1997a:355);«Kaïmeni(pauvresdenous!)»;«palikaraki
(petitvaillant)»;«matiaȬmou(Mesyeux)»;«patridaȬmouȱ!...patridaȬ
mouȱ!ȱ(mapatrie,mapatrie)»(1997b:357);«tchéaïnerie(maisonde
thé)»(1997b:254);«voitureàuncheval(oughiotch)»(1997b:235);
«covrigi(craquelins)»(1997b:93);«Ah!…cardiamouȱ(moncœur)»
(1997b:93);«Dis,donc,philimou(monami)»(1997b:93);«alvitz
(nougat)»(1997b:102);«Bonrakipourvous,delapartducafedji
d’enbas!Aȱvérésié!(àcrédit).Demainencore…»(1997a:295);«
Malèche!(çanefaitrien)»(1997a:283);
parfois aussi, des fragments métissés sont insérés sans
parenthèses:«Malèche!Çanefaitrien»(1983:92);
parfois aussi, des fragments métissés sont insérés sans
parenthèses:«Malèche!Çanefaitrien»(1983:92);
(4) des gloses; cellesci, en tant que marques du métissage
linguistique montré, apparaissent non seulement dans le texte
proprement dit, mais aussi dans le paratexte, en l’occurrence, dans
notrecas,dansdesnotesenbasdepage.
1.1.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ
duȱtexteȱȱ
Dans le texte proprement dit, le «métissage montré» est
manifestépardesexplications,desparenthèsesetdesguillemets.
Lesȱexplications sont relativement nombreuses. Elles portent sur les
mots et les constructions considérées trop difficiles à comprendre
pourlepublicfrançaisousurlesmotsétrangersglissésdansletexte.
Vasile Covaci (1979) a analysé le sens de ces mots dans le corpus
(4) des gloses; cellesci, en tant que marques du métissage
linguistique montré, apparaissent non seulement dans le texte
proprement dit, mais aussi dans le paratexte, en l’occurrence, dans
notrecas,dansdesnotesenbasdepage.
1.1.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ
duȱtexteȱȱ
Dans le texte proprement dit, le «métissage montré» est
manifestépardesexplications,desparenthèsesetdesguillemets.
Lesȱexplications sont relativement nombreuses. Elles portent sur les
mots et les constructions considérées trop difficiles à comprendre
pourlepublicfrançaisousurlesmotsétrangersglissésdansletexte.
Vasile Covaci (1979) a analysé le sens de ces mots dans le corpus
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multiples pièces, aux trous nombreux, offrant le spectacle de ses
cuisses poilues, de ses genoux osseux et de son derrière peu
convenable;decesobiéléquiluifontdesjambespareillesàdestroncs
d’arbre;decesopinci,enfin,quineluiprotègentpluslespieds,parce
qu’ilssonenloques»(1997a:138);
multiples pièces, aux trous nombreux, offrant le spectacle de ses
cuisses poilues, de ses genoux osseux et de son derrière peu
convenable;decesobiéléquiluifontdesjambespareillesàdestroncs
d’arbre;decesopinci,enfin,quineluiprotègentpluslespieds,parce
qu’ilssonenloques»(1997a:138);
(3)desparenthèsesquisoulignentl’insertiondefragmentsmétissés:
(3)desparenthèsesquisoulignentl’insertiondefragmentsmétissés:
«Pauvrecestaretz(leSupérieurdumonastère)»(1984:456);«Il
joueensourdineCiocârlia(L’Alouette)»(1984:475);ȱ«ȱKalostoȱpatrioti
(salut)»(1997a:355);«Kaïmeni(pauvresdenous!)»;«palikaraki
(petitvaillant)»;«matiaȬmou(Mesyeux)»;«patridaȬmouȱ!...patridaȬ
mouȱ!ȱ(mapatrie,mapatrie)»(1997b:357);«tchéaïnerie(maisonde
thé)»(1997b:254);«voitureàuncheval(oughiotch)»(1997b:235);
«covrigi(craquelins)»(1997b:93);«Ah!…cardiamouȱ(moncœur)»
(1997b:93);«Dis,donc,philimou(monami)»(1997b:93);«alvitz
(nougat)»(1997b:102);«Bonrakipourvous,delapartducafedji
d’enbas!Aȱvérésié!(àcrédit).Demainencore…»(1997a:295);«
Malèche!(çanefaitrien)»(1997a:283);
«Pauvrecestaretz(leSupérieurdumonastère)»(1984:456);«Il
joueensourdineCiocârlia(L’Alouette)»(1984:475);ȱ«ȱKalostoȱpatrioti
(salut)»(1997a:355);«Kaïmeni(pauvresdenous!)»;«palikaraki
(petitvaillant)»;«matiaȬmou(Mesyeux)»;«patridaȬmouȱ!...patridaȬ
mouȱ!ȱ(mapatrie,mapatrie)»(1997b:357);«tchéaïnerie(maisonde
thé)»(1997b:254);«voitureàuncheval(oughiotch)»(1997b:235);
«covrigi(craquelins)»(1997b:93);«Ah!…cardiamouȱ(moncœur)»
(1997b:93);«Dis,donc,philimou(monami)»(1997b:93);«alvitz
(nougat)»(1997b:102);«Bonrakipourvous,delapartducafedji
d’enbas!Aȱvérésié!(àcrédit).Demainencore…»(1997a:295);«
Malèche!(çanefaitrien)»(1997a:283);
parfois aussi, des fragments métissés sont insérés sans
parenthèses:«Malèche!Çanefaitrien»(1983:92);
parfois aussi, des fragments métissés sont insérés sans
parenthèses:«Malèche!Çanefaitrien»(1983:92);
(4) des gloses; cellesci, en tant que marques du métissage
linguistique montré, apparaissent non seulement dans le texte
proprement dit, mais aussi dans le paratexte, en l’occurrence, dans
notrecas,dansdesnotesenbasdepage.
1.1.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ
duȱtexteȱȱ
Dans le texte proprement dit, le «métissage montré» est
manifestépardesexplications,desparenthèsesetdesguillemets.
Lesȱexplications sont relativement nombreuses. Elles portent sur les
mots et les constructions considérées trop difficiles à comprendre
pourlepublicfrançaisousurlesmotsétrangersglissésdansletexte.
Vasile Covaci (1979) a analysé le sens de ces mots dans le corpus
(4) des gloses; cellesci, en tant que marques du métissage
linguistique montré, apparaissent non seulement dans le texte
proprement dit, mais aussi dans le paratexte, en l’occurrence, dans
notrecas,dansdesnotesenbasdepage.
1.1.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ
duȱtexteȱȱ
Dans le texte proprement dit, le «métissage montré» est
manifestépardesexplications,desparenthèsesetdesguillemets.
Lesȱexplications sont relativement nombreuses. Elles portent sur les
mots et les constructions considérées trop difficiles à comprendre
pourlepublicfrançaisousurlesmotsétrangersglissésdansletexte.
Vasile Covaci (1979) a analysé le sens de ces mots dans le corpus
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formédurécitPrésentationȱdesȱHaïdoucsetilasoulignéqu’ils’agissait
de termes qui ne trouvent pas de correspondants satisfaisants dans
l’espace français parce qu’ils désignent un univers roumain
spécifique.C’estcequ’Istratiluimêmeexplique:
formédurécitPrésentationȱdesȱHaïdoucsetilasoulignéqu’ils’agissait
de termes qui ne trouvent pas de correspondants satisfaisants dans
l’espace français parce qu’ils désignent un univers roumain
spécifique.C’estcequ’Istratiluimêmeexplique:
«Sima Caramfil possédait à Braila de belles acareturi, comme on
comme làbas tout immeuble; mais immeuble ne désigne pas aussi
bienqueacareturitoutcequ’unSimapossédaitàBraila»(1997a:170)
«Sima Caramfil possédait à Braila de belles acareturi, comme on
comme làbas tout immeuble; mais immeuble ne désigne pas aussi
bienqueacareturitoutcequ’unSimapossédaitàBraila»(1997a:170)
Dansletextedel’œuvre,lesexplicationssonthabituellement
introduites par des formules comme onȱ appelle,ȱ appelé,ȱ dite,ȱ ou,ȱ onȱ
nommeȱ:ȱ
Dansletextedel’œuvre,lesexplicationssonthabituellement
introduites par des formules comme onȱ appelle,ȱ appelé,ȱ dite,ȱ ou,ȱ onȱ
nommeȱ:ȱ
«c’étaiteneffetunhanouancienneaubergepopulaire»(1997a:174);
«c’étaiteneffetunhanouancienneaubergepopulaire»(1997a:174);
«Dansuneautremarmite,ilpréparaunesoupesauvage,ouborche,
àl’estourgeon»(1997a:198);
«Dansuneautremarmite,ilpréparaunesoupesauvage,ouborche,
àl’estourgeon»(1997a:198);
«elle n’aimait point qu’on l’appelât mère, mais tzatza» (1983:
200);
«elle n’aimait point qu’on l’appelât mère, mais tzatza» (1983:
200);
«Minnka les servit fumantes, sur deux rondelles de bois dur, qu’on
appellefoundd»(1997a:192).
