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Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.) et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.) MÉTISSAGE CULTUREL MÉTISSAGE CULTUREL Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones ______________________________________________________________________________ Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones ______________________________________________________________________________ Volume I Volume I Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.) et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.) MÉTISSAGE CULTUREL MÉTISSAGE CULTUREL Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones ______________________________________________________________________________ Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones ______________________________________________________________________________ Volume I Volume I ȱ ȱ Le présent volume paraît au cadre d’une action de recherche en réseauȱ (N°ȱ Pa.2091RR710)ȱ menée à terme par des chercheurs de l’Université catholique de Louvain (LouvainlaNeuve), Belgique Luc Collès,JeanLouis Dufays, Francine Thyrionet IoanaBelu,de l’Université de Sousse, Tunisie Amor Séoud, Naima Meftah et NajibaRegaiegetdel’UniversitédeCraiova,RoumanieCristiana NicolaTeodorescuetCeciliaCondei(directeurduprojet),membres duȱréseauȱdeȱchercheursȱ«ȱDiversitéȱdesȱexpressionsȱculturellesȱetȱ artistiques,ȱ etȱ mondialisationsȱȱ»ȱ deȱ l’Agenceȱ Universitaireȱ deȱ laȱ Francophonie.ȱ Les deux volumes d’actes du colloque international Métissageȱ culturelȱ:ȱ interculturelsȱ etȱ effetsȱ deȱ laȱ mondialisationȱ chezȱ lesȱ écrivainsȱ francophones bénéficient du soutien financier de l’Agence Universitaire de la Francophonie (Bureau de l’Europe Centrale et Orientale,réf.5210CQ812). Le présent volume paraît au cadre d’une action de recherche en réseauȱ (N°ȱ Pa.2091RR710)ȱ menée à terme par des chercheurs de l’Université catholique de Louvain (LouvainlaNeuve), Belgique Luc Collès,JeanLouis Dufays, Francine Thyrionet IoanaBelu,de l’Université de Sousse, Tunisie Amor Séoud, Naima Meftah et NajibaRegaiegetdel’UniversitédeCraiova,RoumanieCristiana NicolaTeodorescuetCeciliaCondei(directeurduprojet),membres duȱréseauȱdeȱchercheursȱ«ȱDiversitéȱdesȱexpressionsȱculturellesȱetȱ artistiques,ȱ etȱ mondialisationsȱȱ»ȱ deȱ l’Agenceȱ Universitaireȱ deȱ laȱ Francophonie.ȱ Les deux volumes d’actes du colloque international Métissageȱ culturelȱ:ȱ interculturelsȱ etȱ effetsȱ deȱ laȱ mondialisationȱ chezȱ lesȱ écrivainsȱ francophones bénéficient du soutien financier de l’Agence Universitaire de la Francophonie (Bureau de l’Europe Centrale et Orientale,réf.5210CQ812). Qu’ellesoiticichaleureusementremerciée. Qu’ellesoiticichaleureusementremerciée. Paru en Roumanie. L’imprimerie de l’Université de Craiova, rue Calea Brestei, n°146, Craiova. Tél:0040251598054. Paru en Roumanie. L’imprimerie de l’Université de Craiova, rue Calea Brestei, n°146, Craiova. Tél:0040251598054. 4 4 ȱ ȱ Le présent volume paraît au cadre d’une action de recherche en réseauȱ (N°ȱ Pa.2091RR710)ȱ menée à terme par des chercheurs de l’Université catholique de Louvain (LouvainlaNeuve), Belgique Luc Collès,JeanLouis Dufays, Francine Thyrionet IoanaBelu,de l’Université de Sousse, Tunisie Amor Séoud, Naima Meftah et NajibaRegaiegetdel’UniversitédeCraiova,RoumanieCristiana NicolaTeodorescuetCeciliaCondei(directeurduprojet),membres duȱréseauȱdeȱchercheursȱ«ȱDiversitéȱdesȱexpressionsȱculturellesȱetȱ artistiques,ȱ etȱ mondialisationsȱȱ»ȱ deȱ l’Agenceȱ Universitaireȱ deȱ laȱ Francophonie.ȱ Les deux volumes d’actes du colloque international Métissageȱ culturelȱ:ȱ interculturelsȱ etȱ effetsȱ deȱ laȱ mondialisationȱ chezȱ lesȱ écrivainsȱ francophones bénéficient du soutien financier de l’Agence Universitaire de la Francophonie (Bureau de l’Europe Centrale et Orientale,réf.5210CQ812). Le présent volume paraît au cadre d’une action de recherche en réseauȱ (N°ȱ Pa.2091RR710)ȱ menée à terme par des chercheurs de l’Université catholique de Louvain (LouvainlaNeuve), Belgique Luc Collès,JeanLouis Dufays, Francine Thyrionet IoanaBelu,de l’Université de Sousse, Tunisie Amor Séoud, Naima Meftah et NajibaRegaiegetdel’UniversitédeCraiova,RoumanieCristiana NicolaTeodorescuetCeciliaCondei(directeurduprojet),membres duȱréseauȱdeȱchercheursȱ«ȱDiversitéȱdesȱexpressionsȱculturellesȱetȱ artistiques,ȱ etȱ mondialisationsȱȱ»ȱ deȱ l’Agenceȱ Universitaireȱ deȱ laȱ Francophonie.ȱ Les deux volumes d’actes du colloque international Métissageȱ culturelȱ:ȱ interculturelsȱ etȱ effetsȱ deȱ laȱ mondialisationȱ chezȱ lesȱ écrivainsȱ francophones bénéficient du soutien financier de l’Agence Universitaire de la Francophonie (Bureau de l’Europe Centrale et Orientale,réf.5210CQ812). Qu’ellesoiticichaleureusementremerciée. Qu’ellesoiticichaleureusementremerciée. Paru en Roumanie. L’imprimerie de l’Université de Craiova, rue Calea Brestei, n°146, Craiova. Tél:0040251598054. Paru en Roumanie. L’imprimerie de l’Université de Craiova, rue Calea Brestei, n°146, Craiova. Tél:0040251598054. 4 4 Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.) et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.) MÉTISSAGE CULTUREL MÉTISSAGE CULTUREL Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones _______________________________________ Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones _______________________________________ Volume I Volume I Editura UNIVERSITARIA Craiova, 2009 Editura UNIVERSITARIA Craiova, 2009 Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.) et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.) MÉTISSAGE CULTUREL MÉTISSAGE CULTUREL Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones _______________________________________ Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones _______________________________________ Volume I Volume I Editura UNIVERSITARIA Craiova, 2009 Editura UNIVERSITARIA Craiova, 2009 Coordinateurs scientifiques : Cecilia Condei, maître des conférences, Université de Craiova Jean-Louis Dufays, professeur, CEDILL, Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve Cristiana-Nicola Teodorescu, professeur, Université de Craiova Coordinateurs scientifiques : Cecilia Condei, maître des conférences, Université de Craiova Jean-Louis Dufays, professeur, CEDILL, Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve Cristiana-Nicola Teodorescu, professeur, Université de Craiova Copyright © 2009 Universitaria Toate drepturile sunt rezervate Editurii Universitaria Copyright © 2009 Universitaria Toate drepturile sunt rezervate Editurii Universitaria Descrierea CIP a Bibliotecii Naôionale a României Descrierea CIP a Bibliotecii Naôionale a României Condei, Cecilia METISSAGE CULTUREL - Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones – Vol. 1 / Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.). - Craiova : Universitaria, 2009 Bibliogr. ISBN 978-606-510-449-5 978-606-510-450-1 Condei, Cecilia METISSAGE CULTUREL - Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones – Vol. 1 / Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.). - Craiova : Universitaria, 2009 Bibliogr. ISBN 978-606-510-449-5 978-606-510-450-1 Ap©rut: 2009 Tipografia Universit©ôii din Craiova Str. Brestei, nr.156A, Craiova, Dolj, România Ap©rut: 2009 Tipografia Universit©ôii din Craiova Str. Brestei, nr.156A, Craiova, Dolj, România Tel.: +40 251 598054 Tel.: +40 251 598054 Tip©rit în România Tip©rit în România Coordinateurs scientifiques : Cecilia Condei, maître des conférences, Université de Craiova Jean-Louis Dufays, professeur, CEDILL, Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve Cristiana-Nicola Teodorescu, professeur, Université de Craiova Coordinateurs scientifiques : Cecilia Condei, maître des conférences, Université de Craiova Jean-Louis Dufays, professeur, CEDILL, Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve Cristiana-Nicola Teodorescu, professeur, Université de Craiova Copyright © 2009 Universitaria Toate drepturile sunt rezervate Editurii Universitaria Copyright © 2009 Universitaria Toate drepturile sunt rezervate Editurii Universitaria Descrierea CIP a Bibliotecii Naôionale a României Descrierea CIP a Bibliotecii Naôionale a României Condei, Cecilia METISSAGE CULTUREL - Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones – Vol. 1 / Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.). - Craiova : Universitaria, 2009 Bibliogr. ISBN 978-606-510-449-5 978-606-510-450-1 Condei, Cecilia METISSAGE CULTUREL - Interculturels et effets de la mondialisation chez les écrivains francophones – Vol. 1 / Cecilia Condei, Jean-Louis Dufays et Cristiana – Nicola Teodorescu (éds.). - Craiova : Universitaria, 2009 Bibliogr. ISBN 978-606-510-449-5 978-606-510-450-1 Ap©rut: 2009 Tipografia Universit©ôii din Craiova Str. Brestei, nr.156A, Craiova, Dolj, România Ap©rut: 2009 Tipografia Universit©ôii din Craiova Str. Brestei, nr.156A, Craiova, Dolj, România Tel.: +40 251 598054 Tel.: +40 251 598054 Tip©rit în România Tip©rit în România INTRODUCTIONȱ INTRODUCTIONȱ ȱ ȱ ȱ ȱ Le premier volume des Actes du colloque Métissage culturel: interculturelseteffetsdelamondialisationchezlesécrivainsfrancophones réunit des contributions visant d’une manière générale la diversité culturelle. Comme le souligne Luc Collès dans la Conférence inaugurale, cettediversitédépasse«lecadredessimplespolitiquescultuellespourêtre un projet politique répondant aux retombées de la mondialisation sur la culture.Ils’agitdoncd’«unprojetdesociété»,visantlaglobalisation,etun projetphilosophique,quiseveutunealternativeauchoccivilisationnel,un moyendefavoriser«lareconnaissancedesvaleursculturellesréciproqueset lerecentragesurl’homme». Lescontributionsseplacentsurdeuxaxes,linguistiqueetlittéraire, auxquels on a associé la visée didactique, privilégiant, dans le premier volume, l’axe linguistique et didactique pour ménager, dans le second, l’orientationlittéraire. L’interculturelȱ enȱ perspectiveȱ diachronique préoccupe Naima Maftah, quis’estintéresséeàlaplacedelalittératuredanslesmanuelstunisiensde quelques générations, et Luc Collès, qui se penche sur la francophonie au CongoKinshasa (19451970), pays qui appartient au mouvement francophonesurtoutparsalittérature. Les métissages interculturels sont présents et exploitables dans la classe, comme le montre JeanLouis Dufays, qui propose l’étude des écrivains«passeurs»etdeleursraisonsd’agircommepointdedépartpour latransmissionetladidactisationdeleurexpérience.C’estd’ailleursundes rôles de la classe de FLE que de se placer dans un entredeux entre la reconnaissance des identités et l’ouverture sur l’Autre, comme l’explique Sameh Hamed, qui a déroulé une expérience à partir d’un conte de Maupassant dans une classe de français tunisienne. L’iranienne Chardortt Djavann et son roman Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ françaiseȱ? fournissent à Amor Séoudlecadred’uneréflexionsurl’exploitationdutextelittérairefortement implanté dans la culture iranienne dans une classe de français tunisienne. Cetteétudefaitainsilepontversledeuxièmevoletdecesactes,Métissagesȱ linguistiquesȱ etȱ textuels. L’algérien Mouloud Mammeri est au cœur des recherches de Yasmine AbbèsKara et Malika Kebbas, la première s’intéressant au métissage linguistique et la seconde au métissage culturel quitraversel’œuvredel’écrivainalgérien. Le premier volume des Actes du colloque Métissage culturel: interculturelseteffetsdelamondialisationchezlesécrivainsfrancophones réunit des contributions visant d’une manière générale la diversité culturelle. Comme le souligne Luc Collès dans la Conférence inaugurale, cettediversitédépasse«lecadredessimplespolitiquescultuellespourêtre un projet politique répondant aux retombées de la mondialisation sur la culture.Ils’agitdoncd’«unprojetdesociété»,visantlaglobalisation,etun projetphilosophique,quiseveutunealternativeauchoccivilisationnel,un moyendefavoriser«lareconnaissancedesvaleursculturellesréciproqueset lerecentragesurl’homme». Lescontributionsseplacentsurdeuxaxes,linguistiqueetlittéraire, auxquels on a associé la visée didactique, privilégiant, dans le premier volume, l’axe linguistique et didactique pour ménager, dans le second, l’orientationlittéraire. L’interculturelȱ enȱ perspectiveȱ diachronique préoccupe Naima Maftah, quis’estintéresséeàlaplacedelalittératuredanslesmanuelstunisiensde quelques générations, et Luc Collès, qui se penche sur la francophonie au CongoKinshasa (19451970), pays qui appartient au mouvement francophonesurtoutparsalittérature. Les métissages interculturels sont présents et exploitables dans la classe, comme le montre JeanLouis Dufays, qui propose l’étude des écrivains«passeurs»etdeleursraisonsd’agircommepointdedépartpour latransmissionetladidactisationdeleurexpérience.C’estd’ailleursundes rôles de la classe de FLE que de se placer dans un entredeux entre la reconnaissance des identités et l’ouverture sur l’Autre, comme l’explique Sameh Hamed, qui a déroulé une expérience à partir d’un conte de Maupassant dans une classe de français tunisienne. L’iranienne Chardortt Djavann et son roman Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ françaiseȱ? fournissent à Amor Séoudlecadred’uneréflexionsurl’exploitationdutextelittérairefortement implanté dans la culture iranienne dans une classe de français tunisienne. Cetteétudefaitainsilepontversledeuxièmevoletdecesactes,Métissagesȱ linguistiquesȱ etȱ textuels. L’algérien Mouloud Mammeri est au cœur des recherches de Yasmine AbbèsKara et Malika Kebbas, la première s’intéressant au métissage linguistique et la seconde au métissage culturel quitraversel’œuvredel’écrivainalgérien. 7 7 INTRODUCTIONȱ INTRODUCTIONȱ ȱ ȱ ȱ ȱ Le premier volume des Actes du colloque Métissage culturel: interculturelseteffetsdelamondialisationchezlesécrivainsfrancophones réunit des contributions visant d’une manière générale la diversité culturelle. Comme le souligne Luc Collès dans la Conférence inaugurale, cettediversitédépasse«lecadredessimplespolitiquescultuellespourêtre un projet politique répondant aux retombées de la mondialisation sur la culture.Ils’agitdoncd’«unprojetdesociété»,visantlaglobalisation,etun projetphilosophique,quiseveutunealternativeauchoccivilisationnel,un moyendefavoriser«lareconnaissancedesvaleursculturellesréciproqueset lerecentragesurl’homme». Lescontributionsseplacentsurdeuxaxes,linguistiqueetlittéraire, auxquels on a associé la visée didactique, privilégiant, dans le premier volume, l’axe linguistique et didactique pour ménager, dans le second, l’orientationlittéraire. L’interculturelȱ enȱ perspectiveȱ diachronique préoccupe Naima Maftah, quis’estintéresséeàlaplacedelalittératuredanslesmanuelstunisiensde quelques générations, et Luc Collès, qui se penche sur la francophonie au CongoKinshasa (19451970), pays qui appartient au mouvement francophonesurtoutparsalittérature. Les métissages interculturels sont présents et exploitables dans la classe, comme le montre JeanLouis Dufays, qui propose l’étude des écrivains«passeurs»etdeleursraisonsd’agircommepointdedépartpour latransmissionetladidactisationdeleurexpérience.C’estd’ailleursundes rôles de la classe de FLE que de se placer dans un entredeux entre la reconnaissance des identités et l’ouverture sur l’Autre, comme l’explique Sameh Hamed, qui a déroulé une expérience à partir d’un conte de Maupassant dans une classe de français tunisienne. L’iranienne Chardortt Djavann et son roman Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ françaiseȱ? fournissent à Amor Séoudlecadred’uneréflexionsurl’exploitationdutextelittérairefortement implanté dans la culture iranienne dans une classe de français tunisienne. Cetteétudefaitainsilepontversledeuxièmevoletdecesactes,Métissagesȱ linguistiquesȱ etȱ textuels. L’algérien Mouloud Mammeri est au cœur des recherches de Yasmine AbbèsKara et Malika Kebbas, la première s’intéressant au métissage linguistique et la seconde au métissage culturel quitraversel’œuvredel’écrivainalgérien. Le premier volume des Actes du colloque Métissage culturel: interculturelseteffetsdelamondialisationchezlesécrivainsfrancophones réunit des contributions visant d’une manière générale la diversité culturelle. Comme le souligne Luc Collès dans la Conférence inaugurale, cettediversitédépasse«lecadredessimplespolitiquescultuellespourêtre un projet politique répondant aux retombées de la mondialisation sur la culture.Ils’agitdoncd’«unprojetdesociété»,visantlaglobalisation,etun projetphilosophique,quiseveutunealternativeauchoccivilisationnel,un moyendefavoriser«lareconnaissancedesvaleursculturellesréciproqueset lerecentragesurl’homme». Lescontributionsseplacentsurdeuxaxes,linguistiqueetlittéraire, auxquels on a associé la visée didactique, privilégiant, dans le premier volume, l’axe linguistique et didactique pour ménager, dans le second, l’orientationlittéraire. L’interculturelȱ enȱ perspectiveȱ diachronique préoccupe Naima Maftah, quis’estintéresséeàlaplacedelalittératuredanslesmanuelstunisiensde quelques générations, et Luc Collès, qui se penche sur la francophonie au CongoKinshasa (19451970), pays qui appartient au mouvement francophonesurtoutparsalittérature. Les métissages interculturels sont présents et exploitables dans la classe, comme le montre JeanLouis Dufays, qui propose l’étude des écrivains«passeurs»etdeleursraisonsd’agircommepointdedépartpour latransmissionetladidactisationdeleurexpérience.C’estd’ailleursundes rôles de la classe de FLE que de se placer dans un entredeux entre la reconnaissance des identités et l’ouverture sur l’Autre, comme l’explique Sameh Hamed, qui a déroulé une expérience à partir d’un conte de Maupassant dans une classe de français tunisienne. L’iranienne Chardortt Djavann et son roman Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ françaiseȱ? fournissent à Amor Séoudlecadred’uneréflexionsurl’exploitationdutextelittérairefortement implanté dans la culture iranienne dans une classe de français tunisienne. Cetteétudefaitainsilepontversledeuxièmevoletdecesactes,Métissagesȱ linguistiquesȱ etȱ textuels. L’algérien Mouloud Mammeri est au cœur des recherches de Yasmine AbbèsKara et Malika Kebbas, la première s’intéressant au métissage linguistique et la seconde au métissage culturel quitraversel’œuvredel’écrivainalgérien. 7 7 Du Nord de l’Afrique, le chemin des recherches se déplace vers l’Est de l’Europe, en Roumanie, espace de multiples confluences, d’où proviennentPanaïtIstratietEugèneIonesco.L’œuvred’Istratiestsoumise par Cecilia Condei à une analyse qui souligne les métissages linguistiques, textuels et orthographiques dont elle est pétie. Celle d’Eugène Ionesco procure à Daniela Dinca l’occasion de commenter un aspect spécial du métissage que La Cantatriceȱ chauve met en évidence, en l’occurrence le traitementdesnomspropresdepersonnes,d’ethnies,delieux,etc. Avec Albert Memmi (Agar) et Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés), nousentronsdansl’espacemaghrébinsoumisàl’analyseparlesRoumains. LeregardcroiséproposéparCristianaTeodorescuaboutitàunedescription finedesculturesàcontextericheetdesculturesàcontextepauvre,selonle modèle de E. Hall, à propos de l’œuvre d’A. Memmi. Le problème des dialoguesdesculturesattireAndaRadulescu,quis’intéresseàunromande Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés) pour proposer une analyse à la fois «interculturelle» et «interculturelle». Alina Tenescu, quant à elle, attire l’attention sur la perspective du métissage comme accumulation de la technologiemédiatiquedansunromandeFrédéricBeigbeder. L’importanceetlarichessedecevolumerésidentdansl’ouverture culturelle proposée par toutes les études,leur perspectived’analyse et leur préoccupation de lier l’espace littéraire à la réalité de la classe de français. Mêmesicevolumen’estpasunlivrededidactiqueensoi,lapluaprtdeses articlesrelèventdeladidactiqueparleurorientationetparleurssuggestions de nouvelles pistes dans la didactique des langues, ainsi que par leur préoccupation de repositionner les écrivains francophones «minoritaires» danslescursusscolaires. Du Nord de l’Afrique, le chemin des recherches se déplace vers l’Est de l’Europe, en Roumanie, espace de multiples confluences, d’où proviennentPanaïtIstratietEugèneIonesco.L’œuvred’Istratiestsoumise par Cecilia Condei à une analyse qui souligne les métissages linguistiques, textuels et orthographiques dont elle est pétie. Celle d’Eugène Ionesco procure à Daniela Dinca l’occasion de commenter un aspect spécial du métissage que La Cantatriceȱ chauve met en évidence, en l’occurrence le traitementdesnomspropresdepersonnes,d’ethnies,delieux,etc. Avec Albert Memmi (Agar) et Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés), nousentronsdansl’espacemaghrébinsoumisàl’analyseparlesRoumains. LeregardcroiséproposéparCristianaTeodorescuaboutitàunedescription finedesculturesàcontextericheetdesculturesàcontextepauvre,selonle modèle de E. Hall, à propos de l’œuvre d’A. Memmi. Le problème des dialoguesdesculturesattireAndaRadulescu,quis’intéresseàunromande Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés) pour proposer une analyse à la fois «interculturelle» et «interculturelle». Alina Tenescu, quant à elle, attire l’attention sur la perspective du métissage comme accumulation de la technologiemédiatiquedansunromandeFrédéricBeigbeder. L’importanceetlarichessedecevolumerésidentdansl’ouverture culturelle proposée par toutes les études,leur perspectived’analyse et leur préoccupation de lier l’espace littéraire à la réalité de la classe de français. Mêmesicevolumen’estpasunlivrededidactiqueensoi,lapluaprtdeses articlesrelèventdeladidactiqueparleurorientationetparleurssuggestions de nouvelles pistes dans la didactique des langues, ainsi que par leur préoccupation de repositionner les écrivains francophones «minoritaires» danslescursusscolaires. Ce colloque et ses Actes s’inscrivent dans une action de recherche en réseau (DCAM AUF, Pa: 2091RR710), déployée par trois équipes, représentanttroiscentresuniversitaires:l’UniversitécatholiquedeLouvain, LouvainlaNeuve, Belgique – Luc Collès, JeanLouis Dufays, Francine Thyrion,IoanaBelu–,l’UniversitédeSousse,TunisieAmorSéoud,Naima Meftah, Nejiba Régaieg – et l’Université de Craiova, Roumanie – Cristiana Teodorescu etCecilia Condei (directeur dugroupe). A cette équipe se sont associés, dans le cadre du colloque, différents chercheurs et enseignants préoccupés par les phénomènes de métissage et les effets de la mondialisation. Ce colloque et ses Actes s’inscrivent dans une action de recherche en réseau (DCAM AUF, Pa: 2091RR710), déployée par trois équipes, représentanttroiscentresuniversitaires:l’UniversitécatholiquedeLouvain, LouvainlaNeuve, Belgique – Luc Collès, JeanLouis Dufays, Francine Thyrion,IoanaBelu–,l’UniversitédeSousse,TunisieAmorSéoud,Naima Meftah, Nejiba Régaieg – et l’Université de Craiova, Roumanie – Cristiana Teodorescu etCecilia Condei (directeur dugroupe). A cette équipe se sont associés, dans le cadre du colloque, différents chercheurs et enseignants préoccupés par les phénomènes de métissage et les effets de la mondialisation. CeciliaCondei,JeanLouisDufaysetCristianaTeodorescu 8 CeciliaCondei,JeanLouisDufaysetCristianaTeodorescu 8 Du Nord de l’Afrique, le chemin des recherches se déplace vers l’Est de l’Europe, en Roumanie, espace de multiples confluences, d’où proviennentPanaïtIstratietEugèneIonesco.L’œuvred’Istratiestsoumise par Cecilia Condei à une analyse qui souligne les métissages linguistiques, textuels et orthographiques dont elle est pétie. Celle d’Eugène Ionesco procure à Daniela Dinca l’occasion de commenter un aspect spécial du métissage que La Cantatriceȱ chauve met en évidence, en l’occurrence le traitementdesnomspropresdepersonnes,d’ethnies,delieux,etc. Avec Albert Memmi (Agar) et Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés), nousentronsdansl’espacemaghrébinsoumisàl’analyseparlesRoumains. LeregardcroiséproposéparCristianaTeodorescuaboutitàunedescription finedesculturesàcontextericheetdesculturesàcontextepauvre,selonle modèle de E. Hall, à propos de l’œuvre d’A. Memmi. Le problème des dialoguesdesculturesattireAndaRadulescu,quis’intéresseàunromande Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés) pour proposer une analyse à la fois «interculturelle» et «interculturelle». Alina Tenescu, quant à elle, attire l’attention sur la perspective du métissage comme accumulation de la technologiemédiatiquedansunromandeFrédéricBeigbeder. L’importanceetlarichessedecevolumerésidentdansl’ouverture culturelle proposée par toutes les études,leur perspectived’analyse et leur préoccupation de lier l’espace littéraire à la réalité de la classe de français. Mêmesicevolumen’estpasunlivrededidactiqueensoi,lapluaprtdeses articlesrelèventdeladidactiqueparleurorientationetparleurssuggestions de nouvelles pistes dans la didactique des langues, ainsi que par leur préoccupation de repositionner les écrivains francophones «minoritaires» danslescursusscolaires. Du Nord de l’Afrique, le chemin des recherches se déplace vers l’Est de l’Europe, en Roumanie, espace de multiples confluences, d’où proviennentPanaïtIstratietEugèneIonesco.L’œuvred’Istratiestsoumise par Cecilia Condei à une analyse qui souligne les métissages linguistiques, textuels et orthographiques dont elle est pétie. Celle d’Eugène Ionesco procure à Daniela Dinca l’occasion de commenter un aspect spécial du métissage que La Cantatriceȱ chauve met en évidence, en l’occurrence le traitementdesnomspropresdepersonnes,d’ethnies,delieux,etc. Avec Albert Memmi (Agar) et Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés), nousentronsdansl’espacemaghrébinsoumisàl’analyseparlesRoumains. LeregardcroiséproposéparCristianaTeodorescuaboutitàunedescription finedesculturesàcontextericheetdesculturesàcontextepauvre,selonle modèle de E. Hall, à propos de l’œuvre d’A. Memmi. Le problème des dialoguesdesculturesattireAndaRadulescu,quis’intéresseàunromande Tahar Ben Jelloun (Lesȱ yeuxȱ baissés) pour proposer une analyse à la fois «interculturelle» et «interculturelle». Alina Tenescu, quant à elle, attire l’attention sur la perspective du métissage comme accumulation de la technologiemédiatiquedansunromandeFrédéricBeigbeder. L’importanceetlarichessedecevolumerésidentdansl’ouverture culturelle proposée par toutes les études,leur perspectived’analyse et leur préoccupation de lier l’espace littéraire à la réalité de la classe de français. Mêmesicevolumen’estpasunlivrededidactiqueensoi,lapluaprtdeses articlesrelèventdeladidactiqueparleurorientationetparleurssuggestions de nouvelles pistes dans la didactique des langues, ainsi que par leur préoccupation de repositionner les écrivains francophones «minoritaires» danslescursusscolaires. Ce colloque et ses Actes s’inscrivent dans une action de recherche en réseau (DCAM AUF, Pa: 2091RR710), déployée par trois équipes, représentanttroiscentresuniversitaires:l’UniversitécatholiquedeLouvain, LouvainlaNeuve, Belgique – Luc Collès, JeanLouis Dufays, Francine Thyrion,IoanaBelu–,l’UniversitédeSousse,TunisieAmorSéoud,Naima Meftah, Nejiba Régaieg – et l’Université de Craiova, Roumanie – Cristiana Teodorescu etCecilia Condei (directeur dugroupe). A cette équipe se sont associés, dans le cadre du colloque, différents chercheurs et enseignants préoccupés par les phénomènes de métissage et les effets de la mondialisation. Ce colloque et ses Actes s’inscrivent dans une action de recherche en réseau (DCAM AUF, Pa: 2091RR710), déployée par trois équipes, représentanttroiscentresuniversitaires:l’UniversitécatholiquedeLouvain, LouvainlaNeuve, Belgique – Luc Collès, JeanLouis Dufays, Francine Thyrion,IoanaBelu–,l’UniversitédeSousse,TunisieAmorSéoud,Naima Meftah, Nejiba Régaieg – et l’Université de Craiova, Roumanie – Cristiana Teodorescu etCecilia Condei (directeur dugroupe). A cette équipe se sont associés, dans le cadre du colloque, différents chercheurs et enseignants préoccupés par les phénomènes de métissage et les effets de la mondialisation. CeciliaCondei,JeanLouisDufaysetCristianaTeodorescu 8 CeciliaCondei,JeanLouisDufaysetCristianaTeodorescu 8 ȱ ȱ Conférenceȱinauguraleȱ Conférenceȱinauguraleȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ DIVERSITÉȱCULTURELLEȱETȱEFFETSȱDEȱLAȱ MONDIALISATIONȱCHEZȱLESȱÉCRIVAINSȱ FRANCOPHONESȱ DIVERSITÉȱCULTURELLEȱETȱEFFETSȱDEȱLAȱ MONDIALISATIONȱCHEZȱLESȱÉCRIVAINSȱ FRANCOPHONESȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ LucȱCOLLÈSȱȱ UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ ȱ ȱ ȱ LucȱCOLLÈSȱȱ UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ Al’heureactuelle,l’idéedediversitéȱculturelleconnaîtunnet regain d’intérêt. On peut même aller jusqu’à dire qu’elle est considérée comme un des enjeux de la mondialisation. Deux types de situations différentes expliquent cette nouvelle reconnaissance internationale: d’une part, la fragmentation croissante des sociétés et, d’autre part, l’exigence des minorités nationales d’une reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle. Al’heureactuelle,l’idéedediversitéȱculturelleconnaîtunnet regain d’intérêt. On peut même aller jusqu’à dire qu’elle est considérée comme un des enjeux de la mondialisation. Deux types de situations différentes expliquent cette nouvelle reconnaissance internationale: d’une part, la fragmentation croissante des sociétés et, d’autre part, l’exigence des minorités nationales d’une reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle. Danslepremiercas,onassisteàlatransformationprofonde de nos sociétés qui, notamment à travers le phénomène de l’immigration, deviennent de plus en plus fragmentées et multiculturelles.Cettetransformationnesefaitpassansheurtsetle terme de «ghettos» revient souvent dans le débat à ce sujet. C’est danscecontextedemétissagesocialquel’idéedediversitéculturelle fait sa première apparition. Il s’agit alors de décrire cette juxtapositiondeculturesdifférentesauseind’unemêmesociétéou d’unmêmepays.Ils’agitaussideprendreactedelafind’untypede sociéténationalefondéesurunecultureetuneidentitéhomogènes. Danslepremiercas,onassisteàlatransformationprofonde de nos sociétés qui, notamment à travers le phénomène de l’immigration, deviennent de plus en plus fragmentées et multiculturelles.Cettetransformationnesefaitpassansheurtsetle terme de «ghettos» revient souvent dans le débat à ce sujet. C’est danscecontextedemétissagesocialquel’idéedediversitéculturelle fait sa première apparition. Il s’agit alors de décrire cette juxtapositiondeculturesdifférentesauseind’unemêmesociétéou d’unmêmepays.Ils’agitaussideprendreactedelafind’untypede sociéténationalefondéesurunecultureetuneidentitéhomogènes. 9 9 ȱ ȱ Conférenceȱinauguraleȱ Conférenceȱinauguraleȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ DIVERSITÉȱCULTURELLEȱETȱEFFETSȱDEȱLAȱ MONDIALISATIONȱCHEZȱLESȱÉCRIVAINSȱ FRANCOPHONESȱ ȱ DIVERSITÉȱCULTURELLEȱETȱEFFETSȱDEȱLAȱ MONDIALISATIONȱCHEZȱLESȱÉCRIVAINSȱ FRANCOPHONESȱ ȱ ȱ ȱ ȱ LucȱCOLLÈSȱȱ UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ ȱ ȱ ȱ LucȱCOLLÈSȱȱ UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ Al’heureactuelle,l’idéedediversitéȱculturelleconnaîtunnet regain d’intérêt. On peut même aller jusqu’à dire qu’elle est considérée comme un des enjeux de la mondialisation. Deux types de situations différentes expliquent cette nouvelle reconnaissance internationale: d’une part, la fragmentation croissante des sociétés et, d’autre part, l’exigence des minorités nationales d’une reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle. Al’heureactuelle,l’idéedediversitéȱculturelleconnaîtunnet regain d’intérêt. On peut même aller jusqu’à dire qu’elle est considérée comme un des enjeux de la mondialisation. Deux types de situations différentes expliquent cette nouvelle reconnaissance internationale: d’une part, la fragmentation croissante des sociétés et, d’autre part, l’exigence des minorités nationales d’une reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle. Danslepremiercas,onassisteàlatransformationprofonde de nos sociétés qui, notamment à travers le phénomène de l’immigration, deviennent de plus en plus fragmentées et multiculturelles.Cettetransformationnesefaitpassansheurtsetle terme de «ghettos» revient souvent dans le débat à ce sujet. C’est danscecontextedemétissagesocialquel’idéedediversitéculturelle fait sa première apparition. Il s’agit alors de décrire cette juxtapositiondeculturesdifférentesauseind’unemêmesociétéou d’unmêmepays.Ils’agitaussideprendreactedelafind’untypede sociéténationalefondéesurunecultureetuneidentitéhomogènes. Danslepremiercas,onassisteàlatransformationprofonde de nos sociétés qui, notamment à travers le phénomène de l’immigration, deviennent de plus en plus fragmentées et multiculturelles.Cettetransformationnesefaitpassansheurtsetle terme de «ghettos» revient souvent dans le débat à ce sujet. C’est danscecontextedemétissagesocialquel’idéedediversitéculturelle fait sa première apparition. Il s’agit alors de décrire cette juxtapositiondeculturesdifférentesauseind’unemêmesociétéou d’unmêmepays.Ils’agitaussideprendreactedelafind’untypede sociéténationalefondéesurunecultureetuneidentitéhomogènes. 9 9 A partir de ce constat de la fin de l’homogénéité nationale, l’idée de diversité culturelle est employée pour désigner des phénomènes bien distincts et d’origines très différentes tels que le régionalisme, les minorités nationales, les langues régionales ou minoritaireset,plusgénéralement,l’immigration.Atitred’exemple, le Conseil de l’Europe tente d’éclairer cette idée en faisant le catalogue des éléments qu’elle recouvre: diversité régionale et locale,diversitélinguistique,diversitéreligieuse,diversitéethnique, diversité des produits et créations artistiques, etc. On le voit, l’idée de «diversité» est comprise, dans ce genre de situation, par opposition à celle d’«homogénéité». Cependant, dans un contexte national,cetteidéepeutêtrerapidementperçuecommeunemenace pourlacohésionsociale.End’autrestermes,elleestemployéepour définir,demanièrepositiveetconstructive,unesituationdefaitqui poseproblème.Ladiversitéculturelleestainsiprésentéecommeun enrichissement pour les sociétés concernées, quand bien même ces sociétéslaconsidèreraientavecunecertaineanxiété. A partir de ce constat de la fin de l’homogénéité nationale, l’idée de diversité culturelle est employée pour désigner des phénomènes bien distincts et d’origines très différentes tels que le régionalisme, les minorités nationales, les langues régionales ou minoritaireset,plusgénéralement,l’immigration.Atitred’exemple, le Conseil de l’Europe tente d’éclairer cette idée en faisant le catalogue des éléments qu’elle recouvre: diversité régionale et locale,diversitélinguistique,diversitéreligieuse,diversitéethnique, diversité des produits et créations artistiques, etc. On le voit, l’idée de «diversité» est comprise, dans ce genre de situation, par opposition à celle d’«homogénéité». Cependant, dans un contexte national,cetteidéepeutêtrerapidementperçuecommeunemenace pourlacohésionsociale.End’autrestermes,elleestemployéepour définir,demanièrepositiveetconstructive,unesituationdefaitqui poseproblème.Ladiversitéculturelleestainsiprésentéecommeun enrichissement pour les sociétés concernées, quand bien même ces sociétéslaconsidèreraientavecunecertaineanxiété. D’autre part, pensons aux problèmes des minorités nationales ou des régions d’Europe qui réclament plus de reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle.Pensonsaussiaux différents conflits qui, sauf exception, ne se déroulent plus entre Etatsmaisentrecommunautésethniques,religieusesouautres,àtel point qu’on parle désormais de conflits identitaires. Les individus qui, jusqu’en 1945, demandaient la reconnaissance de droits politiques réclament aujourd’hui le droit de parler leur propre langue ainsi que le respect de leur patronyme. En ce début de troisième millénaire, on assiste donc à un glissement marqué du «politique»vers le«culturel» dans tous les domaines. Il n’est pas exagérédedirequelerespectdeladiversitéculturelleestdevenuun enjeumajeur,nonseulementdelamondialisation,maissurtoutdela paixetdelastabilitédanslemonde. D’autre part, pensons aux problèmes des minorités nationales ou des régions d’Europe qui réclament plus de reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle.Pensonsaussiaux différents conflits qui, sauf exception, ne se déroulent plus entre Etatsmaisentrecommunautésethniques,religieusesouautres,àtel point qu’on parle désormais de conflits identitaires. Les individus qui, jusqu’en 1945, demandaient la reconnaissance de droits politiques réclament aujourd’hui le droit de parler leur propre langue ainsi que le respect de leur patronyme. En ce début de troisième millénaire, on assiste donc à un glissement marqué du «politique»vers le«culturel» dans tous les domaines. Il n’est pas exagérédedirequelerespectdeladiversitéculturelleestdevenuun enjeumajeur,nonseulementdelamondialisation,maissurtoutdela paixetdelastabilitédanslemonde. En conséquence, l’idée de diversité culturelle dépasse le cadredessimplespolitiquesculturelles;c’estunprojetdesociété,un projet politique, une alternative au choc des civilisations prédit de 10 En conséquence, l’idée de diversité culturelle dépasse le cadredessimplespolitiquesculturelles;c’estunprojetdesociété,un projet politique, une alternative au choc des civilisations prédit de 10 A partir de ce constat de la fin de l’homogénéité nationale, l’idée de diversité culturelle est employée pour désigner des phénomènes bien distincts et d’origines très différentes tels que le régionalisme, les minorités nationales, les langues régionales ou minoritaireset,plusgénéralement,l’immigration.Atitred’exemple, le Conseil de l’Europe tente d’éclairer cette idée en faisant le catalogue des éléments qu’elle recouvre: diversité régionale et locale,diversitélinguistique,diversitéreligieuse,diversitéethnique, diversité des produits et créations artistiques, etc. On le voit, l’idée de «diversité» est comprise, dans ce genre de situation, par opposition à celle d’«homogénéité». Cependant, dans un contexte national,cetteidéepeutêtrerapidementperçuecommeunemenace pourlacohésionsociale.End’autrestermes,elleestemployéepour définir,demanièrepositiveetconstructive,unesituationdefaitqui poseproblème.Ladiversitéculturelleestainsiprésentéecommeun enrichissement pour les sociétés concernées, quand bien même ces sociétéslaconsidèreraientavecunecertaineanxiété. A partir de ce constat de la fin de l’homogénéité nationale, l’idée de diversité culturelle est employée pour désigner des phénomènes bien distincts et d’origines très différentes tels que le régionalisme, les minorités nationales, les langues régionales ou minoritaireset,plusgénéralement,l’immigration.Atitred’exemple, le Conseil de l’Europe tente d’éclairer cette idée en faisant le catalogue des éléments qu’elle recouvre: diversité régionale et locale,diversitélinguistique,diversitéreligieuse,diversitéethnique, diversité des produits et créations artistiques, etc. On le voit, l’idée de «diversité» est comprise, dans ce genre de situation, par opposition à celle d’«homogénéité». Cependant, dans un contexte national,cetteidéepeutêtrerapidementperçuecommeunemenace pourlacohésionsociale.End’autrestermes,elleestemployéepour définir,demanièrepositiveetconstructive,unesituationdefaitqui poseproblème.Ladiversitéculturelleestainsiprésentéecommeun enrichissement pour les sociétés concernées, quand bien même ces sociétéslaconsidèreraientavecunecertaineanxiété. D’autre part, pensons aux problèmes des minorités nationales ou des régions d’Europe qui réclament plus de reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle.Pensonsaussiaux différents conflits qui, sauf exception, ne se déroulent plus entre Etatsmaisentrecommunautésethniques,religieusesouautres,àtel point qu’on parle désormais de conflits identitaires. Les individus qui, jusqu’en 1945, demandaient la reconnaissance de droits politiques réclament aujourd’hui le droit de parler leur propre langue ainsi que le respect de leur patronyme. En ce début de troisième millénaire, on assiste donc à un glissement marqué du «politique»vers le«culturel» dans tous les domaines. Il n’est pas exagérédedirequelerespectdeladiversitéculturelleestdevenuun enjeumajeur,nonseulementdelamondialisation,maissurtoutdela paixetdelastabilitédanslemonde. D’autre part, pensons aux problèmes des minorités nationales ou des régions d’Europe qui réclament plus de reconnaissancedeleurpropreidentitéculturelle.Pensonsaussiaux différents conflits qui, sauf exception, ne se déroulent plus entre Etatsmaisentrecommunautésethniques,religieusesouautres,àtel point qu’on parle désormais de conflits identitaires. Les individus qui, jusqu’en 1945, demandaient la reconnaissance de droits politiques réclament aujourd’hui le droit de parler leur propre langue ainsi que le respect de leur patronyme. En ce début de troisième millénaire, on assiste donc à un glissement marqué du «politique»vers le«culturel» dans tous les domaines. Il n’est pas exagérédedirequelerespectdeladiversitéculturelleestdevenuun enjeumajeur,nonseulementdelamondialisation,maissurtoutdela paixetdelastabilitédanslemonde. En conséquence, l’idée de diversité culturelle dépasse le cadredessimplespolitiquesculturelles;c’estunprojetdesociété,un projet politique, une alternative au choc des civilisations prédit de 10 En conséquence, l’idée de diversité culturelle dépasse le cadredessimplespolitiquesculturelles;c’estunprojetdesociété,un projet politique, une alternative au choc des civilisations prédit de 10 manièredramatiqueparSamuelHuntington.Onpeutmêmeavancer que,danslecontextedelamondialisation,l’acteurquiseracapable desesaisird’untelprojets’assurerauneplacedechoixsurlascène internationale. manièredramatiqueparSamuelHuntington.Onpeutmêmeavancer que,danslecontextedelamondialisation,l’acteurquiseracapable desesaisird’untelprojets’assurerauneplacedechoixsurlascène internationale. Ainsi,d’aprèsBernardWicht,laFrancophoniepeutjouerce rôle: Ainsi,d’aprèsBernardWicht,laFrancophoniepeutjouerce rôle: Unȱ doubleȱ rôle.ȱ D’uneȱ part,ȱ elleȱ peutȱ proposerȱ uneȱ formulationȱ «ȱconvivialeȱȱ»ȱ deȱ laȱ diversitéȱ culturelle,ȱ formulationȱ quiȱ seȱ démarqueȱ clairementȱ deȱ laȱ conceptionȱ dominanteȱ duȱ multiculturalisme.ȱ D’autreȱ part,ȱ elleȱ peutȱ enȱ faireȱ sonȱ principeȱ d’actionȱ dansȱ leȱ mondeȱ –ȱ àȱ côtéȱ deȱ l’idéalȱ démocratiqueȱetȱdeȱlaȱpromotionȱdesȱdroitsȱdeȱl’hommeȱ–ȱlorsqu’elleȱoffreȱsaȱ médiation,ȱ chercheȱ àȱ désamorcerȱ lesȱ conflitsȱ etȱ àȱ rétablirȱ leȱ dialogueȱ diplomatique,ȱpolitiqueȱetȱinterculturel.(Wicht,2004:26)ȱȱ Unȱ doubleȱ rôle.ȱ D’uneȱ part,ȱ elleȱ peutȱ proposerȱ uneȱ formulationȱ «ȱconvivialeȱȱ»ȱ deȱ laȱ diversitéȱ culturelle,ȱ formulationȱ quiȱ seȱ démarqueȱ clairementȱ deȱ laȱ conceptionȱ dominanteȱ duȱ multiculturalisme.ȱ D’autreȱ part,ȱ elleȱ peutȱ enȱ faireȱ sonȱ principeȱ d’actionȱ dansȱ leȱ mondeȱ –ȱ àȱ côtéȱ deȱ l’idéalȱ démocratiqueȱetȱdeȱlaȱpromotionȱdesȱdroitsȱdeȱl’hommeȱ–ȱlorsqu’elleȱoffreȱsaȱ médiation,ȱ chercheȱ àȱ désamorcerȱ lesȱ conflitsȱ etȱ àȱ rétablirȱ leȱ dialogueȱ diplomatique,ȱpolitiqueȱetȱinterculturel.(Wicht,2004:26)ȱȱ L’idéedediversitéculturellecorrespondassezlargementàla définition de l’espace francophone. La Francophonie se présente notamment comme un espace de liberté, de culture, de communication et de solidarité permettant la cohabitation du françaisaveclapluralitédesautreslanguesnationales,régionaleset localesouencorel’existencedemouvementsculturelsfortstelsque la «négritude». Il y a donc bel et bien tension (au sens positif) et équilibre entre des localismes et un idéal que l’on peut qualifier de confédéral, voire d’universel. Cohabitation, solidarité: c’est l’interculturalité qui est au cœur même de cet espace francophone. Interculturalité,c’estàdirereconnaissancemutuelle,reconnaissance decettediversité. L’idéedediversitéculturellecorrespondassezlargementàla définition de l’espace francophone. La Francophonie se présente notamment comme un espace de liberté, de culture, de communication et de solidarité permettant la cohabitation du françaisaveclapluralitédesautreslanguesnationales,régionaleset localesouencorel’existencedemouvementsculturelsfortstelsque la «négritude». Il y a donc bel et bien tension (au sens positif) et équilibre entre des localismes et un idéal que l’on peut qualifier de confédéral, voire d’universel. Cohabitation, solidarité: c’est l’interculturalité qui est au cœur même de cet espace francophone. Interculturalité,c’estàdirereconnaissancemutuelle,reconnaissance decettediversité. L’idée de diversité culturelle correspond aussi à la mission politique,diplomatiqueetculturelleques’estfixéelaFrancophonie. Cette dernière a une marge de manœuvre suffisante pour jouer un rôle actif (offensif devraiton dire) dans les relations internationales en se faisant le promoteur de la diversité culturelle et du dialogue interculturel dans le monde. Un objectif général est à atteindre: la miseenvaleuretlaprotectiondesculturesdumondefaceaudanger del’uniformisation.Danscetteperspective,cequiserafaitauseinde L’idée de diversité culturelle correspond aussi à la mission politique,diplomatiqueetculturelleques’estfixéelaFrancophonie. Cette dernière a une marge de manœuvre suffisante pour jouer un rôle actif (offensif devraiton dire) dans les relations internationales en se faisant le promoteur de la diversité culturelle et du dialogue interculturel dans le monde. Un objectif général est à atteindre: la miseenvaleuretlaprotectiondesculturesdumondefaceaudanger del’uniformisation.Danscetteperspective,cequiserafaitauseinde 11 11 manièredramatiqueparSamuelHuntington.Onpeutmêmeavancer que,danslecontextedelamondialisation,l’acteurquiseracapable desesaisird’untelprojets’assurerauneplacedechoixsurlascène internationale. manièredramatiqueparSamuelHuntington.Onpeutmêmeavancer que,danslecontextedelamondialisation,l’acteurquiseracapable desesaisird’untelprojets’assurerauneplacedechoixsurlascène internationale. Ainsi,d’aprèsBernardWicht,laFrancophoniepeutjouerce Ainsi,d’aprèsBernardWicht,laFrancophoniepeutjouerce rôle: rôle: Unȱ doubleȱ rôle.ȱ D’uneȱ part,ȱ elleȱ peutȱ proposerȱ uneȱ formulationȱ «ȱconvivialeȱȱ»ȱ deȱ laȱ diversitéȱ culturelle,ȱ formulationȱ quiȱ seȱ démarqueȱ clairementȱ deȱ laȱ conceptionȱ dominanteȱ duȱ multiculturalisme.ȱ D’autreȱ part,ȱ elleȱ peutȱ enȱ faireȱ sonȱ principeȱ d’actionȱ dansȱ leȱ mondeȱ –ȱ àȱ côtéȱ deȱ l’idéalȱ démocratiqueȱetȱdeȱlaȱpromotionȱdesȱdroitsȱdeȱl’hommeȱ–ȱlorsqu’elleȱoffreȱsaȱ médiation,ȱ chercheȱ àȱ désamorcerȱ lesȱ conflitsȱ etȱ àȱ rétablirȱ leȱ dialogueȱ diplomatique,ȱpolitiqueȱetȱinterculturel.(Wicht,2004:26)ȱȱ Unȱ doubleȱ rôle.ȱ D’uneȱ part,ȱ elleȱ peutȱ proposerȱ uneȱ formulationȱ «ȱconvivialeȱȱ»ȱ deȱ laȱ diversitéȱ culturelle,ȱ formulationȱ quiȱ seȱ démarqueȱ clairementȱ deȱ laȱ conceptionȱ dominanteȱ duȱ multiculturalisme.ȱ D’autreȱ part,ȱ elleȱ peutȱ enȱ faireȱ sonȱ principeȱ d’actionȱ dansȱ leȱ mondeȱ –ȱ àȱ côtéȱ deȱ l’idéalȱ démocratiqueȱetȱdeȱlaȱpromotionȱdesȱdroitsȱdeȱl’hommeȱ–ȱlorsqu’elleȱoffreȱsaȱ médiation,ȱ chercheȱ àȱ désamorcerȱ lesȱ conflitsȱ etȱ àȱ rétablirȱ leȱ dialogueȱ diplomatique,ȱpolitiqueȱetȱinterculturel.(Wicht,2004:26)ȱȱ L’idéedediversitéculturellecorrespondassezlargementàla définition de l’espace francophone. La Francophonie se présente notamment comme un espace de liberté, de culture, de communication et de solidarité permettant la cohabitation du françaisaveclapluralitédesautreslanguesnationales,régionaleset localesouencorel’existencedemouvementsculturelsfortstelsque la «négritude». Il y a donc bel et bien tension (au sens positif) et équilibre entre des localismes et un idéal que l’on peut qualifier de confédéral, voire d’universel. Cohabitation, solidarité: c’est l’interculturalité qui est au cœur même de cet espace francophone. Interculturalité,c’estàdirereconnaissancemutuelle,reconnaissance decettediversité. L’idéedediversitéculturellecorrespondassezlargementàla définition de l’espace francophone. La Francophonie se présente notamment comme un espace de liberté, de culture, de communication et de solidarité permettant la cohabitation du françaisaveclapluralitédesautreslanguesnationales,régionaleset localesouencorel’existencedemouvementsculturelsfortstelsque la «négritude». Il y a donc bel et bien tension (au sens positif) et équilibre entre des localismes et un idéal que l’on peut qualifier de confédéral, voire d’universel. Cohabitation, solidarité: c’est l’interculturalité qui est au cœur même de cet espace francophone. Interculturalité,c’estàdirereconnaissancemutuelle,reconnaissance decettediversité. L’idée de diversité culturelle correspond aussi à la mission politique,diplomatiqueetculturelleques’estfixéelaFrancophonie. Cette dernière a une marge de manœuvre suffisante pour jouer un rôle actif (offensif devraiton dire) dans les relations internationales en se faisant le promoteur de la diversité culturelle et du dialogue interculturel dans le monde. Un objectif général est à atteindre: la miseenvaleuretlaprotectiondesculturesdumondefaceaudanger del’uniformisation.Danscetteperspective,cequiserafaitauseinde L’idée de diversité culturelle correspond aussi à la mission politique,diplomatiqueetculturelleques’estfixéelaFrancophonie. Cette dernière a une marge de manœuvre suffisante pour jouer un rôle actif (offensif devraiton dire) dans les relations internationales en se faisant le promoteur de la diversité culturelle et du dialogue interculturel dans le monde. Un objectif général est à atteindre: la miseenvaleuretlaprotectiondesculturesdumondefaceaudanger del’uniformisation.Danscetteperspective,cequiserafaitauseinde 11 11 lafrancophonieauravaleurd’exempleetpourraaussiêtreréaliséen dehorsdecetespace. lafrancophonieauravaleurd’exempleetpourraaussiêtreréaliséen dehorsdecetespace. Il est de faitque l’«exception culturelle» représente undes moyens parmi ceux qui peuvent conduire à cette protection de la diversité culturelle. Un élément clé du raisonnement réside dans l’affirmation que les biens et services culturels (livres, disques, jeux multimédias, films et audiovisuel) ne sont pas comparables à d’autres marchandises et services. C’est pourquoi ils méritent un traitement différent ou exceptionnel qui les protège de la standardisationcommercialeallantdepairaveclaconsommationde masse et les économies d’échelle. Cela implique au minimum un traitement lui aussi «différent» à l’intérieur des accords qui régissentlecommerceinternational.Ilimportedepouvoirmettreen place un cadre réglementaire efficace et de définir des politiques culturelles gouvernementales qui permettent de promouvoir et de renforcerlaproductiondesindustriesculturelles1. Il est de faitque l’«exception culturelle» représente undes moyens parmi ceux qui peuvent conduire à cette protection de la diversité culturelle. Un élément clé du raisonnement réside dans l’affirmation que les biens et services culturels (livres, disques, jeux multimédias, films et audiovisuel) ne sont pas comparables à d’autres marchandises et services. C’est pourquoi ils méritent un traitement différent ou exceptionnel qui les protège de la standardisationcommercialeallantdepairaveclaconsommationde masse et les économies d’échelle. Cela implique au minimum un traitement lui aussi «différent» à l’intérieur des accords qui régissentlecommerceinternational.Ilimportedepouvoirmettreen place un cadre réglementaire efficace et de définir des politiques culturelles gouvernementales qui permettent de promouvoir et de renforcerlaproductiondesindustriesculturelles1. La Francophonie constitue un espace géoculturel qui conjugue l’unité d’une langue et de valeurs communes, et la diversité qui lui confère sa composition géographique, culturelle et économique. Elle tente de mettre en place un modèle régulé protégeant cette diversité et limitant les effets de dominance des schémas culturels les plus puissants sur les plus démunis. C’est en cela qu’elle est, par essence et par expérience, un laboratoire de la diversitéculturelle. La Francophonie constitue un espace géoculturel qui conjugue l’unité d’une langue et de valeurs communes, et la diversité qui lui confère sa composition géographique, culturelle et économique. Elle tente de mettre en place un modèle régulé protégeant cette diversité et limitant les effets de dominance des schémas culturels les plus puissants sur les plus démunis. C’est en cela qu’elle est, par essence et par expérience, un laboratoire de la diversitéculturelle. L’idée de diversité culturelle dépasse donc le cadre des simplespolitiquesculturellespourêtreunprojetpolitiquequiviseà constituer une réponse aux retombées de la mondialisation sur la culture. C’est aussi un projet de société qui entend refuser la globalisation sans régulation et la marchandisation de la culture. C’est enfin un projet philosophique, se présentant comme une alternative au «choc des civilisations» prédit de manière dramatique par Samuel Huntington et visant avant tout la reconnaissance des valeurs culturelles réciproques et le recentrage surl’homme. L’idée de diversité culturelle dépasse donc le cadre des simplespolitiquesculturellespourêtreunprojetpolitiquequiviseà constituer une réponse aux retombées de la mondialisation sur la culture. C’est aussi un projet de société qui entend refuser la globalisation sans régulation et la marchandisation de la culture. C’est enfin un projet philosophique, se présentant comme une alternative au «choc des civilisations» prédit de manière dramatique par Samuel Huntington et visant avant tout la reconnaissance des valeurs culturelles réciproques et le recentrage surl’homme. 12 12 lafrancophonieauravaleurd’exempleetpourraaussiêtreréaliséen dehorsdecetespace. lafrancophonieauravaleurd’exempleetpourraaussiêtreréaliséen dehorsdecetespace. Il est de faitque l’«exception culturelle» représente undes moyens parmi ceux qui peuvent conduire à cette protection de la diversité culturelle. Un élément clé du raisonnement réside dans l’affirmation que les biens et services culturels (livres, disques, jeux multimédias, films et audiovisuel) ne sont pas comparables à d’autres marchandises et services. C’est pourquoi ils méritent un traitement différent ou exceptionnel qui les protège de la standardisationcommercialeallantdepairaveclaconsommationde masse et les économies d’échelle. Cela implique au minimum un traitement lui aussi «différent» à l’intérieur des accords qui régissentlecommerceinternational.Ilimportedepouvoirmettreen place un cadre réglementaire efficace et de définir des politiques culturelles gouvernementales qui permettent de promouvoir et de renforcerlaproductiondesindustriesculturelles1. Il est de faitque l’«exception culturelle» représente undes moyens parmi ceux qui peuvent conduire à cette protection de la diversité culturelle. Un élément clé du raisonnement réside dans l’affirmation que les biens et services culturels (livres, disques, jeux multimédias, films et audiovisuel) ne sont pas comparables à d’autres marchandises et services. C’est pourquoi ils méritent un traitement différent ou exceptionnel qui les protège de la standardisationcommercialeallantdepairaveclaconsommationde masse et les économies d’échelle. Cela implique au minimum un traitement lui aussi «différent» à l’intérieur des accords qui régissentlecommerceinternational.Ilimportedepouvoirmettreen place un cadre réglementaire efficace et de définir des politiques culturelles gouvernementales qui permettent de promouvoir et de renforcerlaproductiondesindustriesculturelles1. La Francophonie constitue un espace géoculturel qui conjugue l’unité d’une langue et de valeurs communes, et la diversité qui lui confère sa composition géographique, culturelle et économique. Elle tente de mettre en place un modèle régulé protégeant cette diversité et limitant les effets de dominance des schémas culturels les plus puissants sur les plus démunis. C’est en cela qu’elle est, par essence et par expérience, un laboratoire de la diversitéculturelle. La Francophonie constitue un espace géoculturel qui conjugue l’unité d’une langue et de valeurs communes, et la diversité qui lui confère sa composition géographique, culturelle et économique. Elle tente de mettre en place un modèle régulé protégeant cette diversité et limitant les effets de dominance des schémas culturels les plus puissants sur les plus démunis. C’est en cela qu’elle est, par essence et par expérience, un laboratoire de la diversitéculturelle. L’idée de diversité culturelle dépasse donc le cadre des simplespolitiquesculturellespourêtreunprojetpolitiquequiviseà constituer une réponse aux retombées de la mondialisation sur la culture. C’est aussi un projet de société qui entend refuser la globalisation sans régulation et la marchandisation de la culture. C’est enfin un projet philosophique, se présentant comme une alternative au «choc des civilisations» prédit de manière dramatique par Samuel Huntington et visant avant tout la reconnaissance des valeurs culturelles réciproques et le recentrage surl’homme. L’idée de diversité culturelle dépasse donc le cadre des simplespolitiquesculturellespourêtreunprojetpolitiquequiviseà constituer une réponse aux retombées de la mondialisation sur la culture. C’est aussi un projet de société qui entend refuser la globalisation sans régulation et la marchandisation de la culture. C’est enfin un projet philosophique, se présentant comme une alternative au «choc des civilisations» prédit de manière dramatique par Samuel Huntington et visant avant tout la reconnaissance des valeurs culturelles réciproques et le recentrage surl’homme. 12 12 Lesȱlittératuresȱfrancophonesȱ Lesȱlittératuresȱfrancophonesȱ Dans ce projet, le professeur de français a un rôle spécifique. Etre professeur de français aujourd’hui, c’est s’inscrire dans ce vaste espace interculturel.C’estinvitersesélèvesàpercevoircommentlefrançaispeutse colorier d’un pays à l’autre et exprimer des identités singulières. C’est les amener, à travers les littératures francophones, à enrichir leur propre univers linguistique et culturel. Comme le dit si bien Loïc Depecker, dans sonouvrageLesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonieȱ: Lesȱmotsȱneȱsontȱpasȱseulementȱdesȱsonsȱetȱdesȱ graphiesȱdouésȱdeȱsens,ȱdesȱ instrumentsȱ àȱ signifierȱ etȱ àȱ communiquerȱ;ȱ ilsȱ portentȱ aussiȱ desȱ saveursȱ etȱ desȱ impressions,ȱ desȱ émotionsȱ figées,ȱ desȱ énigmesȱ ouȱ desȱ symboles. (Depecker,1988:4) Dans ce projet, le professeur de français a un rôle spécifique. Etre professeur de français aujourd’hui, c’est s’inscrire dans ce vaste espace interculturel.C’estinvitersesélèvesàpercevoircommentlefrançaispeutse colorier d’un pays à l’autre et exprimer des identités singulières. C’est les amener, à travers les littératures francophones, à enrichir leur propre univers linguistique et culturel. Comme le dit si bien Loïc Depecker, dans sonouvrageLesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonieȱ: Lesȱmotsȱneȱsontȱpasȱseulementȱdesȱsonsȱetȱdesȱ graphiesȱdouésȱdeȱsens,ȱdesȱ instrumentsȱ àȱ signifierȱ etȱ àȱ communiquerȱ;ȱ ilsȱ portentȱ aussiȱ desȱ saveursȱ etȱ desȱ impressions,ȱ desȱ émotionsȱ figées,ȱ desȱ énigmesȱ ouȱ desȱ symboles. (Depecker,1988:4) Noussommesdoncconviésàunvoyagesentimentalaugré desfaçonsdedire,danscetespacelangagierplusquemillénaire,de source latine mais coloré de cent influences et aujourd’hui voué à l’expressiondeplusieursidentitésculturellesetsociales. Noussommesdoncconviésàunvoyagesentimentalaugré desfaçonsdedire,danscetespacelangagierplusquemillénaire,de source latine mais coloré de cent influences et aujourd’hui voué à l’expressiondeplusieursidentitésculturellesetsociales. Étudier ces littératures, c’est se confronter à d’autres référents culturels, à des réalités historiques parfois méconnues, à des imaginaires autres. C’est prendre conscience de problèmes de société tout à fait spécifiques. Plusieurs écrivains francophones (du Québec aux Caraïbes en passant par l’Afrique) ont, en effet, utilisé l’arme de l’écriture comme vecteur de témoignage; c’est d’ailleurs souventcommemilitantsd’unecausenationalistequ’ilsontd’abord étéreconnus.Lefrançaissertaussideprotectioncontrelesrégimes autoritaires.Ainsidesintellectuelsroumainssesontilsréfugiésdans cettelanguesouslerégimecommuniste.AnneRosineDelbart(2005) a ainsi consacré un ouvrage à ceux qu’elle appelle «les exilés du langage»quiontchoisilefrançaiscommealternatived’expression. Étudier ces littératures, c’est se confronter à d’autres référents culturels, à des réalités historiques parfois méconnues, à des imaginaires autres. C’est prendre conscience de problèmes de société tout à fait spécifiques. Plusieurs écrivains francophones (du Québec aux Caraïbes en passant par l’Afrique) ont, en effet, utilisé l’arme de l’écriture comme vecteur de témoignage; c’est d’ailleurs souventcommemilitantsd’unecausenationalistequ’ilsontd’abord étéreconnus.Lefrançaissertaussideprotectioncontrelesrégimes autoritaires.Ainsidesintellectuelsroumainssesontilsréfugiésdans cettelanguesouslerégimecommuniste.AnneRosineDelbart(2005) a ainsi consacré un ouvrage à ceux qu’elle appelle «les exilés du langage»quiontchoisilefrançaiscommealternatived’expression. Le français peut être enfin un vecteur d’unification du monde latin. Je voudrais souligner combien les langues française et roumaine,parexemple,pourraients’associerentreellessurlesplans linguistique et culturel. Je songe notamment ici aux méthodes Le français peut être enfin un vecteur d’unification du monde latin. Je voudrais souligner combien les langues française et roumaine,parexemple,pourraients’associerentreellessurlesplans linguistique et culturel. Je songe notamment ici aux méthodes 13 13 Lesȱlittératuresȱfrancophonesȱ Lesȱlittératuresȱfrancophonesȱ Dans ce projet, le professeur de français a un rôle spécifique. Etre professeur de français aujourd’hui, c’est s’inscrire dans ce vaste espace interculturel.C’estinvitersesélèvesàpercevoircommentlefrançaispeutse colorier d’un pays à l’autre et exprimer des identités singulières. C’est les amener, à travers les littératures francophones, à enrichir leur propre univers linguistique et culturel. Comme le dit si bien Loïc Depecker, dans sonouvrageLesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonieȱ: Lesȱmotsȱneȱsontȱpasȱseulementȱdesȱsonsȱetȱdesȱ graphiesȱdouésȱdeȱsens,ȱdesȱ instrumentsȱ àȱ signifierȱ etȱ àȱ communiquerȱ;ȱ ilsȱ portentȱ aussiȱ desȱ saveursȱ etȱ desȱ impressions,ȱ desȱ émotionsȱ figées,ȱ desȱ énigmesȱ ouȱ desȱ symboles. (Depecker,1988:4) Dans ce projet, le professeur de français a un rôle spécifique. Etre professeur de français aujourd’hui, c’est s’inscrire dans ce vaste espace interculturel.C’estinvitersesélèvesàpercevoircommentlefrançaispeutse colorier d’un pays à l’autre et exprimer des identités singulières. C’est les amener, à travers les littératures francophones, à enrichir leur propre univers linguistique et culturel. Comme le dit si bien Loïc Depecker, dans sonouvrageLesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonieȱ: Lesȱmotsȱneȱsontȱpasȱseulementȱdesȱsonsȱetȱdesȱ graphiesȱdouésȱdeȱsens,ȱdesȱ instrumentsȱ àȱ signifierȱ etȱ àȱ communiquerȱ;ȱ ilsȱ portentȱ aussiȱ desȱ saveursȱ etȱ desȱ impressions,ȱ desȱ émotionsȱ figées,ȱ desȱ énigmesȱ ouȱ desȱ symboles. (Depecker,1988:4) Noussommesdoncconviésàunvoyagesentimentalaugré desfaçonsdedire,danscetespacelangagierplusquemillénaire,de source latine mais coloré de cent influences et aujourd’hui voué à l’expressiondeplusieursidentitésculturellesetsociales. Noussommesdoncconviésàunvoyagesentimentalaugré desfaçonsdedire,danscetespacelangagierplusquemillénaire,de source latine mais coloré de cent influences et aujourd’hui voué à l’expressiondeplusieursidentitésculturellesetsociales. Étudier ces littératures, c’est se confronter à d’autres référents culturels, à des réalités historiques parfois méconnues, à des imaginaires autres. C’est prendre conscience de problèmes de société tout à fait spécifiques. Plusieurs écrivains francophones (du Québec aux Caraïbes en passant par l’Afrique) ont, en effet, utilisé l’arme de l’écriture comme vecteur de témoignage; c’est d’ailleurs souventcommemilitantsd’unecausenationalistequ’ilsontd’abord étéreconnus.Lefrançaissertaussideprotectioncontrelesrégimes autoritaires.Ainsidesintellectuelsroumainssesontilsréfugiésdans cettelanguesouslerégimecommuniste.AnneRosineDelbart(2005) a ainsi consacré un ouvrage à ceux qu’elle appelle «les exilés du langage»quiontchoisilefrançaiscommealternatived’expression. Étudier ces littératures, c’est se confronter à d’autres référents culturels, à des réalités historiques parfois méconnues, à des imaginaires autres. C’est prendre conscience de problèmes de société tout à fait spécifiques. Plusieurs écrivains francophones (du Québec aux Caraïbes en passant par l’Afrique) ont, en effet, utilisé l’arme de l’écriture comme vecteur de témoignage; c’est d’ailleurs souventcommemilitantsd’unecausenationalistequ’ilsontd’abord étéreconnus.Lefrançaissertaussideprotectioncontrelesrégimes autoritaires.Ainsidesintellectuelsroumainssesontilsréfugiésdans cettelanguesouslerégimecommuniste.AnneRosineDelbart(2005) a ainsi consacré un ouvrage à ceux qu’elle appelle «les exilés du langage»quiontchoisilefrançaiscommealternatived’expression. Le français peut être enfin un vecteur d’unification du monde latin. Je voudrais souligner combien les langues française et roumaine,parexemple,pourraients’associerentreellessurlesplans linguistique et culturel. Je songe notamment ici aux méthodes Le français peut être enfin un vecteur d’unification du monde latin. Je voudrais souligner combien les langues française et roumaine,parexemple,pourraients’associerentreellessurlesplans linguistique et culturel. Je songe notamment ici aux méthodes 13 13 d’intercompréhension des langues romanes promues par Claire BlancheBenveniste, (1997) H.G. Klein et T. Stegmann (2000). La languematernelle–leroumainoulemoldave–pourraitainsiservir de point d’appui à l’apprentissage de cette autre langue romane qu’est le français et constituer avec elle un bloc unifié face à la pressiondel’angloaméricain.ȱ d’intercompréhension des langues romanes promues par Claire BlancheBenveniste, (1997) H.G. Klein et T. Stegmann (2000). La languematernelle–leroumainoulemoldave–pourraitainsiservir de point d’appui à l’apprentissage de cette autre langue romane qu’est le français et constituer avec elle un bloc unifié face à la pressiondel’angloaméricain.ȱ Par ailleurs, en lisant ces littératures d’expression française, il ne faudrait pas s’arrêter à une vision trop réductrice. Il importe aussi de considérer ces œuvres en tant qu’objets textuels et de proposer une analyse de leur fonctionnement interne. Ainsi, une étudedeschampssémantiquesoudufonctionnementdespronoms, danslecélèbrepoèmeSpeakȱwhiteȱdelaQuébécoiseMichèleLalonde, truffé de référents culturels, fera apparaître que la question de la langue est centrale dans ce texte et qu’elle y est envisagée sous l’angle du rapport dominantdominé. L’explicitation des référents permettra, dans un second temps, de confirmer cette hypothèse de lectureetdel’affinerenregarddelasituationlinguistiquepropreau Québec2.Selon Marc Lits (1994), quiseréfèreà PaulRicoeur (1985), l’identité culturelle d’un groupe ne se limite pas au repérage de quelquestraitsapparentsdanslesœuvresproduitesensonsein;elle s’inscrit dans la structure même des textes. En d’autres termes, la superstructure socioculturelle joue un rôle déterminant dans l’organisation même du discours et c’est ce «code culturel» qu’il importedefairedécouvrirauxélèves. Par ailleurs, en lisant ces littératures d’expression française, il ne faudrait pas s’arrêter à une vision trop réductrice. Il importe aussi de considérer ces œuvres en tant qu’objets textuels et de proposer une analyse de leur fonctionnement interne. Ainsi, une étudedeschampssémantiquesoudufonctionnementdespronoms, danslecélèbrepoèmeSpeakȱwhiteȱdelaQuébécoiseMichèleLalonde, truffé de référents culturels, fera apparaître que la question de la langue est centrale dans ce texte et qu’elle y est envisagée sous l’angle du rapport dominantdominé. L’explicitation des référents permettra, dans un second temps, de confirmer cette hypothèse de lectureetdel’affinerenregarddelasituationlinguistiquepropreau Québec2.Selon Marc Lits (1994), quiseréfèreà PaulRicoeur (1985), l’identité culturelle d’un groupe ne se limite pas au repérage de quelquestraitsapparentsdanslesœuvresproduitesensonsein;elle s’inscrit dans la structure même des textes. En d’autres termes, la superstructure socioculturelle joue un rôle déterminant dans l’organisation même du discours et c’est ce «code culturel» qu’il importedefairedécouvrirauxélèves. Ainsi,s’agissantdelanouvelleduBelgeFrancisDannemark, Jeȱneȱsuisȱpasȱàȱcourtȱd’inspiration,ȱjeȱsuisȱàȱcourtȱdeȱpapier (Dezutter & Hulhoven, 1991 : 32),unelectureethnologiqueattachéeàrepérerdes déictiques culturels ne donnerait aucun résultat. Par contre, le titre peutselirecommeemblématiquedelaquêteéperdued’identitéde lalittératurebelge,significativedesannées70: Ainsi,s’agissantdelanouvelleduBelgeFrancisDannemark, Jeȱneȱsuisȱpasȱàȱcourtȱd’inspiration,ȱjeȱsuisȱàȱcourtȱdeȱpapier (Dezutter & Hulhoven, 1991 : 32),unelectureethnologiqueattachéeàrepérerdes déictiques culturels ne donnerait aucun résultat. Par contre, le titre peutselirecommeemblématiquedelaquêteéperdued’identitéde lalittératurebelge,significativedesannées70: ȱDansȱ unȱ paysȱ (ouȱ uneȱ région)ȱ dontȱ l’identitéȱ n’estȱ pasȱ clairementȱ définie,ȱ quiȱchercheȱautantȱsesȱracinesȱqueȱsonȱavenir,ȱl’horizonȱn’estȱpasȱassezȱlargeȱ pourȱautoriserȱuneȱréappropriationȱidentitaireȱparȱleȱbiaisȱdeȱlaȱfiction.ȱIlȱn’yȱ aȱplusȱdeȱpapier,ȱàȱmoinsȱdeȱseȱréfugierȱdansȱlesȱmondesȱimaginairesȱqueȱsontȱ 14 ȱDansȱ unȱ paysȱ (ouȱ uneȱ région)ȱ dontȱ l’identitéȱ n’estȱ pasȱ clairementȱ définie,ȱ quiȱchercheȱautantȱsesȱracinesȱqueȱsonȱavenir,ȱl’horizonȱn’estȱpasȱassezȱlargeȱ pourȱautoriserȱuneȱréappropriationȱidentitaireȱparȱleȱbiaisȱdeȱlaȱfiction.ȱIlȱn’yȱ aȱplusȱdeȱpapier,ȱàȱmoinsȱdeȱseȱréfugierȱdansȱlesȱmondesȱimaginairesȱqueȱsontȱ 14 d’intercompréhension des langues romanes promues par Claire BlancheBenveniste, (1997) H.G. Klein et T. Stegmann (2000). La languematernelle–leroumainoulemoldave–pourraitainsiservir de point d’appui à l’apprentissage de cette autre langue romane qu’est le français et constituer avec elle un bloc unifié face à la pressiondel’angloaméricain.ȱ d’intercompréhension des langues romanes promues par Claire BlancheBenveniste, (1997) H.G. Klein et T. Stegmann (2000). La languematernelle–leroumainoulemoldave–pourraitainsiservir de point d’appui à l’apprentissage de cette autre langue romane qu’est le français et constituer avec elle un bloc unifié face à la pressiondel’angloaméricain.ȱ Par ailleurs, en lisant ces littératures d’expression française, il ne faudrait pas s’arrêter à une vision trop réductrice. Il importe aussi de considérer ces œuvres en tant qu’objets textuels et de proposer une analyse de leur fonctionnement interne. Ainsi, une étudedeschampssémantiquesoudufonctionnementdespronoms, danslecélèbrepoèmeSpeakȱwhiteȱdelaQuébécoiseMichèleLalonde, truffé de référents culturels, fera apparaître que la question de la langue est centrale dans ce texte et qu’elle y est envisagée sous l’angle du rapport dominantdominé. L’explicitation des référents permettra, dans un second temps, de confirmer cette hypothèse de lectureetdel’affinerenregarddelasituationlinguistiquepropreau Québec2.Selon Marc Lits (1994), quiseréfèreà PaulRicoeur (1985), l’identité culturelle d’un groupe ne se limite pas au repérage de quelquestraitsapparentsdanslesœuvresproduitesensonsein;elle s’inscrit dans la structure même des textes. En d’autres termes, la superstructure socioculturelle joue un rôle déterminant dans l’organisation même du discours et c’est ce «code culturel» qu’il importedefairedécouvrirauxélèves. Par ailleurs, en lisant ces littératures d’expression française, il ne faudrait pas s’arrêter à une vision trop réductrice. Il importe aussi de considérer ces œuvres en tant qu’objets textuels et de proposer une analyse de leur fonctionnement interne. Ainsi, une étudedeschampssémantiquesoudufonctionnementdespronoms, danslecélèbrepoèmeSpeakȱwhiteȱdelaQuébécoiseMichèleLalonde, truffé de référents culturels, fera apparaître que la question de la langue est centrale dans ce texte et qu’elle y est envisagée sous l’angle du rapport dominantdominé. L’explicitation des référents permettra, dans un second temps, de confirmer cette hypothèse de lectureetdel’affinerenregarddelasituationlinguistiquepropreau Québec2.Selon Marc Lits (1994), quiseréfèreà PaulRicoeur (1985), l’identité culturelle d’un groupe ne se limite pas au repérage de quelquestraitsapparentsdanslesœuvresproduitesensonsein;elle s’inscrit dans la structure même des textes. En d’autres termes, la superstructure socioculturelle joue un rôle déterminant dans l’organisation même du discours et c’est ce «code culturel» qu’il importedefairedécouvrirauxélèves. Ainsi,s’agissantdelanouvelleduBelgeFrancisDannemark, Jeȱneȱsuisȱpasȱàȱcourtȱd’inspiration,ȱjeȱsuisȱàȱcourtȱdeȱpapier (Dezutter & Hulhoven, 1991 : 32),unelectureethnologiqueattachéeàrepérerdes déictiques culturels ne donnerait aucun résultat. Par contre, le titre peutselirecommeemblématiquedelaquêteéperdued’identitéde lalittératurebelge,significativedesannées70: Ainsi,s’agissantdelanouvelleduBelgeFrancisDannemark, Jeȱneȱsuisȱpasȱàȱcourtȱd’inspiration,ȱjeȱsuisȱàȱcourtȱdeȱpapier (Dezutter & Hulhoven, 1991 : 32),unelectureethnologiqueattachéeàrepérerdes déictiques culturels ne donnerait aucun résultat. Par contre, le titre peutselirecommeemblématiquedelaquêteéperdued’identitéde lalittératurebelge,significativedesannées70: ȱDansȱ unȱ paysȱ (ouȱ uneȱ région)ȱ dontȱ l’identitéȱ n’estȱ pasȱ clairementȱ définie,ȱ quiȱchercheȱautantȱsesȱracinesȱqueȱsonȱavenir,ȱl’horizonȱn’estȱpasȱassezȱlargeȱ pourȱautoriserȱuneȱréappropriationȱidentitaireȱparȱleȱbiaisȱdeȱlaȱfiction.ȱIlȱn’yȱ aȱplusȱdeȱpapier,ȱàȱmoinsȱdeȱseȱréfugierȱdansȱlesȱmondesȱimaginairesȱqueȱsontȱ 14 ȱDansȱ unȱ paysȱ (ouȱ uneȱ région)ȱ dontȱ l’identitéȱ n’estȱ pasȱ clairementȱ définie,ȱ quiȱchercheȱautantȱsesȱracinesȱqueȱsonȱavenir,ȱl’horizonȱn’estȱpasȱassezȱlargeȱ pourȱautoriserȱuneȱréappropriationȱidentitaireȱparȱleȱbiaisȱdeȱlaȱfiction.ȱIlȱn’yȱ aȱplusȱdeȱpapier,ȱàȱmoinsȱdeȱseȱréfugierȱdansȱlesȱmondesȱimaginairesȱqueȱsontȱ 14 leȱ fantastiqueȱ (àȱ laȱ manièreȱ deȱ Jeanȱ Ray),ȱ leȱ policierȱ (avecȱ Simenonȱ etȱ Steeman)ȱ ouȱ lesȱ casesȱ deȱ laȱ bandeȱ dessinée.ȱ Jamaisȱ Tintinȱ ouȱ Spirouȱ neȱ viventȱ uneȱ aventureȱ àȱ Bruxellesȱ ouȱ enȱ Wallonie,ȱ làȱ oùȱ ilsȱ furentȱ pourtantȱ conçus.(Lits,1994:31) leȱ fantastiqueȱ (àȱ laȱ manièreȱ deȱ Jeanȱ Ray),ȱ leȱ policierȱ (avecȱ Simenonȱ etȱ Steeman)ȱ ouȱ lesȱ casesȱ deȱ laȱ bandeȱ dessinée.ȱ Jamaisȱ Tintinȱ ouȱ Spirouȱ neȱ viventȱ uneȱ aventureȱ àȱ Bruxellesȱ ouȱ enȱ Wallonie,ȱ làȱ oùȱ ilsȱ furentȱ pourtantȱ conçus.(Lits,1994:31) Une telle interprétation, résultant d’un regard distancié, ne va pas de soi. Elle n’apparaîtra qu’en complément à une analyse textuelle, et face à un ensemble important de textes. Ainsi, certains de ceuxci n’apporteront guère d‘informations socioculturelles, tandisqued’autresserontplusexplicites.Détaillonsdavantagecette démarche. D’une manière générale, nous considérons le texte littéraire comme une mise en forme esthétique de représentations partagéesparlesmembresd’unemêmecommunauté3.Celasignifie qu’une de ses particularités est de refléter à la fois une part de la personnalité de son auteur et le monde dans lequel il s’inscrit. Autrementdit,letextelittéraireestunvéhiculedeculture. Une telle interprétation, résultant d’un regard distancié, ne va pas de soi. Elle n’apparaîtra qu’en complément à une analyse textuelle, et face à un ensemble important de textes. Ainsi, certains de ceuxci n’apporteront guère d‘informations socioculturelles, tandisqued’autresserontplusexplicites.Détaillonsdavantagecette démarche. D’une manière générale, nous considérons le texte littéraire comme une mise en forme esthétique de représentations partagéesparlesmembresd’unemêmecommunauté3.Celasignifie qu’une de ses particularités est de refléter à la fois une part de la personnalité de son auteur et le monde dans lequel il s’inscrit. Autrementdit,letextelittéraireestunvéhiculedeculture. La démarche ne consiste pas pour autant à mettre en évidencelecodeculturelàpartirdelalectured’unseultexte.D’une part, on risquerait de construire sur l’Autre un savoir réducteur, partiel, voire insignifiant, surtout si aucun référent culturel n’est explicitementexprimé;etce,alorsquel’onviselacompréhensionde l’Autre au détriment de la description et de la connaissance théorique. D’autre part, le repérage du code culturel nécessiterait danscecasunapportextérieurdeconnaissancesquidonnelaparole à l’enseignant seul et laisse les élèves dansun rôle passif, sauf bien sûrsionlescharged’untravailderecherche.Maisalors,àforcede prérequisetdepréalables,ceuxcineparviendraientplusàatteindre letextemême. La démarche ne consiste pas pour autant à mettre en évidencelecodeculturelàpartirdelalectured’unseultexte.D’une part, on risquerait de construire sur l’Autre un savoir réducteur, partiel, voire insignifiant, surtout si aucun référent culturel n’est explicitementexprimé;etce,alorsquel’onviselacompréhensionde l’Autre au détriment de la description et de la connaissance théorique. D’autre part, le repérage du code culturel nécessiterait danscecasunapportextérieurdeconnaissancesquidonnelaparole à l’enseignant seul et laisse les élèves dansun rôle passif, sauf bien sûrsionlescharged’untravailderecherche.Maisalors,àforcede prérequisetdepréalables,ceuxcineparviendraientplusàatteindre letextemême. Ce que nous prônons, c’est une approche comparatiste. La confrontation de divers textes de la francophonie entraîne la réflexionetlaparticipationeffectivedel’élève.Enanalysantcequile rapprocheetlerenddifférentdel’Autre,celuiciarriveàconstruire sonidentitépropreetàmieuxpercevoirl’altérité.Ilnes’agitpasde meneruneétudeexclusivementculturellemaisplutôtdecroiserles approches «en choisissant comme première entrée l’analyse Ce que nous prônons, c’est une approche comparatiste. La confrontation de divers textes de la francophonie entraîne la réflexionetlaparticipationeffectivedel’élève.Enanalysantcequile rapprocheetlerenddifférentdel’Autre,celuiciarriveàconstruire sonidentitépropreetàmieuxpercevoirl’altérité.Ilnes’agitpasde meneruneétudeexclusivementculturellemaisplutôtdecroiserles approches «en choisissant comme première entrée l’analyse 15 15 leȱ fantastiqueȱ (àȱ laȱ manièreȱ deȱ Jeanȱ Ray),ȱ leȱ policierȱ (avecȱ Simenonȱ etȱ Steeman)ȱ ouȱ lesȱ casesȱ deȱ laȱ bandeȱ dessinée.ȱ Jamaisȱ Tintinȱ ouȱ Spirouȱ neȱ viventȱ uneȱ aventureȱ àȱ Bruxellesȱ ouȱ enȱ Wallonie,ȱ làȱ oùȱ ilsȱ furentȱ pourtantȱ conçus.(Lits,1994:31) leȱ fantastiqueȱ (àȱ laȱ manièreȱ deȱ Jeanȱ Ray),ȱ leȱ policierȱ (avecȱ Simenonȱ etȱ Steeman)ȱ ouȱ lesȱ casesȱ deȱ laȱ bandeȱ dessinée.ȱ Jamaisȱ Tintinȱ ouȱ Spirouȱ neȱ viventȱ uneȱ aventureȱ àȱ Bruxellesȱ ouȱ enȱ Wallonie,ȱ làȱ oùȱ ilsȱ furentȱ pourtantȱ conçus.(Lits,1994:31) Une telle interprétation, résultant d’un regard distancié, ne va pas de soi. Elle n’apparaîtra qu’en complément à une analyse textuelle, et face à un ensemble important de textes. Ainsi, certains de ceuxci n’apporteront guère d‘informations socioculturelles, tandisqued’autresserontplusexplicites.Détaillonsdavantagecette démarche. D’une manière générale, nous considérons le texte littéraire comme une mise en forme esthétique de représentations partagéesparlesmembresd’unemêmecommunauté3.Celasignifie qu’une de ses particularités est de refléter à la fois une part de la personnalité de son auteur et le monde dans lequel il s’inscrit. Autrementdit,letextelittéraireestunvéhiculedeculture. Une telle interprétation, résultant d’un regard distancié, ne va pas de soi. Elle n’apparaîtra qu’en complément à une analyse textuelle, et face à un ensemble important de textes. Ainsi, certains de ceuxci n’apporteront guère d‘informations socioculturelles, tandisqued’autresserontplusexplicites.Détaillonsdavantagecette démarche. D’une manière générale, nous considérons le texte littéraire comme une mise en forme esthétique de représentations partagéesparlesmembresd’unemêmecommunauté3.Celasignifie qu’une de ses particularités est de refléter à la fois une part de la personnalité de son auteur et le monde dans lequel il s’inscrit. Autrementdit,letextelittéraireestunvéhiculedeculture. La démarche ne consiste pas pour autant à mettre en évidencelecodeculturelàpartirdelalectured’unseultexte.D’une part, on risquerait de construire sur l’Autre un savoir réducteur, partiel, voire insignifiant, surtout si aucun référent culturel n’est explicitementexprimé;etce,alorsquel’onviselacompréhensionde l’Autre au détriment de la description et de la connaissance théorique. D’autre part, le repérage du code culturel nécessiterait danscecasunapportextérieurdeconnaissancesquidonnelaparole à l’enseignant seul et laisse les élèves dansun rôle passif, sauf bien sûrsionlescharged’untravailderecherche.Maisalors,àforcede prérequisetdepréalables,ceuxcineparviendraientplusàatteindre letextemême. La démarche ne consiste pas pour autant à mettre en évidencelecodeculturelàpartirdelalectured’unseultexte.D’une part, on risquerait de construire sur l’Autre un savoir réducteur, partiel, voire insignifiant, surtout si aucun référent culturel n’est explicitementexprimé;etce,alorsquel’onviselacompréhensionde l’Autre au détriment de la description et de la connaissance théorique. D’autre part, le repérage du code culturel nécessiterait danscecasunapportextérieurdeconnaissancesquidonnelaparole à l’enseignant seul et laisse les élèves dansun rôle passif, sauf bien sûrsionlescharged’untravailderecherche.Maisalors,àforcede prérequisetdepréalables,ceuxcineparviendraientplusàatteindre letextemême. Ce que nous prônons, c’est une approche comparatiste. La confrontation de divers textes de la francophonie entraîne la réflexionetlaparticipationeffectivedel’élève.Enanalysantcequile rapprocheetlerenddifférentdel’Autre,celuiciarriveàconstruire sonidentitépropreetàmieuxpercevoirl’altérité.Ilnes’agitpasde meneruneétudeexclusivementculturellemaisplutôtdecroiserles approches «en choisissant comme première entrée l’analyse Ce que nous prônons, c’est une approche comparatiste. La confrontation de divers textes de la francophonie entraîne la réflexionetlaparticipationeffectivedel’élève.Enanalysantcequile rapprocheetlerenddifférentdel’Autre,celuiciarriveàconstruire sonidentitépropreetàmieuxpercevoirl’altérité.Ilnes’agitpasde meneruneétudeexclusivementculturellemaisplutôtdecroiserles approches «en choisissant comme première entrée l’analyse 15 15 textuelleetengardantlaperspectiveinterculturellecommepointde fuite»(Lits,1994:34). textuelleetengardantlaperspectiveinterculturellecommepointde fuite»(Lits,1994:34). Si l’on veut faire de la littérature l’instrument du dialogue des cultures francophones, il convient donc d’opter pour le groupement de textes et, à l’intérieur de celuici, d’établir des relationsquivontd’uneanalysetextuelleméthodique(recherchedes codes générique, narratif, thématique, etc.) à la mise en évidence d’élémentsinterculturels. Si l’on veut faire de la littérature l’instrument du dialogue des cultures francophones, il convient donc d’opter pour le groupement de textes et, à l’intérieur de celuici, d’établir des relationsquivontd’uneanalysetextuelleméthodique(recherchedes codes générique, narratif, thématique, etc.) à la mise en évidence d’élémentsinterculturels. Cependant, si l’on veut dégager des modèles culturels, le seul recours à la littérature ne suffit pas. Car tout texte littéraire représenteaussiunécartparrapportauxnormesdesonmilieuetest fortement marqué de subjectivité. Il importe donc de multiplier les regards, de comparer entre eux des textes d’une même culture en rapport avec le même thème, de multiplier les points de vue (générations,classessociales,sexes…différents)etdelesconfronterà «des analyses globalisantes» (Beacco, 1981: 26) (textes et/ou données chiffrées, tableaux, graphiques, cartes, etc.) produites par des anthropologues, sociologues, journalistes et qui ont, elles, une prétention à la généralité. Ces documents authentiques permettent de relativiser les représentations que l’on peut se faire à partir du textelittéraire. Cependant, si l’on veut dégager des modèles culturels, le seul recours à la littérature ne suffit pas. Car tout texte littéraire représenteaussiunécartparrapportauxnormesdesonmilieuetest fortement marqué de subjectivité. Il importe donc de multiplier les regards, de comparer entre eux des textes d’une même culture en rapport avec le même thème, de multiplier les points de vue (générations,classessociales,sexes…différents)etdelesconfronterà «des analyses globalisantes» (Beacco, 1981: 26) (textes et/ou données chiffrées, tableaux, graphiques, cartes, etc.) produites par des anthropologues, sociologues, journalistes et qui ont, elles, une prétention à la généralité. Ces documents authentiques permettent de relativiser les représentations que l’on peut se faire à partir du textelittéraire. C’est à pareille exploration que vous allez être invités à présent. Les communications que nous allons entendre pendant ce colloquesedéploierontselondeuxaxes,linguistiqueetlittéraire.On yassocieraaussiuneviséedidactique.Onrencontreraainsiunesérie dequestions.Pourquelleraisonlesauteursdontlefrançaisn’estpas lalanguematernellechoisissentilsd’écrireenfrançais?Commentles abordeton en classe? Dans quelle mesure permettentils de sensibiliser aux variétés linguistiques de la francophonie? Quelles sontlescomposantesdumétissagelinguistiqueetcultureletàquel niveau se manifestetil avec le plus de force? Comment se présentent les aspects interculturels dans l’œuvre des écrivains francophones? Quelles sont les caractéristiques de ces interculturels et quel est le type d’interculturel privilégié? Comment ces types de textespermettentilsdetravaillerlesstéréotypesenclassedefrançais C’est à pareille exploration que vous allez être invités à présent. Les communications que nous allons entendre pendant ce colloquesedéploierontselondeuxaxes,linguistiqueetlittéraire.On yassocieraaussiuneviséedidactique.Onrencontreraainsiunesérie dequestions.Pourquelleraisonlesauteursdontlefrançaisn’estpas lalanguematernellechoisissentilsd’écrireenfrançais?Commentles abordeton en classe? Dans quelle mesure permettentils de sensibiliser aux variétés linguistiques de la francophonie? Quelles sontlescomposantesdumétissagelinguistiqueetcultureletàquel niveau se manifestetil avec le plus de force? Comment se présentent les aspects interculturels dans l’œuvre des écrivains francophones? Quelles sont les caractéristiques de ces interculturels et quel est le type d’interculturel privilégié? Comment ces types de textespermettentilsdetravaillerlesstéréotypesenclassedefrançais 16 16 textuelleetengardantlaperspectiveinterculturellecommepointde fuite»(Lits,1994:34). textuelleetengardantlaperspectiveinterculturellecommepointde fuite»(Lits,1994:34). Si l’on veut faire de la littérature l’instrument du dialogue des cultures francophones, il convient donc d’opter pour le groupement de textes et, à l’intérieur de celuici, d’établir des relationsquivontd’uneanalysetextuelleméthodique(recherchedes codes générique, narratif, thématique, etc.) à la mise en évidence d’élémentsinterculturels. Si l’on veut faire de la littérature l’instrument du dialogue des cultures francophones, il convient donc d’opter pour le groupement de textes et, à l’intérieur de celuici, d’établir des relationsquivontd’uneanalysetextuelleméthodique(recherchedes codes générique, narratif, thématique, etc.) à la mise en évidence d’élémentsinterculturels. Cependant, si l’on veut dégager des modèles culturels, le seul recours à la littérature ne suffit pas. Car tout texte littéraire représenteaussiunécartparrapportauxnormesdesonmilieuetest fortement marqué de subjectivité. Il importe donc de multiplier les regards, de comparer entre eux des textes d’une même culture en rapport avec le même thème, de multiplier les points de vue (générations,classessociales,sexes…différents)etdelesconfronterà «des analyses globalisantes» (Beacco, 1981: 26) (textes et/ou données chiffrées, tableaux, graphiques, cartes, etc.) produites par des anthropologues, sociologues, journalistes et qui ont, elles, une prétention à la généralité. Ces documents authentiques permettent de relativiser les représentations que l’on peut se faire à partir du textelittéraire. Cependant, si l’on veut dégager des modèles culturels, le seul recours à la littérature ne suffit pas. Car tout texte littéraire représenteaussiunécartparrapportauxnormesdesonmilieuetest fortement marqué de subjectivité. Il importe donc de multiplier les regards, de comparer entre eux des textes d’une même culture en rapport avec le même thème, de multiplier les points de vue (générations,classessociales,sexes…différents)etdelesconfronterà «des analyses globalisantes» (Beacco, 1981: 26) (textes et/ou données chiffrées, tableaux, graphiques, cartes, etc.) produites par des anthropologues, sociologues, journalistes et qui ont, elles, une prétention à la généralité. Ces documents authentiques permettent de relativiser les représentations que l’on peut se faire à partir du textelittéraire. C’est à pareille exploration que vous allez être invités à présent. Les communications que nous allons entendre pendant ce colloquesedéploierontselondeuxaxes,linguistiqueetlittéraire.On yassocieraaussiuneviséedidactique.Onrencontreraainsiunesérie dequestions.Pourquelleraisonlesauteursdontlefrançaisn’estpas lalanguematernellechoisissentilsd’écrireenfrançais?Commentles abordeton en classe? Dans quelle mesure permettentils de sensibiliser aux variétés linguistiques de la francophonie? Quelles sontlescomposantesdumétissagelinguistiqueetcultureletàquel niveau se manifestetil avec le plus de force? Comment se présentent les aspects interculturels dans l’œuvre des écrivains francophones? Quelles sont les caractéristiques de ces interculturels et quel est le type d’interculturel privilégié? Comment ces types de textespermettentilsdetravaillerlesstéréotypesenclassedefrançais C’est à pareille exploration que vous allez être invités à présent. Les communications que nous allons entendre pendant ce colloquesedéploierontselondeuxaxes,linguistiqueetlittéraire.On yassocieraaussiuneviséedidactique.Onrencontreraainsiunesérie dequestions.Pourquelleraisonlesauteursdontlefrançaisn’estpas lalanguematernellechoisissentilsd’écrireenfrançais?Commentles abordeton en classe? Dans quelle mesure permettentils de sensibiliser aux variétés linguistiques de la francophonie? Quelles sontlescomposantesdumétissagelinguistiqueetcultureletàquel niveau se manifestetil avec le plus de force? Comment se présentent les aspects interculturels dans l’œuvre des écrivains francophones? Quelles sont les caractéristiques de ces interculturels et quel est le type d’interculturel privilégié? Comment ces types de textespermettentilsdetravaillerlesstéréotypesenclassedefrançais 16 16 et de les faire évoluer? Quelles sont les images de l’écrivain francophoneproposéesparlesmanuels?Commentpeutonexploiter lemétissageetlesinterculturelsdansl’enseignementenvued’aider à la construction identitaire individuelle? Quels types de créations peuventilssusciterchezlesélèves? et de les faire évoluer? Quelles sont les images de l’écrivain francophoneproposéesparlesmanuels?Commentpeutonexploiter lemétissageetlesinterculturelsdansl’enseignementenvued’aider à la construction identitaire individuelle? Quels types de créations peuventilssusciterchezlesélèves? Ces axes linguistique et littéraire se déploieront aussi selon une dimension historique. Dans une des communications, on s’interrogera en effet sur l’émergence du domaine et du monde francophones dans un des pays de la Francophonie, le Congo Kinshasa, depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui. On s’interrogerasurlestatutdufrançaisdanscepaysetsurlaplaceetle rôlequepeuventyjouerleslittératuresd’expressionfrançaise. Ces axes linguistique et littéraire se déploieront aussi selon une dimension historique. Dans une des communications, on s’interrogera en effet sur l’émergence du domaine et du monde francophones dans un des pays de la Francophonie, le Congo Kinshasa, depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui. On s’interrogerasurlestatutdufrançaisdanscepaysetsurlaplaceetle rôlequepeuventyjouerleslittératuresd’expressionfrançaise. Ainsi,c’estladiversitéculturelleetl’interculturelquiseront aucœurdenotreréflexioncommune.Puissecelleciêtrefructueuse etfairedenousdespasseursdeculture,desmédiateursculturels. Ainsi,c’estladiversitéculturelleetl’interculturelquiseront aucœurdenotreréflexioncommune.Puissecelleciêtrefructueuse etfairedenousdespasseursdeculture,desmédiateursculturels. NOTESȱ ȱ NOTESȱ ȱ 1 Culture,commerceetmondialisation,UNESCO,2000. GOLDENSTEINJ.P.,PourȱuneȱlectureȬécriture,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot, 1984,pp.201214. 3 J’aiexplicitélesfondementsdecetteapprocheanthropologiquedestextes littéraires dans mon ouvrage Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot,1994. 1 2 2 ȱ ȱ Culture,commerceetmondialisation,UNESCO,2000. GOLDENSTEINJ.P.,PourȱuneȱlectureȬécriture,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot, 1984,pp.201214. 3 J’aiexplicitélesfondementsdecetteapprocheanthropologiquedestextes littéraires dans mon ouvrage Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot,1994. RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ BEACCO Jean Claude, «La construction du savoir culturel» in BEACCO J.Cl. et LIEUTAUD S., Mœursȱ etȱ mythes.ȱ Lectureȱ desȱ civilisationsȱ etȱ documentsȱauthentiquesȱécrits,ȱParis,Hachette,1981,p.26(«Lefrançais danslemonde/BELC»),pp.2233.ȱ BEACCO Jean Claude, «La construction du savoir culturel» in BEACCO J.Cl. et LIEUTAUD S., Mœursȱ etȱ mythes.ȱ Lectureȱ desȱ civilisationsȱ etȱ documentsȱauthentiquesȱécrits,ȱParis,Hachette,1981,p.26(«Lefrançais danslemonde/BELC»),pp.2233.ȱ BLANCHEBENVENISTEClaireetal.1997,EuRom4ȱ:ȱMéthodeȱd’enseignementȱ simultanéȱ desȱ languesȱ romanesȱ:ȱ portugais,ȱ espagnol,ȱ italien,ȱ français.ȱ Firenze,NuovaItalia(800p+cédérom). BLANCHEBENVENISTEClaireetal.1997,EuRom4ȱ:ȱMéthodeȱd’enseignementȱ simultanéȱ desȱ languesȱ romanesȱ:ȱ portugais,ȱ espagnol,ȱ italien,ȱ français.ȱ Firenze,NuovaItalia(800p+cédérom). DELBARTAnneRosine,2005,Lesȱexilésȱduȱlangage,Toulouse,PULIM. DELBARTAnneRosine,2005,Lesȱexilésȱduȱlangage,Toulouse,PULIM. 17 17 et de les faire évoluer? Quelles sont les images de l’écrivain francophoneproposéesparlesmanuels?Commentpeutonexploiter lemétissageetlesinterculturelsdansl’enseignementenvued’aider à la construction identitaire individuelle? Quels types de créations peuventilssusciterchezlesélèves? et de les faire évoluer? Quelles sont les images de l’écrivain francophoneproposéesparlesmanuels?Commentpeutonexploiter lemétissageetlesinterculturelsdansl’enseignementenvued’aider à la construction identitaire individuelle? Quels types de créations peuventilssusciterchezlesélèves? Ces axes linguistique et littéraire se déploieront aussi selon une dimension historique. Dans une des communications, on s’interrogera en effet sur l’émergence du domaine et du monde francophones dans un des pays de la Francophonie, le Congo Kinshasa, depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui. On s’interrogerasurlestatutdufrançaisdanscepaysetsurlaplaceetle rôlequepeuventyjouerleslittératuresd’expressionfrançaise. Ces axes linguistique et littéraire se déploieront aussi selon une dimension historique. Dans une des communications, on s’interrogera en effet sur l’émergence du domaine et du monde francophones dans un des pays de la Francophonie, le Congo Kinshasa, depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui. On s’interrogerasurlestatutdufrançaisdanscepaysetsurlaplaceetle rôlequepeuventyjouerleslittératuresd’expressionfrançaise. Ainsi,c’estladiversitéculturelleetl’interculturelquiseront aucœurdenotreréflexioncommune.Puissecelleciêtrefructueuse etfairedenousdespasseursdeculture,desmédiateursculturels. Ainsi,c’estladiversitéculturelleetl’interculturelquiseront aucœurdenotreréflexioncommune.Puissecelleciêtrefructueuse etfairedenousdespasseursdeculture,desmédiateursculturels. NOTESȱ ȱ NOTESȱ ȱ 1 Culture,commerceetmondialisation,UNESCO,2000. GOLDENSTEINJ.P.,PourȱuneȱlectureȬécriture,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot, 1984,pp.201214. 3 J’aiexplicitélesfondementsdecetteapprocheanthropologiquedestextes littéraires dans mon ouvrage Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot,1994. 1 2 2 ȱ ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ Culture,commerceetmondialisation,UNESCO,2000. GOLDENSTEINJ.P.,PourȱuneȱlectureȬécriture,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot, 1984,pp.201214. 3 J’aiexplicitélesfondementsdecetteapprocheanthropologiquedestextes littéraires dans mon ouvrage Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,ȱBruxelles,DeBoeckDuculot,1994. RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ BEACCO Jean Claude, «La construction du savoir culturel» in BEACCO J.Cl. et LIEUTAUD S., Mœursȱ etȱ mythes.ȱ Lectureȱ desȱ civilisationsȱ etȱ documentsȱauthentiquesȱécrits,ȱParis,Hachette,1981,p.26(«Lefrançais danslemonde/BELC»),pp.2233.ȱ BEACCO Jean Claude, «La construction du savoir culturel» in BEACCO J.Cl. et LIEUTAUD S., Mœursȱ etȱ mythes.ȱ Lectureȱ desȱ civilisationsȱ etȱ documentsȱauthentiquesȱécrits,ȱParis,Hachette,1981,p.26(«Lefrançais danslemonde/BELC»),pp.2233.ȱ BLANCHEBENVENISTEClaireetal.1997,EuRom4ȱ:ȱMéthodeȱd’enseignementȱ simultanéȱ desȱ languesȱ romanesȱ:ȱ portugais,ȱ espagnol,ȱ italien,ȱ français.ȱ Firenze,NuovaItalia(800p+cédérom). BLANCHEBENVENISTEClaireetal.1997,EuRom4ȱ:ȱMéthodeȱd’enseignementȱ simultanéȱ desȱ languesȱ romanesȱ:ȱ portugais,ȱ espagnol,ȱ italien,ȱ français.ȱ Firenze,NuovaItalia(800p+cédérom). DELBARTAnneRosine,2005,Lesȱexilésȱduȱlangage,Toulouse,PULIM. DELBARTAnneRosine,2005,Lesȱexilésȱduȱlangage,Toulouse,PULIM. 17 17 DEPECKERLoïc,1988,Lesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonie,ȱParis,Belin. DEPECKERLoïc,1988,Lesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonie,ȱParis,Belin. KLEINHorstGH.etSTEGMANNTilbertD.,2000,EurocomRomȱ–ȱDieȱsiebenȱ Siebeȱ:ȱRomanischeȱSprachenȱsofortȱlesenȱkönnen.ȱAachen,Shaker. KLEINHorstGH.etSTEGMANNTilbertD.,2000,EurocomRomȱ–ȱDieȱsiebenȱ Siebeȱ:ȱRomanischeȱSprachenȱsofortȱlesenȱkönnen.ȱAachen,Shaker. LITS Marc, (1994), «Approche interculturelle et identité narrative», In Étudesȱdeȱlinguistiqueȱappliquée,ȱn°93,janviermars1994,pp.2538. LITS Marc, (1994), «Approche interculturelle et identité narrative», In Étudesȱdeȱlinguistiqueȱappliquée,ȱn°93,janviermars1994,pp.2538. RICOEURPaul,1985,Tempsȱetȱrécit,ȱParis,Seuil. RICOEURPaul,1985,Tempsȱetȱrécit,ȱParis,Seuil. DEZUTTER Olivier. & HULHOVEN BEACCO Jean Claude, 1981, «La construction du savoir culturel» in BEACCO J.Cl. et LIEUTAUD S., Mœursȱetȱmythes.ȱLectureȱdesȱcivilisationsȱetȱdocumentsȱauthentiquesȱécrits,ȱ Paris,Hachette,(«Lefrançaisdanslemonde/BELC»),pp.2233. DEZUTTER Olivier. & HULHOVEN BEACCO Jean Claude, 1981, «La construction du savoir culturel» in BEACCO J.Cl. et LIEUTAUD S., Mœursȱetȱmythes.ȱLectureȱdesȱcivilisationsȱetȱdocumentsȱauthentiquesȱécrits,ȱ Paris,Hachette,(«Lefrançaisdanslemonde/BELC»),pp.2233. WITCH Bernard, 2004, «La diversité culturelle : le sens d’une idée», in Diversitéȱculturelleȱetȱmondialisation,ed.Autrement,(Mutationsn°233) WITCH Bernard, 2004, «La diversité culturelle : le sens d’une idée», in Diversitéȱculturelleȱetȱmondialisation,ed.Autrement,(Mutationsn°233) 18 18 DEPECKERLoïc,1988,Lesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonie,ȱParis,Belin. DEPECKERLoïc,1988,Lesȱmotsȱdeȱlaȱfrancophonie,ȱParis,Belin. KLEINHorstGH.etSTEGMANNTilbertD.,2000,EurocomRomȱ–ȱDieȱsiebenȱ Siebeȱ:ȱRomanischeȱSprachenȱsofortȱlesenȱkönnen.ȱAachen,Shaker. KLEINHorstGH.etSTEGMANNTilbertD.,2000,EurocomRomȱ–ȱDieȱsiebenȱ Siebeȱ:ȱRomanischeȱSprachenȱsofortȱlesenȱkönnen.ȱAachen,Shaker. LITS Marc, (1994), «Approche interculturelle et identité narrative», In Étudesȱdeȱlinguistiqueȱappliquée,ȱn°93,janviermars1994,pp.2538. LITS Marc, (1994), «Approche interculturelle et identité narrative», In Étudesȱdeȱlinguistiqueȱappliquée,ȱn°93,janviermars1994,pp.2538. RICOEURPaul,1985,Tempsȱetȱrécit,ȱParis,Seuil. RICOEURPaul,1985,Tempsȱetȱrécit,ȱParis,Seuil. DEZUTTER Olivier. & HULHOVEN BEACCO Jean Claude, 1981, «La construction du savoir culturel» in BEACCO J.Cl. et LIEUTAUD S., Mœursȱetȱmythes.ȱLectureȱdesȱcivilisationsȱetȱdocumentsȱauthentiquesȱécrits,ȱ Paris,Hachette,(«Lefrançaisdanslemonde/BELC»),pp.2233. DEZUTTER Olivier. & HULHOVEN BEACCO Jean Claude, 1981, «La construction du savoir culturel» in BEACCO J.Cl. et LIEUTAUD S., Mœursȱetȱmythes.ȱLectureȱdesȱcivilisationsȱetȱdocumentsȱauthentiquesȱécrits,ȱ Paris,Hachette,(«Lefrançaisdanslemonde/BELC»),pp.2233. WITCH Bernard, 2004, «La diversité culturelle : le sens d’une idée», in Diversitéȱculturelleȱetȱmondialisation,ed.Autrement,(Mutationsn°233) WITCH Bernard, 2004, «La diversité culturelle : le sens d’une idée», in Diversitéȱculturelleȱetȱmondialisation,ed.Autrement,(Mutationsn°233) 18 18 L’interculturelȱenȱperspectiveȱ diachroniqueȱ L’interculturelȱenȱperspectiveȱ diachroniqueȱ ___________________________________________ȱ ___________________________________________ȱ 19 19 L’interculturelȱenȱperspectiveȱ diachroniqueȱ L’interculturelȱenȱperspectiveȱ diachroniqueȱ ___________________________________________ȱ ___________________________________________ȱ 19 19 20 20 20 20 ȱ ȱ PLACEȱETȱRÔLEȱDESȱLITTÉRATURESȱ D’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱDANSȱLESȱ MANUELSȱSCOLAIRESȱTUNISIENS:ȱÉTUDEȱ DIACHRONIQUEȱ PLACEȱETȱRÔLEȱDESȱLITTÉRATURESȱ D’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱDANSȱLESȱ MANUELSȱSCOLAIRESȱTUNISIENS:ȱÉTUDEȱ DIACHRONIQUEȱ ȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱ ȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱ NaïmaȱMEFTAHȱTLILIȱ NaïmaȱMEFTAHȱTLILIȱ UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ ȱ ȱ Au commencement, nous vous proposons un petit tour d’horizon de cette littérature dite d’expression française. La nomination ellemême a connu plusieurs métamorphoses et variantes. Jean Sènac parle de «littérature d’écriture française», AndréMiquelde«littératurearabeécriteenfrançais»,plusproche de nous est l’appellation «littérature francophone» ou encore «littératuremondeenfrançais»1.Ilseraitpeut–êtreplusjudicieux de s’aligner sur la position de la revue des professeurs de français, oùFrançoisePloquin,larédactriceenchef,écrit: Au commencement, nous vous proposons un petit tour d’horizon de cette littérature dite d’expression française. La nomination ellemême a connu plusieurs métamorphoses et variantes. Jean Sènac parle de «littérature d’écriture française», AndréMiquelde«littératurearabeécriteenfrançais»,plusproche de nous est l’appellation «littérature francophone» ou encore «littératuremondeenfrançais»1.Ilseraitpeut–êtreplusjudicieux de s’aligner sur la position de la revue des professeurs de français, oùFrançoisePloquin,larédactriceenchef,écrit: ȱQuelleȱ queȱ soitȱ laȱ dénominationȱ retenue,ȱ l’essentielȱ n’estȱ pasȱ leȱ mot,ȱ maisȱ l’émergenceȱ deȱ ceȱ courantȱ puissant,ȱ vigoureux,ȱ quiȱ revivifieȱ laȱ productionȱ littéraireȱenȱfrançaisȱ(Lefrançaisdanslemonde,2007:7). ȱQuelleȱ queȱ soitȱ laȱ dénominationȱ retenue,ȱ l’essentielȱ n’estȱ pasȱ leȱ mot,ȱ maisȱ l’émergenceȱ deȱ ceȱ courantȱ puissant,ȱ vigoureux,ȱ quiȱ revivifieȱ laȱ productionȱ littéraireȱenȱfrançaisȱ(Lefrançaisdanslemonde,2007:7). Inscrites sous le signe de la pluralité et de la spécificité, ces littératures,dontlesauteursnesontpasdesfrançaisdeFrancemais des écrivains qui utilisent le français comme langue d’écriture, concernent l’Afrique, les Antilles, Haïti, Malgache, le Canada, la BelgiqueetlaSuisse. Inscrites sous le signe de la pluralité et de la spécificité, ces littératures,dontlesauteursnesontpasdesfrançaisdeFrancemais des écrivains qui utilisent le français comme langue d’écriture, concernent l’Afrique, les Antilles, Haïti, Malgache, le Canada, la BelgiqueetlaSuisse. Nous tenterons d’analyser dans cette communication qui se situe dans l’axe relatif à la problématique du métissage et de l’interculturel dans la classe de français, les manifestations des interculturels en classe de français. Nous nous référerons Nous tenterons d’analyser dans cette communication qui se situe dans l’axe relatif à la problématique du métissage et de l’interculturel dans la classe de français, les manifestations des interculturels en classe de français. Nous nous référerons 21 21 ȱ ȱ PLACEȱETȱRÔLEȱDESȱLITTÉRATURESȱ D’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱDANSȱLESȱ MANUELSȱSCOLAIRESȱTUNISIENS:ȱÉTUDEȱ DIACHRONIQUEȱ PLACEȱETȱRÔLEȱDESȱLITTÉRATURESȱ D’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱDANSȱLESȱ MANUELSȱSCOLAIRESȱTUNISIENS:ȱÉTUDEȱ DIACHRONIQUEȱ ȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱ ȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱȱ NaïmaȱMEFTAHȱTLILIȱ NaïmaȱMEFTAHȱTLILIȱ UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ ȱ ȱ Au commencement, nous vous proposons un petit tour d’horizon de cette littérature dite d’expression française. La nomination ellemême a connu plusieurs métamorphoses et variantes. Jean Sènac parle de «littérature d’écriture française», AndréMiquelde«littératurearabeécriteenfrançais»,plusproche de nous est l’appellation «littérature francophone» ou encore «littératuremondeenfrançais»1.Ilseraitpeut–êtreplusjudicieux de s’aligner sur la position de la revue des professeurs de français, oùFrançoisePloquin,larédactriceenchef,écrit: Au commencement, nous vous proposons un petit tour d’horizon de cette littérature dite d’expression française. La nomination ellemême a connu plusieurs métamorphoses et variantes. Jean Sènac parle de «littérature d’écriture française», AndréMiquelde«littératurearabeécriteenfrançais»,plusproche de nous est l’appellation «littérature francophone» ou encore «littératuremondeenfrançais»1.Ilseraitpeut–êtreplusjudicieux de s’aligner sur la position de la revue des professeurs de français, oùFrançoisePloquin,larédactriceenchef,écrit: ȱQuelleȱ queȱ soitȱ laȱ dénominationȱ retenue,ȱ l’essentielȱ n’estȱ pasȱ leȱ mot,ȱ maisȱ l’émergenceȱ deȱ ceȱ courantȱ puissant,ȱ vigoureux,ȱ quiȱ revivifieȱ laȱ productionȱ littéraireȱenȱfrançaisȱ(Lefrançaisdanslemonde,2007:7). ȱQuelleȱ queȱ soitȱ laȱ dénominationȱ retenue,ȱ l’essentielȱ n’estȱ pasȱ leȱ mot,ȱ maisȱ l’émergenceȱ deȱ ceȱ courantȱ puissant,ȱ vigoureux,ȱ quiȱ revivifieȱ laȱ productionȱ littéraireȱenȱfrançaisȱ(Lefrançaisdanslemonde,2007:7). Inscrites sous le signe de la pluralité et de la spécificité, ces littératures,dontlesauteursnesontpasdesfrançaisdeFrancemais des écrivains qui utilisent le français comme langue d’écriture, concernent l’Afrique, les Antilles, Haïti, Malgache, le Canada, la BelgiqueetlaSuisse. Inscrites sous le signe de la pluralité et de la spécificité, ces littératures,dontlesauteursnesontpasdesfrançaisdeFrancemais des écrivains qui utilisent le français comme langue d’écriture, concernent l’Afrique, les Antilles, Haïti, Malgache, le Canada, la BelgiqueetlaSuisse. Nous tenterons d’analyser dans cette communication qui se situe dans l’axe relatif à la problématique du métissage et de l’interculturel dans la classe de français, les manifestations des interculturels en classe de français. Nous nous référerons Nous tenterons d’analyser dans cette communication qui se situe dans l’axe relatif à la problématique du métissage et de l’interculturel dans la classe de français, les manifestations des interculturels en classe de français. Nous nous référerons 21 21 essentiellement aux programmes officiels et aux manuels scolaires tunisiens relatifs aux deux premières années du lycée appelées autrefois4eet5eannéesetaujourd’hui1reet2eannées. essentiellement aux programmes officiels et aux manuels scolaires tunisiens relatifs aux deux premières années du lycée appelées autrefois4eet5eannéesetaujourd’hui1reet2eannées. Cette étude diachronique nous permettra d’étudier l’évolution de cette insertion des textes francophones dans nos manuelsetdedécelerlestraitsdistinctifsdurôlequepeutjouercette littérature dans la formation de l’apprenant du français langue seconde ou étrangère confronté au métissage culturel et à la mondialisation. Cette étude diachronique nous permettra d’étudier l’évolution de cette insertion des textes francophones dans nos manuelsetdedécelerlestraitsdistinctifsdurôlequepeutjouercette littérature dans la formation de l’apprenant du français langue seconde ou étrangère confronté au métissage culturel et à la mondialisation. ȱ ȱ I.ȱBREFȱRAPPELȱHISTORIQUEȱ Cette description aura pour références chronologiques trois grandes dates relatives aux réformes de l’enseignement du français enTunisie:lapremièrepériodeconcernelesannées70,ladeuxième concerne la décennie 8090 et la troisième est celle de la dernière réforme. ȱ I.1ȱ Leȱ premierȱ momentȱ:ȱ deȱ l’indépendanceȱ jusqu’auxȱ annéesȱsoixanteȱdixȱ Les programmes des années soixante dix sont en fait une continuation des années soixante, autant dire que cette période constitue le 1er grand moment qui s’étend de l’indépendance de la Tunisie(le20mars1956)auxannéessoixantedix. I.ȱBREFȱRAPPELȱHISTORIQUEȱ Cette description aura pour références chronologiques trois grandes dates relatives aux réformes de l’enseignement du français enTunisie:lapremièrepériodeconcernelesannées70,ladeuxième concerne la décennie 8090 et la troisième est celle de la dernière réforme. ȱ I.1ȱ Leȱ premierȱ momentȱ:ȱ deȱ l’indépendanceȱ jusqu’auxȱ annéesȱsoixanteȱdixȱ Les programmes des années soixante dix sont en fait une continuation des années soixante, autant dire que cette période constitue le 1er grand moment qui s’étend de l’indépendance de la Tunisie(le20mars1956)auxannéessoixantedix. Dans l’avant –propos des additifs aux manuel de français des 4e et 5e A. secondaire, relatif au programme de 1970, les élaborateurs du manuel rappellent que ces additifs complètent les manuelsexistantcorrespondantauxprogrammesde1963.ȱȱ Dans l’avant –propos des additifs aux manuel de français des 4e et 5e A. secondaire, relatif au programme de 1970, les élaborateurs du manuel rappellent que ces additifs complètent les manuelsexistantcorrespondantauxprogrammesde1963.ȱȱ Pour bien situer notre propos, rappelons que dans un premier temps, il y avait deux sections: la section A où le français avaituneplaceréduitede Pour bien situer notre propos, rappelons que dans un premier temps, il y avait deux sections: la section A où le français avaituneplaceréduitede 22 22 essentiellement aux programmes officiels et aux manuels scolaires tunisiens relatifs aux deux premières années du lycée appelées autrefois4eet5eannéesetaujourd’hui1reet2eannées. essentiellement aux programmes officiels et aux manuels scolaires tunisiens relatifs aux deux premières années du lycée appelées autrefois4eet5eannéesetaujourd’hui1reet2eannées. Cette étude diachronique nous permettra d’étudier l’évolution de cette insertion des textes francophones dans nos manuelsetdedécelerlestraitsdistinctifsdurôlequepeutjouercette littérature dans la formation de l’apprenant du français langue seconde ou étrangère confronté au métissage culturel et à la mondialisation. Cette étude diachronique nous permettra d’étudier l’évolution de cette insertion des textes francophones dans nos manuelsetdedécelerlestraitsdistinctifsdurôlequepeutjouercette littérature dans la formation de l’apprenant du français langue seconde ou étrangère confronté au métissage culturel et à la mondialisation. ȱ ȱ I.ȱBREFȱRAPPELȱHISTORIQUEȱ Cette description aura pour références chronologiques trois grandes dates relatives aux réformes de l’enseignement du français enTunisie:lapremièrepériodeconcernelesannées70,ladeuxième concerne la décennie 8090 et la troisième est celle de la dernière réforme. ȱ I.1ȱ Leȱ premierȱ momentȱ:ȱ deȱ l’indépendanceȱ jusqu’auxȱ annéesȱsoixanteȱdixȱ Les programmes des années soixante dix sont en fait une continuation des années soixante, autant dire que cette période constitue le 1er grand moment qui s’étend de l’indépendance de la Tunisie(le20mars1956)auxannéessoixantedix. I.ȱBREFȱRAPPELȱHISTORIQUEȱ Cette description aura pour références chronologiques trois grandes dates relatives aux réformes de l’enseignement du français enTunisie:lapremièrepériodeconcernelesannées70,ladeuxième concerne la décennie 8090 et la troisième est celle de la dernière réforme. ȱ I.1ȱ Leȱ premierȱ momentȱ:ȱ deȱ l’indépendanceȱ jusqu’auxȱ annéesȱsoixanteȱdixȱ Les programmes des années soixante dix sont en fait une continuation des années soixante, autant dire que cette période constitue le 1er grand moment qui s’étend de l’indépendance de la Tunisie(le20mars1956)auxannéessoixantedix. Dans l’avant –propos des additifs aux manuel de français des 4e et 5e A. secondaire, relatif au programme de 1970, les élaborateurs du manuel rappellent que ces additifs complètent les manuelsexistantcorrespondantauxprogrammesde1963.ȱȱ Dans l’avant –propos des additifs aux manuel de français des 4e et 5e A. secondaire, relatif au programme de 1970, les élaborateurs du manuel rappellent que ces additifs complètent les manuelsexistantcorrespondantauxprogrammesde1963.ȱȱ Pour bien situer notre propos, rappelons que dans un premier temps, il y avait deux sections: la section A où le français avaituneplaceréduitede Pour bien situer notre propos, rappelons que dans un premier temps, il y avait deux sections: la section A où le français avaituneplaceréduitede 22 22 «ȱlangueȱ étrangèreȱ»ȱ etȱ laȱ sectionȱ Bȱ pourȱ quiȱ leȱ françaisȱ étaitȱ uneȱ langueȱ seconde.ȱ Pourȱ lesȱ élèvesȱ deȱ cetteȱ section,ȱ «ȱparallèlementȱ àȱ l’arabe,ȱ [leȱ français]ȱ assumeȱ (…)ȱ ȱ leȱ rôleȱ d’uneȱ langueȱ deȱ cultureȱ ȱ quiȱ aȱ pourȱ tâcheȱ d’instruireȱetȱd’éduquerȱ»(4L:5). la5 ème Danscesmêmesavant–propos(desadditifsdela4èmeetde années),ilestditque: lesȱtextesȱ(…)ȱontȱétéȱretenusȱenȱfonctionȱdeȱleurȱqualitéȱlittéraireȱsurtout,ȱ «ȱlangueȱ étrangèreȱ»ȱ etȱ laȱ sectionȱ Bȱ pourȱ quiȱ leȱ françaisȱ étaitȱ uneȱ langueȱ seconde.