«Minnka les servit fumantes, sur deux rondelles de bois dur, qu’on
appellefoundd»(1997a:192).
Lelongfragmentquisuitcombinedesexplicationsdemots
roumainsparsemésdansletextefrançaisavecdescommentairesqui
éclaircissent le sens d’expressions roumaines inconnues au public
français:
Lelongfragmentquisuitcombinedesexplicationsdemots
roumainsparsemésdansletextefrançaisavecdescommentairesqui
éclaircissent le sens d’expressions roumaines inconnues au public
français:
«belles nattes qu’on appelle rogogina et de beaux paniers qu’on
nomme cochnitsaȱ […] Les marais, il vaut mieux les appeler par leur
nomdelàbas,quiestjusteetbeau:c’estlabalta.Etlabaltan’estrien
demoinsquelamèrenourricièredupaysandel’Embouchure.Voilà
pourquoi, aux heures de détresse, tous les regards se dirigent vers
elle.C’estégalementàsabaltaquel’hommedupayspenselorsqu’il
proclamelagénérositédesonEmbouchure.Labaltan’estàpersonne.
Nul ne la cultive. Nul n’a le droit de se réclamer d’elle, sinon le
Sereth, son créateur. Elle n’exige aucune surveillance, aucun
ménagement; elle ne craint ni l’homme ni le ciel. Quand on la
dévaste,elleestpareilleauchênequiperdunefeuille.Delàvientle
mot roumain, appliqué aux débats sans issue: «laissons les choses
«belles nattes qu’on appelle rogogina et de beaux paniers qu’on
nomme cochnitsaȱ […] Les marais, il vaut mieux les appeler par leur
nomdelàbas,quiestjusteetbeau:c’estlabalta.Etlabaltan’estrien
demoinsquelamèrenourricièredupaysandel’Embouchure.Voilà
pourquoi, aux heures de détresse, tous les regards se dirigent vers
elle.C’estégalementàsabaltaquel’hommedupayspenselorsqu’il
proclamelagénérositédesonEmbouchure.Labaltan’estàpersonne.
Nul ne la cultive. Nul n’a le droit de se réclamer d’elle, sinon le
Sereth, son créateur. Elle n’exige aucune surveillance, aucun
ménagement; elle ne craint ni l’homme ni le ciel. Quand on la
dévaste,elleestpareilleauchênequiperdunefeuille.Delàvientle
mot roumain, appliqué aux débats sans issue: «laissons les choses
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formédurécitPrésentationȱdesȱHaïdoucsetilasoulignéqu’ils’agissait
de termes qui ne trouvent pas de correspondants satisfaisants dans
l’espace français parce qu’ils désignent un univers roumain
spécifique.C’estcequ’Istratiluimêmeexplique:
formédurécitPrésentationȱdesȱHaïdoucsetilasoulignéqu’ils’agissait
de termes qui ne trouvent pas de correspondants satisfaisants dans
l’espace français parce qu’ils désignent un univers roumain
spécifique.C’estcequ’Istratiluimêmeexplique:
«Sima Caramfil possédait à Braila de belles acareturi, comme on
comme làbas tout immeuble; mais immeuble ne désigne pas aussi
bienqueacareturitoutcequ’unSimapossédaitàBraila»(1997a:170)
«Sima Caramfil possédait à Braila de belles acareturi, comme on
comme làbas tout immeuble; mais immeuble ne désigne pas aussi
bienqueacareturitoutcequ’unSimapossédaitàBraila»(1997a:170)
Dansletextedel’œuvre,lesexplicationssonthabituellement
introduites par des formules comme onȱ appelle,ȱ appelé,ȱ dite,ȱ ou,ȱ onȱ
nommeȱ:ȱ
Dansletextedel’œuvre,lesexplicationssonthabituellement
introduites par des formules comme onȱ appelle,ȱ appelé,ȱ dite,ȱ ou,ȱ onȱ
nommeȱ:ȱ
«c’étaiteneffetunhanouancienneaubergepopulaire»(1997a:174);
«c’étaiteneffetunhanouancienneaubergepopulaire»(1997a:174);
«Dansuneautremarmite,ilpréparaunesoupesauvage,ouborche,
àl’estourgeon»(1997a:198);
«Dansuneautremarmite,ilpréparaunesoupesauvage,ouborche,
àl’estourgeon»(1997a:198);
«elle n’aimait point qu’on l’appelât mère, mais tzatza» (1983:
200);
«elle n’aimait point qu’on l’appelât mère, mais tzatza» (1983:
200);
«Minnka les servit fumantes, sur deux rondelles de bois dur, qu’on
appellefoundd»(1997a:192).
«Minnka les servit fumantes, sur deux rondelles de bois dur, qu’on
appellefoundd»(1997a:192).
Lelongfragmentquisuitcombinedesexplicationsdemots
roumainsparsemésdansletextefrançaisavecdescommentairesqui
éclaircissent le sens d’expressions roumaines inconnues au public
français:
Lelongfragmentquisuitcombinedesexplicationsdemots
roumainsparsemésdansletextefrançaisavecdescommentairesqui
éclaircissent le sens d’expressions roumaines inconnues au public
français:
«belles nattes qu’on appelle rogogina et de beaux paniers qu’on
nomme cochnitsaȱ […] Les marais, il vaut mieux les appeler par leur
nomdelàbas,quiestjusteetbeau:c’estlabalta.Etlabaltan’estrien
demoinsquelamèrenourricièredupaysandel’Embouchure.Voilà
pourquoi, aux heures de détresse, tous les regards se dirigent vers
elle.C’estégalementàsabaltaquel’hommedupayspenselorsqu’il
proclamelagénérositédesonEmbouchure.Labaltan’estàpersonne.
Nul ne la cultive. Nul n’a le droit de se réclamer d’elle, sinon le
Sereth, son créateur. Elle n’exige aucune surveillance, aucun
ménagement; elle ne craint ni l’homme ni le ciel. Quand on la
dévaste,elleestpareilleauchênequiperdunefeuille.Delàvientle
mot roumain, appliqué aux débats sans issue: «laissons les choses
«belles nattes qu’on appelle rogogina et de beaux paniers qu’on
nomme cochnitsaȱ […] Les marais, il vaut mieux les appeler par leur
nomdelàbas,quiestjusteetbeau:c’estlabalta.Etlabaltan’estrien
demoinsquelamèrenourricièredupaysandel’Embouchure.Voilà
pourquoi, aux heures de détresse, tous les regards se dirigent vers
elle.C’estégalementàsabaltaquel’hommedupayspenselorsqu’il
proclamelagénérositédesonEmbouchure.Labaltan’estàpersonne.