ȱ Pourȱ lesȱ élèvesȱ deȱ cetteȱ section,ȱ «ȱparallèlementȱ àȱ l’arabe,ȱ [leȱ français]ȱ assumeȱ (…)ȱ ȱ leȱ rôleȱ d’uneȱ langueȱ deȱ cultureȱ ȱ quiȱ aȱ pourȱ tâcheȱ d’instruireȱetȱd’éduquerȱ»(4L:5). la5 ème Danscesmêmesavant–propos(desadditifsdela4èmeetde années),ilestditque: lesȱtextesȱ(…)ȱontȱétéȱretenusȱenȱfonctionȱdeȱleurȱqualitéȱlittéraireȱsurtout,ȱ afinȱdeȱdévelopperȱchezȱlesȱélèvesȱleȱsensȱlittéraire,ȱdeȱlesȱrendreȱcapablesȱparȱ l’analyseȱ desȱ procédésȱ d’expressionȱ d’apprécierȱ unȱ beauȱ texteȱ enȱ leȱ distinguantȱ duȱ simpleȱ document,ȱ deȱ leurȱ donnerȱ leȱ goûtȱ deȱ laȱ lectureȱ d’œuvresȱcomplètes(L.F,4eet5e:3). afinȱdeȱdévelopperȱchezȱlesȱélèvesȱleȱsensȱlittéraire,ȱdeȱlesȱrendreȱcapablesȱparȱ l’analyseȱ desȱ procédésȱ d’expressionȱ d’apprécierȱ unȱ beauȱ texteȱ enȱ leȱ distinguantȱ duȱ simpleȱ document,ȱ deȱ leurȱ donnerȱ leȱ goûtȱ deȱ laȱ lectureȱ d’œuvresȱcomplètes(L.F,4eet5e:3). C’est pour cette raison que dans leur ensemble,les textes sélectionnés sont des morceaux choisis de la littérature officiellementȱ reconnueȱ etȱ sacralisée ( extraits du Pèreȱ Goriotȱ de Balzac, de Madameȱ BovaryȱdeFlaubert,desMisérablesȱdeVictorHugo…).ȱ C’est pour cette raison que dans leur ensemble,les textes sélectionnés sont des morceaux choisis de la littérature officiellementȱ reconnueȱ etȱ sacralisée ( extraits du Pèreȱ Goriotȱ de Balzac, de Madameȱ BovaryȱdeFlaubert,desMisérablesȱdeVictorHugo…).ȱ I.2.ȱLeȱdeuxièmeȱmomentȱ:ȱ1980Ȭ2000ȱ ȱ En ce deuxième moment, l’enseignement du français en Tunisiepasseparunepériodeparadoxale:lestexteslittérairessont de plus en rares, parfois inexistants. Ils sont remplacés par divers supportsquivontdel’articledepresse,audocumentaire,àlarecette de cuisine ou au mode d’emploi d’une machine. Le plus frappant, c’est que pour certaines sections (la section Lettres comprise), le françaisn’estplusenseignéenterminalecommematièreobligatoire. C’estunesimpleoptionpourlaquellepeud’élèvesoptent.Eneffet, les élèves ont à choisir entre le français et la pensée islamique. La plupartpréfèrentla2eoptionenseignéeenlanguearabeetlargement notée. Le résultat ne tarde pas à apparaître tant au niveau linguistiquequ’idéologique. L’échec au supérieur,où le français est encore une langue seconde, est de plus en plus massif. D’un autre côté,lapenséeintégristetrouveéchochezcettenouvellegénération d’étudiantsdontlaformationetlaculturesontlacunaires. I.2.ȱLeȱdeuxièmeȱmomentȱ:ȱ1980Ȭ2000ȱ ȱ En ce deuxième moment, l’enseignement du français en Tunisiepasseparunepériodeparadoxale:lestexteslittérairessont de plus en rares, parfois inexistants. Ils sont remplacés par divers supportsquivontdel’articledepresse,audocumentaire,àlarecette de cuisine ou au mode d’emploi d’une machine. Le plus frappant, c’est que pour certaines sections (la section Lettres comprise), le françaisn’estplusenseignéenterminalecommematièreobligatoire. C’estunesimpleoptionpourlaquellepeud’élèvesoptent.Eneffet, les élèves ont à choisir entre le français et la pensée islamique. La plupartpréfèrentla2eoptionenseignéeenlanguearabeetlargement notée. Le résultat ne tarde pas à apparaître tant au niveau linguistiquequ’idéologique. L’échec au supérieur,où le français est encore une langue seconde, est de plus en plus massif. D’un autre côté,lapenséeintégristetrouveéchochezcettenouvellegénération d’étudiantsdontlaformationetlaculturesontlacunaires. 23 23 «ȱlangueȱ étrangèreȱ»ȱ etȱ laȱ sectionȱ Bȱ pourȱ quiȱ leȱ françaisȱ étaitȱ uneȱ langueȱ seconde.ȱ Pourȱ lesȱ élèvesȱ deȱ cetteȱ section,ȱ «ȱparallèlementȱ àȱ l’arabe,ȱ [leȱ français]ȱ assumeȱ (…)ȱ ȱ leȱ rôleȱ d’uneȱ langueȱ deȱ cultureȱ ȱ quiȱ aȱ pourȱ tâcheȱ d’instruireȱetȱd’éduquerȱ»(4L:5). «ȱlangueȱ étrangèreȱ»ȱ etȱ laȱ sectionȱ Bȱ pourȱ quiȱ leȱ françaisȱ étaitȱ uneȱ langueȱ seconde.ȱ Pourȱ lesȱ élèvesȱ deȱ cetteȱ section,ȱ «ȱparallèlementȱ àȱ l’arabe,ȱ [leȱ français]ȱ assumeȱ (…)ȱ ȱ leȱ rôleȱ d’uneȱ langueȱ deȱ cultureȱ ȱ quiȱ aȱ pourȱ tâcheȱ d’instruireȱetȱd’éduquerȱ»(4L:5). Danscesmêmesavant–propos(desadditifsdela4èmeetde la5èmeannées),ilestditque: lesȱtextesȱ(…)ȱontȱétéȱretenusȱenȱfonctionȱdeȱleurȱqualitéȱlittéraireȱsurtout,ȱ Danscesmêmesavant–propos(desadditifsdela4èmeetde la5èmeannées),ilestditque: lesȱtextesȱ(…)ȱontȱétéȱretenusȱenȱfonctionȱdeȱleurȱqualitéȱlittéraireȱsurtout,ȱ afinȱdeȱdévelopperȱchezȱlesȱélèvesȱleȱsensȱlittéraire,ȱdeȱlesȱrendreȱcapablesȱparȱ l’analyseȱ desȱ procédésȱ d’expressionȱ d’apprécierȱ unȱ beauȱ texteȱ enȱ leȱ distinguantȱ duȱ simpleȱ document,ȱ deȱ leurȱ donnerȱ leȱ goûtȱ deȱ laȱ lectureȱ d’œuvresȱcomplètes(L.F,4eet5e:3). afinȱdeȱdévelopperȱchezȱlesȱélèvesȱleȱsensȱlittéraire,ȱdeȱlesȱrendreȱcapablesȱparȱ l’analyseȱ desȱ procédésȱ d’expressionȱ d’apprécierȱ unȱ beauȱ texteȱ enȱ leȱ distinguantȱ duȱ simpleȱ document,ȱ deȱ leurȱ donnerȱ leȱ goûtȱ deȱ laȱ lectureȱ d’œuvresȱcomplètes(L.F,4eet5e:3). C’est pour cette raison que dans leur ensemble,les textes sélectionnés sont des morceaux choisis de la littérature officiellementȱ reconnueȱ etȱ sacralisée ( extraits du Pèreȱ Goriotȱ de Balzac, de Madameȱ BovaryȱdeFlaubert,desMisérablesȱdeVictorHugo…).ȱ C’est pour cette raison que dans leur ensemble,les textes sélectionnés sont des morceaux choisis de la littérature officiellementȱ reconnueȱ etȱ sacralisée ( extraits du Pèreȱ Goriotȱ de Balzac, de Madameȱ BovaryȱdeFlaubert,desMisérablesȱdeVictorHugo…).ȱ I.2.ȱLeȱdeuxièmeȱmomentȱ:ȱ1980Ȭ2000ȱ ȱ En ce deuxième moment, l’enseignement du français en Tunisiepasseparunepériodeparadoxale:lestexteslittérairessont de plus en rares, parfois inexistants. Ils sont remplacés par divers supportsquivontdel’articledepresse,audocumentaire,àlarecette de cuisine ou au mode d’emploi d’une machine. Le plus frappant, c’est que pour certaines sections (la section Lettres comprise), le françaisn’estplusenseignéenterminalecommematièreobligatoire. C’estunesimpleoptionpourlaquellepeud’élèvesoptent.Eneffet, les élèves ont à choisir entre le français et la pensée islamique. La plupartpréfèrentla2eoptionenseignéeenlanguearabeetlargement notée. Le résultat ne tarde pas à apparaître tant au niveau linguistiquequ’idéologique. L’échec au supérieur,où le français est encore une langue seconde, est de plus en plus massif. D’un autre côté,lapenséeintégristetrouveéchochezcettenouvellegénération d’étudiantsdontlaformationetlaculturesontlacunaires. I.2.ȱLeȱdeuxièmeȱmomentȱ:ȱ1980Ȭ2000ȱ ȱ En ce deuxième moment, l’enseignement du français en Tunisiepasseparunepériodeparadoxale:lestexteslittérairessont de plus en rares, parfois inexistants. Ils sont remplacés par divers supportsquivontdel’articledepresse,audocumentaire,àlarecette de cuisine ou au mode d’emploi d’une machine. Le plus frappant, c’est que pour certaines sections (la section Lettres comprise), le françaisn’estplusenseignéenterminalecommematièreobligatoire. C’estunesimpleoptionpourlaquellepeud’élèvesoptent.Eneffet, les élèves ont à choisir entre le français et la pensée islamique. La plupartpréfèrentla2eoptionenseignéeenlanguearabeetlargement notée. Le résultat ne tarde pas à apparaître tant au niveau linguistiquequ’idéologique. L’échec au supérieur,où le français est encore une langue seconde, est de plus en plus massif. D’un autre côté,lapenséeintégristetrouveéchochezcettenouvellegénération d’étudiantsdontlaformationetlaculturesontlacunaires. 23 23 ȱ ȱ I.3.ȱLaȱréformeȱactuelleȱȱ Les vents de la mode (importée) des textes non littéraires sont passés. Consciente des dangers de la situation, la politique éducativetunisienneprôneleretourautextelittéraireetl’ouverture surd’autrescultures,maisquelquepart,lemalestdéjàfait.L’article 1er des programmes officiels de l’enseignement secondaire stipule quel’undesobjectifsdel’enseignementdufrançaisenTunisieestla découverte d’autres cultures, en particulier la culture française (Programmesofficiels,1998:7). I.3.ȱLaȱréformeȱactuelleȱȱ Les vents de la mode (importée) des textes non littéraires sont passés. Consciente des dangers de la situation, la politique éducativetunisienneprôneleretourautextelittéraireetl’ouverture surd’autrescultures,maisquelquepart,lemalestdéjàfait.L’article 1er des programmes officiels de l’enseignement secondaire stipule quel’undesobjectifsdel’enseignementdufrançaisenTunisieestla découverte d’autres cultures, en particulier la culture française (Programmesofficiels,1998:7). Ainsi, l’enseignement de la littérature en classe de français enTunisieaététouchéparcesvaguessuccessivesdechangementde cap autour de ces importantes questionsqui ont préoccupé les chercheurs mais aussi certains décideurs: FautȬilȱ enseignerȱ laȱ littérature? Quelleȱ littératureȱ enseigner? Beaucoup d’études ont été faitesàcepropos,enl’occurrence,lenumérodouble149150,février 1996, de Français 2000, le Bulletin de l’Association Belge des professeursdefrançais. Ainsi, l’enseignement de la littérature en classe de français enTunisieaététouchéparcesvaguessuccessivesdechangementde cap autour de ces importantes questionsqui ont préoccupé les chercheurs mais aussi certains décideurs: FautȬilȱ enseignerȱ laȱ littérature? Quelleȱ littératureȱ enseigner? Beaucoup d’études ont été faitesàcepropos,enl’occurrence,lenumérodouble149150,février 1996, de Français 2000, le Bulletin de l’Association Belge des professeursdefrançais. Nouspouvonsdirequecesinterrogationsontpréexistéàla fabricationdesmanuelsscolaires,objetdenotreétude,etexpliquent cette orientation de la présence de supports, autres que littéraires danscesditsmanuels. Nouspouvonsdirequecesinterrogationsontpréexistéàla fabricationdesmanuelsscolaires,objetdenotreétude,etexpliquent cette orientation de la présence de supports, autres que littéraires danscesditsmanuels. Dans le cadre de ce travail, c’est la deuxième question qui nous préoccupe: Quelle littérature enseigner? Plus précisément: Quelle est la littérature enseignée dans nos lycées? S’agiil de la littératurefrançaiseoudelalittératurefrancophoneoudesdeuxàla fois? Pour tenter de répondre à ces interrogations de manière objective,neseraitcequepartiellement,faisonsunétatdeslieuxde lasituation. Dans le cadre de ce travail, c’est la deuxième question qui nous préoccupe: Quelle littérature enseigner? Plus précisément: Quelle est la littérature enseignée dans nos lycées? S’agiil de la littératurefrançaiseoudelalittératurefrancophoneoudesdeuxàla fois? Pour tenter de répondre à ces interrogations de manière objective,neseraitcequepartiellement,faisonsunétatdeslieuxde lasituation. ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ 24 24 ȱ ȱ I.3.ȱLaȱréformeȱactuelleȱȱ Les vents de la mode (importée) des textes non littéraires sont passés. Consciente des dangers de la situation, la politique éducativetunisienneprôneleretourautextelittéraireetl’ouverture surd’autrescultures,maisquelquepart,lemalestdéjàfait.L’article 1er des programmes officiels de l’enseignement secondaire stipule quel’undesobjectifsdel’enseignementdufrançaisenTunisieestla découverte d’autres cultures, en particulier la culture française (Programmesofficiels,1998:7). I.3.ȱLaȱréformeȱactuelleȱȱ Les vents de la mode (importée) des textes non littéraires sont passés. Consciente des dangers de la situation, la politique éducativetunisienneprôneleretourautextelittéraireetl’ouverture surd’autrescultures,maisquelquepart,lemalestdéjàfait.L’article 1er des programmes officiels de l’enseignement secondaire stipule quel’undesobjectifsdel’enseignementdufrançaisenTunisieestla découverte d’autres cultures, en particulier la culture française (Programmesofficiels,1998:7). Ainsi, l’enseignement de la littérature en classe de français enTunisieaététouchéparcesvaguessuccessivesdechangementde cap autour de ces importantes questionsqui ont préoccupé les chercheurs mais aussi certains décideurs: FautȬilȱ enseignerȱ laȱ littérature? Quelleȱ littératureȱ enseigner? Beaucoup d’études ont été faitesàcepropos,enl’occurrence,lenumérodouble149150,février 1996, de Français 2000, le Bulletin de l’Association Belge des professeursdefrançais. Ainsi, l’enseignement de la littérature en classe de français enTunisieaététouchéparcesvaguessuccessivesdechangementde cap autour de ces importantes questionsqui ont préoccupé les chercheurs mais aussi certains décideurs: FautȬilȱ enseignerȱ laȱ littérature? Quelleȱ littératureȱ enseigner? Beaucoup d’études ont été faitesàcepropos,enl’occurrence,lenumérodouble149150,février 1996, de Français 2000, le Bulletin de l’Association Belge des professeursdefrançais. Nouspouvonsdirequecesinterrogationsontpréexistéàla fabricationdesmanuelsscolaires,objetdenotreétude,etexpliquent cette orientation de la présence de supports, autres que littéraires danscesditsmanuels. Nouspouvonsdirequecesinterrogationsontpréexistéàla fabricationdesmanuelsscolaires,objetdenotreétude,etexpliquent cette orientation de la présence de supports, autres que littéraires danscesditsmanuels. Dans le cadre de ce travail, c’est la deuxième question qui nous préoccupe: Quelle littérature enseigner? Plus précisément: Quelle est la littérature enseignée dans nos lycées? S’agiil de la littératurefrançaiseoudelalittératurefrancophoneoudesdeuxàla fois? Pour tenter de répondre à ces interrogations de manière objective,neseraitcequepartiellement,faisonsunétatdeslieuxde lasituation. Dans le cadre de ce travail, c’est la deuxième question qui nous préoccupe: Quelle littérature enseigner? Plus précisément: Quelle est la littérature enseignée dans nos lycées? S’agiil de la littératurefrançaiseoudelalittératurefrancophoneoudesdeuxàla fois? Pour tenter de répondre à ces interrogations de manière objective,neseraitcequepartiellement,faisonsunétatdeslieuxde lasituation. ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ 24 24 II.ÉTATȱ DESȱ LIEUXȱ DEȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ D’EXPRESSIONȱ FRANÇAISEȱ DANSȱ LESȱ ȱ MANUELSȱ SCOLAIRESȱTUNISIENSȱDUȱSECONDAIRE Nous avons pensé qu’il était plus judicieux de parler des manuelsdusecondairerelatifsauxdeuxpremièresannéesdulycée pour les raisons suivantes: (i) raison d’ordre organisationnel: le cadre de la communication (la durée), (ii) raison d’ordre scientifique: c’est au lycée que les élèves commencent à avoir les moyensd’interpréteruntextelittéraire,d’êtreinterrogéssurcetexte, del’apprécieroudelerefuser.Enplus,aucollègeetàl’écoledebase (leprimaire),laplupartdestextessontdesadaptationsexploitéesen tantqueprétextesetnonentantquetextes. II.ÉTATȱ DESȱ LIEUXȱ DEȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ D’EXPRESSIONȱ FRANÇAISEȱ DANSȱ LESȱ ȱ MANUELSȱ SCOLAIRESȱTUNISIENSȱDUȱSECONDAIRE Nous avons pensé qu’il était plus judicieux de parler des manuelsdusecondairerelatifsauxdeuxpremièresannéesdulycée pour les raisons suivantes: (i) raison d’ordre organisationnel: le cadre de la communication (la durée), (ii) raison d’ordre scientifique: c’est au lycée que les élèves commencent à avoir les moyensd’interpréteruntextelittéraire,d’êtreinterrogéssurcetexte, del’apprécieroudelerefuser.Enplus,aucollègeetàl’écoledebase (leprimaire),laplupartdestextessontdesadaptationsexploitéesen tantqueprétextesetnonentantquetextes. II.1ȬȱLeȱcorpusȱdesȱtextesȱ:ȱȱ II.1ȬȱLeȱcorpusȱdesȱtextesȱ:ȱȱ 1 ȱensembleȱ:ȱ 1erȱensembleȱ:ȱ er Aȱ nȱ nȱ éȱ eȱ sȱ N iv e a u xȱ Titresȱ Auteursȱ No mbr eȱ deȱ text esȱ Nombreȱ deȱ textesȱ d’expressionȱ françaiseȱ parȱ auteurȱ 1 9 7 0 4e Lettresȱ françai sesȱ Tomeȱ 1ȱ (Additi f) Anne –Marie Blondel, Pierrette Court, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, 70 MohamedDib:05 FadhmaAmrouche:01 JeanAmrouche:01 MarieLouiseTaos Marguerite:01 MalekHadded:01 FadhilaM’Rabet:01 5e Lettresȱ françai sesȱ Tomeȱ 1ȱ (Additi f) Anne –Marie Blondel, F. et J. Decorsière, Souad Van Den Heuvel Bouaoui 103 1 9 7 0 LéopoldSédarSenghor:01 ȱȱȱPaysȱ Aȱ nȱ nȱ éȱ eȱ sȱ N iv e a u xȱ Titresȱ Auteursȱ No mbr eȱ deȱ text esȱ Nombreȱ deȱ textesȱ d’expressionȱ françaiseȱ parȱ auteurȱ Algérie Sénégal 1 9 7 0 4e Lettresȱ françai sesȱ Tomeȱ 1ȱ (Additi f) Anne –Marie Blondel, Pierrette Court, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, 70 MohamedDib:05 FadhmaAmrouche:01 JeanAmrouche:01 MarieLouiseTaos Marguerite:01 MalekHadded:01 FadhilaM’Rabet:01 5e Lettresȱ françai sesȱ Tomeȱ 1ȱ (Additi f) Anne –Marie Blondel, F. et J. Decorsière, Souad Van Den Heuvel Bouaoui 103 FrançoiseMalletJoris:01 Belgique Total:12ȱtextesȱ DrissChraïbi:03 MailletJoris:01 Maroc Belgiq ue Totalȱ:ȱȱȱȱ04ȱtextesȱ 1 9 7 0 LéopoldSédarSenghor:01 ȱȱȱPaysȱ Algérie Sénégal FrançoiseMalletJoris:01 Belgique Total:12ȱtextesȱ DrissChraïbi:03 MailletJoris:01 Maroc Belgiq ue Totalȱ:ȱȱȱȱ04ȱtextesȱ 25 25 II.ÉTATȱ DESȱ LIEUXȱ DEȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ D’EXPRESSIONȱ FRANÇAISEȱ DANSȱ LESȱ ȱ MANUELSȱ SCOLAIRESȱTUNISIENSȱDUȱSECONDAIRE Nous avons pensé qu’il était plus judicieux de parler des manuelsdusecondairerelatifsauxdeuxpremièresannéesdulycée pour les raisons suivantes: (i) raison d’ordre organisationnel: le cadre de la communication (la durée), (ii) raison d’ordre scientifique: c’est au lycée que les élèves commencent à avoir les moyensd’interpréteruntextelittéraire,d’êtreinterrogéssurcetexte, del’apprécieroudelerefuser.Enplus,aucollègeetàl’écoledebase (leprimaire),laplupartdestextessontdesadaptationsexploitéesen tantqueprétextesetnonentantquetextes. II.ÉTATȱ DESȱ LIEUXȱ DEȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ D’EXPRESSIONȱ FRANÇAISEȱ DANSȱ LESȱ ȱ MANUELSȱ SCOLAIRESȱTUNISIENSȱDUȱSECONDAIRE Nous avons pensé qu’il était plus judicieux de parler des manuelsdusecondairerelatifsauxdeuxpremièresannéesdulycée pour les raisons suivantes: (i) raison d’ordre organisationnel: le cadre de la communication (la durée), (ii) raison d’ordre scientifique: c’est au lycée que les élèves commencent à avoir les moyensd’interpréteruntextelittéraire,d’êtreinterrogéssurcetexte, del’apprécieroudelerefuser.Enplus,aucollègeetàl’écoledebase (leprimaire),laplupartdestextessontdesadaptationsexploitéesen tantqueprétextesetnonentantquetextes. II.1ȬȱLeȱcorpusȱdesȱtextesȱ:ȱȱ II.1ȬȱLeȱcorpusȱdesȱtextesȱ:ȱȱ 1 ȱensembleȱ:ȱ 1erȱensembleȱ:ȱ er Aȱ nȱ nȱ éȱ eȱ sȱ N iv e a u xȱ Titresȱ Auteursȱ No mbr eȱ deȱ text esȱ Nombreȱ deȱ textesȱ d’expressionȱ françaiseȱ parȱ auteurȱ 1 9 7 0 4e Lettresȱ françai sesȱ Tomeȱ 1ȱ (Additi f) Anne –Marie Blondel, Pierrette Court, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, 70 MohamedDib:05 FadhmaAmrouche:01 JeanAmrouche:01 MarieLouiseTaos Marguerite:01 MalekHadded:01 FadhilaM’Rabet:01 5e Lettresȱ françai sesȱ Tomeȱ 1ȱ (Additi f) Anne –Marie Blondel, F. et J. Decorsière, Souad Van Den Heuvel Bouaoui 103 1 9 7 0 LéopoldSédarSenghor:01 ȱȱȱPaysȱ Aȱ nȱ nȱ éȱ eȱ sȱ N iv e a u xȱ Titresȱ Auteursȱ No mbr eȱ deȱ text esȱ Nombreȱ deȱ textesȱ d’expressionȱ françaiseȱ parȱ auteurȱ Algérie Sénégal 1 9 7 0 4e Lettresȱ françai sesȱ Tomeȱ 1ȱ (Additi f) Anne –Marie Blondel, Pierrette Court, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, 70 MohamedDib:05 FadhmaAmrouche:01 JeanAmrouche:01 MarieLouiseTaos Marguerite:01 MalekHadded:01 FadhilaM’Rabet:01 5e Lettresȱ françai sesȱ Tomeȱ 1ȱ (Additi f) Anne –Marie Blondel, F. et J. Decorsière, Souad Van Den Heuvel Bouaoui 103 FrançoiseMalletJoris:01 Belgique Total:12ȱtextesȱ DrissChraïbi:03 MailletJoris:01 Maroc Belgiq ue Totalȱ:ȱȱȱȱ04ȱtextesȱ 25 1 9 7 0 LéopoldSédarSenghor:01 ȱȱȱPaysȱ Algérie Sénégal FrançoiseMalletJoris:01 Belgique Total:12ȱtextesȱ DrissChraïbi:03 MailletJoris:01 Maroc Belgiq ue Totalȱ:ȱȱȱȱ04ȱtextesȱ 25 Dans les manuels des années 70, élaborées essentiellement pardesfrançais,nousrelevonslaprésencede16textesd’expression française. Dans les manuels des années 70, élaborées essentiellement pardesfrançais,nousrelevonslaprésencede16textesd’expression française. ȱ ȱ 2èmeȱȱensembleȱ:ȱ 2èmeȱȱensembleȱ:ȱ Annéesȱ Nivȱ Titreȱ Elaborateursȱ 1984? 4e (date non mentionné e sur le manuel, proposée par déduction personn elle) ȱ 1984 Man uelȱ deȱ franç ais 5e Man uelȱ deȱ franç ais ȱ Hassen Basly, Abdeljelil Bouamoud, Rachid Bourkhis, Youssef Choaieb, Jaouida Jegham, Myriam Marzouk, Habib Trabelsi M. Ennifar, Haouas, Jedidi, G. Kaddour, Zmerli Nombreȱ deȱ textesȱ d’expressionȱ françaiseȱ parȱ auteurȱȱ ȱȱȱ Paysȱ Annéesȱ 85(dont40 01 Mouloud textes Feraoun littéraires) Algé rie 1984? 4e (date non mentionné e sur le manuel, proposée par déduction personn elle) ȱ Nombreȱ deȱtextesȱȱ eauxȱȱȱȱȱ M. F. K. S. Titreȱ Elaborateursȱ Nombreȱ deȱtextesȱȱ Nombreȱ deȱ textesȱ d’expressionȱ françaiseȱ parȱ auteurȱȱ ȱȱȱ Paysȱ Hassen Basly, Abdeljelil Bouamoud, Rachid Bourkhis, Youssef Choaieb, Jaouida Jegham, Myriam Marzouk, Habib Trabelsi 85(dont40 01 Mouloud textes Feraoun littéraires) Algé rie eauxȱȱȱȱȱ Man uelȱ deȱ franç ais ȱ ȱ Totalȱ:01texteȱ Totalȱ:01texteȱ 165 (dont 81 01 Mohamed Dhib Algé rie textes littéraires) 01 Cheik Hamidou Khane Nivȱ 1984 5e Man uelȱ deȱ franç ais ȱ Séné gal M. Ennifar, Haouas, Jedidi, G. Kaddour, Zmerli M. F. K. S. 165 (dont 81 01 Mohamed Dhib Algé rie textes littéraires) 01 Cheik Hamidou Khane Total:02textesȱ Séné gal Total:02textesȱ ȱ ȱ Les manuels des années 80 élaborés par des équipes tunisiennes ne contiennent que 03 textes d’expression française. A cette même époque, un recueil de textes est proposé aux élèves de bac, qui ont choisi comme option le français. Ce recueil est Les manuels des années 80 élaborés par des équipes tunisiennes ne contiennent que 03 textes d’expression française. A cette même époque, un recueil de textes est proposé aux élèves de bac, qui ont choisi comme option le français. Ce recueil est 26 26 Dans les manuels des années 70, élaborées essentiellement pardesfrançais,nousrelevonslaprésencede16textesd’expression française. Dans les manuels des années 70, élaborées essentiellement pardesfrançais,nousrelevonslaprésencede16textesd’expression française. ȱ ȱ 2èmeȱȱensembleȱ:ȱ 2èmeȱȱensembleȱ:ȱ Annéesȱ Nivȱ Titreȱ Elaborateursȱ 1984? 4e (date non mentionné e sur le manuel, proposée par déduction personn elle) ȱ Man uelȱ deȱ franç ais Nombreȱ deȱ textesȱ d’expressionȱ françaiseȱ parȱ auteurȱȱ ȱȱȱ Paysȱ Annéesȱ 85(dont40 01 Mouloud textes Feraoun littéraires) Algé rie 1984? 4e (date non mentionné e sur le manuel, proposée par déduction personn elle) ȱ Nombreȱ deȱtextesȱȱ eauxȱȱȱȱȱ Hassen Basly, Abdeljelil Bouamoud, Rachid Bourkhis, Youssef Choaieb, Jaouida Jegham, Myriam Marzouk, Habib Trabelsi Nivȱ Titreȱ Elaborateursȱ Nombreȱ deȱtextesȱȱ Nombreȱ deȱ textesȱ d’expressionȱ françaiseȱ parȱ auteurȱȱ ȱȱȱ Paysȱ Hassen Basly, Abdeljelil Bouamoud, Rachid Bourkhis, Youssef Choaieb, Jaouida Jegham, Myriam Marzouk, Habib Trabelsi 85(dont40 01 Mouloud textes Feraoun littéraires) Algé rie eauxȱȱȱȱȱ Man uelȱ deȱ franç ais ȱ ȱ Totalȱ:01texteȱ 1984 5 e ȱ Man uelȱ deȱ franç ais M. Ennifar, Haouas, Jedidi, G. Kaddour, Zmerli M. F. K. S. Totalȱ:01texteȱ 165 (dont 81 01 Mohamed Dhib Algé rie textes littéraires) 01 Cheik Hamidou Khane 1984 5 e ȱ Séné gal Man uelȱ deȱ franç ais M. Ennifar, Haouas, Jedidi, G. Kaddour, Zmerli Total:02textesȱ M. F. K. S. 165 (dont 81 01 Mohamed Dhib Algé rie textes littéraires) 01 Cheik Hamidou Khane Séné gal Total:02textesȱ ȱ ȱ Les manuels des années 80 élaborés par des équipes tunisiennes ne contiennent que 03 textes d’expression française. A cette même époque, un recueil de textes est proposé aux élèves de bac, qui ont choisi comme option le français. Ce recueil est Les manuels des années 80 élaborés par des équipes tunisiennes ne contiennent que 03 textes d’expression française. A cette même époque, un recueil de textes est proposé aux élèves de bac, qui ont choisi comme option le français. Ce recueil est 26 26 exclusivement composé de textes d’expression française. Comment expliquerceparadoxe?Pointderéponse. exclusivement composé de textes d’expression française. Comment expliquerceparadoxe?Pointderéponse. 3èmeȱȱensembleȱ:ȱ 3èmeȱȱensembleȱ:ȱ ȱ ȱ Annéesȱ Niveauxȱ/ȱ Titreȱ Elaborateursȱ Nombreȱ deȱ textesȱȱ Nombreȱ deȱ textesȱ d’expres sionȱ françaiseȱ parȱ auteurȱȱ ȱȱȱ Pay sȱ Annéesȱ Niveauxȱ/ȱ Titreȱ Elaborateursȱ Nombreȱ deȱ textesȱȱ Nombreȱ deȱ textesȱ d’expres sionȱ françaiseȱ parȱ auteurȱȱ ȱȱȱ Pay sȱ 2008 1re A. de l’enseigneme ntsecondaire 2008 ȱ FaïçalAbroug,Med Béchir Othmani, Youssef Nouicer, HayetBenSalem 23 1re A. de l’enseigneme ntsecondaire FaïçalAbroug,Med Béchir Othmani, Youssef Nouicer, HayetBenSalem 23 ȱ Communiquerȱ enȱfrançaisȱ ȱ Communiquerȱ enȱfrançaisȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ Zéroȱ texteȱ 2OO5 2e A. de l’enseigneme ntsecondaire ȱ Leȱ françaisȱ enȱ situationȱ Hassen Mansouri, Jalila Ben Zineb Zitouni, Lotfi Souab, Rahma KhederBenSalem Zéroȱ texteȱ 18 Zéroȱ texteȱȱ 2OO5 Enfin, les deux derniersmanuels, élaborés comme il se doit pardestunisiens,necontiennentaucuntexted’expressionfrançaise. Ainsi,ilesttrèsfacilederemarquerquelenombredecestextesest tellementréduitqu’ilfinitpardisparaîtretotalementdansledernier manueletquelàoùilyaquelquestextes,ilsappartiennentdansleur majoritéàlalittératurealgérienned’expressionfrançaise. 2e A. de l’enseigneme ntsecondaire ȱ Leȱ françaisȱ enȱ situationȱ Hassen Mansouri, Jalila Ben Zineb Zitouni, Lotfi Souab, Rahma KhederBenSalem 18 Zéroȱ texteȱȱ Enfin, les deux derniersmanuels, élaborés comme il se doit pardestunisiens,necontiennentaucuntexted’expressionfrançaise. Ainsi,ilesttrèsfacilederemarquerquelenombredecestextesest tellementréduitqu’ilfinitpardisparaîtretotalementdansledernier manueletquelàoùilyaquelquestextes,ilsappartiennentdansleur majoritéàlalittératurealgérienned’expressionfrançaise. Nousreviendronsàcepointdansnotre3epartie. Nousreviendronsàcepointdansnotre3epartie. ȱ ȱ 27 27 exclusivement composé de textes d’expression française. Comment expliquerceparadoxe?Pointderéponse. exclusivement composé de textes d’expression française. Comment expliquerceparadoxe?Pointderéponse. 3èmeȱȱensembleȱ:ȱ 3èmeȱȱensembleȱ:ȱ ȱ ȱ Annéesȱ Niveauxȱ/ȱ Titreȱ Elaborateursȱ Nombreȱ deȱ textesȱȱ Nombreȱ deȱ textesȱ d’expres sionȱ françaiseȱ parȱ auteurȱȱ ȱȱȱ Pay sȱ Annéesȱ Niveauxȱ/ȱ Titreȱ Elaborateursȱ Nombreȱ deȱ textesȱȱ Nombreȱ deȱ textesȱ d’expres sionȱ françaiseȱ parȱ auteurȱȱ ȱȱȱ Pay sȱ 2008 1re A. de l’enseigneme ntsecondaire 2008 FaïçalAbroug,Med Béchir Othmani, Youssef Nouicer, HayetBenSalem ȱ FaïçalAbroug,Med Béchir Othmani, Youssef Nouicer, HayetBenSalem 23 1re A. de l’enseigneme ntsecondaire 23 ȱ Communiquerȱ enȱfrançaisȱ ȱ Communiquerȱ enȱfrançaisȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ Zéroȱ texteȱ 2OO5 2e A. de l’enseigneme ntsecondaire ȱ Leȱ françaisȱ enȱ situationȱ Hassen Mansouri, Jalila Ben Zineb Zitouni, Lotfi Souab, Rahma KhederBenSalem Zéroȱ texteȱ 18 Zéroȱ texteȱȱ 2OO5 Enfin, les deux derniersmanuels, élaborés comme il se doit pardestunisiens,necontiennentaucuntexted’expressionfrançaise. Ainsi,ilesttrèsfacilederemarquerquelenombredecestextesest tellementréduitqu’ilfinitpardisparaîtretotalementdansledernier manueletquelàoùilyaquelquestextes,ilsappartiennentdansleur majoritéàlalittératurealgérienned’expressionfrançaise. 2e A. de l’enseigneme ntsecondaire ȱ Leȱ françaisȱ enȱ situationȱ Hassen Mansouri, Jalila Ben Zineb Zitouni, Lotfi Souab, Rahma KhederBenSalem 18 Zéroȱ texteȱȱ Enfin, les deux derniersmanuels, élaborés comme il se doit pardestunisiens,necontiennentaucuntexted’expressionfrançaise. Ainsi,ilesttrèsfacilederemarquerquelenombredecestextesest tellementréduitqu’ilfinitpardisparaîtretotalementdansledernier manueletquelàoùilyaquelquestextes,ilsappartiennentdansleur majoritéàlalittératurealgérienned’expressionfrançaise. Nousreviendronsàcepointdansnotre3epartie. Nousreviendronsàcepointdansnotre3epartie. ȱ ȱ 27 27 IIȬȱ DUȱ SECONDAIREȱ AUȱ SUPÉRIEURȱ:ȱ CONTINUITÉȱ OUȱDISCONTINUITÉ?ȱ IIȬȱ DUȱ SECONDAIREȱ AUȱ SUPÉRIEURȱ:ȱ CONTINUITÉȱ OUȱDISCONTINUITÉ?ȱ Lerapportàlaȱlittératurefrancophoneàl’universitéestaussi paradoxalqu’ill’estausecondaire.Cettelittératureestpratiquement absente, exception faite de quelques tentatives ou foyers de résistantesparciouparlà. Lerapportàlaȱlittératurefrancophoneàl’universitéestaussi paradoxalqu’ill’estausecondaire.Cettelittératureestpratiquement absente, exception faite de quelques tentatives ou foyers de résistantesparciouparlà. ȱ ȱ II.1.Leȱrégimeȱdeȱlaȱmaîtriseȱ ȱȱ Dans ce régime, aucune mention de la littérature francophonen’estexplicitementprésente.Leprogrammedesœuvres selimitentàdesindicationstemporelles:œuvresduXX,duXIX,du XVII.Lechoixestlaisséàl’équipeenseignanteetauxdépartements qui optent pour la littérature française (de France). Les littératures francophonessontreléguéesdanslesmeilleursdescasdanslecadre desmodulesoptionnels,aurégimesemestriel. II.1.Leȱrégimeȱdeȱlaȱmaîtriseȱ ȱȱ Dans ce régime, aucune mention de la littérature francophonen’estexplicitementprésente.Leprogrammedesœuvres selimitentàdesindicationstemporelles:œuvresduXX,duXIX,du XVII.Lechoixestlaisséàl’équipeenseignanteetauxdépartements qui optent pour la littérature française (de France). Les littératures francophonessontreléguéesdanslesmeilleursdescasdanslecadre desmodulesoptionnels,aurégimesemestriel. Durant quatre ans d’étude au supérieur, l’étudiant tunisien aurait vu (si jamais, il opte pour cette option) une œuvre francophone. Durant quatre ans d’étude au supérieur, l’étudiant tunisien aurait vu (si jamais, il opte pour cette option) une œuvre francophone. ȱ ȱ II.2.Laȱlicenceȱ ȱ DanslenouveaurégimeduLMD,parcontre,noustrouvons à partir de la 2e A. la mention suivante: œuvre française ou francophone, mais cette réforme étant à ses débuts, nous ne savons pascequelesenseignantsvontenfaire.Déjà,àSousse,lechoixen2e annéeestThérèseȱRaquindeZolaenroman,HernanideVictorHugo enthéâtreetPoésiesdeClaudeRoy(enpoésie). II.2.Laȱlicenceȱ ȱ DanslenouveaurégimeduLMD,parcontre,noustrouvons à partir de la 2e A. la mention suivante: œuvre française ou francophone, mais cette réforme étant à ses débuts, nous ne savons pascequelesenseignantsvontenfaire.Déjà,àSousse,lechoixen2e annéeestThérèseȱRaquindeZolaenroman,HernanideVictorHugo enthéâtreetPoésiesdeClaudeRoy(enpoésie). ȱ ȱ II.3.ȱLesȱtravauxȱdeȱrechercheȱ ȱ C’est en France que la plupart des travaux de recherche autour de cette littérature ont été menés avec Jacqueline Arnaud 28 II.3.ȱLesȱtravauxȱdeȱrechercheȱ ȱ C’est en France que la plupart des travaux de recherche autour de cette littérature ont été menés avec Jacqueline Arnaud 28 IIȬȱ DUȱ SECONDAIREȱ AUȱ SUPÉRIEURȱ:ȱ CONTINUITÉȱ OUȱDISCONTINUITÉ?ȱ IIȬȱ DUȱ SECONDAIREȱ AUȱ SUPÉRIEURȱ:ȱ CONTINUITÉȱ OUȱDISCONTINUITÉ?ȱ Lerapportàlaȱlittératurefrancophoneàl’universitéestaussi paradoxalqu’ill’estausecondaire.Cettelittératureestpratiquement absente, exception faite de quelques tentatives ou foyers de résistantesparciouparlà. Lerapportàlaȱlittératurefrancophoneàl’universitéestaussi paradoxalqu’ill’estausecondaire.Cettelittératureestpratiquement absente, exception faite de quelques tentatives ou foyers de résistantesparciouparlà. ȱ ȱ II.1.Leȱrégimeȱdeȱlaȱmaîtriseȱ ȱȱ Dans ce régime, aucune mention de la littérature francophonen’estexplicitementprésente.Leprogrammedesœuvres selimitentàdesindicationstemporelles:œuvresduXX,duXIX,du XVII.Lechoixestlaisséàl’équipeenseignanteetauxdépartements qui optent pour la littérature française (de France). Les littératures francophonessontreléguéesdanslesmeilleursdescasdanslecadre desmodulesoptionnels,aurégimesemestriel. II.1.Leȱrégimeȱdeȱlaȱmaîtriseȱ ȱȱ Dans ce régime, aucune mention de la littérature francophonen’estexplicitementprésente.Leprogrammedesœuvres selimitentàdesindicationstemporelles:œuvresduXX,duXIX,du XVII.Lechoixestlaisséàl’équipeenseignanteetauxdépartements qui optent pour la littérature française (de France). Les littératures francophonessontreléguéesdanslesmeilleursdescasdanslecadre desmodulesoptionnels,aurégimesemestriel. Durant quatre ans d’étude au supérieur, l’étudiant tunisien aurait vu (si jamais, il opte pour cette option) une œuvre francophone. Durant quatre ans d’étude au supérieur, l’étudiant tunisien aurait vu (si jamais, il opte pour cette option) une œuvre francophone. ȱ ȱ II.2.Laȱlicenceȱ ȱ DanslenouveaurégimeduLMD,parcontre,noustrouvons à partir de la 2e A. la mention suivante: œuvre française ou francophone, mais cette réforme étant à ses débuts, nous ne savons pascequelesenseignantsvontenfaire.Déjà,àSousse,lechoixen2e annéeestThérèseȱRaquindeZolaenroman,HernanideVictorHugo enthéâtreetPoésiesdeClaudeRoy(enpoésie). II.2.Laȱlicenceȱ ȱ DanslenouveaurégimeduLMD,parcontre,noustrouvons à partir de la 2e A. la mention suivante: œuvre française ou francophone, mais cette réforme étant à ses débuts, nous ne savons pascequelesenseignantsvontenfaire.Déjà,àSousse,lechoixen2e annéeestThérèseȱRaquindeZolaenroman,HernanideVictorHugo enthéâtreetPoésiesdeClaudeRoy(enpoésie). ȱ ȱ II.3.ȱLesȱtravauxȱdeȱrechercheȱ ȱ C’est en France que la plupart des travaux de recherche autour de cette littérature ont été menés avec Jacqueline Arnaud 28 II.3.ȱLesȱtravauxȱdeȱrechercheȱ ȱ C’est en France que la plupart des travaux de recherche autour de cette littérature ont été menés avec Jacqueline Arnaud 28 danslesannées80etavecCharlesBonnàLyonparlasuite,pourne citerquecesdeuxnomslà.Ainsi,laméconnaissanceoul’ignorance decettelittératurecontinueaussiauSupérieurparcequemêmeceux qui se hasardent à faire des recherches dans ce domaine choisir optentdansbeaucoupdecaspourdesétudescomparativesentreun écrivain français et un écrivain francophone (Claude Simon et RachidBoujedra,ClaudeSimonetAssiaDjebar,JeanMarieGustave Le Clézio et Tahar Ben Jelloun…). D’autres s’engagent clairement dans cette voix périlleuse, à leurs risques et périls (risque de ne pas avoirl’occasiond’enseignerdansleurspécialitéparexemple). danslesannées80etavecCharlesBonnàLyonparlasuite,pourne citerquecesdeuxnomslà.Ainsi,laméconnaissanceoul’ignorance decettelittératurecontinueaussiauSupérieurparcequemêmeceux qui se hasardent à faire des recherches dans ce domaine choisir optentdansbeaucoupdecaspourdesétudescomparativesentreun écrivain français et un écrivain francophone (Claude Simon et RachidBoujedra,ClaudeSimonetAssiaDjebar,JeanMarieGustave Le Clézio et Tahar Ben Jelloun…). D’autres s’engagent clairement dans cette voix périlleuse, à leurs risques et périls (risque de ne pas avoirl’occasiond’enseignerdansleurspécialitéparexemple). ȱ ȱ IIIȬȱ LAȱ QUESTIONȱ DEȱ LAȱ RÉCEPTIONȱ DEȱ LAȱ LITTÉRATUREȱD’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱ Cebreftourd’horizonnouspermetdedirequelaprésence de la littérature d’expression française dans les manuels scolaires tunisiens est très limitée. Elle se réduit dans le meilleur des cas à quelques textes de la littérature maghrébine (avec une ou deux apparitions belges et sénégalaises). Comme nous l’avons dit précédemment, elle est totalement occultée dans les deux derniers manuels.Etpourtantcettelittératureexiste! IIIȬȱ LAȱ QUESTIONȱ DEȱ LAȱ RÉCEPTIONȱ DEȱ LAȱ LITTÉRATUREȱD’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱ Cebreftourd’horizonnouspermetdedirequelaprésence de la littérature d’expression française dans les manuels scolaires tunisiens est très limitée. Elle se réduit dans le meilleur des cas à quelques textes de la littérature maghrébine (avec une ou deux apparitions belges et sénégalaises). Comme nous l’avons dit précédemment, elle est totalement occultée dans les deux derniers manuels.Etpourtantcettelittératureexiste! ȱ ȱ III.1.ȱ Leȱ casȱ deȱ laȱ littératureȱ maghrébineȱ:ȱ Quelquesȱ exemplesȱ Pourrappelerl’importancedelaproductiondelalittérature maghrébine,nousvousproposonsunelecturerapidedutableaude Jean Déjeux qui explique en partie la présence algérienne relativementimportantedanslesmanuelstunisiensetquis’intitule: «Leȱbilanȱdeȱlaȱproductionȱlittéraireȱdeȱlaȱfictionȱenȱfrançaisȱdeȱ1945ȱàȱ1990ȱ inclusȱ»(Littératuremaghrébine,1997:67). III.1.ȱ Leȱ casȱ deȱ laȱ littératureȱ maghrébineȱ:ȱ Quelquesȱ exemplesȱ Pourrappelerl’importancedelaproductiondelalittérature maghrébine,nousvousproposonsunelecturerapidedutableaude Jean Déjeux qui explique en partie la présence algérienne relativementimportantedanslesmanuelstunisiensetquis’intitule: «Leȱbilanȱdeȱlaȱproductionȱlittéraireȱdeȱlaȱfictionȱenȱfrançaisȱdeȱ1945ȱàȱ1990ȱ inclusȱ»(Littératuremaghrébine,1997:67). 29 29 danslesannées80etavecCharlesBonnàLyonparlasuite,pourne citerquecesdeuxnomslà.Ainsi,laméconnaissanceoul’ignorance decettelittératurecontinueaussiauSupérieurparcequemêmeceux qui se hasardent à faire des recherches dans ce domaine choisir optentdansbeaucoupdecaspourdesétudescomparativesentreun écrivain français et un écrivain francophone (Claude Simon et RachidBoujedra,ClaudeSimonetAssiaDjebar,JeanMarieGustave Le Clézio et Tahar Ben Jelloun…). D’autres s’engagent clairement dans cette voix périlleuse, à leurs risques et périls (risque de ne pas avoirl’occasiond’enseignerdansleurspécialitéparexemple). danslesannées80etavecCharlesBonnàLyonparlasuite,pourne citerquecesdeuxnomslà.Ainsi,laméconnaissanceoul’ignorance decettelittératurecontinueaussiauSupérieurparcequemêmeceux qui se hasardent à faire des recherches dans ce domaine choisir optentdansbeaucoupdecaspourdesétudescomparativesentreun écrivain français et un écrivain francophone (Claude Simon et RachidBoujedra,ClaudeSimonetAssiaDjebar,JeanMarieGustave Le Clézio et Tahar Ben Jelloun…). D’autres s’engagent clairement dans cette voix périlleuse, à leurs risques et périls (risque de ne pas avoirl’occasiond’enseignerdansleurspécialitéparexemple). ȱ ȱ IIIȬȱ LAȱ QUESTIONȱ DEȱ LAȱ RÉCEPTIONȱ DEȱ LAȱ LITTÉRATUREȱD’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱ Cebreftourd’horizonnouspermetdedirequelaprésence de la littérature d’expression française dans les manuels scolaires tunisiens est très limitée. Elle se réduit dans le meilleur des cas à quelques textes de la littérature maghrébine (avec une ou deux apparitions belges et sénégalaises). Comme nous l’avons dit précédemment, elle est totalement occultée dans les deux derniers manuels.Etpourtantcettelittératureexiste! IIIȬȱ LAȱ QUESTIONȱ DEȱ LAȱ RÉCEPTIONȱ DEȱ LAȱ LITTÉRATUREȱD’EXPRESSIONȱFRANÇAISEȱ Cebreftourd’horizonnouspermetdedirequelaprésence de la littérature d’expression française dans les manuels scolaires tunisiens est très limitée. Elle se réduit dans le meilleur des cas à quelques textes de la littérature maghrébine (avec une ou deux apparitions belges et sénégalaises). Comme nous l’avons dit précédemment, elle est totalement occultée dans les deux derniers manuels.Etpourtantcettelittératureexiste! ȱ ȱ III.1.ȱ Leȱ casȱ deȱ laȱ littératureȱ maghrébineȱ:ȱ Quelquesȱ exemplesȱ Pourrappelerl’importancedelaproductiondelalittérature maghrébine,nousvousproposonsunelecturerapidedutableaude Jean Déjeux qui explique en partie la présence algérienne relativementimportantedanslesmanuelstunisiensetquis’intitule: «Leȱbilanȱdeȱlaȱproductionȱlittéraireȱdeȱlaȱfictionȱenȱfrançaisȱdeȱ1945ȱàȱ1990ȱ inclusȱ»(Littératuremaghrébine,1997:67). III.1.ȱ Leȱ casȱ deȱ laȱ littératureȱ maghrébineȱ:ȱ Quelquesȱ exemplesȱ Pourrappelerl’importancedelaproductiondelalittérature maghrébine,nousvousproposonsunelecturerapidedutableaude Jean Déjeux qui explique en partie la présence algérienne relativementimportantedanslesmanuelstunisiensetquis’intitule: «Leȱbilanȱdeȱlaȱproductionȱlittéraireȱdeȱlaȱfictionȱenȱfrançaisȱdeȱ1945ȱàȱ1990ȱ inclusȱ»(Littératuremaghrébine,1997:67). 29 29 Paysȱ Romans/ Nouvelles Poèmesȱ Théâtreȱ Totalȱ Paysȱ Romans/ Nouvelles Poèmesȱ Théâtreȱ Totalȱ Maghreb 529 677 70 1232 Maghreb 529 677 70 1232 Algérie 377 390 53 780 Algérie 377 390 53 780 Maroc 86 127 11 224 Maroc 86 127 11 224 Tunisie 66 160 6 228 Tunisie 66 160 6 228 Concernant la littérature d’expression tunisienne plus particulièrement,ilnousparaitparadoxalqu’aucuntextetunisienne figure, ni dans ces manuels, ni dans d’autres. Et pourtant, cette littérature existe. Nous citerons, dans un ordre chronologique, quelquesexemples: Concernant la littérature d’expression tunisienne plus particulièrement,ilnousparaitparadoxalqu’aucuntextetunisienne figure, ni dans ces manuels, ni dans d’autres. Et pourtant, cette littérature existe. Nous citerons, dans un ordre chronologique, quelquesexemples: 1953Laȱstatueȱdeȱseld’AlbertMemmi 1953Laȱstatueȱdeȱseld’AlbertMemmi 1956LesȱrempartsȱduȱbestiaireȱdeClaudeBenady 1956LesȱrempartsȱduȱbestiaireȱdeClaudeBenady 1958MaȱfoiȱdemeuredeHachemBacouche 1958MaȱfoiȱdemeuredeHachemBacouche 1969TremblédeHédiBouraoui,poésie 1969TremblédeHédiBouraoui,poésie L’année75estuneannéedegrandeproductionenTunisie: L’année75estuneannéedegrandeproductionenTunisie: NosȱancêtresȱlesȱBédouinsȱdeSalahGuermadi NosȱancêtresȱlesȱBédouinsȱdeSalahGuermadi LaȱrageȱauxȱtripesdeMustaphaTlili LaȱrageȱauxȱtripesdeMustaphaTlili Lespublicationscontinuentàdéferlerdanslesannées8090: Lespublicationscontinuentàdéferlerdanslesannées8090: 1982CristaldeGilbertNacache 1982CristaldeGilbertNacache 1991Chroniqueȱfrontalièreȱd’EmnaBelHajYahia 1991Chroniqueȱfrontalièreȱd’EmnaBelHajYahia 1997MyriamȱouȱleȱrendezȬvousȱdeȱBeyrouthȱdeȱSouadȱGuellouzȱ 1997MyriamȱouȱleȱrendezȬvousȱdeȱBeyrouthȱdeȱSouadȱGuellouzȱ ȱ ȱ III.2ȬȱLeȱmalentenduȱ Comment expliquer l’absence de cette littérature dans les manuels scolaires tunisiens? Aucune censure ne nous a été dictée, disent les élaborateurs. Donc, il ne s’agit pas d’interdit politique 30 III.2ȬȱLeȱmalentenduȱ Comment expliquer l’absence de cette littérature dans les manuels scolaires tunisiens? Aucune censure ne nous a été dictée, disent les élaborateurs. Donc, il ne s’agit pas d’interdit politique 30 Paysȱ Romans/ Nouvelles Poèmesȱ Théâtreȱ Totalȱ Paysȱ Romans/ Nouvelles Poèmesȱ Théâtreȱ Totalȱ Maghreb 529 677 70 1232 Maghreb 529 677 70 1232 Algérie 377 390 53 780 Algérie 377 390 53 780 Maroc 86 127 11 224 Maroc 86 127 11 224 Tunisie 66 160 6 228 Tunisie 66 160 6 228 Concernant la littérature d’expression tunisienne plus particulièrement,ilnousparaitparadoxalqu’aucuntextetunisienne figure, ni dans ces manuels, ni dans d’autres. Et pourtant, cette littérature existe. Nous citerons, dans un ordre chronologique, quelquesexemples: Concernant la littérature d’expression tunisienne plus particulièrement,ilnousparaitparadoxalqu’aucuntextetunisienne figure, ni dans ces manuels, ni dans d’autres. Et pourtant, cette littérature existe. Nous citerons, dans un ordre chronologique, quelquesexemples: 1953Laȱstatueȱdeȱseld’AlbertMemmi 1953Laȱstatueȱdeȱseld’AlbertMemmi 1956LesȱrempartsȱduȱbestiaireȱdeClaudeBenady 1956LesȱrempartsȱduȱbestiaireȱdeClaudeBenady 1958MaȱfoiȱdemeuredeHachemBacouche 1958MaȱfoiȱdemeuredeHachemBacouche 1969TremblédeHédiBouraoui,poésie 1969TremblédeHédiBouraoui,poésie L’année75estuneannéedegrandeproductionenTunisie: L’année75estuneannéedegrandeproductionenTunisie: NosȱancêtresȱlesȱBédouinsȱdeSalahGuermadi NosȱancêtresȱlesȱBédouinsȱdeSalahGuermadi LaȱrageȱauxȱtripesdeMustaphaTlili LaȱrageȱauxȱtripesdeMustaphaTlili Lespublicationscontinuentàdéferlerdanslesannées8090: Lespublicationscontinuentàdéferlerdanslesannées8090: 1982CristaldeGilbertNacache 1982CristaldeGilbertNacache 1991Chroniqueȱfrontalièreȱd’EmnaBelHajYahia 1991Chroniqueȱfrontalièreȱd’EmnaBelHajYahia 1997MyriamȱouȱleȱrendezȬvousȱdeȱBeyrouthȱdeȱSouadȱGuellouzȱ 1997MyriamȱouȱleȱrendezȬvousȱdeȱBeyrouthȱdeȱSouadȱGuellouzȱ ȱ ȱ III.2ȬȱLeȱmalentenduȱ Comment expliquer l’absence de cette littérature dans les manuels scolaires tunisiens? Aucune censure ne nous a été dictée, disent les élaborateurs. Donc, il ne s’agit pas d’interdit politique 30 III.2ȬȱLeȱmalentenduȱ Comment expliquer l’absence de cette littérature dans les manuels scolaires tunisiens? Aucune censure ne nous a été dictée, disent les élaborateurs. Donc, il ne s’agit pas d’interdit politique 30 explicitementformulé,maisplutôtd’interditpsychologique:«Trop de valeurs sont déjouées, trop d’idées fixes sont dérangées» dit Habib Salha, dans la préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ d’expressionȱ française(Zlitni Fitouri, 2004: 4). Dans ce même ouvrage, Charles Bonn parle du double malentendu qui a accompagné cette littérature: la guerre d’Algérie et ses séquelles et le «complexe» francophone. En tout cas, il s’agit d’une littérature qui dérange à plusieursniveaux.Ellesesitueenrupturepermanenteparrapportà cequidominetantsurleplansocioculturelquesurleplanlittéraire (écriture se situant dans la sphère de la modernité). Rappelons les réactions violentes des hommes de lettres conformistes contre le texte de Driss Chraïb, Leȱ Passéȱ simple, qui a osé mettre en cause le statut du père et celui du maître de l’école coranique ou contre le roman de Rachid Boujedra, Laȱ Répudiation. La transgression des frontières, des interdits, dérange. Pour éviter le dérangement, on recourtàl’ignorance. ȱ III.3.Laȱnécessitéȱsalutaire Cependant dans cette nouvelle ère de mondialisation, de relationsinterculturellesétroitesetcompliquées,peutoncontinuer à refuser d’être dérangés et à ne pas tirer profit de ces œuvres artistiques qui ont parfois coûté chers à leurs auteurs (censures, poursuites,dédain,méconnaissance…)? explicitementformulé,maisplutôtd’interditpsychologique:«Trop de valeurs sont déjouées, trop d’idées fixes sont dérangées» dit Habib Salha, dans la préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ d’expressionȱ française(Zlitni Fitouri, 2004: 4). Dans ce même ouvrage, Charles Bonn parle du double malentendu qui a accompagné cette littérature: la guerre d’Algérie et ses séquelles et le «complexe» francophone. En tout cas, il s’agit d’une littérature qui dérange à plusieursniveaux.Ellesesitueenrupturepermanenteparrapportà cequidominetantsurleplansocioculturelquesurleplanlittéraire (écriture se situant dans la sphère de la modernité). Rappelons les réactions violentes des hommes de lettres conformistes contre le texte de Driss Chraïb, Leȱ Passéȱ simple, qui a osé mettre en cause le statut du père et celui du maître de l’école coranique ou contre le roman de Rachid Boujedra, Laȱ Répudiation. La transgression des frontières, des interdits, dérange. Pour éviter le dérangement, on recourtàl’ignorance. ȱ III.3.Laȱnécessitéȱsalutaire Cependant dans cette nouvelle ère de mondialisation, de relationsinterculturellesétroitesetcompliquées,peutoncontinuer à refuser d’être dérangés et à ne pas tirer profit de ces œuvres artistiques qui ont parfois coûté chers à leurs auteurs (censures, poursuites,dédain,méconnaissance…)? Nous pensons que l’Ecole, en tant qu’institution, peut jouer unrôledécisif.Deplusenplus,nosélèvesnelisentqu’enclasse.La démotivation à la lecture facultative est généralisée. Les manuels scolairesgagneraientàêtrerevussouscetangledevue.Lesœuvres programméesauSupérieurdoiventdépasserlecadredel’hexagone pourunespacegéopolitiqueplusouvert,plusprometteur. Nous pensons que l’Ecole, en tant qu’institution, peut jouer unrôledécisif.Deplusenplus,nosélèvesnelisentqu’enclasse.La démotivation à la lecture facultative est généralisée. Les manuels scolairesgagneraientàêtrerevussouscetangledevue.Lesœuvres programméesauSupérieurdoiventdépasserlecadredel’hexagone pourunespacegéopolitiqueplusouvert,plusprometteur. Nouscroyonsfermementqueleproblèmeestennousetque cettelittératurenousdérangeparcequ’ellenousdévoilecequenous ne voulons pas dévoiler et qu’elle nous renvoie, faute de complaisance espérée, notre face cachée, notre double, cet Autre tu ennous,doncennemiquandilosenousparler. Nouscroyonsfermementqueleproblèmeestennousetque cettelittératurenousdérangeparcequ’ellenousdévoilecequenous ne voulons pas dévoiler et qu’elle nous renvoie, faute de complaisance espérée, notre face cachée, notre double, cet Autre tu ennous,doncennemiquandilosenousparler. 31 31 explicitementformulé,maisplutôtd’interditpsychologique:«Trop de valeurs sont déjouées, trop d’idées fixes sont dérangées» dit Habib Salha, dans la préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ d’expressionȱ française(Zlitni Fitouri, 2004: 4). Dans ce même ouvrage, Charles Bonn parle du double malentendu qui a accompagné cette littérature: la guerre d’Algérie et ses séquelles et le «complexe» francophone. En tout cas, il s’agit d’une littérature qui dérange à plusieursniveaux.Ellesesitueenrupturepermanenteparrapportà cequidominetantsurleplansocioculturelquesurleplanlittéraire (écriture se situant dans la sphère de la modernité). Rappelons les réactions violentes des hommes de lettres conformistes contre le texte de Driss Chraïb, Leȱ Passéȱ simple, qui a osé mettre en cause le statut du père et celui du maître de l’école coranique ou contre le roman de Rachid Boujedra, Laȱ Répudiation. La transgression des frontières, des interdits, dérange. Pour éviter le dérangement, on recourtàl’ignorance. ȱ III.3.Laȱnécessitéȱsalutaire Cependant dans cette nouvelle ère de mondialisation, de relationsinterculturellesétroitesetcompliquées,peutoncontinuer à refuser d’être dérangés et à ne pas tirer profit de ces œuvres artistiques qui ont parfois coûté chers à leurs auteurs (censures, poursuites,dédain,méconnaissance…)? explicitementformulé,maisplutôtd’interditpsychologique:«Trop de valeurs sont déjouées, trop d’idées fixes sont dérangées» dit Habib Salha, dans la préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ d’expressionȱ française(Zlitni Fitouri, 2004: 4). Dans ce même ouvrage, Charles Bonn parle du double malentendu qui a accompagné cette littérature: la guerre d’Algérie et ses séquelles et le «complexe» francophone. En tout cas, il s’agit d’une littérature qui dérange à plusieursniveaux.Ellesesitueenrupturepermanenteparrapportà cequidominetantsurleplansocioculturelquesurleplanlittéraire (écriture se situant dans la sphère de la modernité). Rappelons les réactions violentes des hommes de lettres conformistes contre le texte de Driss Chraïb, Leȱ Passéȱ simple, qui a osé mettre en cause le statut du père et celui du maître de l’école coranique ou contre le roman de Rachid Boujedra, Laȱ Répudiation. La transgression des frontières, des interdits, dérange. Pour éviter le dérangement, on recourtàl’ignorance. ȱ III.3.Laȱnécessitéȱsalutaire Cependant dans cette nouvelle ère de mondialisation, de relationsinterculturellesétroitesetcompliquées,peutoncontinuer à refuser d’être dérangés et à ne pas tirer profit de ces œuvres artistiques qui ont parfois coûté chers à leurs auteurs (censures, poursuites,dédain,méconnaissance…)? Nous pensons que l’Ecole, en tant qu’institution, peut jouer unrôledécisif.Deplusenplus,nosélèvesnelisentqu’enclasse.La démotivation à la lecture facultative est généralisée. Les manuels scolairesgagneraientàêtrerevussouscetangledevue.Lesœuvres programméesauSupérieurdoiventdépasserlecadredel’hexagone pourunespacegéopolitiqueplusouvert,plusprometteur. Nous pensons que l’Ecole, en tant qu’institution, peut jouer unrôledécisif.Deplusenplus,nosélèvesnelisentqu’enclasse.La démotivation à la lecture facultative est généralisée. Les manuels scolairesgagneraientàêtrerevussouscetangledevue.Lesœuvres programméesauSupérieurdoiventdépasserlecadredel’hexagone pourunespacegéopolitiqueplusouvert,plusprometteur. Nouscroyonsfermementqueleproblèmeestennousetque cettelittératurenousdérangeparcequ’ellenousdévoilecequenous ne voulons pas dévoiler et qu’elle nous renvoie, faute de complaisance espérée, notre face cachée, notre double, cet Autre tu ennous,doncennemiquandilosenousparler. Nouscroyonsfermementqueleproblèmeestennousetque cettelittératurenousdérangeparcequ’ellenousdévoilecequenous ne voulons pas dévoiler et qu’elle nous renvoie, faute de complaisance espérée, notre face cachée, notre double, cet Autre tu ennous,doncennemiquandilosenousparler. 31 31 ȱȱ ȱȱ CONCLUSIONȱ Quelle que soient les raisons, nous pouvons dire au terme decetteréflexionquelalittératured’expressionfrançaisen’apasde placedanslesmanuelstunisiens.Certesnotrerechercheaportésur ces deux niveaux, mais nous avons pris la peine de regarder les autresniveauxetlerésultatestlemême.Untravailsurlalittérature tunisienneécriteenarabedonneraitpeutêtrelemêmerésultat,alors de quel métissage pouvons nous parler, si nous continuons à refouler ce qui fait quelque part notre identité ou plutôt notre nouvelleidentité? ȱ NOTEȱ ȱ CONCLUSIONȱ Quelle que soient les raisons, nous pouvons dire au terme decetteréflexionquelalittératured’expressionfrançaisen’apasde placedanslesmanuelstunisiens.Certesnotrerechercheaportésur ces deux niveaux, mais nous avons pris la peine de regarder les autresniveauxetlerésultatestlemême.Untravailsurlalittérature tunisienneécriteenarabedonneraitpeutêtrelemêmerésultat,alors de quel métissage pouvons nous parler, si nous continuons à refouler ce qui fait quelque part notre identité ou plutôt notre nouvelleidentité? ȱ NOTEȱ ȱ 1 1 Plusieursétudesontétéconsacréesàcettenominationdontdesarticlesdu journalLeMonde(16et20mars2007)etl’ouvragedirigéparMichelLeBris etJeanRouaud,Pourȱuneȱlittérature–monde,Paris,Gallimard,2007,342p. Plusieursétudesontétéconsacréesàcettenominationdontdesarticlesdu journalLeMonde(16et20mars2007)etl’ouvragedirigéparMichelLeBris etJeanRouaud,Pourȱuneȱlittérature–monde,Paris,Gallimard,2007,342p. ȱ ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ ȱ Ouvragesȱcritiquesȱ:ȱ Ouvragesȱcritiquesȱ:ȱ ABDALLAH –PRETCEILLE Martine, 1996, Educationȱ etȱ communicationȱ interculturelle,Paris,P.U.F.(Coll.L’Educateur). ABDALLAH –PRETCEILLE Martine, 1996, Educationȱ etȱ communicationȱ interculturelle,Paris,P.U.F.(Coll.L’Educateur). BIARD Jacqueline, Denis Frédérique, Didactiqueȱ duȱ texteȱ littéraire, Nathan, Paris,1993. BIARD Jacqueline, Denis Frédérique, Didactiqueȱ duȱ texteȱ littéraire, Nathan, Paris,1993. CHAGRAOUI Mohamed, 1998. Réformeȱ deȱ l’enseignementȱ duȱ français, Tunis, Edit.L’OrduTemps. CHAGRAOUI Mohamed, 1998. Réformeȱ deȱ l’enseignementȱ duȱ français, Tunis, Edit.L’OrduTemps. COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle, Bruxelles,DeBoeckDuculot.. COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle, Bruxelles,DeBoeckDuculot.. HABIB Salha, 2004, préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ d’expressionȱ française,SoniaZLITNIFITOURI,Tunis,Cérèséditions.ȱ HABIB Salha, 2004, préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ d’expressionȱ française,SoniaZLITNIFITOURI,Tunis,Cérèséditions.ȱ PEYTARDJean,BERTRANDDenis,BESSEHenri,1982,Littératureȱetȱclasseȱdeȱ langue,Paris,HatierDidier,Coll.LAL. PEYTARDJean,BERTRANDDenis,BESSEHenri,1982,Littératureȱetȱclasseȱdeȱ langue,Paris,HatierDidier,Coll.LAL. ***Leȱfrançaisȱdansȱleȱmonde,n°13,maijuin2007. ***Leȱfrançaisȱdansȱleȱmonde,n°13,maijuin2007. 32 32 ȱȱ ȱȱ CONCLUSIONȱ Quelle que soient les raisons, nous pouvons dire au terme decetteréflexionquelalittératured’expressionfrançaisen’apasde placedanslesmanuelstunisiens.Certesnotrerechercheaportésur ces deux niveaux, mais nous avons pris la peine de regarder les autresniveauxetlerésultatestlemême.Untravailsurlalittérature tunisienneécriteenarabedonneraitpeutêtrelemêmerésultat,alors de quel métissage pouvons nous parler, si nous continuons à refouler ce qui fait quelque part notre identité ou plutôt notre nouvelleidentité? ȱ NOTEȱ ȱ CONCLUSIONȱ Quelle que soient les raisons, nous pouvons dire au terme decetteréflexionquelalittératured’expressionfrançaisen’apasde placedanslesmanuelstunisiens.Certesnotrerechercheaportésur ces deux niveaux, mais nous avons pris la peine de regarder les autresniveauxetlerésultatestlemême.Untravailsurlalittérature tunisienneécriteenarabedonneraitpeutêtrelemêmerésultat,alors de quel métissage pouvons nous parler, si nous continuons à refouler ce qui fait quelque part notre identité ou plutôt notre nouvelleidentité? ȱ NOTEȱ ȱ 1 1 Plusieursétudesontétéconsacréesàcettenominationdontdesarticlesdu journalLeMonde(16et20mars2007)etl’ouvragedirigéparMichelLeBris etJeanRouaud,Pourȱuneȱlittérature–monde,Paris,Gallimard,2007,342p. Plusieursétudesontétéconsacréesàcettenominationdontdesarticlesdu journalLeMonde(16et20mars2007)etl’ouvragedirigéparMichelLeBris etJeanRouaud,Pourȱuneȱlittérature–monde,Paris,Gallimard,2007,342p. ȱ ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ ȱ Ouvragesȱcritiquesȱ:ȱ Ouvragesȱcritiquesȱ:ȱ ABDALLAH –PRETCEILLE Martine, 1996, Educationȱ etȱ communicationȱ interculturelle,Paris,P.U.F.(Coll.L’Educateur). ABDALLAH –PRETCEILLE Martine, 1996, Educationȱ etȱ communicationȱ interculturelle,Paris,P.U.F.(Coll.L’Educateur). BIARD Jacqueline, Denis Frédérique, Didactiqueȱ duȱ texteȱ littéraire, Nathan, Paris,1993. BIARD Jacqueline, Denis Frédérique, Didactiqueȱ duȱ texteȱ littéraire, Nathan, Paris,1993. CHAGRAOUI Mohamed, 1998. Réformeȱ deȱ l’enseignementȱ duȱ français, Tunis, Edit.L’OrduTemps. CHAGRAOUI Mohamed, 1998. Réformeȱ deȱ l’enseignementȱ duȱ français, Tunis, Edit.L’OrduTemps. COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle, Bruxelles,DeBoeckDuculot.. COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle, Bruxelles,DeBoeckDuculot.. HABIB Salha, 2004, préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ d’expressionȱ française,SoniaZLITNIFITOURI,Tunis,Cérèséditions.ȱ HABIB Salha, 2004, préface de Laȱ réceptionȱ duȱ texteȱ maghrébinȱ d’expressionȱ française,SoniaZLITNIFITOURI,Tunis,Cérèséditions.ȱ PEYTARDJean,BERTRANDDenis,BESSEHenri,1982,Littératureȱetȱclasseȱdeȱ langue,Paris,HatierDidier,Coll.LAL. PEYTARDJean,BERTRANDDenis,BESSEHenri,1982,Littératureȱetȱclasseȱdeȱ langue,Paris,HatierDidier,Coll.LAL. ***Leȱfrançaisȱdansȱleȱmonde,n°13,maijuin2007. ***Leȱfrançaisȱdansȱleȱmonde,n°13,maijuin2007. 32 32 ***Programmesȱ officielsȱ deȱ l’enseignementȱ secondaire, Décret n° 981280 du 15 juin 1998, Annexes 2, Français, République tunisienne, Ministère de l’Education,Directiondesprogrammes. ***Programmesȱ officielsȱ deȱ l’enseignementȱ secondaire, Décret n° 981280 du 15 juin 1998, Annexes 2, Français, République tunisienne, Ministère de l’Education,Directiondesprogrammes. ***Littératureȱmaghrébineȱd’expressionȱfrançaise,Paris,PUF,Collection«Que saisje?»,n° 2675, 1992.ȱ ȱ ***Littératureȱmaghrébineȱd’expressionȱfrançaise,Paris,PUF,Collection«Que saisje?»,n° 2675, 1992.ȱ ȱ Corpusȱ:ȱManuelsȱdeȱfrançaisȱȱ ȱ Corpusȱ:ȱManuelsȱdeȱfrançaisȱȱ ȱ Ȭȱ ȱ 4e A.ȱ Lettresȱ françaises,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, Pierrette Court, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T. D., Tunisie, 1970, (abrégé:4L) Ȭȱ ȱ 4e A.ȱ Lettresȱ françaises,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, Pierrette Court, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T. D., Tunisie, 1970, (abrégé:4L) 5e A.ȱ Lettresȱ française,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, F. et J. Decorsière, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T.D., Tunisie, 1970, (abrégé:5L) 5e A.ȱ Lettresȱ française,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, F. et J. Decorsière, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T.D., Tunisie, 1970, (abrégé:5L) Lettres françaises, T1, Additifs à l’usage de la 4e et de la 5e A. secondaire, Programme de 1970, MarieAnne Blondel, Pierrette Court et Souad VanDenHeuvelBouaoui,S.T.D.,1971.(abrégéL.F,4eet5e) Lettres françaises, T1, Additifs à l’usage de la 4e et de la 5e A. secondaire, Programme de 1970, MarieAnne Blondel, Pierrette Court et Souad VanDenHeuvelBouaoui,S.T.D.,1971.(abrégéL.F,4eet5e) ȱ 4e ȱ A.ȱ Manuelȱ deȱ français,,ȱ Hassen Basly, Abdeljelil Bouamoud, Rachid Bourkhis,YoussefChoaieb,JaouidaJegham,MyriamMarzouk,Habib Trabelsi,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:4M). ȱ 4e ȱ A.ȱ Manuelȱ deȱ français,,ȱ Hassen Basly, Abdeljelil Bouamoud, Rachid Bourkhis,YoussefChoaieb,JaouidaJegham,MyriamMarzouk,Habib Trabelsi,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:4M). ȱ5eA.Manuelȱdeȱfrançais,M.Ennifar,M.Haouas,F.Jedidi,G.K.Kaddour,S. Zmerli,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:5M). ȱ5eA.Manuelȱdeȱfrançais,M.Ennifar,M.Haouas,F.Jedidi,G.K.Kaddour,S. Zmerli,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:5M). 2e A. de l’enseignement secondaire, Leȱ françaisȱ enȱ situation, C.N.P., Tunisie 2005(abrégé:2L). 2e A. de l’enseignement secondaire, Leȱ françaisȱ enȱ situation, C.N.P., Tunisie 2005(abrégé:2L). 1re A. de l’enseignement secondaire, Communiquerȱ enȱ françaisȱ, Faïçal Abroug, Med Béchir Othmani, Youssef Nouicer, Hayet Ben Salem , C.N.P.,Tunisie2008(abrégé:1C). 1re A. de l’enseignement secondaire, Communiquerȱ enȱ françaisȱ, Faïçal Abroug, Med Béchir Othmani, Youssef Nouicer, Hayet Ben Salem , C.N.P.,Tunisie2008(abrégé:1C). ABSTRACTȱȱȱ ABSTRACTȱȱȱ ȱ ȱ In the present paper we will try to analyze intercultural signs in French class, using as reference the Tunisian textbooks (secondary schools and high schools). A brief inventory of the French expression literature in these manuals will be done, starting from some dates relating to French teachingreformsinTunisia:1970,1982,and2005. In the present paper we will try to analyze intercultural signs in French class, using as reference the Tunisian textbooks (secondary schools and high schools). A brief inventory of the French expression literature in these manuals will be done, starting from some dates relating to French teachingreformsinTunisia:1970,1982,and2005. Boththelinguisticandtheliteraryaspectswillbeanalyzedfroma historicalperspective. Boththelinguisticandtheliteraryaspectswillbeanalyzedfroma historicalperspective. 33 33 ***Programmesȱ officielsȱ deȱ l’enseignementȱ secondaire, Décret n° 981280 du 15 juin 1998, Annexes 2, Français, République tunisienne, Ministère de l’Education,Directiondesprogrammes. ***Programmesȱ officielsȱ deȱ l’enseignementȱ secondaire, Décret n° 981280 du 15 juin 1998, Annexes 2, Français, République tunisienne, Ministère de l’Education,Directiondesprogrammes. ***Littératureȱmaghrébineȱd’expressionȱfrançaise,Paris,PUF,Collection«Que saisje?»,n° 2675, 1992.ȱ ȱ ***Littératureȱmaghrébineȱd’expressionȱfrançaise,Paris,PUF,Collection«Que saisje?»,n° 2675, 1992.ȱ ȱ Corpusȱ:ȱManuelsȱdeȱfrançaisȱȱ ȱ Corpusȱ:ȱManuelsȱdeȱfrançaisȱȱ ȱ Ȭȱ ȱ 4e A.ȱ Lettresȱ françaises,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, Pierrette Court, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T. D., Tunisie, 1970, (abrégé:4L) Ȭȱ ȱ 4e A.ȱ Lettresȱ françaises,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, Pierrette Court, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T. D., Tunisie, 1970, (abrégé:4L) 5e A.ȱ Lettresȱ française,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, F. et J. Decorsière, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T.D., Tunisie, 1970, (abrégé:5L) 5e A.ȱ Lettresȱ française,ȱ Tome 1 (Additif), Anne –Marie Blondel, F. et J. Decorsière, Souad Van Den Heuvel Bouaoui, S.T.D., Tunisie, 1970, (abrégé:5L) Lettres françaises, T1, Additifs à l’usage de la 4e et de la 5e A. secondaire, Programme de 1970, MarieAnne Blondel, Pierrette Court et Souad VanDenHeuvelBouaoui,S.T.D.,1971.(abrégéL.F,4eet5e) Lettres françaises, T1, Additifs à l’usage de la 4e et de la 5e A. secondaire, Programme de 1970, MarieAnne Blondel, Pierrette Court et Souad VanDenHeuvelBouaoui,S.T.D.,1971.(abrégéL.F,4eet5e) ȱ 4e ȱ A.ȱ Manuelȱ deȱ français,,ȱ Hassen Basly, Abdeljelil Bouamoud, Rachid Bourkhis,YoussefChoaieb,JaouidaJegham,MyriamMarzouk,Habib Trabelsi,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:4M). ȱ 4e ȱ A.ȱ Manuelȱ deȱ français,,ȱ Hassen Basly, Abdeljelil Bouamoud, Rachid Bourkhis,YoussefChoaieb,JaouidaJegham,MyriamMarzouk,Habib Trabelsi,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:4M). ȱ5eA.Manuelȱdeȱfrançais,M.Ennifar,M.Haouas,F.Jedidi,G.K.Kaddour,S. Zmerli,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:5M). ȱ5eA.Manuelȱdeȱfrançais,M.Ennifar,M.Haouas,F.Jedidi,G.K.Kaddour,S. Zmerli,Tunisie,C.N.P.,1984(abrégé:5M). 2e A. de l’enseignement secondaire, Leȱ françaisȱ enȱ situation, C.N.P., Tunisie 2005(abrégé:2L). 2e A. de l’enseignement secondaire, Leȱ françaisȱ enȱ situation, C.N.P., Tunisie 2005(abrégé:2L). 1re A. de l’enseignement secondaire, Communiquerȱ enȱ françaisȱ, Faïçal Abroug, Med Béchir Othmani, Youssef Nouicer, Hayet Ben Salem , C.N.P.,Tunisie2008(abrégé:1C). 1re A. de l’enseignement secondaire, Communiquerȱ enȱ françaisȱ, Faïçal Abroug, Med Béchir Othmani, Youssef Nouicer, Hayet Ben Salem , C.N.P.,Tunisie2008(abrégé:1C). ABSTRACTȱȱȱ ABSTRACTȱȱȱ ȱ ȱ In the present paper we will try to analyze intercultural signs in French class, using as reference the Tunisian textbooks (secondary schools and high schools). A brief inventory of the French expression literature in these manuals will be done, starting from some dates relating to French teachingreformsinTunisia:1970,1982,and2005. In the present paper we will try to analyze intercultural signs in French class, using as reference the Tunisian textbooks (secondary schools and high schools). A brief inventory of the French expression literature in these manuals will be done, starting from some dates relating to French teachingreformsinTunisia:1970,1982,and2005. Boththelinguisticandtheliteraryaspectswillbeanalyzedfroma historicalperspective. Boththelinguisticandtheliteraryaspectswillbeanalyzedfroma historicalperspective. 33 33 Thisdiachronicstudywillhelpusinvestigatetheevolutionofthese French texts in our manuals. Besides, it will allow us detect the distinctive featuresofthisliterature’sroleinthetrainingofstudentslearningFrenchas a second or a foreign language and who are facing cultural interbreeding andglobalization. Thisdiachronicstudywillhelpusinvestigatetheevolutionofthese French texts in our manuals. Besides, it will allow us detect the distinctive featuresofthisliterature’sroleinthetrainingofstudentslearningFrenchas a second or a foreign language and who are facing cultural interbreeding andglobalization. In the first place, our approach is going to be descriptive (text number, genre, writers, countries…). Then we are going to adopt an analyticalapproach(interest,explorationofteachingmethods:instructions, exercisemodalities). In the first place, our approach is going to be descriptive (text number, genre, writers, countries…). Then we are going to adopt an analyticalapproach(interest,explorationofteachingmethods:instructions, exercisemodalities). Finally, we can finish our study by pointing to the university’s programsandseewhetherornotthereisacontinuityintherelationshipto thisFrenchspeakingliterature(literatureprograms,researchstudies). Finally, we can finish our study by pointing to the university’s programsandseewhetherornotthereisacontinuityintherelationshipto thisFrenchspeakingliterature(literatureprograms,researchstudies). ȱ ȱ 34 34 Thisdiachronicstudywillhelpusinvestigatetheevolutionofthese French texts in our manuals. Besides, it will allow us detect the distinctive featuresofthisliterature’sroleinthetrainingofstudentslearningFrenchas a second or a foreign language and who are facing cultural interbreeding andglobalization. Thisdiachronicstudywillhelpusinvestigatetheevolutionofthese French texts in our manuals. Besides, it will allow us detect the distinctive featuresofthisliterature’sroleinthetrainingofstudentslearningFrenchas a second or a foreign language and who are facing cultural interbreeding andglobalization. In the first place, our approach is going to be descriptive (text number, genre, writers, countries…). Then we are going to adopt an analyticalapproach(interest,explorationofteachingmethods:instructions, exercisemodalities). In the first place, our approach is going to be descriptive (text number, genre, writers, countries…). Then we are going to adopt an analyticalapproach(interest,explorationofteachingmethods:instructions, exercisemodalities). Finally, we can finish our study by pointing to the university’s programsandseewhetherornotthereisacontinuityintherelationshipto thisFrenchspeakingliterature(literatureprograms,researchstudies). Finally, we can finish our study by pointing to the university’s programsandseewhetherornotthereisacontinuityintherelationshipto thisFrenchspeakingliterature(literatureprograms,researchstudies). ȱ ȱ 34 34 ȱ ȱ ȱ ȱ LAȱFRANCOPHONIEȱAUȱCONGOȬ KINSHASA:ȱPRATIQUESȱORDINAIRESȱETȱ LITTÉRAIRESȱ(1945Ȭ1970)ȱ ȱ LAȱFRANCOPHONIEȱAUȱCONGOȬ KINSHASA:ȱPRATIQUESȱORDINAIRESȱETȱ LITTÉRAIRESȱ(1945Ȭ1970)ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ LucȱCOLLÈSȱȱ UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ LucȱCOLLÈSȱȱ UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ ȱ ȱ ȱ LaRépubliquedémocratiqueduCongo(RDC)–devenuele Zaïreentre1970et1997etappeléeaussileCongoKinshasapourle différencier du CongoBrazzaville (ou République du Congo) compte actuellement 4 millions de francophones (sur 42 millions d’habitants),soitàpeine10%delapopulation.Pendanttroisquarts desiècle,jusqu’en1960,cepays,commeleRwandaetleBurundi,a vécu sous influence belge. C’est la Belgique qui y a introduit le français. ȱ HISTOIREȱDUȱFRANÇAISȱ ȱ Depuis 1877, la langue française a été de facto la langue officielle,administrativeetjudiciaireduCongo.Cependant,lorsque l’Etat Indépendant du Congo devint en 1907 une colonie belge, le problème linguistique commença à se poser. Des débats houleux opposèrent, au sein du Parlement belge, les partisans de la langue française et ceux qui voulaient garantir les droits des Flamands en exigeantquesoitproclaméeuneégalitélinguistiquedanslaColonie entre les deux langues nationales (Band, 1956: 424450). Mais, bien qu’ilfûtdécidéquetouslesdécretsseraientalorsrédigésenfrançais et en néerlandais, il s’est installé une situation de fait faisant du français la seule langue officielle du Congo. Si cette exclusion (de factomaisnondeȱiure)dunéerlandaistantdelavieofficiellequede ȱ LaRépubliquedémocratiqueduCongo(RDC)–devenuele Zaïreentre1970et1997etappeléeaussileCongoKinshasapourle différencier du CongoBrazzaville (ou République du Congo) compte actuellement 4 millions de francophones (sur 42 millions d’habitants),soitàpeine10%delapopulation.Pendanttroisquarts desiècle,jusqu’en1960,cepays,commeleRwandaetleBurundi,a vécu sous influence belge. C’est la Belgique qui y a introduit le français. ȱ HISTOIREȱDUȱFRANÇAISȱ ȱ Depuis 1877, la langue française a été de facto la langue officielle,administrativeetjudiciaireduCongo.Cependant,lorsque l’Etat Indépendant du Congo devint en 1907 une colonie belge, le problème linguistique commença à se poser. Des débats houleux opposèrent, au sein du Parlement belge, les partisans de la langue française et ceux qui voulaient garantir les droits des Flamands en exigeantquesoitproclaméeuneégalitélinguistiquedanslaColonie entre les deux langues nationales (Band, 1956: 424450). Mais, bien qu’ilfûtdécidéquetouslesdécretsseraientalorsrédigésenfrançais et en néerlandais, il s’est installé une situation de fait faisant du français la seule langue officielle du Congo. Si cette exclusion (de factomaisnondeȱiure)dunéerlandaistantdelavieofficiellequede 35 35 ȱ ȱ ȱ ȱ LAȱFRANCOPHONIEȱAUȱCONGOȬ KINSHASA:ȱPRATIQUESȱORDINAIRESȱETȱ LITTÉRAIRESȱ(1945Ȭ1970)ȱ ȱ LAȱFRANCOPHONIEȱAUȱCONGOȬ KINSHASA:ȱPRATIQUESȱORDINAIRESȱETȱ LITTÉRAIRESȱ(1945Ȭ1970)ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ LucȱCOLLÈSȱȱ UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ LucȱCOLLÈSȱȱ UCLȱ–ȱCEDILL,ȱȱ LouvainȬlaȬNeuve,ȱBelgiqueȱ ȱ ȱ ȱ LaRépubliquedémocratiqueduCongo(RDC)–devenuele Zaïreentre1970et1997etappeléeaussileCongoKinshasapourle différencier du CongoBrazzaville (ou République du Congo) compte actuellement 4 millions de francophones (sur 42 millions d’habitants),soitàpeine10%delapopulation.Pendanttroisquarts desiècle,jusqu’en1960,cepays,commeleRwandaetleBurundi,a vécu sous influence belge. C’est la Belgique qui y a introduit le français. ȱ HISTOIREȱDUȱFRANÇAISȱ ȱ Depuis 1877, la langue française a été de facto la langue officielle,administrativeetjudiciaireduCongo.Cependant,lorsque l’Etat Indépendant du Congo devint en 1907 une colonie belge, le problème linguistique commença à se poser. Des débats houleux opposèrent, au sein du Parlement belge, les partisans de la langue française et ceux qui voulaient garantir les droits des Flamands en exigeantquesoitproclaméeuneégalitélinguistiquedanslaColonie entre les deux langues nationales (Band, 1956: 424450). Mais, bien qu’ilfûtdécidéquetouslesdécretsseraientalorsrédigésenfrançais et en néerlandais, il s’est installé une situation de fait faisant du français la seule langue officielle du Congo. Si cette exclusion (de factomaisnondeȱiure)dunéerlandaistantdelavieofficiellequede ȱ LaRépubliquedémocratiqueduCongo(RDC)–devenuele Zaïreentre1970et1997etappeléeaussileCongoKinshasapourle différencier du CongoBrazzaville (ou République du Congo) compte actuellement 4 millions de francophones (sur 42 millions d’habitants),soitàpeine10%delapopulation.Pendanttroisquarts desiècle,jusqu’en1960,cepays,commeleRwandaetleBurundi,a vécu sous influence belge. C’est la Belgique qui y a introduit le français. ȱ HISTOIREȱDUȱFRANÇAISȱ ȱ Depuis 1877, la langue française a été de facto la langue officielle,administrativeetjudiciaireduCongo.Cependant,lorsque l’Etat Indépendant du Congo devint en 1907 une colonie belge, le problème linguistique commença à se poser. Des débats houleux opposèrent, au sein du Parlement belge, les partisans de la langue française et ceux qui voulaient garantir les droits des Flamands en exigeantquesoitproclaméeuneégalitélinguistiquedanslaColonie entre les deux langues nationales (Band, 1956: 424450). Mais, bien qu’ilfûtdécidéquetouslesdécretsseraientalorsrédigésenfrançais et en néerlandais, il s’est installé une situation de fait faisant du français la seule langue officielle du Congo. Si cette exclusion (de factomaisnondeȱiure)dunéerlandaistantdelavieofficiellequede 35 35 l’enseignement a pu être tolérée, c’est que pratiquement tous les Belges flamands d’un niveau social plus ou moins élevé connaissaientfortbienlefrançais. Selon Max Pierre (1997: 318 321), on peut distinguer dans l’histoiredufrançaisauCongoKinshasacinqpériodesbiendéfinies. Ces périodes sont celles qui scandent l’évolution de l’enseignement.C’est par l’apprentissage scolaire principalement que le français est acquis par la plupart de ses locuteurs congolais. Cependant, l’apprentissage du français s’est réalisé aussi par les contacts sociaux noués entre Européens et Africains, notamment danslesrapportsprofessionnels(ouvriers,domestiques)etdansles aspects plus personnels de la vie commune: activités culturelles, œuvres sociales. Mais ce niveau d’apprentissage ne débouchait que surunfrançaislimité. ȱ Laȱpremièreȱpériode,ȱquiȱvaȱdesȱdébutsȱdeȱlaȱcolonisationȱàȱ 1948,estcaractériséeparunmouvementd’alternanceentrelathèse deseuropéanistesetcelledesindigénistes(Faïk,1988:1216).D’une part, les européanistes sont partisans de l’imposition du français comme langue de communication, ce qui simplifie les choses dans un pays qui compte plus de deux cents langues. D’autre part, les indigénistes sont partisans des langues africaines, pour diverses raisons:lesFlamands,pournepasfavoriseruniquementlefrançais; d’autres pour assurer le sauvetage des valeurs authentiquement congolaises;d’autresenfindissimulaientmalleurdésirdemaintenir lapopulationautochtonedansunétatd’inférioritépolitique. l’enseignement a pu être tolérée, c’est que pratiquement tous les Belges flamands d’un niveau social plus ou moins élevé connaissaientfortbienlefrançais. Selon Max Pierre (1997: 318 321), on peut distinguer dans l’histoiredufrançaisauCongoKinshasacinqpériodesbiendéfinies. Ces périodes sont celles qui scandent l’évolution de l’enseignement.C’est par l’apprentissage scolaire principalement que le français est acquis par la plupart de ses locuteurs congolais. Cependant, l’apprentissage du français s’est réalisé aussi par les contacts sociaux noués entre Européens et Africains, notamment danslesrapportsprofessionnels(ouvriers,domestiques)etdansles aspects plus personnels de la vie commune: activités culturelles, œuvres sociales. Mais ce niveau d’apprentissage ne débouchait que surunfrançaislimité. ȱ Laȱpremièreȱpériode,ȱquiȱvaȱdesȱdébutsȱdeȱlaȱcolonisationȱàȱ 1948,estcaractériséeparunmouvementd’alternanceentrelathèse deseuropéanistesetcelledesindigénistes(Faïk,1988:1216).D’une part, les européanistes sont partisans de l’imposition du français comme langue de communication, ce qui simplifie les choses dans un pays qui compte plus de deux cents langues. D’autre part, les indigénistes sont partisans des langues africaines, pour diverses raisons:lesFlamands,pournepasfavoriseruniquementlefrançais; d’autres pour assurer le sauvetage des valeurs authentiquement congolaises;d’autresenfindissimulaientmalleurdésirdemaintenir lapopulationautochtonedansunétatd’inférioritépolitique. Les missionnaires, convaincus qu’une langue étrangère ne pouvait être le véhicule d’une évangélisation efficace, se sont les premiers intéressés aux parlers autochtones. Or, si l’on sait que presque tout le système scolaire était entre leurs mains, on comprendraquebienviteilss’orienterontversunenseignementen langues locales. Laȱ situationȱ auȱ CongoȬKinshasaȱ étaitȱ doncȱ fortȱ différenteȱ deȱ celleȱ desȱ coloniesȱ françaisesȱ quiȱ avaientȱ optéȱ pourȱ l’assimilation. Sous le régime colonial français, en effet, Les missionnaires, convaincus qu’une langue étrangère ne pouvait être le véhicule d’une évangélisation efficace, se sont les premiers intéressés aux parlers autochtones. Or, si l’on sait que presque tout le système scolaire était entre leurs mains, on comprendraquebienviteilss’orienterontversunenseignementen langues locales. Laȱ situationȱ auȱ CongoȬKinshasaȱ étaitȱ doncȱ fortȱ différenteȱ deȱ celleȱ desȱ coloniesȱ françaisesȱ quiȱ avaientȱ optéȱ pourȱ l’assimilation. Sous le régime colonial français, en effet, 36 36 l’enseignement a pu être tolérée, c’est que pratiquement tous les Belges flamands d’un niveau social plus ou moins élevé connaissaientfortbienlefrançais. Selon Max Pierre (1997: 318 321), on peut distinguer dans l’histoiredufrançaisauCongoKinshasacinqpériodesbiendéfinies. Ces périodes sont celles qui scandent l’évolution de l’enseignement.C’est par l’apprentissage scolaire principalement que le français est acquis par la plupart de ses locuteurs congolais. Cependant, l’apprentissage du français s’est réalisé aussi par les contacts sociaux noués entre Européens et Africains, notamment danslesrapportsprofessionnels(ouvriers,domestiques)etdansles aspects plus personnels de la vie commune: activités culturelles, œuvres sociales. Mais ce niveau d’apprentissage ne débouchait que surunfrançaislimité. ȱ Laȱpremièreȱpériode,ȱquiȱvaȱdesȱdébutsȱdeȱlaȱcolonisationȱàȱ 1948,estcaractériséeparunmouvementd’alternanceentrelathèse deseuropéanistesetcelledesindigénistes(Faïk,1988:1216).D’une part, les européanistes sont partisans de l’imposition du français comme langue de communication, ce qui simplifie les choses dans un pays qui compte plus de deux cents langues. D’autre part, les indigénistes sont partisans des langues africaines, pour diverses raisons:lesFlamands,pournepasfavoriseruniquementlefrançais; d’autres pour assurer le sauvetage des valeurs authentiquement congolaises;d’autresenfindissimulaientmalleurdésirdemaintenir lapopulationautochtonedansunétatd’inférioritépolitique. l’enseignement a pu être tolérée, c’est que pratiquement tous les Belges flamands d’un niveau social plus ou moins élevé connaissaientfortbienlefrançais. Selon Max Pierre (1997: 318 321), on peut distinguer dans l’histoiredufrançaisauCongoKinshasacinqpériodesbiendéfinies. Ces périodes sont celles qui scandent l’évolution de l’enseignement.C’est par l’apprentissage scolaire principalement que le français est acquis par la plupart de ses locuteurs congolais. Cependant, l’apprentissage du français s’est réalisé aussi par les contacts sociaux noués entre Européens et Africains, notamment danslesrapportsprofessionnels(ouvriers,domestiques)etdansles aspects plus personnels de la vie commune: activités culturelles, œuvres sociales. Mais ce niveau d’apprentissage ne débouchait que surunfrançaislimité. ȱ Laȱpremièreȱpériode,ȱquiȱvaȱdesȱdébutsȱdeȱlaȱcolonisationȱàȱ 1948,estcaractériséeparunmouvementd’alternanceentrelathèse deseuropéanistesetcelledesindigénistes(Faïk,1988:1216).D’une part, les européanistes sont partisans de l’imposition du français comme langue de communication, ce qui simplifie les choses dans un pays qui compte plus de deux cents langues. D’autre part, les indigénistes sont partisans des langues africaines, pour diverses raisons:lesFlamands,pournepasfavoriseruniquementlefrançais; d’autres pour assurer le sauvetage des valeurs authentiquement congolaises;d’autresenfindissimulaientmalleurdésirdemaintenir lapopulationautochtonedansunétatd’inférioritépolitique. Les missionnaires, convaincus qu’une langue étrangère ne pouvait être le véhicule d’une évangélisation efficace, se sont les premiers intéressés aux parlers autochtones. Or, si l’on sait que presque tout le système scolaire était entre leurs mains, on comprendraquebienviteilss’orienterontversunenseignementen langues locales. Laȱ situationȱ auȱ CongoȬKinshasaȱ étaitȱ doncȱ fortȱ différenteȱ deȱ celleȱ desȱ coloniesȱ françaisesȱ quiȱ avaientȱ optéȱ pourȱ l’assimilation. Sous le régime colonial français, en effet, Les missionnaires, convaincus qu’une langue étrangère ne pouvait être le véhicule d’une évangélisation efficace, se sont les premiers intéressés aux parlers autochtones. Or, si l’on sait que presque tout le système scolaire était entre leurs mains, on comprendraquebienviteilss’orienterontversunenseignementen langues locales. Laȱ situationȱ auȱ CongoȬKinshasaȱ étaitȱ doncȱ fortȱ différenteȱ deȱ celleȱ desȱ coloniesȱ françaisesȱ quiȱ avaientȱ optéȱ pourȱ l’assimilation. Sous le régime colonial français, en effet, 36 36 l’enseignement était obligatoirement dispensé en français, dans touteslesmatièresetàtouslesniveaux(Champion,1974:260). l’enseignement était obligatoirement dispensé en français, dans touteslesmatièresetàtouslesniveaux(Champion,1974:260). Mais la multiplicité des langues constituant un handicap sérieux, on songea à s’orienter vers une des quatre langues à vocationnationale:lekikongo,lelingala,lecilubàetleswahili.Un arrêté royal du 10 juillet 1922 officialise ce principe de l’enseignement en langues autochtones. Une enquête (De Jonghe, 1933:516517)révèleque,verscettedate,danslespetitsséminaires, la langue indigène est utilisée comme véhicule de l’enseignement pendantlestroispremièresannéesdusecondaireetn’estremplacée par le français qu’à partir de la quatrième. Par après s’opéra une certaine marche arrière et l’on finit par adopter une sorte de compromis entre «l’européanisme» des premiers temps et «l’indigénisme»quisuivit.Leprogrammede1948peutserattacher àcettesolutiondujustemilieu(Faïk,1988:1516). Mais la multiplicité des langues constituant un handicap sérieux, on songea à s’orienter vers une des quatre langues à vocationnationale:lekikongo,lelingala,lecilubàetleswahili.Un arrêté royal du 10 juillet 1922 officialise ce principe de l’enseignement en langues autochtones. Une enquête (De Jonghe, 1933:516517)révèleque,verscettedate,danslespetitsséminaires, la langue indigène est utilisée comme véhicule de l’enseignement pendantlestroispremièresannéesdusecondaireetn’estremplacée par le français qu’à partir de la quatrième. Par après s’opéra une certaine marche arrière et l’on finit par adopter une sorte de compromis entre «l’européanisme» des premiers temps et «l’indigénisme»quisuivit.Leprogrammede1948peutserattacher àcettesolutiondujustemilieu(Faïk,1988:1516). Les deux premières années de l’enseignement primaire se font en langue locale. Durant les trois années suivantes, l’enseignement se donne toujours en langues locales, mais l’enseignement du français y est introduit. Au cours d’une sixième année (facultative) préparatoire à la section moyenne, l’enseignement du français s’intensifie. Le programme de 1948 impose le français comme langue d’enseignement et comme première langue étudiée (sept à dix heures par semaine) dans l’enseignementsecondaire,toutenmaintenantl’étuded’unelangue culturellecongolaisedegrandeexpansion. ȱ Durantȱ laȱ deuxièmeȱ période,ȱ entreȱ 1948ȱ etȱ 1960 (Pierre 1997:320),onassisteàuneaccélérationdelapolitiqueeuropéaniste et une intensification de l’usage du français. Les écoles moyennes passentdequatreàsixansetinscriventàleurprogrammel’étudede la littérature française. Plusieurs périodiques rédigés en français s’adressent au public africain: Laȱ Croixȱ duȱ Congo,ȱ Laȱ Voixȱ duȱ Congolais,ȱ Actualitésȱ africainesȱ à Kinshasa. C’est en 1955 que le ministre des colonies, Auguste Buisseret, introduit l’école laïque au Congo. Sa particularité est que l’enseignement y est entièrement Les deux premières années de l’enseignement primaire se font en langue locale. Durant les trois années suivantes, l’enseignement se donne toujours en langues locales, mais l’enseignement du français y est introduit. Au cours d’une sixième année (facultative) préparatoire à la section moyenne, l’enseignement du français s’intensifie. Le programme de 1948 impose le français comme langue d’enseignement et comme première langue étudiée (sept à dix heures par semaine) dans l’enseignementsecondaire,toutenmaintenantl’étuded’unelangue culturellecongolaisedegrandeexpansion. ȱ Durantȱ laȱ deuxièmeȱ période,ȱ entreȱ 1948ȱ etȱ 1960 (Pierre 1997:320),onassisteàuneaccélérationdelapolitiqueeuropéaniste et une intensification de l’usage du français. Les écoles moyennes passentdequatreàsixansetinscriventàleurprogrammel’étudede la littérature française. Plusieurs périodiques rédigés en français s’adressent au public africain: Laȱ Croixȱ duȱ Congo,ȱ Laȱ Voixȱ duȱ Congolais,ȱ Actualitésȱ africainesȱ à Kinshasa. C’est en 1955 que le ministre des colonies, Auguste Buisseret, introduit l’école laïque au Congo. Sa particularité est que l’enseignement y est entièrement 37 37 l’enseignement était obligatoirement dispensé en français, dans touteslesmatièresetàtouslesniveaux(Champion,1974:260). l’enseignement était obligatoirement dispensé en français, dans touteslesmatièresetàtouslesniveaux(Champion,1974:260). Mais la multiplicité des langues constituant un handicap sérieux, on songea à s’orienter vers une des quatre langues à vocationnationale:lekikongo,lelingala,lecilubàetleswahili.Un arrêté royal du 10 juillet 1922 officialise ce principe de l’enseignement en langues autochtones. Une enquête (De Jonghe, 1933:516517)révèleque,verscettedate,danslespetitsséminaires, la langue indigène est utilisée comme véhicule de l’enseignement pendantlestroispremièresannéesdusecondaireetn’estremplacée par le français qu’à partir de la quatrième. Par après s’opéra une certaine marche arrière et l’on finit par adopter une sorte de compromis entre «l’européanisme» des premiers temps et «l’indigénisme»quisuivit.Leprogrammede1948peutserattacher àcettesolutiondujustemilieu(Faïk,1988:1516). Mais la multiplicité des langues constituant un handicap sérieux, on songea à s’orienter vers une des quatre langues à vocationnationale:lekikongo,lelingala,lecilubàetleswahili.Un arrêté royal du 10 juillet 1922 officialise ce principe de l’enseignement en langues autochtones. Une enquête (De Jonghe, 1933:516517)révèleque,verscettedate,danslespetitsséminaires, la langue indigène est utilisée comme véhicule de l’enseignement pendantlestroispremièresannéesdusecondaireetn’estremplacée par le français qu’à partir de la quatrième. Par après s’opéra une certaine marche arrière et l’on finit par adopter une sorte de compromis entre «l’européanisme» des premiers temps et «l’indigénisme»quisuivit.Leprogrammede1948peutserattacher àcettesolutiondujustemilieu(Faïk,1988:1516). Les deux premières années de l’enseignement primaire se font en langue locale. Durant les trois années suivantes, l’enseignement se donne toujours en langues locales, mais l’enseignement du français y est introduit. Au cours d’une sixième année (facultative) préparatoire à la section moyenne, l’enseignement du français s’intensifie. Le programme de 1948 impose le français comme langue d’enseignement et comme première langue étudiée (sept à dix heures par semaine) dans l’enseignementsecondaire,toutenmaintenantl’étuded’unelangue culturellecongolaisedegrandeexpansion. ȱ Durantȱ laȱ deuxièmeȱ période,ȱ entreȱ 1948ȱ etȱ 1960 (Pierre 1997:320),onassisteàuneaccélérationdelapolitiqueeuropéaniste et une intensification de l’usage du français. Les écoles moyennes passentdequatreàsixansetinscriventàleurprogrammel’étudede la littérature française. Plusieurs périodiques rédigés en français s’adressent au public africain: Laȱ Croixȱ duȱ Congo,ȱ Laȱ Voixȱ duȱ Congolais,ȱ Actualitésȱ africainesȱ à Kinshasa. C’est en 1955 que le ministre des colonies, Auguste Buisseret, introduit l’école laïque au Congo. Sa particularité est que l’enseignement y est entièrement Les deux premières années de l’enseignement primaire se font en langue locale. Durant les trois années suivantes, l’enseignement se donne toujours en langues locales, mais l’enseignement du français y est introduit. Au cours d’une sixième année (facultative) préparatoire à la section moyenne, l’enseignement du français s’intensifie. Le programme de 1948 impose le français comme langue d’enseignement et comme première langue étudiée (sept à dix heures par semaine) dans l’enseignementsecondaire,toutenmaintenantl’étuded’unelangue culturellecongolaisedegrandeexpansion. ȱ Durantȱ laȱ deuxièmeȱ période,ȱ entreȱ 1948ȱ etȱ 1960 (Pierre 1997:320),onassisteàuneaccélérationdelapolitiqueeuropéaniste et une intensification de l’usage du français. Les écoles moyennes passentdequatreàsixansetinscriventàleurprogrammel’étudede la littérature française. Plusieurs périodiques rédigés en français s’adressent au public africain: Laȱ Croixȱ duȱ Congo,ȱ Laȱ Voixȱ duȱ Congolais,ȱ Actualitésȱ africainesȱ à Kinshasa. C’est en 1955 que le ministre des colonies, Auguste Buisseret, introduit l’école laïque au Congo. Sa particularité est que l’enseignement y est entièrement 37 37 dispensé en français alors que, dans l’enseignement confessionnel, seul existant au Congo de l’époque et monopole des missions catholiques et protestantes, l’enseignement primaire et normal est, comme nous l’avons vu, largement dispensé en langues vernaculaires. L’école nouvelle remporta un vif succès du fait, sans doute,quec’étaitlapremièrefoisquel’alternativelaïqueétaitofferte aux Africains. C’est aussi à cette époque qu’est créée l’Université Lovanium à l’initiative de l’Université de Louvain (Belgique) et à l’opposé des colonies voisines qui envoyaient les Africains poursuivreleursétudesdanslesuniversitéseuropéennes. ȱ Laȱ troisièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1960, avec l’indépendance du pays. La bourgeoisie intellectuelle – enseignants et anciens séminaristes – accède au pouvoir et fait du français la langue officielle du pays. Dès 1962, une ordonnance présidentielle écarteleslanguescongolaisesdel’école.Lefrançaisdevientl’unique langue de l’enseignement du secteur primaire. Les nouveaux dirigeants politiques voulaient en effet conjurer le tribalisme et le pluralisme linguistique en favorisant l’emploi d’une «langue unificatrice». De plus, la forte centralisation administrative rendait nécessaire le recours à une langue considérée comme «neutre» parce que «non congolaise». Enfin, la valorisation sociale du français, jadis refusée aux «indigènes», exerça une profonde attractionchezlesCongolaisfrancophilesquidésiraients’approprier cette langue prestigieuse et génératrice de développement économique. dispensé en français alors que, dans l’enseignement confessionnel, seul existant au Congo de l’époque et monopole des missions catholiques et protestantes, l’enseignement primaire et normal est, comme nous l’avons vu, largement dispensé en langues vernaculaires. L’école nouvelle remporta un vif succès du fait, sans doute,quec’étaitlapremièrefoisquel’alternativelaïqueétaitofferte aux Africains. C’est aussi à cette époque qu’est créée l’Université Lovanium à l’initiative de l’Université de Louvain (Belgique) et à l’opposé des colonies voisines qui envoyaient les Africains poursuivreleursétudesdanslesuniversitéseuropéennes. ȱ Laȱ troisièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1960, avec l’indépendance du pays. La bourgeoisie intellectuelle – enseignants et anciens séminaristes – accède au pouvoir et fait du français la langue officielle du pays. Dès 1962, une ordonnance présidentielle écarteleslanguescongolaisesdel’école.Lefrançaisdevientl’unique langue de l’enseignement du secteur primaire. Les nouveaux dirigeants politiques voulaient en effet conjurer le tribalisme et le pluralisme linguistique en favorisant l’emploi d’une «langue unificatrice». De plus, la forte centralisation administrative rendait nécessaire le recours à une langue considérée comme «neutre» parce que «non congolaise». Enfin, la valorisation sociale du français, jadis refusée aux «indigènes», exerça une profonde attractionchezlesCongolaisfrancophilesquidésiraients’approprier cette langue prestigieuse et génératrice de développement économique. Mais plusieurs coups d’arrêt sont donnés à cette euphorie francophone (Pierre, 1997: 321). En 19631964, la révolution paysannedeMuleledansleKwilus’opposeàtoutcequiestétranger etbourgeois,etdoncfrancophoneoufrancophile.En1967,lecongrès de Luluabourg remet en cause le français dans l’enseignement fondamental et prône un retour aux langues africaines. Les élites veulent affirmer la vitalité des cultures négroafricaines, mais, d’aprèsCharlesTschimanga(2001:288),l’affirmationdecesvaleurs Mais plusieurs coups d’arrêt sont donnés à cette euphorie francophone (Pierre, 1997: 321). En 19631964, la révolution paysannedeMuleledansleKwilus’opposeàtoutcequiestétranger etbourgeois,etdoncfrancophoneoufrancophile.En1967,lecongrès de Luluabourg remet en cause le français dans l’enseignement fondamental et prône un retour aux langues africaines. Les élites veulent affirmer la vitalité des cultures négroafricaines, mais, d’aprèsCharlesTschimanga(2001:288),l’affirmationdecesvaleurs 38 38 dispensé en français alors que, dans l’enseignement confessionnel, seul existant au Congo de l’époque et monopole des missions catholiques et protestantes, l’enseignement primaire et normal est, comme nous l’avons vu, largement dispensé en langues vernaculaires. L’école nouvelle remporta un vif succès du fait, sans doute,quec’étaitlapremièrefoisquel’alternativelaïqueétaitofferte aux Africains. C’est aussi à cette époque qu’est créée l’Université Lovanium à l’initiative de l’Université de Louvain (Belgique) et à l’opposé des colonies voisines qui envoyaient les Africains poursuivreleursétudesdanslesuniversitéseuropéennes. ȱ Laȱ troisièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1960, avec l’indépendance du pays. La bourgeoisie intellectuelle – enseignants et anciens séminaristes – accède au pouvoir et fait du français la langue officielle du pays. Dès 1962, une ordonnance présidentielle écarteleslanguescongolaisesdel’école.Lefrançaisdevientl’unique langue de l’enseignement du secteur primaire. Les nouveaux dirigeants politiques voulaient en effet conjurer le tribalisme et le pluralisme linguistique en favorisant l’emploi d’une «langue unificatrice». De plus, la forte centralisation administrative rendait nécessaire le recours à une langue considérée comme «neutre» parce que «non congolaise». Enfin, la valorisation sociale du français, jadis refusée aux «indigènes», exerça une profonde attractionchezlesCongolaisfrancophilesquidésiraients’approprier cette langue prestigieuse et génératrice de développement économique. dispensé en français alors que, dans l’enseignement confessionnel, seul existant au Congo de l’époque et monopole des missions catholiques et protestantes, l’enseignement primaire et normal est, comme nous l’avons vu, largement dispensé en langues vernaculaires. L’école nouvelle remporta un vif succès du fait, sans doute,quec’étaitlapremièrefoisquel’alternativelaïqueétaitofferte aux Africains. C’est aussi à cette époque qu’est créée l’Université Lovanium à l’initiative de l’Université de Louvain (Belgique) et à l’opposé des colonies voisines qui envoyaient les Africains poursuivreleursétudesdanslesuniversitéseuropéennes. ȱ Laȱ troisièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1960, avec l’indépendance du pays. La bourgeoisie intellectuelle – enseignants et anciens séminaristes – accède au pouvoir et fait du français la langue officielle du pays. Dès 1962, une ordonnance présidentielle écarteleslanguescongolaisesdel’école.Lefrançaisdevientl’unique langue de l’enseignement du secteur primaire. Les nouveaux dirigeants politiques voulaient en effet conjurer le tribalisme et le pluralisme linguistique en favorisant l’emploi d’une «langue unificatrice». De plus, la forte centralisation administrative rendait nécessaire le recours à une langue considérée comme «neutre» parce que «non congolaise». Enfin, la valorisation sociale du français, jadis refusée aux «indigènes», exerça une profonde attractionchezlesCongolaisfrancophilesquidésiraients’approprier cette langue prestigieuse et génératrice de développement économique. Mais plusieurs coups d’arrêt sont donnés à cette euphorie francophone (Pierre, 1997: 321). En 19631964, la révolution paysannedeMuleledansleKwilus’opposeàtoutcequiestétranger etbourgeois,etdoncfrancophoneoufrancophile.En1967,lecongrès de Luluabourg remet en cause le français dans l’enseignement fondamental et prône un retour aux langues africaines. Les élites veulent affirmer la vitalité des cultures négroafricaines, mais, d’aprèsCharlesTschimanga(2001:288),l’affirmationdecesvaleurs Mais plusieurs coups d’arrêt sont donnés à cette euphorie francophone (Pierre, 1997: 321). En 19631964, la révolution paysannedeMuleledansleKwilus’opposeàtoutcequiestétranger etbourgeois,etdoncfrancophoneoufrancophile.En1967,lecongrès de Luluabourg remet en cause le français dans l’enseignement fondamental et prône un retour aux langues africaines. Les élites veulent affirmer la vitalité des cultures négroafricaines, mais, d’aprèsCharlesTschimanga(2001:288),l’affirmationdecesvaleurs 38 38 ne pouvait suffire pour faire contrepoids à un système mondial dominéparlesvaleursdel’Occident. ne pouvait suffire pour faire contrepoids à un système mondial dominéparlesvaleursdel’Occident. Cependant, àȱ partirȱ deȱ l’instaurationȱ deȱ laȱ dictatureȱ mobutienneȱ versȱ 1970, la connaissance et la pratique du français n’ont plus été des critères suffisants pouraccéder au travail etaux postes de responsabilité. D’autres facteurs sont intervenus: militantismepolitique,appartenanceethnique,pratiquedelalangue duchefet,dèslors,l’imagedufrançaisliéeàlapromotionsocialeet àlaprospéritééconomiqueachangé.Laquatrièmepériodecoïncide avec la politique «d’authenticité», lancée par le Président Mobutu pour galvaniser le nationalisme des Congolais: laȱ Républiqueȱ démocratiqueȱ duȱ Congoȱ devientȱ leȱ Zaïreȱ enȱ 1970, les prénoms étrangers, donc français pour la plupart, sont remplacés par des nomsafricains:diplômes,intitulésdecompteenbanque,enseignes de magasin vont changer. Bref, la prise du pouvoir politique par Mobutu s’est traduite également par une prise du pouvoir linguistique. Cependant, àȱ partirȱ deȱ l’instaurationȱ deȱ laȱ dictatureȱ mobutienneȱ versȱ 1970, la connaissance et la pratique du français n’ont plus été des critères suffisants pouraccéder au travail etaux postes de responsabilité. D’autres facteurs sont intervenus: militantismepolitique,appartenanceethnique,pratiquedelalangue duchefet,dèslors,l’imagedufrançaisliéeàlapromotionsocialeet àlaprospéritééconomiqueachangé.Laquatrièmepériodecoïncide avec la politique «d’authenticité», lancée par le Président Mobutu pour galvaniser le nationalisme des Congolais: laȱ Républiqueȱ démocratiqueȱ duȱ Congoȱ devientȱ leȱ Zaïreȱ enȱ 1970, les prénoms étrangers, donc français pour la plupart, sont remplacés par des nomsafricains:diplômes,intitulésdecompteenbanque,enseignes de magasin vont changer. Bref, la prise du pouvoir politique par Mobutu s’est traduite également par une prise du pouvoir linguistique. Cette idéologie du recours à l’authenticité entraîna apparemment la valorisation des langues nationales et remit en questionlemonopoledufrançais.Ledomainedel’enseignementfut partiellementtouché.Aprèsavoirétéexcluesdepuis1962,lesquatre langues nationales furent réintégrées officiellement dans l’enseignement primaire, mais elles restèrent confinées aux deux premières années du primaire. Pour que le recours à l’authenticité devienne un nouvel ordre linguistique, il aurait fallu qu’il dépasse les formes superficielles et limitées des termes africanisés et qu’il consacrât les langues nationales comme des facteurs de développementsocialetéconomique. Cette idéologie du recours à l’authenticité entraîna apparemment la valorisation des langues nationales et remit en questionlemonopoledufrançais.Ledomainedel’enseignementfut partiellementtouché.Aprèsavoirétéexcluesdepuis1962,lesquatre langues nationales furent réintégrées officiellement dans l’enseignement primaire, mais elles restèrent confinées aux deux premières années du primaire. Pour que le recours à l’authenticité devienne un nouvel ordre linguistique, il aurait fallu qu’il dépasse les formes superficielles et limitées des termes africanisés et qu’il consacrât les langues nationales comme des facteurs de développementsocialetéconomique. Par ailleurs, c’est suite à la visite du président Giscard d’Estaing,en1976,queseradécidéelaconstructiondela«Voixdu Zaïre»,puissantémetteurderadiotélévision,financéparlaFrance, etinstrumentnonéquivoquedelavolontédegarderlepaysdansle giron de la francophonie. Malgré la zaïrisation linguistique, le Par ailleurs, c’est suite à la visite du président Giscard d’Estaing,en1976,queseradécidéelaconstructiondela«Voixdu Zaïre»,puissantémetteurderadiotélévision,financéparlaFrance, etinstrumentnonéquivoquedelavolontédegarderlepaysdansle giron de la francophonie. Malgré la zaïrisation linguistique, le 39 39 ne pouvait suffire pour faire contrepoids à un système mondial dominéparlesvaleursdel’Occident. ne pouvait suffire pour faire contrepoids à un système mondial dominéparlesvaleursdel’Occident. Cependant, àȱ partirȱ deȱ l’instaurationȱ deȱ laȱ dictatureȱ mobutienneȱ versȱ 1970, la connaissance et la pratique du français n’ont plus été des critères suffisants pouraccéder au travail etaux postes de responsabilité. D’autres facteurs sont intervenus: militantismepolitique,appartenanceethnique,pratiquedelalangue duchefet,dèslors,l’imagedufrançaisliéeàlapromotionsocialeet àlaprospéritééconomiqueachangé.Laquatrièmepériodecoïncide avec la politique «d’authenticité», lancée par le Président Mobutu pour galvaniser le nationalisme des Congolais: laȱ Républiqueȱ démocratiqueȱ duȱ Congoȱ devientȱ leȱ Zaïreȱ enȱ 1970, les prénoms étrangers, donc français pour la plupart, sont remplacés par des nomsafricains:diplômes,intitulésdecompteenbanque,enseignes de magasin vont changer. Bref, la prise du pouvoir politique par Mobutu s’est traduite également par une prise du pouvoir linguistique. Cependant, àȱ partirȱ deȱ l’instaurationȱ deȱ laȱ dictatureȱ mobutienneȱ versȱ 1970, la connaissance et la pratique du français n’ont plus été des critères suffisants pouraccéder au travail etaux postes de responsabilité. D’autres facteurs sont intervenus: militantismepolitique,appartenanceethnique,pratiquedelalangue duchefet,dèslors,l’imagedufrançaisliéeàlapromotionsocialeet àlaprospéritééconomiqueachangé.Laquatrièmepériodecoïncide avec la politique «d’authenticité», lancée par le Président Mobutu pour galvaniser le nationalisme des Congolais: laȱ Républiqueȱ démocratiqueȱ duȱ Congoȱ devientȱ leȱ Zaïreȱ enȱ 1970, les prénoms étrangers, donc français pour la plupart, sont remplacés par des nomsafricains:diplômes,intitulésdecompteenbanque,enseignes de magasin vont changer. Bref, la prise du pouvoir politique par Mobutu s’est traduite également par une prise du pouvoir linguistique. Cette idéologie du recours à l’authenticité entraîna apparemment la valorisation des langues nationales et remit en questionlemonopoledufrançais.Ledomainedel’enseignementfut partiellementtouché.Aprèsavoirétéexcluesdepuis1962,lesquatre langues nationales furent réintégrées officiellement dans l’enseignement primaire, mais elles restèrent confinées aux deux premières années du primaire. Pour que le recours à l’authenticité devienne un nouvel ordre linguistique, il aurait fallu qu’il dépasse les formes superficielles et limitées des termes africanisés et qu’il consacrât les langues nationales comme des facteurs de développementsocialetéconomique. Cette idéologie du recours à l’authenticité entraîna apparemment la valorisation des langues nationales et remit en questionlemonopoledufrançais.Ledomainedel’enseignementfut partiellementtouché.Aprèsavoirétéexcluesdepuis1962,lesquatre langues nationales furent réintégrées officiellement dans l’enseignement primaire, mais elles restèrent confinées aux deux premières années du primaire. Pour que le recours à l’authenticité devienne un nouvel ordre linguistique, il aurait fallu qu’il dépasse les formes superficielles et limitées des termes africanisés et qu’il consacrât les langues nationales comme des facteurs de développementsocialetéconomique. Par ailleurs, c’est suite à la visite du président Giscard d’Estaing,en1976,queseradécidéelaconstructiondela«Voixdu Zaïre»,puissantémetteurderadiotélévision,financéparlaFrance, etinstrumentnonéquivoquedelavolontédegarderlepaysdansle giron de la francophonie. Malgré la zaïrisation linguistique, le Par ailleurs, c’est suite à la visite du président Giscard d’Estaing,en1976,queseradécidéelaconstructiondela«Voixdu Zaïre»,puissantémetteurderadiotélévision,financéparlaFrance, etinstrumentnonéquivoquedelavolontédegarderlepaysdansle giron de la francophonie. Malgré la zaïrisation linguistique, le 39 39 françaisrevintenforceetfutenseignéàl’oralàraisond’unedemi heure par jour dans les deux premières années du primaire et fut introduit progressivement à l’écrit en troisième année pour devenir l’uniquelangued’enseignementencinquièmeannée.Ausecondaire, leslanguesnationalesn’ontjamaisétéenseignées. Laȱ cinquièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1985 et marque le déclindel’authenticité.Nousl’évoquonsrapidementcarellesortdu cadre chronologique de notre propos. Durant un colloque consacré au thème «Linguistique et Société», juristes, politiciens, généraux plaident pour les langues nationales. Mais, un mois après, une circulaire du Ministère de l’Education enjoint de renforcer le français: cette circulaire fut comprise par les inspecteurs comme entraînantlasuppressiondeslanguesafricainesdontl’enseignement avaitétépéniblementmisenplace. Le français est devenu l’unique langue du parlement et du gouvernement,maisaussicelledel’Administration,del’école,dela grandepresse,etc.,audétrimentdeslanguesnationales.C’estcequi fait dire à Mwatha Musanji Ngalasso (1986: 627), un linguiste d’originecongolaise,que,decepointdevuelà,laȱfrancophonieȱauȱ Congo,ȱdansȱceȱqu’elleȱaȱaujourd’huiȱdeȱplusȱconquérant,ȱestȱbienȱ uneȱ inventionȱ postȬcoloniale.ȱ Cette politique du français s’est poursuivie, essentiellement par décrets, jusque vers le milieu des années70.Defait,lesBelgesn’ontjamaisvouluimposerlefrançais aux«indigènes»sousprétextedenepaslesdéraciner. LAȱ FRANCOPHONIEȱ AUȱ CONGOȬKINSHASAȱ (DEȱ 1945ȱ Àȱ1960)ȱ ȱ Surleterrain,laplupartdesCongolaispratiquentdoncune diglossie déséquilibrée, sinon une triglossie lorsqu’ils savent le français (Calvet, 1998: 738). Ainsi, ils emploient leur langue maternelle (ou ethnique) dans les relations familiales ou interethniques, mais la langue véhiculaire régionale (kikongo, lingala,swahilietcilubà)danslavieurbaineengénéral:commerce, 40 françaisrevintenforceetfutenseignéàl’oralàraisond’unedemi heure par jour dans les deux premières années du primaire et fut introduit progressivement à l’écrit en troisième année pour devenir l’uniquelangued’enseignementencinquièmeannée.Ausecondaire, leslanguesnationalesn’ontjamaisétéenseignées. Laȱ cinquièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1985 et marque le déclindel’authenticité.Nousl’évoquonsrapidementcarellesortdu cadre chronologique de notre propos. Durant un colloque consacré au thème «Linguistique et Société», juristes, politiciens, généraux plaident pour les langues nationales. Mais, un mois après, une circulaire du Ministère de l’Education enjoint de renforcer le français: cette circulaire fut comprise par les inspecteurs comme entraînantlasuppressiondeslanguesafricainesdontl’enseignement avaitétépéniblementmisenplace. Le français est devenu l’unique langue du parlement et du gouvernement,maisaussicelledel’Administration,del’école,dela grandepresse,etc.,audétrimentdeslanguesnationales.C’estcequi fait dire à Mwatha Musanji Ngalasso (1986: 627), un linguiste d’originecongolaise,que,decepointdevuelà,laȱfrancophonieȱauȱ Congo,ȱdansȱceȱqu’elleȱaȱaujourd’huiȱdeȱplusȱconquérant,ȱestȱbienȱ uneȱ inventionȱ postȬcoloniale.ȱ Cette politique du français s’est poursuivie, essentiellement par décrets, jusque vers le milieu des années70.Defait,lesBelgesn’ontjamaisvouluimposerlefrançais aux«indigènes»sousprétextedenepaslesdéraciner. LAȱ FRANCOPHONIEȱ AUȱ CONGOȬKINSHASAȱ (DEȱ 1945ȱ Àȱ1960)ȱ ȱ Surleterrain,laplupartdesCongolaispratiquentdoncune diglossie déséquilibrée, sinon une triglossie lorsqu’ils savent le français (Calvet, 1998: 738). Ainsi, ils emploient leur langue maternelle (ou ethnique) dans les relations familiales ou interethniques, mais la langue véhiculaire régionale (kikongo, lingala,swahilietcilubà)danslavieurbaineengénéral:commerce, 40 françaisrevintenforceetfutenseignéàl’oralàraisond’unedemi heure par jour dans les deux premières années du primaire et fut introduit progressivement à l’écrit en troisième année pour devenir l’uniquelangued’enseignementencinquièmeannée.Ausecondaire, leslanguesnationalesn’ontjamaisétéenseignées. Laȱ cinquièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1985 et marque le déclindel’authenticité.Nousl’évoquonsrapidementcarellesortdu cadre chronologique de notre propos. Durant un colloque consacré au thème «Linguistique et Société», juristes, politiciens, généraux plaident pour les langues nationales. Mais, un mois après, une circulaire du Ministère de l’Education enjoint de renforcer le français: cette circulaire fut comprise par les inspecteurs comme entraînantlasuppressiondeslanguesafricainesdontl’enseignement avaitétépéniblementmisenplace. Le français est devenu l’unique langue du parlement et du gouvernement,maisaussicelledel’Administration,del’école,dela grandepresse,etc.,audétrimentdeslanguesnationales.C’estcequi fait dire à Mwatha Musanji Ngalasso (1986: 627), un linguiste d’originecongolaise,que,decepointdevuelà,laȱfrancophonieȱauȱ Congo,ȱdansȱceȱqu’elleȱaȱaujourd’huiȱdeȱplusȱconquérant,ȱestȱbienȱ uneȱ inventionȱ postȬcoloniale.ȱ Cette politique du français s’est poursuivie, essentiellement par décrets, jusque vers le milieu des années70.Defait,lesBelgesn’ontjamaisvouluimposerlefrançais aux«indigènes»sousprétextedenepaslesdéraciner. LAȱ FRANCOPHONIEȱ AUȱ CONGOȬKINSHASAȱ (DEȱ 1945ȱ Àȱ1960)ȱ ȱ Surleterrain,laplupartdesCongolaispratiquentdoncune diglossie déséquilibrée, sinon une triglossie lorsqu’ils savent le français (Calvet, 1998: 738). Ainsi, ils emploient leur langue maternelle (ou ethnique) dans les relations familiales ou interethniques, mais la langue véhiculaire régionale (kikongo, lingala,swahilietcilubà)danslavieurbaineengénéral:commerce, 40 françaisrevintenforceetfutenseignéàl’oralàraisond’unedemi heure par jour dans les deux premières années du primaire et fut introduit progressivement à l’écrit en troisième année pour devenir l’uniquelangued’enseignementencinquièmeannée.Ausecondaire, leslanguesnationalesn’ontjamaisétéenseignées. Laȱ cinquièmeȱ périodeȱ commenceȱ enȱ 1985 et marque le déclindel’authenticité.Nousl’évoquonsrapidementcarellesortdu cadre chronologique de notre propos. Durant un colloque consacré au thème «Linguistique et Société», juristes, politiciens, généraux plaident pour les langues nationales. Mais, un mois après, une circulaire du Ministère de l’Education enjoint de renforcer le français: cette circulaire fut comprise par les inspecteurs comme entraînantlasuppressiondeslanguesafricainesdontl’enseignement avaitétépéniblementmisenplace. Le français est devenu l’unique langue du parlement et du gouvernement,maisaussicelledel’Administration,del’école,dela grandepresse,etc.,audétrimentdeslanguesnationales.C’estcequi fait dire à Mwatha Musanji Ngalasso (1986: 627), un linguiste d’originecongolaise,que,decepointdevuelà,laȱfrancophonieȱauȱ Congo,ȱdansȱceȱqu’elleȱaȱaujourd’huiȱdeȱplusȱconquérant,ȱestȱbienȱ uneȱ inventionȱ postȬcoloniale.