Nul ne la cultive. Nul n’a le droit de se réclamer d’elle, sinon le
Sereth, son créateur. Elle n’exige aucune surveillance, aucun
ménagement; elle ne craint ni l’homme ni le ciel. Quand on la
dévaste,elleestpareilleauchênequiperdunefeuille.Delàvientle
mot roumain, appliqué aux débats sans issue: «laissons les choses
134
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balta». C’estàdire:«n’en parlons plus, qu’il n’en soit plus
question». Car la balta, c’est l’inconnu, l’impénétrable, l’infini»
(1997a:137)
balta». C’estàdire:«n’en parlons plus, qu’il n’en soit plus
question». Car la balta, c’est l’inconnu, l’impénétrable, l’infini»
(1997a:137)
Le texte istratien se permet fréquemment, en pleine
narration, de créer de longues pauses, comme celle cidessus, qui
procurent un arrêt momentané bénéfique pour le lecteur, mais qui
l’invitent en même temps à s’engager dans une autre direction que
celle narrative. On lui donne accès, par l’intermédiaire du texte, à
l’audelà contextuel qui a permis l’existence de ce texte, un monde
lointainetdifférent–l’universculturelroumain.
Diteȱoucommeȱonȱditȱsontȱlargementutilisésȱ:ȱ
Le texte istratien se permet fréquemment, en pleine
narration, de créer de longues pauses, comme celle cidessus, qui
procurent un arrêt momentané bénéfique pour le lecteur, mais qui
l’invitent en même temps à s’engager dans une autre direction que
celle narrative. On lui donne accès, par l’intermédiaire du texte, à
l’audelà contextuel qui a permis l’existence de ce texte, un monde
lointainetdifférent–l’universculturelroumain.
Diteȱoucommeȱonȱditȱsontȱlargementutilisésȱ:ȱ
«appelésghiotcharsàcausedeleurvoitureàunchevalditeghiotch»
(1984:91)(jesouligne);
«Ce gros repas, servi à 4 heures de l’aprèsmidi, fut un fameux
«dîner pêcheur», prînzȱ percaresc, commeȱ onȱ dit làbas» (1997a: 199)
(jesouligne);
«Malèche!cequivoulaitdire:çaȱneȱfaitȱrien!»(1983:95).
«appelésghiotcharsàcausedeleurvoitureàunchevalditeghiotch»
(1984:91)(jesouligne);
«Ce gros repas, servi à 4 heures de l’aprèsmidi, fut un fameux
«dîner pêcheur», prînzȱ percaresc, commeȱ onȱ dit làbas» (1997a: 199)
(jesouligne);
«Malèche!cequivoulaitdire:çaȱneȱfaitȱrien!»(1983:95).
L’explicationpeutaussiêtreintroduiteparc’estȬàȬdire–«on
lesappelait des mouscals, c’estàdire Moscovites» (1984: 229)–,ou
par deux procédés en même temps, par exemple une formule
introductive et des italiques– «Les mouieri, c’estàdire les
femmelettes»(1984:229).
Les termes étrangers sont souvent suivis par une
explication:
L’explicationpeutaussiêtreintroduiteparc’estȬàȬdire–«on
lesappelait des mouscals, c’estàdire Moscovites» (1984: 229)–,ou
par deux procédés en même temps, par exemple une formule
introductive et des italiques– «Les mouieri, c’estàdire les
femmelettes»(1984:229).
Les termes étrangers sont souvent suivis par une
explication:
«Quatre pêcheurs, compagnons de Mateï, bricolaient autour de la
coliba, une grande hutte qui ne servait qu’à abriter les cinq hommes
lesjoursdetempête»(1997a:198);
«LejourduPremierMai,onbuvaitjadisenRoumaniedenombreux
verres de péline, vin dans lequel on a fait macérer des feuilles
d’absinthe,quiluidonnaitungoûtamer»(1997a:189).
«Quatre pêcheurs, compagnons de Mateï, bricolaient autour de la
coliba, une grande hutte qui ne servait qu’à abriter les cinq hommes
lesjoursdetempête»(1997a:198);
«LejourduPremierMai,onbuvaitjadisenRoumaniedenombreux
verres de péline, vin dans lequel on a fait macérer des feuilles
d’absinthe,quiluidonnaitungoûtamer»(1997a:189).
Quelquespagesplustard,onrencontre:
Quelquespagesplustard,onrencontre:
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balta». C’estàdire:«n’en parlons plus, qu’il n’en soit plus
question». Car la balta, c’est l’inconnu, l’impénétrable, l’infini»
(1997a:137)
balta». C’estàdire:«n’en parlons plus, qu’il n’en soit plus
question». Car la balta, c’est l’inconnu, l’impénétrable, l’infini»
(1997a:137)
Le texte istratien se permet fréquemment, en pleine
narration, de créer de longues pauses, comme celle cidessus, qui
procurent un arrêt momentané bénéfique pour le lecteur, mais qui
l’invitent en même temps à s’engager dans une autre direction que
celle narrative. On lui donne accès, par l’intermédiaire du texte, à
l’audelà contextuel qui a permis l’existence de ce texte, un monde
lointainetdifférent–l’universculturelroumain.
Diteȱoucommeȱonȱditȱsontȱlargementutilisésȱ:ȱ
Le texte istratien se permet fréquemment, en pleine
narration, de créer de longues pauses, comme celle cidessus, qui
procurent un arrêt momentané bénéfique pour le lecteur, mais qui
l’invitent en même temps à s’engager dans une autre direction que
celle narrative. On lui donne accès, par l’intermédiaire du texte, à
l’audelà contextuel qui a permis l’existence de ce texte, un monde
lointainetdifférent–l’universculturelroumain.
Diteȱoucommeȱonȱditȱsontȱlargementutilisésȱ:ȱ
«appelésghiotcharsàcausedeleurvoitureàunchevalditeghiotch»
(1984:91)(jesouligne);
«Ce gros repas, servi à 4 heures de l’aprèsmidi, fut un fameux
«dîner pêcheur», prînzȱ percaresc, commeȱ onȱ dit làbas» (1997a: 199)
(jesouligne);
«Malèche!cequivoulaitdire:çaȱneȱfaitȱrien!»(1983:95).
«appelésghiotcharsàcausedeleurvoitureàunchevalditeghiotch»
(1984:91)(jesouligne);
«Ce gros repas, servi à 4 heures de l’aprèsmidi, fut un fameux
«dîner pêcheur», prînzȱ percaresc, commeȱ onȱ dit làbas» (1997a: 199)
(jesouligne);
«Malèche!cequivoulaitdire:çaȱneȱfaitȱrien!»(1983:95).
L’explicationpeutaussiêtreintroduiteparc’estȬàȬdire–«on
lesappelait des mouscals, c’estàdire Moscovites» (1984: 229)–,ou
par deux procédés en même temps, par exemple une formule
introductive et des italiques– «Les mouieri, c’estàdire les
femmelettes»(1984:229).
Les termes étrangers sont souvent suivis par une
explication:
L’explicationpeutaussiêtreintroduiteparc’estȬàȬdire–«on
lesappelait des mouscals, c’estàdire Moscovites» (1984: 229)–,ou
par deux procédés en même temps, par exemple une formule
introductive et des italiques– «Les mouieri, c’estàdire les
femmelettes»(1984:229).
Les termes étrangers sont souvent suivis par une
explication:
«Quatre pêcheurs, compagnons de Mateï, bricolaient autour de la
coliba, une grande hutte qui ne servait qu’à abriter les cinq hommes
lesjoursdetempête»(1997a:198);
«LejourduPremierMai,onbuvaitjadisenRoumaniedenombreux
verres de péline, vin dans lequel on a fait macérer des feuilles
d’absinthe,quiluidonnaitungoûtamer»(1997a:189).
«Quatre pêcheurs, compagnons de Mateï, bricolaient autour de la
coliba, une grande hutte qui ne servait qu’à abriter les cinq hommes
lesjoursdetempête»(1997a:198);
«LejourduPremierMai,onbuvaitjadisenRoumaniedenombreux
verres de péline, vin dans lequel on a fait macérer des feuilles
d’absinthe,quiluidonnaitungoûtamer»(1997a:189).
Quelquespagesplustard,onrencontre:
Quelquespagesplustard,onrencontre:
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«tirerunlitredevinpéline»(1997a:192);
«[Sima]avaitpassélamainàsontejghetar,hommedeconfiance,tout
puissant»(1997a:177);
« Hé! Barcadji! Batelier!... Un camarade se noie là! Cours vite!»
(1997a:55);
«A leurs sifflements étouffés, une demidouzaine de belles
tzigancouchas, les servantes qui venaient d’éteindre les lumières,
accouraient,jambesnues»(1983:107);
«un gros ghioudème, qui est un saucisson très pimenté et très sec»
(1997b:287).
«tirerunlitredevinpéline»(1997a:192);
«[Sima]avaitpassélamainàsontejghetar,hommedeconfiance,tout
puissant»(1997a:177);
« Hé! Barcadji! Batelier!... Un camarade se noie là! Cours vite!»
(1997a:55);
«A leurs sifflements étouffés, une demidouzaine de belles
tzigancouchas, les servantes qui venaient d’éteindre les lumières,
accouraient,jambesnues»(1983:107);
«un gros ghioudème, qui est un saucisson très pimenté et très sec»
(1997b:287).
Engénéral,leschémastructureldecetyped’insertionestle
suivant: «X (terme roumain), GN apposition», dont le noyau a le
rôleexplicatif,central,ouencore:«X(termeroumain),quiest….»,
structurequiseconstituecommeexplication.Ladémarcationestun
signe de ponctuation, d’habitude une virgule, rarement un signe
d’exclamationoud’interrogation,commeonleconstatecidessus.
1.2.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ
duȱparatexteȱ
ȱ
Dans le paratexte, le métissage montré gagneen valeur par
ladistanciationdutextedebasequiassurelamiseenreliefdumot
inséré.
Lesinsertionsdesmotsétrangerssontaccompagnéesdansla
plupartdescasdecourtesréférencessurleurorigine:ȱȱ
ȱ
Engénéral,leschémastructureldecetyped’insertionestle
suivant: «X (terme roumain), GN apposition», dont le noyau a le
rôleexplicatif,central,ouencore:«X(termeroumain),quiest….»,
structurequiseconstituecommeexplication.Ladémarcationestun
signe de ponctuation, d’habitude une virgule, rarement un signe
d’exclamationoud’interrogation,commeonleconstatecidessus.
1.2.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ
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ȱ
Dans le paratexte, le métissage montré gagneen valeur par
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inséré.
Lesinsertionsdesmotsétrangerssontaccompagnéesdansla
plupartdescasdecourtesréférencessurleurorigine:ȱȱ
ȱ
«On lui dit sacadgitza», en bas de page:«en roumain: porteuse
d’eau»(1997a:28);
«c’estlequartierdeslipovans»,enbasdepage:«Russesdelasecte
desskoptsy»(1997b:246);
«On lui dit sacadgitza», en bas de page:«en roumain: porteuse
d’eau»(1997a:28);
«c’estlequartierdeslipovans»,enbasdepage:«Russesdelasecte
desskoptsy»(1997b:246);
«Adieumavramatia!»,«engrec:noirsyeux»(1997b:344);
«Adieumavramatia!»,«engrec:noirsyeux»(1997b:344);
«unemamaligademauvaisequalité»,enbasdepage:«Lamamaliga
estlepaindupaysanroumain»(1997b:9).
«unemamaligademauvaisequalité»,enbasdepage:«Lamamaliga
estlepaindupaysanroumain»(1997b:9).
Il arrive aussi qu’une autre explication soit donnée pour le
mêmemot,toujoursenbasdepage:
Il arrive aussi qu’une autre explication soit donnée pour le
mêmemot,toujoursenbasdepage:
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«tirerunlitredevinpéline»(1997a:192);
«[Sima]avaitpassélamainàsontejghetar,hommedeconfiance,tout
puissant»(1997a:177);
« Hé! Barcadji! Batelier!... Un camarade se noie là! Cours vite!»
(1997a:55);
«A leurs sifflements étouffés, une demidouzaine de belles
tzigancouchas, les servantes qui venaient d’éteindre les lumières,
accouraient,jambesnues»(1983:107);
«un gros ghioudème, qui est un saucisson très pimenté et très sec»
(1997b:287).
«tirerunlitredevinpéline»(1997a:192);
«[Sima]avaitpassélamainàsontejghetar,hommedeconfiance,tout
puissant»(1997a:177);
« Hé! Barcadji! Batelier!... Un camarade se noie là! Cours vite!»
(1997a:55);
«A leurs sifflements étouffés, une demidouzaine de belles
tzigancouchas, les servantes qui venaient d’éteindre les lumières,
accouraient,jambesnues»(1983:107);
«un gros ghioudème, qui est un saucisson très pimenté et très sec»
(1997b:287).
Engénéral,leschémastructureldecetyped’insertionestle
suivant: «X (terme roumain), GN apposition», dont le noyau a le
rôleexplicatif,central,ouencore:«X(termeroumain),quiest….»,
structurequiseconstituecommeexplication.Ladémarcationestun
signe de ponctuation, d’habitude une virgule, rarement un signe
d’exclamationoud’interrogation,commeonleconstatecidessus.
1.2.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ
duȱparatexteȱ
ȱ
Dans le paratexte, le métissage montré gagneen valeur par
ladistanciationdutextedebasequiassurelamiseenreliefdumot
inséré.
Lesinsertionsdesmotsétrangerssontaccompagnéesdansla
plupartdescasdecourtesréférencessurleurorigine:ȱȱ
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Engénéral,leschémastructureldecetyped’insertionestle
suivant: «X (terme roumain), GN apposition», dont le noyau a le
rôleexplicatif,central,ouencore:«X(termeroumain),quiest….»,
structurequiseconstituecommeexplication.Ladémarcationestun
signe de ponctuation, d’habitude une virgule, rarement un signe
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1.2.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ
duȱparatexteȱ
ȱ
Dans le paratexte, le métissage montré gagneen valeur par
ladistanciationdutextedebasequiassurelamiseenreliefdumot
inséré.
Lesinsertionsdesmotsétrangerssontaccompagnéesdansla
plupartdescasdecourtesréférencessurleurorigine:ȱȱ
ȱ
«On lui dit sacadgitza», en bas de page:«en roumain: porteuse
d’eau»(1997a:28);
«c’estlequartierdeslipovans»,enbasdepage:«Russesdelasecte
desskoptsy»(1997b:246);
«On lui dit sacadgitza», en bas de page:«en roumain: porteuse
d’eau»(1997a:28);
«c’estlequartierdeslipovans»,enbasdepage:«Russesdelasecte
desskoptsy»(1997b:246);
«Adieumavramatia!»,«engrec:noirsyeux»(1997b:344);
«Adieumavramatia!»,«engrec:noirsyeux»(1997b:344);
«unemamaligademauvaisequalité»,enbasdepage:«Lamamaliga
estlepaindupaysanroumain»(1997b:9).
«unemamaligademauvaisequalité»,enbasdepage:«Lamamaliga
estlepaindupaysanroumain»(1997b:9).
Il arrive aussi qu’une autre explication soit donnée pour le
mêmemot,toujoursenbasdepage:
Il arrive aussi qu’une autre explication soit donnée pour le
mêmemot,toujoursenbasdepage:
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«Bouillie de farine de maïs, le pain du paysan roumain» (1997b:
180);
«Bouillie de farine de maïs, le pain du paysan roumain» (1997b:
180);
«Evète»,enbas:«Ouienturc»(1997b:17).
«Evète»,enbas:«Ouienturc»(1997b:17).
Il se peut encore qu’aucune mention ne précise l’originedu
motétranger:
Il se peut encore qu’aucune mention ne précise l’originedu
motétranger:
«pacoste»,enbasdepage:«malchance,calamité»(1997a:88);
«pacoste»,enbasdepage:«malchance,calamité»(1997a:88);
«de bonnes fléilkas» (1997a: 192), en bas: «tranches de viande des
platescôtes»;
«de bonnes fléilkas» (1997a: 192), en bas: «tranches de viande des
platescôtes»;
«ellesétaientenveloppéesdansdesscourteïkavertes»(1997a:196),en
bas: «manteau féminin populaire», ou «une lotka fluette» (idem)
«barquedepêcheur».
«ellesétaientenveloppéesdansdesscourteïkavertes»(1997a:196),en
bas: «manteau féminin populaire», ou «une lotka fluette» (idem)
«barquedepêcheur».