ȱ Cette politique du français s’est poursuivie, essentiellement par décrets, jusque vers le milieu des années70.Defait,lesBelgesn’ontjamaisvouluimposerlefrançais aux«indigènes»sousprétextedenepaslesdéraciner. LAȱ FRANCOPHONIEȱ AUȱ CONGOȬKINSHASAȱ (DEȱ 1945ȱ Àȱ1960)ȱ ȱ Surleterrain,laplupartdesCongolaispratiquentdoncune diglossie déséquilibrée, sinon une triglossie lorsqu’ils savent le français (Calvet, 1998: 738). Ainsi, ils emploient leur langue maternelle (ou ethnique) dans les relations familiales ou interethniques, mais la langue véhiculaire régionale (kikongo, lingala,swahilietcilubà)danslavieurbaineengénéral:commerce, 40 administration locale, éducation (premier cycle du primaire). Pour ceuxquisaventlefrançais(triglossie),employercettelanguedonne automatiquement accès à toutes les sphères du pouvoir et de la connaissance.Lefrançaisestencore,danslesfaits,lalanguedel’Etat etdudroit. administration locale, éducation (premier cycle du primaire). Pour ceuxquisaventlefrançais(triglossie),employercettelanguedonne automatiquement accès à toutes les sphères du pouvoir et de la connaissance.Lefrançaisestencore,danslesfaits,lalanguedel’Etat etdudroit. En dehors des secteurs officiel, scolaire et scientifique, c’est surtout dans les mass media que le français occupe une place privilégiée (Faïk, 1988: 23). Le CongoKinshasa est membre de l’Union Internationale des Journalistes et de la Presse de Langue Française. Les journaux sont presque exclusivement rédigés en français.Maislasituationestsensiblementdifférenteàlaradioetàla télévision où le français semble n’occuper que 60% du temps de parole.Quantauxchansons,selondesestimationsassezsûres,elles sont en lingala, la chanson française étant pratiquement exclue. En revanche,lesfilms,tantceuxdelatélévisionqueceuxprojetésdans les cinémas, sont toujours en français. Au CongoKinshasa, le français est donc beaucoup plus lu et entendu qu’il n’est parlé et écrit. En dehors des secteurs officiel, scolaire et scientifique, c’est surtout dans les mass media que le français occupe une place privilégiée (Faïk, 1988: 23). Le CongoKinshasa est membre de l’Union Internationale des Journalistes et de la Presse de Langue Française. Les journaux sont presque exclusivement rédigés en français.Maislasituationestsensiblementdifférenteàlaradioetàla télévision où le français semble n’occuper que 60% du temps de parole.Quantauxchansons,selondesestimationsassezsûres,elles sont en lingala, la chanson française étant pratiquement exclue. En revanche,lesfilms,tantceuxdelatélévisionqueceuxprojetésdans les cinémas, sont toujours en français. Au CongoKinshasa, le français est donc beaucoup plus lu et entendu qu’il n’est parlé et écrit. C’estȱdansȱleȱdomaineȱculturelȱetȱparticulièrementȱlittéraireȱ queȱ ceȱ paysȱ ressortitȱ àȱ laȱ francophonie. Comme le propose la thématiquedececolloque,nousallons,pourlemontrer,nouslimiter à la période allant de 1945 à 1970. C’est Silvia Riva qui, dans sa Nouvelleȱ histoireȱ deȱ laȱ littératureȱ duȱ CongoȬKinshasa (2006) et Mukala KadimaNzuji,dansLaȱLittératureȱzaïroiseȱfrançaiseȱ(1984)quiontété nosprincipalessourcesd’informations. C’estȱdansȱleȱdomaineȱculturelȱetȱparticulièrementȱlittéraireȱ queȱ ceȱ paysȱ ressortitȱ àȱ laȱ francophonie. Comme le propose la thématiquedececolloque,nousallons,pourlemontrer,nouslimiter à la période allant de 1945 à 1970. C’est Silvia Riva qui, dans sa Nouvelleȱ histoireȱ deȱ laȱ littératureȱ duȱ CongoȬKinshasa (2006) et Mukala KadimaNzuji,dansLaȱLittératureȱzaïroiseȱfrançaiseȱ(1984)quiontété nosprincipalessourcesd’informations. Vers 1945, avec près de dix ans de retard sur l’Afrique française,denombreusesassociationsd’anciensélèvesvirentlejour dans les plus grands centres urbains de la colonie belge, et en particulier à Léopoldville, la capitale (aujourd’hui, Kinshasa). L’AdministrationbelgeconfiaaugouverneurJeanPaulQuixlatâche d’instituer un comité de contrôle des activités culturelles. Celuici prendra le nom de Laȱ Voixȱ duȱ Congolais, du nom de la revue que fonda Quix. On peut retenir, sur la production poétique de cette revue, le jugement exprimé par Mukala KadimaNzuji(1986: 90): «conformisme des thèmes et du style, (…) complaisance dans une Vers 1945, avec près de dix ans de retard sur l’Afrique française,denombreusesassociationsd’anciensélèvesvirentlejour dans les plus grands centres urbains de la colonie belge, et en particulier à Léopoldville, la capitale (aujourd’hui, Kinshasa). L’AdministrationbelgeconfiaaugouverneurJeanPaulQuixlatâche d’instituer un comité de contrôle des activités culturelles. Celuici prendra le nom de Laȱ Voixȱ duȱ Congolais, du nom de la revue que fonda Quix. On peut retenir, sur la production poétique de cette revue, le jugement exprimé par Mukala KadimaNzuji(1986: 90): «conformisme des thèmes et du style, (…) complaisance dans une 41 41 administration locale, éducation (premier cycle du primaire). Pour ceuxquisaventlefrançais(triglossie),employercettelanguedonne automatiquement accès à toutes les sphères du pouvoir et de la connaissance.Lefrançaisestencore,danslesfaits,lalanguedel’Etat etdudroit. administration locale, éducation (premier cycle du primaire). Pour ceuxquisaventlefrançais(triglossie),employercettelanguedonne automatiquement accès à toutes les sphères du pouvoir et de la connaissance.Lefrançaisestencore,danslesfaits,lalanguedel’Etat etdudroit. En dehors des secteurs officiel, scolaire et scientifique, c’est surtout dans les mass media que le français occupe une place privilégiée (Faïk, 1988: 23). Le CongoKinshasa est membre de l’Union Internationale des Journalistes et de la Presse de Langue Française. Les journaux sont presque exclusivement rédigés en français.Maislasituationestsensiblementdifférenteàlaradioetàla télévision où le français semble n’occuper que 60% du temps de parole.Quantauxchansons,selondesestimationsassezsûres,elles sont en lingala, la chanson française étant pratiquement exclue. En revanche,lesfilms,tantceuxdelatélévisionqueceuxprojetésdans les cinémas, sont toujours en français. Au CongoKinshasa, le français est donc beaucoup plus lu et entendu qu’il n’est parlé et écrit. En dehors des secteurs officiel, scolaire et scientifique, c’est surtout dans les mass media que le français occupe une place privilégiée (Faïk, 1988: 23). Le CongoKinshasa est membre de l’Union Internationale des Journalistes et de la Presse de Langue Française. Les journaux sont presque exclusivement rédigés en français.Maislasituationestsensiblementdifférenteàlaradioetàla télévision où le français semble n’occuper que 60% du temps de parole.Quantauxchansons,selondesestimationsassezsûres,elles sont en lingala, la chanson française étant pratiquement exclue. En revanche,lesfilms,tantceuxdelatélévisionqueceuxprojetésdans les cinémas, sont toujours en français. Au CongoKinshasa, le français est donc beaucoup plus lu et entendu qu’il n’est parlé et écrit. C’estȱdansȱleȱdomaineȱculturelȱetȱparticulièrementȱlittéraireȱ queȱ ceȱ paysȱ ressortitȱ àȱ laȱ francophonie. Comme le propose la thématiquedececolloque,nousallons,pourlemontrer,nouslimiter à la période allant de 1945 à 1970. C’est Silvia Riva qui, dans sa Nouvelleȱ histoireȱ deȱ laȱ littératureȱ duȱ CongoȬKinshasa (2006) et Mukala KadimaNzuji,dansLaȱLittératureȱzaïroiseȱfrançaiseȱ(1984)quiontété nosprincipalessourcesd’informations. C’estȱdansȱleȱdomaineȱculturelȱetȱparticulièrementȱlittéraireȱ queȱ ceȱ paysȱ ressortitȱ àȱ laȱ francophonie. Comme le propose la thématiquedececolloque,nousallons,pourlemontrer,nouslimiter à la période allant de 1945 à 1970. C’est Silvia Riva qui, dans sa Nouvelleȱ histoireȱ deȱ laȱ littératureȱ duȱ CongoȬKinshasa (2006) et Mukala KadimaNzuji,dansLaȱLittératureȱzaïroiseȱfrançaiseȱ(1984)quiontété nosprincipalessourcesd’informations. Vers 1945, avec près de dix ans de retard sur l’Afrique française,denombreusesassociationsd’anciensélèvesvirentlejour dans les plus grands centres urbains de la colonie belge, et en particulier à Léopoldville, la capitale (aujourd’hui, Kinshasa). L’AdministrationbelgeconfiaaugouverneurJeanPaulQuixlatâche d’instituer un comité de contrôle des activités culturelles. Celuici prendra le nom de Laȱ Voixȱ duȱ Congolais, du nom de la revue que fonda Quix. On peut retenir, sur la production poétique de cette revue, le jugement exprimé par Mukala KadimaNzuji(1986: 90): «conformisme des thèmes et du style, (…) complaisance dans une Vers 1945, avec près de dix ans de retard sur l’Afrique française,denombreusesassociationsd’anciensélèvesvirentlejour dans les plus grands centres urbains de la colonie belge, et en particulier à Léopoldville, la capitale (aujourd’hui, Kinshasa). L’AdministrationbelgeconfiaaugouverneurJeanPaulQuixlatâche d’instituer un comité de contrôle des activités culturelles. Celuici prendra le nom de Laȱ Voixȱ duȱ Congolais, du nom de la revue que fonda Quix. On peut retenir, sur la production poétique de cette revue, le jugement exprimé par Mukala KadimaNzuji(1986: 90): «conformisme des thèmes et du style, (…) complaisance dans une 41 41 prosodie surannée.» Maisȱ laȱ rédactionȱ deȱ laȱ revueȱ découvriraȱ leȱ mouvementȱ surréalisteȱ etȱ laȱ Négritudeȱ àȱ partirȱ deȱ 1953ȱ etȱ consacreraȱ uneȱ sérieȱ deȱ monographiesȱ àȱ desȱ écrivainsȱ francophonesȱ confirmésȱ: René Maran, Aimé Césaire, Birago Diop, Gilbert Gatiant, Martial Sinda, premier poète noir de l’AEF, etc. Ce sontcesessaisquireprésententlavéritablecontributiondelarevueà l’histoire littéraire du CongoKinshasa. L’ouverture au monde africain et à celui des Caraïbes servit de stimulation aux jeunes écrivains. prosodie surannée.» Maisȱ laȱ rédactionȱ deȱ laȱ revueȱ découvriraȱ leȱ mouvementȱ surréalisteȱ etȱ laȱ Négritudeȱ àȱ partirȱ deȱ 1953ȱ etȱ consacreraȱ uneȱ sérieȱ deȱ monographiesȱ àȱ desȱ écrivainsȱ francophonesȱ confirmésȱ: René Maran, Aimé Césaire, Birago Diop, Gilbert Gatiant, Martial Sinda, premier poète noir de l’AEF, etc. Ce sontcesessaisquireprésententlavéritablecontributiondelarevueà l’histoire littéraire du CongoKinshasa. L’ouverture au monde africain et à celui des Caraïbes servit de stimulation aux jeunes écrivains. En 1946, à Elisabethville, une association culturelle est fondée,l’UnionAfricainedesArtsetdesLettres(l’UAAL),visantà «promouvoir et diffuser les ouvrages et les œuvres artistiques des écrivains et artistes établis au Congo belge et au RuandaUrundi». Cette association entretenait des rapports étroits avec le reste du mondeafricainfrancophonegrâceàlacollaborationd’organisations internationales(surtoutl’Unesco)etd’institutsprivésfrançais.Cette sociétédisposaitégalementd’unorganedepresse,JeuneȱAfrique,ȱqui se proposait, «partant du Congo, de construire à l’échelle de l’Afriqueetdedévelopperlesqualitésculturellesdespeuplesnoirs envued’arriveràunemeilleurecompréhensiondeleursaspirations spirituelles et à une interpénétration des continents par le rayonnement donné aux Arts et Lettres, source de pacifiques espérancesȱ».ȱLaȱligneȱéditorialeȱcorrespondaitȱauxȱaspirationsȱqueȱ nourrissaitȱ àȱ ceȱ momentȱ leȱ mouvementȱ deȱ laȱ Négritude. Il n’est donc pas surprenant que le numéro d’octobre 1949 contienne une poésie de Léopold Sédar Senghor («Teddungal») ou que l’un des plusgrandspersonnagesdelaNégritudecongolaise,AntoineRoger Bolamba(auteurdeEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays),aittrouvéen1953 un grand espace dans les pages de Jeuneȱ Afriqueȱ pour exposer son esthétique. En 1946, à Elisabethville, une association culturelle est fondée,l’UnionAfricainedesArtsetdesLettres(l’UAAL),visantà «promouvoir et diffuser les ouvrages et les œuvres artistiques des écrivains et artistes établis au Congo belge et au RuandaUrundi». Cette association entretenait des rapports étroits avec le reste du mondeafricainfrancophonegrâceàlacollaborationd’organisations internationales(surtoutl’Unesco)etd’institutsprivésfrançais.Cette sociétédisposaitégalementd’unorganedepresse,JeuneȱAfrique,ȱqui se proposait, «partant du Congo, de construire à l’échelle de l’Afriqueetdedévelopperlesqualitésculturellesdespeuplesnoirs envued’arriveràunemeilleurecompréhensiondeleursaspirations spirituelles et à une interpénétration des continents par le rayonnement donné aux Arts et Lettres, source de pacifiques espérancesȱ».ȱLaȱligneȱéditorialeȱcorrespondaitȱauxȱaspirationsȱqueȱ nourrissaitȱ àȱ ceȱ momentȱ leȱ mouvementȱ deȱ laȱ Négritude. Il n’est donc pas surprenant que le numéro d’octobre 1949 contienne une poésie de Léopold Sédar Senghor («Teddungal») ou que l’un des plusgrandspersonnagesdelaNégritudecongolaise,AntoineRoger Bolamba(auteurdeEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays),aittrouvéen1953 un grand espace dans les pages de Jeuneȱ Afriqueȱ pour exposer son esthétique. NéeàLevervilleen1943,laBibliothèquedel’Etoilepubliait descollectionsdiversesdontl’une,«l’Etoile»,seconsacraitautantà la littérature et aux problèmes linguistiques qu’aux discussions scientifiques,historiquesetsociales.Onytrouvaitdesextraitsetdes traductions des classiques de la littérature française et mondiale (laȱ NéeàLevervilleen1943,laBibliothèquedel’Etoilepubliait descollectionsdiversesdontl’une,«l’Etoile»,seconsacraitautantà la littérature et aux problèmes linguistiques qu’aux discussions scientifiques,historiquesetsociales.Onytrouvaitdesextraitsetdes traductions des classiques de la littérature française et mondiale (laȱ 42 42 prosodie surannée.» Maisȱ laȱ rédactionȱ deȱ laȱ revueȱ découvriraȱ leȱ mouvementȱ surréalisteȱ etȱ laȱ Négritudeȱ àȱ partirȱ deȱ 1953ȱ etȱ consacreraȱ uneȱ sérieȱ deȱ monographiesȱ àȱ desȱ écrivainsȱ francophonesȱ confirmésȱ: René Maran, Aimé Césaire, Birago Diop, Gilbert Gatiant, Martial Sinda, premier poète noir de l’AEF, etc. Ce sontcesessaisquireprésententlavéritablecontributiondelarevueà l’histoire littéraire du CongoKinshasa. L’ouverture au monde africain et à celui des Caraïbes servit de stimulation aux jeunes écrivains. prosodie surannée.» Maisȱ laȱ rédactionȱ deȱ laȱ revueȱ découvriraȱ leȱ mouvementȱ surréalisteȱ etȱ laȱ Négritudeȱ àȱ partirȱ deȱ 1953ȱ etȱ consacreraȱ uneȱ sérieȱ deȱ monographiesȱ àȱ desȱ écrivainsȱ francophonesȱ confirmésȱ: René Maran, Aimé Césaire, Birago Diop, Gilbert Gatiant, Martial Sinda, premier poète noir de l’AEF, etc. Ce sontcesessaisquireprésententlavéritablecontributiondelarevueà l’histoire littéraire du CongoKinshasa. L’ouverture au monde africain et à celui des Caraïbes servit de stimulation aux jeunes écrivains. En 1946, à Elisabethville, une association culturelle est fondée,l’UnionAfricainedesArtsetdesLettres(l’UAAL),visantà «promouvoir et diffuser les ouvrages et les œuvres artistiques des écrivains et artistes établis au Congo belge et au RuandaUrundi». Cette association entretenait des rapports étroits avec le reste du mondeafricainfrancophonegrâceàlacollaborationd’organisations internationales(surtoutl’Unesco)etd’institutsprivésfrançais.Cette sociétédisposaitégalementd’unorganedepresse,JeuneȱAfrique,ȱqui se proposait, «partant du Congo, de construire à l’échelle de l’Afriqueetdedévelopperlesqualitésculturellesdespeuplesnoirs envued’arriveràunemeilleurecompréhensiondeleursaspirations spirituelles et à une interpénétration des continents par le rayonnement donné aux Arts et Lettres, source de pacifiques espérancesȱ».ȱLaȱligneȱéditorialeȱcorrespondaitȱauxȱaspirationsȱqueȱ nourrissaitȱ àȱ ceȱ momentȱ leȱ mouvementȱ deȱ laȱ Négritude. Il n’est donc pas surprenant que le numéro d’octobre 1949 contienne une poésie de Léopold Sédar Senghor («Teddungal») ou que l’un des plusgrandspersonnagesdelaNégritudecongolaise,AntoineRoger Bolamba(auteurdeEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays),aittrouvéen1953 un grand espace dans les pages de Jeuneȱ Afriqueȱ pour exposer son esthétique. En 1946, à Elisabethville, une association culturelle est fondée,l’UnionAfricainedesArtsetdesLettres(l’UAAL),visantà «promouvoir et diffuser les ouvrages et les œuvres artistiques des écrivains et artistes établis au Congo belge et au RuandaUrundi». Cette association entretenait des rapports étroits avec le reste du mondeafricainfrancophonegrâceàlacollaborationd’organisations internationales(surtoutl’Unesco)etd’institutsprivésfrançais.Cette sociétédisposaitégalementd’unorganedepresse,JeuneȱAfrique,ȱqui se proposait, «partant du Congo, de construire à l’échelle de l’Afriqueetdedévelopperlesqualitésculturellesdespeuplesnoirs envued’arriveràunemeilleurecompréhensiondeleursaspirations spirituelles et à une interpénétration des continents par le rayonnement donné aux Arts et Lettres, source de pacifiques espérancesȱ».ȱLaȱligneȱéditorialeȱcorrespondaitȱauxȱaspirationsȱqueȱ nourrissaitȱ àȱ ceȱ momentȱ leȱ mouvementȱ deȱ laȱ Négritude. Il n’est donc pas surprenant que le numéro d’octobre 1949 contienne une poésie de Léopold Sédar Senghor («Teddungal») ou que l’un des plusgrandspersonnagesdelaNégritudecongolaise,AntoineRoger Bolamba(auteurdeEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays),aittrouvéen1953 un grand espace dans les pages de Jeuneȱ Afriqueȱ pour exposer son esthétique. NéeàLevervilleen1943,laBibliothèquedel’Etoilepubliait descollectionsdiversesdontl’une,«l’Etoile»,seconsacraitautantà la littérature et aux problèmes linguistiques qu’aux discussions scientifiques,historiquesetsociales.Onytrouvaitdesextraitsetdes traductions des classiques de la littérature française et mondiale (laȱ NéeàLevervilleen1943,laBibliothèquedel’Etoilepubliait descollectionsdiversesdontl’une,«l’Etoile»,seconsacraitautantà la littérature et aux problèmes linguistiques qu’aux discussions scientifiques,historiquesetsociales.Onytrouvaitdesextraitsetdes traductions des classiques de la littérature française et mondiale (laȱ 42 42 chansonȱdeȱRoland,ȱleȱromanȱdeȱRenart,ȱlesȱfablesȱdeLaFontaine,L’îleȱauȱ trésorȱdeStevenson),maisaussidestextesafricains(parexempledes contes). La Bibliothèque de l’Etoile, au sein de ses collections, publiait également des romans dont Victoireȱ deȱ l’amourȱ (1954) de Dieudonné Mutombo et Leȱ Mystèreȱ deȱ l’enfantȱ disparuȱ (1962) de TomothéeMalembe. chansonȱdeȱRoland,ȱleȱromanȱdeȱRenart,ȱlesȱfablesȱdeLaFontaine,L’îleȱauȱ trésorȱdeStevenson),maisaussidestextesafricains(parexempledes contes). La Bibliothèque de l’Etoile, au sein de ses collections, publiait également des romans dont Victoireȱ deȱ l’amourȱ (1954) de Dieudonné Mutombo et Leȱ Mystèreȱ deȱ l’enfantȱ disparuȱ (1962) de TomothéeMalembe. Maislesmeilleursrésultatsartistiquesserontatteintslorsde nombreux concours littéraires organisés au Congo belge entre 1946 et 1956. Ces concours consistaient, selon Mukala KadimaNzuji, en une réponse à deux types d’exigence (1986: 199): la première concernait le désir de l’Administration coloniale de favoriser au Congo l’envol de la littérature africaine dont la dignité était déjà reconnue en France (en 1947, André Gide, dans sa préface du premier numéro de la revue Présenceȱ africaine,ȱ conseillait d’être à l’écoute de ce que le peuple africain savait exprimer). La seconde résidaitdanslavolontédemontrer,deparlesdiscoursdesouvrages primés,lesprogrèseffectuésparlesystèmecolonialduCongo.C’est ainsiqu’en1948,unconcourslancéàl’occasiondelapremièreFoire coloniale de Bruxelles, récompensa une œuvre qui fut considérée comme «le point de départ de la fiction romanesque au Zaïre» (KadimaNzuji, 1986: 189): Ngandoȱ de Paul Lomami Tchibamba. Léopoldȱ Sédarȱ Senghorȱ (àȱ l’époqueȱ député)ȱ demandaȱ uneȱ copieȱ desȱ manuscritsȱ admisȱ enȱ finaleȱ affirmantȱ saȱ convictionȱ «ȱqueȱ celaȱ intéresseraitȱ parȱ ailleursȱ Gideȱ etȱ leȱ comitéȱ deȱ patronageȱ deȱ Présenceafricaine.ȱ»ȱ Maislesmeilleursrésultatsartistiquesserontatteintslorsde nombreux concours littéraires organisés au Congo belge entre 1946 et 1956. Ces concours consistaient, selon Mukala KadimaNzuji, en une réponse à deux types d’exigence (1986: 199): la première concernait le désir de l’Administration coloniale de favoriser au Congo l’envol de la littérature africaine dont la dignité était déjà reconnue en France (en 1947, André Gide, dans sa préface du premier numéro de la revue Présenceȱ africaine,ȱ conseillait d’être à l’écoute de ce que le peuple africain savait exprimer). La seconde résidaitdanslavolontédemontrer,deparlesdiscoursdesouvrages primés,lesprogrèseffectuésparlesystèmecolonialduCongo.C’est ainsiqu’en1948,unconcourslancéàl’occasiondelapremièreFoire coloniale de Bruxelles, récompensa une œuvre qui fut considérée comme «le point de départ de la fiction romanesque au Zaïre» (KadimaNzuji, 1986: 189): Ngandoȱ de Paul Lomami Tchibamba. Léopoldȱ Sédarȱ Senghorȱ (àȱ l’époqueȱ député)ȱ demandaȱ uneȱ copieȱ desȱ manuscritsȱ admisȱ enȱ finaleȱ affirmantȱ saȱ convictionȱ «ȱqueȱ celaȱ intéresseraitȱ parȱ ailleursȱ Gideȱ etȱ leȱ comitéȱ deȱ patronageȱ deȱ Présenceafricaine.ȱ»ȱ Lomami Tchibamba s’était déjà distingué en 1945 quand, dansLaȱVoixȱduȱCongolais,ȱilécrivitunarticletrèspolémiqueintitulé «Quelleseranotreplacedanslemondededemain?»danslequelil s’interrogeaitsurleslimitesdeslibertésconcédéesaux«évolués».Il y dénonce l’Administration coloniale pour avoir imposé trop de restrictions et des langages brutaux. Une fois installé à Brazzaville pour le compte de Liaisonȱ (la «revue pour intellectuels» d’Afrique Equatoriale Française, qu’il dirigea entre 1950 et 1957), il écrit des articles encore plus enflammés en faveur de «l’émancipation du Noir». Cetteȱ revueȱ seȱ présenteȱ commeȱ uneȱ véritableȱ «ȱdéfenseȱ etȱ Lomami Tchibamba s’était déjà distingué en 1945 quand, dansLaȱVoixȱduȱCongolais,ȱilécrivitunarticletrèspolémiqueintitulé «Quelleseranotreplacedanslemondededemain?»danslequelil s’interrogeaitsurleslimitesdeslibertésconcédéesaux«évolués».Il y dénonce l’Administration coloniale pour avoir imposé trop de restrictions et des langages brutaux. Une fois installé à Brazzaville pour le compte de Liaisonȱ (la «revue pour intellectuels» d’Afrique Equatoriale Française, qu’il dirigea entre 1950 et 1957), il écrit des articles encore plus enflammés en faveur de «l’émancipation du Noir». Cetteȱ revueȱ seȱ présenteȱ commeȱ uneȱ véritableȱ «ȱdéfenseȱ etȱ 43 43 chansonȱdeȱRoland,ȱleȱromanȱdeȱRenart,ȱlesȱfablesȱdeLaFontaine,L’îleȱauȱ trésorȱdeStevenson),maisaussidestextesafricains(parexempledes contes). La Bibliothèque de l’Etoile, au sein de ses collections, publiait également des romans dont Victoireȱ deȱ l’amourȱ (1954) de Dieudonné Mutombo et Leȱ Mystèreȱ deȱ l’enfantȱ disparuȱ (1962) de TomothéeMalembe. chansonȱdeȱRoland,ȱleȱromanȱdeȱRenart,ȱlesȱfablesȱdeLaFontaine,L’îleȱauȱ trésorȱdeStevenson),maisaussidestextesafricains(parexempledes contes). La Bibliothèque de l’Etoile, au sein de ses collections, publiait également des romans dont Victoireȱ deȱ l’amourȱ (1954) de Dieudonné Mutombo et Leȱ Mystèreȱ deȱ l’enfantȱ disparuȱ (1962) de TomothéeMalembe. Maislesmeilleursrésultatsartistiquesserontatteintslorsde nombreux concours littéraires organisés au Congo belge entre 1946 et 1956. Ces concours consistaient, selon Mukala KadimaNzuji, en une réponse à deux types d’exigence (1986: 199): la première concernait le désir de l’Administration coloniale de favoriser au Congo l’envol de la littérature africaine dont la dignité était déjà reconnue en France (en 1947, André Gide, dans sa préface du premier numéro de la revue Présenceȱ africaine,ȱ conseillait d’être à l’écoute de ce que le peuple africain savait exprimer). La seconde résidaitdanslavolontédemontrer,deparlesdiscoursdesouvrages primés,lesprogrèseffectuésparlesystèmecolonialduCongo.C’est ainsiqu’en1948,unconcourslancéàl’occasiondelapremièreFoire coloniale de Bruxelles, récompensa une œuvre qui fut considérée comme «le point de départ de la fiction romanesque au Zaïre» (KadimaNzuji, 1986: 189): Ngandoȱ de Paul Lomami Tchibamba. Léopoldȱ Sédarȱ Senghorȱ (àȱ l’époqueȱ député)ȱ demandaȱ uneȱ copieȱ desȱ manuscritsȱ admisȱ enȱ finaleȱ affirmantȱ saȱ convictionȱ «ȱqueȱ celaȱ intéresseraitȱ parȱ ailleursȱ Gideȱ etȱ leȱ comitéȱ deȱ patronageȱ deȱ Présenceafricaine.ȱ»ȱ Maislesmeilleursrésultatsartistiquesserontatteintslorsde nombreux concours littéraires organisés au Congo belge entre 1946 et 1956. Ces concours consistaient, selon Mukala KadimaNzuji, en une réponse à deux types d’exigence (1986: 199): la première concernait le désir de l’Administration coloniale de favoriser au Congo l’envol de la littérature africaine dont la dignité était déjà reconnue en France (en 1947, André Gide, dans sa préface du premier numéro de la revue Présenceȱ africaine,ȱ conseillait d’être à l’écoute de ce que le peuple africain savait exprimer). La seconde résidaitdanslavolontédemontrer,deparlesdiscoursdesouvrages primés,lesprogrèseffectuésparlesystèmecolonialduCongo.C’est ainsiqu’en1948,unconcourslancéàl’occasiondelapremièreFoire coloniale de Bruxelles, récompensa une œuvre qui fut considérée comme «le point de départ de la fiction romanesque au Zaïre» (KadimaNzuji, 1986: 189): Ngandoȱ de Paul Lomami Tchibamba. Léopoldȱ Sédarȱ Senghorȱ (àȱ l’époqueȱ député)ȱ demandaȱ uneȱ copieȱ desȱ manuscritsȱ admisȱ enȱ finaleȱ affirmantȱ saȱ convictionȱ «ȱqueȱ celaȱ intéresseraitȱ parȱ ailleursȱ Gideȱ etȱ leȱ comitéȱ deȱ patronageȱ deȱ Présenceafricaine.ȱ»ȱ Lomami Tchibamba s’était déjà distingué en 1945 quand, dansLaȱVoixȱduȱCongolais,ȱilécrivitunarticletrèspolémiqueintitulé «Quelleseranotreplacedanslemondededemain?»danslequelil s’interrogeaitsurleslimitesdeslibertésconcédéesaux«évolués».Il y dénonce l’Administration coloniale pour avoir imposé trop de restrictions et des langages brutaux. Une fois installé à Brazzaville pour le compte de Liaisonȱ (la «revue pour intellectuels» d’Afrique Equatoriale Française, qu’il dirigea entre 1950 et 1957), il écrit des articles encore plus enflammés en faveur de «l’émancipation du Noir». Cetteȱ revueȱ seȱ présenteȱ commeȱ uneȱ véritableȱ «ȱdéfenseȱ etȱ Lomami Tchibamba s’était déjà distingué en 1945 quand, dansLaȱVoixȱduȱCongolais,ȱilécrivitunarticletrèspolémiqueintitulé «Quelleseranotreplacedanslemondededemain?»danslequelil s’interrogeaitsurleslimitesdeslibertésconcédéesaux«évolués».Il y dénonce l’Administration coloniale pour avoir imposé trop de restrictions et des langages brutaux. Une fois installé à Brazzaville pour le compte de Liaisonȱ (la «revue pour intellectuels» d’Afrique Equatoriale Française, qu’il dirigea entre 1950 et 1957), il écrit des articles encore plus enflammés en faveur de «l’émancipation du Noir». Cetteȱ revueȱ seȱ présenteȱ commeȱ uneȱ véritableȱ «ȱdéfenseȱ etȱ 43 43 illustrationȱ»ȱ d’uneȱ civilisationȱ noire,ȱ enȱ l’occurrenceȱ congolaise,ȱ toutȱ àȱ faitȱ comparableȱ àȱ ceȱ qu’entreprirent,ȱ dansȱ leȱ Parisȱ desȱ annéesȱ Trente,ȱ desȱ écrivainsȱ prestigieuxȱ commeȱ Césaireȱ etȱ Senghor. Le roman Ngando,ȱ et d’une certaine manière les autres textesdeLomamiTchibamba,seveutuneréponseàl’ethocentrisme européenetenmêmetempsunedéfensedupatrimoineafricain. LESȱANNÉESȱȱ1960ȱ ȱ L’obtention de l’indépendance a constitué pour le Congo, comme pour les autres pays africains, l’événement marquant d’une certaine époque qui, en tant que telle, représente une ligne de démarcation par rapport à l’époque précédente. La littérature des lendemains de 1960 présente toutefois un profil si diversifié qu’il rend une périodisation univoque difficile à établir (Riva, 2006: 95). Bertin Makolo Muswaswa a opté pourune chronologie politiqueet proposedediviserlapériodesurlaquellecourtl’histoirelittérairedu CongoKinshasa en trois phases: la phase coloniale (19081960), la phase de la Première République (19601965) et de la Seconde République (19651990). Mukala KadimaNzuji (1984) ne distingue, lui,quedeuxèresdanslaproductionlittérairecongolaise:de1945à 1965(deLaȱVoixȱduȱCongolaisȱàlapublicationduromanSansȱrancuneȱ deThomasKanza)puislapériodesuivante(arrêtéeà1990)quicourt de la mise en place par les pouvoirs publics des Editions Belles Lettres, à l’éclosion de la presse liées aux exigences de démocratisationduZaïre. illustrationȱ»ȱ d’uneȱ civilisationȱ noire,ȱ enȱ l’occurrenceȱ congolaise,ȱ toutȱ àȱ faitȱ comparableȱ àȱ ceȱ qu’entreprirent,ȱ dansȱ leȱ Parisȱ desȱ annéesȱ Trente,ȱ desȱ écrivainsȱ prestigieuxȱ commeȱ Césaireȱ etȱ Senghor. Le roman Ngando,ȱ et d’une certaine manière les autres textesdeLomamiTchibamba,seveutuneréponseàl’ethocentrisme européenetenmêmetempsunedéfensedupatrimoineafricain. LESȱANNÉESȱȱ1960ȱ ȱ L’obtention de l’indépendance a constitué pour le Congo, comme pour les autres pays africains, l’événement marquant d’une certaine époque qui, en tant que telle, représente une ligne de démarcation par rapport à l’époque précédente. La littérature des lendemains de 1960 présente toutefois un profil si diversifié qu’il rend une périodisation univoque difficile à établir (Riva, 2006: 95). Bertin Makolo Muswaswa a opté pourune chronologie politiqueet proposedediviserlapériodesurlaquellecourtl’histoirelittérairedu CongoKinshasa en trois phases: la phase coloniale (19081960), la phase de la Première République (19601965) et de la Seconde République (19651990). Mukala KadimaNzuji (1984) ne distingue, lui,quedeuxèresdanslaproductionlittérairecongolaise:de1945à 1965(deLaȱVoixȱduȱCongolaisȱàlapublicationduromanSansȱrancuneȱ deThomasKanza)puislapériodesuivante(arrêtéeà1990)quicourt de la mise en place par les pouvoirs publics des Editions Belles Lettres, à l’éclosion de la presse liées aux exigences de démocratisationduZaïre. Les premières œuvres publiées après la libération se ressentent encore lourdement de l’héritage colonial, tant dans les choix narratifs (romans réalistes articulés autour d’un seul héros) quedanslesthèmes(littératuredetémoignage).Quelquesunesdes compagnies de théâtre parmi les plus importantes du Congo indépendant sont fondées à Kinshasa à cette époque. La poésie fut aussi particulièrement féconde et l’art de l’essai (politique, philosophique, littéraire, social, religieux) s’affirme jusqu’à 44 illustrationȱ»ȱ d’uneȱ civilisationȱ noire,ȱ enȱ l’occurrenceȱ congolaise,ȱ toutȱ àȱ faitȱ comparableȱ àȱ ceȱ qu’entreprirent,ȱ dansȱ leȱ Parisȱ desȱ annéesȱ Trente,ȱ desȱ écrivainsȱ prestigieuxȱ commeȱ Césaireȱ etȱ Senghor. Le roman Ngando,ȱ et d’une certaine manière les autres textesdeLomamiTchibamba,seveutuneréponseàl’ethocentrisme européenetenmêmetempsunedéfensedupatrimoineafricain. LESȱANNÉESȱȱ1960ȱ ȱ L’obtention de l’indépendance a constitué pour le Congo, comme pour les autres pays africains, l’événement marquant d’une certaine époque qui, en tant que telle, représente une ligne de démarcation par rapport à l’époque précédente. La littérature des lendemains de 1960 présente toutefois un profil si diversifié qu’il rend une périodisation univoque difficile à établir (Riva, 2006: 95). Bertin Makolo Muswaswa a opté pourune chronologie politiqueet proposedediviserlapériodesurlaquellecourtl’histoirelittérairedu CongoKinshasa en trois phases: la phase coloniale (19081960), la phase de la Première République (19601965) et de la Seconde République (19651990). Mukala KadimaNzuji (1984) ne distingue, lui,quedeuxèresdanslaproductionlittérairecongolaise:de1945à 1965(deLaȱVoixȱduȱCongolaisȱàlapublicationduromanSansȱrancuneȱ deThomasKanza)puislapériodesuivante(arrêtéeà1990)quicourt de la mise en place par les pouvoirs publics des Editions Belles Lettres, à l’éclosion de la presse liées aux exigences de démocratisationduZaïre. Les premières œuvres publiées après la libération se ressentent encore lourdement de l’héritage colonial, tant dans les choix narratifs (romans réalistes articulés autour d’un seul héros) quedanslesthèmes(littératuredetémoignage).Quelquesunesdes compagnies de théâtre parmi les plus importantes du Congo indépendant sont fondées à Kinshasa à cette époque. La poésie fut aussi particulièrement féconde et l’art de l’essai (politique, philosophique, littéraire, social, religieux) s’affirme jusqu’à illustrationȱ»ȱ d’uneȱ civilisationȱ noire,ȱ enȱ l’occurrenceȱ congolaise,ȱ toutȱ àȱ faitȱ comparableȱ àȱ ceȱ qu’entreprirent,ȱ dansȱ leȱ Parisȱ desȱ annéesȱ Trente,ȱ desȱ écrivainsȱ prestigieuxȱ commeȱ Césaireȱ etȱ Senghor. Le roman Ngando,ȱ et d’une certaine manière les autres textesdeLomamiTchibamba,seveutuneréponseàl’ethocentrisme européenetenmêmetempsunedéfensedupatrimoineafricain. LESȱANNÉESȱȱ1960ȱ ȱ L’obtention de l’indépendance a constitué pour le Congo, comme pour les autres pays africains, l’événement marquant d’une certaine époque qui, en tant que telle, représente une ligne de démarcation par rapport à l’époque précédente. La littérature des lendemains de 1960 présente toutefois un profil si diversifié qu’il rend une périodisation univoque difficile à établir (Riva, 2006: 95). Bertin Makolo Muswaswa a opté pourune chronologie politiqueet proposedediviserlapériodesurlaquellecourtl’histoirelittérairedu CongoKinshasa en trois phases: la phase coloniale (19081960), la phase de la Première République (19601965) et de la Seconde République (19651990). Mukala KadimaNzuji (1984) ne distingue, lui,quedeuxèresdanslaproductionlittérairecongolaise:de1945à 1965(deLaȱVoixȱduȱCongolaisȱàlapublicationduromanSansȱrancuneȱ deThomasKanza)puislapériodesuivante(arrêtéeà1990)quicourt de la mise en place par les pouvoirs publics des Editions Belles Lettres, à l’éclosion de la presse liées aux exigences de démocratisationduZaïre. Les premières œuvres publiées après la libération se ressentent encore lourdement de l’héritage colonial, tant dans les choix narratifs (romans réalistes articulés autour d’un seul héros) quedanslesthèmes(littératuredetémoignage).Quelquesunesdes compagnies de théâtre parmi les plus importantes du Congo indépendant sont fondées à Kinshasa à cette époque. La poésie fut aussi particulièrement féconde et l’art de l’essai (politique, philosophique, littéraire, social, religieux) s’affirme jusqu’à 44 44 Les premières œuvres publiées après la libération se ressentent encore lourdement de l’héritage colonial, tant dans les choix narratifs (romans réalistes articulés autour d’un seul héros) quedanslesthèmes(littératuredetémoignage).Quelquesunesdes compagnies de théâtre parmi les plus importantes du Congo indépendant sont fondées à Kinshasa à cette époque. La poésie fut aussi particulièrement féconde et l’art de l’essai (politique, philosophique, littéraire, social, religieux) s’affirme jusqu’à 44 constituerl’une des principales contributionsdu Congo à la pensée africaineetmondiale. constituerl’une des principales contributionsdu Congo à la pensée africaineetmondiale. Dès1955,Bolambaexprimeauniveaulittéraireunerupture parrapportautoncomplaisantenversl’autoritécolonialeetrévèlele malêtreetlacolèredesonpeupledansEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays.ȱ Laproductionpoétiquedesannées1960oscilleraconstammententre un courant ouvertement «révolutionnaire» et militant et un autre intimiste et hermétique dans lequel le «je» a le dessus. D’un côté, donc,Marche,ȱpaysȱdesȱespoirsȱ(1967)d’EtienneTshindayLukumbiet Réveilȱ dansȱ unȱ nidȱ deȱ flammesȱ (1969) de Matala Mukadi Tshiakatumba; de l’autre, Murmuresȱ (1968) et Kasalàȱ (1969) de Clémentine FaïkNzuji, Lesȱ ressacsȱ (1969) de Dieudonné (Mukala) KadimaNzuji,etDéchiruresȱ(1971)deV.Y.Mudimbe. Dès1955,Bolambaexprimeauniveaulittéraireunerupture parrapportautoncomplaisantenversl’autoritécolonialeetrévèlele malêtreetlacolèredesonpeupledansEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays.ȱ Laproductionpoétiquedesannées1960oscilleraconstammententre un courant ouvertement «révolutionnaire» et militant et un autre intimiste et hermétique dans lequel le «je» a le dessus. D’un côté, donc,Marche,ȱpaysȱdesȱespoirsȱ(1967)d’EtienneTshindayLukumbiet Réveilȱ dansȱ unȱ nidȱ deȱ flammesȱ (1969) de Matala Mukadi Tshiakatumba; de l’autre, Murmuresȱ (1968) et Kasalàȱ (1969) de Clémentine FaïkNzuji, Lesȱ ressacsȱ (1969) de Dieudonné (Mukala) KadimaNzuji,etDéchiruresȱ(1971)deV.Y.Mudimbe. D’après S.Riva, (2006:103) trois facteurs sont responsables du nouvel essor des Lettres congolaises: la grande diffusion de l’instruction (qui atteint finalement un niveau universitaire), la naissance de cercles et de revues culturels dans les grandes universités et la création d’une structure éditoriale parrainée par l’Etat. Un cercle culturel baptisé «Pléiade du Congo» naît en 1964 sur le campus universitaire de Lovanium (Kinshasa). CeluiȬciȱ comptaitȱ parmiȱ sesȱ principauxȱ animateursȱ laȱ jeuneȱ poétesseȱ Clémentineȱ Nzujiȱ (FaïkȬNzuji)ȱ qui,ȱ enȱ 1969,ȱ remporteȱ auȱ festivalȱ deȱ Dakarȱ leȱ premierȱ prixȱ auȱ concoursȱ deȱ poésieȱ L.ȱ S.ȱ Senghor.ȱ Linguiste confirmée et spécialiste de la tradition orale, elle a publié des récits, des nouvelles, une chronique et de nombreux recueils poétiques.QuantàlaproductionpoétiquedeV.Y.Mudimbe,sielle datedutoutdébutdesannées1960,ellen’aétépubliéequ’àpartirde ladécenniesuivante.Déchirures,ȱparexemple,datede1971. D’après S.Riva, (2006:103) trois facteurs sont responsables du nouvel essor des Lettres congolaises: la grande diffusion de l’instruction (qui atteint finalement un niveau universitaire), la naissance de cercles et de revues culturels dans les grandes universités et la création d’une structure éditoriale parrainée par l’Etat. Un cercle culturel baptisé «Pléiade du Congo» naît en 1964 sur le campus universitaire de Lovanium (Kinshasa). CeluiȬciȱ comptaitȱ parmiȱ sesȱ principauxȱ animateursȱ laȱ jeuneȱ poétesseȱ Clémentineȱ Nzujiȱ (FaïkȬNzuji)ȱ qui,ȱ enȱ 1969,ȱ remporteȱ auȱ festivalȱ deȱ Dakarȱ leȱ premierȱ prixȱ auȱ concoursȱ deȱ poésieȱ L.ȱ S.ȱ Senghor.ȱ Linguiste confirmée et spécialiste de la tradition orale, elle a publié des récits, des nouvelles, une chronique et de nombreux recueils poétiques.QuantàlaproductionpoétiquedeV.Y.Mudimbe,sielle datedutoutdébutdesannées1960,ellen’aétépubliéequ’àpartirde ladécenniesuivante.Déchirures,ȱparexemple,datede1971. En 1969, les Editions Congolia font paraître l’anthologie intitulée Lesȱ écrivainsȱ congolaisȱ consacrée aux écrivains lauréats du «Concours littéraire Léopold Sédar Senghor». L’influenceȱ deȱ grandsȱauteursȱafricainsȱfrancophonesȱseȱfaitȱsentirȱchezȱplusieursȱ En 1969, les Editions Congolia font paraître l’anthologie intitulée Lesȱ écrivainsȱ congolaisȱ consacrée aux écrivains lauréats du «Concours littéraire Léopold Sédar Senghor». L’influenceȱ deȱ grandsȱauteursȱafricainsȱfrancophonesȱseȱfaitȱsentirȱchezȱplusieursȱ 45 45 constituerl’une des principales contributionsdu Congo à la pensée africaineetmondiale. constituerl’une des principales contributionsdu Congo à la pensée africaineetmondiale. Dès1955,Bolambaexprimeauniveaulittéraireunerupture parrapportautoncomplaisantenversl’autoritécolonialeetrévèlele malêtreetlacolèredesonpeupledansEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays.ȱ Laproductionpoétiquedesannées1960oscilleraconstammententre un courant ouvertement «révolutionnaire» et militant et un autre intimiste et hermétique dans lequel le «je» a le dessus. D’un côté, donc,Marche,ȱpaysȱdesȱespoirsȱ(1967)d’EtienneTshindayLukumbiet Réveilȱ dansȱ unȱ nidȱ deȱ flammesȱ (1969) de Matala Mukadi Tshiakatumba; de l’autre, Murmuresȱ (1968) et Kasalàȱ (1969) de Clémentine FaïkNzuji, Lesȱ ressacsȱ (1969) de Dieudonné (Mukala) KadimaNzuji,etDéchiruresȱ(1971)deV.Y.Mudimbe. Dès1955,Bolambaexprimeauniveaulittéraireunerupture parrapportautoncomplaisantenversl’autoritécolonialeetrévèlele malêtreetlacolèredesonpeupledansEsanzo.ȱChantsȱpourȱmonȱpays.ȱ Laproductionpoétiquedesannées1960oscilleraconstammententre un courant ouvertement «révolutionnaire» et militant et un autre intimiste et hermétique dans lequel le «je» a le dessus. D’un côté, donc,Marche,ȱpaysȱdesȱespoirsȱ(1967)d’EtienneTshindayLukumbiet Réveilȱ dansȱ unȱ nidȱ deȱ flammesȱ (1969) de Matala Mukadi Tshiakatumba; de l’autre, Murmuresȱ (1968) et Kasalàȱ (1969) de Clémentine FaïkNzuji, Lesȱ ressacsȱ (1969) de Dieudonné (Mukala) KadimaNzuji,etDéchiruresȱ(1971)deV.Y.Mudimbe. D’après S.Riva, (2006:103) trois facteurs sont responsables du nouvel essor des Lettres congolaises: la grande diffusion de l’instruction (qui atteint finalement un niveau universitaire), la naissance de cercles et de revues culturels dans les grandes universités et la création d’une structure éditoriale parrainée par l’Etat. Un cercle culturel baptisé «Pléiade du Congo» naît en 1964 sur le campus universitaire de Lovanium (Kinshasa). CeluiȬciȱ comptaitȱ parmiȱ sesȱ principauxȱ animateursȱ laȱ jeuneȱ poétesseȱ Clémentineȱ Nzujiȱ (FaïkȬNzuji)ȱ qui,ȱ enȱ 1969,ȱ remporteȱ auȱ festivalȱ deȱ Dakarȱ leȱ premierȱ prixȱ auȱ concoursȱ deȱ poésieȱ L.ȱ S.ȱ Senghor.ȱ Linguiste confirmée et spécialiste de la tradition orale, elle a publié des récits, des nouvelles, une chronique et de nombreux recueils poétiques.QuantàlaproductionpoétiquedeV.Y.Mudimbe,sielle datedutoutdébutdesannées1960,ellen’aétépubliéequ’àpartirde ladécenniesuivante.Déchirures,ȱparexemple,datede1971. D’après S.Riva, (2006:103) trois facteurs sont responsables du nouvel essor des Lettres congolaises: la grande diffusion de l’instruction (qui atteint finalement un niveau universitaire), la naissance de cercles et de revues culturels dans les grandes universités et la création d’une structure éditoriale parrainée par l’Etat. Un cercle culturel baptisé «Pléiade du Congo» naît en 1964 sur le campus universitaire de Lovanium (Kinshasa). CeluiȬciȱ comptaitȱ parmiȱ sesȱ principauxȱ animateursȱ laȱ jeuneȱ poétesseȱ Clémentineȱ Nzujiȱ (FaïkȬNzuji)ȱ qui,ȱ enȱ 1969,ȱ remporteȱ auȱ festivalȱ deȱ Dakarȱ leȱ premierȱ prixȱ auȱ concoursȱ deȱ poésieȱ L.ȱ S.ȱ Senghor.ȱ Linguiste confirmée et spécialiste de la tradition orale, elle a publié des récits, des nouvelles, une chronique et de nombreux recueils poétiques.QuantàlaproductionpoétiquedeV.Y.Mudimbe,sielle datedutoutdébutdesannées1960,ellen’aétépubliéequ’àpartirde ladécenniesuivante.Déchirures,ȱparexemple,datede1971. En 1969, les Editions Congolia font paraître l’anthologie intitulée Lesȱ écrivainsȱ congolaisȱ consacrée aux écrivains lauréats du «Concours littéraire Léopold Sédar Senghor». L’influenceȱ deȱ grandsȱauteursȱafricainsȱfrancophonesȱseȱfaitȱsentirȱchezȱplusieursȱ En 1969, les Editions Congolia font paraître l’anthologie intitulée Lesȱ écrivainsȱ congolaisȱ consacrée aux écrivains lauréats du «Concours littéraire Léopold Sédar Senghor». L’influenceȱ deȱ grandsȱauteursȱafricainsȱfrancophonesȱseȱfaitȱsentirȱchezȱplusieursȱ 45 45 Congolaisȱdeȱl’époque.ȱMatalaȱMukadiȱTshioakatumbaȱetȱPhilippeȱ Masegabioȱ avouentȱ leurȱ detteȱ enversȱ lesȱ grandsȱ maîtresȱ deȱ laȱ Négritudeȱ(Césaire,ȱSenghor,ȱLéonȱDamas),ȱmaisȱilsȱseȱdémarquentȱ aussiȱ deȱ l’anthropologieȱ duȱ mouvement. Ainsi, selon JeanLouis Joubert(1986:99),l’intentiondeMasegabio,dansSommeȱpremière,ȱde retracerpasàpas(àtraverslajuxtapositiondepoèmesréflexions)le chemin emprunté par une pensée à la recherche d’une sommeȱ improbable est plus proche de la voie suivie par Samba Diallo que dufluxd’imagesinstinctifetspontanéd’unSenghoroud’unDamas. DialloestleprotagonisteduromanL’aventureȱambiguë,ȱpubliéàParis chezJulliarden1961parleSénégalaisCheikhHamidouKane,lequel a interprété, le premier, la déchirure spirituelle d’une génération élevéeaumilieudedeuxculturesapparemmentincompatibles. Congolaisȱdeȱl’époque.ȱMatalaȱMukadiȱTshioakatumbaȱetȱPhilippeȱ Masegabioȱ avouentȱ leurȱ detteȱ enversȱ lesȱ grandsȱ maîtresȱ deȱ laȱ Négritudeȱ(Césaire,ȱSenghor,ȱLéonȱDamas),ȱmaisȱilsȱseȱdémarquentȱ aussiȱ deȱ l’anthropologieȱ duȱ mouvement. Ainsi, selon JeanLouis Joubert(1986:99),l’intentiondeMasegabio,dansSommeȱpremière,ȱde retracerpasàpas(àtraverslajuxtapositiondepoèmesréflexions)le chemin emprunté par une pensée à la recherche d’une sommeȱ improbable est plus proche de la voie suivie par Samba Diallo que dufluxd’imagesinstinctifetspontanéd’unSenghoroud’unDamas. DialloestleprotagonisteduromanL’aventureȱambiguë,ȱpubliéàParis chezJulliarden1961parleSénégalaisCheikhHamidouKane,lequel a interprété, le premier, la déchirure spirituelle d’une génération élevéeaumilieudedeuxculturesapparemmentincompatibles. Faceàl’effervescencedelaproductiondepoésies,maisaussi depiècesdethéâtreetd’essaisentre1960et1970,leromancongolais marque le pas de manière flagrante. Seules cinq œuvres ont paru à cettepériode.MisàpartSansȱrancuneȱdeThomasKanza,cesromans pêchentparmanquedeprofondeurpsychologique,l’importantétant de mettre en lumière le risque d’aliénation encouru par le colonisé. Ces œuvres préparent surtout, à leur insu, un terrain propice au développement de l’idéologie de l’authenticité. La fracture entre élitesoccidentaliséesetmasses,évidentebienavantl’indépendance, se change, au début des années 1970, en fracture entre élites et pouvoir. Cette incompréhension entre le pouvoir et une partie des intellectuelsaboutira,surleplansocial,àunefuitedescerveauxet, au niveau littéraire, à une représentation de l’expérience de la déchirure,quiinfluenceral’ensembledeladécenniesuivante. ȱ CONCLUSIONSȱ ȱ Onȱ peutȱ globalementȱ affirmerȱ queȱ depuisȱ l’époqueȱ colonialeȱ jusqu’àȱ laȱ décennieȱ 1970, le français a été, au Congo Kinshasa, la langue dont la maîtrise donnait accès au monde du travail,àunemploimieuxrémunéréetàl’ascensionsociale.Maisil n’ajamaisatteintlestatutdelanguevernaculaireparmilepeuple.Le Faceàl’effervescencedelaproductiondepoésies,maisaussi depiècesdethéâtreetd’essaisentre1960et1970,leromancongolais marque le pas de manière flagrante. Seules cinq œuvres ont paru à cettepériode.MisàpartSansȱrancuneȱdeThomasKanza,cesromans pêchentparmanquedeprofondeurpsychologique,l’importantétant de mettre en lumière le risque d’aliénation encouru par le colonisé. Ces œuvres préparent surtout, à leur insu, un terrain propice au développement de l’idéologie de l’authenticité. La fracture entre élitesoccidentaliséesetmasses,évidentebienavantl’indépendance, se change, au début des années 1970, en fracture entre élites et pouvoir. Cette incompréhension entre le pouvoir et une partie des intellectuelsaboutira,surleplansocial,àunefuitedescerveauxet, au niveau littéraire, à une représentation de l’expérience de la déchirure,quiinfluenceral’ensembledeladécenniesuivante. ȱ CONCLUSIONSȱ ȱ Onȱ peutȱ globalementȱ affirmerȱ queȱ depuisȱ l’époqueȱ colonialeȱ jusqu’àȱ laȱ décennieȱ 1970, le français a été, au Congo Kinshasa, la langue dont la maîtrise donnait accès au monde du travail,àunemploimieuxrémunéréetàl’ascensionsociale.Maisil n’ajamaisatteintlestatutdelanguevernaculaireparmilepeuple.Le 46 46 Congolaisȱdeȱl’époque.ȱMatalaȱMukadiȱTshioakatumbaȱetȱPhilippeȱ Masegabioȱ avouentȱ leurȱ detteȱ enversȱ lesȱ grandsȱ maîtresȱ deȱ laȱ Négritudeȱ(Césaire,ȱSenghor,ȱLéonȱDamas),ȱmaisȱilsȱseȱdémarquentȱ aussiȱ deȱ l’anthropologieȱ duȱ mouvement. Ainsi, selon JeanLouis Joubert(1986:99),l’intentiondeMasegabio,dansSommeȱpremière,ȱde retracerpasàpas(àtraverslajuxtapositiondepoèmesréflexions)le chemin emprunté par une pensée à la recherche d’une sommeȱ improbable est plus proche de la voie suivie par Samba Diallo que dufluxd’imagesinstinctifetspontanéd’unSenghoroud’unDamas. DialloestleprotagonisteduromanL’aventureȱambiguë,ȱpubliéàParis chezJulliarden1961parleSénégalaisCheikhHamidouKane,lequel a interprété, le premier, la déchirure spirituelle d’une génération élevéeaumilieudedeuxculturesapparemmentincompatibles. Congolaisȱdeȱl’époque.ȱMatalaȱMukadiȱTshioakatumbaȱetȱPhilippeȱ Masegabioȱ avouentȱ leurȱ detteȱ enversȱ lesȱ grandsȱ maîtresȱ deȱ laȱ Négritudeȱ(Césaire,ȱSenghor,ȱLéonȱDamas),ȱmaisȱilsȱseȱdémarquentȱ aussiȱ deȱ l’anthropologieȱ duȱ mouvement. Ainsi, selon JeanLouis Joubert(1986:99),l’intentiondeMasegabio,dansSommeȱpremière,ȱde retracerpasàpas(àtraverslajuxtapositiondepoèmesréflexions)le chemin emprunté par une pensée à la recherche d’une sommeȱ improbable est plus proche de la voie suivie par Samba Diallo que dufluxd’imagesinstinctifetspontanéd’unSenghoroud’unDamas. DialloestleprotagonisteduromanL’aventureȱambiguë,ȱpubliéàParis chezJulliarden1961parleSénégalaisCheikhHamidouKane,lequel a interprété, le premier, la déchirure spirituelle d’une génération élevéeaumilieudedeuxculturesapparemmentincompatibles. Faceàl’effervescencedelaproductiondepoésies,maisaussi depiècesdethéâtreetd’essaisentre1960et1970,leromancongolais marque le pas de manière flagrante. Seules cinq œuvres ont paru à cettepériode.MisàpartSansȱrancuneȱdeThomasKanza,cesromans pêchentparmanquedeprofondeurpsychologique,l’importantétant de mettre en lumière le risque d’aliénation encouru par le colonisé. Ces œuvres préparent surtout, à leur insu, un terrain propice au développement de l’idéologie de l’authenticité. La fracture entre élitesoccidentaliséesetmasses,évidentebienavantl’indépendance, se change, au début des années 1970, en fracture entre élites et pouvoir. Cette incompréhension entre le pouvoir et une partie des intellectuelsaboutira,surleplansocial,àunefuitedescerveauxet, au niveau littéraire, à une représentation de l’expérience de la déchirure,quiinfluenceral’ensembledeladécenniesuivante. ȱ CONCLUSIONSȱ ȱ Onȱ peutȱ globalementȱ affirmerȱ queȱ depuisȱ l’époqueȱ colonialeȱ jusqu’àȱ laȱ décennieȱ 1970, le français a été, au Congo Kinshasa, la langue dont la maîtrise donnait accès au monde du travail,àunemploimieuxrémunéréetàl’ascensionsociale.Maisil n’ajamaisatteintlestatutdelanguevernaculaireparmilepeuple.Le Faceàl’effervescencedelaproductiondepoésies,maisaussi depiècesdethéâtreetd’essaisentre1960et1970,leromancongolais marque le pas de manière flagrante. Seules cinq œuvres ont paru à cettepériode.MisàpartSansȱrancuneȱdeThomasKanza,cesromans pêchentparmanquedeprofondeurpsychologique,l’importantétant de mettre en lumière le risque d’aliénation encouru par le colonisé. Ces œuvres préparent surtout, à leur insu, un terrain propice au développement de l’idéologie de l’authenticité. La fracture entre élitesoccidentaliséesetmasses,évidentebienavantl’indépendance, se change, au début des années 1970, en fracture entre élites et pouvoir. Cette incompréhension entre le pouvoir et une partie des intellectuelsaboutira,surleplansocial,àunefuitedescerveauxet, au niveau littéraire, à une représentation de l’expérience de la déchirure,quiinfluenceral’ensembledeladécenniesuivante. ȱ CONCLUSIONSȱ ȱ Onȱ peutȱ globalementȱ affirmerȱ queȱ depuisȱ l’époqueȱ colonialeȱ jusqu’àȱ laȱ décennieȱ 1970, le français a été, au Congo Kinshasa, la langue dont la maîtrise donnait accès au monde du travail,àunemploimieuxrémunéréetàl’ascensionsociale.Maisil n’ajamaisatteintlestatutdelanguevernaculaireparmilepeuple.Le 46 46 français reste la langue de l’élite scolarisée qui représente environ 10%delapopulationnationale.C’estsurtoutparsalittératurequela RépubliquedémocratiqueduCongoappartientàlafrancophonie.En particulier, les oeuvres de Senghor et Césaire influenceront les écrivains congolais. L’Union Africaine des Arts et des Lettres, par exemple, entretenait dès 1946 des liens avec le mouvement de la Négritude. Après l’indépendance, plusieurs écrivains ont aussi avouéleurdetteenverscemouvement.MaislalittératureduCongo Kinshasa a aussi son originalité et ses spécificités: nous espérons l’avoir montré par les différentes orientations que nous avons tracées. ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ français reste la langue de l’élite scolarisée qui représente environ 10%delapopulationnationale.C’estsurtoutparsalittératurequela RépubliquedémocratiqueduCongoappartientàlafrancophonie.En particulier, les oeuvres de Senghor et Césaire influenceront les écrivains congolais. L’Union Africaine des Arts et des Lettres, par exemple, entretenait dès 1946 des liens avec le mouvement de la Négritude. Après l’indépendance, plusieurs écrivains ont aussi avouéleurdetteenverscemouvement.MaislalittératureduCongo Kinshasa a aussi son originalité et ses spécificités: nous espérons l’avoir montré par les différentes orientations que nous avons tracées. ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ BAND,ȱ1956,n°1011,Antwerpen,pp.424450. BAND,ȱ1956,n°1011,Antwerpen,pp.424450. CALVET LouisJean, 1998, «L’insécurité linguistique et les situations africaines».InLouisJeanetMoreauMarieLouise(éds),ȱUneȱouȱdesȱ normesȱ?ȱ Insécuritéȱ linguistiqueȱ etȱ normesȱ endogènesȱ enȱ Afriqueȱ francophone,ȱParis,Agencedelafrancophonie,pp.738. CALVET LouisJean, 1998, «L’insécurité linguistique et les situations africaines».InLouisJeanetMoreauMarieLouise(éds),ȱUneȱouȱdesȱ normesȱ?ȱ Insécuritéȱ linguistiqueȱ etȱ normesȱ endogènesȱ enȱ Afriqueȱ francophone,ȱParis,Agencedelafrancophonie,pp.738. CHAMPION Jacques, 1974, Lesȱ languesȱ africainesȱ etȱ laȱ francophonie, ParisLa Haye,Mouton. CHAMPION Jacques, 1974, Lesȱ languesȱ africainesȱ etȱ laȱ francophonie, ParisLa Haye,Mouton. DEJONGHEAlbert,1933,«LeslanguescommunesauCongobelge(I)».In CongoȱII,ȱBruxelles,pp.509523. DEJONGHEAlbert,1933,«LeslanguescommunesauCongobelge(I)».In CongoȱII,ȱBruxelles,pp.509523. FAÏKSullyetal.,1988,LaȱFrancophonieȱauȱZaïre,ȱLubumbashi,Impala,pp.5 40. FAÏKSullyetal.,1988,LaȱFrancophonieȱauȱZaïre,ȱLubumbashi,Impala,pp.5 40. JOUBERT JeanLouis, 1986, Critique de «Somme première». Inȱ Notreȱ Librairie,n°63,p.99. JOUBERT JeanLouis, 1986, Critique de «Somme première». Inȱ Notreȱ Librairie,n°63,p.99. KADIMANZUJIMukala,1984,Laȱlittératureȱzaïroiseȱdeȱlangueȱfrançaise,ȱParis, Karthala. KADIMANZUJIMukala,1984,Laȱlittératureȱzaïroiseȱdeȱlangueȱfrançaise,ȱParis, Karthala. NGALASSOMwathaMusanji,1986,«Etatdeslanguesdel’EtatduZaïre». InLaȱPolitiqueȱafricaine,ȱn°23,ȱParis,Karthala,pp.627. NGALASSOMwathaMusanji,1986,«Etatdeslanguesdel’EtatduZaïre». InLaȱPolitiqueȱafricaine,ȱn°23,ȱParis,Karthala,pp.627. PIERREMax,1997,«LefrançaisauZaïre,auRwandaetauBurundi»InD. Blampainetal.,LeȱfrançaisȱenȱBelgique,ȱpp.319333. PIERREMax,1997,«LefrançaisauZaïre,auRwandaetauBurundi»InD. Blampainetal.,LeȱfrançaisȱenȱBelgique,ȱpp.319333. 47 47 français reste la langue de l’élite scolarisée qui représente environ 10%delapopulationnationale.C’estsurtoutparsalittératurequela RépubliquedémocratiqueduCongoappartientàlafrancophonie.En particulier, les oeuvres de Senghor et Césaire influenceront les écrivains congolais. L’Union Africaine des Arts et des Lettres, par exemple, entretenait dès 1946 des liens avec le mouvement de la Négritude. Après l’indépendance, plusieurs écrivains ont aussi avouéleurdetteenverscemouvement.MaislalittératureduCongo Kinshasa a aussi son originalité et ses spécificités: nous espérons l’avoir montré par les différentes orientations que nous avons tracées. ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ français reste la langue de l’élite scolarisée qui représente environ 10%delapopulationnationale.C’estsurtoutparsalittératurequela RépubliquedémocratiqueduCongoappartientàlafrancophonie.En particulier, les oeuvres de Senghor et Césaire influenceront les écrivains congolais. L’Union Africaine des Arts et des Lettres, par exemple, entretenait dès 1946 des liens avec le mouvement de la Négritude. Après l’indépendance, plusieurs écrivains ont aussi avouéleurdetteenverscemouvement.MaislalittératureduCongo Kinshasa a aussi son originalité et ses spécificités: nous espérons l’avoir montré par les différentes orientations que nous avons tracées. ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ BAND,ȱ1956,n°1011,Antwerpen,pp.424450. BAND,ȱ1956,n°1011,Antwerpen,pp.424450. CALVET LouisJean, 1998, «L’insécurité linguistique et les situations africaines».InLouisJeanetMoreauMarieLouise(éds),ȱUneȱouȱdesȱ normesȱ?ȱ Insécuritéȱ linguistiqueȱ etȱ normesȱ endogènesȱ enȱ Afriqueȱ francophone,ȱParis,Agencedelafrancophonie,pp.738. CALVET LouisJean, 1998, «L’insécurité linguistique et les situations africaines».InLouisJeanetMoreauMarieLouise(éds),ȱUneȱouȱdesȱ normesȱ?ȱ Insécuritéȱ linguistiqueȱ etȱ normesȱ endogènesȱ enȱ Afriqueȱ francophone,ȱParis,Agencedelafrancophonie,pp.738. CHAMPION Jacques, 1974, Lesȱ languesȱ africainesȱ etȱ laȱ francophonie, ParisLa Haye,Mouton. CHAMPION Jacques, 1974, Lesȱ languesȱ africainesȱ etȱ laȱ francophonie, ParisLa Haye,Mouton. DEJONGHEAlbert,1933,«LeslanguescommunesauCongobelge(I)».In CongoȱII,ȱBruxelles,pp.509523. DEJONGHEAlbert,1933,«LeslanguescommunesauCongobelge(I)».In CongoȱII,ȱBruxelles,pp.509523. FAÏKSullyetal.,1988,LaȱFrancophonieȱauȱZaïre,ȱLubumbashi,Impala,pp.5 40. FAÏKSullyetal.,1988,LaȱFrancophonieȱauȱZaïre,ȱLubumbashi,Impala,pp.5 40. JOUBERT JeanLouis, 1986, Critique de «Somme première». Inȱ Notreȱ Librairie,n°63,p.99. JOUBERT JeanLouis, 1986, Critique de «Somme première». Inȱ Notreȱ Librairie,n°63,p.99. KADIMANZUJIMukala,1984,Laȱlittératureȱzaïroiseȱdeȱlangueȱfrançaise,ȱParis, Karthala. KADIMANZUJIMukala,1984,Laȱlittératureȱzaïroiseȱdeȱlangueȱfrançaise,ȱParis, Karthala. NGALASSOMwathaMusanji,1986,«Etatdeslanguesdel’EtatduZaïre». InLaȱPolitiqueȱafricaine,ȱn°23,ȱParis,Karthala,pp.627. NGALASSOMwathaMusanji,1986,«Etatdeslanguesdel’EtatduZaïre». InLaȱPolitiqueȱafricaine,ȱn°23,ȱParis,Karthala,pp.627. PIERREMax,1997,«LefrançaisauZaïre,auRwandaetauBurundi»InD. Blampainetal.,LeȱfrançaisȱenȱBelgique,ȱpp.319333. PIERREMax,1997,«LefrançaisauZaïre,auRwandaetauBurundi»InD. Blampainetal.,LeȱfrançaisȱenȱBelgique,ȱpp.319333. 47 47 RIVASilvia,2006,NouvelleȱhistoireȱdeȱlaȱlittératureȱduȱCongoȬKinshasa,ȱParis, L’Harmattan. RIVASilvia,2006,NouvelleȱhistoireȱdeȱlaȱlittératureȱduȱCongoȬKinshasa,ȱParis, L’Harmattan. TSHIMANGACharles,2001,Jeunesse,ȱformationȱetȱsociétéȱauȱCongo/Kinshasaȱ:ȱ 1890Ȭ1960, Paris, L’Harmattan («CongoZaïre – Histoire & Société»). TSHIMANGACharles,2001,Jeunesse,ȱformationȱetȱsociétéȱauȱCongo/Kinshasaȱ:ȱ 1890Ȭ1960, Paris, L’Harmattan («CongoZaïre – Histoire & Société»). ABSTRACTȱ ABSTRACTȱ TheDemocraticRepublicofCongobelongstotheFrenchspeaking world due to its literature. In particular, the works of Senghor and Césaire willinfluencetheCongolesewriters.TheAfricanUnionofArtsandLetters hasmaintainedtherelationshipwiththeNegritudemovementsince1946. TheDemocraticRepublicofCongobelongstotheFrenchspeaking world due to its literature. In particular, the works of Senghor and Césaire willinfluencetheCongolesewriters.TheAfricanUnionofArtsandLetters hasmaintainedtherelationshipwiththeNegritudemovementsince1946. Aftertheindependence,severalwritersalsoadmittedtheirdebtto this movement. Nevertheless, the literature of CongoKinshasa is highly original,displayingitsspecificities,asshownthroughoutourpaper. Aftertheindependence,severalwritersalsoadmittedtheirdebtto this movement. Nevertheless, the literature of CongoKinshasa is highly original,displayingitsspecificities,asshownthroughoutourpaper. 48 48 RIVASilvia,2006,NouvelleȱhistoireȱdeȱlaȱlittératureȱduȱCongoȬKinshasa,ȱParis, L’Harmattan. RIVASilvia,2006,NouvelleȱhistoireȱdeȱlaȱlittératureȱduȱCongoȬKinshasa,ȱParis, L’Harmattan. TSHIMANGACharles,2001,Jeunesse,ȱformationȱetȱsociétéȱauȱCongo/Kinshasaȱ:ȱ 1890Ȭ1960, Paris, L’Harmattan («CongoZaïre – Histoire & Société»). TSHIMANGACharles,2001,Jeunesse,ȱformationȱetȱsociétéȱauȱCongo/Kinshasaȱ:ȱ 1890Ȭ1960, Paris, L’Harmattan («CongoZaïre – Histoire & Société»). ABSTRACTȱ ABSTRACTȱ TheDemocraticRepublicofCongobelongstotheFrenchspeaking world due to its literature. In particular, the works of Senghor and Césaire willinfluencetheCongolesewriters.TheAfricanUnionofArtsandLetters hasmaintainedtherelationshipwiththeNegritudemovementsince1946. TheDemocraticRepublicofCongobelongstotheFrenchspeaking world due to its literature. In particular, the works of Senghor and Césaire willinfluencetheCongolesewriters.TheAfricanUnionofArtsandLetters hasmaintainedtherelationshipwiththeNegritudemovementsince1946. Aftertheindependence,severalwritersalsoadmittedtheirdebtto this movement. Nevertheless, the literature of CongoKinshasa is highly original,displayingitsspecificities,asshownthroughoutourpaper. Aftertheindependence,severalwritersalsoadmittedtheirdebtto this movement. Nevertheless, the literature of CongoKinshasa is highly original,displayingitsspecificities,asshownthroughoutourpaper. 48 48 Métissages interculturels et enseignement du français ______________________________________ Métissages interculturels et enseignement du français ______________________________________ 49 49 Métissages interculturels et enseignement du français ______________________________________ Métissages interculturels et enseignement du français ______________________________________ 49 49 50 50 50 50 ABORDERȱDESȱÉCRIVAINSȱ«ȱPASSEURSȱ»ȱ ENȱCLASSEȱDEȱFRANÇAISȱ ÉTATȱDESȱLIEUX,ȱENJEUXȱETȱ PROPOSITIONSȱ ABORDERȱDESȱÉCRIVAINSȱ«ȱPASSEURSȱ»ȱ ENȱCLASSEȱDEȱFRANÇAISȱ ÉTATȱDESȱLIEUX,ȱENJEUXȱETȱ PROPOSITIONSȱ JeanȬLouisȱDUFAYSȱ UniversitéȱcatholiqueȱdeȱLouvainȱ–ȱCEDILLȱ Belgiqueȱ JeanȬLouisȱDUFAYSȱ UniversitéȱcatholiqueȱdeȱLouvainȱ–ȱCEDILLȱ Belgiqueȱ JulienGreen,SamuelBeckett,TristanTzara,EugèneIonesco, Emile Cioran, Nathalie Sarraute, Christine Arnothy, Hector Bianciotti, Milan Kundera, Elie Wiesel, Tahar Ben Jelloun, Patrick Chamoiseau, Andrei Makine, Amin Maalouf, Agota Kristof, Nancy Huston, Eduardo Manet, Vassilis Alexakis, Linda Lê, Shan Sa, Dai Sijie, Gao Xingjian... pour ne rien dire de Jonathan Littell, de Ratiq RahimioudeTiernyMonénembo...Lesécrivainsquiontoptépour lefrançaisalorsqu’ilnes’agissaitpasdeleurlangued’originesont légion, et leur nombre ne fait que s’accroître au fil des rentrées littéraires. Comment expliquer ces phénomènes, qu’estce qui a motivécesauteursàuntelchoix? JulienGreen,SamuelBeckett,TristanTzara,EugèneIonesco, Emile Cioran, Nathalie Sarraute, Christine Arnothy, Hector Bianciotti, Milan Kundera, Elie Wiesel, Tahar Ben Jelloun, Patrick Chamoiseau, Andrei Makine, Amin Maalouf, Agota Kristof, Nancy Huston, Eduardo Manet, Vassilis Alexakis, Linda Lê, Shan Sa, Dai Sijie, Gao Xingjian... pour ne rien dire de Jonathan Littell, de Ratiq RahimioudeTiernyMonénembo...Lesécrivainsquiontoptépour lefrançaisalorsqu’ilnes’agissaitpasdeleurlangued’originesont légion, et leur nombre ne fait que s’accroître au fil des rentrées littéraires. Comment expliquer ces phénomènes, qu’estce qui a motivécesauteursàuntelchoix? Quiplusest,cesécrivainssontloindefairedelafiguration: ils connaissent un succès croissant tant auprès du public que des critiques – Gao a reçu le prix Nobel, Ben Jelloun, Makine, Maalouf, Chamoiseau, Littell et Rahimi, le Goncourt, et Monénembo, le Renaudot –, et ils comptent parmi les plus importants de leur génération.Estceunhasard?Oubienlefaitd’êtreun«passeur»de languesseraitildevenuuncritèredequalitélittéraire? Quiplusest,cesécrivainssontloindefairedelafiguration: ils connaissent un succès croissant tant auprès du public que des critiques – Gao a reçu le prix Nobel, Ben Jelloun, Makine, Maalouf, Chamoiseau, Littell et Rahimi, le Goncourt, et Monénembo, le Renaudot –, et ils comptent parmi les plus importants de leur génération.Estceunhasard?Oubienlefaitd’êtreun«passeur»de languesseraitildevenuuncritèredequalitélittéraire? Mon propos dans cet article sera d’abord de me fonder sur les travaux qui ont abordé cette problématique des «exilés du langage»pourproposerunetypologiedeleurssituationsetdeleurs Mon propos dans cet article sera d’abord de me fonder sur les travaux qui ont abordé cette problématique des «exilés du langage»pourproposerunetypologiedeleurssituationsetdeleurs 51 51 ABORDERȱDESȱÉCRIVAINSȱ«ȱPASSEURSȱ»ȱ ENȱCLASSEȱDEȱFRANÇAISȱ ÉTATȱDESȱLIEUX,ȱENJEUXȱETȱ PROPOSITIONSȱ ABORDERȱDESȱÉCRIVAINSȱ«ȱPASSEURSȱ»ȱ ENȱCLASSEȱDEȱFRANÇAISȱ ÉTATȱDESȱLIEUX,ȱENJEUXȱETȱ PROPOSITIONSȱ JeanȬLouisȱDUFAYSȱ UniversitéȱcatholiqueȱdeȱLouvainȱ–ȱCEDILLȱ Belgiqueȱ JeanȬLouisȱDUFAYSȱ UniversitéȱcatholiqueȱdeȱLouvainȱ–ȱCEDILLȱ Belgiqueȱ JulienGreen,SamuelBeckett,TristanTzara,EugèneIonesco, Emile Cioran, Nathalie Sarraute, Christine Arnothy, Hector Bianciotti, Milan Kundera, Elie Wiesel, Tahar Ben Jelloun, Patrick Chamoiseau, Andrei Makine, Amin Maalouf, Agota Kristof, Nancy Huston, Eduardo Manet, Vassilis Alexakis, Linda Lê, Shan Sa, Dai Sijie, Gao Xingjian... pour ne rien dire de Jonathan Littell, de Ratiq RahimioudeTiernyMonénembo...Lesécrivainsquiontoptépour lefrançaisalorsqu’ilnes’agissaitpasdeleurlangued’originesont légion, et leur nombre ne fait que s’accroître au fil des rentrées littéraires. Comment expliquer ces phénomènes, qu’estce qui a motivécesauteursàuntelchoix? JulienGreen,SamuelBeckett,TristanTzara,EugèneIonesco, Emile Cioran, Nathalie Sarraute, Christine Arnothy, Hector Bianciotti, Milan Kundera, Elie Wiesel, Tahar Ben Jelloun, Patrick Chamoiseau, Andrei Makine, Amin Maalouf, Agota Kristof, Nancy Huston, Eduardo Manet, Vassilis Alexakis, Linda Lê, Shan Sa, Dai Sijie, Gao Xingjian... pour ne rien dire de Jonathan Littell, de Ratiq RahimioudeTiernyMonénembo...Lesécrivainsquiontoptépour lefrançaisalorsqu’ilnes’agissaitpasdeleurlangued’originesont légion, et leur nombre ne fait que s’accroître au fil des rentrées littéraires. Comment expliquer ces phénomènes, qu’estce qui a motivécesauteursàuntelchoix? Quiplusest,cesécrivainssontloindefairedelafiguration: ils connaissent un succès croissant tant auprès du public que des critiques – Gao a reçu le prix Nobel, Ben Jelloun, Makine, Maalouf, Chamoiseau, Littell et Rahimi, le Goncourt, et Monénembo, le Renaudot –, et ils comptent parmi les plus importants de leur génération.Estceunhasard?Oubienlefaitd’êtreun«passeur»de languesseraitildevenuuncritèredequalitélittéraire? Quiplusest,cesécrivainssontloindefairedelafiguration: ils connaissent un succès croissant tant auprès du public que des critiques – Gao a reçu le prix Nobel, Ben Jelloun, Makine, Maalouf, Chamoiseau, Littell et Rahimi, le Goncourt, et Monénembo, le Renaudot –, et ils comptent parmi les plus importants de leur génération.Estceunhasard?Oubienlefaitd’êtreun«passeur»de languesseraitildevenuuncritèredequalitélittéraire? Mon propos dans cet article sera d’abord de me fonder sur les travaux qui ont abordé cette problématique des «exilés du langage»pourproposerunetypologiedeleurssituationsetdeleurs Mon propos dans cet article sera d’abord de me fonder sur les travaux qui ont abordé cette problématique des «exilés du langage»pourproposerunetypologiedeleurssituationsetdeleurs 51 51 motivations. Je m’interrogerai ensuite sur les enjeux linguistiques, littéraires et anthropologiques de ces expériences, et chercherai à dégager les intérêts didactiques que présente la lecture de ces auteurs dans le cadre de la classe de français (L1 et LE/S). Je proposerai enfin quelques pistes concrètes en vue de l’exploitation decesauteurspourlesclassesdefrançais. ȱ 1.ȱÉTATȱDESȱLIEUXȱ Plusieursouvragesrécentsontabordélaproblématiquedes «exilésdulangage».L’essaideMichelBeniamino,Lafrancophonie littéraire. Essai pour une théorie (1999) évoque déjà cette problématique, mais sans s’y attarder. Celui de Nancy Huston, Professeurs de désespoir (2004), qui porte sur le nihilisme contemporain dans la littérature, a souligné notamment le lien existant entre cette posture philosophique et le choix du français chezdesauteurscommeBeckett,CioranouKundera.Maisilafallu attendre la thèse magistrale d’AnneRosine Delbart, Les exilés du langage. Un siècle d’écrivains français venus d’ailleurs (1919200) (2004) pour trouver une étude systématique consacrée à cette catégoried’écrivains.Onytrouvel’analysedesdifférentessituations des auteurs qui sont originaires d’une autre langueculture, et qui sont passés au français soit suite au choix de leurs parents, soit de leurproprefait.ȱ La typologie de Delbart se découpe en deux parties. La premièredistinguelesdifférentstypesdecausalitésquiontconduit au choix du français, en opposant le cas des«sédentaires», c’està dire des «auteurs francophones d’origine étrangère qui n’ont pas quittélesolnatal»,etceluides«nomades»,qui«ontaccompliun voyage les menant, enfants ou adultes, sur une terre de langue française» (Delbart, 2004: 61). La seconde partie propose des «balisespouruneétudeinterne»decevastecorpus:lesspécificités del’énoncé–quiattestentlaprésenced’unimaginairespécifique–y sont distinguées de celles de l’énonciation, où apparaissent des optionsformellesrécurrentes. 52 motivations. Je m’interrogerai ensuite sur les enjeux linguistiques, littéraires et anthropologiques de ces expériences, et chercherai à dégager les intérêts didactiques que présente la lecture de ces auteurs dans le cadre de la classe de français (L1 et LE/S). Je proposerai enfin quelques pistes concrètes en vue de l’exploitation decesauteurspourlesclassesdefrançais. ȱ 1.ȱÉTATȱDESȱLIEUXȱ Plusieursouvragesrécentsontabordélaproblématiquedes «exilésdulangage».L’essaideMichelBeniamino,Lafrancophonie littéraire. Essai pour une théorie (1999) évoque déjà cette problématique, mais sans s’y attarder. Celui de Nancy Huston, Professeurs de désespoir (2004), qui porte sur le nihilisme contemporain dans la littérature, a souligné notamment le lien existant entre cette posture philosophique et le choix du français chezdesauteurscommeBeckett,CioranouKundera.Maisilafallu attendre la thèse magistrale d’AnneRosine Delbart, Les exilés du langage. Un siècle d’écrivains français venus d’ailleurs (1919200) (2004) pour trouver une étude systématique consacrée à cette catégoried’écrivains.Onytrouvel’analysedesdifférentessituations des auteurs qui sont originaires d’une autre langueculture, et qui sont passés au français soit suite au choix de leurs parents, soit de leurproprefait.ȱ La typologie de Delbart se découpe en deux parties. La premièredistinguelesdifférentstypesdecausalitésquiontconduit au choix du français, en opposant le cas des«sédentaires», c’està dire des «auteurs francophones d’origine étrangère qui n’ont pas quittélesolnatal»,etceluides«nomades»,qui«ontaccompliun voyage les menant, enfants ou adultes, sur une terre de langue française» (Delbart, 2004: 61). La seconde partie propose des «balisespouruneétudeinterne»decevastecorpus:lesspécificités del’énoncé–quiattestentlaprésenced’unimaginairespécifique–y sont distinguées de celles de l’énonciation, où apparaissent des optionsformellesrécurrentes. 52 motivations. Je m’interrogerai ensuite sur les enjeux linguistiques, littéraires et anthropologiques de ces expériences, et chercherai à dégager les intérêts didactiques que présente la lecture de ces auteurs dans le cadre de la classe de français (L1 et LE/S). Je proposerai enfin quelques pistes concrètes en vue de l’exploitation decesauteurspourlesclassesdefrançais. ȱ 1.ȱÉTATȱDESȱLIEUXȱ Plusieursouvragesrécentsontabordélaproblématiquedes «exilésdulangage».L’essaideMichelBeniamino,Lafrancophonie littéraire. Essai pour une théorie (1999) évoque déjà cette problématique, mais sans s’y attarder. Celui de Nancy Huston, Professeurs de désespoir (2004), qui porte sur le nihilisme contemporain dans la littérature, a souligné notamment le lien existant entre cette posture philosophique et le choix du français chezdesauteurscommeBeckett,CioranouKundera.Maisilafallu attendre la thèse magistrale d’AnneRosine Delbart, Les exilés du langage. Un siècle d’écrivains français venus d’ailleurs (1919200) (2004) pour trouver une étude systématique consacrée à cette catégoried’écrivains.Onytrouvel’analysedesdifférentessituations des auteurs qui sont originaires d’une autre langueculture, et qui sont passés au français soit suite au choix de leurs parents, soit de leurproprefait.ȱ La typologie de Delbart se découpe en deux parties. La premièredistinguelesdifférentstypesdecausalitésquiontconduit au choix du français, en opposant le cas des«sédentaires», c’està dire des «auteurs francophones d’origine étrangère qui n’ont pas quittélesolnatal»,etceluides«nomades»,qui«ontaccompliun voyage les menant, enfants ou adultes, sur une terre de langue française» (Delbart, 2004: 61). La seconde partie propose des «balisespouruneétudeinterne»decevastecorpus:lesspécificités del’énoncé–quiattestentlaprésenced’unimaginairespécifique–y sont distinguées de celles de l’énonciation, où apparaissent des optionsformellesrécurrentes. 52 motivations. Je m’interrogerai ensuite sur les enjeux linguistiques, littéraires et anthropologiques de ces expériences, et chercherai à dégager les intérêts didactiques que présente la lecture de ces auteurs dans le cadre de la classe de français (L1 et LE/S). Je proposerai enfin quelques pistes concrètes en vue de l’exploitation decesauteurspourlesclassesdefrançais. ȱ 1.ȱÉTATȱDESȱLIEUXȱ Plusieursouvragesrécentsontabordélaproblématiquedes «exilésdulangage».L’essaideMichelBeniamino,Lafrancophonie littéraire. Essai pour une théorie (1999) évoque déjà cette problématique, mais sans s’y attarder. Celui de Nancy Huston, Professeurs de désespoir (2004), qui porte sur le nihilisme contemporain dans la littérature, a souligné notamment le lien existant entre cette posture philosophique et le choix du français chezdesauteurscommeBeckett,CioranouKundera.Maisilafallu attendre la thèse magistrale d’AnneRosine Delbart, Les exilés du langage. Un siècle d’écrivains français venus d’ailleurs (1919200) (2004) pour trouver une étude systématique consacrée à cette catégoried’écrivains.Onytrouvel’analysedesdifférentessituations des auteurs qui sont originaires d’une autre langueculture, et qui sont passés au français soit suite au choix de leurs parents, soit de leurproprefait.ȱ La typologie de Delbart se découpe en deux parties. La premièredistinguelesdifférentstypesdecausalitésquiontconduit au choix du français, en opposant le cas des«sédentaires», c’està dire des «auteurs francophones d’origine étrangère qui n’ont pas quittélesolnatal»,etceluides«nomades»,qui«ontaccompliun voyage les menant, enfants ou adultes, sur une terre de langue française» (Delbart, 2004: 61). La seconde partie propose des «balisespouruneétudeinterne»decevastecorpus:lesspécificités del’énoncé–quiattestentlaprésenced’unimaginairespécifique–y sont distinguées de celles de l’énonciation, où apparaissent des optionsformellesrécurrentes. 52 ȱ 1.1.ȱSédentairesȱetȱnomadesȱ Quatre catégories de «sédentaires» sont envisagées. La première est celle des écrivains d’origine allophones nés sur une terre de langue française, comme l’Italien Cavanna ou la Flamande Liliane Wouters: situation limite, où l’on peut se demander si l’influence de la langue d’origine est toujours réelle et significative, ou si au contraire il ne s’agit pas d’écrivains proprement francophones. ȱ 1.1.ȱSédentairesȱetȱnomadesȱ Quatre catégories de «sédentaires» sont envisagées. La première est celle des écrivains d’origine allophones nés sur une terre de langue française, comme l’Italien Cavanna ou la Flamande Liliane Wouters: situation limite, où l’on peut se demander si l’influence de la langue d’origine est toujours réelle et significative, ou si au contraire il ne s’agit pas d’écrivains proprement francophones. Deuxième cas, celui des écrivains nés sur une terre où le français est une des langues nationales: on songe ici aux minorités francophones du Canada, du Val d’Aoste, de Flandre, et on notera que, en ce qui concerne la Belgique, le poids de cette minorité (les «francophonesdeFlandre»)aétélongtempsplusquedéterminant dansl’ensembledeslettresbelgesdelanguefrançaise. Deuxième cas, celui des écrivains nés sur une terre où le français est une des langues nationales: on songe ici aux minorités francophones du Canada, du Val d’Aoste, de Flandre, et on notera que, en ce qui concerne la Belgique, le poids de cette minorité (les «francophonesdeFlandre»)aétélongtempsplusquedéterminant dansl’ensembledeslettresbelgesdelanguefrançaise. Viennentensuitelesécrivainsnéssuruneterreoùlalangue françaises’estexportée,c’estàdirenotammentlesécrivainsantillais, négroafricains et maghrébins. Dans leur cas, le français est langue descolarisation,etilaétéadoptéentantquelanguedeplusgrande diffusion et de culture, en tant qu’outil sociopolitique ou que médiateurdelalanguematernelle. Viennentensuitelesécrivainsnéssuruneterreoùlalangue françaises’estexportée,c’estàdirenotammentlesécrivainsantillais, négroafricains et maghrébins. Dans leur cas, le français est langue descolarisation,etilaétéadoptéentantquelanguedeplusgrande diffusion et de culture, en tant qu’outil sociopolitique ou que médiateurdelalanguematernelle. La quatrième catégorie est celle des écrivains nés sur une terreoùlefrançaisn’ajamaisétéunelanguevéhiculaire.Danscecas, le choix du français peut être motivé par le désir d’une écriture réputéeavantgardisteetélitiste,ouàl’inverseparl’aspirationàune écriture«affective»,quiamènealorsparfoisl’auteuràuneattitude schizophrénique. La quatrième catégorie est celle des écrivains nés sur une terreoùlefrançaisn’ajamaisétéunelanguevéhiculaire.Danscecas, le choix du français peut être motivé par le désir d’une écriture réputéeavantgardisteetélitiste,ouàl’inverseparl’aspirationàune écriture«affective»,quiamènealorsparfoisl’auteuràuneattitude schizophrénique. Les «nomades» pour leur part rassemblent de nombreux cas de figure. Ceux des enfants de l’émigration et des enfants de couplesmixtessedémarquentdeceluidesexiléspolitiques,chezqui lechoixdufrançaisvasouventdepairaveclesoucid’échapperàla censureetdetémoignerdansunelanguequiestperçuecommecelle de la liberté, comme une langue sans tabou... Les motivations des Les «nomades» pour leur part rassemblent de nombreux cas de figure. Ceux des enfants de l’émigration et des enfants de couplesmixtessedémarquentdeceluidesexiléspolitiques,chezqui lechoixdufrançaisvasouventdepairaveclesoucid’échapperàla censureetdetémoignerdansunelanguequiestperçuecommecelle de la liberté, comme une langue sans tabou... Les motivations des 53 53 ȱ 1.1.ȱSédentairesȱetȱnomadesȱ Quatre catégories de «sédentaires» sont envisagées. La première est celle des écrivains d’origine allophones nés sur une terre de langue française, comme l’Italien Cavanna ou la Flamande Liliane Wouters: situation limite, où l’on peut se demander si l’influence de la langue d’origine est toujours réelle et significative, ou si au contraire il ne s’agit pas d’écrivains proprement francophones. ȱ 1.1.ȱSédentairesȱetȱnomadesȱ Quatre catégories de «sédentaires» sont envisagées. La première est celle des écrivains d’origine allophones nés sur une terre de langue française, comme l’Italien Cavanna ou la Flamande Liliane Wouters: situation limite, où l’on peut se demander si l’influence de la langue d’origine est toujours réelle et significative, ou si au contraire il ne s’agit pas d’écrivains proprement francophones. Deuxième cas, celui des écrivains nés sur une terre où le français est une des langues nationales: on songe ici aux minorités francophones du Canada, du Val d’Aoste, de Flandre, et on notera que, en ce qui concerne la Belgique, le poids de cette minorité (les «francophonesdeFlandre»)aétélongtempsplusquedéterminant dansl’ensembledeslettresbelgesdelanguefrançaise. Deuxième cas, celui des écrivains nés sur une terre où le français est une des langues nationales: on songe ici aux minorités francophones du Canada, du Val d’Aoste, de Flandre, et on notera que, en ce qui concerne la Belgique, le poids de cette minorité (les «francophonesdeFlandre»)aétélongtempsplusquedéterminant dansl’ensembledeslettresbelgesdelanguefrançaise. Viennentensuitelesécrivainsnéssuruneterreoùlalangue françaises’estexportée,c’estàdirenotammentlesécrivainsantillais, négroafricains et maghrébins. Dans leur cas, le français est langue descolarisation,etilaétéadoptéentantquelanguedeplusgrande diffusion et de culture, en tant qu’outil sociopolitique ou que médiateurdelalanguematernelle. Viennentensuitelesécrivainsnéssuruneterreoùlalangue françaises’estexportée,c’estàdirenotammentlesécrivainsantillais, négroafricains et maghrébins. Dans leur cas, le français est langue descolarisation,etilaétéadoptéentantquelanguedeplusgrande diffusion et de culture, en tant qu’outil sociopolitique ou que médiateurdelalanguematernelle. La quatrième catégorie est celle des écrivains nés sur une terreoùlefrançaisn’ajamaisétéunelanguevéhiculaire.Danscecas, le choix du français peut être motivé par le désir d’une écriture réputéeavantgardisteetélitiste,ouàl’inverseparl’aspirationàune écriture«affective»,quiamènealorsparfoisl’auteuràuneattitude schizophrénique. La quatrième catégorie est celle des écrivains nés sur une terreoùlefrançaisn’ajamaisétéunelanguevéhiculaire.Danscecas, le choix du français peut être motivé par le désir d’une écriture réputéeavantgardisteetélitiste,ouàl’inverseparl’aspirationàune écriture«affective»,quiamènealorsparfoisl’auteuràuneattitude schizophrénique. Les «nomades» pour leur part rassemblent de nombreux cas de figure. Ceux des enfants de l’émigration et des enfants de couplesmixtessedémarquentdeceluidesexiléspolitiques,chezqui lechoixdufrançaisvasouventdepairaveclesoucid’échapperàla censureetdetémoignerdansunelanguequiestperçuecommecelle de la liberté, comme une langue sans tabou... Les motivations des Les «nomades» pour leur part rassemblent de nombreux cas de figure. Ceux des enfants de l’émigration et des enfants de couplesmixtessedémarquentdeceluidesexiléspolitiques,chezqui lechoixdufrançaisvasouventdepairaveclesoucid’échapperàla censureetdetémoignerdansunelanguequiestperçuecommecelle de la liberté, comme une langue sans tabou... Les motivations des 53 53 nomades peuvent aussi être pratiques: certains ont subi l’influence d’unmentorfrancophone,d’autresontétéattirésverslefrançaispar leur métier de traducteur ou par la culture plurilingue qui était favorisée dans leur famille, d’autres encore sont devenus francophones à la suite d’une ou plusieurs rencontre(s) amoureuse(s)... Les motivations culturelles et littéraires pèsent également d’un certain poids: on peut évoquer ici l’amour de la langue et de la culture françaises, l’attrait pour une langue de plus grande diffusion, l’ambition d’innovation artistique, le souci de rejoindre le public le plus immédiat, celui d’adapter la langue au sujet, ou encore le désir de dépasser l’arbitraire de la langue maternelle. Chez certains, les motivations sont prioritairement psychologiques et tiennent au choix de modifier sa personnalité et/ou son écriture: dans ce cas, l’écriture peut être le lieu d’une rupture, ou à l’inverse du renouement avec son identité. Enfin, certains auteurs deviennent nomades de manière occasionnelle ou circonstancielle, par exemple à la suite d’un séjour en terre francophone (pensons à Rilke, qui écrivit en français son recueil Vergers): chez ceuxlà, le fait de passer de la langue maternelle au français,oul’inverse,relèvealorsdudéfi,voiredujeulittéraire. ȱ 1.2.ȱSpécificitésȱdeȱl’énoncéȱetȱdeȱl’énonciationȱ S’intéressant ensuite aux traits spécifiques des œuvres des «exilésdulangage»,Delbartsouligned’abordl’imaginairesingulier qui nourrit l’énoncé de bon nombre d’entre elles. Sur l’axe diégétique, on observe des scénarios récurrents, en particulier ceux qui traitent de l’invitation au voyage, du grand voyage (récits d’exils), ou encore de l’ailleurs dans l’ici (fuites avortées, labyrinthes). Sur l’axe thématique, ce sont plutôt des thèmes obsédants qui retiennent l’attention: celui de l’indéfinissable moi, celui de la trahison des mères (beaucoup de ces auteurs ont perdu leurmèretrèstôtoubiensesontrebelléscontreelle),celuidelamise enrécitdulangage. nomades peuvent aussi être pratiques: certains ont subi l’influence d’unmentorfrancophone,d’autresontétéattirésverslefrançaispar leur métier de traducteur ou par la culture plurilingue qui était favorisée dans leur famille, d’autres encore sont devenus francophones à la suite d’une ou plusieurs rencontre(s) amoureuse(s)... Les motivations culturelles et littéraires pèsent également d’un certain poids: on peut évoquer ici l’amour de la langue et de la culture françaises, l’attrait pour une langue de plus grande diffusion, l’ambition d’innovation artistique, le souci de rejoindre le public le plus immédiat, celui d’adapter la langue au sujet, ou encore le désir de dépasser l’arbitraire de la langue maternelle. Chez certains, les motivations sont prioritairement psychologiques et tiennent au choix de modifier sa personnalité et/ou son écriture: dans ce cas, l’écriture peut être le lieu d’une rupture, ou à l’inverse du renouement avec son identité. Enfin, certains auteurs deviennent nomades de manière occasionnelle ou circonstancielle, par exemple à la suite d’un séjour en terre francophone (pensons à Rilke, qui écrivit en français son recueil Vergers): chez ceuxlà, le fait de passer de la langue maternelle au français,oul’inverse,relèvealorsdudéfi,voiredujeulittéraire. ȱ 1.2.ȱSpécificitésȱdeȱl’énoncéȱetȱdeȱl’énonciationȱ S’intéressant ensuite aux traits spécifiques des œuvres des «exilésdulangage»,Delbartsouligned’abordl’imaginairesingulier qui nourrit l’énoncé de bon nombre d’entre elles. Sur l’axe diégétique, on observe des scénarios récurrents, en particulier ceux qui traitent de l’invitation au voyage, du grand voyage (récits d’exils), ou encore de l’ailleurs dans l’ici (fuites avortées, labyrinthes). Sur l’axe thématique, ce sont plutôt des thèmes obsédants qui retiennent l’attention: celui de l’indéfinissable moi, celui de la trahison des mères (beaucoup de ces auteurs ont perdu leurmèretrèstôtoubiensesontrebelléscontreelle),celuidelamise enrécitdulangage. Les récurrences sont frappantes aussi en ce qui concerne Les récurrences sont frappantes aussi en ce qui concerne 54 54 nomades peuvent aussi être pratiques: certains ont subi l’influence d’unmentorfrancophone,d’autresontétéattirésverslefrançaispar leur métier de traducteur ou par la culture plurilingue qui était favorisée dans leur famille, d’autres encore sont devenus francophones à la suite d’une ou plusieurs rencontre(s) amoureuse(s)... Les motivations culturelles et littéraires pèsent également d’un certain poids: on peut évoquer ici l’amour de la langue et de la culture françaises, l’attrait pour une langue de plus grande diffusion, l’ambition d’innovation artistique, le souci de rejoindre le public le plus immédiat, celui d’adapter la langue au sujet, ou encore le désir de dépasser l’arbitraire de la langue maternelle. Chez certains, les motivations sont prioritairement psychologiques et tiennent au choix de modifier sa personnalité et/ou son écriture: dans ce cas, l’écriture peut être le lieu d’une rupture, ou à l’inverse du renouement avec son identité. Enfin, certains auteurs deviennent nomades de manière occasionnelle ou circonstancielle, par exemple à la suite d’un séjour en terre francophone (pensons à Rilke, qui écrivit en français son recueil Vergers): chez ceuxlà, le fait de passer de la langue maternelle au français,oul’inverse,relèvealorsdudéfi,voiredujeulittéraire. ȱ 1.2.ȱSpécificitésȱdeȱl’énoncéȱetȱdeȱl’énonciationȱ S’intéressant ensuite aux traits spécifiques des œuvres des «exilésdulangage»,Delbartsouligned’abordl’imaginairesingulier qui nourrit l’énoncé de bon nombre d’entre elles. Sur l’axe diégétique, on observe des scénarios récurrents, en particulier ceux qui traitent de l’invitation au voyage, du grand voyage (récits d’exils), ou encore de l’ailleurs dans l’ici (fuites avortées, labyrinthes). Sur l’axe thématique, ce sont plutôt des thèmes obsédants qui retiennent l’attention: celui de l’indéfinissable moi, celui de la trahison des mères (beaucoup de ces auteurs ont perdu leurmèretrèstôtoubiensesontrebelléscontreelle),celuidelamise enrécitdulangage. nomades peuvent aussi être pratiques: certains ont subi l’influence d’unmentorfrancophone,d’autresontétéattirésverslefrançaispar leur métier de traducteur ou par la culture plurilingue qui était favorisée dans leur famille, d’autres encore sont devenus francophones à la suite d’une ou plusieurs rencontre(s) amoureuse(s)... Les motivations culturelles et littéraires pèsent également d’un certain poids: on peut évoquer ici l’amour de la langue et de la culture françaises, l’attrait pour une langue de plus grande diffusion, l’ambition d’innovation artistique, le souci de rejoindre le public le plus immédiat, celui d’adapter la langue au sujet, ou encore le désir de dépasser l’arbitraire de la langue maternelle. Chez certains, les motivations sont prioritairement psychologiques et tiennent au choix de modifier sa personnalité et/ou son écriture: dans ce cas, l’écriture peut être le lieu d’une rupture, ou à l’inverse du renouement avec son identité. Enfin, certains auteurs deviennent nomades de manière occasionnelle ou circonstancielle, par exemple à la suite d’un séjour en terre francophone (pensons à Rilke, qui écrivit en français son recueil Vergers): chez ceuxlà, le fait de passer de la langue maternelle au français,oul’inverse,relèvealorsdudéfi,voiredujeulittéraire. ȱ 1.2.ȱSpécificitésȱdeȱl’énoncéȱetȱdeȱl’énonciationȱ S’intéressant ensuite aux traits spécifiques des œuvres des «exilésdulangage»,Delbartsouligned’abordl’imaginairesingulier qui nourrit l’énoncé de bon nombre d’entre elles. Sur l’axe diégétique, on observe des scénarios récurrents, en particulier ceux qui traitent de l’invitation au voyage, du grand voyage (récits d’exils), ou encore de l’ailleurs dans l’ici (fuites avortées, labyrinthes). Sur l’axe thématique, ce sont plutôt des thèmes obsédants qui retiennent l’attention: celui de l’indéfinissable moi, celui de la trahison des mères (beaucoup de ces auteurs ont perdu leurmèretrèstôtoubiensesontrebelléscontreelle),celuidelamise enrécitdulangage. Les récurrences sont frappantes aussi en ce qui concerne Les récurrences sont frappantes aussi en ce qui concerne 54 54 l’énonciation.Dupointdevuedesstructuresdiscursives,lesœuvres de ce corpus font une place privilégiée à l’écriture du moi (Assia Djebar,Wiesel,Chamoiseau...),maisaussiàlapolyphonie(Sarraute, Huston...) ou au discours fragmenté (Semprun, Kundera...). Sur le plan stylistique, les auteurs du corpus recourent volontiers à différenteslangues,mettentenœuvrelefrançaiscommeunelangue étrangère dotée d’une «musiqueétrange» (Ionesco, Beckett...), font de leurs textes le lieu d’un plurilinguisme interne (polyphonie) ou externe (intégration d’énoncés de la langue maternelle). Beaucoup d’entre eux témoignent en outre d’un rapport duel à l’écriture, en adoptantuneposturetantôtouvertementclassique(Green,Cioran), tantôt à l’inverse iconoclaste (Tzara, Beckett). Ils affichent enfin souventuneprédilectionpourlesgenreshybrides,enfaisantpreuve d’une grande inventivité générique, et pour les figures dialectiques comme l’autocorrection, l’oxymoron, la stychomythie ou les parties d’escrimeverbales... l’énonciation.Dupointdevuedesstructuresdiscursives,lesœuvres de ce corpus font une place privilégiée à l’écriture du moi (Assia Djebar,Wiesel,Chamoiseau...),maisaussiàlapolyphonie(Sarraute, Huston...) ou au discours fragmenté (Semprun, Kundera...). Sur le plan stylistique, les auteurs du corpus recourent volontiers à différenteslangues,mettentenœuvrelefrançaiscommeunelangue étrangère dotée d’une «musiqueétrange» (Ionesco, Beckett...), font de leurs textes le lieu d’un plurilinguisme interne (polyphonie) ou externe (intégration d’énoncés de la langue maternelle). Beaucoup d’entre eux témoignent en outre d’un rapport duel à l’écriture, en adoptantuneposturetantôtouvertementclassique(Green,Cioran), tantôt à l’inverse iconoclaste (Tzara, Beckett). Ils affichent enfin souventuneprédilectionpourlesgenreshybrides,enfaisantpreuve d’une grande inventivité générique, et pour les figures dialectiques comme l’autocorrection, l’oxymoron, la stychomythie ou les parties d’escrimeverbales... Cela étant, une limite de l’étude de Delbart tient à son hétérogénéité.Desécrivainsquionttoujoursécritenfrançais(telsles francophones de Flandre) méritentils bien de figurer parmi les «exilés du langage» à côté de ceux qui ont opté plus ou moins tardivementpourcettelangue?Quiplusest,les«traitsrécurrents» qui sont associés à l’énoncé et à l’énonciation de leurs œuvres présentent forcément un caractère très relatif puisque le caractère extrêmement large et hybride du corpus permet d’en tirer tout et son contraire. La recherche de Delbart n’en constitue pas moins un travail gigantesque et précieux, et se présente en même temps comme un plaidoyer convaincant pour une conception «unitaire» delalittératurefrançaise.L’auteurconclutsonétudeenmettant en question l’étiquette «francophone», qui tend, selon elle, à marginaliser les auteurs qui en sont affublés ou à créer des ségrégationsabsurdes. ȱ 2.ȱENJEUXȱDEȱCETTEȱEXPÉRIENCEȱ Cela étant, une limite de l’étude de Delbart tient à son hétérogénéité.Desécrivainsquionttoujoursécritenfrançais(telsles francophones de Flandre) méritentils bien de figurer parmi les «exilés du langage» à côté de ceux qui ont opté plus ou moins tardivementpourcettelangue?Quiplusest,les«traitsrécurrents» qui sont associés à l’énoncé et à l’énonciation de leurs œuvres présentent forcément un caractère très relatif puisque le caractère extrêmement large et hybride du corpus permet d’en tirer tout et son contraire. La recherche de Delbart n’en constitue pas moins un travail gigantesque et précieux, et se présente en même temps comme un plaidoyer convaincant pour une conception «unitaire» delalittératurefrançaise.L’auteurconclutsonétudeenmettant en question l’étiquette «francophone», qui tend, selon elle, à marginaliser les auteurs qui en sont affublés ou à créer des ségrégationsabsurdes. ȱ 2.ȱENJEUXȱDEȱCETTEȱEXPÉRIENCEȱ Audelà de l’inventaire des motivations plus ou moins Audelà de l’inventaire des motivations plus ou moins 55 55 l’énonciation.Dupointdevuedesstructuresdiscursives,lesœuvres de ce corpus font une place privilégiée à l’écriture du moi (Assia Djebar,Wiesel,Chamoiseau...),maisaussiàlapolyphonie(Sarraute, Huston...) ou au discours fragmenté (Semprun, Kundera...). Sur le plan stylistique, les auteurs du corpus recourent volontiers à différenteslangues,mettentenœuvrelefrançaiscommeunelangue étrangère dotée d’une «musiqueétrange» (Ionesco, Beckett...), font de leurs textes le lieu d’un plurilinguisme interne (polyphonie) ou externe (intégration d’énoncés de la langue maternelle). Beaucoup d’entre eux témoignent en outre d’un rapport duel à l’écriture, en adoptantuneposturetantôtouvertementclassique(Green,Cioran), tantôt à l’inverse iconoclaste (Tzara, Beckett). Ils affichent enfin souventuneprédilectionpourlesgenreshybrides,enfaisantpreuve d’une grande inventivité générique, et pour les figures dialectiques comme l’autocorrection, l’oxymoron, la stychomythie ou les parties d’escrimeverbales... l’énonciation.Dupointdevuedesstructuresdiscursives,lesœuvres de ce corpus font une place privilégiée à l’écriture du moi (Assia Djebar,Wiesel,Chamoiseau...),maisaussiàlapolyphonie(Sarraute, Huston...) ou au discours fragmenté (Semprun, Kundera...). Sur le plan stylistique, les auteurs du corpus recourent volontiers à différenteslangues,mettentenœuvrelefrançaiscommeunelangue étrangère dotée d’une «musiqueétrange» (Ionesco, Beckett...), font de leurs textes le lieu d’un plurilinguisme interne (polyphonie) ou externe (intégration d’énoncés de la langue maternelle). Beaucoup d’entre eux témoignent en outre d’un rapport duel à l’écriture, en adoptantuneposturetantôtouvertementclassique(Green,Cioran), tantôt à l’inverse iconoclaste (Tzara, Beckett). Ils affichent enfin souventuneprédilectionpourlesgenreshybrides,enfaisantpreuve d’une grande inventivité générique, et pour les figures dialectiques comme l’autocorrection, l’oxymoron, la stychomythie ou les parties d’escrimeverbales... Cela étant, une limite de l’étude de Delbart tient à son hétérogénéité.Desécrivainsquionttoujoursécritenfrançais(telsles francophones de Flandre) méritentils bien de figurer parmi les «exilés du langage» à côté de ceux qui ont opté plus ou moins tardivementpourcettelangue?Quiplusest,les«traitsrécurrents» qui sont associés à l’énoncé et à l’énonciation de leurs œuvres présentent forcément un caractère très relatif puisque le caractère extrêmement large et hybride du corpus permet d’en tirer tout et son contraire. La recherche de Delbart n’en constitue pas moins un travail gigantesque et précieux, et se présente en même temps comme un plaidoyer convaincant pour une conception «unitaire» delalittératurefrançaise.L’auteurconclutsonétudeenmettant en question l’étiquette «francophone», qui tend, selon elle, à marginaliser les auteurs qui en sont affublés ou à créer des ségrégationsabsurdes. ȱ 2.ȱENJEUXȱDEȱCETTEȱEXPÉRIENCEȱ Cela étant, une limite de l’étude de Delbart tient à son hétérogénéité.Desécrivainsquionttoujoursécritenfrançais(telsles francophones de Flandre) méritentils bien de figurer parmi les «exilés du langage» à côté de ceux qui ont opté plus ou moins tardivementpourcettelangue?Quiplusest,les«traitsrécurrents» qui sont associés à l’énoncé et à l’énonciation de leurs œuvres présentent forcément un caractère très relatif puisque le caractère extrêmement large et hybride du corpus permet d’en tirer tout et son contraire. La recherche de Delbart n’en constitue pas moins un travail gigantesque et précieux, et se présente en même temps comme un plaidoyer convaincant pour une conception «unitaire» delalittératurefrançaise.L’auteurconclutsonétudeenmettant en question l’étiquette «francophone», qui tend, selon elle, à marginaliser les auteurs qui en sont affublés ou à créer des ségrégationsabsurdes. ȱ 2.ȱENJEUXȱDEȱCETTEȱEXPÉRIENCEȱ Audelà de l’inventaire des motivations plus ou moins Audelà de l’inventaire des motivations plus ou moins 55 55 manifestes et/ou déclarées, quelles sont les valeurs sousjacentes à l’expériencedes«exilésdulangage»?Jedistingueraiicidesenjeux proprement linguistiques, des enjeux littéraires et culturels, et des enjeuxanthropologiquesetexistentiels.ȱ manifestes et/ou déclarées, quelles sont les valeurs sousjacentes à l’expériencedes«exilésdulangage»?Jedistingueraiicidesenjeux proprement linguistiques, des enjeux littéraires et culturels, et des enjeuxanthropologiquesetexistentiels.ȱ Sur le plan linguistique, ces écrivains entretiennent un rapport de nonévidence, d’étrangeté avec la langue française. Les mots, les constructions syntaxiques, les choix stylistiques résonnent différemment chez eux parce qu’ils sont mâtinés de l’expérience d’une autre langue. Leur rapport au langage se signale ainsi par sa relativefragilité(dufaitdel’«insécuritélinguistique»),maisaussi, du coup, par son originalité. La situation est cependant très différente selon que la langue d’origine est proche ou non du français. Il serait dès lors intéressant de compléter la typologie de Delbartparuneautre,quidistingueraitlesauteursissusd’uneautre langue romane, ceux qui sont issus d’autres langues occidentales, ceux qui proviennent de languescultures «colonisées» et ceux qui émanentdelanguesculturespluslointaines. Sur le plan linguistique, ces écrivains entretiennent un rapport de nonévidence, d’étrangeté avec la langue française. Les mots, les constructions syntaxiques, les choix stylistiques résonnent différemment chez eux parce qu’ils sont mâtinés de l’expérience d’une autre langue. Leur rapport au langage se signale ainsi par sa relativefragilité(dufaitdel’«insécuritélinguistique»),maisaussi, du coup, par son originalité. La situation est cependant très différente selon que la langue d’origine est proche ou non du français. Il serait dès lors intéressant de compléter la typologie de Delbartparuneautre,quidistingueraitlesauteursissusd’uneautre langue romane, ceux qui sont issus d’autres langues occidentales, ceux qui proviennent de languescultures «colonisées» et ceux qui émanentdelanguesculturespluslointaines. Surleplanlittéraireetculturel,toutesituationd’interlangueȱ relèveȱ de la «paratopie», du doubleȱ jeu propre à la littérature dont parleD.Maingueneau(2004).Onpeutdoncdirequelesœuvresdes auteurs «migrants» sont le lieu d’une tension culturelle particulièrement propice à la production de l’effet littérature. Ces œuvres mobilisent en outre une autre mémoire intertextuelle, liée aux traditions littéraires non francophones. Cette altérité s’observe tantôtauniveaudesgenrestraités–parexemple,lesanglosaxonset lesslavesapportentleursensduromanesque–,tantôtsurleplandes styles, des manières de raconter, de poétiser, de dramatiser, tantôt encore sur le plan des usages de la langue, quand on songe par exempleàla«créolisation»dufrançaischezlesAntillais. Surleplanlittéraireetculturel,toutesituationd’interlangueȱ relèveȱ de la «paratopie», du doubleȱ jeu propre à la littérature dont parleD.Maingueneau(2004).Onpeutdoncdirequelesœuvresdes auteurs «migrants» sont le lieu d’une tension culturelle particulièrement propice à la production de l’effet littérature. Ces œuvres mobilisent en outre une autre mémoire intertextuelle, liée aux traditions littéraires non francophones. Cette altérité s’observe tantôtauniveaudesgenrestraités–parexemple,lesanglosaxonset lesslavesapportentleursensduromanesque–,tantôtsurleplandes styles, des manières de raconter, de poétiser, de dramatiser, tantôt encore sur le plan des usages de la langue, quand on songe par exempleàla«créolisation»dufrançaischezlesAntillais. Enfin,surleplananthropologiqueetexistentiel,deuxchoses aumoinssontàremarquer.D’unepart,lesœuvresdecesécrivains venusd’ailleursrelèventd’uneexpériencede«déterritorialisation» (G. Deleuze), qui met en danger, relève du risque mais crée les 56 Enfin,surleplananthropologiqueetexistentiel,deuxchoses aumoinssontàremarquer.D’unepart,lesœuvresdecesécrivains venusd’ailleursrelèventd’uneexpériencede«déterritorialisation» (G. Deleuze), qui met en danger, relève du risque mais crée les 56 manifestes et/ou déclarées, quelles sont les valeurs sousjacentes à l’expériencedes«exilésdulangage»?Jedistingueraiicidesenjeux proprement linguistiques, des enjeux littéraires et culturels, et des enjeuxanthropologiquesetexistentiels.ȱ manifestes et/ou déclarées, quelles sont les valeurs sousjacentes à l’expériencedes«exilésdulangage»?Jedistingueraiicidesenjeux proprement linguistiques, des enjeux littéraires et culturels, et des enjeuxanthropologiquesetexistentiels.ȱ Sur le plan linguistique, ces écrivains entretiennent un rapport de nonévidence, d’étrangeté avec la langue française. Les mots, les constructions syntaxiques, les choix stylistiques résonnent différemment chez eux parce qu’ils sont mâtinés de l’expérience d’une autre langue. Leur rapport au langage se signale ainsi par sa relativefragilité(dufaitdel’«insécuritélinguistique»),maisaussi, du coup, par son originalité. La situation est cependant très différente selon que la langue d’origine est proche ou non du français. Il serait dès lors intéressant de compléter la typologie de Delbartparuneautre,quidistingueraitlesauteursissusd’uneautre langue romane, ceux qui sont issus d’autres langues occidentales, ceux qui proviennent de languescultures «colonisées» et ceux qui émanentdelanguesculturespluslointaines. Sur le plan linguistique, ces écrivains entretiennent un rapport de nonévidence, d’étrangeté avec la langue française. Les mots, les constructions syntaxiques, les choix stylistiques résonnent différemment chez eux parce qu’ils sont mâtinés de l’expérience d’une autre langue. Leur rapport au langage se signale ainsi par sa relativefragilité(dufaitdel’«insécuritélinguistique»),maisaussi, du coup, par son originalité. La situation est cependant très différente selon que la langue d’origine est proche ou non du français. Il serait dès lors intéressant de compléter la typologie de Delbartparuneautre,quidistingueraitlesauteursissusd’uneautre langue romane, ceux qui sont issus d’autres langues occidentales, ceux qui proviennent de languescultures «colonisées» et ceux qui émanentdelanguesculturespluslointaines. Surleplanlittéraireetculturel,toutesituationd’interlangueȱ relèveȱ de la «paratopie», du doubleȱ jeu propre à la littérature dont parleD.Maingueneau(2004).Onpeutdoncdirequelesœuvresdes auteurs «migrants» sont le lieu d’une tension culturelle particulièrement propice à la production de l’effet littérature. Ces œuvres mobilisent en outre une autre mémoire intertextuelle, liée aux traditions littéraires non francophones. Cette altérité s’observe tantôtauniveaudesgenrestraités–parexemple,lesanglosaxonset lesslavesapportentleursensduromanesque–,tantôtsurleplandes styles, des manières de raconter, de poétiser, de dramatiser, tantôt encore sur le plan des usages de la langue, quand on songe par exempleàla«créolisation»dufrançaischezlesAntillais. Surleplanlittéraireetculturel,toutesituationd’interlangueȱ relèveȱ de la «paratopie», du doubleȱ jeu propre à la littérature dont parleD.Maingueneau(2004).Onpeutdoncdirequelesœuvresdes auteurs «migrants» sont le lieu d’une tension culturelle particulièrement propice à la production de l’effet littérature. Ces œuvres mobilisent en outre une autre mémoire intertextuelle, liée aux traditions littéraires non francophones. Cette altérité s’observe tantôtauniveaudesgenrestraités–parexemple,lesanglosaxonset lesslavesapportentleursensduromanesque–,tantôtsurleplandes styles, des manières de raconter, de poétiser, de dramatiser, tantôt encore sur le plan des usages de la langue, quand on songe par exempleàla«créolisation»dufrançaischezlesAntillais. Enfin,surleplananthropologiqueetexistentiel,deuxchoses aumoinssontàremarquer.D’unepart,lesœuvresdecesécrivains venusd’ailleursrelèventd’uneexpériencede«déterritorialisation» (G. Deleuze), qui met en danger, relève du risque mais crée les 56 Enfin,surleplananthropologiqueetexistentiel,deuxchoses aumoinssontàremarquer.D’unepart,lesœuvresdecesécrivains venusd’ailleursrelèventd’uneexpériencede«déterritorialisation» (G. Deleuze), qui met en danger, relève du risque mais crée les 56 conditions d’un regard innovant. D’autre part, beaucoup de ces écrivains – et les plus fameux – se signalent par une tendance «nihiliste» assez marquée. Je me réfère ici à la thèse convaincante développéeparNancyHuston,quisefonded’abordsurunconstat: conditions d’un regard innovant. D’autre part, beaucoup de ces écrivains – et les plus fameux – se signalent par une tendance «nihiliste» assez marquée. Je me réfère ici à la thèse convaincante développéeparNancyHuston,quisefonded’abordsurunconstat: ȱAvecȱ laȱ Secondeȱ Guerre,ȱ avecȱ l’avènementȱ desȱ totalitarismesȱ etȱ leursȱ hécatombesȱ sansȱ précédentȱ dansȱ l’Histoireȱ (..),ȱ laȱ plupartȱ desȱ écrivainsȱ cessentȱdeȱcroireȱqueȱlaȱlittératureȱpuisseȱaiderȱàȱcomprendreȱleȱmondeȱetȱàȱyȱ vivre.ȱIlsȱseȱméfientȱdeȱtout,ȱàȱcommencerȱparȱleȱlangageȱetȱleȱrécit.(Huston, 2004:29) ȱAvecȱ laȱ Secondeȱ Guerre,ȱ avecȱ l’avènementȱ desȱ totalitarismesȱ etȱ leursȱ hécatombesȱ sansȱ précédentȱ dansȱ l’Histoireȱ (..),ȱ laȱ plupartȱ desȱ écrivainsȱ cessentȱdeȱcroireȱqueȱlaȱlittératureȱpuisseȱaiderȱàȱcomprendreȱleȱmondeȱetȱàȱyȱ vivre.ȱIlsȱseȱméfientȱdeȱtout,ȱàȱcommencerȱparȱleȱlangageȱetȱleȱrécit.(Huston, 2004:29) Huston sélectionne ensuite quelques cas emblématiques de ces«professeursdedésespoir»,qu’ellerépartitentroisgénérations: certains d’entre eux étaient adultes pendant la guerre (Samuel Beckett, Emil Cioran), d’autres, à cette époque, étaient enfants ou adolescents (Imre Kertesz, Thomas Bernhard, Milan Kundera), les troisièmes sont nés après la guerre (Elfriede Jelinek, Michel Houellebecq,SarahKane,ChristineAngot,LindaLê). Ilestfrappantdeconstaterque,surlesdixauteursretenus, sixsontfrançais,etparmieux,quatresontdes«exilésdulangage». Le rapport d’étrangeté à la langue fait en effet partie des facteurs biographiquesqui,selonHuston,favorisentl’adoptiondeladoctrine négativiste, les autres facteurs étant la naissance dans un pays suscitantl’ambivalence,lefaitdevivredansuncarcan,l’expérience d’un malheur familial et l’expérience d’un faux départ dans la littérature:ȱȱ Huston sélectionne ensuite quelques cas emblématiques de ces«professeursdedésespoir»,qu’ellerépartitentroisgénérations: certains d’entre eux étaient adultes pendant la guerre (Samuel Beckett, Emil Cioran), d’autres, à cette époque, étaient enfants ou adolescents (Imre Kertesz, Thomas Bernhard, Milan Kundera), les troisièmes sont nés après la guerre (Elfriede Jelinek, Michel Houellebecq,SarahKane,ChristineAngot,LindaLê). Ilestfrappantdeconstaterque,surlesdixauteursretenus, sixsontfrançais,etparmieux,quatresontdes«exilésdulangage». Le rapport d’étrangeté à la langue fait en effet partie des facteurs biographiquesqui,selonHuston,favorisentl’adoptiondeladoctrine négativiste, les autres facteurs étant la naissance dans un pays suscitantl’ambivalence,lefaitdevivredansuncarcan,l’expérience d’un malheur familial et l’expérience d’un faux départ dans la littérature:ȱȱ ȱ«Nombre de ces auteurs ont connu, à l’âge adulte, un moment de crise professionnelle ou existentielle dontils sont sortis transformés. Il est remarquable que la plupart ont choisi de quitter leur pays de naissance pour s’installer de façon permanente à l’étranger. Plus remarquableencore:noncontentsdequitterleurpays,plusieursont délaissé leur langue maternelle et adopté, pour l’écriture, la langue française. On peut donc déceler un lien entreȱ laȱ perteȱ d’attaches,ȱ leȱ flottementȱidentitaireȱquiȱenȱrésulte,ȱetȱleȱchoixȱduȱnonȬsensȱcommeȱattitudeȱ philosophiqueȱ»ȱ(Huston,2004:338340).ȱ ȱ«Nombre de ces auteurs ont connu, à l’âge adulte, un moment de crise professionnelle ou existentielle dontils sont sortis transformés. Il est remarquable que la plupart ont choisi de quitter leur pays de naissance pour s’installer de façon permanente à l’étranger. Plus remarquableencore:noncontentsdequitterleurpays,plusieursont délaissé leur langue maternelle et adopté, pour l’écriture, la langue française. On peut donc déceler un lien entreȱ laȱ perteȱ d’attaches,ȱ leȱ flottementȱidentitaireȱquiȱenȱrésulte,ȱetȱleȱchoixȱduȱnonȬsensȱcommeȱattitudeȱ philosophiqueȱ»ȱ(Huston,2004:338340).ȱ 57 57 conditions d’un regard innovant. D’autre part, beaucoup de ces écrivains – et les plus fameux – se signalent par une tendance «nihiliste» assez marquée. Je me réfère ici à la thèse convaincante développéeparNancyHuston,quisefonded’abordsurunconstat: conditions d’un regard innovant. D’autre part, beaucoup de ces écrivains – et les plus fameux – se signalent par une tendance «nihiliste» assez marquée. Je me réfère ici à la thèse convaincante développéeparNancyHuston,quisefonded’abordsurunconstat: ȱAvecȱ laȱ Secondeȱ Guerre,ȱ avecȱ l’avènementȱ desȱ totalitarismesȱ etȱ leursȱ hécatombesȱ sansȱ précédentȱ dansȱ l’Histoireȱ (..),ȱ laȱ plupartȱ desȱ écrivainsȱ cessentȱdeȱcroireȱqueȱlaȱlittératureȱpuisseȱaiderȱàȱcomprendreȱleȱmondeȱetȱàȱyȱ vivre.ȱIlsȱseȱméfientȱdeȱtout,ȱàȱcommencerȱparȱleȱlangageȱetȱleȱrécit.(Huston, 2004:29) ȱAvecȱ laȱ Secondeȱ Guerre,ȱ avecȱ l’avènementȱ desȱ totalitarismesȱ etȱ leursȱ hécatombesȱ sansȱ précédentȱ dansȱ l’Histoireȱ (..),ȱ laȱ plupartȱ desȱ écrivainsȱ cessentȱdeȱcroireȱqueȱlaȱlittératureȱpuisseȱaiderȱàȱcomprendreȱleȱmondeȱetȱàȱyȱ vivre.ȱIlsȱseȱméfientȱdeȱtout,ȱàȱcommencerȱparȱleȱlangageȱetȱleȱrécit.(Huston, 2004:29) Huston sélectionne ensuite quelques cas emblématiques de ces«professeursdedésespoir»,qu’ellerépartitentroisgénérations: certains d’entre eux étaient adultes pendant la guerre (Samuel Beckett, Emil Cioran), d’autres, à cette époque, étaient enfants ou adolescents (Imre Kertesz, Thomas Bernhard, Milan Kundera), les troisièmes sont nés après la guerre (Elfriede Jelinek, Michel Houellebecq,SarahKane,ChristineAngot,LindaLê). Ilestfrappantdeconstaterque,surlesdixauteursretenus, sixsontfrançais,etparmieux,quatresontdes«exilésdulangage». Le rapport d’étrangeté à la langue fait en effet partie des facteurs biographiquesqui,selonHuston,favorisentl’adoptiondeladoctrine négativiste, les autres facteurs étant la naissance dans un pays suscitantl’ambivalence,lefaitdevivredansuncarcan,l’expérience d’un malheur familial et l’expérience d’un faux départ dans la littérature:ȱȱ Huston sélectionne ensuite quelques cas emblématiques de ces«professeursdedésespoir»,qu’ellerépartitentroisgénérations: certains d’entre eux étaient adultes pendant la guerre (Samuel Beckett, Emil Cioran), d’autres, à cette époque, étaient enfants ou adolescents (Imre Kertesz, Thomas Bernhard, Milan Kundera), les troisièmes sont nés après la guerre (Elfriede Jelinek, Michel Houellebecq,SarahKane,ChristineAngot,LindaLê). Ilestfrappantdeconstaterque,surlesdixauteursretenus, sixsontfrançais,etparmieux,quatresontdes«exilésdulangage». Le rapport d’étrangeté à la langue fait en effet partie des facteurs biographiquesqui,selonHuston,favorisentl’adoptiondeladoctrine négativiste, les autres facteurs étant la naissance dans un pays suscitantl’ambivalence,lefaitdevivredansuncarcan,l’expérience d’un malheur familial et l’expérience d’un faux départ dans la littérature:ȱȱ ȱ«Nombre de ces auteurs ont connu, à l’âge adulte, un moment de crise professionnelle ou existentielle dontils sont sortis transformés. Il est remarquable que la plupart ont choisi de quitter leur pays de naissance pour s’installer de façon permanente à l’étranger. Plus remarquableencore:noncontentsdequitterleurpays,plusieursont délaissé leur langue maternelle et adopté, pour l’écriture, la langue française. On peut donc déceler un lien entreȱ laȱ perteȱ d’attaches,ȱ leȱ flottementȱidentitaireȱquiȱenȱrésulte,ȱetȱleȱchoixȱduȱnonȬsensȱcommeȱattitudeȱ philosophiqueȱ»ȱ(Huston,2004:338340).ȱ ȱ«Nombre de ces auteurs ont connu, à l’âge adulte, un moment de crise professionnelle ou existentielle dontils sont sortis transformés. Il est remarquable que la plupart ont choisi de quitter leur pays de naissance pour s’installer de façon permanente à l’étranger. Plus remarquableencore:noncontentsdequitterleurpays,plusieursont délaissé leur langue maternelle et adopté, pour l’écriture, la langue française. On peut donc déceler un lien entreȱ laȱ perteȱ d’attaches,ȱ leȱ flottementȱidentitaireȱquiȱenȱrésulte,ȱetȱleȱchoixȱduȱnonȬsensȱcommeȱattitudeȱ philosophiqueȱ»ȱ(Huston,2004:338340).ȱ 57 57 Cette corrélation entre le changement de langue et le développementd’unevisiondésespéréedel’existenceestcompensée parunbénéficesurleplanproprementlittéraire.S’attardantsurles cas de Beckett et de Cioran, ainsi que sur son propre cas de Canadienne anglophone ayant adopté le français, l’auteure de Professeursȱdeȱdésespoirposeeneffetlediagnosticsuivant: Cette corrélation entre le changement de langue et le développementd’unevisiondésespéréedel’existenceestcompensée parunbénéficesurleplanproprementlittéraire.S’attardantsurles cas de Beckett et de Cioran, ainsi que sur son propre cas de Canadienne anglophone ayant adopté le français, l’auteure de Professeursȱdeȱdésespoirposeeneffetlediagnosticsuivant: ȱLaȱ langueȱ étrangèreȱ vousȱ faitȱ leȱ cadeauȱ d’unȱ handicap.ȱ Elleȱ vousȱ obligeȱ àȱ ralentir,ȱàȱexaminerȱchaqueȱmot,ȱchaqueȱformule,ȱchaqueȱtournure.ȱMêmeȱsiȱ vousȱlaȱmaîtrisezȱoralementȱdepuisȱlongtemps,ȱdansȱl’écriture,ȱvousȱn’yȱavezȱ aucunȱautomatisme.ȱÀȱBeckettȱ(...),ȱlaȱlangueȱétrangèreȱȈlaisseȱtouteȱlatitudeȱ deȱseȱconcentrerȱsurȱlesȱmoyensȱdeȱrestituerȱdirectementȱsaȱquêteȱdeȱl’êtreȱetȱ sonȱ explorationȱ deȱ l’ignorance,ȱ deȱ l’impuissanceȱ (...),ȱ deȱ ‘retrancherȱ leȱ superflu,ȱ deȱ décaperȱ laȱ couleur’,ȱ pourȱ mieuxȱ s’attacherȱ àȱ laȱ musiqueȱ duȱ langage,ȱàȱsesȱsonoritésȱetȱàȱsesȱrythmes.Ȉȱȱ ȱLaȱ langueȱ étrangèreȱ vousȱ faitȱ leȱ cadeauȱ d’unȱ handicap.ȱ Elleȱ vousȱ obligeȱ àȱ ralentir,ȱàȱexaminerȱchaqueȱmot,ȱchaqueȱformule,ȱchaqueȱtournure.ȱMêmeȱsiȱ vousȱlaȱmaîtrisezȱoralementȱdepuisȱlongtemps,ȱdansȱl’écriture,ȱvousȱn’yȱavezȱ aucunȱautomatisme.ȱÀȱBeckettȱ(...),ȱlaȱlangueȱétrangèreȱȈlaisseȱtouteȱlatitudeȱ deȱseȱconcentrerȱsurȱlesȱmoyensȱdeȱrestituerȱdirectementȱsaȱquêteȱdeȱl’êtreȱetȱ sonȱ explorationȱ deȱ l’ignorance,ȱ deȱ l’impuissanceȱ (...),ȱ deȱ ‘retrancherȱ leȱ superflu,ȱ deȱ décaperȱ laȱ couleur’,ȱ pourȱ mieuxȱ s’attacherȱ àȱ laȱ musiqueȱ duȱ langage,ȱàȱsesȱsonoritésȱetȱàȱsesȱrythmes.Ȉȱȱ Cioran,ȱquantȱàȱȱlui,ȱéprouveȱunȱattraitȱpresqueȱmasochisteȱpourȱlaȱlangueȱ françaiseȱenȱraisonȱdeȱsaȱrigiditéȱsyntaxique.ȱ(...)ȱȈLeȱfrançais,ȱexpliqueȬtȬilȱ (...),ȱ recèleȱ desȱ vertusȱ civilisatricesȱ enȱ ceȱ qu’ilȱ vousȱ imposeȱ enȱ permanenceȱ sesȱcontraintes.ȱOnȱneȱpeutȱpasȱdevenirȱfouȱenȱfrançais.ȱL’excèsȱn’yȱestȱpasȱ possible.ȱLaȱlangueȱfrançaiseȱm’aȱapaiséȱcommeȱuneȱcamisoleȱdeȱforceȱcalmeȱ unȱfou.ȱ(...)ȱEnȱmeȱcontraignant,ȱenȱm’interdisantȱd’exagérerȱàȱtoutȱboutȱdeȱ champ,ȱelleȱm’aȱsauvé.Ȉȱȱ Cioran,ȱquantȱàȱȱlui,ȱéprouveȱunȱattraitȱpresqueȱmasochisteȱpourȱlaȱlangueȱ françaiseȱenȱraisonȱdeȱsaȱrigiditéȱsyntaxique.ȱ(...)ȱȈLeȱfrançais,ȱexpliqueȬtȬilȱ (...),ȱ recèleȱ desȱ vertusȱ civilisatricesȱ enȱ ceȱ qu’ilȱ vousȱ imposeȱ enȱ permanenceȱ sesȱcontraintes.ȱOnȱneȱpeutȱpasȱdevenirȱfouȱenȱfrançais.ȱL’excèsȱn’yȱestȱpasȱ possible.ȱLaȱlangueȱfrançaiseȱm’aȱapaiséȱcommeȱuneȱcamisoleȱdeȱforceȱcalmeȱ unȱfou.ȱ(...)ȱEnȱmeȱcontraignant,ȱenȱm’interdisantȱd’exagérerȱàȱtoutȱboutȱdeȱ champ,ȱelleȱm’aȱsauvé.Ȉȱȱ (Etȱ moiȱ personnellement,ȱ (...)ȱ sculptantȱ moiȱ aussiȱ mesȱ phrasesȱ enȱ françaisȱ langueȱ étrangère,ȱ jeȱ neȱ peuxȱ qu’abonderȱ dansȱ sonȱ sens.)ȱ (Huston, 2004 : (Etȱ moiȱ personnellement,ȱ (...)ȱ sculptantȱ moiȱ aussiȱ mesȱ phrasesȱ enȱ françaisȱ langueȱ étrangère,ȱ jeȱ neȱ peuxȱ qu’abonderȱ dansȱ sonȱ sens.)ȱ (Huston, 2004 : 114115). 