Si l’on recourt à une analyse quantitative, il est facile
d’observer que les œuvres de début, KyraȬKyralina et Oncleȱ Anghel,
sont plus riches en explications paratextuelles et en notes de toutes
sortes.
Les explications peuvent porter sur des expressions
roumaines traduites à moitié, comme dans ce passage: « Voilà ce
que c’est de ne pas avoir barbatt à sa mesure» (1997a: 189), qui est
suivienbasdepageparunelongueexplication:
Si l’on recourt à une analyse quantitative, il est facile
d’observer que les œuvres de début, KyraȬKyralina et Oncleȱ Anghel,
sont plus riches en explications paratextuelles et en notes de toutes
sortes.
Les explications peuvent porter sur des expressions
roumaines traduites à moitié, comme dans ce passage: « Voilà ce
que c’est de ne pas avoir barbatt à sa mesure» (1997a: 189), qui est
suivienbasdepageparunelongueexplication:
«En roumain, en sus des noms: mari,ȱ mâle,ȱ homme il y a celui de
barbatt, qui synthétise tous les trois, avec un sens plus précis de
virilité,devaillance,d’héroïsme».
«En roumain, en sus des noms: mari,ȱ mâle,ȱ homme il y a celui de
barbatt, qui synthétise tous les trois, avec un sens plus précis de
virilité,devaillance,d’héroïsme».
Le lecteur est ainsi mis en mesurede comprendre le drame
d’unefilleroumainequesesparentsontforcéeàaccepterunépoux
riche,maissansautresqualités.
2.ȱLEȱMÉTISSAGEȱMORPHOSYNTAXIQUE
Unautretyped’interpénétrationestvisiblelorsquedesmots
étrangers sont utilisés en conformité avec la grammaire française.
Plusieurs cas de figure sont à envisager, mais nous en retenons
seulementtrois:
Le lecteur est ainsi mis en mesurede comprendre le drame
d’unefilleroumainequesesparentsontforcéeàaccepterunépoux
riche,maissansautresqualités.
2.ȱLEȱMÉTISSAGEȱMORPHOSYNTAXIQUE
Unautretyped’interpénétrationestvisiblelorsquedesmots
étrangers sont utilisés en conformité avec la grammaire française.
Plusieurs cas de figure sont à envisager, mais nous en retenons
seulementtrois:
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«Bouillie de farine de maïs, le pain du paysan roumain» (1997b:
180);
«Bouillie de farine de maïs, le pain du paysan roumain» (1997b:
180);
«Evète»,enbas:«Ouienturc»(1997b:17).
«Evète»,enbas:«Ouienturc»(1997b:17).
Il se peut encore qu’aucune mention ne précise l’originedu
motétranger:
Il se peut encore qu’aucune mention ne précise l’originedu
motétranger:
«pacoste»,enbasdepage:«malchance,calamité»(1997a:88);
«pacoste»,enbasdepage:«malchance,calamité»(1997a:88);
«de bonnes fléilkas» (1997a: 192), en bas: «tranches de viande des
platescôtes»;
«de bonnes fléilkas» (1997a: 192), en bas: «tranches de viande des
platescôtes»;
«ellesétaientenveloppéesdansdesscourteïkavertes»(1997a:196),en
bas: «manteau féminin populaire», ou «une lotka fluette» (idem)
«barquedepêcheur».
«ellesétaientenveloppéesdansdesscourteïkavertes»(1997a:196),en
bas: «manteau féminin populaire», ou «une lotka fluette» (idem)
«barquedepêcheur».
Si l’on recourt à une analyse quantitative, il est facile
d’observer que les œuvres de début, KyraȬKyralina et Oncleȱ Anghel,
sont plus riches en explications paratextuelles et en notes de toutes
sortes.
Les explications peuvent porter sur des expressions
roumaines traduites à moitié, comme dans ce passage: « Voilà ce
que c’est de ne pas avoir barbatt à sa mesure» (1997a: 189), qui est
suivienbasdepageparunelongueexplication:
Si l’on recourt à une analyse quantitative, il est facile
d’observer que les œuvres de début, KyraȬKyralina et Oncleȱ Anghel,
sont plus riches en explications paratextuelles et en notes de toutes
sortes.
Les explications peuvent porter sur des expressions
roumaines traduites à moitié, comme dans ce passage: « Voilà ce
que c’est de ne pas avoir barbatt à sa mesure» (1997a: 189), qui est
suivienbasdepageparunelongueexplication:
«En roumain, en sus des noms: mari,ȱ mâle,ȱ homme il y a celui de
barbatt, qui synthétise tous les trois, avec un sens plus précis de
virilité,devaillance,d’héroïsme».
«En roumain, en sus des noms: mari,ȱ mâle,ȱ homme il y a celui de
barbatt, qui synthétise tous les trois, avec un sens plus précis de
virilité,devaillance,d’héroïsme».
Le lecteur est ainsi mis en mesurede comprendre le drame
d’unefilleroumainequesesparentsontforcéeàaccepterunépoux
riche,maissansautresqualités.
2.ȱLEȱMÉTISSAGEȱMORPHOSYNTAXIQUE
Unautretyped’interpénétrationestvisiblelorsquedesmots
étrangers sont utilisés en conformité avec la grammaire française.
Plusieurs cas de figure sont à envisager, mais nous en retenons
seulementtrois:
Le lecteur est ainsi mis en mesurede comprendre le drame
d’unefilleroumainequesesparentsontforcéeàaccepterunépoux
riche,maissansautresqualités.
2.ȱLEȱMÉTISSAGEȱMORPHOSYNTAXIQUE
Unautretyped’interpénétrationestvisiblelorsquedesmots
étrangers sont utilisés en conformité avec la grammaire française.
Plusieurs cas de figure sont à envisager, mais nous en retenons
seulementtrois:
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(1) des mots étrangers sont utilisés au singulier, avec la
formedesingulierdeleurlangued’origine:
(1) des mots étrangers sont utilisés au singulier, avec la
formedesingulierdeleurlangued’origine:
cadâna (Kyra Kyralina, 1924: 214), métélik (Kyra Kyralina, 1924:
161), moussafir (Kyra Kyralina, 1924 : 105, 119, 128), salepgdi (Kyra
Kyralina,1924:46,55,219);
cadâna (Kyra Kyralina, 1924: 214), métélik (Kyra Kyralina, 1924:
161), moussafir (Kyra Kyralina, 1924 : 105, 119, 128), salepgdi (Kyra
Kyralina,1924:46,55,219);
(2) des mots étrangers (par rapport à la langue française)
portentlesmarquesduplurielfrançais,enSouen–Xȱ:ȱ
(2) des mots étrangers (par rapport à la langue française)
portentlesmarquesduplurielfrançais,enSouen–Xȱ:ȱ
doinas(KyraKyralina,1924:96),cadânas(KyraKyralina,1924:169),
météliks (Kyra Kyralina, 1924 : 113,211), moussafirs (Kyra Kyralina,
1924 : 85, 90, 98, 129, 138) (je souligne), «Barcadji» (1997a: 55),
«tombentvictimeslesmeilleursbarcadjis»(1997a:60).
doinas(KyraKyralina,1924:96),cadânas(KyraKyralina,1924:169),
météliks (Kyra Kyralina, 1924 : 113,211), moussafirs (Kyra Kyralina,
1924 : 85, 90, 98, 129, 138) (je souligne), «Barcadji» (1997a: 55),
«tombentvictimeslesmeilleursbarcadjis»(1997a:60).
La forme deces mots est celledu singulier roumain auquel
onajoutelesmarquesduplurielfrançais.
(3)desmotsétrangersquiseprésententdansletextefrançais
avec la forme du singulier de leur langue d’origine, mais qui sont
accompagnés par desdéterminantsqui «orientent» l’interprétation
dulecteurpourqueceluicicomprennel’existenceduplurieloudu
singulier,selonlescas.
Les mots portant la marque du genre et du nombre
conformémentaufrançaissontasseznombreux:
La forme deces mots est celledu singulier roumain auquel
onajoutelesmarquesduplurielfrançais.
(3)desmotsétrangersquiseprésententdansletextefrançais
avec la forme du singulier de leur langue d’origine, mais qui sont
accompagnés par desdéterminantsqui «orientent» l’interprétation
dulecteurpourqueceluicicomprennel’existenceduplurieloudu
singulier,selonlescas.
Les mots portant la marque du genre et du nombre
conformémentaufrançaissontasseznombreux:
(…) une de ces cârciuma roumaines (1924 : 3536), le pridvor (1992 :
145),uneorageusekindia(1992:126);
«J’aime mieux les lopatari», «on recrute les lopatari parmi les
vieillards» «ces milliers d’hectolitres de grains répandus sur
d’immensesbâchesetquelelopatarmanipule»(1997b:232),«maisle
lopatarnevoitrien»(1997b:233).
(…) une de ces cârciuma roumaines (1924 : 3536), le pridvor (1992 :
145),uneorageusekindia(1992:126);
«J’aime mieux les lopatari», «on recrute les lopatari parmi les
vieillards» «ces milliers d’hectolitres de grains répandus sur
d’immensesbâchesetquelelopatarmanipule»(1997b:232),«maisle
lopatarnevoitrien»(1997b:233).
Ce traitement est généralisé, mais le texte français présente
aussi des mots étrangers dont la forme roumaine est celle du
singulier, accompagnés par les marques du pluriel français: «nos
fameusesmahala»,«unedecesmahala»(1997a:75).
Ce traitement est généralisé, mais le texte français présente
aussi des mots étrangers dont la forme roumaine est celle du
singulier, accompagnés par les marques du pluriel français: «nos
fameusesmahala»,«unedecesmahala»(1997a:75).
138
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(1) des mots étrangers sont utilisés au singulier, avec la
formedesingulierdeleurlangued’origine:
(1) des mots étrangers sont utilisés au singulier, avec la
formedesingulierdeleurlangued’origine:
cadâna (Kyra Kyralina, 1924: 214), métélik (Kyra Kyralina, 1924:
161), moussafir (Kyra Kyralina, 1924 : 105, 119, 128), salepgdi (Kyra
Kyralina,1924:46,55,219);
cadâna (Kyra Kyralina, 1924: 214), métélik (Kyra Kyralina, 1924:
161), moussafir (Kyra Kyralina, 1924 : 105, 119, 128), salepgdi (Kyra
Kyralina,1924:46,55,219);
(2) des mots étrangers (par rapport à la langue française)
portentlesmarquesduplurielfrançais,enSouen–Xȱ:ȱ
(2) des mots étrangers (par rapport à la langue française)
portentlesmarquesduplurielfrançais,enSouen–Xȱ:ȱ
doinas(KyraKyralina,1924:96),cadânas(KyraKyralina,1924:169),
météliks (Kyra Kyralina, 1924 : 113,211), moussafirs (Kyra Kyralina,
1924 : 85, 90, 98, 129, 138) (je souligne), «Barcadji» (1997a: 55),
«tombentvictimeslesmeilleursbarcadjis»(1997a:60).
doinas(KyraKyralina,1924:96),cadânas(KyraKyralina,1924:169),
météliks (Kyra Kyralina, 1924 : 113,211), moussafirs (Kyra Kyralina,
1924 : 85, 90, 98, 129, 138) (je souligne), «Barcadji» (1997a: 55),
«tombentvictimeslesmeilleursbarcadjis»(1997a:60).
La forme deces mots est celledu singulier roumain auquel
onajoutelesmarquesduplurielfrançais.
(3)desmotsétrangersquiseprésententdansletextefrançais
avec la forme du singulier de leur langue d’origine, mais qui sont
accompagnés par desdéterminantsqui «orientent» l’interprétation
dulecteurpourqueceluicicomprennel’existenceduplurieloudu
singulier,selonlescas.
Les mots portant la marque du genre et du nombre
conformémentaufrançaissontasseznombreux:
La forme deces mots est celledu singulier roumain auquel
onajoutelesmarquesduplurielfrançais.
(3)desmotsétrangersquiseprésententdansletextefrançais
avec la forme du singulier de leur langue d’origine, mais qui sont
accompagnés par desdéterminantsqui «orientent» l’interprétation
dulecteurpourqueceluicicomprennel’existenceduplurieloudu
singulier,selonlescas.
Les mots portant la marque du genre et du nombre
conformémentaufrançaissontasseznombreux:
(…) une de ces cârciuma roumaines (1924 : 3536), le pridvor (1992 :
145),uneorageusekindia(1992:126);
«J’aime mieux les lopatari», «on recrute les lopatari parmi les
vieillards» «ces milliers d’hectolitres de grains répandus sur
d’immensesbâchesetquelelopatarmanipule»(1997b:232),«maisle
lopatarnevoitrien»(1997b:233).
(…) une de ces cârciuma roumaines (1924 : 3536), le pridvor (1992 :
145),uneorageusekindia(1992:126);
«J’aime mieux les lopatari», «on recrute les lopatari parmi les
vieillards» «ces milliers d’hectolitres de grains répandus sur
d’immensesbâchesetquelelopatarmanipule»(1997b:232),«maisle
lopatarnevoitrien»(1997b:233).
Ce traitement est généralisé, mais le texte français présente
aussi des mots étrangers dont la forme roumaine est celle du
singulier, accompagnés par les marques du pluriel français: «nos
fameusesmahala»,«unedecesmahala»(1997a:75).
Ce traitement est généralisé, mais le texte français présente
aussi des mots étrangers dont la forme roumaine est celle du
singulier, accompagnés par les marques du pluriel français: «nos
fameusesmahala»,«unedecesmahala»(1997a:75).
138
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ȱ
3.ȱLEȱMÉTISSAGEȱORTHOGRAPHIQUEȱȱ
ȱ
3.ȱLEȱMÉTISSAGEȱORTHOGRAPHIQUEȱȱ
Le métissage linguistique se complète avec le métissageȱ
orthographique,quiimposedeschangementsafindelesrendrefacile
àprononceraucoursdelalecture.Lecorpusnouspermetd’établir
quelquesrèglesorthographiques.
Le métissage linguistique se complète avec le métissageȱ
orthographique,quiimposedeschangementsafindelesrendrefacile
àprononceraucoursdelalecture.Lecorpusnouspermetd’établir
quelquesrèglesorthographiques.
Unedecesrèglesestlaprésencedesaccents,surtoutaigus,
pour assurer la prononciation des e finals: kindié, mais aussi des
voyellesintérieures:métélik,ȱkémir,ȱbéléa.Lesmotsétrangers,lesmots
grecs par exemple, sont ainsi écrits d’après les règles de la langue
française:
Unedecesrèglesestlaprésencedesaccents,surtoutaigus,
pour assurer la prononciation des e finals: kindié, mais aussi des
voyellesintérieures:métélik,ȱkémir,ȱbéléa.Lesmotsétrangers,lesmots
grecs par exemple, sont ainsi écrits d’après les règles de la langue
française:
«Soyez les bienvenus, vénéres kaloghéris!» (1992: 155), «Qui
estu,mauditkaloghéros?»(1992:162),«Kalimérassass,Capitaine
Mavromati!»(1997b:325).
«Soyez les bienvenus, vénéres kaloghéris!» (1992: 155), «Qui
estu,mauditkaloghéros?»(1992:162),«Kalimérassass,Capitaine
Mavromati!»(1997b:325).
Il existe aussi des difficultés pour rendre les sons roumains
spécifiques:par exemple, «tzirs» est le correspondant du roumain
de«îr»,«tzouïka»de«uica»,«joupanitza».
Enfin, l’utilisation de deux formes orthographiques peut
fairel’objetd’unehésitation:
Il existe aussi des difficultés pour rendre les sons roumains
spécifiques:par exemple, «tzirs» est le correspondant du roumain
de«îr»,«tzouïka»de«uica»,«joupanitza».
Enfin, l’utilisation de deux formes orthographiques peut
fairel’objetd’unehésitation:
«météliks»(1924:113,211)et«météliques»(1924:47);
«safève,lefoullarabe»(1997a:118),unplatde«foul»(fèvecuite,à
l’huileetaucitron);dupainplatetdel’eau»(1997a:291292);
«lespropriétairesvendaientleursimmeublesauxtsatsaetauxnéné
quipayaientgrassement»(1997a:76).