114115). La situation des exilés du langage apparaît donc comme éminemment paradoxale : tout se passe comme si le choix d’une autrelanguesesoldaitàlafoisparuncoût,unepertedesenssurle plan humain et existentiel et par un gain esthétique dû au dépassementdescontraintesquienrésulte.Onsegarderacependant de généraliser ce qui n’est peutêtre qu’une coïncidence chez quelquesuns des plus grands auteurs de cette catégorie. Sans pousser l’analyse outre mesure, on peut faire l’hypothèse que la tendance observée serait toute différente si l’on prenait comme 58 La situation des exilés du langage apparaît donc comme éminemment paradoxale : tout se passe comme si le choix d’une autrelanguesesoldaitàlafoisparuncoût,unepertedesenssurle plan humain et existentiel et par un gain esthétique dû au dépassementdescontraintesquienrésulte.Onsegarderacependant de généraliser ce qui n’est peutêtre qu’une coïncidence chez quelquesuns des plus grands auteurs de cette catégorie. Sans pousser l’analyse outre mesure, on peut faire l’hypothèse que la tendance observée serait toute différente si l’on prenait comme 58 Cette corrélation entre le changement de langue et le développementd’unevisiondésespéréedel’existenceestcompensée parunbénéficesurleplanproprementlittéraire.S’attardantsurles cas de Beckett et de Cioran, ainsi que sur son propre cas de Canadienne anglophone ayant adopté le français, l’auteure de Professeursȱdeȱdésespoirposeeneffetlediagnosticsuivant: Cette corrélation entre le changement de langue et le développementd’unevisiondésespéréedel’existenceestcompensée parunbénéficesurleplanproprementlittéraire.S’attardantsurles cas de Beckett et de Cioran, ainsi que sur son propre cas de Canadienne anglophone ayant adopté le français, l’auteure de Professeursȱdeȱdésespoirposeeneffetlediagnosticsuivant: ȱLaȱ langueȱ étrangèreȱ vousȱ faitȱ leȱ cadeauȱ d’unȱ handicap.ȱ Elleȱ vousȱ obligeȱ àȱ ralentir,ȱàȱexaminerȱchaqueȱmot,ȱchaqueȱformule,ȱchaqueȱtournure.ȱMêmeȱsiȱ vousȱlaȱmaîtrisezȱoralementȱdepuisȱlongtemps,ȱdansȱl’écriture,ȱvousȱn’yȱavezȱ aucunȱautomatisme.ȱÀȱBeckettȱ(...),ȱlaȱlangueȱétrangèreȱȈlaisseȱtouteȱlatitudeȱ deȱseȱconcentrerȱsurȱlesȱmoyensȱdeȱrestituerȱdirectementȱsaȱquêteȱdeȱl’êtreȱetȱ sonȱ explorationȱ deȱ l’ignorance,ȱ deȱ l’impuissanceȱ (...),ȱ deȱ ‘retrancherȱ leȱ superflu,ȱ deȱ décaperȱ laȱ couleur’,ȱ pourȱ mieuxȱ s’attacherȱ àȱ laȱ musiqueȱ duȱ langage,ȱàȱsesȱsonoritésȱetȱàȱsesȱrythmes.Ȉȱȱ ȱLaȱ langueȱ étrangèreȱ vousȱ faitȱ leȱ cadeauȱ d’unȱ handicap.ȱ Elleȱ vousȱ obligeȱ àȱ ralentir,ȱàȱexaminerȱchaqueȱmot,ȱchaqueȱformule,ȱchaqueȱtournure.ȱMêmeȱsiȱ vousȱlaȱmaîtrisezȱoralementȱdepuisȱlongtemps,ȱdansȱl’écriture,ȱvousȱn’yȱavezȱ aucunȱautomatisme.ȱÀȱBeckettȱ(...),ȱlaȱlangueȱétrangèreȱȈlaisseȱtouteȱlatitudeȱ deȱseȱconcentrerȱsurȱlesȱmoyensȱdeȱrestituerȱdirectementȱsaȱquêteȱdeȱl’êtreȱetȱ sonȱ explorationȱ deȱ l’ignorance,ȱ deȱ l’impuissanceȱ (...),ȱ deȱ ‘retrancherȱ leȱ superflu,ȱ deȱ décaperȱ laȱ couleur’,ȱ pourȱ mieuxȱ s’attacherȱ àȱ laȱ musiqueȱ duȱ langage,ȱàȱsesȱsonoritésȱetȱàȱsesȱrythmes.Ȉȱȱ Cioran,ȱquantȱàȱȱlui,ȱéprouveȱunȱattraitȱpresqueȱmasochisteȱpourȱlaȱlangueȱ françaiseȱenȱraisonȱdeȱsaȱrigiditéȱsyntaxique.ȱ(...)ȱȈLeȱfrançais,ȱexpliqueȬtȬilȱ (...),ȱ recèleȱ desȱ vertusȱ civilisatricesȱ enȱ ceȱ qu’ilȱ vousȱ imposeȱ enȱ permanenceȱ sesȱcontraintes.ȱOnȱneȱpeutȱpasȱdevenirȱfouȱenȱfrançais.ȱL’excèsȱn’yȱestȱpasȱ possible.ȱLaȱlangueȱfrançaiseȱm’aȱapaiséȱcommeȱuneȱcamisoleȱdeȱforceȱcalmeȱ unȱfou.ȱ(...)ȱEnȱmeȱcontraignant,ȱenȱm’interdisantȱd’exagérerȱàȱtoutȱboutȱdeȱ champ,ȱelleȱm’aȱsauvé.Ȉȱȱ Cioran,ȱquantȱàȱȱlui,ȱéprouveȱunȱattraitȱpresqueȱmasochisteȱpourȱlaȱlangueȱ françaiseȱenȱraisonȱdeȱsaȱrigiditéȱsyntaxique.ȱ(...)ȱȈLeȱfrançais,ȱexpliqueȬtȬilȱ (...),ȱ recèleȱ desȱ vertusȱ civilisatricesȱ enȱ ceȱ qu’ilȱ vousȱ imposeȱ enȱ permanenceȱ sesȱcontraintes.ȱOnȱneȱpeutȱpasȱdevenirȱfouȱenȱfrançais.ȱL’excèsȱn’yȱestȱpasȱ possible.ȱLaȱlangueȱfrançaiseȱm’aȱapaiséȱcommeȱuneȱcamisoleȱdeȱforceȱcalmeȱ unȱfou.ȱ(...)ȱEnȱmeȱcontraignant,ȱenȱm’interdisantȱd’exagérerȱàȱtoutȱboutȱdeȱ champ,ȱelleȱm’aȱsauvé.Ȉȱȱ (Etȱ moiȱ personnellement,ȱ (...)ȱ sculptantȱ moiȱ aussiȱ mesȱ phrasesȱ enȱ françaisȱ langueȱ étrangère,ȱ jeȱ neȱ peuxȱ qu’abonderȱ dansȱ sonȱ sens.)ȱ (Huston, 2004 : (Etȱ moiȱ personnellement,ȱ (...)ȱ sculptantȱ moiȱ aussiȱ mesȱ phrasesȱ enȱ françaisȱ langueȱ étrangère,ȱ jeȱ neȱ peuxȱ qu’abonderȱ dansȱ sonȱ sens.)ȱ (Huston, 2004 : 114115). 114115). La situation des exilés du langage apparaît donc comme éminemment paradoxale : tout se passe comme si le choix d’une autrelanguesesoldaitàlafoisparuncoût,unepertedesenssurle plan humain et existentiel et par un gain esthétique dû au dépassementdescontraintesquienrésulte.Onsegarderacependant de généraliser ce qui n’est peutêtre qu’une coïncidence chez quelquesuns des plus grands auteurs de cette catégorie. Sans pousser l’analyse outre mesure, on peut faire l’hypothèse que la tendance observée serait toute différente si l’on prenait comme 58 La situation des exilés du langage apparaît donc comme éminemment paradoxale : tout se passe comme si le choix d’une autrelanguesesoldaitàlafoisparuncoût,unepertedesenssurle plan humain et existentiel et par un gain esthétique dû au dépassementdescontraintesquienrésulte.Onsegarderacependant de généraliser ce qui n’est peutêtre qu’une coïncidence chez quelquesuns des plus grands auteurs de cette catégorie. Sans pousser l’analyse outre mesure, on peut faire l’hypothèse que la tendance observée serait toute différente si l’on prenait comme 58 corpus non plus Beckett, Cioran et Kundera, mais Bianciotti, Ben JellounetMakine. ȱ 3.ȱQUELLEȱPLACEȱPOURȱCESȱAUTEURSȱENȱCLASSEȱDEȱ FRANÇAISȱ?ȱ Ladiversitédessituationsetdesenjeuxliésàcesexpériences d’interlangueétantainsiquelquepeudébroussaillée,j’aimeraispour finir me pencher sur l’intérêt didactique de l’exploitation de ces auteursenclassedefrançais,endistinguantlescontextesdufrançais languematernelleoupremière(FL1)etdufrançaislangueétrangère ouseconde(FLE/S). corpus non plus Beckett, Cioran et Kundera, mais Bianciotti, Ben JellounetMakine. ȱ 3.ȱQUELLEȱPLACEȱPOURȱCESȱAUTEURSȱENȱCLASSEȱDEȱ FRANÇAISȱ?ȱ Ladiversitédessituationsetdesenjeuxliésàcesexpériences d’interlangueétantainsiquelquepeudébroussaillée,j’aimeraispour finir me pencher sur l’intérêt didactique de l’exploitation de ces auteursenclassedefrançais,endistinguantlescontextesdufrançais languematernelleoupremière(FL1)etdufrançaislangueétrangère ouseconde(FLE/S). Dans le contexte du FL1, il me semble que ces auteurs invitent les élèves à un travail de décentration salutaire. Ils les amènenteneffetàs’ouvrirauregarddel’étrangersurleurlangueet leur culture, et par là à un travail de réflexivité qui consisterait par exemple, comme je l’ai esquissé brièvement ici, à analyser la diversité desexpériences de ce type, ainsi qu’à étudier leurs enjeux linguistiques,littérairesetexistentiels. Dans le contexte du FL1, il me semble que ces auteurs invitent les élèves à un travail de décentration salutaire. Ils les amènenteneffetàs’ouvrirauregarddel’étrangersurleurlangueet leur culture, et par là à un travail de réflexivité qui consisterait par exemple, comme je l’ai esquissé brièvement ici, à analyser la diversité desexpériences de ce type, ainsi qu’à étudier leurs enjeux linguistiques,littérairesetexistentiels. En contexte FLE/S, ces auteurs gagneraient à être présentés comme des exemples de «passeurs» de langue et de culture, susceptibles à la fois de favoriser une identification partielle de la part des élèves,quisesentirontprobablement«rejoints»dansleur expérience,etd’accroîtreleurmotivationàl’égarddelalangue,dela littérature et de la culture francophones, dont ces «frères d’exil» apparaissentcommedesporteparole. En contexte FLE/S, ces auteurs gagneraient à être présentés comme des exemples de «passeurs» de langue et de culture, susceptibles à la fois de favoriser une identification partielle de la part des élèves,quisesentirontprobablement«rejoints»dansleur expérience,etd’accroîtreleurmotivationàl’égarddelalangue,dela littérature et de la culture francophones, dont ces «frères d’exil» apparaissentcommedesporteparole. Dansuncontextecommedansl’autre,ils’agiraitentoutcas defavoriserchezlesélèvesl’appropriationactived’unediversitéde ces auteurs et une réflexion sur l’importance de leur apport à la littératuredelanguefrançaise. Dansuncontextecommedansl’autre,ils’agiraitentoutcas defavoriserchezlesélèvesl’appropriationactived’unediversitéde ces auteurs et une réflexion sur l’importance de leur apport à la littératuredelanguefrançaise. Comment procéder concrètement? En FLES, compte tenu desbesoinsavanttoutpratiqueséprouvésparlesélèves,lapriorité devrait être donnée à une lectureȱ pragmatique, qui privilégie le repérage de l’action suscitée par ces textes en tant que discours Comment procéder concrètement? En FLES, compte tenu desbesoinsavanttoutpratiqueséprouvésparlesélèves,lapriorité devrait être donnée à une lectureȱ pragmatique, qui privilégie le repérage de l’action suscitée par ces textes en tant que discours 59 59 corpus non plus Beckett, Cioran et Kundera, mais Bianciotti, Ben JellounetMakine. ȱ 3.ȱQUELLEȱPLACEȱPOURȱCESȱAUTEURSȱENȱCLASSEȱDEȱ FRANÇAISȱ?ȱ Ladiversitédessituationsetdesenjeuxliésàcesexpériences d’interlangueétantainsiquelquepeudébroussaillée,j’aimeraispour finir me pencher sur l’intérêt didactique de l’exploitation de ces auteursenclassedefrançais,endistinguantlescontextesdufrançais languematernelleoupremière(FL1)etdufrançaislangueétrangère ouseconde(FLE/S). corpus non plus Beckett, Cioran et Kundera, mais Bianciotti, Ben JellounetMakine. ȱ 3.ȱQUELLEȱPLACEȱPOURȱCESȱAUTEURSȱENȱCLASSEȱDEȱ FRANÇAISȱ?ȱ Ladiversitédessituationsetdesenjeuxliésàcesexpériences d’interlangueétantainsiquelquepeudébroussaillée,j’aimeraispour finir me pencher sur l’intérêt didactique de l’exploitation de ces auteursenclassedefrançais,endistinguantlescontextesdufrançais languematernelleoupremière(FL1)etdufrançaislangueétrangère ouseconde(FLE/S). Dans le contexte du FL1, il me semble que ces auteurs invitent les élèves à un travail de décentration salutaire. Ils les amènenteneffetàs’ouvrirauregarddel’étrangersurleurlangueet leur culture, et par là à un travail de réflexivité qui consisterait par exemple, comme je l’ai esquissé brièvement ici, à analyser la diversité desexpériences de ce type, ainsi qu’à étudier leurs enjeux linguistiques,littérairesetexistentiels. Dans le contexte du FL1, il me semble que ces auteurs invitent les élèves à un travail de décentration salutaire. Ils les amènenteneffetàs’ouvrirauregarddel’étrangersurleurlangueet leur culture, et par là à un travail de réflexivité qui consisterait par exemple, comme je l’ai esquissé brièvement ici, à analyser la diversité desexpériences de ce type, ainsi qu’à étudier leurs enjeux linguistiques,littérairesetexistentiels. En contexte FLE/S, ces auteurs gagneraient à être présentés comme des exemples de «passeurs» de langue et de culture, susceptibles à la fois de favoriser une identification partielle de la part des élèves,quisesentirontprobablement«rejoints»dansleur expérience,etd’accroîtreleurmotivationàl’égarddelalangue,dela littérature et de la culture francophones, dont ces «frères d’exil» apparaissentcommedesporteparole. En contexte FLE/S, ces auteurs gagneraient à être présentés comme des exemples de «passeurs» de langue et de culture, susceptibles à la fois de favoriser une identification partielle de la part des élèves,quisesentirontprobablement«rejoints»dansleur expérience,etd’accroîtreleurmotivationàl’égarddelalangue,dela littérature et de la culture francophones, dont ces «frères d’exil» apparaissentcommedesporteparole. Dansuncontextecommedansl’autre,ils’agiraitentoutcas defavoriserchezlesélèvesl’appropriationactived’unediversitéde ces auteurs et une réflexion sur l’importance de leur apport à la littératuredelanguefrançaise. Dansuncontextecommedansl’autre,ils’agiraitentoutcas defavoriserchezlesélèvesl’appropriationactived’unediversitéde ces auteurs et une réflexion sur l’importance de leur apport à la littératuredelanguefrançaise. Comment procéder concrètement? En FLES, compte tenu desbesoinsavanttoutpratiqueséprouvésparlesélèves,lapriorité devrait être donnée à une lectureȱ pragmatique, qui privilégie le repérage de l’action suscitée par ces textes en tant que discours Comment procéder concrètement? En FLES, compte tenu desbesoinsavanttoutpratiqueséprouvésparlesélèves,lapriorité devrait être donnée à une lectureȱ pragmatique, qui privilégie le repérage de l’action suscitée par ces textes en tant que discours 59 59 enracinésdansuncontextedéterminéetvisantàproduiredeseffets sur leurs lecteurs (Collès & Dufays, 2007).ȱ En FL1, il semblerait opportun en outre d’inviter les élèves à s’approprier ces textes via une lectureȱ littéraire, c’estàdire un vaetvient entre la participation affective – fondée sur l’identification aux personnages et sur l’immersiondansl’illusionréférentielle–etladistanciationcritique– fondée sur les opérations de compréhension, d’interprétation et d’évaluation(Dufays,Gemenne&Ledur,2005). enracinésdansuncontextedéterminéetvisantàproduiredeseffets sur leurs lecteurs (Collès & Dufays, 2007).ȱ En FL1, il semblerait opportun en outre d’inviter les élèves à s’approprier ces textes via une lectureȱ littéraire, c’estàdire un vaetvient entre la participation affective – fondée sur l’identification aux personnages et sur l’immersiondansl’illusionréférentielle–etladistanciationcritique– fondée sur les opérations de compréhension, d’interprétation et d’évaluation(Dufays,Gemenne&Ledur,2005). Mais pour rencontrer l’objectif commun d’ouverture à la diversité, dans les deux cas, un dispositif à privilégier est celui du groupement et de la comparaison d’extraits de textes témoignant d’unediversitéd’expériences,demotivations,d’enjeuxpropresaux «passeurs de langue». A partir de là, une diversité d’activités peuvent être envisagées: étudier et comparer les motivations de plusieursdecesécrivains;identifierdesscénarios,desthématiques et des écritures communes; s’interroger sur les effets et les enjeux produits par leurs textes,et sur la raison pour laquelleils occupent uneplacesiimportantedanslalittératurefrançaise.ȱȱ Mais pour rencontrer l’objectif commun d’ouverture à la diversité, dans les deux cas, un dispositif à privilégier est celui du groupement et de la comparaison d’extraits de textes témoignant d’unediversitéd’expériences,demotivations,d’enjeuxpropresaux «passeurs de langue». A partir de là, une diversité d’activités peuvent être envisagées: étudier et comparer les motivations de plusieursdecesécrivains;identifierdesscénarios,desthématiques et des écritures communes; s’interroger sur les effets et les enjeux produits par leurs textes,et sur la raison pour laquelleils occupent uneplacesiimportantedanslalittératurefrançaise.ȱȱ La conclusion idéale d’un tel parcours didactique consisteraitàinviterlesélèvesàpasseràl’acteàleurtourenrelatant parécritl’évolutiondeleurproprerapportàleurlanguematernelle et/ouàunelanguecultureétrangère.Laboucleseraitainsibouclée, puisque,enpartantduconstatdelaprégnancedecesauteursdans l’espace littéraire contemporain, l’étude de leurs raisons d’agir déboucherait sur la transmission et sur la didactisation de leur expérience. Quelle meilleure cohérence envisager dans les relations entrel’analyselittéraireetl’appropriationdidactique? ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ La conclusion idéale d’un tel parcours didactique consisteraitàinviterlesélèvesàpasseràl’acteàleurtourenrelatant parécritl’évolutiondeleurproprerapportàleurlanguematernelle et/ouàunelanguecultureétrangère.Laboucleseraitainsibouclée, puisque,enpartantduconstatdelaprégnancedecesauteursdans l’espace littéraire contemporain, l’étude de leurs raisons d’agir déboucherait sur la transmission et sur la didactisation de leur expérience. Quelle meilleure cohérence envisager dans les relations entrel’analyselittéraireetl’appropriationdidactique? ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ BENIAMINO Michel, 1999, Laȱ francophonieȱ littéraire.ȱ Essaiȱ pourȱ uneȱ théorie, Paris,L’Harmattan(Espacesfrancophones). BENIAMINO Michel, 1999, Laȱ francophonieȱ littéraire.ȱ Essaiȱ pourȱ uneȱ théorie, Paris,L’Harmattan(Espacesfrancophones). COLLES Luc et DUFAYS JeanLouis, 2007, «Du texte littéraire à la lecture littéraire : les enjeux d’un déplacement en classe de FLE/S», en collaboration avec, in Chiara Bemporad et Thérèse Jeanneret (dir.), COLLES Luc et DUFAYS JeanLouis, 2007, «Du texte littéraire à la lecture littéraire : les enjeux d’un déplacement en classe de FLE/S», en collaboration avec, in Chiara Bemporad et Thérèse Jeanneret (dir.), 60 60 enracinésdansuncontextedéterminéetvisantàproduiredeseffets sur leurs lecteurs (Collès & Dufays, 2007).ȱ En FL1, il semblerait opportun en outre d’inviter les élèves à s’approprier ces textes via une lectureȱ littéraire, c’estàdire un vaetvient entre la participation affective – fondée sur l’identification aux personnages et sur l’immersiondansl’illusionréférentielle–etladistanciationcritique– fondée sur les opérations de compréhension, d’interprétation et d’évaluation(Dufays,Gemenne&Ledur,2005). enracinésdansuncontextedéterminéetvisantàproduiredeseffets sur leurs lecteurs (Collès & Dufays, 2007).ȱ En FL1, il semblerait opportun en outre d’inviter les élèves à s’approprier ces textes via une lectureȱ littéraire, c’estàdire un vaetvient entre la participation affective – fondée sur l’identification aux personnages et sur l’immersiondansl’illusionréférentielle–etladistanciationcritique– fondée sur les opérations de compréhension, d’interprétation et d’évaluation(Dufays,Gemenne&Ledur,2005). Mais pour rencontrer l’objectif commun d’ouverture à la diversité, dans les deux cas, un dispositif à privilégier est celui du groupement et de la comparaison d’extraits de textes témoignant d’unediversitéd’expériences,demotivations,d’enjeuxpropresaux «passeurs de langue». A partir de là, une diversité d’activités peuvent être envisagées: étudier et comparer les motivations de plusieursdecesécrivains;identifierdesscénarios,desthématiques et des écritures communes; s’interroger sur les effets et les enjeux produits par leurs textes,et sur la raison pour laquelleils occupent uneplacesiimportantedanslalittératurefrançaise.ȱȱ Mais pour rencontrer l’objectif commun d’ouverture à la diversité, dans les deux cas, un dispositif à privilégier est celui du groupement et de la comparaison d’extraits de textes témoignant d’unediversitéd’expériences,demotivations,d’enjeuxpropresaux «passeurs de langue». A partir de là, une diversité d’activités peuvent être envisagées: étudier et comparer les motivations de plusieursdecesécrivains;identifierdesscénarios,desthématiques et des écritures communes; s’interroger sur les effets et les enjeux produits par leurs textes,et sur la raison pour laquelleils occupent uneplacesiimportantedanslalittératurefrançaise.ȱȱ La conclusion idéale d’un tel parcours didactique consisteraitàinviterlesélèvesàpasseràl’acteàleurtourenrelatant parécritl’évolutiondeleurproprerapportàleurlanguematernelle et/ouàunelanguecultureétrangère.Laboucleseraitainsibouclée, puisque,enpartantduconstatdelaprégnancedecesauteursdans l’espace littéraire contemporain, l’étude de leurs raisons d’agir déboucherait sur la transmission et sur la didactisation de leur expérience. Quelle meilleure cohérence envisager dans les relations entrel’analyselittéraireetl’appropriationdidactique? ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ La conclusion idéale d’un tel parcours didactique consisteraitàinviterlesélèvesàpasseràl’acteàleurtourenrelatant parécritl’évolutiondeleurproprerapportàleurlanguematernelle et/ouàunelanguecultureétrangère.Laboucleseraitainsibouclée, puisque,enpartantduconstatdelaprégnancedecesauteursdans l’espace littéraire contemporain, l’étude de leurs raisons d’agir déboucherait sur la transmission et sur la didactisation de leur expérience. Quelle meilleure cohérence envisager dans les relations entrel’analyselittéraireetl’appropriationdidactique? ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ BENIAMINO Michel, 1999, Laȱ francophonieȱ littéraire.ȱ Essaiȱ pourȱ uneȱ théorie, Paris,L’Harmattan(Espacesfrancophones). BENIAMINO Michel, 1999, Laȱ francophonieȱ littéraire.ȱ Essaiȱ pourȱ uneȱ théorie, Paris,L’Harmattan(Espacesfrancophones). COLLES Luc et DUFAYS JeanLouis, 2007, «Du texte littéraire à la lecture littéraire : les enjeux d’un déplacement en classe de FLE/S», en collaboration avec, in Chiara Bemporad et Thérèse Jeanneret (dir.), COLLES Luc et DUFAYS JeanLouis, 2007, «Du texte littéraire à la lecture littéraire : les enjeux d’un déplacement en classe de FLE/S», en collaboration avec, in Chiara Bemporad et Thérèse Jeanneret (dir.), 60 60 Lectureȱlittéraireȱetȱappropriationȱdesȱlanguesȱétrangères,Etudesȱdeȱlettres, n°4,pp.5370. Lectureȱlittéraireȱetȱappropriationȱdesȱlanguesȱétrangères,Etudesȱdeȱlettres, n°4,pp.5370. DELBART AnneRosine, 2004, Lesȱ exilésȱ duȱ langage.ȱ Unȱ siècleȱ d’écrivainsȱ françaisȱvenusȱd’ailleurs,Limoges,PressesuniversitairesdeLimoges. DELBART AnneRosine, 2004, Lesȱ exilésȱ duȱ langage.ȱ Unȱ siècleȱ d’écrivainsȱ françaisȱvenusȱd’ailleurs,Limoges,PressesuniversitairesdeLimoges. DUFAYS JeanLouis, GEMENNE Louis et LEDUR Dominique, 2005, Pourȱ uneȱlectureȱlittéraire.ȱHistoire,ȱthéories,ȱpistesȱpourȱlaȱclasse,Bruxelles,De Boeck(Savoirsenpratique). DUFAYS JeanLouis, GEMENNE Louis et LEDUR Dominique, 2005, Pourȱ uneȱlectureȱlittéraire.ȱHistoire,ȱthéories,ȱpistesȱpourȱlaȱclasse,Bruxelles,De Boeck(Savoirsenpratique). HUSTONNancy,2004,Professeursȱdeȱdésespoir,Arles,ActesSud. HUSTONNancy,2004,Professeursȱdeȱdésespoir,Arles,ActesSud. LAGNEAUX MarieCécile, 1988, Parcoursȱ surȱ leȱ thèmeȱ deȱ l’exilȱ enȱ classeȱ deȱ français(mémoiredelicenceenphilologieromaneinédit),Louvain laNeuve,UniversitécatholiquedeLouvain–Départementd’études romanes. LAGNEAUX MarieCécile, 1988, Parcoursȱ surȱ leȱ thèmeȱ deȱ l’exilȱ enȱ classeȱ deȱ français(mémoiredelicenceenphilologieromaneinédit),Louvain laNeuve,UniversitécatholiquedeLouvain–Départementd’études romanes. MAINGUENEAU Dominique, 2004, Leȱ discoursȱ littéraire.ȱ Paratopieȱ etȱ scèneȱ d’énonciation,Paris,ArmandColin(CollectionU). MAINGUENEAU Dominique, 2004, Leȱ discoursȱ littéraire.ȱ Paratopieȱ etȱ scèneȱ d’énonciation,Paris,ArmandColin(CollectionU). ȱ ȱ ABSTRACTȱ ABSTRACTȱ The writers who opted for French after having begun their literary career in their mother tongue are particularly many and they appear among the most important of their generation. This article presents at first an inventory of the works which, in the continuation of Delbart (2004), studied this problem of the « exiles of the language ». It analyzes then the stakes linguistic, literary and cultural, but also anthropological and existential associated with this experience. We attempt then to kick away the didactic stakes in the reading of these authors within the framework of the class of French, then we propose some tracks susceptible to facilitate their active appropriation in the perspective of a learning of the « literary reading », by taking into account necessities and respective possibilities of the public FL1 and FLE/S. The writers who opted for French after having begun their literary career in their mother tongue are particularly many and they appear among the most important of their generation. This article presents at first an inventory of the works which, in the continuation of Delbart (2004), studied this problem of the « exiles of the language ». It analyzes then the stakes linguistic, literary and cultural, but also anthropological and existential associated with this experience. We attempt then to kick away the didactic stakes in the reading of these authors within the framework of the class of French, then we propose some tracks susceptible to facilitate their active appropriation in the perspective of a learning of the « literary reading », by taking into account necessities and respective possibilities of the public FL1 and FLE/S. 61 61 Lectureȱlittéraireȱetȱappropriationȱdesȱlanguesȱétrangères,Etudesȱdeȱlettres, n°4,pp.5370. Lectureȱlittéraireȱetȱappropriationȱdesȱlanguesȱétrangères,Etudesȱdeȱlettres, n°4,pp.5370. DELBART AnneRosine, 2004, Lesȱ exilésȱ duȱ langage.ȱ Unȱ siècleȱ d’écrivainsȱ françaisȱvenusȱd’ailleurs,Limoges,PressesuniversitairesdeLimoges. DELBART AnneRosine, 2004, Lesȱ exilésȱ duȱ langage.ȱ Unȱ siècleȱ d’écrivainsȱ françaisȱvenusȱd’ailleurs,Limoges,PressesuniversitairesdeLimoges. DUFAYS JeanLouis, GEMENNE Louis et LEDUR Dominique, 2005, Pourȱ uneȱlectureȱlittéraire.ȱHistoire,ȱthéories,ȱpistesȱpourȱlaȱclasse,Bruxelles,De Boeck(Savoirsenpratique). DUFAYS JeanLouis, GEMENNE Louis et LEDUR Dominique, 2005, Pourȱ uneȱlectureȱlittéraire.ȱHistoire,ȱthéories,ȱpistesȱpourȱlaȱclasse,Bruxelles,De Boeck(Savoirsenpratique). HUSTONNancy,2004,Professeursȱdeȱdésespoir,Arles,ActesSud. HUSTONNancy,2004,Professeursȱdeȱdésespoir,Arles,ActesSud. LAGNEAUX MarieCécile, 1988, Parcoursȱ surȱ leȱ thèmeȱ deȱ l’exilȱ enȱ classeȱ deȱ français(mémoiredelicenceenphilologieromaneinédit),Louvain laNeuve,UniversitécatholiquedeLouvain–Départementd’études romanes. LAGNEAUX MarieCécile, 1988, Parcoursȱ surȱ leȱ thèmeȱ deȱ l’exilȱ enȱ classeȱ deȱ français(mémoiredelicenceenphilologieromaneinédit),Louvain laNeuve,UniversitécatholiquedeLouvain–Départementd’études romanes. MAINGUENEAU Dominique, 2004, Leȱ discoursȱ littéraire.ȱ Paratopieȱ etȱ scèneȱ d’énonciation,Paris,ArmandColin(CollectionU). MAINGUENEAU Dominique, 2004, Leȱ discoursȱ littéraire.ȱ Paratopieȱ etȱ scèneȱ d’énonciation,Paris,ArmandColin(CollectionU). ȱ ȱ ABSTRACTȱ ABSTRACTȱ The writers who opted for French after having begun their literary career in their mother tongue are particularly many and they appear among the most important of their generation. This article presents at first an inventory of the works which, in the continuation of Delbart (2004), studied this problem of the « exiles of the language ». It analyzes then the stakes linguistic, literary and cultural, but also anthropological and existential associated with this experience. We attempt then to kick away the didactic stakes in the reading of these authors within the framework of the class of French, then we propose some tracks susceptible to facilitate their active appropriation in the perspective of a learning of the « literary reading », by taking into account necessities and respective possibilities of the public FL1 and FLE/S. The writers who opted for French after having begun their literary career in their mother tongue are particularly many and they appear among the most important of their generation. This article presents at first an inventory of the works which, in the continuation of Delbart (2004), studied this problem of the « exiles of the language ». It analyzes then the stakes linguistic, literary and cultural, but also anthropological and existential associated with this experience. We attempt then to kick away the didactic stakes in the reading of these authors within the framework of the class of French, then we propose some tracks susceptible to facilitate their active appropriation in the perspective of a learning of the « literary reading », by taking into account necessities and respective possibilities of the public FL1 and FLE/S. 61 61 ȱ ȱ ȱ ȱ LAȱCLASSEȱDEȱFLEȱENTREȱDÉFENSEȱ IDENTITAIREȱETȱOUVERTUREȱSURȱ L’AUTRE LAȱCLASSEȱDEȱFLEȱENTREȱDÉFENSEȱ IDENTITAIREȱETȱOUVERTUREȱSURȱ L’AUTRE SamehȱHAMEDȱ FacultéȱdesȱLettresȱetȱdesȱSciencesȱhumainesȱdeȱSousse,ȱ Tunisieȱ SamehȱHAMEDȱ FacultéȱdesȱLettresȱetȱdesȱSciencesȱhumainesȱdeȱSousse,ȱ Tunisieȱ 1.ȱPERSPECTIVEȱTHÉORIQUEȱ Laclassedefrançaislangueétrangèreestlelieuidéalpourla miseenœuvred’unedémarcheinterculturelle,puisquec’estdansce contexte que l’élève prend conscience des spécificités de sa propre langue/cultureaucontactd’unelangue/culturequiluiestétrangère. Etc’estplusparticulièrementàtraverslestexteslittéraires(vecteurs de cette langue/culture) qu’il pourra intégrer la culture de l’Autre, autrementditsemettreàdistanceduconnuetobjectiversonpropre systèmederéférencesafindepouvoiradmettred’autresperspectives commel’affirmeAbdallahPretceille(1992:126).Danscettedistance qu’on prend par rapport à soi, les œuvres littéraires jouent un rôle primordial parce que les élèves peuvent y retrouver des échos de leurs propres interrogations, des sources de compréhension, d’ouverture, d’enrichissement, des points d’appui essentiels pour remettreenquestionleursréférences. Ainsi, si l’enseignant adopte la démarche appropriée, il pourrait les conduire à connaître l’Autre et enȱ mêmeȱ temps à se connaîtreeuxmêmesàtraverslui.Nousrejoignonsainsilespropos deA.Séoudquandilaffirmeque: ȱ 1.ȱPERSPECTIVEȱTHÉORIQUEȱ Laclassedefrançaislangueétrangèreestlelieuidéalpourla miseenœuvred’unedémarcheinterculturelle,puisquec’estdansce contexte que l’élève prend conscience des spécificités de sa propre langue/cultureaucontactd’unelangue/culturequiluiestétrangère. Etc’estplusparticulièrementàtraverslestexteslittéraires(vecteurs de cette langue/culture) qu’il pourra intégrer la culture de l’Autre, autrementditsemettreàdistanceduconnuetobjectiversonpropre systèmederéférencesafindepouvoiradmettred’autresperspectives commel’affirmeAbdallahPretceille(1992:126).Danscettedistance qu’on prend par rapport à soi, les œuvres littéraires jouent un rôle primordial parce que les élèves peuvent y retrouver des échos de leurs propres interrogations, des sources de compréhension, d’ouverture, d’enrichissement, des points d’appui essentiels pour remettreenquestionleursréférences. Ainsi, si l’enseignant adopte la démarche appropriée, il pourrait les conduire à connaître l’Autre et enȱ mêmeȱ temps à se connaîtreeuxmêmesàtraverslui.Nousrejoignonsainsilespropos deA.Séoudquandilaffirmeque: ȱ Ceȱ n’estȱ qu’enȱ étantȱ confrontéȱ àȱ laȱ cultureȱ deȱ l’autreȱ queȱ nousȱ pouvonsȱ percevoirȱceȱquiȱfondeȱnosȱspécificitésȱculturelles,ȱsiȱbienȱqu’uneȱapprocheȱ 62 Ceȱ n’estȱ qu’enȱ étantȱ confrontéȱ àȱ laȱ cultureȱ deȱ l’autreȱ queȱ nousȱ pouvonsȱ percevoirȱceȱquiȱfondeȱnosȱspécificitésȱculturelles,ȱsiȱbienȱqu’uneȱapprocheȱ 62 ȱ ȱ ȱ ȱ LAȱCLASSEȱDEȱFLEȱENTREȱDÉFENSEȱ IDENTITAIREȱETȱOUVERTUREȱSURȱ L’AUTRE LAȱCLASSEȱDEȱFLEȱENTREȱDÉFENSEȱ IDENTITAIREȱETȱOUVERTUREȱSURȱ L’AUTRE SamehȱHAMEDȱ FacultéȱdesȱLettresȱetȱdesȱSciencesȱhumainesȱdeȱSousse,ȱ Tunisieȱ SamehȱHAMEDȱ FacultéȱdesȱLettresȱetȱdesȱSciencesȱhumainesȱdeȱSousse,ȱ Tunisieȱ 1.ȱPERSPECTIVEȱTHÉORIQUEȱ Laclassedefrançaislangueétrangèreestlelieuidéalpourla miseenœuvred’unedémarcheinterculturelle,puisquec’estdansce contexte que l’élève prend conscience des spécificités de sa propre langue/cultureaucontactd’unelangue/culturequiluiestétrangère. Etc’estplusparticulièrementàtraverslestexteslittéraires(vecteurs de cette langue/culture) qu’il pourra intégrer la culture de l’Autre, autrementditsemettreàdistanceduconnuetobjectiversonpropre systèmederéférencesafindepouvoiradmettred’autresperspectives commel’affirmeAbdallahPretceille(1992:126).Danscettedistance qu’on prend par rapport à soi, les œuvres littéraires jouent un rôle primordial parce que les élèves peuvent y retrouver des échos de leurs propres interrogations, des sources de compréhension, d’ouverture, d’enrichissement, des points d’appui essentiels pour remettreenquestionleursréférences. Ainsi, si l’enseignant adopte la démarche appropriée, il pourrait les conduire à connaître l’Autre et enȱ mêmeȱ temps à se connaîtreeuxmêmesàtraverslui.Nousrejoignonsainsilespropos deA.Séoudquandilaffirmeque: ȱ 1.ȱPERSPECTIVEȱTHÉORIQUEȱ Laclassedefrançaislangueétrangèreestlelieuidéalpourla miseenœuvred’unedémarcheinterculturelle,puisquec’estdansce contexte que l’élève prend conscience des spécificités de sa propre langue/cultureaucontactd’unelangue/culturequiluiestétrangère. Etc’estplusparticulièrementàtraverslestexteslittéraires(vecteurs de cette langue/culture) qu’il pourra intégrer la culture de l’Autre, autrementditsemettreàdistanceduconnuetobjectiversonpropre systèmederéférencesafindepouvoiradmettred’autresperspectives commel’affirmeAbdallahPretceille(1992:126).Danscettedistance qu’on prend par rapport à soi, les œuvres littéraires jouent un rôle primordial parce que les élèves peuvent y retrouver des échos de leurs propres interrogations, des sources de compréhension, d’ouverture, d’enrichissement, des points d’appui essentiels pour remettreenquestionleursréférences. Ainsi, si l’enseignant adopte la démarche appropriée, il pourrait les conduire à connaître l’Autre et enȱ mêmeȱ temps à se connaîtreeuxmêmesàtraverslui.Nousrejoignonsainsilespropos deA.Séoudquandilaffirmeque: ȱ Ceȱ n’estȱ qu’enȱ étantȱ confrontéȱ àȱ laȱ cultureȱ deȱ l’autreȱ queȱ nousȱ pouvonsȱ percevoirȱceȱquiȱfondeȱnosȱspécificitésȱculturelles,ȱsiȱbienȱqu’uneȱapprocheȱ 62 Ceȱ n’estȱ qu’enȱ étantȱ confrontéȱ àȱ laȱ cultureȱ deȱ l’autreȱ queȱ nousȱ pouvonsȱ percevoirȱceȱquiȱfondeȱnosȱspécificitésȱculturelles,ȱsiȱbienȱqu’uneȱapprocheȱ 62 interculturelleȱ permetȱ à la foisȱ deȱ découvrirȱ l’autreȱ etȱ deȱ seȱ découvrirȱ «ȱsoiȬmêmeȱcommeȱunȱautreȱ»ȱ(P.Ricoeur)ȱ:ȱonȱparleȱdeȱl’autre,ȱcommeȱonȱ parleraitȱdeȱsoi,ȱenȱs’identifiantȱàȱlui,ȱpourȱleȱcomprendreȱ;ȱetȱenȱretourȱonȱ parleȱdeȱsoi,ȱcommeȱd’unȱautre,ȱpourȱseȱcomprendre.ȱC’estȱàȱtraversȱceȱjeuȱ d’identificationȱ etȱ deȱ distanciationȱ queȱ l’éducationȱ interculturelleȱ devientȱ uneȱéducationȱidentitaire,ȱoùȱleȱsujetȱestȱàȱnouveauȱleȱcentreȱdeȱsesȱpropresȱ préoccupations.(1997:223) interculturelleȱ permetȱ à la foisȱ deȱ découvrirȱ l’autreȱ etȱ deȱ seȱ découvrirȱ «ȱsoiȬmêmeȱcommeȱunȱautreȱ»ȱ(P.Ricoeur)ȱ:ȱonȱparleȱdeȱl’autre,ȱcommeȱonȱ parleraitȱdeȱsoi,ȱenȱs’identifiantȱàȱlui,ȱpourȱleȱcomprendreȱ;ȱetȱenȱretourȱonȱ parleȱdeȱsoi,ȱcommeȱd’unȱautre,ȱpourȱseȱcomprendre.ȱC’estȱàȱtraversȱceȱjeuȱ d’identificationȱ etȱ deȱ distanciationȱ queȱ l’éducationȱ interculturelleȱ devientȱ uneȱéducationȱidentitaire,ȱoùȱleȱsujetȱestȱàȱnouveauȱleȱcentreȱdeȱsesȱpropresȱ préoccupations.(1997:223) Quel meilleur objectif pouvonsnous assigner à la littérature pour qu’elle permette aux élèves d’adhérer à son enseignement, quelle meilleure façon pour faire que l’élève s’implique dans l’activitédelectureenchangeantlavisionqu’ilavaitdeluimêmeet dumondequil’entoure? 2.ȱ OBJECTIFSȱ GÉNÉRAUX.ȱ DÉROULEMENTȱ DEȱ L’EXPÉRIENCEȱȱ Nous nous proposons dans le présent travail de rendre compte d’une séance de lecture, une expérience effectuée dans une situation authentique de classe, avec des élèves de troisième année secondaire(équivalentdelapremièreenFrance).335élèvesontété soumis à cette expérience dans dix classes différentes et pendant deux années scolaires consécutives (20032004 et 20042005). Le travail que nous présenterons aujourd’hui est un résumé des différentesétapesdesséancesdelecturequenousavonsconduiteset celles auxquelles nous avons pu assister et que nous avons pris la peinedeprépareraveclescollèguesquiontbienvouluparticiperà l’expérience. Quel meilleur objectif pouvonsnous assigner à la littérature pour qu’elle permette aux élèves d’adhérer à son enseignement, quelle meilleure façon pour faire que l’élève s’implique dans l’activitédelectureenchangeantlavisionqu’ilavaitdeluimêmeet dumondequil’entoure? 2.ȱ OBJECTIFSȱ GÉNÉRAUX.ȱ DÉROULEMENTȱ DEȱ L’EXPÉRIENCEȱȱ Nous nous proposons dans le présent travail de rendre compte d’une séance de lecture, une expérience effectuée dans une situation authentique de classe, avec des élèves de troisième année secondaire(équivalentdelapremièreenFrance).335élèvesontété soumis à cette expérience dans dix classes différentes et pendant deux années scolaires consécutives (20032004 et 20042005). Le travail que nous présenterons aujourd’hui est un résumé des différentesétapesdesséancesdelecturequenousavonsconduiteset celles auxquelles nous avons pu assister et que nous avons pris la peinedeprépareraveclescollèguesquiontbienvouluparticiperà l’expérience. Nousavonsessayé,autantquefairesepeut,d’appliquerles éléments théoriques proposés par les théoriciens de l’interculturel, poursortirducadreclassiquedel’explicationdutexteetpartirvers cequeAmorSéoudaappeléunelecture«appropriative»(1997:57) c’estàdire«créatrice»dutexte,danslaquellelaculturedel’élève, loind’êtreunobstacle,seraconsidérécommeunenrichissementde sonrapportavecletexte. Nousavonsessayé,autantquefairesepeut,d’appliquerles éléments théoriques proposés par les théoriciens de l’interculturel, poursortirducadreclassiquedel’explicationdutexteetpartirvers cequeAmorSéoudaappeléunelecture«appropriative»(1997:57) c’estàdire«créatrice»dutexte,danslaquellelaculturedel’élève, loind’êtreunobstacle,seraconsidérécommeunenrichissementde sonrapportavecletexte. 63 63 interculturelleȱ permetȱ à la foisȱ deȱ découvrirȱ l’autreȱ etȱ deȱ seȱ découvrirȱ «ȱsoiȬmêmeȱcommeȱunȱautreȱ»ȱ(P.Ricoeur)ȱ:ȱonȱparleȱdeȱl’autre,ȱcommeȱonȱ parleraitȱdeȱsoi,ȱenȱs’identifiantȱàȱlui,ȱpourȱleȱcomprendreȱ;ȱetȱenȱretourȱonȱ parleȱdeȱsoi,ȱcommeȱd’unȱautre,ȱpourȱseȱcomprendre.ȱC’estȱàȱtraversȱceȱjeuȱ d’identificationȱ etȱ deȱ distanciationȱ queȱ l’éducationȱ interculturelleȱ devientȱ uneȱéducationȱidentitaire,ȱoùȱleȱsujetȱestȱàȱnouveauȱleȱcentreȱdeȱsesȱpropresȱ préoccupations.(1997:223) interculturelleȱ permetȱ à la foisȱ deȱ découvrirȱ l’autreȱ etȱ deȱ seȱ découvrirȱ «ȱsoiȬmêmeȱcommeȱunȱautreȱ»ȱ(P.Ricoeur)ȱ:ȱonȱparleȱdeȱl’autre,ȱcommeȱonȱ parleraitȱdeȱsoi,ȱenȱs’identifiantȱàȱlui,ȱpourȱleȱcomprendreȱ;ȱetȱenȱretourȱonȱ parleȱdeȱsoi,ȱcommeȱd’unȱautre,ȱpourȱseȱcomprendre.ȱC’estȱàȱtraversȱceȱjeuȱ d’identificationȱ etȱ deȱ distanciationȱ queȱ l’éducationȱ interculturelleȱ devientȱ uneȱéducationȱidentitaire,ȱoùȱleȱsujetȱestȱàȱnouveauȱleȱcentreȱdeȱsesȱpropresȱ préoccupations.(1997:223) Quel meilleur objectif pouvonsnous assigner à la littérature pour qu’elle permette aux élèves d’adhérer à son enseignement, quelle meilleure façon pour faire que l’élève s’implique dans l’activitédelectureenchangeantlavisionqu’ilavaitdeluimêmeet dumondequil’entoure? 2.ȱ OBJECTIFSȱ GÉNÉRAUX.ȱ DÉROULEMENTȱ DEȱ L’EXPÉRIENCEȱȱ Nous nous proposons dans le présent travail de rendre compte d’une séance de lecture, une expérience effectuée dans une situation authentique de classe, avec des élèves de troisième année secondaire(équivalentdelapremièreenFrance).335élèvesontété soumis à cette expérience dans dix classes différentes et pendant deux années scolaires consécutives (20032004 et 20042005). Le travail que nous présenterons aujourd’hui est un résumé des différentesétapesdesséancesdelecturequenousavonsconduiteset celles auxquelles nous avons pu assister et que nous avons pris la peinedeprépareraveclescollèguesquiontbienvouluparticiperà l’expérience. Quel meilleur objectif pouvonsnous assigner à la littérature pour qu’elle permette aux élèves d’adhérer à son enseignement, quelle meilleure façon pour faire que l’élève s’implique dans l’activitédelectureenchangeantlavisionqu’ilavaitdeluimêmeet dumondequil’entoure? 2.ȱ OBJECTIFSȱ GÉNÉRAUX.ȱ DÉROULEMENTȱ DEȱ L’EXPÉRIENCEȱȱ Nous nous proposons dans le présent travail de rendre compte d’une séance de lecture, une expérience effectuée dans une situation authentique de classe, avec des élèves de troisième année secondaire(équivalentdelapremièreenFrance).335élèvesontété soumis à cette expérience dans dix classes différentes et pendant deux années scolaires consécutives (20032004 et 20042005). Le travail que nous présenterons aujourd’hui est un résumé des différentesétapesdesséancesdelecturequenousavonsconduiteset celles auxquelles nous avons pu assister et que nous avons pris la peinedeprépareraveclescollèguesquiontbienvouluparticiperà l’expérience. Nousavonsessayé,autantquefairesepeut,d’appliquerles éléments théoriques proposés par les théoriciens de l’interculturel, poursortirducadreclassiquedel’explicationdutexteetpartirvers cequeAmorSéoudaappeléunelecture«appropriative»(1997:57) c’estàdire«créatrice»dutexte,danslaquellelaculturedel’élève, loind’êtreunobstacle,seraconsidérécommeunenrichissementde sonrapportavecletexte. Nousavonsessayé,autantquefairesepeut,d’appliquerles éléments théoriques proposés par les théoriciens de l’interculturel, poursortirducadreclassiquedel’explicationdutexteetpartirvers cequeAmorSéoudaappeléunelecture«appropriative»(1997:57) c’estàdire«créatrice»dutexte,danslaquellelaculturedel’élève, loind’êtreunobstacle,seraconsidérécommeunenrichissementde sonrapportavecletexte. 63 63 Ilfautaussipréciserqueparsoucisdeconcisionnousavons retenu les réponses les plus pertinentes qui permettent de se faire uneidéeplusprécisesurlesréactionsdesélèvestunisiensfaceàun textecommeceluiquenousnousproposonsd’étudier.Ils’agitd’un extrait de la nouvelle: Parȱ unȱ soirȱ deȱ printemps de Maupassant, qui met en scène le quotidien d’une vieille fille, qui vit avec ses deux sœurs,veuves,etleursenfants. Ilfautaussipréciserqueparsoucisdeconcisionnousavons retenu les réponses les plus pertinentes qui permettent de se faire uneidéeplusprécisesurlesréactionsdesélèvestunisiensfaceàun textecommeceluiquenousnousproposonsd’étudier.Ils’agitd’un extrait de la nouvelle: Parȱ unȱ soirȱ deȱ printemps de Maupassant, qui met en scène le quotidien d’une vieille fille, qui vit avec ses deux sœurs,veuves,etleursenfants. La première question posée aux élèves était la suivante: «ȱBienȱ queȱ vivantȱ dansȱ saȱ famille,ȱ Lisonȱ estȱ uneȱ femmeȱ seule,ȱ àȱ quoiȱ celaȱ estȬilȱdûȱ?ȱ».C’estunequestionpuiséedansleurmanueletquiinvite lesélèvesàanalyserlesraisonsdelasolitudedeLison.Lesréponses proposées mettent l’accent sur le fait que cette solitude est due à la cruautédesessœursetàlafroideurquicaractériselesrelationsentre les membres de cette famille. Certaines réponses étaient généralisantes, puisqu’elles ont ramé le tort à toute la société française, dans laquelle les liens familiaux se dissolvent et dans laquelle personne ne s’occupe du bienêtre de son prochain et ceci contrairementàleurpropresociété.Nousyreviendronsplustard. La première question posée aux élèves était la suivante: «ȱBienȱ queȱ vivantȱ dansȱ saȱ famille,ȱ Lisonȱ estȱ uneȱ femmeȱ seule,ȱ àȱ quoiȱ celaȱ estȬilȱdûȱ?ȱ».C’estunequestionpuiséedansleurmanueletquiinvite lesélèvesàanalyserlesraisonsdelasolitudedeLison.Lesréponses proposées mettent l’accent sur le fait que cette solitude est due à la cruautédesessœursetàlafroideurquicaractériselesrelationsentre les membres de cette famille. Certaines réponses étaient généralisantes, puisqu’elles ont ramé le tort à toute la société française, dans laquelle les liens familiaux se dissolvent et dans laquelle personne ne s’occupe du bienêtre de son prochain et ceci contrairementàleurpropresociété.Nousyreviendronsplustard. Justement, la deuxième question, que nous avons élaboré pourapprofondirlaréflexiondesélèves,leurapermisd’allerencore plusdanscesens,puisquenousleuravonsdemandédequalifierles sentiments que portent les membres de la famille à Lison et de les justifier. Les réponses étaient unanimes et regroupaient les sentimentsd’indifférence,defroideur,deméprisqueressentaitpour cettepauvrevieillefillelesmembresdesafamille. Justement, la deuxième question, que nous avons élaboré pourapprofondirlaréflexiondesélèves,leurapermisd’allerencore plusdanscesens,puisquenousleuravonsdemandédequalifierles sentiments que portent les membres de la famille à Lison et de les justifier. Les réponses étaient unanimes et regroupaient les sentimentsd’indifférence,defroideur,deméprisqueressentaitpour cettepauvrevieillefillelesmembresdesafamille. Quant aux raisons profondes de cette attitude, elles ont été ramenéesparlesunsàlapeurduregardd’autrui,etparlesautresà uneraisonplusgénérale,àsavoirl’indifférencedetouslesFrançais, unesortedecaractèrenational.Pourjustifierleurpropos,lesélèves sesontréférés,danslecasprésent,auxphrasessuivantes: Quant aux raisons profondes de cette attitude, elles ont été ramenéesparlesunsàlapeurduregardd’autrui,etparlesautresà uneraisonplusgénérale,àsavoirl’indifférencedetouslesFrançais, unesortedecaractèrenational.Pourjustifierleurpropos,lesélèves sesontréférés,danslecasprésent,auxphrasessuivantes: Lesȱ deuxȱ sœurs,ȱ quiȱ étaientȱ veuves,ȱ ayantȱ uneȱ placeȱ dansȱ leȱ monde,ȱ laȱ considéraientȱ unȱ peuȱ commeȱ unȱ êtreȱ insignifiant.ȱ Onȱ laȱ traitaitȱ avecȱ uneȱ familiaritéȱsansȱgêneȱqueȱcachaitȱuneȱsorteȱdeȱbontéȱunȱpeuȱméprisanteȱpourȱ laȱvieilleȱfille. Lesȱ deuxȱ sœurs,ȱ quiȱ étaientȱ veuves,ȱ ayantȱ uneȱ placeȱ dansȱ leȱ monde,ȱ laȱ considéraientȱ unȱ peuȱ commeȱ unȱ êtreȱ insignifiant.ȱ Onȱ laȱ traitaitȱ avecȱ uneȱ familiaritéȱsansȱgêneȱqueȱcachaitȱuneȱsorteȱdeȱbontéȱunȱpeuȱméprisanteȱpourȱ laȱvieilleȱfille. 64 64 Ilfautaussipréciserqueparsoucisdeconcisionnousavons retenu les réponses les plus pertinentes qui permettent de se faire uneidéeplusprécisesurlesréactionsdesélèvestunisiensfaceàun textecommeceluiquenousnousproposonsd’étudier.Ils’agitd’un extrait de la nouvelle: Parȱ unȱ soirȱ deȱ printemps de Maupassant, qui met en scène le quotidien d’une vieille fille, qui vit avec ses deux sœurs,veuves,etleursenfants. Ilfautaussipréciserqueparsoucisdeconcisionnousavons retenu les réponses les plus pertinentes qui permettent de se faire uneidéeplusprécisesurlesréactionsdesélèvestunisiensfaceàun textecommeceluiquenousnousproposonsd’étudier.Ils’agitd’un extrait de la nouvelle: Parȱ unȱ soirȱ deȱ printemps de Maupassant, qui met en scène le quotidien d’une vieille fille, qui vit avec ses deux sœurs,veuves,etleursenfants. La première question posée aux élèves était la suivante: «ȱBienȱ queȱ vivantȱ dansȱ saȱ famille,ȱ Lisonȱ estȱ uneȱ femmeȱ seule,ȱ àȱ quoiȱ celaȱ estȬilȱdûȱ?ȱ».C’estunequestionpuiséedansleurmanueletquiinvite lesélèvesàanalyserlesraisonsdelasolitudedeLison.Lesréponses proposées mettent l’accent sur le fait que cette solitude est due à la cruautédesessœursetàlafroideurquicaractériselesrelationsentre les membres de cette famille. Certaines réponses étaient généralisantes, puisqu’elles ont ramé le tort à toute la société française, dans laquelle les liens familiaux se dissolvent et dans laquelle personne ne s’occupe du bienêtre de son prochain et ceci contrairementàleurpropresociété.Nousyreviendronsplustard. La première question posée aux élèves était la suivante: «ȱBienȱ queȱ vivantȱ dansȱ saȱ famille,ȱ Lisonȱ estȱ uneȱ femmeȱ seule,ȱ àȱ quoiȱ celaȱ estȬilȱdûȱ?ȱ».C’estunequestionpuiséedansleurmanueletquiinvite lesélèvesàanalyserlesraisonsdelasolitudedeLison.Lesréponses proposées mettent l’accent sur le fait que cette solitude est due à la cruautédesessœursetàlafroideurquicaractériselesrelationsentre les membres de cette famille. Certaines réponses étaient généralisantes, puisqu’elles ont ramé le tort à toute la société française, dans laquelle les liens familiaux se dissolvent et dans laquelle personne ne s’occupe du bienêtre de son prochain et ceci contrairementàleurpropresociété.Nousyreviendronsplustard. Justement, la deuxième question, que nous avons élaboré pourapprofondirlaréflexiondesélèves,leurapermisd’allerencore plusdanscesens,puisquenousleuravonsdemandédequalifierles sentiments que portent les membres de la famille à Lison et de les justifier. Les réponses étaient unanimes et regroupaient les sentimentsd’indifférence,defroideur,deméprisqueressentaitpour cettepauvrevieillefillelesmembresdesafamille. Justement, la deuxième question, que nous avons élaboré pourapprofondirlaréflexiondesélèves,leurapermisd’allerencore plusdanscesens,puisquenousleuravonsdemandédequalifierles sentiments que portent les membres de la famille à Lison et de les justifier. Les réponses étaient unanimes et regroupaient les sentimentsd’indifférence,defroideur,deméprisqueressentaitpour cettepauvrevieillefillelesmembresdesafamille. Quant aux raisons profondes de cette attitude, elles ont été ramenéesparlesunsàlapeurduregardd’autrui,etparlesautresà uneraisonplusgénérale,àsavoirl’indifférencedetouslesFrançais, unesortedecaractèrenational.Pourjustifierleurpropos,lesélèves sesontréférés,danslecasprésent,auxphrasessuivantes: Quant aux raisons profondes de cette attitude, elles ont été ramenéesparlesunsàlapeurduregardd’autrui,etparlesautresà uneraisonplusgénérale,àsavoirl’indifférencedetouslesFrançais, unesortedecaractèrenational.Pourjustifierleurpropos,lesélèves sesontréférés,danslecasprésent,auxphrasessuivantes: Lesȱ deuxȱ sœurs,ȱ quiȱ étaientȱ veuves,ȱ ayantȱ uneȱ placeȱ dansȱ leȱ monde,ȱ laȱ considéraientȱ unȱ peuȱ commeȱ unȱ êtreȱ insignifiant.ȱ Onȱ laȱ traitaitȱ avecȱ uneȱ familiaritéȱsansȱgêneȱqueȱcachaitȱuneȱsorteȱdeȱbontéȱunȱpeuȱméprisanteȱpourȱ laȱvieilleȱfille. Lesȱ deuxȱ sœurs,ȱ quiȱ étaientȱ veuves,ȱ ayantȱ uneȱ placeȱ dansȱ leȱ monde,ȱ laȱ considéraientȱ unȱ peuȱ commeȱ unȱ êtreȱ insignifiant.ȱ Onȱ laȱ traitaitȱ avecȱ uneȱ familiaritéȱsansȱgêneȱqueȱcachaitȱuneȱsorteȱdeȱbontéȱunȱpeuȱméprisanteȱpourȱ laȱvieilleȱfille. 64 64 Cetteȱ bontéȱ méprisanteȱ neȱ pourraitȱ êtreȱ sincère,ȱ dit l’une des élèves,ȱ c’estȱ uneȱ bontéȱ hypocriteȱ carȱ c’estȱ àȱ causeȱ deȱ laȱ sociétéȱ etȱ deȱ l’opinionȱ desȱ autresȱqu’ellesȱsontȱobligéesȱd’êtreȱgentillesȱavecȱelle, oualors:ellesȱneȱpeuventȱenvoyerȱleurȱsœurȱàȱl’hospiceȱàȱcauseȱdeȱceȱqueȱ dirontȱlesȱgens, ouencore:LisonȱvaȱpeutȬêtreȱlaisserȱunȱhéritage,ȱalorsȱsaȱfamilleȱdoitȱlaȱ supporter,ȱmaisȱelleȱestȱmiseȱenȱisolementȱdansȱsaȱchambre,ȱjusqu’àȱsaȱmort. Cetteȱ bontéȱ méprisanteȱ neȱ pourraitȱ êtreȱ sincère,ȱ dit l’une des élèves,ȱ c’estȱ uneȱ bontéȱ hypocriteȱ carȱ c’estȱ àȱ causeȱ deȱ laȱ sociétéȱ etȱ deȱ l’opinionȱ desȱ autresȱqu’ellesȱsontȱobligéesȱd’êtreȱgentillesȱavecȱelle, oualors:ellesȱneȱpeuventȱenvoyerȱleurȱsœurȱàȱl’hospiceȱàȱcauseȱdeȱceȱqueȱ dirontȱlesȱgens, ouencore:LisonȱvaȱpeutȬêtreȱlaisserȱunȱhéritage,ȱalorsȱsaȱfamilleȱdoitȱlaȱ supporter,ȱmaisȱelleȱestȱmiseȱenȱisolementȱdansȱsaȱchambre,ȱjusqu’àȱsaȱmort. 3.ȱANALYSEȱDUȱCORPUSȱ ȱ Onpeutnoteràtraverslesréponsesquelesélèvescherchent une raison plausible à un comportement incompréhensible, et pour ce faire, ils puisent dans leur propre culture, dans ce qui fait partie deleurquotidien,parexemple,lapeurdu«qu’endiraton». En parlant de ce sentiment d’indifférence éprouvé par la famille envers la vieille fille, un élève a présenté en l’analysant une autre justification tirée du texte, à savoir la phrase:ȱLesȱ enfantsȱ neȱ montaientȱ jamaisȱ l’embrasserȱ dansȱ saȱ chambre.ȱ Laȱ bonneȱ seuleȱ pénétraitȱ chezȱ elle. Pour cet élève, Lison est considérée comme inférieure aux autrespersonnesquihabitentlamaison,puisqueseulelabonnevala voirdanssachambre.ȱȱ ȱ 3.ȱANALYSEȱDUȱCORPUSȱ ȱ Onpeutnoteràtraverslesréponsesquelesélèvescherchent une raison plausible à un comportement incompréhensible, et pour ce faire, ils puisent dans leur propre culture, dans ce qui fait partie deleurquotidien,parexemple,lapeurdu«qu’endiraton». En parlant de ce sentiment d’indifférence éprouvé par la famille envers la vieille fille, un élève a présenté en l’analysant une autre justification tirée du texte, à savoir la phrase:ȱLesȱ enfantsȱ neȱ montaientȱ jamaisȱ l’embrasserȱ dansȱ saȱ chambre.ȱ Laȱ bonneȱ seuleȱ pénétraitȱ chezȱ elle. Pour cet élève, Lison est considérée comme inférieure aux autrespersonnesquihabitentlamaison,puisqueseulelabonnevala voirdanssachambre.ȱȱ ȱ ȱLesȱ enfantsȱ sontȱ influencésȱ parȱ leȱ comportementȱ deȱ leurȱ parents,ȱ ditil,ȱ sinon,ȱilsȱseraientȱtoujoursȱavecȱleurȱvieilleȱtante,ȱquiȱpourraitȱleurȱraconterȱ desȱhistoiresȱetȱs’occuperȱd’eux.ȱ ȱLesȱ enfantsȱ sontȱ influencésȱ parȱ leȱ comportementȱ deȱ leurȱ parents,ȱ ditil,ȱ sinon,ȱilsȱseraientȱtoujoursȱavecȱleurȱvieilleȱtante,ȱquiȱpourraitȱleurȱraconterȱ desȱhistoiresȱetȱs’occuperȱd’eux.ȱ ȱ La réponse de l’élève contient une vérité culturellement marquée. En effet, dans le monde arabe, la vieille fille, qui est récupérée par l’un des membres de la famille, à la mort de ses parents, acquiert un statut particulier, celui de «nurse», à qui l’on confie volontiers les enfants des frères et sœurs. Et il est communément connu dans la culture arabe, que ces personnes s’occupent très bien des enfants puisqu’elles trouvent l’occasion de canaliser leur surplus de tendresse en jouant le rôle de mère dont elles ont été privées par le célibat. C’est pourquoi les élèves ȱ La réponse de l’élève contient une vérité culturellement marquée. En effet, dans le monde arabe, la vieille fille, qui est récupérée par l’un des membres de la famille, à la mort de ses parents, acquiert un statut particulier, celui de «nurse», à qui l’on confie volontiers les enfants des frères et sœurs. Et il est communément connu dans la culture arabe, que ces personnes s’occupent très bien des enfants puisqu’elles trouvent l’occasion de canaliser leur surplus de tendresse en jouant le rôle de mère dont elles ont été privées par le célibat. C’est pourquoi les élèves 65 65 Cetteȱ bontéȱ méprisanteȱ neȱ pourraitȱ êtreȱ sincère,ȱ dit l’une des élèves,ȱ c’estȱ uneȱ bontéȱ hypocriteȱ carȱ c’estȱ àȱ causeȱ deȱ laȱ sociétéȱ etȱ deȱ l’opinionȱ desȱ autresȱqu’ellesȱsontȱobligéesȱd’êtreȱgentillesȱavecȱelle, oualors:ellesȱneȱpeuventȱenvoyerȱleurȱsœurȱàȱl’hospiceȱàȱcauseȱdeȱceȱqueȱ dirontȱlesȱgens, ouencore:LisonȱvaȱpeutȬêtreȱlaisserȱunȱhéritage,ȱalorsȱsaȱfamilleȱdoitȱlaȱ supporter,ȱmaisȱelleȱestȱmiseȱenȱisolementȱdansȱsaȱchambre,ȱjusqu’àȱsaȱmort. Cetteȱ bontéȱ méprisanteȱ neȱ pourraitȱ êtreȱ sincère,ȱ dit l’une des élèves,ȱ c’estȱ uneȱ bontéȱ hypocriteȱ carȱ c’estȱ àȱ causeȱ deȱ laȱ sociétéȱ etȱ deȱ l’opinionȱ desȱ autresȱqu’ellesȱsontȱobligéesȱd’êtreȱgentillesȱavecȱelle, oualors:ellesȱneȱpeuventȱenvoyerȱleurȱsœurȱàȱl’hospiceȱàȱcauseȱdeȱceȱqueȱ dirontȱlesȱgens, ouencore:LisonȱvaȱpeutȬêtreȱlaisserȱunȱhéritage,ȱalorsȱsaȱfamilleȱdoitȱlaȱ supporter,ȱmaisȱelleȱestȱmiseȱenȱisolementȱdansȱsaȱchambre,ȱjusqu’àȱsaȱmort. 3.ȱANALYSEȱDUȱCORPUSȱ ȱ Onpeutnoteràtraverslesréponsesquelesélèvescherchent une raison plausible à un comportement incompréhensible, et pour ce faire, ils puisent dans leur propre culture, dans ce qui fait partie deleurquotidien,parexemple,lapeurdu«qu’endiraton». En parlant de ce sentiment d’indifférence éprouvé par la famille envers la vieille fille, un élève a présenté en l’analysant une autre justification tirée du texte, à savoir la phrase:ȱLesȱ enfantsȱ neȱ montaientȱ jamaisȱ l’embrasserȱ dansȱ saȱ chambre.ȱ Laȱ bonneȱ seuleȱ pénétraitȱ chezȱ elle. Pour cet élève, Lison est considérée comme inférieure aux autrespersonnesquihabitentlamaison,puisqueseulelabonnevala voirdanssachambre.ȱȱ ȱ 3.ȱANALYSEȱDUȱCORPUSȱ ȱ Onpeutnoteràtraverslesréponsesquelesélèvescherchent une raison plausible à un comportement incompréhensible, et pour ce faire, ils puisent dans leur propre culture, dans ce qui fait partie deleurquotidien,parexemple,lapeurdu«qu’endiraton». En parlant de ce sentiment d’indifférence éprouvé par la famille envers la vieille fille, un élève a présenté en l’analysant une autre justification tirée du texte, à savoir la phrase:ȱLesȱ enfantsȱ neȱ montaientȱ jamaisȱ l’embrasserȱ dansȱ saȱ chambre.ȱ Laȱ bonneȱ seuleȱ pénétraitȱ chezȱ elle. Pour cet élève, Lison est considérée comme inférieure aux autrespersonnesquihabitentlamaison,puisqueseulelabonnevala voirdanssachambre.ȱȱ ȱ ȱLesȱ enfantsȱ sontȱ influencésȱ parȱ leȱ comportementȱ deȱ leurȱ parents,ȱ ditil,ȱ sinon,ȱilsȱseraientȱtoujoursȱavecȱleurȱvieilleȱtante,ȱquiȱpourraitȱleurȱraconterȱ desȱhistoiresȱetȱs’occuperȱd’eux.ȱ ȱLesȱ enfantsȱ sontȱ influencésȱ parȱ leȱ comportementȱ deȱ leurȱ parents,ȱ ditil,ȱ sinon,ȱilsȱseraientȱtoujoursȱavecȱleurȱvieilleȱtante,ȱquiȱpourraitȱleurȱraconterȱ desȱhistoiresȱetȱs’occuperȱd’eux.ȱ ȱ La réponse de l’élève contient une vérité culturellement marquée. En effet, dans le monde arabe, la vieille fille, qui est récupérée par l’un des membres de la famille, à la mort de ses parents, acquiert un statut particulier, celui de «nurse», à qui l’on confie volontiers les enfants des frères et sœurs. Et il est communément connu dans la culture arabe, que ces personnes s’occupent très bien des enfants puisqu’elles trouvent l’occasion de canaliser leur surplus de tendresse en jouant le rôle de mère dont elles ont été privées par le célibat. C’est pourquoi les élèves ȱ La réponse de l’élève contient une vérité culturellement marquée. En effet, dans le monde arabe, la vieille fille, qui est récupérée par l’un des membres de la famille, à la mort de ses parents, acquiert un statut particulier, celui de «nurse», à qui l’on confie volontiers les enfants des frères et sœurs. Et il est communément connu dans la culture arabe, que ces personnes s’occupent très bien des enfants puisqu’elles trouvent l’occasion de canaliser leur surplus de tendresse en jouant le rôle de mère dont elles ont été privées par le célibat. C’est pourquoi les élèves 65 65 s’étonnentducomportementdecesenfantsquinégligentcettevieille tante au lieu de se réfugier dans sa chambre pour entendre les histoires merveilleuses qu’elle est censée savoir très bien raconter. Nous pouvons déceler dans ces réponses les échos d’expériences personnelles ou même des souvenirs qui émergent à l’occasion de cette séancede lecture etcela est heureux, car il signifieque l’élève s’impliquetellementqu’ils’approprielepersonnageetl’intègreàsa proprehistoire. s’étonnentducomportementdecesenfantsquinégligentcettevieille tante au lieu de se réfugier dans sa chambre pour entendre les histoires merveilleuses qu’elle est censée savoir très bien raconter. Nous pouvons déceler dans ces réponses les échos d’expériences personnelles ou même des souvenirs qui émergent à l’occasion de cette séancede lecture etcela est heureux, car il signifieque l’élève s’impliquetellementqu’ils’approprielepersonnageetl’intègreàsa proprehistoire. Pour d’autres élèves, ce comportement trouve son fondementdanslesbasesmêmesdelasociétéfrançaisequiestpour euxunesociétéindividualisteetmatérialiste.Laplupartd’entreeux semontred’accordsurlafroideurquicaractériselesrelationsentre les individus en Occident. Ce genre de stéréotype peut se lire à travers leurs réponses diverses qui touchent à différents domaines delaviedesFrançais. Pour d’autres élèves, ce comportement trouve son fondementdanslesbasesmêmesdelasociétéfrançaisequiestpour euxunesociétéindividualisteetmatérialiste.Laplupartd’entreeux semontred’accordsurlafroideurquicaractériselesrelationsentre les individus en Occident. Ce genre de stéréotype peut se lire à travers leurs réponses diverses qui touchent à différents domaines delaviedesFrançais. La solitude de Lison, l’indifférence et le mépris que lui réserventlesmembresdesafamilleserventdetremplinquipermetà beaucoupd’élèvesd’exprimerleursjugementssurlemodedeviede l’Autre.Telestlecasdecetteréflexiond’unélève,quiprendcomme exemple, pour étayer son raisonnement, un évènement très médiatisé,quiaeulieuenFrance,l’été2003. La solitude de Lison, l’indifférence et le mépris que lui réserventlesmembresdesafamilleserventdetremplinquipermetà beaucoupd’élèvesd’exprimerleursjugementssurlemodedeviede l’Autre.Telestlecasdecetteréflexiond’unélève,quiprendcomme exemple, pour étayer son raisonnement, un évènement très médiatisé,quiaeulieuenFrance,l’été2003. ȱLeȱcomportementȱdeȱlaȱfamilleȱdeȱLisonȱn’estȱpasȱétonnant,ditil,ȱparceȱqu’ilȱ relèveȱ d’uneȱ attitudeȱ communeȱ auxȱ Français.ȱ Ilsȱ délaissentȱ lesȱ vieuxȱ quiȱ n’ontȱ plusȱ deȱ rôlesȱ dansȱ laȱ société,ȱ ilsȱ lesȱ envoientȱ dansȱ lesȱ maisonsȱ deȱ retraiteȱ ouȱ lesȱ écartentȱ deȱ leurȱ vie,ȱ mêmeȱ siȱ ceȱ sontȱ desȱ membresȱ deȱ leursȱ familles.ȱ Ilȱ suffitȱ deȱ seȱ rappelerȱ laȱ caniculeȱ deȱ l’étéȱ 2003,ȱ quiȱ aȱ faitȱ desȱ milliersȱdeȱmorts,ȱtousȱdesȱvieuxȱouȱdesȱmisérables.ȱLaȱplupartȱdeȱcesȱmortsȱ n’ontȱpasȱétéȱrécupérés,ȱparceȱqu’onȱn’aȱpasȱretrouvéȱleursȱfamilles. ȱLeȱcomportementȱdeȱlaȱfamilleȱdeȱLisonȱn’estȱpasȱétonnant,ditil,ȱparceȱqu’ilȱ relèveȱ d’uneȱ attitudeȱ communeȱ auxȱ Français.ȱ Ilsȱ délaissentȱ lesȱ vieuxȱ quiȱ n’ontȱ plusȱ deȱ rôlesȱ dansȱ laȱ société,ȱ ilsȱ lesȱ envoientȱ dansȱ lesȱ maisonsȱ deȱ retraiteȱ ouȱ lesȱ écartentȱ deȱ leurȱ vie,ȱ mêmeȱ siȱ ceȱ sontȱ desȱ membresȱ deȱ leursȱ familles.ȱ Ilȱ suffitȱ deȱ seȱ rappelerȱ laȱ caniculeȱ deȱ l’étéȱ 2003,ȱ quiȱ aȱ faitȱ desȱ milliersȱdeȱmorts,ȱtousȱdesȱvieuxȱouȱdesȱmisérables.ȱLaȱplupartȱdeȱcesȱmortsȱ n’ontȱpasȱétéȱrécupérés,ȱparceȱqu’onȱn’aȱpasȱretrouvéȱleursȱfamilles. Et un autre élève de confirmer en évoquant les SDF (sans domicile fixe), mais en ajoutant une comparaison avec la situation danssonproprepays: Et un autre élève de confirmer en évoquant les SDF (sans domicile fixe), mais en ajoutant une comparaison avec la situation danssonproprepays: 66 66 s’étonnentducomportementdecesenfantsquinégligentcettevieille tante au lieu de se réfugier dans sa chambre pour entendre les histoires merveilleuses qu’elle est censée savoir très bien raconter. Nous pouvons déceler dans ces réponses les échos d’expériences personnelles ou même des souvenirs qui émergent à l’occasion de cette séancede lecture etcela est heureux, car il signifieque l’élève s’impliquetellementqu’ils’approprielepersonnageetl’intègreàsa proprehistoire. s’étonnentducomportementdecesenfantsquinégligentcettevieille tante au lieu de se réfugier dans sa chambre pour entendre les histoires merveilleuses qu’elle est censée savoir très bien raconter. Nous pouvons déceler dans ces réponses les échos d’expériences personnelles ou même des souvenirs qui émergent à l’occasion de cette séancede lecture etcela est heureux, car il signifieque l’élève s’impliquetellementqu’ils’approprielepersonnageetl’intègreàsa proprehistoire. Pour d’autres élèves, ce comportement trouve son fondementdanslesbasesmêmesdelasociétéfrançaisequiestpour euxunesociétéindividualisteetmatérialiste.Laplupartd’entreeux semontred’accordsurlafroideurquicaractériselesrelationsentre les individus en Occident. Ce genre de stéréotype peut se lire à travers leurs réponses diverses qui touchent à différents domaines delaviedesFrançais. Pour d’autres élèves, ce comportement trouve son fondementdanslesbasesmêmesdelasociétéfrançaisequiestpour euxunesociétéindividualisteetmatérialiste.Laplupartd’entreeux semontred’accordsurlafroideurquicaractériselesrelationsentre les individus en Occident. Ce genre de stéréotype peut se lire à travers leurs réponses diverses qui touchent à différents domaines delaviedesFrançais. La solitude de Lison, l’indifférence et le mépris que lui réserventlesmembresdesafamilleserventdetremplinquipermetà beaucoupd’élèvesd’exprimerleursjugementssurlemodedeviede l’Autre.Telestlecasdecetteréflexiond’unélève,quiprendcomme exemple, pour étayer son raisonnement, un évènement très médiatisé,quiaeulieuenFrance,l’été2003. La solitude de Lison, l’indifférence et le mépris que lui réserventlesmembresdesafamilleserventdetremplinquipermetà beaucoupd’élèvesd’exprimerleursjugementssurlemodedeviede l’Autre.Telestlecasdecetteréflexiond’unélève,quiprendcomme exemple, pour étayer son raisonnement, un évènement très médiatisé,quiaeulieuenFrance,l’été2003. ȱLeȱcomportementȱdeȱlaȱfamilleȱdeȱLisonȱn’estȱpasȱétonnant,ditil,ȱparceȱqu’ilȱ relèveȱ d’uneȱ attitudeȱ communeȱ auxȱ Français.ȱ Ilsȱ délaissentȱ lesȱ vieuxȱ quiȱ n’ontȱ plusȱ deȱ rôlesȱ dansȱ laȱ société,ȱ ilsȱ lesȱ envoientȱ dansȱ lesȱ maisonsȱ deȱ retraiteȱ ouȱ lesȱ écartentȱ deȱ leurȱ vie,ȱ mêmeȱ siȱ ceȱ sontȱ desȱ membresȱ deȱ leursȱ familles.ȱ Ilȱ suffitȱ deȱ seȱ rappelerȱ laȱ caniculeȱ deȱ l’étéȱ 2003,ȱ quiȱ aȱ faitȱ desȱ milliersȱdeȱmorts,ȱtousȱdesȱvieuxȱouȱdesȱmisérables.ȱLaȱplupartȱdeȱcesȱmortsȱ n’ontȱpasȱétéȱrécupérés,ȱparceȱqu’onȱn’aȱpasȱretrouvéȱleursȱfamilles. ȱLeȱcomportementȱdeȱlaȱfamilleȱdeȱLisonȱn’estȱpasȱétonnant,ditil,ȱparceȱqu’ilȱ relèveȱ d’uneȱ attitudeȱ communeȱ auxȱ Français.ȱ Ilsȱ délaissentȱ lesȱ vieuxȱ quiȱ n’ontȱ plusȱ deȱ rôlesȱ dansȱ laȱ société,ȱ ilsȱ lesȱ envoientȱ dansȱ lesȱ maisonsȱ deȱ retraiteȱ ouȱ lesȱ écartentȱ deȱ leurȱ vie,ȱ mêmeȱ siȱ ceȱ sontȱ desȱ membresȱ deȱ leursȱ familles.ȱ Ilȱ suffitȱ deȱ seȱ rappelerȱ laȱ caniculeȱ deȱ l’étéȱ 2003,ȱ quiȱ aȱ faitȱ desȱ milliersȱdeȱmorts,ȱtousȱdesȱvieuxȱouȱdesȱmisérables.ȱLaȱplupartȱdeȱcesȱmortsȱ n’ontȱpasȱétéȱrécupérés,ȱparceȱqu’onȱn’aȱpasȱretrouvéȱleursȱfamilles. Et un autre élève de confirmer en évoquant les SDF (sans domicile fixe), mais en ajoutant une comparaison avec la situation danssonproprepays: Et un autre élève de confirmer en évoquant les SDF (sans domicile fixe), mais en ajoutant une comparaison avec la situation danssonproprepays: 66 66 Lesȱrapportsȱentreȱlesȱindividusȱsontȱtellementȱfroidsȱqu’onȱpeutȱtrouver,ȱenȱ France,ȱ desȱ SDFȱ quiȱ ontȱ uneȱ familleȱ ouȱ desȱ enfantsȱ etȱ quiȱ préfèrentȱ vivreȱ dansȱlaȱrueȱetȱnonȱavecȱleursȱfamilles.ȱParȱcontre,ȱenȱTunisie,ȱonȱneȱpourraitȱ jamaisȱ permettreȱ qu’unȱ membreȱ deȱ notreȱ familleȱ ouȱ mêmeȱ unȱ inconnu,ȱ dormeȱdansȱlaȱrueȱouȱmeurtȱdeȱfaimȱouȱdeȱfroid,ȱchacunȱdoitȱtrouverȱuneȱaideȱ auȱnomȱdeȱlaȱmiséricordeȱrecommandéeȱparȱl’islam.ȱ Lesȱrapportsȱentreȱlesȱindividusȱsontȱtellementȱfroidsȱqu’onȱpeutȱtrouver,ȱenȱ France,ȱ desȱ SDFȱ quiȱ ontȱ uneȱ familleȱ ouȱ desȱ enfantsȱ etȱ quiȱ préfèrentȱ vivreȱ dansȱlaȱrueȱetȱnonȱavecȱleursȱfamilles.ȱParȱcontre,ȱenȱTunisie,ȱonȱneȱpourraitȱ jamaisȱ permettreȱ qu’unȱ membreȱ deȱ notreȱ familleȱ ouȱ mêmeȱ unȱ inconnu,ȱ dormeȱdansȱlaȱrueȱouȱmeurtȱdeȱfaimȱouȱdeȱfroid,ȱchacunȱdoitȱtrouverȱuneȱaideȱ auȱnomȱdeȱlaȱmiséricordeȱrecommandéeȱparȱl’islam.ȱ Dans le même ordre d’idées, une élève propose l’exemple desrapportsdevoisinage,quiestunenotionintrinsèqueàlaculture arabomusulmane et qui fait partie des recommandations du prophète,quenemanquepasd’évoquerl’élèvedanssaréponse. Dans le même ordre d’idées, une élève propose l’exemple desrapportsdevoisinage,quiestunenotionintrinsèqueàlaculture arabomusulmane et qui fait partie des recommandations du prophète,quenemanquepasd’évoquerl’élèvedanssaréponse. EnȱFrance,ȱditelle,ȱonȱpeutȱhabiterȱpendantȱdesȱannées,ȱleȱmêmeȱimmeuble,ȱ sansȱseȱconnaître,ȱniȱjamaisȱs’adresserȱlaȱparole.ȱAlorsȱqueȱchezȱnousȱçaȱneȱ peutȱpasȱarriver,ȱpuisqueȱnotreȱprophèteȱMohamedȱaȱrecommandéȱdeȱprendreȱ soinȱduȱvoisin,ȱmêmeȱleȱplusȱéloignéȱ(jusqu’auȱseptièmeȱvoisin).ȱȱ ȱ EnȱFrance,ȱditelle,ȱonȱpeutȱhabiterȱpendantȱdesȱannées,ȱleȱmêmeȱimmeuble,ȱ sansȱseȱconnaître,ȱniȱjamaisȱs’adresserȱlaȱparole.ȱAlorsȱqueȱchezȱnousȱçaȱneȱ peutȱpasȱarriver,ȱpuisqueȱnotreȱprophèteȱMohamedȱaȱrecommandéȱdeȱprendreȱ soinȱduȱvoisin,ȱmêmeȱleȱplusȱéloignéȱ(jusqu’auȱseptièmeȱvoisin).ȱȱ ȱ Etunautreélèved’ajouter: Etunautreélèved’ajouter: Enȱ effet,ȱ notreȱ religionȱ nousȱ recommandeȱ deȱ nousȱ occuperȱ lesȱ unsȱ desȱ autresȱcommeȱsiȱnousȱformionsȱunȱseulȱcorps,ȱsiȱl’unȱdesȱmembresȱestȱtouchéȱ toutȱl’organismeȱenȱsouffreȱ.: Enȱ effet,ȱ notreȱ religionȱ nousȱ recommandeȱ deȱ nousȱ occuperȱ lesȱ unsȱ desȱ autresȱcommeȱsiȱnousȱformionsȱunȱseulȱcorps,ȱsiȱl’unȱdesȱmembresȱestȱtouchéȱ toutȱl’organismeȱenȱsouffreȱ.: En traduction du « hadith « : En traduction du « hadith « : Les exemples sont fondés sur une opposition entre deux mondesdifférents,l’«Orient»pauvremaismoraletl’«Occident» richemaisimmoral,laquelleoppositiontrouvesonfondementdans la comparaison des religions. Il en ressort que le musulman, par opposition aux autres, ne peut ignorer les malheurs de ceux qui l’entourent, qu’ils soient parents, voisins ou inconnus. Bien au contraire, pour être un bon musulman, on devrait faire preuve de compassionetdesolidaritévisàvisdecequelecoranappelle«son frèrelemusulman». Les exemples sont fondés sur une opposition entre deux mondesdifférents,l’«Orient»pauvremaismoraletl’«Occident» richemaisimmoral,laquelleoppositiontrouvesonfondementdans la comparaison des religions. Il en ressort que le musulman, par opposition aux autres, ne peut ignorer les malheurs de ceux qui l’entourent, qu’ils soient parents, voisins ou inconnus. Bien au contraire, pour être un bon musulman, on devrait faire preuve de compassionetdesolidaritévisàvisdecequelecoranappelle«son frèrelemusulman». 67 67 Lesȱrapportsȱentreȱlesȱindividusȱsontȱtellementȱfroidsȱqu’onȱpeutȱtrouver,ȱenȱ France,ȱ desȱ SDFȱ quiȱ ontȱ uneȱ familleȱ ouȱ desȱ enfantsȱ etȱ quiȱ préfèrentȱ vivreȱ dansȱlaȱrueȱetȱnonȱavecȱleursȱfamilles.ȱParȱcontre,ȱenȱTunisie,ȱonȱneȱpourraitȱ jamaisȱ permettreȱ qu’unȱ membreȱ deȱ notreȱ familleȱ ouȱ mêmeȱ unȱ inconnu,ȱ dormeȱdansȱlaȱrueȱouȱmeurtȱdeȱfaimȱouȱdeȱfroid,ȱchacunȱdoitȱtrouverȱuneȱaideȱ auȱnomȱdeȱlaȱmiséricordeȱrecommandéeȱparȱl’islam.ȱ Lesȱrapportsȱentreȱlesȱindividusȱsontȱtellementȱfroidsȱqu’onȱpeutȱtrouver,ȱenȱ France,ȱ desȱ SDFȱ quiȱ ontȱ uneȱ familleȱ ouȱ desȱ enfantsȱ etȱ quiȱ préfèrentȱ vivreȱ dansȱlaȱrueȱetȱnonȱavecȱleursȱfamilles.ȱParȱcontre,ȱenȱTunisie,ȱonȱneȱpourraitȱ jamaisȱ permettreȱ qu’unȱ membreȱ deȱ notreȱ familleȱ ouȱ mêmeȱ unȱ inconnu,ȱ dormeȱdansȱlaȱrueȱouȱmeurtȱdeȱfaimȱouȱdeȱfroid,ȱchacunȱdoitȱtrouverȱuneȱaideȱ auȱnomȱdeȱlaȱmiséricordeȱrecommandéeȱparȱl’islam.ȱ Dans le même ordre d’idées, une élève propose l’exemple desrapportsdevoisinage,quiestunenotionintrinsèqueàlaculture arabomusulmane et qui fait partie des recommandations du prophète,quenemanquepasd’évoquerl’élèvedanssaréponse. Dans le même ordre d’idées, une élève propose l’exemple desrapportsdevoisinage,quiestunenotionintrinsèqueàlaculture arabomusulmane et qui fait partie des recommandations du prophète,quenemanquepasd’évoquerl’élèvedanssaréponse. EnȱFrance,ȱditelle,ȱonȱpeutȱhabiterȱpendantȱdesȱannées,ȱleȱmêmeȱimmeuble,ȱ sansȱseȱconnaître,ȱniȱjamaisȱs’adresserȱlaȱparole.ȱAlorsȱqueȱchezȱnousȱçaȱneȱ peutȱpasȱarriver,ȱpuisqueȱnotreȱprophèteȱMohamedȱaȱrecommandéȱdeȱprendreȱ soinȱduȱvoisin,ȱmêmeȱleȱplusȱéloignéȱ(jusqu’auȱseptièmeȱvoisin).ȱȱ ȱ EnȱFrance,ȱditelle,ȱonȱpeutȱhabiterȱpendantȱdesȱannées,ȱleȱmêmeȱimmeuble,ȱ sansȱseȱconnaître,ȱniȱjamaisȱs’adresserȱlaȱparole.ȱAlorsȱqueȱchezȱnousȱçaȱneȱ peutȱpasȱarriver,ȱpuisqueȱnotreȱprophèteȱMohamedȱaȱrecommandéȱdeȱprendreȱ soinȱduȱvoisin,ȱmêmeȱleȱplusȱéloignéȱ(jusqu’auȱseptièmeȱvoisin).ȱȱ ȱ Etunautreélèved’ajouter: Etunautreélèved’ajouter: Enȱ effet,ȱ notreȱ religionȱ nousȱ recommandeȱ deȱ nousȱ occuperȱ lesȱ unsȱ desȱ autresȱcommeȱsiȱnousȱformionsȱunȱseulȱcorps,ȱsiȱl’unȱdesȱmembresȱestȱtouchéȱ toutȱl’organismeȱenȱsouffreȱ.: Enȱ effet,ȱ notreȱ religionȱ nousȱ recommandeȱ deȱ nousȱ occuperȱ lesȱ unsȱ desȱ autresȱcommeȱsiȱnousȱformionsȱunȱseulȱcorps,ȱsiȱl’unȱdesȱmembresȱestȱtouchéȱ toutȱl’organismeȱenȱsouffreȱ.: En traduction du « hadith « : En traduction du « hadith « : Les exemples sont fondés sur une opposition entre deux mondesdifférents,l’«Orient»pauvremaismoraletl’«Occident» richemaisimmoral,laquelleoppositiontrouvesonfondementdans la comparaison des religions. Il en ressort que le musulman, par opposition aux autres, ne peut ignorer les malheurs de ceux qui l’entourent, qu’ils soient parents, voisins ou inconnus. Bien au contraire, pour être un bon musulman, on devrait faire preuve de compassionetdesolidaritévisàvisdecequelecoranappelle«son frèrelemusulman». Les exemples sont fondés sur une opposition entre deux mondesdifférents,l’«Orient»pauvremaismoraletl’«Occident» richemaisimmoral,laquelleoppositiontrouvesonfondementdans la comparaison des religions. Il en ressort que le musulman, par opposition aux autres, ne peut ignorer les malheurs de ceux qui l’entourent, qu’ils soient parents, voisins ou inconnus. Bien au contraire, pour être un bon musulman, on devrait faire preuve de compassionetdesolidaritévisàvisdecequelecoranappelle«son frèrelemusulman». 67 67 Ilestdoncclairquelesjugementsqu’émettentlesélèvessur lecomportementdelafamilledeLison,etparlàmême,surceluide tous les Français, passe par un processus de filtrage, qui se traduit par la distinction entre leur valeurs propres, qu’ils puisent, essentiellement, dans leur identité arabomusulmane et celles qu’ils croientêtrecellesdetouslesFrançais. Ilestdoncclairquelesjugementsqu’émettentlesélèvessur lecomportementdelafamilledeLison,etparlàmême,surceluide tous les Français, passe par un processus de filtrage, qui se traduit par la distinction entre leur valeurs propres, qu’ils puisent, essentiellement, dans leur identité arabomusulmane et celles qu’ils croientêtrecellesdetouslesFrançais. Parmi les exemples proposés, un grand nombre est puisé dans leur référent religieux commun. Même les référents sociaux, comme par exemple le statut de la vieille fille qui doit être bien traitée par les membres de la famille, sont indirectement reliés aux instructionsdelareligionmusulmane. Parmi les exemples proposés, un grand nombre est puisé dans leur référent religieux commun. Même les référents sociaux, comme par exemple le statut de la vieille fille qui doit être bien traitée par les membres de la famille, sont indirectement reliés aux instructionsdelareligionmusulmane. En effet, à travers les réponses des élèves, nous avons pu constater qu’ils considéraient que leur religion est à l’origine de toutes les qualités de générosité, d’entraide, de soins réservés aux pauvres et aux démunis. Et ceci s’est trouvé confirmé, quand nous avonsdemandéauxélèves,danslecadred’undébat,sicesnotions de solidarité, de charité, etc., évoquées auparavant, ne faisaient pas aussi partie des fondements des autres religions. Leur réponsesont révélé, dans un premier temps, une ignorance des fondements des religions différentes de la leur, et dans un deuxième temps, un profond degré d’intolérance et d’ethnocentrisme qui se traduit parfaitementdanslespropossuivants: En effet, à travers les réponses des élèves, nous avons pu constater qu’ils considéraient que leur religion est à l’origine de toutes les qualités de générosité, d’entraide, de soins réservés aux pauvres et aux démunis. Et ceci s’est trouvé confirmé, quand nous avonsdemandéauxélèves,danslecadred’undébat,sicesnotions de solidarité, de charité, etc., évoquées auparavant, ne faisaient pas aussi partie des fondements des autres religions. Leur réponsesont révélé, dans un premier temps, une ignorance des fondements des religions différentes de la leur, et dans un deuxième temps, un profond degré d’intolérance et d’ethnocentrisme qui se traduit parfaitementdanslespropossuivants: Quelsȱ queȱ soientȱ lesȱ élémentsȱ positifsȱ qu’onȱ peutȱ retrouverȱ dansȱ lesȱ autresȱ religions, affirme l’un des élèves,ȱ ilȱ n’enȱ resteȱ pasȱ moinsȱ vraiȱ queȱ laȱ religionȱmusulmaneȱestȱlaȱmeilleureȱreligion.ȱDieuȱneȱnousȱaȬtȬilȱpasȱditȱqueȱ nousȱétionsȱleȱmeilleurȱpeupleȱsurȱterreȱ?ȱ En traduction de : Quelsȱ queȱ soientȱ lesȱ élémentsȱ positifsȱ qu’onȱ peutȱ retrouverȱ dansȱ lesȱ autresȱ religions, affirme l’un des élèves,ȱ ilȱ n’enȱ resteȱ pasȱ moinsȱ vraiȱ queȱ laȱ religionȱmusulmaneȱestȱlaȱmeilleureȱreligion.ȱDieuȱneȱnousȱaȬtȬilȱpasȱditȱqueȱ nousȱétionsȱleȱmeilleurȱpeupleȱsurȱterreȱ?ȱ En traduction de : !"# $#% &' ()* +# -./ !"# $#% # $ &' ()* +# -./ # $ Cetethnocentrisme,explicitementexprimé,pourraitchoquer et être considéré comme contreproductif sur le plan pédagogique. Or, nous pensons qu’il n’en est rien, puisqu’il servira comme élément de base à la démarche interculturelle. En réalité, l’ethnocentrismeexistebeletbienchezlesélèves,maisilestsouvent 68 Cetethnocentrisme,explicitementexprimé,pourraitchoquer et être considéré comme contreproductif sur le plan pédagogique. Or, nous pensons qu’il n’en est rien, puisqu’il servira comme élément de base à la démarche interculturelle. En réalité, l’ethnocentrismeexistebeletbienchezlesélèves,maisilestsouvent 68 Ilestdoncclairquelesjugementsqu’émettentlesélèvessur lecomportementdelafamilledeLison,etparlàmême,surceluide tous les Français, passe par un processus de filtrage, qui se traduit par la distinction entre leur valeurs propres, qu’ils puisent, essentiellement, dans leur identité arabomusulmane et celles qu’ils croientêtrecellesdetouslesFrançais. Ilestdoncclairquelesjugementsqu’émettentlesélèvessur lecomportementdelafamilledeLison,etparlàmême,surceluide tous les Français, passe par un processus de filtrage, qui se traduit par la distinction entre leur valeurs propres, qu’ils puisent, essentiellement, dans leur identité arabomusulmane et celles qu’ils croientêtrecellesdetouslesFrançais. Parmi les exemples proposés, un grand nombre est puisé dans leur référent religieux commun. Même les référents sociaux, comme par exemple le statut de la vieille fille qui doit être bien traitée par les membres de la famille, sont indirectement reliés aux instructionsdelareligionmusulmane. Parmi les exemples proposés, un grand nombre est puisé dans leur référent religieux commun. Même les référents sociaux, comme par exemple le statut de la vieille fille qui doit être bien traitée par les membres de la famille, sont indirectement reliés aux instructionsdelareligionmusulmane. En effet, à travers les réponses des élèves, nous avons pu constater qu’ils considéraient que leur religion est à l’origine de toutes les qualités de générosité, d’entraide, de soins réservés aux pauvres et aux démunis. Et ceci s’est trouvé confirmé, quand nous avonsdemandéauxélèves,danslecadred’undébat,sicesnotions de solidarité, de charité, etc., évoquées auparavant, ne faisaient pas aussi partie des fondements des autres religions. Leur réponsesont révélé, dans un premier temps, une ignorance des fondements des religions différentes de la leur, et dans un deuxième temps, un profond degré d’intolérance et d’ethnocentrisme qui se traduit parfaitementdanslespropossuivants: En effet, à travers les réponses des élèves, nous avons pu constater qu’ils considéraient que leur religion est à l’origine de toutes les qualités de générosité, d’entraide, de soins réservés aux pauvres et aux démunis. Et ceci s’est trouvé confirmé, quand nous avonsdemandéauxélèves,danslecadred’undébat,sicesnotions de solidarité, de charité, etc., évoquées auparavant, ne faisaient pas aussi partie des fondements des autres religions. Leur réponsesont révélé, dans un premier temps, une ignorance des fondements des religions différentes de la leur, et dans un deuxième temps, un profond degré d’intolérance et d’ethnocentrisme qui se traduit parfaitementdanslespropossuivants: Quelsȱ queȱ soientȱ lesȱ élémentsȱ positifsȱ qu’onȱ peutȱ retrouverȱ dansȱ lesȱ autresȱ religions, affirme l’un des élèves,ȱ ilȱ n’enȱ resteȱ pasȱ moinsȱ vraiȱ queȱ laȱ religionȱmusulmaneȱestȱlaȱmeilleureȱreligion.ȱDieuȱneȱnousȱaȬtȬilȱpasȱditȱqueȱ nousȱétionsȱleȱmeilleurȱpeupleȱsurȱterreȱ?ȱ En traduction de : Quelsȱ queȱ soientȱ lesȱ élémentsȱ positifsȱ qu’onȱ peutȱ retrouverȱ dansȱ lesȱ autresȱ religions, affirme l’un des élèves,ȱ ilȱ n’enȱ resteȱ pasȱ moinsȱ vraiȱ queȱ laȱ religionȱmusulmaneȱestȱlaȱmeilleureȱreligion.ȱDieuȱneȱnousȱaȬtȬilȱpasȱditȱqueȱ nousȱétionsȱleȱmeilleurȱpeupleȱsurȱterreȱ?ȱ En traduction de : !"# $#% &' ()* +# -./ !"# $#% # $ Cetethnocentrisme,explicitementexprimé,pourraitchoquer et être considéré comme contreproductif sur le plan pédagogique. Or, nous pensons qu’il n’en est rien, puisqu’il servira comme élément de base à la démarche interculturelle. En réalité, l’ethnocentrismeexistebeletbienchezlesélèves,maisilestsouvent 68 &' ()* +# -./ # $ Cetethnocentrisme,explicitementexprimé,pourraitchoquer et être considéré comme contreproductif sur le plan pédagogique. Or, nous pensons qu’il n’en est rien, puisqu’il servira comme élément de base à la démarche interculturelle. En réalité, l’ethnocentrismeexistebeletbienchezlesélèves,maisilestsouvent 68 inexprimé et sousjacent à leur réflexion, il est donc d’autant plus dangereuxquandilestignoré.Decefait,l’activitédelecture,sielle permetdepousserlesélèvesàdévoilerlefonddeleurpensées,aura aidéàcombattrecesjugementsdevaleur,enlesprésentantaugrand jour, au grand étonnement de ceuxlà mêmes qui les ont exprimés. Nuln’ignorequelacultureatendanceàsenaturaliser,maisl’élève, ne sachant pas que ses idées sont le produit de sa culture et non d’uneréflexionpropre,peutdécouvrir,enconfrontantlespointsde vue, qu’il existe d’autres façons de voir le monde que celle qu’il connaît et qu’il croyait unique. C’est à travers ce jeu de miroir, que l’élèvevasevoirAutre,etc’esteneffectuantunretoursursoi,qu’il verra que son opinion sur les êtres et les choses est principalement culturelle. Pour que cette étude de texte constitue à la fois un enrichissement sur le plan culturel et une possibilité de porter un regard critique sur sa culture propre, il fallait inciter les élèves à se rendre compte de la position critique de Maupassant. C’est ainsi qu’en comprenant que le texte ne fait qu’illustrer l’intérêt de Maupassant et sa sympathie pour les personnes incomprises, quelques élèves relativisent leur jugement de départ. Nous avons profité de ce recul pour proposer aux élèves d’autres exemples qui montrent la charité des Occidentaux à l’instar des organisations humanitaires et des associations caritatives. Nous avons aussi affirmé, pour aller dans le même sens, que toutes les religions se recoupent dans ce domaine et qu’ils considèrent que les relations humainesdoiventêtrebaséessurunrapportdecharitéetd’entraide. Maisilfaudraitaussisignalerquenousavonsressentiuneréticence delapartdequelquesélèves.Ilestvrai,qu’àceniveauducursuset n’étant pas préparés à cette démarche, les élèves ne sont pas tous prêts à remettre en question leur opinions de départ et persistent à penser qu’ils sont les meilleurs. Considérons par exemple le cas de cetélèvequiréagitauxremarquesdesescamaradesendisant: 69 inexprimé et sousjacent à leur réflexion, il est donc d’autant plus dangereuxquandilestignoré.Decefait,l’activitédelecture,sielle permetdepousserlesélèvesàdévoilerlefonddeleurpensées,aura aidéàcombattrecesjugementsdevaleur,enlesprésentantaugrand jour, au grand étonnement de ceuxlà mêmes qui les ont exprimés. Nuln’ignorequelacultureatendanceàsenaturaliser,maisl’élève, ne sachant pas que ses idées sont le produit de sa culture et non d’uneréflexionpropre,peutdécouvrir,enconfrontantlespointsde vue, qu’il existe d’autres façons de voir le monde que celle qu’il connaît et qu’il croyait unique. C’est à travers ce jeu de miroir, que l’élèvevasevoirAutre,etc’esteneffectuantunretoursursoi,qu’il verra que son opinion sur les êtres et les choses est principalement culturelle. Pour que cette étude de texte constitue à la fois un enrichissement sur le plan culturel et une possibilité de porter un regard critique sur sa culture propre, il fallait inciter les élèves à se rendre compte de la position critique de Maupassant. C’est ainsi qu’en comprenant que le texte ne fait qu’illustrer l’intérêt de Maupassant et sa sympathie pour les personnes incomprises, quelques élèves relativisent leur jugement de départ. Nous avons profité de ce recul pour proposer aux élèves d’autres exemples qui montrent la charité des Occidentaux à l’instar des organisations humanitaires et des associations caritatives. Nous avons aussi affirmé, pour aller dans le même sens, que toutes les religions se recoupent dans ce domaine et qu’ils considèrent que les relations humainesdoiventêtrebaséessurunrapportdecharitéetd’entraide. Maisilfaudraitaussisignalerquenousavonsressentiuneréticence delapartdequelquesélèves.Ilestvrai,qu’àceniveauducursuset n’étant pas préparés à cette démarche, les élèves ne sont pas tous prêts à remettre en question leur opinions de départ et persistent à penser qu’ils sont les meilleurs. Considérons par exemple le cas de cetélèvequiréagitauxremarquesdesescamaradesendisant: 69 inexprimé et sousjacent à leur réflexion, il est donc d’autant plus dangereuxquandilestignoré.Decefait,l’activitédelecture,sielle permetdepousserlesélèvesàdévoilerlefonddeleurpensées,aura aidéàcombattrecesjugementsdevaleur,enlesprésentantaugrand jour, au grand étonnement de ceuxlà mêmes qui les ont exprimés. Nuln’ignorequelacultureatendanceàsenaturaliser,maisl’élève, ne sachant pas que ses idées sont le produit de sa culture et non d’uneréflexionpropre,peutdécouvrir,enconfrontantlespointsde vue, qu’il existe d’autres façons de voir le monde que celle qu’il connaît et qu’il croyait unique. C’est à travers ce jeu de miroir, que l’élèvevasevoirAutre,etc’esteneffectuantunretoursursoi,qu’il verra que son opinion sur les êtres et les choses est principalement culturelle. Pour que cette étude de texte constitue à la fois un enrichissement sur le plan culturel et une possibilité de porter un regard critique sur sa culture propre, il fallait inciter les élèves à se rendre compte de la position critique de Maupassant. C’est ainsi qu’en comprenant que le texte ne fait qu’illustrer l’intérêt de Maupassant et sa sympathie pour les personnes incomprises, quelques élèves relativisent leur jugement de départ. Nous avons profité de ce recul pour proposer aux élèves d’autres exemples qui montrent la charité des Occidentaux à l’instar des organisations humanitaires et des associations caritatives. Nous avons aussi affirmé, pour aller dans le même sens, que toutes les religions se recoupent dans ce domaine et qu’ils considèrent que les relations humainesdoiventêtrebaséessurunrapportdecharitéetd’entraide. Maisilfaudraitaussisignalerquenousavonsressentiuneréticence delapartdequelquesélèves.Ilestvrai,qu’àceniveauducursuset n’étant pas préparés à cette démarche, les élèves ne sont pas tous prêts à remettre en question leur opinions de départ et persistent à penser qu’ils sont les meilleurs. Considérons par exemple le cas de cetélèvequiréagitauxremarquesdesescamaradesendisant: 69 inexprimé et sousjacent à leur réflexion, il est donc d’autant plus dangereuxquandilestignoré.Decefait,l’activitédelecture,sielle permetdepousserlesélèvesàdévoilerlefonddeleurpensées,aura aidéàcombattrecesjugementsdevaleur,enlesprésentantaugrand jour, au grand étonnement de ceuxlà mêmes qui les ont exprimés. Nuln’ignorequelacultureatendanceàsenaturaliser,maisl’élève, ne sachant pas que ses idées sont le produit de sa culture et non d’uneréflexionpropre,peutdécouvrir,enconfrontantlespointsde vue, qu’il existe d’autres façons de voir le monde que celle qu’il connaît et qu’il croyait unique. C’est à travers ce jeu de miroir, que l’élèvevasevoirAutre,etc’esteneffectuantunretoursursoi,qu’il verra que son opinion sur les êtres et les choses est principalement culturelle. Pour que cette étude de texte constitue à la fois un enrichissement sur le plan culturel et une possibilité de porter un regard critique sur sa culture propre, il fallait inciter les élèves à se rendre compte de la position critique de Maupassant. C’est ainsi qu’en comprenant que le texte ne fait qu’illustrer l’intérêt de Maupassant et sa sympathie pour les personnes incomprises, quelques élèves relativisent leur jugement de départ. Nous avons profité de ce recul pour proposer aux élèves d’autres exemples qui montrent la charité des Occidentaux à l’instar des organisations humanitaires et des associations caritatives. Nous avons aussi affirmé, pour aller dans le même sens, que toutes les religions se recoupent dans ce domaine et qu’ils considèrent que les relations humainesdoiventêtrebaséessurunrapportdecharitéetd’entraide. Maisilfaudraitaussisignalerquenousavonsressentiuneréticence delapartdequelquesélèves.Ilestvrai,qu’àceniveauducursuset n’étant pas préparés à cette démarche, les élèves ne sont pas tous prêts à remettre en question leur opinions de départ et persistent à penser qu’ils sont les meilleurs. Considérons par exemple le cas de cetélèvequiréagitauxremarquesdesescamaradesendisant: 69 ȱMaupassantȱ estȱ uneȱ exceptionȱ carȱ c’estȱ unȱ écrivainȱ etȱ cesȱ derniersȱ sontȱ souventȱ plusȱ sensiblesȱ queȱ lesȱ gensȱ normaux.ȱ Onȱ neȱ peutȱ doncȱ pasȱ leȱ considérerȱcommeȱexempleȱàȱlaȱtoléranceȱdesȱfrançaisȱenȱgénéral. ȱMaupassantȱ estȱ uneȱ exceptionȱ carȱ c’estȱ unȱ écrivainȱ etȱ cesȱ derniersȱ sontȱ souventȱ plusȱ sensiblesȱ queȱ lesȱ gensȱ normaux.ȱ Onȱ neȱ peutȱ doncȱ pasȱ leȱ considérerȱcommeȱexempleȱàȱlaȱtoléranceȱdesȱfrançaisȱenȱgénéral. Cette réflexion permet, à elle seule, de nous montrer la résistance de quelques élèves à la démarche interculturelle tant le poidsdespréjugéspèsesurleurraison. Pour aller plus loin nous leur posons la question suivante: Quelȱ est,ȱ selonȱ vous,ȱ leȱ statutȱ deȱ laȱ femmeȱ célibataireȱ dansȱ notreȱ sociétéȱ? Carnouspensonsqu’enenparlantilspourraientsedépartirdeleur ethnocentrisme de départ en reconnaissant que ce type de personnagenebénéficiepastoujoursd’unexcellenttraitement.Nous pouvonsciterquelquesréponsesquimettentenavantlasoumission desfemmescélibatairesàl’autoritédelafamille: Cette réflexion permet, à elle seule, de nous montrer la résistance de quelques élèves à la démarche interculturelle tant le poidsdespréjugéspèsesurleurraison. Pour aller plus loin nous leur posons la question suivante: Quelȱ est,ȱ selonȱ vous,ȱ leȱ statutȱ deȱ laȱ femmeȱ célibataireȱ dansȱ notreȱ sociétéȱ? Carnouspensonsqu’enenparlantilspourraientsedépartirdeleur ethnocentrisme de départ en reconnaissant que ce type de personnagenebénéficiepastoujoursd’unexcellenttraitement.Nous pouvonsciterquelquesréponsesquimettentenavantlasoumission desfemmescélibatairesàl’autoritédelafamille: Laȱfemmeȱcélibataireȱn’estȱpasȱlibre,ditunélève,elleȱneȱvitȱjamaisȱseule,ȱsiȱ sesȱparentsȱmeurentȱelleȱestȱobligéeȱdeȱvivreȱavecȱdesȱmembresȱdeȱlaȱfamille.ȱȱ Laȱfemmeȱcélibataireȱn’estȱpasȱlibre,ditunélève,elleȱneȱvitȱjamaisȱseule,ȱsiȱ sesȱparentsȱmeurentȱelleȱestȱobligéeȱdeȱvivreȱavecȱdesȱmembresȱdeȱlaȱfamille.ȱȱ ȱ Oubien:«Alamortdesesparents,elleestpriseencharge parsonfrèreousononcle,ellevitsouslatutelledeshommesdela famillecarellen’apasdemaripourprendresoind’elle»,ȱajouteun autre. Ouencore: ȱ Oubien:«Alamortdesesparents,elleestpriseencharge parsonfrèreousononcle,ellevitsouslatutelledeshommesdela famillecarellen’apasdemaripourprendresoind’elle»,ȱajouteun autre. Ouencore: ȱLaȱvieilleȱfilleȱreprésenteȱuneȱchargeȱpourȱlaȱfamille,ȱc’estȱuneȱresponsabilitéȱ queȱ lesȱ parents,ȱ avantȱ deȱ mourir,ȱ laissentȱ àȱ leursȱ autresȱ enfants.ȱ Elleȱ estȱ parfoisȱmaltraitée.ȱȱȱ ȱLaȱvieilleȱfilleȱreprésenteȱuneȱchargeȱpourȱlaȱfamille,ȱc’estȱuneȱresponsabilitéȱ queȱ lesȱ parents,ȱ avantȱ deȱ mourir,ȱ laissentȱ àȱ leursȱ autresȱ enfants.ȱ Elleȱ estȱ parfoisȱmaltraitée.ȱȱȱ Et dans le même ordre, nous avons retenu la remarque suivante: ȱȱ Et dans le même ordre, nous avons retenu la remarque suivante: ȱȱ ȱLaȱvieilleȱfilleȱestȱparfoisȱmalȱvueȱparȱlaȱsociété,ȱonȱlaȱcritiqueȱetȱonȱseȱmoqueȱ d’elle.ȱPourȱcertainsȱc’estȱuneȱhonte.ȱȱȱ ȱLaȱvieilleȱfilleȱestȱparfoisȱmalȱvueȱparȱlaȱsociété,ȱonȱlaȱcritiqueȱetȱonȱseȱmoqueȱ d’elle.ȱPourȱcertainsȱc’estȱuneȱhonte.ȱȱȱ ȱEnȱ effet,ȱ renchérit un autre, lesȱ parentsȱ essayentȱ deȱ laȱ caserȱ avantȱ deȱ mourirȱ parceȱ qu’ilsȱ ontȱ peurȱ qu’elleȱ neȱ trouveȱ personneȱ pourȱ s’enȱ occuperȱ aprèsȱeux. ȱEnȱ effet,ȱ renchérit un autre, lesȱ parentsȱ essayentȱ deȱ laȱ caserȱ avantȱ deȱ mourirȱ parceȱ qu’ilsȱ ontȱ peurȱ qu’elleȱ neȱ trouveȱ personneȱ pourȱ s’enȱ occuperȱ aprèsȱeux. 70 70 ȱMaupassantȱ estȱ uneȱ exceptionȱ carȱ c’estȱ unȱ écrivainȱ etȱ cesȱ derniersȱ sontȱ souventȱ plusȱ sensiblesȱ queȱ lesȱ gensȱ normaux.ȱ Onȱ neȱ peutȱ doncȱ pasȱ leȱ considérerȱcommeȱexempleȱàȱlaȱtoléranceȱdesȱfrançaisȱenȱgénéral. ȱMaupassantȱ estȱ uneȱ exceptionȱ carȱ c’estȱ unȱ écrivainȱ etȱ cesȱ derniersȱ sontȱ souventȱ plusȱ sensiblesȱ queȱ lesȱ gensȱ normaux.ȱ Onȱ neȱ peutȱ doncȱ pasȱ leȱ considérerȱcommeȱexempleȱàȱlaȱtoléranceȱdesȱfrançaisȱenȱgénéral. Cette réflexion permet, à elle seule, de nous montrer la résistance de quelques élèves à la démarche interculturelle tant le poidsdespréjugéspèsesurleurraison. Pour aller plus loin nous leur posons la question suivante: Quelȱ est,ȱ selonȱ vous,ȱ leȱ statutȱ deȱ laȱ femmeȱ célibataireȱ dansȱ notreȱ sociétéȱ? Carnouspensonsqu’enenparlantilspourraientsedépartirdeleur ethnocentrisme de départ en reconnaissant que ce type de personnagenebénéficiepastoujoursd’unexcellenttraitement.Nous pouvonsciterquelquesréponsesquimettentenavantlasoumission desfemmescélibatairesàl’autoritédelafamille: Cette réflexion permet, à elle seule, de nous montrer la résistance de quelques élèves à la démarche interculturelle tant le poidsdespréjugéspèsesurleurraison. Pour aller plus loin nous leur posons la question suivante: Quelȱ est,ȱ selonȱ vous,ȱ leȱ statutȱ deȱ laȱ femmeȱ célibataireȱ dansȱ notreȱ sociétéȱ? Carnouspensonsqu’enenparlantilspourraientsedépartirdeleur ethnocentrisme de départ en reconnaissant que ce type de personnagenebénéficiepastoujoursd’unexcellenttraitement.Nous pouvonsciterquelquesréponsesquimettentenavantlasoumission desfemmescélibatairesàl’autoritédelafamille: Laȱfemmeȱcélibataireȱn’estȱpasȱlibre,ditunélève,elleȱneȱvitȱjamaisȱseule,ȱsiȱ sesȱparentsȱmeurentȱelleȱestȱobligéeȱdeȱvivreȱavecȱdesȱmembresȱdeȱlaȱfamille.ȱȱ Laȱfemmeȱcélibataireȱn’estȱpasȱlibre,ditunélève,elleȱneȱvitȱjamaisȱseule,ȱsiȱ sesȱparentsȱmeurentȱelleȱestȱobligéeȱdeȱvivreȱavecȱdesȱmembresȱdeȱlaȱfamille.ȱȱ ȱ Oubien:«Alamortdesesparents,elleestpriseencharge parsonfrèreousononcle,ellevitsouslatutelledeshommesdela famillecarellen’apasdemaripourprendresoind’elle»,ȱajouteun autre. Ouencore: ȱ Oubien:«Alamortdesesparents,elleestpriseencharge parsonfrèreousononcle,ellevitsouslatutelledeshommesdela famillecarellen’apasdemaripourprendresoind’elle»,ȱajouteun autre. Ouencore: ȱLaȱvieilleȱfilleȱreprésenteȱuneȱchargeȱpourȱlaȱfamille,ȱc’estȱuneȱresponsabilitéȱ queȱ lesȱ parents,ȱ avantȱ deȱ mourir,ȱ laissentȱ àȱ leursȱ autresȱ enfants.ȱ Elleȱ estȱ parfoisȱmaltraitée.ȱȱȱ ȱLaȱvieilleȱfilleȱreprésenteȱuneȱchargeȱpourȱlaȱfamille,ȱc’estȱuneȱresponsabilitéȱ queȱ lesȱ parents,ȱ avantȱ deȱ mourir,ȱ laissentȱ àȱ leursȱ autresȱ enfants.ȱ Elleȱ estȱ parfoisȱmaltraitée.ȱȱȱ Et dans le même ordre, nous avons retenu la remarque suivante: ȱȱ Et dans le même ordre, nous avons retenu la remarque suivante: ȱȱ ȱLaȱvieilleȱfilleȱestȱparfoisȱmalȱvueȱparȱlaȱsociété,ȱonȱlaȱcritiqueȱetȱonȱseȱmoqueȱ d’elle.ȱPourȱcertainsȱc’estȱuneȱhonte.ȱȱȱ ȱLaȱvieilleȱfilleȱestȱparfoisȱmalȱvueȱparȱlaȱsociété,ȱonȱlaȱcritiqueȱetȱonȱseȱmoqueȱ d’elle.ȱPourȱcertainsȱc’estȱuneȱhonte.ȱȱȱ ȱEnȱ effet,ȱ renchérit un autre, lesȱ parentsȱ essayentȱ deȱ laȱ caserȱ avantȱ deȱ mourirȱ parceȱ qu’ilsȱ ontȱ peurȱ qu’elleȱ neȱ trouveȱ personneȱ pourȱ s’enȱ occuperȱ aprèsȱeux. ȱEnȱ effet,ȱ renchérit un autre, lesȱ parentsȱ essayentȱ deȱ laȱ caserȱ avantȱ deȱ mourirȱ parceȱ qu’ilsȱ ontȱ peurȱ qu’elleȱ neȱ trouveȱ personneȱ pourȱ s’enȱ occuperȱ aprèsȱeux. 70 70 Lesréponsesquenousavonsretenuesmontrentbienquela société tunisienne peut être injuste envers les femmes célibataires. Cecipermettraauxélèvesdeserendrecomptequel’indifférenceet lacruauténesontpasl’apanagedesseulsFrançaisetquelasociété dont ils font partie et qu’ils présentaient comme irréprochable, au début de la séance, peut se révéler aussi injuste que la société françaisequ’ilscritiquaient. ȱ 4.ȱCONCLUSIONȱ ȱ C’est ainsi que les élèves ont réussi, par delà tout obstacle culturel,às’approprierletexte.Peuimportequ’ilsn’aientpasréussi à dégager la dimension christique d’ȱ «ȱéternelleȱ sacrifiéeȱ» qui caractérise le personnage, comme on peut le lire dans quelques analysesdecetexte2,dumomentquecen’estquel’unedeslectures possibles et non l’unique. L’essentiel est que leur culture leur a permis de retrouver un sens au texte, et comme nous l’avons dit précédemment, nous avons l’impression que les interprétations des élèves sont, peutêtre, des échos d’histoires personnelles ou de scènes observées dans leur entourage. Avec l’aide de l’enseignant, qui doit préparer un questionnement ciblé et se charger de synthétiserlesdifférentesréponses,l’élèveseraàmêmedeprendre durecul,etmieuxencore,àsevoiràtraverslaculturedel’Autre,à relativiser ses opinions, et ceci n’aura en rien altéré son plaisir de lecture,bienaucontraire. Lesréponsesquenousavonsretenuesmontrentbienquela société tunisienne peut être injuste envers les femmes célibataires. Cecipermettraauxélèvesdeserendrecomptequel’indifférenceet lacruauténesontpasl’apanagedesseulsFrançaisetquelasociété dont ils font partie et qu’ils présentaient comme irréprochable, au début de la séance, peut se révéler aussi injuste que la société françaisequ’ilscritiquaient. ȱ 4.ȱCONCLUSIONȱ ȱ C’est ainsi que les élèves ont réussi, par delà tout obstacle culturel,às’approprierletexte.Peuimportequ’ilsn’aientpasréussi à dégager la dimension christique d’ȱ «ȱéternelleȱ sacrifiéeȱ» qui caractérise le personnage, comme on peut le lire dans quelques analysesdecetexte2,dumomentquecen’estquel’unedeslectures possibles et non l’unique. L’essentiel est que leur culture leur a permis de retrouver un sens au texte, et comme nous l’avons dit précédemment, nous avons l’impression que les interprétations des élèves sont, peutêtre, des échos d’histoires personnelles ou de scènes observées dans leur entourage. Avec l’aide de l’enseignant, qui doit préparer un questionnement ciblé et se charger de synthétiserlesdifférentesréponses,l’élèveseraàmêmedeprendre durecul,etmieuxencore,àsevoiràtraverslaculturedel’Autre,à relativiser ses opinions, et ceci n’aura en rien altéré son plaisir de lecture,bienaucontraire. Lesélèvesquenousavonsrencontré,malgréleurignorance totaledesconditionsdeproductionducontedeMaupassant,etau delà des considérations aristocratiques inhérentes au texte, qu’ils n’ont, du reste, pas remarquées, n’ont pas eu du mal à adopter le pointdevuedel’auteuretdeserévolter,àleurmanière,«ȱdevantȱleȱ martyreȱ desȱ faiblesȱ etȱ desȱ déshéritésȱ deȱ laȱ vieȱ» (Hannachi, 2002: 36).ȱ CettecompassionpourLisonportaitlestracesdel’identitéculturelle desélèves,enclins,departl’influenceinconscientedeleurreligion,à vouloiraiderlesfaibles.Ilsontaussiprisconsciencequ’ilexistebien, Lesélèvesquenousavonsrencontré,malgréleurignorance totaledesconditionsdeproductionducontedeMaupassant,etau delà des considérations aristocratiques inhérentes au texte, qu’ils n’ont, du reste, pas remarquées, n’ont pas eu du mal à adopter le pointdevuedel’auteuretdeserévolter,àleurmanière,«ȱdevantȱleȱ martyreȱ desȱ faiblesȱ etȱ desȱ déshéritésȱ deȱ laȱ vieȱ» (Hannachi, 2002: 36).ȱ CettecompassionpourLisonportaitlestracesdel’identitéculturelle desélèves,enclins,departl’influenceinconscientedeleurreligion,à vouloiraiderlesfaibles.Ilsontaussiprisconsciencequ’ilexistebien, 71 71 Lesréponsesquenousavonsretenuesmontrentbienquela société tunisienne peut être injuste envers les femmes célibataires. Cecipermettraauxélèvesdeserendrecomptequel’indifférenceet lacruauténesontpasl’apanagedesseulsFrançaisetquelasociété dont ils font partie et qu’ils présentaient comme irréprochable, au début de la séance, peut se révéler aussi injuste que la société françaisequ’ilscritiquaient. ȱ 4.ȱCONCLUSIONȱ ȱ C’est ainsi que les élèves ont réussi, par delà tout obstacle culturel,às’approprierletexte.Peuimportequ’ilsn’aientpasréussi à dégager la dimension christique d’ȱ «ȱéternelleȱ sacrifiéeȱ» qui caractérise le personnage, comme on peut le lire dans quelques analysesdecetexte2,dumomentquecen’estquel’unedeslectures possibles et non l’unique. L’essentiel est que leur culture leur a permis de retrouver un sens au texte, et comme nous l’avons dit précédemment, nous avons l’impression que les interprétations des élèves sont, peutêtre, des échos d’histoires personnelles ou de scènes observées dans leur entourage. Avec l’aide de l’enseignant, qui doit préparer un questionnement ciblé et se charger de synthétiserlesdifférentesréponses,l’élèveseraàmêmedeprendre durecul,etmieuxencore,àsevoiràtraverslaculturedel’Autre,à relativiser ses opinions, et ceci n’aura en rien altéré son plaisir de lecture,bienaucontraire. Lesréponsesquenousavonsretenuesmontrentbienquela société tunisienne peut être injuste envers les femmes célibataires. Cecipermettraauxélèvesdeserendrecomptequel’indifférenceet lacruauténesontpasl’apanagedesseulsFrançaisetquelasociété dont ils font partie et qu’ils présentaient comme irréprochable, au début de la séance, peut se révéler aussi injuste que la société françaisequ’ilscritiquaient. ȱ 4.ȱCONCLUSIONȱ ȱ C’est ainsi que les élèves ont réussi, par delà tout obstacle culturel,às’approprierletexte.Peuimportequ’ilsn’aientpasréussi à dégager la dimension christique d’ȱ «ȱéternelleȱ sacrifiéeȱ» qui caractérise le personnage, comme on peut le lire dans quelques analysesdecetexte2,dumomentquecen’estquel’unedeslectures possibles et non l’unique. L’essentiel est que leur culture leur a permis de retrouver un sens au texte, et comme nous l’avons dit précédemment, nous avons l’impression que les interprétations des élèves sont, peutêtre, des échos d’histoires personnelles ou de scènes observées dans leur entourage. Avec l’aide de l’enseignant, qui doit préparer un questionnement ciblé et se charger de synthétiserlesdifférentesréponses,l’élèveseraàmêmedeprendre durecul,etmieuxencore,àsevoiràtraverslaculturedel’Autre,à relativiser ses opinions, et ceci n’aura en rien altéré son plaisir de lecture,bienaucontraire. Lesélèvesquenousavonsrencontré,malgréleurignorance totaledesconditionsdeproductionducontedeMaupassant,etau delà des considérations aristocratiques inhérentes au texte, qu’ils n’ont, du reste, pas remarquées, n’ont pas eu du mal à adopter le pointdevuedel’auteuretdeserévolter,àleurmanière,«ȱdevantȱleȱ martyreȱ desȱ faiblesȱ etȱ desȱ déshéritésȱ deȱ laȱ vieȱ» (Hannachi, 2002: 36).ȱ CettecompassionpourLisonportaitlestracesdel’identitéculturelle desélèves,enclins,departl’influenceinconscientedeleurreligion,à vouloiraiderlesfaibles.Ilsontaussiprisconsciencequ’ilexistebien, Lesélèvesquenousavonsrencontré,malgréleurignorance totaledesconditionsdeproductionducontedeMaupassant,etau delà des considérations aristocratiques inhérentes au texte, qu’ils n’ont, du reste, pas remarquées, n’ont pas eu du mal à adopter le pointdevuedel’auteuretdeserévolter,àleurmanière,«ȱdevantȱleȱ martyreȱ desȱ faiblesȱ etȱ desȱ déshéritésȱ deȱ laȱ vieȱ» (Hannachi, 2002: 36).ȱ CettecompassionpourLisonportaitlestracesdel’identitéculturelle desélèves,enclins,departl’influenceinconscientedeleurreligion,à vouloiraiderlesfaibles.Ilsontaussiprisconsciencequ’ilexistebien, 71 71 dans leur société, ou même parmi eux, des individus qui se comportentaussicommelessœursetlesneveuxdeLison. dans leur société, ou même parmi eux, des individus qui se comportentaussicommelessœursetlesneveuxdeLison. ȱNous tenons quand même à préciser que la démarche décritedanscetteexpériencen’apasétéfacileàmettreenplacedans la mesure où la résistance de quelques élèves a parfois mené la séance à un blocage. Quelques élèves ont trouvé aberrant de considérer que les Français puissent être aussi cléments que les Arabes et les musulmans. Ils ont résisté à l’idée qu’il puisse exister unpeupleaussisolidairequeleleuretontrejetél’idéeselonlaquelle Maupassant serait un échantillon de plusieurs autres Français qui sont aussi compatissants qu’euxmêmes voire plus. Il serait donc judicieuxdemontrerauxélèves,dèslespremièresannéesducursus, l’intérêt que pourrait avoir une démarche qui leur permette de confronter les points de vue et d’admettre qu’il existe plusieurs façons de voir le monde et les choses. Ceci leur permettra de minimiserl’impressionqu’ilsontd’avoirtoujoursraisonetlesaidera à réviser leur attitudes ethnocentriques et partant ils pourront entamercequeBesseappelle«ȱéducationȱinterculturelleȱ».ȱ NOTESȱ ȱNous tenons quand même à préciser que la démarche décritedanscetteexpériencen’apasétéfacileàmettreenplacedans la mesure où la résistance de quelques élèves a parfois mené la séance à un blocage. Quelques élèves ont trouvé aberrant de considérer que les Français puissent être aussi cléments que les Arabes et les musulmans. Ils ont résisté à l’idée qu’il puisse exister unpeupleaussisolidairequeleleuretontrejetél’idéeselonlaquelle Maupassant serait un échantillon de plusieurs autres Français qui sont aussi compatissants qu’euxmêmes voire plus. Il serait donc judicieuxdemontrerauxélèves,dèslespremièresannéesducursus, l’intérêt que pourrait avoir une démarche qui leur permette de confronter les points de vue et d’admettre qu’il existe plusieurs façons de voir le monde et les choses. Ceci leur permettra de minimiserl’impressionqu’ilsontd’avoirtoujoursraisonetlesaidera à réviser leur attitudes ethnocentriques et partant ils pourront entamercequeBesseappelle«ȱéducationȱinterculturelleȱ».ȱ NOTESȱ ȱ La question était : « Quels sentiments, les membres de la famille, éprouvent-ils pour Lison ? Pourquoi d’après-vous ? » 2 Lire au cycle 2. http://www.w3.org/TR/DTD/xhtml ȱ La question était : « Quels sentiments, les membres de la famille, éprouvent-ils pour Lison ? Pourquoi d’après-vous ? » 2 Lire au cycle 2. http://www.w3.org/TR/DTD/xhtml 1 1 ȱ REFERENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ ABDALLAHPRETCEILLE Martine, 1992, intégrationȱ?ȱ,Paris,Hachette. ȱ REFERENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ Quelleȱ écoleȱ pourȱ quelleȱ ABDALLAHPRETCEILLE Martine, 1992, intégrationȱ?ȱ,Paris,Hachette. Quelleȱ écoleȱ pourȱ quelleȱ SÉOUDAmor,1997,Pourȱuneȱdidactiqueȱdeȱlaȱlittérature,Paris,HatierDidier, Coll.LAL. SÉOUDAmor,1997,Pourȱuneȱdidactiqueȱdeȱlaȱlittérature,Paris,HatierDidier, Coll.LAL. HANNACHI Habib,ȱ 2002, Parcoursȱ:ȱ Leȱ françaisȱ enȱ Troisièmeȱ annéeȱ deȱ l’enseignementȱsecondaire,Ed.C.N.P,Tunis. HANNACHI Habib,ȱ 2002, Parcoursȱ:ȱ Leȱ françaisȱ enȱ Troisièmeȱ annéeȱ deȱ l’enseignementȱsecondaire,Ed.C.N.P,Tunis. 72 72 dans leur société, ou même parmi eux, des individus qui se comportentaussicommelessœursetlesneveuxdeLison. dans leur société, ou même parmi eux, des individus qui se comportentaussicommelessœursetlesneveuxdeLison. ȱNous tenons quand même à préciser que la démarche décritedanscetteexpériencen’apasétéfacileàmettreenplacedans la mesure où la résistance de quelques élèves a parfois mené la séance à un blocage. Quelques élèves ont trouvé aberrant de considérer que les Français puissent être aussi cléments que les Arabes et les musulmans. Ils ont résisté à l’idée qu’il puisse exister unpeupleaussisolidairequeleleuretontrejetél’idéeselonlaquelle Maupassant serait un échantillon de plusieurs autres Français qui sont aussi compatissants qu’euxmêmes voire plus. Il serait donc judicieuxdemontrerauxélèves,dèslespremièresannéesducursus, l’intérêt que pourrait avoir une démarche qui leur permette de confronter les points de vue et d’admettre qu’il existe plusieurs façons de voir le monde et les choses. Ceci leur permettra de minimiserl’impressionqu’ilsontd’avoirtoujoursraisonetlesaidera à réviser leur attitudes ethnocentriques et partant ils pourront entamercequeBesseappelle«ȱéducationȱinterculturelleȱ».ȱ NOTESȱ ȱNous tenons quand même à préciser que la démarche décritedanscetteexpériencen’apasétéfacileàmettreenplacedans la mesure où la résistance de quelques élèves a parfois mené la séance à un blocage. Quelques élèves ont trouvé aberrant de considérer que les Français puissent être aussi cléments que les Arabes et les musulmans. Ils ont résisté à l’idée qu’il puisse exister unpeupleaussisolidairequeleleuretontrejetél’idéeselonlaquelle Maupassant serait un échantillon de plusieurs autres Français qui sont aussi compatissants qu’euxmêmes voire plus. Il serait donc judicieuxdemontrerauxélèves,dèslespremièresannéesducursus, l’intérêt que pourrait avoir une démarche qui leur permette de confronter les points de vue et d’admettre qu’il existe plusieurs façons de voir le monde et les choses. Ceci leur permettra de minimiserl’impressionqu’ilsontd’avoirtoujoursraisonetlesaidera à réviser leur attitudes ethnocentriques et partant ils pourront entamercequeBesseappelle«ȱéducationȱinterculturelleȱ».ȱ NOTESȱ ȱ La question était : « Quels sentiments, les membres de la famille, éprouvent-ils pour Lison ? Pourquoi d’après-vous ? » 2 Lire au cycle 2. http://www.w3.org/TR/DTD/xhtml ȱ La question était : « Quels sentiments, les membres de la famille, éprouvent-ils pour Lison ? Pourquoi d’après-vous ? » 2 Lire au cycle 2. http://www.w3.org/TR/DTD/xhtml 1 1 ȱ REFERENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ ABDALLAHPRETCEILLE Martine, 1992, intégrationȱ?ȱ,Paris,Hachette. ȱ REFERENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ Quelleȱ écoleȱ pourȱ quelleȱ ABDALLAHPRETCEILLE Martine, 1992, intégrationȱ?ȱ,Paris,Hachette. Quelleȱ écoleȱ pourȱ quelleȱ SÉOUDAmor,1997,Pourȱuneȱdidactiqueȱdeȱlaȱlittérature,Paris,HatierDidier, Coll.LAL. SÉOUDAmor,1997,Pourȱuneȱdidactiqueȱdeȱlaȱlittérature,Paris,HatierDidier, Coll.LAL. HANNACHI Habib,ȱ 2002, Parcoursȱ:ȱ Leȱ françaisȱ enȱ Troisièmeȱ annéeȱ deȱ l’enseignementȱsecondaire,Ed.C.N.P,Tunis. HANNACHI Habib,ȱ 2002, Parcoursȱ:ȱ Leȱ françaisȱ enȱ Troisièmeȱ annéeȱ deȱ l’enseignementȱsecondaire,Ed.C.N.P,Tunis. 72 72 RIASSUNTO ȱ RIASSUNTO ȱ Laclassedifranceseinquantolinguastranieraèilluogoidealeper l’attuazione di un approccio interculturale che permette lo scambio e l’arricchimento mutuale di cui parla Porcher, visto che solo nella classe di lingua l’alunno prende coscienza delle particolarità della propria lingua/cultura al contatto di una lingua/cultura che gli è sconosciuta. È questal’ideacheverràespostanellanostracomunicazione. TEXTEȱSUPPORTȱ:ȱ ȱ Laclassedifranceseinquantolinguastranieraèilluogoidealeper l’attuazione di un approccio interculturale che permette lo scambio e l’arricchimento mutuale di cui parla Porcher, visto che solo nella classe di lingua l’alunno prende coscienza delle particolarità della propria lingua/cultura al contatto di una lingua/cultura che gli è sconosciuta. È questal’ideacheverràespostanellanostracomunicazione. TEXTEȱSUPPORTȱ:ȱ ȱ C’était une petite femme qui parlait peu, s’effaçait toujours, ne faisaitpointdebruit,apparaissaitseulementauxheuresdesrepas,remontait ensuitedanssachambreoùellerestaitenferméesanscesse.Elleavaitunair bon et vieillot, un œil doux et triste, et ne comptait presque pas dans la famille. C’était une petite femme qui parlait peu, s’effaçait toujours, ne faisaitpointdebruit,apparaissaitseulementauxheuresdesrepas,remontait ensuitedanssachambreoùellerestaitenferméesanscesse.Elleavaitunair bon et vieillot, un œil doux et triste, et ne comptait presque pas dans la famille. Les deux sœurs, qui étaient veuves, ayant tenu une place dans le monde, la considéraient un peu comme un être insignifiant. On la traitait avec une familiarité sans gêne que cachait une sorte de bonté un peu méprisante pour la vieille fille. Elle s’appelait Lise, étant née aux jours où Béranger régnait sur la France. Quand on a vu qu’elle ne se mariait pas, qu’elle ne se marierait sans doute point, de Lise on avait fait Lison. Aujourd’hui elle était «tante Lison», une humble vieille proprette, affreusement timide même avec les siens, qui l’aimaient d’une affection participant de l’habitude de la compassion et d’une indifférence bienveillante. Les deux sœurs, qui étaient veuves, ayant tenu une place dans le monde, la considéraient un peu comme un être insignifiant. On la traitait avec une familiarité sans gêne que cachait une sorte de bonté un peu méprisante pour la vieille fille. Elle s’appelait Lise, étant née aux jours où Béranger régnait sur la France. Quand on a vu qu’elle ne se mariait pas, qu’elle ne se marierait sans doute point, de Lise on avait fait Lison. Aujourd’hui elle était «tante Lison», une humble vieille proprette, affreusement timide même avec les siens, qui l’aimaient d’une affection participant de l’habitude de la compassion et d’une indifférence bienveillante. ȱ Les enfants ne montaient jamais l’embrasser dans sa chambre. La bonneseulepénétraitchezelle.C’estàpeinesionsavaitoùétaitsituéecette chambre, cette chambre où s’écoulait solitairement toute cette pauvre vie. Ellenetenaitpointdeplace.Quandellen’étaitpaslà,onneparlaitjamais d’elle, on ne songeait jamais à elle C’était un de ces êtres effacés qui demeurent inconnus même à leur proches, comme inexplorés, et dont la mortnefaitnitrounividedansunemaison,undecesêtresquinesavent entrernidansl’existencenidansleshabitudes,nidansl’amourdeceuxqui viventàcôtéd’eux. ȱ Les enfants ne montaient jamais l’embrasser dans sa chambre. La bonneseulepénétraitchezelle.C’estàpeinesionsavaitoùétaitsituéecette chambre, cette chambre où s’écoulait solitairement toute cette pauvre vie. Ellenetenaitpointdeplace.Quandellen’étaitpaslà,onneparlaitjamais d’elle, on ne songeait jamais à elle C’était un de ces êtres effacés qui demeurent inconnus même à leur proches, comme inexplorés, et dont la mortnefaitnitrounividedansunemaison,undecesêtresquinesavent entrernidansl’existencenidansleshabitudes,nidansl’amourdeceuxqui viventàcôtéd’eux. Ellemarchaittoujoursàpetitspaspressésetmuets,nefaisaitjamais de bruit, ne heurtait jamais rien, semblait communiquer aux objets la Ellemarchaittoujoursàpetitspaspressésetmuets,nefaisaitjamais de bruit, ne heurtait jamais rien, semblait communiquer aux objets la 73 73 RIASSUNTO ȱ RIASSUNTO ȱ Laclassedifranceseinquantolinguastranieraèilluogoidealeper l’attuazione di un approccio interculturale che permette lo scambio e l’arricchimento mutuale di cui parla Porcher, visto che solo nella classe di lingua l’alunno prende coscienza delle particolarità della propria lingua/cultura al contatto di una lingua/cultura che gli è sconosciuta. È questal’ideacheverràespostanellanostracomunicazione. TEXTEȱSUPPORTȱ:ȱ ȱ Laclassedifranceseinquantolinguastranieraèilluogoidealeper l’attuazione di un approccio interculturale che permette lo scambio e l’arricchimento mutuale di cui parla Porcher, visto che solo nella classe di lingua l’alunno prende coscienza delle particolarità della propria lingua/cultura al contatto di una lingua/cultura che gli è sconosciuta. È questal’ideacheverràespostanellanostracomunicazione. TEXTEȱSUPPORTȱ:ȱ ȱ C’était une petite femme qui parlait peu, s’effaçait toujours, ne faisaitpointdebruit,apparaissaitseulementauxheuresdesrepas,remontait ensuitedanssachambreoùellerestaitenferméesanscesse.Elleavaitunair bon et vieillot, un œil doux et triste, et ne comptait presque pas dans la famille. C’était une petite femme qui parlait peu, s’effaçait toujours, ne faisaitpointdebruit,apparaissaitseulementauxheuresdesrepas,remontait ensuitedanssachambreoùellerestaitenferméesanscesse.Elleavaitunair bon et vieillot, un œil doux et triste, et ne comptait presque pas dans la famille. Les deux sœurs, qui étaient veuves, ayant tenu une place dans le monde, la considéraient un peu comme un être insignifiant. On la traitait avec une familiarité sans gêne que cachait une sorte de bonté un peu méprisante pour la vieille fille. Elle s’appelait Lise, étant née aux jours où Béranger régnait sur la France. Quand on a vu qu’elle ne se mariait pas, qu’elle ne se marierait sans doute point, de Lise on avait fait Lison. Aujourd’hui elle était «tante Lison», une humble vieille proprette, affreusement timide même avec les siens, qui l’aimaient d’une affection participant de l’habitude de la compassion et d’une indifférence bienveillante. Les deux sœurs, qui étaient veuves, ayant tenu une place dans le monde, la considéraient un peu comme un être insignifiant. On la traitait avec une familiarité sans gêne que cachait une sorte de bonté un peu méprisante pour la vieille fille. Elle s’appelait Lise, étant née aux jours où Béranger régnait sur la France. Quand on a vu qu’elle ne se mariait pas, qu’elle ne se marierait sans doute point, de Lise on avait fait Lison. Aujourd’hui elle était «tante Lison», une humble vieille proprette, affreusement timide même avec les siens, qui l’aimaient d’une affection participant de l’habitude de la compassion et d’une indifférence bienveillante. ȱ Les enfants ne montaient jamais l’embrasser dans sa chambre. La bonneseulepénétraitchezelle.C’estàpeinesionsavaitoùétaitsituéecette chambre, cette chambre où s’écoulait solitairement toute cette pauvre vie. Ellenetenaitpointdeplace.Quandellen’étaitpaslà,onneparlaitjamais d’elle, on ne songeait jamais à elle C’était un de ces êtres effacés qui demeurent inconnus même à leur proches, comme inexplorés, et dont la mortnefaitnitrounividedansunemaison,undecesêtresquinesavent entrernidansl’existencenidansleshabitudes,nidansl’amourdeceuxqui viventàcôtéd’eux. ȱ Les enfants ne montaient jamais l’embrasser dans sa chambre. La bonneseulepénétraitchezelle.C’estàpeinesionsavaitoùétaitsituéecette chambre, cette chambre où s’écoulait solitairement toute cette pauvre vie. Ellenetenaitpointdeplace.Quandellen’étaitpaslà,onneparlaitjamais d’elle, on ne songeait jamais à elle C’était un de ces êtres effacés qui demeurent inconnus même à leur proches, comme inexplorés, et dont la mortnefaitnitrounividedansunemaison,undecesêtresquinesavent entrernidansl’existencenidansleshabitudes,nidansl’amourdeceuxqui viventàcôtéd’eux. Ellemarchaittoujoursàpetitspaspressésetmuets,nefaisaitjamais de bruit, ne heurtait jamais rien, semblait communiquer aux objets la Ellemarchaittoujoursàpetitspaspressésetmuets,nefaisaitjamais de bruit, ne heurtait jamais rien, semblait communiquer aux objets la 73 73 propriétédenerendreaucunson,sesmainsparaissaientfaitesd’uneespèce d’ouate,tantellemaniaitlégèrementetdélicatementtoutcequ’elletouchait. propriétédenerendreaucunson,sesmainsparaissaientfaitesd’uneespèce d’ouate,tantellemaniaitlégèrementetdélicatementtoutcequ’elletouchait. Quand on prononçait: «tante Lison», ces deux mots n’éveillaientpourainsidireaucunepenséedansl’espritdepersonne.C’est commesionavaitdit:«lacafetière»ou«lesucrier». Quand on prononçait: «tante Lison», ces deux mots n’éveillaientpourainsidireaucunepenséedansl’espritdepersonne.C’est commesionavaitdit:«lacafetière»ou«lesucrier». ȱGuyȱDeȱMaupassant,ȱParȱunȱsoirȱdeȱprintemps,ȱ1885ȱ ȱGuyȱDeȱMaupassant,ȱParȱunȱsoirȱdeȱprintemps,ȱ1885ȱ 74 74 propriétédenerendreaucunson,sesmainsparaissaientfaitesd’uneespèce d’ouate,tantellemaniaitlégèrementetdélicatementtoutcequ’elletouchait. propriétédenerendreaucunson,sesmainsparaissaientfaitesd’uneespèce d’ouate,tantellemaniaitlégèrementetdélicatementtoutcequ’elletouchait. Quand on prononçait: «tante Lison», ces deux mots n’éveillaientpourainsidireaucunepenséedansl’espritdepersonne.C’est commesionavaitdit:«lacafetière»ou«lesucrier». Quand on prononçait: «tante Lison», ces deux mots n’éveillaientpourainsidireaucunepenséedansl’espritdepersonne.C’est commesionavaitdit:«lacafetière»ou«lesucrier». ȱGuyȱDeȱMaupassant,ȱParȱunȱsoirȱdeȱprintemps,ȱ1885ȱ ȱGuyȱDeȱMaupassant,ȱParȱunȱsoirȱdeȱprintemps,ȱ1885ȱ 74 74 ȱ ȱ ȱ ȱ LETTRESȱFRANÇAISESȱD’UNEȱPERSANEȱ LETTRESȱFRANÇAISESȱD’UNEȱPERSANEȱ OUȱQUANDȱL’INTERTEXTUELȱSEȱ CONFONDȱAVECȱL’INTERCULTURELȱ OUȱQUANDȱL’INTERTEXTUELȱSEȱ CONFONDȱAVECȱL’INTERCULTURELȱ ȱ ȱ AmorȱSÉOUDȱ UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ AmorȱSÉOUDȱ UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ La mondialisation, que certains préfèrent appeler ‘globalisation’, apparaît pour beaucoup comme un processus d’uniformisationdelapenséeetdesvaleurs.Pourlesthèseslesplus pessimistes, auxquelles le cours des événements, depuis le 11 septembre 2001 en particulier, semble donner raison, l’éclatement des frontières donne lieu à un écrasement des identités, qui fait craindre le fameux «choc des civilisations» dont parle Samuel Huntington(1997).Ilestbienvraiqueoccidentales,peutprovoquer des réactions de résistance qui parfois se manifestent par une violencespectaculaireicietlàdanslemonde. La mondialisation, que certains préfèrent appeler ‘globalisation’, apparaît pour beaucoup comme un processus d’uniformisationdelapenséeetdesvaleurs.Pourlesthèseslesplus pessimistes, auxquelles le cours des événements, depuis le 11 septembre 2001 en particulier, semble donner raison, l’éclatement des frontières donne lieu à un écrasement des identités, qui fait craindre le fameux «choc des civilisations» dont parle Samuel Huntington(1997).Ilestbienvraiqueoccidentales,peutprovoquer des réactions de résistance qui parfois se manifestent par une violencespectaculaireicietlàdanslemonde. Maisvoicique,danscecontextedecriseidentitaire,oùonen arriveauboutducompteàneplussavoirquiestqui,uneiranienne publieunromanautitreintriguant:CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ? Une iranienne, Chahdortt Djavann, quiȱ aȱ priori n’est pas tellement fièredel’être,quiauraitaiméêtrefrançaise,d’oùl’interrogationqui faitletitre… Maisvoicique,danscecontextedecriseidentitaire,oùonen arriveauboutducompteàneplussavoirquiestqui,uneiranienne publieunromanautitreintriguant:CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ? Une iranienne, Chahdortt Djavann, quiȱ aȱ priori n’est pas tellement fièredel’être,quiauraitaiméêtrefrançaise,d’oùl’interrogationqui faitletitre… Entoutcas,dèscetitre,quifaitéchoàlacélèbrequestionde Montesquieu:«CommentpeutonêtrePersan?»,(1993)l’iranienne enquestionrevendiquevisiblementl’héritagedesLumières. Entoutcas,dèscetitre,quifaitéchoàlacélèbrequestionde Montesquieu:«CommentpeutonêtrePersan?»,(1993)l’iranienne enquestionrevendiquevisiblementl’héritagedesLumières. 