«météliks»(1924:113,211)et«météliques»(1924:47);
«safève,lefoullarabe»(1997a:118),unplatde«foul»(fèvecuite,à
l’huileetaucitron);dupainplatetdel’eau»(1997a:291292);
«lespropriétairesvendaientleursimmeublesauxtsatsaetauxnéné
quipayaientgrassement»(1997a:76).
4.ȱCONCLUSIONȱ
ȱ
Onlevoit,laprésenced’unequantitéappréciabled’éléments
métissés constitue le fondement sur lequel se construit l’univers
istratien. Le goût pour les territoires mixtes, pour les
interpénétrations hante l’auteur et son personnage, qui se place
toujours dans un espace de frontière, cherche les endroits
4.ȱCONCLUSIONȱ
ȱ
Onlevoit,laprésenced’unequantitéappréciabled’éléments
métissés constitue le fondement sur lequel se construit l’univers
istratien. Le goût pour les territoires mixtes, pour les
interpénétrations hante l’auteur et son personnage, qui se place
toujours dans un espace de frontière, cherche les endroits
139
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ȱ
3.ȱLEȱMÉTISSAGEȱORTHOGRAPHIQUEȱȱ
ȱ
3.ȱLEȱMÉTISSAGEȱORTHOGRAPHIQUEȱȱ
Le métissage linguistique se complète avec le métissageȱ
orthographique,quiimposedeschangementsafindelesrendrefacile
àprononceraucoursdelalecture.Lecorpusnouspermetd’établir
quelquesrèglesorthographiques.
Le métissage linguistique se complète avec le métissageȱ
orthographique,quiimposedeschangementsafindelesrendrefacile
àprononceraucoursdelalecture.Lecorpusnouspermetd’établir
quelquesrèglesorthographiques.
Unedecesrèglesestlaprésencedesaccents,surtoutaigus,
pour assurer la prononciation des e finals: kindié, mais aussi des
voyellesintérieures:métélik,ȱkémir,ȱbéléa.Lesmotsétrangers,lesmots
grecs par exemple, sont ainsi écrits d’après les règles de la langue
française:
Unedecesrèglesestlaprésencedesaccents,surtoutaigus,
pour assurer la prononciation des e finals: kindié, mais aussi des
voyellesintérieures:métélik,ȱkémir,ȱbéléa.Lesmotsétrangers,lesmots
grecs par exemple, sont ainsi écrits d’après les règles de la langue
française:
«Soyez les bienvenus, vénéres kaloghéris!» (1992: 155), «Qui
estu,mauditkaloghéros?»(1992:162),«Kalimérassass,Capitaine
Mavromati!»(1997b:325).
«Soyez les bienvenus, vénéres kaloghéris!» (1992: 155), «Qui
estu,mauditkaloghéros?»(1992:162),«Kalimérassass,Capitaine
Mavromati!»(1997b:325).
Il existe aussi des difficultés pour rendre les sons roumains
spécifiques:par exemple, «tzirs» est le correspondant du roumain
de«îr»,«tzouïka»de«uica»,«joupanitza».
Enfin, l’utilisation de deux formes orthographiques peut
fairel’objetd’unehésitation:
Il existe aussi des difficultés pour rendre les sons roumains
spécifiques:par exemple, «tzirs» est le correspondant du roumain
de«îr»,«tzouïka»de«uica»,«joupanitza».
Enfin, l’utilisation de deux formes orthographiques peut
fairel’objetd’unehésitation:
«météliks»(1924:113,211)et«météliques»(1924:47);
«safève,lefoullarabe»(1997a:118),unplatde«foul»(fèvecuite,à
l’huileetaucitron);dupainplatetdel’eau»(1997a:291292);
«lespropriétairesvendaientleursimmeublesauxtsatsaetauxnéné
quipayaientgrassement»(1997a:76).
«météliks»(1924:113,211)et«météliques»(1924:47);
«safève,lefoullarabe»(1997a:118),unplatde«foul»(fèvecuite,à
l’huileetaucitron);dupainplatetdel’eau»(1997a:291292);
«lespropriétairesvendaientleursimmeublesauxtsatsaetauxnéné
quipayaientgrassement»(1997a:76).
4.ȱCONCLUSIONȱ
ȱ
Onlevoit,laprésenced’unequantitéappréciabled’éléments
métissés constitue le fondement sur lequel se construit l’univers
istratien. Le goût pour les territoires mixtes, pour les
interpénétrations hante l’auteur et son personnage, qui se place
toujours dans un espace de frontière, cherche les endroits
4.ȱCONCLUSIONȱ
ȱ
Onlevoit,laprésenced’unequantitéappréciabled’éléments
métissés constitue le fondement sur lequel se construit l’univers
istratien. Le goût pour les territoires mixtes, pour les
interpénétrations hante l’auteur et son personnage, qui se place
toujours dans un espace de frontière, cherche les endroits
139
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multiethniques,multilingues,polyphoniques,telsl’Asie,l’Egypte,le
bassindelaMéditerranée.
multiethniques,multilingues,polyphoniques,telsl’Asie,l’Egypte,le
bassindelaMéditerranée.
Auniveaudel’œuvre,cetespacepluricultureletplurilingue
sereflètedanslaprésencedesmotsétrangers,qui,commeonl’avu,
peuvent être suivis d’une explication considérée comme nécessaire
oud’unetraduction,outoutsimplementglissésdansletexteàl’état
brut,sansaucuneindicationquantàleursens.
Auniveaudel’œuvre,cetespacepluricultureletplurilingue
sereflètedanslaprésencedesmotsétrangers,qui,commeonl’avu,
peuvent être suivis d’une explication considérée comme nécessaire
oud’unetraduction,outoutsimplementglissésdansletexteàl’état
brut,sansaucuneindicationquantàleursens.
Cetuniverslittéraireestlerésultatdelapositionspécifique
del’écrivainmigrant.Pourlui,oscillerentreplusieurslanguesn’est
pasuneoption,maisunefaçondevivredansunterritoirepluslarge
queceluidesalanguematernelle.
Cetuniverslittéraireestlerésultatdelapositionspécifique
del’écrivainmigrant.Pourlui,oscillerentreplusieurslanguesn’est
pasuneoption,maisunefaçondevivredansunterritoirepluslarge
queceluidesalanguematernelle.
La langue de l’œuvre, lieu d’interpénétrations multiples,
découpe et recompose le monde. L’écrivain est ainsi obligé à un
travail permanent de repositionnement langagier dans son propre
texte, et ce travail d’harmonisation est subordonné à la recherche
d’un «pacte énonciatif», qui est le seul responsable de l’équilibre
textuel.
NOTEȱȱ
La langue de l’œuvre, lieu d’interpénétrations multiples,
découpe et recompose le monde. L’écrivain est ainsi obligé à un
travail permanent de repositionnement langagier dans son propre
texte, et ce travail d’harmonisation est subordonné à la recherche
d’un «pacte énonciatif», qui est le seul responsable de l’équilibre
textuel.
NOTEȱȱ
1
Lescrochetsmarquentnotreexplication,indispensableàlacompréhension
dufragment.
1
ȱ
ȱ
Lescrochetsmarquentnotreexplication,indispensableàlacompréhension
dufragment.
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
AMOSSY Ruth, MAINGUENEAU Dominique (éds.), 2003, L’analyseȱ duȱ
discoursȱdansȱlesȱétudesȱlittéraires,Toulouse,PUM.
* * Cahiersȱ Panaïtȱ Istrati, no 112, revue publiée avec le concours de Centre
NationaldesLettres,Valence.
CHARAUDEAU Patrick, MAINGUENEAU Dominique, 2002, Dictionnaireȱ
d’analyseȱduȱdiscours,Paris,Seuil.