75 75 ȱ ȱ ȱ ȱ LETTRESȱFRANÇAISESȱD’UNEȱPERSANEȱ LETTRESȱFRANÇAISESȱD’UNEȱPERSANEȱ OUȱQUANDȱL’INTERTEXTUELȱSEȱ CONFONDȱAVECȱL’INTERCULTURELȱ OUȱQUANDȱL’INTERTEXTUELȱSEȱ CONFONDȱAVECȱL’INTERCULTURELȱ ȱ ȱ AmorȱSÉOUDȱ UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ AmorȱSÉOUDȱ UniversitéȱdeȱSousse,ȱTunisieȱ La mondialisation, que certains préfèrent appeler ‘globalisation’, apparaît pour beaucoup comme un processus d’uniformisationdelapenséeetdesvaleurs.Pourlesthèseslesplus pessimistes, auxquelles le cours des événements, depuis le 11 septembre 2001 en particulier, semble donner raison, l’éclatement des frontières donne lieu à un écrasement des identités, qui fait craindre le fameux «choc des civilisations» dont parle Samuel Huntington(1997).Ilestbienvraiqueoccidentales,peutprovoquer des réactions de résistance qui parfois se manifestent par une violencespectaculaireicietlàdanslemonde. La mondialisation, que certains préfèrent appeler ‘globalisation’, apparaît pour beaucoup comme un processus d’uniformisationdelapenséeetdesvaleurs.Pourlesthèseslesplus pessimistes, auxquelles le cours des événements, depuis le 11 septembre 2001 en particulier, semble donner raison, l’éclatement des frontières donne lieu à un écrasement des identités, qui fait craindre le fameux «choc des civilisations» dont parle Samuel Huntington(1997).Ilestbienvraiqueoccidentales,peutprovoquer des réactions de résistance qui parfois se manifestent par une violencespectaculaireicietlàdanslemonde. Maisvoicique,danscecontextedecriseidentitaire,oùonen arriveauboutducompteàneplussavoirquiestqui,uneiranienne publieunromanautitreintriguant:CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ? Une iranienne, Chahdortt Djavann, quiȱ aȱ priori n’est pas tellement fièredel’être,quiauraitaiméêtrefrançaise,d’oùl’interrogationqui faitletitre… Maisvoicique,danscecontextedecriseidentitaire,oùonen arriveauboutducompteàneplussavoirquiestqui,uneiranienne publieunromanautitreintriguant:CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ? Une iranienne, Chahdortt Djavann, quiȱ aȱ priori n’est pas tellement fièredel’être,quiauraitaiméêtrefrançaise,d’oùl’interrogationqui faitletitre… Entoutcas,dèscetitre,quifaitéchoàlacélèbrequestionde Montesquieu:«CommentpeutonêtrePersan?»,(1993)l’iranienne enquestionrevendiquevisiblementl’héritagedesLumières. Entoutcas,dèscetitre,quifaitéchoàlacélèbrequestionde Montesquieu:«CommentpeutonêtrePersan?»,(1993)l’iranienne enquestionrevendiquevisiblementl’héritagedesLumières. 75 75 Dans son roman, elle continue l’expérience littéraire des Lettresȱ persanes, tout en l’inversant. De la même façon que Montesquieus’étaitglissédanslapeaudesespersonnagespersans, elle va chercher à entrer dans la sienne jusqu’à faire de lui son personnageprincipal,àquiellevaadresserdeslettresfictivesoùelle faitlasatire,commeluijadis,despeuplesd’Occidentetd’Orient.En fait, elle ne fait que prendre la relève de l’auteur des Lumières, sa motivation étant toute trouvée: «Les auteurs comme vous manquentcruellementànotreépoque»,luiditelleenpostscriptum. (Djavann,2006:233) Dans son roman, elle continue l’expérience littéraire des Lettresȱ persanes, tout en l’inversant. De la même façon que Montesquieus’étaitglissédanslapeaudesespersonnagespersans, elle va chercher à entrer dans la sienne jusqu’à faire de lui son personnageprincipal,àquiellevaadresserdeslettresfictivesoùelle faitlasatire,commeluijadis,despeuplesd’Occidentetd’Orient.En fait, elle ne fait que prendre la relève de l’auteur des Lumières, sa motivation étant toute trouvée: «Les auteurs comme vous manquentcruellementànotreépoque»,luiditelleenpostscriptum. (Djavann,2006:233) Vatelle être à la hauteur de la tâche? Elle le tentera, en adoptant la même démarche que lui: vaetvient entre Paris et Téhéran,lasociétéoccidentaleetlasociétéorientale,etc.;lesthèmes quiluisontchers:laconditiondelafemme,lareligion,lepouvoir, etc.; ses idées: que la vertu s’hérite de la nature, qu’elle n’est que l’accomplissementduplaisir,etc.,etenfinjusqu’àsonstyle: Vatelle être à la hauteur de la tâche? Elle le tentera, en adoptant la même démarche que lui: vaetvient entre Paris et Téhéran,lasociétéoccidentaleetlasociétéorientale,etc.;lesthèmes quiluisontchers:laconditiondelafemme,lareligion,lepouvoir, etc.; ses idées: que la vertu s’hérite de la nature, qu’elle n’est que l’accomplissementduplaisir,etc.,etenfinjusqu’àsonstyle: ȱ Lesȱ peuplesȱ d’Orientȱ souffrentȱ d’unȱ complexeȱ d’inférioritéȱ etȱ lesȱ peuplesȱ d’Occidentȱd’unȱcomplexeȱdeȱsupériorité.ȱLesȱpremiersȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱ deȱleurȱêtreȱlesȱdéficiencesȱdeȱleursȱinstitutionsȱetȱdeȱleursȱgouvernementsȱetȱ lesȱautresȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱdeȱleurȱêtreȱl’efficienceȱdeȱleursȱinstitutionsȱ etȱ deȱ leursȱ gouvernements.ȱ Lesȱ progrèsȱ etȱ laȱ civilitéȱ desȱ peuplesȱ bienȱ queȱ différents,ȱ seraientȱ égauxȱ dansȱ lesȱ différentsȱ paysȱ siȱ l’éducationȱ etȱ laȱ démocratieȱdesȱgouvernements.(p.177) ȱ Lesȱ peuplesȱ d’Orientȱ souffrentȱ d’unȱ complexeȱ d’inférioritéȱ etȱ lesȱ peuplesȱ d’Occidentȱd’unȱcomplexeȱdeȱsupériorité.ȱLesȱpremiersȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱ deȱleurȱêtreȱlesȱdéficiencesȱdeȱleursȱinstitutionsȱetȱdeȱleursȱgouvernementsȱetȱ lesȱautresȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱdeȱleurȱêtreȱl’efficienceȱdeȱleursȱinstitutionsȱ etȱ deȱ leursȱ gouvernements.ȱ Lesȱ progrèsȱ etȱ laȱ civilitéȱ desȱ peuplesȱ bienȱ queȱ différents,ȱ seraientȱ égauxȱ dansȱ lesȱ différentsȱ paysȱ siȱ l’éducationȱ etȱ laȱ démocratieȱdesȱgouvernements.(p.177) On croirait lire les Lettres persanes ellesmêmes. La relève (ou l’imitation) semble donc réussir, mais ce qui importe pour Djavann visiblement, c’est surtout d’être à la hauteur du principal personnage femme de Montesquieu: Roxane, comme elle le lui fait savoirdansl’unedeseslettres:«J’espèreêtrebientôtàlahauteurde votre Roxane imaginaire.» Celleci est l’une des femmes d’Usbek, qui, à la différence des autres femmes du harem, se révolte contre lui,letrompeetleluiécrit,enluiaffirmantquedanslaservitudede sérailoùelleavécu,elleatoujoursétéunefemmelibre,parcequ’elle a «réformé ses lois sur celles de la nature», qui sont celles de la liberté(p.279).Cetteidéedelibertéfondéesurlesloisdelanature, On croirait lire les Lettres persanes ellesmêmes. La relève (ou l’imitation) semble donc réussir, mais ce qui importe pour Djavann visiblement, c’est surtout d’être à la hauteur du principal personnage femme de Montesquieu: Roxane, comme elle le lui fait savoirdansl’unedeseslettres:«J’espèreêtrebientôtàlahauteurde votre Roxane imaginaire.» Celleci est l’une des femmes d’Usbek, qui, à la différence des autres femmes du harem, se révolte contre lui,letrompeetleluiécrit,enluiaffirmantquedanslaservitudede sérailoùelleavécu,elleatoujoursétéunefemmelibre,parcequ’elle a «réformé ses lois sur celles de la nature», qui sont celles de la liberté(p.279).Cetteidéedelibertéfondéesurlesloisdelanature, 76 76 Dans son roman, elle continue l’expérience littéraire des Lettresȱ persanes, tout en l’inversant. De la même façon que Montesquieus’étaitglissédanslapeaudesespersonnagespersans, elle va chercher à entrer dans la sienne jusqu’à faire de lui son personnageprincipal,àquiellevaadresserdeslettresfictivesoùelle faitlasatire,commeluijadis,despeuplesd’Occidentetd’Orient.En fait, elle ne fait que prendre la relève de l’auteur des Lumières, sa motivation étant toute trouvée: «Les auteurs comme vous manquentcruellementànotreépoque»,luiditelleenpostscriptum. (Djavann,2006:233) Dans son roman, elle continue l’expérience littéraire des Lettresȱ persanes, tout en l’inversant. De la même façon que Montesquieus’étaitglissédanslapeaudesespersonnagespersans, elle va chercher à entrer dans la sienne jusqu’à faire de lui son personnageprincipal,àquiellevaadresserdeslettresfictivesoùelle faitlasatire,commeluijadis,despeuplesd’Occidentetd’Orient.En fait, elle ne fait que prendre la relève de l’auteur des Lumières, sa motivation étant toute trouvée: «Les auteurs comme vous manquentcruellementànotreépoque»,luiditelleenpostscriptum. (Djavann,2006:233) Vatelle être à la hauteur de la tâche? Elle le tentera, en adoptant la même démarche que lui: vaetvient entre Paris et Téhéran,lasociétéoccidentaleetlasociétéorientale,etc.;lesthèmes quiluisontchers:laconditiondelafemme,lareligion,lepouvoir, etc.; ses idées: que la vertu s’hérite de la nature, qu’elle n’est que l’accomplissementduplaisir,etc.,etenfinjusqu’àsonstyle: Vatelle être à la hauteur de la tâche? Elle le tentera, en adoptant la même démarche que lui: vaetvient entre Paris et Téhéran,lasociétéoccidentaleetlasociétéorientale,etc.;lesthèmes quiluisontchers:laconditiondelafemme,lareligion,lepouvoir, etc.; ses idées: que la vertu s’hérite de la nature, qu’elle n’est que l’accomplissementduplaisir,etc.,etenfinjusqu’àsonstyle: ȱ Lesȱ peuplesȱ d’Orientȱ souffrentȱ d’unȱ complexeȱ d’inférioritéȱ etȱ lesȱ peuplesȱ d’Occidentȱd’unȱcomplexeȱdeȱsupériorité.ȱLesȱpremiersȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱ deȱleurȱêtreȱlesȱdéficiencesȱdeȱleursȱinstitutionsȱetȱdeȱleursȱgouvernementsȱetȱ lesȱautresȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱdeȱleurȱêtreȱl’efficienceȱdeȱleursȱinstitutionsȱ etȱ deȱ leursȱ gouvernements.ȱ Lesȱ progrèsȱ etȱ laȱ civilitéȱ desȱ peuplesȱ bienȱ queȱ différents,ȱ seraientȱ égauxȱ dansȱ lesȱ différentsȱ paysȱ siȱ l’éducationȱ etȱ laȱ démocratieȱdesȱgouvernements.(p.177) ȱ Lesȱ peuplesȱ d’Orientȱ souffrentȱ d’unȱ complexeȱ d’inférioritéȱ etȱ lesȱ peuplesȱ d’Occidentȱd’unȱcomplexeȱdeȱsupériorité.ȱLesȱpremiersȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱ deȱleurȱêtreȱlesȱdéficiencesȱdeȱleursȱinstitutionsȱetȱdeȱleursȱgouvernementsȱetȱ lesȱautresȱattribuentȱàȱlaȱnatureȱdeȱleurȱêtreȱl’efficienceȱdeȱleursȱinstitutionsȱ etȱ deȱ leursȱ gouvernements.ȱ Lesȱ progrèsȱ etȱ laȱ civilitéȱ desȱ peuplesȱ bienȱ queȱ différents,ȱ seraientȱ égauxȱ dansȱ lesȱ différentsȱ paysȱ siȱ l’éducationȱ etȱ laȱ démocratieȱdesȱgouvernements.(p.177) On croirait lire les Lettres persanes ellesmêmes. La relève (ou l’imitation) semble donc réussir, mais ce qui importe pour Djavann visiblement, c’est surtout d’être à la hauteur du principal personnage femme de Montesquieu: Roxane, comme elle le lui fait savoirdansl’unedeseslettres:«J’espèreêtrebientôtàlahauteurde votre Roxane imaginaire.» Celleci est l’une des femmes d’Usbek, qui, à la différence des autres femmes du harem, se révolte contre lui,letrompeetleluiécrit,enluiaffirmantquedanslaservitudede sérailoùelleavécu,elleatoujoursétéunefemmelibre,parcequ’elle a «réformé ses lois sur celles de la nature», qui sont celles de la liberté(p.279).Cetteidéedelibertéfondéesurlesloisdelanature, On croirait lire les Lettres persanes ellesmêmes. La relève (ou l’imitation) semble donc réussir, mais ce qui importe pour Djavann visiblement, c’est surtout d’être à la hauteur du principal personnage femme de Montesquieu: Roxane, comme elle le lui fait savoirdansl’unedeseslettres:«J’espèreêtrebientôtàlahauteurde votre Roxane imaginaire.» Celleci est l’une des femmes d’Usbek, qui, à la différence des autres femmes du harem, se révolte contre lui,letrompeetleluiécrit,enluiaffirmantquedanslaservitudede sérailoùelleavécu,elleatoujoursétéunefemmelibre,parcequ’elle a «réformé ses lois sur celles de la nature», qui sont celles de la liberté(p.279).Cetteidéedelibertéfondéesurlesloisdelanature, 76 76 idée que Roxane était la seule femme du harem à porter, ne peut s’expliquerchezellequeparlaseulevolontédeMontesquieuqui,en bon philosophe des Lumières, explique la valeur de la liberté par référenceàlanature.Roxaneestpourainsidiresonporteparole,et c’est notamment pour cette raison que Djavann choisit d’appeler Roxanesonpersonnageprincipal,quin’estautrequeChahdorttelle même, de la même manière d’ailleurs que la Roxane des Lettres persanesreprésenteMontesquieuenpersonne… idée que Roxane était la seule femme du harem à porter, ne peut s’expliquerchezellequeparlaseulevolontédeMontesquieuqui,en bon philosophe des Lumières, explique la valeur de la liberté par référenceàlanature.Roxaneestpourainsidiresonporteparole,et c’est notamment pour cette raison que Djavann choisit d’appeler Roxanesonpersonnageprincipal,quin’estautrequeChahdorttelle même, de la même manière d’ailleurs que la Roxane des Lettres persanesreprésenteMontesquieuenpersonne… Aussi, les deux Roxane vontelles totalement fusionner, Djavann s’ingéniant à montrer à quel point sa Roxane à elle n’est qu’uneréincarnationdel’autre.Ellelaprésenteratouràtourcomme la Roxane insoumise, la Roxane rebelle, la Roxane hérétique, la Roxane audacieuse. «J’étais née pour être libre», lui feratelle proclameràlafin,(p.205),dansuneformulequiauraitpuêtredite par son illustre prédécesseur, tout comme par n’importe quel philosophe des Lumières d’ailleurs. Bref, «on aurait pu croire que les deux Roxane ne faisaient qu’une», indique Djavann ellemême (p. 130). Lafiliation est donc parfaite, et comme une même identité prépareunmêmedestin,ladeuxièmeRoxanevaausuicidecomme la première, attitude qui, comme le penserait Montaigne, que Montesquieuconnaîtsansdoutetrèsbien,seraitl’expressionultime de l’exercice de la liberté. Mais le suicide de la deuxième Roxane échoue,grâceàunmiracle:danssachambred’hôtelelles’esttaillée les veines, mais le client précédent avait oublié une veste dans l’armoireetestrepasséàlachambrepourlarécupérer,–leSamuest appelé… La Roxane de Djavann, elle, n’est donc pas morte, puisqu’elleestellemêmeDjavann,auteurdulivre! Aussi, les deux Roxane vontelles totalement fusionner, Djavann s’ingéniant à montrer à quel point sa Roxane à elle n’est qu’uneréincarnationdel’autre.Ellelaprésenteratouràtourcomme la Roxane insoumise, la Roxane rebelle, la Roxane hérétique, la Roxane audacieuse. «J’étais née pour être libre», lui feratelle proclameràlafin,(p.205),dansuneformulequiauraitpuêtredite par son illustre prédécesseur, tout comme par n’importe quel philosophe des Lumières d’ailleurs. Bref, «on aurait pu croire que les deux Roxane ne faisaient qu’une», indique Djavann ellemême (p. 130). Lafiliation est donc parfaite, et comme une même identité prépareunmêmedestin,ladeuxièmeRoxanevaausuicidecomme la première, attitude qui, comme le penserait Montaigne, que Montesquieuconnaîtsansdoutetrèsbien,seraitl’expressionultime de l’exercice de la liberté. Mais le suicide de la deuxième Roxane échoue,grâceàunmiracle:danssachambred’hôtelelles’esttaillée les veines, mais le client précédent avait oublié une veste dans l’armoireetestrepasséàlachambrepourlarécupérer,–leSamuest appelé… La Roxane de Djavann, elle, n’est donc pas morte, puisqu’elleestellemêmeDjavann,auteurdulivre! CettefiliationdeRoxaneàRoxane,c’estàdiredeDjavannà Montesquieu,nousintéresseenellemême,deparledomainepropre qui nous réunit, celui de la pédagogie. Les Lettresȱ persanes sont à notreavisl’œuvrelaplusindiquéedupatrimoinepouruneréflexion surl’interculturel.Onpeutmêmelaconsidérer,sionfaitabstraction de quelques essais de Montaigne, comme fondatrice de cette démarche qui, deux siècles plus tard, s’appellera «pédagogie interculturelle».Quetelleoutellelittératurelareprenneaujourd’hui CettefiliationdeRoxaneàRoxane,c’estàdiredeDjavannà Montesquieu,nousintéresseenellemême,deparledomainepropre qui nous réunit, celui de la pédagogie. Les Lettresȱ persanes sont à notreavisl’œuvrelaplusindiquéedupatrimoinepouruneréflexion surl’interculturel.Onpeutmêmelaconsidérer,sionfaitabstraction de quelques essais de Montaigne, comme fondatrice de cette démarche qui, deux siècles plus tard, s’appellera «pédagogie interculturelle».Quetelleoutellelittératurelareprenneaujourd’hui 77 77 idée que Roxane était la seule femme du harem à porter, ne peut s’expliquerchezellequeparlaseulevolontédeMontesquieuqui,en bon philosophe des Lumières, explique la valeur de la liberté par référenceàlanature.Roxaneestpourainsidiresonporteparole,et c’est notamment pour cette raison que Djavann choisit d’appeler Roxanesonpersonnageprincipal,quin’estautrequeChahdorttelle même, de la même manière d’ailleurs que la Roxane des Lettres persanesreprésenteMontesquieuenpersonne… idée que Roxane était la seule femme du harem à porter, ne peut s’expliquerchezellequeparlaseulevolontédeMontesquieuqui,en bon philosophe des Lumières, explique la valeur de la liberté par référenceàlanature.Roxaneestpourainsidiresonporteparole,et c’est notamment pour cette raison que Djavann choisit d’appeler Roxanesonpersonnageprincipal,quin’estautrequeChahdorttelle même, de la même manière d’ailleurs que la Roxane des Lettres persanesreprésenteMontesquieuenpersonne… Aussi, les deux Roxane vontelles totalement fusionner, Djavann s’ingéniant à montrer à quel point sa Roxane à elle n’est qu’uneréincarnationdel’autre.Ellelaprésenteratouràtourcomme la Roxane insoumise, la Roxane rebelle, la Roxane hérétique, la Roxane audacieuse. «J’étais née pour être libre», lui feratelle proclameràlafin,(p.205),dansuneformulequiauraitpuêtredite par son illustre prédécesseur, tout comme par n’importe quel philosophe des Lumières d’ailleurs. Bref, «on aurait pu croire que les deux Roxane ne faisaient qu’une», indique Djavann ellemême (p. 130). Lafiliation est donc parfaite, et comme une même identité prépareunmêmedestin,ladeuxièmeRoxanevaausuicidecomme la première, attitude qui, comme le penserait Montaigne, que Montesquieuconnaîtsansdoutetrèsbien,seraitl’expressionultime de l’exercice de la liberté. Mais le suicide de la deuxième Roxane échoue,grâceàunmiracle:danssachambred’hôtelelles’esttaillée les veines, mais le client précédent avait oublié une veste dans l’armoireetestrepasséàlachambrepourlarécupérer,–leSamuest appelé… La Roxane de Djavann, elle, n’est donc pas morte, puisqu’elleestellemêmeDjavann,auteurdulivre! Aussi, les deux Roxane vontelles totalement fusionner, Djavann s’ingéniant à montrer à quel point sa Roxane à elle n’est qu’uneréincarnationdel’autre.Ellelaprésenteratouràtourcomme la Roxane insoumise, la Roxane rebelle, la Roxane hérétique, la Roxane audacieuse. «J’étais née pour être libre», lui feratelle proclameràlafin,(p.205),dansuneformulequiauraitpuêtredite par son illustre prédécesseur, tout comme par n’importe quel philosophe des Lumières d’ailleurs. Bref, «on aurait pu croire que les deux Roxane ne faisaient qu’une», indique Djavann ellemême (p. 130). Lafiliation est donc parfaite, et comme une même identité prépareunmêmedestin,ladeuxièmeRoxanevaausuicidecomme la première, attitude qui, comme le penserait Montaigne, que Montesquieuconnaîtsansdoutetrèsbien,seraitl’expressionultime de l’exercice de la liberté. Mais le suicide de la deuxième Roxane échoue,grâceàunmiracle:danssachambred’hôtelelles’esttaillée les veines, mais le client précédent avait oublié une veste dans l’armoireetestrepasséàlachambrepourlarécupérer,–leSamuest appelé… La Roxane de Djavann, elle, n’est donc pas morte, puisqu’elleestellemêmeDjavann,auteurdulivre! CettefiliationdeRoxaneàRoxane,c’estàdiredeDjavannà Montesquieu,nousintéresseenellemême,deparledomainepropre qui nous réunit, celui de la pédagogie. Les Lettresȱ persanes sont à notreavisl’œuvrelaplusindiquéedupatrimoinepouruneréflexion surl’interculturel.Onpeutmêmelaconsidérer,sionfaitabstraction de quelques essais de Montaigne, comme fondatrice de cette démarche qui, deux siècles plus tard, s’appellera «pédagogie interculturelle».Quetelleoutellelittératurelareprenneaujourd’hui CettefiliationdeRoxaneàRoxane,c’estàdiredeDjavannà Montesquieu,nousintéresseenellemême,deparledomainepropre qui nous réunit, celui de la pédagogie. Les Lettresȱ persanes sont à notreavisl’œuvrelaplusindiquéedupatrimoinepouruneréflexion surl’interculturel.Onpeutmêmelaconsidérer,sionfaitabstraction de quelques essais de Montaigne, comme fondatrice de cette démarche qui, deux siècles plus tard, s’appellera «pédagogie interculturelle».Quetelleoutellelittératurelareprenneaujourd’hui 77 77 àl’heuredelamondialisationmenaçantenepeutquenousarranger, et aȱ fortiori, peutêtre, quand cette littérature est francophone, en raison de la diversité culturelle qui caractérise le champ de la francophonie. Que cette reprise soit en plus persane, qu’elle se présentemanifestementcommelasuitedel’œuvredeMontesquieu est une opportunité bien particulière dont une classe de français, à unmomentoùlebesoindedémarchesinterculturellesestdeplusen pluspressant,devraitallègrementprofiter… àl’heuredelamondialisationmenaçantenepeutquenousarranger, et aȱ fortiori, peutêtre, quand cette littérature est francophone, en raison de la diversité culturelle qui caractérise le champ de la francophonie. Que cette reprise soit en plus persane, qu’elle se présentemanifestementcommelasuitedel’œuvredeMontesquieu est une opportunité bien particulière dont une classe de français, à unmomentoùlebesoindedémarchesinterculturellesestdeplusen pluspressant,devraitallègrementprofiter… La pédagogie interculturelle est aujourd’hui (voir Collès, 1994) bien connue, mais plus connue que pratiquée, y compris, paradoxalement, en Français Langue Etrangère. On peut évidemment d’autant plus le regrette que les risques de «choc des civilisations» ou de conflits identitaires évoqués au début sont pressants aussi. L’éducation interculturelle, à l’heure de la globalisation, devient une priorité. On doit d’abord, en classe, travaillersursesfinalités,pourenfairematièreàétudes,unobjetde réflexionensoi.CommelesȱLettresȱpersanesdeMontesquieu,cellesde Djavann nous fournissent de bons exemples, qui, incitant à la réflexioneneffet,nepeuventpasnepas«inspirer»l’élève,etqu’il suffità la limite de lui présenter en classe. L’objectifde la leçon est danscecasdemettresimplementlesélèvesensituationd’identifier leproblème,commedansnosexemplessuivants: La pédagogie interculturelle est aujourd’hui (voir Collès, 1994) bien connue, mais plus connue que pratiquée, y compris, paradoxalement, en Français Langue Etrangère. On peut évidemment d’autant plus le regrette que les risques de «choc des civilisations» ou de conflits identitaires évoqués au début sont pressants aussi. L’éducation interculturelle, à l’heure de la globalisation, devient une priorité. On doit d’abord, en classe, travaillersursesfinalités,pourenfairematièreàétudes,unobjetde réflexionensoi.CommelesȱLettresȱpersanesdeMontesquieu,cellesde Djavann nous fournissent de bons exemples, qui, incitant à la réflexioneneffet,nepeuventpasnepas«inspirer»l’élève,etqu’il suffità la limite de lui présenter en classe. L’objectifde la leçon est danscecasdemettresimplementlesélèvesensituationd’identifier leproblème,commedansnosexemplessuivants: ȱ Lesȱreligieuxȱfanatiques,ȱqu’ilsȱsoientȱrabbins,ȱcurés,ȱpasteursȱouȱmollahs,ȱseȱ prennentȱpourȱlesȱreprésentantsȱdeȱDieuȱetȱdictentȱlaȱfaçonȱdontȱilȱfautȱaimerȱ Dieu.ȱLesȱrecettesȱpourȱleȱsalutȱdeȱl’âmeȱsontȱsiȱnombreuses,ȱentreȱlesȱjuifs,ȱ lesȱcatholiques,ȱlesȱprotestantsȱetȱlesȱmusulmans,ȱqu’onȱs’yȱperdraitȱcommeȱ dansȱuneȱjungle.ȱChacunȱaffirmeȱdétenirȱlaȱmeilleureȱrecette.ȱIlsȱseȱdisputentȱ sansȱ cesseȱ surȱ ceȱ queȱ Dieuȱ nousȱ proscrit,ȱ surȱ ceȱ qu’ilȱ pardonneraitȱ ouȱ punirait,ȱsurȱceȱqu’ilȱfaudraitȱfaireȱouȱneȱpasȱfaire,ȱmangerȱouȱneȱpasȱmanger,ȱ croireȱouȱ neȱpasȱcroire,ȱêtreȱouȱ neȱpasȱêtreȱ[…]ȱDeȱtousȱcôtés,ȱlesȱ religieuxȱ prétendentȱêtreȱunȱmodèleȱuniverselȱetȱseȱréclamentȱdesȱpréceptesȱdeȱDieu.ȱIlȱ n’yȱaȱpasȱdeȱreligieuxȱquiȱneȱjugeȱsaȱreligionȱauȬdessusȱdesȱautres…ȱ(p.185) ȱ Lesȱreligieuxȱfanatiques,ȱqu’ilsȱsoientȱrabbins,ȱcurés,ȱpasteursȱouȱmollahs,ȱseȱ prennentȱpourȱlesȱreprésentantsȱdeȱDieuȱetȱdictentȱlaȱfaçonȱdontȱilȱfautȱaimerȱ Dieu.ȱLesȱrecettesȱpourȱleȱsalutȱdeȱl’âmeȱsontȱsiȱnombreuses,ȱentreȱlesȱjuifs,ȱ lesȱcatholiques,ȱlesȱprotestantsȱetȱlesȱmusulmans,ȱqu’onȱs’yȱperdraitȱcommeȱ dansȱuneȱjungle.ȱChacunȱaffirmeȱdétenirȱlaȱmeilleureȱrecette.ȱIlsȱseȱdisputentȱ sansȱ cesseȱ surȱ ceȱ queȱ Dieuȱ nousȱ proscrit,ȱ surȱ ceȱ qu’ilȱ pardonneraitȱ ouȱ punirait,ȱsurȱceȱqu’ilȱfaudraitȱfaireȱouȱneȱpasȱfaire,ȱmangerȱouȱneȱpasȱmanger,ȱ croireȱouȱ neȱpasȱcroire,ȱêtreȱouȱ neȱpasȱêtreȱ[…]ȱDeȱtousȱcôtés,ȱlesȱ religieuxȱ prétendentȱêtreȱunȱmodèleȱuniverselȱetȱseȱréclamentȱdesȱpréceptesȱdeȱDieu.ȱIlȱ n’yȱaȱpasȱdeȱreligieuxȱquiȱneȱjugeȱsaȱreligionȱauȬdessusȱdesȱautres…ȱ(p.185) IlȱyȱaȱdesȱIraniensȱfortȱimbusȱd’euxȬmêmesȱ:ȱilsȱontȱtoutȱvu,ȱtoutȱconnu,ȱtoutȱ penséȱetȱsaventȱtout.ȱIlsȱprétendentȱêtreȱleȱmeilleurȱpeupleȱduȱmonde,ȱavoirȱlaȱ 78 IlȱyȱaȱdesȱIraniensȱfortȱimbusȱd’euxȬmêmesȱ:ȱilsȱontȱtoutȱvu,ȱtoutȱconnu,ȱtoutȱ penséȱetȱsaventȱtout.ȱIlsȱprétendentȱêtreȱleȱmeilleurȱpeupleȱduȱmonde,ȱavoirȱlaȱ 78 àl’heuredelamondialisationmenaçantenepeutquenousarranger, et aȱ fortiori, peutêtre, quand cette littérature est francophone, en raison de la diversité culturelle qui caractérise le champ de la francophonie. Que cette reprise soit en plus persane, qu’elle se présentemanifestementcommelasuitedel’œuvredeMontesquieu est une opportunité bien particulière dont une classe de français, à unmomentoùlebesoindedémarchesinterculturellesestdeplusen pluspressant,devraitallègrementprofiter… àl’heuredelamondialisationmenaçantenepeutquenousarranger, et aȱ fortiori, peutêtre, quand cette littérature est francophone, en raison de la diversité culturelle qui caractérise le champ de la francophonie. Que cette reprise soit en plus persane, qu’elle se présentemanifestementcommelasuitedel’œuvredeMontesquieu est une opportunité bien particulière dont une classe de français, à unmomentoùlebesoindedémarchesinterculturellesestdeplusen pluspressant,devraitallègrementprofiter… La pédagogie interculturelle est aujourd’hui (voir Collès, 1994) bien connue, mais plus connue que pratiquée, y compris, paradoxalement, en Français Langue Etrangère. On peut évidemment d’autant plus le regrette que les risques de «choc des civilisations» ou de conflits identitaires évoqués au début sont pressants aussi. L’éducation interculturelle, à l’heure de la globalisation, devient une priorité. On doit d’abord, en classe, travaillersursesfinalités,pourenfairematièreàétudes,unobjetde réflexionensoi.CommelesȱLettresȱpersanesdeMontesquieu,cellesde Djavann nous fournissent de bons exemples, qui, incitant à la réflexioneneffet,nepeuventpasnepas«inspirer»l’élève,etqu’il suffità la limite de lui présenter en classe. L’objectifde la leçon est danscecasdemettresimplementlesélèvesensituationd’identifier leproblème,commedansnosexemplessuivants: La pédagogie interculturelle est aujourd’hui (voir Collès, 1994) bien connue, mais plus connue que pratiquée, y compris, paradoxalement, en Français Langue Etrangère. On peut évidemment d’autant plus le regrette que les risques de «choc des civilisations» ou de conflits identitaires évoqués au début sont pressants aussi. L’éducation interculturelle, à l’heure de la globalisation, devient une priorité. On doit d’abord, en classe, travaillersursesfinalités,pourenfairematièreàétudes,unobjetde réflexionensoi.CommelesȱLettresȱpersanesdeMontesquieu,cellesde Djavann nous fournissent de bons exemples, qui, incitant à la réflexioneneffet,nepeuventpasnepas«inspirer»l’élève,etqu’il suffità la limite de lui présenter en classe. L’objectifde la leçon est danscecasdemettresimplementlesélèvesensituationd’identifier leproblème,commedansnosexemplessuivants: ȱ Lesȱreligieuxȱfanatiques,ȱqu’ilsȱsoientȱrabbins,ȱcurés,ȱpasteursȱouȱmollahs,ȱseȱ prennentȱpourȱlesȱreprésentantsȱdeȱDieuȱetȱdictentȱlaȱfaçonȱdontȱilȱfautȱaimerȱ Dieu.ȱLesȱrecettesȱpourȱleȱsalutȱdeȱl’âmeȱsontȱsiȱnombreuses,ȱentreȱlesȱjuifs,ȱ lesȱcatholiques,ȱlesȱprotestantsȱetȱlesȱmusulmans,ȱqu’onȱs’yȱperdraitȱcommeȱ dansȱuneȱjungle.ȱChacunȱaffirmeȱdétenirȱlaȱmeilleureȱrecette.ȱIlsȱseȱdisputentȱ sansȱ cesseȱ surȱ ceȱ queȱ Dieuȱ nousȱ proscrit,ȱ surȱ ceȱ qu’ilȱ pardonneraitȱ ouȱ punirait,ȱsurȱceȱqu’ilȱfaudraitȱfaireȱouȱneȱpasȱfaire,ȱmangerȱouȱneȱpasȱmanger,ȱ croireȱouȱ neȱpasȱcroire,ȱêtreȱouȱ neȱpasȱêtreȱ[…]ȱDeȱtousȱcôtés,ȱlesȱ religieuxȱ prétendentȱêtreȱunȱmodèleȱuniverselȱetȱseȱréclamentȱdesȱpréceptesȱdeȱDieu.ȱIlȱ n’yȱaȱpasȱdeȱreligieuxȱquiȱneȱjugeȱsaȱreligionȱauȬdessusȱdesȱautres…ȱ(p.185) ȱ Lesȱreligieuxȱfanatiques,ȱqu’ilsȱsoientȱrabbins,ȱcurés,ȱpasteursȱouȱmollahs,ȱseȱ prennentȱpourȱlesȱreprésentantsȱdeȱDieuȱetȱdictentȱlaȱfaçonȱdontȱilȱfautȱaimerȱ Dieu.ȱLesȱrecettesȱpourȱleȱsalutȱdeȱl’âmeȱsontȱsiȱnombreuses,ȱentreȱlesȱjuifs,ȱ lesȱcatholiques,ȱlesȱprotestantsȱetȱlesȱmusulmans,ȱqu’onȱs’yȱperdraitȱcommeȱ dansȱuneȱjungle.ȱChacunȱaffirmeȱdétenirȱlaȱmeilleureȱrecette.ȱIlsȱseȱdisputentȱ sansȱ cesseȱ surȱ ceȱ queȱ Dieuȱ nousȱ proscrit,ȱ surȱ ceȱ qu’ilȱ pardonneraitȱ ouȱ punirait,ȱsurȱceȱqu’ilȱfaudraitȱfaireȱouȱneȱpasȱfaire,ȱmangerȱouȱneȱpasȱmanger,ȱ croireȱouȱ neȱpasȱcroire,ȱêtreȱouȱ neȱpasȱêtreȱ[…]ȱDeȱtousȱcôtés,ȱlesȱ religieuxȱ prétendentȱêtreȱunȱmodèleȱuniverselȱetȱseȱréclamentȱdesȱpréceptesȱdeȱDieu.ȱIlȱ n’yȱaȱpasȱdeȱreligieuxȱquiȱneȱjugeȱsaȱreligionȱauȬdessusȱdesȱautres…ȱ(p.185) IlȱyȱaȱdesȱIraniensȱfortȱimbusȱd’euxȬmêmesȱ:ȱilsȱontȱtoutȱvu,ȱtoutȱconnu,ȱtoutȱ penséȱetȱsaventȱtout.ȱIlsȱprétendentȱêtreȱleȱmeilleurȱpeupleȱduȱmonde,ȱavoirȱlaȱ 78 IlȱyȱaȱdesȱIraniensȱfortȱimbusȱd’euxȬmêmesȱ:ȱilsȱontȱtoutȱvu,ȱtoutȱconnu,ȱtoutȱ penséȱetȱsaventȱtout.ȱIlsȱprétendentȱêtreȱleȱmeilleurȱpeupleȱduȱmonde,ȱavoirȱlaȱ 78 plusȱ grandeȱ culture,ȱ laȱ plusȱ belleȱ langue,ȱ laȱ civilisationȱ laȱ plusȱ ancienneȱ etȱ l’histoireȱlaȱplusȱglorieuseȱ[…]ȱVousȱconnaissezȱlesȱPersans,ȱilsȱsontȱtoujoursȱ plusȱempressésȱàȱdénoncerȱlesȱdéfautsȱd’autruiȱqu’àȱs’examinerȱeuxȬmêmes,ȱ commeȱvotreȱUsbekȱ[…]ȱCertains,ȱsansȱavoirȱjamaisȱluȱvotreȱlivre,ȱmaisȱpourȱ avoirȱ justeȱ entenduȱ laȱ phraseȱ «ȱcommentȱ peutȬonȱ êtreȱ persanȱ?ȱȱ»,ȱ quiȱ estȱ devenueȱuneȱsorteȱdeȱMaxime,ȱaffirmentȱqueȱvousȱfaitesȱl’élogeȱdeȱlaȱcultureȱ persaneȱ etȱ deȱ laȱ sociétéȱ iranienneȱ deȱ l’époque.ȱ Ilȱ n’yȱ aȱ aucuneȱ limiteȱ àȱ laȱ prétentionȱiranienne.ȱ(p.154) plusȱ grandeȱ culture,ȱ laȱ plusȱ belleȱ langue,ȱ laȱ civilisationȱ laȱ plusȱ ancienneȱ etȱ l’histoireȱlaȱplusȱglorieuseȱ[…]ȱVousȱconnaissezȱlesȱPersans,ȱilsȱsontȱtoujoursȱ plusȱempressésȱàȱdénoncerȱlesȱdéfautsȱd’autruiȱqu’àȱs’examinerȱeuxȬmêmes,ȱ commeȱvotreȱUsbekȱ[…]ȱCertains,ȱsansȱavoirȱjamaisȱluȱvotreȱlivre,ȱmaisȱpourȱ avoirȱ justeȱ entenduȱ laȱ phraseȱ «ȱcommentȱ peutȬonȱ êtreȱ persanȱ?ȱȱ»,ȱ quiȱ estȱ devenueȱuneȱsorteȱdeȱMaxime,ȱaffirmentȱqueȱvousȱfaitesȱl’élogeȱdeȱlaȱcultureȱ persaneȱ etȱ deȱ laȱ sociétéȱ iranienneȱ deȱ l’époque.ȱ Ilȱ n’yȱ aȱ aucuneȱ limiteȱ àȱ laȱ prétentionȱiranienne.ȱ(p.154) On voit tout de suite que le mal que les élèvent identifient facilement est l’ethnocentrisme, ce sentiment de supériorité d’un peuplesurlesautres,biensûr,dontonconnaîtlesconséquencesplus fâcheuses les unes que les autres, rejet de l’autre, intolérance, xénophobie, etc. L’objectif est donc de sensibiliser les élèves à l’importance du principe contraire, de la relativité des valeurs. Il faudra bien entendu au passage vaincre un certain nombre de difficultés bien connues aussi (voir Pretceille, 1986). Le texte de Djavannnousaideàlescirconscrire. La plus importante est liée au fait qu’on ne voit le monde qu’à travers soi (Séoud, 1997). C’est ce phénomène qui explique ce que l’on appelle le «choc culturel». En exploitant notre roman en classe, on insistera sur l’expression de l’étonnement consécutif au premier contact de Roxane avec Paris et la réalité française. On expliquera aux élèves comment cet étonnement, qui chez elle va jusqu’à l’ahurissement, matérialise l’idée qu’on ne voit le monde qu’à travers ses propres représentations – celles, pour le cas de Roxane, qu’elle tient de son monde d’origine. Et les manifestations del’étonnement,dansleroman,nemanquentpas:étonnementface, d’abord,àsapropresécuritédefemme: On voit tout de suite que le mal que les élèvent identifient facilement est l’ethnocentrisme, ce sentiment de supériorité d’un peuplesurlesautres,biensûr,dontonconnaîtlesconséquencesplus fâcheuses les unes que les autres, rejet de l’autre, intolérance, xénophobie, etc. L’objectif est donc de sensibiliser les élèves à l’importance du principe contraire, de la relativité des valeurs. Il faudra bien entendu au passage vaincre un certain nombre de difficultés bien connues aussi (voir Pretceille, 1986). Le texte de Djavannnousaideàlescirconscrire. La plus importante est liée au fait qu’on ne voit le monde qu’à travers soi (Séoud, 1997). C’est ce phénomène qui explique ce que l’on appelle le «choc culturel». En exploitant notre roman en classe, on insistera sur l’expression de l’étonnement consécutif au premier contact de Roxane avec Paris et la réalité française. On expliquera aux élèves comment cet étonnement, qui chez elle va jusqu’à l’ahurissement, matérialise l’idée qu’on ne voit le monde qu’à travers ses propres représentations – celles, pour le cas de Roxane, qu’elle tient de son monde d’origine. Et les manifestations del’étonnement,dansleroman,nemanquentpas:étonnementface, d’abord,àsapropresécuritédefemme: Choseȱ étrange,ȱ ditȬelle,ȱ pendantȱ uneȱ semaineȱ deȱ flânerieȱ àȱ Paris,ȱ deȱ promenadesȱ nocturnes,ȱ d’heuresȱ passéesȱ auxȱ terrassesȱ desȱ cafés,ȱ Roxaneȱ neȱ futȱaccostée,ȱimportunée,ȱharceléeȱparȱaucunȱhomme.ȱ(p.29) ȱ Choseȱ étrange,ȱ ditȬelle,ȱ pendantȱ uneȱ semaineȱ deȱ flânerieȱ àȱ Paris,ȱ deȱ promenadesȱ nocturnes,ȱ d’heuresȱ passéesȱ auxȱ terrassesȱ desȱ cafés,ȱ Roxaneȱ neȱ futȱaccostée,ȱimportunée,ȱharceléeȱparȱaucunȱhomme.ȱ(p.29) ȱ Pour expliquer les raisons de cette perplexité, il suffirait, pourl’enseignant,defairelirecetautreextrait: Pour expliquer les raisons de cette perplexité, il suffirait, pourl’enseignant,defairelirecetautreextrait: 79 79 plusȱ grandeȱ culture,ȱ laȱ plusȱ belleȱ langue,ȱ laȱ civilisationȱ laȱ plusȱ ancienneȱ etȱ l’histoireȱlaȱplusȱglorieuseȱ[…]ȱVousȱconnaissezȱlesȱPersans,ȱilsȱsontȱtoujoursȱ plusȱempressésȱàȱdénoncerȱlesȱdéfautsȱd’autruiȱqu’àȱs’examinerȱeuxȬmêmes,ȱ commeȱvotreȱUsbekȱ[…]ȱCertains,ȱsansȱavoirȱjamaisȱluȱvotreȱlivre,ȱmaisȱpourȱ avoirȱ justeȱ entenduȱ laȱ phraseȱ «ȱcommentȱ peutȬonȱ êtreȱ persanȱ?ȱȱ»,ȱ quiȱ estȱ devenueȱuneȱsorteȱdeȱMaxime,ȱaffirmentȱqueȱvousȱfaitesȱl’élogeȱdeȱlaȱcultureȱ persaneȱ etȱ deȱ laȱ sociétéȱ iranienneȱ deȱ l’époque.ȱ Ilȱ n’yȱ aȱ aucuneȱ limiteȱ àȱ laȱ prétentionȱiranienne.ȱ(p.154) plusȱ grandeȱ culture,ȱ laȱ plusȱ belleȱ langue,ȱ laȱ civilisationȱ laȱ plusȱ ancienneȱ etȱ l’histoireȱlaȱplusȱglorieuseȱ[…]ȱVousȱconnaissezȱlesȱPersans,ȱilsȱsontȱtoujoursȱ plusȱempressésȱàȱdénoncerȱlesȱdéfautsȱd’autruiȱqu’àȱs’examinerȱeuxȬmêmes,ȱ commeȱvotreȱUsbekȱ[…]ȱCertains,ȱsansȱavoirȱjamaisȱluȱvotreȱlivre,ȱmaisȱpourȱ avoirȱ justeȱ entenduȱ laȱ phraseȱ «ȱcommentȱ peutȬonȱ êtreȱ persanȱ?ȱȱ»,ȱ quiȱ estȱ devenueȱuneȱsorteȱdeȱMaxime,ȱaffirmentȱqueȱvousȱfaitesȱl’élogeȱdeȱlaȱcultureȱ persaneȱ etȱ deȱ laȱ sociétéȱ iranienneȱ deȱ l’époque.ȱ Ilȱ n’yȱ aȱ aucuneȱ limiteȱ àȱ laȱ prétentionȱiranienne.ȱ(p.154) On voit tout de suite que le mal que les élèvent identifient facilement est l’ethnocentrisme, ce sentiment de supériorité d’un peuplesurlesautres,biensûr,dontonconnaîtlesconséquencesplus fâcheuses les unes que les autres, rejet de l’autre, intolérance, xénophobie, etc. L’objectif est donc de sensibiliser les élèves à l’importance du principe contraire, de la relativité des valeurs. Il faudra bien entendu au passage vaincre un certain nombre de difficultés bien connues aussi (voir Pretceille, 1986). Le texte de Djavannnousaideàlescirconscrire. La plus importante est liée au fait qu’on ne voit le monde qu’à travers soi (Séoud, 1997). C’est ce phénomène qui explique ce que l’on appelle le «choc culturel». En exploitant notre roman en classe, on insistera sur l’expression de l’étonnement consécutif au premier contact de Roxane avec Paris et la réalité française. On expliquera aux élèves comment cet étonnement, qui chez elle va jusqu’à l’ahurissement, matérialise l’idée qu’on ne voit le monde qu’à travers ses propres représentations – celles, pour le cas de Roxane, qu’elle tient de son monde d’origine. Et les manifestations del’étonnement,dansleroman,nemanquentpas:étonnementface, d’abord,àsapropresécuritédefemme: On voit tout de suite que le mal que les élèvent identifient facilement est l’ethnocentrisme, ce sentiment de supériorité d’un peuplesurlesautres,biensûr,dontonconnaîtlesconséquencesplus fâcheuses les unes que les autres, rejet de l’autre, intolérance, xénophobie, etc. L’objectif est donc de sensibiliser les élèves à l’importance du principe contraire, de la relativité des valeurs. Il faudra bien entendu au passage vaincre un certain nombre de difficultés bien connues aussi (voir Pretceille, 1986). Le texte de Djavannnousaideàlescirconscrire. La plus importante est liée au fait qu’on ne voit le monde qu’à travers soi (Séoud, 1997). C’est ce phénomène qui explique ce que l’on appelle le «choc culturel». En exploitant notre roman en classe, on insistera sur l’expression de l’étonnement consécutif au premier contact de Roxane avec Paris et la réalité française. On expliquera aux élèves comment cet étonnement, qui chez elle va jusqu’à l’ahurissement, matérialise l’idée qu’on ne voit le monde qu’à travers ses propres représentations – celles, pour le cas de Roxane, qu’elle tient de son monde d’origine. Et les manifestations del’étonnement,dansleroman,nemanquentpas:étonnementface, d’abord,àsapropresécuritédefemme: Choseȱ étrange,ȱ ditȬelle,ȱ pendantȱ uneȱ semaineȱ deȱ flânerieȱ àȱ Paris,ȱ deȱ promenadesȱ nocturnes,ȱ d’heuresȱ passéesȱ auxȱ terrassesȱ desȱ cafés,ȱ Roxaneȱ neȱ futȱaccostée,ȱimportunée,ȱharceléeȱparȱaucunȱhomme.ȱ(p.29) ȱ Choseȱ étrange,ȱ ditȬelle,ȱ pendantȱ uneȱ semaineȱ deȱ flânerieȱ àȱ Paris,ȱ deȱ promenadesȱ nocturnes,ȱ d’heuresȱ passéesȱ auxȱ terrassesȱ desȱ cafés,ȱ Roxaneȱ neȱ futȱaccostée,ȱimportunée,ȱharceléeȱparȱaucunȱhomme.ȱ(p.29) ȱ Pour expliquer les raisons de cette perplexité, il suffirait, pourl’enseignant,defairelirecetautreextrait: Pour expliquer les raisons de cette perplexité, il suffirait, pourl’enseignant,defairelirecetautreextrait: 79 79 ȱ ȱ MonȱarrivéeȱàȱParisȱfutȱunȱmiracle.ȱQuoiȱ?ȱNulleȱfatalitéȱneȱcondamnaitȱlesȱ femmesȱàȱseȱdissimulerȱdansȱl’ombreȱétouffanteȱduȱvoileȱ?ȱOnȱpouvaitȱàȱloisirȱ seȱpromenerȱoùȱ l’onȱvoulaitȱ?ȱAucuneȱpoliceȱdesȱmœursȱ neȱdécidaitȱàȱvotreȱ placeȱdeȱceȱqu’ilȱvousȱétaitȱloisibleȱdeȱdireȱouȱdeȱfaireȱ?(p.139) MonȱarrivéeȱàȱParisȱfutȱunȱmiracle.ȱQuoiȱ?ȱNulleȱfatalitéȱneȱcondamnaitȱlesȱ femmesȱàȱseȱdissimulerȱdansȱl’ombreȱétouffanteȱduȱvoileȱ?ȱOnȱpouvaitȱàȱloisirȱ seȱpromenerȱoùȱ l’onȱvoulaitȱ?ȱAucuneȱpoliceȱdesȱmœursȱ neȱdécidaitȱàȱvotreȱ placeȱdeȱceȱqu’ilȱvousȱétaitȱloisibleȱdeȱdireȱouȱdeȱfaireȱ?(p.139) L’enseignantn’abesoind’aucuneautredémonstration,pour expliquer cet étonnement, que de mettre en valeur le recours à la négationdanslediscours:«Nullefataliténecondamnait…Aucune police».C’esttoutl’IranquiexpliquelepremiercontactdeRoxane avec Paris. Ainsi, étonnement encore, voire stupéfaction, face au «supermarché»,enfaitunMonoprixducoin,quiétait,ditelle,«un autre monde», signe de l’abondance que son monde à elle ignore; étonnementtoujours,faceàl’édificeduSénat,dontlejardinétaitun jardin public, parce qu’il est inconcevable, chez elle, que le jardin d’une institution officielle soit un jardin public, etc. Autant de situationsexploitablesenclassepourprépareràl’idéequ’onnevoit la réalité qu’à travers nos représentations personnelles. A fortiori, d’ailleurs, quand ces représentations se sont naturalisées. «Rien n’était naturel dans ce nouveau monde», s’exclametelle! (p. 82) Evidemment, puisque l’ordre naturel, c’est dans son monde à elle! Heureusement que, son séjour parisien se prolongeant, son observation s’affinant, elle a pu se rendre compte que le naturel change de camp. C’est ainsi que marcher tête nue sous la bruine d’automne, prendre un verre à la terrasse d’un café, faire la queue devant une sale de spectacle en bavardant avec les voisins sans considération de leur sexe, se laisser aller, chantonner, prendre le bras de son compagnon et éventuellement l’embrasser en public, sont des attitudes ou des gestes qui finalement lui paraissent naturelschezlesjeunesParisiennesqu’ellesemetàenvier. L’enseignantn’abesoind’aucuneautredémonstration,pour expliquer cet étonnement, que de mettre en valeur le recours à la négationdanslediscours:«Nullefataliténecondamnait…Aucune police».C’esttoutl’IranquiexpliquelepremiercontactdeRoxane avec Paris. Ainsi, étonnement encore, voire stupéfaction, face au «supermarché»,enfaitunMonoprixducoin,quiétait,ditelle,«un autre monde», signe de l’abondance que son monde à elle ignore; étonnementtoujours,faceàl’édificeduSénat,dontlejardinétaitun jardin public, parce qu’il est inconcevable, chez elle, que le jardin d’une institution officielle soit un jardin public, etc. Autant de situationsexploitablesenclassepourprépareràl’idéequ’onnevoit la réalité qu’à travers nos représentations personnelles. A fortiori, d’ailleurs, quand ces représentations se sont naturalisées. «Rien n’était naturel dans ce nouveau monde», s’exclametelle! (p. 82) Evidemment, puisque l’ordre naturel, c’est dans son monde à elle! Heureusement que, son séjour parisien se prolongeant, son observation s’affinant, elle a pu se rendre compte que le naturel change de camp. C’est ainsi que marcher tête nue sous la bruine d’automne, prendre un verre à la terrasse d’un café, faire la queue devant une sale de spectacle en bavardant avec les voisins sans considération de leur sexe, se laisser aller, chantonner, prendre le bras de son compagnon et éventuellement l’embrasser en public, sont des attitudes ou des gestes qui finalement lui paraissent naturelschezlesjeunesParisiennesqu’ellesemetàenvier. Quand,profitantdecemêmenaturelparisien,elleaapprisà faire du vélo et à circuler en abandonnant ses cheveux aux quatre vents – sans doute pour oublier à jamais le port du voile, elle s’est fait arrêter dans un sens interdit. Au commissariat, quand elle est interrogéeparlapolice,demauvaissouvenirsontresurgi.Elleétait Quand,profitantdecemêmenaturelparisien,elleaapprisà faire du vélo et à circuler en abandonnant ses cheveux aux quatre vents – sans doute pour oublier à jamais le port du voile, elle s’est fait arrêter dans un sens interdit. Au commissariat, quand elle est interrogéeparlapolice,demauvaissouvenirsontresurgi.Elleétait 80 80 ȱ ȱ MonȱarrivéeȱàȱParisȱfutȱunȱmiracle.ȱQuoiȱ?ȱNulleȱfatalitéȱneȱcondamnaitȱlesȱ femmesȱàȱseȱdissimulerȱdansȱl’ombreȱétouffanteȱduȱvoileȱ?ȱOnȱpouvaitȱàȱloisirȱ seȱpromenerȱoùȱ l’onȱvoulaitȱ?ȱAucuneȱpoliceȱdesȱmœursȱ neȱdécidaitȱàȱvotreȱ placeȱdeȱceȱqu’ilȱvousȱétaitȱloisibleȱdeȱdireȱouȱdeȱfaireȱ?(p.139) MonȱarrivéeȱàȱParisȱfutȱunȱmiracle.ȱQuoiȱ?ȱNulleȱfatalitéȱneȱcondamnaitȱlesȱ femmesȱàȱseȱdissimulerȱdansȱl’ombreȱétouffanteȱduȱvoileȱ?ȱOnȱpouvaitȱàȱloisirȱ seȱpromenerȱoùȱ l’onȱvoulaitȱ?ȱAucuneȱpoliceȱdesȱmœursȱ neȱdécidaitȱàȱvotreȱ placeȱdeȱceȱqu’ilȱvousȱétaitȱloisibleȱdeȱdireȱouȱdeȱfaireȱ?(p.139) L’enseignantn’abesoind’aucuneautredémonstration,pour expliquer cet étonnement, que de mettre en valeur le recours à la négationdanslediscours:«Nullefataliténecondamnait…Aucune police».C’esttoutl’IranquiexpliquelepremiercontactdeRoxane avec Paris. Ainsi, étonnement encore, voire stupéfaction, face au «supermarché»,enfaitunMonoprixducoin,quiétait,ditelle,«un autre monde», signe de l’abondance que son monde à elle ignore; étonnementtoujours,faceàl’édificeduSénat,dontlejardinétaitun jardin public, parce qu’il est inconcevable, chez elle, que le jardin d’une institution officielle soit un jardin public, etc. Autant de situationsexploitablesenclassepourprépareràl’idéequ’onnevoit la réalité qu’à travers nos représentations personnelles. A fortiori, d’ailleurs, quand ces représentations se sont naturalisées. «Rien n’était naturel dans ce nouveau monde», s’exclametelle! (p. 82) Evidemment, puisque l’ordre naturel, c’est dans son monde à elle! Heureusement que, son séjour parisien se prolongeant, son observation s’affinant, elle a pu se rendre compte que le naturel change de camp. C’est ainsi que marcher tête nue sous la bruine d’automne, prendre un verre à la terrasse d’un café, faire la queue devant une sale de spectacle en bavardant avec les voisins sans considération de leur sexe, se laisser aller, chantonner, prendre le bras de son compagnon et éventuellement l’embrasser en public, sont des attitudes ou des gestes qui finalement lui paraissent naturelschezlesjeunesParisiennesqu’ellesemetàenvier. L’enseignantn’abesoind’aucuneautredémonstration,pour expliquer cet étonnement, que de mettre en valeur le recours à la négationdanslediscours:«Nullefataliténecondamnait…Aucune police».C’esttoutl’IranquiexpliquelepremiercontactdeRoxane avec Paris. Ainsi, étonnement encore, voire stupéfaction, face au «supermarché»,enfaitunMonoprixducoin,quiétait,ditelle,«un autre monde», signe de l’abondance que son monde à elle ignore; étonnementtoujours,faceàl’édificeduSénat,dontlejardinétaitun jardin public, parce qu’il est inconcevable, chez elle, que le jardin d’une institution officielle soit un jardin public, etc. Autant de situationsexploitablesenclassepourprépareràl’idéequ’onnevoit la réalité qu’à travers nos représentations personnelles. A fortiori, d’ailleurs, quand ces représentations se sont naturalisées. «Rien n’était naturel dans ce nouveau monde», s’exclametelle! (p. 82) Evidemment, puisque l’ordre naturel, c’est dans son monde à elle! Heureusement que, son séjour parisien se prolongeant, son observation s’affinant, elle a pu se rendre compte que le naturel change de camp. C’est ainsi que marcher tête nue sous la bruine d’automne, prendre un verre à la terrasse d’un café, faire la queue devant une sale de spectacle en bavardant avec les voisins sans considération de leur sexe, se laisser aller, chantonner, prendre le bras de son compagnon et éventuellement l’embrasser en public, sont des attitudes ou des gestes qui finalement lui paraissent naturelschezlesjeunesParisiennesqu’ellesemetàenvier. Quand,profitantdecemêmenaturelparisien,elleaapprisà faire du vélo et à circuler en abandonnant ses cheveux aux quatre vents – sans doute pour oublier à jamais le port du voile, elle s’est fait arrêter dans un sens interdit. Au commissariat, quand elle est interrogéeparlapolice,demauvaissouvenirsontresurgi.Elleétait Quand,profitantdecemêmenaturelparisien,elleaapprisà faire du vélo et à circuler en abandonnant ses cheveux aux quatre vents – sans doute pour oublier à jamais le port du voile, elle s’est fait arrêter dans un sens interdit. Au commissariat, quand elle est interrogéeparlapolice,demauvaissouvenirsontresurgi.Elleétait 80 80 envisitetouristiqueàIspahanavecdeuxcamaradesdel’université, femmes bien sûr. Elles se sont arrêtées sur un pont public pour reposer leurs pieds, se sont déchaussées. Les gardiens de la morale islamique les ont arrêtées, conduites au poste, violentées, violées et même, pour l’une d’elles, engrossées. Ledit souvenir a fait basculer Roxanedansladépression… envisitetouristiqueàIspahanavecdeuxcamaradesdel’université, femmes bien sûr. Elles se sont arrêtées sur un pont public pour reposer leurs pieds, se sont déchaussées. Les gardiens de la morale islamique les ont arrêtées, conduites au poste, violentées, violées et même, pour l’une d’elles, engrossées. Ledit souvenir a fait basculer Roxanedansladépression… Cetépisodeestégalementexploitableenclasse,dupointde vue qui nous préoccupe – la naturalisation de la culture, dont il s’agirad’évoquerledangeraveccette finmalheureuse.Onmettrait l’accent, avec les élèves, sur le fait que, pour les gardes islamiques, lestroisjeunesfillesn’ontpasenlevéchaussuresetchaussettes,elles se sont déshabillées, et ils le leur disent; elles ne sont pas des promeneusesmaiselles«fontletrottoir»,etontleleurditaussi,en les traitant de «sales putes de traînées» (p. 261). Le problème est qu’ilsdevaientlepenservraiment–àcausedesreprésentationsqui étaient les leurs. Ils étaient aussi sincères que l’était par exemple UsbekquandildisaitàRoxanequiétaitsapréféréeduharem,quele Ciellaluiadonnéepourfairesonbonheuràlui,ouquand,àParis,il a cru que les femmes, parce qu’elles se présentaient devant les hommesàvisagedécouvert,avaientperdutouteretenueetvoulaient fairecraquertousleshommes! Cetépisodeestégalementexploitableenclasse,dupointde vue qui nous préoccupe – la naturalisation de la culture, dont il s’agirad’évoquerledangeraveccette finmalheureuse.Onmettrait l’accent, avec les élèves, sur le fait que, pour les gardes islamiques, lestroisjeunesfillesn’ontpasenlevéchaussuresetchaussettes,elles se sont déshabillées, et ils le leur disent; elles ne sont pas des promeneusesmaiselles«fontletrottoir»,etontleleurditaussi,en les traitant de «sales putes de traînées» (p. 261). Le problème est qu’ilsdevaientlepenservraiment–àcausedesreprésentationsqui étaient les leurs. Ils étaient aussi sincères que l’était par exemple UsbekquandildisaitàRoxanequiétaitsapréféréeduharem,quele Ciellaluiadonnéepourfairesonbonheuràlui,ouquand,àParis,il a cru que les femmes, parce qu’elles se présentaient devant les hommesàvisagedécouvert,avaientperdutouteretenueetvoulaient fairecraquertousleshommes! L’attitude des gardes islamiques n’est donc pas détachable d’un contexte social où une femme peut être coupable d’un sourire complice ou d’une mèche de cheveux qui dépasse, contexte où on considère, comme le dit l’un d’eux, qu’un «hommeȱ neȱ sortȱ jamaisȱ duȱ droitȱcheminȱsansȱqu’uneȱfemmeȱl’yȱincite»(p.265). L’attitude des gardes islamiques n’est donc pas détachable d’un contexte social où une femme peut être coupable d’un sourire complice ou d’une mèche de cheveux qui dépasse, contexte où on considère, comme le dit l’un d’eux, qu’un «hommeȱ neȱ sortȱ jamaisȱ duȱ droitȱcheminȱsansȱqu’uneȱfemmeȱl’yȱincite»(p.265). Mais le plus grave, c’est que cette culture semble bien naturalisée.C’estpourquoiRoxaneetsesdeuxcamaradesn’ontrien dit des sévices subis à personne – elles risquaient la lapidation ou l’assassinat.Ondevraitdonc,enclasse,accorderàcephénomènede la naturalisation toute la place qui lui revient, en expliquer éventuellement les dangers, en particulier quand cette culture naturaliséemetencausecommeicilesdroitsdel’homme.Resteàse doterdesmoyenspédagogiquesquipermettentd’atteindreàterme Mais le plus grave, c’est que cette culture semble bien naturalisée.C’estpourquoiRoxaneetsesdeuxcamaradesn’ontrien dit des sévices subis à personne – elles risquaient la lapidation ou l’assassinat.Ondevraitdonc,enclasse,accorderàcephénomènede la naturalisation toute la place qui lui revient, en expliquer éventuellement les dangers, en particulier quand cette culture naturaliséemetencausecommeicilesdroitsdel’homme.Resteàse doterdesmoyenspédagogiquesquipermettentd’atteindreàterme 81 81 envisitetouristiqueàIspahanavecdeuxcamaradesdel’université, femmes bien sûr. Elles se sont arrêtées sur un pont public pour reposer leurs pieds, se sont déchaussées. Les gardiens de la morale islamique les ont arrêtées, conduites au poste, violentées, violées et même, pour l’une d’elles, engrossées. Ledit souvenir a fait basculer Roxanedansladépression… envisitetouristiqueàIspahanavecdeuxcamaradesdel’université, femmes bien sûr. Elles se sont arrêtées sur un pont public pour reposer leurs pieds, se sont déchaussées. Les gardiens de la morale islamique les ont arrêtées, conduites au poste, violentées, violées et même, pour l’une d’elles, engrossées. Ledit souvenir a fait basculer Roxanedansladépression… Cetépisodeestégalementexploitableenclasse,dupointde vue qui nous préoccupe – la naturalisation de la culture, dont il s’agirad’évoquerledangeraveccette finmalheureuse.Onmettrait l’accent, avec les élèves, sur le fait que, pour les gardes islamiques, lestroisjeunesfillesn’ontpasenlevéchaussuresetchaussettes,elles se sont déshabillées, et ils le leur disent; elles ne sont pas des promeneusesmaiselles«fontletrottoir»,etontleleurditaussi,en les traitant de «sales putes de traînées» (p. 261). Le problème est qu’ilsdevaientlepenservraiment–àcausedesreprésentationsqui étaient les leurs. Ils étaient aussi sincères que l’était par exemple UsbekquandildisaitàRoxanequiétaitsapréféréeduharem,quele Ciellaluiadonnéepourfairesonbonheuràlui,ouquand,àParis,il a cru que les femmes, parce qu’elles se présentaient devant les hommesàvisagedécouvert,avaientperdutouteretenueetvoulaient fairecraquertousleshommes! Cetépisodeestégalementexploitableenclasse,dupointde vue qui nous préoccupe – la naturalisation de la culture, dont il s’agirad’évoquerledangeraveccette finmalheureuse.Onmettrait l’accent, avec les élèves, sur le fait que, pour les gardes islamiques, lestroisjeunesfillesn’ontpasenlevéchaussuresetchaussettes,elles se sont déshabillées, et ils le leur disent; elles ne sont pas des promeneusesmaiselles«fontletrottoir»,etontleleurditaussi,en les traitant de «sales putes de traînées» (p. 261). Le problème est qu’ilsdevaientlepenservraiment–àcausedesreprésentationsqui étaient les leurs. Ils étaient aussi sincères que l’était par exemple UsbekquandildisaitàRoxanequiétaitsapréféréeduharem,quele Ciellaluiadonnéepourfairesonbonheuràlui,ouquand,àParis,il a cru que les femmes, parce qu’elles se présentaient devant les hommesàvisagedécouvert,avaientperdutouteretenueetvoulaient fairecraquertousleshommes! L’attitude des gardes islamiques n’est donc pas détachable d’un contexte social où une femme peut être coupable d’un sourire complice ou d’une mèche de cheveux qui dépasse, contexte où on considère, comme le dit l’un d’eux, qu’un «hommeȱ neȱ sortȱ jamaisȱ duȱ droitȱcheminȱsansȱqu’uneȱfemmeȱl’yȱincite»(p.265). L’attitude des gardes islamiques n’est donc pas détachable d’un contexte social où une femme peut être coupable d’un sourire complice ou d’une mèche de cheveux qui dépasse, contexte où on considère, comme le dit l’un d’eux, qu’un «hommeȱ neȱ sortȱ jamaisȱ duȱ droitȱcheminȱsansȱqu’uneȱfemmeȱl’yȱincite»(p.265). Mais le plus grave, c’est que cette culture semble bien naturalisée.C’estpourquoiRoxaneetsesdeuxcamaradesn’ontrien dit des sévices subis à personne – elles risquaient la lapidation ou l’assassinat.Ondevraitdonc,enclasse,accorderàcephénomènede la naturalisation toute la place qui lui revient, en expliquer éventuellement les dangers, en particulier quand cette culture naturaliséemetencausecommeicilesdroitsdel’homme.Resteàse doterdesmoyenspédagogiquesquipermettentd’atteindreàterme Mais le plus grave, c’est que cette culture semble bien naturalisée.C’estpourquoiRoxaneetsesdeuxcamaradesn’ontrien dit des sévices subis à personne – elles risquaient la lapidation ou l’assassinat.Ondevraitdonc,enclasse,accorderàcephénomènede la naturalisation toute la place qui lui revient, en expliquer éventuellement les dangers, en particulier quand cette culture naturaliséemetencausecommeicilesdroitsdel’homme.Resteàse doterdesmoyenspédagogiquesquipermettentd’atteindreàterme 81 81 les objectifs salutaires de l’interculturel, une fois comprise l’importancedesenjeux… les objectifs salutaires de l’interculturel, une fois comprise l’importancedesenjeux… Là aussi notre texte offre de bonnes opportunités pour mettreenœuvreunedémarchequi,auplanthéorique,estvulgarisée depuis un certain temps, et qui se fonde essentiellement sur le comparatisme(Lits,1994).L’hypothèsedebaseestqu’onnepeutse connaître qu’à travers l’autre, et la technique est tout simplement celle de l’observation: comme dit Todorov (1989), observer les différencespourdécouvrirlespropriétés–cequiveutdireque,d’un point de vue pédagogique, plus ces différences sont grandes, plus l’observation,etdoncladécouvertedesparticularités,serontfaciles. D’oùl’intérêtdenotretextejustement,quiconfrontedeuxculturesà l’extrêmeopposél’unedel’autre.UnpeucommelesLettresȱpersanes de Montesquieu, mais plus encore, vu le décalage du temps, qui a creusé l’écart entre les deux civilisations, comme le fait remarquer pertinemmentnotreiraniennedanssalettreàMontesquieu: Là aussi notre texte offre de bonnes opportunités pour mettreenœuvreunedémarchequi,auplanthéorique,estvulgarisée depuis un certain temps, et qui se fonde essentiellement sur le comparatisme(Lits,1994).L’hypothèsedebaseestqu’onnepeutse connaître qu’à travers l’autre, et la technique est tout simplement celle de l’observation: comme dit Todorov (1989), observer les différencespourdécouvrirlespropriétés–cequiveutdireque,d’un point de vue pédagogique, plus ces différences sont grandes, plus l’observation,etdoncladécouvertedesparticularités,serontfaciles. D’oùl’intérêtdenotretextejustement,quiconfrontedeuxculturesà l’extrêmeopposél’unedel’autre.UnpeucommelesLettresȱpersanes de Montesquieu, mais plus encore, vu le décalage du temps, qui a creusé l’écart entre les deux civilisations, comme le fait remarquer pertinemmentnotreiraniennedanssalettreàMontesquieu: LesȱmœursȱenȱIranȱontȱpeuȱévolué.ȱL’Iranȱd’aujourd’huiȱaȱencoreȱduȱretardȱ parȱrapportȱàȱlaȱFranceȱdeȱvotreȱépoque.ȱEtȱlaȱFranceȱd’aujourd’huiȱaȱfaitȱsaȱ révolution.ȱElleȱaȱtroisȱsièclesȱd’avanceȱparȱrapportȱàȱvotreȱépoqueȱ:ȱimaginezȱ doncȱl’écartȱentreȱlesȱdeuxȱpays.ȱCetȱécartȱestȱsiȱgrandȱqueȱlesȱchangementsȱ meȱfontȱtournerȱlaȱtête.ȱLaȱlibertéȱd’expression,ȱlaȱlibertéȱsexuelle,ȱleȱmodeȱdeȱ vie,ȱl’éducationȱdesȱenfants,ȱlaȱmentalitéȱdesȱgens,ȱleȱprogrèsȱdesȱsciences,ȱdeȱ l’art,ȱ toutȱ ȱ estȱ différentȱ deȱ monȱ pays.ȱ Jeȱ meȱ demandeȱ:ȱ estȬceȱ bienȱ laȱ mêmeȱ terreȱquiȱnousȱporteȱ?ȱEstȬceȱbienȱleȱmêmeȱcielȱquiȱnousȱentoureȱ?(p.134) LesȱmœursȱenȱIranȱontȱpeuȱévolué.ȱL’Iranȱd’aujourd’huiȱaȱencoreȱduȱretardȱ parȱrapportȱàȱlaȱFranceȱdeȱvotreȱépoque.ȱEtȱlaȱFranceȱd’aujourd’huiȱaȱfaitȱsaȱ révolution.ȱElleȱaȱtroisȱsièclesȱd’avanceȱparȱrapportȱàȱvotreȱépoqueȱ:ȱimaginezȱ doncȱl’écartȱentreȱlesȱdeuxȱpays.ȱCetȱécartȱestȱsiȱgrandȱqueȱlesȱchangementsȱ meȱfontȱtournerȱlaȱtête.ȱLaȱlibertéȱd’expression,ȱlaȱlibertéȱsexuelle,ȱleȱmodeȱdeȱ vie,ȱl’éducationȱdesȱenfants,ȱlaȱmentalitéȱdesȱgens,ȱleȱprogrèsȱdesȱsciences,ȱdeȱ l’art,ȱ toutȱ ȱ estȱ différentȱ deȱ monȱ pays.ȱ Jeȱ meȱ demandeȱ:ȱ estȬceȱ bienȱ laȱ mêmeȱ terreȱquiȱnousȱporteȱ?ȱEstȬceȱbienȱleȱmêmeȱcielȱquiȱnousȱentoureȱ?(p.134) Lesécartssontsigrands,Djavannenrendcompteavecune pugnacitésiforte,unepointesifine(pensezdoncauxcheveuxaux quatre vents d’un côté et à la mèche de cheveux qui dépasse de l’autre!);bref,lafocalisationsurlescontrastesestsiaccentuéetout le long du roman, qu’à la limite il suffirait de le faire lire pour que l’opérationdemiseencausedesoi,deretoursursoiàtraversl’autre s’enclenche. Un iranien ou une Iranienne qui lirait ce texte ne peut pas ne pas être bousculé par sa lecture. Mais comme chacun sait l’intégrisme,l’ethnocentrisme,lemanichéisme,lespréjugés,etc.,que la pédagogie interculturelle devrait combattre, ne sont pas Lesécartssontsigrands,Djavannenrendcompteavecune pugnacitésiforte,unepointesifine(pensezdoncauxcheveuxaux quatre vents d’un côté et à la mèche de cheveux qui dépasse de l’autre!);bref,lafocalisationsurlescontrastesestsiaccentuéetout le long du roman, qu’à la limite il suffirait de le faire lire pour que l’opérationdemiseencausedesoi,deretoursursoiàtraversl’autre s’enclenche. Un iranien ou une Iranienne qui lirait ce texte ne peut pas ne pas être bousculé par sa lecture. Mais comme chacun sait l’intégrisme,l’ethnocentrisme,lemanichéisme,lespréjugés,etc.,que la pédagogie interculturelle devrait combattre, ne sont pas 82 82 les objectifs salutaires de l’interculturel, une fois comprise l’importancedesenjeux… les objectifs salutaires de l’interculturel, une fois comprise l’importancedesenjeux… Là aussi notre texte offre de bonnes opportunités pour mettreenœuvreunedémarchequi,auplanthéorique,estvulgarisée depuis un certain temps, et qui se fonde essentiellement sur le comparatisme(Lits,1994).L’hypothèsedebaseestqu’onnepeutse connaître qu’à travers l’autre, et la technique est tout simplement celle de l’observation: comme dit Todorov (1989), observer les différencespourdécouvrirlespropriétés–cequiveutdireque,d’un point de vue pédagogique, plus ces différences sont grandes, plus l’observation,etdoncladécouvertedesparticularités,serontfaciles. D’oùl’intérêtdenotretextejustement,quiconfrontedeuxculturesà l’extrêmeopposél’unedel’autre.UnpeucommelesLettresȱpersanes de Montesquieu, mais plus encore, vu le décalage du temps, qui a creusé l’écart entre les deux civilisations, comme le fait remarquer pertinemmentnotreiraniennedanssalettreàMontesquieu: Là aussi notre texte offre de bonnes opportunités pour mettreenœuvreunedémarchequi,auplanthéorique,estvulgarisée depuis un certain temps, et qui se fonde essentiellement sur le comparatisme(Lits,1994).L’hypothèsedebaseestqu’onnepeutse connaître qu’à travers l’autre, et la technique est tout simplement celle de l’observation: comme dit Todorov (1989), observer les différencespourdécouvrirlespropriétés–cequiveutdireque,d’un point de vue pédagogique, plus ces différences sont grandes, plus l’observation,etdoncladécouvertedesparticularités,serontfaciles. D’oùl’intérêtdenotretextejustement,quiconfrontedeuxculturesà l’extrêmeopposél’unedel’autre.UnpeucommelesLettresȱpersanes de Montesquieu, mais plus encore, vu le décalage du temps, qui a creusé l’écart entre les deux civilisations, comme le fait remarquer pertinemmentnotreiraniennedanssalettreàMontesquieu: LesȱmœursȱenȱIranȱontȱpeuȱévolué.ȱL’Iranȱd’aujourd’huiȱaȱencoreȱduȱretardȱ parȱrapportȱàȱlaȱFranceȱdeȱvotreȱépoque.ȱEtȱlaȱFranceȱd’aujourd’huiȱaȱfaitȱsaȱ révolution.ȱElleȱaȱtroisȱsièclesȱd’avanceȱparȱrapportȱàȱvotreȱépoqueȱ:ȱimaginezȱ doncȱl’écartȱentreȱlesȱdeuxȱpays.ȱCetȱécartȱestȱsiȱgrandȱqueȱlesȱchangementsȱ meȱfontȱtournerȱlaȱtête.ȱLaȱlibertéȱd’expression,ȱlaȱlibertéȱsexuelle,ȱleȱmodeȱdeȱ vie,ȱl’éducationȱdesȱenfants,ȱlaȱmentalitéȱdesȱgens,ȱleȱprogrèsȱdesȱsciences,ȱdeȱ l’art,ȱ toutȱ ȱ estȱ différentȱ deȱ monȱ pays.ȱ Jeȱ meȱ demandeȱ:ȱ estȬceȱ bienȱ laȱ mêmeȱ terreȱquiȱnousȱporteȱ?ȱEstȬceȱbienȱleȱmêmeȱcielȱquiȱnousȱentoureȱ?(p.134) LesȱmœursȱenȱIranȱontȱpeuȱévolué.ȱL’Iranȱd’aujourd’huiȱaȱencoreȱduȱretardȱ parȱrapportȱàȱlaȱFranceȱdeȱvotreȱépoque.ȱEtȱlaȱFranceȱd’aujourd’huiȱaȱfaitȱsaȱ révolution.ȱElleȱaȱtroisȱsièclesȱd’avanceȱparȱrapportȱàȱvotreȱépoqueȱ:ȱimaginezȱ doncȱl’écartȱentreȱlesȱdeuxȱpays.ȱCetȱécartȱestȱsiȱgrandȱqueȱlesȱchangementsȱ meȱfontȱtournerȱlaȱtête.ȱLaȱlibertéȱd’expression,ȱlaȱlibertéȱsexuelle,ȱleȱmodeȱdeȱ vie,ȱl’éducationȱdesȱenfants,ȱlaȱmentalitéȱdesȱgens,ȱleȱprogrèsȱdesȱsciences,ȱdeȱ l’art,ȱ toutȱ ȱ estȱ différentȱ deȱ monȱ pays.ȱ Jeȱ meȱ demandeȱ:ȱ estȬceȱ bienȱ laȱ mêmeȱ terreȱquiȱnousȱporteȱ?ȱEstȬceȱbienȱleȱmêmeȱcielȱquiȱnousȱentoureȱ?(p.134) Lesécartssontsigrands,Djavannenrendcompteavecune pugnacitésiforte,unepointesifine(pensezdoncauxcheveuxaux quatre vents d’un côté et à la mèche de cheveux qui dépasse de l’autre!);bref,lafocalisationsurlescontrastesestsiaccentuéetout le long du roman, qu’à la limite il suffirait de le faire lire pour que l’opérationdemiseencausedesoi,deretoursursoiàtraversl’autre s’enclenche. Un iranien ou une Iranienne qui lirait ce texte ne peut pas ne pas être bousculé par sa lecture. Mais comme chacun sait l’intégrisme,l’ethnocentrisme,lemanichéisme,lespréjugés,etc.,que la pédagogie interculturelle devrait combattre, ne sont pas Lesécartssontsigrands,Djavannenrendcompteavecune pugnacitésiforte,unepointesifine(pensezdoncauxcheveuxaux quatre vents d’un côté et à la mèche de cheveux qui dépasse de l’autre!);bref,lafocalisationsurlescontrastesestsiaccentuéetout le long du roman, qu’à la limite il suffirait de le faire lire pour que l’opérationdemiseencausedesoi,deretoursursoiàtraversl’autre s’enclenche. Un iranien ou une Iranienne qui lirait ce texte ne peut pas ne pas être bousculé par sa lecture. Mais comme chacun sait l’intégrisme,l’ethnocentrisme,lemanichéisme,lespréjugés,etc.,que la pédagogie interculturelle devrait combattre, ne sont pas 82 82 qu’iraniens.Leproblèmeestquelesélèvesrefusentdelire(oudelire intégralement)uneœuvre–d’oùl’utilitédemisersurlesséquences oulesextraitslesplussignificatifsetdesexercicesappropriés. qu’iraniens.Leproblèmeestquelesélèvesrefusentdelire(oudelire intégralement)uneœuvre–d’oùl’utilitédemisersurlesséquences oulesextraitslesplussignificatifsetdesexercicesappropriés. Séquences qui frappent l’esprit, d’abord, qui peuvent produire un déclic. Je songe entre autres celle où l’auteur met en avantcemomentbiencurieuxdenotrehistoireoùcertainshommes, du côté de l’Occident, développent des recherches de pointe par exemple en génétique pour triompher des maladies jusqu’ici invaincues, en physique pour visiter les astres ou reproduire l’énergie du soleil, pendant que d’autres hommes, du côté de l’Orient, Séquences qui frappent l’esprit, d’abord, qui peuvent produire un déclic. Je songe entre autres celle où l’auteur met en avantcemomentbiencurieuxdenotrehistoireoùcertainshommes, du côté de l’Occident, développent des recherches de pointe par exemple en génétique pour triompher des maladies jusqu’ici invaincues, en physique pour visiter les astres ou reproduire l’énergie du soleil, pendant que d’autres hommes, du côté de l’Orient, neȱseȱsoucientȱqueȱduȱvoileȱdesȱfemmesȱ;ȱilsȱseȱdemandentȱquelȱtissu,ȱquelleȱ couleur,ȱ quelleȱ longueurȱ seraientȱ aptesȱ àȱ mieuxȱ dissimulerȱ laȱ chevelureȱ desȱ femmes,ȱdeȱquelȱpied,ȱleȱdroitȱouȱleȱgauche,ȱilȱfautȱentrerȱdansȱlesȱtoilettes,ȱetȱ s’ilȱestȱpermisȱdeȱmangerȱuneȱvolailleȱsodomisée.(p.241). neȱseȱsoucientȱqueȱduȱvoileȱdesȱfemmesȱ;ȱilsȱseȱdemandentȱquelȱtissu,ȱquelleȱ couleur,ȱ quelleȱ longueurȱ seraientȱ aptesȱ àȱ mieuxȱ dissimulerȱ laȱ chevelureȱ desȱ femmes,ȱdeȱquelȱpied,ȱleȱdroitȱouȱleȱgauche,ȱilȱfautȱentrerȱdansȱlesȱtoilettes,ȱetȱ s’ilȱestȱpermisȱdeȱmangerȱuneȱvolailleȱsodomisée.(p.241). Un rapprochement de cette nature interpelle l’élève forcément. Que l’on se rendre compte: d’un côté on pense à conquérirlaplanèteMarsetdel’autre,onchercheàsavoircomment ouparquelpiedentrerdanslestoilettes!D’autresrapprochements le feront forcément réfléchiraussi, comme quand, traitantdans une autre lettre à Montesquieu de la grande liberté sexuelle en France, l’auteur prend soinde préciserqu’en revanche la pédophilie estun crime dans ce pays, «alors qu’en Iran comme dans beaucoup de pays musulmans – ajoutetelle – les fillettes sont bonnes à marier dèsl’âgedeneufans»(p.200). Un rapprochement de cette nature interpelle l’élève forcément. Que l’on se rendre compte: d’un côté on pense à conquérirlaplanèteMarsetdel’autre,onchercheàsavoircomment ouparquelpiedentrerdanslestoilettes!D’autresrapprochements le feront forcément réfléchiraussi, comme quand, traitantdans une autre lettre à Montesquieu de la grande liberté sexuelle en France, l’auteur prend soinde préciserqu’en revanche la pédophilie estun crime dans ce pays, «alors qu’en Iran comme dans beaucoup de pays musulmans – ajoutetelle – les fillettes sont bonnes à marier dèsl’âgedeneufans»(p.200). On demandera à l’élève le cas échéant de faire l’effort d’imaginercequ’unFrançaispourraitpenserdecesmariageslà,de se voir comme l’Autre nous verrait – exercice de décentrement qui estaucœurdudispositifpédagogique,demiseàdistancedesoi,qui préfigureunretoursursoi,uneremiseencausedesoi…Laréussite estaubout.Danslecasconsidéré,cetteréussiteseralàquandl’élève musulman en arrive à se demander en fin de compte, si ce type de mariage (avec la fillette de neuf ans) n’est pas une forme de pédophilie… On demandera à l’élève le cas échéant de faire l’effort d’imaginercequ’unFrançaispourraitpenserdecesmariageslà,de se voir comme l’Autre nous verrait – exercice de décentrement qui estaucœurdudispositifpédagogique,demiseàdistancedesoi,qui préfigureunretoursursoi,uneremiseencausedesoi…Laréussite estaubout.Danslecasconsidéré,cetteréussiteseralàquandl’élève musulman en arrive à se demander en fin de compte, si ce type de mariage (avec la fillette de neuf ans) n’est pas une forme de pédophilie… 83 83 qu’iraniens.Leproblèmeestquelesélèvesrefusentdelire(oudelire intégralement)uneœuvre–d’oùl’utilitédemisersurlesséquences oulesextraitslesplussignificatifsetdesexercicesappropriés. qu’iraniens.Leproblèmeestquelesélèvesrefusentdelire(oudelire intégralement)uneœuvre–d’oùl’utilitédemisersurlesséquences oulesextraitslesplussignificatifsetdesexercicesappropriés. Séquences qui frappent l’esprit, d’abord, qui peuvent produire un déclic. Je songe entre autres celle où l’auteur met en avantcemomentbiencurieuxdenotrehistoireoùcertainshommes, du côté de l’Occident, développent des recherches de pointe par exemple en génétique pour triompher des maladies jusqu’ici invaincues, en physique pour visiter les astres ou reproduire l’énergie du soleil, pendant que d’autres hommes, du côté de l’Orient, Séquences qui frappent l’esprit, d’abord, qui peuvent produire un déclic. Je songe entre autres celle où l’auteur met en avantcemomentbiencurieuxdenotrehistoireoùcertainshommes, du côté de l’Occident, développent des recherches de pointe par exemple en génétique pour triompher des maladies jusqu’ici invaincues, en physique pour visiter les astres ou reproduire l’énergie du soleil, pendant que d’autres hommes, du côté de l’Orient, neȱseȱsoucientȱqueȱduȱvoileȱdesȱfemmesȱ;ȱilsȱseȱdemandentȱquelȱtissu,ȱquelleȱ couleur,ȱ quelleȱ longueurȱ seraientȱ aptesȱ àȱ mieuxȱ dissimulerȱ laȱ chevelureȱ desȱ femmes,ȱdeȱquelȱpied,ȱleȱdroitȱouȱleȱgauche,ȱilȱfautȱentrerȱdansȱlesȱtoilettes,ȱetȱ s’ilȱestȱpermisȱdeȱmangerȱuneȱvolailleȱsodomisée.(p.241). neȱseȱsoucientȱqueȱduȱvoileȱdesȱfemmesȱ;ȱilsȱseȱdemandentȱquelȱtissu,ȱquelleȱ couleur,ȱ quelleȱ longueurȱ seraientȱ aptesȱ àȱ mieuxȱ dissimulerȱ laȱ chevelureȱ desȱ femmes,ȱdeȱquelȱpied,ȱleȱdroitȱouȱleȱgauche,ȱilȱfautȱentrerȱdansȱlesȱtoilettes,ȱetȱ s’ilȱestȱpermisȱdeȱmangerȱuneȱvolailleȱsodomisée.(p.241). Un rapprochement de cette nature interpelle l’élève forcément. Que l’on se rendre compte: d’un côté on pense à conquérirlaplanèteMarsetdel’autre,onchercheàsavoircomment ouparquelpiedentrerdanslestoilettes!D’autresrapprochements le feront forcément réfléchiraussi, comme quand, traitantdans une autre lettre à Montesquieu de la grande liberté sexuelle en France, l’auteur prend soinde préciserqu’en revanche la pédophilie estun crime dans ce pays, «alors qu’en Iran comme dans beaucoup de pays musulmans – ajoutetelle – les fillettes sont bonnes à marier dèsl’âgedeneufans»(p.200). Un rapprochement de cette nature interpelle l’élève forcément. Que l’on se rendre compte: d’un côté on pense à conquérirlaplanèteMarsetdel’autre,onchercheàsavoircomment ouparquelpiedentrerdanslestoilettes!D’autresrapprochements le feront forcément réfléchiraussi, comme quand, traitantdans une autre lettre à Montesquieu de la grande liberté sexuelle en France, l’auteur prend soinde préciserqu’en revanche la pédophilie estun crime dans ce pays, «alors qu’en Iran comme dans beaucoup de pays musulmans – ajoutetelle – les fillettes sont bonnes à marier dèsl’âgedeneufans»(p.200). On demandera à l’élève le cas échéant de faire l’effort d’imaginercequ’unFrançaispourraitpenserdecesmariageslà,de se voir comme l’Autre nous verrait – exercice de décentrement qui estaucœurdudispositifpédagogique,demiseàdistancedesoi,qui préfigureunretoursursoi,uneremiseencausedesoi…Laréussite estaubout.Danslecasconsidéré,cetteréussiteseralàquandl’élève musulman en arrive à se demander en fin de compte, si ce type de mariage (avec la fillette de neuf ans) n’est pas une forme de pédophilie… On demandera à l’élève le cas échéant de faire l’effort d’imaginercequ’unFrançaispourraitpenserdecesmariageslà,de se voir comme l’Autre nous verrait – exercice de décentrement qui estaucœurdudispositifpédagogique,demiseàdistancedesoi,qui préfigureunretoursursoi,uneremiseencausedesoi…Laréussite estaubout.Danslecasconsidéré,cetteréussiteseralàquandl’élève musulman en arrive à se demander en fin de compte, si ce type de mariage (avec la fillette de neuf ans) n’est pas une forme de pédophilie… 83 83 Cet élève sera convaincu, en fin de compte aussi, qu’on ne peutvraimentseconnaîtrequ’àtraversl’Autre,–etliraavecplaisir CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ? RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ Cet élève sera convaincu, en fin de compte aussi, qu’on ne peutvraimentseconnaîtrequ’àtraversl’Autre,–etliraavecplaisir CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ? RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,ȱ Bruxelles,DeBoekDuculot. DJAVANN Chahdortt, 2006, Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ Françaisȱ? Paris, Flammarion. LITSMarc,1994,Approcheȱinterculturelleȱetȱidentitéȱnarrative,Paris,Etudesde LinguistiqueAppliquée,n°93. MONTESQUIEU CharlesLouis, 1993, Lettresȱ persanes, Paris, Booking International. PRETCEILLE ABDALLAH Martine, 1986, Versȱ uneȱ pédagogieȱ interculturelle,ȱ Paris,Pub.delaSorbonne,INRP.ȱȱ SEOUD Amor, 1997, Lesȱ Lettresȱ persanesȱ ouȱ lesȱ fondementsȱ d’uneȱ pédagogieȱ interculturelle,Namur,Enjeux,n°41,CEDOCEF. TODOROVTzvetan,1989,Nousȱetȱlesȱautres,Paris,Ed.duSeuil. COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,ȱ Bruxelles,DeBoekDuculot. DJAVANN Chahdortt, 2006, Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ Françaisȱ? Paris, Flammarion. LITSMarc,1994,Approcheȱinterculturelleȱetȱidentitéȱnarrative,Paris,Etudesde LinguistiqueAppliquée,n°93. MONTESQUIEU CharlesLouis, 1993, Lettresȱ persanes, Paris, Booking International. PRETCEILLE ABDALLAH Martine, 1986, Versȱ uneȱ pédagogieȱ interculturelle,ȱ Paris,Pub.delaSorbonne,INRP.ȱȱ SEOUD Amor, 1997, Lesȱ Lettresȱ persanesȱ ouȱ lesȱ fondementsȱ d’uneȱ pédagogieȱ interculturelle,Namur,Enjeux,n°41,CEDOCEF. TODOROVTzvetan,1989,Nousȱetȱlesȱautres,Paris,Ed.duSeuil. ABSTRACTȱ ȱ ABSTRACTȱ ȱ Our intervention will attempt to show that a current text of the Frenchspeaking literature, How we can be French? The novel of Chadortt Djavann,Iranianwomanwriter,comestoenrichthefieldoftheintercultural knowledge, by underlining which type of educational exploitation can be made.Itthusjoinsinthetheoreticalframeoftheinterculturalpedagogy,as far as the notion of intercultural corresponds to a dialectical initiative of knowledge of one by the other one and the other one by one initiative of whomwethinkthatitmissescruellyinourclassesofFrench,forlackofa educationalpoliticstoday,whichadmitsthehypothesisthatanyeducation ispolitical.ȱ 84 Our intervention will attempt to show that a current text of the Frenchspeaking literature, How we can be French? The novel of Chadortt Djavann,Iranianwomanwriter,comestoenrichthefieldoftheintercultural knowledge, by underlining which type of educational exploitation can be made.Itthusjoinsinthetheoreticalframeoftheinterculturalpedagogy,as far as the notion of intercultural corresponds to a dialectical initiative of knowledge of one by the other one and the other one by one initiative of whomwethinkthatitmissescruellyinourclassesofFrench,forlackofa educationalpoliticstoday,whichadmitsthehypothesisthatanyeducation ispolitical.ȱ 84 Cet élève sera convaincu, en fin de compte aussi, qu’on ne peutvraimentseconnaîtrequ’àtraversl’Autre,–etliraavecplaisir CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ? RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ Cet élève sera convaincu, en fin de compte aussi, qu’on ne peutvraimentseconnaîtrequ’àtraversl’Autre,–etliraavecplaisir CommentȱpeutȬonȱêtreȱFrançaisȱ? RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,ȱ Bruxelles,DeBoekDuculot. DJAVANN Chahdortt, 2006, Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ Françaisȱ? Paris, Flammarion. LITSMarc,1994,Approcheȱinterculturelleȱetȱidentitéȱnarrative,Paris,Etudesde LinguistiqueAppliquée,n°93. MONTESQUIEU CharlesLouis, 1993, Lettresȱ persanes, Paris, Booking International. PRETCEILLE ABDALLAH Martine, 1986, Versȱ uneȱ pédagogieȱ interculturelle,ȱ Paris,Pub.delaSorbonne,INRP.ȱȱ SEOUD Amor, 1997, Lesȱ Lettresȱ persanesȱ ouȱ lesȱ fondementsȱ d’uneȱ pédagogieȱ interculturelle,Namur,Enjeux,n°41,CEDOCEF. TODOROVTzvetan,1989,Nousȱetȱlesȱautres,Paris,Ed.duSeuil. COLLES Luc, 1994, Littératureȱ comparéeȱ etȱ reconnaissanceȱ interculturelle,ȱ Bruxelles,DeBoekDuculot. DJAVANN Chahdortt, 2006, Commentȱ peutȬonȱ êtreȱ Françaisȱ? Paris, Flammarion. LITSMarc,1994,Approcheȱinterculturelleȱetȱidentitéȱnarrative,Paris,Etudesde LinguistiqueAppliquée,n°93. MONTESQUIEU CharlesLouis, 1993, Lettresȱ persanes, Paris, Booking International. PRETCEILLE ABDALLAH Martine, 1986, Versȱ uneȱ pédagogieȱ interculturelle,ȱ Paris,Pub.delaSorbonne,INRP.ȱȱ SEOUD Amor, 1997, Lesȱ Lettresȱ persanesȱ ouȱ lesȱ fondementsȱ d’uneȱ pédagogieȱ interculturelle,Namur,Enjeux,n°41,CEDOCEF. TODOROVTzvetan,1989,Nousȱetȱlesȱautres,Paris,Ed.duSeuil. ABSTRACTȱ ȱ ABSTRACTȱ ȱ Our intervention will attempt to show that a current text of the Frenchspeaking literature, How we can be French? The novel of Chadortt Djavann,Iranianwomanwriter,comestoenrichthefieldoftheintercultural knowledge, by underlining which type of educational exploitation can be made.Itthusjoinsinthetheoreticalframeoftheinterculturalpedagogy,as far as the notion of intercultural corresponds to a dialectical initiative of knowledge of one by the other one and the other one by one initiative of whomwethinkthatitmissescruellyinourclassesofFrench,forlackofa educationalpoliticstoday,whichadmitsthehypothesisthatanyeducation ispolitical.ȱ 84 Our intervention will attempt to show that a current text of the Frenchspeaking literature, How we can be French? The novel of Chadortt Djavann,Iranianwomanwriter,comestoenrichthefieldoftheintercultural knowledge, by underlining which type of educational exploitation can be made.Itthusjoinsinthetheoreticalframeoftheinterculturalpedagogy,as far as the notion of intercultural corresponds to a dialectical initiative of knowledge of one by the other one and the other one by one initiative of whomwethinkthatitmissescruellyinourclassesofFrench,forlackofa educationalpoliticstoday,whichadmitsthehypothesisthatanyeducation ispolitical.ȱ 84 ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ Métissagesȱlinguistiquesȱetȱtextuelsȱ Métissagesȱlinguistiquesȱetȱtextuelsȱ ______________________________________ȱ ______________________________________ȱ 85 85 ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ ȱ Métissagesȱlinguistiquesȱetȱtextuelsȱ Métissagesȱlinguistiquesȱetȱtextuelsȱ ______________________________________ȱ ______________________________________ȱ 85 85 86 86 86 86 ȱ ȱ ȱ ȱ MÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱETȱCULTURELȱ DANSȱL’ŒUVREȱROMANESQUEȱDEȱ L’ÉCRIVAINȱALGÉRIENȱ FRANCOPHONEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ MÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱETȱCULTURELȱ DANSȱL’ŒUVREȱROMANESQUEȱDEȱ L’ÉCRIVAINȱALGÉRIENȱ FRANCOPHONEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ ȱ ȱ YasmineȱABBESȬȱKARAȱ ENSȱLSH,ȱBouzaréah,ȱAlgerȱ YasmineȱABBESȬȱKARAȱ ENSȱLSH,ȱBouzaréah,ȱAlgerȱ ȱ ȱ ȈEcrireȱenȱarabe,ȱcȇestȱpourȱnousȱcommeȱnousȱregarderȱdansȱunȱ miroir.ȱLeȱfrançaisȱnousȱobligeȱàȱunȱapprofondissementȱenȱnousȱ forçantȱ àȱ transposerȈȱ Mouloud Mammeriȱ (1987),ȱ Entretien avec Tahar Djaout,ȱ Editionȱ Laphomic,ȱ collectionȱ Itinéraires.ȱ ȈEcrireȱenȱarabe,ȱcȇestȱpourȱnousȱcommeȱnousȱregarderȱdansȱunȱ miroir.ȱLeȱfrançaisȱnousȱobligeȱàȱunȱapprofondissementȱenȱnousȱ forçantȱ àȱ transposerȈȱ Mouloud Mammeriȱ (1987),ȱ Entretien avec Tahar Djaout,ȱ Editionȱ Laphomic,ȱ collectionȱ Itinéraires.ȱ ȱ ȱ Nousnousproposonsdemontrerdanscetteétude,comment s’inscrit et se manifeste le métissage linguistique et culturel dans l’œuvre de M. Mammeri, représentative de la littérature algérienne des années cinquante et comment la singularité de son écriture ressortit de son imprégnation par les lieux physiques et culturels. Néedansuncontextedecolonisationetdecrisepostindépendance, cettelittératures’articulesurundoubleréférentetdecefaitelleest travailléeparundiscoursdumétissagequisemodifieenfonctiondu groupesocialauquelappartiennentlesauteurs. Nousnousproposonsdemontrerdanscetteétude,comment s’inscrit et se manifeste le métissage linguistique et culturel dans l’œuvre de M. Mammeri, représentative de la littérature algérienne des années cinquante et comment la singularité de son écriture ressortit de son imprégnation par les lieux physiques et culturels. Néedansuncontextedecolonisationetdecrisepostindépendance, cettelittératures’articulesurundoubleréférentetdecefaitelleest travailléeparundiscoursdumétissagequisemodifieenfonctiondu groupesocialauquelappartiennentlesauteurs. Parȱ sonȱ élaborationȱ linguistique,ȱ sesȱ référencesȱ culturelles,ȱ lesȱ mythologiesȱ qu’elleȱ metȱ enȱ œuvre,ȱ lesȱ transactionsȱ génériquesȱ qu’elleȱ opère,ȱ leȱ travailȱ métaphoriqueȱ (enȱ priseȱ surȱ unȱ imaginaireȱ etȱ uneȱ imagerieȱ nourrieȱ àȱ deuxȱ sources,ȱqu’elleȱélaboreȱauȱmoins),ȱelleȱtenteȱȱd’exhiberȱet/ouȱdeȱtransgresserȱ lesȱ frontièresȱ géographiques,ȱ linguistiques,ȱ civilisationnelles,ȱ culturellesȱ etȱȱ donneȱȱnaissanceȱàȱdesȱformesȱdeȱl’hétérogène.(Khadda,1996:12) Parȱ sonȱ élaborationȱ linguistique,ȱ sesȱ référencesȱ culturelles,ȱ lesȱ mythologiesȱ qu’elleȱ metȱ enȱ œuvre,ȱ lesȱ transactionsȱ génériquesȱ qu’elleȱ opère,ȱ leȱ travailȱ métaphoriqueȱ (enȱ priseȱ surȱ unȱ imaginaireȱ etȱ uneȱ imagerieȱ nourrieȱ àȱ deuxȱ sources,ȱqu’elleȱélaboreȱauȱmoins),ȱelleȱtenteȱȱd’exhiberȱet/ouȱdeȱtransgresserȱ lesȱ frontièresȱ géographiques,ȱ linguistiques,ȱ civilisationnelles,ȱ culturellesȱ etȱȱ donneȱȱnaissanceȱàȱdesȱformesȱdeȱl’hétérogène.(Khadda,1996:12) 87 87 ȱ ȱ ȱ ȱ MÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱETȱCULTURELȱ DANSȱL’ŒUVREȱROMANESQUEȱDEȱ L’ÉCRIVAINȱALGÉRIENȱ FRANCOPHONEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ MÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱETȱCULTURELȱ DANSȱL’ŒUVREȱROMANESQUEȱDEȱ L’ÉCRIVAINȱALGÉRIENȱ FRANCOPHONEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ ȱ ȱ YasmineȱABBESȬȱKARAȱ ENSȱLSH,ȱBouzaréah,ȱAlgerȱ YasmineȱABBESȬȱKARAȱ ENSȱLSH,ȱBouzaréah,ȱAlgerȱ ȱ ȱ ȈEcrireȱenȱarabe,ȱcȇestȱpourȱnousȱcommeȱnousȱregarderȱdansȱunȱ miroir.ȱLeȱfrançaisȱnousȱobligeȱàȱunȱapprofondissementȱenȱnousȱ forçantȱ àȱ transposerȈȱ Mouloud Mammeriȱ (1987),ȱ Entretien avec Tahar Djaout,ȱ Editionȱ Laphomic,ȱ collectionȱ Itinéraires.ȱ ȈEcrireȱenȱarabe,ȱcȇestȱpourȱnousȱcommeȱnousȱregarderȱdansȱunȱ miroir.ȱLeȱfrançaisȱnousȱobligeȱàȱunȱapprofondissementȱenȱnousȱ forçantȱ àȱ transposerȈȱ Mouloud Mammeriȱ (1987),ȱ Entretien avec Tahar Djaout,ȱ Editionȱ Laphomic,ȱ collectionȱ Itinéraires.ȱ ȱ ȱ Nousnousproposonsdemontrerdanscetteétude,comment s’inscrit et se manifeste le métissage linguistique et culturel dans l’œuvre de M. Mammeri, représentative de la littérature algérienne des années cinquante et comment la singularité de son écriture ressortit de son imprégnation par les lieux physiques et culturels. Néedansuncontextedecolonisationetdecrisepostindépendance, cettelittératures’articulesurundoubleréférentetdecefaitelleest travailléeparundiscoursdumétissagequisemodifieenfonctiondu groupesocialauquelappartiennentlesauteurs. Nousnousproposonsdemontrerdanscetteétude,comment s’inscrit et se manifeste le métissage linguistique et culturel dans l’œuvre de M. Mammeri, représentative de la littérature algérienne des années cinquante et comment la singularité de son écriture ressortit de son imprégnation par les lieux physiques et culturels. Néedansuncontextedecolonisationetdecrisepostindépendance, cettelittératures’articulesurundoubleréférentetdecefaitelleest travailléeparundiscoursdumétissagequisemodifieenfonctiondu groupesocialauquelappartiennentlesauteurs. Parȱ sonȱ élaborationȱ linguistique,ȱ sesȱ référencesȱ culturelles,ȱ lesȱ mythologiesȱ qu’elleȱ metȱ enȱ œuvre,ȱ lesȱ transactionsȱ génériquesȱ qu’elleȱ opère,ȱ leȱ travailȱ métaphoriqueȱ (enȱ priseȱ surȱ unȱ imaginaireȱ etȱ uneȱ imagerieȱ nourrieȱ àȱ deuxȱ sources,ȱqu’elleȱélaboreȱauȱmoins),ȱelleȱtenteȱȱd’exhiberȱet/ouȱdeȱtransgresserȱ lesȱ frontièresȱ géographiques,ȱ linguistiques,ȱ civilisationnelles,ȱ culturellesȱ etȱȱ donneȱȱnaissanceȱàȱdesȱformesȱdeȱl’hétérogène.(Khadda,1996:12) Parȱ sonȱ élaborationȱ linguistique,ȱ sesȱ référencesȱ culturelles,ȱ lesȱ mythologiesȱ qu’elleȱ metȱ enȱ œuvre,ȱ lesȱ transactionsȱ génériquesȱ qu’elleȱ opère,ȱ leȱ travailȱ métaphoriqueȱ (enȱ priseȱ surȱ unȱ imaginaireȱ etȱ uneȱ imagerieȱ nourrieȱ àȱ deuxȱ sources,ȱqu’elleȱélaboreȱauȱmoins),ȱelleȱtenteȱȱd’exhiberȱet/ouȱdeȱtransgresserȱ lesȱ frontièresȱ géographiques,ȱ linguistiques,ȱ civilisationnelles,ȱ culturellesȱ etȱȱ donneȱȱnaissanceȱàȱdesȱformesȱdeȱl’hétérogène.(Khadda,1996:12) 87 87 Commentsemanifestecetravailderéécritureetcommentse situetil d’emblée dans le métissage et donc dans l’interspécificité, l’hybridation? Comment faitil de l’hybride sa spécificité en déconstruisantl’oppositionuniverselversusspécifique? Les manifestations, les enjeux et les effets du métissage linguistiqueentantqu’écriturehybridepourraientêtreappréhendés à travers le discours sur les langues et à partir des jeux de déconstruction/reconstruction du signe linguistique. Ce sont uniquement ces deux aspects qui seront examinés. Ma réflexion s’appuiesurlesprincipesetlesdémarchesdel’analysedudiscours maisaussisurdesthéoriesempruntéesàlasociolinguistique. I.ȱ APERÇUȱ SURȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ MAGHRÉBINEȱ D’EXPRESSIONȱFRANÇAISE.ȱ Les manifestations, les enjeux et les effets du métissage linguistiqueentantqu’écriturehybridepourraientêtreappréhendés à travers le discours sur les langues et à partir des jeux de déconstruction/reconstruction du signe linguistique. Ce sont uniquement ces deux aspects qui seront examinés. Ma réflexion s’appuiesurlesprincipesetlesdémarchesdel’analysedudiscours maisaussisurdesthéoriesempruntéesàlasociolinguistique. I.ȱ APERÇUȱ SURȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ MAGHRÉBINEȱ D’EXPRESSIONȱFRANÇAISE.ȱ Commentsemanifestecetravailderéécritureetcommentse situetil d’emblée dans le métissage et donc dans l’interspécificité, l’hybridation? Comment faitil de l’hybride sa spécificité en déconstruisantl’oppositionuniverselversusspécifique? Lémergence d’une littérature maghrébine dexpression française se situe, en Algérie, aux alentours du début de la colonisation. Elle est produite par des autochtones et par des Français.Lalittératurecoloniales’estdéveloppéeenplusieursétapes et a évolué selon le regard porté sur l’Algérie en ce tempslà. Une littératureexotique,«faiteȱdeȱclichésȱsurȱleȱdésert,ȱlesȱcolons,ȱlesȱspahisȱouȱ lesȱ caïds» est d’abord produite par des écrivains comme Guy de Maupassant et Flaubert, venus dans ce pays pour chercher le dépaysement.Eneffet,de Lémergence d’une littérature maghrébine dexpression française se situe, en Algérie, aux alentours du début de la colonisation. Elle est produite par des autochtones et par des Français.Lalittératurecoloniales’estdéveloppéeenplusieursétapes et a évolué selon le regard porté sur l’Algérie en ce tempslà. Une littératureexotique,«faiteȱdeȱclichésȱsurȱleȱdésert,ȱlesȱcolons,ȱlesȱspahisȱouȱ lesȱ caïds» est d’abord produite par des écrivains comme Guy de Maupassant et Flaubert, venus dans ce pays pour chercher le dépaysement.Eneffet,de 1830ȱàȱ1900,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱuneȱterreȱdeȱconquêteȱetȱdeȱsensationsȱȱ nouvellesȱ:ȱ terreȱ deȱ conquêteȱ àȱ traversȱ lesȱ témoignagesȱ deȱ militaires,ȱ lesȱ mémoiresȱ deȱ généraux,ȱ lesȱ récitsȱ deȱ correspondantsȱ deȱ guerreȱ ;ȱ terreȱ deȱ sensationsȱnouvellesȱchezȱcesȱécrivainsȱ(touristiques)ȱvenantȱyȱchercherȱuneȱ nouvelleȱ Italieȱ ouȱ unȱ Orientȱ nouveauȱ etȱ ravisȱ deȱ rajeunirȱ lesȱ poncifsȱ romantiques.ȱ(Déjeux,1980:13) 1830ȱàȱ1900,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱuneȱterreȱdeȱconquêteȱetȱdeȱsensationsȱȱ nouvellesȱ:ȱ terreȱ deȱ conquêteȱ àȱ traversȱ lesȱ témoignagesȱ deȱ militaires,ȱ lesȱ mémoiresȱ deȱ généraux,ȱ lesȱ récitsȱ deȱ correspondantsȱ deȱ guerreȱ ;ȱ terreȱ deȱ sensationsȱnouvellesȱchezȱcesȱécrivainsȱ(touristiques)ȱvenantȱyȱchercherȱuneȱ nouvelleȱ Italieȱ ouȱ unȱ Orientȱ nouveauȱ etȱ ravisȱ deȱ rajeunirȱ lesȱ poncifsȱ romantiques.ȱ(Déjeux,1980:13) Ensuite,de Ensuite,de 1900ȱàȱ1935,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱunȱterroir.ȱElleȱseȱdonneȱpourȱfonctionȱ deȱ fonderȱ uneȱ patrieȱ algérienneȱ àȱ l’idéologieȱ inégalitaireȱ oùȱ l’autochtoneȱ 88 1900ȱàȱ1935,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱunȱterroir.ȱElleȱseȱdonneȱpourȱfonctionȱ deȱ fonderȱ uneȱ patrieȱ algérienneȱ àȱ l’idéologieȱ inégalitaireȱ oùȱ l’autochtoneȱ 88 Commentsemanifestecetravailderéécritureetcommentse situetil d’emblée dans le métissage et donc dans l’interspécificité, l’hybridation? Comment faitil de l’hybride sa spécificité en déconstruisantl’oppositionuniverselversusspécifique? Les manifestations, les enjeux et les effets du métissage linguistiqueentantqu’écriturehybridepourraientêtreappréhendés à travers le discours sur les langues et à partir des jeux de déconstruction/reconstruction du signe linguistique. Ce sont uniquement ces deux aspects qui seront examinés. Ma réflexion s’appuiesurlesprincipesetlesdémarchesdel’analysedudiscours maisaussisurdesthéoriesempruntéesàlasociolinguistique. I.ȱ APERÇUȱ SURȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ MAGHRÉBINEȱ D’EXPRESSIONȱFRANÇAISE.ȱ Les manifestations, les enjeux et les effets du métissage linguistiqueentantqu’écriturehybridepourraientêtreappréhendés à travers le discours sur les langues et à partir des jeux de déconstruction/reconstruction du signe linguistique. Ce sont uniquement ces deux aspects qui seront examinés. Ma réflexion s’appuiesurlesprincipesetlesdémarchesdel’analysedudiscours maisaussisurdesthéoriesempruntéesàlasociolinguistique. I.ȱ APERÇUȱ SURȱ LAȱ LITTÉRATUREȱ MAGHRÉBINEȱ D’EXPRESSIONȱFRANÇAISE.ȱ Commentsemanifestecetravailderéécritureetcommentse situetil d’emblée dans le métissage et donc dans l’interspécificité, l’hybridation? Comment faitil de l’hybride sa spécificité en déconstruisantl’oppositionuniverselversusspécifique? Lémergence d’une littérature maghrébine dexpression française se situe, en Algérie, aux alentours du début de la colonisation. Elle est produite par des autochtones et par des Français.Lalittératurecoloniales’estdéveloppéeenplusieursétapes et a évolué selon le regard porté sur l’Algérie en ce tempslà. Une littératureexotique,«faiteȱdeȱclichésȱsurȱleȱdésert,ȱlesȱcolons,ȱlesȱspahisȱouȱ lesȱ caïds» est d’abord produite par des écrivains comme Guy de Maupassant et Flaubert, venus dans ce pays pour chercher le dépaysement.Eneffet,de Lémergence d’une littérature maghrébine dexpression française se situe, en Algérie, aux alentours du début de la colonisation. Elle est produite par des autochtones et par des Français.Lalittératurecoloniales’estdéveloppéeenplusieursétapes et a évolué selon le regard porté sur l’Algérie en ce tempslà. Une littératureexotique,«faiteȱdeȱclichésȱsurȱleȱdésert,ȱlesȱcolons,ȱlesȱspahisȱouȱ lesȱ caïds» est d’abord produite par des écrivains comme Guy de Maupassant et Flaubert, venus dans ce pays pour chercher le dépaysement.Eneffet,de 1830ȱàȱ1900,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱuneȱterreȱdeȱconquêteȱetȱdeȱsensationsȱȱ nouvellesȱ:ȱ terreȱ deȱ conquêteȱ àȱ traversȱ lesȱ témoignagesȱ deȱ militaires,ȱ lesȱ mémoiresȱ deȱ généraux,ȱ lesȱ récitsȱ deȱ correspondantsȱ deȱ guerreȱ ;ȱ terreȱ deȱ sensationsȱnouvellesȱchezȱcesȱécrivainsȱ(touristiques)ȱvenantȱyȱchercherȱuneȱ nouvelleȱ Italieȱ ouȱ unȱ Orientȱ nouveauȱ etȱ ravisȱ deȱ rajeunirȱ lesȱ poncifsȱ romantiques.ȱ(Déjeux,1980:13) 1830ȱàȱ1900,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱuneȱterreȱdeȱconquêteȱetȱdeȱsensationsȱȱ nouvellesȱ:ȱ terreȱ deȱ conquêteȱ àȱ traversȱ lesȱ témoignagesȱ deȱ militaires,ȱ lesȱ mémoiresȱ deȱ généraux,ȱ lesȱ récitsȱ deȱ correspondantsȱ deȱ guerreȱ ;ȱ terreȱ deȱ sensationsȱnouvellesȱchezȱcesȱécrivainsȱ(touristiques)ȱvenantȱyȱchercherȱuneȱ nouvelleȱ Italieȱ ouȱ unȱ Orientȱ nouveauȱ etȱ ravisȱ deȱ rajeunirȱ lesȱ poncifsȱ romantiques.ȱ(Déjeux,1980:13) Ensuite,de Ensuite,de 1900ȱàȱ1935,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱunȱterroir.ȱElleȱseȱdonneȱpourȱfonctionȱ deȱ fonderȱ uneȱ patrieȱ algérienneȱ àȱ l’idéologieȱ inégalitaireȱ oùȱ l’autochtoneȱ 88 1900ȱàȱ1935,ȱl’Algérieȱestȱvueȱcommeȱunȱterroir.ȱElleȱseȱdonneȱpourȱfonctionȱ deȱ fonderȱ uneȱ patrieȱ algérienneȱ àȱ l’idéologieȱ inégalitaireȱ oùȱ l’autochtoneȱ 88 vivraitȱ enȱ margeȱ deȱ laȱ prospéritéȱ etȱ desȱ privilègesȱ duȱ colon,ȱ quiȱ tireraitȱ saȱ légitimitéȱhistoriqueȱdeȱl’héritageȱromainȱlégué.(Déjeux,1980:13) vivraitȱ enȱ margeȱ deȱ laȱ prospéritéȱ etȱ desȱ privilègesȱ duȱ colon,ȱ quiȱ tireraitȱ saȱ légitimitéȱhistoriqueȱdeȱl’héritageȱromainȱlégué.(Déjeux,1980:13) Ce renouvellement des thèmes émergea en 1889 avec Sangȱ desȱracesdeLouisBertrand,IsabelleEberhardt,AndréGideetHenri deMontherlant. Enfin,àpartirdesannées35, Ce renouvellement des thèmes émergea en 1889 avec Sangȱ desȱracesdeLouisBertrand,IsabelleEberhardt,AndréGideetHenri deMontherlant. Enfin,àpartirdesannées35, lesȱ thèmesȱ seȱ concentrentȱ principalementȱ surȱ uneȱ Algérieȱ méditerranéenneȱ tournéeȱ versȱ laȱ mer,ȱ maisȱ certainsȱ romanciersȱ raviventȱ aussiȱ desȱ souvenirsȱ duȱ passéȱ;ȱ d’autresȱ s’attachentȱ àȱ laȱ descriptionȱ deȱ milieuxȱ populaires. (Khadda,1996:19). lesȱ thèmesȱ seȱ concentrentȱ principalementȱ surȱ uneȱ Algérieȱ méditerranéenneȱ tournéeȱ versȱ laȱ mer,ȱ maisȱ certainsȱ romanciersȱ raviventȱ aussiȱ desȱ souvenirsȱ duȱ passéȱ;ȱ d’autresȱ s’attachentȱ àȱ laȱ descriptionȱ deȱ milieuxȱ populaires. (Khadda,1996:19). Pour désigner cette génération d’écrivains, Gabriel Audisio parle de «l’Ecole d’Alger», alors que Camus lui préfère le nom d’ «Ecolenordafricainedeslettres». Pour désigner cette génération d’écrivains, Gabriel Audisio parle de «l’Ecole d’Alger», alors que Camus lui préfère le nom d’ «Ecolenordafricainedeslettres». Quant à la littérature maghrébine des Maghrébins, Nadjet Khaddadistinguetroisgénérationsd’écrivains:lespèresfondateurs (19201950) dontlesœuvrescèdentlepasaudébatidéologiquesur l’assimilation ont émergé en Tunisie: Tahar Essafi et Mahmoud Aslam,enAlgérie:SlimaneBenIbrahim(Khadra,ȱdanseuseȱdesȱOuledsȱ Naïl, 1910), Caïd Ben Chérif, (Ahmedȱ Benȱ Mostapha,ȱ goumier, 1920), Abdelkader HadjHamou (Zohra,ȱ laȱ femmeȱ duȱ mineur, 1925), Chukri Khodja(ElȱEudj,ȱcaptifȱdesȱbarbaresques,1929),MohamedOuldCheikh (Myriamȱ dansȱ lesȱ palmes, 1936), Ali Belhadj (Souvenirsȱ d’enfanceȱ d’unȱ blédard,1941),LesfrèresZénati(Boulanouar,ȱleȱjeuneȱAlgérien,1945). Quant à la littérature maghrébine des Maghrébins, Nadjet Khaddadistinguetroisgénérationsd’écrivains:lespèresfondateurs (19201950) dontlesœuvrescèdentlepasaudébatidéologiquesur l’assimilation ont émergé en Tunisie: Tahar Essafi et Mahmoud Aslam,enAlgérie:SlimaneBenIbrahim(Khadra,ȱdanseuseȱdesȱOuledsȱ Naïl, 1910), Caïd Ben Chérif, (Ahmedȱ Benȱ Mostapha,ȱ goumier, 1920), Abdelkader HadjHamou (Zohra,ȱ laȱ femmeȱ duȱ mineur, 1925), Chukri Khodja(ElȱEudj,ȱcaptifȱdesȱbarbaresques,1929),MohamedOuldCheikh (Myriamȱ dansȱ lesȱ palmes, 1936), Ali Belhadj (Souvenirsȱ d’enfanceȱ d’unȱ blédard,1941),LesfrèresZénati(Boulanouar,ȱleȱjeuneȱAlgérien,1945). Ilsoptèrentpourlechoixde Ilsoptèrentpourlechoixde laȱlangueȱétrangèreȱplutôtȱqueȱleȱmutismeȱ(…)ȱLeurȱfrançais,ȱbienȱmaîtrisé,ȱ n’avaitȱpresqueȱpasȱdeȱrésonanceȱculturelle,ȱilȱétaitȱsansȱmémoireȱouȱpresque,ȱ ceȱ quiȱ pouvaitȱ permettreȱ unȱ débatȱ politiqueȱ maisȱ plusȱ difficilementȱ uneȱ expressionȱartistique,ȱn’étantȱpasȱuneȱlangueȱduȱdésir,ȱtoutȱjusteȱuneȱlangueȱ deȱ nécessité.ȱ Aussiȱ bienȱ cesȱ romansȱ s’attachentȬilsȱ essentiellementȱ àȱ narrativiserȱ unȱ destinȱ prisȱ entreȱ unȱ êtreȱ araboȬislamiqueȱ dontȱ tousȱ cesȱ auteursȱfontȱleȱnoyauȱinentamableȱdeȱleurȱspécificitéȱetȱuneȱadhésion,ȱplusȱouȱ moinsȱ euphorique,ȱ àȱ unȱ idéalȱ deȱ francitéȱ Ȭȱ trèsȱ abstraitȱ Ȭȱ parȱ lequelȱ ilsȱ s’ouvrentȱàȱlaȱmodernitéȱetȱàȱl’universalité.(Khadda,1996:19) laȱlangueȱétrangèreȱplutôtȱqueȱleȱmutismeȱ(…)ȱLeurȱfrançais,ȱbienȱmaîtrisé,ȱ n’avaitȱpresqueȱpasȱdeȱrésonanceȱculturelle,ȱilȱétaitȱsansȱmémoireȱouȱpresque,ȱ ceȱ quiȱ pouvaitȱ permettreȱ unȱ débatȱ politiqueȱ maisȱ plusȱ difficilementȱ uneȱ expressionȱartistique,ȱn’étantȱpasȱuneȱlangueȱduȱdésir,ȱtoutȱjusteȱuneȱlangueȱ deȱ nécessité.ȱ Aussiȱ bienȱ cesȱ romansȱ s’attachentȬilsȱ essentiellementȱ àȱ narrativiserȱ unȱ destinȱ prisȱ entreȱ unȱ êtreȱ araboȬislamiqueȱ dontȱ tousȱ cesȱ auteursȱfontȱleȱnoyauȱinentamableȱdeȱleurȱspécificitéȱetȱuneȱadhésion,ȱplusȱouȱ moinsȱ euphorique,ȱ àȱ unȱ idéalȱ deȱ francitéȱ Ȭȱ trèsȱ abstraitȱ Ȭȱ parȱ lequelȱ ilsȱ s’ouvrentȱàȱlaȱmodernitéȱetȱàȱl’universalité.(Khadda,1996:19) 89 89 vivraitȱ enȱ margeȱ deȱ laȱ prospéritéȱ etȱ desȱ privilègesȱ duȱ colon,ȱ quiȱ tireraitȱ saȱ légitimitéȱhistoriqueȱdeȱl’héritageȱromainȱlégué.(Déjeux,1980:13) vivraitȱ enȱ margeȱ deȱ laȱ prospéritéȱ etȱ desȱ privilègesȱ duȱ colon,ȱ quiȱ tireraitȱ saȱ légitimitéȱhistoriqueȱdeȱl’héritageȱromainȱlégué.(Déjeux,1980:13) Ce renouvellement des thèmes émergea en 1889 avec Sangȱ desȱracesdeLouisBertrand,IsabelleEberhardt,AndréGideetHenri deMontherlant. Enfin,àpartirdesannées35, Ce renouvellement des thèmes émergea en 1889 avec Sangȱ desȱracesdeLouisBertrand,IsabelleEberhardt,AndréGideetHenri deMontherlant. Enfin,àpartirdesannées35, lesȱ thèmesȱ seȱ concentrentȱ principalementȱ surȱ uneȱ Algérieȱ méditerranéenneȱ tournéeȱ versȱ laȱ mer,ȱ maisȱ certainsȱ romanciersȱ raviventȱ aussiȱ desȱ souvenirsȱ duȱ passéȱ;ȱ d’autresȱ s’attachentȱ àȱ laȱ descriptionȱ deȱ milieuxȱ populaires. (Khadda,1996:19). lesȱ thèmesȱ seȱ concentrentȱ principalementȱ surȱ uneȱ Algérieȱ méditerranéenneȱ tournéeȱ versȱ laȱ mer,ȱ maisȱ certainsȱ romanciersȱ raviventȱ aussiȱ desȱ souvenirsȱ duȱ passéȱ;ȱ d’autresȱ s’attachentȱ àȱ laȱ descriptionȱ deȱ milieuxȱ populaires. (Khadda,1996:19). Pour désigner cette génération d’écrivains, Gabriel Audisio parle de «l’Ecole d’Alger», alors que Camus lui préfère le nom d’ «Ecolenordafricainedeslettres». Pour désigner cette génération d’écrivains, Gabriel Audisio parle de «l’Ecole d’Alger», alors que Camus lui préfère le nom d’ «Ecolenordafricainedeslettres». Quant à la littérature maghrébine des Maghrébins, Nadjet Khaddadistinguetroisgénérationsd’écrivains:lespèresfondateurs (19201950) dontlesœuvrescèdentlepasaudébatidéologiquesur l’assimilation ont émergé en Tunisie: Tahar Essafi et Mahmoud Aslam,enAlgérie:SlimaneBenIbrahim(Khadra,ȱdanseuseȱdesȱOuledsȱ Naïl, 1910), Caïd Ben Chérif, (Ahmedȱ Benȱ Mostapha,ȱ goumier, 1920), Abdelkader HadjHamou (Zohra,ȱ laȱ femmeȱ duȱ mineur, 1925), Chukri Khodja(ElȱEudj,ȱcaptifȱdesȱbarbaresques,1929),MohamedOuldCheikh (Myriamȱ dansȱ lesȱ palmes, 1936), Ali Belhadj (Souvenirsȱ d’enfanceȱ d’unȱ blédard,1941),LesfrèresZénati(Boulanouar,ȱleȱjeuneȱAlgérien,1945). Quant à la littérature maghrébine des Maghrébins, Nadjet Khaddadistinguetroisgénérationsd’écrivains:lespèresfondateurs (19201950) dontlesœuvrescèdentlepasaudébatidéologiquesur l’assimilation ont émergé en Tunisie: Tahar Essafi et Mahmoud Aslam,enAlgérie:SlimaneBenIbrahim(Khadra,ȱdanseuseȱdesȱOuledsȱ Naïl, 1910), Caïd Ben Chérif, (Ahmedȱ Benȱ Mostapha,ȱ goumier, 1920), Abdelkader HadjHamou (Zohra,ȱ laȱ femmeȱ duȱ mineur, 1925), Chukri Khodja(ElȱEudj,ȱcaptifȱdesȱbarbaresques,1929),MohamedOuldCheikh (Myriamȱ dansȱ lesȱ palmes, 1936), Ali Belhadj (Souvenirsȱ d’enfanceȱ d’unȱ blédard,1941),LesfrèresZénati(Boulanouar,ȱleȱjeuneȱAlgérien,1945). Ilsoptèrentpourlechoixde Ilsoptèrentpourlechoixde laȱlangueȱétrangèreȱplutôtȱqueȱleȱmutismeȱ(…)ȱLeurȱfrançais,ȱbienȱmaîtrisé,ȱ n’avaitȱpresqueȱpasȱdeȱrésonanceȱculturelle,ȱilȱétaitȱsansȱmémoireȱouȱpresque,ȱ ceȱ quiȱ pouvaitȱ permettreȱ unȱ débatȱ politiqueȱ maisȱ plusȱ difficilementȱ uneȱ expressionȱartistique,ȱn’étantȱpasȱuneȱlangueȱduȱdésir,ȱtoutȱjusteȱuneȱlangueȱ deȱ nécessité.ȱ Aussiȱ bienȱ cesȱ romansȱ s’attachentȬilsȱ essentiellementȱ àȱ narrativiserȱ unȱ destinȱ prisȱ entreȱ unȱ êtreȱ araboȬislamiqueȱ dontȱ tousȱ cesȱ auteursȱfontȱleȱnoyauȱinentamableȱdeȱleurȱspécificitéȱetȱuneȱadhésion,ȱplusȱouȱ moinsȱ euphorique,ȱ àȱ unȱ idéalȱ deȱ francitéȱ Ȭȱ trèsȱ abstraitȱ Ȭȱ parȱ lequelȱ ilsȱ s’ouvrentȱàȱlaȱmodernitéȱetȱàȱl’universalité.(Khadda,1996:19) laȱlangueȱétrangèreȱplutôtȱqueȱleȱmutismeȱ(…)ȱLeurȱfrançais,ȱbienȱmaîtrisé,ȱ n’avaitȱpresqueȱpasȱdeȱrésonanceȱculturelle,ȱilȱétaitȱsansȱmémoireȱouȱpresque,ȱ ceȱ quiȱ pouvaitȱ permettreȱ unȱ débatȱ politiqueȱ maisȱ plusȱ difficilementȱ uneȱ expressionȱartistique,ȱn’étantȱpasȱuneȱlangueȱduȱdésir,ȱtoutȱjusteȱuneȱlangueȱ deȱ nécessité.ȱ Aussiȱ bienȱ cesȱ romansȱ s’attachentȬilsȱ essentiellementȱ àȱ narrativiserȱ unȱ destinȱ prisȱ entreȱ unȱ êtreȱ araboȬislamiqueȱ dontȱ tousȱ cesȱ auteursȱfontȱleȱnoyauȱinentamableȱdeȱleurȱspécificitéȱetȱuneȱadhésion,ȱplusȱouȱ moinsȱ euphorique,ȱ àȱ unȱ idéalȱ deȱ francitéȱ Ȭȱ trèsȱ abstraitȱ Ȭȱ parȱ lequelȱ ilsȱ s’ouvrentȱàȱlaȱmodernitéȱetȱàȱl’universalité.(Khadda,1996:19) 89 89 La naissance de la deuxième génération de la consécration (19501970), qui donne ses lettres de créance à cette véritable littératuremaghrébine,notammentenFrance,remonteàlaseconde guerremondialeetcorrespondàlapériodedeluttecontrelesystème colonial. On assiste alors à un développement relativement importantdelaformeromanesque.Cettelittératureenfrançaisétait très remarquée à l’époque car elle a permis en outre d’intégrer au genreexistant(lanouvelleoulaquacida)danslalittératurearabeun genre nouveau, le roman. Cependant, elle a suscité de vives réactions d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Pour les Français, cette littérature était bien une preuve d’une assimilation heureuse;pourlesAlgériensdel’époque, La naissance de la deuxième génération de la consécration (19501970), qui donne ses lettres de créance à cette véritable littératuremaghrébine,notammentenFrance,remonteàlaseconde guerremondialeetcorrespondàlapériodedeluttecontrelesystème colonial. On assiste alors à un développement relativement importantdelaformeromanesque.Cettelittératureenfrançaisétait très remarquée à l’époque car elle a permis en outre d’intégrer au genreexistant(lanouvelleoulaquacida)danslalittératurearabeun genre nouveau, le roman. Cependant, elle a suscité de vives réactions d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Pour les Français, cette littérature était bien une preuve d’une assimilation heureuse;pourlesAlgériensdel’époque, cesȱécrivainsȱn’étaientȱpasȱreprésentatifsȱdeȱlaȱsociétéȱalgérienneȱparceȱqu’ilsȱ seȱ servaientȱ deȱ laȱ langueȱ françaiseȱ etȱ nonȱ deȱ l’arabe,ȱ parceȱ qu’ilsȱ étaientȱ éditésȱ enȱ Franceȱ ouȱ parceȱ qu’ilsȱ recevaientȱ desȱ prixȱ étrangers.(Khadda, 1996:11) cesȱécrivainsȱn’étaientȱpasȱreprésentatifsȱdeȱlaȱsociétéȱalgérienneȱparceȱqu’ilsȱ seȱ servaientȱ deȱ laȱ langueȱ françaiseȱ etȱ nonȱ deȱ l’arabe,ȱ parceȱ qu’ilsȱ étaientȱ éditésȱ enȱ Franceȱ ouȱ parceȱ qu’ilsȱ recevaientȱ desȱ prixȱ étrangers.(Khadda, 1996:11) Cette génération est inaugurée par Mouloud Féraoun dontLeȱ filsȱ duȱ pauvre (1950) remporta un grand succès. Ensuite, en 1952,LaȱcollineȱoubliéedeMouloudMammerietLaȱgrandeȱmaisonde MohamedDibfurentaussitrèsbienaccueillies.Laȱterreȱetȱleȱsangde Mouloud Féraoun et Laȱ statueȱ deȱ sel du tunisien Albert Memmi paraissenten1953. Cette génération est inaugurée par Mouloud Féraoun dontLeȱ filsȱ duȱ pauvre (1950) remporta un grand succès. Ensuite, en 1952,LaȱcollineȱoubliéedeMouloudMammerietLaȱgrandeȱmaisonde MohamedDibfurentaussitrèsbienaccueillies.Laȱterreȱetȱleȱsangde Mouloud Féraoun et Laȱ statueȱ deȱ sel du tunisien Albert Memmi paraissenten1953. En 1954, les écrivains marocains Driss Chraïbi (Leȱ passéȱ simple)etAhmedSéfriouiȱ(Laȱboîteȱàȱȱmerveilles)fontleurapparition. Alamêmeépoque,ilyeutL’incendiedeMohamedDibet,en1955, Agar de Albert Memmi, Leȱ sommeilȱ duȱ juste de Mouloud Mammeri, Lesȱ boucs de Driss Chraïbi, Leȱ cadavreȱ encercléȱ de Kateb Yacine qui publia en 1956, un roman important, Nedjma. D’autres romanciers, Rachid Boudjedra, Nabile Farès, Assia Djebar et bien d’autres vont suivre par vagues successives ainsi que des poètes, dont les plus connussontJeanSénacetBachirHadjAli. En 1954, les écrivains marocains Driss Chraïbi (Leȱ passéȱ simple)etAhmedSéfriouiȱ(Laȱboîteȱàȱȱmerveilles)fontleurapparition. Alamêmeépoque,ilyeutL’incendiedeMohamedDibet,en1955, Agar de Albert Memmi, Leȱ sommeilȱ duȱ juste de Mouloud Mammeri, Lesȱ boucs de Driss Chraïbi, Leȱ cadavreȱ encercléȱ de Kateb Yacine qui publia en 1956, un roman important, Nedjma. D’autres romanciers, Rachid Boudjedra, Nabile Farès, Assia Djebar et bien d’autres vont suivre par vagues successives ainsi que des poètes, dont les plus connussontJeanSénacetBachirHadjAli. 90 90 La naissance de la deuxième génération de la consécration (19501970), qui donne ses lettres de créance à cette véritable littératuremaghrébine,notammentenFrance,remonteàlaseconde guerremondialeetcorrespondàlapériodedeluttecontrelesystème colonial. On assiste alors à un développement relativement importantdelaformeromanesque.Cettelittératureenfrançaisétait très remarquée à l’époque car elle a permis en outre d’intégrer au genreexistant(lanouvelleoulaquacida)danslalittératurearabeun genre nouveau, le roman. Cependant, elle a suscité de vives réactions d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Pour les Français, cette littérature était bien une preuve d’une assimilation heureuse;pourlesAlgériensdel’époque, La naissance de la deuxième génération de la consécration (19501970), qui donne ses lettres de créance à cette véritable littératuremaghrébine,notammentenFrance,remonteàlaseconde guerremondialeetcorrespondàlapériodedeluttecontrelesystème colonial. On assiste alors à un développement relativement importantdelaformeromanesque.Cettelittératureenfrançaisétait très remarquée à l’époque car elle a permis en outre d’intégrer au genreexistant(lanouvelleoulaquacida)danslalittératurearabeun genre nouveau, le roman. Cependant, elle a suscité de vives réactions d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Pour les Français, cette littérature était bien une preuve d’une assimilation heureuse;pourlesAlgériensdel’époque, cesȱécrivainsȱn’étaientȱpasȱreprésentatifsȱdeȱlaȱsociétéȱalgérienneȱparceȱqu’ilsȱ seȱ servaientȱ deȱ laȱ langueȱ françaiseȱ etȱ nonȱ deȱ l’arabe,ȱ parceȱ qu’ilsȱ étaientȱ éditésȱ enȱ Franceȱ ouȱ parceȱ qu’ilsȱ recevaientȱ desȱ prixȱ étrangers.(Khadda, 1996:11) cesȱécrivainsȱn’étaientȱpasȱreprésentatifsȱdeȱlaȱsociétéȱalgérienneȱparceȱqu’ilsȱ seȱ servaientȱ deȱ laȱ langueȱ françaiseȱ etȱ nonȱ deȱ l’arabe,ȱ parceȱ qu’ilsȱ étaientȱ éditésȱ enȱ Franceȱ ouȱ parceȱ qu’ilsȱ recevaientȱ desȱ prixȱ étrangers.(Khadda, 1996:11) Cette génération est inaugurée par Mouloud Féraoun dontLeȱ filsȱ duȱ pauvre (1950) remporta un grand succès. Ensuite, en 1952,LaȱcollineȱoubliéedeMouloudMammerietLaȱgrandeȱmaisonde MohamedDibfurentaussitrèsbienaccueillies.Laȱterreȱetȱleȱsangde Mouloud Féraoun et Laȱ statueȱ deȱ sel du tunisien Albert Memmi paraissenten1953. Cette génération est inaugurée par Mouloud Féraoun dontLeȱ filsȱ duȱ pauvre (1950) remporta un grand succès. Ensuite, en 1952,LaȱcollineȱoubliéedeMouloudMammerietLaȱgrandeȱmaisonde MohamedDibfurentaussitrèsbienaccueillies.Laȱterreȱetȱleȱsangde Mouloud Féraoun et Laȱ statueȱ deȱ sel du tunisien Albert Memmi paraissenten1953. En 1954, les écrivains marocains Driss Chraïbi (Leȱ passéȱ simple)etAhmedSéfriouiȱ(Laȱboîteȱàȱȱmerveilles)fontleurapparition. Alamêmeépoque,ilyeutL’incendiedeMohamedDibet,en1955, Agar de Albert Memmi, Leȱ sommeilȱ duȱ juste de Mouloud Mammeri, Lesȱ boucs de Driss Chraïbi, Leȱ cadavreȱ encercléȱ de Kateb Yacine qui publia en 1956, un roman important, Nedjma. D’autres romanciers, Rachid Boudjedra, Nabile Farès, Assia Djebar et bien d’autres vont suivre par vagues successives ainsi que des poètes, dont les plus connussontJeanSénacetBachirHadjAli. En 1954, les écrivains marocains Driss Chraïbi (Leȱ passéȱ simple)etAhmedSéfriouiȱ(Laȱboîteȱàȱȱmerveilles)fontleurapparition. Alamêmeépoque,ilyeutL’incendiedeMohamedDibet,en1955, Agar de Albert Memmi, Leȱ sommeilȱ duȱ juste de Mouloud Mammeri, Lesȱ boucs de Driss Chraïbi, Leȱ cadavreȱ encercléȱ de Kateb Yacine qui publia en 1956, un roman important, Nedjma. D’autres romanciers, Rachid Boudjedra, Nabile Farès, Assia Djebar et bien d’autres vont suivre par vagues successives ainsi que des poètes, dont les plus connussontJeanSénacetBachirHadjAli. 90 90 Avecȱcesȱauteursȱdesȱannéesȱ50,ȱleȱmatérielȱverbalȱcesseȱd’êtreȱinstrumentalȱ pourȱdevenirȱobjetȱd’investigationȱetȱdonnerȱàȱlaȱcultureȱetȱàȱl’inconscientȱunȱ champȱ d’actionȱ élargi.ȱ Leurȱ écritureȱ commenceȱ alorsȱ àȱ entretenirȱ desȱ relationsȱélectivesȱavecȱl’enfanceȱ(viaȱlaȱscolarité)ȱetȱdoncȱàȱdevenirȱlangueȱdeȱ l’inscriptionȱ mnémoniqueȱ duȱ sujet.ȱ Langueȱ duȱ désir,ȱ mêmeȱ siȱ leȱ désirȱ estȱ contrecarréȱparȱunȱproposȱidéologiqueȱdeȱrésistance.(Khadda,1996:20) Avecȱcesȱauteursȱdesȱannéesȱ50,ȱleȱmatérielȱverbalȱcesseȱd’êtreȱinstrumentalȱ pourȱdevenirȱobjetȱd’investigationȱetȱdonnerȱàȱlaȱcultureȱetȱàȱl’inconscientȱunȱ champȱ d’actionȱ élargi.ȱ Leurȱ écritureȱ commenceȱ alorsȱ àȱ entretenirȱ desȱ relationsȱélectivesȱavecȱl’enfanceȱ(viaȱlaȱscolarité)ȱetȱdoncȱàȱdevenirȱlangueȱdeȱ l’inscriptionȱ mnémoniqueȱ duȱ sujet.ȱ Langueȱ duȱ désir,ȱ mêmeȱ siȱ leȱ désirȱ estȱ contrecarréȱparȱunȱproposȱidéologiqueȱdeȱrésistance.(Khadda,1996:20) La troisième génération, celle de la postindépendance, des années 1970 à nos jours, renouvelle le geste d’écrire en français, réorientesondire. La troisième génération, celle de la postindépendance, des années 1970 à nos jours, renouvelle le geste d’écrire en français, réorientesondire. Ilsȱ s’attachentȱ àȱ exhiberȱ etȱ àȱ habiterȱ cetȱ entreȬdeuxȱ pourȱ dénoncerȱ ceȱ qu’ilsȱ considèrentȱ commeȱ desȱ mythesȱ d’unicitéȱ originelleȱ etȱ pourȱ seȱ faireȱ lesȱ chantresȱ duȱ brassageȱ universelȱ etȱ duȱ mélange.ȱ D’oùȱ cetteȱ bilangue,ȱ pourȱ reprendreȱ l’expressionȱ deȱ Khatibi,ȱ qu’ilsȱ élaborentȱ explicitement.ȱ Aȱ partirȱ d’uneȱ langueȱ étrangèreȱ intérioriséeȱ etȱ d’unȱ langageȱ originelȱ adultéré,ȱ l’écritureȱ faitȱ naîtreȱ uneȱ nouvelleȱ histoire,ȱ brisantȱ lesȱ cerclesȱ fermésȱ desȱ anciennesȱ cultures,ȱ manifestantȱ ȱ unȱ rapportȱ deȱ forcesȱ mouvantesȱ etȱ enregistrantȱleȱdéplacementȱdesȱenjeuxȱduȱbilinguisme.(Khadda,1996:21) Ilsȱ s’attachentȱ àȱ exhiberȱ etȱ àȱ habiterȱ cetȱ entreȬdeuxȱ pourȱ dénoncerȱ ceȱ qu’ilsȱ considèrentȱ commeȱ desȱ mythesȱ d’unicitéȱ originelleȱ etȱ pourȱ seȱ faireȱ lesȱ chantresȱ duȱ brassageȱ universelȱ etȱ duȱ mélange.ȱ D’oùȱ cetteȱ bilangue,ȱ pourȱ reprendreȱ l’expressionȱ deȱ Khatibi,ȱ qu’ilsȱ élaborentȱ explicitement.ȱ Aȱ partirȱ d’uneȱ langueȱ étrangèreȱ intérioriséeȱ etȱ d’unȱ langageȱ originelȱ adultéré,ȱ l’écritureȱ faitȱ naîtreȱ uneȱ nouvelleȱ histoire,ȱ brisantȱ lesȱ cerclesȱ fermésȱ desȱ anciennesȱ cultures,ȱ manifestantȱ ȱ unȱ rapportȱ deȱ forcesȱ mouvantesȱ etȱ enregistrantȱleȱdéplacementȱdesȱenjeuxȱduȱbilinguisme.(Khadda,1996:21) Mouloud Mammeri (19171989), que nous allons présenter, fait partie de ces deux générations. Son œuvre figure sur un CD sousformed’hypertexte. II.ȱL’HYPERTEXTEȱHYPERMAMMERIȱ Essentiellement romancier mais également dramaturge, Mouloud Mammeri n’a pas produit une œuvre littéraire quantitativementimportanteparrapportàDibparexemplemaisses romansonttousététraduits,Laȱcollineȱoubliée,L’Opiumȱetȱleȱbâton,ȱLeȱ sommeilȱ duȱ juste,ȱ Laȱ traversée, les eux premiers en 11 langues On trouve aussi une pléiade de nouvelles et de contes, publiés chez Plon, Europe, Maspéro ou Bordas, comme Laȱ tableȱ ronde, Laȱ meute, Machaho, deux pièces de théâtre, Leȱ fœhn pour décrire la guerre de libération,vécuecommeuneconfrontation,etLeȱbanquet,précédéde Laȱ mortȱ desȱ Aztèques, qui présente un aspect de la conquête du Mouloud Mammeri (19171989), que nous allons présenter, fait partie de ces deux générations. Son œuvre figure sur un CD sousformed’hypertexte. II.ȱL’HYPERTEXTEȱHYPERMAMMERIȱ Essentiellement romancier mais également dramaturge, Mouloud Mammeri n’a pas produit une œuvre littéraire quantitativementimportanteparrapportàDibparexemplemaisses romansonttousététraduits,Laȱcollineȱoubliée,L’Opiumȱetȱleȱbâton,ȱLeȱ sommeilȱ duȱ juste,ȱ Laȱ traversée, les eux premiers en 11 langues On trouve aussi une pléiade de nouvelles et de contes, publiés chez Plon, Europe, Maspéro ou Bordas, comme Laȱ tableȱ ronde, Laȱ meute, Machaho, deux pièces de théâtre, Leȱ fœhn pour décrire la guerre de libération,vécuecommeuneconfrontation,etLeȱbanquet,précédéde Laȱ mortȱ desȱ Aztèques, qui présente un aspect de la conquête du 91 91 Avecȱcesȱauteursȱdesȱannéesȱ50,ȱleȱmatérielȱverbalȱcesseȱd’êtreȱinstrumentalȱ pourȱdevenirȱobjetȱd’investigationȱetȱdonnerȱàȱlaȱcultureȱetȱàȱl’inconscientȱunȱ champȱ d’actionȱ élargi.ȱ Leurȱ écritureȱ commenceȱ alorsȱ àȱ entretenirȱ desȱ relationsȱélectivesȱavecȱl’enfanceȱ(viaȱlaȱscolarité)ȱetȱdoncȱàȱdevenirȱlangueȱdeȱ l’inscriptionȱ mnémoniqueȱ duȱ sujet.ȱ Langueȱ duȱ désir,ȱ mêmeȱ siȱ leȱ désirȱ estȱ contrecarréȱparȱunȱproposȱidéologiqueȱdeȱrésistance.(Khadda,1996:20) Avecȱcesȱauteursȱdesȱannéesȱ50,ȱleȱmatérielȱverbalȱcesseȱd’êtreȱinstrumentalȱ pourȱdevenirȱobjetȱd’investigationȱetȱdonnerȱàȱlaȱcultureȱetȱàȱl’inconscientȱunȱ champȱ d’actionȱ élargi.ȱ Leurȱ écritureȱ commenceȱ alorsȱ àȱ entretenirȱ desȱ relationsȱélectivesȱavecȱl’enfanceȱ(viaȱlaȱscolarité)ȱetȱdoncȱàȱdevenirȱlangueȱdeȱ l’inscriptionȱ mnémoniqueȱ duȱ sujet.ȱ Langueȱ duȱ désir,ȱ mêmeȱ siȱ leȱ désirȱ estȱ contrecarréȱparȱunȱproposȱidéologiqueȱdeȱrésistance.(Khadda,1996:20) La troisième génération, celle de la postindépendance, des années 1970 à nos jours, renouvelle le geste d’écrire en français, réorientesondire. La troisième génération, celle de la postindépendance, des années 1970 à nos jours, renouvelle le geste d’écrire en français, réorientesondire. Ilsȱ s’attachentȱ àȱ exhiberȱ etȱ àȱ habiterȱ cetȱ entreȬdeuxȱ pourȱ dénoncerȱ ceȱ qu’ilsȱ considèrentȱ commeȱ desȱ mythesȱ d’unicitéȱ originelleȱ etȱ pourȱ seȱ faireȱ lesȱ chantresȱ duȱ brassageȱ universelȱ etȱ duȱ mélange.ȱ D’oùȱ cetteȱ bilangue,ȱ pourȱ reprendreȱ l’expressionȱ deȱ Khatibi,ȱ qu’ilsȱ élaborentȱ explicitement.ȱ Aȱ partirȱ d’uneȱ langueȱ étrangèreȱ intérioriséeȱ etȱ d’unȱ langageȱ originelȱ adultéré,ȱ l’écritureȱ faitȱ naîtreȱ uneȱ nouvelleȱ histoire,ȱ brisantȱ lesȱ cerclesȱ fermésȱ desȱ anciennesȱ cultures,ȱ manifestantȱ ȱ unȱ rapportȱ deȱ forcesȱ mouvantesȱ etȱ enregistrantȱleȱdéplacementȱdesȱenjeuxȱduȱbilinguisme.(Khadda,1996:21) Ilsȱ s’attachentȱ àȱ exhiberȱ etȱ àȱ habiterȱ cetȱ entreȬdeuxȱ pourȱ dénoncerȱ ceȱ qu’ilsȱ considèrentȱ commeȱ desȱ mythesȱ d’unicitéȱ originelleȱ etȱ pourȱ seȱ faireȱ lesȱ chantresȱ duȱ brassageȱ universelȱ etȱ duȱ mélange.ȱ D’oùȱ cetteȱ bilangue,ȱ pourȱ reprendreȱ l’expressionȱ deȱ Khatibi,ȱ qu’ilsȱ élaborentȱ explicitement.ȱ Aȱ partirȱ d’uneȱ langueȱ étrangèreȱ intérioriséeȱ etȱ d’unȱ langageȱ originelȱ adultéré,ȱ l’écritureȱ faitȱ naîtreȱ uneȱ nouvelleȱ histoire,ȱ brisantȱ lesȱ cerclesȱ fermésȱ desȱ anciennesȱ cultures,ȱ manifestantȱ ȱ unȱ rapportȱ deȱ forcesȱ mouvantesȱ etȱ enregistrantȱleȱdéplacementȱdesȱenjeuxȱduȱbilinguisme.(Khadda,1996:21) Mouloud Mammeri (19171989), que nous allons présenter, fait partie de ces deux générations. Son œuvre figure sur un CD sousformed’hypertexte. II.ȱL’HYPERTEXTEȱHYPERMAMMERIȱ Essentiellement romancier mais également dramaturge, Mouloud Mammeri n’a pas produit une œuvre littéraire quantitativementimportanteparrapportàDibparexemplemaisses romansonttousététraduits,Laȱcollineȱoubliée,L’Opiumȱetȱleȱbâton,ȱLeȱ sommeilȱ duȱ juste,ȱ Laȱ traversée, les eux premiers en 11 langues On trouve aussi une pléiade de nouvelles et de contes, publiés chez Plon, Europe, Maspéro ou Bordas, comme Laȱ tableȱ ronde, Laȱ meute, Machaho, deux pièces de théâtre, Leȱ fœhn pour décrire la guerre de libération,vécuecommeuneconfrontation,etLeȱbanquet,précédéde Laȱ mortȱ desȱ Aztèques, qui présente un aspect de la conquête du Mouloud Mammeri (19171989), que nous allons présenter, fait partie de ces deux générations. Son œuvre figure sur un CD sousformed’hypertexte. II.ȱL’HYPERTEXTEȱHYPERMAMMERIȱ Essentiellement romancier mais également dramaturge, Mouloud Mammeri n’a pas produit une œuvre littéraire quantitativementimportanteparrapportàDibparexemplemaisses romansonttousététraduits,Laȱcollineȱoubliée,L’Opiumȱetȱleȱbâton,ȱLeȱ sommeilȱ duȱ juste,ȱ Laȱ traversée, les eux premiers en 11 langues On trouve aussi une pléiade de nouvelles et de contes, publiés chez Plon, Europe, Maspéro ou Bordas, comme Laȱ tableȱ ronde, Laȱ meute, Machaho, deux pièces de théâtre, Leȱ fœhn pour décrire la guerre de libération,vécuecommeuneconfrontation,etLeȱbanquet,précédéde Laȱ mortȱ desȱ Aztèques, qui présente un aspect de la conquête du 91 91 MexiqueparCortèsetlachutedel’empireaztèque,deuxrecueilsde contespourenfants.Cetécrivains’estconsacréàlalittératureorale etkabyle:ilaproduitseptouvragesentrel’essaietlapoésiesurune période comprise entre 1969 et 1989, année de sa disparition tragique. Les romans, les nouvelles et les pièces de théâtre figurent sur le CDHypermammeri, réalisé à partir d’Hyperbase, sous la direction du Professeur Etienne Brunet au CNRS de Nice. Cet hypertexte permet de travailler sur la totalité de l’œuvre et d’effectuer diverses opérations à partir de deux fonctions essentielles:lesfonctionsdocumentairesetlesfonctionsstatistiques. MexiqueparCortèsetlachutedel’empireaztèque,deuxrecueilsde contespourenfants.Cetécrivains’estconsacréàlalittératureorale etkabyle:ilaproduitseptouvragesentrel’essaietlapoésiesurune période comprise entre 1969 et 1989, année de sa disparition tragique. Les romans, les nouvelles et les pièces de théâtre figurent sur le CDHypermammeri, réalisé à partir d’Hyperbase, sous la direction du Professeur Etienne Brunet au CNRS de Nice. Cet hypertexte permet de travailler sur la totalité de l’œuvre et d’effectuer diverses opérations à partir de deux fonctions essentielles:lesfonctionsdocumentairesetlesfonctionsstatistiques. IIIȬȱÉCRITUREȱHYBRIDEȱETȱCULTUREȱMÉTISSÉEȱ?ȱ IIIȬȱÉCRITUREȱHYBRIDEȱETȱCULTUREȱMÉTISSÉEȱ?ȱ ȱ ȱ III.1.Lediscourssurleslangues III.1.Lediscourssurleslangues Replacer la langue au cœur même de la définition du métissage nous semble incontournable pour montrer comment est assumée dans le roman cette situation à la fois d’altérité, d’interculturalitéetdetransculturalité.Ilseraquestiondeporterau 92 Replacer la langue au cœur même de la définition du métissage nous semble incontournable pour montrer comment est assumée dans le roman cette situation à la fois d’altérité, d’interculturalitéetdetransculturalité.Ilseraquestiondeporterau 92 MexiqueparCortèsetlachutedel’empireaztèque,deuxrecueilsde contespourenfants.Cetécrivains’estconsacréàlalittératureorale etkabyle:ilaproduitseptouvragesentrel’essaietlapoésiesurune période comprise entre 1969 et 1989, année de sa disparition tragique. Les romans, les nouvelles et les pièces de théâtre figurent sur le CDHypermammeri, réalisé à partir d’Hyperbase, sous la direction du Professeur Etienne Brunet au CNRS de Nice. Cet hypertexte permet de travailler sur la totalité de l’œuvre et d’effectuer diverses opérations à partir de deux fonctions essentielles:lesfonctionsdocumentairesetlesfonctionsstatistiques. MexiqueparCortèsetlachutedel’empireaztèque,deuxrecueilsde contespourenfants.Cetécrivains’estconsacréàlalittératureorale etkabyle:ilaproduitseptouvragesentrel’essaietlapoésiesurune période comprise entre 1969 et 1989, année de sa disparition tragique. Les romans, les nouvelles et les pièces de théâtre figurent sur le CDHypermammeri, réalisé à partir d’Hyperbase, sous la direction du Professeur Etienne Brunet au CNRS de Nice. Cet hypertexte permet de travailler sur la totalité de l’œuvre et d’effectuer diverses opérations à partir de deux fonctions essentielles:lesfonctionsdocumentairesetlesfonctionsstatistiques. IIIȬȱÉCRITUREȱHYBRIDEȱETȱCULTUREȱMÉTISSÉEȱ?ȱ IIIȬȱÉCRITUREȱHYBRIDEȱETȱCULTUREȱMÉTISSÉEȱ?ȱ ȱ ȱ III.1.Lediscourssurleslangues III.1.Lediscourssurleslangues Replacer la langue au cœur même de la définition du métissage nous semble incontournable pour montrer comment est assumée dans le roman cette situation à la fois d’altérité, d’interculturalitéetdetransculturalité.Ilseraquestiondeporterau 92 Replacer la langue au cœur même de la définition du métissage nous semble incontournable pour montrer comment est assumée dans le roman cette situation à la fois d’altérité, d’interculturalitéetdetransculturalité.Ilseraquestiondeporterau 92 premierplanleparcoursentaméparlessujetsensituationdeconflit, comment, en franchissant plusieurs étapes, les protagonistes parviennentàreconquérirlespace,lalangueetlidentitéplurielleet ceennousappuyantsurlapprochepraxématiquequeRobertLafont définitcomme premierplanleparcoursentaméparlessujetsensituationdeconflit, comment, en franchissant plusieurs étapes, les protagonistes parviennentàreconquérirlespace,lalangueetlidentitéplurielleet ceennousappuyantsurlapprochepraxématiquequeRobertLafont définitcomme uneȱméthodeȱsociolinguistiqueȱdeȱlangues,ȱ(…)ȱuneȱlinguistiqueȱdeȱlaȱparoleȱ dynamiqueȱ (parlée),ȱ quiȱ partȱ deȱ lȇidéeȱ queȱ toutȱ discoursȱ révèleȱ uneȱ partieȱ régléeȱ socialementȱ (ceȱ quȇilȱ nȇestȱ pasȱ défenduȱ deȱ dire)ȱ etȱ uneȱ partieȱ libre,ȱ cȇestȬàȬdireȱ rejouéeȱ parȱ lȇinconscientȱ (ceȱ queȱ lȇonȱ voudraitȱ direȱ malgréȱ desȱ interdictionsȱplusȱouȱmoinsȱintérioriséesȱȱ(Lafont,1978:123). uneȱméthodeȱsociolinguistiqueȱdeȱlangues,ȱ(…)ȱuneȱlinguistiqueȱdeȱlaȱparoleȱ dynamiqueȱ (parlée),ȱ quiȱ partȱ deȱ lȇidéeȱ queȱ toutȱ discoursȱ révèleȱ uneȱ partieȱ régléeȱ socialementȱ (ceȱ quȇilȱ nȇestȱ pasȱ défenduȱ deȱ dire)ȱ etȱ uneȱ partieȱ libre,ȱ cȇestȬàȬdireȱ rejouéeȱ parȱ lȇinconscientȱ (ceȱ queȱ lȇonȱ voudraitȱ direȱ malgréȱ desȱ interdictionsȱplusȱouȱmoinsȱintérioriséesȱȱ(Lafont,1978:123). ȱ ȱ Dans lespace littéraire mammérien, plusieurs langues (arabe, français, kabyle) et cultures se déploient concurremment et dessinent leurs aires sociales. Leurs positions respectives, rivales et complémentaires à la fois, se déterminent réciproquement et la dialectique du même et de lautre régit les représentations des langues et des identités collectives. Cette dialectique est à lire au niveau discursif, au niveau notamment de l’implicite, ce qui laisse apparaîtreuncontextepluriglossique. Nous y trouvons une diglossie endogène qui oppose le berbèreàlarabeetunediglossieexogènequiopposelefrançaisaux langues autochtones. De même, nous y reconnaissons lidéologie diglossique dans les images et les représentations que les locuteurs seforgentdeslangues. ȱȱ III.1.1Ladiglossie:problèmededéfinition. Comme le concept de diglossie ne peut être utilisé entièrement tel quil est défini par Fergusson, nous allons faire une miseaupointthéoriqueafindelepréciser. Dans lespace littéraire mammérien, plusieurs langues (arabe, français, kabyle) et cultures se déploient concurremment et dessinent leurs aires sociales. Leurs positions respectives, rivales et complémentaires à la fois, se déterminent réciproquement et la dialectique du même et de lautre régit les représentations des langues et des identités collectives. Cette dialectique est à lire au niveau discursif, au niveau notamment de l’implicite, ce qui laisse apparaîtreuncontextepluriglossique. Nous y trouvons une diglossie endogène qui oppose le berbèreàlarabeetunediglossieexogènequiopposelefrançaisaux langues autochtones. De même, nous y reconnaissons lidéologie diglossique dans les images et les représentations que les locuteurs seforgentdeslangues. ȱȱ III.1.1Ladiglossie:problèmededéfinition. Comme le concept de diglossie ne peut être utilisé entièrement tel quil est défini par Fergusson, nous allons faire une miseaupointthéoriqueafindelepréciser. La diglossie, du grec ancien diglottos signifiant bilingue, est unconceptsociolinguistiquedéveloppéparFergussonen1959pour décrire une situation linguistique dans laquelle deux variétés dune même langue de statut socialement différent, la high et la low, sont La diglossie, du grec ancien diglottos signifiant bilingue, est unconceptsociolinguistiquedéveloppéparFergussonen1959pour décrire une situation linguistique dans laquelle deux variétés dune même langue de statut socialement différent, la high et la low, sont 93 93 premierplanleparcoursentaméparlessujetsensituationdeconflit, comment, en franchissant plusieurs étapes, les protagonistes parviennentàreconquérirlespace,lalangueetlidentitéplurielleet ceennousappuyantsurlapprochepraxématiquequeRobertLafont définitcomme premierplanleparcoursentaméparlessujetsensituationdeconflit, comment, en franchissant plusieurs étapes, les protagonistes parviennentàreconquérirlespace,lalangueetlidentitéplurielleet ceennousappuyantsurlapprochepraxématiquequeRobertLafont définitcomme uneȱméthodeȱsociolinguistiqueȱdeȱlangues,ȱ(…)ȱuneȱlinguistiqueȱdeȱlaȱparoleȱ dynamiqueȱ (parlée),ȱ quiȱ partȱ deȱ lȇidéeȱ queȱ toutȱ discoursȱ révèleȱ uneȱ partieȱ régléeȱ socialementȱ (ceȱ quȇilȱ nȇestȱ pasȱ défenduȱ deȱ dire)ȱ etȱ uneȱ partieȱ libre,ȱ cȇestȬàȬdireȱ rejouéeȱ parȱ lȇinconscientȱ (ceȱ queȱ lȇonȱ voudraitȱ direȱ malgréȱ desȱ interdictionsȱplusȱouȱmoinsȱintérioriséesȱȱ(Lafont,1978:123). uneȱméthodeȱsociolinguistiqueȱdeȱlangues,ȱ(…)ȱuneȱlinguistiqueȱdeȱlaȱparoleȱ dynamiqueȱ (parlée),ȱ quiȱ partȱ deȱ lȇidéeȱ queȱ toutȱ discoursȱ révèleȱ uneȱ partieȱ régléeȱ socialementȱ (ceȱ quȇilȱ nȇestȱ pasȱ défenduȱ deȱ dire)ȱ etȱ uneȱ partieȱ libre,ȱ cȇestȬàȬdireȱ rejouéeȱ parȱ lȇinconscientȱ (ceȱ queȱ lȇonȱ voudraitȱ direȱ malgréȱ desȱ interdictionsȱplusȱouȱmoinsȱintérioriséesȱȱ(Lafont,1978:123). ȱ ȱ Dans lespace littéraire mammérien, plusieurs langues (arabe, français, kabyle) et cultures se déploient concurremment et dessinent leurs aires sociales. Leurs positions respectives, rivales et complémentaires à la fois, se déterminent réciproquement et la dialectique du même et de lautre régit les représentations des langues et des identités collectives. Cette dialectique est à lire au niveau discursif, au niveau notamment de l’implicite, ce qui laisse apparaîtreuncontextepluriglossique. Nous y trouvons une diglossie endogène qui oppose le berbèreàlarabeetunediglossieexogènequiopposelefrançaisaux langues autochtones. De même, nous y reconnaissons lidéologie diglossique dans les images et les représentations que les locuteurs seforgentdeslangues. ȱȱ III.1.1Ladiglossie:problèmededéfinition. Comme le concept de diglossie ne peut être utilisé entièrement tel quil est défini par Fergusson, nous allons faire une miseaupointthéoriqueafindelepréciser. Dans lespace littéraire mammérien, plusieurs langues (arabe, français, kabyle) et cultures se déploient concurremment et dessinent leurs aires sociales. Leurs positions respectives, rivales et complémentaires à la fois, se déterminent réciproquement et la dialectique du même et de lautre régit les représentations des langues et des identités collectives. Cette dialectique est à lire au niveau discursif, au niveau notamment de l’implicite, ce qui laisse apparaîtreuncontextepluriglossique. Nous y trouvons une diglossie endogène qui oppose le berbèreàlarabeetunediglossieexogènequiopposelefrançaisaux langues autochtones. De même, nous y reconnaissons lidéologie diglossique dans les images et les représentations que les locuteurs seforgentdeslangues. ȱȱ III.1.1Ladiglossie:problèmededéfinition. Comme le concept de diglossie ne peut être utilisé entièrement tel quil est défini par Fergusson, nous allons faire une miseaupointthéoriqueafindelepréciser. La diglossie, du grec ancien diglottos signifiant bilingue, est unconceptsociolinguistiquedéveloppéparFergussonen1959pour décrire une situation linguistique dans laquelle deux variétés dune même langue de statut socialement différent, la high et la low, sont La diglossie, du grec ancien diglottos signifiant bilingue, est unconceptsociolinguistiquedéveloppéparFergussonen1959pour décrire une situation linguistique dans laquelle deux variétés dune même langue de statut socialement différent, la high et la low, sont 93 93 parlées. Chacune delle est utilisée de façon systématique dans des domaines complémentaires; par exemple, dans les pays arabes, la langue classique est «haute» car cest la langue du Coran, de la littérature, de ladministration et de lécole tandis que larabe dialectalestlalangue«basse»carelleestutiliséedanslesdomaines familiers. parlées. Chacune delle est utilisée de façon systématique dans des domaines complémentaires; par exemple, dans les pays arabes, la langue classique est «haute» car cest la langue du Coran, de la littérature, de ladministration et de lécole tandis que larabe dialectalestlalangue«basse»carelleestutiliséedanslesdomaines familiers. Le terme de diglossie a été étendu par Fishman en 1967 à lusage complémentaire et institutionnalisé de deux langues distinctesdansunesociétédonnée;parexempleenFrance,lalangueȱ highestlefrançais,lalanguelowestlalsacienenAlsaceetleflamand enFlandre.LemêmeconceptaétéredéfiniparGumperzen1971et appliquéauxsociétésmultilinguesdanslesensoùcellescipeuvent utiliser différentiellement plusieurs codes (langues, dialectes) dans desdomainesetdesfonctionscomplémentaires.Ilsembledoncque le concept de diglossie ne concerne pas seulement la partition bipolaire fonctionnelle définie par Fergusson ; il peut en effet renvoyeràuneréalitéconflictuelletoutautre,généraliséeàtoutesles manifestations de la parole mais aussi à tous les éléments de la culture. La diglossie est alors caractérisée par une attitude de minoration à la fois linguistique et culturelle formulée en un discourssurlalangueetsurlacommunauté. Le terme de diglossie a été étendu par Fishman en 1967 à lusage complémentaire et institutionnalisé de deux langues distinctesdansunesociétédonnée;parexempleenFrance,lalangueȱ highestlefrançais,lalanguelowestlalsacienenAlsaceetleflamand enFlandre.LemêmeconceptaétéredéfiniparGumperzen1971et appliquéauxsociétésmultilinguesdanslesensoùcellescipeuvent utiliser différentiellement plusieurs codes (langues, dialectes) dans desdomainesetdesfonctionscomplémentaires.Ilsembledoncque le concept de diglossie ne concerne pas seulement la partition bipolaire fonctionnelle définie par Fergusson ; il peut en effet renvoyeràuneréalitéconflictuelletoutautre,généraliséeàtoutesles manifestations de la parole mais aussi à tous les éléments de la culture. La diglossie est alors caractérisée par une attitude de minoration à la fois linguistique et culturelle formulée en un discourssurlalangueetsurlacommunauté. William Mackey sinterroge sur lexistence dun équivalent ethnique/culturel de la diglossie quant à la coexistence dans une mêmesociétédedeuxsystèmesculturelsdontlunestjugécommela culturedominanteetlautrecommeunesousculturedominée.Yaille Troïké, (cité par Mackey, 1982), a proposé le concept de diȬnomie pourdésignercetypedesituation. ȱȱȱ III.1.2 La diglossie exogène : langues autochtones (berbère arabe)versusfrançais.ȱ ȱ La situation linguistique dans le cadre colonial peut être qualifiée de diglossique du fait même quune langue pénètre le terrain référentiel dune autre langue. Laspect subversif du texte mammériensinscritauplanlinguistiquedanslusageduberbèreou William Mackey sinterroge sur lexistence dun équivalent ethnique/culturel de la diglossie quant à la coexistence dans une mêmesociétédedeuxsystèmesculturelsdontlunestjugécommela culturedominanteetlautrecommeunesousculturedominée.Yaille Troïké, (cité par Mackey, 1982), a proposé le concept de diȬnomie pourdésignercetypedesituation. ȱȱȱ III.1.2 La diglossie exogène : langues autochtones (berbère arabe)versusfrançais.ȱ ȱ La situation linguistique dans le cadre colonial peut être qualifiée de diglossique du fait même quune langue pénètre le terrain référentiel dune autre langue. Laspect subversif du texte mammériensinscritauplanlinguistiquedanslusageduberbèreou 94 94 parlées. Chacune delle est utilisée de façon systématique dans des domaines complémentaires; par exemple, dans les pays arabes, la langue classique est «haute» car cest la langue du Coran, de la littérature, de ladministration et de lécole tandis que larabe dialectalestlalangue«basse»carelleestutiliséedanslesdomaines familiers. parlées. Chacune delle est utilisée de façon systématique dans des domaines complémentaires; par exemple, dans les pays arabes, la langue classique est «haute» car cest la langue du Coran, de la littérature, de ladministration et de lécole tandis que larabe dialectalestlalangue«basse»carelleestutiliséedanslesdomaines familiers. Le terme de diglossie a été étendu par Fishman en 1967 à lusage complémentaire et institutionnalisé de deux langues distinctesdansunesociétédonnée;parexempleenFrance,lalangueȱ highestlefrançais,lalanguelowestlalsacienenAlsaceetleflamand enFlandre.LemêmeconceptaétéredéfiniparGumperzen1971et appliquéauxsociétésmultilinguesdanslesensoùcellescipeuvent utiliser différentiellement plusieurs codes (langues, dialectes) dans desdomainesetdesfonctionscomplémentaires.Ilsembledoncque le concept de diglossie ne concerne pas seulement la partition bipolaire fonctionnelle définie par Fergusson ; il peut en effet renvoyeràuneréalitéconflictuelletoutautre,généraliséeàtoutesles manifestations de la parole mais aussi à tous les éléments de la culture. La diglossie est alors caractérisée par une attitude de minoration à la fois linguistique et culturelle formulée en un discourssurlalangueetsurlacommunauté. Le terme de diglossie a été étendu par Fishman en 1967 à lusage complémentaire et institutionnalisé de deux langues distinctesdansunesociétédonnée;parexempleenFrance,lalangueȱ highestlefrançais,lalanguelowestlalsacienenAlsaceetleflamand enFlandre.LemêmeconceptaétéredéfiniparGumperzen1971et appliquéauxsociétésmultilinguesdanslesensoùcellescipeuvent utiliser différentiellement plusieurs codes (langues, dialectes) dans desdomainesetdesfonctionscomplémentaires.Ilsembledoncque le concept de diglossie ne concerne pas seulement la partition bipolaire fonctionnelle définie par Fergusson ; il peut en effet renvoyeràuneréalitéconflictuelletoutautre,généraliséeàtoutesles manifestations de la parole mais aussi à tous les éléments de la culture. La diglossie est alors caractérisée par une attitude de minoration à la fois linguistique et culturelle formulée en un discourssurlalangueetsurlacommunauté. William Mackey sinterroge sur lexistence dun équivalent ethnique/culturel de la diglossie quant à la coexistence dans une mêmesociétédedeuxsystèmesculturelsdontlunestjugécommela culturedominanteetlautrecommeunesousculturedominée.Yaille Troïké, (cité par Mackey, 1982), a proposé le concept de diȬnomie pourdésignercetypedesituation. ȱȱȱ III.1.2 La diglossie exogène : langues autochtones (berbère arabe)versusfrançais.ȱ ȱ La situation linguistique dans le cadre colonial peut être qualifiée de diglossique du fait même quune langue pénètre le terrain référentiel dune autre langue. Laspect subversif du texte mammériensinscritauplanlinguistiquedanslusageduberbèreou William Mackey sinterroge sur lexistence dun équivalent ethnique/culturel de la diglossie quant à la coexistence dans une mêmesociétédedeuxsystèmesculturelsdontlunestjugécommela culturedominanteetlautrecommeunesousculturedominée.Yaille Troïké, (cité par Mackey, 1982), a proposé le concept de diȬnomie pourdésignercetypedesituation. ȱȱȱ III.1.2 La diglossie exogène : langues autochtones (berbère arabe)versusfrançais.ȱ ȱ La situation linguistique dans le cadre colonial peut être qualifiée de diglossique du fait même quune langue pénètre le terrain référentiel dune autre langue. Laspect subversif du texte mammériensinscritauplanlinguistiquedanslusageduberbèreou 94 94 delarabedansuneécritureencaractèreslatinsetdansunconstant mixage avec une écriture française. En effet, la tentative dinscrire lȇalgérianité dans le texte se manifeste par des emprunts, des xénismesoudescalquestranscritsetintégrésàlasyntaxefrançaise, cequeRobertLafontdésignecommemarqueursȱdȇidentitéȱsymboliques. delarabedansuneécritureencaractèreslatinsetdansunconstant mixage avec une écriture française. En effet, la tentative dinscrire lȇalgérianité dans le texte se manifeste par des emprunts, des xénismesoudescalquestranscritsetintégrésàlasyntaxefrançaise, cequeRobertLafontdésignecommemarqueursȱdȇidentitéȱsymboliques. Le surgissement de ce lexique produit du sens; il est vécu pulsionnellement et pose dans le corps du texte lexistence dune praxissocioculturellequinepeutêtrereproduiteenfrançaiscomme cest le cas des anthroponymes qui jouent le rôle «dȇuneȱ caisseȱ deȱ résonanceȱ connotative» et fonctionnent comme des signes dauthenticité. Le surgissement de ce lexique produit du sens; il est vécu pulsionnellement et pose dans le corps du texte lexistence dune praxissocioculturellequinepeutêtrereproduiteenfrançaiscomme cest le cas des anthroponymes qui jouent le rôle «dȇuneȱ caisseȱ deȱ résonanceȱ connotative» et fonctionnent comme des signes dauthenticité. Cependant, lécart est fonction du degré dassimilation de ce lexique : minimale ou nulle pour les emprunts intégrés à la langue française,elleestmaximalepourlesxénismesquinepeuventdélivrer leursensparexemplepourquineconnaîtpasleberbèreoularabe.Le texte fournit parfois leur traduction, la marque typographique exprimeladistanceàfranchirpourfairepasserlesens. Cependant, lécart est fonction du degré dassimilation de ce lexique : minimale ou nulle pour les emprunts intégrés à la langue française,elleestmaximalepourlesxénismesquinepeuventdélivrer leursensparexemplepourquineconnaîtpasleberbèreoularabe.Le texte fournit parfois leur traduction, la marque typographique exprimeladistanceàfranchirpourfairepasserlesens. Le texte autorise donc deux lectures : celle dune altérité pourquinapasdecompétenceenberbère,celleduneidentitépour qui accède au sens en berbère ou en arabe. De même, lusage dun françaisnoncodérepérableauniveaulexical,syntaxiqueetdiscursif, devientlesignemanifestedunécartessentiel:dansLaȱcollineȱoubliée, la lettre dAazi reprend en français les expressions berbères telles quelles,ilenestdemêmedansLeȱSommeilȱduȱjuste. Le texte autorise donc deux lectures : celle dune altérité pourquinapasdecompétenceenberbère,celleduneidentitépour qui accède au sens en berbère ou en arabe. De même, lusage dun françaisnoncodérepérableauniveaulexical,syntaxiqueetdiscursif, devientlesignemanifestedunécartessentiel:dansLaȱcollineȱoubliée, la lettre dAazi reprend en français les expressions berbères telles quelles,ilenestdemêmedansLeȱSommeilȱduȱjuste. Ces éléments établissent une connivence avec ceux qui arrivent à percer le message. De ce fait, elles marquent lappartenance à un groupe et deviennent signe didentité. Le texte estainsiprisdansundoubleréseauintertextueljouantàlafoisavec lalanguedelautre et lalangue authentique et renversant les pôles du conflit puisque, dans une telle situation de minoration linguistique comme celles des langues autochtones (berbères et arabe)etfaceàlidéologiedelalanguedominante,secréetouteune idéologiedelaparoleéclatéepourcompenserlapertedidentitéde lalanguedominée. Ces éléments établissent une connivence avec ceux qui arrivent à percer le message. De ce fait, elles marquent lappartenance à un groupe et deviennent signe didentité. Le texte estainsiprisdansundoubleréseauintertextueljouantàlafoisavec lalanguedelautre et lalangue authentique et renversant les pôles du conflit puisque, dans une telle situation de minoration linguistique comme celles des langues autochtones (berbères et arabe)etfaceàlidéologiedelalanguedominante,secréetouteune idéologiedelaparoleéclatéepourcompenserlapertedidentitéde lalanguedominée. 95 95 delarabedansuneécritureencaractèreslatinsetdansunconstant mixage avec une écriture française. En effet, la tentative dinscrire lȇalgérianité dans le texte se manifeste par des emprunts, des xénismesoudescalquestranscritsetintégrésàlasyntaxefrançaise, cequeRobertLafontdésignecommemarqueursȱdȇidentitéȱsymboliques. delarabedansuneécritureencaractèreslatinsetdansunconstant mixage avec une écriture française. En effet, la tentative dinscrire lȇalgérianité dans le texte se manifeste par des emprunts, des xénismesoudescalquestranscritsetintégrésàlasyntaxefrançaise, cequeRobertLafontdésignecommemarqueursȱdȇidentitéȱsymboliques. Le surgissement de ce lexique produit du sens; il est vécu pulsionnellement et pose dans le corps du texte lexistence dune praxissocioculturellequinepeutêtrereproduiteenfrançaiscomme cest le cas des anthroponymes qui jouent le rôle «dȇuneȱ caisseȱ deȱ résonanceȱ connotative» et fonctionnent comme des signes dauthenticité. Le surgissement de ce lexique produit du sens; il est vécu pulsionnellement et pose dans le corps du texte lexistence dune praxissocioculturellequinepeutêtrereproduiteenfrançaiscomme cest le cas des anthroponymes qui jouent le rôle «dȇuneȱ caisseȱ deȱ résonanceȱ connotative» et fonctionnent comme des signes dauthenticité. Cependant, lécart est fonction du degré dassimilation de ce lexique : minimale ou nulle pour les emprunts intégrés à la langue française,elleestmaximalepourlesxénismesquinepeuventdélivrer leursensparexemplepourquineconnaîtpasleberbèreoularabe.Le texte fournit parfois leur traduction, la marque typographique exprimeladistanceàfranchirpourfairepasserlesens. Cependant, lécart est fonction du degré dassimilation de ce lexique : minimale ou nulle pour les emprunts intégrés à la langue française,elleestmaximalepourlesxénismesquinepeuventdélivrer leursensparexemplepourquineconnaîtpasleberbèreoularabe.Le texte fournit parfois leur traduction, la marque typographique exprimeladistanceàfranchirpourfairepasserlesens. Le texte autorise donc deux lectures : celle dune altérité pourquinapasdecompétenceenberbère,celleduneidentitépour qui accède au sens en berbère ou en arabe. De même, lusage dun françaisnoncodérepérableauniveaulexical,syntaxiqueetdiscursif, devientlesignemanifestedunécartessentiel:dansLaȱcollineȱoubliée, la lettre dAazi reprend en français les expressions berbères telles quelles,ilenestdemêmedansLeȱSommeilȱduȱjuste. Le texte autorise donc deux lectures : celle dune altérité pourquinapasdecompétenceenberbère,celleduneidentitépour qui accède au sens en berbère ou en arabe. De même, lusage dun françaisnoncodérepérableauniveaulexical,syntaxiqueetdiscursif, devientlesignemanifestedunécartessentiel:dansLaȱcollineȱoubliée, la lettre dAazi reprend en français les expressions berbères telles quelles,ilenestdemêmedansLeȱSommeilȱduȱjuste. Ces éléments établissent une connivence avec ceux qui arrivent à percer le message. De ce fait, elles marquent lappartenance à un groupe et deviennent signe didentité. Le texte estainsiprisdansundoubleréseauintertextueljouantàlafoisavec lalanguedelautre et lalangue authentique et renversant les pôles du conflit puisque, dans une telle situation de minoration linguistique comme celles des langues autochtones (berbères et arabe)etfaceàlidéologiedelalanguedominante,secréetouteune idéologiedelaparoleéclatéepourcompenserlapertedidentitéde lalanguedominée. Ces éléments établissent une connivence avec ceux qui arrivent à percer le message. De ce fait, elles marquent lappartenance à un groupe et deviennent signe didentité. Le texte estainsiprisdansundoubleréseauintertextueljouantàlafoisavec lalanguedelautre et lalangue authentique et renversant les pôles du conflit puisque, dans une telle situation de minoration linguistique comme celles des langues autochtones (berbères et arabe)etfaceàlidéologiedelalanguedominante,secréetouteune idéologiedelaparoleéclatéepourcompenserlapertedidentitéde lalanguedominée. 95 95 L’utilisation de xénismes, demprunts, de tournures syntaxiques sert à la construction dun moi, comme moiȱ deȱ langage. Maiscommeilnepeutêtrevoixȱdequendevenantvoixȱpour,lesujet collectifmammériensinsinuedansletexteetsemanifestealorspar denombreuxtermeschargésdontlafréquenceestpertinente:«chez nous»,«lepays»,«latribu»,«lacité».Lesujetseffaceetdevient communauté, il est la voix élue, celle qui énonce des censures camouflées, le poète mage qui tente de récupérer tout limaginaire collectif, dinduire la construction dune identité dynamique et déveiller le peuple par le biais de la parole comme dans Laȱ citéȱ duȱ soleil.ȱ(Mammeri,1987). L’utilisation de xénismes, demprunts, de tournures syntaxiques sert à la construction dun moi, comme moiȱ deȱ langage. Maiscommeilnepeutêtrevoixȱdequendevenantvoixȱpour,lesujet collectifmammériensinsinuedansletexteetsemanifestealorspar denombreuxtermeschargésdontlafréquenceestpertinente:«chez nous»,«lepays»,«latribu»,«lacité».Lesujetseffaceetdevient communauté, il est la voix élue, celle qui énonce des censures camouflées, le poète mage qui tente de récupérer tout limaginaire collectif, dinduire la construction dune identité dynamique et déveiller le peuple par le biais de la parole comme dans Laȱ citéȱ duȱ soleil.ȱ(Mammeri,1987). Ladiglossieestmanifesteaussiauniveaudespersonnages. En effet, dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, le parcours dArezki illustre parfaitementlesdeuxaventuresantithétiquesoulesdeuxpositions dusujetdiglossique. Ladiglossieestmanifesteaussiauniveaudespersonnages. En effet, dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, le parcours dArezki illustre parfaitementlesdeuxaventuresantithétiquesoulesdeuxpositions dusujetdiglossique. La première aventure est celle de lacculturation, le sujet entredanslelangagedominantetdumêmecoupcroitentrerdansla société dominante en seffaçant comme sujet, en tentant deffacer le langagequiaprésidéàsapremièreidentité,ceȱqueȱjȇaiȱavaléȱdeȱsièclesȱ dȇauteurs,ȱ deȱ mots,ȱ deȱ raisonnements, dit Arezki à son maître. (Mammeri,1955:133) La première aventure est celle de lacculturation, le sujet entredanslelangagedominantetdumêmecoupcroitentrerdansla société dominante en seffaçant comme sujet, en tentant deffacer le langagequiaprésidéàsapremièreidentité,ceȱqueȱjȇaiȱavaléȱdeȱsièclesȱ dȇauteurs,ȱ deȱ mots,ȱ deȱ raisonnements, dit Arezki à son maître. (Mammeri,1955:133) Lasecondeaventureestcelleaucontrairedelexhibitionde la différence, de laltérité. Dans le conflit langue dominante/langue dominée, pour le dominé pratiquer sa langue, cest saffirmer. Le sujet tente à tout moment de se montrer extérieur à la culture dominante: Lasecondeaventureestcelleaucontrairedelexhibitionde la différence, de laltérité. Dans le conflit langue dominante/langue dominée, pour le dominé pratiquer sa langue, cest saffirmer. Le sujet tente à tout moment de se montrer extérieur à la culture dominante: depuisȱqueȱjeȱsuisȱunȱguerrier,ȱécritȱArezkiȱàȱsonȱancienȱmaître,ȱcȇestȱfouȱceȱ queȱjȇéconomiseȱlesȱmots,ȱduȱreste,ȱjȇaiȱparȱbonheurȱoubliéȱtousȱceuxȱquiȱneȱ servaientȱàȱrienȱ:ȱlaȱmoitiéȱdesȱvôtresȱyȱontȱsombré.(Mammeri,1955:133) depuisȱqueȱjeȱsuisȱunȱguerrier,ȱécritȱArezkiȱàȱsonȱancienȱmaître,ȱcȇestȱfouȱceȱ queȱjȇéconomiseȱlesȱmots,ȱduȱreste,ȱjȇaiȱparȱbonheurȱoubliéȱtousȱceuxȱquiȱneȱ servaientȱàȱrienȱ:ȱlaȱmoitiéȱdesȱvôtresȱyȱontȱsombré.(Mammeri,1955:133) Attitudeantinomique,lesujetseposecettefoisenidentitéet propose un discours où la parole authentique est réhabilitée. Les personnages établissent dans le cadre de leurs relations parentales desliensaffectifsprimordiauxparlebiaisdelalanguematernelle. Attitudeantinomique,lesujetseposecettefoisenidentitéet propose un discours où la parole authentique est réhabilitée. Les personnages établissent dans le cadre de leurs relations parentales desliensaffectifsprimordiauxparlebiaisdelalanguematernelle. 96 96 L’utilisation de xénismes, demprunts, de tournures syntaxiques sert à la construction dun moi, comme moiȱ deȱ langage. Maiscommeilnepeutêtrevoixȱdequendevenantvoixȱpour,lesujet collectifmammériensinsinuedansletexteetsemanifestealorspar denombreuxtermeschargésdontlafréquenceestpertinente:«chez nous»,«lepays»,«latribu»,«lacité».Lesujetseffaceetdevient communauté, il est la voix élue, celle qui énonce des censures camouflées, le poète mage qui tente de récupérer tout limaginaire collectif, dinduire la construction dune identité dynamique et déveiller le peuple par le biais de la parole comme dans Laȱ citéȱ duȱ soleil.ȱ(Mammeri,1987). L’utilisation de xénismes, demprunts, de tournures syntaxiques sert à la construction dun moi, comme moiȱ deȱ langage. Maiscommeilnepeutêtrevoixȱdequendevenantvoixȱpour,lesujet collectifmammériensinsinuedansletexteetsemanifestealorspar denombreuxtermeschargésdontlafréquenceestpertinente:«chez nous»,«lepays»,«latribu»,«lacité».Lesujetseffaceetdevient communauté, il est la voix élue, celle qui énonce des censures camouflées, le poète mage qui tente de récupérer tout limaginaire collectif, dinduire la construction dune identité dynamique et déveiller le peuple par le biais de la parole comme dans Laȱ citéȱ duȱ soleil.ȱ(Mammeri,1987). Ladiglossieestmanifesteaussiauniveaudespersonnages. En effet, dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, le parcours dArezki illustre parfaitementlesdeuxaventuresantithétiquesoulesdeuxpositions dusujetdiglossique. Ladiglossieestmanifesteaussiauniveaudespersonnages. En effet, dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, le parcours dArezki illustre parfaitementlesdeuxaventuresantithétiquesoulesdeuxpositions dusujetdiglossique. La première aventure est celle de lacculturation, le sujet entredanslelangagedominantetdumêmecoupcroitentrerdansla société dominante en seffaçant comme sujet, en tentant deffacer le langagequiaprésidéàsapremièreidentité,ceȱqueȱjȇaiȱavaléȱdeȱsièclesȱ dȇauteurs,ȱ deȱ mots,ȱ deȱ raisonnements, dit Arezki à son maître. (Mammeri,1955:133) La première aventure est celle de lacculturation, le sujet entredanslelangagedominantetdumêmecoupcroitentrerdansla société dominante en seffaçant comme sujet, en tentant deffacer le langagequiaprésidéàsapremièreidentité,ceȱqueȱjȇaiȱavaléȱdeȱsièclesȱ dȇauteurs,ȱ deȱ mots,ȱ deȱ raisonnements, dit Arezki à son maître. (Mammeri,1955:133) Lasecondeaventureestcelleaucontrairedelexhibitionde la différence, de laltérité. Dans le conflit langue dominante/langue dominée, pour le dominé pratiquer sa langue, cest saffirmer. Le sujet tente à tout moment de se montrer extérieur à la culture dominante: Lasecondeaventureestcelleaucontrairedelexhibitionde la différence, de laltérité. Dans le conflit langue dominante/langue dominée, pour le dominé pratiquer sa langue, cest saffirmer. Le sujet tente à tout moment de se montrer extérieur à la culture dominante: depuisȱqueȱjeȱsuisȱunȱguerrier,ȱécritȱArezkiȱàȱsonȱancienȱmaître,ȱcȇestȱfouȱceȱ queȱjȇéconomiseȱlesȱmots,ȱduȱreste,ȱjȇaiȱparȱbonheurȱoubliéȱtousȱceuxȱquiȱneȱ servaientȱàȱrienȱ:ȱlaȱmoitiéȱdesȱvôtresȱyȱontȱsombré.(Mammeri,1955:133) depuisȱqueȱjeȱsuisȱunȱguerrier,ȱécritȱArezkiȱàȱsonȱancienȱmaître,ȱcȇestȱfouȱceȱ queȱjȇéconomiseȱlesȱmots,ȱduȱreste,ȱjȇaiȱparȱbonheurȱoubliéȱtousȱceuxȱquiȱneȱ servaientȱàȱrienȱ:ȱlaȱmoitiéȱdesȱvôtresȱyȱontȱsombré.(Mammeri,1955:133) Attitudeantinomique,lesujetseposecettefoisenidentitéet propose un discours où la parole authentique est réhabilitée. Les personnages établissent dans le cadre de leurs relations parentales desliensaffectifsprimordiauxparlebiaisdelalanguematernelle. Attitudeantinomique,lesujetseposecettefoisenidentitéet propose un discours où la parole authentique est réhabilitée. Les personnages établissent dans le cadre de leurs relations parentales desliensaffectifsprimordiauxparlebiaisdelalanguematernelle. 96 96 CestenberbèrequArezkidansLeȱsommeilȱduȱjusteȱetBachir dans Lȇopiumȱ etȱ leȱ bâtonȱ perçoivent leur environnement, se lapproprient, sy intègrent et par là constituent leur identité fondamentale pour accéder au statut de sujet linguistique. Le berbèreest,danscecas,lalanguedelintimitéfamilialeetaussicelle de la dignité. On sent chez lauteur de ladmiration pour lhabile dialecte des anciens, pour leurs harangues à lassemblée du village que les jeunes du pays ne savent pas imiter: Ilsȱ étaientȱ incapablesȱ deȱ prononcerȱ enȱkabyleȱ unȱ discoursȱ soutenuȱ;ȱ (...)ȱ ilsȱ étaientȱ secs,ȱ froidsȱ sansȱ ordre,ȱsansȱcitation.ȱ(Mammeri,ȱ1954:67). CestenberbèrequArezkidansLeȱsommeilȱduȱjusteȱetBachir dans Lȇopiumȱ etȱ leȱ bâtonȱ perçoivent leur environnement, se lapproprient, sy intègrent et par là constituent leur identité fondamentale pour accéder au statut de sujet linguistique. Le berbèreest,danscecas,lalanguedelintimitéfamilialeetaussicelle de la dignité. On sent chez lauteur de ladmiration pour lhabile dialecte des anciens, pour leurs harangues à lassemblée du village que les jeunes du pays ne savent pas imiter: Ilsȱ étaientȱ incapablesȱ deȱ prononcerȱ enȱkabyleȱ unȱ discoursȱ soutenuȱ;ȱ (...)ȱ ilsȱ étaientȱ secs,ȱ froidsȱ sansȱ ordre,ȱsansȱcitation.ȱ(Mammeri,ȱ1954:67). Le même thème est repris et développé dans Lȇopium etȱ leȱ bâton.ȱLeȱrespectȱdeȱsoiȬmêmeȱcommenceȱparȱleȱrespectȱdeȱsaȱlangueȱditle père(Mammeri,1965:12);etsouvent,danscestribus,comprendrela languedesespèrescestaussicomprendreleuresprit: Le même thème est repris et développé dans Lȇopium etȱ leȱ bâton.ȱLeȱrespectȱdeȱsoiȬmêmeȱcommenceȱparȱleȱrespectȱdeȱsaȱlangueȱditle père(Mammeri,1965:12);etsouvent,danscestribus,comprendrela languedesespèrescestaussicomprendreleuresprit: Lesȱ vieillardsȱ remarquèrentȱ queȱ pourȱ sesȱ adieuxȱ Mohandȱ employaitȱ leȱ berbèreȱrecherchéȱquȇilȱgardaitȱdȇhabitudeȱpourȱlesȱgrandsȱjours...ȱLesȱjeunesȱ neȱ comprenaientȱ pasȱ trèsȱ bienȱ;ȱ vaguement,ȱ ilsȱ sentaientȱ que,ȱ parceȱ queȱ lesȱ événementsȱétaientȱgraves,ȱMohandȱcherchaitȱàȱmettreȱlesȱmotsȱàȱlaȱhauteurȱ desȱchoses.(Mammeri,1965:69) Lesȱ vieillardsȱ remarquèrentȱ queȱ pourȱ sesȱ adieuxȱ Mohandȱ employaitȱ leȱ berbèreȱrecherchéȱquȇilȱgardaitȱdȇhabitudeȱpourȱlesȱgrandsȱjours...ȱLesȱjeunesȱ neȱ comprenaientȱ pasȱ trèsȱ bienȱ;ȱ vaguement,ȱ ilsȱ sentaientȱ que,ȱ parceȱ queȱ lesȱ événementsȱétaientȱgraves,ȱMohandȱcherchaitȱàȱmettreȱlesȱmotsȱàȱlaȱhauteurȱ desȱchoses.(Mammeri,1965:69) Lenarrateurpréciseencore: Lenarrateurpréciseencore: Dansȱ lesȱ assembléesȱ d’antanȱ sȇentendaientȱ lesȱ plusȱ bellesȱ paraboles,ȱ lesȱ parolesȱ lesȱ plusȱ humaines.ȱ Onȱ yȱ avaitȱ soinȱ desȱ motsȱ parceȱ quȇonȱ avaitȱ leȱ respectȱ desȱ hommes.ȱ Maintenantȱ Ameurȱ ouȱ Tayebȱ pouvaientȱ sansȱ honteȱ etȱ devantȱtousȱécorcherȱleȱberbère,ȱcommeȱsansȱdouteȱilsȱécorchaientȱlesȱcœurs...ȱ ouȱlesȱcorpsȱavecȱlaȱmêmeȱimpudence.(Mammeri,1965:80) Dansȱ lesȱ assembléesȱ d’antanȱ sȇentendaientȱ lesȱ plusȱ bellesȱ paraboles,ȱ lesȱ parolesȱ lesȱ plusȱ humaines.ȱ Onȱ yȱ avaitȱ soinȱ desȱ motsȱ parceȱ quȇonȱ avaitȱ leȱ respectȱ desȱ hommes.ȱ Maintenantȱ Ameurȱ ouȱ Tayebȱ pouvaientȱ sansȱ honteȱ etȱ devantȱtousȱécorcherȱleȱberbère,ȱcommeȱsansȱdouteȱilsȱécorchaientȱlesȱcœurs...ȱ ouȱlesȱcorpsȱavecȱlaȱmêmeȱimpudence.(Mammeri,1965:80) Ainsi laltérité, auparavant combattue, est progressivement intériorisée, retravaillée de lintérieur. En un lieu linguistique conflictuel, la reconquête de la parole, dun dire signifie lexistence mêmedecettelangueetdelacommunautéquilaparle. Le conflit diglossique se manifeste aussi dans le discours des antagonistes.Quiconqueestdansunrapporthiérarchiquesupérieur essaiedimposersalangue;ilyatouteunevisionethnocentristeoù Ainsi laltérité, auparavant combattue, est progressivement intériorisée, retravaillée de lintérieur. En un lieu linguistique conflictuel, la reconquête de la parole, dun dire signifie lexistence mêmedecettelangueetdelacommunautéquilaparle. Le conflit diglossique se manifeste aussi dans le discours des antagonistes.Quiconqueestdansunrapporthiérarchiquesupérieur essaiedimposersalangue;ilyatouteunevisionethnocentristeoù 97 97 CestenberbèrequArezkidansLeȱsommeilȱduȱjusteȱetBachir dans Lȇopiumȱ etȱ leȱ bâtonȱ perçoivent leur environnement, se lapproprient, sy intègrent et par là constituent leur identité fondamentale pour accéder au statut de sujet linguistique. Le berbèreest,danscecas,lalanguedelintimitéfamilialeetaussicelle de la dignité. On sent chez lauteur de ladmiration pour lhabile dialecte des anciens, pour leurs harangues à lassemblée du village que les jeunes du pays ne savent pas imiter: Ilsȱ étaientȱ incapablesȱ deȱ prononcerȱ enȱkabyleȱ unȱ discoursȱ soutenuȱ;ȱ (...)ȱ ilsȱ étaientȱ secs,ȱ froidsȱ sansȱ ordre,ȱsansȱcitation.ȱ(Mammeri,ȱ1954:67). CestenberbèrequArezkidansLeȱsommeilȱduȱjusteȱetBachir dans Lȇopiumȱ etȱ leȱ bâtonȱ perçoivent leur environnement, se lapproprient, sy intègrent et par là constituent leur identité fondamentale pour accéder au statut de sujet linguistique. Le berbèreest,danscecas,lalanguedelintimitéfamilialeetaussicelle de la dignité. On sent chez lauteur de ladmiration pour lhabile dialecte des anciens, pour leurs harangues à lassemblée du village que les jeunes du pays ne savent pas imiter: Ilsȱ étaientȱ incapablesȱ deȱ prononcerȱ enȱkabyleȱ unȱ discoursȱ soutenuȱ;ȱ (...)ȱ ilsȱ étaientȱ secs,ȱ froidsȱ sansȱ ordre,ȱsansȱcitation.ȱ(Mammeri,ȱ1954:67). Le même thème est repris et développé dans Lȇopium etȱ leȱ bâton.ȱLeȱrespectȱdeȱsoiȬmêmeȱcommenceȱparȱleȱrespectȱdeȱsaȱlangueȱditle père(Mammeri,1965:12);etsouvent,danscestribus,comprendrela languedesespèrescestaussicomprendreleuresprit: Le même thème est repris et développé dans Lȇopium etȱ leȱ bâton.ȱLeȱrespectȱdeȱsoiȬmêmeȱcommenceȱparȱleȱrespectȱdeȱsaȱlangueȱditle père(Mammeri,1965:12);etsouvent,danscestribus,comprendrela languedesespèrescestaussicomprendreleuresprit: Lesȱ vieillardsȱ remarquèrentȱ queȱ pourȱ sesȱ adieuxȱ Mohandȱ employaitȱ leȱ berbèreȱrecherchéȱquȇilȱgardaitȱdȇhabitudeȱpourȱlesȱgrandsȱjours...ȱLesȱjeunesȱ neȱ comprenaientȱ pasȱ trèsȱ bienȱ;ȱ vaguement,ȱ ilsȱ sentaientȱ que,ȱ parceȱ queȱ lesȱ événementsȱétaientȱgraves,ȱMohandȱcherchaitȱàȱmettreȱlesȱmotsȱàȱlaȱhauteurȱ desȱchoses.(Mammeri,1965:69) Lesȱ vieillardsȱ remarquèrentȱ queȱ pourȱ sesȱ adieuxȱ Mohandȱ employaitȱ leȱ berbèreȱrecherchéȱquȇilȱgardaitȱdȇhabitudeȱpourȱlesȱgrandsȱjours...ȱLesȱjeunesȱ neȱ comprenaientȱ pasȱ trèsȱ bienȱ;ȱ vaguement,ȱ ilsȱ sentaientȱ que,ȱ parceȱ queȱ lesȱ événementsȱétaientȱgraves,ȱMohandȱcherchaitȱàȱmettreȱlesȱmotsȱàȱlaȱhauteurȱ desȱchoses.(Mammeri,1965:69) Lenarrateurpréciseencore: Lenarrateurpréciseencore: Dansȱ lesȱ assembléesȱ d’antanȱ sȇentendaientȱ lesȱ plusȱ bellesȱ paraboles,ȱ lesȱ parolesȱ lesȱ plusȱ humaines.ȱ Onȱ yȱ avaitȱ soinȱ desȱ motsȱ parceȱ quȇonȱ avaitȱ leȱ respectȱ desȱ hommes.ȱ Maintenantȱ Ameurȱ ouȱ Tayebȱ pouvaientȱ sansȱ honteȱ etȱ devantȱtousȱécorcherȱleȱberbère,ȱcommeȱsansȱdouteȱilsȱécorchaientȱlesȱcœurs...ȱ ouȱlesȱcorpsȱavecȱlaȱmêmeȱimpudence.(Mammeri,1965:80) Dansȱ lesȱ assembléesȱ d’antanȱ sȇentendaientȱ lesȱ plusȱ bellesȱ paraboles,ȱ lesȱ parolesȱ lesȱ plusȱ humaines.ȱ Onȱ yȱ avaitȱ soinȱ desȱ motsȱ parceȱ quȇonȱ avaitȱ leȱ respectȱ desȱ hommes.ȱ Maintenantȱ Ameurȱ ouȱ Tayebȱ pouvaientȱ sansȱ honteȱ etȱ devantȱtousȱécorcherȱleȱberbère,ȱcommeȱsansȱdouteȱilsȱécorchaientȱlesȱcœurs...ȱ ouȱlesȱcorpsȱavecȱlaȱmêmeȱimpudence.(Mammeri,1965:80) Ainsi laltérité, auparavant combattue, est progressivement intériorisée, retravaillée de lintérieur. En un lieu linguistique conflictuel, la reconquête de la parole, dun dire signifie lexistence mêmedecettelangueetdelacommunautéquilaparle. Le conflit diglossique se manifeste aussi dans le discours des antagonistes.Quiconqueestdansunrapporthiérarchiquesupérieur essaiedimposersalangue;ilyatouteunevisionethnocentristeoù Ainsi laltérité, auparavant combattue, est progressivement intériorisée, retravaillée de lintérieur. En un lieu linguistique conflictuel, la reconquête de la parole, dun dire signifie lexistence mêmedecettelangueetdelacommunautéquilaparle. Le conflit diglossique se manifeste aussi dans le discours des antagonistes.Quiconqueestdansunrapporthiérarchiquesupérieur essaiedimposersalangue;ilyatouteunevisionethnocentristeoù 97 97 sexprimeaveccomplaisancelasupérioritédelautre:lascèneentre lepèreetlekomisar,illustrebiencerapportconflictueldelangues: sexprimeaveccomplaisancelasupérioritédelautre:lascèneentre lepèreetlekomisar,illustrebiencerapportconflictueldelangues: Leȱchefȱdemandeȱceȱqueȱtuȱparlesȱȱ ȱȬȱLeȱkabyleȱ ȱȬȱ Lȇadministrateurȱ teȱ demandeȱ siȱ tuȱ neȱ pouvaisȱ pasȱ parlerȱ françaisȱ commeȱtoutȱleȱmonde.ȱ ȱȬȱDisȬlui,ȱsiȱceȱnȇestȱpasȱlȇoffenser,ȱqueȱleȱkabyleȱestȱlaȱlangueȱdeȱmesȱ pères.ȱ(Mammeri,1955:22)ȱ Leȱchefȱdemandeȱceȱqueȱtuȱparlesȱȱ ȱȬȱLeȱkabyleȱ ȱȬȱ Lȇadministrateurȱ teȱ demandeȱ siȱ tuȱ neȱ pouvaisȱ pasȱ parlerȱ françaisȱ commeȱtoutȱleȱmonde.ȱ ȱȬȱDisȬlui,ȱsiȱceȱnȇestȱpasȱlȇoffenser,ȱqueȱleȱkabyleȱestȱlaȱlangueȱdeȱmesȱ pères.ȱ(Mammeri,1955:22)ȱ ȱ Parlerȱfrançaisȱcommeȱtoutȱleȱmondeimpliquequonnedoitpas parler autre chose que la langue dominante et implique nécessairementunerelationinégalitaireentreleslangues.ȱ ȱ III.1.3.Ladiglossieendogène. ȱ Face à cette diglossie externe, une situation diglossique interneapparaîtenfiligrane.Danssesromansetessais,Mammerifait allusionauxlanguesetauxculturesautochtonesquifontladiversité dupeuplealgérien.Lesoucidelalangueetdelaculturekabyle,très longtempsmarginalisées,estbienmarquéchezlauteurquiconsidère la première comme la langue «des tripes», avec laquelle il a des rapports intimes :ilȱ yȱ aȱ desȱ choses,ȱ desȱ sentiments,ȱ desȱ musiquesȱ queȱ jeȱ rendraisȱ infinimentȱ mieuxȱ enȱ cetteȱ langueȱ quȇenȱ nulleȱ autre. (Mammeri, 1987: 48). Lauteur a dénoncé cet état de fait dans une interview accordée à Tahar Djaout: Lȇétatȱ algérien,ȱ (...)ȱ aprèsȱ unȱ quartȱ deȱ siècleȱ dȇindépendance,ȱvitȱleȱscandaleȱdeȱneȱpasȱreconnaîtreȱcommeȱalgérienneȱuneȱ langueȱparléeȱenȱAlgérieȱdepuisȱdesȱmillénaires.(Mammeri,1987:49) Parailleurs,lefaitquependanttrèslongtemps, ȱ Parlerȱfrançaisȱcommeȱtoutȱleȱmondeimpliquequonnedoitpas parler autre chose que la langue dominante et implique nécessairementunerelationinégalitaireentreleslangues.ȱ ȱ III.1.3.Ladiglossieendogène. ȱ Face à cette diglossie externe, une situation diglossique interneapparaîtenfiligrane.Danssesromansetessais,Mammerifait allusionauxlanguesetauxculturesautochtonesquifontladiversité dupeuplealgérien.Lesoucidelalangueetdelaculturekabyle,très longtempsmarginalisées,estbienmarquéchezlauteurquiconsidère la première comme la langue «des tripes», avec laquelle il a des rapports intimes :ilȱ yȱ aȱ desȱ choses,ȱ desȱ sentiments,ȱ desȱ musiquesȱ queȱ jeȱ rendraisȱ infinimentȱ mieuxȱ enȱ cetteȱ langueȱ quȇenȱ nulleȱ autre. (Mammeri, 1987: 48). Lauteur a dénoncé cet état de fait dans une interview accordée à Tahar Djaout: Lȇétatȱ algérien,ȱ (...)ȱ aprèsȱ unȱ quartȱ deȱ siècleȱ dȇindépendance,ȱvitȱleȱscandaleȱdeȱneȱpasȱreconnaîtreȱcommeȱalgérienneȱuneȱ langueȱparléeȱenȱAlgérieȱdepuisȱdesȱmillénaires.(Mammeri,1987:49) Parailleurs,lefaitquependanttrèslongtemps, laȱlangueȱetȱlaȱcultureȱberbèreȱ[aientȱété]ȱmaîtressesȱdansȱdesȱespacesȱdȇaccèsȱ difficileȱ monts,ȱ désertȱ quiȱ jouentȱ unȱ rôleȱ deȱ refuge(...),ȱ leȱ tributȱ queȱ lesȱ berbérophonesȱ ontȱ dûȱ alorsȱ payerȱ pourȱ maintenirȱ unȱ équilibreȱ aȱ étéȱ deȱ restreindreȱleursȱlanguesȱetȱleursȱculturesȱàȱunȱdomaineȱclos,ȱdeȱseȱcouperȱlesȱ unsȱ desȱ autresȱ etȱ surtoutȱ deȱ nȇavoirȱ pasȱ faitȱ franchirȱ àȱ leursȱ languesȱ etȱ culturesȱleȱseuilȱdeȱlaȱcitadinité.(Mammeri,1984:12) laȱlangueȱetȱlaȱcultureȱberbèreȱ[aientȱété]ȱmaîtressesȱdansȱdesȱespacesȱdȇaccèsȱ difficileȱ monts,ȱ désertȱ quiȱ jouentȱ unȱ rôleȱ deȱ refuge(...),ȱ leȱ tributȱ queȱ lesȱ berbérophonesȱ ontȱ dûȱ alorsȱ payerȱ pourȱ maintenirȱ unȱ équilibreȱ aȱ étéȱ deȱ restreindreȱleursȱlanguesȱetȱleursȱculturesȱàȱunȱdomaineȱclos,ȱdeȱseȱcouperȱlesȱ unsȱ desȱ autresȱ etȱ surtoutȱ deȱ nȇavoirȱ pasȱ faitȱ franchirȱ àȱ leursȱ languesȱ etȱ culturesȱleȱseuilȱdeȱlaȱcitadinité.(Mammeri,1984:12) 98 sexprimeaveccomplaisancelasupérioritédelautre:lascèneentre lepèreetlekomisar,illustrebiencerapportconflictueldelangues: 98 sexprimeaveccomplaisancelasupérioritédelautre:lascèneentre lepèreetlekomisar,illustrebiencerapportconflictueldelangues: Leȱchefȱdemandeȱceȱqueȱtuȱparlesȱȱ ȱȬȱLeȱkabyleȱ ȱȬȱ Lȇadministrateurȱ teȱ demandeȱ siȱ tuȱ neȱ pouvaisȱ pasȱ parlerȱ françaisȱ commeȱtoutȱleȱmonde.ȱ ȱȬȱDisȬlui,ȱsiȱceȱnȇestȱpasȱlȇoffenser,ȱqueȱleȱkabyleȱestȱlaȱlangueȱdeȱmesȱ pères.ȱ(Mammeri,1955:22)ȱ Leȱchefȱdemandeȱceȱqueȱtuȱparlesȱȱ ȱȬȱLeȱkabyleȱ ȱȬȱ Lȇadministrateurȱ teȱ demandeȱ siȱ tuȱ neȱ pouvaisȱ pasȱ parlerȱ françaisȱ commeȱtoutȱleȱmonde.ȱ ȱȬȱDisȬlui,ȱsiȱceȱnȇestȱpasȱlȇoffenser,ȱqueȱleȱkabyleȱestȱlaȱlangueȱdeȱmesȱ pères.ȱ(Mammeri,1955:22)ȱ ȱ Parlerȱfrançaisȱcommeȱtoutȱleȱmondeimpliquequonnedoitpas parler autre chose que la langue dominante et implique nécessairementunerelationinégalitaireentreleslangues.ȱ ȱ III.1.3.Ladiglossieendogène. ȱ Face à cette diglossie externe, une situation diglossique interneapparaîtenfiligrane.Danssesromansetessais,Mammerifait allusionauxlanguesetauxculturesautochtonesquifontladiversité dupeuplealgérien.Lesoucidelalangueetdelaculturekabyle,très longtempsmarginalisées,estbienmarquéchezlauteurquiconsidère la première comme la langue «des tripes», avec laquelle il a des rapports intimes :ilȱ yȱ aȱ desȱ choses,ȱ desȱ sentiments,ȱ desȱ musiquesȱ queȱ jeȱ rendraisȱ infinimentȱ mieuxȱ enȱ cetteȱ langueȱ quȇenȱ nulleȱ autre. (Mammeri, 1987: 48). Lauteur a dénoncé cet état de fait dans une interview accordée à Tahar Djaout: Lȇétatȱ algérien,ȱ (...)ȱ aprèsȱ unȱ quartȱ deȱ siècleȱ dȇindépendance,ȱvitȱleȱscandaleȱdeȱneȱpasȱreconnaîtreȱcommeȱalgérienneȱuneȱ langueȱparléeȱenȱAlgérieȱdepuisȱdesȱmillénaires.(Mammeri,1987:49) Parailleurs,lefaitquependanttrèslongtemps, ȱ Parlerȱfrançaisȱcommeȱtoutȱleȱmondeimpliquequonnedoitpas parler autre chose que la langue dominante et implique nécessairementunerelationinégalitaireentreleslangues.ȱ ȱ III.1.3.Ladiglossieendogène. ȱ Face à cette diglossie externe, une situation diglossique interneapparaîtenfiligrane.Danssesromansetessais,Mammerifait allusionauxlanguesetauxculturesautochtonesquifontladiversité dupeuplealgérien.Lesoucidelalangueetdelaculturekabyle,très longtempsmarginalisées,estbienmarquéchezlauteurquiconsidère la première comme la langue «des tripes», avec laquelle il a des rapports intimes :ilȱ yȱ aȱ desȱ choses,ȱ desȱ sentiments,ȱ desȱ musiquesȱ queȱ jeȱ rendraisȱ infinimentȱ mieuxȱ enȱ cetteȱ langueȱ quȇenȱ nulleȱ autre. (Mammeri, 1987: 48). Lauteur a dénoncé cet état de fait dans une interview accordée à Tahar Djaout: Lȇétatȱ algérien,ȱ (...)ȱ aprèsȱ unȱ quartȱ deȱ siècleȱ dȇindépendance,ȱvitȱleȱscandaleȱdeȱneȱpasȱreconnaîtreȱcommeȱalgérienneȱuneȱ langueȱparléeȱenȱAlgérieȱdepuisȱdesȱmillénaires.(Mammeri,1987:49) Parailleurs,lefaitquependanttrèslongtemps, laȱlangueȱetȱlaȱcultureȱberbèreȱ[aientȱété]ȱmaîtressesȱdansȱdesȱespacesȱdȇaccèsȱ difficileȱ monts,ȱ désertȱ quiȱ jouentȱ unȱ rôleȱ deȱ refuge(...),ȱ leȱ tributȱ queȱ lesȱ berbérophonesȱ ontȱ dûȱ alorsȱ payerȱ pourȱ maintenirȱ unȱ équilibreȱ aȱ étéȱ deȱ restreindreȱleursȱlanguesȱetȱleursȱculturesȱàȱunȱdomaineȱclos,ȱdeȱseȱcouperȱlesȱ unsȱ desȱ autresȱ etȱ surtoutȱ deȱ nȇavoirȱ pasȱ faitȱ franchirȱ àȱ leursȱ languesȱ etȱ culturesȱleȱseuilȱdeȱlaȱcitadinité.(Mammeri,1984:12) laȱlangueȱetȱlaȱcultureȱberbèreȱ[aientȱété]ȱmaîtressesȱdansȱdesȱespacesȱdȇaccèsȱ difficileȱ monts,ȱ désertȱ quiȱ jouentȱ unȱ rôleȱ deȱ refuge(...),ȱ leȱ tributȱ queȱ lesȱ berbérophonesȱ ontȱ dûȱ alorsȱ payerȱ pourȱ maintenirȱ unȱ équilibreȱ aȱ étéȱ deȱ restreindreȱleursȱlanguesȱetȱleursȱculturesȱàȱunȱdomaineȱclos,ȱdeȱseȱcouperȱlesȱ unsȱ desȱ autresȱ etȱ surtoutȱ deȱ nȇavoirȱ pasȱ faitȱ franchirȱ àȱ leursȱ languesȱ etȱ culturesȱleȱseuilȱdeȱlaȱcitadinité.(Mammeri,1984:12) 98 98 On comprend alors pourquoi, pour ces peuples, certaines expressionscommepaysȱarabe,paysȱkabylepeuventêtrejustifiéesdans la mesure où ils ne sont jamais sortis de leurs villages que pour émigrer en France. Lauteur a, en outre, conscience dune certaine unité de la Berbérie (et de ses dialectes) dont les héros recherchent les traces dans leurs voyages à travers le Maghreb. Dans Laȱ collineȱ oubliée, Idir se sent de lamitié pour les Berbères rifains dont les mœursetlalanguenesontpastrèsdifférentesdeceuxdesKabyles, et Menach évoque ses amours avec les petites Berbères de la montagne marocaine. Dans Lȇopium etȱ leȱ bâton, Bachir reprend la mêmequêteauMoyenAtlasmarocainetsonaventureaveclabelle Itto tire son charme de leur fraternité de langue et de race. Après lavoir quittée, Bachir pense à elle en ces termes : «cest en berbère quejeusseaiméluidirecelaetdautreschosesencoreȱ».(Mammeri, 1965:66.) On comprend alors pourquoi, pour ces peuples, certaines expressionscommepaysȱarabe,paysȱkabylepeuventêtrejustifiéesdans la mesure où ils ne sont jamais sortis de leurs villages que pour émigrer en France. Lauteur a, en outre, conscience dune certaine unité de la Berbérie (et de ses dialectes) dont les héros recherchent les traces dans leurs voyages à travers le Maghreb. Dans Laȱ collineȱ oubliée, Idir se sent de lamitié pour les Berbères rifains dont les mœursetlalanguenesontpastrèsdifférentesdeceuxdesKabyles, et Menach évoque ses amours avec les petites Berbères de la montagne marocaine. Dans Lȇopium etȱ leȱ bâton, Bachir reprend la mêmequêteauMoyenAtlasmarocainetsonaventureaveclabelle Itto tire son charme de leur fraternité de langue et de race. Après lavoir quittée, Bachir pense à elle en ces termes : «cest en berbère quejeusseaiméluidirecelaetdautreschosesencoreȱ».(Mammeri, 1965:66.) Tandis que la langue berbère devient un refuge contre la dépersonnalisation pour ces tribus retranchées dans les montagnes, lalanguearabeapparaîtcommeunelangueétrangère,mêmesielle restelalanguedelareligion. Tandis que la langue berbère devient un refuge contre la dépersonnalisation pour ces tribus retranchées dans les montagnes, lalanguearabeapparaîtcommeunelangueétrangère,mêmesielle restelalanguedelareligion. Dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, lorsque le père dArezki voit le komisarȱ(ladministrateur),cedernierluiditquelquechoseenarabe, le père ne répondit pas car il ne comprenait pas cette langue : lȇadministrateurȱ seȱ levaȱ deȱ nouveau,ȱ furieux,ȱ baragouinaȱ quelqueȱ choseȱ(Mammeri, 1955 : 21). Egalement, quand Slimane, le frère dArezki,quittelevillage,ilestcomplètementdépaysécar: Dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, lorsque le père dArezki voit le komisarȱ(ladministrateur),cedernierluiditquelquechoseenarabe, le père ne répondit pas car il ne comprenait pas cette langue : lȇadministrateurȱ seȱ levaȱ deȱ nouveau,ȱ furieux,ȱ baragouinaȱ quelqueȱ choseȱ(Mammeri, 1955 : 21). Egalement, quand Slimane, le frère dArezki,quittelevillage,ilestcomplètementdépaysécar: lȇétranger,ȱditil,ȱcȇestȱaussiȱdesȱlanguesȱnouvellesȱ:ȱSlimaneȱneȱcomprenaitȱ niȱ lȇarabeȱ niȱ leȱ françaisȱ (...).ȱ Ilȱ neȱ comprenaitȱ rienȱ auȱ torrentȱ rapideȱ etȱ coléreuxȱdesȱmotsȱarabesȱquiȱsortaientȱdeȱsaȱboucheȱ(Mammeri,1955:61) lȇétranger,ȱditil,ȱcȇestȱaussiȱdesȱlanguesȱnouvellesȱ:ȱSlimaneȱneȱcomprenaitȱ niȱ lȇarabeȱ niȱ leȱ françaisȱ (...).ȱ Ilȱ neȱ comprenaitȱ rienȱ auȱ torrentȱ rapideȱ etȱ coléreuxȱdesȱmotsȱarabesȱquiȱsortaientȱdeȱsaȱboucheȱ(Mammeri,1955:61) Le personnage de Slimane se distingue par sa seule compétencelinguistiqueenkabylecarilnajamaisquittésatribuoù lon ne parle que cette langue; mais très vite il se rend compte que pourgagnersavie,illuifaudraacquérirdautreslangues.Ainsiestil Le personnage de Slimane se distingue par sa seule compétencelinguistiqueenkabylecarilnajamaisquittésatribuoù lon ne parle que cette langue; mais très vite il se rend compte que pourgagnersavie,illuifaudraacquérirdautreslangues.Ainsiestil 99 99 On comprend alors pourquoi, pour ces peuples, certaines expressionscommepaysȱarabe,paysȱkabylepeuventêtrejustifiéesdans la mesure où ils ne sont jamais sortis de leurs villages que pour émigrer en France. Lauteur a, en outre, conscience dune certaine unité de la Berbérie (et de ses dialectes) dont les héros recherchent les traces dans leurs voyages à travers le Maghreb. Dans Laȱ collineȱ oubliée, Idir se sent de lamitié pour les Berbères rifains dont les mœursetlalanguenesontpastrèsdifférentesdeceuxdesKabyles, et Menach évoque ses amours avec les petites Berbères de la montagne marocaine. Dans Lȇopium etȱ leȱ bâton, Bachir reprend la mêmequêteauMoyenAtlasmarocainetsonaventureaveclabelle Itto tire son charme de leur fraternité de langue et de race. Après lavoir quittée, Bachir pense à elle en ces termes : «cest en berbère quejeusseaiméluidirecelaetdautreschosesencoreȱ».(Mammeri, 1965:66.) On comprend alors pourquoi, pour ces peuples, certaines expressionscommepaysȱarabe,paysȱkabylepeuventêtrejustifiéesdans la mesure où ils ne sont jamais sortis de leurs villages que pour émigrer en France. Lauteur a, en outre, conscience dune certaine unité de la Berbérie (et de ses dialectes) dont les héros recherchent les traces dans leurs voyages à travers le Maghreb. Dans Laȱ collineȱ oubliée, Idir se sent de lamitié pour les Berbères rifains dont les mœursetlalanguenesontpastrèsdifférentesdeceuxdesKabyles, et Menach évoque ses amours avec les petites Berbères de la montagne marocaine. Dans Lȇopium etȱ leȱ bâton, Bachir reprend la mêmequêteauMoyenAtlasmarocainetsonaventureaveclabelle Itto tire son charme de leur fraternité de langue et de race. Après lavoir quittée, Bachir pense à elle en ces termes : «cest en berbère quejeusseaiméluidirecelaetdautreschosesencoreȱ».(Mammeri, 1965:66.) Tandis que la langue berbère devient un refuge contre la dépersonnalisation pour ces tribus retranchées dans les montagnes, lalanguearabeapparaîtcommeunelangueétrangère,mêmesielle restelalanguedelareligion. Tandis que la langue berbère devient un refuge contre la dépersonnalisation pour ces tribus retranchées dans les montagnes, lalanguearabeapparaîtcommeunelangueétrangère,mêmesielle restelalanguedelareligion. Dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, lorsque le père dArezki voit le komisarȱ(ladministrateur),cedernierluiditquelquechoseenarabe, le père ne répondit pas car il ne comprenait pas cette langue : lȇadministrateurȱ seȱ levaȱ deȱ nouveau,ȱ furieux,ȱ baragouinaȱ quelqueȱ choseȱ(Mammeri, 1955 : 21). Egalement, quand Slimane, le frère dArezki,quittelevillage,ilestcomplètementdépaysécar: Dans Leȱ sommeilȱ duȱ juste, lorsque le père dArezki voit le komisarȱ(ladministrateur),cedernierluiditquelquechoseenarabe, le père ne répondit pas car il ne comprenait pas cette langue : lȇadministrateurȱ seȱ levaȱ deȱ nouveau,ȱ furieux,ȱ baragouinaȱ quelqueȱ choseȱ(Mammeri, 1955 : 21). Egalement, quand Slimane, le frère dArezki,quittelevillage,ilestcomplètementdépaysécar: lȇétranger,ȱditil,ȱcȇestȱaussiȱdesȱlanguesȱnouvellesȱ:ȱSlimaneȱneȱcomprenaitȱ niȱ lȇarabeȱ niȱ leȱ françaisȱ (...).ȱ Ilȱ neȱ comprenaitȱ rienȱ auȱ torrentȱ rapideȱ etȱ coléreuxȱdesȱmotsȱarabesȱquiȱsortaientȱdeȱsaȱboucheȱ(Mammeri,1955:61) lȇétranger,ȱditil,ȱcȇestȱaussiȱdesȱlanguesȱnouvellesȱ:ȱSlimaneȱneȱcomprenaitȱ niȱ lȇarabeȱ niȱ leȱ françaisȱ (...).ȱ Ilȱ neȱ comprenaitȱ rienȱ auȱ torrentȱ rapideȱ etȱ coléreuxȱdesȱmotsȱarabesȱquiȱsortaientȱdeȱsaȱboucheȱ(Mammeri,1955:61) Le personnage de Slimane se distingue par sa seule compétencelinguistiqueenkabylecarilnajamaisquittésatribuoù lon ne parle que cette langue; mais très vite il se rend compte que pourgagnersavie,illuifaudraacquérirdautreslangues.Ainsiestil Le personnage de Slimane se distingue par sa seule compétencelinguistiqueenkabylecarilnajamaisquittésatribuoù lon ne parle que cette langue; mais très vite il se rend compte que pourgagnersavie,illuifaudraacquérirdautreslangues.Ainsiestil 99 99 contraint d’apprendre avec Lounas quelques mots darabe pour pouvoirsemouvoirdanslemondedutravail,commesoncousinAkli, filsdeToudertetpatronduneferme,qu’ilsontentendu«vociféreren arabeaumilieudungroupedouvrierȱ».(Mammeri,1955:74). Ce mythe de la langue du cœur ne remet pas en cause malgré tout laffirmation de la patrie et de lalgérianité : quelleȱ étaitȱ belleȱ Yakout, l’Aalgérienneȱ !, dit Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ (Mammeri,1955:75). ȱ IV.ȱLAȱȱ«ȱMUSICALISATIONȱ»ȱNARRATIVEȱ La volonté de créer un monde langagier s’ouvrant sur l’universalité pousse lauteur à soumettre la langue à un traitement particulier. Laȱ langueȱ neȱ nommeȱ plus,ȱ elleȱ invente et accompagne lécriture dans la descente vers limaginaire, ce qui explique la présence de nombreuses images et lalternance de passages prosaïquesetpoétiques.Lamiseentextepoétiqueapparaîtdemblée dans certains passages, notamment dans les moments forts du récit oùladéraison,ledélireetloniriqueouvrentlechampàlaliberté d’expression,àlaproductiondimages,àunrythmespécifique,àla languemétissée.Lemessagepoétique,agissantcommesousuneffet de catharsis, affirme sa singularité par le biais du contenu ou de la «vision du monde» quil véhicule mais aussi par la pluralité des codesquiréalisentsaforme,cequipermetàl’œuvredes’ouvrirsur lapluralitédessensetsurlapluralitédescultures. Nous allons nous intéresser maintenant à un aspect esthétique assez singulier de l’écriture métissée, il s’agit de ce que l’on pourrait nommer la «musicalisation» de la narration, qui se manifesteàlafoisparuntravailsurlesignifiéetsurlesignifiant. IV.1ȱLaȱdimensionȱgraphiqueȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ Le rapport que l’auteur entretient avec la situation de plurilinguismedanslaquelleilvitl’amèneàjoueraveclesignifiant. Examiner le signifiant iconiquement produit permet de saisir les 100 contraint d’apprendre avec Lounas quelques mots darabe pour pouvoirsemouvoirdanslemondedutravail,commesoncousinAkli, filsdeToudertetpatronduneferme,qu’ilsontentendu«vociféreren arabeaumilieudungroupedouvrierȱ».(Mammeri,1955:74). Ce mythe de la langue du cœur ne remet pas en cause malgré tout laffirmation de la patrie et de lalgérianité : quelleȱ étaitȱ belleȱ Yakout, l’Aalgérienneȱ !, dit Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ (Mammeri,1955:75). ȱ IV.ȱLAȱȱ«ȱMUSICALISATIONȱ»ȱNARRATIVEȱ La volonté de créer un monde langagier s’ouvrant sur l’universalité pousse lauteur à soumettre la langue à un traitement particulier. Laȱ langueȱ neȱ nommeȱ plus,ȱ elleȱ invente et accompagne lécriture dans la descente vers limaginaire, ce qui explique la présence de nombreuses images et lalternance de passages prosaïquesetpoétiques.Lamiseentextepoétiqueapparaîtdemblée dans certains passages, notamment dans les moments forts du récit oùladéraison,ledélireetloniriqueouvrentlechampàlaliberté d’expression,àlaproductiondimages,àunrythmespécifique,àla languemétissée.Lemessagepoétique,agissantcommesousuneffet de catharsis, affirme sa singularité par le biais du contenu ou de la «vision du monde» quil véhicule mais aussi par la pluralité des codesquiréalisentsaforme,cequipermetàl’œuvredes’ouvrirsur lapluralitédessensetsurlapluralitédescultures. Nous allons nous intéresser maintenant à un aspect esthétique assez singulier de l’écriture métissée, il s’agit de ce que l’on pourrait nommer la «musicalisation» de la narration, qui se manifesteàlafoisparuntravailsurlesignifiéetsurlesignifiant. IV.1ȱLaȱdimensionȱgraphiqueȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ Le rapport que l’auteur entretient avec la situation de plurilinguismedanslaquelleilvitl’amèneàjoueraveclesignifiant. Examiner le signifiant iconiquement produit permet de saisir les 100 contraint d’apprendre avec Lounas quelques mots darabe pour pouvoirsemouvoirdanslemondedutravail,commesoncousinAkli, filsdeToudertetpatronduneferme,qu’ilsontentendu«vociféreren arabeaumilieudungroupedouvrierȱ».(Mammeri,1955:74). Ce mythe de la langue du cœur ne remet pas en cause malgré tout laffirmation de la patrie et de lalgérianité : quelleȱ étaitȱ belleȱ Yakout, l’Aalgérienneȱ !, dit Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ (Mammeri,1955:75). ȱ IV.ȱLAȱȱ«ȱMUSICALISATIONȱ»ȱNARRATIVEȱ La volonté de créer un monde langagier s’ouvrant sur l’universalité pousse lauteur à soumettre la langue à un traitement particulier. Laȱ langueȱ neȱ nommeȱ plus,ȱ elleȱ invente et accompagne lécriture dans la descente vers limaginaire, ce qui explique la présence de nombreuses images et lalternance de passages prosaïquesetpoétiques.Lamiseentextepoétiqueapparaîtdemblée dans certains passages, notamment dans les moments forts du récit oùladéraison,ledélireetloniriqueouvrentlechampàlaliberté d’expression,àlaproductiondimages,àunrythmespécifique,àla languemétissée.Lemessagepoétique,agissantcommesousuneffet de catharsis, affirme sa singularité par le biais du contenu ou de la «vision du monde» quil véhicule mais aussi par la pluralité des codesquiréalisentsaforme,cequipermetàl’œuvredes’ouvrirsur lapluralitédessensetsurlapluralitédescultures. Nous allons nous intéresser maintenant à un aspect esthétique assez singulier de l’écriture métissée, il s’agit de ce que l’on pourrait nommer la «musicalisation» de la narration, qui se manifesteàlafoisparuntravailsurlesignifiéetsurlesignifiant. IV.1ȱLaȱdimensionȱgraphiqueȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ Le rapport que l’auteur entretient avec la situation de plurilinguismedanslaquelleilvitl’amèneàjoueraveclesignifiant. Examiner le signifiant iconiquement produit permet de saisir les 100 contraint d’apprendre avec Lounas quelques mots darabe pour pouvoirsemouvoirdanslemondedutravail,commesoncousinAkli, filsdeToudertetpatronduneferme,qu’ilsontentendu«vociféreren arabeaumilieudungroupedouvrierȱ».(Mammeri,1955:74). Ce mythe de la langue du cœur ne remet pas en cause malgré tout laffirmation de la patrie et de lalgérianité : quelleȱ étaitȱ belleȱ Yakout, l’Aalgérienneȱ !, dit Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ (Mammeri,1955:75). ȱ IV.ȱLAȱȱ«ȱMUSICALISATIONȱ»ȱNARRATIVEȱ La volonté de créer un monde langagier s’ouvrant sur l’universalité pousse lauteur à soumettre la langue à un traitement particulier. Laȱ langueȱ neȱ nommeȱ plus,ȱ elleȱ invente et accompagne lécriture dans la descente vers limaginaire, ce qui explique la présence de nombreuses images et lalternance de passages prosaïquesetpoétiques.Lamiseentextepoétiqueapparaîtdemblée dans certains passages, notamment dans les moments forts du récit oùladéraison,ledélireetloniriqueouvrentlechampàlaliberté d’expression,àlaproductiondimages,àunrythmespécifique,àla languemétissée.Lemessagepoétique,agissantcommesousuneffet de catharsis, affirme sa singularité par le biais du contenu ou de la «vision du monde» quil véhicule mais aussi par la pluralité des codesquiréalisentsaforme,cequipermetàl’œuvredes’ouvrirsur lapluralitédessensetsurlapluralitédescultures. Nous allons nous intéresser maintenant à un aspect esthétique assez singulier de l’écriture métissée, il s’agit de ce que l’on pourrait nommer la «musicalisation» de la narration, qui se manifesteàlafoisparuntravailsurlesignifiéetsurlesignifiant. IV.1ȱLaȱdimensionȱgraphiqueȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ Le rapport que l’auteur entretient avec la situation de plurilinguismedanslaquelleilvitl’amèneàjoueraveclesignifiant. Examiner le signifiant iconiquement produit permet de saisir les 100 développements sémantiques quil autorise et son rôle rythmique. Dans la mise en valeur de la graphie du signifiant, l’auteur utilise litaliqueetjoueaveclalangueberbère. développements sémantiques quil autorise et son rôle rythmique. Dans la mise en valeur de la graphie du signifiant, l’auteur utilise litaliqueetjoueaveclalangueberbère. Dans Laȱ collineȱ oubliée, lorsque Sekoura rend visite à Aazi pourluidemanderdelaide,voicilesformulesquelleséchangent: Dans Laȱ collineȱ oubliée, lorsque Sekoura rend visite à Aazi pourluidemanderdelaide,voicilesformulesquelleséchangent: Ȭȱȱouaȱakka?ȱquiȱestȱlà? Ȭȱȱouaȱakka?ȱquiȱestȱlà? Elle voulut répondre simplement «dhnek.ȱ Cȇestȱ moi.» Les mots se serrèrentdanssagorge.Elleneréponditrien(...) Elle voulut répondre simplement «dhnek.ȱ Cȇestȱ moi.» Les mots se serrèrentdanssagorge.Elleneréponditrien(...) Aazivintouvrir: Aazivintouvrir: ȱȬDhkemȱaȱkouȱ?ȱcȇestȱtoi,ȱkouȱ?ȱ ȱȬDhkemȱaȱkouȱ?ȱcȇestȱtoi,ȱkouȱ?ȱ ȬȱLaaslama!ȱbonsoir...ȱ(Mammeri,1952:8081) ȬȱLaaslama!ȱbonsoir...ȱ(Mammeri,1952:8081) Ce recours aux interférences et leur mise en texte apparaît d’abord comme lȇexpressionȱ deȱ discoursȱ identitairesȱ exhibantȱ desȱ différencesȱ essentialiséesȱ enȱ ethnotypes (Jenny, 1972:12). Tout le problème consiste à êtreȱ soiȱ pourȱ soi,ȱ dansȱ laȱ langueȱ deȱ lȇautre. C’est aussi un procédé de ponctuation qui a pour fonction de construire un espace de référence extradiégétique. Ces multiples intrusions de lalanguematernelledelauteurdisentenoutrelaparoleretrouvée, dessinent une écriture daffirmation, ce qui permet de dire avec LaurentJennyqu’adopterȱuneȱécriture,ȱcȇestȱuneȱfaçonȱdȇafficherȱdansȱlesȱ motsȱsonȱappartenanceȱàȱunȱgroupeȱsocialȱculturelȱdonné,ȱcȇestȱsignifierȱsaȱ cultureȱetȱlȇidéologieȱquȇelleȱvéhicule(Jenny,1972/12:122) Parailleurs,deparleurdistributionrépétitiveetlefaitqu’ils sont porteurs dune marque socioanthropologique, les termes en italiquesontsortisscripturairementdelanonymat.L’italiquerétablit lafissureentrelesignifiantetlesignifiéenmanifestantlaltéritépar rapport à la langue française. Les mots pris dans cette nouvelle configurationindiquentquequelquechosesedonneàlire,ainsique le note Farida Boualit : Lȇitaliqueȱ estȱ laȱ marqueȱ dȇuneȱ opérationȱ énonciativeȱouȱplutôtȱsaȱfigure:ȱuneȱvoixȱécritȱainsiȱsaȱprésenceȱparceȱquȇelleȱ neȱpeutȱseȱdire.(Boualit,1993:111). Ce recours aux interférences et leur mise en texte apparaît d’abord comme lȇexpressionȱ deȱ discoursȱ identitairesȱ exhibantȱ desȱ différencesȱ essentialiséesȱ enȱ ethnotypes (Jenny, 1972:12). Tout le problème consiste à êtreȱ soiȱ pourȱ soi,ȱ dansȱ laȱ langueȱ deȱ lȇautre. C’est aussi un procédé de ponctuation qui a pour fonction de construire un espace de référence extradiégétique. Ces multiples intrusions de lalanguematernelledelauteurdisentenoutrelaparoleretrouvée, dessinent une écriture daffirmation, ce qui permet de dire avec LaurentJennyqu’adopterȱuneȱécriture,ȱcȇestȱuneȱfaçonȱdȇafficherȱdansȱlesȱ motsȱsonȱappartenanceȱàȱunȱgroupeȱsocialȱculturelȱdonné,ȱcȇestȱsignifierȱsaȱ cultureȱetȱlȇidéologieȱquȇelleȱvéhicule(Jenny,1972/12:122) Parailleurs,deparleurdistributionrépétitiveetlefaitqu’ils sont porteurs dune marque socioanthropologique, les termes en italiquesontsortisscripturairementdelanonymat.L’italiquerétablit lafissureentrelesignifiantetlesignifiéenmanifestantlaltéritépar rapport à la langue française. Les mots pris dans cette nouvelle configurationindiquentquequelquechosesedonneàlire,ainsique le note Farida Boualit : Lȇitaliqueȱ estȱ laȱ marqueȱ dȇuneȱ opérationȱ énonciativeȱouȱplutôtȱsaȱfigure:ȱuneȱvoixȱécritȱainsiȱsaȱprésenceȱparceȱquȇelleȱ neȱpeutȱseȱdire.(Boualit,1993:111). 101 101 développements sémantiques quil autorise et son rôle rythmique. Dans la mise en valeur de la graphie du signifiant, l’auteur utilise litaliqueetjoueaveclalangueberbère. développements sémantiques quil autorise et son rôle rythmique. Dans la mise en valeur de la graphie du signifiant, l’auteur utilise litaliqueetjoueaveclalangueberbère. Dans Laȱ collineȱ oubliée, lorsque Sekoura rend visite à Aazi pourluidemanderdelaide,voicilesformulesquelleséchangent: Dans Laȱ collineȱ oubliée, lorsque Sekoura rend visite à Aazi pourluidemanderdelaide,voicilesformulesquelleséchangent: Ȭȱȱouaȱakka?ȱquiȱestȱlà? Ȭȱȱouaȱakka?ȱquiȱestȱlà? Elle voulut répondre simplement «dhnek.ȱ Cȇestȱ moi.» Les mots se serrèrentdanssagorge.Elleneréponditrien(...) Elle voulut répondre simplement «dhnek.ȱ Cȇestȱ moi.» Les mots se serrèrentdanssagorge.Elleneréponditrien(...) Aazivintouvrir: Aazivintouvrir: ȱȬDhkemȱaȱkouȱ?ȱcȇestȱtoi,ȱkouȱ?ȱ ȱȬDhkemȱaȱkouȱ?ȱcȇestȱtoi,ȱkouȱ?ȱ ȬȱLaaslama!ȱbonsoir...ȱ(Mammeri,1952:8081) ȬȱLaaslama!ȱbonsoir...ȱ(Mammeri,1952:8081) Ce recours aux interférences et leur mise en texte apparaît d’abord comme lȇexpressionȱ deȱ discoursȱ identitairesȱ exhibantȱ desȱ différencesȱ essentialiséesȱ enȱ ethnotypes (Jenny, 1972:12). Tout le problème consiste à êtreȱ soiȱ pourȱ soi,ȱ dansȱ laȱ langueȱ deȱ lȇautre. C’est aussi un procédé de ponctuation qui a pour fonction de construire un espace de référence extradiégétique. Ces multiples intrusions de lalanguematernelledelauteurdisentenoutrelaparoleretrouvée, dessinent une écriture daffirmation, ce qui permet de dire avec LaurentJennyqu’adopterȱuneȱécriture,ȱcȇestȱuneȱfaçonȱdȇafficherȱdansȱlesȱ motsȱsonȱappartenanceȱàȱunȱgroupeȱsocialȱculturelȱdonné,ȱcȇestȱsignifierȱsaȱ cultureȱetȱlȇidéologieȱquȇelleȱvéhicule(Jenny,1972/12:122) Parailleurs,deparleurdistributionrépétitiveetlefaitqu’ils sont porteurs dune marque socioanthropologique, les termes en italiquesontsortisscripturairementdelanonymat.L’italiquerétablit lafissureentrelesignifiantetlesignifiéenmanifestantlaltéritépar rapport à la langue française. Les mots pris dans cette nouvelle configurationindiquentquequelquechosesedonneàlire,ainsique le note Farida Boualit : Lȇitaliqueȱ estȱ laȱ marqueȱ dȇuneȱ opérationȱ énonciativeȱouȱplutôtȱsaȱfigure:ȱuneȱvoixȱécritȱainsiȱsaȱprésenceȱparceȱquȇelleȱ neȱpeutȱseȱdire.(Boualit,1993:111). Ce recours aux interférences et leur mise en texte apparaît d’abord comme lȇexpressionȱ deȱ discoursȱ identitairesȱ exhibantȱ desȱ différencesȱ essentialiséesȱ enȱ ethnotypes (Jenny, 1972:12). Tout le problème consiste à êtreȱ soiȱ pourȱ soi,ȱ dansȱ laȱ langueȱ deȱ lȇautre. C’est aussi un procédé de ponctuation qui a pour fonction de construire un espace de référence extradiégétique. Ces multiples intrusions de lalanguematernelledelauteurdisentenoutrelaparoleretrouvée, dessinent une écriture daffirmation, ce qui permet de dire avec LaurentJennyqu’adopterȱuneȱécriture,ȱcȇestȱuneȱfaçonȱdȇafficherȱdansȱlesȱ motsȱsonȱappartenanceȱàȱunȱgroupeȱsocialȱculturelȱdonné,ȱcȇestȱsignifierȱsaȱ cultureȱetȱlȇidéologieȱquȇelleȱvéhicule(Jenny,1972/12:122) Parailleurs,deparleurdistributionrépétitiveetlefaitqu’ils sont porteurs dune marque socioanthropologique, les termes en italiquesontsortisscripturairementdelanonymat.L’italiquerétablit lafissureentrelesignifiantetlesignifiéenmanifestantlaltéritépar rapport à la langue française. Les mots pris dans cette nouvelle configurationindiquentquequelquechosesedonneàlire,ainsique le note Farida Boualit : Lȇitaliqueȱ estȱ laȱ marqueȱ dȇuneȱ opérationȱ énonciativeȱouȱplutôtȱsaȱfigure:ȱuneȱvoixȱécritȱainsiȱsaȱprésenceȱparceȱquȇelleȱ neȱpeutȱseȱdire.(Boualit,1993:111). 101 101 Tout se passe comme si l’auteur entend exprimer par l’italique l’existence de sa langue maternelle, imprimer son identité et surtout créer une langue nouvelle, métissée, une langue de l’émotionavecdenouveauxmots,berbères,etdenouvellessonorités afindeproduireunrythmeparticulier. IV.2.ȱLaȱdimensionȱauditiveȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ Aunautreniveau,lapoétiquedumixteintègreladimension auditive du signifiant en exploitant les ressources pulsionnelles propresausystèmephonétiquedelalanguematernelle.Onassisteà untravailsurlagraphieetsurlessonorités. Tout se passe comme si l’auteur entend exprimer par l’italique l’existence de sa langue maternelle, imprimer son identité et surtout créer une langue nouvelle, métissée, une langue de l’émotionavecdenouveauxmots,berbères,etdenouvellessonorités afindeproduireunrythmeparticulier. IV.2.ȱLaȱdimensionȱauditiveȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ Aunautreniveau,lapoétiquedumixteintègreladimension auditive du signifiant en exploitant les ressources pulsionnelles propresausystèmephonétiquedelalanguematernelle.Onassisteà untravailsurlagraphieetsurlessonorités. Leȱsignifiant,ȱétantȱdeȱnatureȱauditive,ȱseȱdérouleȱdansȱleȱtempsȱseulȱetȱaȱlesȱ caractèresȱquȇilȱemprunteȱauȱtempsȱ:ȱa)ȱilȱreprésenteȱuneȱétendueȱetȱb)ȱcetteȱ étendueȱestȱmesurableȱdansȱuneȱseuleȱdimension.(DeSaussure,1971:112.) Leȱsignifiant,ȱétantȱdeȱnatureȱauditive,ȱseȱdérouleȱdansȱleȱtempsȱseulȱetȱaȱlesȱ caractèresȱquȇilȱemprunteȱauȱtempsȱ:ȱa)ȱilȱreprésenteȱuneȱétendueȱetȱb)ȱcetteȱ étendueȱestȱmesurableȱdansȱuneȱseuleȱdimension.(DeSaussure,1971:112.) CetteremarquedeSaussureàproposdusignifiantsonoreest aussi valable pour le signifiant graphique. Ils sont donc perçus simultanément et cette perception suit nécessairement «la ligne métaphorique du temps», si bien quen tant que destinataire, on peut prétendre que les mots (courts ou longs) sont iconiquement et métaphoriquement associés à la brièveté ou à la longueur. C’est ce phénomène que l’écrivain exploite en faisant appel au berbère: le français est alors façonné à la convenance du scripteur, transformé par toutes les influences qu’il a subies, modulé par son parcours intellectueletlittéraireetsurtoutimprégnéparlalanguematernelle. Il arrive alors que sur la chaîne syntagmatique, certains graphèmes empruntés à la langue berbère, ne présentent pas une suite continue de phonèmes mais une succession de masses phoniques comme dans Laȱ collineȱ oubliée, par exemple,la voix que Mokraneentend,prononce: CetteremarquedeSaussureàproposdusignifiantsonoreest aussi valable pour le signifiant graphique. Ils sont donc perçus simultanément et cette perception suit nécessairement «la ligne métaphorique du temps», si bien quen tant que destinataire, on peut prétendre que les mots (courts ou longs) sont iconiquement et métaphoriquement associés à la brièveté ou à la longueur. C’est ce phénomène que l’écrivain exploite en faisant appel au berbère: le français est alors façonné à la convenance du scripteur, transformé par toutes les influences qu’il a subies, modulé par son parcours intellectueletlittéraireetsurtoutimprégnéparlalanguematernelle. Il arrive alors que sur la chaîne syntagmatique, certains graphèmes empruntés à la langue berbère, ne présentent pas une suite continue de phonèmes mais une succession de masses phoniques comme dans Laȱ collineȱ oubliée, par exemple,la voix que Mokraneentend,prononce: dji… i… i… i… id . … Cetteȱ voixȱ glaciale,ȱ horrible,ȱ sansȱ timbre,ȱ emplissantȱtoutȱl’espaceȱdeȱsonȱlongȱcriȱmonotoneȱquiȱinspiraitȱl’effroiȱd’uneȱ choseȱinhumaine,ȱetȱelleȱdisait,ȱlaȱvoixȱ:ȱ dji… i… i… i… id . … Cetteȱ voixȱ glaciale,ȱ horrible,ȱ sansȱ timbre,ȱ emplissantȱtoutȱl’espaceȱdeȱsonȱlongȱcriȱmonotoneȱquiȱinspiraitȱl’effroiȱd’uneȱ choseȱinhumaine,ȱetȱelleȱdisait,ȱlaȱvoixȱ:ȱ 102 102 Tout se passe comme si l’auteur entend exprimer par l’italique l’existence de sa langue maternelle, imprimer son identité et surtout créer une langue nouvelle, métissée, une langue de l’émotionavecdenouveauxmots,berbères,etdenouvellessonorités afindeproduireunrythmeparticulier. IV.2.ȱLaȱdimensionȱauditiveȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ Aunautreniveau,lapoétiquedumixteintègreladimension auditive du signifiant en exploitant les ressources pulsionnelles propresausystèmephonétiquedelalanguematernelle.Onassisteà untravailsurlagraphieetsurlessonorités. Tout se passe comme si l’auteur entend exprimer par l’italique l’existence de sa langue maternelle, imprimer son identité et surtout créer une langue nouvelle, métissée, une langue de l’émotionavecdenouveauxmots,berbères,etdenouvellessonorités afindeproduireunrythmeparticulier. IV.2.ȱLaȱdimensionȱauditiveȱduȱsigneȱlinguistiqueȱ Aunautreniveau,lapoétiquedumixteintègreladimension auditive du signifiant en exploitant les ressources pulsionnelles propresausystèmephonétiquedelalanguematernelle.Onassisteà untravailsurlagraphieetsurlessonorités. Leȱsignifiant,ȱétantȱdeȱnatureȱauditive,ȱseȱdérouleȱdansȱleȱtempsȱseulȱetȱaȱlesȱ caractèresȱquȇilȱemprunteȱauȱtempsȱ:ȱa)ȱilȱreprésenteȱuneȱétendueȱetȱb)ȱcetteȱ étendueȱestȱmesurableȱdansȱuneȱseuleȱdimension.(DeSaussure,1971:112.) Leȱsignifiant,ȱétantȱdeȱnatureȱauditive,ȱseȱdérouleȱdansȱleȱtempsȱseulȱetȱaȱlesȱ caractèresȱquȇilȱemprunteȱauȱtempsȱ:ȱa)ȱilȱreprésenteȱuneȱétendueȱetȱb)ȱcetteȱ étendueȱestȱmesurableȱdansȱuneȱseuleȱdimension.(DeSaussure,1971:112.) CetteremarquedeSaussureàproposdusignifiantsonoreest aussi valable pour le signifiant graphique. Ils sont donc perçus simultanément et cette perception suit nécessairement «la ligne métaphorique du temps», si bien quen tant que destinataire, on peut prétendre que les mots (courts ou longs) sont iconiquement et métaphoriquement associés à la brièveté ou à la longueur. C’est ce phénomène que l’écrivain exploite en faisant appel au berbère: le français est alors façonné à la convenance du scripteur, transformé par toutes les influences qu’il a subies, modulé par son parcours intellectueletlittéraireetsurtoutimprégnéparlalanguematernelle. Il arrive alors que sur la chaîne syntagmatique, certains graphèmes empruntés à la langue berbère, ne présentent pas une suite continue de phonèmes mais une succession de masses phoniques comme dans Laȱ collineȱ oubliée, par exemple,la voix que Mokraneentend,prononce: CetteremarquedeSaussureàproposdusignifiantsonoreest aussi valable pour le signifiant graphique. Ils sont donc perçus simultanément et cette perception suit nécessairement «la ligne métaphorique du temps», si bien quen tant que destinataire, on peut prétendre que les mots (courts ou longs) sont iconiquement et métaphoriquement associés à la brièveté ou à la longueur. C’est ce phénomène que l’écrivain exploite en faisant appel au berbère: le français est alors façonné à la convenance du scripteur, transformé par toutes les influences qu’il a subies, modulé par son parcours intellectueletlittéraireetsurtoutimprégnéparlalanguematernelle. Il arrive alors que sur la chaîne syntagmatique, certains graphèmes empruntés à la langue berbère, ne présentent pas une suite continue de phonèmes mais une succession de masses phoniques comme dans Laȱ collineȱ oubliée, par exemple,la voix que Mokraneentend,prononce: dji… i… i… i… id . … Cetteȱ voixȱ glaciale,ȱ horrible,ȱ sansȱ timbre,ȱ emplissantȱtoutȱl’espaceȱdeȱsonȱlongȱcriȱmonotoneȱquiȱinspiraitȱl’effroiȱd’uneȱ choseȱinhumaine,ȱetȱelleȱdisait,ȱlaȱvoixȱ:ȱ dji… i… i… i… id . … Cetteȱ voixȱ glaciale,ȱ horrible,ȱ sansȱ timbre,ȱ emplissantȱtoutȱl’espaceȱdeȱsonȱlongȱcriȱmonotoneȱquiȱinspiraitȱl’effroiȱd’uneȱ choseȱinhumaine,ȱetȱelleȱdisait,ȱlaȱvoixȱ:ȱ 102 102 ȬȱMokrane,ȱdesȱfilsȱdeȱChaalal,ȱàȱquiȱm’asȬtuȱlaisséeȱ?ȱȱ ȬȱMokrane,ȱdesȱfilsȱdeȱChaalal,ȱàȱquiȱm’asȬtuȱlaisséeȱ?ȱȱ Ilȱ seȱ leva,ȱ laȱ poitrineȱ oppressée,ȱ avecȱ encoreȱ dansȱ lesȱ yeuxȱ l’imageȱ deȱ cetteȱ harpieȱ hautaine,ȱ échevelée,ȱ etȱ dansȱ lesȱ oreillesȱ laȱ dernièreȱ syllabeȱ indéfinimentȱ prolongéeȱ deȱ «ȱlaisséeȱ «ȱ:ȱ dji…ȱ i…ȱ i…ȱ i…ȱ id (Mammeri, 1952:128). Ilȱ seȱ leva,ȱ laȱ poitrineȱ oppressée,ȱ avecȱ encoreȱ dansȱ lesȱ yeuxȱ l’imageȱ deȱ cetteȱ harpieȱ hautaine,ȱ échevelée,ȱ etȱ dansȱ lesȱ oreillesȱ laȱ dernièreȱ syllabeȱ indéfinimentȱ prolongéeȱ deȱ «ȱlaisséeȱ «ȱ:ȱ dji…ȱ i…ȱ i…ȱ i…ȱ id (Mammeri, 1952:128). Le passage du trait continu au pointillé ainsi que l’allongement de la voyelle marque l’insistance de la voix et du mêmecouprythmelepassageaumêmetitrequelavoixdelafemme rythme le parcours de Mokrane. Le mot détaché est ainsi vu avant dêtre lu, il marque une durée perceptible par le lecteur et indique lempreinteducorpsdansletexte.Ceprocédédemiseenvaleurde lagraphiedusignifiantpermetdedécomposerlemotenphonèmes, de mettre laccent sur la matérialité du signifiant en lextrayant du reste du texte, brisent homogénéité et la continuité du discours commeilmetenexergueladistanceénonciativeetdecefaitincitele lecteuràunelectureactiveafindensaisirlesens.Lalanguemétissée dansceparagrapheexploiteenoutrelemonologueintérieur,quiest l’une des manifestations de l’oralité, et induit un projet de style branché sur la création populaire. D’ailleurs, on retrouve dans l’œuvre de l’écrivain d’autres éléments culturels qui mettent en jeu lestraitsidentitairesdusujetsocial,cesontdeshypotextestelsque contes,nouvelles,proverbesetsentences. Le passage du trait continu au pointillé ainsi que l’allongement de la voyelle marque l’insistance de la voix et du mêmecouprythmelepassageaumêmetitrequelavoixdelafemme rythme le parcours de Mokrane. Le mot détaché est ainsi vu avant dêtre lu, il marque une durée perceptible par le lecteur et indique lempreinteducorpsdansletexte.Ceprocédédemiseenvaleurde lagraphiedusignifiantpermetdedécomposerlemotenphonèmes, de mettre laccent sur la matérialité du signifiant en lextrayant du reste du texte, brisent homogénéité et la continuité du discours commeilmetenexergueladistanceénonciativeetdecefaitincitele lecteuràunelectureactiveafindensaisirlesens.Lalanguemétissée dansceparagrapheexploiteenoutrelemonologueintérieur,quiest l’une des manifestations de l’oralité, et induit un projet de style branché sur la création populaire. D’ailleurs, on retrouve dans l’œuvre de l’écrivain d’autres éléments culturels qui mettent en jeu lestraitsidentitairesdusujetsocial,cesontdeshypotextestelsque contes,nouvelles,proverbesetsentences. Tous ces fragments réflexifs de l’oralité montrent comment entantqu’hommedelangage,Mammerientendlivrerbataillepour plier le français à ses sentiments intimes et aboutir à un accord difficile entre les mots français et les mots de la tribu, mais aussi imprimerunrythmequiailleversunesymbioseentredeuxlangues, deuxculturesetlibèreunepoétiqueàlamesuredumixte. Tous ces fragments réflexifs de l’oralité montrent comment entantqu’hommedelangage,Mammerientendlivrerbataillepour plier le français à ses sentiments intimes et aboutir à un accord difficile entre les mots français et les mots de la tribu, mais aussi imprimerunrythmequiailleversunesymbioseentredeuxlangues, deuxculturesetlibèreunepoétiqueàlamesuredumixte. L’œuvre de Mammeri est donc un espace foncièrement dialogique. La volonté d’incarner dans les signifiants de l’Autre, sa propre existence, et de s’ouvrir sur autrui, passe par plusieurs procédés.L’analysedufonctionnementdelalangueetdesamiseen scène a montré comment s’effectue le métissage linguistique et culturel et comment il est vécu. De même, l’analyse des matériaux L’œuvre de Mammeri est donc un espace foncièrement dialogique. La volonté d’incarner dans les signifiants de l’Autre, sa propre existence, et de s’ouvrir sur autrui, passe par plusieurs procédés.L’analysedufonctionnementdelalangueetdesamiseen scène a montré comment s’effectue le métissage linguistique et culturel et comment il est vécu. De même, l’analyse des matériaux 103 103 ȬȱMokrane,ȱdesȱfilsȱdeȱChaalal,ȱàȱquiȱm’asȬtuȱlaisséeȱ?ȱȱ ȬȱMokrane,ȱdesȱfilsȱdeȱChaalal,ȱàȱquiȱm’asȬtuȱlaisséeȱ?ȱȱ Ilȱ seȱ leva,ȱ laȱ poitrineȱ oppressée,ȱ avecȱ encoreȱ dansȱ lesȱ yeuxȱ l’imageȱ deȱ cetteȱ harpieȱ hautaine,ȱ échevelée,ȱ etȱ dansȱ lesȱ oreillesȱ laȱ dernièreȱ syllabeȱ indéfinimentȱ prolongéeȱ deȱ «ȱlaisséeȱ «ȱ:ȱ dji…ȱ i…ȱ i…ȱ i…ȱ id (Mammeri, 1952:128). Ilȱ seȱ leva,ȱ laȱ poitrineȱ oppressée,ȱ avecȱ encoreȱ dansȱ lesȱ yeuxȱ l’imageȱ deȱ cetteȱ harpieȱ hautaine,ȱ échevelée,ȱ etȱ dansȱ lesȱ oreillesȱ laȱ dernièreȱ syllabeȱ indéfinimentȱ prolongéeȱ deȱ «ȱlaisséeȱ «ȱ:ȱ dji…ȱ i…ȱ i…ȱ i…ȱ id (Mammeri, 1952:128). Le passage du trait continu au pointillé ainsi que l’allongement de la voyelle marque l’insistance de la voix et du mêmecouprythmelepassageaumêmetitrequelavoixdelafemme rythme le parcours de Mokrane. Le mot détaché est ainsi vu avant dêtre lu, il marque une durée perceptible par le lecteur et indique lempreinteducorpsdansletexte.Ceprocédédemiseenvaleurde lagraphiedusignifiantpermetdedécomposerlemotenphonèmes, de mettre laccent sur la matérialité du signifiant en lextrayant du reste du texte, brisent homogénéité et la continuité du discours commeilmetenexergueladistanceénonciativeetdecefaitincitele lecteuràunelectureactiveafindensaisirlesens.Lalanguemétissée dansceparagrapheexploiteenoutrelemonologueintérieur,quiest l’une des manifestations de l’oralité, et induit un projet de style branché sur la création populaire. D’ailleurs, on retrouve dans l’œuvre de l’écrivain d’autres éléments culturels qui mettent en jeu lestraitsidentitairesdusujetsocial,cesontdeshypotextestelsque contes,nouvelles,proverbesetsentences. Le passage du trait continu au pointillé ainsi que l’allongement de la voyelle marque l’insistance de la voix et du mêmecouprythmelepassageaumêmetitrequelavoixdelafemme rythme le parcours de Mokrane. Le mot détaché est ainsi vu avant dêtre lu, il marque une durée perceptible par le lecteur et indique lempreinteducorpsdansletexte.Ceprocédédemiseenvaleurde lagraphiedusignifiantpermetdedécomposerlemotenphonèmes, de mettre laccent sur la matérialité du signifiant en lextrayant du reste du texte, brisent homogénéité et la continuité du discours commeilmetenexergueladistanceénonciativeetdecefaitincitele lecteuràunelectureactiveafindensaisirlesens.Lalanguemétissée dansceparagrapheexploiteenoutrelemonologueintérieur,quiest l’une des manifestations de l’oralité, et induit un projet de style branché sur la création populaire. D’ailleurs, on retrouve dans l’œuvre de l’écrivain d’autres éléments culturels qui mettent en jeu lestraitsidentitairesdusujetsocial,cesontdeshypotextestelsque contes,nouvelles,proverbesetsentences. Tous ces fragments réflexifs de l’oralité montrent comment entantqu’hommedelangage,Mammerientendlivrerbataillepour plier le français à ses sentiments intimes et aboutir à un accord difficile entre les mots français et les mots de la tribu, mais aussi imprimerunrythmequiailleversunesymbioseentredeuxlangues, deuxculturesetlibèreunepoétiqueàlamesuredumixte. Tous ces fragments réflexifs de l’oralité montrent comment entantqu’hommedelangage,Mammerientendlivrerbataillepour plier le français à ses sentiments intimes et aboutir à un accord difficile entre les mots français et les mots de la tribu, mais aussi imprimerunrythmequiailleversunesymbioseentredeuxlangues, deuxculturesetlibèreunepoétiqueàlamesuredumixte. L’œuvre de Mammeri est donc un espace foncièrement dialogique. La volonté d’incarner dans les signifiants de l’Autre, sa propre existence, et de s’ouvrir sur autrui, passe par plusieurs procédés.L’analysedufonctionnementdelalangueetdesamiseen scène a montré comment s’effectue le métissage linguistique et culturel et comment il est vécu. De même, l’analyse des matériaux L’œuvre de Mammeri est donc un espace foncièrement dialogique. La volonté d’incarner dans les signifiants de l’Autre, sa propre existence, et de s’ouvrir sur autrui, passe par plusieurs procédés.L’analysedufonctionnementdelalangueetdesamiseen scène a montré comment s’effectue le métissage linguistique et culturel et comment il est vécu. De même, l’analyse des matériaux 103 103 composant ces textes, leurs règles de fabrication, les modalités de leur fonctionnement permettent d’inventer une écriture et une culture du mixte, non pas dans un hypothétique «entre deux» qui relieraitlespécifiqueetl’universelmaispleinementdansl’unetdans l’autre: dans l’un par l’autre et réciproquement car, précise l’écrivain, composant ces textes, leurs règles de fabrication, les modalités de leur fonctionnement permettent d’inventer une écriture et une culture du mixte, non pas dans un hypothétique «entre deux» qui relieraitlespécifiqueetl’universelmaispleinementdansl’unetdans l’autre: dans l’un par l’autre et réciproquement car, précise l’écrivain, laȱ cultureȱ occidentaleȱ queȱ lȇonȱ sȇefforçaitȱ deȱ nousȱ faireȱ assimilerȱ nousȱ aȱ obligésȱjustementȱàȱsortirȱdeȱnous,ȱelleȱnousȱaȱobligésȱauȱmouvementȱ(…)Jeȱ considèreȱqueȱjȇaiȱàȱpeuȱprèsȱconciliéȱlesȱdeuxȱcultures.ȱJeȱnȇéprouveȱdȇamourȱ aveugleȱ niȱ pourȱ lȇuneȱ niȱ pourȱ lȇautre,ȱ maisȱ uneȱ sympathieȱ profondeȱ etȱ (...)ȱ critique.ȱ Leȱ faitȱ dȇavoirȱ participéȱ desȱ deuxȱ mȇaȱ certainementȱ enrichi,ȱ mȇaȱ permisȱ deȱ prendreȱ dansȱ chacuneȱ ceȱ quȇilȱ yȱ aȱ deȱ meilleur,ȱ lȇuneȱ corrigeantȱ lȇautre.ȱ(Mammeri,1964:22)ȱ laȱ cultureȱ occidentaleȱ queȱ lȇonȱ sȇefforçaitȱ deȱ nousȱ faireȱ assimilerȱ nousȱ aȱ obligésȱjustementȱàȱsortirȱdeȱnous,ȱelleȱnousȱaȱobligésȱauȱmouvementȱ(…)Jeȱ considèreȱqueȱjȇaiȱàȱpeuȱprèsȱconciliéȱlesȱdeuxȱcultures.ȱJeȱnȇéprouveȱdȇamourȱ aveugleȱ niȱ pourȱ lȇuneȱ niȱ pourȱ lȇautre,ȱ maisȱ uneȱ sympathieȱ profondeȱ etȱ (...)ȱ critique.ȱ Leȱ faitȱ dȇavoirȱ participéȱ desȱ deuxȱ mȇaȱ certainementȱ enrichi,ȱ mȇaȱ permisȱ deȱ prendreȱ dansȱ chacuneȱ ceȱ quȇilȱ yȱ aȱ deȱ meilleur,ȱ lȇuneȱ corrigeantȱ lȇautre.ȱ(Mammeri,1964:22)ȱ Endéfinitive,lemétissagelinguistiqueetculturelneseraitil paslamarquedecequepourraitêtreledialoguedesculturesparleur intégration positive, un dialogue qui tendrait vers l’affirmation de l’universalité? RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ Endéfinitive,lemétissagelinguistiqueetculturelneseraitil paslamarquedecequepourraitêtreledialoguedesculturesparleur intégration positive, un dialogue qui tendrait vers l’affirmation de l’universalité? RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ABBESKARA AtikaYasmine, 2000, Etudeȱ lexicologique,ȱ stylistiqueȱ etȱ pragmatiqueȱ deȱ l’œuvreȱ deȱ Mouloudȱ Mammeri, Thèse de doctorat. UniversitédeSophiaAntipolis.Nice. ABBESKARA AtikaYasmine, 2000, Etudeȱ lexicologique,ȱ stylistiqueȱ etȱ pragmatiqueȱ deȱ l’œuvreȱ deȱ Mouloudȱ Mammeri, Thèse de doctorat. UniversitédeSophiaAntipolis.Nice. ,2000,ȱ Hypermameri, logiciel réalisé sous la direction d’Etienne Brunet,CNRSNice,SophiaAntipolis. ,2000,ȱ Hypermameri, logiciel réalisé sous la direction d’Etienne Brunet,CNRSNice,SophiaAntipolis. BOUALIT Farida, 1993, Pourȱ uneȱ poétiqueȱ deȱ laȱ chromatographie, thèse de doctoratdétat. BOUALIT Farida, 1993, Pourȱ uneȱ poétiqueȱ deȱ laȱ chromatographie, thèse de doctoratdétat. DEJEUX Jean, 1980,ȱ Littératureȱ maghrébineȱ deȱ langueȱ française, Editions Naaman,Sherbrooke. DEJEUX Jean, 1980,ȱ Littératureȱ maghrébineȱ deȱ langueȱ française, Editions Naaman,Sherbrooke. DESAUSSUREȱFerdinand,1971,Coursȱdeȱlinguistiqueȱgénérale,Paris,Payot. DESAUSSUREȱFerdinand,1971,Coursȱdeȱlinguistiqueȱgénérale,Paris,Payot. JENNYLaurent,1972,Structureȱetȱfonctionȱduȱcliché,Poétique12,Editionsdu Seuil,Paris. JENNYLaurent,1972,Structureȱetȱfonctionȱduȱcliché,Poétique12,Editionsdu Seuil,Paris. KHADDANadjet,1996,«Lalittératurealgériennedelanguefrançaise:une littératureandrogyne»inȱFiguresȱdeȱl’interculturalité,éditéparJacques KHADDANadjet,1996,«Lalittératurealgériennedelanguefrançaise:une littératureandrogyne»inȱFiguresȱdeȱl’interculturalité,éditéparJacques 104 104 composant ces textes, leurs règles de fabrication, les modalités de leur fonctionnement permettent d’inventer une écriture et une culture du mixte, non pas dans un hypothétique «entre deux» qui relieraitlespécifiqueetl’universelmaispleinementdansl’unetdans l’autre: dans l’un par l’autre et réciproquement car, précise l’écrivain, composant ces textes, leurs règles de fabrication, les modalités de leur fonctionnement permettent d’inventer une écriture et une culture du mixte, non pas dans un hypothétique «entre deux» qui relieraitlespécifiqueetl’universelmaispleinementdansl’unetdans l’autre: dans l’un par l’autre et réciproquement car, précise l’écrivain, laȱ cultureȱ occidentaleȱ queȱ lȇonȱ sȇefforçaitȱ deȱ nousȱ faireȱ assimilerȱ nousȱ aȱ obligésȱjustementȱàȱsortirȱdeȱnous,ȱelleȱnousȱaȱobligésȱauȱmouvementȱ(…)Jeȱ considèreȱqueȱjȇaiȱàȱpeuȱprèsȱconciliéȱlesȱdeuxȱcultures.ȱJeȱnȇéprouveȱdȇamourȱ aveugleȱ niȱ pourȱ lȇuneȱ niȱ pourȱ lȇautre,ȱ maisȱ uneȱ sympathieȱ profondeȱ etȱ (...)ȱ critique.ȱ Leȱ faitȱ dȇavoirȱ participéȱ desȱ deuxȱ mȇaȱ certainementȱ enrichi,ȱ mȇaȱ permisȱ deȱ prendreȱ dansȱ chacuneȱ ceȱ quȇilȱ yȱ aȱ deȱ meilleur,ȱ lȇuneȱ corrigeantȱ lȇautre.ȱ(Mammeri,1964:22)ȱ laȱ cultureȱ occidentaleȱ queȱ lȇonȱ sȇefforçaitȱ deȱ nousȱ faireȱ assimilerȱ nousȱ aȱ obligésȱjustementȱàȱsortirȱdeȱnous,ȱelleȱnousȱaȱobligésȱauȱmouvementȱ(…)Jeȱ considèreȱqueȱjȇaiȱàȱpeuȱprèsȱconciliéȱlesȱdeuxȱcultures.ȱJeȱnȇéprouveȱdȇamourȱ aveugleȱ niȱ pourȱ lȇuneȱ niȱ pourȱ lȇautre,ȱ maisȱ uneȱ sympathieȱ profondeȱ etȱ (...)ȱ critique.ȱ Leȱ faitȱ dȇavoirȱ participéȱ desȱ deuxȱ mȇaȱ certainementȱ enrichi,ȱ mȇaȱ permisȱ deȱ prendreȱ dansȱ chacuneȱ ceȱ quȇilȱ yȱ aȱ deȱ meilleur,ȱ lȇuneȱ corrigeantȱ lȇautre.ȱ(Mammeri,1964:22)ȱ Endéfinitive,lemétissagelinguistiqueetculturelneseraitil paslamarquedecequepourraitêtreledialoguedesculturesparleur intégration positive, un dialogue qui tendrait vers l’affirmation de l’universalité? RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ Endéfinitive,lemétissagelinguistiqueetculturelneseraitil paslamarquedecequepourraitêtreledialoguedesculturesparleur intégration positive, un dialogue qui tendrait vers l’affirmation de l’universalité? RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ABBESKARA AtikaYasmine, 2000, Etudeȱ lexicologique,ȱ stylistiqueȱ etȱ pragmatiqueȱ deȱ l’œuvreȱ deȱ Mouloudȱ Mammeri, Thèse de doctorat. UniversitédeSophiaAntipolis.Nice. ABBESKARA AtikaYasmine, 2000, Etudeȱ lexicologique,ȱ stylistiqueȱ etȱ pragmatiqueȱ deȱ l’œuvreȱ deȱ Mouloudȱ Mammeri, Thèse de doctorat. UniversitédeSophiaAntipolis.Nice. ,2000,ȱ Hypermameri, logiciel réalisé sous la direction d’Etienne Brunet,CNRSNice,SophiaAntipolis. ,2000,ȱ Hypermameri, logiciel réalisé sous la direction d’Etienne Brunet,CNRSNice,SophiaAntipolis. BOUALIT Farida, 1993, Pourȱ uneȱ poétiqueȱ deȱ laȱ chromatographie, thèse de doctoratdétat. BOUALIT Farida, 1993, Pourȱ uneȱ poétiqueȱ deȱ laȱ chromatographie, thèse de doctoratdétat. DEJEUX Jean, 1980,ȱ Littératureȱ maghrébineȱ deȱ langueȱ française, Editions Naaman,Sherbrooke. DEJEUX Jean, 1980,ȱ Littératureȱ maghrébineȱ deȱ langueȱ française, Editions Naaman,Sherbrooke. DESAUSSUREȱFerdinand,1971,Coursȱdeȱlinguistiqueȱgénérale,Paris,Payot. DESAUSSUREȱFerdinand,1971,Coursȱdeȱlinguistiqueȱgénérale,Paris,Payot. JENNYLaurent,1972,Structureȱetȱfonctionȱduȱcliché,Poétique12,Editionsdu Seuil,Paris. JENNYLaurent,1972,Structureȱetȱfonctionȱduȱcliché,Poétique12,Editionsdu Seuil,Paris. KHADDANadjet,1996,«Lalittératurealgériennedelanguefrançaise:une littératureandrogyne»inȱFiguresȱdeȱl’interculturalité,éditéparJacques KHADDANadjet,1996,«Lalittératurealgériennedelanguefrançaise:une littératureandrogyne»inȱFiguresȱdeȱl’interculturalité,éditéparJacques 104 104 Brés, Catherine Détrie, Paul Siblot, université Paul Valéry, MontpellierIII. Brés, Catherine Détrie, Paul Siblot, université Paul Valéry, MontpellierIII. LAFONTRobert,1978,Leȱtravailȱetȱlaȱlangue,Paris,Flammarion. LAFONTRobert,1978,Leȱtravailȱetȱlaȱlangue,Paris,Flammarion. MACKEY William,ȱ 1986, Bilinguismeȱ etȱ contactsȱ deȱ langues, Editions Klincsieck,Paris.ȱ MACKEY William,ȱ 1986, Bilinguismeȱ etȱ contactsȱ deȱ langues, Editions Klincsieck,Paris.ȱ Revueȱconfluent,n°32.34.,1964. Revueȱconfluent,n°32.34.,1964. Révolutionȱafricaine,n°128juillet1965. Révolutionȱafricaine,n°128juillet1965. MAMMERI Mouloud, 1987, Entretienȱ avecȱ Taharȱ Djaout, Alger, Ed. Laphomic. MAMMERI Mouloud, 1987, Entretienȱ avecȱ Taharȱ Djaout, Alger, Ed. Laphomic. ,1984,RevueAwal,Paris. ,1984,RevueAwal,Paris. ȱ BIBLIOGRAPHIEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ ȱ BIBLIOGRAPHIEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ ȱ ȱ Romansȱ:ȱ Romansȱ:ȱ 1952,LaȱCollineȱoubliée,Paris,Plon. 1952,LaȱCollineȱoubliée,Paris,Plon. 1955,LeȱSommeilȱduȱjuste,Paris,Plon. 1955,LeȱSommeilȱduȱjuste,Paris,Plon. 1965,LȇOpiumȱetȱleȱbâton,Paris,Plon. 1965,LȇOpiumȱetȱleȱbâton,Paris,Plon. 1982,LaȱTraversée,Paris,Plon. 1982,LaȱTraversée,Paris,Plon. Nouvellesȱ:ȱ Nouvellesȱ:ȱ «Ameurdesarcadesetl’ordre»,Paris,1992,Plon,Latableronde,n°72. «Ameurdesarcadesetl’ordre»,Paris,1992,Plon,Latableronde,n°72. «LeZèbre»,Preuves,Paris,N°76,Juin1957,PP.3367. «LeZèbre»,Preuves,Paris,N°76,Juin1957,PP.3367. «LaMeute»,Europe,Paris,N°567568,JuilletAoût1976. «LaMeute»,Europe,Paris,N°567568,JuilletAoût1976. «L’Hibiscus»,Montréal,1985,DérivesN°49,PP.6780. «L’Hibiscus»,Montréal,1985,DérivesN°49,PP.6780. «LeDésertAtavique»,Paris,1981,quotidienLeȱMondedu16Août1981. «LeDésertAtavique»,Paris,1981,quotidienLeȱMondedu16Août1981. «TénéréAtavique»,Paris,1983,RevueAutrementN°05. «TénéréAtavique»,Paris,1983,RevueAutrementN°05. «Escales»,Alger,1985,Révolutionafricaine;Paris,1992. «Escales»,Alger,1985,Révolutionafricaine;Paris,1992. «Le Foehn ou la preuve par neuf», Paris, PubliSud, 1982, 2nde édition, Paris. «Le Foehn ou la preuve par neuf», Paris, PubliSud, 1982, 2nde édition, Paris. «Le Banquet», précédé d’un dossier, la mort absurde des aztèques, Paris, LibrairieacadémiquePerrin,1973. «Le Banquet», précédé d’un dossier, la mort absurde des aztèques, Paris, LibrairieacadémiquePerrin,1973. «La Cité du soleil», 1987, sortie en trois tableaux, suivi de M. Mammeri: EntretienavecTaharDjaout,Alger,Laphomic. «La Cité du soleil», 1987, sortie en trois tableaux, suivi de M. Mammeri: EntretienavecTaharDjaout,Alger,Laphomic. 105 105 Brés, Catherine Détrie, Paul Siblot, université Paul Valéry, MontpellierIII. Brés, Catherine Détrie, Paul Siblot, université Paul Valéry, MontpellierIII. LAFONTRobert,1978,Leȱtravailȱetȱlaȱlangue,Paris,Flammarion. LAFONTRobert,1978,Leȱtravailȱetȱlaȱlangue,Paris,Flammarion. MACKEY William,ȱ 1986, Bilinguismeȱ etȱ contactsȱ deȱ langues, Editions Klincsieck,Paris.ȱ MACKEY William,ȱ 1986, Bilinguismeȱ etȱ contactsȱ deȱ langues, Editions Klincsieck,Paris.ȱ Revueȱconfluent,n°32.34.,1964. Revueȱconfluent,n°32.34.,1964. Révolutionȱafricaine,n°128juillet1965. Révolutionȱafricaine,n°128juillet1965. MAMMERI Mouloud, 1987, Entretienȱ avecȱ Taharȱ Djaout, Alger, Ed. Laphomic. MAMMERI Mouloud, 1987, Entretienȱ avecȱ Taharȱ Djaout, Alger, Ed. Laphomic. ,1984,RevueAwal,Paris. ,1984,RevueAwal,Paris. ȱ BIBLIOGRAPHIEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ ȱ BIBLIOGRAPHIEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ ȱ ȱ Romansȱ:ȱ Romansȱ:ȱ 1952,LaȱCollineȱoubliée,Paris,Plon. 1952,LaȱCollineȱoubliée,Paris,Plon. 1955,LeȱSommeilȱduȱjuste,Paris,Plon. 1955,LeȱSommeilȱduȱjuste,Paris,Plon. 1965,LȇOpiumȱetȱleȱbâton,Paris,Plon. 1965,LȇOpiumȱetȱleȱbâton,Paris,Plon. 1982,LaȱTraversée,Paris,Plon. 1982,LaȱTraversée,Paris,Plon. Nouvellesȱ:ȱ Nouvellesȱ:ȱ «Ameurdesarcadesetl’ordre»,Paris,1992,Plon,Latableronde,n°72. «Ameurdesarcadesetl’ordre»,Paris,1992,Plon,Latableronde,n°72. «LeZèbre»,Preuves,Paris,N°76,Juin1957,PP.3367. «LeZèbre»,Preuves,Paris,N°76,Juin1957,PP.3367. «LaMeute»,Europe,Paris,N°567568,JuilletAoût1976. «LaMeute»,Europe,Paris,N°567568,JuilletAoût1976. «L’Hibiscus»,Montréal,1985,DérivesN°49,PP.6780. «L’Hibiscus»,Montréal,1985,DérivesN°49,PP.6780. «LeDésertAtavique»,Paris,1981,quotidienLeȱMondedu16Août1981. «LeDésertAtavique»,Paris,1981,quotidienLeȱMondedu16Août1981. «TénéréAtavique»,Paris,1983,RevueAutrementN°05. «TénéréAtavique»,Paris,1983,RevueAutrementN°05. «Escales»,Alger,1985,Révolutionafricaine;Paris,1992. «Escales»,Alger,1985,Révolutionafricaine;Paris,1992. «Le Foehn ou la preuve par neuf», Paris, PubliSud, 1982, 2nde édition, Paris. «Le Foehn ou la preuve par neuf», Paris, PubliSud, 1982, 2nde édition, Paris. «Le Banquet», précédé d’un dossier, la mort absurde des aztèques, Paris, LibrairieacadémiquePerrin,1973. «Le Banquet», précédé d’un dossier, la mort absurde des aztèques, Paris, LibrairieacadémiquePerrin,1973. «La Cité du soleil», 1987, sortie en trois tableaux, suivi de M. Mammeri: EntretienavecTaharDjaout,Alger,Laphomic. «La Cité du soleil», 1987, sortie en trois tableaux, suivi de M. Mammeri: EntretienavecTaharDjaout,Alger,Laphomic. 105 105 ȱ ABSTRACTȱȱ ȱ ȱ ABSTRACTȱȱ ȱ ȱȱ MouloudMammeri,FrenchspeakingAlgerianwriter,wasbornon December28th,1917.Heentersliteratureduringcolonialperiod.Therefore, it is the product of two cultures: the ancestral culture to which it is profoundlyattachedandbywhichheisprofoundlymarkedandtheFrench, Hellenic and classic culture, the culture of school acquisition due to his westernforming. ȱȱ MouloudMammeri,FrenchspeakingAlgerianwriter,wasbornon December28th,1917.Heentersliteratureduringcolonialperiod.Therefore, it is the product of two cultures: the ancestral culture to which it is profoundlyattachedandbywhichheisprofoundlymarkedandtheFrench, Hellenic and classic culture, the culture of school acquisition due to his westernforming. Thisdoubleculturalandlinguisticmembershipproducesahybrid writingwhichtransformstheagreementsofthewesternliterature,acrossed writing, which inaugurates a new way of saying to assert at the same moment its inter / transculturality and its otherness because, clarifies the writer, theȱ westernȱ cultureȱ whichȱ weȱ triedȱ hardȱ toȱ makeȱ usȱ assimilateȱ obligedȱ usȱ exactlyȱ toȱ goȱ outȱ ofȱ us,ȱ sheȱ obligedȱ usȱ theȱ movementȱ (…)Iȱ aboutȱ reconciledȱ bothȱ cultures.ȱ Iȱ tryȱ blindȱ loveȱ neitherȱ forȱ theȱ oneȱ norȱ forȱ theȱ otherȱ one,ȱ butȱ theȱ deepȱ sympathyȱandȱ(...)ȱcritics.ȱTheȱfactȱofȱhavingȱparticipatedȱofȱtwoȱcertainlyȱenrichedȱ me,ȱallowedȱmeȱ toȱtakeȱinȱeachȱȱitȱofȱbetterȱthere,ȱtheȱoneȱcorrectingȱtheȱotherȱone. (AfricanRevolution,N128inJuly,1965.) Thisdoubleculturalandlinguisticmembershipproducesahybrid writingwhichtransformstheagreementsofthewesternliterature,acrossed writing, which inaugurates a new way of saying to assert at the same moment its inter / transculturality and its otherness because, clarifies the writer, theȱ westernȱ cultureȱ whichȱ weȱ triedȱ hardȱ toȱ makeȱ usȱ assimilateȱ obligedȱ usȱ exactlyȱ toȱ goȱ outȱ ofȱ us,ȱ sheȱ obligedȱ usȱ theȱ movementȱ (…)Iȱ aboutȱ reconciledȱ bothȱ cultures.ȱ Iȱ tryȱ blindȱ loveȱ neitherȱ forȱ theȱ oneȱ norȱ forȱ theȱ otherȱ one,ȱ butȱ theȱ deepȱ sympathyȱandȱ(...)ȱcritics.ȱTheȱfactȱofȱhavingȱparticipatedȱofȱtwoȱcertainlyȱenrichedȱ me,ȱallowedȱmeȱ toȱtakeȱinȱeachȱȱitȱofȱbetterȱthere,ȱtheȱoneȱcorrectingȱtheȱotherȱone. (AfricanRevolution,N128inJuly,1965.) Theeffectsofthislinguisticandculturalinterbreeding,thusshows itselfbyawritingandacultureofthemixed,notinahypotheticalbetween twowhichwouldconnectthespecificandtheuniversalbutcompletelyin the one and completely in the other one: in the one by the other one and mutually. These specificities could be arrested through the speech on the languages and from the games of «deconstruction/reconstruction» of the linguistic sign. It is only these two aspects which will be examined. My reflectionwillleanontheprinciplesandthemethodsoftheanalysisofthe speechbutalsoontheoriesborrowedfromthesociolinguisticstoshowthat afterall,atthiswriter,thelinguisticandculturalinterbreedingwouldbethe markofthefactthatcouldbethedialogueoftheculturesandthelanguages by their positive integration, a dialogue which would aim towards the assertionofuniversality. Theeffectsofthislinguisticandculturalinterbreeding,thusshows itselfbyawritingandacultureofthemixed,notinahypotheticalbetween twowhichwouldconnectthespecificandtheuniversalbutcompletelyin the one and completely in the other one: in the one by the other one and mutually. These specificities could be arrested through the speech on the languages and from the games of «deconstruction/reconstruction» of the linguistic sign. It is only these two aspects which will be examined. My reflectionwillleanontheprinciplesandthemethodsoftheanalysisofthe speechbutalsoontheoriesborrowedfromthesociolinguisticstoshowthat afterall,atthiswriter,thelinguisticandculturalinterbreedingwouldbethe markofthefactthatcouldbethedialogueoftheculturesandthelanguages by their positive integration, a dialogue which would aim towards the assertionofuniversality. 106 ȱ ABSTRACTȱȱ ȱ 106 ȱ ABSTRACTȱȱ ȱ ȱȱ MouloudMammeri,FrenchspeakingAlgerianwriter,wasbornon December28th,1917.Heentersliteratureduringcolonialperiod.Therefore, it is the product of two cultures: the ancestral culture to which it is profoundlyattachedandbywhichheisprofoundlymarkedandtheFrench, Hellenic and classic culture, the culture of school acquisition due to his westernforming. ȱȱ MouloudMammeri,FrenchspeakingAlgerianwriter,wasbornon December28th,1917.Heentersliteratureduringcolonialperiod.Therefore, it is the product of two cultures: the ancestral culture to which it is profoundlyattachedandbywhichheisprofoundlymarkedandtheFrench, Hellenic and classic culture, the culture of school acquisition due to his westernforming. Thisdoubleculturalandlinguisticmembershipproducesahybrid writingwhichtransformstheagreementsofthewesternliterature,acrossed writing, which inaugurates a new way of saying to assert at the same moment its inter / transculturality and its otherness because, clarifies the writer, theȱ westernȱ cultureȱ whichȱ weȱ triedȱ hardȱ toȱ makeȱ usȱ assimilateȱ obligedȱ usȱ exactlyȱ toȱ goȱ outȱ ofȱ us,ȱ sheȱ obligedȱ usȱ theȱ movementȱ (…)Iȱ aboutȱ reconciledȱ bothȱ cultures.ȱ Iȱ tryȱ blindȱ loveȱ neitherȱ forȱ theȱ oneȱ norȱ forȱ theȱ otherȱ one,ȱ butȱ theȱ deepȱ sympathyȱandȱ(...)ȱcritics.ȱTheȱfactȱofȱhavingȱparticipatedȱofȱtwoȱcertainlyȱenrichedȱ me,ȱallowedȱmeȱ toȱtakeȱinȱeachȱȱitȱofȱbetterȱthere,ȱtheȱoneȱcorrectingȱtheȱotherȱone. (AfricanRevolution,N128inJuly,1965.) Thisdoubleculturalandlinguisticmembershipproducesahybrid writingwhichtransformstheagreementsofthewesternliterature,acrossed writing, which inaugurates a new way of saying to assert at the same moment its inter / transculturality and its otherness because, clarifies the writer, theȱ westernȱ cultureȱ whichȱ weȱ triedȱ hardȱ toȱ makeȱ usȱ assimilateȱ obligedȱ usȱ exactlyȱ toȱ goȱ outȱ ofȱ us,ȱ sheȱ obligedȱ usȱ theȱ movementȱ (…)Iȱ aboutȱ reconciledȱ bothȱ cultures.ȱ Iȱ tryȱ blindȱ loveȱ neitherȱ forȱ theȱ oneȱ norȱ forȱ theȱ otherȱ one,ȱ butȱ theȱ deepȱ sympathyȱandȱ(...)ȱcritics.