CONDEICecilia,2009,«Lepacteénonciatifdesplurilingues.Considérations
sur l’énonciation littéraire de deux écrivains d’expression française:
MaherziaAmira Bournaz et Panaït Istrati», in Actesȱ duȱ colloqueȱ
international«ȱInfluencesȱetȱenjeuxȱdesȱcontextesȱplurilinguesȱsurȱlesȱtextesȱ
etȱlesȱdiscoursȱȱ»,Alger,du18au20novembre2008[àparaître]ȱ
140
AMOSSY Ruth, MAINGUENEAU Dominique (éds.), 2003, L’analyseȱ duȱ
discoursȱdansȱlesȱétudesȱlittéraires,Toulouse,PUM.
* * Cahiersȱ Panaïtȱ Istrati, no 112, revue publiée avec le concours de Centre
NationaldesLettres,Valence.
CHARAUDEAU Patrick, MAINGUENEAU Dominique, 2002, Dictionnaireȱ
d’analyseȱduȱdiscours,Paris,Seuil.
CONDEICecilia,2009,«Lepacteénonciatifdesplurilingues.Considérations
sur l’énonciation littéraire de deux écrivains d’expression française:
MaherziaAmira Bournaz et Panaït Istrati», in Actesȱ duȱ colloqueȱ
international«ȱInfluencesȱetȱenjeuxȱdesȱcontextesȱplurilinguesȱsurȱlesȱtextesȱ
etȱlesȱdiscoursȱȱ»,Alger,du18au20novembre2008[àparaître]ȱ
140
multiethniques,multilingues,polyphoniques,telsl’Asie,l’Egypte,le
bassindelaMéditerranée.
multiethniques,multilingues,polyphoniques,telsl’Asie,l’Egypte,le
bassindelaMéditerranée.
Auniveaudel’œuvre,cetespacepluricultureletplurilingue
sereflètedanslaprésencedesmotsétrangers,qui,commeonl’avu,
peuvent être suivis d’une explication considérée comme nécessaire
oud’unetraduction,outoutsimplementglissésdansletexteàl’état
brut,sansaucuneindicationquantàleursens.
Auniveaudel’œuvre,cetespacepluricultureletplurilingue
sereflètedanslaprésencedesmotsétrangers,qui,commeonl’avu,
peuvent être suivis d’une explication considérée comme nécessaire
oud’unetraduction,outoutsimplementglissésdansletexteàl’état
brut,sansaucuneindicationquantàleursens.
Cetuniverslittéraireestlerésultatdelapositionspécifique
del’écrivainmigrant.Pourlui,oscillerentreplusieurslanguesn’est
pasuneoption,maisunefaçondevivredansunterritoirepluslarge
queceluidesalanguematernelle.
Cetuniverslittéraireestlerésultatdelapositionspécifique
del’écrivainmigrant.Pourlui,oscillerentreplusieurslanguesn’est
pasuneoption,maisunefaçondevivredansunterritoirepluslarge
queceluidesalanguematernelle.
La langue de l’œuvre, lieu d’interpénétrations multiples,
découpe et recompose le monde. L’écrivain est ainsi obligé à un
travail permanent de repositionnement langagier dans son propre
texte, et ce travail d’harmonisation est subordonné à la recherche
d’un «pacte énonciatif», qui est le seul responsable de l’équilibre
textuel.
NOTEȱȱ
La langue de l’œuvre, lieu d’interpénétrations multiples,
découpe et recompose le monde. L’écrivain est ainsi obligé à un
travail permanent de repositionnement langagier dans son propre
texte, et ce travail d’harmonisation est subordonné à la recherche
d’un «pacte énonciatif», qui est le seul responsable de l’équilibre
textuel.
NOTEȱȱ
1
Lescrochetsmarquentnotreexplication,indispensableàlacompréhension
dufragment.
1
ȱ
ȱ
Lescrochetsmarquentnotreexplication,indispensableàlacompréhension
dufragment.
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ
AMOSSY Ruth, MAINGUENEAU Dominique (éds.), 2003, L’analyseȱ duȱ
discoursȱdansȱlesȱétudesȱlittéraires,Toulouse,PUM.
* * Cahiersȱ Panaïtȱ Istrati, no 112, revue publiée avec le concours de Centre
NationaldesLettres,Valence.
CHARAUDEAU Patrick, MAINGUENEAU Dominique, 2002, Dictionnaireȱ
d’analyseȱduȱdiscours,Paris,Seuil.
CONDEICecilia,2009,«Lepacteénonciatifdesplurilingues.Considérations
sur l’énonciation littéraire de deux écrivains d’expression française:
MaherziaAmira Bournaz et Panaït Istrati», in Actesȱ duȱ colloqueȱ
international«ȱInfluencesȱetȱenjeuxȱdesȱcontextesȱplurilinguesȱsurȱlesȱtextesȱ
etȱlesȱdiscoursȱȱ»,Alger,du18au20novembre2008[àparaître]ȱ
140
AMOSSY Ruth, MAINGUENEAU Dominique (éds.), 2003, L’analyseȱ duȱ
discoursȱdansȱlesȱétudesȱlittéraires,Toulouse,PUM.
* * Cahiersȱ Panaïtȱ Istrati, no 112, revue publiée avec le concours de Centre
NationaldesLettres,Valence.
CHARAUDEAU Patrick, MAINGUENEAU Dominique, 2002, Dictionnaireȱ
d’analyseȱduȱdiscours,Paris,Seuil.
CONDEICecilia,2009,«Lepacteénonciatifdesplurilingues.Considérations
sur l’énonciation littéraire de deux écrivains d’expression française:
MaherziaAmira Bournaz et Panaït Istrati», in Actesȱ duȱ colloqueȱ
international«ȱInfluencesȱetȱenjeuxȱdesȱcontextesȱplurilinguesȱsurȱlesȱtextesȱ
etȱlesȱdiscoursȱȱ»,Alger,du18au20novembre2008[àparaître]ȱ
140
COVACIVasile,1979,«L’œuvredePanaïtIstratiouleproblèmedetraduire
unecivilisation»,inCahiersȱdeȱlinguistiqueȱthéoriqueȱetȱappliquée,ȱno2,p.
129132.
1981,«Expressionsetlocutionsroumainesdanslesécritsde
PanaïtIstrati»,inCahiersȱroumainsȱd’étudesȱlittéraires,no1,p.5463.
ISTRATIPanaït,1924,KyraȱKyralina,ȱParis,Rieder.
,1925,Trecutȱóiȱviitor,ed.Renaterea,Bucureti.
,1983,DomnitzaȱdeȱSnagov,Paris,Gallimard.
,1984, Vieȱ d’Adrienȱ Zograffi.ȱ Laȱ Maisonȱ Thüringer.ȱ Leȱ bureauȱ deȱ
placement.ȱ Méditerranée,ȱ Leverȱ duȱ soleil.ȱ Méditerranée.ȱ Coucherȱ duȱ soleil.ȱ
Paris,Gallimard.
,1992,Lesȱrécitsȱd’AdrienȱZograffi.ȱOncleȱAnghel,ȱParis,Gallimard.
, 1997a,ȱ Nerrantsoula.ȱ Tsatsaȱ –ȱ Minnka.ȱ Laȱ familleȱ Perlmutter.ȱ Pourȱ
avoirȱaiméȱlaȱterre,ȱParis,Gallimard.
, 1997b,ȱ Codine.ȱ Mikhaïl.ȱ Mesȱ départs.ȱ Leȱ pêcheurȱ d’éponges,ȱ Paris,
Gallimard.
JUSTINKLENERMonique,1970,Unȱchardonȱdéraciné,Paris,Maspéro.
LEBRUN Monique, COLLÈS Luc, 2007, Laȱ littératureȱ migranteȱ dansȱ l’espaceȱ
francophone,CortilWodon,E.M.E.
MAINGUENEAU Dominique, 2001[1990], Pragmatiqueȱ pourȱ leȱ discoursȱ
littéraire,ȱParis,Nathan.
1993,LeȱContexteȱdeȱl’œuvreȱlittéraire,ȱParis,ȱDunod.
PINTEAGabrielaMaria,1975,PanaitIstrati,Bucureti,CarteaȱRomâneasc.
ROHAN Anthony, 2003, «Langue métissée et traduction: quelques enjeux
théoriques», in Meta, Volume48, numéro3, Septembre 2003, p.411
420,http://id.erudit.org/iderudit/007601ar,pageconsultéele2.02.09.
TEODORE