ȱTheȱfactȱofȱhavingȱparticipatedȱofȱtwoȱcertainlyȱenrichedȱ me,ȱallowedȱmeȱ toȱtakeȱinȱeachȱȱitȱofȱbetterȱthere,ȱtheȱoneȱcorrectingȱtheȱotherȱone. (AfricanRevolution,N128inJuly,1965.) Theeffectsofthislinguisticandculturalinterbreeding,thusshows itselfbyawritingandacultureofthemixed,notinahypotheticalbetween twowhichwouldconnectthespecificandtheuniversalbutcompletelyin the one and completely in the other one: in the one by the other one and mutually. These specificities could be arrested through the speech on the languages and from the games of «deconstruction/reconstruction» of the linguistic sign. It is only these two aspects which will be examined. My reflectionwillleanontheprinciplesandthemethodsoftheanalysisofthe speechbutalsoontheoriesborrowedfromthesociolinguisticstoshowthat afterall,atthiswriter,thelinguisticandculturalinterbreedingwouldbethe markofthefactthatcouldbethedialogueoftheculturesandthelanguages by their positive integration, a dialogue which would aim towards the assertionofuniversality. Theeffectsofthislinguisticandculturalinterbreeding,thusshows itselfbyawritingandacultureofthemixed,notinahypotheticalbetween twowhichwouldconnectthespecificandtheuniversalbutcompletelyin the one and completely in the other one: in the one by the other one and mutually. These specificities could be arrested through the speech on the languages and from the games of «deconstruction/reconstruction» of the linguistic sign. It is only these two aspects which will be examined. My reflectionwillleanontheprinciplesandthemethodsoftheanalysisofthe speechbutalsoontheoriesborrowedfromthesociolinguisticstoshowthat afterall,atthiswriter,thelinguisticandculturalinterbreedingwouldbethe markofthefactthatcouldbethedialogueoftheculturesandthelanguages by their positive integration, a dialogue which would aim towards the assertionofuniversality. 106 106 ȱ ȱ MÉTISSAGEȱCULTURELȱDANSȱL’ŒUVREȱ DESȱÉCRIVAINSȱALGÉRIENSȱ FRANCOPHONESȱ:ȱLEȱCASȱDEȱL’ŒUVREȱ ROMANESQUEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ MÉTISSAGEȱCULTURELȱDANSȱL’ŒUVREȱ DESȱÉCRIVAINSȱALGÉRIENSȱ FRANCOPHONESȱ:ȱLEȱCASȱDEȱL’ŒUVREȱ ROMANESQUEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ MalikaȱKEBBAS,ȱ ENSȱdesȱLettresȱetȱSciencesȱhumaines,ȱBouzaréah,ȱ Algerȱ MalikaȱKEBBAS,ȱ ENSȱdesȱLettresȱetȱSciencesȱhumaines,ȱBouzaréah,ȱ Algerȱ ȱ ȱ 1.ȱINTRODUCTIONȱ ȱ Mouloud Mammeri (19171989) est un écrivain algérien originaire de TaourirtMimoun, un village de GrandeKabylie. Sa familleestaiséeetsonpèreestundétenteurdusavoir,unAmousnaw qui récitait aussi bien «Waterloo» de Victor Hugo que les vers du poète kabyle Youcef Ou Kaci. Il est donc confronté très tôt à une double culture. Jusqu’à onze ans, il fréquente l’école du village, première école dite kabyloȬfrançaise, implantée en Kabylie en 1883 dans le cadre de la mise en place de l’école laïque. Ces premières annéesdeformationprédisposentl’écrivainàl’ouvertureȱlaȱplusȱlargeȱ possibleȱ surȱ lesȱ plusȱ diversȱ horizons.ȱ (Mouloud, 1987: 50).ȱ Il poursuit ses études secondaires d’abord à Rabat, puis à Alger où il prend brutalement contact avec la colonisation: «ȱEnȱ Algérie,ȱ onȱ jouaitȱ commeȱ lesȱ mortsȱ auȱ bridgeȱ:ȱ …ȱ toutesȱ cartesȱ étalées.ȱ»ȱ diratil. De ces annéesd’études,Mammeridira: ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ 1.ȱINTRODUCTIONȱ ȱ Mouloud Mammeri (19171989) est un écrivain algérien originaire de TaourirtMimoun, un village de GrandeKabylie. Sa familleestaiséeetsonpèreestundétenteurdusavoir,unAmousnaw qui récitait aussi bien «Waterloo» de Victor Hugo que les vers du poète kabyle Youcef Ou Kaci. Il est donc confronté très tôt à une double culture. Jusqu’à onze ans, il fréquente l’école du village, première école dite kabyloȬfrançaise, implantée en Kabylie en 1883 dans le cadre de la mise en place de l’école laïque. Ces premières annéesdeformationprédisposentl’écrivainàl’ouvertureȱlaȱplusȱlargeȱ possibleȱ surȱ lesȱ plusȱ diversȱ horizons.ȱ (Mouloud, 1987: 50).ȱ Il poursuit ses études secondaires d’abord à Rabat, puis à Alger où il prend brutalement contact avec la colonisation: «ȱEnȱ Algérie,ȱ onȱ jouaitȱ commeȱ lesȱ mortsȱ auȱ bridgeȱ:ȱ …ȱ toutesȱ cartesȱ étalées.ȱ»ȱ diratil. De ces annéesd’études,Mammeridira: ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier1)ȱ;ȱ ȱ ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernetȱ(Mouloud,1987:16). lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier1)ȱ;ȱ ȱ ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernetȱ(Mouloud,1987:16). 107 107 ȱ ȱ MÉTISSAGEȱCULTURELȱDANSȱL’ŒUVREȱ DESȱÉCRIVAINSȱALGÉRIENSȱ FRANCOPHONESȱ:ȱLEȱCASȱDEȱL’ŒUVREȱ ROMANESQUEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ MÉTISSAGEȱCULTURELȱDANSȱL’ŒUVREȱ DESȱÉCRIVAINSȱALGÉRIENSȱ FRANCOPHONESȱ:ȱLEȱCASȱDEȱL’ŒUVREȱ ROMANESQUEȱDEȱMOULOUDȱMAMMERIȱȱ MalikaȱKEBBAS,ȱ ENSȱdesȱLettresȱetȱSciencesȱhumaines,ȱBouzaréah,ȱ Algerȱ ȱ MalikaȱKEBBAS,ȱ ENSȱdesȱLettresȱetȱSciencesȱhumaines,ȱBouzaréah,ȱ Algerȱ ȱ 1.ȱINTRODUCTIONȱ ȱ Mouloud Mammeri (19171989) est un écrivain algérien originaire de TaourirtMimoun, un village de GrandeKabylie. Sa familleestaiséeetsonpèreestundétenteurdusavoir,unAmousnaw qui récitait aussi bien «Waterloo» de Victor Hugo que les vers du poète kabyle Youcef Ou Kaci. Il est donc confronté très tôt à une double culture. Jusqu’à onze ans, il fréquente l’école du village, première école dite kabyloȬfrançaise, implantée en Kabylie en 1883 dans le cadre de la mise en place de l’école laïque. Ces premières annéesdeformationprédisposentl’écrivainàl’ouvertureȱlaȱplusȱlargeȱ possibleȱ surȱ lesȱ plusȱ diversȱ horizons.ȱ (Mouloud, 1987: 50).ȱ Il poursuit ses études secondaires d’abord à Rabat, puis à Alger où il prend brutalement contact avec la colonisation: «ȱEnȱ Algérie,ȱ onȱ jouaitȱ commeȱ lesȱ mortsȱ auȱ bridgeȱ:ȱ …ȱ toutesȱ cartesȱ étalées.ȱ»ȱ diratil. De ces annéesd’études,Mammeridira: ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ 1.ȱINTRODUCTIONȱ ȱ Mouloud Mammeri (19171989) est un écrivain algérien originaire de TaourirtMimoun, un village de GrandeKabylie. Sa familleestaiséeetsonpèreestundétenteurdusavoir,unAmousnaw qui récitait aussi bien «Waterloo» de Victor Hugo que les vers du poète kabyle Youcef Ou Kaci. Il est donc confronté très tôt à une double culture. Jusqu’à onze ans, il fréquente l’école du village, première école dite kabyloȬfrançaise, implantée en Kabylie en 1883 dans le cadre de la mise en place de l’école laïque. Ces premières annéesdeformationprédisposentl’écrivainàl’ouvertureȱlaȱplusȱlargeȱ possibleȱ surȱ lesȱ plusȱ diversȱ horizons.ȱ (Mouloud, 1987: 50).ȱ Il poursuit ses études secondaires d’abord à Rabat, puis à Alger où il prend brutalement contact avec la colonisation: «ȱEnȱ Algérie,ȱ onȱ jouaitȱ commeȱ lesȱ mortsȱ auȱ bridgeȱ:ȱ …ȱ toutesȱ cartesȱ étalées.ȱ»ȱ diratil. De ces annéesd’études,Mammeridira: ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier1)ȱ;ȱ ȱ ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernetȱ(Mouloud,1987:16). lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier1)ȱ;ȱ ȱ ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernetȱ(Mouloud,1987:16). 107 107 Il publie en 1952 son premier roman, Laȱ Collineȱ oubliée avec un objectif déclaré, celui «ȱde faire entrer la vie des hommes algériensdanslecommunlotdesautresvies.ȱ»(Ibid.,p.1921)ȱȱ MouloudMammeriestainsileproduitd’unedoubleculture dontlestracessontperceptiblesdanssonœuvreromanesquequise compose de quatre romans: Laȱ Collineȱ oubliée (1952),ȱ Leȱ Sommeilȱ duȱ juste(1956),ȱL’Opiumȱetȱleȱbâton(1965),ȱLaȱTraversée(1982). Il publie en 1952 son premier roman, Laȱ Collineȱ oubliée avec un objectif déclaré, celui «ȱde faire entrer la vie des hommes algériensdanslecommunlotdesautresvies.ȱ»(Ibid.,p.1921)ȱȱ MouloudMammeriestainsileproduitd’unedoubleculture dontlestracessontperceptiblesdanssonœuvreromanesquequise compose de quatre romans: Laȱ Collineȱ oubliée (1952),ȱ Leȱ Sommeilȱ duȱ juste(1956),ȱL’Opiumȱetȱleȱbâton(1965),ȱLaȱTraversée(1982). 2.ȱANALYSEȱDEȱLAȱTRANSFICTIONNALITÉȱMÉTISSÉEȱ ȱ Dans les quatre romans, à des degrés plus ou moins importants,l’écrivainfaitappelàdesmodesd’écriturequifracturent la logique narrative et/ou descriptive et subvertissent les normes traditionnelles du roman. C’est ainsi que par le biais de l’écriture intime(lettresetfragmentsdejournaux),del’épopée,delatragédie, de la poésie, l’auteur construit une «transfictionnalité métissée» dontnousallonstracerlesgrandeslignes. 2.1.ȱLaȱlettreȱ ȱ Dans les quatre romans cités, l’écrivain fait abondamment usage de la lettre: nous en avons dénombré 18 (3 dans Laȱ Collineȱ oubliée,5dansLeȱSommeilȱduȱjuste,6dansL’OpiumȱetȱleȱBâton,4dans LaȱTraversée). 2.ȱANALYSEȱDEȱLAȱTRANSFICTIONNALITÉȱMÉTISSÉEȱ ȱ Dans les quatre romans, à des degrés plus ou moins importants,l’écrivainfaitappelàdesmodesd’écriturequifracturent la logique narrative et/ou descriptive et subvertissent les normes traditionnelles du roman. C’est ainsi que par le biais de l’écriture intime(lettresetfragmentsdejournaux),del’épopée,delatragédie, de la poésie, l’auteur construit une «transfictionnalité métissée» dontnousallonstracerlesgrandeslignes. 2.1.ȱLaȱlettreȱ ȱ Dans les quatre romans cités, l’écrivain fait abondamment usage de la lettre: nous en avons dénombré 18 (3 dans Laȱ Collineȱ oubliée,5dansLeȱSommeilȱduȱjuste,6dansL’OpiumȱetȱleȱBâton,4dans LaȱTraversée). Toutes les lettres recensées sont évidemment des lettres fictives. Mais, du fait qu’elles s’inspirent des règles d’écriture de lettres réelles, elles instaurent une relation pragmatique qui fonde unecommunicationréelle.Leurgaged’authenticitéestd’abordporté pardesprocédéstypographiques. Toutes les lettres recensées sont évidemment des lettres fictives. Mais, du fait qu’elles s’inspirent des règles d’écriture de lettres réelles, elles instaurent une relation pragmatique qui fonde unecommunicationréelle.Leurgaged’authenticitéestd’abordporté pardesprocédéstypographiques. Les lettres se signalent par une spatialisation particulière, spatialisation qui reproduit leur matérialité en leur qualité d’objets indépendants et qui leur permet de se détacher du reste du texte. D’autre part, les caractères typographiques utilisés sont différents. Les lettres se signalent par une spatialisation particulière, spatialisation qui reproduit leur matérialité en leur qualité d’objets indépendants et qui leur permet de se détacher du reste du texte. D’autre part, les caractères typographiques utilisés sont différents. 108 Il publie en 1952 son premier roman, Laȱ Collineȱ oubliée avec un objectif déclaré, celui «ȱde faire entrer la vie des hommes algériensdanslecommunlotdesautresvies.ȱ»(Ibid.,p.1921)ȱȱ MouloudMammeriestainsileproduitd’unedoubleculture dontlestracessontperceptiblesdanssonœuvreromanesquequise compose de quatre romans: Laȱ Collineȱ oubliée (1952),ȱ Leȱ Sommeilȱ duȱ juste(1956),ȱL’Opiumȱetȱleȱbâton(1965),ȱLaȱTraversée(1982). 108 Il publie en 1952 son premier roman, Laȱ Collineȱ oubliée avec un objectif déclaré, celui «ȱde faire entrer la vie des hommes algériensdanslecommunlotdesautresvies.ȱ»(Ibid.,p.1921)ȱȱ MouloudMammeriestainsileproduitd’unedoubleculture dontlestracessontperceptiblesdanssonœuvreromanesquequise compose de quatre romans: Laȱ Collineȱ oubliée (1952),ȱ Leȱ Sommeilȱ duȱ juste(1956),ȱL’Opiumȱetȱleȱbâton(1965),ȱLaȱTraversée(1982). 2.ȱANALYSEȱDEȱLAȱTRANSFICTIONNALITÉȱMÉTISSÉEȱ ȱ Dans les quatre romans, à des degrés plus ou moins importants,l’écrivainfaitappelàdesmodesd’écriturequifracturent la logique narrative et/ou descriptive et subvertissent les normes traditionnelles du roman. C’est ainsi que par le biais de l’écriture intime(lettresetfragmentsdejournaux),del’épopée,delatragédie, de la poésie, l’auteur construit une «transfictionnalité métissée» dontnousallonstracerlesgrandeslignes. 2.1.ȱLaȱlettreȱ ȱ Dans les quatre romans cités, l’écrivain fait abondamment usage de la lettre: nous en avons dénombré 18 (3 dans Laȱ Collineȱ oubliée,5dansLeȱSommeilȱduȱjuste,6dansL’OpiumȱetȱleȱBâton,4dans LaȱTraversée). 2.ȱANALYSEȱDEȱLAȱTRANSFICTIONNALITÉȱMÉTISSÉEȱ ȱ Dans les quatre romans, à des degrés plus ou moins importants,l’écrivainfaitappelàdesmodesd’écriturequifracturent la logique narrative et/ou descriptive et subvertissent les normes traditionnelles du roman. C’est ainsi que par le biais de l’écriture intime(lettresetfragmentsdejournaux),del’épopée,delatragédie, de la poésie, l’auteur construit une «transfictionnalité métissée» dontnousallonstracerlesgrandeslignes. 2.1.ȱLaȱlettreȱ ȱ Dans les quatre romans cités, l’écrivain fait abondamment usage de la lettre: nous en avons dénombré 18 (3 dans Laȱ Collineȱ oubliée,5dansLeȱSommeilȱduȱjuste,6dansL’OpiumȱetȱleȱBâton,4dans LaȱTraversée). Toutes les lettres recensées sont évidemment des lettres fictives. Mais, du fait qu’elles s’inspirent des règles d’écriture de lettres réelles, elles instaurent une relation pragmatique qui fonde unecommunicationréelle.Leurgaged’authenticitéestd’abordporté pardesprocédéstypographiques. Toutes les lettres recensées sont évidemment des lettres fictives. Mais, du fait qu’elles s’inspirent des règles d’écriture de lettres réelles, elles instaurent une relation pragmatique qui fonde unecommunicationréelle.Leurgaged’authenticitéestd’abordporté pardesprocédéstypographiques. Les lettres se signalent par une spatialisation particulière, spatialisation qui reproduit leur matérialité en leur qualité d’objets indépendants et qui leur permet de se détacher du reste du texte. D’autre part, les caractères typographiques utilisés sont différents. Les lettres se signalent par une spatialisation particulière, spatialisation qui reproduit leur matérialité en leur qualité d’objets indépendants et qui leur permet de se détacher du reste du texte. D’autre part, les caractères typographiques utilisés sont différents. 108 108 Voiciquelquesexemplesquenousreproduisonsexactementcomme ilsfigurentdansletexte: Voiciquelquesexemplesquenousreproduisonsexactementcomme ilsfigurentdansletexte: Leslettresenétaientenfantinesetgauches.Lasignaturemanquait. Leslettresenétaientenfantinesetgauches.Lasignaturemanquait. Nousȱsommesȱenȱbonneȱsanté.ȱNousȱespéronsȱqueȱtuȱserasȱdeȱmême.ȱVoilàȱjeȱ t’écris.ȱ Jeȱ saisȱ queȱ c’estȱ malȱ etȱ queȱ tuȱ vasȱ direȱ dansȱ tonȱ cœurȱ:ȱ voilàȱ cetteȱ femmeȱ estȱ uneȱ mauvaiseȱ femmeȱ etȱ c’estȱ elleȱ queȱ j’aiȱ épouséeȱ avant,ȱ maisȱ maintenantȱilȱfautȱqueȱjeȱt’écrive.(LettredeAaziàMokrane,LaȱCollineȱ oubliée,pp.174176) C’estȱàȱBouiraȱqueȱSlimanȱreçutȱuneȱlettreȱdontȱilȱseȱfitȱexpliquerȱplusȱdeȱlaȱ moitié,ȱ parceȱ qu’elleȱ étaitȱ difficileȱ àȱ comprendre.ȱ «ȱMonȱ cherȱ fils.ȱ Nousȱ sommesȱtousȱenȱbonneȱsanté.ȱJ’espèreȱqueȱlaȱprésenteȱvousȱtrouveraȱdeȱmêmeȱ (LettredupèreàSliman,LeȱSommeilȱduȱjuste,pp.7577); Nousȱsommesȱenȱbonneȱsanté.ȱNousȱespéronsȱqueȱtuȱserasȱdeȱmême.ȱVoilàȱjeȱ t’écris.ȱ Jeȱ saisȱ queȱ c’estȱ malȱ etȱ queȱ tuȱ vasȱ direȱ dansȱ tonȱ cœurȱ:ȱ voilàȱ cetteȱ femmeȱ estȱ uneȱ mauvaiseȱ femmeȱ etȱ c’estȱ elleȱ queȱ j’aiȱ épouséeȱ avant,ȱ maisȱ maintenantȱilȱfautȱqueȱjeȱt’écrive.(LettredeAaziàMokrane,LaȱCollineȱ oubliée,pp.174176) C’estȱàȱBouiraȱqueȱSlimanȱreçutȱuneȱlettreȱdontȱilȱseȱfitȱexpliquerȱplusȱdeȱlaȱ moitié,ȱ parceȱ qu’elleȱ étaitȱ difficileȱ àȱ comprendre.ȱ «ȱMonȱ cherȱ fils.ȱ Nousȱ sommesȱtousȱenȱbonneȱsanté.ȱJ’espèreȱqueȱlaȱprésenteȱvousȱtrouveraȱdeȱmêmeȱ (LettredupèreàSliman,LeȱSommeilȱduȱjuste,pp.7577); LaȱlettreȱdeȱRamdaneȱattendaitȱsurȱleȱguéridon.ȱIlȱlaȱdécachetaȱ:ȱ «ȱC’estȱ pourȱ continuerȱ notreȱ conversationȱ deȱ toutȱ àȱ l’heureȱ (ceȱ matin,ȱ jeȱ n’avaisȱ pasȱ leȱ tempsȱ:ȱ lesȱ copies…ȱ etȱ leȱ reste)ȱ àȱ proposȱ desȱ intellectuels.ȱ Evidemmentȱ jeȱ t’aiȱ choquéȱ quandȱ j’aiȱ ditȱ qu’ilȱ fallaitȱ fusillerȱ tousȱ ceuxȱ quiȱ n’étaientȱ pasȱ lesȱ adulateursȱ inconditionnelsȱ d’unȱ régimeȱ populaire.ȱ (Lettre deRamdaneàBachir,L’OpiumȱetȱleȱBâton,ȱpp.2931); LaȱlettreȱdeȱRamdaneȱattendaitȱsurȱleȱguéridon.ȱIlȱlaȱdécachetaȱ:ȱ «ȱC’estȱ pourȱ continuerȱ notreȱ conversationȱ deȱ toutȱ àȱ l’heureȱ (ceȱ matin,ȱ jeȱ n’avaisȱ pasȱ leȱ tempsȱ:ȱ lesȱ copies…ȱ etȱ leȱ reste)ȱ àȱ proposȱ desȱ intellectuels.ȱ Evidemmentȱ jeȱ t’aiȱ choquéȱ quandȱ j’aiȱ ditȱ qu’ilȱ fallaitȱ fusillerȱ tousȱ ceuxȱ quiȱ n’étaientȱ pasȱ lesȱ adulateursȱ inconditionnelsȱ d’unȱ régimeȱ populaire.ȱ (Lettre deRamdaneàBachir,L’OpiumȱetȱleȱBâton,ȱpp.2931); ȬMouradȱretiraȱlesȱpapiersȱfroissésȱetȱseȱmitȱàȱlesȱrelireȱ:ȱ «ȱJeȱt’écrisȱcetteȱlettreȱ–ȱinutileȱ?ȱ–ȱpourȱm’excuserȱdeȱn’êtreȱpasȱalléȱàȱl’avionȱ ceȱmatinȱ–ȱaussiȱpourȱcloreȱleȱjournalȱdeȱrouteȱdeȱSouadȱauquel,ȱjeȱleȱcrains,ȱ elleȱ n’aȱ pasȱ donnéȱ deȱ conclusion.ȱ (Lettre de Mourad à Amalia, Laȱ Traversée,pp.178181)ȱ ȬMouradȱretiraȱlesȱpapiersȱfroissésȱetȱseȱmitȱàȱlesȱrelireȱ:ȱ «ȱJeȱt’écrisȱcetteȱlettreȱ–ȱinutileȱ?ȱ–ȱpourȱm’excuserȱdeȱn’êtreȱpasȱalléȱàȱl’avionȱ ceȱmatinȱ–ȱaussiȱpourȱcloreȱleȱjournalȱdeȱrouteȱdeȱSouadȱauquel,ȱjeȱleȱcrains,ȱ elleȱ n’aȱ pasȱ donnéȱ deȱ conclusion.ȱ (Lettre de Mourad à Amalia, Laȱ Traversée,pp.178181)ȱ Leur gage d’authenticité est également porté par leur mode detransmissionoud’introductiondontvoicideuxexemples: Leur gage d’authenticité est également porté par leur mode detransmissionoud’introductiondontvoicideuxexemples: 109 109 Voiciquelquesexemplesquenousreproduisonsexactementcomme ilsfigurentdansletexte: Voiciquelquesexemplesquenousreproduisonsexactementcomme ilsfigurentdansletexte: Leslettresenétaientenfantinesetgauches.Lasignaturemanquait. Leslettresenétaientenfantinesetgauches.Lasignaturemanquait. Nousȱsommesȱenȱbonneȱsanté.ȱNousȱespéronsȱqueȱtuȱserasȱdeȱmême.ȱVoilàȱjeȱ t’écris.ȱ Jeȱ saisȱ queȱ c’estȱ malȱ etȱ queȱ tuȱ vasȱ direȱ dansȱ tonȱ cœurȱ:ȱ voilàȱ cetteȱ femmeȱ estȱ uneȱ mauvaiseȱ femmeȱ etȱ c’estȱ elleȱ queȱ j’aiȱ épouséeȱ avant,ȱ maisȱ maintenantȱilȱfautȱqueȱjeȱt’écrive.(LettredeAaziàMokrane,LaȱCollineȱ oubliée,pp.174176) C’estȱàȱBouiraȱqueȱSlimanȱreçutȱuneȱlettreȱdontȱilȱseȱfitȱexpliquerȱplusȱdeȱlaȱ moitié,ȱ parceȱ qu’elleȱ étaitȱ difficileȱ àȱ comprendre.ȱ «ȱMonȱ cherȱ fils.ȱ Nousȱ sommesȱtousȱenȱbonneȱsanté.ȱJ’espèreȱqueȱlaȱprésenteȱvousȱtrouveraȱdeȱmêmeȱ (LettredupèreàSliman,LeȱSommeilȱduȱjuste,pp.7577); Nousȱsommesȱenȱbonneȱsanté.ȱNousȱespéronsȱqueȱtuȱserasȱdeȱmême.ȱVoilàȱjeȱ t’écris.ȱ Jeȱ saisȱ queȱ c’estȱ malȱ etȱ queȱ tuȱ vasȱ direȱ dansȱ tonȱ cœurȱ:ȱ voilàȱ cetteȱ femmeȱ estȱ uneȱ mauvaiseȱ femmeȱ etȱ c’estȱ elleȱ queȱ j’aiȱ épouséeȱ avant,ȱ maisȱ maintenantȱilȱfautȱqueȱjeȱt’écrive.(LettredeAaziàMokrane,LaȱCollineȱ oubliée,pp.174176) C’estȱàȱBouiraȱqueȱSlimanȱreçutȱuneȱlettreȱdontȱilȱseȱfitȱexpliquerȱplusȱdeȱlaȱ moitié,ȱ parceȱ qu’elleȱ étaitȱ difficileȱ àȱ comprendre.ȱ «ȱMonȱ cherȱ fils.ȱ Nousȱ sommesȱtousȱenȱbonneȱsanté.ȱJ’espèreȱqueȱlaȱprésenteȱvousȱtrouveraȱdeȱmêmeȱ (LettredupèreàSliman,LeȱSommeilȱduȱjuste,pp.7577); LaȱlettreȱdeȱRamdaneȱattendaitȱsurȱleȱguéridon.ȱIlȱlaȱdécachetaȱ:ȱ «ȱC’estȱ pourȱ continuerȱ notreȱ conversationȱ deȱ toutȱ àȱ l’heureȱ (ceȱ matin,ȱ jeȱ n’avaisȱ pasȱ leȱ tempsȱ:ȱ lesȱ copies…ȱ etȱ leȱ reste)ȱ àȱ proposȱ desȱ intellectuels.ȱ Evidemmentȱ jeȱ t’aiȱ choquéȱ quandȱ j’aiȱ ditȱ qu’ilȱ fallaitȱ fusillerȱ tousȱ ceuxȱ quiȱ n’étaientȱ pasȱ lesȱ adulateursȱ inconditionnelsȱ d’unȱ régimeȱ populaire.ȱ (Lettre deRamdaneàBachir,L’OpiumȱetȱleȱBâton,ȱpp.2931); LaȱlettreȱdeȱRamdaneȱattendaitȱsurȱleȱguéridon.ȱIlȱlaȱdécachetaȱ:ȱ «ȱC’estȱ pourȱ continuerȱ notreȱ conversationȱ deȱ toutȱ àȱ l’heureȱ (ceȱ matin,ȱ jeȱ n’avaisȱ pasȱ leȱ tempsȱ:ȱ lesȱ copies…ȱ etȱ leȱ reste)ȱ àȱ proposȱ desȱ intellectuels.ȱ Evidemmentȱ jeȱ t’aiȱ choquéȱ quandȱ j’aiȱ ditȱ qu’ilȱ fallaitȱ fusillerȱ tousȱ ceuxȱ quiȱ n’étaientȱ pasȱ lesȱ adulateursȱ inconditionnelsȱ d’unȱ régimeȱ populaire.ȱ (Lettre deRamdaneàBachir,L’OpiumȱetȱleȱBâton,ȱpp.2931); ȬMouradȱretiraȱlesȱpapiersȱfroissésȱetȱseȱmitȱàȱlesȱrelireȱ:ȱ «ȱJeȱt’écrisȱcetteȱlettreȱ–ȱinutileȱ?ȱ–ȱpourȱm’excuserȱdeȱn’êtreȱpasȱalléȱàȱl’avionȱ ceȱmatinȱ–ȱaussiȱpourȱcloreȱleȱjournalȱdeȱrouteȱdeȱSouadȱauquel,ȱjeȱleȱcrains,ȱ elleȱ n’aȱ pasȱ donnéȱ deȱ conclusion.ȱ (Lettre de Mourad à Amalia, Laȱ Traversée,pp.178181)ȱ ȬMouradȱretiraȱlesȱpapiersȱfroissésȱetȱseȱmitȱàȱlesȱrelireȱ:ȱ «ȱJeȱt’écrisȱcetteȱlettreȱ–ȱinutileȱ?ȱ–ȱpourȱm’excuserȱdeȱn’êtreȱpasȱalléȱàȱl’avionȱ ceȱmatinȱ–ȱaussiȱpourȱcloreȱleȱjournalȱdeȱrouteȱdeȱSouadȱauquel,ȱjeȱleȱcrains,ȱ elleȱ n’aȱ pasȱ donnéȱ deȱ conclusion.ȱ (Lettre de Mourad à Amalia, Laȱ Traversée,pp.178181)ȱ Leur gage d’authenticité est également porté par leur mode detransmissionoud’introductiondontvoicideuxexemples: Leur gage d’authenticité est également porté par leur mode detransmissionoud’introductiondontvoicideuxexemples: 109 109 ȱ ȱ ROMANSȱ ȱ LETTRESȱ MODEȱDEȱTRANSMISSIONȱOUȱ D’INTRODUCTIONȱ MODEȱDEȱTRANSMISSIONȱOUȱ D’INTRODUCTIONȱ ȱ jereconnusqu’Aaziavaitellemême écritlalettre.» lepèreàSliman «C’estàBouiraqueSlimanreçutune lettredont Leȱ Sommeilȱ du justeȱ ilsefitexpliquerplusdelamoitié, parcequ’elleétaitdifficileà comprendre.» LETTRESȱ LaȱCollineȱoubliéeȱ AaziàMokrane «Al’écriturerégulièreettrèsappliquée lepèreàSliman «C’estàBouiraqueSlimanreçutune lettredont Leȱ Sommeilȱ du justeȱ ȱ ȱ jereconnusqu’Aaziavaitellemême écritlalettre.» ȱ ROMANSȱ LaȱCollineȱoubliéeȱ AaziàMokrane «Al’écriturerégulièreettrèsappliquée ȱ ilsefitexpliquerplusdelamoitié, parcequ’elleétaitdifficileà comprendre.» C’est ainsi que toutes ces lettres construisent la référence suivanterépartieencinqthèmes: C’est ainsi que toutes ces lettres construisent la référence suivanterépartieencinqthèmes: l’imagedelafemmedanslesystèmetraditionnelkabyle, l’imagedelafemmedanslesystèmetraditionnelkabyle, lamisèreetl’injusticedurantlapériodecoloniale, lamisèreetl’injusticedurantlapériodecoloniale, lavisionducolonisédeformationfrançaise, lavisionducolonisédeformationfrançaise, la représentation de l’intellectuel durant la guerre de libération, la représentation de l’intellectuel durant la guerre de libération, la représentation de l’intellectuel dans la période qui suit l’indépendance. la représentation de l’intellectuel dans la période qui suit l’indépendance. Le recours à la lettre est une manière de montrer qu’il ne peut y avoir de communication réelle que dans l’absence: l’ordre ancestral confisque la parole de la femme, l’ordre colonial celle du Père, de Sliman, d’Arezki, l’ordre institutionnel de la période de souveraineté,celledeMourad. Le recours à la lettre est une manière de montrer qu’il ne peut y avoir de communication réelle que dans l’absence: l’ordre ancestral confisque la parole de la femme, l’ordre colonial celle du Père, de Sliman, d’Arezki, l’ordre institutionnel de la période de souveraineté,celledeMourad. Lapolyphonieengendréeparleslettrespermetàtoutesces parolesconfisquéesdes’exprimer,l’écrivainleurménageunespace Lapolyphonieengendréeparleslettrespermetàtoutesces parolesconfisquéesdes’exprimer,l’écrivainleurménageunespace 110 ȱ 110 ȱ ROMANSȱ ȱ LETTRESȱ MODEȱDEȱTRANSMISSIONȱOUȱ D’INTRODUCTIONȱ ȱ ROMANSȱ ȱ LETTRESȱ ȱ LaȱCollineȱoubliéeȱ AaziàMokrane «Al’écriturerégulièreettrèsappliquée ȱ MODEȱDEȱTRANSMISSIONȱOUȱ D’INTRODUCTIONȱ ȱ LaȱCollineȱoubliéeȱ AaziàMokrane «Al’écriturerégulièreettrèsappliquée jereconnusqu’Aaziavaitellemême écritlalettre.» jereconnusqu’Aaziavaitellemême écritlalettre.» lepèreàSliman «C’estàBouiraqueSlimanreçutune lettredont Leȱ Sommeilȱ du ilsefitexpliquerplusdelamoitié, justeȱ parcequ’elleétaitdifficileà comprendre.» lepèreàSliman «C’estàBouiraqueSlimanreçutune lettredont Leȱ Sommeilȱ du ilsefitexpliquerplusdelamoitié, justeȱ parcequ’elleétaitdifficileà comprendre.» C’est ainsi que toutes ces lettres construisent la référence suivanterépartieencinqthèmes: C’est ainsi que toutes ces lettres construisent la référence suivanterépartieencinqthèmes: l’imagedelafemmedanslesystèmetraditionnelkabyle, l’imagedelafemmedanslesystèmetraditionnelkabyle, lamisèreetl’injusticedurantlapériodecoloniale, lamisèreetl’injusticedurantlapériodecoloniale, lavisionducolonisédeformationfrançaise, lavisionducolonisédeformationfrançaise, la représentation de l’intellectuel durant la guerre de libération, la représentation de l’intellectuel durant la guerre de libération, la représentation de l’intellectuel dans la période qui suit l’indépendance. la représentation de l’intellectuel dans la période qui suit l’indépendance. Le recours à la lettre est une manière de montrer qu’il ne peut y avoir de communication réelle que dans l’absence: l’ordre ancestral confisque la parole de la femme, l’ordre colonial celle du Père, de Sliman, d’Arezki, l’ordre institutionnel de la période de souveraineté,celledeMourad. Le recours à la lettre est une manière de montrer qu’il ne peut y avoir de communication réelle que dans l’absence: l’ordre ancestral confisque la parole de la femme, l’ordre colonial celle du Père, de Sliman, d’Arezki, l’ordre institutionnel de la période de souveraineté,celledeMourad. Lapolyphonieengendréeparleslettrespermetàtoutesces parolesconfisquéesdes’exprimer,l’écrivainleurménageunespace Lapolyphonieengendréeparleslettrespermetàtoutesces parolesconfisquéesdes’exprimer,l’écrivainleurménageunespace 110 110 de liberté qu’elles ne peuvent trouver ailleurs – dans la réalité s’entend. de liberté qu’elles ne peuvent trouver ailleurs – dans la réalité s’entend. Empreinte de la culture classique de l’écrivain, on ne peut s’empêcher de penser que – comme c’était le cas au XVIIIe siècle – «ȱla lettre devient l’expression efficace d’une pensée engagée, un espaced’écritureprivilégiédanslegrandmouvementd’Invention delaliberté,selonl’expressiondeJeanStarobinskiȱ»ȱ(Grassi,1998: 28)ȱ qui marque le siècle des lumières. C’est la polyphonie et l’authenticitéquimarquentdeleurempreinteleXVIIIesiècleetqu’A. Gideréaménagesousformede«sincérité». Empreinte de la culture classique de l’écrivain, on ne peut s’empêcher de penser que – comme c’était le cas au XVIIIe siècle – «ȱla lettre devient l’expression efficace d’une pensée engagée, un espaced’écritureprivilégiédanslegrandmouvementd’Invention delaliberté,selonl’expressiondeJeanStarobinskiȱ»ȱ(Grassi,1998: 28)ȱ qui marque le siècle des lumières. C’est la polyphonie et l’authenticitéquimarquentdeleurempreinteleXVIIIesiècleetqu’A. Gideréaménagesousformede«sincérité». En outre, l’introduction de toutes ces lettres représente une stratégie discursive qui vise à faire s’entrecroiser le genre romanesque avec le genre théâtral. En effet, les lettres induisent un phénomène de transfictionnalité puisqu’elles jouent le dialogue en mettant en présence plusieurs voix. Théâtralisation de la parole commelesoulignefortjustementG.HarocheBouzinac: En outre, l’introduction de toutes ces lettres représente une stratégie discursive qui vise à faire s’entrecroiser le genre romanesque avec le genre théâtral. En effet, les lettres induisent un phénomène de transfictionnalité puisqu’elles jouent le dialogue en mettant en présence plusieurs voix. Théâtralisation de la parole commelesoulignefortjustementG.HarocheBouzinac: Laȱlettreȱjoueȱleȱthéâtre,ȱnonȱseulementȱdansȱsaȱformeȱdialoguée,ȱparȱlesȱvoixȱ qu’elleȱ faitȱ entendre,ȱ maisȱ aussiȱ dansȱ laȱ miseȱ enȱ scèneȱ deȱ soiȱ parȱ soi,ȱ dansȱ l’exagérationȱetȱl’exaltationȱqu’elleȱdéploie.(1995:92)ȱ Laȱlettreȱjoueȱleȱthéâtre,ȱnonȱseulementȱdansȱsaȱformeȱdialoguée,ȱparȱlesȱvoixȱ qu’elleȱ faitȱ entendre,ȱ maisȱ aussiȱ dansȱ laȱ miseȱ enȱ scèneȱ deȱ soiȱ parȱ soi,ȱ dansȱ l’exagérationȱetȱl’exaltationȱqu’elleȱdéploie.(1995:92)ȱ ȱ ȱ 2.2.ȱLeȱjournalȱintimeȱ 2.2.ȱLeȱjournalȱintimeȱ ȱ ȱ Cetyped’écritureserencontredanstroisdesromansdeM. Mammeri:LaȱCollineȱoubliée,LeȱSommeilȱduȱjuste,LaȱTraversée. Cetyped’écritureserencontredanstroisdesromansdeM. Mammeri:LaȱCollineȱoubliée,LeȱSommeilȱduȱjuste,LaȱTraversée. Dans Laȱ Collineȱ oubliée, l’insertion d’un fragment de journal intime se signale par la présence de dates: «6 décembre», «7 décembre»,«9décembre». Dans Laȱ Collineȱ oubliée, l’insertion d’un fragment de journal intime se signale par la présence de dates: «6 décembre», «7 décembre»,«9décembre». Il intervient à un moment où les faits sont nombreux et se précipitent: Il intervient à un moment où les faits sont nombreux et se précipitent: J’eusȱ duȱ resteȱ moiȬmêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda,ȱ videsȱd’ordinaire,ȱsontȱpleinesȱceȱdernierȱmoisȱàȱchaqueȱpage. J’eusȱ duȱ resteȱ moiȬmêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda,ȱ videsȱd’ordinaire,ȱsontȱpleinesȱceȱdernierȱmoisȱàȱchaqueȱpage. 111 111 de liberté qu’elles ne peuvent trouver ailleurs – dans la réalité s’entend. de liberté qu’elles ne peuvent trouver ailleurs – dans la réalité s’entend. Empreinte de la culture classique de l’écrivain, on ne peut s’empêcher de penser que – comme c’était le cas au XVIIIe siècle – «ȱla lettre devient l’expression efficace d’une pensée engagée, un espaced’écritureprivilégiédanslegrandmouvementd’Invention delaliberté,selonl’expressiondeJeanStarobinskiȱ»ȱ(Grassi,1998: 28)ȱ qui marque le siècle des lumières. C’est la polyphonie et l’authenticitéquimarquentdeleurempreinteleXVIIIesiècleetqu’A. Gideréaménagesousformede«sincérité». Empreinte de la culture classique de l’écrivain, on ne peut s’empêcher de penser que – comme c’était le cas au XVIIIe siècle – «ȱla lettre devient l’expression efficace d’une pensée engagée, un espaced’écritureprivilégiédanslegrandmouvementd’Invention delaliberté,selonl’expressiondeJeanStarobinskiȱ»ȱ(Grassi,1998: 28)ȱ qui marque le siècle des lumières. C’est la polyphonie et l’authenticitéquimarquentdeleurempreinteleXVIIIesiècleetqu’A. Gideréaménagesousformede«sincérité». En outre, l’introduction de toutes ces lettres représente une stratégie discursive qui vise à faire s’entrecroiser le genre romanesque avec le genre théâtral. En effet, les lettres induisent un phénomène de transfictionnalité puisqu’elles jouent le dialogue en mettant en présence plusieurs voix. Théâtralisation de la parole commelesoulignefortjustementG.HarocheBouzinac: En outre, l’introduction de toutes ces lettres représente une stratégie discursive qui vise à faire s’entrecroiser le genre romanesque avec le genre théâtral. En effet, les lettres induisent un phénomène de transfictionnalité puisqu’elles jouent le dialogue en mettant en présence plusieurs voix. Théâtralisation de la parole commelesoulignefortjustementG.HarocheBouzinac: Laȱlettreȱjoueȱleȱthéâtre,ȱnonȱseulementȱdansȱsaȱformeȱdialoguée,ȱparȱlesȱvoixȱ qu’elleȱ faitȱ entendre,ȱ maisȱ aussiȱ dansȱ laȱ miseȱ enȱ scèneȱ deȱ soiȱ parȱ soi,ȱ dansȱ l’exagérationȱetȱl’exaltationȱqu’elleȱdéploie.(1995:92)ȱ Laȱlettreȱjoueȱleȱthéâtre,ȱnonȱseulementȱdansȱsaȱformeȱdialoguée,ȱparȱlesȱvoixȱ qu’elleȱ faitȱ entendre,ȱ maisȱ aussiȱ dansȱ laȱ miseȱ enȱ scèneȱ deȱ soiȱ parȱ soi,ȱ dansȱ l’exagérationȱetȱl’exaltationȱqu’elleȱdéploie.(1995:92)ȱ ȱ ȱ 2.2.ȱLeȱjournalȱintimeȱ 2.2.ȱLeȱjournalȱintimeȱ ȱ ȱ Cetyped’écritureserencontredanstroisdesromansdeM. Mammeri:LaȱCollineȱoubliée,LeȱSommeilȱduȱjuste,LaȱTraversée. Cetyped’écritureserencontredanstroisdesromansdeM. Mammeri:LaȱCollineȱoubliée,LeȱSommeilȱduȱjuste,LaȱTraversée. Dans Laȱ Collineȱ oubliée, l’insertion d’un fragment de journal intime se signale par la présence de dates: «6 décembre», «7 décembre»,«9décembre». Dans Laȱ Collineȱ oubliée, l’insertion d’un fragment de journal intime se signale par la présence de dates: «6 décembre», «7 décembre»,«9décembre». Il intervient à un moment où les faits sont nombreux et se précipitent: Il intervient à un moment où les faits sont nombreux et se précipitent: J’eusȱ duȱ resteȱ moiȬmêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda,ȱ videsȱd’ordinaire,ȱsontȱpleinesȱceȱdernierȱmoisȱàȱchaqueȱpage. J’eusȱ duȱ resteȱ moiȬmêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda,ȱ videsȱd’ordinaire,ȱsontȱpleinesȱceȱdernierȱmoisȱàȱchaqueȱpage. 111 111 Le recours au journal intime correspond ici à la volonté d’abolirletravaild’anamnèseentreprisparlerécitautobiographique factuelle qui compose la trame du roman. Ceci pour saisir les évènementsdansleurimmédiateté.Lejournalintimefaitdisparaître le passé au profit du présent, «le moi révolu» au profit du «je actuel», selon les expressions de Jean Starobinski (1970). En cela, il marqueunerupturedanslarupturecommepourbienmontrerque le récit est authentique puisque inspiré d’un journal intime. La distance temporelle est réduite, c’est la seule différence qui existe avec le récit autobiographique. C’est ce que signale Ph. Lejeunequi expliquequelejournalintime,genrevoisindel’autobiographie,s’en détache cependant du fait qu’il ne remplit pas la condition de la perspectiverétrospectivedurécit(Lejeune,1975:14). Le recours au journal intime correspond ici à la volonté d’abolirletravaild’anamnèseentreprisparlerécitautobiographique factuelle qui compose la trame du roman. Ceci pour saisir les évènementsdansleurimmédiateté.Lejournalintimefaitdisparaître le passé au profit du présent, «le moi révolu» au profit du «je actuel», selon les expressions de Jean Starobinski (1970). En cela, il marqueunerupturedanslarupturecommepourbienmontrerque le récit est authentique puisque inspiré d’un journal intime. La distance temporelle est réduite, c’est la seule différence qui existe avec le récit autobiographique. C’est ce que signale Ph. Lejeunequi expliquequelejournalintime,genrevoisindel’autobiographie,s’en détache cependant du fait qu’il ne remplit pas la condition de la perspectiverétrospectivedurécit(Lejeune,1975:14). L’autobiographieetlejournalintimeréelontencommunle fait qu’il s’agit de retracer la vérité des actes, des évènements, de l’être.C’estceversquoitendcefragment.Maisils’agitd’unjournal intime inséré dans un texte qui s’annonce comme fictif, comme d’ailleursdansLeȱSommeilȱduȱjusteetdansLaȱTraversée. L’autobiographieetlejournalintimeréelontencommunle fait qu’il s’agit de retracer la vérité des actes, des évènements, de l’être.C’estceversquoitendcefragment.Maisils’agitd’unjournal intime inséré dans un texte qui s’annonce comme fictif, comme d’ailleursdansLeȱSommeilȱduȱjusteetdansLaȱTraversée. V.Raoul,quiaanalysélefonctionnementdujournalintime insérédansleroman,écrit: V.Raoul,quiaanalysélefonctionnementdujournalintime insérédansleroman,écrit: L’auteurȱ ȱ prétendȱ êtreȱ quelqu’unȱ d’autreȱ quiȱ existeȱ ouȱ aȱ existé,ȱ etȱ ilȱ imiteȱ cetteȱpersonne.ȱIlȱaffirmeȱdesȱfaitsȱquiȱseȱposentȱcommeȱvrais.ȱ(Raoul,1999: 27) L’auteurȱ ȱ prétendȱ êtreȱ quelqu’unȱ d’autreȱ quiȱ existeȱ ouȱ aȱ existé,ȱ etȱ ilȱ imiteȱ cetteȱpersonne.ȱIlȱaffirmeȱdesȱfaitsȱquiȱseȱposentȱcommeȱvrais.ȱ(Raoul,1999: 27) Envertudu«pacteréférentiel»quesignalePh.Lejeune,ce type de texte tend à démontrer que l’image qui est représentée devient la réalité. La vérité se pose comme l’horizon de l’écriture, c’est ce que précise J.Ph. Miraux (1996: 8) à propos de l’autobiographie et qui pourrait très bien s’appliquer au journal intime: Envertudu«pacteréférentiel»quesignalePh.Lejeune,ce type de texte tend à démontrer que l’image qui est représentée devient la réalité. La vérité se pose comme l’horizon de l’écriture, c’est ce que précise J.Ph. Miraux (1996: 8) à propos de l’autobiographie et qui pourrait très bien s’appliquer au journal intime: Qu’elleȱ soitȱ véritéȱ desȱ actesȱ ouȱ véritéȱ deȱ l’être,ȱ elleȱ seȱ constitueȱ commeȱ horizonȱ deȱ l’écriture,ȱ commeȱ pointȱ aveugleȱ duȱ style,ȱ commeȱ lieuȱ atopique,ȱ lieuȱsansȱlieuȱversȱquoiȱtendȱl’effortȱscripturaire. Qu’elleȱ soitȱ véritéȱ desȱ actesȱ ouȱ véritéȱ deȱ l’être,ȱ elleȱ seȱ constitueȱ commeȱ horizonȱ deȱ l’écriture,ȱ commeȱ pointȱ aveugleȱ duȱ style,ȱ commeȱ lieuȱ atopique,ȱ lieuȱsansȱlieuȱversȱquoiȱtendȱl’effortȱscripturaire. 112 112 Le recours au journal intime correspond ici à la volonté d’abolirletravaild’anamnèseentreprisparlerécitautobiographique factuelle qui compose la trame du roman. Ceci pour saisir les évènementsdansleurimmédiateté.Lejournalintimefaitdisparaître le passé au profit du présent, «le moi révolu» au profit du «je actuel», selon les expressions de Jean Starobinski (1970). En cela, il marqueunerupturedanslarupturecommepourbienmontrerque le récit est authentique puisque inspiré d’un journal intime. La distance temporelle est réduite, c’est la seule différence qui existe avec le récit autobiographique. C’est ce que signale Ph. Lejeunequi expliquequelejournalintime,genrevoisindel’autobiographie,s’en détache cependant du fait qu’il ne remplit pas la condition de la perspectiverétrospectivedurécit(Lejeune,1975:14). Le recours au journal intime correspond ici à la volonté d’abolirletravaild’anamnèseentreprisparlerécitautobiographique factuelle qui compose la trame du roman. Ceci pour saisir les évènementsdansleurimmédiateté.Lejournalintimefaitdisparaître le passé au profit du présent, «le moi révolu» au profit du «je actuel», selon les expressions de Jean Starobinski (1970). En cela, il marqueunerupturedanslarupturecommepourbienmontrerque le récit est authentique puisque inspiré d’un journal intime. La distance temporelle est réduite, c’est la seule différence qui existe avec le récit autobiographique. C’est ce que signale Ph. Lejeunequi expliquequelejournalintime,genrevoisindel’autobiographie,s’en détache cependant du fait qu’il ne remplit pas la condition de la perspectiverétrospectivedurécit(Lejeune,1975:14). L’autobiographieetlejournalintimeréelontencommunle fait qu’il s’agit de retracer la vérité des actes, des évènements, de l’être.C’estceversquoitendcefragment.Maisils’agitd’unjournal intime inséré dans un texte qui s’annonce comme fictif, comme d’ailleursdansLeȱSommeilȱduȱjusteetdansLaȱTraversée. L’autobiographieetlejournalintimeréelontencommunle fait qu’il s’agit de retracer la vérité des actes, des évènements, de l’être.C’estceversquoitendcefragment.Maisils’agitd’unjournal intime inséré dans un texte qui s’annonce comme fictif, comme d’ailleursdansLeȱSommeilȱduȱjusteetdansLaȱTraversée. V.Raoul,quiaanalysélefonctionnementdujournalintime insérédansleroman,écrit: V.Raoul,quiaanalysélefonctionnementdujournalintime insérédansleroman,écrit: L’auteurȱ ȱ prétendȱ êtreȱ quelqu’unȱ d’autreȱ quiȱ existeȱ ouȱ aȱ existé,ȱ etȱ ilȱ imiteȱ cetteȱpersonne.ȱIlȱaffirmeȱdesȱfaitsȱquiȱseȱposentȱcommeȱvrais.ȱ(Raoul,1999: 27) L’auteurȱ ȱ prétendȱ êtreȱ quelqu’unȱ d’autreȱ quiȱ existeȱ ouȱ aȱ existé,ȱ etȱ ilȱ imiteȱ cetteȱpersonne.ȱIlȱaffirmeȱdesȱfaitsȱquiȱseȱposentȱcommeȱvrais.ȱ(Raoul,1999: 27) Envertudu«pacteréférentiel»quesignalePh.Lejeune,ce type de texte tend à démontrer que l’image qui est représentée devient la réalité. La vérité se pose comme l’horizon de l’écriture, c’est ce que précise J.Ph. Miraux (1996: 8) à propos de l’autobiographie et qui pourrait très bien s’appliquer au journal intime: Envertudu«pacteréférentiel»quesignalePh.Lejeune,ce type de texte tend à démontrer que l’image qui est représentée devient la réalité. La vérité se pose comme l’horizon de l’écriture, c’est ce que précise J.Ph. Miraux (1996: 8) à propos de l’autobiographie et qui pourrait très bien s’appliquer au journal intime: Qu’elleȱ soitȱ véritéȱ desȱ actesȱ ouȱ véritéȱ deȱ l’être,ȱ elleȱ seȱ constitueȱ commeȱ horizonȱ deȱ l’écriture,ȱ commeȱ pointȱ aveugleȱ duȱ style,ȱ commeȱ lieuȱ atopique,ȱ lieuȱsansȱlieuȱversȱquoiȱtendȱl’effortȱscripturaire. Qu’elleȱ soitȱ véritéȱ desȱ actesȱ ouȱ véritéȱ deȱ l’être,ȱ elleȱ seȱ constitueȱ commeȱ horizonȱ deȱ l’écriture,ȱ commeȱ pointȱ aveugleȱ duȱ style,ȱ commeȱ lieuȱ atopique,ȱ lieuȱsansȱlieuȱversȱquoiȱtendȱl’effortȱscripturaire. 112 112 Même si, en tant que lecteur, nous savons pertinemment que nous ne pouvons établir une identité entre l’auteur et le narrateur (quiestunpersonnageduroman)–M.Mammerin’estpasMokrane, ni Arezki, ni Souad – nous établissons forcément un lien entre ce genredetexteetlaréalité.Enintroduisantlejournalintimedansses romans, l’écrivain s’engage à établir un lien entre les mots et le mondeet,parlàmême,nousyengage.«L’effetderéel»dontparle Ph. Lejeune joue à plein et la fiction porte alors en elle un discours quiseposecommevrai.D’autantplusqueleromancierprendsoin demarquerl’introductiondecestextesentantquejournauxintimes commepourlesauthentifier. Même si, en tant que lecteur, nous savons pertinemment que nous ne pouvons établir une identité entre l’auteur et le narrateur (quiestunpersonnageduroman)–M.Mammerin’estpasMokrane, ni Arezki, ni Souad – nous établissons forcément un lien entre ce genredetexteetlaréalité.Enintroduisantlejournalintimedansses romans, l’écrivain s’engage à établir un lien entre les mots et le mondeet,parlàmême,nousyengage.«L’effetderéel»dontparle Ph. Lejeune joue à plein et la fiction porte alors en elle un discours quiseposecommevrai.D’autantplusqueleromancierprendsoin demarquerl’introductiondecestextesentantquejournauxintimes commepourlesauthentifier. Ainsi,onpeutliredansLaȱCollineȱoubliée:«ȱJ’eusȱduȱresteȱmoiȬ mêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda…ȱ»,ȱ et dans Laȱ Traverséeȱ:ȱȱ«ȱȬJournalȱdeȱSouad:…ȱ». Ainsi,onpeutliredansLaȱCollineȱoubliée:«ȱJ’eusȱduȱresteȱmoiȬ mêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda…ȱ»,ȱ et dans Laȱ Traverséeȱ:ȱȱ«ȱȬJournalȱdeȱSouad:…ȱ». DansLeȱSommeilȱduȱjuste,cen’estpasseulementsaprésence qui est authentifiée (l’idée de journal est suggérée à Arezki par M. Poiré)maisaussisonobjectif: DansLeȱSommeilȱduȱjuste,cen’estpasseulementsaprésence qui est authentifiée (l’idée de journal est suggérée à Arezki par M. Poiré)maisaussisonobjectif: ȬȱCeȱjournalȱsera,ȱauȱmilieuȱdeȱlaȱbarbarieȱdéchaînée,ȱunȱrefugeȱdeȱconscienceȱ etȱ d’humanité,ȱ auȱ milieuȱ desȱ ténèbresȱ laȱ flammeȱ quiȱ veille,ȱ parceȱ queȱ l’hommeȱniȱlaȱvéritéȱneȱpeuventȱpérir. ȬȱCeȱjournalȱsera,ȱauȱmilieuȱdeȱlaȱbarbarieȱdéchaînée,ȱunȱrefugeȱdeȱconscienceȱ etȱ d’humanité,ȱ auȱ milieuȱ desȱ ténèbresȱ laȱ flammeȱ quiȱ veille,ȱ parceȱ queȱ l’hommeȱniȱlaȱvéritéȱneȱpeuventȱpérir. Nous sommes donc en présence de textes qui, par la polyphonie dont ils sont porteurs – tout comme les lettres – contiennent une interrogation éminemment philosophique sur l’individu face à des évènements marquants. Ils constituentȱ uneȱ profondeȱrechercheȱdeȱlaȱvéritéȱphilosophiqueȱetȱontologiqueȱduȱmoi,ȱcomme l’écrit, à juste titre, J.Ph. Miraux (1996: 24) et ce, conformément à l’espritdelaformationclassiqueethumanistedel’écrivain. ȱ 2.3.ȱL’épopéeȱ Nous sommes donc en présence de textes qui, par la polyphonie dont ils sont porteurs – tout comme les lettres – contiennent une interrogation éminemment philosophique sur l’individu face à des évènements marquants. Ils constituentȱ uneȱ profondeȱrechercheȱdeȱlaȱvéritéȱphilosophiqueȱetȱontologiqueȱduȱmoi,ȱcomme l’écrit, à juste titre, J.Ph. Miraux (1996: 24) et ce, conformément à l’espritdelaformationclassiqueethumanistedel’écrivain. ȱ 2.3.ȱL’épopéeȱ Le passage concerné se situe dans Laȱ Traversée. Il sagit de larticle écrit par Mourad, «La Traversée du désert», article qui déplaîtauxautoritésetquileconduitàdémissionnerdujournal. Le passage concerné se situe dans Laȱ Traversée. Il sagit de larticle écrit par Mourad, «La Traversée du désert», article qui déplaîtauxautoritésetquileconduitàdémissionnerdujournal. 113 113 Même si, en tant que lecteur, nous savons pertinemment que nous ne pouvons établir une identité entre l’auteur et le narrateur (quiestunpersonnageduroman)–M.Mammerin’estpasMokrane, ni Arezki, ni Souad – nous établissons forcément un lien entre ce genredetexteetlaréalité.Enintroduisantlejournalintimedansses romans, l’écrivain s’engage à établir un lien entre les mots et le mondeet,parlàmême,nousyengage.«L’effetderéel»dontparle Ph. Lejeune joue à plein et la fiction porte alors en elle un discours quiseposecommevrai.D’autantplusqueleromancierprendsoin demarquerl’introductiondecestextesentantquejournauxintimes commepourlesauthentifier. Même si, en tant que lecteur, nous savons pertinemment que nous ne pouvons établir une identité entre l’auteur et le narrateur (quiestunpersonnageduroman)–M.Mammerin’estpasMokrane, ni Arezki, ni Souad – nous établissons forcément un lien entre ce genredetexteetlaréalité.Enintroduisantlejournalintimedansses romans, l’écrivain s’engage à établir un lien entre les mots et le mondeet,parlàmême,nousyengage.«L’effetderéel»dontparle Ph. Lejeune joue à plein et la fiction porte alors en elle un discours quiseposecommevrai.D’autantplusqueleromancierprendsoin demarquerl’introductiondecestextesentantquejournauxintimes commepourlesauthentifier. Ainsi,onpeutliredansLaȱCollineȱoubliée:«ȱJ’eusȱduȱresteȱmoiȬ mêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda…ȱ»,ȱ et dans Laȱ Traverséeȱ:ȱȱ«ȱȬJournalȱdeȱSouad:…ȱ». Ainsi,onpeutliredansLaȱCollineȱoubliée:«ȱJ’eusȱduȱresteȱmoiȬ mêmeȱ beaucoupȱ àȱ faireȱ carȱ lesȱ feuillesȱ deȱ monȱ agenda…ȱ»,ȱ et dans Laȱ Traverséeȱ:ȱȱ«ȱȬJournalȱdeȱSouad:…ȱ». DansLeȱSommeilȱduȱjuste,cen’estpasseulementsaprésence qui est authentifiée (l’idée de journal est suggérée à Arezki par M. Poiré)maisaussisonobjectif: DansLeȱSommeilȱduȱjuste,cen’estpasseulementsaprésence qui est authentifiée (l’idée de journal est suggérée à Arezki par M. Poiré)maisaussisonobjectif: ȬȱCeȱjournalȱsera,ȱauȱmilieuȱdeȱlaȱbarbarieȱdéchaînée,ȱunȱrefugeȱdeȱconscienceȱ etȱ d’humanité,ȱ auȱ milieuȱ desȱ ténèbresȱ laȱ flammeȱ quiȱ veille,ȱ parceȱ queȱ l’hommeȱniȱlaȱvéritéȱneȱpeuventȱpérir. ȬȱCeȱjournalȱsera,ȱauȱmilieuȱdeȱlaȱbarbarieȱdéchaînée,ȱunȱrefugeȱdeȱconscienceȱ etȱ d’humanité,ȱ auȱ milieuȱ desȱ ténèbresȱ laȱ flammeȱ quiȱ veille,ȱ parceȱ queȱ l’hommeȱniȱlaȱvéritéȱneȱpeuventȱpérir. Nous sommes donc en présence de textes qui, par la polyphonie dont ils sont porteurs – tout comme les lettres – contiennent une interrogation éminemment philosophique sur l’individu face à des évènements marquants. Ils constituentȱ uneȱ profondeȱrechercheȱdeȱlaȱvéritéȱphilosophiqueȱetȱontologiqueȱduȱmoi,ȱcomme l’écrit, à juste titre, J.Ph. Miraux (1996: 24) et ce, conformément à l’espritdelaformationclassiqueethumanistedel’écrivain. ȱ 2.3.ȱL’épopéeȱ Nous sommes donc en présence de textes qui, par la polyphonie dont ils sont porteurs – tout comme les lettres – contiennent une interrogation éminemment philosophique sur l’individu face à des évènements marquants. Ils constituentȱ uneȱ profondeȱrechercheȱdeȱlaȱvéritéȱphilosophiqueȱetȱontologiqueȱduȱmoi,ȱcomme l’écrit, à juste titre, J.Ph. Miraux (1996: 24) et ce, conformément à l’espritdelaformationclassiqueethumanistedel’écrivain. ȱ 2.3.ȱL’épopéeȱ Le passage concerné se situe dans Laȱ Traversée. Il sagit de larticle écrit par Mourad, «La Traversée du désert», article qui déplaîtauxautoritésetquileconduitàdémissionnerdujournal. Le passage concerné se situe dans Laȱ Traversée. Il sagit de larticle écrit par Mourad, «La Traversée du désert», article qui déplaîtauxautoritésetquileconduitàdémissionnerdujournal. 113 113 Ce texte, représente un autre moment darrêt dans le déroulementromanesque,momentoùlelecteurestprojetédansune autreréalitéquecelleduromanenmêmetempsquilyestinséré. Ce texte, représente un autre moment darrêt dans le déroulementromanesque,momentoùlelecteurestprojetédansune autreréalitéquecelleduromanenmêmetempsquilyestinséré. Eneffet,unarticledejournalestcenséinformerlelecteur,luidirela vérité, le pousser à réfléchir. Linformer et le pousser à réfléchir, comment? Eneffet,unarticledejournalestcenséinformerlelecteur,luidirela vérité, le pousser à réfléchir. Linformer et le pousser à réfléchir, comment? Cetarticleretracelitinérairedune«caravane»quitraverse un «désert» avec à lavant des «héros» qui sont éliminés et remplacés par des «épigones» une fois l«oasis» atteinte. On peut constaterquecetexteestconstruitautourdesymbolesquelelecteur doitdécrypter,cequi,pourlemoins,estassezinhabituelconcernant unarticledejournal. Cetarticleretracelitinérairedune«caravane»quitraverse un «désert» avec à lavant des «héros» qui sont éliminés et remplacés par des «épigones» une fois l«oasis» atteinte. On peut constaterquecetexteestconstruitautourdesymbolesquelelecteur doitdécrypter,cequi,pourlemoins,estassezinhabituelconcernant unarticledejournal. Ce récit se construit également autour du rôle des «héros» danscetitinéraire;cestpourquoiilnoussemblequilsapparenteà un récit épique. La parenté que l’on peut établir avec lépopée grecque sopère, demblée, par le mode dintroduction de larticle dans le roman : le lecteur en prend connaissance par le biais de loralisation : cest Souad, une journaliste qui fait partie de léquipe derédaction,quilelit:LaȱvoixȱdeȱSouadȱétaitȱmorne.(p.30). Ce récit se construit également autour du rôle des «héros» danscetitinéraire;cestpourquoiilnoussemblequilsapparenteà un récit épique. La parenté que l’on peut établir avec lépopée grecque sopère, demblée, par le mode dintroduction de larticle dans le roman : le lecteur en prend connaissance par le biais de loralisation : cest Souad, une journaliste qui fait partie de léquipe derédaction,quilelit:LaȱvoixȱdeȱSouadȱétaitȱmorne.(p.30). Par ailleurs, dans les œuvres épiques dHomère, et en particulier dans LȇIlliadeȱ (Homère, 1975), le héros est un guerrier, cestunhumainparmileshumainsdanssesrapportsaveclesdieux et juste après lui viennent les femmes. Cest ce que lon peut constaterdanscetarticleoù: Par ailleurs, dans les œuvres épiques dHomère, et en particulier dans LȇIlliadeȱ (Homère, 1975), le héros est un guerrier, cestunhumainparmileshumainsdanssesrapportsaveclesdieux et juste après lui viennent les femmes. Cest ce que lon peut constaterdanscetarticleoù: leshérosnontpourseuléquipementqueleursarmes:…ilsȱallaientȱ nusȱavecȱseulementȱdesȱarmesȱdansȱlesȱbras.(p.32); leshérosnontpourseuléquipementqueleursarmes:…ilsȱallaientȱ nusȱavecȱseulementȱdesȱarmesȱdansȱlesȱbras.(p.32); les femmes sont introduites juste après les héros et sont, soit des mères ayant pour tâche de développer linstinct grégaire chez leurs enfants: les femmes sont introduites juste après les héros et sont, soit des mères ayant pour tâche de développer linstinct grégaire chez leurs enfants: Lesȱaccoutumerȱauxȱliensȱdèsȱlȇenfance,ȱetȱainsiȱdeȱlesȱdégoûterȱdeȱlȇhéroïsmeȱ àȱjamais.ȱIlȱfallaitȱlesȱguérirȱaussiȱduȱgoûtȱdeȱlȇindépendanceȱetȱdeȱlaȱsolitude. (p.31), Lesȱaccoutumerȱauxȱliensȱdèsȱlȇenfance,ȱetȱainsiȱdeȱlesȱdégoûterȱdeȱlȇhéroïsmeȱ àȱjamais.ȱIlȱfallaitȱlesȱguérirȱaussiȱduȱgoûtȱdeȱlȇindépendanceȱetȱdeȱlaȱsolitude. (p.31), 114 114 Ce texte, représente un autre moment darrêt dans le déroulementromanesque,momentoùlelecteurestprojetédansune autreréalitéquecelleduromanenmêmetempsquilyestinséré. Ce texte, représente un autre moment darrêt dans le déroulementromanesque,momentoùlelecteurestprojetédansune autreréalitéquecelleduromanenmêmetempsquilyestinséré. Eneffet,unarticledejournalestcenséinformerlelecteur,luidirela vérité, le pousser à réfléchir. Linformer et le pousser à réfléchir, comment? Eneffet,unarticledejournalestcenséinformerlelecteur,luidirela vérité, le pousser à réfléchir. Linformer et le pousser à réfléchir, comment? Cetarticleretracelitinérairedune«caravane»quitraverse un «désert» avec à lavant des «héros» qui sont éliminés et remplacés par des «épigones» une fois l«oasis» atteinte. On peut constaterquecetexteestconstruitautourdesymbolesquelelecteur doitdécrypter,cequi,pourlemoins,estassezinhabituelconcernant unarticledejournal. Cetarticleretracelitinérairedune«caravane»quitraverse un «désert» avec à lavant des «héros» qui sont éliminés et remplacés par des «épigones» une fois l«oasis» atteinte. On peut constaterquecetexteestconstruitautourdesymbolesquelelecteur doitdécrypter,cequi,pourlemoins,estassezinhabituelconcernant unarticledejournal. Ce récit se construit également autour du rôle des «héros» danscetitinéraire;cestpourquoiilnoussemblequilsapparenteà un récit épique. La parenté que l’on peut établir avec lépopée grecque sopère, demblée, par le mode dintroduction de larticle dans le roman : le lecteur en prend connaissance par le biais de loralisation : cest Souad, une journaliste qui fait partie de léquipe derédaction,quilelit:LaȱvoixȱdeȱSouadȱétaitȱmorne.(p.30). Ce récit se construit également autour du rôle des «héros» danscetitinéraire;cestpourquoiilnoussemblequilsapparenteà un récit épique. La parenté que l’on peut établir avec lépopée grecque sopère, demblée, par le mode dintroduction de larticle dans le roman : le lecteur en prend connaissance par le biais de loralisation : cest Souad, une journaliste qui fait partie de léquipe derédaction,quilelit:LaȱvoixȱdeȱSouadȱétaitȱmorne.(p.30). Par ailleurs, dans les œuvres épiques dHomère, et en particulier dans LȇIlliadeȱ (Homère, 1975), le héros est un guerrier, cestunhumainparmileshumainsdanssesrapportsaveclesdieux et juste après lui viennent les femmes. Cest ce que lon peut constaterdanscetarticleoù: Par ailleurs, dans les œuvres épiques dHomère, et en particulier dans LȇIlliadeȱ (Homère, 1975), le héros est un guerrier, cestunhumainparmileshumainsdanssesrapportsaveclesdieux et juste après lui viennent les femmes. Cest ce que lon peut constaterdanscetarticleoù: leshérosnontpourseuléquipementqueleursarmes:…ilsȱallaientȱ nusȱavecȱseulementȱdesȱarmesȱdansȱlesȱbras.(p.32); leshérosnontpourseuléquipementqueleursarmes:…ilsȱallaientȱ nusȱavecȱseulementȱdesȱarmesȱdansȱlesȱbras.(p.32); les femmes sont introduites juste après les héros et sont, soit des mères ayant pour tâche de développer linstinct grégaire chez leurs enfants: les femmes sont introduites juste après les héros et sont, soit des mères ayant pour tâche de développer linstinct grégaire chez leurs enfants: Lesȱaccoutumerȱauxȱliensȱdèsȱlȇenfance,ȱetȱainsiȱdeȱlesȱdégoûterȱdeȱlȇhéroïsmeȱ àȱjamais.ȱIlȱfallaitȱlesȱguérirȱaussiȱduȱgoûtȱdeȱlȇindépendanceȱetȱdeȱlaȱsolitude. (p.31), Lesȱaccoutumerȱauxȱliensȱdèsȱlȇenfance,ȱetȱainsiȱdeȱlesȱdégoûterȱdeȱlȇhéroïsmeȱ àȱjamais.ȱIlȱfallaitȱlesȱguérirȱaussiȱduȱgoûtȱdeȱlȇindépendanceȱetȱdeȱlaȱsolitude. (p.31), 114 114 soit des prostituées chargées par les «oasiens» de corrompre les héros,delesdétournerdeleuraspirationàlaliberté: soit des prostituées chargées par les «oasiens» de corrompre les héros,delesdétournerdeleuraspirationàlaliberté: ȱQuelquesȱ caravaniersȱ complotaientȱ deȱ lesȱ mettreȱ àȱ mort,ȱ commeȱ rebellesȱ àȱ lȇordreȱetȱaliénésȱdangereux.ȱLesȱoasiensȱsȇopposèrentȱàȱceȱtraitementȱbarbareȱ et,ȱpourȱramenerȱlesȱégarés,ȱenvoyèrentȱlesȱprostituéesȱlesȱplusȱexpertes.ȱ(p. ȱQuelquesȱ caravaniersȱ complotaientȱ deȱ lesȱ mettreȱ àȱ mort,ȱ commeȱ rebellesȱ àȱ lȇordreȱetȱaliénésȱdangereux.ȱLesȱoasiensȱsȇopposèrentȱàȱceȱtraitementȱbarbareȱ et,ȱpourȱramenerȱlesȱégarés,ȱenvoyèrentȱlesȱprostituéesȱlesȱplusȱexpertes.ȱ(p. 34). 34). Lesfemmes,commeonpeutleconstater,joueunrôletoutà fait négatif ; cest ce que signale P. VidalNaquet qui a préfacé léditiondeLȇIlliadeàlaquellenousfaisonsréférence:EnȬdessousȱdesȱ héros,ȱ lesȱ femmes,ȱ bienȱ sûr,ȱ auxquellesȱ sontȱ comparésȱ lesȱ guerriersȱ ordinaires,ȱlorsqueȱleurȱchefȱentendȱlesȱinsulter.(Homère,1975:28)ȱ;ȱ le peuple sadresse en apparence au destin : Anankê,ȱ ouȱ deȱ quelqueȱ nomȱqueȱlȇonȱtȇappelle,ȱdéesseȱjuste…ȱ(p.36).Maisenréalitélaréférence à «l’Anankê» est une référence au monde sensible tel qu’on en trouvelaconceptionchezPlaton. Voicicequ’enditE.Boutroux(1990:9): Lesfemmes,commeonpeutleconstater,joueunrôletoutà fait négatif ; cest ce que signale P. VidalNaquet qui a préfacé léditiondeLȇIlliadeàlaquellenousfaisonsréférence:EnȬdessousȱdesȱ héros,ȱ lesȱ femmes,ȱ bienȱ sûr,ȱ auxquellesȱ sontȱ comparésȱ lesȱ guerriersȱ ordinaires,ȱlorsqueȱleurȱchefȱentendȱlesȱinsulter.(Homère,1975:28)ȱ;ȱ le peuple sadresse en apparence au destin : Anankê,ȱ ouȱ deȱ quelqueȱ nomȱqueȱlȇonȱtȇappelle,ȱdéesseȱjuste…ȱ(p.36).Maisenréalitélaréférence à «l’Anankê» est une référence au monde sensible tel qu’on en trouvelaconceptionchezPlaton. Voicicequ’enditE.Boutroux(1990:9): ȱLeȱmondeȱsensibleȱest,ȱenȱréalité,ȱleȱmondeȱdeȱlaȱnécessité,ȱdeȱl’anankê,ȱquiȱ lutteȱavecȱl’intelligenceȱetȱcontraintȱlesȱidéesȱàȱdesȱunionsȱillégitimes,ȱparceȱ qu’ellesȱsontȱillogiques.ȱ ȱLeȱmondeȱsensibleȱest,ȱenȱréalité,ȱleȱmondeȱdeȱlaȱnécessité,ȱdeȱl’anankê,ȱquiȱ lutteȱavecȱl’intelligenceȱetȱcontraintȱlesȱidéesȱàȱdesȱunionsȱillégitimes,ȱparceȱ qu’ellesȱsontȱillogiques.ȱ Cette expression permet d’inférer que le peuple se berce d’illusions puisqu’il en appelle au monde d’où l’intelligence est exclue. A propos de lœuvre épique dHomère, P. VidalNaquet (2002)noteégalement: Cette expression permet d’inférer que le peuple se berce d’illusions puisqu’il en appelle au monde d’où l’intelligence est exclue. A propos de lœuvre épique dHomère, P. VidalNaquet (2002)noteégalement: Lȇartȱ deȱ laȱ connaissance,ȱ cȇestȱ lȇéposȱ luiȬmême.ȱ Leȱ poèteȱ neȱ faitȱ pasȱ deȱ portraits,ȱ ilȱ associe,ȱ oppose,ȱ distingueȱ sesȱ personnagesȱ tantôtȱ parȱ leȱ jeuȱ deȱ lȇaction,ȱ tantôtȱ parȱ celuiȱ duȱ discours,ȱ tantôtȱ parȱ leȱ biaisȱ deȱ laȱ comparaisonȱ (…).ȱCertainsȱpersonnagesȱsȇidentifientȱàȱuneȱfonctionȱmilitaireȱouȱpolitique. Lȇartȱ deȱ laȱ connaissance,ȱ cȇestȱ lȇéposȱ luiȬmême.ȱ Leȱ poèteȱ neȱ faitȱ pasȱ deȱ portraits,ȱ ilȱ associe,ȱ oppose,ȱ distingueȱ sesȱ personnagesȱ tantôtȱ parȱ leȱ jeuȱ deȱ lȇaction,ȱ tantôtȱ parȱ celuiȱ duȱ discours,ȱ tantôtȱ parȱ leȱ biaisȱ deȱ laȱ comparaisonȱ (…).ȱCertainsȱpersonnagesȱsȇidentifientȱàȱuneȱfonctionȱmilitaireȱouȱpolitique. 115 115 soit des prostituées chargées par les «oasiens» de corrompre les héros,delesdétournerdeleuraspirationàlaliberté: soit des prostituées chargées par les «oasiens» de corrompre les héros,delesdétournerdeleuraspirationàlaliberté: ȱQuelquesȱ caravaniersȱ complotaientȱ deȱ lesȱ mettreȱ àȱ mort,ȱ commeȱ rebellesȱ àȱ lȇordreȱetȱaliénésȱdangereux.ȱLesȱoasiensȱsȇopposèrentȱàȱceȱtraitementȱbarbareȱ et,ȱpourȱramenerȱlesȱégarés,ȱenvoyèrentȱlesȱprostituéesȱlesȱplusȱexpertes.ȱ(p. ȱQuelquesȱ caravaniersȱ complotaientȱ deȱ lesȱ mettreȱ àȱ mort,ȱ commeȱ rebellesȱ àȱ lȇordreȱetȱaliénésȱdangereux.ȱLesȱoasiensȱsȇopposèrentȱàȱceȱtraitementȱbarbareȱ et,ȱpourȱramenerȱlesȱégarés,ȱenvoyèrentȱlesȱprostituéesȱlesȱplusȱexpertes.ȱ(p. 34). 34). Lesfemmes,commeonpeutleconstater,joueunrôletoutà fait négatif ; cest ce que signale P. VidalNaquet qui a préfacé léditiondeLȇIlliadeàlaquellenousfaisonsréférence:EnȬdessousȱdesȱ héros,ȱ lesȱ femmes,ȱ bienȱ sûr,ȱ auxquellesȱ sontȱ comparésȱ lesȱ guerriersȱ ordinaires,ȱlorsqueȱleurȱchefȱentendȱlesȱinsulter.(Homère,1975:28)ȱ;ȱ le peuple sadresse en apparence au destin : Anankê,ȱ ouȱ deȱ quelqueȱ nomȱqueȱlȇonȱtȇappelle,ȱdéesseȱjuste…ȱ(p.36).Maisenréalitélaréférence à «l’Anankê» est une référence au monde sensible tel qu’on en trouvelaconceptionchezPlaton. Voicicequ’enditE.Boutroux(1990:9): Lesfemmes,commeonpeutleconstater,joueunrôletoutà fait négatif ; cest ce que signale P. VidalNaquet qui a préfacé léditiondeLȇIlliadeàlaquellenousfaisonsréférence:EnȬdessousȱdesȱ héros,ȱ lesȱ femmes,ȱ bienȱ sûr,ȱ auxquellesȱ sontȱ comparésȱ lesȱ guerriersȱ ordinaires,ȱlorsqueȱleurȱchefȱentendȱlesȱinsulter.(Homère,1975:28)ȱ;ȱ le peuple sadresse en apparence au destin : Anankê,ȱ ouȱ deȱ quelqueȱ nomȱqueȱlȇonȱtȇappelle,ȱdéesseȱjuste…ȱ(p.36).Maisenréalitélaréférence à «l’Anankê» est une référence au monde sensible tel qu’on en trouvelaconceptionchezPlaton. Voicicequ’enditE.Boutroux(1990:9): ȱLeȱmondeȱsensibleȱest,ȱenȱréalité,ȱleȱmondeȱdeȱlaȱnécessité,ȱdeȱl’anankê,ȱquiȱ lutteȱavecȱl’intelligenceȱetȱcontraintȱlesȱidéesȱàȱdesȱunionsȱillégitimes,ȱparceȱ qu’ellesȱsontȱillogiques.ȱ ȱLeȱmondeȱsensibleȱest,ȱenȱréalité,ȱleȱmondeȱdeȱlaȱnécessité,ȱdeȱl’anankê,ȱquiȱ lutteȱavecȱl’intelligenceȱetȱcontraintȱlesȱidéesȱàȱdesȱunionsȱillégitimes,ȱparceȱ qu’ellesȱsontȱillogiques.ȱ Cette expression permet d’inférer que le peuple se berce d’illusions puisqu’il en appelle au monde d’où l’intelligence est exclue. A propos de lœuvre épique dHomère, P. VidalNaquet (2002)noteégalement: Cette expression permet d’inférer que le peuple se berce d’illusions puisqu’il en appelle au monde d’où l’intelligence est exclue. A propos de lœuvre épique dHomère, P. VidalNaquet (2002)noteégalement: Lȇartȱ deȱ laȱ connaissance,ȱ cȇestȱ lȇéposȱ luiȬmême.ȱ Leȱ poèteȱ neȱ faitȱ pasȱ deȱ portraits,ȱ ilȱ associe,ȱ oppose,ȱ distingueȱ sesȱ personnagesȱ tantôtȱ parȱ leȱ jeuȱ deȱ lȇaction,ȱ tantôtȱ parȱ celuiȱ duȱ discours,ȱ tantôtȱ parȱ leȱ biaisȱ deȱ laȱ comparaisonȱ (…).ȱCertainsȱpersonnagesȱsȇidentifientȱàȱuneȱfonctionȱmilitaireȱouȱpolitique. Lȇartȱ deȱ laȱ connaissance,ȱ cȇestȱ lȇéposȱ luiȬmême.ȱ Leȱ poèteȱ neȱ faitȱ pasȱ deȱ portraits,ȱ ilȱ associe,ȱ oppose,ȱ distingueȱ sesȱ personnagesȱ tantôtȱ parȱ leȱ jeuȱ deȱ lȇaction,ȱ tantôtȱ parȱ celuiȱ duȱ discours,ȱ tantôtȱ parȱ leȱ biaisȱ deȱ laȱ comparaisonȱ (…).ȱCertainsȱpersonnagesȱsȇidentifientȱàȱuneȱfonctionȱmilitaireȱouȱpolitique. 115 115 Ainsi, la connaissance, le message du journaliste, dans le récit qui nous intéresse, est transmise par le recours à lépopée et léposconsiste: Ainsi, la connaissance, le message du journaliste, dans le récit qui nous intéresse, est transmise par le recours à lépopée et léposconsiste: Ȭàȱ présenterȱ lesȱ personnages en opposition constante : les héros/lesmoutons,leshéros/lescaravaniers,leshéros/lespolitiques, les héros anciens/les épigones, les épigones/les oasiens, ou en association : les caravaniers + les oasiens, les épigones + les idéologues; Ȭàȱ présenterȱ lesȱ personnages en opposition constante : les héros/lesmoutons,leshéros/lescaravaniers,leshéros/lespolitiques, les héros anciens/les épigones, les épigones/les oasiens, ou en association : les caravaniers + les oasiens, les épigones + les idéologues; Ȭàȱidentifierȱcertainsȱpersonnagesàunefonctionpolitiqueou religieuse:«lesépigones»,«lesidéologues»,«lesmagiciens»,«le grandprêtre». Ȭàȱidentifierȱcertainsȱpersonnagesàunefonctionpolitiqueou religieuse:«lesépigones»,«lesidéologues»,«lesmagiciens»,«le grandprêtre». DansLȇIlliade,lescomparaisonssontcollectives:lesabeilles pourlesAchéens,lessauterellespourlesTroyens.Ilenestdemême danscetarticlemaissansquesoitexplicitelacatégoriedepersonnes à laquelle elles sont attribuées : les moutons, les chacals, les moustiques. 2.4.ȱLaȱtragédieȱ ȱ La tragédie exerçait une sorte de fascination sur l’écrivain commeill’avouaitàD.E.Merdaci(2003): DansLȇIlliade,lescomparaisonssontcollectives:lesabeilles pourlesAchéens,lessauterellespourlesTroyens.Ilenestdemême danscetarticlemaissansquesoitexplicitelacatégoriedepersonnes à laquelle elles sont attribuées : les moutons, les chacals, les moustiques. 2.4.ȱLaȱtragédieȱ ȱ La tragédie exerçait une sorte de fascination sur l’écrivain commeill’avouaitàD.E.Merdaci(2003): ȱJeȱ meȱ souviendraiȱ toujoursȱ deȱ l’émerveillementȱ qu’aȱ étéȱ pourȱ moiȱ laȱ premièreȱlectureȱunȱpeuȱréelleȱdeȱmaȱvie.ȱTenezȬvousȱbienȱ:ȱc’étaitȱRacineȱetȱ j’avaisȱtreizeȱansȱetȱjeȱneȱcomprenaisȱprobablementȱqueȱpeu,ȱmaisȱadulte,ȱj’aiȱ gardéȱcetȱamourȬlà,ȱilȱfautȱcroireȱqu’ilȱcorrespondaitȱàȱquelqueȱchose. ȱJeȱ meȱ souviendraiȱ toujoursȱ deȱ l’émerveillementȱ qu’aȱ étéȱ pourȱ moiȱ laȱ premièreȱlectureȱunȱpeuȱréelleȱdeȱmaȱvie.ȱTenezȬvousȱbienȱ:ȱc’étaitȱRacineȱetȱ j’avaisȱtreizeȱansȱetȱjeȱneȱcomprenaisȱprobablementȱqueȱpeu,ȱmaisȱadulte,ȱj’aiȱ gardéȱcetȱamourȬlà,ȱilȱfautȱcroireȱqu’ilȱcorrespondaitȱàȱquelqueȱchose. L’inscription de ce mode d’expression dans l’œuvre romanesque s’opère par différents points d’accrochage dont: la représentationd’unlieusurélevé,ladélimitationd’unespaceclos. 2.4.1.Lareprésentationd’unlieusurélevé C’estàpartird’unlieusurélevéqu’estdélimitél’espaceoùse L’inscription de ce mode d’expression dans l’œuvre romanesque s’opère par différents points d’accrochage dont: la représentationd’unlieusurélevé,ladélimitationd’unespaceclos. 2.4.1.Lareprésentationd’unlieusurélevé C’estàpartird’unlieusurélevéqu’estdélimitél’espaceoùse 116 116 Ainsi, la connaissance, le message du journaliste, dans le récit qui nous intéresse, est transmise par le recours à lépopée et léposconsiste: Ainsi, la connaissance, le message du journaliste, dans le récit qui nous intéresse, est transmise par le recours à lépopée et léposconsiste: Ȭàȱ présenterȱ lesȱ personnages en opposition constante : les héros/lesmoutons,leshéros/lescaravaniers,leshéros/lespolitiques, les héros anciens/les épigones, les épigones/les oasiens, ou en association : les caravaniers + les oasiens, les épigones + les idéologues; Ȭàȱ présenterȱ lesȱ personnages en opposition constante : les héros/lesmoutons,leshéros/lescaravaniers,leshéros/lespolitiques, les héros anciens/les épigones, les épigones/les oasiens, ou en association : les caravaniers + les oasiens, les épigones + les idéologues; Ȭàȱidentifierȱcertainsȱpersonnagesàunefonctionpolitiqueou religieuse:«lesépigones»,«lesidéologues»,«lesmagiciens»,«le grandprêtre». Ȭàȱidentifierȱcertainsȱpersonnagesàunefonctionpolitiqueou religieuse:«lesépigones»,«lesidéologues»,«lesmagiciens»,«le grandprêtre». DansLȇIlliade,lescomparaisonssontcollectives:lesabeilles pourlesAchéens,lessauterellespourlesTroyens.Ilenestdemême danscetarticlemaissansquesoitexplicitelacatégoriedepersonnes à laquelle elles sont attribuées : les moutons, les chacals, les moustiques. 2.4.ȱLaȱtragédieȱ ȱ La tragédie exerçait une sorte de fascination sur l’écrivain commeill’avouaitàD.E.Merdaci(2003): DansLȇIlliade,lescomparaisonssontcollectives:lesabeilles pourlesAchéens,lessauterellespourlesTroyens.Ilenestdemême danscetarticlemaissansquesoitexplicitelacatégoriedepersonnes à laquelle elles sont attribuées : les moutons, les chacals, les moustiques. 2.4.ȱLaȱtragédieȱ ȱ La tragédie exerçait une sorte de fascination sur l’écrivain commeill’avouaitàD.E.Merdaci(2003): ȱJeȱ meȱ souviendraiȱ toujoursȱ deȱ l’émerveillementȱ qu’aȱ étéȱ pourȱ moiȱ laȱ premièreȱlectureȱunȱpeuȱréelleȱdeȱmaȱvie.ȱTenezȬvousȱbienȱ:ȱc’étaitȱRacineȱetȱ j’avaisȱtreizeȱansȱetȱjeȱneȱcomprenaisȱprobablementȱqueȱpeu,ȱmaisȱadulte,ȱj’aiȱ gardéȱcetȱamourȬlà,ȱilȱfautȱcroireȱqu’ilȱcorrespondaitȱàȱquelqueȱchose. ȱJeȱ meȱ souviendraiȱ toujoursȱ deȱ l’émerveillementȱ qu’aȱ étéȱ pourȱ moiȱ laȱ premièreȱlectureȱunȱpeuȱréelleȱdeȱmaȱvie.ȱTenezȬvousȱbienȱ:ȱc’étaitȱRacineȱetȱ j’avaisȱtreizeȱansȱetȱjeȱneȱcomprenaisȱprobablementȱqueȱpeu,ȱmaisȱadulte,ȱj’aiȱ gardéȱcetȱamourȬlà,ȱilȱfautȱcroireȱqu’ilȱcorrespondaitȱàȱquelqueȱchose. L’inscription de ce mode d’expression dans l’œuvre romanesque s’opère par différents points d’accrochage dont: la représentationd’unlieusurélevé,ladélimitationd’unespaceclos. 2.4.1.Lareprésentationd’unlieusurélevé C’estàpartird’unlieusurélevéqu’estdélimitél’espaceoùse L’inscription de ce mode d’expression dans l’œuvre romanesque s’opère par différents points d’accrochage dont: la représentationd’unlieusurélevé,ladélimitationd’unespaceclos. 2.4.1.Lareprésentationd’unlieusurélevé C’estàpartird’unlieusurélevéqu’estdélimitél’espaceoùse 116 116 jouelesortdesindividus(oùjouentlesindividus).C’est:Taasast oulachambrehautedeLaȱCollineȱoubliéeȱ: jouelesortdesindividus(oùjouentlesindividus).C’est:Taasast oulachambrehautedeLaȱCollineȱoubliéeȱ: ȱDeȱ là,ȱ nousȱ dominionsȱ toutȱ Tasga.ȱ Leȱ minaretȱmêmeȱ n’étaitȱ pasȱ plusȱ hautȱ queȱnous.ȱNousȱavionsȱquandȱnousȱrentrions,ȱlaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱ leȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱl’estȱlaȱmontagneȱavecȱleȱcolȱdeȱ Kouilal,ȱversȱl’ouestȱleȱvillageȱd’Aourirȱetȱderrièreȱ nousȱlaȱmosquéeȱdontȱleȱ minaretȱnousȱmasquaitȱuneȱpartieȱdeȱlaȱmontagne.ȱVuȱd’unȱpointȱquelconqueȱ deȱ Tasga,ȱ notreȱ donjonȱ apparaissaitȱ deboutȱ contreȱ leȱ cielȱ etȱ dominantȱ lesȱ maisonsȱ bassesȱ duȱ villageȱ commeȱ unȱ bergerȱ auȱ milieuȱ duȱ troupeau.ȱ C’estȱ pourquoiȱnousȱl’avionsȱbaptiséȱTaasastȱ:ȱlaȱgarde.ȱ(p.28); ȱDeȱ là,ȱ nousȱ dominionsȱ toutȱ Tasga.ȱ Leȱ minaretȱmêmeȱ n’étaitȱ pasȱ plusȱ hautȱ queȱnous.ȱNousȱavionsȱquandȱnousȱrentrions,ȱlaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱ leȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱl’estȱlaȱmontagneȱavecȱleȱcolȱdeȱ Kouilal,ȱversȱl’ouestȱleȱvillageȱd’Aourirȱetȱderrièreȱ nousȱlaȱmosquéeȱdontȱleȱ minaretȱnousȱmasquaitȱuneȱpartieȱdeȱlaȱmontagne.ȱVuȱd’unȱpointȱquelconqueȱ deȱ Tasga,ȱ notreȱ donjonȱ apparaissaitȱ deboutȱ contreȱ leȱ cielȱ etȱ dominantȱ lesȱ maisonsȱ bassesȱ duȱ villageȱ commeȱ unȱ bergerȱ auȱ milieuȱ duȱ troupeau.ȱ C’estȱ pourquoiȱnousȱl’avionsȱbaptiséȱTaasastȱ:ȱlaȱgarde.ȱ(p.28); lepointdefocalisationtoutenhauteurdeladescriptiondelarade d’AlgerdansL’Opiumȱetȱleȱbâtonȱ: lepointdefocalisationtoutenhauteurdeladescriptiondelarade d’AlgerdansL’Opiumȱetȱleȱbâtonȱ: «ȱVueȱ deȱ haut,ȱ laȱ beautéȱ d’Algerȱ paraîtȱ fragileȱ etȱ contradictoire.ȱ Enȱ faceȱ leȱ murȱdeȱlaȱmerȱtoutȱdeȱsuiteȱdresséȱcontreȱl’horizon…(pp.56); «ȱVueȱ deȱ haut,ȱ laȱ beautéȱ d’Algerȱ paraîtȱ fragileȱ etȱ contradictoire.ȱ Enȱ faceȱ leȱ murȱdeȱlaȱmerȱtoutȱdeȱsuiteȱdresséȱcontreȱl’horizon…(pp.56); Celieusurélevéfaitàchaquefoisréférenceàla«hauteurdela tragédie»quel’onretrouvematérialisédanslapièceLeȱBanquetȱsous laformedela«tour»du«guetteur»: Celieusurélevéfaitàchaquefoisréférenceàla«hauteurdela tragédie»quel’onretrouvematérialisédanslapièceLeȱBanquetȱsous laformedela«tour»du«guetteur»: LAȱVOIXȱDUȱGUETTEUR,ȱenȱhautȱdeȱlaȱtourȱ Laȱ gluȱ desȱ ténèbresȱ enserreȱ encoreȱ lesȱ mursȱ deȱ Tenochtitlan.ȱ Laȱ villeȱ dort.ȱ Lesȱmilliersȱd’inquiétudesȱloventȱdansȱleȱseinȱtièdeȱdeȱlaȱnuit.ȱLesȱhommesȱenȱ ontȱencoreȱpourȱuneȱheureȱd’oubli.ȱMoi,ȱjeȱsuisȱleȱveilleurȱdeȱlaȱtourȱdeȱl’Est.ȱ Jeȱguetteȱl’aubeȱquiȱguetteȱleurȱéveilȱambigu.ȱDansȱunȱinstantȱlaȱlumièreȱetȱ laȱpeurȱlesȱhapperontȱauȱsortirȱdesȱténèbresȱapaisées.ȱ(ActeI,Scène1). LAȱVOIXȱDUȱGUETTEUR,ȱenȱhautȱdeȱlaȱtourȱ Laȱ gluȱ desȱ ténèbresȱ enserreȱ encoreȱ lesȱ mursȱ deȱ Tenochtitlan.ȱ Laȱ villeȱ dort.ȱ Lesȱmilliersȱd’inquiétudesȱloventȱdansȱleȱseinȱtièdeȱdeȱlaȱnuit.ȱLesȱhommesȱenȱ ontȱencoreȱpourȱuneȱheureȱd’oubli.ȱMoi,ȱjeȱsuisȱleȱveilleurȱdeȱlaȱtourȱdeȱl’Est.ȱ Jeȱguetteȱl’aubeȱquiȱguetteȱleurȱéveilȱambigu.ȱDansȱunȱinstantȱlaȱlumièreȱetȱ laȱpeurȱlesȱhapperontȱauȱsortirȱdesȱténèbresȱapaisées.ȱ(ActeI,Scène1). Ils’agitduprincipeselonlequelseulslespersonnagesissusde familles illustres sont mis en scène comme c’est le cas du roi Montezuma dans la même pièce. Dans les romans, ce sont des personnagesdontlanoblesseestconféréeparladétentiondusavoir, c’estlapersonnedel’intellectueldontledevoirestdeconceptualiser ledestinhumainetderendrecompte:MokraneetMenachdansLaȱ Collineȱ oubliée, Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, Bachir et Ramdane dans l’Opiumȱ etȱ leȱ bâton, Mourad dans Laȱ Traversée. De plus, ce lieu Ils’agitduprincipeselonlequelseulslespersonnagesissusde familles illustres sont mis en scène comme c’est le cas du roi Montezuma dans la même pièce. Dans les romans, ce sont des personnagesdontlanoblesseestconféréeparladétentiondusavoir, c’estlapersonnedel’intellectueldontledevoirestdeconceptualiser ledestinhumainetderendrecompte:MokraneetMenachdansLaȱ Collineȱ oubliée, Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, Bachir et Ramdane dans l’Opiumȱ etȱ leȱ bâton, Mourad dans Laȱ Traversée. De plus, ce lieu 117 117 jouelesortdesindividus(oùjouentlesindividus).C’est:Taasast oulachambrehautedeLaȱCollineȱoubliéeȱ: jouelesortdesindividus(oùjouentlesindividus).C’est:Taasast oulachambrehautedeLaȱCollineȱoubliéeȱ: ȱDeȱ là,ȱ nousȱ dominionsȱ toutȱ Tasga.ȱ Leȱ minaretȱmêmeȱ n’étaitȱ pasȱ plusȱ hautȱ queȱnous.ȱNousȱavionsȱquandȱnousȱrentrions,ȱlaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱ leȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱl’estȱlaȱmontagneȱavecȱleȱcolȱdeȱ Kouilal,ȱversȱl’ouestȱleȱvillageȱd’Aourirȱetȱderrièreȱ nousȱlaȱmosquéeȱdontȱleȱ minaretȱnousȱmasquaitȱuneȱpartieȱdeȱlaȱmontagne.ȱVuȱd’unȱpointȱquelconqueȱ deȱ Tasga,ȱ notreȱ donjonȱ apparaissaitȱ deboutȱ contreȱ leȱ cielȱ etȱ dominantȱ lesȱ maisonsȱ bassesȱ duȱ villageȱ commeȱ unȱ bergerȱ auȱ milieuȱ duȱ troupeau.ȱ C’estȱ pourquoiȱnousȱl’avionsȱbaptiséȱTaasastȱ:ȱlaȱgarde.ȱ(p.28); ȱDeȱ là,ȱ nousȱ dominionsȱ toutȱ Tasga.ȱ Leȱ minaretȱmêmeȱ n’étaitȱ pasȱ plusȱ hautȱ queȱnous.ȱNousȱavionsȱquandȱnousȱrentrions,ȱlaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱ leȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱl’estȱlaȱmontagneȱavecȱleȱcolȱdeȱ Kouilal,ȱversȱl’ouestȱleȱvillageȱd’Aourirȱetȱderrièreȱ nousȱlaȱmosquéeȱdontȱleȱ minaretȱnousȱmasquaitȱuneȱpartieȱdeȱlaȱmontagne.ȱVuȱd’unȱpointȱquelconqueȱ deȱ Tasga,ȱ notreȱ donjonȱ apparaissaitȱ deboutȱ contreȱ leȱ cielȱ etȱ dominantȱ lesȱ maisonsȱ bassesȱ duȱ villageȱ commeȱ unȱ bergerȱ auȱ milieuȱ duȱ troupeau.ȱ C’estȱ pourquoiȱnousȱl’avionsȱbaptiséȱTaasastȱ:ȱlaȱgarde.ȱ(p.28); lepointdefocalisationtoutenhauteurdeladescriptiondelarade d’AlgerdansL’Opiumȱetȱleȱbâtonȱ: lepointdefocalisationtoutenhauteurdeladescriptiondelarade d’AlgerdansL’Opiumȱetȱleȱbâtonȱ: «ȱVueȱ deȱ haut,ȱ laȱ beautéȱ d’Algerȱ paraîtȱ fragileȱ etȱ contradictoire.ȱ Enȱ faceȱ leȱ murȱdeȱlaȱmerȱtoutȱdeȱsuiteȱdresséȱcontreȱl’horizon…(pp.56); «ȱVueȱ deȱ haut,ȱ laȱ beautéȱ d’Algerȱ paraîtȱ fragileȱ etȱ contradictoire.ȱ Enȱ faceȱ leȱ murȱdeȱlaȱmerȱtoutȱdeȱsuiteȱdresséȱcontreȱl’horizon…(pp.56); Celieusurélevéfaitàchaquefoisréférenceàla«hauteurdela tragédie»quel’onretrouvematérialisédanslapièceLeȱBanquetȱsous laformedela«tour»du«guetteur»: Celieusurélevéfaitàchaquefoisréférenceàla«hauteurdela tragédie»quel’onretrouvematérialisédanslapièceLeȱBanquetȱsous laformedela«tour»du«guetteur»: LAȱVOIXȱDUȱGUETTEUR,ȱenȱhautȱdeȱlaȱtourȱ Laȱ gluȱ desȱ ténèbresȱ enserreȱ encoreȱ lesȱ mursȱ deȱ Tenochtitlan.ȱ Laȱ villeȱ dort.ȱ Lesȱmilliersȱd’inquiétudesȱloventȱdansȱleȱseinȱtièdeȱdeȱlaȱnuit.ȱLesȱhommesȱenȱ ontȱencoreȱpourȱuneȱheureȱd’oubli.ȱMoi,ȱjeȱsuisȱleȱveilleurȱdeȱlaȱtourȱdeȱl’Est.ȱ Jeȱguetteȱl’aubeȱquiȱguetteȱleurȱéveilȱambigu.ȱDansȱunȱinstantȱlaȱlumièreȱetȱ laȱpeurȱlesȱhapperontȱauȱsortirȱdesȱténèbresȱapaisées.ȱ(ActeI,Scène1). LAȱVOIXȱDUȱGUETTEUR,ȱenȱhautȱdeȱlaȱtourȱ Laȱ gluȱ desȱ ténèbresȱ enserreȱ encoreȱ lesȱ mursȱ deȱ Tenochtitlan.ȱ Laȱ villeȱ dort.ȱ Lesȱmilliersȱd’inquiétudesȱloventȱdansȱleȱseinȱtièdeȱdeȱlaȱnuit.ȱLesȱhommesȱenȱ ontȱencoreȱpourȱuneȱheureȱd’oubli.ȱMoi,ȱjeȱsuisȱleȱveilleurȱdeȱlaȱtourȱdeȱl’Est.ȱ Jeȱguetteȱl’aubeȱquiȱguetteȱleurȱéveilȱambigu.ȱDansȱunȱinstantȱlaȱlumièreȱetȱ laȱpeurȱlesȱhapperontȱauȱsortirȱdesȱténèbresȱapaisées.ȱ(ActeI,Scène1). Ils’agitduprincipeselonlequelseulslespersonnagesissusde familles illustres sont mis en scène comme c’est le cas du roi Montezuma dans la même pièce. Dans les romans, ce sont des personnagesdontlanoblesseestconféréeparladétentiondusavoir, c’estlapersonnedel’intellectueldontledevoirestdeconceptualiser ledestinhumainetderendrecompte:MokraneetMenachdansLaȱ Collineȱ oubliée, Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, Bachir et Ramdane dans l’Opiumȱ etȱ leȱ bâton, Mourad dans Laȱ Traversée. De plus, ce lieu Ils’agitduprincipeselonlequelseulslespersonnagesissusde familles illustres sont mis en scène comme c’est le cas du roi Montezuma dans la même pièce. Dans les romans, ce sont des personnagesdontlanoblesseestconféréeparladétentiondusavoir, c’estlapersonnedel’intellectueldontledevoirestdeconceptualiser ledestinhumainetderendrecompte:MokraneetMenachdansLaȱ Collineȱ oubliée, Arezki dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, Bachir et Ramdane dans l’Opiumȱ etȱ leȱ bâton, Mourad dans Laȱ Traversée. De plus, ce lieu 117 117 surélevén’estpassansrappelerl’organisationmatérielleduthéâtre grec: la skéné, cette estrade surélevée supportant les décors et permettant l’entrée et la sortie des acteurs, qui dominait le proskhènion,destinéauxseulsprotagonistes,l’orchestraoùévoluaitle chœuretparfoislesacteursetlacavea,gradinsdestinésàrecevoirles spectateurs. Dans l’organisation matérielle du théâtre grec, la «skéné» étaitlelieuoùévoluaient«ȱlesȱespritsȱlesȱplusȱréfléchisȱ»etparmieux, biensouventlepoèteluimême,auteurdelatragédie,chefdetroupe et acteur principal, «protagoniste» – «ȱqui s’interrogeaient déjà sur labrutalitéetl’injusticequ’elles[leslégendes]prêtaientauxdieuxet le sort qu’elles faisaient à l’homme.ȱ»(Tragiquesȱ grecs, 1967: Introduction). Ainsi, derrière le masque de l’acteur principal– Mokrane,Arezki,Bachir,Mourad,LeGuetteur–etcommedansune tragédiegrecqueantique,seprofilelafiguredupoèteluimêmequi scande,d’œuvreenœuvre,letragiquedeladestinéeindividuelleet collectivefaceàl’Histoire. 2.4.2.Ladélimitationd’unespaceclos Apartirdecelieusurélevé,estdélimitéunespaceclos. surélevén’estpassansrappelerl’organisationmatérielleduthéâtre grec: la skéné, cette estrade surélevée supportant les décors et permettant l’entrée et la sortie des acteurs, qui dominait le proskhènion,destinéauxseulsprotagonistes,l’orchestraoùévoluaitle chœuretparfoislesacteursetlacavea,gradinsdestinésàrecevoirles spectateurs. Dans l’organisation matérielle du théâtre grec, la «skéné» étaitlelieuoùévoluaient«ȱlesȱespritsȱlesȱplusȱréfléchisȱ»etparmieux, biensouventlepoèteluimême,auteurdelatragédie,chefdetroupe et acteur principal, «protagoniste» – «ȱqui s’interrogeaient déjà sur labrutalitéetl’injusticequ’elles[leslégendes]prêtaientauxdieuxet le sort qu’elles faisaient à l’homme.ȱ»(Tragiquesȱ grecs, 1967: Introduction). Ainsi, derrière le masque de l’acteur principal– Mokrane,Arezki,Bachir,Mourad,LeGuetteur–etcommedansune tragédiegrecqueantique,seprofilelafiguredupoèteluimêmequi scande,d’œuvreenœuvre,letragiquedeladestinéeindividuelleet collectivefaceàl’Histoire. 2.4.2.Ladélimitationd’unespaceclos Apartirdecelieusurélevé,estdélimitéunespaceclos. D’abord, le village kabyle, enserré entre les montagnes,à l’écart du monde et ignoré des dieux; des dieux qui sont ici à la fois le colonisateuretlessaintstutélairesprotecteursduvillage: D’abord, le village kabyle, enserré entre les montagnes,à l’écart du monde et ignoré des dieux; des dieux qui sont ici à la fois le colonisateuretlessaintstutélairesprotecteursduvillage: dans Laȱ Collineȱ oubliée, le village de Tasga, entouré de montagnes d’estenouestetdunordausud: dans Laȱ Collineȱ oubliée, le village de Tasga, entouré de montagnes d’estenouestetdunordausud: LaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱleȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱ l’estȱ laȱ montagneȱ avecȱ leȱ colȱ deȱ Kouilal,ȱ versȱ l’ouestȱ leȱ villageȱ d’Aourirȱ etȱ derrièreȱ nousȱ laȱ mosquéeȱ dontȱ leȱ minaretȱ nousȱ masquaitȱ uneȱ partieȱ deȱ laȱ montagne.(p.28); LaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱleȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱ l’estȱ laȱ montagneȱ avecȱ leȱ colȱ deȱ Kouilal,ȱ versȱ l’ouestȱ leȱ villageȱ d’Aourirȱ etȱ derrièreȱ nousȱ laȱ mosquéeȱ dontȱ leȱ minaretȱ nousȱ masquaitȱ uneȱ partieȱ deȱ laȱ montagne.(p.28); dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, le village d’Ighzer où les actions des hommessontvaines: dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, le village d’Ighzer où les actions des hommessontvaines: 118 118 surélevén’estpassansrappelerl’organisationmatérielleduthéâtre grec: la skéné, cette estrade surélevée supportant les décors et permettant l’entrée et la sortie des acteurs, qui dominait le proskhènion,destinéauxseulsprotagonistes,l’orchestraoùévoluaitle chœuretparfoislesacteursetlacavea,gradinsdestinésàrecevoirles spectateurs. Dans l’organisation matérielle du théâtre grec, la «skéné» étaitlelieuoùévoluaient«ȱlesȱespritsȱlesȱplusȱréfléchisȱ»etparmieux, biensouventlepoèteluimême,auteurdelatragédie,chefdetroupe et acteur principal, «protagoniste» – «ȱqui s’interrogeaient déjà sur labrutalitéetl’injusticequ’elles[leslégendes]prêtaientauxdieuxet le sort qu’elles faisaient à l’homme.ȱ»(Tragiquesȱ grecs, 1967: Introduction). Ainsi, derrière le masque de l’acteur principal– Mokrane,Arezki,Bachir,Mourad,LeGuetteur–etcommedansune tragédiegrecqueantique,seprofilelafiguredupoèteluimêmequi scande,d’œuvreenœuvre,letragiquedeladestinéeindividuelleet collectivefaceàl’Histoire. 2.4.2.Ladélimitationd’unespaceclos Apartirdecelieusurélevé,estdélimitéunespaceclos. surélevén’estpassansrappelerl’organisationmatérielleduthéâtre grec: la skéné, cette estrade surélevée supportant les décors et permettant l’entrée et la sortie des acteurs, qui dominait le proskhènion,destinéauxseulsprotagonistes,l’orchestraoùévoluaitle chœuretparfoislesacteursetlacavea,gradinsdestinésàrecevoirles spectateurs. Dans l’organisation matérielle du théâtre grec, la «skéné» étaitlelieuoùévoluaient«ȱlesȱespritsȱlesȱplusȱréfléchisȱ»etparmieux, biensouventlepoèteluimême,auteurdelatragédie,chefdetroupe et acteur principal, «protagoniste» – «ȱqui s’interrogeaient déjà sur labrutalitéetl’injusticequ’elles[leslégendes]prêtaientauxdieuxet le sort qu’elles faisaient à l’homme.ȱ»(Tragiquesȱ grecs, 1967: Introduction). Ainsi, derrière le masque de l’acteur principal– Mokrane,Arezki,Bachir,Mourad,LeGuetteur–etcommedansune tragédiegrecqueantique,seprofilelafiguredupoèteluimêmequi scande,d’œuvreenœuvre,letragiquedeladestinéeindividuelleet collectivefaceàl’Histoire. 2.4.2.Ladélimitationd’unespaceclos Apartirdecelieusurélevé,estdélimitéunespaceclos. D’abord, le village kabyle, enserré entre les montagnes,à l’écart du monde et ignoré des dieux; des dieux qui sont ici à la fois le colonisateuretlessaintstutélairesprotecteursduvillage: D’abord, le village kabyle, enserré entre les montagnes,à l’écart du monde et ignoré des dieux; des dieux qui sont ici à la fois le colonisateuretlessaintstutélairesprotecteursduvillage: dans Laȱ Collineȱ oubliée, le village de Tasga, entouré de montagnes d’estenouestetdunordausud: dans Laȱ Collineȱ oubliée, le village de Tasga, entouré de montagnes d’estenouestetdunordausud: LaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱleȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱ l’estȱ laȱ montagneȱ avecȱ leȱ colȱ deȱ Kouilal,ȱ versȱ l’ouestȱ leȱ villageȱ d’Aourirȱ etȱ derrièreȱ nousȱ laȱ mosquéeȱ dontȱ leȱ minaretȱ nousȱ masquaitȱ uneȱ partieȱ deȱ laȱ montagne.(p.28); LaȱlongueȱcrêteȱdesȱIratenȱavecȱleȱcôneȱaiguȱduȱmonumentȱd’Icheriden,ȱversȱ l’estȱ laȱ montagneȱ avecȱ leȱ colȱ deȱ Kouilal,ȱ versȱ l’ouestȱ leȱ villageȱ d’Aourirȱ etȱ derrièreȱ nousȱ laȱ mosquéeȱ dontȱ leȱ minaretȱ nousȱ masquaitȱ uneȱ partieȱ deȱ laȱ montagne.(p.28); dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, le village d’Ighzer où les actions des hommessontvaines: dans Leȱ Sommeilȱ duȱ juste, le village d’Ighzer où les actions des hommessontvaines: 118 118 ȱIlȱ savaitȱ qu’àȱ Ighzer,ȱ oùȱ ilȱ allaitȱ pourȱ toujoursȱ rentrer,ȱ lesȱ actionsȱ desȱ hommesȱ sontȱ commeȱ lesȱ effortsȱ deȱ quelqu’unȱ quiȱ seȱ noieraitȱ là,ȱ enȱ pleineȱ Méditerranéeȱ:ȱ démesurésȱ maisȱ vains, perdus dans les grands remous d’unemerquilesignore(p.202)(C’estnousquisoulignons). ȱIlȱ savaitȱ qu’àȱ Ighzer,ȱ oùȱ ilȱ allaitȱ pourȱ toujoursȱ rentrer,ȱ lesȱ actionsȱ desȱ hommesȱ sontȱ commeȱ lesȱ effortsȱ deȱ quelqu’unȱ quiȱ seȱ noieraitȱ là,ȱ enȱ pleineȱ Méditerranéeȱ:ȱ démesurésȱ maisȱ vains, perdus dans les grands remous d’unemerquilesignore(p.202)(C’estnousquisoulignons). dans L’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton, le village de Talaqui sera entouré defils barbelésparl’arméefrançaise: dans L’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton, le village de Talaqui sera entouré defils barbelésparl’arméefrançaise: L’arméeȱ entoureraȱ leȱ villageȱ d’unȱ rangȱ deȱ barbelés.ȱ Elleȱ yȱ ménageraȱ cinqȱ postesȱ deȱ surveillanceȱ etȱ deuxȱ portesȱ oùȱ vousȱ assurerezȱ laȱ gardeȱ àȱ tourȱ deȱ rôle,ȱduȱcoucherȱduȱsoleilȱàȱl’aube.(p.93). L’arméeȱ entoureraȱ leȱ villageȱ d’unȱ rangȱ deȱ barbelés.ȱ Elleȱ yȱ ménageraȱ cinqȱ postesȱ deȱ surveillanceȱ etȱ deuxȱ portesȱ oùȱ vousȱ assurerezȱ laȱ gardeȱ àȱ tourȱ deȱ rôle,ȱduȱcoucherȱduȱsoleilȱàȱl’aube.(p.93). dans Laȱ Traversée, le «Paradis» jalousement protégé par des «portes«: dans Laȱ Traversée, le «Paradis» jalousement protégé par des «portes«: ȱCommeȱonȱleurȱavaitȱrépétéȱqueȱleȱparadisȱétaitȱpourȱtousȱilsȱyȱavaientȱcruȱetȱ ilsȱ pressaientȱ surȱ lesȱ portesȱ siȱ fortȱ qu’unȱ deȱ cesȱ quat’ȱ ellesȱ allaientȱ céder.ȱȱ (pp.78). ȱCommeȱonȱleurȱavaitȱrépétéȱqueȱleȱparadisȱétaitȱpourȱtousȱilsȱyȱavaientȱcruȱetȱ ilsȱ pressaientȱ surȱ lesȱ portesȱ siȱ fortȱ qu’unȱ deȱ cesȱ quat’ȱ ellesȱ allaientȱ céder.ȱȱ (pp.78). Cette référence au «rideau», qui sépare irrémédiablement les deux communautés, figure d’ailleurs déjà dans Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ: Cette référence au «rideau», qui sépare irrémédiablement les deux communautés, figure d’ailleurs déjà dans Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ: ȱL’autreȱ mondeȱ étaitȱ pourtantȱ là,ȱ guèreȱ loin,ȱ deȱ l’autreȱ côtéȱ duȱ carrefour,ȱ ouvertȱàȱtoutȱvent,ȱdepuisȱplusȱdeȱcentȱansȱfaisaitȱrideau.ȱ(p.205) ȱL’autreȱ mondeȱ étaitȱ pourtantȱ là,ȱ guèreȱ loin,ȱ deȱ l’autreȱ côtéȱ duȱ carrefour,ȱ ouvertȱàȱtoutȱvent,ȱdepuisȱplusȱdeȱcentȱansȱfaisaitȱrideau.ȱ(p.205) Ainsi, toutes figurent à la fois l’obstacle et l’enfermement. Lesindividussontempêchésdesortir,oudefranchirl’espacedans lequel on les a confinés en deçà du mur ou du rideau et, inversement, ils ne peuvent entrer dans l’espace promis, ils restent audelàdesportespuisqu’ellesleursontfermées.Ilssontcondamnés à se mouvoir dans l’espace qui leur est imparti qui, par sa clôture, représente l’espace de la tragédie au sens générique mais aussi l’espaceoùsejouelatragédiequiconduitl’individuàuneimpasse. Ainsi, toutes figurent à la fois l’obstacle et l’enfermement. Lesindividussontempêchésdesortir,oudefranchirl’espacedans lequel on les a confinés en deçà du mur ou du rideau et, inversement, ils ne peuvent entrer dans l’espace promis, ils restent audelàdesportespuisqu’ellesleursontfermées.Ilssontcondamnés à se mouvoir dans l’espace qui leur est imparti qui, par sa clôture, représente l’espace de la tragédie au sens générique mais aussi l’espaceoùsejouelatragédiequiconduitl’individuàuneimpasse. Cette tragédie leur est imposée par des dieux injustes:ȱ le colonisateur,lemilitaire,lePouvoiretl’idéologiedominante. Cette tragédie leur est imposée par des dieux injustes:ȱ le colonisateur,lemilitaire,lePouvoiretl’idéologiedominante. 119 119 ȱIlȱ savaitȱ qu’àȱ Ighzer,ȱ oùȱ ilȱ allaitȱ pourȱ toujoursȱ rentrer,ȱ lesȱ actionsȱ desȱ hommesȱ sontȱ commeȱ lesȱ effortsȱ deȱ quelqu’unȱ quiȱ seȱ noieraitȱ là,ȱ enȱ pleineȱ Méditerranéeȱ:ȱ démesurésȱ maisȱ vains, perdus dans les grands remous d’unemerquilesignore(p.202)(C’estnousquisoulignons). ȱIlȱ savaitȱ qu’àȱ Ighzer,ȱ oùȱ ilȱ allaitȱ pourȱ toujoursȱ rentrer,ȱ lesȱ actionsȱ desȱ hommesȱ sontȱ commeȱ lesȱ effortsȱ deȱ quelqu’unȱ quiȱ seȱ noieraitȱ là,ȱ enȱ pleineȱ Méditerranéeȱ:ȱ démesurésȱ maisȱ vains, perdus dans les grands remous d’unemerquilesignore(p.202)(C’estnousquisoulignons). dans L’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton, le village de Talaqui sera entouré defils barbelésparl’arméefrançaise: dans L’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton, le village de Talaqui sera entouré defils barbelésparl’arméefrançaise: L’arméeȱ entoureraȱ leȱ villageȱ d’unȱ rangȱ deȱ barbelés.ȱ Elleȱ yȱ ménageraȱ cinqȱ postesȱ deȱ surveillanceȱ etȱ deuxȱ portesȱ oùȱ vousȱ assurerezȱ laȱ gardeȱ àȱ tourȱ deȱ rôle,ȱduȱcoucherȱduȱsoleilȱàȱl’aube.(p.93). L’arméeȱ entoureraȱ leȱ villageȱ d’unȱ rangȱ deȱ barbelés.ȱ Elleȱ yȱ ménageraȱ cinqȱ postesȱ deȱ surveillanceȱ etȱ deuxȱ portesȱ oùȱ vousȱ assurerezȱ laȱ gardeȱ àȱ tourȱ deȱ rôle,ȱduȱcoucherȱduȱsoleilȱàȱl’aube.(p.93). dans Laȱ Traversée, le «Paradis» jalousement protégé par des «portes«: dans Laȱ Traversée, le «Paradis» jalousement protégé par des «portes«: ȱCommeȱonȱleurȱavaitȱrépétéȱqueȱleȱparadisȱétaitȱpourȱtousȱilsȱyȱavaientȱcruȱetȱ ilsȱ pressaientȱ surȱ lesȱ portesȱ siȱ fortȱ qu’unȱ deȱ cesȱ quat’ȱ ellesȱ allaientȱ céder.ȱȱ (pp.78). ȱCommeȱonȱleurȱavaitȱrépétéȱqueȱleȱparadisȱétaitȱpourȱtousȱilsȱyȱavaientȱcruȱetȱ ilsȱ pressaientȱ surȱ lesȱ portesȱ siȱ fortȱ qu’unȱ deȱ cesȱ quat’ȱ ellesȱ allaientȱ céder.ȱȱ (pp.78). Cette référence au «rideau», qui sépare irrémédiablement les deux communautés, figure d’ailleurs déjà dans Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ: Cette référence au «rideau», qui sépare irrémédiablement les deux communautés, figure d’ailleurs déjà dans Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ: ȱL’autreȱ mondeȱ étaitȱ pourtantȱ là,ȱ guèreȱ loin,ȱ deȱ l’autreȱ côtéȱ duȱ carrefour,ȱ ouvertȱàȱtoutȱvent,ȱdepuisȱplusȱdeȱcentȱansȱfaisaitȱrideau.ȱ(p.205) ȱL’autreȱ mondeȱ étaitȱ pourtantȱ là,ȱ guèreȱ loin,ȱ deȱ l’autreȱ côtéȱ duȱ carrefour,ȱ ouvertȱàȱtoutȱvent,ȱdepuisȱplusȱdeȱcentȱansȱfaisaitȱrideau.ȱ(p.205) Ainsi, toutes figurent à la fois l’obstacle et l’enfermement. Lesindividussontempêchésdesortir,oudefranchirl’espacedans lequel on les a confinés en deçà du mur ou du rideau et, inversement, ils ne peuvent entrer dans l’espace promis, ils restent audelàdesportespuisqu’ellesleursontfermées.Ilssontcondamnés à se mouvoir dans l’espace qui leur est imparti qui, par sa clôture, représente l’espace de la tragédie au sens générique mais aussi l’espaceoùsejouelatragédiequiconduitl’individuàuneimpasse. Ainsi, toutes figurent à la fois l’obstacle et l’enfermement. Lesindividussontempêchésdesortir,oudefranchirl’espacedans lequel on les a confinés en deçà du mur ou du rideau et, inversement, ils ne peuvent entrer dans l’espace promis, ils restent audelàdesportespuisqu’ellesleursontfermées.Ilssontcondamnés à se mouvoir dans l’espace qui leur est imparti qui, par sa clôture, représente l’espace de la tragédie au sens générique mais aussi l’espaceoùsejouelatragédiequiconduitl’individuàuneimpasse. Cette tragédie leur est imposée par des dieux injustes:ȱ le colonisateur,lemilitaire,lePouvoiretl’idéologiedominante. Cette tragédie leur est imposée par des dieux injustes:ȱ le colonisateur,lemilitaire,lePouvoiretl’idéologiedominante. 119 119 Fautil en conclure que pour M. Mammeri, le recours à la tragédiesignifielavictoiredelafatalitésurl’homme,quetouteissue luiestinterdite? FautilabonderdanslesensdesphilosophesduXIXesiècle: Fautil en conclure que pour M. Mammeri, le recours à la tragédiesignifielavictoiredelafatalitésurl’homme,quetouteissue luiestinterdite? FautilabonderdanslesensdesphilosophesduXIXesiècle: ȱAuȱXIXeȱsiècle,ȱsousȱl’influenceȱdesȱphilosophesȱetȱtoutȱparticulièrementȱdeȱ Schopenhauerȱ etȱ deȱ Hegel,ȱ leȱ termeȱ deȱ ȱ ȈtragiqueȈȱ aȱ étéȱ tiréȱ duȱ côtéȱ deȱ laȱ métaphysiqueȱ pourȱ désignerȱ l’écrasementȱ deȱ l’hommeȱ parȱ laȱ fatalité,ȱ l’anéantissementȱ deȱ laȱ libertéȱ etȱ deȱ laȱ volontéȱ individuellesȱ parȱ unȱ pouvoirȱ supérieurȱ aveugleȱ […].ȱ Pourȱ Schopenhauerȱ etȱ Hegel,ȱ leȱ tragiqueȱ s’incarneȱ exemplairementȱ dansȱ laȱ tragédieȱ grecque,ȱ quiȱ donneȱ àȱ voirȱ leȱ combatȱ deȱ laȱ libertéȱ humaine,ȱ deȱ l’homme,ȱ deȱ l’hommeȱ quiȱ veutȱ existerȱ parȱ luiȬmême,ȱ contreȱlaȱnécessitéȱetȱlaȱloiȱdivine,ȱetȱquiȱs’achèveȱparȱlaȱchuteȱdeȱl’individuȱ (Louvat,1997:14).ȱȱ ȱAuȱXIXeȱsiècle,ȱsousȱl’influenceȱdesȱphilosophesȱetȱtoutȱparticulièrementȱdeȱ Schopenhauerȱ etȱ deȱ Hegel,ȱ leȱ termeȱ deȱ ȱ ȈtragiqueȈȱ aȱ étéȱ tiréȱ duȱ côtéȱ deȱ laȱ métaphysiqueȱ pourȱ désignerȱ l’écrasementȱ deȱ l’hommeȱ parȱ laȱ fatalité,ȱ l’anéantissementȱ deȱ laȱ libertéȱ etȱ deȱ laȱ volontéȱ individuellesȱ parȱ unȱ pouvoirȱ supérieurȱ aveugleȱ […].ȱ Pourȱ Schopenhauerȱ etȱ Hegel,ȱ leȱ tragiqueȱ s’incarneȱ exemplairementȱ dansȱ laȱ tragédieȱ grecque,ȱ quiȱ donneȱ àȱ voirȱ leȱ combatȱ deȱ laȱ libertéȱ humaine,ȱ deȱ l’homme,ȱ deȱ l’hommeȱ quiȱ veutȱ existerȱ parȱ luiȬmême,ȱ contreȱlaȱnécessitéȱetȱlaȱloiȱdivine,ȱetȱquiȱs’achèveȱparȱlaȱchuteȱdeȱl’individuȱ (Louvat,1997:14).ȱȱ Nous ne le pensons pas. Certes, dans l’œuvre romanesque mammerienne,lehérosconnaîtunefintragique:mortdeMokrane, enfermement d’Arezki et des siens, mort de Mourad. Mais, ce n’est pas tant la volonté humaine qui est anéantie que la tentation de succomber à la tragédie. Cette tentation est toujours dépassée puisquechaqueromanseclôtsurunespoirderenouveau. Nous ne le pensons pas. Certes, dans l’œuvre romanesque mammerienne,lehérosconnaîtunefintragique:mortdeMokrane, enfermement d’Arezki et des siens, mort de Mourad. Mais, ce n’est pas tant la volonté humaine qui est anéantie que la tentation de succomber à la tragédie. Cette tentation est toujours dépassée puisquechaqueromanseclôtsurunespoirderenouveau. Ainsi, le héros tragique cherche constamment une issue, ne selaissepasvaincre.Tantparlerêvequeparl’exil,lehérostentede terrasser la tragédie qui l’enserre: l’exil est un facteur de prise de conscience portant les germes de la guerre de Libération et le rêve permet de dépasser le mythe sous toutes ses formes: celui de la perfectiondel’ordreancien,celuidelaguerre,celuidelacivilisation occidentale,celuidetouteslessolutionspasséistesetillusoires. Ainsi, le héros tragique cherche constamment une issue, ne selaissepasvaincre.Tantparlerêvequeparl’exil,lehérostentede terrasser la tragédie qui l’enserre: l’exil est un facteur de prise de conscience portant les germes de la guerre de Libération et le rêve permet de dépasser le mythe sous toutes ses formes: celui de la perfectiondel’ordreancien,celuidelaguerre,celuidelacivilisation occidentale,celuidetouteslessolutionspasséistesetillusoires. Le héros mammerien, tout comme celui de la tragédie grecqueantique,estàlarecherched’unordrenouveauparl’action: Le héros mammerien, tout comme celui de la tragédie grecqueantique,estàlarecherched’unordrenouveauparl’action: ȱ Laȱ tragédie, écrit JeanPierre Vernant (2001: 905),ȱ estȱ leȱ premierȱ genreȱ littéraireȱquiȱprésenteȱl’hommeȱenȱsituationȱd’agir,ȱquiȱleȱplaceȱauȱcarrefourȱ d’uneȱdécisionȱengageantȱsonȱdestin. ȱ Laȱ tragédie, écrit JeanPierre Vernant (2001: 905),ȱ estȱ leȱ premierȱ genreȱ littéraireȱquiȱprésenteȱl’hommeȱenȱsituationȱd’agir,ȱquiȱleȱplaceȱauȱcarrefourȱ d’uneȱdécisionȱengageantȱsonȱdestin. 120 120 Fautil en conclure que pour M. Mammeri, le recours à la tragédiesignifielavictoiredelafatalitésurl’homme,quetouteissue luiestinterdite? FautilabonderdanslesensdesphilosophesduXIXesiècle: Fautil en conclure que pour M. Mammeri, le recours à la tragédiesignifielavictoiredelafatalitésurl’homme,quetouteissue luiestinterdite? FautilabonderdanslesensdesphilosophesduXIXesiècle: ȱAuȱXIXeȱsiècle,ȱsousȱl’influenceȱdesȱphilosophesȱetȱtoutȱparticulièrementȱdeȱ Schopenhauerȱ etȱ deȱ Hegel,ȱ leȱ termeȱ deȱ ȱ ȈtragiqueȈȱ aȱ étéȱ tiréȱ duȱ côtéȱ deȱ laȱ métaphysiqueȱ pourȱ désignerȱ l’écrasementȱ deȱ l’hommeȱ parȱ laȱ fatalité,ȱ l’anéantissementȱ deȱ laȱ libertéȱ etȱ deȱ laȱ volontéȱ individuellesȱ parȱ unȱ pouvoirȱ supérieurȱ aveugleȱ […].ȱ Pourȱ Schopenhauerȱ etȱ Hegel,ȱ leȱ tragiqueȱ s’incarneȱ exemplairementȱ dansȱ laȱ tragédieȱ grecque,ȱ quiȱ donneȱ àȱ voirȱ leȱ combatȱ deȱ laȱ libertéȱ humaine,ȱ deȱ l’homme,ȱ deȱ l’hommeȱ quiȱ veutȱ existerȱ parȱ luiȬmême,ȱ contreȱlaȱnécessitéȱetȱlaȱloiȱdivine,ȱetȱquiȱs’achèveȱparȱlaȱchuteȱdeȱl’individuȱ (Louvat,1997:14).ȱȱ ȱAuȱXIXeȱsiècle,ȱsousȱl’influenceȱdesȱphilosophesȱetȱtoutȱparticulièrementȱdeȱ Schopenhauerȱ etȱ deȱ Hegel,ȱ leȱ termeȱ deȱ ȱ ȈtragiqueȈȱ aȱ étéȱ tiréȱ duȱ côtéȱ deȱ laȱ métaphysiqueȱ pourȱ désignerȱ l’écrasementȱ deȱ l’hommeȱ parȱ laȱ fatalité,ȱ l’anéantissementȱ deȱ laȱ libertéȱ etȱ deȱ laȱ volontéȱ individuellesȱ parȱ unȱ pouvoirȱ supérieurȱ aveugleȱ […].ȱ Pourȱ Schopenhauerȱ etȱ Hegel,ȱ leȱ tragiqueȱ s’incarneȱ exemplairementȱ dansȱ laȱ tragédieȱ grecque,ȱ quiȱ donneȱ àȱ voirȱ leȱ combatȱ deȱ laȱ libertéȱ humaine,ȱ deȱ l’homme,ȱ deȱ l’hommeȱ quiȱ veutȱ existerȱ parȱ luiȬmême,ȱ contreȱlaȱnécessitéȱetȱlaȱloiȱdivine,ȱetȱquiȱs’achèveȱparȱlaȱchuteȱdeȱl’individuȱ (Louvat,1997:14).ȱȱ Nous ne le pensons pas. Certes, dans l’œuvre romanesque mammerienne,lehérosconnaîtunefintragique:mortdeMokrane, enfermement d’Arezki et des siens, mort de Mourad. Mais, ce n’est pas tant la volonté humaine qui est anéantie que la tentation de succomber à la tragédie. Cette tentation est toujours dépassée puisquechaqueromanseclôtsurunespoirderenouveau. Nous ne le pensons pas. Certes, dans l’œuvre romanesque mammerienne,lehérosconnaîtunefintragique:mortdeMokrane, enfermement d’Arezki et des siens, mort de Mourad. Mais, ce n’est pas tant la volonté humaine qui est anéantie que la tentation de succomber à la tragédie. Cette tentation est toujours dépassée puisquechaqueromanseclôtsurunespoirderenouveau. Ainsi, le héros tragique cherche constamment une issue, ne selaissepasvaincre.Tantparlerêvequeparl’exil,lehérostentede terrasser la tragédie qui l’enserre: l’exil est un facteur de prise de conscience portant les germes de la guerre de Libération et le rêve permet de dépasser le mythe sous toutes ses formes: celui de la perfectiondel’ordreancien,celuidelaguerre,celuidelacivilisation occidentale,celuidetouteslessolutionspasséistesetillusoires. Ainsi, le héros tragique cherche constamment une issue, ne selaissepasvaincre.Tantparlerêvequeparl’exil,lehérostentede terrasser la tragédie qui l’enserre: l’exil est un facteur de prise de conscience portant les germes de la guerre de Libération et le rêve permet de dépasser le mythe sous toutes ses formes: celui de la perfectiondel’ordreancien,celuidelaguerre,celuidelacivilisation occidentale,celuidetouteslessolutionspasséistesetillusoires. Le héros mammerien, tout comme celui de la tragédie grecqueantique,estàlarecherched’unordrenouveauparl’action: Le héros mammerien, tout comme celui de la tragédie grecqueantique,estàlarecherched’unordrenouveauparl’action: ȱ Laȱ tragédie, écrit JeanPierre Vernant (2001: 905),ȱ estȱ leȱ premierȱ genreȱ littéraireȱquiȱprésenteȱl’hommeȱenȱsituationȱd’agir,ȱquiȱleȱplaceȱauȱcarrefourȱ d’uneȱdécisionȱengageantȱsonȱdestin. ȱ Laȱ tragédie, écrit JeanPierre Vernant (2001: 905),ȱ estȱ leȱ premierȱ genreȱ littéraireȱquiȱprésenteȱl’hommeȱenȱsituationȱd’agir,ȱquiȱleȱplaceȱauȱcarrefourȱ d’uneȱdécisionȱengageantȱsonȱdestin. 120 120 C’est en effet un homme agissant, un homme réfléchissant quenousmontreM.Mammeri,unhommequiprendenchargeson destin, qui se remet en question, qui tourne en dérision son aveuglementetceluidesautres.Commedanslatragédiegrecque,il seremetetestremisenquestion.C’estcequ’écritJ.P.Vernantpour latragédiegrecqueantique: C’est en effet un homme agissant, un homme réfléchissant quenousmontreM.Mammeri,unhommequiprendenchargeson destin, qui se remet en question, qui tourne en dérision son aveuglementetceluidesautres.Commedanslatragédiegrecque,il seremetetestremisenquestion.C’estcequ’écritJ.P.Vernantpour latragédiegrecqueantique: ȱ Lesȱ personnagesȱ héroïquesȱ neȱ sontȱ pasȱ seulementȱ rendusȱ présentsȱ surȱ laȱ scèneȱ auȱ yeuxȱ deȱ tousȱ lesȱ citoyens,ȱ mais,ȱ àȱ traversȱ lesȱ discussionsȱ quiȱ lesȱ opposentȱentreȱeuxȱetȱlesȱchoristes,ȱilsȱdeviennentȱl’objetȱd’unȱdébatȱ;ȱilsȱsontȱ misȱenȱquestion.(Ibid.,p.904).ȱȱ ȱ Lesȱ personnagesȱ héroïquesȱ neȱ sontȱ pasȱ seulementȱ rendusȱ présentsȱ surȱ laȱ scèneȱ auȱ yeuxȱ deȱ tousȱ lesȱ citoyens,ȱ mais,ȱ àȱ traversȱ lesȱ discussionsȱ quiȱ lesȱ opposentȱentreȱeuxȱetȱlesȱchoristes,ȱilsȱdeviennentȱl’objetȱd’unȱdébatȱ;ȱilsȱsontȱ misȱenȱquestion.(Ibid.,p.904).ȱȱ Renduprésentlecoloniséàquiondénietouteexistencedans Laȱ Collineȱ oubliée, Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ et l’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton, l’intellectuelforméàlaculturehumanistedansLeȱSommeilȱduȱjusteet l’OpiumȱetȱleȱBâton,l’intellectuelmarginalisédansLaȱTraversée.Remis en question par les autres – d’où l’importance des discussions qui sontpresquetoutesdesdialoguesd’idées:Arezkiest«unAroumi» etMourad«unberbériste».Remisenquestionparluimêmequine cessedetournerendérisionsonaveuglement. Renduprésentlecoloniséàquiondénietouteexistencedans Laȱ Collineȱ oubliée, Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ et l’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton, l’intellectuelforméàlaculturehumanistedansLeȱSommeilȱduȱjusteet l’OpiumȱetȱleȱBâton,l’intellectuelmarginalisédansLaȱTraversée.Remis en question par les autres – d’où l’importance des discussions qui sontpresquetoutesdesdialoguesd’idées:Arezkiest«unAroumi» etMourad«unberbériste».Remisenquestionparluimêmequine cessedetournerendérisionsonaveuglement. M. Mammeri représente un héros qui n’est pas un modèle, un«surhomme»,quin’estpasàl’imageduhérosépique;c’estun hérostragiqueavecsagrandeuretsesfaiblesses:ȱLeȱhérosȱlégendaireȱaȱ cesséȱd’êtreȱunȱmodèleȱcommeȱilȱl’étaitȱdansȱl’épopéeȱetȱlaȱpoésieȱlyrique,ȱilȱ estȱdevenuȱunȱproblème,écritJ.P.Vernant(2001:905). M. Mammeri représente un héros qui n’est pas un modèle, un«surhomme»,quin’estpasàl’imageduhérosépique;c’estun hérostragiqueavecsagrandeuretsesfaiblesses:ȱLeȱhérosȱlégendaireȱaȱ cesséȱd’êtreȱunȱmodèleȱcommeȱilȱl’étaitȱdansȱl’épopéeȱetȱlaȱpoésieȱlyrique,ȱilȱ estȱdevenuȱunȱproblème,écritJ.P.Vernant(2001:905). A une question que lui posait T. Djaout à propos des personnagesdesesromans,M.Mammerirépondait: A une question que lui posait T. Djaout à propos des personnagesdesesromans,M.Mammerirépondait: ȱ Jeȱ neȱ croisȱ pasȱ auxȱ stéréotypes,ȱ auxȱ hérosȱ deȱ commande,ȱ auxȱ traîtresȱ conventionnels,ȱauxȱacteursȱȈpositifsȈ,ȱauxȱnotionsȱȈprêtȬàȬporterȈȱetȱautresȱ balancellesȱdeȱlaȱlittératureȱbienȱpensante.ȱIlsȱpêchentȱcontreȱlaȱvérité,ȱparceȱ qu’àȱlaȱdense,ȱconfuse,ȱprofuse,ȱmultipleȱréalitéȱdesȱhommes,ȱilsȱsubstituentȱ deȱpâlesȱartefactsȱprivésȱdeȱvie,ȱprivésȱdeȱ sangȱetȱdeȱsens.ȱIlȱn’yȱaȱpasȱd’unȱ côtéȱlesȱbons,ȱquiȱpensentȱetȱviventȱtoujoursȱselonȱlaȱdroiture,ȱetȱdeȱl’autreȱlesȱ méchantsȱvouésȱauȱmalȱparȱdestin.ȱCeȱdépartȱmanichéenȱentreȱleȱdiableȱetȱleȱ bonȱDieuȱtourneȱleȱdosȱàȱlaȱvérité.ȱ(Mammeri,1987:38). ȱ Jeȱ neȱ croisȱ pasȱ auxȱ stéréotypes,ȱ auxȱ hérosȱ deȱ commande,ȱ auxȱ traîtresȱ conventionnels,ȱauxȱacteursȱȈpositifsȈ,ȱauxȱnotionsȱȈprêtȬàȬporterȈȱetȱautresȱ balancellesȱdeȱlaȱlittératureȱbienȱpensante.ȱIlsȱpêchentȱcontreȱlaȱvérité,ȱparceȱ qu’àȱlaȱdense,ȱconfuse,ȱprofuse,ȱmultipleȱréalitéȱdesȱhommes,ȱilsȱsubstituentȱ deȱpâlesȱartefactsȱprivésȱdeȱvie,ȱprivésȱdeȱ sangȱetȱdeȱsens.ȱIlȱn’yȱaȱpasȱd’unȱ côtéȱlesȱbons,ȱquiȱpensentȱetȱviventȱtoujoursȱselonȱlaȱdroiture,ȱetȱdeȱl’autreȱlesȱ méchantsȱvouésȱauȱmalȱparȱdestin.ȱCeȱdépartȱmanichéenȱentreȱleȱdiableȱetȱleȱ bonȱDieuȱtourneȱleȱdosȱàȱlaȱvérité.ȱ(Mammeri,1987:38). 121 121 C’est en effet un homme agissant, un homme réfléchissant quenousmontreM.Mammeri,unhommequiprendenchargeson destin, qui se remet en question, qui tourne en dérision son aveuglementetceluidesautres.Commedanslatragédiegrecque,il seremetetestremisenquestion.C’estcequ’écritJ.P.Vernantpour latragédiegrecqueantique: C’est en effet un homme agissant, un homme réfléchissant quenousmontreM.Mammeri,unhommequiprendenchargeson destin, qui se remet en question, qui tourne en dérision son aveuglementetceluidesautres.Commedanslatragédiegrecque,il seremetetestremisenquestion.C’estcequ’écritJ.P.Vernantpour latragédiegrecqueantique: ȱ Lesȱ personnagesȱ héroïquesȱ neȱ sontȱ pasȱ seulementȱ rendusȱ présentsȱ surȱ laȱ scèneȱ auȱ yeuxȱ deȱ tousȱ lesȱ citoyens,ȱ mais,ȱ àȱ traversȱ lesȱ discussionsȱ quiȱ lesȱ opposentȱentreȱeuxȱetȱlesȱchoristes,ȱilsȱdeviennentȱl’objetȱd’unȱdébatȱ;ȱilsȱsontȱ misȱenȱquestion.(Ibid.,p.904).ȱȱ ȱ Lesȱ personnagesȱ héroïquesȱ neȱ sontȱ pasȱ seulementȱ rendusȱ présentsȱ surȱ laȱ scèneȱ auȱ yeuxȱ deȱ tousȱ lesȱ citoyens,ȱ mais,ȱ àȱ traversȱ lesȱ discussionsȱ quiȱ lesȱ opposentȱentreȱeuxȱetȱlesȱchoristes,ȱilsȱdeviennentȱl’objetȱd’unȱdébatȱ;ȱilsȱsontȱ misȱenȱquestion.(Ibid.,p.904).ȱȱ Renduprésentlecoloniséàquiondénietouteexistencedans Laȱ Collineȱ oubliée, Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ et l’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton, l’intellectuelforméàlaculturehumanistedansLeȱSommeilȱduȱjusteet l’OpiumȱetȱleȱBâton,l’intellectuelmarginalisédansLaȱTraversée.Remis en question par les autres – d’où l’importance des discussions qui sontpresquetoutesdesdialoguesd’idées:Arezkiest«unAroumi» etMourad«unberbériste».Remisenquestionparluimêmequine cessedetournerendérisionsonaveuglement. Renduprésentlecoloniséàquiondénietouteexistencedans Laȱ Collineȱ oubliée, Leȱ Sommeilȱ duȱ Justeȱ et l’Opiumȱ etȱ leȱ Bâton, l’intellectuelforméàlaculturehumanistedansLeȱSommeilȱduȱjusteet l’OpiumȱetȱleȱBâton,l’intellectuelmarginalisédansLaȱTraversée.Remis en question par les autres – d’où l’importance des discussions qui sontpresquetoutesdesdialoguesd’idées:Arezkiest«unAroumi» etMourad«unberbériste».Remisenquestionparluimêmequine cessedetournerendérisionsonaveuglement. M. Mammeri représente un héros qui n’est pas un modèle, un«surhomme»,quin’estpasàl’imageduhérosépique;c’estun hérostragiqueavecsagrandeuretsesfaiblesses:ȱLeȱhérosȱlégendaireȱaȱ cesséȱd’êtreȱunȱmodèleȱcommeȱilȱl’étaitȱdansȱl’épopéeȱetȱlaȱpoésieȱlyrique,ȱilȱ estȱdevenuȱunȱproblème,écritJ.P.Vernant(2001:905). M. Mammeri représente un héros qui n’est pas un modèle, un«surhomme»,quin’estpasàl’imageduhérosépique;c’estun hérostragiqueavecsagrandeuretsesfaiblesses:ȱLeȱhérosȱlégendaireȱaȱ cesséȱd’êtreȱunȱmodèleȱcommeȱilȱl’étaitȱdansȱl’épopéeȱetȱlaȱpoésieȱlyrique,ȱilȱ estȱdevenuȱunȱproblème,écritJ.P.Vernant(2001:905). A une question que lui posait T. Djaout à propos des personnagesdesesromans,M.Mammerirépondait: A une question que lui posait T. Djaout à propos des personnagesdesesromans,M.Mammerirépondait: ȱ Jeȱ neȱ croisȱ pasȱ auxȱ stéréotypes,ȱ auxȱ hérosȱ deȱ commande,ȱ auxȱ traîtresȱ conventionnels,ȱauxȱacteursȱȈpositifsȈ,ȱauxȱnotionsȱȈprêtȬàȬporterȈȱetȱautresȱ balancellesȱdeȱlaȱlittératureȱbienȱpensante.ȱIlsȱpêchentȱcontreȱlaȱvérité,ȱparceȱ qu’àȱlaȱdense,ȱconfuse,ȱprofuse,ȱmultipleȱréalitéȱdesȱhommes,ȱilsȱsubstituentȱ deȱpâlesȱartefactsȱprivésȱdeȱvie,ȱprivésȱdeȱ sangȱetȱdeȱsens.ȱIlȱn’yȱaȱpasȱd’unȱ côtéȱlesȱbons,ȱquiȱpensentȱetȱviventȱtoujoursȱselonȱlaȱdroiture,ȱetȱdeȱl’autreȱlesȱ méchantsȱvouésȱauȱmalȱparȱdestin.ȱCeȱdépartȱmanichéenȱentreȱleȱdiableȱetȱleȱ bonȱDieuȱtourneȱleȱdosȱàȱlaȱvérité.ȱ(Mammeri,1987:38). ȱ Jeȱ neȱ croisȱ pasȱ auxȱ stéréotypes,ȱ auxȱ hérosȱ deȱ commande,ȱ auxȱ traîtresȱ conventionnels,ȱauxȱacteursȱȈpositifsȈ,ȱauxȱnotionsȱȈprêtȬàȬporterȈȱetȱautresȱ balancellesȱdeȱlaȱlittératureȱbienȱpensante.ȱIlsȱpêchentȱcontreȱlaȱvérité,ȱparceȱ qu’àȱlaȱdense,ȱconfuse,ȱprofuse,ȱmultipleȱréalitéȱdesȱhommes,ȱilsȱsubstituentȱ deȱpâlesȱartefactsȱprivésȱdeȱvie,ȱprivésȱdeȱ sangȱetȱdeȱsens.ȱIlȱn’yȱaȱpasȱd’unȱ côtéȱlesȱbons,ȱquiȱpensentȱetȱviventȱtoujoursȱselonȱlaȱdroiture,ȱetȱdeȱl’autreȱlesȱ méchantsȱvouésȱauȱmalȱparȱdestin.ȱCeȱdépartȱmanichéenȱentreȱleȱdiableȱetȱleȱ bonȱDieuȱtourneȱleȱdosȱàȱlaȱvérité.ȱ(Mammeri,1987:38). 121 121 C’estladéfinitionmêmeduhérostragique,avecsagrandeur et ses limites toutes humaines qui, plongé dans l’action, révèle sa dualité: agissant et à la fois agi, ni «diable», ni «bon Dieu», un homme tout simplement. C’est ce qu’expliquent J.P. Vernant et P. VidalNaquet (1989: 68) àproposduproblèmedelavolontédansla tragédiegrecqueantique: ȱȱ C’estladéfinitionmêmeduhérostragique,avecsagrandeur et ses limites toutes humaines qui, plongé dans l’action, révèle sa dualité: agissant et à la fois agi, ni «diable», ni «bon Dieu», un homme tout simplement. C’est ce qu’expliquent J.P. Vernant et P. VidalNaquet (1989: 68) àproposduproblèmedelavolontédansla tragédiegrecqueantique: ȱȱ L’origineȱdeȱl’actionȱseȱsituantȱàȱlaȱfoisȱdansȱl’hommeȱetȱhorsȱdeȱlui,ȱleȱmêmeȱ personnageȱ apparaîtȱ tantôtȱ agent,ȱ causeȱ etȱ sourceȱ deȱ sesȱ actes,ȱ tantôtȱ agi,ȱ immergéȱdansȱuneȱforceȱquiȱleȱdépasseȱetȱl’entraîne. L’origineȱdeȱl’actionȱseȱsituantȱàȱlaȱfoisȱdansȱl’hommeȱetȱhorsȱdeȱlui,ȱleȱmêmeȱ personnageȱ apparaîtȱ tantôtȱ agent,ȱ causeȱ etȱ sourceȱ deȱ sesȱ actes,ȱ tantôtȱ agi,ȱ immergéȱdansȱuneȱforceȱquiȱleȱdépasseȱetȱl’entraîne. Ce héros tragique qui est engagé dans l’action: Placéȱ auȱ carrefourȱ d’unȱ choixȱ décisif,ȱ faceȱ àȱ uneȱ optionȱ quiȱ commandeȱ toutȱ leȱ déroulementȱ duȱ drame,ȱ leȱ hérosȱ tragiqueȱ seȱ profileȱ engagéȱ dansȱ l’action,ȱ affrontéȱauxȱconséquencesȱdeȱsesȱactes.ajoutentJ.P.VernantetP.Vidal Naquet(1989:70). ChezM.Mammeri,lastructuretragiqueestlàpoursignifier qu’ilyauneissueàlatragédie:ilȱn’estȱpasȱdeȱproblèmeȱquiȱneȱpuisseȱ êtreȱ dépasséȱ parȱ l’enquêteȱ intellectuelleȱ etȱ leȱ débatȱ culturel, déclare J.P. Vernant (2003) à F. Busnel à propos de la signification de la mythologiegrecque. 2.5.ȱLaȱpoésieȱ ȱ A côté des références à la culture occidentale, culture d’emprunt, figure un mode d’expression de la culture d’origine, la culture kabyle: la poésie que l’on rencontre dans Laȱ Traversée, dernierromandeMouloudMammeri. Les passages poétiques se signalent par leur verticalité et interviennent dans les moments de délire du personnage principal, Mourad,délireprovoquéparlafièvre.Envoiciunexemple: ȱȬLesȱnuitsȱsontȱlonguesȱsurȱlaȱplace…ȱ Ce héros tragique qui est engagé dans l’action: Placéȱ auȱ carrefourȱ d’unȱ choixȱ décisif,ȱ faceȱ àȱ uneȱ optionȱ quiȱ commandeȱ toutȱ leȱ déroulementȱ duȱ drame,ȱ leȱ hérosȱ tragiqueȱ seȱ profileȱ engagéȱ dansȱ l’action,ȱ affrontéȱauxȱconséquencesȱdeȱsesȱactes.ajoutentJ.P.VernantetP.Vidal Naquet(1989:70). ChezM.Mammeri,lastructuretragiqueestlàpoursignifier qu’ilyauneissueàlatragédie:ilȱn’estȱpasȱdeȱproblèmeȱquiȱneȱpuisseȱ êtreȱ dépasséȱ parȱ l’enquêteȱ intellectuelleȱ etȱ leȱ débatȱ culturel, déclare J.P. Vernant (2003) à F. Busnel à propos de la signification de la mythologiegrecque. 2.5.ȱLaȱpoésieȱ ȱ A côté des références à la culture occidentale, culture d’emprunt, figure un mode d’expression de la culture d’origine, la culture kabyle: la poésie que l’on rencontre dans Laȱ Traversée, dernierromandeMouloudMammeri. Les passages poétiques se signalent par leur verticalité et interviennent dans les moments de délire du personnage principal, Mourad,délireprovoquéparlafièvre.Envoiciunexemple: ȱȬLesȱnuitsȱsontȱlonguesȱsurȱlaȱplace…ȱ ȬEtȱlesȱjours.ȱ ȬLesȱpierresȱsontȱfroides…ȱ ȬEtȱlesȱjours.ȱ ȬLesȱpierresȱsontȱfroides…ȱ 122 122 C’estladéfinitionmêmeduhérostragique,avecsagrandeur et ses limites toutes humaines qui, plongé dans l’action, révèle sa dualité: agissant et à la fois agi, ni «diable», ni «bon Dieu», un homme tout simplement. C’est ce qu’expliquent J.P. Vernant et P. VidalNaquet (1989: 68) àproposduproblèmedelavolontédansla tragédiegrecqueantique: ȱȱ C’estladéfinitionmêmeduhérostragique,avecsagrandeur et ses limites toutes humaines qui, plongé dans l’action, révèle sa dualité: agissant et à la fois agi, ni «diable», ni «bon Dieu», un homme tout simplement. C’est ce qu’expliquent J.P. Vernant et P. VidalNaquet (1989: 68) àproposduproblèmedelavolontédansla tragédiegrecqueantique: ȱȱ L’origineȱdeȱl’actionȱseȱsituantȱàȱlaȱfoisȱdansȱl’hommeȱetȱhorsȱdeȱlui,ȱleȱmêmeȱ personnageȱ apparaîtȱ tantôtȱ agent,ȱ causeȱ etȱ sourceȱ deȱ sesȱ actes,ȱ tantôtȱ agi,ȱ immergéȱdansȱuneȱforceȱquiȱleȱdépasseȱetȱl’entraîne. L’origineȱdeȱl’actionȱseȱsituantȱàȱlaȱfoisȱdansȱl’hommeȱetȱhorsȱdeȱlui,ȱleȱmêmeȱ personnageȱ apparaîtȱ tantôtȱ agent,ȱ causeȱ etȱ sourceȱ deȱ sesȱ actes,ȱ tantôtȱ agi,ȱ immergéȱdansȱuneȱforceȱquiȱleȱdépasseȱetȱl’entraîne. Ce héros tragique qui est engagé dans l’action: Placéȱ auȱ carrefourȱ d’unȱ choixȱ décisif,ȱ faceȱ àȱ uneȱ optionȱ quiȱ commandeȱ toutȱ leȱ déroulementȱ duȱ drame,ȱ leȱ hérosȱ tragiqueȱ seȱ profileȱ engagéȱ dansȱ l’action,ȱ affrontéȱauxȱconséquencesȱdeȱsesȱactes.ajoutentJ.P.VernantetP.Vidal Naquet(1989:70). ChezM.Mammeri,lastructuretragiqueestlàpoursignifier qu’ilyauneissueàlatragédie:ilȱn’estȱpasȱdeȱproblèmeȱquiȱneȱpuisseȱ êtreȱ dépasséȱ parȱ l’enquêteȱ intellectuelleȱ etȱ leȱ débatȱ culturel, déclare J.P. Vernant (2003) à F. Busnel à propos de la signification de la mythologiegrecque. 2.5.ȱLaȱpoésieȱ ȱ A côté des références à la culture occidentale, culture d’emprunt, figure un mode d’expression de la culture d’origine, la culture kabyle: la poésie que l’on rencontre dans Laȱ Traversée, dernierromandeMouloudMammeri. Les passages poétiques se signalent par leur verticalité et interviennent dans les moments de délire du personnage principal, Mourad,délireprovoquéparlafièvre.Envoiciunexemple: ȱȬLesȱnuitsȱsontȱlonguesȱsurȱlaȱplace…ȱ Ce héros tragique qui est engagé dans l’action: Placéȱ auȱ carrefourȱ d’unȱ choixȱ décisif,ȱ faceȱ àȱ uneȱ optionȱ quiȱ commandeȱ toutȱ leȱ déroulementȱ duȱ drame,ȱ leȱ hérosȱ tragiqueȱ seȱ profileȱ engagéȱ dansȱ l’action,ȱ affrontéȱauxȱconséquencesȱdeȱsesȱactes.ajoutentJ.P.VernantetP.Vidal Naquet(1989:70). ChezM.Mammeri,lastructuretragiqueestlàpoursignifier qu’ilyauneissueàlatragédie:ilȱn’estȱpasȱdeȱproblèmeȱquiȱneȱpuisseȱ êtreȱ dépasséȱ parȱ l’enquêteȱ intellectuelleȱ etȱ leȱ débatȱ culturel, déclare J.P. Vernant (2003) à F. Busnel à propos de la signification de la mythologiegrecque. 2.5.ȱLaȱpoésieȱ ȱ A côté des références à la culture occidentale, culture d’emprunt, figure un mode d’expression de la culture d’origine, la culture kabyle: la poésie que l’on rencontre dans Laȱ Traversée, dernierromandeMouloudMammeri. Les passages poétiques se signalent par leur verticalité et interviennent dans les moments de délire du personnage principal, Mourad,délireprovoquéparlafièvre.Envoiciunexemple: ȱȬLesȱnuitsȱsontȱlonguesȱsurȱlaȱplace…ȱ ȬEtȱlesȱjours.ȱ ȬLesȱpierresȱsontȱfroides…ȱ 122 ȬEtȱlesȱjours.ȱ ȬLesȱpierresȱsontȱfroides…ȱ 122 ȬLesȱnuitsȱsansȱlampes…ȱ ȬLesȱjoursȱsansȱrides…ȱ ȬLesȱbouchesȱsansȱdents…ȱ ȬLesȱailesȱcourtes.ȱ ȬLaȱfaimȱd’onȱneȱsaitȱquoi…ȱ ȬQuiȱlanguissaitȱdeȱt’attendre.ȱȱ ȬLesȱnuitsȱsansȱlampes…ȱ ȬLesȱjoursȱsansȱrides…ȱ ȬLesȱbouchesȱsansȱdents…ȱ ȬLesȱailesȱcourtes.ȱ ȬLaȱfaimȱd’onȱneȱsaitȱquoi…ȱ ȬQuiȱlanguissaitȱdeȱt’attendre.ȱȱ Cemoded’expressionrenvoieàcequeM.Mammeriaécrit du poète kabyle Si MohandouMhand. En effet, il explique que Si Mohand était au bord d’une source quand un ange le mit en demeuredechoisirentredeuxtermes:Parleȱouȱjeȱferaiȱlesȱversȱouȱfaisȱ lesȱversȱetȱjeȱparleraiȱ–ȱFaisȱlesȱversȱetȱjeȱparlerai,ȱditȱMohand.ȱ(Mammeri, Cemoded’expressionrenvoieàcequeM.Mammeriaécrit du poète kabyle Si MohandouMhand. En effet, il explique que Si Mohand était au bord d’une source quand un ange le mit en demeuredechoisirentredeuxtermes:Parleȱouȱjeȱferaiȱlesȱversȱouȱfaisȱ lesȱversȱetȱjeȱparleraiȱ–ȱFaisȱlesȱversȱetȱjeȱparlerai,ȱditȱMohand.ȱ(Mammeri, 1969:12). 1969:12). M.Mammerisoulignequel’épisodedel’angeestunmoyen d’expression utilisé quand la pensée devenait complexe ou trop abstraite:cettepenséeavaitainsirecoursausymbole.Ilécrit: ȱCeuxȱ quiȱ enȱ usaientȱ n’étaientȱ pasȱ (…)ȱ dupesȱ duȱ caractèreȱ mythiqueȱ duȱ M.Mammerisoulignequel’épisodedel’angeestunmoyen d’expression utilisé quand la pensée devenait complexe ou trop abstraite:cettepenséeavaitainsirecoursausymbole.Ilécrit: ȱCeuxȱ quiȱ enȱ usaientȱ n’étaientȱ pasȱ (…)ȱ dupesȱ duȱ caractèreȱ mythiqueȱ duȱ procédé.ȱ Ilsȱ savaientȱ queȱ c’étaitȱ unȱ instrument,ȱ c’estȱ àȱ direȱ unȱ artifice, unȱ moyenȱobliqueȱdeȱsaisirȱlaȱréalitéeneviève,ȱmaisȱplusȱouȱmoinsȱconfusément,ȱilsȱ sentaientȱqueȱquelquefoisceȱbiaisȱleurȱpermettaitȱd’allerȱplusȱauȱfondȱqueȱneȱ leȱ feraitȱ laȱ parfaiteȱ adaptationȱ desȱ motsȱ auxȱ chosesȱ etȱ leurȱ agencementȱ logique(Mammeri,op.cit.,:13),(Soulignéparnous). procédé.ȱ Ilsȱ savaientȱ queȱ c’étaitȱ unȱ instrument,ȱ c’estȱ àȱ direȱ unȱ artifice, unȱ moyenȱobliqueȱdeȱsaisirȱlaȱréalitéeneviève,ȱmaisȱplusȱouȱmoinsȱconfusément,ȱilsȱ sentaientȱqueȱquelquefoisceȱbiaisȱleurȱpermettaitȱd’allerȱplusȱauȱfondȱqueȱneȱ leȱ feraitȱ laȱ parfaiteȱ adaptationȱ desȱ motsȱ auxȱ chosesȱ etȱ leurȱ agencementȱ logique(Mammeri,op.cit.,:13),(Soulignéparnous). ȱ ȱ 3.ȱCONCLUSIONȱ 3.ȱCONCLUSIONȱ ȱ ȱ Tous les modes d’écriture dont nous venons de tracer les contours, divers dans leur forme, ont cependant en commun de théâtraliser la parole. Ils représentent un espace de liberté dans laquelle la parole confisquée peut se déployer, la parole confisquée par l’ordre ancestral, par l’ordre de la colonisation, par l’ordre du discours institutionnel. Ils représentent également un espace d’affirmationdel’individuensaqualitéd’hommeàpartentière:ni asservi,nimuselé,d’hommequiprendsondestinenmain,quipasse du statut d’agi au statut d’agissant, qui refuse toutes les formes d’oppression. Pour M. Mammeri, Ilȱ s’agissaitȱ deȱ faireȱ entrerȱ laȱ vieȱ desȱ Tous les modes d’écriture dont nous venons de tracer les contours, divers dans leur forme, ont cependant en commun de théâtraliser la parole. Ils représentent un espace de liberté dans laquelle la parole confisquée peut se déployer, la parole confisquée par l’ordre ancestral, par l’ordre de la colonisation, par l’ordre du discours institutionnel. Ils représentent également un espace d’affirmationdel’individuensaqualitéd’hommeàpartentière:ni asservi,nimuselé,d’hommequiprendsondestinenmain,quipasse du statut d’agi au statut d’agissant, qui refuse toutes les formes d’oppression. Pour M. Mammeri, Ilȱ s’agissaitȱ deȱ faireȱ entrerȱ laȱ vieȱ desȱ 123 123 ȬLesȱnuitsȱsansȱlampes…ȱ ȬLesȱjoursȱsansȱrides…ȱ ȬLesȱbouchesȱsansȱdents…ȱ ȬLesȱailesȱcourtes.ȱ ȬLaȱfaimȱd’onȱneȱsaitȱquoi…ȱ ȬQuiȱlanguissaitȱdeȱt’attendre.ȱȱ ȬLesȱnuitsȱsansȱlampes…ȱ ȬLesȱjoursȱsansȱrides…ȱ ȬLesȱbouchesȱsansȱdents…ȱ ȬLesȱailesȱcourtes.ȱ ȬLaȱfaimȱd’onȱneȱsaitȱquoi…ȱ ȬQuiȱlanguissaitȱdeȱt’attendre.ȱȱ Cemoded’expressionrenvoieàcequeM.Mammeriaécrit du poète kabyle Si MohandouMhand. En effet, il explique que Si Mohand était au bord d’une source quand un ange le mit en demeuredechoisirentredeuxtermes:Parleȱouȱjeȱferaiȱlesȱversȱouȱfaisȱ lesȱversȱetȱjeȱparleraiȱ–ȱFaisȱlesȱversȱetȱjeȱparlerai,ȱditȱMohand.ȱ(Mammeri, Cemoded’expressionrenvoieàcequeM.Mammeriaécrit du poète kabyle Si MohandouMhand. En effet, il explique que Si Mohand était au bord d’une source quand un ange le mit en demeuredechoisirentredeuxtermes:Parleȱouȱjeȱferaiȱlesȱversȱouȱfaisȱ lesȱversȱetȱjeȱparleraiȱ–ȱFaisȱlesȱversȱetȱjeȱparlerai,ȱditȱMohand.ȱ(Mammeri, 1969:12). 1969:12). M.Mammerisoulignequel’épisodedel’angeestunmoyen d’expression utilisé quand la pensée devenait complexe ou trop abstraite:cettepenséeavaitainsirecoursausymbole.Ilécrit: ȱCeuxȱ quiȱ enȱ usaientȱ n’étaientȱ pasȱ (…)ȱ dupesȱ duȱ caractèreȱ mythiqueȱ duȱ M.Mammerisoulignequel’épisodedel’angeestunmoyen d’expression utilisé quand la pensée devenait complexe ou trop abstraite:cettepenséeavaitainsirecoursausymbole.Ilécrit: ȱCeuxȱ quiȱ enȱ usaientȱ n’étaientȱ pasȱ (…)ȱ dupesȱ duȱ caractèreȱ mythiqueȱ duȱ procédé.ȱ Ilsȱ savaientȱ queȱ c’étaitȱ unȱ instrument,ȱ c’estȱ àȱ direȱ unȱ artifice, unȱ moyenȱobliqueȱdeȱsaisirȱlaȱréalitéeneviève,ȱmaisȱplusȱouȱmoinsȱconfusément,ȱilsȱ sentaientȱqueȱquelquefoisceȱbiaisȱleurȱpermettaitȱd’allerȱplusȱauȱfondȱqueȱneȱ leȱ feraitȱ laȱ parfaiteȱ adaptationȱ desȱ motsȱ auxȱ chosesȱ etȱ leurȱ agencementȱ logique(Mammeri,op.cit.,:13),(Soulignéparnous). procédé.ȱ Ilsȱ savaientȱ queȱ c’étaitȱ unȱ instrument,ȱ c’estȱ àȱ direȱ unȱ artifice, unȱ moyenȱobliqueȱdeȱsaisirȱlaȱréalitéeneviève,ȱmaisȱplusȱouȱmoinsȱconfusément,ȱilsȱ sentaientȱqueȱquelquefoisceȱbiaisȱleurȱpermettaitȱd’allerȱplusȱauȱfondȱqueȱneȱ leȱ feraitȱ laȱ parfaiteȱ adaptationȱ desȱ motsȱ auxȱ chosesȱ etȱ leurȱ agencementȱ logique(Mammeri,op.cit.,:13),(Soulignéparnous). ȱ ȱ 3.ȱCONCLUSIONȱ 3.ȱCONCLUSIONȱ ȱ ȱ Tous les modes d’écriture dont nous venons de tracer les contours, divers dans leur forme, ont cependant en commun de théâtraliser la parole. Ils représentent un espace de liberté dans laquelle la parole confisquée peut se déployer, la parole confisquée par l’ordre ancestral, par l’ordre de la colonisation, par l’ordre du discours institutionnel. Ils représentent également un espace d’affirmationdel’individuensaqualitéd’hommeàpartentière:ni asservi,nimuselé,d’hommequiprendsondestinenmain,quipasse du statut d’agi au statut d’agissant, qui refuse toutes les formes d’oppression. Pour M. Mammeri, Ilȱ s’agissaitȱ deȱ faireȱ entrerȱ laȱ vieȱ desȱ Tous les modes d’écriture dont nous venons de tracer les contours, divers dans leur forme, ont cependant en commun de théâtraliser la parole. Ils représentent un espace de liberté dans laquelle la parole confisquée peut se déployer, la parole confisquée par l’ordre ancestral, par l’ordre de la colonisation, par l’ordre du discours institutionnel. Ils représentent également un espace d’affirmationdel’individuensaqualitéd’hommeàpartentière:ni asservi,nimuselé,d’hommequiprendsondestinenmain,quipasse du statut d’agi au statut d’agissant, qui refuse toutes les formes d’oppression. Pour M. Mammeri, Ilȱ s’agissaitȱ deȱ faireȱ entrerȱ laȱ vieȱ desȱ 123 123 hommesȱ algériensȱ dansȱ leȱ communȱ lotȱdesȱautresȱvies.ȱ (Mammeri, 1987: hommesȱ algériensȱ dansȱ leȱ communȱ lotȱdesȱautresȱvies.ȱ (Mammeri, 1987: 1921) 1921) Ildéclaraitégalement: Ildéclaraitégalement: ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier2)ȱ;ȱ ȱ ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernet.ȱ(Mammeri,1987:16). ȱȱ J’aiȱ apprisȱ leȱ françaisȱ àȱ l’écoleȱ;ȱ ilȱ s’agitȱ doncȱ d’unȱ apprentissageȱ artificiel.ȱ Maisȱuneȱfoisȱlaȱlangueȱacquiseȱj’avoueȱqueȱj’enȱaiȱappréciéȱlesȱavantages.ȱCeȱ n’estȱ pasȱ seulementȱ pourȱ sesȱ bénéficesȱ pratiques,ȱ parceȱ qu’elleȱ permetȱ uneȱ ouvertureȱ trèsȱ largeȱ surȱ leȱ resteȱ duȱ monde,ȱ enȱ particulierȱ surȱ leȱ mondeȱ moderneȱ[…].ȱC’estȱsurtoutȱparceȱqueȱc’estȱunȱinstrumentȱdeȱlibérationȱ–ȱyȱ comprisȱd’elleȬmême.(Mammeri,op.cit.,p.49)ȱ ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier2)ȱ;ȱ ȱ ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernet.ȱ(Mammeri,1987:16). ȱȱ J’aiȱ apprisȱ leȱ françaisȱ àȱ l’écoleȱ;ȱ ilȱ s’agitȱ doncȱ d’unȱ apprentissageȱ artificiel.ȱ Maisȱuneȱfoisȱlaȱlangueȱacquiseȱj’avoueȱqueȱj’enȱaiȱappréciéȱlesȱavantages.ȱCeȱ n’estȱ pasȱ seulementȱ pourȱ sesȱ bénéficesȱ pratiques,ȱ parceȱ qu’elleȱ permetȱ uneȱ ouvertureȱ trèsȱ largeȱ surȱ leȱ resteȱ duȱ monde,ȱ enȱ particulierȱ surȱ leȱ mondeȱ moderneȱ[…].ȱC’estȱsurtoutȱparceȱqueȱc’estȱunȱinstrumentȱdeȱlibérationȱ–ȱyȱ comprisȱd’elleȬmême.(Mammeri,op.cit.,p.49)ȱ Lesformesaussidifférenciéesgénériquementetculturellement que les lettres, le journal intime, l’épopée, la poésie, que l’on peut déceler dans son œuvre, sont autant de marques de la double appartenance culturelle de l’écrivain et empruntent à la fois aux modesd’expressiondelaculturehelléniqueetclassique,marquede la formation de l’écrivain et au mode d’expression de la culture d’origine(culturekabyle).Ils’ensuituneécrituredeladiscontinuité,ȱ «ȱuneȱ transfictionnalitéȱ métisséeȱ», marque du métissage culturel de l’écrivain, mais aussi d’une parole essayiste porteuse du dialogue descultures,pacifiquementintégréesettendantversl’affirmationde valeursuniverselles:laliberté,lajustice. Lesformesaussidifférenciéesgénériquementetculturellement que les lettres, le journal intime, l’épopée, la poésie, que l’on peut déceler dans son œuvre, sont autant de marques de la double appartenance culturelle de l’écrivain et empruntent à la fois aux modesd’expressiondelaculturehelléniqueetclassique,marquede la formation de l’écrivain et au mode d’expression de la culture d’origine(culturekabyle).Ils’ensuituneécrituredeladiscontinuité,ȱ «ȱuneȱ transfictionnalitéȱ métisséeȱ», marque du métissage culturel de l’écrivain, mais aussi d’une parole essayiste porteuse du dialogue descultures,pacifiquementintégréesettendantversl’affirmationde valeursuniverselles:laliberté,lajustice. NOTESȱ NOTESȱ ȱ ȱ 1 1 2 «Lasociétéberbère»,Aguedal,nos5et6,1938et1939. Idem. 2 «Lasociétéberbère»,Aguedal,nos5et6,1938et1939. Idem. ȱ ȱ ȱ ȱ 124 124 hommesȱ algériensȱ dansȱ leȱ communȱ lotȱdesȱautresȱvies.ȱ (Mammeri, 1987: hommesȱ algériensȱ dansȱ leȱ communȱ lotȱdesȱautresȱvies.ȱ (Mammeri, 1987: 1921) 1921) Ildéclaraitégalement: Ildéclaraitégalement: ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier2)ȱ;ȱ ȱ ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernet.ȱ(Mammeri,1987:16). ȱȱ J’aiȱ apprisȱ leȱ françaisȱ àȱ l’écoleȱ;ȱ ilȱ s’agitȱ doncȱ d’unȱ apprentissageȱ artificiel.ȱ Maisȱuneȱfoisȱlaȱlangueȱacquiseȱj’avoueȱqueȱj’enȱaiȱappréciéȱlesȱavantages.ȱCeȱ n’estȱ pasȱ seulementȱ pourȱ sesȱ bénéficesȱ pratiques,ȱ parceȱ qu’elleȱ permetȱ uneȱ ouvertureȱ trèsȱ largeȱ surȱ leȱ resteȱ duȱ monde,ȱ enȱ particulierȱ surȱ leȱ mondeȱ moderneȱ[…].ȱC’estȱsurtoutȱparceȱqueȱc’estȱunȱinstrumentȱdeȱlibérationȱ–ȱyȱ comprisȱd’elleȬmême.(Mammeri,op.cit.,p.49)ȱ ȱJ’aiȱreçuȱuneȱformationȱremarquable.ȱAprèsȱtantȱd’annéesȱécouléesȱdepuisȱceȱ lointainȱpassé,ȱjeȱsuisȱencoreȱgréȱàȱmesȱmaîtresȱdeȱmeȱl’avoirȱdispenséeȱ;ȱj’enȱ aiȱ euȱ d’éminentsȱ:ȱ j’aiȱ euȱ Jeanȱ Grenierȱ commeȱ professeurȱ deȱ philoȱ (c’estȱ luiȱ quiȱm’aȱpousséȱàȱécrireȱmonȱpremierȱpapier2)ȱ;ȱ ȱ ȱj’aiȱaiméȱHomèreȱàȱtraversȱLouisȱGernet.ȱ(Mammeri,1987:16). ȱȱ J’aiȱ apprisȱ leȱ françaisȱ àȱ l’écoleȱ;ȱ ilȱ s’agitȱ doncȱ d’unȱ apprentissageȱ artificiel.ȱ Maisȱuneȱfoisȱlaȱlangueȱacquiseȱj’avoueȱqueȱj’enȱaiȱappréciéȱlesȱavantages.ȱCeȱ n’estȱ pasȱ seulementȱ pourȱ sesȱ bénéficesȱ pratiques,ȱ parceȱ qu’elleȱ permetȱ uneȱ ouvertureȱ trèsȱ largeȱ surȱ leȱ resteȱ duȱ monde,ȱ enȱ particulierȱ surȱ leȱ mondeȱ moderneȱ[…].ȱC’estȱsurtoutȱparceȱqueȱc’estȱunȱinstrumentȱdeȱlibérationȱ–ȱyȱ comprisȱd’elleȬmême.(Mammeri,op.cit.,p.49)ȱ Lesformesaussidifférenciéesgénériquementetculturellement que les lettres, le journal intime, l’épopée, la poésie, que l’on peut déceler dans son œuvre, sont autant de marques de la double appartenance culturelle de l’écrivain et empruntent à la fois aux modesd’expressiondelaculturehelléniqueetclassique,marquede la formation de l’écrivain et au mode d’expression de la culture d’origine(culturekabyle).Ils’ensuituneécrituredeladiscontinuité,ȱ «ȱuneȱ transfictionnalitéȱ métisséeȱ», marque du métissage culturel de l’écrivain, mais aussi d’une parole essayiste porteuse du dialogue descultures,pacifiquementintégréesettendantversl’affirmationde valeursuniverselles:laliberté,lajustice. Lesformesaussidifférenciéesgénériquementetculturellement que les lettres, le journal intime, l’épopée, la poésie, que l’on peut déceler dans son œuvre, sont autant de marques de la double appartenance culturelle de l’écrivain et empruntent à la fois aux modesd’expressiondelaculturehelléniqueetclassique,marquede la formation de l’écrivain et au mode d’expression de la culture d’origine(culturekabyle).Ils’ensuituneécrituredeladiscontinuité,ȱ «ȱuneȱ transfictionnalitéȱ métisséeȱ», marque du métissage culturel de l’écrivain, mais aussi d’une parole essayiste porteuse du dialogue descultures,pacifiquementintégréesettendantversl’affirmationde valeursuniverselles:laliberté,lajustice. NOTESȱ NOTESȱ ȱ ȱ 1 «Lasociétéberbère»,Aguedal,nos5et6,1938et1939. 2Idem. 1 «Lasociétéberbère»,Aguedal,nos5et6,1938et1939. 2Idem. ȱ ȱ 124 ȱ ȱ 124 RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ BOUTROUX Emile «Leçon 1, réfutation du platonisme», in Leçonsȱ surȱ Aristote,Paris,Ed.Universitaires,1990. BOUTROUX Emile «Leçon 1, réfutation du platonisme», in Leçonsȱ surȱ Aristote,Paris,Ed.Universitaires,1990. ***Tragiquesȱ grecs.ȱ Eschyle.ȱ Sophocle, 1967, Paris, Gallimard, coll. «La Pléiade». ***Tragiquesȱ grecs.ȱ Eschyle.ȱ Sophocle, 1967, Paris, Gallimard, coll. «La Pléiade». HOMÈR1975,ȱL’Illiade,Paris,Gallimard,1975,Coll.Folio. HOMÈR1975,ȱL’Illiade,Paris,Gallimard,1975,Coll.Folio. LEJEUNEPhilippe,1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3. LEJEUNEPhilippe,1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3. ,1975,Leȱpacteȱautobiographique,Paris,LeSeuil. ,1975,Leȱpacteȱautobiographique,Paris,LeSeuil. MAMMERIMouloud,1987,EntretienȱavecȱTaharȱDjaout,Alger,LAPHOMIC. ,1969,LesȱIsefra.ȱPoèmesȱdeȱSiȱMohandȬouȬMhand,Paris,Maspéro. MAMMERIMouloud,1987,EntretienȱavecȱTaharȱDjaout,Alger,LAPHOMIC. ,1969,LesȱIsefra.ȱPoèmesȱdeȱSiȱMohandȬouȬMhand,Paris,Maspéro. VERNANTJeanPierreetVIDALNAQUETPierre,ȱ1989,Mytheȱetȱtragédieȱenȱ Grèceȱantique,Paris,LaDécouverte. VERNANTJeanPierreetVIDALNAQUETPierre,ȱ1989,Mytheȱetȱtragédieȱenȱ Grèceȱantique,Paris,LaDécouverte. HAROCHEBOUZINACGeneviève,1995,L’épistolaire,Paris,Hachette. HAROCHEBOUZINACGeneviève,1995,L’épistolaire,Paris,Hachette. MERDACIDjamelEddine,1989,«Ladernièreinterview»,Horizons,28289. MERDACIDjamelEddine,1989,«Ladernièreinterview»,Horizons,28289. (références http://www.limag.refer.org/Volumes/MammeriArticlesSur.PDF dernièreconsultationle27.O2.2009) (références http://www.limag.refer.org/Volumes/MammeriArticlesSur.PDF dernièreconsultationle27.O2.2009) MIRAUX JeanPhilippe, 1996, L’autobiographie.ȱ Ecritureȱ deȱ soiȱ etȱ sincérité,ȱ Paris,Nathan. MIRAUX JeanPhilippe, 1996, L’autobiographie.ȱ Ecritureȱ deȱ soiȱ etȱ sincérité,ȱ Paris,Nathan. LOUVATBénédicte,1997,Laȱpoétiqueȱdeȱlaȱtragédieȱclassique,Paris,SEDES. LOUVATBénédicte,1997,Laȱpoétiqueȱdeȱlaȱtragédieȱclassique,Paris,SEDES. GRASSIMarieClaude,1998,L’Epistolaire,Paris,Dunod. GRASSIMarieClaude,1998,L’Epistolaire,Paris,Dunod. RAOULValérie,1999,Leȱjournalȱfictifȱdansȱleȱromanȱȱfrançais,Paris,PUF. RAOULValérie,1999,Leȱjournalȱfictifȱdansȱleȱromanȱȱfrançais,Paris,PUF. VERNANT JeanPierre, 2001, Tragédie, Dictionnaireȱ desȱ genresȱ etȱ notionsȱ littéraires,Paris,EncyclopaediaUniversalisetA.Michel. VERNANT JeanPierre, 2001, Tragédie, Dictionnaireȱ desȱ genresȱ etȱ notionsȱ littéraires,Paris,EncyclopaediaUniversalisetA.Michel. ,2003 «Quest ce que la mythologie ?» in L’Express, 2662003. (extraitsdel’articlemisenligne,détails: ,2003 «Quest ce que la mythologie ?» in L’Express, 2662003. (extraitsdel’articlemisenligne,détails: http://www.mondalire.com/univers_dieux_hommes.htmldernière http://www.mondalire.com/univers_dieux_hommes.htmldernière consultation:le27février2009). consultation:le27février2009). VIDALNAQUETPierre,2002,Leȱmondeȱd’Homère,Paris,Perrin. VIDALNAQUETPierre,2002,Leȱmondeȱd’Homère,Paris,Perrin. STAROBINSKIJean, 1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3. ȱ ȱ STAROBINSKIJean,1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3. ȱ ȱ 125 RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ 125 RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ ȱ BOUTROUX Emile «Leçon 1, réfutation du platonisme», in Leçonsȱ surȱ Aristote,Paris,Ed.Universitaires,1990. BOUTROUX Emile «Leçon 1, réfutation du platonisme», in Leçonsȱ surȱ Aristote,Paris,Ed.Universitaires,1990. ***Tragiquesȱ grecs.ȱ Eschyle.ȱ Sophocle, 1967, Paris, Gallimard, coll. «La Pléiade». ***Tragiquesȱ grecs.ȱ Eschyle.ȱ Sophocle, 1967, Paris, Gallimard, coll. «La Pléiade». HOMÈR1975,ȱL’Illiade,Paris,Gallimard,1975,Coll.Folio. HOMÈR1975,ȱL’Illiade,Paris,Gallimard,1975,Coll.Folio. LEJEUNEPhilippe,1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3. LEJEUNEPhilippe,1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3. ,1975,Leȱpacteȱautobiographique,Paris,LeSeuil. ,1975,Leȱpacteȱautobiographique,Paris,LeSeuil. MAMMERIMouloud,1987,EntretienȱavecȱTaharȱDjaout,Alger,LAPHOMIC. ,1969,LesȱIsefra.ȱPoèmesȱdeȱSiȱMohandȬouȬMhand,Paris,Maspéro. MAMMERIMouloud,1987,EntretienȱavecȱTaharȱDjaout,Alger,LAPHOMIC. ,1969,LesȱIsefra.ȱPoèmesȱdeȱSiȱMohandȬouȬMhand,Paris,Maspéro. VERNANTJeanPierreetVIDALNAQUETPierre,ȱ1989,Mytheȱetȱtragédieȱenȱ Grèceȱantique,Paris,LaDécouverte. VERNANTJeanPierreetVIDALNAQUETPierre,ȱ1989,Mytheȱetȱtragédieȱenȱ Grèceȱantique,Paris,LaDécouverte. HAROCHEBOUZINACGeneviève,1995,L’épistolaire,Paris,Hachette. HAROCHEBOUZINACGeneviève,1995,L’épistolaire,Paris,Hachette. MERDACIDjamelEddine,1989,«Ladernièreinterview»,Horizons,28289. MERDACIDjamelEddine,1989,«Ladernièreinterview»,Horizons,28289. (références http://www.limag.refer.org/Volumes/MammeriArticlesSur.PDF dernièreconsultationle27.O2.2009) (références http://www.limag.refer.org/Volumes/MammeriArticlesSur.PDF dernièreconsultationle27.O2.2009) MIRAUX JeanPhilippe, 1996, L’autobiographie.ȱ Ecritureȱ deȱ soiȱ etȱ sincérité,ȱ Paris,Nathan. MIRAUX JeanPhilippe, 1996, L’autobiographie.ȱ Ecritureȱ deȱ soiȱ etȱ sincérité,ȱ Paris,Nathan. LOUVATBénédicte,1997,Laȱpoétiqueȱdeȱlaȱtragédieȱclassique,Paris,SEDES. LOUVATBénédicte,1997,Laȱpoétiqueȱdeȱlaȱtragédieȱclassique,Paris,SEDES. GRASSIMarieClaude,1998,L’Epistolaire,Paris,Dunod. GRASSIMarieClaude,1998,L’Epistolaire,Paris,Dunod. RAOULValérie,1999,Leȱjournalȱfictifȱdansȱleȱromanȱȱfrançais,Paris,PUF. RAOULValérie,1999,Leȱjournalȱfictifȱdansȱleȱromanȱȱfrançais,Paris,PUF. VERNANT JeanPierre, 2001, Tragédie, Dictionnaireȱ desȱ genresȱ etȱ notionsȱ littéraires,Paris,EncyclopaediaUniversalisetA.Michel. VERNANT JeanPierre, 2001, Tragédie, Dictionnaireȱ desȱ genresȱ etȱ notionsȱ littéraires,Paris,EncyclopaediaUniversalisetA.Michel. ,2003 «Quest ce que la mythologie ?» in L’Express, 2662003. (extraitsdel’articlemisenligne,détails: ,2003 «Quest ce que la mythologie ?» in L’Express, 2662003. (extraitsdel’articlemisenligne,détails: http://www.mondalire.com/univers_dieux_hommes.htmldernière http://www.mondalire.com/univers_dieux_hommes.htmldernière consultation:le27février2009). consultation:le27février2009). VIDALNAQUETPierre,2002,Leȱmondeȱd’Homère,Paris,Perrin. VIDALNAQUETPierre,2002,Leȱmondeȱd’Homère,Paris,Perrin. STAROBINSKIJean, 1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3. ȱ ȱ STAROBINSKIJean,1970,«Lestyledel’autobiographie»,Poétique,n°3. ȱ ȱ 125 125 ȱ ABSTRACTȱ ȱ ABSTRACTȱ Mouloud Mammeri enters literature during colonial period. Therefore, he is the product of two cultures: the ancestral culture to which he is profoundly attached and by whom he is profoundly marked and the French culture, the culture of school acquisition of part his western formation.Thecentralinterrogationconcernstheconstituentsofthiscultural interbreeding and aims at showing that the romantic work of Mouloud Mammeriweavesawholenetworkoftexts,shapeandconstructiondiverse, scattered in the story. Indeed, forms so differentiated that the factual autobiographicalnarrative,theletters,thepersonaldiary,theepic,theessay, the glossary, the poetry, are so many brands of the double cultural membership of the writer and take at the same time from the modes of expressionoftheHellenicandclassicculture,markoftheformationofthe writer and from the mode of expression of the culture of origin (Kabyle culture). Mouloud Mammeri enters literature during colonial period. Therefore, he is the product of two cultures: the ancestral culture to which he is profoundly attached and by whom he is profoundly marked and the French culture, the culture of school acquisition of part his western formation.Thecentralinterrogationconcernstheconstituentsofthiscultural interbreeding and aims at showing that the romantic work of Mouloud Mammeriweavesawholenetworkoftexts,shapeandconstructiondiverse, scattered in the story. Indeed, forms so differentiated that the factual autobiographicalnarrative,theletters,thepersonaldiary,theepic,theessay, the glossary, the poetry, are so many brands of the double cultural membership of the writer and take at the same time from the modes of expressionoftheHellenicandclassicculture,markoftheformationofthe writer and from the mode of expression of the culture of origin (Kabyle culture). Thereisawritingofthediscontinuity,acrossedtransfictionnalité, markswiththeculturalinterbreedingofthewriter,butalsowiththeword carrier essayist of the dialogue of the cultures, peacefully integrating and tighteningtowardstheassertionofuniversalvalues. Thereisawritingofthediscontinuity,acrossedtransfictionnalité, markswiththeculturalinterbreedingofthewriter,butalsowiththeword carrier essayist of the dialogue of the cultures, peacefully integrating and tighteningtowardstheassertionofuniversalvalues. 126 126 ȱ ABSTRACTȱ ȱ ABSTRACTȱ Mouloud Mammeri enters literature during colonial period. Therefore, he is the product of two cultures: the ancestral culture to which he is profoundly attached and by whom he is profoundly marked and the French culture, the culture of school acquisition of part his western formation.Thecentralinterrogationconcernstheconstituentsofthiscultural interbreeding and aims at showing that the romantic work of Mouloud Mammeriweavesawholenetworkoftexts,shapeandconstructiondiverse, scattered in the story. Indeed, forms so differentiated that the factual autobiographicalnarrative,theletters,thepersonaldiary,theepic,theessay, the glossary, the poetry, are so many brands of the double cultural membership of the writer and take at the same time from the modes of expressionoftheHellenicandclassicculture,markoftheformationofthe writer and from the mode of expression of the culture of origin (Kabyle culture). Mouloud Mammeri enters literature during colonial period. Therefore, he is the product of two cultures: the ancestral culture to which he is profoundly attached and by whom he is profoundly marked and the French culture, the culture of school acquisition of part his western formation.Thecentralinterrogationconcernstheconstituentsofthiscultural interbreeding and aims at showing that the romantic work of Mouloud Mammeriweavesawholenetworkoftexts,shapeandconstructiondiverse, scattered in the story. Indeed, forms so differentiated that the factual autobiographicalnarrative,theletters,thepersonaldiary,theepic,theessay, the glossary, the poetry, are so many brands of the double cultural membership of the writer and take at the same time from the modes of expressionoftheHellenicandclassicculture,markoftheformationofthe writer and from the mode of expression of the culture of origin (Kabyle culture). Thereisawritingofthediscontinuity,acrossedtransfictionnalité, markswiththeculturalinterbreedingofthewriter,butalsowiththeword carrier essayist of the dialogue of the cultures, peacefully integrating and tighteningtowardstheassertionofuniversalvalues. Thereisawritingofthediscontinuity,acrossedtransfictionnalité, markswiththeculturalinterbreedingofthewriter,butalsowiththeword carrier essayist of the dialogue of the cultures, peacefully integrating and tighteningtowardstheassertionofuniversalvalues. 126 126 MÉTISSAGESȱLINGUISTIQUES,ȱTEXTUELSȱ ETȱORTHOGRAPHIQUESȱDANSȱLESȱ ŒUVRESȱDESȱÉCRIVAINSȱD’ENTREȱDEUXȱ LANGUESȱ MÉTISSAGESȱLINGUISTIQUES,ȱTEXTUELSȱ ETȱORTHOGRAPHIQUESȱDANSȱLESȱ ŒUVRESȱDESȱÉCRIVAINSȱD’ENTREȱDEUXȱ LANGUESȱ ȱ CeciliaȱCONDEIȱ UniversitéȱdeȱCraïovaȱ ȱ CeciliaȱCONDEIȱ UniversitéȱdeȱCraïovaȱ 0.ȱDÉMARCHEȱTHÉORIQUEȱ Lephénomèned’hétérogénéitéquitouchetoutesleslangues rendflouesleurslignesdefrontière.Lesmultiplescombinaisonsde variétés linguistiques tissent un espace des interpénétrations langagières qui peut être caractérisé comme métissé à différents degrés. 0.ȱDÉMARCHEȱTHÉORIQUEȱ Lephénomèned’hétérogénéitéquitouchetoutesleslangues rendflouesleurslignesdefrontière.Lesmultiplescombinaisonsde variétés linguistiques tissent un espace des interpénétrations langagières qui peut être caractérisé comme métissé à différents degrés. Nousparleronsdoncdemétissageetdediscours. Nousparleronsdoncdemétissageetdediscours. Le métissagea été d’abord lié à la culture et surtout à la littérature postcoloniale; ensuite, le concept s’étendit à une catégoried’écrivainsprovenantdeszoneshorsducolonialisme,qui arrivent à écrire en français, mais qui gardent tout un inventaire de traits démarcatifs des écrivains français «de souche». Comme l’expliqueAnneRosineDelbart,ceuxci Le métissagea été d’abord lié à la culture et surtout à la littérature postcoloniale; ensuite, le concept s’étendit à une catégoried’écrivainsprovenantdeszoneshorsducolonialisme,qui arrivent à écrire en français, mais qui gardent tout un inventaire de traits démarcatifs des écrivains français «de souche». Comme l’expliqueAnneRosineDelbart,ceuxci explicitentȱ leursȱ pratiques,ȱ confrontentȱ leur(s)ȱ langue(s)ȱ source(s)ȱ àȱ laȱ langueȱd’accueilȱetȱanalysentȱlesȱrapportsȱqu’ilsȱentretiennentȱavecȱchacuneȱ d’ellesȱ;ȱ prenantȱ plusȱ deȱ reculȱ encore,ȱ ilsȱ tententȱ deȱ cernerȱ laȱ natureȱ duȱ langage(2005:47). explicitentȱ leursȱ pratiques,ȱ confrontentȱ leur(s)ȱ langue(s)ȱ source(s)ȱ àȱ laȱ langueȱd’accueilȱetȱanalysentȱlesȱrapportsȱqu’ilsȱentretiennentȱavecȱchacuneȱ d’ellesȱ;ȱ prenantȱ plusȱ deȱ reculȱ encore,ȱ ilsȱ tententȱ deȱ cernerȱ laȱ natureȱ duȱ langage(2005:47). Nouscomprenonslemétissagedansunsenslarge,commeles interpénétrations résultant d’un changement de code, d’espace géographiqued’existence,deculture,etc.,sansnégligerlecaractère Nouscomprenonslemétissagedansunsenslarge,commeles interpénétrations résultant d’un changement de code, d’espace géographiqued’existence,deculture,etc.,sansnégligerlecaractère 127 127 MÉTISSAGESȱLINGUISTIQUES,ȱTEXTUELSȱ ETȱORTHOGRAPHIQUESȱDANSȱLESȱ ŒUVRESȱDESȱÉCRIVAINSȱD’ENTREȱDEUXȱ LANGUESȱ MÉTISSAGESȱLINGUISTIQUES,ȱTEXTUELSȱ ETȱORTHOGRAPHIQUESȱDANSȱLESȱ ŒUVRESȱDESȱÉCRIVAINSȱD’ENTREȱDEUXȱ LANGUESȱ ȱ CeciliaȱCONDEIȱ UniversitéȱdeȱCraïovaȱ ȱ CeciliaȱCONDEIȱ UniversitéȱdeȱCraïovaȱ 0.ȱDÉMARCHEȱTHÉORIQUEȱ Lephénomèned’hétérogénéitéquitouchetoutesleslangues rendflouesleurslignesdefrontière.Lesmultiplescombinaisonsde variétés linguistiques tissent un espace des interpénétrations langagières qui peut être caractérisé comme métissé à différents degrés. 0.ȱDÉMARCHEȱTHÉORIQUEȱ Lephénomèned’hétérogénéitéquitouchetoutesleslangues rendflouesleurslignesdefrontière.Lesmultiplescombinaisonsde variétés linguistiques tissent un espace des interpénétrations langagières qui peut être caractérisé comme métissé à différents degrés. Nousparleronsdoncdemétissageetdediscours. Nousparleronsdoncdemétissageetdediscours. Le métissagea été d’abord lié à la culture et surtout à la littérature postcoloniale; ensuite, le concept s’étendit à une catégoried’écrivainsprovenantdeszoneshorsducolonialisme,qui arrivent à écrire en français, mais qui gardent tout un inventaire de traits démarcatifs des écrivains français «de souche». Comme l’expliqueAnneRosineDelbart,ceuxci Le métissagea été d’abord lié à la culture et surtout à la littérature postcoloniale; ensuite, le concept s’étendit à une catégoried’écrivainsprovenantdeszoneshorsducolonialisme,qui arrivent à écrire en français, mais qui gardent tout un inventaire de traits démarcatifs des écrivains français «de souche». Comme l’expliqueAnneRosineDelbart,ceuxci explicitentȱ leursȱ pratiques,ȱ confrontentȱ leur(s)ȱ langue(s)ȱ source(s)ȱ àȱ laȱ langueȱd’accueilȱetȱanalysentȱlesȱrapportsȱqu’ilsȱentretiennentȱavecȱchacuneȱ d’ellesȱ;ȱ prenantȱ plusȱ deȱ reculȱ encore,ȱ ilsȱ tententȱ deȱ cernerȱ laȱ natureȱ duȱ langage(2005:47). explicitentȱ leursȱ pratiques,ȱ confrontentȱ leur(s)ȱ langue(s)ȱ source(s)ȱ àȱ laȱ langueȱd’accueilȱetȱanalysentȱlesȱrapportsȱqu’ilsȱentretiennentȱavecȱchacuneȱ d’ellesȱ;ȱ prenantȱ plusȱ deȱ reculȱ encore,ȱ ilsȱ tententȱ deȱ cernerȱ laȱ natureȱ duȱ langage(2005:47). Nouscomprenonslemétissagedansunsenslarge,commeles interpénétrations résultant d’un changement de code, d’espace géographiqued’existence,deculture,etc.,sansnégligerlecaractère Nouscomprenonslemétissagedansunsenslarge,commeles interpénétrations résultant d’un changement de code, d’espace géographiqued’existence,deculture,etc.,sansnégligerlecaractère 127 127 «palimpsestique» qui transparaît dans les œuvres des écrivains migrants.Cesont,danslaplupartdescas,desécrivainsd’entredeux langues, comme l’est Panaït Istrati (18841935), écrivain roumain d’expressionfrançaise très apprécié par le public français de l’entre deuxguerres. Le discoursȱ littéraire sur lequel se focalise notre attention est envisagécommeuninterdiscours,commeuneformecontextualisée (Charaudeau&Maingueneau,2002:189).Nosoutilsd’analysesont les concepts de l’analyse du discours «exportésvers des corpus nouveaux»(Amossy&Maingueneau,2003:préface),etcesconcepts prennentsensdanslecadredelalinguistiquedel’énonciation. Notre apport à l’étude de ces interpénétrations consiste premièrement à souligner le fonctionnement de quelques démarcations dans le champ théorique et deuxièmement à étudier un même phénomène (lemétissageȱmontré) dansuncorpus de récits dePanaïtIstrati. L’idée de base est d’opérer deux distinctionsau sein des phénomènesd’hétérogénéité:uneconcernantlecontactdedeuxou plusieurslanguesdanslespratiqueslangagièresdumêmelocuteur, l’autre prend en compte les variétés sociolectales à l’intérieur de la langue. Inspirée par Rohan (2003: 411420) nous parlons, dans la situation de langues en contact chez le même locuteur, d’un axe horizontal, et dans la situation des variétés sociolectales, d’un axe vertical, leur trait commun étant l’existence du contact et de l’hétérogénéité. Ces deux axes, horizontal et vertical, aboutissent, chacunàleurmanière,àunterritoiremétissé. 0.1.ȱEtablissementȱduȱcorpusȱ L’espace littéraire de Panait Istrati et de ses œuvres forme, comme nous l’avons déjà annoncé, notre corpus. Cet écrivain fait partiedeceuxquisontancrésdansdeuxterritoires(celuid’origine– le roumain, et celui d’adoption – le français), deux langues, deux cultures, deux axes temporels, deux espaces géographiques, etc. 128 «palimpsestique» qui transparaît dans les œuvres des écrivains migrants.Cesont,danslaplupartdescas,desécrivainsd’entredeux langues, comme l’est Panaït Istrati (18841935), écrivain roumain d’expressionfrançaise très apprécié par le public français de l’entre deuxguerres. Le discoursȱ littéraire sur lequel se focalise notre attention est envisagécommeuninterdiscours,commeuneformecontextualisée (Charaudeau&Maingueneau,2002:189).Nosoutilsd’analysesont les concepts de l’analyse du discours «exportésvers des corpus nouveaux»(Amossy&Maingueneau,2003:préface),etcesconcepts prennentsensdanslecadredelalinguistiquedel’énonciation. Notre apport à l’étude de ces interpénétrations consiste premièrement à souligner le fonctionnement de quelques démarcations dans le champ théorique et deuxièmement à étudier un même phénomène (lemétissageȱmontré) dansuncorpus de récits dePanaïtIstrati. L’idée de base est d’opérer deux distinctionsau sein des phénomènesd’hétérogénéité:uneconcernantlecontactdedeuxou plusieurslanguesdanslespratiqueslangagièresdumêmelocuteur, l’autre prend en compte les variétés sociolectales à l’intérieur de la langue. Inspirée par Rohan (2003: 411420) nous parlons, dans la situation de langues en contact chez le même locuteur, d’un axe horizontal, et dans la situation des variétés sociolectales, d’un axe vertical, leur trait commun étant l’existence du contact et de l’hétérogénéité. Ces deux axes, horizontal et vertical, aboutissent, chacunàleurmanière,àunterritoiremétissé. 0.1.ȱEtablissementȱduȱcorpusȱ L’espace littéraire de Panait Istrati et de ses œuvres forme, comme nous l’avons déjà annoncé, notre corpus. Cet écrivain fait partiedeceuxquisontancrésdansdeuxterritoires(celuid’origine– le roumain, et celui d’adoption – le français), deux langues, deux cultures, deux axes temporels, deux espaces géographiques, etc. 128 «palimpsestique» qui transparaît dans les œuvres des écrivains migrants.Cesont,danslaplupartdescas,desécrivainsd’entredeux langues, comme l’est Panaït Istrati (18841935), écrivain roumain d’expressionfrançaise très apprécié par le public français de l’entre deuxguerres. Le discoursȱ littéraire sur lequel se focalise notre attention est envisagécommeuninterdiscours,commeuneformecontextualisée (Charaudeau&Maingueneau,2002:189).Nosoutilsd’analysesont les concepts de l’analyse du discours «exportésvers des corpus nouveaux»(Amossy&Maingueneau,2003:préface),etcesconcepts prennentsensdanslecadredelalinguistiquedel’énonciation. Notre apport à l’étude de ces interpénétrations consiste premièrement à souligner le fonctionnement de quelques démarcations dans le champ théorique et deuxièmement à étudier un même phénomène (lemétissageȱmontré) dansuncorpus de récits dePanaïtIstrati. L’idée de base est d’opérer deux distinctionsau sein des phénomènesd’hétérogénéité:uneconcernantlecontactdedeuxou plusieurslanguesdanslespratiqueslangagièresdumêmelocuteur, l’autre prend en compte les variétés sociolectales à l’intérieur de la langue. Inspirée par Rohan (2003: 411420) nous parlons, dans la situation de langues en contact chez le même locuteur, d’un axe horizontal, et dans la situation des variétés sociolectales, d’un axe vertical, leur trait commun étant l’existence du contact et de l’hétérogénéité. Ces deux axes, horizontal et vertical, aboutissent, chacunàleurmanière,àunterritoiremétissé. 0.1.ȱEtablissementȱduȱcorpusȱ L’espace littéraire de Panait Istrati et de ses œuvres forme, comme nous l’avons déjà annoncé, notre corpus. Cet écrivain fait partiedeceuxquisontancrésdansdeuxterritoires(celuid’origine– le roumain, et celui d’adoption – le français), deux langues, deux cultures, deux axes temporels, deux espaces géographiques, etc. 128 «palimpsestique» qui transparaît dans les œuvres des écrivains migrants.Cesont,danslaplupartdescas,desécrivainsd’entredeux langues, comme l’est Panaït Istrati (18841935), écrivain roumain d’expressionfrançaise très apprécié par le public français de l’entre deuxguerres. Le discoursȱ littéraire sur lequel se focalise notre attention est envisagécommeuninterdiscours,commeuneformecontextualisée (Charaudeau&Maingueneau,2002:189).Nosoutilsd’analysesont les concepts de l’analyse du discours «exportésvers des corpus nouveaux»(Amossy&Maingueneau,2003:préface),etcesconcepts prennentsensdanslecadredelalinguistiquedel’énonciation. Notre apport à l’étude de ces interpénétrations consiste premièrement à souligner le fonctionnement de quelques démarcations dans le champ théorique et deuxièmement à étudier un même phénomène (lemétissageȱmontré) dansuncorpus de récits dePanaïtIstrati. L’idée de base est d’opérer deux distinctionsau sein des phénomènesd’hétérogénéité:uneconcernantlecontactdedeuxou plusieurslanguesdanslespratiqueslangagièresdumêmelocuteur, l’autre prend en compte les variétés sociolectales à l’intérieur de la langue. Inspirée par Rohan (2003: 411420) nous parlons, dans la situation de langues en contact chez le même locuteur, d’un axe horizontal, et dans la situation des variétés sociolectales, d’un axe vertical, leur trait commun étant l’existence du contact et de l’hétérogénéité. Ces deux axes, horizontal et vertical, aboutissent, chacunàleurmanière,àunterritoiremétissé. 0.1.ȱEtablissementȱduȱcorpusȱ L’espace littéraire de Panait Istrati et de ses œuvres forme, comme nous l’avons déjà annoncé, notre corpus. Cet écrivain fait partiedeceuxquisontancrésdansdeuxterritoires(celuid’origine– le roumain, et celui d’adoption – le français), deux langues, deux cultures, deux axes temporels, deux espaces géographiques, etc. 128 Après avoir débuté en roumain, Istrati devint ensuite un écrivain français,consacréparKyraȬKyralina(publiéchezRieder,en1924),un recueilderécitsqueRomainRollandappréciaitbeaucoup,commeil ledéclaredanslapréfacedel’œuvre. Pour Panaït Istrati, autodidacte, âme rêveuse et vagabonde, aimant la terre et l’humanité toute entière, la France estle paysde ses rêves, auquel il aspire profondément depuis son adolescence: «c’est encore le seul pays au monde, à l’heure actuelle, qui permet qu’on lui dise toutes les vérités»(1997a: 405), déclaretil en 1930. Mais, une fois arrivé et installé en France, après le contact avec la réalité,l’enthousiasmediminue: Après avoir débuté en roumain, Istrati devint ensuite un écrivain français,consacréparKyraȬKyralina(publiéchezRieder,en1924),un recueilderécitsqueRomainRollandappréciaitbeaucoup,commeil ledéclaredanslapréfacedel’œuvre. Pour Panaït Istrati, autodidacte, âme rêveuse et vagabonde, aimant la terre et l’humanité toute entière, la France estle paysde ses rêves, auquel il aspire profondément depuis son adolescence: «c’est encore le seul pays au monde, à l’heure actuelle, qui permet qu’on lui dise toutes les vérités»(1997a: 405), déclaretil en 1930. Mais, une fois arrivé et installé en France, après le contact avec la réalité,l’enthousiasmediminue: Ilȱ m’arriveraȱ aussiȱ deȱ direȱ àȱ maȱ «ȱpatrieȱ d’adoptionȱ»ȱ elleȬmêmeȱ lesȱ véritésȱ queȱ jeȱ disȱ àȱ toutesȱ lesȱ «ȱpatriesȱ»ȱ quiȱ tuentȱ lesȱ hommes.ȱ Laȱ Franceȱ doitȱ lesȱ accepterȱetȱenȱfaireȱsonȱprofit(1997a:405). Ilȱ m’arriveraȱ aussiȱ deȱ direȱ àȱ maȱ «ȱpatrieȱ d’adoptionȱ»ȱ elleȬmêmeȱ lesȱ véritésȱ queȱ jeȱ disȱ àȱ toutesȱ lesȱ «ȱpatriesȱ»ȱ quiȱ tuentȱ lesȱ hommes.ȱ Laȱ Franceȱ doitȱ lesȱ accepterȱetȱenȱfaireȱsonȱprofit(1997a:405). 0.2.ȱLaȱsimultanéitéȱplurilinguistiqueȱȱ Tous les écrivains d’entre deux langues vivent dans une simultanéitéplurilinguistiquequise manifesteà différents niveaux, et qui a été mise en évidence notamment par Abdelkebir Katibi (1983, cité par Lebrun & Collès, 2007), par Clément Moisant et RenateHildebrand(2001,préface),parAnneRosineDelbart(2005)et parMoniqueLebrunetLucCollès.Lasituationlinguistiqued’Istrati, quiestlefondementdesacréationlittéraire,aétéremarquée,parmi d’autres, par Monique JutrinKlener (1970: 228) et par G.M.Pintea (1975),ladernièreayantétudiél’organisationdesœuvresd’Istratide 1924 à 1925 pour attirer l’attention sur ses publications simultanées enfrançaisetenroumain. La liaison entre «texte» et «contexte» n’est pas nouvelle, plusieurs ouvrages actuels en discernent les axes (entre autres, Amossy & Maingueneau, 2001, Maingueneau, 2003, le volume collectifDiscoursȱetȱécritureȱdansȱlesȱsociétésȱenȱmutation,2007,etc.) ȱ ȱ 0.2.ȱLaȱsimultanéitéȱplurilinguistiqueȱȱ Tous les écrivains d’entre deux langues vivent dans une simultanéitéplurilinguistiquequise manifesteà différents niveaux, et qui a été mise en évidence notamment par Abdelkebir Katibi (1983, cité par Lebrun & Collès, 2007), par Clément Moisant et RenateHildebrand(2001,préface),parAnneRosineDelbart(2005)et parMoniqueLebrunetLucCollès.Lasituationlinguistiqued’Istrati, quiestlefondementdesacréationlittéraire,aétéremarquée,parmi d’autres, par Monique JutrinKlener (1970: 228) et par G.M.Pintea (1975),ladernièreayantétudiél’organisationdesœuvresd’Istratide 1924 à 1925 pour attirer l’attention sur ses publications simultanées enfrançaisetenroumain. La liaison entre «texte» et «contexte» n’est pas nouvelle, plusieurs ouvrages actuels en discernent les axes (entre autres, Amossy & Maingueneau, 2001, Maingueneau, 2003, le volume collectifDiscoursȱetȱécritureȱdansȱlesȱsociétésȱenȱmutation,2007,etc.) ȱ ȱ 129 129 Après avoir débuté en roumain, Istrati devint ensuite un écrivain français,consacréparKyraȬKyralina(publiéchezRieder,en1924),un recueilderécitsqueRomainRollandappréciaitbeaucoup,commeil ledéclaredanslapréfacedel’œuvre. Pour Panaït Istrati, autodidacte, âme rêveuse et vagabonde, aimant la terre et l’humanité toute entière, la France estle paysde ses rêves, auquel il aspire profondément depuis son adolescence: «c’est encore le seul pays au monde, à l’heure actuelle, qui permet qu’on lui dise toutes les vérités»(1997a: 405), déclaretil en 1930. Mais, une fois arrivé et installé en France, après le contact avec la réalité,l’enthousiasmediminue: Après avoir débuté en roumain, Istrati devint ensuite un écrivain français,consacréparKyraȬKyralina(publiéchezRieder,en1924),un recueilderécitsqueRomainRollandappréciaitbeaucoup,commeil ledéclaredanslapréfacedel’œuvre. Pour Panaït Istrati, autodidacte, âme rêveuse et vagabonde, aimant la terre et l’humanité toute entière, la France estle paysde ses rêves, auquel il aspire profondément depuis son adolescence: «c’est encore le seul pays au monde, à l’heure actuelle, qui permet qu’on lui dise toutes les vérités»(1997a: 405), déclaretil en 1930. Mais, une fois arrivé et installé en France, après le contact avec la réalité,l’enthousiasmediminue: Ilȱ m’arriveraȱ aussiȱ deȱ direȱ àȱ maȱ «ȱpatrieȱ d’adoptionȱ»ȱ elleȬmêmeȱ lesȱ véritésȱ queȱ jeȱ disȱ àȱ toutesȱ lesȱ «ȱpatriesȱ»ȱ quiȱ tuentȱ lesȱ hommes.ȱ Laȱ Franceȱ doitȱ lesȱ accepterȱetȱenȱfaireȱsonȱprofit(1997a:405). Ilȱ m’arriveraȱ aussiȱ deȱ direȱ àȱ maȱ «ȱpatrieȱ d’adoptionȱ»ȱ elleȬmêmeȱ lesȱ véritésȱ queȱ jeȱ disȱ àȱ toutesȱ lesȱ «ȱpatriesȱ»ȱ quiȱ tuentȱ lesȱ hommes.ȱ Laȱ Franceȱ doitȱ lesȱ accepterȱetȱenȱfaireȱsonȱprofit(1997a:405). 0.2.ȱLaȱsimultanéitéȱplurilinguistiqueȱȱ Tous les écrivains d’entre deux langues vivent dans une simultanéitéplurilinguistiquequise manifesteà différents niveaux, et qui a été mise en évidence notamment par Abdelkebir Katibi (1983, cité par Lebrun & Collès, 2007), par Clément Moisant et RenateHildebrand(2001,préface),parAnneRosineDelbart(2005)et parMoniqueLebrunetLucCollès.Lasituationlinguistiqued’Istrati, quiestlefondementdesacréationlittéraire,aétéremarquée,parmi d’autres, par Monique JutrinKlener (1970: 228) et par G.M.Pintea (1975),ladernièreayantétudiél’organisationdesœuvresd’Istratide 1924 à 1925 pour attirer l’attention sur ses publications simultanées enfrançaisetenroumain. La liaison entre «texte» et «contexte» n’est pas nouvelle, plusieurs ouvrages actuels en discernent les axes (entre autres, Amossy & Maingueneau, 2001, Maingueneau, 2003, le volume collectifDiscoursȱetȱécritureȱdansȱlesȱsociétésȱenȱmutation,2007,etc.) ȱ ȱ 0.2.ȱLaȱsimultanéitéȱplurilinguistiqueȱȱ Tous les écrivains d’entre deux langues vivent dans une simultanéitéplurilinguistiquequise manifesteà différents niveaux, et qui a été mise en évidence notamment par Abdelkebir Katibi (1983, cité par Lebrun & Collès, 2007), par Clément Moisant et RenateHildebrand(2001,préface),parAnneRosineDelbart(2005)et parMoniqueLebrunetLucCollès.Lasituationlinguistiqued’Istrati, quiestlefondementdesacréationlittéraire,aétéremarquée,parmi d’autres, par Monique JutrinKlener (1970: 228) et par G.M.Pintea (1975),ladernièreayantétudiél’organisationdesœuvresd’Istratide 1924 à 1925 pour attirer l’attention sur ses publications simultanées enfrançaisetenroumain. La liaison entre «texte» et «contexte» n’est pas nouvelle, plusieurs ouvrages actuels en discernent les axes (entre autres, Amossy & Maingueneau, 2001, Maingueneau, 2003, le volume collectifDiscoursȱetȱécritureȱdansȱlesȱsociétésȱenȱmutation,2007,etc.) ȱ ȱ 129 129 0.3.ȱLangueȱ/ȱinterlangueȱdeȱl’œuvreȱȱ Enfait,PanaïtIstratin’écritnienroumain,nienfrançais,ni en grec: il écrit dans un espace langagier d’interpénétrations que nous considérons comme un espace de métissageȱ linguistique et qui formelesupportdenotredémarched’analyse.Lecodedel’œuvrese constitue dans une zone d’interactions; comme le souligne DominiqueMaingueneau(1993:104),«l’écrivainn’estpasconfronté à la langue, mais à une interaction de langues et d’usages», à ce qu’on appelleune «interlangue» définie comme le résultat des relations «dans une conjoncture donnée, entre les variétés de la mêmelangue,maisaussientrecettelangueetlesautres,passéesou contemporaines» (ibid.). Cette interlangue est la résultante des interpénétrations,c’estunelanguemétissée,quisecaractériseparun codelangagierfortementindividualiséparchaqueécrivain. 0.3.ȱLangueȱ/ȱinterlangueȱdeȱl’œuvreȱȱ Enfait,PanaïtIstratin’écritnienroumain,nienfrançais,ni en grec: il écrit dans un espace langagier d’interpénétrations que nous considérons comme un espace de métissageȱ linguistique et qui formelesupportdenotredémarched’analyse.Lecodedel’œuvrese constitue dans une zone d’interactions; comme le souligne DominiqueMaingueneau(1993:104),«l’écrivainn’estpasconfronté à la langue, mais à une interaction de langues et d’usages», à ce qu’on appelleune «interlangue» définie comme le résultat des relations «dans une conjoncture donnée, entre les variétés de la mêmelangue,maisaussientrecettelangueetlesautres,passéesou contemporaines» (ibid.). Cette interlangue est la résultante des interpénétrations,c’estunelanguemétissée,quisecaractériseparun codelangagierfortementindividualiséparchaqueécrivain. Nous allons nous intéresser seulement à l’interpénétrationȱ horizontale, celle des langues en contact dans l’espace textuel, pour distinguer les faits linguistiques sur lesquels repose le métissage linguistique, ainsi que les éléments du métissage textuel et orthographique. Nous allons nous intéresser seulement à l’interpénétrationȱ horizontale, celle des langues en contact dans l’espace textuel, pour distinguer les faits linguistiques sur lesquels repose le métissage linguistique, ainsi que les éléments du métissage textuel et orthographique. Par métissageȱ textuel, nous comprenons les interpénétrations de plusieurs types d’écritures, ainsi que les phénomènes interdiscursifs. Quant au métissageȱ orthographique, il se produit lorsquedesmotsétrangerssubissentunprocessusdetransformation pour«s’harmoniser»avecletextefrançais. Par métissageȱ textuel, nous comprenons les interpénétrations de plusieurs types d’écritures, ainsi que les phénomènes interdiscursifs. Quant au métissageȱ orthographique, il se produit lorsquedesmotsétrangerssubissentunprocessusdetransformation pour«s’harmoniser»avecletextefrançais. L’interpénétrationhorizontalesemanifesteévidemmentdansla relationavecles«autreslangues»,cequipeutêtrerepéréauniveau textuel. Nous appelons ce phénomène métissage montré, en nous inspirant de Jacqueline AuthierRevuz, qui parle d’hétérogénéitéȱ montrée, et de Charaudeau et Maingueneau (2002: 177), qui conçoivent cette hétérogénéité comme la base du dialogismeȱ montré. Toutcommel’hétérogénéitéȱmontrée,lemétissageȱmontrétémoignedela polyphonie textuelle, fait partie de l’espace discursif de l’écrivain énonciateur et est subordonné au dialogisme textuel (au sens bakhtinien) en tant que «représentations qu’un discours donne en L’interpénétrationhorizontalesemanifesteévidemmentdansla relationavecles«autreslangues»,cequipeutêtrerepéréauniveau textuel. Nous appelons ce phénomène métissage montré, en nous inspirant de Jacqueline AuthierRevuz, qui parle d’hétérogénéitéȱ montrée, et de Charaudeau et Maingueneau (2002: 177), qui conçoivent cette hétérogénéité comme la base du dialogismeȱ montré. Toutcommel’hétérogénéitéȱmontrée,lemétissageȱmontrétémoignedela polyphonie textuelle, fait partie de l’espace discursif de l’écrivain énonciateur et est subordonné au dialogisme textuel (au sens bakhtinien) en tant que «représentations qu’un discours donne en 130 130 0.3.ȱLangueȱ/ȱinterlangueȱdeȱl’œuvreȱȱ Enfait,PanaïtIstratin’écritnienroumain,nienfrançais,ni en grec: il écrit dans un espace langagier d’interpénétrations que nous considérons comme un espace de métissageȱ linguistique et qui formelesupportdenotredémarched’analyse.Lecodedel’œuvrese constitue dans une zone d’interactions; comme le souligne DominiqueMaingueneau(1993:104),«l’écrivainn’estpasconfronté à la langue, mais à une interaction de langues et d’usages», à ce qu’on appelleune «interlangue» définie comme le résultat des relations «dans une conjoncture donnée, entre les variétés de la mêmelangue,maisaussientrecettelangueetlesautres,passéesou contemporaines» (ibid.). Cette interlangue est la résultante des interpénétrations,c’estunelanguemétissée,quisecaractériseparun codelangagierfortementindividualiséparchaqueécrivain. 0.3.ȱLangueȱ/ȱinterlangueȱdeȱl’œuvreȱȱ Enfait,PanaïtIstratin’écritnienroumain,nienfrançais,ni en grec: il écrit dans un espace langagier d’interpénétrations que nous considérons comme un espace de métissageȱ linguistique et qui formelesupportdenotredémarched’analyse.Lecodedel’œuvrese constitue dans une zone d’interactions; comme le souligne DominiqueMaingueneau(1993:104),«l’écrivainn’estpasconfronté à la langue, mais à une interaction de langues et d’usages», à ce qu’on appelleune «interlangue» définie comme le résultat des relations «dans une conjoncture donnée, entre les variétés de la mêmelangue,maisaussientrecettelangueetlesautres,passéesou contemporaines» (ibid.). Cette interlangue est la résultante des interpénétrations,c’estunelanguemétissée,quisecaractériseparun codelangagierfortementindividualiséparchaqueécrivain. Nous allons nous intéresser seulement à l’interpénétrationȱ horizontale, celle des langues en contact dans l’espace textuel, pour distinguer les faits linguistiques sur lesquels repose le métissage linguistique, ainsi que les éléments du métissage textuel et orthographique. Nous allons nous intéresser seulement à l’interpénétrationȱ horizontale, celle des langues en contact dans l’espace textuel, pour distinguer les faits linguistiques sur lesquels repose le métissage linguistique, ainsi que les éléments du métissage textuel et orthographique. Par métissageȱ textuel, nous comprenons les interpénétrations de plusieurs types d’écritures, ainsi que les phénomènes interdiscursifs. Quant au métissageȱ orthographique, il se produit lorsquedesmotsétrangerssubissentunprocessusdetransformation pour«s’harmoniser»avecletextefrançais. Par métissageȱ textuel, nous comprenons les interpénétrations de plusieurs types d’écritures, ainsi que les phénomènes interdiscursifs. Quant au métissageȱ orthographique, il se produit lorsquedesmotsétrangerssubissentunprocessusdetransformation pour«s’harmoniser»avecletextefrançais. L’interpénétrationhorizontalesemanifesteévidemmentdansla relationavecles«autreslangues»,cequipeutêtrerepéréauniveau textuel. Nous appelons ce phénomène métissage montré, en nous inspirant de Jacqueline AuthierRevuz, qui parle d’hétérogénéitéȱ montrée, et de Charaudeau et Maingueneau (2002: 177), qui conçoivent cette hétérogénéité comme la base du dialogismeȱ montré. Toutcommel’hétérogénéitéȱmontrée,lemétissageȱmontrétémoignedela polyphonie textuelle, fait partie de l’espace discursif de l’écrivain énonciateur et est subordonné au dialogisme textuel (au sens bakhtinien) en tant que «représentations qu’un discours donne en L’interpénétrationhorizontalesemanifesteévidemmentdansla relationavecles«autreslangues»,cequipeutêtrerepéréauniveau textuel. Nous appelons ce phénomène métissage montré, en nous inspirant de Jacqueline AuthierRevuz, qui parle d’hétérogénéitéȱ montrée, et de Charaudeau et Maingueneau (2002: 177), qui conçoivent cette hétérogénéité comme la base du dialogismeȱ montré. Toutcommel’hétérogénéitéȱmontrée,lemétissageȱmontrétémoignedela polyphonie textuelle, fait partie de l’espace discursif de l’écrivain énonciateur et est subordonné au dialogisme textuel (au sens bakhtinien) en tant que «représentations qu’un discours donne en 130 130 luimême de son rapport à l’autre, de la place qu’il lui fait, explicitement,endésignantdanslachaîne,aumoyend’unensemble de marques linguistiques, des points d’hétérogénéité» (Authier Revuz1985:118,citéeparCharaudeau&Maingueneau,2002:177). ȱ 1.ȱLEȱMÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱMONTRÉȱ Panaït Istrati pose le problème de l’interlangue de l’œuvre dans l’autotraduction Oncleȱ AnghelȬMosȱ Anghel: «Ici, je parle dans ma langue!», ditil dans la préface de la version roumaine. Mais même s’il soutient mordicus que la langue de son récit en roumain est sa langue, il ne dit pas toute la vérité. Sa langue, ce roumain de l’œuvre, n’est pas sa langue maternelle, car il s’en écarte considérablement. L’inventaire langagier de son œuvre est complexe,unvéritablemélangedeplusieurscodes. luimême de son rapport à l’autre, de la place qu’il lui fait, explicitement,endésignantdanslachaîne,aumoyend’unensemble de marques linguistiques, des points d’hétérogénéité» (Authier Revuz1985:118,citéeparCharaudeau&Maingueneau,2002:177). ȱ 1.ȱLEȱMÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱMONTRÉȱ Panaït Istrati pose le problème de l’interlangue de l’œuvre dans l’autotraduction Oncleȱ AnghelȬMosȱ Anghel: «Ici, je parle dans ma langue!», ditil dans la préface de la version roumaine. Mais même s’il soutient mordicus que la langue de son récit en roumain est sa langue, il ne dit pas toute la vérité. Sa langue, ce roumain de l’œuvre, n’est pas sa langue maternelle, car il s’en écarte considérablement. L’inventaire langagier de son œuvre est complexe,unvéritablemélangedeplusieurscodes. Par exemple, il glisse dans le texte français un seul mot étranger: Par exemple, il glisse dans le texte français un seul mot étranger: «dans le codrou», (1983: 69), «joupîneassa» (1983:53), «razèche» (1983:186),«oka»(1983:184),etc., «dans le codrou», (1983: 69), «joupîneassa» (1983:53), «razèche» (1983:186),«oka»(1983:184),etc., oubienunsyntagme: oubienunsyntagme: «danslastradaSfintsilor»(1984:194),ȱȱ «danslastradaSfintsilor»(1984:194),ȱȱ ouencoreunephrase: ouencoreunephrase: «ȱAléȱ!ȱTaȱsitiria,ȱpédia!»(Allons!Lesbillets,enfants)(1997b:359). «ȱAléȱ!ȱTaȱsitiria,ȱpédia!»(Allons!Lesbillets,enfants)(1997b:359). Unbrefregardsurcetypedephénomènesnousfaitobserver avecD.Maingueneauque Unbrefregardsurcetypedephénomènesnousfaitobserver avecD.Maingueneauque chaqueȱ œuvre,ȱ chaqueȱ genreȱ définitȱ sonȱ identitéȱ parȱ saȱ manièreȱ deȱ gérerȱ laȱ transtextualitéȱ etȱ c’estȱ surȱ ceȱ travailȱ différenciateurȱ qu’ilȱ convientȱ deȱ concentrerȱsonȱattention(2001:23). chaqueȱ œuvre,ȱ chaqueȱ genreȱ définitȱ sonȱ identitéȱ parȱ saȱ manièreȱ deȱ gérerȱ laȱ transtextualitéȱ etȱ c’estȱ surȱ ceȱ travailȱ différenciateurȱ qu’ilȱ convientȱ deȱ concentrerȱsonȱattention(2001:23). L’identité de la création de Panaït Istrati correspond, entre autres, à des schémas discursifs par lesquels il constitue une L’identité de la création de Panaït Istrati correspond, entre autres, à des schémas discursifs par lesquels il constitue une 131 131 luimême de son rapport à l’autre, de la place qu’il lui fait, explicitement,endésignantdanslachaîne,aumoyend’unensemble de marques linguistiques, des points d’hétérogénéité» (Authier Revuz1985:118,citéeparCharaudeau&Maingueneau,2002:177). ȱ 1.ȱLEȱMÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱMONTRÉȱ Panaït Istrati pose le problème de l’interlangue de l’œuvre dans l’autotraduction Oncleȱ AnghelȬMosȱ Anghel: «Ici, je parle dans ma langue!», ditil dans la préface de la version roumaine. Mais même s’il soutient mordicus que la langue de son récit en roumain est sa langue, il ne dit pas toute la vérité. Sa langue, ce roumain de l’œuvre, n’est pas sa langue maternelle, car il s’en écarte considérablement. L’inventaire langagier de son œuvre est complexe,unvéritablemélangedeplusieurscodes. luimême de son rapport à l’autre, de la place qu’il lui fait, explicitement,endésignantdanslachaîne,aumoyend’unensemble de marques linguistiques, des points d’hétérogénéité» (Authier Revuz1985:118,citéeparCharaudeau&Maingueneau,2002:177). ȱ 1.ȱLEȱMÉTISSAGEȱLINGUISTIQUEȱMONTRÉȱ Panaït Istrati pose le problème de l’interlangue de l’œuvre dans l’autotraduction Oncleȱ AnghelȬMosȱ Anghel: «Ici, je parle dans ma langue!», ditil dans la préface de la version roumaine. Mais même s’il soutient mordicus que la langue de son récit en roumain est sa langue, il ne dit pas toute la vérité. Sa langue, ce roumain de l’œuvre, n’est pas sa langue maternelle, car il s’en écarte considérablement. L’inventaire langagier de son œuvre est complexe,unvéritablemélangedeplusieurscodes. Par exemple, il glisse dans le texte français un seul mot étranger: Par exemple, il glisse dans le texte français un seul mot étranger: «dans le codrou», (1983: 69), «joupîneassa» (1983:53), «razèche» (1983:186),«oka»(1983:184),etc., «dans le codrou», (1983: 69), «joupîneassa» (1983:53), «razèche» (1983:186),«oka»(1983:184),etc., oubienunsyntagme: oubienunsyntagme: «danslastradaSfintsilor»(1984:194),ȱȱ «danslastradaSfintsilor»(1984:194),ȱȱ ouencoreunephrase: ouencoreunephrase: «ȱAléȱ!ȱTaȱsitiria,ȱpédia!»(Allons!Lesbillets,enfants)(1997b:359). «ȱAléȱ!ȱTaȱsitiria,ȱpédia!»(Allons!Lesbillets,enfants)(1997b:359). Unbrefregardsurcetypedephénomènesnousfaitobserver avecD.Maingueneauque Unbrefregardsurcetypedephénomènesnousfaitobserver avecD.Maingueneauque chaqueȱ œuvre,ȱ chaqueȱ genreȱ définitȱ sonȱ identitéȱ parȱ saȱ manièreȱ deȱ gérerȱ laȱ transtextualitéȱ etȱ c’estȱ surȱ ceȱ travailȱ différenciateurȱ qu’ilȱ convientȱ deȱ concentrerȱsonȱattention(2001:23). chaqueȱ œuvre,ȱ chaqueȱ genreȱ définitȱ sonȱ identitéȱ parȱ saȱ manièreȱ deȱ gérerȱ laȱ transtextualitéȱ etȱ c’estȱ surȱ ceȱ travailȱ différenciateurȱ qu’ilȱ convientȱ deȱ concentrerȱsonȱattention(2001:23). L’identité de la création de Panaït Istrati correspond, entre autres, à des schémas discursifs par lesquels il constitue une L’identité de la création de Panaït Istrati correspond, entre autres, à des schémas discursifs par lesquels il constitue une 131 131 interlangue et contrôle la transcendance textuelle, dans le sens que G.Genette(1982:7)donneàcephénomène. interlangue et contrôle la transcendance textuelle, dans le sens que G.Genette(1982:7)donneàcephénomène. L’expérience de l’écrivain l’amène à mettre au point une forme de métissage linguistique adaptée à ce qu’il se propose de faire, à savoir «présenter à ses contemporains une fresque réaliste, sans recourir au “document illustré”» (préface à Laȱ Maisonȱ Thüringer:31). L’expérience de l’écrivain l’amène à mettre au point une forme de métissage linguistique adaptée à ce qu’il se propose de faire, à savoir «présenter à ses contemporains une fresque réaliste, sans recourir au “document illustré”» (préface à Laȱ Maisonȱ Thüringer:31). Uninventaireréalisésurlestextesdesespremiersvolumes élaborés en 1924 a permis de relever 72 mots étrangers dans Kyraȱ Kyralinaȱ et 52 dans Oncle Anghel. Le phénomène de métissage linguistiqueestdoncassezfréquent,etils’agitbiendecequenous appelons «métissage montré», le caractère «montré» étant attesté partouteunesériedemécanismes.L’interpénétrationestlocalisable, marquéepartroissortesdeprocédés: (1)desguillemets: Uninventaireréalisésurlestextesdesespremiersvolumes élaborés en 1924 a permis de relever 72 mots étrangers dans Kyraȱ Kyralinaȱ et 52 dans Oncle Anghel. Le phénomène de métissage linguistiqueestdoncassezfréquent,etils’agitbiendecequenous appelons «métissage montré», le caractère «montré» étant attesté partouteunesériedemécanismes.L’interpénétrationestlocalisable, marquéepartroissortesdeprocédés: (1)desguillemets: Ilȱbonditȱavecȱlaȱlégèretéȱd’uneȱgazelle,ȱet,ȱquelquesȱminutesȱplusȱtard,ȱservitȱ devantȱIsaac,ȱaccroupiȱàȱl’orientale,ȱunȱplatȱdeȱȈfoulȈȱ(fèveȱcuite,ȱàȱl’huileȱetȱ auȱ citron)ȱ;ȱ duȱ painȱ platȱ etȱ deȱ l’eau (1997a: 291292); «dégusterȱ unȱ morceauȱdeȱȈpastramaȈȱd’oie»(1997a:248). Ilȱbonditȱavecȱlaȱlégèretéȱd’uneȱgazelle,ȱet,ȱquelquesȱminutesȱplusȱtard,ȱservitȱ devantȱIsaac,ȱaccroupiȱàȱl’orientale,ȱunȱplatȱdeȱȈfoulȈȱ(fèveȱcuite,ȱàȱl’huileȱetȱ auȱ citron)ȱ;ȱ duȱ painȱ platȱ etȱ deȱ l’eau (1997a: 291292); «dégusterȱ unȱ morceauȱdeȱȈpastramaȈȱd’oie»(1997a:248). Ces guillemets peuvent apparaître en combinaison avec d’autresmarques,commedansl’exemplesuivant: Ces guillemets peuvent apparaître en combinaison avec d’autresmarques,commedansl’exemplesuivant: «Le “bœuf du marais“ – booulȱ baltsiȱ – est un insecte noir, de forme ovale et de la grosseur d’une noix moyenne. Il n’a pas d’antennes» (1997a:214); «Le “bœuf du marais“ – booulȱ baltsiȱ – est un insecte noir, de forme ovale et de la grosseur d’une noix moyenne. Il n’a pas d’antennes» (1997a:214); (2)descaractèrestypographiques(lesitaliques): (2)descaractèrestypographiques(lesitaliques): «Aureste,onn’aqu’àregarderlatenuedecefrère,pourêtrefixésde la tête aux pieds, il est comme si toute sa vie se fût passée dans un poubelle,àlevoiraffublédecettecaciulacriblée,quilaissepasserles mèches coléreuses de son abondante chevelure; de cet ibirbok en lambeaux, qui tient a peine sur son buste; de ces nadragi aux 132 «Aureste,onn’aqu’àregarderlatenuedecefrère,pourêtrefixésde la tête aux pieds, il est comme si toute sa vie se fût passée dans un poubelle,àlevoiraffublédecettecaciulacriblée,quilaissepasserles mèches coléreuses de son abondante chevelure; de cet ibirbok en lambeaux, qui tient a peine sur son buste; de ces nadragi aux 132 interlangue et contrôle la transcendance textuelle, dans le sens que G.Genette(1982:7)donneàcephénomène. interlangue et contrôle la transcendance textuelle, dans le sens que G.Genette(1982:7)donneàcephénomène. L’expérience de l’écrivain l’amène à mettre au point une forme de métissage linguistique adaptée à ce qu’il se propose de faire, à savoir «présenter à ses contemporains une fresque réaliste, sans recourir au “document illustré”» (préface à Laȱ Maisonȱ Thüringer:31). L’expérience de l’écrivain l’amène à mettre au point une forme de métissage linguistique adaptée à ce qu’il se propose de faire, à savoir «présenter à ses contemporains une fresque réaliste, sans recourir au “document illustré”» (préface à Laȱ Maisonȱ Thüringer:31). Uninventaireréalisésurlestextesdesespremiersvolumes élaborés en 1924 a permis de relever 72 mots étrangers dans Kyraȱ Kyralinaȱ et 52 dans Oncle Anghel. Le phénomène de métissage linguistiqueestdoncassezfréquent,etils’agitbiendecequenous appelons «métissage montré», le caractère «montré» étant attesté partouteunesériedemécanismes.L’interpénétrationestlocalisable, marquéepartroissortesdeprocédés: (1)desguillemets: Uninventaireréalisésurlestextesdesespremiersvolumes élaborés en 1924 a permis de relever 72 mots étrangers dans Kyraȱ Kyralinaȱ et 52 dans Oncle Anghel. Le phénomène de métissage linguistiqueestdoncassezfréquent,etils’agitbiendecequenous appelons «métissage montré», le caractère «montré» étant attesté partouteunesériedemécanismes.L’interpénétrationestlocalisable, marquéepartroissortesdeprocédés: (1)desguillemets: Ilȱbonditȱavecȱlaȱlégèretéȱd’uneȱgazelle,ȱet,ȱquelquesȱminutesȱplusȱtard,ȱservitȱ devantȱIsaac,ȱaccroupiȱàȱl’orientale,ȱunȱplatȱdeȱȈfoulȈȱ(fèveȱcuite,ȱàȱl’huileȱetȱ auȱ citron)ȱ;ȱ duȱ painȱ platȱ etȱ deȱ l’eau (1997a: 291292); «dégusterȱ unȱ morceauȱdeȱȈpastramaȈȱd’oie»(1997a:248). Ilȱbonditȱavecȱlaȱlégèretéȱd’uneȱgazelle,ȱet,ȱquelquesȱminutesȱplusȱtard,ȱservitȱ devantȱIsaac,ȱaccroupiȱàȱl’orientale,ȱunȱplatȱdeȱȈfoulȈȱ(fèveȱcuite,ȱàȱl’huileȱetȱ auȱ citron)ȱ;ȱ duȱ painȱ platȱ etȱ deȱ l’eau (1997a: 291292); «dégusterȱ unȱ morceauȱdeȱȈpastramaȈȱd’oie»(1997a:248). Ces guillemets peuvent apparaître en combinaison avec d’autresmarques,commedansl’exemplesuivant: Ces guillemets peuvent apparaître en combinaison avec d’autresmarques,commedansl’exemplesuivant: «Le “bœuf du marais“ – booulȱ baltsiȱ – est un insecte noir, de forme ovale et de la grosseur d’une noix moyenne. Il n’a pas d’antennes» (1997a:214); «Le “bœuf du marais“ – booulȱ baltsiȱ – est un insecte noir, de forme ovale et de la grosseur d’une noix moyenne. Il n’a pas d’antennes» (1997a:214); (2)descaractèrestypographiques(lesitaliques): (2)descaractèrestypographiques(lesitaliques): «Aureste,onn’aqu’àregarderlatenuedecefrère,pourêtrefixésde la tête aux pieds, il est comme si toute sa vie se fût passée dans un poubelle,àlevoiraffublédecettecaciulacriblée,quilaissepasserles mèches coléreuses de son abondante chevelure; de cet ibirbok en lambeaux, qui tient a peine sur son buste; de ces nadragi aux 132 «Aureste,onn’aqu’àregarderlatenuedecefrère,pourêtrefixésde la tête aux pieds, il est comme si toute sa vie se fût passée dans un poubelle,àlevoiraffublédecettecaciulacriblée,quilaissepasserles mèches coléreuses de son abondante chevelure; de cet ibirbok en lambeaux, qui tient a peine sur son buste; de ces nadragi aux 132 multiples pièces, aux trous nombreux, offrant le spectacle de ses cuisses poilues, de ses genoux osseux et de son derrière peu convenable;decesobiéléquiluifontdesjambespareillesàdestroncs d’arbre;decesopinci,enfin,quineluiprotègentpluslespieds,parce qu’ilssonenloques»(1997a:138); multiples pièces, aux trous nombreux, offrant le spectacle de ses cuisses poilues, de ses genoux osseux et de son derrière peu convenable;decesobiéléquiluifontdesjambespareillesàdestroncs d’arbre;decesopinci,enfin,quineluiprotègentpluslespieds,parce qu’ilssonenloques»(1997a:138); (3)desparenthèsesquisoulignentl’insertiondefragmentsmétissés: (3)desparenthèsesquisoulignentl’insertiondefragmentsmétissés: «Pauvrecestaretz(leSupérieurdumonastère)»(1984:456);«Il joueensourdineCiocârlia(L’Alouette)»(1984:475);ȱ«ȱKalostoȱpatrioti (salut)»(1997a:355);«Kaïmeni(pauvresdenous!)»;«palikaraki (petitvaillant)»;«matiaȬmou(Mesyeux)»;«patridaȬmouȱ!...patridaȬ mouȱ!ȱ(mapatrie,mapatrie)»(1997b:357);«tchéaïnerie(maisonde thé)»(1997b:254);«voitureàuncheval(oughiotch)»(1997b:235); «covrigi(craquelins)»(1997b:93);«Ah!…cardiamouȱ(moncœur)» (1997b:93);«Dis,donc,philimou(monami)»(1997b:93);«alvitz (nougat)»(1997b:102);«Bonrakipourvous,delapartducafedji d’enbas!Aȱvérésié!(àcrédit).Demainencore…»(1997a:295);« Malèche!(çanefaitrien)»(1997a:283); «Pauvrecestaretz(leSupérieurdumonastère)»(1984:456);«Il joueensourdineCiocârlia(L’Alouette)»(1984:475);ȱ«ȱKalostoȱpatrioti (salut)»(1997a:355);«Kaïmeni(pauvresdenous!)»;«palikaraki (petitvaillant)»;«matiaȬmou(Mesyeux)»;«patridaȬmouȱ!...patridaȬ mouȱ!ȱ(mapatrie,mapatrie)»(1997b:357);«tchéaïnerie(maisonde thé)»(1997b:254);«voitureàuncheval(oughiotch)»(1997b:235); «covrigi(craquelins)»(1997b:93);«Ah!…cardiamouȱ(moncœur)» (1997b:93);«Dis,donc,philimou(monami)»(1997b:93);«alvitz (nougat)»(1997b:102);«Bonrakipourvous,delapartducafedji d’enbas!Aȱvérésié!(àcrédit).Demainencore…»(1997a:295);« Malèche!(çanefaitrien)»(1997a:283); parfois aussi, des fragments métissés sont insérés sans parenthèses:«Malèche!Çanefaitrien»(1983:92); parfois aussi, des fragments métissés sont insérés sans parenthèses:«Malèche!Çanefaitrien»(1983:92); (4) des gloses; cellesci, en tant que marques du métissage linguistique montré, apparaissent non seulement dans le texte proprement dit, mais aussi dans le paratexte, en l’occurrence, dans notrecas,dansdesnotesenbasdepage. 1.1.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ duȱtexteȱȱ Dans le texte proprement dit, le «métissage montré» est manifestépardesexplications,desparenthèsesetdesguillemets. Lesȱexplications sont relativement nombreuses. Elles portent sur les mots et les constructions considérées trop difficiles à comprendre pourlepublicfrançaisousurlesmotsétrangersglissésdansletexte. Vasile Covaci (1979) a analysé le sens de ces mots dans le corpus (4) des gloses; cellesci, en tant que marques du métissage linguistique montré, apparaissent non seulement dans le texte proprement dit, mais aussi dans le paratexte, en l’occurrence, dans notrecas,dansdesnotesenbasdepage. 1.1.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ duȱtexteȱȱ Dans le texte proprement dit, le «métissage montré» est manifestépardesexplications,desparenthèsesetdesguillemets. Lesȱexplications sont relativement nombreuses. Elles portent sur les mots et les constructions considérées trop difficiles à comprendre pourlepublicfrançaisousurlesmotsétrangersglissésdansletexte. Vasile Covaci (1979) a analysé le sens de ces mots dans le corpus 133 133 multiples pièces, aux trous nombreux, offrant le spectacle de ses cuisses poilues, de ses genoux osseux et de son derrière peu convenable;decesobiéléquiluifontdesjambespareillesàdestroncs d’arbre;decesopinci,enfin,quineluiprotègentpluslespieds,parce qu’ilssonenloques»(1997a:138); multiples pièces, aux trous nombreux, offrant le spectacle de ses cuisses poilues, de ses genoux osseux et de son derrière peu convenable;decesobiéléquiluifontdesjambespareillesàdestroncs d’arbre;decesopinci,enfin,quineluiprotègentpluslespieds,parce qu’ilssonenloques»(1997a:138); (3)desparenthèsesquisoulignentl’insertiondefragmentsmétissés: (3)desparenthèsesquisoulignentl’insertiondefragmentsmétissés: «Pauvrecestaretz(leSupérieurdumonastère)»(1984:456);«Il joueensourdineCiocârlia(L’Alouette)»(1984:475);ȱ«ȱKalostoȱpatrioti (salut)»(1997a:355);«Kaïmeni(pauvresdenous!)»;«palikaraki (petitvaillant)»;«matiaȬmou(Mesyeux)»;«patridaȬmouȱ!...patridaȬ mouȱ!ȱ(mapatrie,mapatrie)»(1997b:357);«tchéaïnerie(maisonde thé)»(1997b:254);«voitureàuncheval(oughiotch)»(1997b:235); «covrigi(craquelins)»(1997b:93);«Ah!…cardiamouȱ(moncœur)» (1997b:93);«Dis,donc,philimou(monami)»(1997b:93);«alvitz (nougat)»(1997b:102);«Bonrakipourvous,delapartducafedji d’enbas!Aȱvérésié!(àcrédit).Demainencore…»(1997a:295);« Malèche!(çanefaitrien)»(1997a:283); «Pauvrecestaretz(leSupérieurdumonastère)»(1984:456);«Il joueensourdineCiocârlia(L’Alouette)»(1984:475);ȱ«ȱKalostoȱpatrioti (salut)»(1997a:355);«Kaïmeni(pauvresdenous!)»;«palikaraki (petitvaillant)»;«matiaȬmou(Mesyeux)»;«patridaȬmouȱ!...patridaȬ mouȱ!ȱ(mapatrie,mapatrie)»(1997b:357);«tchéaïnerie(maisonde thé)»(1997b:254);«voitureàuncheval(oughiotch)»(1997b:235); «covrigi(craquelins)»(1997b:93);«Ah!…cardiamouȱ(moncœur)» (1997b:93);«Dis,donc,philimou(monami)»(1997b:93);«alvitz (nougat)»(1997b:102);«Bonrakipourvous,delapartducafedji d’enbas!Aȱvérésié!(àcrédit).Demainencore…»(1997a:295);« Malèche!(çanefaitrien)»(1997a:283); parfois aussi, des fragments métissés sont insérés sans parenthèses:«Malèche!Çanefaitrien»(1983:92); parfois aussi, des fragments métissés sont insérés sans parenthèses:«Malèche!Çanefaitrien»(1983:92); (4) des gloses; cellesci, en tant que marques du métissage linguistique montré, apparaissent non seulement dans le texte proprement dit, mais aussi dans le paratexte, en l’occurrence, dans notrecas,dansdesnotesenbasdepage. 1.1.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ duȱtexteȱȱ Dans le texte proprement dit, le «métissage montré» est manifestépardesexplications,desparenthèsesetdesguillemets. Lesȱexplications sont relativement nombreuses. Elles portent sur les mots et les constructions considérées trop difficiles à comprendre pourlepublicfrançaisousurlesmotsétrangersglissésdansletexte. Vasile Covaci (1979) a analysé le sens de ces mots dans le corpus (4) des gloses; cellesci, en tant que marques du métissage linguistique montré, apparaissent non seulement dans le texte proprement dit, mais aussi dans le paratexte, en l’occurrence, dans notrecas,dansdesnotesenbasdepage. 1.1.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ duȱtexteȱȱ Dans le texte proprement dit, le «métissage montré» est manifestépardesexplications,desparenthèsesetdesguillemets. Lesȱexplications sont relativement nombreuses. Elles portent sur les mots et les constructions considérées trop difficiles à comprendre pourlepublicfrançaisousurlesmotsétrangersglissésdansletexte. Vasile Covaci (1979) a analysé le sens de ces mots dans le corpus 133 133 formédurécitPrésentationȱdesȱHaïdoucsetilasoulignéqu’ils’agissait de termes qui ne trouvent pas de correspondants satisfaisants dans l’espace français parce qu’ils désignent un univers roumain spécifique.C’estcequ’Istratiluimêmeexplique: formédurécitPrésentationȱdesȱHaïdoucsetilasoulignéqu’ils’agissait de termes qui ne trouvent pas de correspondants satisfaisants dans l’espace français parce qu’ils désignent un univers roumain spécifique.C’estcequ’Istratiluimêmeexplique: «Sima Caramfil possédait à Braila de belles acareturi, comme on comme làbas tout immeuble; mais immeuble ne désigne pas aussi bienqueacareturitoutcequ’unSimapossédaitàBraila»(1997a:170) «Sima Caramfil possédait à Braila de belles acareturi, comme on comme làbas tout immeuble; mais immeuble ne désigne pas aussi bienqueacareturitoutcequ’unSimapossédaitàBraila»(1997a:170) Dansletextedel’œuvre,lesexplicationssonthabituellement introduites par des formules comme onȱ appelle,ȱ appelé,ȱ dite,ȱ ou,ȱ onȱ nommeȱ:ȱ Dansletextedel’œuvre,lesexplicationssonthabituellement introduites par des formules comme onȱ appelle,ȱ appelé,ȱ dite,ȱ ou,ȱ onȱ nommeȱ:ȱ «c’étaiteneffetunhanouancienneaubergepopulaire»(1997a:174); «c’étaiteneffetunhanouancienneaubergepopulaire»(1997a:174); «Dansuneautremarmite,ilpréparaunesoupesauvage,ouborche, àl’estourgeon»(1997a:198); «Dansuneautremarmite,ilpréparaunesoupesauvage,ouborche, àl’estourgeon»(1997a:198); «elle n’aimait point qu’on l’appelât mère, mais tzatza» (1983: 200); «elle n’aimait point qu’on l’appelât mère, mais tzatza» (1983: 200); «Minnka les servit fumantes, sur deux rondelles de bois dur, qu’on appellefoundd»(1997a:192). «Minnka les servit fumantes, sur deux rondelles de bois dur, qu’on appellefoundd»(1997a:192). Lelongfragmentquisuitcombinedesexplicationsdemots roumainsparsemésdansletextefrançaisavecdescommentairesqui éclaircissent le sens d’expressions roumaines inconnues au public français: Lelongfragmentquisuitcombinedesexplicationsdemots roumainsparsemésdansletextefrançaisavecdescommentairesqui éclaircissent le sens d’expressions roumaines inconnues au public français: «belles nattes qu’on appelle rogogina et de beaux paniers qu’on nomme cochnitsaȱ […] Les marais, il vaut mieux les appeler par leur nomdelàbas,quiestjusteetbeau:c’estlabalta.Etlabaltan’estrien demoinsquelamèrenourricièredupaysandel’Embouchure.Voilà pourquoi, aux heures de détresse, tous les regards se dirigent vers elle.C’estégalementàsabaltaquel’hommedupayspenselorsqu’il proclamelagénérositédesonEmbouchure.Labaltan’estàpersonne. Nul ne la cultive. Nul n’a le droit de se réclamer d’elle, sinon le Sereth, son créateur. Elle n’exige aucune surveillance, aucun ménagement; elle ne craint ni l’homme ni le ciel. Quand on la dévaste,elleestpareilleauchênequiperdunefeuille.Delàvientle mot roumain, appliqué aux débats sans issue: «laissons les choses «belles nattes qu’on appelle rogogina et de beaux paniers qu’on nomme cochnitsaȱ […] Les marais, il vaut mieux les appeler par leur nomdelàbas,quiestjusteetbeau:c’estlabalta.Etlabaltan’estrien demoinsquelamèrenourricièredupaysandel’Embouchure.Voilà pourquoi, aux heures de détresse, tous les regards se dirigent vers elle.C’estégalementàsabaltaquel’hommedupayspenselorsqu’il proclamelagénérositédesonEmbouchure.Labaltan’estàpersonne. Nul ne la cultive. Nul n’a le droit de se réclamer d’elle, sinon le Sereth, son créateur. Elle n’exige aucune surveillance, aucun ménagement; elle ne craint ni l’homme ni le ciel. Quand on la dévaste,elleestpareilleauchênequiperdunefeuille.Delàvientle mot roumain, appliqué aux débats sans issue: «laissons les choses 134 134 formédurécitPrésentationȱdesȱHaïdoucsetilasoulignéqu’ils’agissait de termes qui ne trouvent pas de correspondants satisfaisants dans l’espace français parce qu’ils désignent un univers roumain spécifique.C’estcequ’Istratiluimêmeexplique: formédurécitPrésentationȱdesȱHaïdoucsetilasoulignéqu’ils’agissait de termes qui ne trouvent pas de correspondants satisfaisants dans l’espace français parce qu’ils désignent un univers roumain spécifique.C’estcequ’Istratiluimêmeexplique: «Sima Caramfil possédait à Braila de belles acareturi, comme on comme làbas tout immeuble; mais immeuble ne désigne pas aussi bienqueacareturitoutcequ’unSimapossédaitàBraila»(1997a:170) «Sima Caramfil possédait à Braila de belles acareturi, comme on comme làbas tout immeuble; mais immeuble ne désigne pas aussi bienqueacareturitoutcequ’unSimapossédaitàBraila»(1997a:170) Dansletextedel’œuvre,lesexplicationssonthabituellement introduites par des formules comme onȱ appelle,ȱ appelé,ȱ dite,ȱ ou,ȱ onȱ nommeȱ:ȱ Dansletextedel’œuvre,lesexplicationssonthabituellement introduites par des formules comme onȱ appelle,ȱ appelé,ȱ dite,ȱ ou,ȱ onȱ nommeȱ:ȱ «c’étaiteneffetunhanouancienneaubergepopulaire»(1997a:174); «c’étaiteneffetunhanouancienneaubergepopulaire»(1997a:174); «Dansuneautremarmite,ilpréparaunesoupesauvage,ouborche, àl’estourgeon»(1997a:198); «Dansuneautremarmite,ilpréparaunesoupesauvage,ouborche, àl’estourgeon»(1997a:198); «elle n’aimait point qu’on l’appelât mère, mais tzatza» (1983: 200); «elle n’aimait point qu’on l’appelât mère, mais tzatza» (1983: 200); «Minnka les servit fumantes, sur deux rondelles de bois dur, qu’on appellefoundd»(1997a:192). «Minnka les servit fumantes, sur deux rondelles de bois dur, qu’on appellefoundd»(1997a:192). Lelongfragmentquisuitcombinedesexplicationsdemots roumainsparsemésdansletextefrançaisavecdescommentairesqui éclaircissent le sens d’expressions roumaines inconnues au public français: Lelongfragmentquisuitcombinedesexplicationsdemots roumainsparsemésdansletextefrançaisavecdescommentairesqui éclaircissent le sens d’expressions roumaines inconnues au public français: «belles nattes qu’on appelle rogogina et de beaux paniers qu’on nomme cochnitsaȱ […] Les marais, il vaut mieux les appeler par leur nomdelàbas,quiestjusteetbeau:c’estlabalta.Etlabaltan’estrien demoinsquelamèrenourricièredupaysandel’Embouchure.Voilà pourquoi, aux heures de détresse, tous les regards se dirigent vers elle.C’estégalementàsabaltaquel’hommedupayspenselorsqu’il proclamelagénérositédesonEmbouchure.Labaltan’estàpersonne. Nul ne la cultive. Nul n’a le droit de se réclamer d’elle, sinon le Sereth, son créateur. Elle n’exige aucune surveillance, aucun ménagement; elle ne craint ni l’homme ni le ciel. Quand on la dévaste,elleestpareilleauchênequiperdunefeuille.Delàvientle mot roumain, appliqué aux débats sans issue: «laissons les choses «belles nattes qu’on appelle rogogina et de beaux paniers qu’on nomme cochnitsaȱ […] Les marais, il vaut mieux les appeler par leur nomdelàbas,quiestjusteetbeau:c’estlabalta.Etlabaltan’estrien demoinsquelamèrenourricièredupaysandel’Embouchure.Voilà pourquoi, aux heures de détresse, tous les regards se dirigent vers elle.C’estégalementàsabaltaquel’hommedupayspenselorsqu’il proclamelagénérositédesonEmbouchure.Labaltan’estàpersonne. Nul ne la cultive. Nul n’a le droit de se réclamer d’elle, sinon le Sereth, son créateur. Elle n’exige aucune surveillance, aucun ménagement; elle ne craint ni l’homme ni le ciel. Quand on la dévaste,elleestpareilleauchênequiperdunefeuille.Delàvientle mot roumain, appliqué aux débats sans issue: «laissons les choses 134 134 balta». C’estàdire:«n’en parlons plus, qu’il n’en soit plus question». Car la balta, c’est l’inconnu, l’impénétrable, l’infini» (1997a:137) balta». C’estàdire:«n’en parlons plus, qu’il n’en soit plus question». Car la balta, c’est l’inconnu, l’impénétrable, l’infini» (1997a:137) Le texte istratien se permet fréquemment, en pleine narration, de créer de longues pauses, comme celle cidessus, qui procurent un arrêt momentané bénéfique pour le lecteur, mais qui l’invitent en même temps à s’engager dans une autre direction que celle narrative. On lui donne accès, par l’intermédiaire du texte, à l’audelà contextuel qui a permis l’existence de ce texte, un monde lointainetdifférent–l’universculturelroumain. Diteȱoucommeȱonȱditȱsontȱlargementutilisésȱ:ȱ Le texte istratien se permet fréquemment, en pleine narration, de créer de longues pauses, comme celle cidessus, qui procurent un arrêt momentané bénéfique pour le lecteur, mais qui l’invitent en même temps à s’engager dans une autre direction que celle narrative. On lui donne accès, par l’intermédiaire du texte, à l’audelà contextuel qui a permis l’existence de ce texte, un monde lointainetdifférent–l’universculturelroumain. Diteȱoucommeȱonȱditȱsontȱlargementutilisésȱ:ȱ «appelésghiotcharsàcausedeleurvoitureàunchevalditeghiotch» (1984:91)(jesouligne); «Ce gros repas, servi à 4 heures de l’aprèsmidi, fut un fameux «dîner pêcheur», prînzȱ percaresc, commeȱ onȱ dit làbas» (1997a: 199) (jesouligne); «Malèche!cequivoulaitdire:çaȱneȱfaitȱrien!»(1983:95). «appelésghiotcharsàcausedeleurvoitureàunchevalditeghiotch» (1984:91)(jesouligne); «Ce gros repas, servi à 4 heures de l’aprèsmidi, fut un fameux «dîner pêcheur», prînzȱ percaresc, commeȱ onȱ dit làbas» (1997a: 199) (jesouligne); «Malèche!cequivoulaitdire:çaȱneȱfaitȱrien!»(1983:95). L’explicationpeutaussiêtreintroduiteparc’estȬàȬdire–«on lesappelait des mouscals, c’estàdire Moscovites» (1984: 229)–,ou par deux procédés en même temps, par exemple une formule introductive et des italiques– «Les mouieri, c’estàdire les femmelettes»(1984:229). Les termes étrangers sont souvent suivis par une explication: L’explicationpeutaussiêtreintroduiteparc’estȬàȬdire–«on lesappelait des mouscals, c’estàdire Moscovites» (1984: 229)–,ou par deux procédés en même temps, par exemple une formule introductive et des italiques– «Les mouieri, c’estàdire les femmelettes»(1984:229). Les termes étrangers sont souvent suivis par une explication: «Quatre pêcheurs, compagnons de Mateï, bricolaient autour de la coliba, une grande hutte qui ne servait qu’à abriter les cinq hommes lesjoursdetempête»(1997a:198); «LejourduPremierMai,onbuvaitjadisenRoumaniedenombreux verres de péline, vin dans lequel on a fait macérer des feuilles d’absinthe,quiluidonnaitungoûtamer»(1997a:189). «Quatre pêcheurs, compagnons de Mateï, bricolaient autour de la coliba, une grande hutte qui ne servait qu’à abriter les cinq hommes lesjoursdetempête»(1997a:198); «LejourduPremierMai,onbuvaitjadisenRoumaniedenombreux verres de péline, vin dans lequel on a fait macérer des feuilles d’absinthe,quiluidonnaitungoûtamer»(1997a:189). Quelquespagesplustard,onrencontre: Quelquespagesplustard,onrencontre: 135 135 balta». C’estàdire:«n’en parlons plus, qu’il n’en soit plus question». Car la balta, c’est l’inconnu, l’impénétrable, l’infini» (1997a:137) balta». C’estàdire:«n’en parlons plus, qu’il n’en soit plus question». Car la balta, c’est l’inconnu, l’impénétrable, l’infini» (1997a:137) Le texte istratien se permet fréquemment, en pleine narration, de créer de longues pauses, comme celle cidessus, qui procurent un arrêt momentané bénéfique pour le lecteur, mais qui l’invitent en même temps à s’engager dans une autre direction que celle narrative. On lui donne accès, par l’intermédiaire du texte, à l’audelà contextuel qui a permis l’existence de ce texte, un monde lointainetdifférent–l’universculturelroumain. Diteȱoucommeȱonȱditȱsontȱlargementutilisésȱ:ȱ Le texte istratien se permet fréquemment, en pleine narration, de créer de longues pauses, comme celle cidessus, qui procurent un arrêt momentané bénéfique pour le lecteur, mais qui l’invitent en même temps à s’engager dans une autre direction que celle narrative. On lui donne accès, par l’intermédiaire du texte, à l’audelà contextuel qui a permis l’existence de ce texte, un monde lointainetdifférent–l’universculturelroumain. Diteȱoucommeȱonȱditȱsontȱlargementutilisésȱ:ȱ «appelésghiotcharsàcausedeleurvoitureàunchevalditeghiotch» (1984:91)(jesouligne); «Ce gros repas, servi à 4 heures de l’aprèsmidi, fut un fameux «dîner pêcheur», prînzȱ percaresc, commeȱ onȱ dit làbas» (1997a: 199) (jesouligne); «Malèche!cequivoulaitdire:çaȱneȱfaitȱrien!»(1983:95). «appelésghiotcharsàcausedeleurvoitureàunchevalditeghiotch» (1984:91)(jesouligne); «Ce gros repas, servi à 4 heures de l’aprèsmidi, fut un fameux «dîner pêcheur», prînzȱ percaresc, commeȱ onȱ dit làbas» (1997a: 199) (jesouligne); «Malèche!cequivoulaitdire:çaȱneȱfaitȱrien!»(1983:95). L’explicationpeutaussiêtreintroduiteparc’estȬàȬdire–«on lesappelait des mouscals, c’estàdire Moscovites» (1984: 229)–,ou par deux procédés en même temps, par exemple une formule introductive et des italiques– «Les mouieri, c’estàdire les femmelettes»(1984:229). Les termes étrangers sont souvent suivis par une explication: L’explicationpeutaussiêtreintroduiteparc’estȬàȬdire–«on lesappelait des mouscals, c’estàdire Moscovites» (1984: 229)–,ou par deux procédés en même temps, par exemple une formule introductive et des italiques– «Les mouieri, c’estàdire les femmelettes»(1984:229). Les termes étrangers sont souvent suivis par une explication: «Quatre pêcheurs, compagnons de Mateï, bricolaient autour de la coliba, une grande hutte qui ne servait qu’à abriter les cinq hommes lesjoursdetempête»(1997a:198); «LejourduPremierMai,onbuvaitjadisenRoumaniedenombreux verres de péline, vin dans lequel on a fait macérer des feuilles d’absinthe,quiluidonnaitungoûtamer»(1997a:189). «Quatre pêcheurs, compagnons de Mateï, bricolaient autour de la coliba, une grande hutte qui ne servait qu’à abriter les cinq hommes lesjoursdetempête»(1997a:198); «LejourduPremierMai,onbuvaitjadisenRoumaniedenombreux verres de péline, vin dans lequel on a fait macérer des feuilles d’absinthe,quiluidonnaitungoûtamer»(1997a:189). Quelquespagesplustard,onrencontre: Quelquespagesplustard,onrencontre: 135 135 «tirerunlitredevinpéline»(1997a:192); «[Sima]avaitpassélamainàsontejghetar,hommedeconfiance,tout puissant»(1997a:177); « Hé! Barcadji! Batelier!... Un camarade se noie là! Cours vite!» (1997a:55); «A leurs sifflements étouffés, une demidouzaine de belles tzigancouchas, les servantes qui venaient d’éteindre les lumières, accouraient,jambesnues»(1983:107); «un gros ghioudème, qui est un saucisson très pimenté et très sec» (1997b:287). «tirerunlitredevinpéline»(1997a:192); «[Sima]avaitpassélamainàsontejghetar,hommedeconfiance,tout puissant»(1997a:177); « Hé! Barcadji! Batelier!... Un camarade se noie là! Cours vite!» (1997a:55); «A leurs sifflements étouffés, une demidouzaine de belles tzigancouchas, les servantes qui venaient d’éteindre les lumières, accouraient,jambesnues»(1983:107); «un gros ghioudème, qui est un saucisson très pimenté et très sec» (1997b:287). Engénéral,leschémastructureldecetyped’insertionestle suivant: «X (terme roumain), GN apposition», dont le noyau a le rôleexplicatif,central,ouencore:«X(termeroumain),quiest….», structurequiseconstituecommeexplication.Ladémarcationestun signe de ponctuation, d’habitude une virgule, rarement un signe d’exclamationoud’interrogation,commeonleconstatecidessus. 1.2.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ duȱparatexteȱ ȱ Dans le paratexte, le métissage montré gagneen valeur par ladistanciationdutextedebasequiassurelamiseenreliefdumot inséré. Lesinsertionsdesmotsétrangerssontaccompagnéesdansla plupartdescasdecourtesréférencessurleurorigine:ȱȱ ȱ Engénéral,leschémastructureldecetyped’insertionestle suivant: «X (terme roumain), GN apposition», dont le noyau a le rôleexplicatif,central,ouencore:«X(termeroumain),quiest….», structurequiseconstituecommeexplication.Ladémarcationestun signe de ponctuation, d’habitude une virgule, rarement un signe d’exclamationoud’interrogation,commeonleconstatecidessus. 1.2.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ duȱparatexteȱ ȱ Dans le paratexte, le métissage montré gagneen valeur par ladistanciationdutextedebasequiassurelamiseenreliefdumot inséré. Lesinsertionsdesmotsétrangerssontaccompagnéesdansla plupartdescasdecourtesréférencessurleurorigine:ȱȱ ȱ «On lui dit sacadgitza», en bas de page:«en roumain: porteuse d’eau»(1997a:28); «c’estlequartierdeslipovans»,enbasdepage:«Russesdelasecte desskoptsy»(1997b:246); «On lui dit sacadgitza», en bas de page:«en roumain: porteuse d’eau»(1997a:28); «c’estlequartierdeslipovans»,enbasdepage:«Russesdelasecte desskoptsy»(1997b:246); «Adieumavramatia!»,«engrec:noirsyeux»(1997b:344); «Adieumavramatia!»,«engrec:noirsyeux»(1997b:344); «unemamaligademauvaisequalité»,enbasdepage:«Lamamaliga estlepaindupaysanroumain»(1997b:9). «unemamaligademauvaisequalité»,enbasdepage:«Lamamaliga estlepaindupaysanroumain»(1997b:9). Il arrive aussi qu’une autre explication soit donnée pour le mêmemot,toujoursenbasdepage: Il arrive aussi qu’une autre explication soit donnée pour le mêmemot,toujoursenbasdepage: 136 136 «tirerunlitredevinpéline»(1997a:192); «[Sima]avaitpassélamainàsontejghetar,hommedeconfiance,tout puissant»(1997a:177); « Hé! Barcadji! Batelier!... Un camarade se noie là! Cours vite!» (1997a:55); «A leurs sifflements étouffés, une demidouzaine de belles tzigancouchas, les servantes qui venaient d’éteindre les lumières, accouraient,jambesnues»(1983:107); «un gros ghioudème, qui est un saucisson très pimenté et très sec» (1997b:287). «tirerunlitredevinpéline»(1997a:192); «[Sima]avaitpassélamainàsontejghetar,hommedeconfiance,tout puissant»(1997a:177); « Hé! Barcadji! Batelier!... Un camarade se noie là! Cours vite!» (1997a:55); «A leurs sifflements étouffés, une demidouzaine de belles tzigancouchas, les servantes qui venaient d’éteindre les lumières, accouraient,jambesnues»(1983:107); «un gros ghioudème, qui est un saucisson très pimenté et très sec» (1997b:287). Engénéral,leschémastructureldecetyped’insertionestle suivant: «X (terme roumain), GN apposition», dont le noyau a le rôleexplicatif,central,ouencore:«X(termeroumain),quiest….», structurequiseconstituecommeexplication.Ladémarcationestun signe de ponctuation, d’habitude une virgule, rarement un signe d’exclamationoud’interrogation,commeonleconstatecidessus. 1.2.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ duȱparatexteȱ ȱ Dans le paratexte, le métissage montré gagneen valeur par ladistanciationdutextedebasequiassurelamiseenreliefdumot inséré. Lesinsertionsdesmotsétrangerssontaccompagnéesdansla plupartdescasdecourtesréférencessurleurorigine:ȱȱ ȱ Engénéral,leschémastructureldecetyped’insertionestle suivant: «X (terme roumain), GN apposition», dont le noyau a le rôleexplicatif,central,ouencore:«X(termeroumain),quiest….», structurequiseconstituecommeexplication.Ladémarcationestun signe de ponctuation, d’habitude une virgule, rarement un signe d’exclamationoud’interrogation,commeonleconstatecidessus. 1.2.ȱLeȱmétissageȱlinguistiqueȱmontré,ȱmanifestéȱauȱniveauȱ duȱparatexteȱ ȱ Dans le paratexte, le métissage montré gagneen valeur par ladistanciationdutextedebasequiassurelamiseenreliefdumot inséré. Lesinsertionsdesmotsétrangerssontaccompagnéesdansla plupartdescasdecourtesréférencessurleurorigine:ȱȱ ȱ «On lui dit sacadgitza», en bas de page:«en roumain: porteuse d’eau»(1997a:28); «c’estlequartierdeslipovans»,enbasdepage:«Russesdelasecte desskoptsy»(1997b:246); «On lui dit sacadgitza», en bas de page:«en roumain: porteuse d’eau»(1997a:28); «c’estlequartierdeslipovans»,enbasdepage:«Russesdelasecte desskoptsy»(1997b:246); «Adieumavramatia!»,«engrec:noirsyeux»(1997b:344); «Adieumavramatia!»,«engrec:noirsyeux»(1997b:344); «unemamaligademauvaisequalité»,enbasdepage:«Lamamaliga estlepaindupaysanroumain»(1997b:9). «unemamaligademauvaisequalité»,enbasdepage:«Lamamaliga estlepaindupaysanroumain»(1997b:9). Il arrive aussi qu’une autre explication soit donnée pour le mêmemot,toujoursenbasdepage: Il arrive aussi qu’une autre explication soit donnée pour le mêmemot,toujoursenbasdepage: 136 136 «Bouillie de farine de maïs, le pain du paysan roumain» (1997b: 180); «Bouillie de farine de maïs, le pain du paysan roumain» (1997b: 180); «Evète»,enbas:«Ouienturc»(1997b:17). «Evète»,enbas:«Ouienturc»(1997b:17). Il se peut encore qu’aucune mention ne précise l’originedu motétranger: Il se peut encore qu’aucune mention ne précise l’originedu motétranger: «pacoste»,enbasdepage:«malchance,calamité»(1997a:88); «pacoste»,enbasdepage:«malchance,calamité»(1997a:88); «de bonnes fléilkas» (1997a: 192), en bas: «tranches de viande des platescôtes»; «de bonnes fléilkas» (1997a: 192), en bas: «tranches de viande des platescôtes»; «ellesétaientenveloppéesdansdesscourteïkavertes»(1997a:196),en bas: «manteau féminin populaire», ou «une lotka fluette» (idem) «barquedepêcheur». «ellesétaientenveloppéesdansdesscourteïkavertes»(1997a:196),en bas: «manteau féminin populaire», ou «une lotka fluette» (idem) «barquedepêcheur». Si l’on recourt à une analyse quantitative, il est facile d’observer que les œuvres de début, KyraȬKyralina et Oncleȱ Anghel, sont plus riches en explications paratextuelles et en notes de toutes sortes. Les explications peuvent porter sur des expressions roumaines traduites à moitié, comme dans ce passage: « Voilà ce que c’est de ne pas avoir barbatt à sa mesure» (1997a: 189), qui est suivienbasdepageparunelongueexplication: Si l’on recourt à une analyse quantitative, il est facile d’observer que les œuvres de début, KyraȬKyralina et Oncleȱ Anghel, sont plus riches en explications paratextuelles et en notes de toutes sortes. Les explications peuvent porter sur des expressions roumaines traduites à moitié, comme dans ce passage: « Voilà ce que c’est de ne pas avoir barbatt à sa mesure» (1997a: 189), qui est suivienbasdepageparunelongueexplication: «En roumain, en sus des noms: mari,ȱ mâle,ȱ homme il y a celui de barbatt, qui synthétise tous les trois, avec un sens plus précis de virilité,devaillance,d’héroïsme». «En roumain, en sus des noms: mari,ȱ mâle,ȱ homme il y a celui de barbatt, qui synthétise tous les trois, avec un sens plus précis de virilité,devaillance,d’héroïsme». Le lecteur est ainsi mis en mesurede comprendre le drame d’unefilleroumainequesesparentsontforcéeàaccepterunépoux riche,maissansautresqualités. 2.ȱLEȱMÉTISSAGEȱMORPHOSYNTAXIQUE Unautretyped’interpénétrationestvisiblelorsquedesmots étrangers sont utilisés en conformité avec la grammaire française. Plusieurs cas de figure sont à envisager, mais nous en retenons seulementtrois: Le lecteur est ainsi mis en mesurede comprendre le drame d’unefilleroumainequesesparentsontforcéeàaccepterunépoux riche,maissansautresqualités. 2.ȱLEȱMÉTISSAGEȱMORPHOSYNTAXIQUE Unautretyped’interpénétrationestvisiblelorsquedesmots étrangers sont utilisés en conformité avec la grammaire française. Plusieurs cas de figure sont à envisager, mais nous en retenons seulementtrois: 137 137 «Bouillie de farine de maïs, le pain du paysan roumain» (1997b: 180); «Bouillie de farine de maïs, le pain du paysan roumain» (1997b: 180); «Evète»,enbas:«Ouienturc»(1997b:17). «Evète»,enbas:«Ouienturc»(1997b:17). Il se peut encore qu’aucune mention ne précise l’originedu motétranger: Il se peut encore qu’aucune mention ne précise l’originedu motétranger: «pacoste»,enbasdepage:«malchance,calamité»(1997a:88); «pacoste»,enbasdepage:«malchance,calamité»(1997a:88); «de bonnes fléilkas» (1997a: 192), en bas: «tranches de viande des platescôtes»; «de bonnes fléilkas» (1997a: 192), en bas: «tranches de viande des platescôtes»; «ellesétaientenveloppéesdansdesscourteïkavertes»(1997a:196),en bas: «manteau féminin populaire», ou «une lotka fluette» (idem) «barquedepêcheur». «ellesétaientenveloppéesdansdesscourteïkavertes»(1997a:196),en bas: «manteau féminin populaire», ou «une lotka fluette» (idem) «barquedepêcheur». Si l’on recourt à une analyse quantitative, il est facile d’observer que les œuvres de début, KyraȬKyralina et Oncleȱ Anghel, sont plus riches en explications paratextuelles et en notes de toutes sortes. Les explications peuvent porter sur des expressions roumaines traduites à moitié, comme dans ce passage: « Voilà ce que c’est de ne pas avoir barbatt à sa mesure» (1997a: 189), qui est suivienbasdepageparunelongueexplication: Si l’on recourt à une analyse quantitative, il est facile d’observer que les œuvres de début, KyraȬKyralina et Oncleȱ Anghel, sont plus riches en explications paratextuelles et en notes de toutes sortes. Les explications peuvent porter sur des expressions roumaines traduites à moitié, comme dans ce passage: « Voilà ce que c’est de ne pas avoir barbatt à sa mesure» (1997a: 189), qui est suivienbasdepageparunelongueexplication: «En roumain, en sus des noms: mari,ȱ mâle,ȱ homme il y a celui de barbatt, qui synthétise tous les trois, avec un sens plus précis de virilité,devaillance,d’héroïsme». «En roumain, en sus des noms: mari,ȱ mâle,ȱ homme il y a celui de barbatt, qui synthétise tous les trois, avec un sens plus précis de virilité,devaillance,d’héroïsme». Le lecteur est ainsi mis en mesurede comprendre le drame d’unefilleroumainequesesparentsontforcéeàaccepterunépoux riche,maissansautresqualités. 2.ȱLEȱMÉTISSAGEȱMORPHOSYNTAXIQUE Unautretyped’interpénétrationestvisiblelorsquedesmots étrangers sont utilisés en conformité avec la grammaire française. Plusieurs cas de figure sont à envisager, mais nous en retenons seulementtrois: Le lecteur est ainsi mis en mesurede comprendre le drame d’unefilleroumainequesesparentsontforcéeàaccepterunépoux riche,maissansautresqualités. 2.ȱLEȱMÉTISSAGEȱMORPHOSYNTAXIQUE Unautretyped’interpénétrationestvisiblelorsquedesmots étrangers sont utilisés en conformité avec la grammaire française. Plusieurs cas de figure sont à envisager, mais nous en retenons seulementtrois: 137 137 (1) des mots étrangers sont utilisés au singulier, avec la formedesingulierdeleurlangued’origine: (1) des mots étrangers sont utilisés au singulier, avec la formedesingulierdeleurlangued’origine: cadâna (Kyra Kyralina, 1924: 214), métélik (Kyra Kyralina, 1924: 161), moussafir (Kyra Kyralina, 1924 : 105, 119, 128), salepgdi (Kyra Kyralina,1924:46,55,219); cadâna (Kyra Kyralina, 1924: 214), métélik (Kyra Kyralina, 1924: 161), moussafir (Kyra Kyralina, 1924 : 105, 119, 128), salepgdi (Kyra Kyralina,1924:46,55,219); (2) des mots étrangers (par rapport à la langue française) portentlesmarquesduplurielfrançais,enSouen–Xȱ:ȱ (2) des mots étrangers (par rapport à la langue française) portentlesmarquesduplurielfrançais,enSouen–Xȱ:ȱ doinas(KyraKyralina,1924:96),cadânas(KyraKyralina,1924:169), météliks (Kyra Kyralina, 1924 : 113,211), moussafirs (Kyra Kyralina, 1924 : 85, 90, 98, 129, 138) (je souligne), «Barcadji» (1997a: 55), «tombentvictimeslesmeilleursbarcadjis»(1997a:60). doinas(KyraKyralina,1924:96),cadânas(KyraKyralina,1924:169), météliks (Kyra Kyralina, 1924 : 113,211), moussafirs (Kyra Kyralina, 1924 : 85, 90, 98, 129, 138) (je souligne), «Barcadji» (1997a: 55), «tombentvictimeslesmeilleursbarcadjis»(1997a:60). La forme deces mots est celledu singulier roumain auquel onajoutelesmarquesduplurielfrançais. (3)desmotsétrangersquiseprésententdansletextefrançais avec la forme du singulier de leur langue d’origine, mais qui sont accompagnés par desdéterminantsqui «orientent» l’interprétation dulecteurpourqueceluicicomprennel’existenceduplurieloudu singulier,selonlescas. Les mots portant la marque du genre et du nombre conformémentaufrançaissontasseznombreux: La forme deces mots est celledu singulier roumain auquel onajoutelesmarquesduplurielfrançais. (3)desmotsétrangersquiseprésententdansletextefrançais avec la forme du singulier de leur langue d’origine, mais qui sont accompagnés par desdéterminantsqui «orientent» l’interprétation dulecteurpourqueceluicicomprennel’existenceduplurieloudu singulier,selonlescas. Les mots portant la marque du genre et du nombre conformémentaufrançaissontasseznombreux: (…) une de ces cârciuma roumaines (1924 : 3536), le pridvor (1992 : 145),uneorageusekindia(1992:126); «J’aime mieux les lopatari», «on recrute les lopatari parmi les vieillards» «ces milliers d’hectolitres de grains répandus sur d’immensesbâchesetquelelopatarmanipule»(1997b:232),«maisle lopatarnevoitrien»(1997b:233). (…) une de ces cârciuma roumaines (1924 : 3536), le pridvor (1992 : 145),uneorageusekindia(1992:126); «J’aime mieux les lopatari», «on recrute les lopatari parmi les vieillards» «ces milliers d’hectolitres de grains répandus sur d’immensesbâchesetquelelopatarmanipule»(1997b:232),«maisle lopatarnevoitrien»(1997b:233). Ce traitement est généralisé, mais le texte français présente aussi des mots étrangers dont la forme roumaine est celle du singulier, accompagnés par les marques du pluriel français: «nos fameusesmahala»,«unedecesmahala»(1997a:75). Ce traitement est généralisé, mais le texte français présente aussi des mots étrangers dont la forme roumaine est celle du singulier, accompagnés par les marques du pluriel français: «nos fameusesmahala»,«unedecesmahala»(1997a:75). 138 138 (1) des mots étrangers sont utilisés au singulier, avec la formedesingulierdeleurlangued’origine: (1) des mots étrangers sont utilisés au singulier, avec la formedesingulierdeleurlangued’origine: cadâna (Kyra Kyralina, 1924: 214), métélik (Kyra Kyralina, 1924: 161), moussafir (Kyra Kyralina, 1924 : 105, 119, 128), salepgdi (Kyra Kyralina,1924:46,55,219); cadâna (Kyra Kyralina, 1924: 214), métélik (Kyra Kyralina, 1924: 161), moussafir (Kyra Kyralina, 1924 : 105, 119, 128), salepgdi (Kyra Kyralina,1924:46,55,219); (2) des mots étrangers (par rapport à la langue française) portentlesmarquesduplurielfrançais,enSouen–Xȱ:ȱ (2) des mots étrangers (par rapport à la langue française) portentlesmarquesduplurielfrançais,enSouen–Xȱ:ȱ doinas(KyraKyralina,1924:96),cadânas(KyraKyralina,1924:169), météliks (Kyra Kyralina, 1924 : 113,211), moussafirs (Kyra Kyralina, 1924 : 85, 90, 98, 129, 138) (je souligne), «Barcadji» (1997a: 55), «tombentvictimeslesmeilleursbarcadjis»(1997a:60). doinas(KyraKyralina,1924:96),cadânas(KyraKyralina,1924:169), météliks (Kyra Kyralina, 1924 : 113,211), moussafirs (Kyra Kyralina, 1924 : 85, 90, 98, 129, 138) (je souligne), «Barcadji» (1997a: 55), «tombentvictimeslesmeilleursbarcadjis»(1997a:60). La forme deces mots est celledu singulier roumain auquel onajoutelesmarquesduplurielfrançais. (3)desmotsétrangersquiseprésententdansletextefrançais avec la forme du singulier de leur langue d’origine, mais qui sont accompagnés par desdéterminantsqui «orientent» l’interprétation dulecteurpourqueceluicicomprennel’existenceduplurieloudu singulier,selonlescas. Les mots portant la marque du genre et du nombre conformémentaufrançaissontasseznombreux: La forme deces mots est celledu singulier roumain auquel onajoutelesmarquesduplurielfrançais. (3)desmotsétrangersquiseprésententdansletextefrançais avec la forme du singulier de leur langue d’origine, mais qui sont accompagnés par desdéterminantsqui «orientent» l’interprétation dulecteurpourqueceluicicomprennel’existenceduplurieloudu singulier,selonlescas. Les mots portant la marque du genre et du nombre conformémentaufrançaissontasseznombreux: (…) une de ces cârciuma roumaines (1924 : 3536), le pridvor (1992 : 145),uneorageusekindia(1992:126); «J’aime mieux les lopatari», «on recrute les lopatari parmi les vieillards» «ces milliers d’hectolitres de grains répandus sur d’immensesbâchesetquelelopatarmanipule»(1997b:232),«maisle lopatarnevoitrien»(1997b:233). (…) une de ces cârciuma roumaines (1924 : 3536), le pridvor (1992 : 145),uneorageusekindia(1992:126); «J’aime mieux les lopatari», «on recrute les lopatari parmi les vieillards» «ces milliers d’hectolitres de grains répandus sur d’immensesbâchesetquelelopatarmanipule»(1997b:232),«maisle lopatarnevoitrien»(1997b:233). Ce traitement est généralisé, mais le texte français présente aussi des mots étrangers dont la forme roumaine est celle du singulier, accompagnés par les marques du pluriel français: «nos fameusesmahala»,«unedecesmahala»(1997a:75). Ce traitement est généralisé, mais le texte français présente aussi des mots étrangers dont la forme roumaine est celle du singulier, accompagnés par les marques du pluriel français: «nos fameusesmahala»,«unedecesmahala»(1997a:75). 138 138 ȱ 3.ȱLEȱMÉTISSAGEȱORTHOGRAPHIQUEȱȱ ȱ 3.ȱLEȱMÉTISSAGEȱORTHOGRAPHIQUEȱȱ Le métissage linguistique se complète avec le métissageȱ orthographique,quiimposedeschangementsafindelesrendrefacile àprononceraucoursdelalecture.Lecorpusnouspermetd’établir quelquesrèglesorthographiques. Le métissage linguistique se complète avec le métissageȱ orthographique,quiimposedeschangementsafindelesrendrefacile àprononceraucoursdelalecture.Lecorpusnouspermetd’établir quelquesrèglesorthographiques. Unedecesrèglesestlaprésencedesaccents,surtoutaigus, pour assurer la prononciation des e finals: kindié, mais aussi des voyellesintérieures:métélik,ȱkémir,ȱbéléa.Lesmotsétrangers,lesmots grecs par exemple, sont ainsi écrits d’après les règles de la langue française: Unedecesrèglesestlaprésencedesaccents,surtoutaigus, pour assurer la prononciation des e finals: kindié, mais aussi des voyellesintérieures:métélik,ȱkémir,ȱbéléa.Lesmotsétrangers,lesmots grecs par exemple, sont ainsi écrits d’après les règles de la langue française: «Soyez les bienvenus, vénéres kaloghéris!» (1992: 155), «Qui estu,mauditkaloghéros?»(1992:162),«Kalimérassass,Capitaine Mavromati!»(1997b:325). «Soyez les bienvenus, vénéres kaloghéris!» (1992: 155), «Qui estu,mauditkaloghéros?»(1992:162),«Kalimérassass,Capitaine Mavromati!»(1997b:325). Il existe aussi des difficultés pour rendre les sons roumains spécifiques:par exemple, «tzirs» est le correspondant du roumain de«îr»,«tzouïka»de«uica»,«joupanitza». Enfin, l’utilisation de deux formes orthographiques peut fairel’objetd’unehésitation: Il existe aussi des difficultés pour rendre les sons roumains spécifiques:par exemple, «tzirs» est le correspondant du roumain de«îr»,«tzouïka»de«uica»,«joupanitza». Enfin, l’utilisation de deux formes orthographiques peut fairel’objetd’unehésitation: «météliks»(1924:113,211)et«météliques»(1924:47); «safève,lefoullarabe»(1997a:118),unplatde«foul»(fèvecuite,à l’huileetaucitron);dupainplatetdel’eau»(1997a:291292); «lespropriétairesvendaientleursimmeublesauxtsatsaetauxnéné quipayaientgrassement»(1997a:76). «météliks»(1924:113,211)et«météliques»(1924:47); «safève,lefoullarabe»(1997a:118),unplatde«foul»(fèvecuite,à l’huileetaucitron);dupainplatetdel’eau»(1997a:291292); «lespropriétairesvendaientleursimmeublesauxtsatsaetauxnéné quipayaientgrassement»(1997a:76). 4.ȱCONCLUSIONȱ ȱ Onlevoit,laprésenced’unequantitéappréciabled’éléments métissés constitue le fondement sur lequel se construit l’univers istratien. Le goût pour les territoires mixtes, pour les interpénétrations hante l’auteur et son personnage, qui se place toujours dans un espace de frontière, cherche les endroits 4.ȱCONCLUSIONȱ ȱ Onlevoit,laprésenced’unequantitéappréciabled’éléments métissés constitue le fondement sur lequel se construit l’univers istratien. Le goût pour les territoires mixtes, pour les interpénétrations hante l’auteur et son personnage, qui se place toujours dans un espace de frontière, cherche les endroits 139 139 ȱ 3.ȱLEȱMÉTISSAGEȱORTHOGRAPHIQUEȱȱ ȱ 3.ȱLEȱMÉTISSAGEȱORTHOGRAPHIQUEȱȱ Le métissage linguistique se complète avec le métissageȱ orthographique,quiimposedeschangementsafindelesrendrefacile àprononceraucoursdelalecture.Lecorpusnouspermetd’établir quelquesrèglesorthographiques. Le métissage linguistique se complète avec le métissageȱ orthographique,quiimposedeschangementsafindelesrendrefacile àprononceraucoursdelalecture.Lecorpusnouspermetd’établir quelquesrèglesorthographiques. Unedecesrèglesestlaprésencedesaccents,surtoutaigus, pour assurer la prononciation des e finals: kindié, mais aussi des voyellesintérieures:métélik,ȱkémir,ȱbéléa.Lesmotsétrangers,lesmots grecs par exemple, sont ainsi écrits d’après les règles de la langue française: Unedecesrèglesestlaprésencedesaccents,surtoutaigus, pour assurer la prononciation des e finals: kindié, mais aussi des voyellesintérieures:métélik,ȱkémir,ȱbéléa.Lesmotsétrangers,lesmots grecs par exemple, sont ainsi écrits d’après les règles de la langue française: «Soyez les bienvenus, vénéres kaloghéris!» (1992: 155), «Qui estu,mauditkaloghéros?»(1992:162),«Kalimérassass,Capitaine Mavromati!»(1997b:325). «Soyez les bienvenus, vénéres kaloghéris!» (1992: 155), «Qui estu,mauditkaloghéros?»(1992:162),«Kalimérassass,Capitaine Mavromati!»(1997b:325). Il existe aussi des difficultés pour rendre les sons roumains spécifiques:par exemple, «tzirs» est le correspondant du roumain de«îr»,«tzouïka»de«uica»,«joupanitza». Enfin, l’utilisation de deux formes orthographiques peut fairel’objetd’unehésitation: Il existe aussi des difficultés pour rendre les sons roumains spécifiques:par exemple, «tzirs» est le correspondant du roumain de«îr»,«tzouïka»de«uica»,«joupanitza». Enfin, l’utilisation de deux formes orthographiques peut fairel’objetd’unehésitation: «météliks»(1924:113,211)et«météliques»(1924:47); «safève,lefoullarabe»(1997a:118),unplatde«foul»(fèvecuite,à l’huileetaucitron);dupainplatetdel’eau»(1997a:291292); «lespropriétairesvendaientleursimmeublesauxtsatsaetauxnéné quipayaientgrassement»(1997a:76). «météliks»(1924:113,211)et«météliques»(1924:47); «safève,lefoullarabe»(1997a:118),unplatde«foul»(fèvecuite,à l’huileetaucitron);dupainplatetdel’eau»(1997a:291292); «lespropriétairesvendaientleursimmeublesauxtsatsaetauxnéné quipayaientgrassement»(1997a:76). 4.ȱCONCLUSIONȱ ȱ Onlevoit,laprésenced’unequantitéappréciabled’éléments métissés constitue le fondement sur lequel se construit l’univers istratien. Le goût pour les territoires mixtes, pour les interpénétrations hante l’auteur et son personnage, qui se place toujours dans un espace de frontière, cherche les endroits 4.ȱCONCLUSIONȱ ȱ Onlevoit,laprésenced’unequantitéappréciabled’éléments métissés constitue le fondement sur lequel se construit l’univers istratien. Le goût pour les territoires mixtes, pour les interpénétrations hante l’auteur et son personnage, qui se place toujours dans un espace de frontière, cherche les endroits 139 139 multiethniques,multilingues,polyphoniques,telsl’Asie,l’Egypte,le bassindelaMéditerranée. multiethniques,multilingues,polyphoniques,telsl’Asie,l’Egypte,le bassindelaMéditerranée. Auniveaudel’œuvre,cetespacepluricultureletplurilingue sereflètedanslaprésencedesmotsétrangers,qui,commeonl’avu, peuvent être suivis d’une explication considérée comme nécessaire oud’unetraduction,outoutsimplementglissésdansletexteàl’état brut,sansaucuneindicationquantàleursens. Auniveaudel’œuvre,cetespacepluricultureletplurilingue sereflètedanslaprésencedesmotsétrangers,qui,commeonl’avu, peuvent être suivis d’une explication considérée comme nécessaire oud’unetraduction,outoutsimplementglissésdansletexteàl’état brut,sansaucuneindicationquantàleursens. Cetuniverslittéraireestlerésultatdelapositionspécifique del’écrivainmigrant.Pourlui,oscillerentreplusieurslanguesn’est pasuneoption,maisunefaçondevivredansunterritoirepluslarge queceluidesalanguematernelle. Cetuniverslittéraireestlerésultatdelapositionspécifique del’écrivainmigrant.Pourlui,oscillerentreplusieurslanguesn’est pasuneoption,maisunefaçondevivredansunterritoirepluslarge queceluidesalanguematernelle. La langue de l’œuvre, lieu d’interpénétrations multiples, découpe et recompose le monde. L’écrivain est ainsi obligé à un travail permanent de repositionnement langagier dans son propre texte, et ce travail d’harmonisation est subordonné à la recherche d’un «pacte énonciatif», qui est le seul responsable de l’équilibre textuel. NOTEȱȱ La langue de l’œuvre, lieu d’interpénétrations multiples, découpe et recompose le monde. L’écrivain est ainsi obligé à un travail permanent de repositionnement langagier dans son propre texte, et ce travail d’harmonisation est subordonné à la recherche d’un «pacte énonciatif», qui est le seul responsable de l’équilibre textuel. NOTEȱȱ 1 Lescrochetsmarquentnotreexplication,indispensableàlacompréhension dufragment. 1 ȱ ȱ Lescrochetsmarquentnotreexplication,indispensableàlacompréhension dufragment. RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ AMOSSY Ruth, MAINGUENEAU Dominique (éds.), 2003, L’analyseȱ duȱ discoursȱdansȱlesȱétudesȱlittéraires,Toulouse,PUM. * * Cahiersȱ Panaïtȱ Istrati, no 112, revue publiée avec le concours de Centre NationaldesLettres,Valence. CHARAUDEAU Patrick, MAINGUENEAU Dominique, 2002, Dictionnaireȱ d’analyseȱduȱdiscours,Paris,Seuil. CONDEICecilia,2009,«Lepacteénonciatifdesplurilingues.Considérations sur l’énonciation littéraire de deux écrivains d’expression française: MaherziaAmira Bournaz et Panaït Istrati», in Actesȱ duȱ colloqueȱ international«ȱInfluencesȱetȱenjeuxȱdesȱcontextesȱplurilinguesȱsurȱlesȱtextesȱ etȱlesȱdiscoursȱȱ»,Alger,du18au20novembre2008[àparaître]ȱ 140 AMOSSY Ruth, MAINGUENEAU Dominique (éds.), 2003, L’analyseȱ duȱ discoursȱdansȱlesȱétudesȱlittéraires,Toulouse,PUM. * * Cahiersȱ Panaïtȱ Istrati, no 112, revue publiée avec le concours de Centre NationaldesLettres,Valence. CHARAUDEAU Patrick, MAINGUENEAU Dominique, 2002, Dictionnaireȱ d’analyseȱduȱdiscours,Paris,Seuil. CONDEICecilia,2009,«Lepacteénonciatifdesplurilingues.Considérations sur l’énonciation littéraire de deux écrivains d’expression française: MaherziaAmira Bournaz et Panaït Istrati», in Actesȱ duȱ colloqueȱ international«ȱInfluencesȱetȱenjeuxȱdesȱcontextesȱplurilinguesȱsurȱlesȱtextesȱ etȱlesȱdiscoursȱȱ»,Alger,du18au20novembre2008[àparaître]ȱ 140 multiethniques,multilingues,polyphoniques,telsl’Asie,l’Egypte,le bassindelaMéditerranée. multiethniques,multilingues,polyphoniques,telsl’Asie,l’Egypte,le bassindelaMéditerranée. Auniveaudel’œuvre,cetespacepluricultureletplurilingue sereflètedanslaprésencedesmotsétrangers,qui,commeonl’avu, peuvent être suivis d’une explication considérée comme nécessaire oud’unetraduction,outoutsimplementglissésdansletexteàl’état brut,sansaucuneindicationquantàleursens. Auniveaudel’œuvre,cetespacepluricultureletplurilingue sereflètedanslaprésencedesmotsétrangers,qui,commeonl’avu, peuvent être suivis d’une explication considérée comme nécessaire oud’unetraduction,outoutsimplementglissésdansletexteàl’état brut,sansaucuneindicationquantàleursens. Cetuniverslittéraireestlerésultatdelapositionspécifique del’écrivainmigrant.Pourlui,oscillerentreplusieurslanguesn’est pasuneoption,maisunefaçondevivredansunterritoirepluslarge queceluidesalanguematernelle. Cetuniverslittéraireestlerésultatdelapositionspécifique del’écrivainmigrant.Pourlui,oscillerentreplusieurslanguesn’est pasuneoption,maisunefaçondevivredansunterritoirepluslarge queceluidesalanguematernelle. La langue de l’œuvre, lieu d’interpénétrations multiples, découpe et recompose le monde. L’écrivain est ainsi obligé à un travail permanent de repositionnement langagier dans son propre texte, et ce travail d’harmonisation est subordonné à la recherche d’un «pacte énonciatif», qui est le seul responsable de l’équilibre textuel. NOTEȱȱ La langue de l’œuvre, lieu d’interpénétrations multiples, découpe et recompose le monde. L’écrivain est ainsi obligé à un travail permanent de repositionnement langagier dans son propre texte, et ce travail d’harmonisation est subordonné à la recherche d’un «pacte énonciatif», qui est le seul responsable de l’équilibre textuel. NOTEȱȱ 1 Lescrochetsmarquentnotreexplication,indispensableàlacompréhension dufragment. 1 ȱ ȱ Lescrochetsmarquentnotreexplication,indispensableàlacompréhension dufragment. RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ RÉFÉRENCESȱBIBLIOGRAPHIQUESȱ AMOSSY Ruth, MAINGUENEAU Dominique (éds.), 2003, L’analyseȱ duȱ discoursȱdansȱlesȱétudesȱlittéraires,Toulouse,PUM. * * Cahiersȱ Panaïtȱ Istrati, no 112, revue publiée avec le concours de Centre NationaldesLettres,Valence. CHARAUDEAU Patrick, MAINGUENEAU Dominique, 2002, Dictionnaireȱ d’analyseȱduȱdiscours,Paris,Seuil. CONDEICecilia,2009,«Lepacteénonciatifdesplurilingues.Considérations sur l’énonciation littéraire de deux écrivains d’expression française: MaherziaAmira Bournaz et Panaït Istrati», in Actesȱ duȱ colloqueȱ international«ȱInfluencesȱetȱenjeuxȱdesȱcontextesȱplurilinguesȱsurȱlesȱtextesȱ etȱlesȱdiscoursȱȱ»,Alger,du18au20novembre2008[àparaître]ȱ 140 AMOSSY Ruth, MAINGUENEAU Dominique (éds.), 2003, L’analyseȱ duȱ discoursȱdansȱlesȱétudesȱlittéraires,Toulouse,PUM. * * Cahiersȱ Panaïtȱ Istrati, no 112, revue publiée avec le concours de Centre NationaldesLettres,Valence. CHARAUDEAU Patrick, MAINGUENEAU Dominique, 2002, Dictionnaireȱ d’analyseȱduȱdiscours,Paris,Seuil. CONDEICecilia,2009,«Lepacteénonciatifdesplurilingues.Considérations sur l’énonciation littéraire de deux écrivains d’expression française: MaherziaAmira Bournaz et Panaït Istrati», in Actesȱ duȱ colloqueȱ international«ȱInfluencesȱetȱenjeuxȱdesȱcontextesȱplurilinguesȱsurȱlesȱtextesȱ etȱlesȱdiscoursȱȱ»,Alger,du18au20novembre2008[àparaître]ȱ 140 COVACIVasile,1979,«L’œuvredePanaïtIstratiouleproblèmedetraduire unecivilisation»,inCahiersȱdeȱlinguistiqueȱthéoriqueȱetȱappliquée,ȱno2,p. 129132. 1981,«Expressionsetlocutionsroumainesdanslesécritsde PanaïtIstrati»,inCahiersȱroumainsȱd’étudesȱlittéraires,no1,p.5463. ISTRATIPanaït,1924,KyraȱKyralina,ȱParis,Rieder. ,1925,Trecutȱóiȱviitor,ed.Renaterea,Bucureti. ,1983,DomnitzaȱdeȱSnagov,Paris,Gallimard. ,1984, Vieȱ d’Adrienȱ Zograffi.ȱ Laȱ Maisonȱ Thüringer.ȱ Leȱ bureauȱ deȱ placement.ȱ Méditerranée,ȱ Leverȱ duȱ soleil.ȱ Méditerranée.ȱ Coucherȱ duȱ soleil.ȱ Paris,Gallimard. ,1992,Lesȱrécitsȱd’AdrienȱZograffi.ȱOncleȱAnghel,ȱParis,Gallimard. , 1997a,ȱ Nerrantsoula.ȱ Tsatsaȱ –ȱ Minnka.ȱ Laȱ familleȱ Perlmutter.ȱ Pourȱ avoirȱaiméȱlaȱterre,ȱParis,Gallimard. , 1997b,ȱ Codine.ȱ Mikhaïl.ȱ Mesȱ départs.ȱ Leȱ pêcheurȱ d’éponges,ȱ Paris, Gallimard. JUSTINKLENERMonique,1970,Unȱchardonȱdéraciné,Paris,Maspéro. LEBRUN Monique, COLLÈS Luc, 2007, Laȱ littératureȱ migranteȱ dansȱ l’espaceȱ francophone,CortilWodon,E.M.E. MAINGUENEAU Dominique, 2001[1990], Pragmatiqueȱ pourȱ leȱ discoursȱ littéraire,ȱParis,Nathan. 1993,LeȱContexteȱdeȱl’œuvreȱlittéraire,ȱParis,ȱDunod. PINTEAGabrielaMaria,1975,PanaitIstrati,Bucureti,CarteaȱRomâneasc. ROHAN Anthony, 2003, «Langue métissée et traduction: quelques enjeux théoriques», in Meta, Volume48, numéro3, Septembre 2003, p.411 420,http://id.erudit.org/iderudit/007601ar,pageconsultéele2.02.09. TEODORE